Hildegarde n°16 Octobre 2017

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FANZINE

HILDEGARDE

concentration et distra"ion


photo de couverture Gwendoline Desnoyers http://gwendolinedesnoyers.blogspot.fr

Sommaire page 3/ Editorial page 4/ La Concentration vue au travers de la méditation « Japa-Yoga », Raphi Deschamps page 7/ Gwendoline Desnoyers page 8/ ToinouX ReligieuX page 9/ Flamant Noir, Nils Franc page 10/ Bref vagabondage lunatique saisi sur le vif dans le tourbillon qui m’agite, Mahé Boissel page 12/ Exoplanètes page 16/ Samadhi, Philippe Dutry page 17/ Visions of the future, Cuatro, Stefhany Y. Lozano page 18/ Y’a pas pire… Jacqueline l’Heveder page 20/ Tout est tombé, Vincent Baby page 21/ Notes sur le vert, Marine Aïello page 24/ Canosmose, Raphi Deschamps page 30/ Les Devinettes de Michel Lascault page 32/ Critique de la séparation 2.0, Yann Ricordel-Healy page 39/ Château Coquelle, Rosendael, Alexandre Czapski page 40/ Crying Egg, Stefhany Yepes Lozano page 41/ Jacques Flèchemuller page 42/ Réedition, Les Portes de la perception, Aldous Huxley page 43/ Contact Abonnement page 44/ La Roue, Liche

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Editorial

Pour que l’humain croie en lui-même, L’amour que nul homme ici ne prie, Mémoire-coeur qu’hume la lune, Main pure nomme-le, qu’il croie! Chaque roi nu, pelé, élimé. Rien. Un rôle minime : une limace. L’époque nie. L’humeur me cuira, moi! Pour qui, maline, chôme une lumière? Roi Eunuque mène à l’aporie. Quai, rue, une milice morne, Nuée polluée, murmure macho. Un unique homme crie pour mille : « Miracle! Île ! Moineau ! Crique ! Mer ! Lune ! L’eau noie le roi! Lui-même! Hourra! »

Mappas

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La concentration vue au travers de la méditation « Japa-yoga » Dans son sens originel le mot « Concentration » signifie l’action qui consiste à tout ramener au centre. Comme la plupart des mots aujourd’hui, par abus de langage et par extension il a pris les autres significations que nous connaissons, comme tel qu’il est utilisé en chimie par exemple. Etudié d’un point de vue métaphysique (le plus haut qu’il soit puisqu’il est au dessus de la physique et régit toutes les lois qui en découlent) le centre est un des symboles majeurs de la science sacrée et est représenté de la manière suivante :

" Le centre représente également l’unité, l’immobilité et la vérité tandis que la périphérie représente la multiplicité, le mouvement et les choses qui sont relatives, contingentes voire erronées (selon le degré de relativité). Toutes les traditions (religions) enseignent une méthode primordiale pour opérer ce retour vers le centre, qui est appelé Japa en sanscrit. Il s’agit d’une forme de méditation qui consiste à répéter un grand nombre de fois le nom du Dieu (qui peut-être parmi les 99 noms donné à Dieu en Islam par exemple), un attribut du divin ou une formule sacrée tel un mantra.
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La simplicité de cette méthode est en rapport avec l’effort spirituel qu’il faut fournir pour atteindre « Dieu » dans le cycle actuel désigné comme étant le « Kali Yuga » (Age de fer) dans la cosmogonie hindoue. Cette pratique est désignée par le dhikr en islam et elle est la principale discipline spirituelle du soufisme. Elle se réalise souvent à l’aide d’un chapelet (collier avec des perles) appelé Japa mâlâ dans l’hindouisme et Misbaha dans l’islam, afin de compter le nombre de répétitions. Des maîtres hindous, tels que Swami Ramdas1, sont arrivés à de hauts niveaux de réalisation spirituelle par la pratique du japa.

Voici ce que Ramakrishna2 disait à ce sujet : « Lorsqu’on en arrive à croire en la puissance du saint Nom de Dieu et qu’on se sent disposé à le répéter constamment, ni discernement, ni exercices de piété d’aucune sorte ne sont plus nécessaires. Tous les doutes sont apaisés, l’esprit devient pur, Dieu lui-même est réalisé par la puissance de Son saint Nom. »

Et voici ce qu’en disait Mâ Ananda Moyî 3 , illustrant parfaitement la symbolique du centre vu plus tôt: « La recherche de la vérité doit se poursuivre à chaque instant. Lorsque les forces accumulées par la pratique continuelle de la discrimination entre le réel et l'irréel, par le japa, la méditation, l'assistance aux Cérémonies religieuses, l'étude des textes sacrés, Swami Ramdas (1884 – 1963) Vittal Rao est né dans le Kerala, au sud-ouest de la péninsule indienne. […] Son père lui donna alors le mantra « Om Sri Ram Jai Ram Jai Jai Ram » à répéter constamment. Il devint rapidement détaché des préoccupations mondaines et prit, au cours d'un pèlerinage, le nom de Ramdas. Il erra ainsi au travers de l'Inde vivant de charité mais sans accepter aucun argent. Sa pratique était de voir le monde comme des formes de Ram et d'accepter tout ce qui pouvait se présenter comme la volonté divine. 1

Ramakrishna (1836-1886) est un mystique bengali hindouiste. Dévot de Kâlî et enseignant de l'Advaïta védanta, il professait que « toutes les religions recherchent le même but » et plaçait la spiritualité audessus de tout ritualisme. Il insista sur l'universalité de la voie de la bhakti (dévotion), ayant lui-même approché le christianisme et l'islam. Il est considéré comme « l'un des plus grands maîtres indiens de tous les temps ». 2

Mâ Ananda Moyî (1896 – 1982) est considérée dans l'hindouisme comme une grande sainte de l'Inde du XXe siècle. Ses disciples rapportent de nombreux miracles qu'elle aurait accomplis. Mâ serait parvenue à allumer un feu par un simple geste, à faire cesser la pluie qui perturbe une cérémonie religieuse, à faire cacher le soleil par des nuages quand la chaleur devient trop forte, etc. 3


les hymnes de louange au Seigneur - selon la ligne d'approche de chaque être amènent le sadhak à être obsédé par la quête suprême, alors qu'il devient impossible de ne pas se souvenir de Dieu; en conséquence, sottise, connaissances erronées et souffrances disparaissent. La qualification d'être humain signifie aspirer à la réalisation de Dieu. La vocation de l'homme est de trouver Dieu.» « Toute chose doit avoir un noyau autour duquel les sensations puissent se développer. Plus votre esprit trouve son centre, et plus haute est la note de santé, de paix, de tranquillité. Et alors un aperçu de l'Infini peut devenir possible. Choisissez une image ou une silhouette ou un symbole ou un son comme centre de votre pensée et tenez-vous-y constamment. Votre esprit viendra y chercher le repos lorsqu'il aura erré à l'aventure. Un sentiment de dévotion se développera peu à peu et Dieu sera installé sur l'autel de votre coeur. A notre époque, il est très difficile pour un adorateur d'acquérir une conception du Divin, soit par les méthodes de yoga, soit en cherchant à fondre le moi individuel dans le Moi universel. » - Extraits du livre "Aux sources de la joie" de Mâ Ananda Moyî En s’essayant à cette pratique qui vise à dompter le mental de ses vagabondages, nous rentrons dans une forme d’extase et d’apaisement. Parmi les disciplines du Yoga, les exercices de respiration par le ventre visent également à calmer le mental. Une forme spéciale de japa (ajapa japa) combine même les deux techniques en s’effectuant sans chapelet et se rythmant sur la respiration. Un mental sous contrôle (qui peut-être vu comme un chien assis au pied de son maître) permet de ne pas se laisser entrainer par son agitation et l’influence des choses extérieures. Nous pouvons ainsi devenir maître de nous même et de disposer de notre propre discernement. Du moins cela nous en donne l’illusion, laissant peut-être simplement opérer un plan de conscience supérieur de notre être, qui à un certain niveau, participe de l’être total. Ce retour vers le centre (de la multiplicité vers l’unité) permet un rapprochement entre les individus, brisant petit à petit les clivages du fait d’un retour vers l’essentiel, vers la beauté, l’harmonie et la vérité.

Raphi Deschamps

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Gwendoline Desnoyers

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Découvrez dix jeux de concentration Ibraining vous permet de pratiquer simplement Cérébral pour développer mémoire et concentration Travailler votre logique En ligne gratuits Pour les auditifs Pourquoi développer S’amuser rien de plus facile Des jeux de société et d’ambiance À imprimer Alors ces jeux sont faits pour vous L'attention et la concentration sont des capacités de la plus haute importance Filles · Puzzle · Simulation de vie · Sport · Réflexion. mais encore faut-il lui une conversation, lire, écrire, faire du vélo ou pratiquer un sport Après Bwin, acquis par GVC Différentes études ont démontré veut dire réunir les informations sensorielles que l'on perçoit consciemment Une start-up, appelée Umoove, a dévoilé

ToinouX ReligieuX

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Flamant noir, Nils Franc

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Copie en retard
 Lait concentré / élève dispersé
 Mon premier est un remède au second
 la charade est-elle aussi simple et drôle ?
 Méfions nous des clichés l'élève au premier rang peut laisser vagabonder sa pensée, celui au fond de la classe, agité sur sa chaise, peut tout enregistrer CQFD le nombre historique de cancres géniaux.
 Présentement je suis décentrée, quasi à côté de mes pompes, bref suis ailleurs (loin de chez moi à vider la maison de l’aïeule avec ma sœur) faut donc se rassembler d'urgence droit dans les bottes tel le sage oriental, sur l’axe vertical rester centré sachant combien l’horizontal est propice à la dispersion tous azimut.
 Ne nous égarons pas mais ne versons pas davantage dans l’analogie réductrice, ne faisons pas du vertical l’axe supérieur d'une pensée en élévation d'un dépouillement suprême d'un sublime extasié auquel on opposerait la Bête horizontale vautrée dans le stupre et la consommation par accumulation des biens, figure et symbole des faiblesses des humains dont la concupiscence est sans cesse sollicitée par une publicité tentatrice au rythme infernal du monde capitaliste.
 Soit un chromo au désert avec d’un côté un loqueteux irradié sur sa colonne perché tel saint Siméon et de l’autre une poupée Barbie (blonde toujours) super glamour au volant de la dernière voiture (de sport toujours) Le propos est vaste hors morale même si.....
 Réduire n’est pas réducteur disperser pas néfaste etc
 On peut disperser ses biens ses idées les cendres de l’aïeule; la météo peut amener des pluies qui dispersent des moléculaires toxiques ou, comme un don du ciel, sauver récoltes après la sècheresse; l’orateur concentré sur son texte et son micro peut zapper l’auditoire dispersé
 À la maison de retraite la vieille dame fixe attentivement la tapisserie totalement centrée sur elle mais perdue dans les méandres de sa confuse mémoire .
 Concentration peut être fermeture au monde et dispersion totale ouverture Revenons au sujet donc à l’humain la vielle dame est morte ses cendres réduites nous sommes là ma sœur et moi pour disperser ses biens .

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Ma copie est excentrique voire hors sujet mais la situation colle au thème proposé
 Centre centré concentré concentration / concentrationnaire prison enfermement ressassement rumination etc...........fuite des idées/ excentrée la pensée se disperse extravagance vagabondage errements détresse misère
 ouverture fermeture des yeux
 C'est fini Je prie le lecteur attentif (concentré) à la lecture du numéro 16 de Hildegarde de ne pas juger à l'arrache ce billet hâtif humblement titré : Bref vagabondage lunatique saisi sur le vif dans le tourbillon qui m’agite
 Merci Mahé Boissel

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Exoplanètes découvertes en 2017 par les lecteurs d'Hildegarde Patrick Godeau ! COQUUS!1!

COQUUS!2!

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Matthieu Lekeu ! JUPILER!

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David-Roger Ode ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !

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Pascale Calmette

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The Hawikwinder!

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Samadhi Rivière, juillet 2011. Voilà, je m’étais inscrit… 22 jours de retraite… Vipassana, la Tradition des Anciens, le Theravada (lever dès quatre heures, coucher vingt-deux heures… silence tout le jour… jeûne dès le deuxième repas à onze heures… concentration continue, sans cesse). Chevaucher le tigre disent les Chinois. Dresser, discipliner l’esprit. J’étais novice, voilà quelques mois seulement que je pratiquais le Lotus. Sans cesse mes genoux me le rappelaient. Elle m’avait dit ‘’tu te concentres sur le souffle… si tu ressens une tension, tente de ne pas bouger… sur elle alors fixe ton attention.’’ Durant onze jours, tiraillé de douleurs. Immobile... un arbre presque. ‘’tu verras alors le samadhi, la concentration, monter lentement mais insensiblement en toi.‘’ De fait. La puissance du samadhi… Comme un faisceau. Je me souviens, c’était vers le vingtième jour… fatigué de regarder les mouvements de l’abdomen, je dirigeai mon esprit sur une amie à mes côtés. Je me souviens, c’était comme si je disposais d’un faisceau… sans difficulté aucune, j’entrai en elle… mon esprit lui fit l’amour. Au sortir du dojo, elle se tourna vers moi, souriant de bonheur… Une autre fois, l’espace d’un moment, un flash… je revécus ma naissance –facile, rapide, évidente… Il y eut aussi cet instant étrange… cette boule d’énergie, toute cette puissance circulant, tournoyant entre mon amie et moi. Enfin cette heure, un jour, un matin… cette heure sans pensée aucune, l’esprit fixé sur la danse du souffle… cette heure magique et tout mon être habité d’un intense plaisir. La sagesse était loin encore mais j’avais entrouvert une porte. Jamais plus, elle ne se refermerait. Philippe Dutry Fanzine Hildegarde N°16 / 19 O"obre 2017

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Stefhany Y Lozano, Visions of the future, Cuatro http://stefhanyepeslozano.blogspot.fr

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Y’a pas pire… Que les relations virtuelles qui foncent dans le réel. Des mois qu'on se textote, se twitte. Qu' on se mail, qu'on s'envoie mots et symboles, émoticones et ponctuations expressives. Les doigts courent prestes sur les touches, les idées circulent comme des électrons libres, formant un joyeux train de pensées, de sentiments et d'émotions. Il nous conduit au firmament, caravansérail échevelé plus festif encore que les traîneaux du père Noël. Connectés!!!, on est hyper connectés !!!, en totale phase !!!, crie-t-on aux étoiles, au soleil. C'est décidé, on prend un temps pour se voir, tout de luxe et de calme, un petit moment bien tendre découpé dans un emploi du temps à la chair dense et nerveuse. On se retrouve dans un lieu choisi, entre êtres incarnés, abondamment même, dirais-je, en ce qui me concerne. Mots de contentement majeur, tonitrués. Blanc. Mots de contentement mineur, jetés plus doucement. Blanc. Souvenirs repêchés vite vite dans la marmite aux échanges. Raccord, scène du..., mauvais raccord, pas tout à fait ça, non, je t'ai dit que, mais oui, j'ai confondu. Et … ? Pas grand chose... L'écran, il me manque l'écran, le silence, cape d'invisibilité. Je vacille sous le poids des yeux qui dardent leurs rayons aux lumières et aux intensités variables, comme sous l'impulsion d'une palpitation permanente, des lèvres qui s'agitent, creusets mous de la parole, des sons modulés, instables, des mouvements multiples de la peau, contractions, extensions, plis, même les oreilles bougent. Silence. L'autre se tait, sirote sa boisson à petits bruits. Silence sans échappatoire. Vite, un au revoir, une promesse. Le miroir s'est brisé, on ne ramasse pas les morceaux, ils sont trop épars.

Que les fêtes de famille sous haute tension qui finissent par des pétages de plombs. La recette en est aussi destructrice qu'un cocktail molotov, un scud, une kalachnikov chargée au max : De l'ego mal alimenté, en panne d'approvisionnement. De l'agressivité en concentré qui, encagée et bien nourrie, ne demande qu'à se libérer. Une obligation de réussite qui pèse ses trois tonnes. Un porte-monnaie en souffrance et une carte bancaire qui n'y peut rien. Fanzine Hildegarde N°16 / 19 O"obre 2017

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Des réserves de non dits, de vieilles rancœurs. Un foie délicat, surchargé à cette occasion. Et entre le champagne, la dinde rôtie, la bûche, tout explose. L'amour et l'argent investis en repas, cadeaux, habits de fêtes, le long travail de l'attente et de la préparation, tout s'effondre. Relents de fin de... Remords de ne pas... Jamais plus... Voire... Les fêtes de famille, on ne s'en sort pas si vite. Que la mise au point d'un réveillon de fin d'année. T'as eu B...? Oui alors elle m'a dit que F... lui avait dit que c'était d'accord si M... venait aussi, passait la prendre et la ramenait, but, no alcohol, ça le branche pas. Donc nada. OK, et L.. ? Non, t'y penses même pas, il supporte pas B..., ils ont eu un épisode love, depuis ça clashe. Tu crois que R sera open ? Il a des plans, faut voir si on peut mixer. S...m'a dit que oui, elle amène son chéri. S... ? Tu me la fais à l'envers ? C'est la dernière que j' veux voir ici, elle m'a planté grave. Tu l'oublies, carrément. Bon, alors, Z... Pas dispo. Plan d'enfer. V...? V...? Elle plombe tout. Un vrai sous marin. Ok, je twitte, « welcome on board on naufragera tous, on prend ses bouteilles et on dérive 13 rue Patouard, marre des amarres ». 1 000 likes ? Ils arrivent ? Argh !!! Vite , 2017. Jacqueline L’Hedever

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Tout est tombÊ, Vincent Baby Fanzine Hildegarde N°16 / 19 O"obre 2017

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23AĂŻello Texte Marine Illustration Gwendoline Desnoyers


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Les devinettes de Michel Lascault

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Critique de la séparation 2.0 La société technicisée a vaincu Guy Debord. 
 « Quel projet véritable a été perdu ? », demande Guy Debord de cette caractéristique voix lasse d’homme endeuillé. C’est là son erreur première, l’erreur fondatrice d’un homme chassé de l' Eden, exilé d'une enfance dont-il ne lui restait rien, juste la vague conscience trompeuse, à la recherche d’un « Paradis permanent » dont notre Wanderer n’aurait su dire à quoi il ressemblait : point de « projet véritable », juste une rétroaction à court terme sur les épiphénomènes du chaos. Guy Debord était, comme la plupart des hommes de son époque, le porteur coupable du lourd héritage judéochrétien, qui aurait voulu savoir d'où il était sorti et où il allait, le porteur d'une lettre sans adresse car adressée à tous sans que son message puisse être reçu et compris, et son projet essentiellement littéraire, son monologue d'enfant unique s’est résumé à une eschatologie.

Le 17 mai 1961, une conférence de Guy Debord est diffusée lors de la réunion du Groupe de recherche sur la vie quotidienne de Henri Lefebvre. Paroles, rien de nouveau sous le soleil, celui de l'indifférence moderne, celui qui ne se couche jamais. L'important, plus que ce qui est dit, est dans le choix d'une diffusion ex absentia, dont on ne peux qu'imaginer les circonstances, et dont on ne peut que supposer qu'elle ait bien eu lieu. Bien sûr, la conférence est écoutable en ligne, mais à quoi bon ? Il suffit d'entendre ce grain si particulier de voix, portant dans sa tessiture-même le poids des renoncements passés, présents et futurs passé au filtre des médias, articuler les premiers mots pour avoir compris. Nous sommes de toute façon lassés avant-même d'avoir cliqué sur « play », et nous avons trop entendu de la publicité de l'ordre moral pour savoir ouvrir nos oreilles à une parole qui devrait enchaîner, dans un mouvement naturel et continu, à une action que nous ne saurions de toute façon déterminer dans son but et ses méthodes. Nous ne pouvons plus que hurler dans la nuit. Peut-être seul un hurlement dans la nuit, dont on se

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gardera bien de chercher la provenance, peut aujourd'hui être reçu comme expression vocale authentique.

« La voix est diffusion, insinuation, elle passe par toute l’étendue du corps, la peau ; étant passage, abolition des limites, des classes, des noms (« son âme passa dans ses oreilles, il crut écouter par chacun de ses pores », n°215), elle détient un pouvoir particulier d’hallucination. » Roland Barthes. Guy Debord nous chante de sa voix maternante des comptines qui nous emmènent vers le salutaire sommeil ; non pas le sommeil réparateur qui succède au travail, mais le sommeil consolant qui nous fait oublier pour quelques heures des existences consternantes par leur limitation. Aucun sommeil ne peut venir à bout de la fatigue si particulière de ces existences.

(Rien ne m'a tant manqué ces dernières années, comme l'eau à l'assoiffé, que l'échange dans la parole vive.)

Guy Debord cherchait, à travers la « construction de situations », un but dernier, or il n’y en a pas ; un « paradis permanent », or rien de tel n’existe ; l’alcool et l’écriture furent ses succédanés d’élection. Plus contemplateur que véritable contempteur de la société spectaculaire, il ne restait à Guy Debord qu’à occuper son temps agréablement si ce n’est utilement en attendant la mort : il faut croire qu’il n’y est pas parvenu puisqu’ il a devancé l’appel.

L’erreur de Guy Debord, que tout homme peut commettre et que beaucoup ont commis avant lui, a été de penser que la séparation, la séparation du mot et de la chose, de l’homme et du mot, de l’homme et de la chose, de l’homme et de l’homme, était propre au vingtième siècle. Or rien n’a jamais indiqué que l’homme ait été, à un quelconque moment de son histoire, depuis qu’il est homme et peut dire « je suis homme » , un animal autre que symbolique. Dans notre époque hyper symbolique, qui se laisse sans conscience imposer des symboles, qui les intériorise sans volonté, la prose de Guy Debord fait déjà figure de langue morte, et ses livres garnissent les étagères sombres des Fanzine Hildegarde N°16 / 19 O"obre 2017

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antiquaires. Ayant passionnément aimé son époque, Guy Debord, qui voulait formuler des vérités ultimes à la manière d’un catéchète, n’en avait une connaissance qu'indirecte et partielle. En un temps où, en France, il fallait se rendre chez un voisin pour passer ou recevoir un coup de téléphone, ou regarder un peu de télévision, Guy Debord, qui avait élu un média programmatiquement obsolète comme métaphore de la séparation, le cinéma, ignorait (ou tout du moins feignait-il de le faire) qu’aux États-Unis d’Amérique, des hommes inventaient ce qui est notre présent. De la même façon, des hommes y fabriquent ce qui sera fatalement notre futur. Et « révolution » et « contreculture » sont des fables pour un temps seulement stimulantes, mais stériles. Alors qu’en Europe la « révolution permanente » du langage qu’a voulu constituer la poésie s’est fourvoyée dans cette pornographie du signe typographique qu’est le Lettrisme, des hommes américains ont très tôt compris qu’il n’y aurait pas de « révolution » du langage-même – ou de ce qui, comme l’image, se comprend par sa médiation -, mais de sa transmission. Lorsque l’homme a posé le pied sur la Lune, on a compris que l’information pourrait non seulement se transmettre instantanément entre les deux points les plus éloignés du globe, mais qu’elle pourrait être mise en réseau. Et c’est bien cela qui manque à la métaphore cinématographique debordienne : analogiques, les films ne peuvent être mis en réseau autrement que dans l’intime de l’imaginaire. Les américains, grâce à la télématique et à l’ordinateur, ont donné une réalité physique aux connexions innombrables des tropes de la poésie, celle de la mémoire aussi bien que celle des livres depuis l’invention majeure de Gutenberg.

« Tout sera oublié, même l'oubli. » Maurice Blanchot

« Car il n'est point de communication, aussi sérieuse qu'elle soit, qui ne constitue un spectacle ; point de spectacle, même frivole, qui ne contienne des informations. Rappeler ces données, c'est dire une fois de plus que la communication n'est ni désincarnée, ni unilatérale : elle est un objet total, un

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signifiant ouvert à plusieurs significations, dépendant avant tout du code, implicite ou explicite, supposé commun aux interlocuteurs. » Pierre Schaeffer

Véronique Dorey, illustration du livre « La science des Cauchemars » de Veronique Ovaldé aux éditions Thierry Magnier

Ils ont subverti la poésie pour la mettre au service de la communication, aujourd’hui seul régime de relation possible. Seul peut-être l’Amour y échappe, mais pour combien de temps encore ? On parle, depuis quelques décennies déjà, de « problèmes de communication » au sein du couple et de la famille restreinte, et l’Amour se technicise au même titre que toutes autres choses en un « projet de vie », dans un rapport d’équivalence au curriculum vitae du travailleur aliéné.

Le Coup de dé était l'illusion que quelque chose se peut dire en dehors de la combinaison des lettres, dans un ailleurs du langage qui serait encore langage, dans le blanc du papier, pourquoi pas. Un Coup de dé réussi aurait dû être une collection de pages blanches, dans une couverture tout à fait vierge, un livre informulé et pourtant bien matériel, bien que jamais touché, même durant sa fabrication, sur le rayon oublié d'une bibliothèque perdue. Un livre impossible.

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« La promptitude du livre à s'ouvrir et l'apparence qu'il garde d'être toujours disponible — lui qui n'est jamais là — ne signifie pas qu'il soit à notre disposition, signifie plutôt l'exigence de notre complète disponibilité. » Maurice Blanchot

Filtrage des appels sur téléphone cellulaire, réponses différées jusqu’à l’oubli aux e-mails, messages personnels se perdant dans la cacophonie des réseaux dits « sociaux » ou n’atterrissant ailleurs qu’au bureau fantôme des lettres mortes, jamais nous n’avons été aussi seuls, jamais le socius n’a été si précaire qu’à l’heure, celle où je vous parle, où nous sommes hyper connectés. La solitude se vivait en d’autres temps intimement, jusqu’à la joie authentique et libératrice de la rencontre, elle se vit aujourd’hui collectivement, sans plus de rencontre possible. La vérité et que rien de significatif, rien de ce qui ressemble à une action ne peut s’effectuer sur le seul mode de la communication ex absentia. Depuis un moment difficile à situer dans le temps, des gens de pouvoir ont plus ou moins consciemment, guidés par l’instinct de conservation de leur race, classe ou caste il faut le croire, veillé à ce que tout moyen d’action nous soit retiré, qu’à la séparation fondamentale sans laquelle il n’y aurait pas d’humanité possible, mais que nous pouvions encore surmonter par l’action collective, se superpose la séparation rédhibitoire de cette chose-même pour laquelle nous nous sommes idiotement passionnés, ouvrant sur un illusoire et inutile infini : la cybernétique, entendue comme perversion du langage. Séparer définitivement, diviser pour mieux régner. « C'est un groupe humain avec lequel la plupart des internautes ne sont pas forcément très familiers. Regardez sur les forums, on y voit très rarement y apparaître des employés de chez Foxconn qui viennent raconter à tout le monde les histoires de leurs confrères qui se jettent par la fenêtre et leur propre vie, car ils n'ont pas le temps ni même la capacité de le faire. Le luxe fastueux qui s'étale dans les rues leur est étranger. Ce que l'on peut attendre de l'amour ne les concerne pas non plus. Pour eux, dans ce monde, il n'y a pas d'agréable diversion. La plus grande diversion, c'est la réalité. C'est peutFanzine Hildegarde N°16 / 19 O"obre 2017

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être au moment de se jeter par la fenêtre que la valeur de la vie prend corps. » Han Han

« Quelle communication a-t-on désiré, ou connu, ou seulement simulé ». « SOCRATE : Mais est il possible d’atteindre la vérité par ce qui n’atteint même pas l’existence ? THEETETE : Impossible. » « Le gouvernement du spectacle, qui à présent détient tous les moyens de falsifier l’ensemble de la production aussi bien que de la perception, est maître absolu des souvenirs comme il est maître incontrôlé des projets qui façonnent le plus lointain avenir. Il règne seul partout ; il exécute ses jugements sommaires. » Guy Debord Dessin, Hellgie Tod

Guy Debord fait ici la preuve qu'il en savait assez long sur l'emprise du spectacle et son avenir pour ne pas se limiter aux effets véniels du simple cinéma de quartier. La mise en roman du citoyen opérée par le cinéma sort des nécessités du spectacle de masse et de ses effets faciles d'empathie pour Fanzine Hildegarde N°16 / 19 O"obre 2017

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rejoindre celles du contrôle. Le cinéma devient un immense protocole d'expérience ou chacun a un rôle écrit à jouer, et dont le résultat, connu d'avance, est la simple persévérance la plus passive possible dans l'être. « bonheur » et « malheur » sont des notions périmées dans ce scénario en ce que conscience d'un passé propre et vision d'un avenir propre n'ont plus de sens : tout se fond dans la gestion des petits plaisirs immédiats de la consommation, qui sont comme les petites piqûres d'infirmiers à la solde de l'entreprise du bonheur simulé, obligatoire et sous contrôle. L'homme a tant désiré être heureux qu'il s'est montré prêt à renoncer à la liberté. La fin arbitraire du film n'est ni triste ni gaie, elle est ouverte sur le vide-même où le film se meut. « Dans les sociétés de contrôle, l'essentiel n'est plus une signature ni un nombre, mais un chiffre : le chiffre est un mot de passe, tandis que les sociétés disciplinaires sont réglées par des mots d'ordre (aussi bien du point de vue de l'intégration que de la résistance). Le langage numérique du contrôle est fait de chiffres, qui marquent l'accès à l'information, ou le rejet. » Gilles Deleuze L'homme n'a désormais plus accès à lui-même. Aliéné tant par le travail que par les loisirs, sa seule voie d'accès vers lui-même, dans un mouvement asymptotique, infini de guérison, n'est possiblement plus que l'hôpital psychiatrique. Il lui faut désormais vivre au risque de mourir l'expérience du chaos, de parfaite désorientation pour peut-être accéder à ce que l'on a un jour appelé la joie.

Yann Ricordel-Healy Caen, 2013

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Château Coquelle, Rosendael, Alexandre Czapski

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Crying Egg, Stefhany Y. Lozano Fanzine Hildegarde N°16 / 19 O"obre 2017

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Jacques Flèchemuller Fanzine Hildegarde N°16 / 19 O"obre 2017

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Aldous Huxley, extrait des Portes de la perception ——————————————————————————————————

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Dessin, Elodie Valentin


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A suivre...

Liche Fanzine Hildegarde N°16 / 19 O"obre 2017

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Fanzine Hildegarde N°16 / 19 O"obre 2017 Some uses of the verb to live, Lenz, Stefhany Y. Lozano

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