LE BA UH A 100 AUS WUN ANS ! DERB AR !
Design
Sebastian Herkner, indétrônable Abécédaire : la créativité germanique de A à Z
Lifestyle
Hambourg, brûlante nordique Parcours moderniste à Tel-Aviv Road trip : Weimar – Dessau – Berlin LE PLUS LIFEST YLE DES MAGAZINES DE DÉCO N ° 137 - Mars-Avril 2019 - 5,90 € - w w w.ideat .f r
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5 intérieurs à forte personnalité d’hier à aujourd’hui Quand la mode s’inspire du Bauhaus…
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Geneviève Brunet
Stevens Frémont a commencé sa carrière chez Sygma mais s’est intéressé très tôt à la presse lifestyle et de décoration. Il collabore depuis 2009 avec IDEAT. L’occasion pour lui d’aller tirer le portrait des villes les plus attrayantes… Cette fois, c’est à Hambourg qu’il s’est rendu pour nous afin de saisir l’atmosphère qui règne dans cette cité portuaire ouverte sur la mer et dont les friches ferroviaires cachent de nombreuses pépinières d’art contemporain (p. 264).
Journaliste et auteure, elle n’aime rien tant qu’« arraisonner » une ville, faire partager son goût des lieux hors du temps ou partir à l’abordage d’un créateur. Pour ce numéro, Geneviève a traversé Hambourg. Elle est allée humer l’air qui plane dans ses différents quartiers, certains à la sagesse apparente. Entre immeubles de brique et zones portuaires, entre gentrification et contre-culture, la cité nordique reste fidèle à sa personnalité sérieuse, innovante et rebelle, ouverte sur le monde (p. 264).
Céline Baussay
Jean-Claude Figenwald
Journaliste spécialisée dans le tourisme, Céline aime jongler entre les métropoles bouillonnantes (Singapour, Berlin…) et les villes plus confidentielles (Nantes, Palma…). Ce mois-ci, c’est autour des immeubles modernes de Tel-Aviv qu’elle a enquêté pour nous rapporter un reportage contemporain plongeant ses racines dans un passé historico-esthétique passionnnant. Car la « première ville Bauhaus du monde » reflète en réalité toutes les tendances architecturales européennes de l’époque (p. 282).
Jean-Claude Figenwald est un autodidacte qui s’est formé auprès des agences Gamma et Magnum. Free-lance pour Citizen K, GQ, VSD ou L’Optimum, il voyage souvent, avec une prédilection pour les États-Unis et l’Europe. Ce mois-ci, il a capturé l’image d’une sélection d’immeubles modernistes de Tel-Aviv parmi les 4 000 bâtiments que compte la « colline du printemps ». Il en ressort un style protéiforme, symbolique d’une époque, à travers le constat de l’état de ces bâtisses aujourd’hui (p. 282).
Olivier Waché
Olivier Reneau
Amateur de savoir-faire et d’innovation, ce journaliste et linguiste se passionne pour l’artisanat et le design. Observateur de l’évolution du cadre de vie, il a collaboré avec le VIA. Pour ce numéro, après avoir rencontré Raphaël Navot à propos de sa collection « Nativ » chez Roche Bobois (p. 40), il a parcouru le salon de l’ameublement IMM Cologne (p. 157). Il a également contribué à notre Abécédaire des marques de design allemandes (p. 178). Enfin l’hôtel Sir Nikolai à Hambourg n’a plus de secrets pour lui ni pour nous (p. 258).
Collaborateur régulier d’IDEAT, Olivier Reneau écrit depuis vingt ans sur les thématiques liées à l’art de vivre, avec un intérêt particulier pour l’art, l’architecture et le design. Ainsi qu’une réelle curiosité pour des domaines aussi variés que l’automobile, la cuisine ou la mixologie. Dans ce numéro, Olivier a creusé l’univers des marques de design allemandes (p. 178). Il a également rencontré l’un des cofondateurs des éditions allemandes Gestalten, qui nous parle, entre autres, de ses rituels de voyage (p. 310).
© GERMANA LAVAGNA
Stevens Frémont
Sabrina Silamo
Sa passion pour les objets beaux et bien conçus l’amène à prêcher la bonne parole du design dans M, le Magazine du Monde, IDEAT et Grazia. Ce mois-ci, elle revient sur les fontaines des frères Bouroullec aux Champs-Élysées (p. 44), sur l’exposition contenant-contenu de la Cité du vin de Bordeaux (p. 46), sur trois galeries modernistes (p. 62), trois boutiques parisiennes qui viennent du Net (p. 80) et trois enseignes qui raffolent de déco (p. 82). Sans oublier sa sélection d’ouvrages (p.140) et l’exposition inédite d’IDEAT à Art Paris Art Fair (p. 108).
Diplômée en histoire de l’art et ex-rédactrice en chef adjointe d’Arts magazine, Sabrina rend compte de l’actualité des artistes (Télérama, L’Objet d’art). Si elle nous invite à ne pas rater Dorothea Tanning à la Tate de Londres (p. 64), elle nous donne ce moisci un aperçu des collections, des artistes et des œuvres que l’on pourra découvrir à Art Paris Art Fair cette année (p. 95). Enfin, les 100 ans du Bauhaus vont être l’occasion de nombreuses manifestations en Allemagne (pp. 130 à 138).
© CHRISTEL JEANNE
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LE BAUHAUS A 100 ANS ! Le Staatliches Bauhaus est une école d’art fondée en 1919 à Weimar, en Allemagne, par Walter Gropius. Par extension, le Bauhaus (littéralement « maison de la construction ») désigne un courant authentique qui a concerné l’architecture, le design, la photographie, la mode et la danse. Cette école de pensée posera les bases de la réflexion sur l’architecture moderne et, globalement, sur le style de la planète tout entière. En 1933, le Bauhaus, installé à Berlin (il était à Dessau depuis 1925), est fermé par les nazis et sa dissolution est prononcée. À sa tête, Ludwig Mies van der Rohe a succédé à Hannes Meyer, ayant lui-même remplacé Walter Gropius. Il négociera sans succès avec les nazis pour obtenir la réouverture de l’école. Après avoir réalisé le Pavillon allemand à l’Exposition internationale de Barcelone en 1929, il dessine le Pavillon de l’industrie minière pour l’exposition « Peuple allemand – Travail allemand » et propose un autre pavillon pour l’Exposition internationale de Bruxelles, en 1935. Hitler, outré par le modernisme, l’anticonformisme et le côté innovant de la maquette, piétine celle-ci de rage et Mies van der Rohe quitte l’Allemagne pour les États-Unis. En presque quinze ans, quelques grands esprits avant-gardistes auront tout de même réussi à forger les valeurs du Bauhaus : Walter Gropius, le fondateur, László Moholy-Nagy, qui favorisera l’utilisation du verre et du Plexiglas, Marianne Brandt, pour ses lampes et sa fameuse théière aujourd’hui rééditées, Marcel Breuer, le roi de l’ergonomie, Vassily Kandinsky, le maître de la forme en peinture, Oskar Schlemmer, qui habillera les danseurs de costumes abstraits, Herbert Bayer, l’expert en typographie, Ludwig Mies van der Rohe, l’empereur des lignes droites structurantes et du verre… Cinq caractéristiques sont constitutives du mouvement : 1) La forme suit la fonction. Il faut aller à l’essentiel. 2) Utiliser de vrais matériaux. Aucun élément n’est trop vulgaire : barres de métal et poutres font partie intégrante du design du bâtiment. 3) Un style minimaliste. Lignes droites et formes géométriques sont préférées aux fleurs et aux courbes. 4) Le Gesamtkunstwerk (l’œuvre d’art totale). Manier toutes les formes d’art : des beaux-arts aux arts décoratifs. 5) Enfin, mêler art et technologie pour créer de nouvelles formes. Faire du charme avec la technique… ou l’inverse ! Alors, c’est quoi, le Bauhaus ? Sheila Hicks, ancienne élève de Josef et Anni Albers, avait répondu : « C’est se demander “Que fait-on ce week-end ?”… et créer un spectacle de toutes pièces. » Sans le Bauhaus, nos villes, notre esthétique occidentale very chic, notre culture, notre goût pour l’anticonformisme ne seraient pas les mêmes. Cette génération d’artistes, de techniciens, de designers, d’ingénieurs de génie a changé notre œil et notre regard sur le monde. C’est la véritable idée du design aujourd’hui omniprésente. Les Allemands sont fous de design et, de nos jours, Dieter Rams, Konstantin Grcic, Ingo Maurer ou Sebastian Herkner perpétuent cette légende. Bonne lecture de ce numéro spécial Allemagne et respect pour le Bauhaus et tout ce qu’il a changé dans nos vies ! Partez découvrir avec nous Hambourg, la bourgeoise des médias qui revendique presque d’être la véritable capitale allemande, Weimar, Dessau et Berlin pour un « road trip » Bauhaus, Cologne, pour un compte-rendu de l’International Furniture and Interiors Fair (IMM), qui s’y est déroulée en janvier dernier et qui est devenue, après Milan, le deuxième plus grand salon international du meuble avec plus de 150 000 visiteurs par an… ou, enfin, Tel-Aviv (eh oui !), l’une des villes du monde où l’architecture Bauhaus est la plus présente ! Le Bauhaus nous a appris à mesurer l’importance du dialogue, à être en prise avec la société et à cultiver sa singularité, à se forger un style, un esprit, à être moderne… C’est ce qu’il faut faire pour se sortir d’un mauvais pas, d’une crise, d’un piège, d’une voie de garage. Et si ces valeurs étaient celles qu’il fallait pour sortir nos vies, nos pays, notre monde de la crise ? Pendant que vous parcourez ce numéro passionnant, nous terminons celui des 20 ans d’IDEAT, qui sortira le 10 mai prochain. Vingt ans d’une petite aventure qui nous a fait aimer le design, l’architecture, les gens et, par-dessus tout… la vie ! À très bientôt pour fêter ce bel anniversaire ensemble. Laurent Blanc Éditeur & fondateur d’IDEAT
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Suite à la dissolution de l’illustre école de Weimar, les « maîtres » du Bauhaus choisirent Dessau pour sa reconstruction. Walter Gropius s’est vu alors confier la création de toute une cité (école et maisons des maîtres comprises). Une fois le bâtiment érigé, entre 1925 et 1926, ses aménagements furent réalisés par les divers ateliers du Bauhaus. Si, depuis 1996, le site de Dessau est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco (au même titre que le site de Weimar), aujourd’hui, dans ses murs, la Fondation Bauhaus Dessau y préserve son héritage culturel. Le Bauhaus-Dessau – Zentrum für Gestaltung est ainsi un lieu vivant de recherche, d’enseignement et de design expérimental.
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12-14, rue Jules-César, 75012 Paris. Tél. : +33 1 44 75 79 40. Fax : +33 1 44 75 79 49. www.ideat.fr
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ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO Rédacteurs : Béatrice Andrieux, Céline Baussay, Anne-France Berthelon, Geneviève Brunet, Bérénice Debras, Lykke Foged, Serge Gleizes, Marie Godfrain, Marc Heldens, Pierre Lesieur, Anna Maisonneuve, Marzia Nicolini, Nathalie Nort, Louise Prothery, Olivier Reneau, Sabrina Silamo, Isabelle Vatan, Olivier Waché. Photographes : Helenio Barbetta, Adeline Bommart, Jean-Claude Figenwald, Stevens Frémont, Morten Holtum, Nicolas Krief, Thomas Rusch, Mark Seelen, Jan Verlinde. Illustrateurs : Carla Fuentes, Le Duo, Paolo Mariotti. Photogravure : Alloscan, groupe Amalthéa. Impression : Roularta Printing (Belgique).
SERVICES ADMINISTRATIFS ET FINANCIERS Directeur administratif et financier : Céline Rhodes. Tél. : +33 1 84 17 30 23. Responsable comptable : Tuan-Minh Bui. Tél. : +33 1 86 95 00 24. tbui@ideat.fr Contrôleuse de gestion : Sophie Berlette. Tél. : +33 1 86 95 00 26. sberlette@ideat.fr Comptable : Jessica Larifla. Tél. : +33 1 44 75 55 02. jlarifla@ideat.fr Assistante comptable : Imane El Aïssaoui. Tél. : +33 1 44 75 74 32. compta@ideat.fr
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DÉPARTEMENT CONSUMER MAGAZINES, CATALOGUES ET SUPPLÉMENTS PRESSE PRODUCTION VIDÉO – VENTE DE CONTENU LIFESTYLE Contact : Christian Chevassus. Tél. : +33 1 44 75 74 31. cchevassus@ideat.fr Chef de projet : Florence Moreau. fmoreau@ideat.fr
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Ce magazine contient pour la diffusion kiosque FM : 2 offres d’abonnement à IDEAT (une brochée et une jetée) ; pour la diffusion abonnés FM : un encart ADL Partner. © ADAGP, pour les œuvres de ses membres, Paris 2019. Provenance du papier : Allemagne et Finlande. 0 % de fibres recyclées. Ptot : 0,00304 kg/t
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SOMMAIRE 137 - mars-avril 2019 LE BA UH A 100 AUS WUN ANS ! DERB AR !
Design Sebastian Herkner, indétrônable Abécédaire : la créativité germanique de A à Z
Lifestyle 5 intérieurs à forte personnalité d’hier à aujourd’hui Quand la mode s’inspire du Bauhaus…
Trips Hambourg, brûlante nordique Parcours moderniste à Tel-Aviv Road trip : Weimar – Dessau – Berlin
SUR NOTRE COUVERTURE Honneur au Bauhaus dans ce numéro. Et dans la merveilleuse villa Tugendhat, à Brno (République tchèque), conçue par Ludwig Mies van der Rohe en 1929-1930, l’architecture et le design sont à la fête. En témoignent les iconiques fauteuils Barcelona (Knoll) que le maître créa à la même époque (p. 218).
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© MARK SEELEN
LE PLUS LIFEST YLE DES MAGAZINES DE DÉCO N ° 137 - Ma rs-Avril 2019 - 5,90 € - w w w.ideat .f r
CONTEMPORARY NEWS
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NEWS DESIGN > Humeur scandinave > Raphaël Navot rhabille Roche Bobois > Brot et Patrick Norguet, réflexion en miroir
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NEWS EXPOS > Les Bouroullec sur le papier, à la Galerie Kreo > Design et vins de France à la Cité du vin, à Bordeaux > Le big bang de la XXIIe Triennale de Milan > Les lanternes de papier… aussi mobiles que des papillons au MADD, à Bordeaux
52
NEWS PARIS DÉCO OFF Les éditeurs de tissus sont à la fête
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NEWS BIENNALE Saint-Étienne conjugue le design au futur
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NEWS GALERIES Vintage de luxe ou le modernisme chez les antiquaires
64
NEWS ART > Dorothea Tanning ou la traversée des apparences à la Tate Modern, à Londres > La condition humaine selon Thomas Schütte à la Monnaie de Paris
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NEWS PHOTO > Les lumineuses années 70 de Luigi Ghirri > Le printemps des festivals
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NEWS MANUFACTURE Le Lit National, sommeil haute couture
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NEWS SHOPS PARIS > La nouvelle vitrine de Rosita Missoni > Zuber, grandiose par tradition > Espaces perso : de la vente en ligne au pas de porte
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– SUCCESSION LUIGI GHIRRI
PAOLO’S TOUCH L’œil de notre illustrateur Paolo Mariotti
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124
SPÉCIAL ALLEMAGNE & BAUHAUS
Calendrier Expositions et musées : le parcours archi/design indispensable pour tout comprendre du Bauhaus
Design Rétrovision : 24 icônes racontent l’émergence de la modernité Les news du salon IMM Cologne La créativité allemande de A à Z
Road trip
Archi cité Hambourg, le feu sous la glace Tel-Aviv, une page blanche façonnée par les modernistes
Réglable en hauteur, le luminaire à LED sans fil Parrot offre 100 heures d’autonomie (Tobias Grau). © ALESSIO BOLZONI
119 82
NEWS SHOPS RÉGION Trois adresses prônent un art de vivre estival à l’année
84
NEWS SHOPS Delvaux pose son sac à Milan, Londres et New York
86
NEWS HÔTEL ET RESTO PARIS 25hours Terminus Nord, escale métissée
88
NEWS TABLES PARIS Trois chefs embarquent dans l’aventure iodée
90
NEWS HÔTEL RÉGION Les Bords de mer à Marseille
95
DOSSIER ART PARIS ART FAIR
96
SOLO SHOWS Femmes artistes : cinq talents singuliers
100 PORTRAIT Catherine Petitgas expose ses créatives « Amazones »
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© ERICH CONSEMÜLLER / DRESS MATERIAL: ELISABETH BEYERVOLGER, BAUHAUS-ARCHIV BERLIN / DR. STEPHAN CONSEMÜLLER
© CONSTANTIN MEYER
Weimar, Dessau, Berlin : 3 étapes phares pour les fans du Bauhaus
150
102 PANORAMA AMÉRIQUE DU SUD > En suivant les « Étoiles du Sud » > Leonor Fini : l’ensorceleuse > Les jeux visuels et colorés de l’art géométrique abstrait > L’art cubain enfin sans frontières 108 EXPOSITION GALERIES DESIGN BY IDEAT Notre sélection coups de cœur de pièces de collection 119 L’ALLEMAGNE ET LE BAUHAUS
CONTEMPORARY DESIGN 122 NEWS BIRTHDAY BAUHAUS Thonet revisite le fauteuil iconique de Mies van der Rohe 124 NEWS DESIGN BAUHAUS Tecta, l’éditeur signature de l’école de la modernité
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© GABY GERSTER
120 NEWS DESIGN BAUHAUS Knoll, la collection « MR »
ID-SOMMAIRE
© OLIVIER WACHÉ
202
157
126 NEWS DÉCO BAUHAUS > Les variations de Créations Métaphores > Hommage à la ligne de trois marques de tissu
140 BOOKS BAUHAUS Retour vers le futur 142 RÉTROVISION BAUHAUS Les pièces iconiques, « trésors de guerre » des éditeurs de mobilier design
208
150 ENTRETIEN Sebastian Herkner, designer incontournable 157 NEWS DESIGN SALON IMM Cologne donne le rythme du design 172 SHOPPING Luminaires, fauteuils et petites tables 178 BRAND ABÉCÉDAIRE La créativité germanique de A à Z
CONTEMPORARY LIFESTYLE
© HELENIO BARBETTA / LIVING INSIDE
130 CALENDRIER BAUHAUS La célébration d’un anniversaire : (presque) toutes les manifestations culturelles
218
202 LIFESTYLE & STYLE BAUHAUS À géométrie variable
218 HOME 2 BAUHAUS À Brno, une merveille moderniste signée Mies van der Rohe 230 HOME 3 À Hambourg, harmonies classiques, accords contemporains
30
© MARK SEELEN
208 HOME 1 À Berlin, message personnel
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ID-SOMMAIRE
240 HOME 4 BAUHAUS À Bruxelles, villa amarrée 250 HOME 5 À Hambourg, immaculée conception
264
© STEVENS FRÉMONT
© JAN VERLINDE / LIVING INSIDE
240
290
258 HÔTEL DÉCO Sir Nikolai met Hambourg sur un plateau
CONTEMPORARY TRIPS 264 URBAN SPIRIT Hambourg, la brûlante nordique 282 ARCHI CULTE BAUHAUS Les immeubles modernistes de Tel-Aviv 290 ROAD TRIP BAUHAUS Weimar – Dessau – Berlin : itinéraire culte 299 SPOTS Nos adresses préférées en Allemagne 306 RENCONTRE Avec Christoph Hoffmann, de 25hours Hotels
313 MAIS ABONNEZ-VOUS DONC À IDEAT ! 322 VILLAGE PEOPLE L’Allemagne de Bettina Billerbeck, rédactrice en chef d’IDEAT Allemagne !
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© THOMAS RUSCH
310 JET LAG Robert Klanten, cofondateur des éditions Gestalten
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© THOMAS RUSCH
SOMMAIRE WEB
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© STEVE HERUD
SUR LA ROUTE DU BAUHAUS (2) À l’occasion du centenaire du Bauhaus, un cameraman d’Ideat.fr s’est joint au reporter de notre « road trip » (lire p. 290) sur les pas de cette école d’art allemande qui a façonné la culture de l’objet et de l’espace du XXe siècle. Refaites avec nous ce voyage en vidéo !
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© CHRISTIAN RICHTERS
LE GRAND PALAIS DE L’ART CONTEMPORAIN (1) Partenaire de la 21e édition d’Art Paris Art Fair, IDEAT consacre un dossier à ce salon incontournable (lire p. 95). Du 4 au 7 avril, Ideat.fr vous plongera au cœur des 150 galeries qui envahiront la nef du Grand Palais. Les artistes femmes en France ou encore l’Amérique latine seront à l’honneur cette année. Ainsi que le design puisque, pour la première fois, IDEAT organise sa propre exposition de pièces issues de galeries, comme BSL, qui représente entre autres Faye Toogood et son fauteuil Caged Elements (photo 1) !
LA 25 HEURE DE LA GARE DU NORD (3) Directeur artistique du 25hours Terminus Nord (lire p. 86), Alex Toledano nous a fait visiter cet ovni hôtelier et nous a expliqué comment le quartier de la gare du Nord, melting-pot culturel à la française, lui en avait dicté l’aménagement, notamment le bar d’inspiration congolaise. E
À SAINT-ÉTIENNE, LE DESIGN OUVERT (4) Le design peut-il réconcilier les êtres humains ? C’est la question que pose, du 21 mars au 22 avril, la Biennale internationale de Saint-Étienne (lire p. 60) qui se tient à la Cité du design. Ideat.fr sera de la partie pour vous faire vivre en images l’inauguration ainsi que les principales expositions, les ateliers, les débats, tous placés sous le signe de la bienveillance… MAIS AUSSI… Les premières images des fontaines des Bouroullec sur les Champs-Élysées, un reportage au MAXXI, le musée romain, où le duo de designers Formafantasma a travaillé avec l’éditeur de tissu synthétique Alcantara…
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AM1 Slim Magnum Automatique
Contemporary news parce qu’être curieux, c’est bien !
Guggenheim (Bilbao)
Centre Pompidou
Tate Modern
MAC
(Londres)
(Niterรณi / Rio de Janeiro)
(Paris)
(Imabari)
TIMA
Palazzo Grassi (Venise)
New Museum
Elbphilharmonie
Guggenheim
(New York)
(Hambourg)
(New York)
ID-NEWS DESIGN
« Simple ne veut pas juste dire minimaliste et fonctionnel. On peut faire simple tout en véhiculant beaucoup d’émotion. » John Maeda, artiste, graphiste, enseignant et chercheur, dans De la simplicité (Payot, 2009)
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Signature nordique
© LINE KLEIN
Basée dans la capitale danoise depuis 1955, Broste Copenhagen est l’une des principales marques de mobilier et d’accessoires de déco de Scandinavie. Au-delà d’un catalogue d’objets, c’est l’idée d’un mode de vie que l’enseigne propose. Il fait bon vivre au Danemark, notamment à Copenhague, régulièrement classée dans le top 10 des villes les plus cool, et Broste Copenhagen entend bien faire partager au monde entier cette simplicité faite de mesure et de convivialité. Avec deux collections par an, elle couvre une gamme de produits qui va des bougies aux textiles, en passant par la vaisselle, les lanternes et le petit mobilier d’appoint. Ici, la console Freja, le vase Dotty, les coupelles Zulian et la lampe Caspa sont tout sauf passe-partout, et pourtant ils se fondent dans le paysage intérieur comme s’ils étaient là depuis toujours… Un style entre tradition nordique et tendance du moment ? Disons plutôt que la tendance est au style scandinave !
ID-NEWS DESIGN
Raphael Navot, du sur-mesure chez Roche Bobois Par Olivier Waché
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Avec « Nativ », le designer et décorateur d’intérieur Raphael Navot met sa maîtrise des savoir-faire et son goût des matériaux au service de l’éditeur Roche Bobois. Comment est née la collection ? Nicolas Roche, le directeur des collections Roche Bobois a vu mon travail lors d’une exposition et m’a offert de proposer ma vision du bois pour le futur. Après quelques pièces, il m’a demandé d’aller plus loin. Ainsi est née la collection « Nativ », qui compte quatorze familles et une trentaine de pièces, et devrait encore s’étendre. C’est la première fois que je conçois du mobilier en série et le challenge était de respecter la noblesse des matériaux. C’est pourquoi beaucoup de pièces sont réalisées à la main, comme la marqueterie du plateau de la table Patchwork.
Quelles sont les valeurs de « Nativ » ? La reconnaissance corporelle. On ressent, on comprend immédiatement les pièces, grâce à leurs formes organiques, aux matières brutes qu’on a envie de toucher. « Nativ » n’est marquée ni par un style ni par une époque. Elle permet les mélanges, à l’image d’Identities, une chaise déclinée avec cinq dossiers différents, composant ainsi une famille.
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Vous êtes-vous impliqué dans la fabrication des pièces, comme pour chacun de vos projets ? Oui, avec Nicolas, nous avons visité toutes les usines qui travaillent pour la marque en Europe, afin de voir les processus, de les tester… J’étais un peu réticent au départ, car je suis habitué à l’artisanat d’exception, aux pièces de galerie. Mais Roche Bobois ne s’impose pas d’identité, le savoir-faire est très extensible. Il a parfois fallu repousser les limites, pour trouver une solution industrielle. C’est le cas par exemple de la double lèvre qui signe le canapé Underline et qui, si elle n’est pas « nécessaire », traduit mon intention.
Comment avez-vous abordé la rénovation du showroom Roche Bobois, boulevard Saint-Germain ? Le lieu est dans la continuité de la collection, mais par définition, son contenu change. Pour composer l’ambiance, j’ai réduit au minimum la quantité de matières, utilisé une dizaine de nuances de peintures pour créer des effets de lumière. Les rideaux et la grande bibliothèque évoquent la maison. J’ai également traité l’escalier de l’entrée comme une sculpture, une invitation à la visite, avec son mélange d’ocre au mur, de métal et de granite fossile pour la structure.
1/ Chaises modulaires Identities, table à plateau en marqueterie et pieds en tilleul teinté Patchwork, tapis Fusion Midnight. 2/ Canapé en cuir Underline et table basse Patchwork. © MICHEL GIBERT 3/ Raphael Navot, un designer « non industriel » comme il se qualifie lui-même. © VINCENT LEROUX/ TEMPSMACHINE
Roche Bobois. 207-213, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris. Tél. : 01 49 54 01 70. Roche-bobois.com
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TOUR DU MONDE
DEDON COLLECTION MBRACE Design by Sebastian Herkner www.dedon.de
ID-NEWS DESIGN
Brot et Patrick Norguet, réflexion en miroir Par Isabelle Vatan
La maison parisienne vient de faire appel à celui qui n’aime rien tant qu’instaurer un dialogue avec une marque. C’est ainsi qu’il signe « Héritage », une collection de cinq miroirs qui nous font de l’œil.
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es collectionneurs les connaissent bien, le grand public beaucoup moins. Ces miroirs habillent les salles de bains de nombreux hôtels et palaces en France et à l’étranger depuis des décennies. Dans certaines familles, ils se transmettent de génération en génération.
Fondée en 1826 à Paris, la société Miroir Brot, qui occupe toujours ses bureaux d’origine près de la place de la République (XIe), vient de faire appel au designer Patrick Norguet pour dessiner une collection fabriquée dans ses ateliers d’Arpajon (Essonne). « Nous souhaitions renouer avec notre passé de créateurs et rajeunir cette maison très ancienne qui fut novatrice en son temps : en inventant le triptyque (un miroir à trois faces, NDLR) en 1875, puis le Mirophar, en 1927, éclairant et grossissant », explique Julie Attali-Schouvey, directrice marketing du groupe Orphéon auquel appartient la marque. L’inspiration est venue au designer à la suite de sa rencontre avec le personnel de l’entreprise, ses savoir-faire d’excellence, ses talents. « Mon métier ne consiste pas seulement à faire un beau dessin, mais à réfléchir à un univers de produits. J’ai voulu sortir les miroirs Brot de la salle de bains et les mener dans d’autres espaces de la maison en retrouvant l’ADN de la marque. » Le résultat, « Héritage », une collection haut de gamme de cinq miroirs (de 1 899 euros à 4 199 euros) portant chacun un nom de domaine de château. Épurés, aux angles arrondis, ils se composent de plusieurs modules et – sauf pour l’horizontal Trianon – sont rehaussés d’une tablette fonctionnelle. Alliant le blanc ou le céladon et le chêne, le chrome fumé et le marbre noir ou le laiton or et le marbre rouge ou blanc, ils se déclinent en neuf finitions. « La notion de fractale des différentes matières et des miroirs qui se superposent et réfléchissent des images distinctes m’intéressait », précise Patrick Norguet, qui a également signé la direction artistique (photos, plaquette) autour d’« Héritage » et planche déjà sur une gamme de miroirs grossissants. Avec cette collection et de nouvelles pièces à venir créées par Patrick Jouin, Miroir Brot devrait rapidement sortir du cercle des seuls initiés.
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Les créations du designer Patrick Norguet pour Miroir Brot portent des noms de châteaux. Rien de plus naturel pour exprimer leur luxuriance : Trianon (à gauche) et Clagny (à droite).
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ID-NEWS EXPO
Frères d’art Par Marie Godfrain
La Galerie Kreo expose les dessins libres de Ronan et Erwan Bouroullec, une première du genre, mais qui colle parfaitement à l’air d’un temps : alors que les frontières entre art et design se brouillent, les designers sont de plus en plus nombreux à montrer leurs croquis…
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i le dessin demeure une étape indispensable du développement des objets, les designers sont nombreux à le pratiquer pour la liberté qu’il procure, mais aussi pour développer leur imaginaire. Une pratique qu’ils cultivent souvent dans l’ombre
– sans doute par complexe vis-à-vis des artistes… Mais depuis quelques années, alors que les frontières entre art et design se confondent, certains s’émancipent et dégainent leurs créations sur les réseaux sociaux (comme Noé Duchaufour-Lawrance), et les commercialisent même sur Internet. Le site The Art Design Lab distribue ainsi des dessins originaux de Samuel Accocebery, José Lévy, Guillaume Delvigne ou Matali Crasset. Le britannique The Wrong Shop, fondé par le designer Sebastian Wrong, propose pour sa part des lithographies de Pierre Charpin, Ronan et Erwan Bouroullec, George Sowden ou Nathalie Du Pasquier. Cette dernière, figure du Groupe MemphiÒs, ayant abandonné l’objet pour se consacrer à la peinture et au dessin. Surfant sur cet intérêt nouveau pour les œuvres de designers en deux dimensions, la galerie parisienne Kreo propose une exposition de dessins originaux de Ronan et Erwan Bouroullec. Dans ces œuvres inédites, les frères dévoilent chacun leur sensibilité. Pour Ronan, une série de gestes fluides, colorés et unis, réalisés au feutre-pinceau et à l’encre. Un coup de crayon maîtrisé pour celui qui pratique le dessin depuis son plus jeune âge. Chaque œuvre véhicule une texture, on y perçoit de la soie plissée, une profondeur et des illusions d’optique. Erwan, le technicien du duo, a naturellement utilisé l’ordinateur, avec un logiciel mis au point pour l’occasion, puis imprimé ses douze œuvres en très haute résolution. Le résultat est plus fourmillant, plus échevelé. Ils donnent à voir une énergie brute. Au final, la juxtaposition des dessins des deux frères permet de mieux comprendre à quel point leur complémentarité fait leur force.
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Fluides, aériens, colorés, les dessins à l’encre et au feutre-pinceau japonais de Ronan Bouroullec (à gauche) montrent sa parfaite maîtrise de la discipline et dégagent à la fois force et gaieté. Les lignes d’Erwan Bouroullec (à droite) sont plus brutes, presque chaotiques. Il présente ici douze dessins réalisés par ordinateur grâce à un logiciel qu’il a conçu lui-même. © MORGANE LE GALL. COURTESY OF GALLERY KREO
« Ronan & Erwan Bouroullec ». À la Galerie Kreo, à Paris VIe, 31, rue Dauphine, jusqu’au 9 avril, et à Londres, 14 A Hay Hill, jusqu’au 6 avril.
ID-NEWS EXPO
Design et vins de France Par Marie Godfrain
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Dans une exposition qui engage le visiteur à s’émerveiller devant la grâce de certaines pièces et à s’interroger sur la nature des disciplines, La Cité du vin de Bordeaux explore les liens entre les contenants en verre dessinés par les artistes ou les designers et le vin.
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arafes et verres qui fleurissent chez les grands éditeurs, domaines viticoles qui prennent forme sous le trait de starchitectes, collaborations avec des artistes… Depuis quelques années, le vin a acquis une incontestable dimension culturelle. Un phénomène sur
lequel rebondit La Cité du vin de Bordeaux, qui s’attelle à examiner le lien entre la viticulture et les différents arts. Ce printemps, la commissaire Bettina Tschumi propose « Renversant ! Quand art et design s’emparent du verre ». « Nous nous focalisons sur les relations entre la viticulture, le design et l’art contemporain au moyen de contenants en verre », explique la chercheuse. Elle expose près d’une centaine d’objets en verre produits ces vingt dernières années dans les domaines du design industriel, du design d’auteur et de l’art et qui tournent autour de la fonction et des symboles liés au vin. On y retrouve des pièces du design contemporain comme les suspensions Jar d’Arik Levy (éditées par Lasvit), des workshops menés par des étudiants en design en collaboration avec le Centre international d’art verrier de Meisenthal (CIAV), en Moselle, qui ont imaginé la bouteille Château Meisenthal. Le résultat exposé ici interroge les contenants du vin, matière vivante, et propose de nouveaux rituels. La commissaire a profité de la manifestation pour éditer des objets qui seront disponibles à la boutique de la Cité. Commande a ainsi été passée à Matali Crasset de réfléchir à un objet lié à la biodynamie, toujours avec le CIAV et le vigneron Stéphane Derenoncourt. Elle a imaginé un verre ramené à l’essentiel, une boule à suspendre à un arbre, pour aller au contact de la nature. Mais l’intérêt de l’exposition, au-delà du travail du verre, se trouve en creux, dans la disparition progressive de la frontière entre art et design. Entre un meuble et service à cognac de Jean-Michel Othoniel et un « verre à nez » du designer Anthony Duchêne, la question se pose assurément.
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1/ Suspensions Jar RGB d’Arik Levy (2013, Lasvit) © ARIK LEVY 2/ À l’occasion de l’exposition, ces boules de verre à suspendre Vino Sospeso (2018), de Matali Crasset, seront disponibles à la boutique de La Cité du vin. Réalisation : Centre international d’art verrier de Meisenthal. Productioncollection de la Fondation pour la culture et les civilisations du vin. © PASCAL BOUDET 3/ Carafe Cross Filter (2013) de l’architecte d’intérieur allemande Kristina Gläsener. Fabrication : CIAV Meisenthal. © HICHEM DAHES
« Renversant ! Quand art et design s’emparent du verre ». À La Cité du vin, à Bordeaux, jusqu’au 30 juin. Laciteduvin.com
ID-NEWS EXPO
Le big bang de la XXIIe Triennale de Milan Par Anne-France Berthelon
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En confiant le commissariat de « Broken Nature, Design Takes on Human Survival » à Paola Antonelli, conservatrice au MoMA de New York, le musée de la Triennale de Milan renoue avec sa bonne réputation. La « XXIIe Triennale » appelle à une pollinisation croisée entre designers, scientifiques et citoyens pour créer de façon collaborative un réel levier de changement pour la survie de la planète.
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ès l’entrée, les photos géantes avant/après prises par la NASA font claquer l’évidence : nous sommes entrés, sans possibilité de retour, dans l’ère de l’anthropocène. Tous les indicateurs le confirment : la planète et ses habitants sont en danger. Il y a donc ur-
gence à réfléchir collectivement (designers, architectes, scientifiques, artistes, ingénieurs, urbanistes, biologistes, mais aussi citoyens et politiques) sur la façon de restaurer les liens entre l’homme et son environnement ou d’adoucir cette rupture lorsqu’elle est consommée. « Je fais des expositions qui utilisent le design comme plateforme afin d’encourager de nouvelles façons de penser (…) qui contribuent à susciter des prises de conscience », affirme Paola Antonelli. « Broken Nature » est une démonstration de son approche curatoriale disruptive, révélée dès 2008 à New York, au MoMA, avec « Design & The Elastic Mind ». Parmi les projets phares commissionnés avec l’aide d’un comité pluridisciplinaire, il faut citer la vaisselle Anima, créée à partir de résidus alimentaires et de laque par Kosuke Araki, ainsi qu’Ore Streams, développé par le duo italien de designers Formafantasma, qui offrent une seconde vie aux déchets électroniques et livrent un travail sur l’obsolescence programmée. Confié à l’historienne du design Catherine Geel, le pavillon français met en lumière neuf jeunes designers : Samy Rio et sa passion pour le bambou comme nouveau standard semi-industriel ; David Enon, qui propose un système de production d’objets utilisant le même procédé de fabrication (s)low tech que les récifs coralliens artificiels Biorock (Bali)… « Broken Nature » fait du collaboratif et des expertises croisées une condition sine qua non à la création et à la survie de la planète.
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1/ Anima, de la vaisselle fabriquée à partir de résidus alimentaires et de laque (urushi), de Kosuke Araki. 2/ Paola Antonelli, commissaire de l’exposition du musée de la Triennale (la reprise de ces expositions a eu lieu en 2016 après vingt ans d’arrêt), conservatrice architecture et design et directrice R&D du MoMA, à New York, aimerait « que le design soit considéré aussi sérieusement que la science ». © GIAN LUCA DI LOCA 3/ Ore Streams - Trashbin ou la corbeille réinventée par les designers de Formafantasma.
« Broken Nature, Design Takes on Human Survival ». Au musée de la Triennale, à Milan, jusqu’au 1er septembre. Triennale.org
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ID-NEWS EXPO
Aussi mobiles que des papillons Par Anna Maisonneuve
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La passionnante épopée des chôchin, ces ancestrales lanternes japonaises de papier, est retracée jusqu’au 19 mai à Bordeaux, au musée des Arts décoratifs et du Design, dans un parcours irrigué par des estampes venues du musée Guimet et près de 200 luminaires d’hier et d’aujourd’hui.
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ous avez dit « chôchin » ? Derrière cette mystérieuse appellation se cache un objet traditionnel de la culture japonaise dont on dépiste aujourd’hui les parentés dans les populaires suspensions sphériques distribuées par le mastodonte suédois de
l’ameublement IKEA. Pour autant, l’ascension de ce best-seller du design ne s’accorde pas les grâces de l’insipide linéarité. Particulièrement utilisés à l’époque d’Edo (1603-1868) comme lampes portatives, les chôchin sont alors constitués d’une structure en bambou recouverte de papier à l’intérieur de laquelle on dispose une bougie. Avec l’arrivée de l’électricité, au début du XXe siècle, leur usage se raréfie et gagne les sphères de l’ornementation, de la signalétique ou une valeur symbolique propre aux fêtes et aux rituels. La destinée de ces petits phares fragiles aurait pu s’arrêter là si Isamu Noguchi n’avait croisé leur route. Au début des années 50, le sculpteur et designer américain d’origine japonaise fait escale à Gifu, sur l’île de Honshu, où il rencontre Tameshirô Ozeki, dont l’entreprise familiale produit des chôchin depuis le XIXe siècle. Ensemble, ils vont créer les célèbres lampes Akari, qui métamorphosent « l’éclat froid de la lumière électrique en lumière éternelle du soleil », pour paraphraser Noguchi. Avec l’introduction de ces objets dans l’espace domestique, le succès est éclatant. L’alliage de simplicité, de tradition et de modernité qui les caractérise se répand au-delà des frontières nipponnes et connaît un formidable retentissement aux ÉtatsUnis et en France, où ils sont distribués à partir de 1956 par la galerie parisienne Steph Simon. Cette dynamique encouragera plusieurs designers à prolonger les explorations formelles de la typologie, comme le met en perspective l’exposition bordelaise du musée des Arts décoratifs et du Design, qui vient clore la saison « Japonismes 2018 » célébrant le 160e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et le Japon.
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1/ Les créations d’Isamu Noguchi, comme ici 24N et 25N Akari, sont toujours fariquées par l’atelier Ozeki à Gifu, au Japon, et distribuées en France par Sentou. © FRANCIS AMIAND / SENTOU
2/ Jaime Hayón a conçu les suspensions Formakami JH4, JH5 et JH3 pour &tradition. Les modèles uniques présentés ici ont été peints par le designer lui-même. © &TRADITION AND JAIME HAYÓN
3/ Avec Chouchin, Ionna Vautrin a livré pour Foscarini une interprétation en verre soufflé coloré, contemporaine mais toujours poétique, de la lampe traditionnelle en papier washi. © MASSIMO GARDONE
« As Movable as Butterflies. Les chôchin du Japon ». Au musée des Arts décoratifs et du Design de Bordeaux, jusqu’au 19 mai. Madd-bordeaux.fr
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ID-NEWS PARIS DÉCO OFF
La nouvelle vitrine d’Élitis Par Serge Gleizes
La marque de tissus et de revêtements muraux a profité de l’édition 2019 de Paris Déco Off pour inaugurer son nouveau showroom à Saint-Germain-des-Prés, dans le sérail des fabricants de textiles, des galeries d’art et de design. De quoi exposer dans une scénographie lumineuse trente ans de création. Et quelle création !
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’est toute une vision, un voyage, un lieu à la mesure de ce que la maison égrène depuis qu’elle a vu le jour, en 1988. Car le nouveau showroom Élitis est bien plus qu’une énième boutique de décoration. Trois cents mètres carrés situés dans un
immeuble de style Restauration, avec deux grandes vitrines donnant sur la rue Saint-Benoît, à deux pas du Café de Flore et de l’église Saint-Germain-des-Prés. Parfait pour exposer des collections de tissus en coton, en laine et, surtout, en lin – la matière fétiche de la marque –, des papiers peints et autres revêtements muraux contemporains, des papiers en vinyle aux textures avant-gardistes et aux motifs d’une rare créativité qui font son succès et sa renommée. Petit plus de cette nouvelle installation conçue en interne, comme tout chez Élitis : dévoiler pour la première fois l’univers de la maison dans sa globalité grâce à une présentation mêlant table de drapier, colorthèque et matériauthèque, où sont rangés, de manière très ordonnée, les unis, les imprimés et les revêtements en fonction de leurs couleurs, de leurs textures et de leurs thèmes associés. Sur l’un des murs, un panoramique rappelle également que l’enseigne excelle dans une telle production (72 références). Afin de faciliter la recherche, de nombreux tableaux présentent, dans un même souci de clarté, plus de 1 500 références, parmi lesquelles 650 revêtements muraux et 750 papiers peints en vinyle, dont 150 modèles à haute performance réservés à l’hôtellerie. Autre petit plus : l’accent mis sur la décoration grâce à des vitrines et à des mises en scène présentant des lignes de coussins, de tapis, de plaids et de rideaux prêts à poser. C’est ainsi que cohabitent dans une belle harmonie une antichambre faisant office d’accueil, un espace en lien étroit avec le bureau de style, un autre inspiré par une ambiance d’atelier d’artiste et un laboratoire de matières.
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Une mise en scène imaginée par la maison elle-même fait de ce showroom inauguré en janvier l’écrin parfait pour présenter l’ensemble de ses références et les multiples façons de les intégrer aussi bien aux intérieurs privés qu’aux espaces destinés à accueillir du public.
Élitis Paris. 5, rue Saint-Benoît, 75006 Paris. Tél. : 01 45 51 51 00. Elitis.fr
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ID-NEWS PARIS DÉCO OFF
La fibre exotique Impressions léopard, plissés antiques, tonalités de poteries anciennes, moucharabiehs, palmes et plantes exotiques… renferment, dans le secret de leurs fibres, des impressions de voyages, des souvenirs d’ailleurs et des rivages lointains qui font rêver. Par Serge Gleizes
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Pierre Frey, intuition ethnique
Maison Thevenon, matières à histoires
Maison Christian Lacroix, divine exubérance
L’Afrique et ses couleurs, ses matières, ses dessins ! Tel a été le fil conducteur de la collection de tissus « Tribu » (photo) et des papiers peints « Rituel », inspirés des motifs graphiques et colorés de la tribu Ndébélé d’Afrique du Sud. Fascinant éventail de couleurs et de graphismes que Pierre Frey a réadaptés avec son génie habituel en mixant rayures, motifs et impressions dans des déclinaisons très contemporaines. L’autre grande nouveauté est l’ouverture du showroom Pierre Frey meublier, rue de Furstemberg, grâce à la récente acquisition de Rosello (voir IDEAT n° 135, p. 114), entreprise fabricante de mobilier située dans le nord de la France. Plus de deux cents modèles y sont désormais réalisés avec des bois issus de forêts locales et une fabrication exclusivement artisanale. Un fauteuil dessiné en 1931 par René Prou, le grand-père de Patrick Frey (actuel patron), a été réédité pour l’occasion.
Feuillages stylisés, dessins de palmes, de plantes exotiques, de fleurs qui semblent éclore… Les thèmes des collections « Coco » (photo), « Fleurs d’amandier », « Mimi Mosa » ont été repris cette année sur une première ligne de papiers peints et de revêtements muraux, histoire de fêter en beauté les 110 ans de cette maison qui a vu le jour au Puy-en-Velay en 1908. Car ici, créer, éditer et faire fabriquer en Italie de magnifiques étoffes est tout aussi important que de raconter des histoires. Après la dentelle et le voilage brodé, Olivier Thevenon lance, dans les années 80, les étoffes tissées et imprimées, et le peint-main. Aujourd’hui, son fils Vincent, issu de la quatrième génération, poursuit la tâche avec la même passion tout en ayant développé et modernisé ces collections diffusées dans trois institutions parisiennes que sont Les Deux Portes, La Maison Bineau et Studio Aleph, rue du Mail.
Éditée par Designers Guild, chaque nouveauté est nourrie de références poétiques, raconte une histoire, illumine les intérieurs d’une note méditerranéenne, légère et sensuelle. Ainsi en est-il des lignes libres, des courbes et des déliés de « Paradis barbares » (photo), hommage aux salons d’essayage de la maison de couture créée en 1987, des unis Le Grès Plage et La Rocelle, inspirés par les tonalités des poteries étrusques et des plissés antiques, du velours de coton imprimé de baies Cueillette, du jacquard brodé d’hortensias et d’églantines du modèle Les Rosales, du tissage évoquant les moucharabiehs persans du modèle L’Aveu… C’est tout le talent du directeur de la création Sacha Walckhoff, que de donner à chacune des nouveautés une forte personnalité, sans jamais parodier ou dénaturer l’âme de cette sublime griffe que fut Christian Lacroix.
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Pierre Frey meublier. 1-2, rue de Furstemberg, 75006 Paris. Tél. : 01 46 33 73 00. Pierrefrey.com
Showroom Aleph. 1, rue du Mail, 75002 Paris. Tél. : 09 83 25 53 03. Thevenon1908.com
Showroom Designers Guild. 4, rue VideGousset, 75002 Paris. Designersguild.com.
ID-NEWS PARIS DÉCO OFF
L’art et la matière Laine, soie, lin, cachemire, alpaga, Alcantara… Les matières, surtout lorsqu’elles sont belles, sont souvent le point de départ de tissages s’inspirant de domaines aussi divers que la mode, le high-tech, le design ou l’architecture.
© ANDREA FERRARI
Par Serge Gleizes
Alcantara très couture
Loro Piana, haut en douceur
Au cœur d’un catalogue foisonnant, la gamme « Monolith », idéale pour revêtir des surfaces lisses, fait partie des nouvelles collections tirées des « Trend Books 2019 » (14 cahiers de tendances). Elles sont toutes une savante réinterprétation des thèmes expérimentaux ou classiques de la couture italienne. Issues de techniques diverses – laminage, impression numérique, sérigraphie, gaufrage, tressage, gravure, découpe laser –, les collections répondent ainsi aux thèmes de la mode (« Timeless », « Matt » ou « Lace »), des accessoires déco (« Bloom », « Garden » et « Jungle ») et de l’automobile ( « Circuit » et « Screen ») avec la même exigence. La marque a récemment édité un nouveau catalogue, « Words of Interiors » (photo), dont la direction artistique a été confiée à l’agence de design milanaise Studiopepe, qui a mis en scène cinq pièces d’une maison afin de montrer la souplesse d’utilisation des étoffes produites par Alcantara.
Inspirée de la technique artisanale de la vannerie, la collection « Tressage » rend hommage à la beauté de la matière tissée main. Un pléonasme pour cette prestigieuse marque italienne dont les collections excellent dans des lins au toucher délicat, des soieries vibrantes de lumière, des laines mérinos d’une douceur envoûtante, des cachemires moelleux à souhait et même dans des étoffes en fibre de fleur de lotus, extraite au Myanmar par des femmes expertes en la matière. Pour que le rêve soit total, les collections de la saison décortiquent, dans une palette somptueuse, tout le charme d’un passé voyageur. C’est ce que démontrent les collections en soie « Bora Bora », « Lotus Flower », à base de tiges de fleurs de lotus, « Papeete » (photo), en lin, « Tatami », tissée avec un mélange de laine mérinos et de faux cuir, ou encore « Bamboo », en pur cachemire.
Il y a dans « Moderna » (photo), la nouvelle ligne de Mark Alexander, l’une des marques que diffuse The Romo Group, un mélange très réussi de monochromie, d’épure, de tonalités fondues et de rusticité qui rappelle en filigrane le modernisme multiculturel brésilien ; de magnifiques tissages et imprimés en lin travaillés de manière artisanale donnant naissance à de délicats effets de matières. Cette nouvelle gamme complète les autres déclinaisons de la griffe, les velours « Empire II », les laines d’agneau « Town II », les lins indoor et outdoor « Sierra » ou encore les gammes « Shibui » et « Artisan », sur lesquelles plane l’esthétique japonaise wabi-sabi (une sobriété paisible tournée vers l’essentiel). Sans oublier la toute dernière collection « Miro » chez Romo, une extension de la gamme « Linara », un tissage chevrons en coton et laine au toucher très doux.
— Loro Piana. 7, rue de Furstemberg, 75006 Paris. Tél. : 01 42 49 74 39. Fr.loropiana.com
— Romo. 3-5, rue du Mail, 75002 Paris. Tél. : 01 42 61 63 20. Romo.com
— Alcantara.com
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Romo trame l’essentiel
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ID-NEWS PARIS DÉCO OFF
Voyages dans un jardin Explosion de fleurs, de feuilles, de couleurs, de motifs foisonnants… La faune et la flore sont les éternelles inspiratrices de ces étoffes travaillées dans des factures classiques ou contemporaines, et dans des melting-pots audacieux, tout comme dans la nature, où les mélanges ne sont jamais une faute de goût.
© FRANCIS AMIAND
Par Serge Gleizes
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Rubelli, mélanges subtils
Casamance, éternels édens
Madura, mariages rêvés
Le point fort de cette saison est d’avoir mis l’accent sur l’innovation mais surtout sur la beauté, la simplicité et la technicité des matières et cela aussi bien pour l’intérieur que pour l’extérieur, pour les secteurs résidentiel et professionnel. Baptisée tout simplement « Rubelli », la nouvelle collection propose des toiles de coton, des velours, des tweeds et des jacquards dont les rayures sont travaillées en diagonale, tissés dans des fibres ignifugées, résistantes à l’usure, à l’eau et au soleil, déclinés dans des gammes de couleurs à la fois classiques et chaleureuses : marine, jaune, gris… Des unis chics et intemporels, nés d’un subtil mélange entre le savoir-faire vénitien et des techniques de tissage d’avant-garde, histoire d’inscrire dans la modernité l’essence et la poésie du travail artisanal.
C’est la beauté et la richesse de la nature qui ont inspiré les nouveautés, avec des broderies contemporaines, des jeux de textures et de fibres, des contrastes de couleurs, de brillances. C’est ce que démontrent Paradou, un satin de coton imprimé de feuillages et de fleurs aux tonalités solaires ; Alula, un dessin d’entrelacs plus abstrait travaillé comme un point de bourdon dessinant des plumes d’oiseaux ; Isoète, un dessin de plantes aquatiques sur un fond sombre afin de retranscrire la profondeur des abysses ; Borromée, un jardin extraordinaire né du mariage de sept couleurs différentes sur une toile marine, noire ou blanche ; ou encore Hédonie, un satin de coton brodé de feuillages flamboyants travaillé dans un esprit haute couture.
C’est le grand retour des motifs géométriques (collections « Plein sud », « Vintage »…), des fleurs et des feuillages (« Herbier », « Sweet Jungle », « Mexico »). Et côté couleurs, du noir et blanc, du rose poudré, de l’ocre, du vert, du beige, du terre de Sienne, du terracotta, déclinées en laine, en lin, en coton, en viscose, en jacquard et en broderie. Mais l’atout de toutes ces nouveautés réside dans leur faculté à se marier. « Cette saison, nous avons mis l’accent sur des collections plus restreintes, des produits plus haut de gamme sans être hors de prix, sur de belles matières, intemporelles, et naturelles, sur un parti pris stylistique affirmé », confirme Vincent Rey, directeur général de Madura. Sans oublier les déclinaisons personnalisées d’Intérieurs particuliers, la nouvelle signature de l’enseigne.
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Rubelli. 11-13, rue de l’Abbaye, 75006 Paris. Tél. : 01 56 81 20 20. Rubelli.com
Casamance. 13, rue du Mail, 75003 Paris. Tél. : 09 83 05 91 13. Casamance.com
Madura. 6, rue Tronchet, 75008 Paris. Tél. : 01 47 42 92 92. Madura.fr
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ID-NEWS BIENNALE
Saint-Étienne conjugue le design au futur Par Isabelle Vatan
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Vingt et un ans que la Biennale internationale design Saint-Étienne défriche, donne à voir et à réfléchir ! « Me You Nous », ces trois petits mots, en rythment la onzième édition, jusqu’au 22 avril, qui proclame son ambition : « Créons un terrain d’entente ».
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ans une ère où tout devient plus individualisé, il est temps d’étudier ce qui nous unit afin de créer des dialogues entre le design et l’expérience », explique la commissaire principale, Lisa White, experte en tendances et responsable du dé-
partement Lifestyle & Interiors / Vision au sein du bureau international de tendances WGSN, à Londres. Après une édition 2017 conceptuelle autour des mutations du travail, le cru 2019 se veut plus accessible. La Franco-Américaine a choisi dix couleurs « pour lier l’événement » et penser l’exposition principale, « Systems, not Stuff ». Selon elle, le design du futur est avant tout affaire de système dans un monde dématérialisé où l’expérience et les services prennent le pas sur les objets. L’occasion d’une réflexion sur l’inclusion (de certaines populations) et la production en lien avec la nature. Autre écho de ce design sans objet, la carte blanche donnée à l’Américain John Maeda, figure du design numérique, qui cherche à toucher le plus grand nombre avec ses interfaces Web. Nouvelle terre de création, la Chine est l’invitée d’honneur de la biennale avec l’exposition « Équi-libre », conçue par l’artiste Fan Zhe, parcours passé-présent-futur autour du design, en plein boom dans l’Empire du Milieu. Entre chacune des expositions rythmées de rencontres et de débats, Lisa White a imaginé des lounges où se poser et discuter. Parmi les travaux d’étudiants, « Stefania » invitera les visiteurs à se plonger dans la ville de demain. « Dépliages », en partenariat avec des entreprises françaises, permettra de découvrir la part du design dans des objets industriels désossés (Bic quatre couleurs, chaussures Salomon…). Après cette immersion dans la Cité du design, désormais dirigée par l’ancien secrétaire d’État, ex-député et ex-patron de presse Thierry Mandon, la Biennale se poursuit dans Saint-Étienne et bien au-delà, depuis les dix-huit pièces de mobilier urbain à tester en ville dans le cadre de « Banc d’essai » jusqu’à Firminy, où sont exposées des lampes signées Charlotte Perriand et Le Corbusier. Foisonnant.
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1/ Lisa White, experte en tendances, endosse le rôle de commissaire principale d’exposition de la Biennale internationale design SaintÉtienne 2019. © PIERRE GRASSET 2/ « Stefania », une ville imaginée par les étudiants de l’École supérieure d’art et design Saint-Étienne. © OLIVIER LELLOUCHE 3/ Vue aérienne de la Cité du design. © CHARLOTTE PIEROT
Biennale internationale design Saint-Étienne. À la Cité du design de Saint-Étienne, jusqu’au 22 avril. Biennale-design.com 3
Collection Cala de Doshi Levien H Pavilion de Kettal Studio SIร GE SOCIAL KETTAL / CONTRACT BARCELONE: Aragรณn 316, 08009 Barcelone, Espagne. T. (34) 93 487 90 90 BOUTIQUES KETTAL BARCELONE - LONDRES - MARBELLA - MIAMI - NEW YORK - PARIS PARIS: 80, Blvd Malesherbes. T. (33) 01 43 59 51 44
ID-NEWS GALERIES PARIS
Vintage de luxe Si le modernisme est si souvent à l’honneur, c’est qu’il est intemporel et vit aussi bien à Paris qu’à Palm Springs. Mais l’intemporalité des maîtres du design s’éprouve tout autant au contact de pièces plus contemporaines.
© VINCENT LEROUX
© HERVÉ LEWANDOWSKI
Par Marie Godfrain
Dialogue entre générations
Palm Springs sur Seine
Lacoste accoste rive droite
Jessica Barouch fait partie de cette nouvelle génération de créateurs qui savent marier pièces vintage et pièces contemporaines pour, en fin de compte, livrer une esthétique accueillante bien que dépouillée. Architecte d’intérieur, elle vient d’ouvrir sa galerie, qu’elle a aménagée comme un appartement sur deux étages. Les époques et les codes se mélangent, le minimalisme primitif de Rick Owens voisine avec la chaleur des fauteuils de Pierre Jeanneret et de George Nakashima. Bois, bronze, pierres naturelles et marmorino (un enduit naturel à la chaux) sont ses matières de prédilection. Elle présente aussi le travail du céramiste Floris Wubben, auquel elle consacrera une exposition en juin. Ce Néerlandais produit des œuvres dans l’air du temps, c’est-à-dire colorées, quasi dissonantes mais empreintes d’une grande poésie.
Encyclopédie vivante du design vintage, Alexandre Guillemain organise régulièrement des expos thématiques dans sa galerie parisienne. C’est ainsi qu’il nous convie à Palm Springs, la célèbre capitale du courant « Desert Modernism », pour présenter une sélection d’une cinquantaine de meubles intimement liés à ce lieu de villégiature, qu’ils aient été conçus pour des intérieurs de Palm Springs ou qu’ils soient un reflet de cette destination. Des créations de George Nelson pensées comme des microarchitectures, des canapés d’angle de Paul McCobb dessinés pour ces « pièces à vivre » inédites, la table Cyclone d’Isamu Noguchi, qui semble s’inspirer des tornades de sable du désert, la table Boomerang de John Keal, qui rappelle les formes libres des piscines, les fauteuils des Eames fabriqués à Gardena, près de Palm Springs… C’est toute l’histoire de la ville que le galeriste nous invite à redécouvrir par le prisme du design.
Le PAD (Paris Art + Design), Design Miami… Le galeriste Jacques Lacoste émerveille les visiteurs des foires avec ses stands à thèmes dessinés par la décoratricescénographe Émilie Bonaventure. Celle-ci a composé un espace lumineux et sobre pour la seconde adresse du galeriste, qui vient d’ouvrir avenue Matignon. Il y propose sur trois étages des « period rooms » et des expositions thématiques. Parmi les artistes phares, le décorateur Jean Royère, dont la galerie est spécialiste et dont elle détient une partie des archives, le maître verrier Max Ingrand, le sculpteur Alexandre Noll ou le designer Serge Mouille. Mais Jacques Lacoste fait aussi dialoguer les œuvres des créateurs de l’Union des artistes modernes (UAM) comme Robert Mallet-Stevens, Pierre Chareau ou Jean Prouvé avec celles des grands ensembliers des années 30 que sont Jean-Michel Frank ou Jacques-Émile Ruhlmann. Une (re)découverte stimulante de l’histoire du design du XXe siècle.
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« Palm Springs », du 29 mars au 4 mai. Galerie Alexandre Guillemain. 35, rue Guénégaud, 75006 Paris. Alexandreguillemain.com
JAG. 14, avenue de la Bourdonnais, 75007 Paris. Jessicaartgallery.com
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— Galerie Jacques Lacoste. 19, avenue Matignon, 75008 Paris. Jacqueslacoste.com
ID-NEWS ART
Dorothea Tanning ou la traversée des apparences Par Sabrina Silamo
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« Découvrez l’artiste qui a repoussé les limites du surréalisme ! » L’accroche est racoleuse, mais justifiée. Car si Dorothea Tanning (1910-2012), peintre, sculpteur, écrivaine et poète, débute dans l’ombre d’André Breton et de celle de son célèbre mari Max Ernst, elle s’affranchit rapidement de leurs thèmes ésotériques pour explorer sa propre mythologie. À découvrir dans une exposition événement à la Tate Modern, à Londres.
L
es mécanismes du rêve guident son premier tableau, Birthday. Elle s’y représente poitrine nue, vêtue d’une étrange jupe cousue de racines, plantée devant une enfilade de portes entrouvertes – une perspective reprise par Salvador Dalí dans un décor
peint du film La Maison du docteur Edwardes, d’Alfred Hitchcock (1945). Exécutée en 1942, année de ses 32 ans, cette peinture est l’un des cent chefs-d’œuvre sélectionnés pour retracer soixante-dix ans de création. Nombre d’entre eux illustrent la vie domestique, un monde familier qu’elle transforme en enfer carcéral, inspirée par le roman gothique : le père, attablé et le regard masqué par d’énormes lunettes, y écrase ses proches de sa carrure imposante dans Family Portrait, tandis que des fillettes échevelées arrachent des lambeaux de papiers peints pour ouvrir une brèche colorée dans les murs gris qui les emprisonnent dans Children’s Games. À son exploration incisive des valeurs traditionnelles succède celle des fantasmes féminins avant qu’elle ne décide, en 1955, de rompre avec son œuvre figurative : ses personnages deviennent abstraits, ils émergent de tourbillons de couleurs, demi-corps enlacés qu’elle qualifie de « prismatiques ». « Chaque toile est une crise, une convulsion », déclare-t-elle à l’époque. Est-ce la raison pour laquelle elle abandonne le pinceau pour la machine à coudre ? Avant Louise Bourgeois et Sarah Lucas, elle réalise des sculptures textiles, des formes anthropomorphiques mises en scène dans des saynètes cauchemardesques comme dans Hôtel du Pavot, Chambre 202, une reconstitution de salon avec des meubles-tentacules et des excroissances humaines. Du tissu vivant, à la hauteur des récits de Lewis Carroll dont elle se délectait, enfant, à la bibliothèque de Galesburg, dans l’Illinois.
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1/ Huile sur toile Birthday (1942). PHILADELPHIA MUSEUM OF ART. © DACS, 2018 2/ Huile sur toile Inutile (Useless) (1969). THE DESTINA FOUNDATION, NEW YORK © DACS, 2018
« Dorothea Tanning ». À la Tate Modern, à Londres, jusqu’au 9 juin. Tate.org.uk
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ID-NEWS ART
La condition humaine selon Thomas Schütte Par Sabrina Silamo
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Pour sa première rétrospective en France, le sculpteur allemand, récompensé du Lion d’or à la Biennale de Venise en 2005, va-t-il transformer l’hôtel de la Monnaie en décor de théâtre ? Réponse en « Trois actes » et une cinquantaine de pièces disséminées dans les cours et les salles de ce somptueux édifice du XVIIIe siècle situé le long de la Seine.
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nité de lieu (les huit salons en enfilade de ce site historique), unité de temps (de 1981 à 2018), mais pas de médiums : Thomas Schütte travaille indifféremment l’argile, la cire, la céramique, l’acier, le bronze ainsi que la peinture, le dessin et la photogra-
phie. Inclassable, il incarne néanmoins le renouveau de la sculpture. « Sa capacité à innover et son incroyable inventivité font de lui un artiste de la stature de Picasso », déclare Camille Morineau, commissaire de cette rétrospective et directrice des expositions et des collections de la Monnaie de Paris. « J’en veux pour exemple la pièce récente montrée dans l’une des cours de l’institution et qui prend le contre-pied des trois axes de cette rétrospective : la figure humaine, l’au-delà et l’architecture. Lui dont l’œuvre se caractérise par un aspect nostalgique, presque tragique, vient de créer la plus amusante des sculptures : un animal fantastique, entre le dragon, la sirène et le chien, qui crache de la fumée. » Rien de commun donc avec son Mann im Wind, un personnage en bronze englué dans un bloc de glaise, qui culmine à plus de trois mètres de hauteur. « Selon les critères académiques de représentation de celui qui détient le pouvoir, le héros est généralement montré debout. Chez Thomas Schütte, il s’enfonce. C’est la manière qu’a cet artiste d’interroger les stéréotypes », explique la commissaire. Un Mann im Wind qui évoque aussi de façon allégorique l’échec de l’homme, aliéné, isolé et vulnérable, à influer sur le cours de l’Histoire. Une leçon apprise auprès de Gerhard Richter, son professeur à la Kunstakademie de Düsseldorf, qui lui a transmis son intérêt pour l’Histoire, justement, le politique et, plus largement, le rôle de l’art
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1/ Le goût de Thomas Schütte pour les rapports d’échelles s’exprime dans des œuvres qui relèvent parfois de l’architecture, comme, ici, Kristall II (2014), une construction en cuivre et en bois qui s’inspire de la forme de ce verre précieux.
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dans la société. « Mes œuvres ont pour but d’introduire un point d’interrogation tordu dans le monde », aime répéter Thomas Schütte. Pari gagné : souvent, elles déconcertent autant qu’elles troublent. Dès l’âge de 19 ans, en 1973, l’artiste réalise des maquettes de projets de construction. « Ce qui le passionne, c’est le rapport entre l’infiniment grand et l’infiniment petit », ajoute Camille Morineau. Certains de ses travaux sont de la largeur d’une main, d’autres, comme Kristal II, une construction à l’échelle 1:1 inspirée de la forme asymétrique de ce verre précieux, relèvent plutôt de l’architecture. Comme le lieu d’accueil de quinze mètres de diamètre que Thomas Schütte s’apprête à édifier à Krefeld (Land de Rhénanie-du-Nord–Westphalie, en Allemagne), dans le cadre du centenaire du Bauhaus, après avoir déjà supervisé l’édification de dix bâtiments fonctionnels, de la maison de vacances à un pavillon de thé. Miniatures ou grandeur nature, « dès le début, tout est là. Le reste n’est que déclinaison et évolution des dimensions ; ce qui induit la transformation de la forme, sa simplification avec des effets de zoom ou de pixellisation, même si le mot est impropre. À la
2/ Vater Staat (2010), une sculpture exposée au Moderna Museet de Stockholm en 2016 et 2017. © ÅSA LUNDÉN / MODERNA
C’est l’année de l’obtention de son diplôme, en 1981, que Thomas Schütte crée Mein Grab,
maquette, Skulpturenhalle III (Modell 1:20) (2012-2015), est ensuite devenue réalité. Un lieu d’exposition idéal pour accueillir des œuvres sculptées, qui a ouvert ses portes en 2016, non loin de Düsseldorf. © HANS SCHRÖDER /
la pièce la plus ancienne de l’exposition. Cet ensemble composé d’une maquette, portant
MARTA HERFORD GMBH
Monnaie sera présentée pour la première fois une vitrine qui contient les sources de Thomas Schütte : collages ou objets modelés… Un répertoire de formes, sorte de Boîte-en-valise de Marcel Duchamp, qui révèle le caractère prospectif de son travail », précise la commissaire.
Conjurer l’effroi qu’inspire la mort
la date du 25 mars 1996, et d’une gravure représente sa propre tombe. « C’est à la fois son autoportrait en artiste mort et une vanité, ce genre qui illustre le passage du temps en histoire de l’art. Sa réflexion peut prendre des aspects différents : masques en céramique émaillée, aquarelles de fleurs fanées, urnes funéraires… Peut-être faut-il également considérer ses maquettes comme des mausolées ? » Fin du troisième acte.
MUSEET 3/ Cette
« Thomas Schütte. Trois actes ». À la Monnaie de Paris (VIe), jusqu’au 16 juin. Tél. : 01 40 46 56 66. Monnaiedeparis.fr
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ID-NEWS PHOTO
Les lumineuses années 70 de Luigi Ghirri Par Béatrice Andrieux
L’œuvre du plus discret des photographes italiens, Luigi Ghirri (1943-1992), reçoit enfin les honneurs d’une exposition majeure à Paris. Très attendue par tous les passionnés, la rétrospective du Jeu de Paume retrace sa décennie la plus créative, celle des années 70, et prouve combien son œuvre reste iconique. Les 200 photographies confirment leur pouvoir évocateur et sont un véritable hymne à la couleur et à la vie.
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e m’intéresse à l’architecture, à l’univers de la province, aux objets considérés comme de mauvais goût, kitsch, mais qui, pour moi, ne l’ont jamais été, aux objets chargés de désirs, de rêves, de souvenirs collectifs… les fenêtres, les miroirs,
les étoiles, les palmiers, les atlas, les globes terrestres, les livres, les musées et les personnes au travers des images. » Par ces mots simples, Luigi Ghirri évoque sa vision et son désir de capter le monde qui l’entoure. Géomètre de métier, il commence à photographier sur son temps libre, au début des années 70. Pendant près d’une décennie, il va développer un style singulier et très personnel en posant un regard attentionné et affectueux sur les changements opérés par l’homme dans sa région d’origine, l’Émilie-Romagne, en Italie. Dès ses débuts, il privilégie la précision et l’immobilité, il apprécie les objets du quotidien, les signes et les surfaces qu’il photographie de manière frontale en évitant les obliques, et les compositions recherchées. Dans sa série « Paysage de carton, 1970-73 », il convoque les affiches et photographies de femmes, d’hommes, de couples et d’enfants dans les lieux publics, qui attestent de l’omniprésence de l’image et exprime ainsi l’« anesthésie du regard » qu’il pressent déjà. Autre série emblématique, « Catalogue, 1970-73 », issue de ses déambulations du weekend dans les rues de Modène alors que les magasins sont fermés. En photographiant des façades anonymes et des motifs décoratifs, il découvre d’incroyables variations dans les mo-
LUIGI GHIRRI
saïques, et développe son goût pour le langage géométrique et moderniste. Personnalité
« Luigi Ghirri – Cartes et Territoires ». Au Jeu de Paume, jusqu’au 2 juin. Jeudepaume.org
réservée, Luigi Ghirri résumait, tout en élégance, sa place d’observateur du monde par cette citation : « Loin d’opérer d’une manière critique sans appel, j’ai cherché dans l’acte de regarder le début d’une tentative de compréhension. »
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Salzburg, de Luigi Ghirri (1977), fait partie de la série « Diaframma 11, 1/125, luce naturale (1970-1979) », qui joue sur un double regard en traitant de la façon dont les personnes photographient et sont photographiées. Collection privée. © COURTESY MATTHEW MARKS GALLERY - SUCCESSION
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Le printemps des festivals Les manifestations photographiques fleurissent pour offrir au public des expositions aux thématiques variées. Promouvoir et valoriser la photographie contemporaine ou historique, dans des lieux atypiques et institutionnels, demeure le moteur de ces événements associatifs et toujours très festifs. Par Béatrice Andrieux
Toulouse
Paris
Creil
MAP recherche nouveaux talents
Circulation(s), parterre de jeunes pousses
Usimages, le monde du travail à l’honneur
Depuis onze ans, les valeurs fondatrices et fédératrices de l’association Passeurs d’images constituent l’ADN du festival MAP (Mise au point). Valoriser la photographie, maintenir la gratuité de l’événement, informer sur les droits d’auteurs et accompagner le lauréat Grand Prix MAP Conseil Départemental 31 constituent ses principaux objectifs. Cette année encore, l’appel à auteurs a généré de nombreuses candidatures internationales. L’heureux lauréat recevra une bourse de 4 000 € et exposera son travail sur la thématique « POP ! » pendant le festival. Faire émerger de nouveaux talents et sensibiliser le grand public à la photographie motivent les bénévoles. Présents à tous les postes clés, ceux-ci rendent possible la présence d’artistes prestigieux tel Peter Knapp, invité d’honneur de l’édition 2019.
Installé au Cenquatre-Paris, le festival Circulation(s), créé en 2011, continue de proposer un regard croisé sur la jeune génération de photographes. Comme les autres festivals, la programmation s’articule autour d’une sélection faite par un jury de professionnels. Pour la première fois, la direction artistique a été confiée à Audrey Hoareau et François Cheval. Ceux-ci ont pour mission de promouvoir la photographie européenne, ce qui permet à Circulation(s) de s’inscrire cette année dans la Saison culturelle France-Roumanie en exposant quatre jeunes artistes roumains : Ioana Cirlig, Mihai et Horatiu Sovaiala, Felicia Simion. Autour des 37 photographes exposés, le Little Circulation(s), déstiné au jeune public (de 5 à 12 ans), offre un programme pédagogique réjouissant.
NICOLE DE LAMARGÉ POUR LE MAGAZINE ELLE (1966). © PETER KNAPP
POST-INDUSTRIAL STORIES (2019). © IOANA CIRLIG
Pour sa troisième édition, la biennale de la photographie industrielle Usimages explore le genre bien particulier de la commande d’entreprise. Douze expositions majeures et gratuites s’installent sur le territoire de l’agglomération Creil-Sud-Oise pour évoquer les réalités du monde du travail. À travers les reportages commerciaux d’André Kertész ou les travaux de contemporains comme Michele Borzoni, avec ses images de centres logistiques, c’est l’évolution du monde ouvrier et salarié qui se déroule. Les Allemandes Christiane Eisler et Silke Gaister présentent leur documentaire sur les femmes dans les usines en Allemagne de l’Est. Enfin, l’invitation faite à quatre photographes – Gilbert Fastenaekens, Thierry Girard, Richard Kalvar et John Vink – par l’usine Colgate Palmolive de Compiègne évoque la réalité historique des salariés en 1987.
— Festival MAP Toulouse. Dans différents lieux de la ville, du 3 au 19 mai. Map-photo.fr
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— Circulation(s) – Festival de la jeune photographie européenne. Au Cenquatre-Paris, du 20 avril au 30 juin. Festival-circulations.com
LUXUS ARBEIT (1990-1992). © CHRISTIANE EISLER
— Biennale Usimages. Dans plusieurs villes de l’agglomération Creil-Sud-Oise, du 27 avril au 15 juin. Creilsudoise.fr et Diaphane.org
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Le Lit National, sommeil haute couture Par Serge Gleizes / Photos Adeline Bommart pour IDEAT
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Situé au Pré-Saint-Gervais, aux portes de Paris, Le Lit National défend, depuis 1909, toute l’excellence de l’artisanat. Et fête cette année ses 110 ans de passion vouée à la création et au savoir-faire.
L
a façade décorée de mosaïque bleue est typique des années 60. Une fois le seuil franchi, le charme indéfinissable des vieilles maisons agit : depuis sa création en 1909, Le Lit National cultive la tradition dans l’esprit haute couture, autant au
sein de ses ateliers du Pré-Saint-Gervais que dans son magasin historique, installé depuis 1928 place du Trocadéro. Dans les ateliers, la production artisanale sur mesure, répartie sur trois niveaux et plus de 2 000 m2, met en œuvre des trésors d’excellence au service de la literie et du sommeil. « Nous avons acquis cette entreprise en 2016 avec pour ambition de conserver et de développer l’équipe de nos artisans pour pérenniser leurs savoir-faire uniques, spécifiques au Lit National », explique Valérie Beaufour, la directrice générale. Pour célébrer ses 110 ans d’existence, la maison a choisi de déployer sa créativité en revisitant les grandes périodes du design du XXe siècle qu’elle a traversées. « Le Lit National, c’est un héritage à mettre en valeur, précise Bénédicte de Renty-Lévy, la directrice de création. Notre collection anniversaire place nos savoir-faire centenaires au cœur de créations inédites à haute valeur décorative. » L’année sera donc rythmée par la sortie de cinq modèles qui redoubleront tous de virtuosité technique, avec du bois sculpté, des étoffes rares, des formes étonnantes… Chaque création du Lit National, produite en pièce unique à la commande, est le fruit d’un enchaînement d’extrême précision au fil de quatre ateliers. Première étape, la menuiserie où sont fabriqués les sommiers en peuplier blond de Picardie. Un bois choisi ici pour son absence de nœuds, sa résistance et sa souplesse. Rabotées, découpées, les planches brutes sont ensuite assemblées et clouées à la main. « Il n’y a ici aucun produit chimique, confirme Bénédicte de Renty-Lévy, aucun point de colle, tout est naturel. » À la menuiserie, on conserve également les gabarits des dosserets imaginés par les clients de façon à pouvoir les reproduire si la demande en est faite des années plus tard…
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LE LIT NATIONAL EN CHIFFRES > 1 000 moutons (race Texel, élevés dans l’Allier) : c’est le nombre nécessaire de bêtes à tondre pour assurer la production annuelle. > 8 kilos de laine de tonte sont utilisés pour confectionner un matelas d’une place. > 1 à 2 ans d’apprentissage sont indispensables pour maîtriser les techniques très particulières du Lit National, comme le guindage des ressorts ou la piqûre des bandes de matelas. > Best-seller : le matelas Louis en laine de mouton, ressorts ensachés coton, latex végétal, cachemire et soie.
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5 1/ La façade de l’entreprise ornée de mosaïque bleue, typique des années 60. 2/ Valérie Beaufour, directrice générale, et Bénédicte de Renty-Lévy, directrice de la communication et de la création. 3/ Matelas et surmatelas du modèle de lit Duo-Rêve. Conçu en 1958, ce produit se compose d’un sommier en deux parties et de deux matelas reliés entre eux. Il propose un nouveau confort sur mesure avec ce leitmotiv : « Dormir ensemble, mais chacun dans son lit ». 4/ 5/ et 6/ Dans l’atelier de bois, les sommiers sont réalisés sur mesure en peuplier blond, un bois très prisé pour son aspect lisse, sa résistance et sa souplesse. Excepté la coupe du bois à la machine, tout est assemblé à la main. 7/ 8/ et 9/ Dans l’atelier de confection des sommiers, toile, mousse et coutil sont cousus à la main. La pose des ressorts se fait également à la main, tout comme le guindage réalisé avec des cordes de chanvre.
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Deuxième atelier, les litiers, où sont garnies les caisses de sommier. Les ressorts, en nombre choisi selon le confort souhaité par le client, sont guindés à la force et à la sensibilité du poignet et des doigts avec de la corde de chanvre. La structure est ensuite habillée de toile forte et de coutil, puis parachevée par la réalisation du bourrelet de cuvette en crin végétal. Dans le troisième atelier, les couturières chevronnées travaillent les plus prestigieux tissus d’éditeurs pour embellir dosserets, sommiers et accessoires. La perfection, de mise à chaque étape de la confection, est ici à son comble avec la réalisation de raccords de motifs dignes des grandes maisons de couture. Et, du sommier au dosseret, les motifs s’enchaînent comme par magie sans rupture visuelle… Vient enfin le dernier atelier, où plane un délicieux parfum d’antan avec le travail de la laine, matière au cœur de l’ADN de la maison. Livrée en balles, celle-ci est cardée à l’ancienne sur place pour lui redonner tout son gonflant et son moelleux avant d’être répartie avec minutie à la main dans le matelas. Bien sûr, Le Lit National intègre également, au choix, nappes de ressorts ensachés coton ou de latex, couches de cachemire, de soie, de lin ou de laine de chameau pour un soutien supplémentaire. Piqûre des bandes latérales et capitonnage manuels viendront, enfin, maintenir toutes ces matières ensemble pour aboutir au lit rêvé, parfait équilibre de confort et d’esthétique. « Notre seule limite, finalement, c’est l’imagination de nos clients », confie pour conclure Valérie Beaufour.
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1/ L’atelier de couture : on y confectionne les habillages des têtes de lit et des sommiers. 2/ Dans l’atelier de confection des matelas, une machine carde la laine de mouton tondue, qui a été au préalable lavée à l’eau. 3/ et 4/ On réalise ensuite la piqûre de bande à main levée. 5/ La boutique historique de la maison, place du Trocadéro (Paris XVIe).
LA CULTURE ITALIENNE DE LA VIE EN PLEIN AIR
Studiopiù International
C’est de valeurs partagées que la collaboration entre EMU et le FAI Fondo Ambiente Italiano voit le jour, pour protéger et valoriser nos paysages et notre patrimoine artistique.
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ID-NEWS SHOP PARIS
La nouvelle vitrine de Rosita Par Serge Gleizes
Le dernier showroom Missoni Home a élu domicile à deux pas de Saint-Germain-des-Prés. Un lieu en phase avec sa directrice artistique, Rosita Missoni, amoureuse de Paris, mais surtout fidèle à elle-même et à ce qu’elle a toujours défendu : l’âme d’une maison.
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eux cents mètres carrés lumineux répartis sur trois niveaux. Tel est le nouvel écrin de Missoni Home, ou plutôt celui de Rosita Missoni, qui, après avoir quitté la mode en 1997 et confié la gestion de son empire à ses enfants, s’est focalisée sur
la décoration. « Ce changement dans ma vie fut complètement délibéré et la décoration a toujours été ma passion, d’autant que je partage ma vie entre sept maisons situées dans divers coins de la planète, dont un appartement à Venise et un bateau qui transportait autrefois du bois, confie-t-elle. Tous ces lieux ont en commun leur proximité avec la nature et une vue sur des paysages souvent grandioses. » Après trois mois de travaux menés tambour battant, la marque a donc abandonné le showroom confidentiel situé près du Louvre, au premier étage d’un immeuble haussmannien, rive droite donc, pour rejoindre la rive gauche, chère à Rosita, dans le sérail des galeries de design. « C’était important de retrouver cette âme d’un Paris que j’aime tant, reprend-elle, et en particulier celle de SaintGermain. » Il ne reste pas grand-chose aujourd’hui, de ce qui fut autrefois des bureaux, sinon les volumes, la lumière, et le bel escalier en bois. Ce nouveau showroom est donc le cinquième dans le monde après celui de Milan, créé il y a vingt ans et rénové en 2013, suivi de Londres, de New York et de Düsseldorf. Pas de thème précis ici, sinon la même effervescence créative, la même gaieté inspirée par les voyages, l’évasion, la nature, le jardin, l’artisanat, la même déclinaison colorée et chaleureuse baptisée cette saison « Panorama », « Alp », « Stripes Mosaic », « Dancing Flowers »… « En France, Missoni Home a toujours été liée au linge de maison, explique la directrice artistique, puis nous nous sommes de plus en plus intéressés à la maison dans son ensemble, avec l’idée de concevoir tout un lifestyle. Car la maison, c’est quelque chose de vivant, et la décorer, c’est créer un lieu organisé ou informel qui soit à la fois un espace de vie, d’histoires et d’émotions. »
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La nouvelle boutique Missoni offre une scénographie joyeuse : canapé modulaire Top4 Big (tissu imprimé Wissant), coussins en satin imprimé Wimereux et coussins en laine Wigan, tapis tissé à la main bicolore Woolacombe, le tout de la collection « Panorama ». Table d’appoint en cèdre massif tourné Cedar Spool. Table d’appoint ronde Holly Glass. Suspensions Bubble_Gold.
Missoni Home. 242, bd Saint-Germain, 75007 Paris. Tél. : 09 83 93 18 99. Missonihome.com
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ID-NEWS SHOP PARIS
Zuber, grandiose par tradition Par Guy-Claude Agboton
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La nouvelle boutique de la manufacture Zuber est une boîte magique de 80 m2, rue Bonaparte (Paris VIe). Sa mission : aider les clients à naviguer dans l’océan de tissus, papiers peints, cuirs ou peintures de la marque.
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ès l’entrée, les fameux décors panoramiques captent le regard. Déployés sur des cadres mobiles, ils sont à Zuber ce que le carré de soie est à Hermès. Les boiseries noires du lieu constituent l’écrin parfait pour juger des associations de couleurs
chères à la plus ancienne manufacture de papier peint et les grandes tables de présentation sont vite jonchées de tissus multicolores. Mais Zuber propose aussi de la peinture, dont un jaune d’œuf XV août à l’ensoleillement évocateur. Zuber, fondée en 1797 et basée à Rixheim, en Alsace, est aujourd’hui présente à Nice, Londres, New York, Shanghai et Moscou. Ce joyau de l’artisanat français est le royaume de l’impression à la main. Ses archives ruissellent de 130 000 dessins et de 150 000 planches d’impression. Acheter ici un décor panoramique, c’est faire entrer chez soi le premier jour de la Création ou un beau paysage indien. Un lé de ces fameuses scénographies (une trentaine de modèles) coûte entre 500 et 1000 euros – compter 20 lés pour un décor complet. Tous ces longs paysages ignorent la répétition des motifs, c’est un voyage immobile, presque hypnotique, ni trop joyeux ni trop nostalgique. Côté papiers peints, Zuber les enrichit volontiers de reliefs, allant jusqu’à emprunter ceux du cuir de Cordoue. Les amateurs d’animaux, de planches naturalistes, de motifs marbrés ou de rayures graphiques seront comblés par l’étendue du savoir-faire maison. Zuber détient même plusieurs brevets et a mis au point le procédé de l’impression irisée (1819). À Rixheim, on utilise toujours des auges en laiton d’époque percées de fentes pour fabriquer les tissus à rayures, un procédé de 1843. En 1852, le veloutage vient accentuer les reliefs du tissu, qu’il soit en coton, en soie, en lin ou en velours. C’est simple, chez Zuber, rien ne se fait sans ces plaques de cuivre anciennes, classées « Monuments historiques », pour gaufrer aussi bien le papier peint que le cuir. Plus qu’une marque, Zuber est avant une manufacture historique qui a su conserver tout son savoir-faire traditionnel.
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1/ Dans ce nouvel écrin parisien de la marque, les boiseries noires mettent en valeur les fameux décors panoramiques et la centaine de coloris de peinture. 2/ Présentation de deux lés du décor Paysages de Télémaque dans l’île de Calypso. © GILLES TRILLARD
Zuber. 36, rue Bonaparte, 75006 Paris. Tél. : 01 42 77 95 91. 2
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ID-NEWS SHOPS PARIS
Espaces perso Rien ne vaut le contact humain – et l’ouverture d’une boutique – pour confirmer le succès d’une marque créée en ligne. Sur rendez-vous ou sur mesure, désormais, passez le pas… de porte. Par Marie Godfrain
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Au fil des papiers peints
Néoparisien
Au bon chic milanais
Stars de la décoration, les panneaux panoramiques prennent leurs quartiers dans la nouvelle boutique Au fil des couleurs, juste à côté du showroom historique. Dans ce nouvel espace conçu par l’architecte Thierry Taquet, les décors muraux ont désormais toute liberté de se déployer. Distributeur (Cole &Son, Élitis, Ferm Living, Miss Print), Au fil des couleurs édite aussi ses propres modèles depuis 2009, créés avec le décorateur Philippe Model ou l’ex-designer de Cole & Son, Shauna Dennison. La marque propose également des décors complets signés Jérôme Mesnager, Vincent Darré ou Sandrine Alouf. Mais l’avantage de la boutique, c’est son service de décoration sur mesure, doublé, via le site, de la possibilité de sélectionner un motif et de l’adapter aux dimensions d’une pièce.
En quelques années, la société Hartô a su séduire une clientèle jeune avec ses meubles contemporains faciles à vivre. Véritable vedette du salon Maison & Objet où il déploie un stand graphique et coloré, l’éditeur français partage désormais avec le grand public son univers dans un showroom ouvert sur rendez-vous. Il s’agit d’un appartement haussmannien lumineux situé au centre de Paris, aménagé en lieu de vie avec salon et salle à manger, meublé de pièces Hartô – suspension Carmen, étagère Jeanne ou table basse Joséphine –, et parquet d’époque, permettant de se projeter plus facilement. Mais l’équipe a aussi imaginé un espace plus muséal, copie du stand de Maison & Objet, où les meubles sont exposés sur des podiums couleur citrouille, affirmant ainsi un sens des teintes et des lignes qui a fait le succès de la marque. Pas mal.
Elle a d’abord shooté de ravissants appartements de familles contemporaines, qu’elle a publiés sur son site, puis elle a collaboré avec La Redoute et, pour finir, développé sa collection de meubles. Aujourd’hui, Constance Gennari, à la tête de The Socialite Family, ouvre sa propre boutique avec l’architecte d’intérieur Stéphanie Lizée. « Dans un esprit très milanais, nous avons démarré avec comme références des entrées d’immeubles des années 60. Nous avons fait couler au sol un terrazzo composé de marbres verts et blancs pour un style très minéral et urbain à la fois. Puis, pour réchauffer le sol, nous avons choisi un bois acajou venant habiller presque tous les murs, ponctué çà et là de touches de laiton et de travertin. » Un écrin chic dans lequel sera exposé toute la gamme de mobilier, luminaires et accessoires de décoration.
— Au fil des couleurs. 31, rue de l’Abbé-Grégoire, 75006 Paris. Tél. : 01 45 44 74 00. Aufildescouleurs.com
— Hartô. 52, rue de Turbigo, 75003 Paris. Tél. : 06 16 86 05 69. Hartodesign.fr
— The Socialite Family. 12, rue Saint-Fiacre, 75002 Paris. Tél. : 09 84 03 05 84. Thesocialitefamily.com
ID-NEWS SHOPS RÉGION
Déco plein sud Trois adresses qui ont à cœur de valoriser un art de vivre estival… à adopter où que l’on soit. Trois adresses chaleureuses, métissées, qui ont de l’esprit et des idées à partager. Trois coups de cœur pour réinventer son intérieur.
© JOANNA BINK
Par Marie Godfrain
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Saint-Rémy-de-Provence
Montpellier
Nice
Maison de goût
Montpellier la Bohème
Un Danois sur la côte
À l’opposé de l’esthétique clinique des cuisinistes contemporains, La Maison F déploie une ambiance méditerranéenne dans son vaste showroom situé au pied d’un petit immeuble du cœur de SaintRémy-de-Provence. À l’occasion du réaménagement de la boutique, Cédric et Romain Ferrer font la part belle aux marques du groupe Boffi, à savoir le mobilier de l’éditeur historique milanais De Padova et la collection de systèmes d’étagères « R.I.G. », de MA/U Studio, jeune label de design danois racheté par le groupe Boffi en 2017. Mais le showroom expose surtout les cuisines Boffi dans des finitions aussi diverses que le noyer ou l’Inox. Si l’enseigne provençale soigne tant son espace d’exposition, c’est qu’elle est en réalité bien plus qu’un distributeur. Agenceur à l’écoute, La Maison F propose des prestations d’architecture d’intérieur.
Loin du bling associé à la capitale héraultaise, Maison Émilienne prodigue un style bohème qu’elle duplique désormais chez sa petite sœur, Maison Violette, qui vient d’ouvrir un peu plus bas dans la rue du Petit-Saint-Jean, au cœur du quartier de l’Écusson. Dans une ambiance cosy et un décor typiquement montpelliérain en pierre blanche, l’équipe marie dans des scénographies gorgées de soleil des lampes en bois flotté, du linge de lit en lin, des canapés Caravane, des fauteuils en kilim Rock the Kasbah et les créations de Maison Émilienne. Mais on y trouve surtout la jolie collection de Sarah Lavoine, qui vient d’élaborer un nouveau bleu qu’elle décline sur quatre tapis et sur sa vaisselle Sicilia, idéale pour les grandes tablées d’été. Une adresse qui reste fidèle à son ADN : épicurienne, généreuse, qui marche aux coups de cœur.
Canapés profonds, lignes épurées, teintes pastel ou acidulées, bougeoirs en laiton, vases en verre fumé… Inutile de dépenser une fortune pour s’offrir du mobilier danois contemporain. Bolia, marque du groupe Jysk, fondée au début des années 2000, s’appuie sur un réseau de designers européens pour imaginer une collection en phase avec les goûts (et les moyens) d’une clientèle jeune et urbaine. Mettant l’accent sur la créativité, le travail artisanal et la noblesse des matériaux, Bolia soigne de la même façon ses espaces de vente en proposant des mises en scène inspirantes et personnelles. Pour sa deuxième boutique française, la marque s’installe dans le quartier commerçant de Nice et propose sur 348 m2 ses collections parmi lesquelles des milliers de combinaisons de canapés. Une adresse hygge sur la Côte d’Azur.
— La Maison F. 1, boulevard Gambetta, 13201 Saint-Rémy-de-Provence. Tél. : 04 90 38 01 32. Lamaisonf.com
— Maison Violette. 6, rue du Petit-Saint-Jean, 34000 Montpellier. Tél. : 04 67 92 99 29. Maison-emilienne.com
— Bolia. 31, avenue Notre-Dame, 06000 Nice. Tél. : 09 73 72 51 00. Bolia.com
www.baxter.it ph. Andrea Ferrari
ID-NEWS SHOPS
Delvaux pose son sac Par Guy-Claude Agboton
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Au fil de ses collections de sacs, conçus par la directrice artistique Christina Zeller, Delvaux diffuse un message à base de savoir-faire et de belgitude. Ce qu’incarnent, sans se ressembler, les nouveaux magasins de la maison à Milan, à Londres et à New York.
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’actuelle it bag mania fait oublier que, jadis, les mannequins défilaient les bras ballants. On ignore aussi que Delvaux, fondée en 1829, revendique l’invention du sac à main, modèle déposé à l’appui, en 1908. « La maison a accompagné son temps avec, notam-
ment, la généralisation du voyage », analyse son DG, Jean-Marc Loubier. Quand il rachète la marque en 2011, il a tout de suite imaginé « porter le nom de Delvaux dans le monde entier
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avec de la fraîcheur plus qu’avec de la nouveauté ». Il fallait faire découvrir la Belgique au monde du luxe. Le défi ? Communiquer un univers. Et parce que Delvaux a une histoire, il fallait aussi des magasins dans lesquels les architectes italiens de l’agence Vudafieri Saverino Partners relieraient passé et présent : à Paris, dans une ancienne échoppe d’héraldique des galeries du Palais-Royal, mais aussi à Beijing, Séoul, Tokyo, Londres, Milan et New York. Là, justement, depuis octobre dernier, Delvaux a remplacé le magasin d’antiquités À la vieille Russie. À Londres, l’enseigne est installée à la fois New Bond Street, dans l’ex-magasin classé du chausseur François Pinet, mais aussi à Belgravia, dans Sloane Street. On peut y admirer une superbe table vintage de Martin Szekely. Les artistes Martine Feipel et Jean Bechameil ont créé du mobilier réinterprétant un style flamand. Chaque magasin est différent, relié à la ville alentour. Car tel est le challenge des maisons de luxe au XXIe siècle : devenir une « marque supportant tout un patrimoine intangible. Celui de Delvaux intègre histoire, belgitude à l’humour décalé, mais aussi modernité », explique le CEO. De ses 3 000 modèles de sacs en archives,
Dans chaque boutique Delvaux, Vudafieri Saverino Partners a créé des atmosphères modernes mais jamais glacées. 1/ L’adresse new-yorkaise est un écrin sensuel avec parquet et velours. © JOSHUA SCOTT 2/ La boutique de New Bond Street, à Londres, joue sur les icônes. 3/ L’enseigne milanaise marie terrazzo, moulures et étagères contemporaines. © SANTI CALECA 4/ Sac Tempête de la « Magritte Collection ».
Delvaux a remis au goût du jour ses sacs Brillant (1958) et Tempête (1957). Sans logo, ils se distinguent par leur forme et leur manière de se fermer. Chaque saison, la directrice artistique Christina Zeller en fait des collections, jamais standardisées. Parce qu’« un savoir-faire ne suffit pas, il faut sans cesse l’adapter pour qu’il y ait toujours matière à invention ».
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Delvaux. 151-154, galerie de Valois, 19, rue de Valois 75001 Paris. Delvaux.com
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ID-NEWS HÔTEL / RESTAURANT
25hours, le tour du cadran gare du Nord Par Nathalie Nort
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Déco sous influences africaines et asiatiques, chic arty et joyeux, un nouveau concept d’hôtel pour nomades urbains et hommes d’affaires décontractés, tout droit venu d’Allemagne, s’installe dans le très cosmopolite Xe arrondissement parisien.
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ans une périlleuse traversée pied au plancher d’un Paris désert filmé en un seul plan séquence – neuf minutes chrono de la porte Dauphine au Sacré-Cœur en brûlant quantité de feux rouges ! –, le cultissime court-métrage de Claude Le-
louch file la métaphore du 25hours Terminus Nord. Projeté entre bar et lobby, C’était un rendez-vous illustre bien l’attachement à la culture locale qu’imprime chacun des lieux créés par la petite holding allemande née dans les années 2000. Treize hôtels en ville, dont trois à Hambourg, deux à Francfort, deux à Zurich, un à Berlin, Düsseldorf, Munich, Cologne, Vienne, et aujourd’hui le premier hors du triangle germanophone, à Paris. Avant Dubaï et Florence en 2020. Du style, de l’authenticité, du métissage, des collaborations artistiques par dizaines et une devise : « Vous en connaissez un, vous n’en connaissez aucun ». L’abus de punchlines (de « Stop water when using me » sur la bou-
teille de savon à « Let’s spend the night together ») s’inscrit en guérilla inoffensive commune. Jamais à court d’idées ni de vision pour traduire la philosophie maison, ces Allemands savent s’emparer des espaces, des murs, s’illustrer en mode de vie citoyen.
Voyage à tous les étages Par sa position privilégiée face à la gare du Nord, l’hôtel puise dans le quartier et ses alentours l’énergie vitale, le mouvement perpétuel d’influences ethniques et cosmopolites, à des années-lumière du standard plombant de l’hôtel de gare sans âme que l’on s’empresse de fuir. Ici surtout, Christoph Hoffmann (voir aussi p. 306), PDG associé du groupe 25hours – qui a récemment fait entrer le géant AccorHotels au capital de sa
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1/ La vue sur la gare du Nord, chef-d’œuvre classique édifié en 1860, est l’atout d’un bon nombre de chambres. Une centaine d’entre elles, sur les 237 à terme, est encore en chantier. À l’intérieur, le registre multiculturel du quartier est à l’honneur. 2/ et 3/ Dès le hall d’entrée, la réception partagée entre boutique et corner-coffee permet de commander un « grab and go », petit déjeuner complet, ou simplement un café. Fidèle à l’esprit maison, une sélection de livres, d’objets et d’accessoires de mode satisfait les envies de shopping.. © STEVE HERUD
25hours Terminus Nord. 12, boulevard de Denain, 75010 Paris. Chambres à partir de 159 €. Petit déjeuner 24 €. 25hours-hotels.com
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boîte – a confié les clés des 237 chambres à trois entités particulièrement pertinentes : Alex Schoenert Architects, Dreimeta et Visto Images (design et direction artistique). Alex Schoenert est allé à l’essentiel en déshabillant l’ancien Mercure pour redéfinir quatre catégories, de S à XL (et sortir des carcans « supérieur » ou « de luxe »), puis a concentré le bar, le restaurant et la cuisine au premier étage (hélas, un peu bas de plafond) afin de profiter d’une vue en angle, dans l’axe des magistrales cariatides de la gare. À la tête de l’agence Dreimeta, Andrea Kraft et Armin Fischer ont travaillé main dans la main avec Visto Images pour plonger l’hôtel dans une saga chatoyante de wax colorés et de jerrycans détournés en masques africains, d’affiches pastichant Kollywood (l’industrie du cinéma tamoul), de tons roses et terracotta donnant bonne mine aux salles de douche où le plat à tagine fait office de lavabo. Acoustique irréprochable, agencement ouvert, éclairages indirects à foison, télé planquée qui ne cannibalise pas la pièce, minibar rempli de Fritz-Kola (chauvins aussi ces Germains !) et de jus de rhubarbe bio… autant d’ingrédients atypiques qui concourent à offrir le grand mix culturel des quar-
« La volonté d’inclure les gens du quartier dans un voyage est ici omniprésente », commente l’Américain Alex Toledano, fondateur de l’agence de conseil Visto Images, qui a réalisé la direction artistique de ce projet hôtelier. Historien des villes et riverain du quartier depuis quinze ans, il a dressé 19 portraits, sensibles et déroutants, de « local heroes », rencontrés in situ pendant un an.
tiers voisins : le Congo de Château Rouge, le Little Jaffna tamoul de la Chapelle ou le Maghreb de la Goutte d’Or. Yallah ! Cette osmose avec la rue, outre les couloirs des chambres numérotés façon Space Invaders, on la retrouve autour et à l’intérieur du Sape Bar et du Neni, le restaurant comme
Portraits of the gare du Nord, d’Alex Toledano, Visto, 224 p., 45 €.
à Tel-Aviv (où, du reste, le petit déjeuner mérite la palme), ou encore vers le cornercoffee du rez-de-chaussée, là où sapeurs, perruquiers et coiffeurs s’invitent sur les murs peints par l’artiste brésilien Nunca. Au Sape bar, dans un riff hypnotique du grand Fela Kuti (un DJ ambiance le week-end), sous une photo de Malick Sidibé, une hôtesse du Thalys discute avec un présentateur télé et des barmen forcément bien sapés. On commande un Basil Smash – cocktail signature du premier 25hours Hotel à Hambourg – parmi d’autres recettes de bars entrées dans la légende. Le voyage immobile commence, le tic-tac de la 25e heure en bandoulière.
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ID-NEWS TABLES PARIS
Marée montante Du port de l’Arsenal jusqu’à la rive gauche en passant par le canal Saint-Martin, trois chefs embarquent dans l’aventure iodée. Il est grand temps de réserver leurs dernières tables avec vue sur la mer.
© RICHARD HAUGHTON
© THOMAS DHELLEMMES
Par Nathalie Nort
La fille en marinière
La jetée, rive gauche
La Belle Époque mise à jour
Dans son cockpit de poche rivé à une péniche du canal Saint-Martin (Xe), Olive Davoux, quasiment seule à bord, barre avec brio. La fille de l’équipage de l’ex-Verre volé sur Mer, jeune BelgoOugandaise (30 ans à peine) a repris le rafiot à son compte et envoie des assiettes pêchues, chaque fois chaloupées par le truc qui fait mouche. Mayo au gochujang (une pâte de piment fermenté) sur des pouces-pieds ou des bulots, marinière galanga-coriandre sur des moules de Groix, algues wakamé vapeur sur un sashimi de saint-jacques ou vinaigre tosazu maison sur des coques en bouillon. Le soir, le menu (34 euros) avec trois assiettes au choix par personne (hors huîtres et dessert) permet un partage panoramique d’une carte où tout tape dans le mille. À midi, au comptoir, devant la cuisine ou à la fraîche dans la rue, les huîtres spéciales Utah Beach, de Monsieur Jean-Paul, restent la bonne pioche.
À la proue du paquebot Lutetia nouvellement restauré, Gérald Passedat vient de faire escale. Au pont inférieur – ouvertement partagé entre verrière, salle et sea bar d’écailler – langé par Wilmotte & Associés dans l’Art déco, le marbre et l’eucalyptus verni, tel un canot italien Riva, on préférera la mezzanine, sa vue plongeante sur le carrefour et son patio arboré planqué à l’arrière (190 couverts en tout). Le chef étoilé expert de la Méditerranée (Le Petit Nice, Albertine, Le Môle Passedat du Mucem, à Marseille…) amarre rive gauche sa cuisine côtière réjouissante, à grands coups d’aïoli des familles, de fritto misto italien, de boulettes à la marseillaise et de parmentier de poulpe. L’huître Tarbouriech et l’Utah Beach ont la faveur de l’écailler. Un équipage au taquet (45 têtes au complet) hisse la voilure de huit heures à minuit.
Après dix ans à tirer des bords bistrotiers, il était temps pour Cyril Lignac de donner un nouveau cap à son Chardenoux chéri. Le voilà arrivé à bon port, revampé de frais par le très couru architecte Martin Brudnizki et son studio londonien : calepinage romantique de marbre au sol, assises Thonet et banquettes plus tendance, ciel de verdure assorti aux moulures centenaires classées, éclairage tout en retenue histoire de « matcher » avec le fond de sauce Art nouveau. Les embruns, eux, déferlent désormais sur le menu. Depuis les parfaites goujonnettes de sole ancrées dans la tradition française jusqu’au lobster roll yankee twisté au piment doux fumé, les plats cabotent autour du monde avec un réel savoirfaire. La carte des cocktails, très sexy elle aussi (excellent green garden), se révèle un prétexte comme un autre pour rejoindre la croisière en nocturne.
— Brasserie Lutetia. 45, boulevard Raspail, 75006 Paris. Tél. : 01 49 54 46 92. Menus : 42 €, 85 € et 95 €. Hotellutetia.com
— Le Chardenoux. 1, rue Jules-Vallès, 75011 Paris. Tél. : 01 43 71 49 52. Restaurantlechardenoux.com
— Sur Mer. 53, rue de Lancry, 75010 Paris. Tél. : 01 48 03 21 38.
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ID-NEWS HÔTEL RÉGION
Un nouveau phare marseillais Par Nathalie Nort
Sur la corniche qui surplombe la plage des Catalans, l’hôtel Les Bords de Mer ravive la carte postale Art déco rêvée. De la piscine sur le toit à la grotte du spa, tout ici invite au nirvana. Dernièrement mise à flots, la table où dialoguent saveurs asiatiques et recettes méditerranéennes profite de ce paysage maritime enchanteur.
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n inaugurant leur premier hôtel et vignoble, le Domaine de Fontenille en Luberon, en 2015, Frédéric Biousse et Guillaume Foucher expliquaient : « Le Domaine de Fontenille est le reflet de ce que nous sommes ou recherchons dans nos voyages.
Une adresse authentique où tout un chacun peut se reconnaître et s’approprier les lieux et où, à l’image de notre propre maison, s’invitent des œuvres d’art issues de notre collection personnelle ou des livres qui nous parlent. Au-delà du projet touristique, nous avons aussi le souhait de sauvegarder le patrimoine régional et architectural au travers d’adresses singulières, symboles des régions choisies. » Trois ans plus tard, leur idéal d’hospitalité porteuse de sens se poursuit avec l’ouverture des Bords de Mer, à Marseille. Contrairement à leur bastide XVIIe à Lauris, près de Lourmarin (dans le Vaucluse), l’adresse marseillaise est citadine mais privilégiée par sa pole position sur la Corniche,
Face à l’Estaque, au pied du quartier des Catalans, l’ex-hôtel Richelieu renaît en un hôtel citadin baptisé Les Bords de Mer, en cultivant l’imaginaire balnéaire d’antan. Rehaussée d’un étage et sublimée par l’enduit éclatant d’une poudre de marbre, son architecture, qui annonce le modernisme, fait à nouveau merveille dans le paysage marseillais. © STÉPHANE ABOUDARAM
face au fameux Cercle des Nageurs, à l’aplomb direct de la plage des Catalans. L’hôtel s’accorde même avec l’institution marseillaise pour permettre à ses clients VIP un accès direct aux différents bassins et aux salles de séminaire. L’ancien hôtel Richelieu – auquel s’est ajouté le restaurant voisin, l’ex-Eden Roc – offrait un potentiel inspirant pour l’architecte DPLG Yvann Pluskwa. Tout l’enjeu était de rééquilibrer ce bâtiment très abîmé « où il a fallu soustraire, enlever, épurer, renforcer la structure avec un kilomètre de poutres
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Les Bords de Mer. 52, corniche Kennedy, 13007 Marseille. Tél. : 04 13 94 34 00. Lesbordsdemer.com Chambre double à partir de 190 €.
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2 1/ Bien connu de tous les Marseillais, l’ex-hôtel Richelieu se réinvente aujourd’hui dans Les Bords de Mer, une situation unique sur la Corniche, offerte à l’horizon maritime. 2/ À la manière d’un paquebot voguant sur les flots, les 19 chambres s’ouvrent intégralement sur la mer. Leur décoration épurée et la palette de gris, vert et bleu pastel ajoutent à l’expression de croisière immobile. 3/ et 4/ Signés Skagerak, marque danoise contemporaine, les meubles et les objets se marient à quelques pièces de design iconique (lampes Rispal, luminaires Aim des Bouroullec ou String Light de Michael Anastassiades, chez Flos). 5/ Dans l’extension, adjointe à l’édifice principal dans les années 50, le restaurant se prolonge d’un bar et, grâce aux grandes baies vitrées, projette l’espace à fleur d’eau. 6/ Lumineuse et fonctionnelle, cette salle de bains est en prise directe avec l’horizon. Des lignes pures dans lesquelles s’invitent des vasques posées sur le chêne clair.
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ID-NEWS HÔTEL RÉGION
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métalliques et faire disparaître des adjonctions médiocres qui n’avaient plus rien à voir avec l’architecture d’origine », commente ce Marseillais d’adoption, fan d’Edward Hopper et d’architecture moderniste transcendée par la lumière. En repensant l’édifice Art déco, il l’a donc rehaussé d’un étage, lequel apporte harmonie, lumière et verticalité à l’ensemble ainsi qu’un nouvel élan, avec une piscine chauffée sur le toit. Un rooftop de rêve pour se ressourcer ou boire un verre enchanté par l’horizon cristallin des îles du Frioul, les amateurs de nage libre et les paquebots filant au loin comme au ralenti. « Par sa double exposition, l’édifice est traversé par la lumière qui l’inonde de couleurs et d’ambiances particulières à chaque moment de la journée. L’hôtel a deux visages : un visage urbain Art déco côté rue ; et une épure verticale côté mer qui rejoue l’imaginaire balnéaire des années 30 », ajoute Céline Castagnet, architecte et urbaniste associée au projet. Un ancien oculus a servi d’inspiration pour le nouveau motif des grilles et des balcons côté rue, tissant un lien pertinent entre passé et présent. Le bâtiment attenant, redessiné et repensé, accueille maintenant le restaurant et son bar entre d’immenses baies vitrées qui projettent littéralement les convives dans le paysage maritime. Ici encore, l’élégante « ombrière » installée au-dessus d’une vaste terrasse secondaire profite aux 19 chambres, toutes orientées vers la mer – seule la 11 jouit de sa propre terrasse. Elles cultivent une âme contemporaine, panneautées de bois blond, de granito grège et de miroirs envoûtés par l’incroyable lumière. D’inspiration minérale, avec un bassin ligné de grès et de travertin, le spa creusé dans la roche propose l’expertise des soins Ren Skincare, une marque particulièrement écoconsciente. Début mars, les sœurs Levha (Le Servan et Double Dragon, à Paris) ont ouvert justement la table de l’hôtel. Parions que leur tempo de bistrot colorié au soleil de Méditerranée et d’Asie ravira les appétits phocéens.
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1/ Dès les beaux jours, le restaurant de 60 couverts s’étoffera d’un bar à tapas en rooftop et d’un café annexe directement posé sur la plage des Catalans. Ici aussi, l’huile d’olive et le rosé maison Domaine de Fontenille seront à l’honneur. 2/ Creusé dans la roche sur deux niveaux (300 m2), le spa accueille cinq cabines de soins, une salle de fitness, un hammam, un sauna et une piscine intérieure chauffée. L’atmosphère, très minérale, est accentuée par d’étroites ouvertures qui multiplient les jeux de lumière et ajoutent du mystère à cette caverne dévolue au bien-être.
Le cahier d’inspirations n°4
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ILLUSTRATION PAOLO MARIOTTI
Art Paris Art Fair « Étoiles du Sud » et d’ailleurs Art Paris Art Fair a 21 ans ! Trois fois l’âge de raison. Pour fêter cet anniversaire, Guillaume Piens, qui dirige la foire depuis 2012, accueille 150 galeries sous la coupole du Grand Palais et continue de cultiver sa différence en explorant cette année la scène latino-américaine. Mais cette 21e édition rend aussi hommage aux artistes femmes, une parole non dénuée de critique politique et sociale. D’abord, à travers les 25 artistes sélectionnées par Camille Morineau, directrice des expositions et collections de la Monnaie de Paris et cofondatrice d’Aware (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions), ensuite avec les « Amazones » latino-américaines de la collectionneuse Catherine Petitgas, enfin avec les solo shows d’exposants qui mettent à l’honneur des figures iconiques comme Leonor Fini (lire pp. 102-103), la Mexicaine Carmen Mariscal ou la Chilienne Sandra Vásquez de la Horra. Elles ponctuent un parcours balisé de vidéos (Project Room) et de surprises, à l’instar de l’architecte Rudy Ricciotti chez Philippe Gravier, où les têtes d’affiche dialoguent avec les artistes émergents du secteur « Promesses ». De la MAM Galerie (à Douala) à la Galerie Najuma (à Marseille), c’est un tour du monde en 20 pays qu’Art Paris Art Fair propose au visiteur. Enfin, dans le cadre de son partenariat avec la foire, IDEAT a organisé sa propre exposition au Grand Palais ! Un choix de pièces de design contemporaines sélectionnées parmi ses galeries de prédilection : celles qui défendent des designers d’aujourd’hui en soutenant leur travail de création. Dossier réalisé par Sabrina Silamo, Marie Godfrain et Nathalie Nort. Art Paris Art Fair. Au Grand Palais, à Paris (VIIIe), du 4 au 7 avril. Artparis.com
ID-ART PARIS SOLO SHOWS
Femmes artistes Cinq talents singuliers Vous souvenez-vous d’« Elles@centrepompidou » ? Cette exposition, entièrement consacrée aux femmes artistes, tous médiums confondus, se déploya sur les cimaises du centre d’art parisien entre 2009 et 2011. Aux commandes, la conservatrice Camille Morineau, aujourd’hui à la tête des collections de la Monnaie de Paris. En 2014, cette commissaire d’exposition cofonde Aware (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions), une association destinée à renforcer la visibilité des figures féminines dans l’histoire de l’art et, aujourd’hui, au sein de la foire Art Paris Art Fair. Décryptage avec Hanna Alkema (photo), responsable des programmes scientifiques d’Aware. Propos recueillis par Sabrina Silamo
Comment avez-vous sélectionné les 25 artistes exposées ? Nous avons voulu coller à l’identité de la foire, qui présente une majorité d’artistes d’après-guerre. Nous avons donc développé un parcours découpé en quatre thématiques. D’abord l’abstraction, la section la plus importante : elle réunit 13 artistes nées dans les années 10 et 20 comme Aurélie Nemours (19102005), Vera Molnár (née en 1924) ou Judit Reigl (née en 1923) qui, aujourd’hui encore, malgré leur rôle dans le développement de ce mouvement, sont méconnues. Nous présentons ensuite l’« avant-garde féministe », une expression empruntée à l’ouvrage du même nom (paru chez Prestel) de Gabriele Schor (auteure et critique d’art autrichienne) pour identifier un courant symbolisé notamment par ORLAN (née en
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1947) ou Esther Ferrer (née en 1937). Ces deux artistes ont, à la fin des années 70, à l’époque du slogan « le personnel est politique », mis l’intime sur le devant de la scène. Le troisième chapitre est consacré à la photographie plasticienne et le dernier, qui rassemble des artistes ayant émergé dans les années 2000, à la théâtralité. Ce découpage chronologique permet de couvrir tous les médiums, de la peinture à la sculpture en passant par la performance.
Pourquoi est-il nécessaire, en 2019, d’apporter un éclairage particulier sur le travail des artistes femmes ? Parce que le travail des artistes femmes n’est représenté qu’à travers 15 à 30 % seulement des expositions institutionnelles. Un chiffre
qui n’a pas évolué depuis vingt ans. Quant à leur reconnaissance sur le marché de l’art, hormis quelques exceptions, elle est faible. Force est de constater qu’il existe une sorte de discrimination liée au genre. Une constatation que la sociologue Marie Buscatto (qui travaille notamment sur les rapports sociaux entre les sexes dans les mondes des arts et dans les professions prestigieuses, NDLR) explique par un faisceau de raisons, qui vont de l’éducation différenciée dès le plus jeune âge au fait que les femmes se sentent moins de légitimité à devenir artistes. L’écart se réduirait toutefois ces derniers mois, au point de devenir une aubaine pour les investisseurs, selon le New York Times, qui titrait en septembre dernier : « Vous voulez devenir riche en achetant de l’art ? Investissez dans les femmes. »
ANNA-EVA BERGMAN
Horizons multiples
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À Paris, dans les années 50, les artistes figuratifs de l’école de Paris dominent le monde de l’art. Indifférente aux enjeux esthétiques qui animent ses contemporains, Anna-Eva Bergman (1909-1987) s’obstine à peindre des tableaux abstraits à la feuille d’or ou d’argent, qui captent la lumière et la reflètent comme un miroir. Ses séries autour de la pluie, des vagues, des rochers, des montagnes ou des barques évoquent à la fois les fjords escarpés et les icebergs aux arêtes découpées de sa Norvège natale, ainsi que le soleil éblouissant d’Antibes, havre méditerranéen où elle s’est installée en 1973 avec son mari, le peintre Hans Hartung (1904-1989). Quelques lignes, qui créent le rythme, posées sur de grands aplats de couleurs suffisent pour suggérer les montagnes, la mer, le ciel… Mais ces formes simples, nourries de la passion d’Anna-Eva Bergman pour la philosophie, le nombre d’or, l’architecture et la mythologie scandinave, traduisent aussi une conception métaphysique du paysage. Celui-ci symbolise le point de rencontre entre une intériorité et une extériorité, un trait d’union entre un dehors et un dedans, la ligne de démarcation entre réalité et espace imaginaire. « Il y a un motif qui se présente fréquemment à moi dans ma peinture et que j’ai du mal à refouler, c’est l’horizon. L’horizon signifie pour moi l’éternité, l’infini, le par-delà le connu, là où l’on passe dans l’inconnu. Lorsque je contemple les horizons sur mes tableaux, ils éveillent en moi un désir nostalgique. Mais un désir de quoi ? Je ne parviens pas à le cerner. Il m’habite, mais je ne sais pas le formuler. » À sa mort, en juillet 1987, la peintre laisse sur sa dernière toile un nouvel horizon, ultime transcription de ce désir nostalgique qui guida sa vie entière. Galerie Jérôme Poggi (Paris). Stand C11.
1/ No 45-1969 Montagne ailleurs, d’Anna-Eva Bergman. 2/ No 16-1977 Contour de montagne noire, d’Anna-Eva Bergman. 3/ No 22-1981 Horizon d’argent, d’Anna-Eva Bergman, lors de l’exposition collective « Norsk », à la Galerie Jérôme Poggi, en 2011-2012.
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ID-ART PARIS SOLO SHOWS
GENEVIÈVE CLAISSE
Le cercle et le triangle Geneviève Claisse est décédée le 30 avril 2018, à Dreux. Aucun hommage national ne lui fut rendu. Elle incarne pourtant l’une des figures majeures de l’abstraction géométrique, ce mouvement artistique qu’elle découvre à l’âge de 15 ans, en lisant la revue Art d’aujourd’hui. Sa vocation était née. Autodidacte, elle crée de façon instinctive des cercles, des triangles, des carrés dont elle accentue l’intensité et le rythme en y intégrant la couleur, en 1965. Puis son vocabulaire formel s’enrichit de lignes d’épaisseurs variables qui s’effleurent, s’écartent et se rapprochent. Elle déclare alors : « J’ai trouvé dans l’abstraction le moyen naturel d’exprimer le monde. » Ainsi libérée de toute référence au monde matériel, son œuvre est ponctuée de sculptures, de peintures et de dessins qu’elle nomme Opérateur omnipotent, Opérateur générateur, Opérateur mono-cinétique… Un éternel jeu optique, un parcours d’une grande cohérence respectant un seul mot d’ordre : animer le plan de la surface peinte. Galerie Wagner (Le Touquet-Paris-Plage). Stand F17. Galerie A&R Fleury (Paris). Stand C19.
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ORLAN
Entre défiguration et refiguration Elle a fait de son corps une œuvre d’art. Mireille Suzanne Francette Porte, alias ORLAN, renaît en 1991, à l’âge de 44 ans, quand elle décide de « se faire une nouvelle image pour faire de nouvelles images, retirer le masque de l’inné et redéfinir le principe même de l’identité ». Après neuf opérations de chirurgie esthétique, toutes minutieusement mises en scène, ces transformations physiques – qui incluent la pose d’implants protubérants sur les tempes – deviennent un lieu de débat public. Et le point de ralliement de toute son œuvre, qui interroge les représentations de l’art, de l’identité, de la beauté féminine formatée selon les standards de la société. Elle a notamment déposé un « ORLANcorps », un instrument avec lequel on peut décider de mesurer le monde, en référence à la formule de Protagoras : « L’homme est la mesure de toute chose. » Pionnière de l’art charnel (à ne pas confondre avec le body art), ORLAN mêle performances, photographies, sculptures et installations interactives. Galerie Ceysson & Bénétière (Saint-Étienne, Paris, New York, Luxembourg). Stand C15.
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1/ H 1970, de Geneviève Claisse. 2/ (De gauche à droite) : Self-hybridation précolombienne no 2, 1998 ; Self-hybridation précolombienne no 35, 1998 ; Self-hybridation précolombienne no 16, 1998, d’ORLAN. © AURÉLIEN MOLE
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LAURE PROUVOST
Contes surréalistes Première Française lauréate du Turner Prize en 2013 (la plus prestigieuse des récompenses en art contemporain décernée chaque année au Royaume-Uni), exposée dans les plus grands musées internationaux – du MoMA au palais de Tokyo –, Laure Prouvost, 40 ans, représentera la France lors de la prochaine Biennale de Venise. Mixant la vidéo, le dessin, la tapisserie, la céramique, la photographie, la peinture et, surtout, le langage aux plus ordinaires des accessoires tels des sachets de thé ou des rétroviseurs, la plasticienne crée des installations immersives dont les scénarios, aussi surréalistes que bouleversants, reposent sur des souvenirs, des rêves, des fantasmes. À l’instar de Wantee, une de ses œuvres iconiques, basée sur le jeu de mots « want tea ? ». « En tant qu’artiste, j’aime souvent perdre le contrôle, faire simplement allusion à certaines choses, afin que chacun puisse se forger sa propre interprétation. Le spectateur doit lui-même trouver du sens à son environnement et utiliser son imagination. Je joue avec l’idée que nous soyons emportés dans des lieux dont nous ne pourrons peut-être pas revenir. » Vous voilà prévenus ! Galerie Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles). Stand C12.
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3/ The Images Are Now Sweating, 2017, de Laure Prouvost. © B. HUET-TUTTI
4/ Sterling Silver Jug (China Girls), 2018, de Valérie Belin.
VALÉRIE BELIN
Images intranquilles
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Dès ses tout premiers portraits en noir et blanc, au début des années 90, la photographe Valérie Belin met en place un protocole : sérialité, frontalité du point de vue, cadrage serré et grand format. En dépit de la rigidité de ce cadre, des sentiments de doute et d’« inquiétante étrangeté » – un concept défini en 1919 par Sigmund Freud – sourdent de ses images. Chacune d’entre elles explore en effet la frontière entre le vivant et l’inanimé, le naturel et l’artificiel, l’original et l’imitation. Car, ce qu’observe Valérie Belin, c’est « ce moment de doute où l’on pense apercevoir un autre que soi-même dans le reflet de la vitre ou du miroir. La photographie peut être ce miroir tendu dans lequel on ne se reconnaît pas. » Un miroir tendu aux mannequins, mariées marocaines, transsexuels, sosies, culturistes… à travers lesquels elle interroge les notions de représentation et les différentes formes de l’identité. Galerie Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles). Stand C12.
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ID-ART PARIS PORTRAIT
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Catherine Petitgas expose
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Collectionneuse et mécène, Catherine Petitgas présente pour la première fois, à Paris, une sélection de ses œuvres les plus emblématiques : une quarantaine de pièces créées par les « Amazones », ces artistes d’Amérique latine dont le travail porte à la fois sur l’identité féminine et sur l’esthétique tropicale de ces pays menacés par l’industrialisation et la pollution.
un ponte de la City et administrateur de la Tate, elle
Par Sabrina Silamo
rédigé entre autres avec la commissaire brésilienne Kiki
C
Mazzucchelli, sa partenaire de Pinta Art Fair, à Miami.
décide de créer une collection d’art latino-américain. Douze ans plus tard, ce fonds – riche de plus de mille pièces – est devenu incontournable sur la scène artistique internationale. Et Catherine Petitgas n’en continue pas moins de soutenir la création contemporaine à travers la publication de trois ouvrages consacrés au Mexique, à la Colombie et au Brésil (Contemporary Art Mexico, Colombia et Brazil), dont le dernier a été
atherine Petitgas est née en France et a grandi en Afrique. Mais c’est à Londres qu’elle se
Le Mexique, ses couleurs, ses odeurs…
spécialise en art moderne et contemporain
C’est au pays de Frida Kahlo et de Diego Rivera que
d’Amérique latine, d’abord comme directrice de la
Catherine Petitgas puise son inspiration. Et plus pré-
galerie Alma, puis en participant à nombre de comités
cisément à Mérida, capitale de l’État du Yucatán au
d’administration de prestigieuses institutions tel le
riche patrimoine maya et colonial, où elle possède une
Centre Pompidou, à Paris, ou en finançant deux des
maison. Que de chemin parcouru par cette passion-
plus innovantes galeries londoniennes, la Serpentine et
née de Marcel Duchamp (au point d’avoir donné le
Whitechapel. En 1997, avec son mari, Franck Petitgas,
nom de son héros à son chien) jusqu’à sa découverte
1/ Catherine Petitgas ouvre les portes de sa collection privée de créations d’artistes sud-américaines. Des œuvres qui trônent dans son appartement londonien. 2/ Untitled, de la Brésilienne María Nepomuceno (2013), sculpture en cordes, fibre de verre, résine et perles. © COURTESY COLLECTION CATHERINE PETITGAS.
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ses créatives « Amazones » de l’art latino-américain ! Certes, l’inventeur fran-
aussi un totem en bronze d’une hauteur vertigineuse,
çais du ready-made figure en bonne place dans sa
sculpté par Erika Verzutti. Baptisée La Mexicana (sur-
collection, aux côtés d’autres fameux surréalistes
nom de Catherine Petitgas), cette colonne explore l’un
comme André Breton et Leonora Carrington, mais ils
des concepts défendus par la collectionneuse : l’union
sont désormais accompagnés de nombreux artistes
de l’art et de l’artisanat. Un croisement qu’ignorent
issus du mouvement de l’abstraction géométrique
Lygia Clark (1920-1988) ou Lygia Pape (1927-2004),
(lire p. 104). De son œil aiguisé, Catherine Petitgas
pionnières d’un art performatif, participatif et senso-
constate que l’intérêt du public et des collectionneurs
riel, intimement lié aux questions sociales. Ces deux
pour les créateurs latino-américains – bien relayé par
figures historiques, la collectionneuse les confronte à
© COURTESY COLLECTION
les galeristes – va croissant. À commencer par Beatriz
d’autres « Amazones », de générations et de cultures
CATHERINE PETITGAS
Milhazes, dont l’univers haut en couleur s’inspire à la
différentes, issues de Colombie (Liliana Angulo, Beatriz
fois des compositions optiques des Delaunay que des
González, Nohemí Pérez), du Pérou (Sandra Gamarra,
papiers découpés de Matisse. Car celle qui représenta le
Ximena Garrido-Lecca) et du Venezuela (Lucia Pizzani
Brésil à la Biennale de Venise en 2003 et qui bénéficia
et Sol Calero). Mais qu’importe le pays de naissance de
d’une magnifique rétrospective à la Fondation Cartier
ces Sud-Américaines, Catherine Petitgas cherche avant
trône aujourd’hui, six ans plus tard, dans le salon de
tout, dans chaque rencontre, la stimulation intellectuelle
la résidence londonienne de Catherine Petitgas avec
et le partage des points de vue. Son plus grand désir ?
une peinture intitulée Férias de Verão, sorte de frise
Qu’on se souvienne d’elle comme d’une femme qui a
évoquant la procession du carnaval de Rio. Hormis
aidé les artistes à réaliser leurs rêves. Ne serait-ce pas
l’extravagante Brésilienne, Catherine Petitgas possède
là la définition d’une marraine ou d’une bonne fée ?
3/ Frutas Friestail 8 (2018), de l’artiste vénézuélienne Sol Calero, peinture à l’acrylique. © AURÉLIEN MOLE 4/ Una Gruesa de Chullos (2013), de la Péruvienne Ximena Garrido-Lecca, images numérisées coloriées à la main d’un bonnet traditionnel à oreillettes.
« Amazones, une sélection d’œuvres d’artistes sudaméricaines de la collection de Catherine Petitgas ». À Art Paris Art Fair, au Grand Palais, du 4 au 7 avril. Artparis.com
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ID-ART PARIS PANORAMA AMÉRIQUE DU SUD
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En suivant les « Étoiles du Sud » Européennes, asiatiques ou latino-américaines, les trente galeries du parcours « Étoiles du Sud » partagent le même objectif : faire découvrir des territoires inédits à travers un panel de 60 artistes argentins, brésiliens, chiliens, colombiens, cubains, mexicains, péruviens et vénézuéliens. Deux questions à Valentina Locatelli, ancienne conservatrice à la Fondation Beyeler, à Bâle, et au Kunstmuseum de Berne, responsable de cette exploration hors norme. Propos recueillis par Sabrina Silamo
Il y a des milliers de kilomètres entre le Mexique et la Terre de Feu. Est-il possible, alors, de trouver des similitudes entre les artistes exposés ? Chaque pays possède son identité propre, mais tous ont subi le joug de la colonisation. Les conquêtes espagnoles et portugaises ont annulé les cultures locales, qui sont réapparues bien des siècles plus tard avec les mouvements d’indépendance. Ceux-ci ont entraîné l’émergence de courants artistiques tels que le muralisme au Mexique ou l’abstraction géométrique
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(lire p. 104). Un langage pictural qui ne revêt cependant pas les mêmes enjeux en Argentine, où il véhicule des idées politiques, qu’au Venezuela, où l’apogée économique due à l’exportation du pétrole a rendu les artistes moins enclins à la critique.
Cette exploration s’accompagne également d’un programme vidéo, « Project Room », resserré autour de quatre pays. Est-ce que ce sont les seuls où ce médium est pratiqué ? En fait, je me suis concentrée sur les pays dont la langue courante est l’espagnol : le Mexique, l’Argentine, la Colombie et le Pérou. Et je me suis imposé deux critères : limiter ce panorama des années 60 à nos jours et choisir des vidéastes qui utilisent le numérique. J’ai ensuite opté pour quatre thématiques récurrentes dans l’œuvre des 16 artistes sélectionnés : la ville, le corps, la mémoire et la nature. Et, pour permettre au spectateur d’avoir un aperçu global de leur travail, j’ai choisi des vidéos dont la durée n’excède pas huit minutes. Elles seront projetées en boucle sur huit écrans, deux par thématique.
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1/ Hommage à Pythagore (2002), de Francesco Marino di Teana. Galerie Loft. 2/ Enero (1967), série « Bufones », de Felipe Ehrenberg. Freijo Gallery. 3/ Historienne de l’art et ancienne conservatrice au Kunstmuseum de Berne et à la Fondation Beyeler, à Bâle, Valentina Locatelli assure le commissariat de ce parcours latinoaméricain. © OLIVER RUF
Leonor Fini : l’ensorceleuse Elle a vécu mille vies, comme les chats qu’elle vénérait et qu’elle a représentés dans de nombreux tableaux, esquisses et aquarelles. Née en 1908 à Buenos Aires, d’une mère italienne et d’un père argentin, l’artiste surréaliste mourra à Paris, quatre-vingt-huit ans plus tard. Entre-temps, tour à tour peintre, décoratrice de théâtre, styliste ou écrivaine, elle a marqué son époque de sa fantaisie teintée d’onirisme et de merveilleux.
Leonor Fini. Issue d’un milieu bourgeois de Trieste, elle
Par Sabrina Silamo
morbide. Certaines, arborant des chevelures vaporeuses
oublie aussitôt les artistes de la Renaissance qui l’ont façonnée pour adopter l’une des techniques inventées par les surréalistes, le dessin automatique. Elle peint alors des tableaux de jeunes gens androgynes, alanguis face à des sphinges protectrices, des femmes enfants ou des femmes sorcières à la beauté souveraine et hiératique, quasi maléfique. Ces créatures énigmatiques évoluent dans des paysages fantastiques où la prolifération de la végétation crée une atmosphère inquiétante, presque (rappelant parfois la célèbre crinière entrelacée de ser-
«E
lle sera toujours (…) la sauvage aux cheveux
pents de Méduse) et vêtues de chemises au profond dé-
de jais, beauté aux étranges proportions qui
colleté, ressemblent étrangement à l’artiste elle-même.
hante ses peintures. Le mortel, mais irrésis-
Entre réalité et imaginaire, rituel sacré et scène érotique,
tible sphinx, le vampire que nous voudrions tous ac-
son style s’affirme, mêlé de références au surréalisme et
cueillir », affirme George Melly, musicien et critique
à l’antique ainsi que des influences croisées de Salvador
d’art britannique, à propos de celle qui fut la muse de
Dalí et de Gustav Klimt. Un style qu’elle sait rendre plus
nombreux photographes tels Erwin Blumenfeld, Henri
sobre en immortalisant de nombreuses célébrités, comme
Cartier-Bresson ou Dora Maar. C’est sa rencontre avec
l’auteur français Jean Genet, l’artiste mexicaine Leono-
André Breton en 1937 qui change le cours de la vie de
ra Carrington ou l’actrice italienne Anna Magnani.
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1/ La Leçon de botanique (1973), de Leonor Fini. © RACHELLE SIMONEAU
2/ Dans la tour (1952), de Leonor Fini. PHOTOGRAPHY
Weinstein Gallery (San Francisco) / Galerie Minsky (Paris). Stand D19.
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ID-ART PARIS PANORAMA AMÉRIQUE DU SUD
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Les jeux visuels et colorés
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Parce que rien n’est plus réel qu’une ligne, une couleur, une surface, les toiles de Kandinsky, Malevitch ou Mondrian se caractérisent par la représentation de carrés, de cercles, de triangles ou de croix et l’utilisation de couleurs vives. Leur influence perdure en Amérique latine à travers l’œuvre de quatre artistes renommés.
qu’il propose de dissocier de la forme. Installé à Paris de-
Par Sabrina Silamo
temps, ma technique produit un événement instable. C’est
«J
toute la réflexion sur l’éphémère, sur l’ambigu, sur l’insta-
puis 1960, ce Français d’origine vénézuélienne (né à Caracas en 1923) crée, depuis la fin des années 50, des œuvres dont les variations chromatiques permettent de faire l’expérience de la couleur, une expérience esthétique, poétique mais aussi sensorielle et ludique qui modifie la perception du spectateur selon le point de vue adopté : contempler ou se déplacer. « Contrairement à la peinture, qui arrête le
’ai toujours voulu lancer la couleur au-delà
bilité, sur la continuité de la vie », explique l’artiste. À vé-
de son support, la projeter dans l’espace. Pour
rifier sur le stand des galeries Wagner et Mark Hachem.
moi, la couleur n’est pas juste une anecdote de
Même parcours pour Iván Contreras-Brunet (né à San-
la forme, elle n’est pas seulement le rouge de la pomme, le
tiago en 1927), artiste chilien parmi les plus importants
bleu du ciel. La couleur est autonome, fugace, en mouve-
représentants de la scène cinétique internationale. Si les
ment perpétuel. Elle est comme la vie : un présent perma-
jeux de lumières des impressionnistes le fascinent lorsqu’il
nent », déclare Carlos Cruz-Díez, l’un des piliers des arts
commence à peindre en 1943, c’est sa rencontre, huit ans
optique et cinétique. S’il revendique l’influence de l’impres-
plus tard, à Paris, avec Jésus-Rafael Soto (créateur des fa-
sionnisme, du cubisme, du fauvisme et du constructivisme,
meux Pénétrables, cubes de tiges d’aluminium que le vi-
il est surtout célèbre pour ses recherches sur la couleur,
siteur est invité à traverser) qui détermine son avenir. Il
1/ Induction du rouge (2001) de Carlos Cruz-Díez, artiste français d’origine vénézuélienne qui a particulièrement travaillé sur les variations chromatiques. Galerie Wagner. 2/ Transparence (2016), du Chilien Iván ContrerasBrunet, dont les œuvres sont des compositions réalisées à partir de grillage et peintes au pochoir. Galerie Wagner.
3
4
de l’art géométrique abstrait cofonde alors le CO-MO (Constructivisme et Mouve-
À 90 ans, l’Argentin Julio Le Parc, pionnier de l’art cinétique
ment) et découvre son matériau de prédilection, le grillage,
et de l’Op Art, membre fondateur du Groupe de recherche
avec lequel il module l’intensité chromatique. Peintes au
d’art visuel, continue à mener des travaux sur le champ vi-
pochoir, suspendues ou posées au sol, ses pièces évoluent
suel ou sur le rapport entre œuvre et public. En témoignent
au rythme des pas du spectateur. En 1972, Contreras-Bru-
ces mots prononcés à l’occasion de l’exposition qui lui est
net représente le Chili à la Biennale de Venise.
consacrée au palais de Tokyo en 2013 : « Par mes expé-
C’est une décennie après son compatriote Carlos Cruz-
riences, j’ai cherché à provoquer un comportement différent
Díez que le sculpteur vénézuélien Dario Pérez-Flores (né
du spectateur (...) pour trouver avec le public les moyens de
en 1936) débarque à Paris. Lui aussi entame des travaux
combattre la passivité, la dépendance ou le conditionnement
qui s’appuient sur l’illusion optique, mais, contrairement
idéologique, en développant les capacités de réflexion, de
à ses prédécesseurs, il n’utilise ni toile, ni pénétrable, ni
comparaison, d’analyse, de création, d’action. »
grillage. Il choisit de provoquer des mouvements chan-
Cette recherche de la pureté et de la simplification ne naît
geants à l’aide de moteurs électriques qu’il intègre à des
pas avec les artistes du XXe siècle souhaitant s’écarter de
mobiles. Un procédé qu’il abandonne cependant, pré-
la figuration. L’abstraction géométrique a toujours été pré-
férant agir sur la perception sensorielle du spectateur à
gnante dans la culture latino-américaine. La récente exposi-
l’aide de dégradés de couleurs. Sa série la plus connue,
tion de la Fondation Cartier, « Géométries Sud, du Mexique
les « Prochromatiques », est composée de verticales co-
à la Terre de Feu », l’a clairement démontré : potiers ou van-
lorées (tracées sur des toiles marouflées sur des châssis
niers d’antan utilisaient déjà ce répertoire de formes. Un fil
de bois) dans lesquelles sont placées de fines tiges de fer
rouge géométrique tressé entre les artisans de temps immé-
censées matérialiser les points de fuite.
moriaux et les générations d’aujourd’hui.
3/ Dynamique chromatique n° 570 (2016), de Dario PérezFlores, artiste vénézuélien dont les travaux s’appuient sur l’illusion optique à l’aide de dégradés de couleurs. Galerie Mark Hachem. 4/ Alchimie 332 (2000), de l’Argentin Julio Le Parc. Lui aussi a axé ses recherches sur le champ visuel, mais également sur la manière de créer un lien avec le spectateur en suscitant sa réflexion. Galerie Lélia Mordoch.
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ID-ART PARIS PANORAMA AMÉRIQUE DU SUD
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L’art cubain enfin sans frontières
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Après la mort de Fidel, en 2016, et le départ de son frère Raúl, en 2018, la fin de l’ère Castro a sonné et un grand nombre d’artistes de l’île caribéenne sont désormais reconnus sur la scène internationale. Parmi eux, la génération des enfants de la révolution, nés dans les années 70, est plus que prête à tirer profit de l’ouverture du pays.
pour le concentré d’énergie qu’ils dégagent ; ils possèdent
Par Sabrina Silamo
gieux – du Museum of Contemporary Art de Los Ange-
A
les au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía de
une lumière particulière. Je ne travaille pas avec des déchets mais avec de la vie passée. Ces matériaux ont une histoire et mes pièces se concentrent sur cette énergie », confie-t-il à l’époque. Barques, cordes ou rames enrichissent donc ses installations, faisant ainsi le lien entre art, environnement et culture populaire. Ses pièces sont entrées dans les collections des musées les plus presti-
lexis Leyva Machado, alias Kcho (prononcez
Madrid ; quant au MoMA de New York, il a fait l’acqui-
« catcho »), est diplômé de la Escuela Nacional
sition de Columna Infinita, accumulation verticale d’ob-
de Arte (ENA) de La Havane. Après avoir étudié
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jets défiant les lois de la gravité afin d’atteindre l’infini,
la peinture, c’est la sculpture qu’il choisit pour exprimer
comme un lointain hommage à Brancusi.
l’isolement géographique et politique de son pays. Une
La photographie, la vidéo, l’installation, la performance…
œuvre suffit à le rendre célèbre. Il s’agit de Regata, qu’il
qu’importe le médium, l’architecte Adonis Flores inter-
expose lors de la 5e Biennale de La Havane, en 1994. Cet
roge, lui, la condition humaine. Ses thèmes préférés ? La
ensemble de bateaux, qui évoque la situation des boat
fragilité, la violence, l’insécurité, le pouvoir, l’irrationalité
people, est composé de divers éléments récupérés dans
et la mort, qu’il traite sur le mode de la parodie, souvent
les chantiers. « J’aime travailler avec des matériaux usés
vêtu d’un uniforme. Car, avant d’obtenir son diplôme à
1/ Trojan Version (2016), de Yunier Hernández Figueroa. Xin Dong Cheng Gallery. 2/ Autorretrato (2009), de Kcho. Galerie Vallois.
3
l’Universidad Central « Marta Abreu » de Las Villas de
banal morceau de métal avec lesquels Yunier Hernández
Cuba en 1997, Adonis Flores fut soldat en Angola. Cette
Figueroa célèbre la liberté de création face à la mondia-
expérience nourrit aujourd’hui sa pratique artistique des-
lisation et à la loi du marché. Toute la puissance de son
tinée à dénoncer le culte lié à l’appareil militaire, au cœur
message politique se retrouve ainsi contenue dans un jeu
de la formation de l’identité nationale.
minimaliste de vides et de pleins.
Trois ans après sa première exposition personnelle,
Même s’il est le seul des quatre à avoir déserté l’île cari-
« S.O.S. », présentée à la galerie Vallois, Yunier Hernán-
béenne pour l’Espagne, Jorge Luis Miranda Carracedo
dez Figueroa (né en 1980) revient à Paris avec des œuvres
se réclame néanmoins d’une figure historique nationale,
réalisées à partir de pièces de monnaie et de billets de
celle de Wilfredo Lam, un proche de Picasso et de Bre-
banque. Aussi provocateur que les artistes dadaïstes, qui,
ton qui inventa, dès la fin des années 30, un langage pic-
au début du XXe siècle, rejetaient toutes les conventions,
tural alliant modernisme occidental et références afro-
ce diplômé de l’Instituto Superior de Arte (ISA) de La Ha-
cubaines. Comme son illustre aîné, Carracedo peint,
vane découpe couronnes, pesos, dinars, zlotys, dollars
sculpte, dessine et crée un univers fantastique et onirique,
ou roubles pour en extraire des motifs universels : ob-
peuplé d’humains énigmatiques, de légumes, d’animaux,
jets du quotidien, fragments de corps humains, oiseaux
dans lequel émerge parfois une figure noire, son alter ego
s’envolant… mais aussi fleurs, squelettes, bougies. Ses
érigé en symbole de la culture africaine, encore si vivace
sculptures et ses dessins deviennent alors des variations
dans son pays natal. Ici et là, des mots traversent ses
modernes de la vanité, un thème qui traverse toute l’his-
œuvres, en français, en espagnol ou en anglais, comme
toire de l’art. L’argent, dépossédé de sa valeur politique
des échos au métissage, un thème abordé de façon récur-
et sociale, n’est plus qu’un simple bout de papier ou un
rente et souvent avec humour par l’artiste.
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3/ Dreams Channel (2016), de Jorge Luis Miranda Carracedo. Galerie Vallois. 4/ Aliento (2006), série « Camouflajes », d’Adonis Flores. Xin Dong Cheng Gallery.
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ID-ART PARIS EXPO DESIGN BY IDEAT
Collection de luxe Les designers sont-ils les nouveaux artistes du XXIe siècle ? Alors que le nombre de foires de design se multiplie, que leur attrait auprès des collectionneurs d’art contemporain s’affirme, que les galeristes spécialisés se déclarent officiellement sur le marché de l’art, IDEAT a décidé de se positionner en révélant ses coups de cœur. Au sein d’Art Paris Art Fair 2019, nous proposons une sélection de pièces de mobilier de collection issues d’une dizaine de galeries et d’éditeurs indépendants. Une façon, aussi, de continuer à promouvoir l’idée que, si le design reste une fonction, il est tout sauf dénué d’émotion. Par Vanessa Chenaie, Marie Godfrain et Nathalie Nort
De haut en bas et de gauche à droite Fauteuil Moon I-D, de Charles Kalpakian (Galerie BSL) • Vases BOS, de Christophe Delcourt (Collection particulière) © FRANCIS AMIAND • Chaises à la gouge, de Jean Touret avec les Artisans de Marolles (Galerie Desprez-Bréhéret) • Miroir Le Rayon vert, du Studio Briand & Berthereau (artisans : Florent Canini, Simon Merlo, Jérôme Lopez) (Éditions du Coté) © CLAUDIA LEDERER • Table Monolithe, de Kostia (autoproduction) © SYLVIE CHAN-LIAT • Table d’appoint Sea Anemone 7, de Pia Maria Raeder (Galerie BSL) © ALAIN CORNU • Lampadaire Mobile Chandelier 5, de Michael Anastassiades (Galerie Gosserez) © MARTIN EIDEMAK • Tables d’appoint Brick, de Grégoire de Lafforest (Collection particulière) © JÉRÔME GALLAND
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Ci-contre Assise Caged Elements, de Faye Toogood. Ci-dessous Béatrice Saint-Laurent, fondatrice de la Galerie BSL, posant ici avec une œuvre de Nacho Carbonell. © ALAIN CORNU
Galerie BSL Depuis 2010, Béatrice Saint-Laurent repousse les frontières entre l’art et le design avec des pièces sculpturales, véritables déclarations d’intention qu’elle expose dans ses galeries et les foires de design. L’élégance de Charles Kalpakian ou l’esthétique pop de Pia Maria Raeder font partie de ses choix éclectiques. Femme de caractère, la galeriste ne s’est jamais inquiétée des modes, se focalisant sur son instinct, qui l’a conduite à dénicher des créateurs appelés à devenir des stars, comme Noé Duchaufour-Lawrance, le duo franco-chinois MVW ou la Britannique Faye Toogood : « Je montre de l’humour, de la joie, de la poésie. » Active dans les salons, elle travaille beaucoup avec des textures et des matériaux originaux, et une audace qui lui est propre. Elle vient d’ouvrir une nouvelle adresse parisienne, dans le Quartier latin, un secteur qu’elle entend bien révolutionner avec ses œuvres contemporaines, hors des sentiers rassurants du design minimaliste ou vintage. M.G. Galeriebsl.com
Kostia Designer autodidacte, Kostia fréquente les ventes de Drouot dès son plus jeune âge. Sur ce terreau fertile enrichi par une triple culture, russe, corse et belge, les arts décoratifs s’imposent à lui comme un moyen d’associer fonctionnel et imaginaire, utilité et audace. Dans son atelier près du faubourg Saint-Antoine – où il fut employé à façonner des meubles de style –, le bois, le bronze, la laque, le laiton, le mica ou la feuille d’or donnent corps à des dessins exécutés dans le respect du nombre d’or. La complexité technique s’accompagne souvent d’un soin extrême apporté aux détails. Ce vocabulaire, où la volonté de durer et de traduire la société contemporaine n’est jamais loin, séduit autant Le Cabinet de curiosités de Thomas Erber à l’Hôtel de Crillon que la galerie Scène ouverte installée à Beaupassage (Paris VIIe). Parmi ses créations, nous avons sélectionné Cornelius, un skateboard mélangeant essences précieuses et filets de commode XVIIIe ; Monolithe, une table basse au piétement twisté dans le bois et le laiton ; et le paravent Anatomie en bois composite Dragon Wood. N.N. Artkostia.com
Ci-contre Le designer Kostia. Ci-dessous Son skateboard Cornelius.
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ID-ART PARIS EXPO DESIGN BY IDEAT À gauche Lampe 15 au cube, de Frédérick Gautier. Ci-contre Frédérick Gautier. © WALTER BOÏ
Galerie Desprez-Bréhéret Frédérick Gautier De la rivière qui traverse Los Angeles jusqu’au siège du Parti communiste dessiné par l’architecte moderniste Oscar Niemeyer, à Paris, Frédérick Gautier s’inspire des décors urbains pour imaginer des objets du quotidien. Après une carrière dans le cinéma, il embrasse des études de paysagiste sur le tard puis découvre la céramique et en livre une version toujours brute, imparfaite et rugueuse, proche de l’esthétique du béton. À chaque fois, cet artiste itinérant installe dans les lieux un four et des sacs de terre et façonne des pièces in situ, qu’il moule ou qu’il modèle en puisant dans les moindres détails de son environnement. Il poétise avec talent une plaque d’égout, un élément de coffrage en béton… Parmi ses derniers projets, il a imaginé une lampe pour le restaurant libanais Liza, en collaboration avec le designer levantin Karim Chaya. M.G. Fck-frederickgautier.com
Si l’on connaissait surtout du modernisme les figures de Charlotte Perriand ou de Jean Prouvé, les galeristes Hélène Bréhéret et Benjamin Desprez explorent une face méconnue de l’après-guerre, celle des créateurs qui se sont détournés de la production industrielle pour privilégier des pièces plus rustiques, primitives, fabriquées par des artisans ; des pièces où la main de l’homme est centrale. C’est le cas du travail de Jean Touret aux côtés des Artisans de Marolles, des chaises de Pierre Chapo ou des créations des céramistes de La Borne (Cher). Confidentielles au départ, ces œuvres connaissent aujourd’hui un immense succès et les collectionneurs affluent à cette adresse proche du Palais-Royal, ouverte il y a deux ans. Voilà pourtant vingt ans que le couple s’est spécialisé dans le mobilier vintage, qu’il exposait déjà dans sa galerie angevine. Mais ces défricheurs ont aussi ressorti de l’anonymat deux artistes contemporains : le sculpteur Guy Bareff ainsi que Brigitte Bouquin-Sellès et ses tapisseries folk et monochromes. Un style bohème et rural qui réchauffe les intérieurs les plus urbains. M.G. Benjamin-desprez.fr
Lampadaire Bonhomme, d’Élisabeth Garouste. © ADRIEN LEMEE
En Attendant les Barbares Des premiers galeristes de design contemporain des années 80, Agnès Kentish est la seule qui a survécu aux décennies en proposant pièces iconiques et collaborations aux côtés de jeunes créateurs, travaillant toujours avec le même enthousiasme auprès d’artisans de haute facture. Cette place unique, elle l’occupe depuis sa rencontre avec Élisabeth Garouste et Mattia Bonetti, dont elle édite les premières pièces, dès 1983. M.G. Barbares.com
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Tabourets 524 Berger (Cassina) et banquettes pour Les Arcs de Charlotte Perriand, surplombées par des tapisseries Coques de Brigitte Bouquin-Sellès.
sabaitalia.it
Artwork Katrien de Blauwer - Gallery Les filles du calvaire Orizzonti rug - Eligo Studio for cc-tapis
ad Designwork photography Contratticompany
— Harmonie et créativité pour une expérience de vie unique. — Avant-Après canapé, design Sergio Bicego — Geo pouf, design Paolo Grasselli.
Salon International du Meuble — Rho/Pero (MI) — 9 > 14 Avril 2019 — Pavillon 7 — Stand L23
ID-ART PARIS EXPO DESIGN BY IDEAT
Maria Wettergren Née au Danemark, elle travaille à Paris chez Flux, puis s’installe en 2002 pour prendre la direction de la galerie Dansk Møbelkunst. En 2010, elle ouvre sa propre adresse, pour défendre l’art et le design scandinaves, tout en s’autorisant quelques incursions japonaises ou allemandes… Sa singularité ? Son œil, qui sait repérer des démarches authentiques, à la frontière entre art et design. Elle nous a fait découvrir des talents comme Ditte Hammerstrøm, Mathias Bengtsson, Grethe Soerensen et Bo Hovgaard, Tora Urup, Studio Brieditis & Evans… Des artistes qui exploitent une technologie, des designers qui se font vidéastes ou peintres, et toujours, à travers des médiums variés – verre, textile, bois, pierre –, une poésie subtile où la simplicité apparente est sublimée par les détails du travail de la main. Dernière découverte, Line Depping – qui nous fait l’honneur d’être présente sur notre stand. La finesse de son expression avec le bois hypnotise dès le premier regard. V.C. Mariawettergren.com
Ci-dessous Maria Wettergren, fondatrice de la galerie qui porte son nom. En bas Sculpture murale Fan, de Line Depping.
Ci-contre Jérôme Aumont, fondateur de Collection particulière. © BRUNO COMTESSE
Ci-dessous Vases BOS, de Christophe Delcourt. © GIORGIO POSSENTI
Collection particulière Ancien journaliste, Jérôme Aumont est avant tout un fou de design. Il y a cinq ans, il s’est lancé dans la grande aventure de l’édition de mobilier. Depuis, il façonne amoureusement une collection aux courbes généreuses et sculpturales. Ses œuvres conservent des gènes minimalistes, ce qui en fait les dignes représentantes d’une certaine élégance très française entretenue par des designers comme Dan Yeffet ou Christophe Delcourt. Ces héritiers des arts décoratifs ont recours à des matériaux précieux comme le marbre, le travertin ou le bronze patiné. Ils chérissent le travail artisanal, les petites séries… Les pièces de Jérôme Aumont sont prisées des décorateurs parisiens, qui les distillent dans les plus beaux des intérieurs. M.G. Collection-particuliere.fr
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ID-ART PARIS EXPO DESIGN BY IDEAT
Éditions du Coté
Galerie Gosserez Derrière une classification très pragmatique, par typologie (bureaux, bancs et tabourets, meubles de rangement, tapis…) se cache une collection singulière, qui navigue entre art, design et sculpture. La Galerie Gosserez a réuni une écurie de designers et d’artistes qui jouent avec les lignes, les équilibres, les pleins et les vides, les textures… Antiquaire puis commissaire-priseur, Marie-Bérangère Gosserez a fondé en 2010 sa galerie de design contemporain. Présente dans les plus grandes foires (le PAD à Paris, Londres et Genève, Collectible à Bruxelles…), elle propose des pièces rares de designers aux profils variés (de Michael Anastassiades à Damien Gernay) et organise des projets spéciaux et sur mesure pour des collectionneurs. Une passionnée, qui déniche des jeunes talents tout juste diplômés, à l’image de Valentin Loellmann, né en 1983, dont elle a édité le travail de fin d’études, des bancs et des tables de bois brûlé aux rondeurs organiques. M.G. Galeriegosserez.com En haut Bureau avec tiroir et chaise Fall/Winter, de Valentin Loellmann. Ci-contre MarieBérangère Gosserez, la fondatrice.
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Créées en 2017 au Pays basque, à Biarritz précisément, les Éditions du Coté s’attachent à faire se rencontrer des artisans aux savoir-faire enracinés dans leur territoire et des artistes, des designers ou des talents émergents, souvent du coin, mais aussi d’ailleurs, afin de produire des pièces singulières, en éditions limitées ou sur mesure, à la commande. Entre Bordeaux et Bilbao, Pau et Biarritz, deux collections commissionnées, soit une quinzaine de créations, ont déjà vu le jour avec, chaque fois, l’ancrage basque, l’extrême qualité d’exécution et la durabilité pour postulats. Nous avons sélectionné deux pièces issues de ce design porteur de sens : Elkano, un siège sculpture dont l’équilibre inédit entre acier et corde renvoie à la gestuelle d’un chorégraphe conjuguée au travail d’un métallier, d’un thermolaqueur et d’un vannier ; et Le Rayon vert, un tableau miroir en acier poli tout droit surgi d’une rêverie face à l’Océan. N.N. Editionsducote.com
Ci-contre Élodie Maentler et MarcAlexandre Ducoté, les deux fondateurs. Ci-dessous Siège Elkano, d’Ucka Ludovic Ilolo. Artisans : Florent Canini, Simon Merlo, Benoît Goudard et Daniel Lizarralde. © CLAUDIA LEDERER
SECRETS D’AKRÓPOLIS
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Fabrics and wallcoverings www.misia-paris.com
Contemporary design parce que quand c’est beau, c’est mieux !
Shell
Capo
Barcelona
(Hans Wegner / Carl Hansen & Son)
(Doshi & Levien / Cappellini)
(Ludwig Mies van der Rohe / Knoll)
Masters
Vegetal
Swan
(Philippe Starck / Eugeni Quitllet / Kartell)
(Erwan et Ronan Bouroullec / Vitra)
(Arne Jacobsen / Fritz Hansen)
Acapulco
Up 5 & 6, La Mamma
RAR
(BOQA)
(Gaetano Pesce / B&B Italia)
(Charles et Ray Eames / Vitra)
Les couleurs sontelles l’expression du bonheur ? #SayYesToTheWorld* *
Dites oui au monde
SPÉCIAL ALLEMAGNE & BAUHAUS
Calendrier Expositions et musées : le parcours archi/design indispensable pour tout comprendre du Bauhaus
Design Rétrovision : 24 icônes racontent l’émergence de la modernité Les news du salon IMM Cologne La créativité allemande de A à Z
Road trip Weimar, Dessau, Berlin : 3 étapes phares pour les fans du Bauhaus
Archi cité Hambourg, le feu sous la glace Tel-Aviv, une page blanche façonnée par les modernistes
Réglable en hauteur, le luminaire à LED sans fil Parrot offre 100 heures d’autonomie (Tobias Grau). © ALESSIO BOLZONI
ID-NEWS DESIGN BAUHAUS
« Une chaise, c’est un objet très difficile. Un gratte-ciel, c’est presque plus facile. » Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969)
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Légèreté bien ordonnée Beaucoup d’icônes du design éditées par l’américain Knoll, acteur phare du mobilier du XXe siècle, ont d’abord été créées pour des intérieurs privés. En 1927, le fauteuil et la chaise longue de l’actuelle collection « MR », conçus pour la villa Lange que Ludwig Mies van der Rohe bâtit à Krefeld, en Allemagne, ne dérogent pas à la règle. Quand on pense au maître allemand, on pense aussi à Lilly Reich (1885-1947), sa collaboratrice pendant treize ans, élue jeune directrice du Deutscher Werkbund, l’association d’artistes prônant l’innovation aussi bien dans les arts appliqués que dans l’architecture. C’est là que, en 1926, ces inséparables dans la vie comme au travail se sont inspirés du mobilier en acier tubulaire de l’architecte Marcel Breuer, lui-même excité par les recherches de son confrère néerlandais Mart Stam, pour peaufiner le siège à piétement luge. Ludwig et Lilly ont rendu leurs assises les plus aériennes possible. Elles furent présentées en 1927 à l’exposition du Weissenhof, à Stuttgart. Depuis 1964, la collection « MR » est un fleuron de Knoll, emblématique des choix promus par l’éditrice Florence Knoll, disparue cette année à l’âge de 101 ans. Le plus étonnant reste ce sentiment que, quel que soit l’intérieur que ces sièges stars intègrent, ils conservent leur discrétion. Une impression qui perdure en dépit du fait qu’ils ont au départ été dessinés pour s’accorder avec l’espace spécifique d’une maison… G.-C.A.
ID-NEWS BIRTHDAY BAUHAUS
Thonet, fidèle au « Less is more » Par Guy-Claude Agboton
À l’occasion du centenaire du Bauhaus, Thonet dévoile deux éditions limitées du fauteuil S 533 F, de l’architecte Ludwig Mies van der Rohe. Ce produit anniversaire n’est pas un épiphénomène, mais une nouvelle démonstration de l’actualité de la fameuse école allemande.
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hez l’éditeur allemand Thonet, le centenaire du Bauhaus est l’occasion de remettre en avant le fauteuil S 533 F, de Mies van der Rohe, dernier directeur de l’institution. L’éditeur historique, plutôt que de jouer les gardiens du temple, a donc demandé à
deux jeunes designers allemands, Eva Marguerre et Walter Besau, d’en réaliser une édition spéciale. Le fameux portrait de Mies van der Rohe assis, fumant le cigare, le corps ne laissant apparaître que la courbe en acier tubulaire du piétement en porte-à-faux du siège, n’a rendu célèbre que la chaise. Le duo de designers sollicité devait innover en respectant le travail d’un maître du Bauhaus. Que faire ? Rester simple. D’abord, le piétement luge en tubes d’acier devient nacré ou chromé, couleur champagne. Ensuite, le modèle nacré a été associé à du cuir anthracite et le chromé, à de la peau rose tendre. De prime abord, ce n’est pas une révolution. Pourtant, à la vue et au toucher, on se défait du préjugé qui associe le design du Bauhaus à une certaine « froideur ». Eva Marguerre l’affirme sans détour : « Nous avons voulu créer un contraste en opposant la rationalité à la douceur. » Cette édition est limitée à 100 exemplaires pour chaque version. Avec le temps, peut-être deviendront-ils une rareté recherchée… Jusqu’à présent, en dehors du cannage, on ne connaissait ces sièges qu’habillés de cuir noir ou blanc. Cette édition spéciale rappelle ainsi que le Bauhaus n’est pas un corset de préceptes, mais plutôt un chapelet d’idées à interpréter ! L’école a fait de même au fil de ses déménagements, fuyant les critiques des conservateurs, le manque de crédits ou les bruits de bottes… L’esprit qui en découle, lui, a survécu. Il s’est même répandu, grâce à l’exil de ses professeurs et de ses anciens étudiants dans le monde entier. Ce canevas d’idées, sur lequel toutes sortes de créateurs ont pu donner libre cours à leur imagination, souligne toute la singularité du Bauhaus : un mouvement dans lequel la modernité est toujours présente.
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Le duo de jeunes designers allemands, Eva Marguerre et Walter Besau, a réinterprété pour Thonet le célébrissime fauteuil S 533 F, designé en 1927 par Mies van der Rohe, en le modernisant de façon subtile. Le piétement est ici en tubes d’acier chromé champagne ou nacré et s’habille de cuir rose pâle ou anthracite pour exhaler un parfum chaleureux inédit.
PEDRERA by Eugeni Quitllet SOLID by Stefano Giovannoni AFRICA by Eugeni Quitllet FAZ by Ramรณn Esteve WALL-STREET by Eugeni Quitllet VASES by JM Ferrero
vondom.com
ID-NEWS DESIGN BAUHAUS
Tecta en version originale Par Guy-Claude Agboton
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Il y a dix ans, déjà, IDEAT avait eu un coup de cœur pour Tecta, un éditeur de mobilier allemand qui propose des classiques du design du XXe siècle, mais pas que. Ici, chaque pièce est réalisée d’après les épures originales du Bauhaus ou conçue par des designers avertis, dont l’esprit n’a rien à envier à celui des Bauhaus Meisters. Wunderbar !
T
out a commencé en 2009, lors d’un voyage en Allemagne pour commémorer les 90 ans du Bauhaus. Dans un Weimar désert, un journaliste arpentait les rues, encore émerveillé par la visite du bureau et par le fauteuil cubique tendu de tissu jaune, le
fameux F51, de Walter Gropius, le premier directeur de la célèbre école d’art. Hanté par cette persistance rétinienne, il tombe nez à nez avec une réédition de cette pièce iconique dans la vitrine d’un magasin. Aussitôt, il note le nom de l’éditeur : Tecta. Dix ans plus tard, pour le centième anniversaire du Bauhaus, l’œil du même journaliste, parcourant cette fois-ci les allées de la Biennale Interieur de Courtrai, en Belgique, s’arrête devant une table roulante jaune, trônant sur le stand de Tecta. Aucun autre label ne propose une telle profusion – une trentaine de créations – de pièces issues du Bauhaus. Gage de sérieux, leur fabrication est auréolée du label « Original Bauhaus », accordé par les archives de l’école d’art, à Berlin. Si la petite table roulante est, en réalité, une production contemporaine, elle semble tout droit sortie du salon des Kandinsky. Tecta a été fondée en 1956, à Lauenförde, en Basse-Saxe, par l’architecte Hans Könecke. La société a été reprise en 1972 par Werner et Axel Bruchhaüser. Ce dernier travaille aujourd’hui avec son neveu, Christian Drescher, directeur de la marque. L’architecte anglais du siège social de Tecta, Peter Smithson, a dit un jour qu’on pouvait se déplacer dans les locaux les yeux fermés, en suivant le parfum des activités : bois, métal, tissu, cuir, laque. Tout est conçu sur place. Les lieux abritent aussi le musée de la Chaise en porte-à-faux, dirigé par Daniela Drescher, l’épouse de Christian. Exempt de murs blancs arty, il ouvre sur un paysage bucolique. C’est dans ce tableau serein que le Bauhaus parvient, malgré sa disparition officielle en 1933, à perpétuer son esprit.
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1/ En chêne, la table Lot, du designer Wolfgang Hartauer, est on ne peut plus facile à déplacer et à rallonger : c’est voulu. 2/ La desserte à roulettes M4RS, qu’on croirait tout droit sortie du Bauhaus, a été conçue par la team Tecta en 2002 !
Tecta (distribution Siltec). 51, rue de Miromesnil, 75008 Paris. Tél. : 01 42 66 09 13. Siltec-mobilier.com
ID-NEWS DÉCO BAUHAUS
Les variations Bauhaus de Créations Métaphores Par Serge Gleizes
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Sous la direction artistique de Philippe Gonzalez, les dernières collections de Créations Métaphores rendent à leur manière un bel hommage au Bauhaus. Car l’esprit de l’école allemande avait aussi gagné le textile. Il se perpétue à travers la philosophie que défend la maison d’édition de tissus depuis ses débuts : l’épure, la couleur, la force stylistique, la sauvegarde des savoir-faire d’exception.
C
’est en grande partie grâce aux femmes si l’esprit du Bauhaus a imprégné les tissus, et notamment avec l’atelier de tissage dirigé pendant quatre ans par Gunta Stölzl, designer textile allemande, grande figure du Bauhaus. Et cela est d’autant plus
troublant que cette école révolutionnaire, née il y a cent ans, et qui a fédéré des arts aussi divers que l’architecture, le design, la peinture, la céramique, le textile, le bois, le verre et la peinture, a plutôt penché du côté de l’austérité, de l’obsession minimaliste et masculine et d’une certaine âpreté émotionnelle. L’atelier textile se focalisera sur le tissage, parallèlement aux techniques du crochet, du nouage, du macramé, de la broderie… qui y seront
1/ Jacquard Lutétia Doré
également enseignées. « Le Bauhaus fut la concrétisation d’une nouvelle esthétique fon-
(Verel de Belval). 2/ Velours Vassily Garance (Métaphores). 3/ Velours Vassily Bronze (Métaphores). 4/ Jacquard Bauhaus Printemps (Métaphores). 5/ Jacquard Météorite Brun de garance (Métaphores). 6/ Jacquard Sèvres Aurore (Verel de Belval).
dée sur le dépouillement et la géométrie, et représente une nouvelle quête de la forme et de la couleur en totale rupture avec tout ce qui a été fait auparavant, notamment avec l’art décoratif de la fin du XIXe siècle, commente Philippe Gonzalez. Mais ce fut surtout une aventure collective, humaine et audacieuse. Dans le domaine du textile, les motifs sont simples, les matières innovantes, les contrastes percutants, notamment entre la rusticité de certaines réalisations et la sophistication qui s’en dégage. Et cela est d’autant plus troublant que cette période fort courte, puisqu’elle correspond à l’entre-deux-guerres, a considérablement influencé le XXe siècle, et notamment participé à l’essor de l’industrialisation
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et à la démocratisation du design. » Dans la création textile, l’influence du Bauhaus se traduit par un travail particulier de la matière, du dessin et de la couleur, par des dominantes de motifs graphiques, de rayures, de formes simples et abstraites. Des éléments repris par Créations Métaphores cette saison à travers une dizaine de lignes, dont trois répondent tout particulièrement aux thèmes développés par l’illustre école.
Une résonnance avec les interrogations actuelles Mies, pour commencer, est un uni en lin et en laine au toucher doux et sec, dont la belle texture capte la lumière. Autre de ses vertus, la très grande résistance de ses fibres destinées à aussi bien recouvrir des sièges qu’à confectionner des tentures et des rideaux. Associant pour la première fois technique de teinture, impression et rasage spécial du velours à des hauteurs différentes, Vassily, travaillé sur la base du velours de coton St Germain, évoque un autre thème fort du mouvement : l’innovation. Révélant la subtilité des couleurs, l’effet graphique est des plus réussis. Quant au modèle Lutétia, un jacquard en soie et coton né des savoir-faire des soieries lyonnaises et des studios de tissage de Créations Métaphores, il est assurément celui qui illustre le mieux le mariage entre l’art et l’artisanat. « On se reconnaît complètement dans cette défense des savoir-faire d’exception que le Bauhaus a prônée dès son origine, reprend Philippe Gonzalez, mais pas uniquement. Car il a également une forte résonance aujourd’hui, il fait écho à nos interrogations sur l’environnement, la durabilité, la production locale, la sauvegarde des métiers ancestraux et l’innovation. Il aborde la notion de recyclage, qui est également au cœur de notre réflexion, tout comme la résistance, la longévité, la traçabilité des matières, leur haute qualité ou les fibres majoritairement naturelles. Car, au-delà d’une esthétique, le Bauhaus est également une philosophie, il apporte un supplément d’âme. »
Entreprise du patrimoine vivant, Créations Métaphores regroupe trois prestigieuses maisons de tissus : Le Crin, créée en 1814, les tissages Verel de Belval, qui vit le jour en 1912, et Métaphores, fondée en 1981. En 2001, le regroupement rejoint la Holding Textile Hermès.
Créations Métaphores. 5, rue de Furstemberg, 75006 Paris. Tél. : 01 46 33 03 20. Creations-metaphores.com
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ID-NEWS DÉCO BAUHAUS
Hommage à la ligne C’est la grande tendance de la saison : évoquer la force stylistique de l’un des plus grands courants artistiques du XXe siècle à travers des collections qui mélangent lignes épurées, tissages géométriques, couleurs neutres, abstraction et motifs stylisés. Par Serge Gleizes
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Arte, variations géométriques
Dedar, dégradés soft
Nobilis, alchimie de tissages
Avec la collection « Atelier » – motifs Alma (photo), Campo, Odeon, Plaza et Cosma –, Arte, maison spécialisée dans la création et la fabrication de revêtements muraux haut de gamme, réalisés pour des projets aussi bien résidentiels que publics, s’inscrit dans une démarche stylistique fortement inspirée des lignes graphiques et épurées du Bauhaus. Petit plus de la saison : avoir lancé, parallèlement à ces belles déclinaisons d’unis et de motifs ton sur ton, une seconde collection de revêtements imprimés complètement opposée, « Extinct Animals ». Née d’une collaboration avec la marque de design italien Moooi, cette seconde gamme décline, dans une palette riche en couleurs, une dizaine de motifs inspirés de la fourrure, du plumage ou de la peau d’animaux en voie d’extinction. —
Avec sa trame dégradée tissée de fibres métalliques, le motif L’Âge d’or (photo) renoue avec le beau travail d’Anni Albers – artiste textile américaine d’origine allemande, designer et théoricienne, très liée à l’école du Bauhaus, qui a enseigné au Black Mountain College d’Asheville, en Caroline du Nord, établissement disparu en 1957. Ce nouveau dessin complète ainsi la recherche que la marque italienne avait entamée avec Present Perfect et Present Continuous, quête que l’on retrouve également dans les motifs abstraits et stylisés d’Engram ou encore de Lora Logic. Des dessins tissés sur un jacquard de laine, en parfaite osmose avec les dernières-nées de la maison, dont la gamme « Texturologie » à base de laine, de coton, de lin et d’alpaga filés à la main, inspirée par les grands courants décoratifs du XXe siècle.
Si c’est surtout le tapis Cosmopolitan aux lignes déstructurées qui rend hommage au Bauhaus, les autres nouveautés le font également, mais d’une manière plus détournée, tels les revêtements muraux Fine Sisal (photo), la collection « Opus » inspirée par la mode, l’architecture des palais italiens, les dessins de palmes des années 80 et les rubans imprimés, la gamme de draps de laine « Mont-Blanc » avec un nouvel imprimé de fougères ou encore la ligne « Anatolia » regroupant, sur une élégante toile de lin, broderies, tissages de raphia et voilages Jacquard. Urbaines et glamour, casual et sophistiquées… les nouveautés de la saison réinventent ainsi le classicisme à partir d’unis et de motifs graphiques travaillés dans des jacquards, des lins, des laines et des velours tissés dans des tonalités chaleureuses, légères et intenses.
Arte. 6 bis, rue de l’Abbaye, 75006 Paris. Arte-international.com
— Dedar. 20, rue Bonaparte, 75006 Paris. Dedar.com
— Nobilis. 38, rue Bonaparte, 75006 Paris. Nobilis.fr
Luv. Elégance nordique. Le design de la série de Cecilie Manz associe le purisme nordique à l‘élégance intemporelle empreinte d‘émotion. Des formes douces suivent une géométrie rigoureuse. Il en résulte un programme exceptionnel dans un langage design novateur, à combiner selon les envies - puriste ou élégant. Plus d‘informations sous www.duravit.fr
ID-CALENDRIER BAUHAUS
Label Bauhaus Par Sabrina Silamo
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Comment, en quatorze ans d’existence seulement, l’école de Weimar, le Staatliches Bauhaus, a-t-elle pu avoir autant d’influence ? Réponse à travers quatorze objets iconiques exposés cette année à Berlin.
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riginal, copie ou série… S’ils privilégiaient les œuvres uniques, faites à la main, les artistes du Bauhaus ne s’opposaient pas à la production industrielle, tant s’en faut, puisque leur idée était de briser les frontières entre art et industrie. Les multiples
rééditions ou imitations de leurs créations ont non seulement popularisé leurs vues auprès
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du plus grand nombre, mais en ont aussi permis la transmission, érigeant l’école de Walter Gropius et consorts, malgré la courte durée de son activité, en lieu d’expérimentation le plus influent du XXe siècle. Mais qu’est-ce que la lampe WG24 de Whilhelm Wagenfeld, le fauteuil Wassily de Marcel Breuer ou la théière MT 49 de Marianne Brandt possèdent de si particulier ? Cette exposition du centenaire répond à cela à travers quatorze objets mythiques,
en acier de Breuer est-elle devenue l’inconnue la plus célèbre de l’histoire du design ? Pour-
1/ Woman Wearing a Theatrical Mask by Oskar Schlemmer and Seated on Marcel Breuer’s TubularSteel Chair (1926). © ERICH
quoi la boule à thé, pensée pour être produite en série, est-elle restée à l’état de prototype ? La
CONSEMÜLLER / DRESS MATERIAL:
un par année d’existence du Bauhaus ; quatorze études de cas qui retracent la genèse cachée de ces chefs-d’œuvre. Comment la fameuse femme assise masquée dans le fauteuil tubulaire
Haus am Horn, à Weimar, une maison-résidence dessinée par Georg Muche en 1923 et amé-
BAUHAUS-ARCHIV BERLIN /
nagée par Marcel Breuer, a-t-elle une réplique secrète ? En revisitant un tel héritage, l’exposi-
DR. STEPHAN CONSEMÜLLER
tion démontre que chacun de ces objets respecte à la lettre le manifeste édicté par Walter Gro-
2/ La théière MT 49 de Marianne Brandt (1924).
pius en 1919 : « Formons donc une nouvelle corporation d’artisans, sans l’arrogance des classes
© GUNTER LEPKOWSKI /
séparées et par laquelle a été érigé un mur d’orgueil entre artisans et artistes.Voulons, conce-
BAUHAUS-ARCHIV BERLIN /
vons et créons ensemble la nouvelle construction de l’avenir, qui embrassera tout en une seule
VG BILD-KUNST BONN 2019
forme – architecture, plastique et peinture –, qui s’élèvera par les mains de millions d’ouvriers
« Original Bauhaus ». À la Berlinische Galerie, à Berlin, du 6 septembre 2019 au 27 janvier 2020. Berlinischegalerie.de
vers le ciel futur, comme le symbole cristallin d’une nouvelle foi prochaine. » Avec son ambition affirmée d’établir une relation entre l’art et le social, le Bauhaus permit à l’Allemagne de relancer son économie… avant que l’école ne soit fermée en 1933 par le régime nazi.
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ELISABETH BEYER-VOLGER,
ID-CALENDRIER BAUHAUS
Parcours modernistes Par Sabrina Silamo
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Du nord au sud et d’est en ouest, plusieurs itinéraires à travers toute l’Allemagne proposent de découvrir les sites marqués de l’empreinte architecturale du début du XXe siècle jusqu’à la veille du XXIe.
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ondé à Weimar en 1919, le Bauhaus fut transféré à Dessau en 1925 puis à Berlin en
aux commémorations avec un « Grand Tour der Moderne » (grand tour du modernisme),
1/ Les maisons jumelles conçues en 1927 par Le Corbusier pour la cité ouvrière de Weissenhof, à Stuttgart, abritent désormais le musée qui retrace l’histoire de ce projet d’avant-garde piloté par Mies van der Rohe, le Weissenhofmuseum im Haus Le Corbusier. 2/ Rénovés entre 2001 et 2007, les bâtiments de l’école fédérale de l’ADGB, à Bernau (une réalisation conduite par Hannes Meyer, directeur du Bauhaus à l’époque), ont retrouvé leur aspect originel de 1930.
qui retrace un siècle d’histoire architecturale (de 1900 à 2000) à travers plus de 100 sites
© TILLMANN FRANZEN
1932. Pour fêter le centenaire de la naissance de cette école révolutionnaire, les trois villes s’associent pour organiser un festival itinérant, « Triennale der Moderne » (trien-
nale du modernisme), afin de promouvoir l’architecture moderne en Allemagne. Parmi les événements proposés à Weimar figure la visite de la maison Hohe Pappeln, une œuvre d’art totale créée en 1907 par le Belge Henry Van de Velde (1863-1957). Pionnier de l’Art nouveau, celui-ci fonda l’Institut des arts décoratifs et industriels de Weimar, cette école d’arts appliqués que Walter Gropius (1883-1969) fera renaître sous le nom de Bauhaus. À Dessau, un hommage sera rendu à Gunta Stölzl (1897-1983), qui dirigea l’atelier de textile de l’école pendant quatre ans et dont les œuvres sont entrées dans les collections de musées aussi prestigieux que le MoMA de New York. Quant à Berlin, elle fêtera Gropius dans un symposium qui permettra de décrypter les multiples facettes de la créativité de l’architecte à partir notamment de quatorze de ses constructions. Le reste du pays participe également
choisis. Les parcours conseillés sont ponctués de chefs-d’œuvre comme la maison Schulenburg à Gera – érigée entre 1913 et 1914 par Henry Van de Velde, elle abrite à présent la plus grande collection de publications de l’artiste en Europe –, l’atelier de poterie de Dornburg – situé dans les anciennes écuries d’un petit château à 25 km de Weimar –, l’école fédérale de la Confédération syndicale allemande générale (ADGB) à Bernau – inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis juillet 2017 – ou encore la cité de Weissenhof, à Stuttgart – un programme de 21 constructions de logements ouvriers réalisées en 1927 sous la houlette de Ludwig Mies van der Rohe, qui s’est entouré pour l’occasion de 17 architectes originaires de cinq pays européens, parmi lesquels Le Corbusier.
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« Triennale der Moderne ». Du 26 au 29 septembre à Weimar, du 4 au 6 octobre à Dessau et du 11 au 13 octobre à Berlin. Triennale-der-moderne.de « Grand Tour der Moderne ». Toute l’année à travers l’Allemagne. Grandtourdermoderne.de
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ID-CALENDRIER BAUHAUS
Deux musées pour une même école de pensée Par Sabrina Silamo
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L’enseignement de Walter Gropius reste un symbole de la modernité. En témoignent cette année les inaugurations de deux musées, l’une à Weimar en avril et l’autre à Dessau en septembre, qui marqueront le centenaire de la création de sa fameuse institution, le Bauhaus.
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eimar, mars 1919. Fraîchement nommé directeur de l’école des arts appliqués, Walter Gropius la rebaptise Bauhaus (littéralement, « maison de la construction »), en souvenir de la Bauhütte, un terme qui désigne la loge des
bâtisseurs de cathédrales du Moyen Âge. « Architectes, sculpteurs, peintres, nous devons tous retourner à l’artisanat ! » affirme-t-il. Mais cet établissement avant-gardiste, qui abolit le clivage entre artisans et artistes, ne résiste pas aux diktats du national-socialisme. Après la dissolution de son école en 1924, Gropius déménage à Dessau, à 150 km de là. Le 6 avril prochain, à l’issue d’un chantier qui aura duré trois ans, c’est sur le lieu d’implantation initial que s’ouvre le musée du Bauhaus de Weimar, vaste parallélépipède de béton dessiné par Heike Hanada (professeure d’architecture à l’université Bauhaus) et Benedict Tonon. Derrière une façade composée de bandes horizontales en verre dépoli,
© HEIKE HANADA LABORATORY OF ART AND ARCHITECTURE
exposition temporaire consacrée au modernisme. Un deuxième musée du Bauhaus sera
2/ Image de synthèse d’une vue extérieure, depuis la Kavalierstrasse, du projet présenté par le collectif d’architectes barcelonais Addenda, qui s’est formé en 2015 pour la réalisation du musée de Dessau.
inauguré à Dessau, la ville qui s’enorgueillit de nombreuses maisons aux façades blanches
© GONZÁLEZ HINZ ZABALA
et aux grandes baies vitrées dessinées par Gropius lui-même. Le 8 septembre, les visi-
Bauhaus Museum Weimar. Ouverture le 6 avril. Stéphane-Hessel-Platz 1, 99423 Weimar. Bauhausmuseum weimar.de
cet espace minimaliste remplace l’ancien musée, un bâtiment du XIXe siècle en brique rouge. Cinq niveaux permettent de déployer une collection riche de 13 000 documents et objets (parmi lesquels le fauteuil B3 « Wassily » de Marcel Breuer, la théière en argent de Marianne Brandt ou les céramiques de Theodor Bogler), et de présenter une première
teurs pourront découvrir, à deux pas de l’école historique, une simple coque de verre imaginée par le collectif barcelonais Addenda (Anne Hinz, Cecilia Rodríguez, Arnau Sastre, José Zabala et Roberto González). Dans ces 2 100 m2, meubles, lampes, textes, papiers peints et autres prototypes industriels constituant la collection de la Fondation Bauhaus Dessau seront exposés sur une passerelle flottante. Tandis que la plateforme du rez-de-chaussée, directement ouverte sur la ville, deviendra une arène pour artistes, architectes et designers : un lieu de rencontres fidèle aux principes de décloisonnement des arts édictés par Gropius, Kandinsky et Klee.
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1/ Visualisation 3D du foyer blanc épuré du musée de Weimar, conçu par Heike Hanada en collaboration avec Benedict Tonon.
Bauhaus Museum Dessau. Ouverture le 8 septembre. Mies-van-der-Rohe-Platz 1, 06844 Dessau-Rosslau. Bauhaus-dessau.de
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ID-CALENDRIER BAUHAUS
D’hier à aujourd’hui Partout en Allemagne ou presque, le Bauhaus est fêté à travers diverses expositions qui ne se contentent pas de retracer l’histoire de ces quatorze années fondatrices mais soulignent aussi l’héritage de l’école chez les artistes contemporains. Par Sabrina Silamo
Friedrichshafen
Berlin
Munich
Un standard idéal
Une nouvelle unité !
40 objets – 5 conversations
Si l’expérience menée dans les écoles de Weimar, Dessau et Berlin, totalement novatrice dans son refus des hiérarchies entre l’art et l’artisanat, ne dura que quatorze ans, de 1919 à 1933, son influence a pourtant abouti à une transformation du design d’un point de vue fonctionnel et esthétique qui a eu des conséquences sur l’espace de vie et la production de masse. Ce dont témoignent cinq artistes contemporains de renommée internationale, Katarina Burin, Erika Hock, Christopher Kulendran Thomas, Pakui Hardware et Andrea Zittel, qui tous explorent les points de rencontre entre l’Histoire, la culture et la société. L’exposition du Zeppelin Museum qui les rassemble établit des parallèles entre leurs façons de penser et de travailler au XXIe siècle et les pratiques modernistes du Bauhaus.
Dans le contexte de l’émergence du modernisme à l’échelle européenne, l’exposition du Bröhan-Museum (musée de l’Art nouveau, de l’Art déco et du Fonctionnalisme) retrace l’évolution des styles depuis les Arts and Crafts (1860) jusqu’au Bauhaus. Le parcours – riche de quelque 300 pièces phares (mobilier, design graphique, art du métal, céramique, peinture) issues de cinquante ans d’histoire du design – montre comment le Bauhaus a été influencé par les propositions de la Glasgow School of Arts, de l’Art nouveau de Vienne, du Deutscher Werkbund, du groupe néerlandais De Stijl ou encore du constructivisme russe. C’est leur audace et leur recherche d’un langage moderne dans le cadre de la relation triangulaire entre art, industrie et artisanat qui ont servi de socle au développement du langage du Bauhaus.
Fondée en 1925, Die Neue Sammlung fut l’un des premiers musées à faire l’acquisition de pièces tout droit sorties du Bauhaus. Aujourd’hui, elle sort de ses réserves 40 de ces objets exceptionnels (signés Anni Albers, László Moholy-Nagy, Theodor Bogler, Marcel Breuer…) afin de les confronter aux créations de 5 artistes contemporains issus de tous les champs artistiques : la poésie avec Barbara Köhler, le stylisme avec Ayzit Bostan, l’architecture avec Anupama Kundoo… Ainsi, le compositeur Junya Oikawa présente une installation sonore pour animer le jeu d’échecs du sculpteur Josef Hartwig, tandis que la plasticienne Sofie Thorsen répond à sa façon aux interpénétrations spatiales d’Hermann Finsterlin, qu’ils a baptisées « Didyms ». Un dialogue qui révèle l’éternelle modernité de ces pièces historiques.
BOÎTES MÉTALLIQUES « KAFFEE HAG » POUR LA SOCIÉTÉ KAFFEE-HANDELS, BREMEN (VERS 1910), DESIGN ALFRED RUNGE ET EDUARD SCOTLAND. © MARTIN ADAM / BRÖHANMUSEUM ET PLAKATHANDEL MARC WEGNER
REFLECTED MOMENT – DAS BAUHAUS SCHACHSPIEL (2019), INSTALLATION SONORE DE JUNYA OIKAWA INSPIRÉE DU JEU D’ÉCHECS DE JOSEF HARTWIG. © JUNYA OIKAWA
INSTALLATION SALON TACTILE (2018), D’ERIKA HOCK. © MARKUS TRETTER / ZEPPELIN MUSEUM
— « Ideal Standard. Spekulationen über ein Bauhaus heute ». Au Zeppelin Museum Friedrichshafen, jusqu’au 28 avril. Zeppelin-museum.de
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— « Von Arts and Crafts zum Bauhaus. Kunst und Design – eine neue Einheit! ». Au Bröhan-Museum, à Berlin, jusqu’au 5 mai. Broehan-museum.de
— « Reflex Bauhaus. 40 Objects – 5 Conversations ». À la Pinakothek der Moderne, à Munich, jusqu’au 2 février 2020. Dnstdm.de et Pinakothek-der-moderne.de
Frames. Dining Chair. Jaime Hayon —— Photographer: Klunderbie ©
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ID-CALENDRIER BAUHAUS
Abstraction et autres géométries radicales Par Sabrina Silamo
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De l’autre côté de l’Atlantique, à Boston, le Museum of Fine Arts célèbre à son tour le centenaire de la création de l’école allemande. Y sont ainsi présentés les dessins de certains professeurs du Bauhaus, tels Kandinsky ou Paul Klee, qui définissent un langage abstrait et géométrique inspirant pour quelques photographes de l’après-guerre. La preuve en deux expositions.
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es Kleine Welten, autrement dit les « petits mondes » dessinés à la pointe sèche de Vassily Kandinsky, sont à l’origine de cet événement. Autour de ce portfolio de douze estampes, récemment légué au musée de Boston, ont été réunies plus de soixante
œuvres sur papier, principalement des estampes, mais aussi des dessins, des photographies et dix des vingt cartes postales conçues par des enseignants et des étudiants en 1923, à Weimar, pour la première exposition du Bauhaus. L’ensemble permet de révéler l’influence durable des principes élaborés par la légendaire école allemande dans les domaines de l’architecture et du design industriel. Pourtant de cultures et de nationalités diverses, les membres du corps professoral (l’Allemand Josef Albers, le Hongrois László Moholy-Nagy, le Russe Vassily Kandinsky, le Suisse Paul Klee ou l’Américain Lyonel Feininger) ont su développer un même langage composé de lignes harmonieuses qui se superposent, se touchent ou s’ignorent et créer des motifs géométriques, dont se réclameront notamment certains photographes après la Seconde Guerre mondiale. Les quelque trente-cinq tirages en noir et blanc, présentés dans une deuxième exposition intitulée « Visions d’après-guerre – Photographie européenne, 1945-1960 », affirment la persistance de l’esthétisme élaboré par le Bauhaus. Gouttelettes de pluie coulant sur une vitre, cycliste glissant sur une route sinueuse, courbes d’un nu… chacune de ces images, fondées sur l’observation du monde environnant urbain et industriel ou sur les détails de la vie quotidienne, s’inspire des formes abstraites dessinées trente ans plus tôt par Walter Gropius et ses collègues. En témoignent les cadrages audacieux de Bill Brandt ou les perspectives insolites d’Ilse Bing.
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1/ Untitled (1923), de László Moholy-Nagy, lithographie issue du portfolio « Constructions ». Don de Richard E. Caves. 2/ Belgravia, London (1951), de Bill Brandt, épreuve à la gélatine argentique tirée de la série « Perspective of Nudes ». SOPHIE M. FRIEDMAN FUND / PHOTOGRAPH © MUSEUM OF FINE ARTS, BOSTON
« Radical Geometries – Bauhaus Prints, 1919–33 » et « Postwar Visions – European Photography, 1945-60 ». Au Museum of Fine Arts, à Boston, jusqu’au 23 juin. Mfa.org
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ID-NEWS BOOKS BAUHAUS
Par Marie Godfrain
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Frères d’armes
Bauhaus, de B à S
Archipolitique
La Bande du Bauhaus, de Nicholas Fox Weber, Fayard, 624 p., 30 €.
L’Esprit du Bauhaus, collectif, Les Arts décoratifs, 288 p., 39 €.
Ludwig Mies van der Rohe, de Jean-Louis Cohen, Birkhaüser, 192 p., 45 €.
À travers les portraits des maîtres du Bauhaus (Klee, Mies van der Rohe…) que dresse le spécialiste Nicholas Fox Weber, on replonge dans l’époque de l’aînée des écoles d’art moderne, où les utopies guidaient constamment la créativité. C’est en côtoyant longtemps le seul couple parmi les résidents du Bauhaus, Josef et Anni Albers, que Nicholas Fox Weber a pu pénétrer les secrets de cette petite « bande ». Un ouvrage magistral qui entraîne le lecteur dans les (més)aventures de ce courant initié par l’architecte Walter Gropius et qui hésite souvent entre la petite et la grande histoire.
Il y a trois ans, le musée des Arts décoratifs rendait hommage à l’esprit du Bauhaus en présentant plus de 900 œuvres. Ce catalogue de l’exposition est surtout une vision impressionniste du courant artistique et lance des pistes de réflexion. Parmi les sujets évoqués : « Le génie du style Bauhaus et sa portée universaliste », « Du Moyen Âge à l’Art nouveau : les sources du Bauhaus »... Le livre consacre une large part aux onze ateliers qui composaient l’école : menuiserie, textile, théâtre, architecture… Et propose un regard sur la maison-témoin de l’exposition de 1923 à Weimar. Vivifiant !
Figure majeure du Bauhaus, Mies van der Rohe a eu une vie intrinsèquement liée à la politique de son époque, des recherches théoriques sur le béton qu’il mena très jeune à son rapport ambigu au national-socialisme puis son départ d’Allemagne pour Chicago, où il délivrera sa vision d’une Amérique moderne à travers ses projets de verre et d’acier. À l’aide de textes, de photos et de plans, ce livre retrace l’évolution multiforme de son travail. Le théoricien Jean-Louis Cohen livre ici une biographie fascinante et mise à jour l’année dernière.
L’hier et l’aujourd’hui
De Weimar à Mexico...
En version féminine
The Bauhaus: #itsalldesign, collectif, Vitra Design Museum, 464 p., 80 €.
Josef Albers in Mexico, collectif, Guggenheim Museum Publications, 128 p., 44 €.
Les Filles du Bauhaus, de Patrick Rössler, Taschen, 480 p., 30 €.
Si l’on connaît par cœur les œuvres et artistes majeurs du Bauhaus, il est intéressant d’en retrouver les répercussions sur les designers contemporains. Le musée Vitra propose, dans ce catalogue, de revenir sur le lexique de ce courant (artisanat, danse, inflation, Zeitgeist…), puis de mettre en lumière des documents d’archives avec, en visà-vis, des créations et citations de designers actuels (Hella Jongerius, Arik Levy, Antonio Citterio). Un ouvrage retraçant l’exposition itinérante qui a démarré en 2015 et se pourquit en 2019 jusqu’au Danemark.
Dès ses débuts au Bauhaus, Josef Albers prôna une exploration rigoureuse des formes, des matériaux et des couleurs. Des bases qu’il mit à profit et avec lesquelles il joua dès 1936 – peu après avoir fui l’Allemagne nazie pour les États-Unis –, lors de sa découverte de l’Amérique latine et du vocabulaire géométrique précolombien. Le musée Guggenheim a consacré une exposition à cette rencontre, qu’il prolonge dans ce catalogue. Les planches de photos prises par Albers et sa femme, Anni, à Teotihuacan ou à Oaxaca dialoguent avec les dessins de l’artiste, directement inspirés de cet art ancestral.
Si le Bauhaus fut longtemps un modèle absolu de modernité, des voix se sont récemment élevées pour révéler que les femmes y étaient en retrait et quasiment systématiquement orientées vers les classes de tissage. Pour la première fois, un ouvrage est voué uniquement à ces filles, qui ont dû briser les conventions pour s’épanouir ici. À l’instar de Marianne Brandt, la plus célèbre d’entre elles, on y découvre des photos de femmes remarquables et émouvantes par leur énergie, leur fraîcheur, leur joie de vivre, leur anticonformisme, leur créativité et leur liberté absolue…
ID-RÉTROVISION BAUHAUS
Les icônes du Bauhaus De 1919 à 1933, de Weimar à Berlin en passant par Dessau, les maîtres du Bauhaus décrassent le mobilier bourgeois du trop-plein de ses ornements XIXe. Fini le fauteuil club rembourré ! Qu’il s’agisse d’une chaise ou d’une théière, la sobriété s’impose. Cent ans après la fondation de la célèbre école, les pièces emblématiques qui en sont issues, de bois, de métal ou de textile, sont devenues le trésor de guerre des éditeurs de design.
AFFICHE CÉLÉBRANT LE CENTENAIRE DU BAUHAUS, RÉALISÉE EN 2018 PAR LE DESIGNER GRAPHIQUE W. FLEMMING À L’AIDE DE POLICES ADOBE HIDDEN TREASURES BAUHAUS DESSAU S’INSPIRANT DE TYPOGRAPHIES CRÉÉES AU SEIN DE L’ÉCOLE. © W. FLEMMING
Par Guy-Claude Agboton
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1923
1922 1922-1923
1922
1922
1923
En 1919, l’architecte allemand Walter Gropius fonde le Bauhaus à Weimar, dans le Land de Thuringe. Cette fusion de l’école locale des arts appliqués avec un nouveau concept d’enseignement est d’abord focalisée sur l’art et l’artisanat. L’école s’adjoint le concours d’artistes anticonformistes comme Johannes Itten, László Moholy-Nagy ou Lyonel Feininger, de véritables gourous qui « convertissent » les étudiants.
métier d’architecte. Le jeune Marcel Breuer s’est, au fond, livré à une expérimentation. Résultat, Marcel Gropius le nomme responsable de l’atelier de menuiserie à l’âge de 23 ans !
Le fauteuil F51 de Walter Gropius (1883-1969) À Weimar, dans le bureau du designer et architecte allemand Walter Gropius, premier directeur du Bauhaus, le fauteuil F51, qu’il a lui-même dessiné, capte tout de suite l’attention. Accoudoirs en porte à faux, dossier
Le berceau de Peter Keler (1898-1982)
qui ne touche pas terre et un côté cubique qui suggère le
L’une des premières icônes du Bauhaus est un berceau. Il porte les couleurs du
confort. Le label de design allemand Tecta, qui le réédite,
constructivisme mais aussi celles appartenant aux palettes des peintres Oskar
ainsi que ses versions canapés, souligne par son vaste choix
Schlemmer et Vassily Kandinsky. Rafraîchi par une ouverture en cannage, cet ovni coloré a été présenté en 1923 dans la signée Georg Muche. En 1975, l’éditeur Tecta produit pour la
Le bureau M61 « Table of the Conferencier » d’El Lissitzky (1890-1941)
première fois ce berceau… comme porte-revues.
El Lissitzky est un peintre russe passé par le suprématisme et qui a touché
première grande exposition du Bauhaus, à la Haus am Horn,
Le fauteuil Ti 1a de Marcel Breuer (1902-1981) © HANS GEORG ESCH
de couleurs que, quand la forme va, tout va.
à tout : architecture, design, graphisme, photographie. Il a même enrichi le constructivisme auprès de son pilier, Vladimir Tatline. Les créations d’El Lis-
Avec son textile tendu sur une structure de lattes d’érable
sitzky, c’est un peu la peinture graphique et colorée de
teinté, ce fauteuil conçu par Marcel Breuer, venu étudier au
Malevitch incarnée dans des objets en volumes. Sa « table
Bauhaus de 1920 à 1924, est l’antithèse du siège rembourré.
de conférencier » en placage de frêne, éditée aujourd’hui
Sa relative sobriété à la sauce hollandaise façon De Stijl
par Tecta, illustre bien cette idée de « design comme une
illustrerait la maîtrise de la proportion consubstantielle au
architecture en mouvement ».
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ID-RÉTROVISION BAUHAUS
1923
1924
1924
1923-1924
1923 Formes, matières, couleurs mais aussi production, distribution, communication, accessibilité : il y a peu d’aspects de l’objet qui n’aient été étudiés au Bauhaus. Dès 1924, de jeunes architectes arrivés comme élèves au sein de l’école sont invités par Walter Gropius à y rester pour enseigner, diriger un atelier et créer. C’est notamment le cas de Marcel Breuer ou de Marianne Brandt.
verre transparent et son abat-jour de verre opalin, elle ressemble à une représentation simplifiée de la fonction d’éclairer. On ne peut être plus Bauhaus !
La théière de Marianne Brandt (1893-1983) En 1924, Marianne Brandt réalise un service à thé et à café complet. Il n’en reste qu’un seul exemplaire à la fois intégral et original, mais on peut voir la théière en solitaire dans différents musées, notamment au
Le lampadaire BST23 de Gyula Pap (1899-1983)
MoMA de New York. C’est de là que le dessin technique
Conçu à l’atelier de métal du Bauhaus, le lampadaire du peintre hongrois Gyula
de l’objet a été envoyé à Tecnolumen pour que ce label
Pap n’avait jamais été édité. C’est le seul objet de cet atelier à avoir été présen-
de design puisse le reproduire et le commercialiser sous la
té lors de l’exposition de l’école à la Haus am Horn. Conser-
référence Bauhaus Teapot MBTK 24 SI.
vés dans les archives du Bauhaus à Berlin, ses schémas de fabrication ont permis à Tecnolumen de l’éditer aujourd’hui
Le jeu d’échecs Modell XVI de Josef Hartwig (1880-1955)
à l’identique, en mélangeant le verre, l’acier tubulaire nickelé
Tailleur de pierre à l’origine, Josef Hartwig est engagé par Gropius en 1921
et le fer laqué noir. Une révolution dans les années 20.
pour diriger l’atelier de sculpture de pierre et de bois. Dans sa version du
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religieux ou monarchique dont il est traditionnellement empreint de par ses
Surnommée « the Bauhaus Lamp », cette création fait partie des objets les
formes. L’objet, tout en bois, devient anguleux, un peu abstrait. Ses pièces ne
plus emblématiques de l’école allemande. Elle procède d’un
sont plus seulement figuratives : elles représentent la façon
dessin préliminaire de Carl Jacob Jucker réalisé en 1923.
dont elles se déplacent sur l’échiquier. C’est Joost Schmidt
Le Hongrois Gyula Pap, fort de ses expérimentations sur le
qui en dessine la boîte, en bois elle aussi. Depuis 1981, le
verre, y a également contribué. La lampe ne sera produite
fabricant de jouets suisse Naef s’est donné pour mission de
pour la première fois qu’en 1927. Avec son piétement de
faire entrer cette merveille dans les salons.
© TECNOLUMEN
jeu d’échecs s’exprime la volonté de dépouiller l’ensemble du symbolisme
La lampe MT9/ME1 de Wilhelm Wagenfeld (1900-1990)
1925-1926
1926
1925 1925-1926
1926 Fuyant les milieux conservateurs de Weimar, le Bauhaus emménage à Dessau, dans le Land de Saxe-Anhalt, en 1925. Dans son nouvel écrin bâti par Gropius, tout est moderne, y compris les repas végétariens de la cantine. Toujours directeur de l’école, l’architecte veut désormais rapprocher la création de l’industrie.
Le fauteuil D1 « Kubus » de Peter Keler (1898-1982)
chez Thonet et chez Gavina), le « Wassily » s’abonne aux salles d’attente et aux intérieurs chics. Il est toujours prisé, en édition aussi bien moderne que vintage.
Les tables gigognes B9 de Marcel Breuer (1902-1981) Marcel Breuer n’a pas inventé les tables gigognes, mais il a eu l’idée de les moderniser en leur donnant une structure plus fine et plus élégante qu’avec le
Il a un air de fauteuil LC2 de Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte
traditionnel registre du bois. Les B9 apparaissent dans le cata-
Perriand ou du Confortable de Jean-Michel Frank, mais son dossier est lé-
logue de l’éditeur allemand Thonet dès 1930. Si elles n’étaient
gèrement basculé en arrière. Comme quoi, on peut être consensuel et avoir
pas destinées à une clientèle aisée au départ, ces tables,
du caractère, être passe-partout tout en étant sublime ! L’approche radicale
comme toute la lignée à laquelle elles appartiennent, sont
de Peter Keler a été légèrement réinterprétée en 2018 par
devenues la « petite robe noire » du mobilier haut de gamme.
le designer Tobias Gross pour le label de design Tecta, qui l’édite, proposant le fauteuil dans de nouvelles couleurs de
La chaise S 33 de Mart Stam (1899-1986)
velours qui jouent sur deux nuances différentes. Les formes
On retrouve l’influence de la forme cubique, chère aux acteurs du Bauhaus,
mises au point au Bauhaus résistent décidément à tout.
mais posée cette fois-ci seulement sur les deux pieds avant. Quand il verra
Le fauteuil B3 « Wassily » de Marcel Breuer (1902-1981) © HANS GEORG ESCH
tien inhérents à un fauteuil club. Avec son édition chez Knoll (et aussi, un temps,
ce siège au piétement luge, l’artiste Kurt Schwitters se demandera pourquoi on mettait, jusque-là, quatre pieds aux chaises. Celle-ci, de l’architecte néer-
S’il ne lui était pas particulièrement destiné au départ, c’est bien sur les pho-
landais Mart Stam, premier à avoir essayé l’acier tubulaire,
tos d’archives du logement de fonction de Kandisky à Dessau qu’apparaît en
a fait sensation à l’exposition du Werkbund dans la cité de
premier le fauteuil « Wassily », pour lequel le peintre avait exprimé sa grande
Weissenhof, à Stuttgart, en 1927. Et dire que son prototype
admiration. Son armature d’acier tubulaire, issue du monde de la bicyclette, est,
était fait de conduites de gaz reliées par des brides… C’est
pour Marcel Breuer, censée libérer son usager de l’encombrement et de l’entre-
ainsi que la fameuse chaise en porte à faux est née.
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ID-RÉTROVISION BAUHAUS 1927
1926
1926
1926
1926 À mesure qu’elle s’oriente davantage vers la création industrielle, l’école s’institutionnalise sans trop s’embourgeoiser. Le but n’est pas de lancer des styles ou de réfléchir sur la création en elle-même. Non, l’objectif est d’accompagner ou d’anticiper les prémices des changements de mode de vie dans la société.
pas une affaire de sexe : elle crée, et c’est tout. C’est Tecnolumen qui produit aujourd’hui ce plafonnier DMB 26, l’un des sept luminaires qu’elle a dessinés.
La lampe de bureau L61 « Saturn » de Josef Albers (1888-1976) Anneaux de Saturne en feuille d’acier chromé tournant autour d’une ampoule
Le cendrier 90010 de Marianne Brandt (1893-1983)
posée sur un pied d’acier tubulaire, le tout fiché dans un socle de cristal : cette lampe produite par Tecta illustre le côté protéiforme des créateurs du Bauhaus.
Pas mal pour un cendrier ! Il fait partie de ces petits objets dont la simplicité de
Si on retient de Josef Albers sa série de tableaux « Homage
forme sert la fonction tout en offrant, malgré sa taille, esthétique et variété de
to the Square » (« Hommage au carré ») et ses cours dispen-
matériaux. Le label de design italien Alessi en propose, cette année, une ver-
sés en Amérique, il fut avant cela étudiant puis enseignant au
sion en laiton doré pour marquer le centenaire du Bauhaus.
Bauhaus. L’homme y aura fait de tout, des assemblages de
Pour l’occasion, Alberto Alessi en personne n’hésite pas
bois et de verre à ce luminaire, un classique méconnu.
à paraphraser Nietzche : « La seule chose qui peut encore aspirer à être un chef-d’œuvre de nos jours, c’est une petite chose. » Le design renaît de ses cendres !
La chaise S 533 de Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969) Inspiré par les expérimentations de l’architecte néerlandais Mart Stam, lequel
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est suivi dans ses recherches par Marcel Breuer, Mies van der Rohe livre ici sa version du siège à piétement luge en porte à faux, aussi
On ne parle pas assez de Marianne Brandt de nos jours. Sa participation au
confortable qu’élégant. Thonet vient de sortir le fauteuil
Bauhaus a pourtant été capitale. Elle s’est en effet refusée à se cantonner
S 533 F (soit la version dotée d’accoudoirs) dans une édition
au textile, vers lequel, malgré l’égalité de traitement promise, on destinait les
limitée anniversaire développée par Studio Besau Marguerre,
femmes. Dès 1926, Marianne Brandt prouve que la maîtrise technique n’est
avec assise en cuir et deux finitions de métal.
© TECNOLUMEN
Le plafonnier DMB 26 de Marianne Brandt (1893-1983)
1927
1928
1928
1927
1928 En 1928, Walter Gropius démissionne avant que sa soif de modernité ne lui nuise. Il est remplacé par l’architecte suisse Hannes Meyer (1889-1954), qui veut que l’on créée pour le peuple et non pour le luxe. Ce sont les professeurs du Bauhaus même qui auront sa tête, tandis qu’il introduit dans l’école l’architecture et la photographie.
Le fauteuil pliant D4 de Marcel Breuer (1902-1981)
Un fauteuil devenu un intemporel du catalogue Tecta.
Le service sucre et crème 90042 de Marianne Brandt (1893-1983) et Helmut Schulze Brillant de tous ses atomes d’acier inoxydable, ce service comprend un pot à crème, un sucrier, un plateau et une pince. Mince, il n’y a pas un angle droit
Alors que son fauteuil B3 « Wassily » était parfois considéré comme encom-
dans l’ensemble ! Tout y est rond, miroitant et quasiment sans aspérité. On ne
brant, Marcel Breuer en produit, sous le nom de B4, une version pliante, ne
saura jamais si Marianne Brandt, première femme à diriger l’atelier du métal
prenant ainsi de la place que lorsqu’on s’en sert. On reconnaît d’emblée l’usage
au Bauhaus, l’a conçu ainsi pour évoquer la sensualité ou par souci de perfec-
de l’acier tubulaire, dont l’architecte est coutumier, habillé de panneaux de cuir
tion technique et par obsession du détail. Qu’importe la réponse, le résultat
ou de toile, notamment un tissu de fil d’acier particulièrement adapté à un usage extérieur. Réédité (et rebaptisé D4)
combine les trois. Une aubaine pour Alessi, qui le réédite aujourd’hui.
Lauenförde, ce qui a inspiré à Breuer, peu de temps avant sa
La chaise longue sur roues F41E de Marcel Breuer (1902-1981)
mort, cette déclaration : « C’est comme un vieux rêve oublié. »
Ce trésor vintage, toujours édité par Tecta, donne invariablement l’impression
par Tecta, il est depuis lors exposé au musée de l’éditeur, à
© HANS GEORG ESCH
construit. Quelque part, il donne une forme moderne au lifestyle de l’époque.
Le fauteuil D42 Weissenhof de Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969)
d’être vu pour la première fois. L’architecte Marcel Breuer l’a pourtant conçu il y a longtemps, et son épure lui a permis de passer entre les gouttes de l’obsolescence. Rien de gratuit dans ses formes. Ses roues, qui lui permettent
Mies van der Rohe a été inspiré par la chaise à piétement luge de Mart Stam.
d’être déplacé, lui donnent aussi des airs de bolide, même quand il est à l’arrêt.
Pour l’exposition au Weissenhof de Stuttgart en 1927, l’Allemand enfonce le clou
Marcel Breuer ne faisait pourtant pas de clin d’œil de style. Mais ses œuvres
avec ce grand arc métallique formant le porte-à-faux et cette illusion d’être
arrivent toujours à capter le regard rien que par leur intégrité, et l’indifférence
assis sur de l’air. L’architecte veut voir son siège dans les maisons élégantes qu’il
à l’effet leur confère une grâce extraordinaire.
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1930
ID-RÉTROVISION BAUHAUS
1929
1935
1929
1929
1935
Le fauteuil S 35 de Marcel Breuer (1902-1981)
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Bauhaus, Knoll vient d’en sortir une édition limitée à 365 exemplaires. Le choix d’une nouvelle couleur de cuir, verte, achève d’en faire un objet rare.
La lampe multifonction WNL 30 de Wilhelm Wagenfeld (1900-1990) L’idée de départ ? Une sorte de couteau suisse de l’éclairage, une lampe de chevet qui pourrait aussi être une applique ou la source de lumière d’un piano ou d’une étagère. C’est Wilhelm Wagenfeld en personne qui a transmis le des-
Il a fait sensation en 1930, lors de l’exposition du Deutscher Werkbund au Grand
sin de cette réédition au label allemand Tecnolumen. Après
Palais, à Paris. Tout y semble une réaction au confort bourgeois traditionnel.
avoir été élève à l’atelier d’orfèvrerie, il enseigne au Bauhaus
Avec le S 35, Marcel Breuer nous assoit dans un dessin dont les traits seraient
à partir de 1925. Rien, pas même le fait d’être envoyé sur le
un fil d’acier tubulaire. Et chez Thonet, qui l’édite, si les oscillations des accou-
front oriental après avoir refusé d’adhérer au parti nazi, n’em-
doirs et de l’assise ne suffisent pas au confort, un repose-pieds assorti est prévu.
pêchera Wagenfeld de créer et d’enseigner, sa vie durant.
La chauffeuse Barcelona de Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969)
Le bureau S 285 de Marcel Breuer (1902-1981)
Elle est depuis longtemps l’une des plus grandes icônes du design du
est parfaitement adapté à l’utilisation contemporaine d’un ordinateur et de ses
XXe siècle. Prisée des architectes, cette chauffeuse a été conçue pour meu-
périphériques. L’architecte, qui a étudié l’ébénisterie et expérimenté le parti à
bler le pavillon allemand de l’Exposition universelle de Bar-
tirer du tube d’acier, a assemblé ces caissons en frêne noir
celone, réalisé par Ludwig Mies van der Rohe. C’est sur ce
teinté de façon telle qu’ils semblent léviter. Aujourd’hui, Tho-
siège que devaient s’installer les souverains espagnols en
net produit ce bureau avec des tiroirs qu’on peut extraire.
visite. Son élégance ? Du pur dépouillement chic illustrant
Mais, attention, quand le téléphone sonne, on peut encore
à lui seul la maxime « less is more ». Pour le centenaire du
avoir l’impression que c’est un appel du Bauhaus…
Conçu à l’époque des téléphones en Bakélite, le bureau S 285 de Marcel Breuer
© TECNOLUMEN
À l’instigation de l’influent Gropius, qui manœuvre en coulisses, l’architecte Ludwig Mies van der Rohe est nommé à la tête du Bauhaus en 1930, y opérant de grands changements. Mais il a beau mettre dehors tous ceux qui s’opposent à lui, les autorités nazies ne le trouvent pas conforme pour autant. Faute de crédits, le Bauhaus quitte Dessau pour Berlin en 1933. C’est la fin du rêve.
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ID-ENTRETIEN
« Nous sommes aujourd’hui dans un nouveau contexte entre globalisation, gentrification, gaspillage, recyclage et épuisement des ressources. Nous avons d’autres idées, mais la connexion avec le Bauhaus est évidente : c’est celle de la pensée prospective. » Sebastian Herkner
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Digne représentant de sa génération, le jeune designer allemand Sebastian Herkner n’hésite pas, dans son travail de conception, à combiner artisanat et nouvelles technologies et à mêler les sources d’inspiration qu’il va glâner à travers le monde. Et il aurait tort de s’en priver, tant le succès est déjà au rendez-vous ! © GABY GERSTER
ID-ENTRETIEN
Nommé « Designer de l’année » au salon Maison & Objet et lauréat du prix franco-allemand des secteurs culturels et créatifs, l’Allemand Sebastian Herkner, 38 ans, ajoute cette année à la longue liste de ses collaborations internationales le nom du grand éditeur italien Zanotta et sort son deuxième siège chez le bicentenaire germanique Thonet. Mais même avec le vent en poupe, le designer garde la tête froide. Propos recueillis par Guy-Claude Agboton
Vous avez été choisi comme Designer de l’année à Maison & Objet : que ressentez-vous ? Maintenant, ça va, mais la semaine qui a précédé le salon a été très stressante à cause de l’organisation de notre exposition. Être reconnu Designer de l’année à Paris, c’est un grand honneur, pour moi et mon équipe ainsi que pour tous les éditeurs impliqués dans nos projets. C’est fantastique.
Quand on expose à Maison & Objet en tant que Designer de l’année, que montre-t-on ? Une vingtaine de nos produits, « classiques » et nouveaux, et particulièrement ceux réalisés avec des artisans. Il faut faire comprendre dans quel esprit ils travaillent et le temps que ça prend. Quatre jours, par exemple, pour tisser le dossier du fauteuil Mbrace de Dedon.
D’où les matériaux exposés, mais aussi un film, pour faire découvrir la conception des produits et l’importance de l’artisanat.
Vous identifiez-vous à cette approche artisanale ? Pas exclusivement. L’exposition montre aussi bien du design procédant de l’artisanat que du design industriel. Nous travaillons aussi avec des ordinateurs. Mais, dans ce que je fais, le plus important n’est pas de démontrer les possibilités de la technologie. Je cherche plutôt le juste équilibre entre technologie et artisanat.
Avec l’obtention de ce prix, le téléphone sonne-t-il davantage ? Surtout pour faire des interviews ! (Rires.) Non, je trouve formidable tout cet intérêt que l’on nous témoigne de partout. Je pense que l’impact de Maison & Objet est énorme. C’est une manifestation internationale. Nous avons été contactés par des journalistes argentins, australiens… C’est tout bonnement extraordinaire.
Quelle image avez-vous du design en France ? J’ai des créations françaises chez moi. En fait de « design en France », je pense indirectement à Eileen Gray (la designer et architecte irlandaise qui s’est définitivement installée à Paris en 1907, à l’âge de 29 ans, NDLR) ainsi qu’à l’étonnant Jean Royère, peut-être plus décorateur que designer. Les formes courbes de ses canapés reviennent en force.
Et dans la création française d’aujourd’hui, à qui pensez-vous ? Ferréol Babin, qui vient de faire une lampe chez Pulpo mais qui sculpte aussi des cuillères en bois, est incroyable. J’ai récemment commandé deux de ses cuillères. Ce qu’il dit, la manière dont il vit, son alimentation vegan… Je le trouve très intéressant. Je pense aussi à Ionna Vautrin. Et j’ai rencontré Matali Crasset une fois, au Zimbabwe. La scène actuelle du
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1/ Pour Dedon et sa collection de mobilier outdoor « Mbrace », Sebastian Herkner a dessiné cinq formes d’assises différentes. Ici, la bergère. 2/ Nouveauté de l’année chez Pulpo, Stellar Grape est une déclinaison de sa suspension Stellar dans une version sur pied.
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design français revêt une vraie spécificité, je pense, de par son contexte et les individus qui l’animent. Cela vient aussi de l’enseignement dispensé en France.
Les designers ont-ils une pratique forcément internationale ? Pour ma part, j’ai étudié dans une université allemande mais je ne me vois pas spécialement comme un designer allemand. De fait, qu’est-ce que le design typiquement allemand, français ou italien ? Ce qui nous conditionne, ce sont les études ou le milieu dans lequel on a grandi, mais aujourd’hui on devient de plus en plus « hybrides », non ? Je me singularise par ma façon de faire, de voyager énormément, mais comme le font aussi ces designers français qui vont chercher leur inspiration ailleurs. Se mélanger est devenu facile. C’était différent du temps d’Eileen Gray, mais ça ne l’a pas empêchée d’être influencée par l’Asie ; elle en a même appris certaines techniques de laquage.
Peut-on s’inspirer de l’ailleurs sans voyager ? Parfaitement. Vous allez au musée des Arts décoratifs et vous voyagez. Aujourd’hui, en plus, nous avons Internet. Ce sont autant d’atouts. En même temps, certains styles locaux tendent à disparaître.
Que pensez-vous du rose corail, couleur de l’année selon Pantone ?
3/ Pour le label de design du verre Edition van Treeck, Sebastian Herkner a créé la série de tables d’appoint « Pastille », présentée au salon Maison & Objet cette année. 4/ L’an dernier, le designer allemand a enrichi la collection « Pipe » de Moroso d’une chaise dont le dossier reprend la forme typique du tuyau.
Pour être honnête, je m’en contrefiche. Ce n’est que du marketing. Je n’utilise la couleur qu’en suivant mon intuition ou mes émotions et en discutant avec les éditeurs avec qui je travaille. De plus, le choix des teintes est également conditionné par celui des matériaux.
travaillent de nos jours. À cette époque très patriarcale, des femmes dans le design et l’architecture, comme Eileen Gray en France ou Anni Albers en Allemagne, demeuraient des exceptions. Et elles restent à plus d’un titre des exemples pour les femmes designers contemporaines.
L’Allemagne fête en 2019 les 100 ans du Bauhaus. À quel point cela vous touche-t-il ? Je pense que c’est très important pour l’histoire de l’Allemagne et pour celle du design. L’année dernière, je suis allé en Espagne, où j’ai vu une belle exposition sur les textiles d’Anni Albers. Motifs, couleurs, elle ne cédait à aucun repli vers les harmonies classiques. Au Bauhaus, la couleur était centrale. En Allemagne, au cours de nos études universitaires, nous acquérons ce savoir : on nous transmet les idées véhiculées à l’époque, la façon dont les gens parlaient d’esthétique, d’espaces, d’objets. Nous sommes aujourd’hui dans un nouveau contexte entre globalisation, gentrification, gaspillage, recyclage et épuisement des ressources. Nous avons d’autres idées, mais la connexion avec le Bauhaus est évidente : c’est celle de la pensée prospective. C’est pour cela que c’est important, même si c’était il y a cent ans.
Cette pensée conditionne-t-elle beaucoup les projets de designers ? Il ne s’agit pas de créer un nouveau Bauhaus ; nous faisons du design pour les gens
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d’aujourd’hui et de demain. Mais les valeurs et les principes de cette école étaient si passionnants et certains si pertinents qu’ils le sont toujours actuellement. Quand on pense à la façon de plier du tube métallique, ça nous renvoie au Bauhaus. Quand on regarde certains logements sociaux construits au début du siècle dernier, à Francfort par exemple, on ne peut que constater combien cette approche fonctionnelle est encore convaincante.
Laquelle de ses figures vous vient spontanément à l’esprit ? Walter Gropius, non ? En Allemagne, tout le monde le connaît. Il n’était pas seulement architecte, mais aussi designer, graphiste et artiste d’une certaine façon. Cela me fait penser à la Farbwerke Hoechst, un très beau projet architectural des années 20 signé Peter Behrens, architecte pour qui Gropius a travaillé. C’est une véritable cathédrale de briques colorées. Auparavant ils avaient travaillé ensemble sur l’usine d’AEG à Berlin, design graphique compris. Ces architectes n’étaient pas circonscrits à une seule discipline. Ce qui est d’autant plus intéressant vu d’aujourd’hui.
La modernité du Bauhaus destinée à durer toujours, est-ce une réalité ou bien une idée romantique ? 3
En tous cas, je crois sincèrement que le Bauhaus influence la manière dont les designers
Développez-vous calmement vos projets ou préférez-vous multiplier les collaborations ? Un mélange des deux, je dirais. Chaque année, avec mon équipe, nous présentons de multiples projets car nous travaillons sur plusieurs en même temps. Les éditeurs nous sollicitant en fonction de leur propre calendrier, il est impossible de les traiter l’un après l’autre. Certains designers font aussi de l’architecture d’intérieur ou des créations en séries limitées, une autre manière de gagner leur vie. En effet, si nous faisons ce travail par passion, nous avons aussi des impératifs économiques. Ce qui ne nous empêche pas de collaborer avec des sociétés qui ne nous ferons pas gagner beaucoup d’argent mais que nous chérissons.
Les designers disent souvent qu’ils ne font jamais le premier pas vers les éditeurs, est-ce votre cas ? Cela dépend. Nous recevons beaucoup de demandes, au moins une tous les deux jours. Mais je contacte volontiers certains éditeurs moi-même, surtout si j’ai une idée précise de ce que je pourrais faire avec eux. D’où l’intérêt d’un salon comme Maison & Objet, pour se saluer, témoigner son intérêt pour le travail d’autrui, rester en contact, projeter des choses ensemble…
Dans un monde saturé de communication, le designer doit-il être stratège ? Évidemment que tout designer a sa stratégie ! Quand vous faites ce métier, vous n’êtes pas seulement un créatif, vous êtes aussi un entrepreneur. Je passe de nombreuses
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1/ Parmi un agencement de meubles et accessoires du catalogue &tradition, les créations de Sebastian Herkner pour la marque : vases Tricolore SH1 et SH2 (sur la cheminée, à droite) et miroir Sillon SH5 (au mur). 2/ Déjà iconiques, les tables d’appoint Bell, éditées en 2012 par ClassiCon. © ELIAS HASSOS / CLASSICON 3/ Dans la famille « Mbrace » de Dedon, en teck, fibre tressée et céramique : le fauteuil club, le repose-pied et l’un des trois modèles de tables d’appoint. 4/ Également conçue pour l’extérieur, la gamme de mobilier « Dock » pour Emu est constituée d’éléments modulaires offrant de multiples possibilités de composition. 5/ De la modularité encore, avec les éléments de canapé « Arp » pour le fabricant néerlandais Linteloo. Une collection inspirée des formes rebondies propres aux sculptures de Jean Arp.
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heures au studio, mais 40 % de mon temps est consacré à voyager, à présenter des produits dans des magasins ou des foires, à rencontrer de nouveaux clients, à communiquer sur les réseaux sociaux, à faire des interviews… et à organiser des réunions où l’on parle de stratégie. Donc, c’est aussi un métier commercial et pas facile. J’introduis également de jeunes talents auprès de certains éditeurs. Trop de designers restent assis dans leur studio alors que, selon moi, nous devrions davantage œuvrer ensemble et nous entraider. Il y a du travail pour chacun. Je suis aussi très lié avec les designers de ma génération, dans le monde entier.
nous faisions du camping à travers l’Europe. Chaque été, pendant six ou sept ans, nous avons passé trois semaines en France, changeant d’endroit chaque jour. Ma mère, qui parle le français, adore les églises. Nous en visitions donc un maximum, à défaut de fréquenter les parcs d’attractions. À cet âge, j’avais plutôt envie d’aller à la plage, mais c’est comme cela que j’ai découvert l’artisanat, via le parfum à Grasse ou les gants de Millau. Ces vacances m’ont sensibilisé à la connexion entre savoir-faire et territoire.
Le designer de 2019 doit-il forcément « penser international » ?
Je ne fais pas de tourisme. En mai dernier, par exemple, avec mon mari, nous sommes allés en Colombie pendant deux semaines pour travailler avec des artisans. On préfère cuisiner, boire et manger avec les locaux pour développer quelque chose en commun. C’est une façon de découvrir et d’apprendre beaucoup sur la culture de l’autre.
J’aime beaucoup le côté interculturel de mon travail. Je ressens comme un privilège le fait de pouvoir voyager autant, partout dans le monde. En Colombie avec les projets du label Ames ; à Taïwan, à Shanghai ou au Japon pour faire un « talk » (mélange de conférence et de discussion).
Dans un article où vous parliez de vos vacances familiales, vous disiez noter les spécialités régionales, tel un designer qui fait du sourcing… C’est vrai. Et ce bien avant de me représenter ce que pouvait être le métier de designer. Quand j’étais jeune, avec mes parents,
Que faites-vous aujourd’hui pour que vos voyages ne soient pas superficiels ?
Peut-on laisser un nouveau produit parler de lui-même ou doit-on forcément communiquer ? Le produit doit être intelligible, de par sa qualité et son apparence. Même le reflet de la lumière ou le jeu des ombres sur sa surface doit être évocateur. Tout cela contribue à sa personnalité.
Mais le produit parfait peut aussi rester dans l’ombre si on néglige d’en parler, non ? Il est vrai que tout le monde ne se rend pas forcément compte du temps qu’il faut à un artisan pour fabriquer un bon produit. Comme je l’ai déjà dit, les fauteuils Mbrace de chez Dedon nécessitent quatre jours de travail. Il y a encore des gens qui croient que ce sont des robots qui s’en chargent, alors qu’il y a une équipe de soixante personnes pour tisser les assises ! Leur travail est si précis que les fauteuils semblent identiques. C’est pourquoi
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6/ Avec 118, Herkner a livré à Thonet sa version épurée de la chaise de bistrot dessinée par Michael Thonet en 1859. © CONSTANTIN MEYER 7/ Fauteuil cabriolet de la collection « Sala Caribe », chez Ames, une collaboration avec des artisans colombiens spécialistes du tressage de lanières en plastique.
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l’exposition « Homo Faber » à Venise, en septembre dernier, était incroyable. Hermès y montrait par exemple comment sont réalisées les coutures d’un sac. Il faut raconter ces processus qui expliquent aussi la valeur et donc le prix des produits.
Allez-vous continuer de diriger votre carrière où plutôt laisser les choses venir ? Alors même que je travaille sur un produit en ce moment et que les douze dernières années sont passées très vite, je me dis que les choses doivent se faire étape par étape, que cela prend du temps et que c’est plutôt bien de grandir lentement. J’ai maintenant développé des contacts avec de nouveaux éditeurs et j’ai des projets pour les deux années à venir. J’en suis très content mais je garde à l’esprit que, de nos jours, tout peut changer très rapidement.
Accepteriez-vous maintenant de vous atteler à l’architecture intérieure d’un hôtel ? Concevoir toute une atmosphère pour un hôtel, un restaurant ou une boutique, apporter de la chaleur et de l’humanité dans un lieu de séjour temporaire me semble un défi incroyable. L’entreprise est risquée mais très intéressante. Oui, j’aimerais beaucoup me lancer. Vous pouvez mettre mon numéro de téléphone à la fin de l’interview pour que l’on puisse me joindre ! (Rires.)
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IMM COLOGNE AU RYTHME DU DESIGN Communication décalée sur le stand de Bretz : assise dans un canapé La Collina, Pauline Junglas, l’une des deux designers intégrées, nous a raconté sa passion pour cette entreprise qui fêtera ses 125 ans l’année prochaine.
Du 14 au 20 janvier, Cologne a été le théâtre d’un véritable déferlement de marques, allemandes, bien sûr, mais aussi de 145 autres pays. La raison ? IMM, le salon de l’ameublement et de la décoration, et LivingKitchen, pour le secteur de la cuisine. Avec 150 000 visiteurs au total, dont 52 % venus de l’étranger, ces deux rendez-vous concomitants ont confirmé leur rôle à la fois « inspirationnel » et d’affaires. IDEAT vous dévoile ce qu’il ne fallait pas manquer… Texte et photos Olivier Waché pour IDEAT
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Page de gauche Fermob a pris ses quartiers d’été et installé son mobilier et ses coussins d’extérieur, ainsi que ses luminaires, comme les lampes Balad de Tristan Lohner, en divers formats. 1/ Grand couturier des sols, Jan Kath, avec ses tapis, nous a fait voyager au gré de créations plusieurs fois récompensées. 2/ Ambiance feutrée chez Cassina, dont la LC4 Pampas signée Le Corbusier, Jeanneret et Perriand donnait le ton. 3/ Tréca a confié à Monsieur Christian Lacroix la réalisation de sa nouvelle tête de lit, Double Jeu. 4/ Lors de notre événement avec Pesch, leader de la vente de meubles haut de gamme à Cologne (de gauche à droite) : Bettina Billerbeck (rédactrice en chef d’IDEAT Allemagne), Frank Ziegler et Alf Busse (directeurs de Pesch), et Johannes Hünig (rédacteur à IDEAT). © XENIA BLUHM 5/ Chez &tradition, Sebastian Herkner trace son Sillon avec ce nouveau miroir aux accents Art déco, décliné en trois dimensions. 6/ Non ce n’est pas un « Mirage », mais bien le nom de cette gamme de tapis imaginée par Patricia Urquiola pour Gan, en pure laine néo-zélandaise nouée à la main. 7/ À peine présentée, déjà un succès. La collection d’assises « Rolf Benz 629 » par This Weber a remporté l’Iconic Award Innovative Interior 2019.
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1/ La chauffeuse Aërias de Tilla Goldberg pour ClassiCon surprend avec son effet cannage réalisé à partir d’un fil de cuir de 75 mètres. 2/ Avalanche de nouveautés chez Ligne Roset, entre les canapés Phileas de Philippe Nigro et Ipanema de Didier Gomez, le tissu Ata ou, ici, les fauteuils Astair de Pierre Charpin. 3/ Le Trend Atmospheres Bar powered by IDEAT Allemagne, dans le hall 11.3. Le lieu était équipé de pièces de Rolf Benz et COR, et les visiteurs pouvaient en repartir avec un exemplaire du magazine, à disposition sur des présentoirs. © XENIA BLUHM 4/ Chez Kettal, les nouveautés signées Patricia Urquiola, Rodolfo Dordoni ou Konstantin Grcic jouxtaient le PH1 Pavilion, superstructure pour l’extérieur. 5/ Bon anniversaire Minotti ! Pour ses 70 ans, la marque italienne réédite notamment « Albert & Ile », une collection créée par Gigi Radice en hommage à Alberto Minotti, le fondateur, et à son épouse, Ileana. Page de droite Pauline Deltour, nouvelle recrue dans la team design d’Ames, posant entourée de certaines de ses créations : les miroirs Killa, le banc Mecato et, à sa gauche, le tabouret Cana, tous réalisés avec des fibres de palmier iraca ou de canne flèche, des espèces végétales que la designer française a découvertes lors d’un voyage en Colombie.
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2 1/ Sur le stand très coloré du fabricant allemand Schönbuch, le porte-manteau Selma (à gauche) et la table d’appoint Albert (dans l’angle) de Sebastian Herkner font partie des nouveautés qui rejoignent la collection cette année. 2/ La famille Pulpo s’agrandit avec les lampes Stellar Grape et Bent de Sebastian Herkner, Kumo de No-made et Magma de Ferréol Babin. 3/ Des hôtesses aux événements « IDEAT & Pesch » distribuaient des sacs et des magazines aux invités. © XENIA BLUHM 4/ Avec Faroe, Gordon Guillaumier revisite le rangement chez Lema, en proposant des îlots à géométrie variable, entre meuble et assise, soulignés par une structure métallique colorée. 5/ Tobias Grau a présenté son luminaire nomade Parrot, imaginé par Timon et Melchior Grau, les fils du créateur de la marque, et distingué par un German Design Award 2019. 6/ Chantre du Bauhaus, Thonet fêtait le centenaire du mouvement et ses 200 ans cette année dans son « Café ». L’occasion de dévoiler de nouvelles versions de sièges iconiques comme le fauteuil à piétement luge S 533 F de Ludwig Mies van der Rohe revu par Studio Besau Marguerre, en édition limitée à 100 exemplaires.
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2 1/ La star du stand Pedrali : Remind d’Eugeni Quitllet. Ce fauteuil en polypropylène évoque les modèles en bois courbé du XIXe siècle, dans une version modernisée. 2/ Atmosphère cosy chez Calligaris, avec Circles, un concept original de présentoir « totem », et le canapé fixe ou modulable tout velours Mies. 3/ &tradition a multiplié les ambiances feutrées, à l’image de cette pièce aménagée en salon avec des assises de la famille « Loafer » de Space Copenhagen, déclinées cette année dans deux dimensions de canapés. 4/ Hülsta a dévoilé « Hülsta Solid », une nouvelle gamme basée sur l’usage du bois massif, sous la houlette de Martin Ballendat. Lors de la foire, la marque a également exposé son offre pour la salle de bains. 5/ Pour Dedon, Werner Aisslinger présentait « Cirql », une collection héritée des techniques de tressage à la main. Le fauteuil est proposé en trois formes différentes et s’inspire de l’hôtel 25hours de Cologne, The Circle, justement, qu’il a récemment imaginé. 6/ Burgbad s’essaie à la couleur et au minimalisme avec son nouveau système « RGB », à base de panneaux de verre coloré et de profilés en aluminium, décliné en mobilier de salle de bains, parois de douche, étagères…
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3 1/ Parmi toutes les mises en scène imaginées par Vitra pour l’occasion, cette ambiance fifties associe le canapé Mariposa de Barber & Osgerby avec le Fauteuil de Salon et le Guéridon Bas de Jean Prouvé. 2/ Emblématique de la marque belge Ethnicraft, la chaise en chêne massif Bok, signée Alain Van Havre, se décline aussi avec une galette en cuir ou en tissu. 3/ Chez Tecta, le Bauhaus est à l’honneur. Accompagnant la desserte M4S, ces lampes de table L25 signées Gerrit Rietveld sont éditées en série limitée à 200 exemplaires. 4/ Antonio Citterio signe « Ribes » chez B&B Italia, un système d’assises outdoor totalement modulables qui multiplie les dimensions et les possibilités de finition. 5/ Ambiance bistrot chez Leicht avec ce projet de cuisine Barista, conçu à partir des programmes « Solid » et « Terma ». Le châtaignier sombre s’y marie avec le bronze et les étagères ouvertes Fios. 6/ Double anniversaire pour MDF Italia, qui fête les 10 ans de la table Tense de Piergiorgio et Michele Cazzaniga, et de la chaise Flow de Jean-Marie Massaud. Flow 10th est disponible en version matelassée avec un piétement en méthacrylate transparent peint de noir brillant ou de blanc finition sablée.
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1/ Pour Walter Knoll, EOOS hisse le bureau au rang d’œuvre d’art. Tama est une ode à l’artisanat doublée d’une inspiration de Calder. 2/ Chez Poltrona Frau, le canapé Let it be de Ludovica + Roberto Palomba, accompagné d’une table basse avec rangement intégré Cestlavie signée GamFratesi et de leurs suspensions Soffi, qui ont remporté un Wallpaper Design Award 2019. 3/ De gauche à droite : Ulrike Schönborn, marketing manager d’IDEAT Allemagne, et Andrea Kobelentz, publishing manager, étaient responsables de la coordination marketing de la foire IMM Cologne. © XENIA BLUHM 4/ Dans un décor conçu par l’agence OMA, Knoll a valorisé son héritage du Bauhaus à travers quatre espaces rendant hommage à Mies van der Rohe. Ici, des tabourets et des fauteuils lounge Barcelona dans une édition limitée à 365 exemplaires signés et numérotés. 5/ Du côté du néerlandais Henk, la table de salle à manger, le banc et la table d’appoint Butterfly, complétés de chaises Co. 6/ Markus Jehs et Jürgen Laub signent pour COR la chaise Alvo, qui propose quatre piétements au choix, une coque en plastique et un coussin confortable et déhoussable pour pouvoir être lavé.
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1/ « J’ai voulu apporter de l’usage au paravent en lui ajoutant des fonctions, comme une étagère et des patères », confiait le designer Bodo Sperlein à propos de Lola, sa dernière création pour Schönbuch. 2/ Le canapé Marenco, de Mario Marenco pour Arflex, affichait ses formes avec la table basse Cradle de Neri & Hu et les appliques Papillon de Bernhardt & Vella. 3/ Verner Panton l’avait imaginé dans les années 60, Prada l’a fait ressurgir le temps de ses défilés printemps-été 2019. Voici désormais Inflatable Stool réédité en série limitée par Verpan. 4/ Hôtesse en sweat-shirt IDEAT dans le Trend Atmospheres Bar. © XENIA BLUHM 5/ Chez Leolux, la chaise longue Devon de Jan Armgardt aux côtés du drôle de siège boule Pallone de Roy de Scheemaker et d’un pouf Amulet d’Edward Van Vliet. 6/ Fondée en 1896, Wittmann sait repérer les pépites, comme Jaime Hayón, auteur des tables-sculptures Grain Cut, ou Sebastian Herkner, qui a conçu la collection d’assises et de tables d’appoint « Miles », disposées dans un stand imaginé par Antoine Simonin, de Studio Asaï. 7/ Normann Copenhagen a présenté, entre autres, le système de canapé modulaire « Sum » et la table basse Grow de Simon Legald, ainsi que les poufs Silo de Hans Hornemann.
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Pleins phares Qu’elles en soient issues ou qu’elles s’en inspirent, ces lampes aux lignes essentielles diffusent le charme Bauhaus tout autour du monde. Par Anne-France Remy
De haut en bas et de gauche à droite Lampadaire Stellar Grape Big, en acier et verre soufflé, design Sebastian Herkner, 2 890 € ; lampadaire Bent Two, en acier noir et verre cannelé, design Sebastian Herkner, à partir de 1 790 € ; lampe Kumo Medium, en pierre calcaire et verre soufflé, design No-made, 890 € ; lampe Magma Two Low, en céramique et verre soufflé, design Ferréol Babin, 890 €. Tous ces luminaires sont édités par la marque allemande Pulpo. © PULPO GMBH
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1/ Suspensions Favourite Things, en polypropylène, design Chen Karlsson, 299 € pièce. ENOstudio. 2/ Suspension Niceone Rain Trace 3/110, en cuivre brillant, design Tobias Grau, à partir de 1 448 €. Tobias Grau. 3/ Lampe de table Ricchi Poveri Toto, en laiton et acier, design Ingo Maurer, 690 €. Ingo Maurer. 4/ Lampe de table WA24 dite « the Bauhaus Lamp » (1924), en métal nickelé et verre opalin, design Wilhelm Wagenfeld, 489 €. Tecnolumen. 5/ Lampadaire Cinétique, en tube d’acier laqué, design Martin Hirth, 1 001 €. Ligne Roset.
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Chaises Houdini, en contreplaqué de chêne ou de noyer laqué, design Stefan Diez, à partir de 588 €. E15.
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Tenue correcte exigée Ces assises (allemandes) allient confort et originalité… en toute sobriété ! Par Anne-France Remy
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1/ Fauteuil de bureau Finn, structure chromée et assise en tissu, Nylon ou polyuréthane, design Norbert Geelen, à partir de 361 €. ICF. 2/ Chaise TT54 (1954), assise en fils de PVC et piétement en tubes d’acier, design Paul Schneider-Esleben, 278 €. Richard Lampert. 3/ Chauffeuse Vostra Wood (1949), assise en laine et piétement en bois, design Walter Knoll Team, à partir de 1 000 €. Walter Knoll. 4/ Chaise Dua, assise en cuir et piétement en bois, design Laüfer & Keichel, à partir de 540 €. Kristalia. 5/ Chauffeuse Hama, en acier inoxydable, design Mark Braun, à partir de 419 €. Echtstahl. 6/ Chaise Rolf Benz 629, assise en tissu et piétement en bois, design This Weber, à partir de 790 €. Rolf Benz.
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Figurants Ces meubles de complément, comme les acteurs du même nom, sont indispensables pour donner de la vie tout en gardant le silence. Discrets mais présents. Par Anne-France Remy
Table Bell Side, plateau en marbre noir marquina et laiton, pied en verre soufflé, design Sebastian Herkner, à partir de 2 865 €. ClassiCon chez Made in Design.
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1/ Banquette Tani, assise en bois massif et structure en acier, design E-ggs, 1 430 €. Schönbuch. 2/ Tabouret Hama, en acier, design Mark Braun, à partir de 259 €. Echtstahl. 3/ Petite table Echino (Ø 48), plateau en acier finition nickel satiné et pieds en verre soufflé, design Sebastian Herkner, 972 €. Zanotta chez Silvera. 4/ Tables d’appoint Bow Coffee, en laiton verni et verre cristal laqué noir, disponibles en deux tailles et trois hauteurs, design Guilherme Torres, à partir de 1 689 €. ClassiCon chez AmbienteDirect. 5/ Table d’appoint MR 515 (1928), plateau en verre teinté gris et pieds en acier tubulaire laqué noir, design Ludwig Mies van der Rohe, 1 124 €. Thonet. 6/ Guéridon 1025, en bois massif huilé (frêne, chêne ou noyer), design James Van Vossel, à partir de 618 €. Thonet. 7/ Table d’appoint S18, plateau en MDF et piétement en acier, design Uli Budde, 268 €. Thonet chez AmbienteDirect.
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A, B, C… Deutsch !
Du design d’objet au mobilier en passant par l’architecture, ils investissent toutes les pièces de nos maisons, mais aussi les hôtels, les restaurants, les bureaux… Panorama de la créativité allemande de A à Z. Par Olivier Reneau et Olivier Waché
Ames
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La Colombie est la source d’inspiration d’Ana María Calderón Kayser, la fondatrice d’Ames, native du pays. Installée en Allemagne, elle fonde la société en 2006 avec l’aide de Sebastian Herkner, récemment rejoint par Pauline Deltour, et propose des objets ainsi que du mobilier basés sur l’artisanat et les ressources locales.
AmbienteDirect
© ANDRES VALBUENA
À ne pas confondre avec le salon de la décoration de Francfort, qui se tient chaque année en février, puisqu’il s’agit ici des pionniers de la vente de design en ligne, le Made in Design allemand. Dès 1998, l’entreprise s’est lancée dans la vente au détail de mobilier, d’éclairages et d’accessoires. À son actif, plus de 400 000 clients dans de nombreux pays européens. Le centre logistique, situé dans l’est de Munich, dispose d’un stock permanent de 25 000 produits pour garantir des délais de livraison rapides.
Werner Aisslinger Originaire de Nördlingen, en Bavière, Werner Aisslinger, né en 1964, multiplie très tôt les expériences professionnelles hors d’Allemagne en travaillant avec Ron Arad et Jasper Morrison à Londres, puis avec Michele De Lucchi à Milan, avant même de décrocher son diplôme en design industriel à la Hochschule der Künste (HdK) de Berlin en 1993. Immédiatement, il crée son studio dans la capitale allemande et développe un design qui échappe aux conventions, préférant imaginer de nouveaux scénarios de vie, à l’image de son Loftcube nomade ou de ses projets pour les hôtels 25hours.
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Chez Birkenstock, l’ergonomie est une seconde nature. C’est pourquoi, après avoir atteint la perfection du lit de pied anatomique qui caractérise ses sandales, la marque développe depuis 2017 un système de lits (pour dormir !) avec la même exigence de confort. Sommiers à lattes flexibles, matelas en mousse ou à ressorts, cadres en matières nobles composent une offre haut de gamme et esthétique.
Gottfried Böhm À 99 ans, Gottfried Böhm est le doyen des Pritzker Prize et l’un des deux seuls architectes allemands, avec Frei Otto (décédé en 2015), à avoir été distingué par le prestigieux prix, qu’il a reçu en 1986. Issu d’une famille de bâtisseurs, Böhm a travaillé dans l’immédiat aprèsguerre à la reconstruction de Cologne. Il se définit lui-même comme un architecte qui crée du lien entre l’ancien et le nouveau. Il est ainsi reconnu pour son sens de la planification urbaine, qu’il a pu exercer dans diverses villes comme Berlin, Sarrebruck ou Turin.
Berlinale Fondée en 1951 en tant que vitrine culturelle du monde libre, la Berlinale désigne le festival international du film de Berlin. Depuis 1978, elle se tient chaque année au début du mois de février et récompense ses lauréats par des Ours (d’or et d’argent). Avec Cannes et Venise, la Berlinale est l’un des principaux festivals de cinéma, attirant plus de 20 000 professionnels. Il s’agit incontestablement du rendez-vous hivernal pour le marché international du film.
© INTERNATIONALE FILMFESTSPIELE BERLIN / VELVET CREATIVE OFFICE
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Créée en 1967 par les galeristes Hein Stünke et Rudolf Zwirner, la foire Art Cologne est le plus ancien salon artistique à vocation commerciale. Elle se démarque à l’époque par le fait que ce sont les galeries qui exposent les artistes qu’elles représentent et non directement les artistes eux-mêmes. En 2008, le Suisso-Américain Daniel Hug, petit-fils de l’artiste László Moholy-Nagy, prend la direction de la manifestation, alors en perte de vitesse. Très vite, il parvient à renverser la tendance, faisant en sorte qu’Art Cologne s’impose de nouveau comme la foire majeure en Allemagne et l’un des passages obligés du marché international de l’art.
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Bosch Marque phare du groupe BSH, Bosch porte le nom de son fondateur, Robert Bosch, pour qui « la technologie est conçue pour les hommes et a la capacité de rendre leur vie meilleure ». Orientée vers le bien-être des utilisateurs, la marque propose des équipements faciles à vivre, fiables et innovants.
Bulthaup B1, b2, b3 et b Solitaire. Bulthaup ne multiplie pas les modèles mais n’en est pas moins avant-gardiste pour autant. L’entreprise allemande propose des cuisines très versatiles et très haut de gamme, conçues avec les plus beaux matériaux, et imagine déjà le futur avec son récent concept « b.architecture », qui replace la cuisine au cœur du foyer.
Burgbad Entreprise incontournable dans l’univers de la salle de bains, Burgbad est devenue une filiale à 100 % du groupe Eczacibasi en 2010 et a fêté ses 70 ans en 2016. Son offre, vaste, explore divers matériaux, dont le verre, largement utilisé pour son système de mobilier et d’accessoires « RGB », présenté cette année lors du salon IMM Cologne.
Bretz À bientôt 125 ans, Bretz affiche une insolente santé. L’entreprise familiale allemande s’est fait une spécialité des canapés et fauteuils dans un style très chamarré et un brin excentrique, mais elle propose aussi du mobilier pour accompagner ses collections d’assises. Bonne humeur et décontraction semblent être les maîtres mots de la marque…
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Prendre soin de la lumière
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ClassiCon Si elle garde un pied dans le passé, avec la réédition de produits signés Eileen Gray ou Eckart Muthesius, le second est bien dirigé vers l’avenir. C’est à ClassiCon que l’on doit, par exemple, la déjà culte Bell Table, de Sebastian Herkner. Et la marque s’est adjoint les services d’autres belles signatures telles que Barber & Osgerby, Konstantin Grcic, Neri & Hu ou encore Victoria Wilmotte.
© ELIAS HASSOS / CLASSICON
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Dedon Pionnier dans l’usage de la fibre synthétique pour le mobilier outdoor haut de gamme, Dedon propose, depuis sa création en 1990 par « Bobby » Dekeyser, des produits imaginés par des pointures du design : GamFratesi, Werner Aisslinger, Jean-Marie Massaud, Philippe Starck… Implantée dans le monde entier, l’entreprise fabrique ses créations aux Philippines.
Dreimeta Armin Fischer a démarré sa carrière aux côtés de son père, ébéniste, qui l’a formé à l’aménagement d’espaces fonctionnels (boutiques, cuisines…). En 2003, il profite de l’opportunité de réaliser un hôtel 25hours pour créer Dreimeta, afin d’aller plus loin dans sa réflexion sur les lieux d’hospitalité. L’agence a ainsi réalisé plusieurs hôtels de la chaîne 25hours et le concept déclinable des agences de voyages Kuoni, entre autres. Début 2017, il a été rejoint par l’architecte d’intérieur Andrea Kraft-Hammerschall.
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Stefan Diez Né en 1971, Stefan Diez, petit-fils et fils de menuisier, s’inscrit naturellement dans la voie du design mais part travailler en Inde pour se frotter un temps à une autre culture. Entre 1996 et 2002, il reprend des études de design à Stuttgart. Il devient l’assistant de Richard Sapper puis de Konstantin Grcic, avant de créer son studio en 2003. De son apprentissage de la menuiserie, il conserve un fort intérêt pour les matériaux et les processus de fabrication qui caractérise sa production d’objets.
L’ E X P R E S S I O N D ’ U N E NOUVELLE MODERNITÉ
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Le reflet des modes de vie d’aujourd’hui : un mobilier synonyme de liberté et d’assurance. Poétique. Naturelle. Essentielle. L’écriture de la modernité : au-delà de toutes les modes, une esthétique tournée vers l’avenir.
Living Landscape, The Farns, Oki Table. Design: EOOS. Badawi Pillow, Legends of Carpets. Design: Helmut Scheufele.
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Freistil Rolf Benz Née en 2011, Freistil se positionne comme une marque fraîche, simple et urbaine. Son offre de mobilier est à cette image : décontractée, épurée, mais aussi colorée. Ceci pour séduire un public jeune et en quête de meubles moins statutaires que ceux proposés par son grand frère, Rolf Benz. Dont elle reste néanmoins une porte d’entrée…
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Innovante, respectueuse de l’environnement, faisant la part belle à l’artisanat, E15 (clin d’œil au code postal de son premier atelier londonien) propose une gamme de produits simples et fonctionnels en bois massif. Très tournée vers l’univers du bureau, l’entreprise développe aussi, avec E15 Selected, une offre de pièces uniques dans un esprit galerie.
La maison d’édition Gestalten a été fondée à Berlin en 1995 par Robert Klanten, Markus Hollmann-Loges et Andreas Peyerl. Initialement spécialisée dans la technoculture et ses codes visuels, très riche dans le Berlin d’après la chute du mur, les publications abordent d’autres thèmes de la création visuelle contemporaine dès 1997. Aujourd’hui, Gestalten est dirigée par Robert Klanten uniquement (lire p. 310) et affiche un catalogue riche de plus de 800 ouvrages sur l’art, l’architecture, le design, la mobilité, la gastronomie…
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© YVES STUCKSDORFF
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Gestalten
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Jeune marque créée en 2012 par Hansjörg Helweg, Freifrau s’est spécialisée dans les assises : fauteuils, chaises, bancs… L’entreprise joue la proximité avec sa clientèle et présente un vaste choix de tissus, de coloris et de structures propice à la personnalisation et qui lui permet d’attirer aussi bien le grand public que les secteurs du contract.
Surfaces redéfinies. Limites redéfinies.
Les maisons évoluent et deviennent des espaces sociaux dans lesquels non seulement nous cuisinons, mais vivons aussi ensemble. Nous avons développé un matériau résistant et durable aux motifs illimités pour créer des espaces sans étiquettes.
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Gaggenau L’histoire, ancestrale, de Gaggenau, marque d’électroménager de luxe du groupe BSH, remonte à 1683. Avec ses séries « 200 » et « 400 », au positionnement très haut de gamme, elle s’adresse aux gourmets et aux épicuriens en quête d’appareils sobres et innovants, utilisant des matériaux nobles… Le chic du chic !
Konstantin Grcic Né à Munich en 1965, Konstantin Grcic se forme au design en Angleterre, tout d’abord à travers l’apprentissage de la fabrication de meubles, puis au Royal College of Art de Londres, où il décroche son diplôme en 1990. Il y rencontre le designer britannique Jasper Morrison, dont il deviendra l’assistant avant de créer son propre studio à Munich en 1991. Le nom de ce dernier, Konstantin Grcic Industrial Design, pose bien l’approche avant tout fonctionnaliste de Grcic, qui privilégie toujours un dessin élégant mais essentiel.
Sebastian Herkner Natif d’Offenbach am Main, près de Francfort, le designer Sebastian Herkner, né en 1981, y a suivi des études en design de produit et fondé son studio en 2006. Riche de collaborations très prolifiques avec des éditeurs comme Moroso, Dedon, Cappellini, Pulpo ou Thonet, Herkner est, à moins de 40 ans, l’un des designers allemands de sa génération les plus actifs à l’international. D’ailleurs, il a été nommé « designer de l’année 2019 » au salon Maison & Objet (lire aussi p. 150).
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Au fil des années, Hülsta est devenue une marque ombrelle qui abrite bien des univers, du mobilier classique pour toute la maison au label Now!, qui s’adresse à un public plus jeune. Aujourd’hui, l’entreprise se tourne vers la salle de bains, un secteur qui lui manquait, et, sous la houlette de Martin Ballendat, elle vient de lancer « Hülsta Solid », une gamme reposant sur l’utilisation du bois massif. © GABY GERSTER
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D’un côté IMM, salon de l’ameublement et de la décoration. De l’autre LivingKitchen, rendez-vous de la cuisine. Ces deux événements, à la fois commerciaux et de tendances, prennent place à Cologne pour une semaine en début d’année. L’ambiance y est décontractée mais studieuse, et la fréquentation des plus agréables. À vérifier du 13 au 19 janvier 2020.
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ISH C’est à Francfort que se déroule tous les deux ans le salon consacré à l’univers de l’eau et de l’énergie. La salle de bains y est à l’honneur chez ISH Water, tandis que ISH Energy présente les nouvelles solutions de chauffage, de pilotage intelligent des logements et des bâtiments. La dernière édition vient de s’achever.
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Installé à Bochum, Jan Kath sait mêler avec délice des décors orientaux à des dessins contemporains, mais aussi injecter la photographie dans ses créations… Ses tapis maintes fois récompensés sont tissés à Katmandou, au Népal, dans un souci de respect environnemental et social, et connaissent un succès mondial.
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L’agence d’architecture J.Mayer.H a été créée en 1996 à Berlin par Jürgen Hermann Mayer. Impliquée dans de nombreux projets à l’international (Espagne, Danemark, Belgique, Géorgie…), elle développe des compétences à la fois en architecture, en urbanisme, dans les nouvelles technologies et la communication. Sa réalisation la plus emblématique, qui relie tous ces savoir-faire, est sans aucun doute la structure Metropol Parasol, installée dans l’espace urbain de Séville. J.Mayer.H a notamment été distinguée en 2003 par le prix d’architecture contemporaine de l’Union européenne Mies van der Rohe, dans la section « Jeune architecte ».
L’agence d’architecture Kuehn Malvezzi a été fondée à Berlin en 2001 par Simona Malvezzi, Wilfried Kuehn et Johannes Kuehn. Très vite, grâce à la réalisation du dispositif architectural de la Documenta 11 (2002) à Cassel, ils sont remarqués par les acteurs du monde de l’art, qui leur commandent scénographies et accrochages de collections (Vienne, Francfort…) ainsi que la construction d’édifices muséaux (Sarrebruck, Berlin…). Leurs travaux ont fait l’objet d’expositions à plusieurs biennales d’architecture de Venise ainsi qu’à celle de Chicago.
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© DAVID FRANCK
Kuehn Malvezzi
FONCTION. ÉLÉGANCE. HARMONIE.
www.leicht.com
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Lumas Lumas est un concept de galerie duplicable, fondé en 2003 à Berlin par deux collectionneurs d’art, Stefanie Harig et Marc Alexander Ullrich. Cette société s’est donné pour mission de vendre des photographies d’artistes établis ou méconnus à des prix relativement modestes. Chaque image est tirée entre 75 et 150 exemplaires mis en vente en ligne, mais aussi à travers ses 35 galeries dans le monde. Pour fêter le Bauhaus, la galerie présente cette année une sélection d’œuvres consacrées à l’architecture des grandes villes.
Leicht
Menuiserie fondée en 1928, installée près de Stuttgart, Leicht est une marque de cuisines qui n’a pas oublié ses origines. L’entreprise propose des modèles qui s’intègrent dans un environnement global, pour créer une ambiance complète. Elle décline également une palette exclusive de 15 coloris signés Le Corbusier.
Parmi ses onze secteurs d’activité, le groupe Liebherr est surtout connu du grand public comme le spécialiste du froid : réfrigérateurs, congélateurs, combinés, caves à vin. Innovante, l’entreprise améliore sans cesse la conservation à travers des modèles économes en énergie, capables de stocker les aliments de plus en plus longtemps, sans faire de concessions sur le design.
Miele Miele est-elle une marque de soin du linge ou de cuisson ? Les deux ! Sa notoriété sur un secteur ou un autre varie selon les pays, mais force est de constater que le groupe allemand assure sur tous les plans. Avec son slogan « Immer besser (toujours mieux) », l’entreprise sait surprendre en proposant des appareils innovants, comme son four Dialog, qui cuit en même temps toutes sortes d’ingrédients sans en brûler aucun.
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© LUMAS
Liebherr
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CHALEUR INTEMPORELLE
LE TEMPS FAÇONNE NOTRE NATURE DEPUIS 1853 Et si nous partions en voyage ? Cap au nord, vers la Norvège... D’abord il y a les montagnes. À leurs pieds, les forêts intenses distillent leurs légendes. Une lumière singulière embrase les fjords ; le jour et la nuit s’enlacent dans un reflet troublant. À fleur d’eau, une poignée de maisons de bois coloré se perchent sur pilotis. Entrez. La magie scandinave est là. Le poêle en fonte rayonne et baigne le foyer tout entier d’une douce chaleur. Ici bat le cœur de la maison. Dans ce pays, le feu de bois est un art de vivre que cultivent les artisans Jøtul dans leurs ateliers de Fredrikstad.
Jøtul vous invite à prendre le temps de voyager, de partager et de vous réchauffer. Entre vous et nous, tout est une histoire, une histoire de temps.
www.jotul.com/fr
Jøtul F 520
Fière de son héritage, la marque Jøtul combine depuis plus de 160 ans son expertise technique avec l’art de dompter le froid. Chaleur écologique, chaleur économique mais aussi chaleur confortable, les poêles Jøtul possèdent toutes les qualités nécessaires pour vivre votre moment.
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Ingo Maurer
© JEAN-CLAUDE FIGENWALD
Après des études d’arts graphiques au milieu des années 50, Ingo Maurer, né en 1932, est parti travailler aux États-Unis avant de revenir à Munich pour fonder son atelier Design M, en 1963. Dès lors, il s’est consacré quasi exclusivement au design de luminaires ou, plus exactement, d’ensembles lumineux. Car, avec une poésie toute singulière, le designer a réalisé non seulement quelques-uns des plus beaux spécimens de lampes (Lucellino, Zettel, Birdie…), mais aussi des installations lumineuses qui prennent place dans l’espace urbain à Paris, New York, Milan…
Neff Autre marque du groupe BSH, Neff a commencé son histoire en 1877 avec un premier four. Cent quarante ans plus tard, l’entreprise n’a pas perdu le goût. Elle poursuit dans le domaine avec des appareils variés, dont son modèle à porte escamotable. La marque est également présente sur les autres segments du gros électroménager : le froid, le lavage…
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C’est l’une des marques de cuisines les plus populaires d’Allemagne. Elle a d’ailleurs été récompensée à plusieurs reprises en ce sens. Nolte Küchen, entreprise familiale née en 1958 et basée à Löhne, répond à toutes les bourses et styles, à travers des gammes contemporaines, classiques, rustiques, ou innovantes avec la gamme « Neo ».
Poggenpohl Friedemir Poggenpohl fonde son atelier d’ébénisterie en 1892. Des décennies plus tard, la marque symbolise la cuisine d’exception, le sur-mesure et l’esprit artisanal des premiers jours. Dans son époque, Poggenpohl explore aussi les concepts et les matériaux dans ses créations, sans oublier la technologie.
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Rolf Benz
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© PULPO GMBH
Depuis le modèle Addiform en 1964, année de la création de l’entreprise, Rolf Benz est devenu le chantre du canapé haut de gamme dans le monde et revendique le made in Germany. Confort, ergonomie et esthétique sont les mots-clés de l’entreprise, qui équipe le résidentiel comme les espaces publics ou semi-publics.
Pulpo Sebastian Herkner, Ferréol Babin, Meike Harde, Kai Linke, Hermann August Weizenegger… Tout ce joli monde met sa créativité au service de Pulpo, qui se forge une belle place dans le secteur du luminaire, mais développe aussi une gamme de petit mobilier et d’accessoires.
Schönbuch
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Installée en Bavière, Schönbuch réussit l’équilibre entre la tradition de l’artisanat, son héritage, et la modernité d’une offre de mobilier et d’accessoires bien dans leur époque, tant en matière de design que de coloris chaque année renouvelés. L’entreprise affiche un nombre impressionnant de collaborations et de produits.
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SieMatic Avec Urban, Pure et Classic, SieMatic brosse un panorama complet de la cuisine. À 90 ans, l’entreprise a marqué les époques avec des propositions qui ont permis à cette pièce d’évoluer, comme la SieMatic 60, premier modèle sans poignées (1960). Aujourd’hui, la marque allemande continue d’imposer son style partout dans le monde.
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© SIEMENS HOME
Tecta
Siemens
© CONSTANTIN MEYER
Entre technologie et design, Siemens n’a pas choisi. Cette marque qui appartient au groupe BSH, en est sans doute la plus innovante. Ses appareils électroménagers intègrent des solutions de pointe. Elle projette les équipements dans le monde du connecté, et cela change notre rapport à la cuisine.
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Un synonyme de Tecta ? Bauhaus ! La société, fondée en 1956 à Lauenförde, réédite une trentaine de produits de Marcel Breuer, de Walter Gropius ou de Ludwig Mies van der Rohe. Elle réalise toute sa production sur son site, qui abrite aussi un musée, lequel présente la plus grande collection de chaises en porte-à-faux. (Lire aussi p. 124.)
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teNeues
La maison d’édition Taschen a été créée en 1980 par Benedikt Taschen à Cologne. L’ambition de celui-ci a très vite été de publier des ouvrages très illustrés, au design soigné, avec un important tirage. Des prix de vente très raisonnables et une mise en pages comprenant un même texte en plusieurs langues ont tout de suite permis d’aborder divers marchés. Très vite, Taschen s’est distinguée par les formats autant que par les thèmes abordés (érotisme, fétichisme, queer…), plutôt hors norme pour une maison d’édition à grand succès.
La maison d’édition teNeues, fondée en 1931 à Krefeld, tient son nom de son fondateur, le Dr. Heinz teNeues, et continue d’être gérée par son petit-fils Hendrik teNeues. Connue pour ses publications d’affiches scolaires et de calendriers, la société rencontre un nouvel essor dans les années 80 avec la création de filiales étrangères et surtout l’édition de coffee table books axés sur la photographie et l’art, qui la positionnent sur un registre plus médiatique et l’amènent à produire des livres pour des marques. Un des leaders sur le marché du livre illustré.
© WERNER LAMPERT
© MATTHIAS VRIENS-MCGRATH
Taschen
Vilhelm Hammershøi, Intérieur avec une femme debout (détail), huile sur toile, 67,5 x 54,3 cm, Inv. 132, Ambassador John L. Loeb Jr. Danish Art Collection © TX0006154704, registered March 22, 2005
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Thonet Tobias Grau Lorsqu’il a créé sa société en 1987, Tobias Grau n’imaginait sans doute pas que l’aventure le mènerait à éclairer espaces privés et publics en Allemagne et dans de nombreux autres pays. Aujourd’hui, avec ses fils Melchior et Timon à ses côtés, le dirigeant designer imagine l’éclairage de demain depuis son usine futuriste proche de Hambourg.
© ALDO AMORETTI
© SIMON MENGES
La marque aux 50 millions et plus de chaises bistrot no 214 vendues dans le monde, spécialiste du bois cintré, fête cette année ses 200 ans. Tournée vers l’avenir, l’entreprise fait appel aux pointures du design (Christian Werner, James Irvine, Robert Stadler, Naoto Fukasawa) pour revisiter ses modèles et inventer ceux de demain… (Lire p. 122.)
Walter Knoll Depuis 1865, Walter Knoll est le maître du siège, comme son emblématique fauteuil FK, des designers Jørgen Kastholm et Preben Fabricius, et du savoir-faire artisanal appliqué à l’industrie. Bien d’autres produits, pour la maison ou le bureau, sont réalisés à Herrenberg. Autre point fort : le travail du cuir, matériau signature de l’entreprise.
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W Auer Weber L’agence Auer Weber a été fondée en 2006, à Munich, par Fritz Auer et Carlo Weber. Ce sont désormais plus de 140 employés qui travaillent dans les deux bureaux, situés à Munich et à Stuttgart. Forte d’une approche très rigoureuse, l’agence intervient principalement dans la réalisation de grands ensembles, à l’image du Palais des sports d’Aix-en-Provence (photo), de la gare centrale de Munich, du campus universitaire de Heilbronn ou encore du ministère de la Défense à Berlin.
MERCREDI ET VENDREDI DE 11H À 20H · JEUDI DE 11H À 22H · LE WEEK-END DE 10H À 20H
© Courtesy of Ren Hang Estate and stieglitz19
MEP · VILLE DE PARIS · 5/7 RUE DE FOURCY 75004 PARIS
LOVE, REN HANG · 06.03 - 26.05.2019
REN HANG
mep.paris
Contemporary life
parce que la vie avec du style, c’est chic !
Famille «Hipster»
Famille «Arty»
Famille «Healthy»
Famille «Urban chic»
Famille «Rétro»
Famille «Bobo»
Famille «Business»
Famille «Hippie chic»
Famille «Fashion»
(New York)
(Londres)
(Shanghai)
(Berlin)
(Madrid)
(Amsterdam)
(Los Angeles)
(Paris)
(Milan)
© THOMAS RUSCH
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Bâtiment de l’école du Bauhaus à Dessau, en Allemagne, conçu par Walter Gropius en 1926.
À géométrie variable Malgré sa courte existence (de 1919 à 1933), le Bauhaus a insufflé sa vision architecturale au design, à la peinture, au stylisme. L’épure des lignes, la simplicité des formes, les à-plats de couleurs sont, encore aujourd’hui, source d’inspiration pour nombre de créateurs. Par Anne-France Remy
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1/ Suspension DaVinci en métal, design Joakim Fihn, 316 €. Belid chez The Cool Republic. 2/ Ensemble en Lycra et dentelle, soutien-gorge 29 €, culotte 17 €. & Other Stories. 3/ Eau de parfum Florabotanica, 100 ml, 132 €. Balenciaga. 4/ Table Oak Geometric Side en chêne, design Alain Van Havre, 319 €. Ethnicraft. 5/ Miroir Francis, design Constance Guisset, 390 €. Petite Friture. 6/ Mobile sur pied Kenya Gold en métal, 149 €. Volta. 7/ Boots Senia en cuir, 159 €. Minelli. 8/ Fauteuil Zakari en tissu à chevrons, accoudoirs en teck, tubes en acier, design Redhood, 1 240 €. Kann Design.
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© THOMAS RUSCH
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Le bureau de Walter Gropius à la Bauhaus Universität (1924), à Weimar, avec, au premier plan, son iconique fauteuil F51 créé en 1922.
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1/ Tailleur-pantalon à carreaux en coton et polyester, veste 99 €, pantacourt 69 €. & Other Stories. 2/ Lustre Trio Mozaik en tissu, laiton brossé, acier laqué, fibre de verre et fil tissé coloré, design Davide Oppizzi, 9 588 €. Designheure. 3/ Sac en croute de cuir, 149 €. Au Printemps Paris. 4/ Lampe de table Atollo en métal, design Vico Magistretti (1977), 1 356 €. Oluce. 5/ Enfilade Fidar en MDF plaqué palissandre, piétement en hêtre, portes laquées, design José Pascal, 2 130 €. Kann Design. 6/ Ball Clock en laiton et bois, design George Nelson, 355 €. Vitra. 7/ Collier en résine et silicone, 49 €. COS. 8/ Fauteuil Loafer en velours, design Space Copenhagen, 1 634 €. &tradition.
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Béton et à-plats de couleurs : l’union entre l’esthétique et la fonctionnalité du Bauhaus jusque dans les murs de son école, à Dessau.
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1/ Boucles d’oreilles à pompons, 19 €. Au Printemps Paris. 2/ Robe chemise en viscose, 225 €. Maje. 3/ Lampadaire G-10 Grossman en laiton, métal et verre, design Greta Magnusson Grossman (1950), 799 €. Gubi. 4/ Lampe de table Flowerpot, design Verner Panton (1969), 288 €. &tradition. 5/ Enfilade Bukato en chêne, 3 essences de bois, 4 portes et 8 couleurs au choix, tiroirs en option, à partir de 2 811 €. La Boutique Danoise. 6/ Escarpins en cuir, 119 €. Jonak.
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À Berlin
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Message personnel
Entre souvenirs de pérégrinations, touches de couleurs inattendues sur des meubles customisés et vue sur le parc, cet appartement est à l’image de la personnalité éclectique de sa propriétaire, voyageuse au long cours ayant posé ses valises dans la capitale allemande. Par Marzia Nicolini / Photos Helenio Barbetta
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Page de gauche Canapé en velours Casamilano. Table roulante vintage. Suspension Wood Moon de l’architecte et designer suédois Hans-Agne Jakobsson, dégotée il y a quinze ans à Saint-Ouen, au marché aux puces Paul-Bert. Ci-contre Au mur, assiettes Tribalala (Darkroom London). Suspension vintage.
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rande voyageuse, continuellement en mouvement, entre deux avions, Tatjana Sprick a décidé, pour le moment, de se fixer à Berlin. Elle est donc partie en quête de la maison idéale… non loin de l’aéroport, forcément ! Née et élevée à Düsseldorf, elle
a travaillé dans les domaines de la mode, du cinéma et du design, et a vécu dans de nombreux pays : « Chaque voyage a été pour moi l’occasion de m’immerger dans une culture inconnue, d’apprendre une nouvelle façon de vivre. J’ai traîné la plupart de mes meubles à travers le monde, de Mexico à New York en passant par Munich, Paris, le Maroc et Rome. Ce n’est qu’à Berlin que j’ai finalement rassemblé toutes mes affaires. » C’était en 2013. « Quand, sur le
Web, j’ai vu cet appartement à vendre, j’ai tout de suite appelé. L’annonce avait été publiée le matin, l’agent immobilier n’avait pas encore eu le temps de le visiter. J’y suis allée et l’ai réservé sur-le-champ, même s’il était en piteux état. Rien n’avait changé depuis 1976 ! » L’immeuble est situé dans le quartier Schöneberg, une zone résidentielle avec de nombreux petits cafés, des magasins d’alimentation et un grand marché hebdomadaire. Un bon emplacement, mais pas seulement : « La forme de la pièce principale et son éclairage naturel étaient étonnants. Imaginez des pièces de réception ensoleillées, avec un espace privé calme juste derrière la cuisine, le tout s’étendant sur 150 m2. » La future propriétaire n’a pas eu besoin de réfléchir très longtemps, car elle a vu d’emblée le potentiel de ce lieu sous la poussière et les débris. La destination des pièces, les matériaux, les couleurs, tout a ensuite été profondément modifié, si bien que les travaux ont duré un an. « Avec mes architectes, nous avons dû retirer beaucoup de choses, à commencer par l’horrible moquette qui recouvrait le sol de tout l’appartement, de même que les papiers peints et les panneaux de bois des années 70. Ensuite, nous avons bouleversé la disposition des pièces. Dans ce genre d’immeuble du début du XXe,
Page de gauche Canapé en velours jaune Casamilano. Suspension Wood Moon de l’architecte et designer suédois Hans-Agne Jakobsson, dégotée à Saint-Ouen, au marché aux puces. Buffet scandinave vintage. Tapis marocain acheté à Marrakech. À gauche, table d’appoint marquetée rapportée de Syrie et, à droite, grand tabouret Seri du designer Garth Roberts (Mabeo). Coussin fleuri trouvé en Inde et coussin en velours Caravane. Sur le buffet, divers objets en porcelaine blanche et deux grands vases de Dimore Studio. Au-dessus, photo de Robert Van der Hilst, inspirée des tableaux de Vermeer de Delft. 1/ Dans la cuisine, la table et les chaises des années 40 proviennent d’un brocanteur à Berlin. Dessus, des céramiques fabriquées à Fès et à Istanbul. Banc sur mesure. 2/ Dans la cuisine Ikea, sur l’îlot central, porcelaine Rosenthal (1920), carafe d’Eyal Burstein, Nacho Carbonell et Max Lamb. Applique à trois bras fixes Araignée de Serge Mouille.
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Ci-contre Le bar Art déco acheté chez un petit brocanteur à Rome sert d’armoire à chaussures. Page de droite Depuis l’entrée, on aperçoit divers objets de porcelaine blanche et deux grands vases de Dimore Studio qui décorent le buffet années 50 du salon. Photo de Robert Van der Hilst, inspirée des tableaux de Vermeer de Delft.
Ci-contre Tabouret Kika de Patricia Urquiola (Mabeo Furniture). Malle et fauteuil vintage qui ont appartenu aux grands-parents de la propriétaire. Suspension Viscontea (1960) d’Achille et Pier Giacomo Castiglioni (Flos), photographie de Daniel Buren. 1/ Set de photos de Tatjana. La première dans un hôtel de New York : « Je suis restée coincée pendant six semaines dans un horrible hôtel à cause de tempêtes de neige et parce que mon appartement n’était pas prêt, donc je ne pouvais pas emménager » ; la seconde s’intitule Chandigarh,
de Martien Mulder ; enfin, la troisième, qui fixe un lieu à Berlin, est signée Juan Margolles : « Je l’ai trouvée à Barcelone grâce à mon ami Paolo Maistri. » Porte avec vitraux d’origine (1905), trouvée murée : « Nous l’avons découverte en rénovant l’appartement. » 2/ et 3/ Sur le bureau ayant appartenu à la grand-mère de Tatjana, des vases sont rassemblés sur une petite assiette Kulak Ceramic. Suspension vintage. 4/ Dans l’entrée, sous le lustre vintage, une pièce conceptuelle jaune du designer Eyal Burstein. Sur le mur, à droite, Serie 19 (Bocci).
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la cuisine était couramment installée au fond des appartements, avec un accès à un deuxième escalier vous menant aux cours intérieures. Les salles de bains de l’époque étaient minuscules, tout comme les chambres, desservies par un couloir sans fin. » En refaisant ledit couloir, de l’espace a été gagné, notamment dans la chambre principale et la salle de bains. La cuisine a été déplacée dans la pièce centrale. « Nous l’appelons la Berliner Zimmer, une pièce typiquement berlinoise, souvent munie d’une seule fenêtre mais où l’on passe le plus clair de son temps », précise la propriétaire. L’ancienne cuisine est devenue la salle de bains principale. Le chauffage et l’électricité ainsi que la deuxième salle de bains ont été entièrement rénovés.
Diversité et liberté La beauté de cette habitation réside dans sa personnalité aux multiples facettes : « Il y a des zones très différentes, faites de styles et d’humeurs variables. On passe de murs blancs inondés de lumière à une entrée aubergine très chaleureuse ; la cuisine est vert foncé et la chambre bleu pâle. Sans oublier une salle de bains totalement noire. Selon l’emplacement et la forme des pièces, j’ai créé des ambiances spécifiques. Ainsi, la cuisine est un endroit où l’on se sent protégé du monde extérieur, tandis que le bureau est éclairé par la lumière naturelle grâce aux nombreuses fenêtres et aux murs immaculés, une atmosphère également idéale pour organiser de grands dîners. » Parfaitement à l’image de l’attitude curieuse et polyvalente de la propriétaire, le mobilier se révèle loin de toute tendance, souvent customisé, et les œuvres d’art disséminées témoignent de ses nombreux coups de cœur. « C’est un mélange assez éclectique de choses que j’aime, que j’ai trouvées, que l’on m’a offertes ou avec lesquelles je travaille. » Un éloge de la curiosité.
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1/ Sur le mur sont accrochées des ceintures de mariage décorées provenant du Maroc. La housse de couette, elle, est d’Asie centrale : « Je l’ai utilisée sur un plateau de tournage et l’ai achetée. » La table d’appoint chinoise a été trouvée dans un marché aux puces. 2/ Un bar Art déco dégoté chez un petit brocanteur à Rome est devenu une armoire à chaussures.
À Brno
Merveille moderniste La villa Tugendhat, conçue par le maître Ludwig Mies van der Rohe en 19291930, est une référence du mouvement moderne. C’est d’ailleurs, en République tchèque, le seul bâtiment du XXe siècle inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Et son histoire est intimement liée à la famille qui en commanda la création. Par Marc Heldens / Photos Mark Seelen
Page de gauche Une journée de visite dans ce joyau du mouvement moderniste : la villa que l’architecte allemand dessina pour la famille Tugendhat présente aussi la particularité d’être riche d’un mobilier réalisé en grande partie sur mesure (en étroite collaboration avec les architectes et designers Lilly Reich et Sergius Ruegenberg). Ici, le fauteuil Barcelona (Knoll), en cuir vert émeraude, rappelle que, parallèlement à cette construction, l’architecte travaillait à la réalisation du fameux Pavillon allemand de l’Exposition universelle de 1929. Ci-contre Abolir la frontière entre intérieur et extérieur, l’une des lignes directrices du maître et un sujet d’émerveillement pour notre guide, Rastislav Boško, qui ne se sépare jamais de son Rolleiflex.
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asser une journée dans cette villa caractéristique et être le seul visiteur, c’est comme devenir son propriétaire pendant un jour et remonter le temps pour faire un saut dans la modernité des années 30. » Ces paroles sont celles de Rastislav
Boško, un étudiant passionné par l’architecture de cette époque, parti à la recherche des racines de Ludwig Mies van der Rohe et de son « modernisme ». Un mouvement qui allait marquer durablement la discipline au XXe siècle et qui trouve ici l’un de ses actes fondateurs.
L’occasion est rare de pouvoir visiter un tel symbole, et la présence d’un guide passionné comme Rastislav, lui-même muni de son inséparable compagnon, un Rolleiflex vintage, est un plus indéniable. Multipliant les prototypes en matière de construction, la villa Tugendhat a tout du mètre étalon. C’est notamment la première maison bâtie avec une charpente en acier. Ses 29 poteaux ont été soudés ensemble à partir de profilés en L, ce qui laissait à l’architecte la latitude d’une conception intérieure très libre et permettait aux façades extérieures d’être entièrement en verre. Construit sur trois étages et situé sur un terrain en pente orienté au sud-ouest, l’édifice a le regard tourné vers le centre-ville de Brno (République tchèque). Au sous-sol s’y concentrent les installations utilitaires. Au rez-de-chaussée se déploient les pièces à vivre et les coins de partage, sans compter la véranda et la terrasse, la cuisine et les chambres des domestiques. À l’étage se situent l’entrée principale – qui donne sur la rue et réserve un passage vers la terrasse –, le hall d’entrée, une salle de réception, la chambre parentale, ainsi que celles des enfants et de la préceptrice avec, chaque fois, les équipements appropriés. Dès l’origine, la villa Tugendhat était un projet unique à tout point de vue. Peu de maisons privées du XXe siècle peuvent se prévaloir de telles caractéristiques esthétiques et technologiques. L’œuvre de Mies van der Rohe, qu’il réalisa épaulé par ses collaborateurs,
Page de gauche L’entrée se situe à l’étage, celui des chambres : le dos de la maison donne ainsi sur une petite rue passante. Le long d’une baie vitrée en verre blanc opaque, un escalier conduit au rez-dechaussée, le niveau des pièces de vie. Le travertin italien de Tivoli est très présent. Du travertin slovaque l’a remplacé en certains endroits lors d’une rénovation. Ci-dessus Dans ce coin salon : trois fauteuils et un ottoman en cuir vert émeraude, leur table en chrome avec plateau en verre, tous Barcelona (Knoll). Cet espace prend place devant un incroyable mur en onyx couleur miel, aux veines blanches, à l’époque extrait des montagnes de l’Atlas, dans l’ancien Maroc français. Une roche qui s’allume et devient plus translucide lorsque le soleil est bas. Un moment alors propice pour faire ressortir l’éclat chromé des poteaux. Sur le sol, là aussi en travertin, est posé un tapis tissé à la main en laine naturelle.
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Ci-contre Dans le prolongement du living-room, en direction de la salle à manger, un autre espace de détente fait face au mur en verre, l’un des principes de construction développés par l’architecte.
Fauteuil MR (Knoll), qui fait partie des premières pièces en acier développées par le maître (lire pp. 120-121). Page de droite Le jardin d’hiver occupe un côté de la maison, de façon contiguë au salon.
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les architectes et designers Lilly Reich et Sergius Ruegenberg, fut un tournant décisif. Une concrétisation des concepts de plan libre et d’espace fluide dévoilés dès 1927 lors de l’exposition « Die Wohnung » (l’appartement), dont le Deutscher Werkbund, une association qui œuvrait à rapprocher artistes et industriels, fut à l’initiative. Cette exposition prit la forme d’un lotissement à Weissenhof, un quartier de Stuttgart. Vice-président du Deutscher Werkbund, Mies van der Rohe choisit notamment les architectes amenés à participer à la construction de cette cité. Parmi eux, Le Corbusier et Pierre Jeanneret, Mart Stam, Walter Gropius… la crème de l’avant-garde européenne en la matière !
Deux chefs-d’œuvre en parallèle Fritz et Grete Tugendhat allaient se poser comme de parfaits commissaires dans leur commande d’une villa dessinée par un maître. Ils étaient déjà convaincus par la villa Wolf, que l’architecte réalisa en collaboration avec Lilly Reich entre 1925 et 1927, dans l’actuelle Gubin (ville de la région de Basse-Lusace, sur la frontière polono-allemande). Sa renommée était donc établie quand les Tugendhat firent appel à lui. Mais sa créativité allait atteindre son acmé parallèlement à l’édification de la villa Tugendhat, en 1929, avec la présentation d’un autre chef-d’œuvre : le Pavillon allemand, lors de l’Exposition universelle de Barcelone, qui parachevait les conceptions révélées à Stuttgart. En arrivant à Brno l’année précédente, Mies van der Rohe fut impressionné par le terrain qui s’offrait là, avec sa vue magnifique sur le cœur de la ville. Celui-ci appartenait alors à la propriété attenante, sur laquelle trônait une villa Art nouveau occupée par les parents de Grete. Le jardin inférieur de cette villa Löw-Beer et celui de la future villa Tugendhat formaient depuis longtemps un ensemble
Page de gauche Dans un coin de la bibliothèque, notre guide peut lire dans un univers où l’ébène de Macassar joue les premiers rôles. Ci-dessus L’entrée, côté rue, est en fait le dos de la maison.
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territorial, mais pas architectural. De ce parc à l’anglaise du XIXe siècle, le maître allait tirer parti. Les chemins historiques, un sentier circulaire reliant les deux habitations ainsi qu’un certain nombre de plantes ligneuses allaient être intégrés au projet. Une glycine grimpante le long de la paroi participait du désir du créateur de voir l’édifice se fondre dans la nature. L’absence de frontière entre intérieur et extérieur trouvait une magnifique interprétation dans la multiplicité des façades vitrées.
Quand l’histoire rencontre l’Histoire Terminée à l’été 1929, après quatorze mois de travaux, la maison pouvait enfin être investie. C’est le moment que choisit un critique de la revue Die Form, bien connu de l’époque, pour décrire la construction comme « une exagération au style insupportable dans laquelle ses occupants auraient du mal à vivre ». C’est pourtant une petite décennie heureuse qu’y coulèrent les époux Tugendhat et leurs trois enfants, Hana, Ernst et Herbert. Jusqu’à ce que, pour cette famille juive, l’expansion nazie, en mai 1938, ne devienne synonyme de migration, d’abord vers la Suisse, puis vers le Venezuela, en 1941. « En visitant la villa Tugendhat, poursuit d’ailleurs Rastislav, j’ai réalisé que l’architecture moderne se marie parfaitement à l’Histoire. Lorsque vous regardez son intérieur, austère et simple, à travers de grands murs vitrés, vous avez une vue magnifique sur la ville historique et les toits de Brno. Ainsi, le passé est connecté en permanence au présent. » Le choix des matériaux et l’agencement des couleurs et des textiles ont été entièrement supervisés par Lilly Reich. L’ameublement des pièces supérieures a également été élaboré avec le même soin. Tout le mobilier de la maison est l’œuvre du maître, assisté, là encore,
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Ci-dessus Dans la chambre de Fritz Tugendhat, l’essentiel du mobilier a été réalisé sur mesure. Le bois utilisé est du palissandre. Deux assises MR Lounge Chair (Knoll) prennent place autour du bureau. Tapis persans. Page de droite La chambre de Grete Tugendhat présente aussi un mobilier sur mesure, outre l’ottoman Barcelona et la table MR (Knoll).
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de Lilly Reich et Sergius Ruegenberg. Outre la personnalité de Mies van der Rohe et sa conception originale de l’espace, les Tugendhat ont été particulièrement impressionnés par son goût des matériaux : le mur d’onyx dans la salle de séjour est un élément à la fois décoratif et fonctionnel dans cet intérieur remarquable. La roche jaune, couleur miel, aux veines blanches, a été extraite des montagnes de l’Atlas. Les bois exotiques provenaient d’Asie du Sud-Est. Le hall d’entrée, les portes et les placards encastrés dans les chambres des parents étaient en palissandre plaqué. Les chambres des enfants en placage de zèbre. Le séjour présente une impressionnante cloison courbe, plaquée d’un ébène issu de la région de Macassar, sur l’île de Célèbes (Indonésie). Ce bois veiné brun foncé et jaune qui délimite entre autres la salle à manger et la bibliothèque aurait été choisi par Mies van der Rohe à Paris, où il trouva une pièce suffisamment longue pour se développer du sol jusqu’au plafond. Les meubles étaient principalement constitués de tubes et de feuillards d’acier et réalisés dans les bois les plus nobles.
Un édifice d’exception à visiter « Avant de visiter la villa Tugendhat, j’en avais beaucoup entendu parler, conclut Rastislav Boško. Cependant, j’ai quand même été assez surpris quand j’ai vu le bâtiment en vrai. Surtout par l’austérité et le retrait de la façade le long de la rue. J’ai aussi été étonné par la façon dont la lumière pénétrait dans le séjour. Les photos ne représentent pas bien la majesté de ce chef-d’œuvre. Il faut venir le découvrir pour comprendre son immense beauté. » Des travaux monumentaux de rénovation et de restauration au cours des années 2010-2012 lui ont rendu justice pour le plus grand plaisir des visiteurs.
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1/ Des placards et une porte en palissandre devant un fauteuil MR (Knoll). 2/ Le Rolleiflex de Rastislav Boško semble faire partie du décor. Il faut dire que le premier exemplaire apparu date de… 1929, comme la villa Tugendhat !
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À Hambourg
Harmonie classique, accords contemporains
Au cœur de l’ancienne cité hanséatique, un homme d’images a su investir le décor d’un appartement du XVIIIe siècle pour lui apporter un caractère actuel et néanmoins respectueux de son histoire. Par Lykke Foged / Photos Morten Holtum
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Page de gauche Dominik Meis, assis à sa table de travail, un bureau d’école des années 50. Au-dessus de lui, une tête de requin découverte sur l’île de Sylt. Elle était accrochée dans la devanture d’un magasin depuis de nombreuses années avant qu’il ne se décide à l’acheter. Depuis, elle ne le quitte plus. Ci-contre Le bureau a trouvé place dans le salon. Petite armoire métallique dégottée
chez le brocanteur hambourgeois Das 7. Zimmer. Lampe de bureau Type 75, fruit d’une collaboration entre Paul Smith et la marque Anglepoise. Au mur domine le très grand Portrait of a Tibetan Woman du photographe Steve McCurry. Lustre fifties Snowflakes d’Emil Stejnar. Canapé Scandinavia (Bolia). Table basse en métal Tray (Hay). Lampe Panthella de Verner Panton (Louis Poulsen).
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a beauté sauvera le monde », nous disait Fiodor Dostoïevski… Une assertion bien connue que Dominik Meis pourrait reprendre à son compte. Ce producteur de films, notamment publicitaires et institutionnels, aime s’entourer
de belles choses, influer sur son environnement et, si possible, le magnifier. C’est ainsi
qu’il a personnellement pris en charge la réalisation de son appartement de 127 m2 au centre du quartier le plus agréable de Hambourg. « Le coin est très pratique. Tous les commerces de proximité sont accessibles à pied et il y a même un marché hebdomadaire en bas de l’immeuble, précise le producteur. Sans compter une multitude de magasins et d’espaces verts. Dès le pas de la porte s’offrent de nombreuses façons d’explorer la ville. » Le bâtiment, du XVIIIe siècle, répond aux canons classiques de son époque. L’aménagement comprend un long couloir menant à quatre grandes chambres, deux salles de bains et une cuisine donnant sur la cour, à l’arrière. Avant l’emménagement, les choses étaient déjà bien en place, car dans cet appartement acheté en 2013, « tout venait d’être rénové. Il s’agissait donc d’ajouter de la couleur et du caractère afin de créer l’effet obtenu aujourd’hui. » Dès le salon, la palette choisie donne le ton. Un gris foncé Black Tie (Flamant), assorti à un papier peint vert émeraude Élitis, établit une touche unique ainsi qu’un bon point de départ pour décliner les autres teintes. Les attributs classiques des portes et des fenêtres, recouvertes de blanc, y ont été préservés. Le très grand Portrait of a Tibetan Woman, signé du photographe Steve McCurry, occupe le mur principal et permet de faire vibrer les couleurs du décor. Au plafond, Snowflakes, un lustre d’Emil Stejnar, qui date des années 50. L’agencement du salon s’organise, lui, autour d’un tapis
Page de gauche La vue sur la salle à manger depuis le salon met en valeur les hautes portes coulissantes qui séparent les deux espaces. Sur le mur du fond, une peinture de l’artiste berlinois Stephan Jung, une pièce qui suit Dominik Meis depuis vingt ans. Ci-dessus Vue de la façade de l’immeuble du XVIIIe, qui accueille l’appartement de Dominik Meis. Au pied de l’immeuble, un marché s’anime une fois par semaine.
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Page de gauche La cuisine est située à l’arrière de l’appartement. Elle a en partie conservé son style classique originel. Le propriétaire l’a découverte telle quelle et a choisi d’y ajouter une table chinée et deux chaises Standard de Jean Prouvé (Vitra). Ci-contre La salle à manger donne sur la chambre principale. La longue table est le fruit d’un assemblage réalisé par Dominik Meis à partir d’un plateau
commandé puis recouvert de peinture et de pieds issus d’un ancien atelier travaillant le fer forgé. Autour de la table, deux Oak Chairs in Scrapwood signées Piet Hein Eek et quatre Revolt, des fifties, conçues par Friso Kramer (Ahrend). Le tapis vient de Vossberg (Hambourg). Au plafond, les lampes ont été sauvées de la démolition d’un bâtiment public auquel elles appartenaient, à Budapest.
Ci-contre Le couloir joue un rôle central de distribution. Dans une répartition très typique des appartements classiques, propre à la noblesse du XVIIIe, les pièces les plus conviviales se présentent en amont, tandis que la cuisine, la salle de bains et la chambre d’amis se trouvent au fond. 1/ Vue sur le métro aérien depuis le salon avec un bonsaï que soigne son
propriétaire. 2/ Dans la chambre principale, sur la commode dégottée chez Ply (Hambourg), des vases chinés. Au mur, une lampe dénichée chez Prediger (Hambourg). 3/ Sur le mur du salon, d’anciennes coupures de journaux sixties ont été encadrées. 4/ Dans la cuisine, un jeu de caissons empilables fait office de vaisselier.
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vintage. Le vintage joue d’ailleurs un rôle important dans l’aménagement autant par son apport ludique que par le caractère qu’il donne à l’ensemble. Dominik Meis garde un œil attentif sur les ventes aux enchères, toujours à la recherche de pièces rares ou insolites qui viendront peupler son intérieur. Dans cet appartement au style vibrant, plein d’humour et de personnalité, la plupart des objets ont été recueillis au fil du temps et revêtent avant tout une grande valeur sentimentale pour leur propriétaire.
Une décoration évolutive Le temps est une donnée nécessaire pour tout projet d’aménagement selon Dominik Meis, qui ne croit pas que l’on puisse tout concevoir depuis son bureau. Il lui semble impératif de devoir vivre dans un espace pour mieux en faire ressortir le caractère. Celui du bâtiment ayant été bien préservé au fil des rénovations, c’est avec beaucoup de respect que le producteur s’est inscrit dans le cours des choses. Un environnement qu’il aime partager. C’est ainsi que, dans la salle à manger, la grande table est rapidement devenue un point de convergence : « J’adore cuisiner et inviter des amis, c’est pourquoi cette table occupe une position centrale dans la maison », dit-il. Le bureau a pris place dans le salon, signe que ce lieu de vie et de socialisation est aussi un espace de travail. À l’occasion, le propriétaire aime s’installer dans la grande chambre d’amis, face à la cour, d’autant que son ordinateur portable suffit à son activité. Dirigeant sa propre entreprise, il est maître de son emploi du temps. Travailler chez lui est une évidence, ce qui explique aussi le soin qu’il a pris à créer une ambiance qui lui sied parfaitement.
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Dans la chambre à coucher principale, le gris des murs rappelle celui de la salle à manger. Tandis que le vert du métal des armoires évoque celui du salon. Celles-ci proviennent d’un magasin d’antiquités et sont issues d’un stock de fournitures de l’armée allemande. Les photos au-dessus du lit sont de l’artiste portugais Fernando Brito. Le couvre-lit vient de chez Vossberg (Hambourg).
À Bruxelles
Villa amarrée Dans un quartier verdoyant de la capitale belge, la maison Berteaux, dessinée par l’architecte moderniste belge Louis Herman De Koninck en 1936, a été restaurée avec soin en 2007 par son propriétaire. Avec son plan libre et son style simple et fonctionnel, c’est la demeure de famille parfaite, habitée d’une forte personnalité.
Ci-contre et page de droite Dans le sud de Bruxelles, la maison Berteaux est une villa indépendante des années 30 dessinée par l’architecte Louis Herman De Koninck pour un ingénieur qui lui a donné son nom. Entouré d’un jardin privé, le bâtiment dispose d’une grande terrasse sur le toit qu’une rambarde longe comme sur un navire.
© LIVING INSIDE
Par Marzia Nicolini / Photos Jan Verlinde
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orsque nous sommes venus visiter la maison Berteaux, Xavier De Breucker, son propriétaire, nous a accueillis en nous saluant chaleureusement depuis le pont supérieur de son « bateau »… Il faisait beau et nous avons été invités à nous installer sur de
magnifiques fauteuils Butterfly vintage sur la terrasse, pour y boire une tasse de thé. « Ainsi, dit-il avec un sourire, vous voyez immédiatement ce qui fait le charme de cette maison. » Cette résidence possède un vaste toit-terrasse entouré d’un garde-corps métallique comme sur un navire. Autres marques de sa singularité, trois hublots ponctuent sa façade. Dans les années 20 et 30, les traversées transatlantiques étaient devenues très populaires. Ce sont des architectes et décorateurs de renom qui ont conçu l’intérieur des bâtiments maritimes. La tendance bateau est donc devenue une mode incontournable dans le style moderne, surtout sur la côte où se retrouvent de nombreuses villas affichant ce gracieux style paquebot. On pense notamment à certaines villas de Knokke, en Belgique. Mais ce style s’est aussi exporté, à Hollywood, à Tel-Aviv ou à Casablanca. « L’architecte Louis Herman De Koninck a dessiné ce bâtiment entre 1936 et 1938. Il a été terminé juste avant la guerre, explique Xavier De Breucker. De Koninck avait conçu la villa Berteaux pour un ingénieur éponyme et pour un médecin, qui seraient venus ici profiter d’une retraite en pleine nature autour du fort Jaco, car, à cette époque-là, elle se situait encore à la campagne. » Louis Herman De Koninck (1896-1984) fut l’élève de Victor Horta (1861-1947). Contrairement à son mentor, il opta pour le langage complètement visuel de l’avant-garde et puisa ses inspirations à la fois dans le mouvement De Stijl, dans le Bauhaus et chez Le Corbusier. Parce qu’il était un des pionniers du modernisme et de l’architecture fonctionnelle, capable de renoncer à une décoration somptueuse et aux schèmes conventionnels du passé, il fut
Page de gauche Le sol de l’escalier est d’époque, en granito (ou terrazzo, un matériau constitué de fragments de pierre naturelle et de marbre colorés agglomérés à du ciment). Ci-dessus Dans le salon ensoleillé et lumineux, sur le tapis Tiger Lily, la Coffee Table d’Isamu Noguchi (Vitra) prend une place centrale. Autour, canapé et pouf Kennedee de Jean-Marie Massaud (Poltrona Frau). Coussins Kvadrat. Côte à côte, deux fauteuils de l’architecte d’intérieur finlandais Yrjö Kukkapuro (fabriqués sur mesure par Avarte pour une autre maison). On aperçoit à l’extérieur plusieurs fauteuils Butterfly des designers Antonio Bonet, Juan Kurchan et Jorge Ferrari Hardoy (Airborne).
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Ci-contre Dans le bureau, un meuble-vitrine (1937) de Louis Herman De Koninck, réalisé sur mesure pour la maison, habille le mur du fond depuis sa construction. Une collection de services à thé modernistes y est exposée. À droite, réédition des années 70 d’une lampe de bureau Quadro de Jacques Adnet (1900-1984). Chaise Cesca en cuir (Knoll) et bureau S 285
(Thonet), les deux de Marcel Breuer. Tapis Weindingen d’Eileen Gray (ClassiCon). Page de droite Autour de la table 370 El Dom de Hannes Wettstein (Cassina), série de chaises vintage Conference en tissu d’Eero Saarinen (Knoll). Au-dessus, trois suspensions Multi-Lite de Louis Weisdorf (Gubi). Au mur, Rockhopper (Origami), de Sarah Morris. Bols birmans laqués.
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admiré à son tour par de nombreux ténors, dont l’architecte Richard Neutra (1892-1970). Car, en effet, en 1936, il avait déjà à son actif une longue liste de créations architecturales. La villa Berteaux, à Uccle, est très intéressante du point de vue de son architecture, laquelle a été parfaitement conservée grâce aux sages conseils de l’architecte Alain Delogne, qui a aidé le propriétaire et sa femme, Pascale, à réaliser les différentes rénovations. « La raison pour laquelle nous en sommes immédiatement tombés amoureux tient au fait que tous les propriétaires nous ayant précédés avaient été extrêmement respectueux. Même la plupart des poignées de porte et les meubles muraux avaient été préservés », précise Xavier avec enthousiasme. Certains éléments ont dû néanmoins être revus. « Par exemple, nous avons changé tout le système électrique et avons installé des interrupteurs et des prises en Bakélite, fidèles aux originales qui, elles, sont en cours de réédition. Le sol en granit de la cuisine et du hall a également été refait. Nous possédons tous les plans originaux et même la correspondance échangée entre le client et le maître d’œuvre ! J’ai tout lu avant de commencer la restauration », précise le nouveau maître des lieux.
Renaissance de la cuisine Au fur et à mesure que ses idées mûrissaient, Xavier De Breucker a réalisé que la cuisine d’origine (qui avait été partiellement démolie) devait être reproduite. « Il nous a semblé que la cuisine était la clé de toute l’histoire de De Koninck, car il a acquis sa renommée grâce à ses cuisines modernes Cubex », explique-t-il. L’architecte fut, en effet, l’un des premiers à concevoir une cuisine modulaire moderne. Elle fut inventée entre 1927 et 1929 et commercialisée en 1930. Jusqu’en 1965, des milliers d’entre elles ont été instal-
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1/ La cuisine et ses étagères métalliques portent le label Cubex, des versions vintage et du XXIe siècle. « Cette cuisine nous a semblé être la clé de toute l’histoire de De Koninck, car il a acquis sa renommée avec ses cuisines modernes modulaires Cubex », explique le propriétaire. Plan de travail en pierre de lave d’Auvergne. Tabourets hauts DeClercq. 2/ Dans le bureau, qui donne sur le salon, sur le tapis Wendingen d’Eileen Gray (ClassiCon), chaise et bureau de Marcel Breuer (Thonet). Dans le séjour, tapis Tiger Lily. Canapé et pouf Kennedee de Jean-Marie Massaud (Poltrona Frau). Au-dessus, mobile dans l’esprit de ceux d’Alexander Calder. Lampe posée jaune Flower Pot de Verner Panton (Louis Poulsen). Page de droite La cheminée ouverte sépare la salle à manger du salon. Œuvres picturales de Sarah Morris.
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lées, beaucoup ayant été conservées très longtemps. Puis leur production s’est arrêtée. « C’est précisément parce que ces cuisines, leur design et leur fonctionnalité, s’intègrent parfaitement dans les immeubles du début du XXe siècle, et parce qu’il ne restait qu’un petit fragment de la première cuisine, et que je n’ai pas trouvé d’autre modèle approprié, que l’idée m’est venue de faire revivre cette marque de cuisines légendaire », explique le propriétaire. Avec un associé, ils ont contacté les descendants de l’architecte, ont racheté les droits et ont relancé la marque. La société Cubex du XXIe siècle reproduit les modèles originaux ainsi qu’une nouvelle version légèrement plus grande, mais avec une finition laquée classique. Dans la cuisine de la villa Berteaux, quelques armoires originales ont été combinées à de nouveaux modèles. Parallèlement, une très grande partie de l’intérieur a été conservée : par exemple, le bureau, qui peut rester clos grâce à une porte coulissante retrouvée endommagée dans la maisonnette du jardin ; le bureau et l’armoire murale figurent parmi les éléments qui ont toujours été présents dans la maison ; dans le salon, la bibliothèque que l’architecte a fait construire en béton reste, elle aussi, toujours visible. S’il manque la cheminée, celle-ci a été remplacée par un foyer aux angles arrondis conçu par Xavier De Breucker. Quant au raffinement de la décoration, il est à mettre au crédit de Pascale. « C’est elle qui s’en est occupée, confie le propriétaire. L’important était de conserver “l’esprit” de la maison sans lui donner l’apparence d’un musée. Nous avons soigneusement choisi des pièces qui sont des classiques ou des icônes. Nous ne voulions pas surcharger la maison d’œuvres d’art, sachant que la villa elle-même est une œuvre d’art. Chaque matériau, chaque couleur et chaque tableau a été choisi pour interagir avec ses lignes et ses formes. »
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Sur le tapis Tiger Lily, Lounge Chair et ottoman de Charles et Ray Eames en version blanche réinterprétée par Hella Jongerius, une édition limitée de 2002 (Vitra). Lit Tufty de Patricia Urquiola (B&B Italia). Meuble de chevet USM Haller. Au mur, photo Duza du Russe Oleg Dou. Lampe AJ d’Arne Jacobsen (Louis Poulsen). Petit tabouret coréen.
À Hambourg
Immaculée conception C’est dans le cadre dépouillé d’un ancien bâtiment industriel que le studio de design et d’architecture d’intérieur hambourgeois Wehberg a réussi à créer une atmosphère chaleureuse et à réunir sous le même toit un atelier, un bureau et un appartement familial. Par Lykke Foged / Photos Mortem Holtum
Page de gauche Les briques rouges apparentes de cette ancienne manufacture monumentale ont un charme typiquement hambourgeois. Ci-contre Iris Wehberg dans son appartement, perché au dernier étage de la bâtisse, qui bénéficie de la lumière des larges fenêtres de type industriel.
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ur trois étages, cette bâtisse du XIXe siècle en brique rouge apparente est typique du centre-ville ancien de Hambourg, dans le quartier animé d’Ottensen. Elle fut tour à tour une ébénisterie, une manufacture de voilerie et même une prison,
durant la Première Guerre mondiale. Mais aujourd’hui, seuls sa belle hauteur sous plafond, l’escalier en béton et le monte-charge d’origine ont été conservés par Max et Iris Wehberg. Le décor actuel de l’atelier, du bureau et du domicile familial de 240 m2, a été réalisé dans le plus grand respect de l’histoire de l’immeuble et de sa fonction antérieure. Mais l’agencement des pièces a été entièrement repensé. Lors du lancement des travaux de rénovation des 120 premiers mètres carrés, en 1999, il n’y avait ni toilettes ni salle de bains, le câblage électrique était rudimentaire, le système de chauffage central inexistant. Lentement, mais sûrement, le couple d’architectes d’intérieur a installé le confort moderne, avec des radiateurs et parfois des fenêtres neuves – mais toujours des copies conformes des originaux. Car ce n’est que dix ans plus tard qu’ils ont investi les 120 m2 restants ! Doté d’une vue imprenable, à l’écart du bruit de la rue principale, l’appartement familial se trouve au dernier étage. Le charme de ce vaste espace tient indéniablement à ses grandes fenêtres d’usine classiques, à la sobriété très germanique de sa décoration et à son plancher d’origine. Plutôt que de changer celui-ci, Max Wehberg a choisi de ne pas le remplacer mais de simplement le faire repeindre en gris anthracite, la même couleur que les montants de fenêtres. Le résultat, texturé, est très dynamique… et très facile à
Page de gauche La cuisine, ouverte, a été placée au centre du grand séjour pour permettre une meilleure circulation de la lumière, notamment. Longue table réalisée par Max lui-même, chaises bistrot Thonet en bois clair… l’ameublement est brut et privilégie la simplicité. Au mur, quelques œuvres des parents de Max, tous deux artistes peintres. Ci-dessus Les murs blancs, les poutres apparentes, les grandes fenêtres de l’ancienne manufacture du XIXe siècle et le sol d’origine repeint en anthracite créent une atmosphère chaleureuse et raffinée, source de créativité pour Max Wehberg et ses collaborateurs.
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Ci-contre Vaste, avec une belle hauteur sous plafond, la salle à manger familiale offre un espace de vie agréable et convivial. Une délicate alliance entre austérité et chaleur humaine. 1/ Le chat Mimi profite de la lumière des grandes fenêtres. 2/ Carla, 19 ans, la fille de Max et Iris, dans le salon. Lampadaire Twiggy de Marc Sadler (Foscarini). 3/ Max Wehberg et son studio proposent une large gamme de services : il conçoivent des objets, des meubles, réalisent des
superstructures pour des événements, de l’architecture d’intérieur et dispensent du conseil en direction artistique, qui va jusqu’à la scénographie d’expositions d’art. En 2017, Wehberg Studio a contribué à la réalisation du banc modulable Campus levis, de Westeifel Werke, qui a reçu le German Design Gold Award au salon Ambiente de Francfort. 4/ Ici, toujours le gracieux mariage entre le blanc immaculé et le bois.
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entretenir. « Quand il y a des éraflures ou des égratignures, tout ce que nous avons à faire, c’est une retouche avec un peu de peinture », nous dit-il en riant.
Une approche interdisciplinaire Tous les murs ont été peints en blanc et la cuisine, ouverte, a été placée au centre du grand séjour. La décoration est légère, privilégiant des essences de bois claires. La longue table à manger a été réalisée par Max lui-même, tout comme certaines des sculptures en bois exposées un peu partout et le lit. Max et Iris ont choisi de ne pas remonter de cloisons, les espaces sont donc simplement délimités par le mobilier : le canapé associé à une table basse, posés sur un tapis, forment ainsi le séjour. « La disposition, simple et épurée, exigeait un mobilier sobre lui aussi », explique Iris Wehberg. L’art et les sculptures sont en grande partie des œuvres des parents de Max, qui étaient artistes peintres tous les deux. Le parti pris choisi pour les espaces de travail n’est pas différent : « En peignant tout en blanc, nous avons opté pour un décor qui soit comme une toile de fond immaculée pour tous les projets sur lesquels nous travaillons ici et qui sont exposés », résume Max Wehberg. De fait, le Studio Wehberg défend une approche interdisciplinaire : il conçoit des objets – qui vont des équipements d’aires de jeux au mobilier de bureau –, propose de l’architecture d’intérieur et possède également une section de conseil en direction artistique qui va jusqu’à la scénographie d’expositions d’art.
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Pas de décoration superflue, pas de grand discours scénographique ou esthétique, la chambre parentale est à l’image du reste des lieux, claire, calme, apaisante. Le lit et la sculpture en bois ont été réalisés par Max Wehberg.
© Photo : C. Goussard - A l’ombre du « Cylindre ouvert et aux Couleurs » de D. Buren
Nichée au cœur d’un vignoble séculaire, au pied du massif des Maures en Provence, la Commanderie de Peyrassol est une destination inspirante qui allie avec bonheur art du vin et art contemporain.
Commanderie de Peyrassol Côtes de Provence 83340 Flassans-sur-Issole / +33 (0)4 94 69 71 02 www.peyrassol.com
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.
Sir Nikolai met Hambourg sur un plateau La chaîne de boutique-hôtels joue la proximité et s’inspire de chaque ville qu’elle investit pour créer des adresses conviviales, à l’instar de ce nouvel opus chaleureux et intime, aux portes du quartier de HafenCity, où l’on se sent comme chez des amis. Par Olivier Waché / Photos Nicolas Krief pour IDEAT
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près une ouverture à Amsterdam en 2013 et une autre à Berlin en 2016, c’est à Hambourg que Sir Hotel a posé ses valises mi-2017, avant d’aller s’installer à Ibiza puis à Barcelone. À Hambourg, la marque de boutique-hôtels a investi et transfor-
mé un typique immeuble de brique rouge de sept étages, qui servait d’entrepôt à semences (Kontorhaus), en une adresse de charme. L’hôtel est posé au cœur de la ville, au bord du canal Nikolaifleet, dont il tire son nom. À quelques encablures de l’église Sainte-Catherine, que l’on aperçoit à travers les fenêtres, à égale distance de l’Elbphilharmonie et du centre d’art Deichtorhallen, l’emplacement est idéal pour les touristes, qu’ils soient d’agrément ou d’affaires. Lorsqu’on y pénètre, l’endroit peut dérouter. Ici, point de lobby immense et majestueux pour vous accueillir. À la place, une fois la porte franchie, un couloir dessert deux escaliers : l’un, face à l’entrée, mène au restaurant et au bar ; l’autre, sur la gauche, conduit à un espace cosy. C’est là que se situent la réception, mais aussi des espaces d’attente et de repos, avec des canapés et des fauteuils, parfaits pour lire ou discuter… L’ambiance donne davantage l’impression d’être chez des amis hambourgeois que dans un hôtel. Et c’est donc avant même d’avoir découvert l’une des chambres que le ton est donné, et le pari remporté. Car les Sir Hotels affirment justement cette volonté de proximité avec la clientèle, mais aussi avec la ville ou le quartier. « Chaque Sir Hotel affiche un esprit indépendant lié de manière significative à sa localisation, indique
Liran Wizman, propriétaire et fondateur des Sir Hotels. Il est crucial pour nous d’être un acteur important dans la ville. Nous voulons apporter à Hambourg quelque chose de vraiment nouveau à travers le design et l’expérience culinaire, mais aussi rendre hommage à son incroyable culture grâce à notre bibliothèque et à notre sélection d’art qui célèbrent les talents locaux. » Dans cet esprit, l’hôtel propose Sir Explore, un programme permettant d’entrer en relation avec
Page de gauche C’est à l’agence néerlandaise FG Stijl qu’a été confiée la décoration de l’ensemble de l’hôtel, les espaces communs comme les chambres. Mobilier confortable, tons chaleureux, les lieux évoquent une maison de famille ou de campagne. 1/ The Lounge et The Study sont des espaces de convivialité situés du côté de la réception, où l’ambiance feutrée favorise la détente ou la conversation. 2/ The Patio, avec son immense cheminée ronde en marbre gris, jouxte le restaurant Izakaya d’inspiration japonaise et péruvienne. Il est naturellement éclairé par une verrière de toit, qui s’ouvre aux beaux jours.
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les habitants en réservant, par exemple, un cours sur le portrait avec le photographe Ivo von Renner, une promenade dans la ville autour du street-art avec le spécialiste Robert Neuendorf ou encore un atelier de création de bijoux avec le joaillier Jonathan Johnson…
La convivialité avant tout Si l’agence choisie pour la décoration, FG Stijl, est néerlandaise et pas allemande, c’est grâce à Circle Culture. Liée à des galeries de Berlin et de Hambourg, cette plateforme a mandaté des artistes locaux tels que Henning Les ou Irmgard Nolte. Les œuvres et le mobilier ont été choisis pour offrir une ambiance à la fois chaleureuse et confortable. Les 94 chambres, de 21 à 57 m2, se répartissent en cinq catégories : Sir Boutique, Sir Deluxe, Sir Supreme, Sir Suite et une unique Sir Residence. Teintes chaleureuses, bois sombre, laiton et marbre, tapis anciens, accessoires et décoration sélectionnés avec justesse composent une ambiance des plus accueillantes. Les salles de bains en marbre blanc, avec douche à l’italienne ou baignoire, les équipements (enceinte Marshall, machine à espresso Illy, literie maison) complètent l’ensemble. Enfin, les chambres donnent sur le canal, la vieille ville ou la cour intérieure de l’hôtel. Pour nourrir le corps, Sir Nikolai propose un bar et un restaurant avec cuisine ouverte, Izakaya, du groupe Entourage. Cette table offre une étonnante fusion entre Japon et Pérou : sushis, sashimis, viandes et poissons cuits sur un grill robata (au charbon de bois) ou un hibachi (petit barbecue en fonte) traditionnels. Le lieu est traité dans le même style que le reste de l’hôtel. Sous le toit vitré rétractable, le patio, situé dans la cour intérieure proposant jusqu’à 120 places, abrite une immense cheminée ronde en marbre gris encadrée par des bibliothèques. Sir Nikolai ouvrira prochainement un spa de 300 m2 avec salle de sport, piscine, sauna et salle de soins.
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Matériaux nobles, mobilier choisi avec soin ou sur mesure, gravures qui évoquent le quartier et le passé du bâtiment, chacune des 94 chambres est richement décorée dans une inspiration Art déco et offre un bon niveau de confort, notamment grâce à la literie Sir Bedding Collection. L’hôtel propose cinq catégories dont une majorité de chambres Sir Boutique, le modèle standard. Le plus haut niveau est la Sir Résidence : 57 m2, deux chambres indépendantes avec lit king size, un convertible et deux salles de bains. Sir Nikolai Hamburg. Katharinenstrasse 29, 20457 Hamburg. Tél. : +49 40 299 966 66. Sirhotels.com/de/nikolai Chambre à partir de 153 €/nuit.
ET SI VOUS APPUYIEZ SUR PAUSE ?
II Nouveau magazine féminin slow living
Contemporary trips parce que les voyages forment la jeunesse !
Shanghai
Miami
New York City
Londres
Sydney
Moscou
Paris
Rio de Janeiro
Venise
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« La brume, le vent, la vue sur l’Elbe à travers les rideaux, et les sirènes des bateaux. C’est ça Hambourg pour moi. » Karl Lagerfeld (1933-2019), styliste, photographe et créateur
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Hambourg La brûlante nordique Elle mérite bien son surnom de « porte du monde ». Ville de marchands, de briques rouges et de canaux, Hambourg dégage un charme rugueux tout en contrastes. Devenue la capitale de l’innovation et des médias allemands, exposée aux sunlights avec l’impressionnante Elbphilharmonie d’Herzog & de Meuron, l’ancienne cité hanséatique, aussi respectable que rebelle, poursuit sa mutation. Par Geneviève Brunet / Photos Stevens Frémont pour IDEAT
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orsqu’on flâne à Hambourg, il est rare de ne pas
C’est à Hambourg, au XIIIe siècle, que fut créée La
voir surgir, entre deux immeubles, les pointes acé-
Hanse (guilde en haut allemand). Cette association de
rées de l’Elbphilharmonie. Vague de verre coiffée
villes marchandes devait compter, au Moyen Âge, jusqu’à
d’écume posée sur un socle de brique rouge, à l’image de
200 cités, sorte d’Union européenne avant l’heure pensée
celles qui ont fait l’identité de la ville : l’œuvre des archi-
pour bâtir un quasi-monopole sur les échanges en Eu-
tectes suisses Herzog & de Meuron est devenue l’incar-
rope du Nord. Huit siècles plus tard, Hambourg a-t-elle
nation de la cité. Deux ans après son inauguration, plus
tellement changé ? Son appétit de réussite, son désir de se
de 8,5 millions de personnes y ont assisté à un concert
distinguer, certainement pas. Première ville économique
ou ont emprunté le vertigineux Escalator de 82 mètres
et plus grand port de marchandises d’Allemagne, elle a
de long, tunnel nimbé de blanc menant à une terrasse
gardé son nom officiel, Freie und Hansestadt Hamburg
perchée à 37 mètres au-dessus du sol, ouverte sur la ville
(ville libre et hanséatique de Hambourg). La raideur pro-
et le ballet de porte-conteneurs du port. Succès total. Un
testante est toujours là et les signes extérieurs de richesse
morceau de bravoure architectural et un pari financier
restent codés. « Le loden bleu marine et le cachemire
qui sont à l’image de cette ville surprenante, si sage en
beige sont la règle, s’amuse Ulla Jahn, propriétaire de
apparence mais capable de toutes les extravagances. Sa
la galerie Func.furniture. Les intérieurs sont meublés de
personnalité tout en contrastes ne date pas d’hier. Ouverte
noms de designers qui ont fait leurs preuves, personne
au commerce maritime, aux idées, chantre de la liberté de
ne prend de risques. » De fait, cette galerie propose des
la presse, port de départ et d’arrivée des voyageurs au long
pièces exceptionnelles de designers modernistes, du vin-
cours, Hambourg donne pourtant toujours l’impression de
tage au sens le plus noble du terme ! Cachés derrière les
rester drapée dans sa superbe. Aujourd’hui encore, beau-
murs des maisons de l’époque wilhelminienne (la période
coup de sites Internet, y compris d’institutions culturelles
allant de 1871 à 1918) des bords du lac de l’Alster ou du
ou de restaurants, sont exclusivement dans la langue de
quartier chic de Nienstedten se nichent la plupart des mil-
Goethe et nombreux sont les commerçants qui ne parlent
liardaires du pays. Voyez Harald Falckenberg : critiqué
pas un mot d’anglais. C’est le moment de réviser votre
ou admiré pour ses positions radicales, l’homme d’af-
allemand ! La cité nordique n’en est que plus dépaysante,
faires de 74 ans fait figure d’ovni dans le petit monde des
et donne cette vague impression d’avoir atterri sur une
grands collectionneurs privés. Ses choix iconoclastes ont
île… À une heure quinze de vol de Paris !
beau surprendre, il est devenu l’une des figures respectées
Page précédente Holthusenbad, dans le quartier d’Eppendorf, est un temple voué à la culture balnéaire. À l’intérieur, une grande piscine à vagues et un bain thermal à 34 °C. À l’extérieur, une piscine d’eau fraîche. L’établissemement propose aussi une aire de jeux aquatiques pour les enfants, un spa et un sauna de style années 20. 1/ Non loin d’HafenCity, les entrepôts de brique rouge aux façades restaurées donnant sur le canal Nikolaifleet offrent une belle image du vieux Hambourg. 2/ Dans le quartier de Gängeviertel, zone bohème, la boutique de Xyz Cargo, fabriquant de triporteurs modulaires. 3/ Dans les halles à bétail de l’ancien abattoir de Hambourg, le restaurant Bullerei, à l’artmosphère studieuse et raffinée. Page de droite On se pose et on profite de l’ambiance haute en couleur aux influences asiatiques et africaines du restaurant Neni de l’hôtel 25hours Altes Hafenant, à HafenCity.
ID-URBAN SPIRIT
1
268
2
3
dans une ville plus coutumière des vernissages feutrés que
artistes eux-mêmes. Un fonctionnement de l’art typique-
de la provoc. En vingt ans, Falckenberg a amassé près
ment germanique. Il ne date pas d’hier : la Kunstverein
de 4 000 œuvres, tous médias et supports confondus. Il
a récemment fêté ses 100 ans ! Ce quartier de friches
les archive et les expose dans une ancienne usine de la
ferroviaires, limitrophe du nouveau quartier de Hafen-
périphérie de Hambourg, la Sammlung Falckenberg,
City, est devenu la pépinière de l’art contemporain. De
où il accueille également d’importantes rétrospectives.
l’autre côté des voies ferrées, les Deichtorhallen sont deux
« La ville a jeté les fondements de l’art contemporain
gigantesques halles de verre et d’acier datant de 1913, qui
allemand, avant que Berlin ne reprenne le flambeau,
sont devenues, avec leurs 5 600 m2, l’un des plus grands
rappelle-t-il souvent. Tout a commencé à Hambourg, où
espaces privés consacrés à l’art en Europe. Une aile pour
vivaient et créaient des artistes majeurs comme Hanne
l’art contemporain, l’autre pour la photographie : encore
Darboven, Anna Oppermann, Sigmar Polke ou Dieter
deux lieux de la galaxie Falckenberg. Face à cet art établi,
Roth. Le mouvement punk, nihiliste et engagé, a aussi
d’autres font de la résistance. En plein centre-ville, un pâté
contribué à renverser l’ordre alors établi. » Si sa fille et
de maisons classées du XIXe siècle est squatté depuis dix
héritière Jenny, fondatrice de l’agence d’art Unique Art
ans par une communauté d’artistes, bien décidée à rester
Concepts, qui s’occupe des jeunes artistes et organise des
indépendante. Le quartier s’appelle Gängeviertel et, lors-
vernissages peu conventionnels pour un public huppé, a
qu’on a envie d’un bain de culture alternative, c’est là qu’il
pris le relais, tous ceux qui ont à faire avec l’art contem-
faut plonger pour tâter de la bohème et de l’underground.
porain rendent hommage au père. « Tout le monde
Frappez à la porte de Till, créateur de Xyz Cargo. Entre
doit beaucoup à Harald Falckenberg », reconnaît Katja
un sex-shop féministe, une galerie d’art éphémère et des
Schroeder, directrice artistique de la Kunsthaus, un lieu
petits bistrots collectifs, ce fabriquant de triporteurs mo-
à but non lucratif lancé par la ville dans les années 60,
dulaires propose une manière nouvelle de construire des
champ d’expérimentation et vitrine de la jeune création.
cycles fonctionnels en mettant l’accent sur la production
Cette structure vivante de 500 m2 permet aux jeunes
locale dans une démarche sociale et écologiquement
artistes allemands de commencer à exposer dans un
durable. Il vous fait visiter le quartier, sorte de village
lieu professionnel. Juste à côté, dans le même ensemble
d’irréductibles au milieu de la zone futuriste où se sont
d’anciennes halles couvertes, la Kunstverein est organi-
implantés Google et Facebook. Mais c’est aussi ça, Ham-
sée sur un principe identique : les actionnaires sont les
bourg, le lieu de la gentrification et de la contre-culture où
1/ Wohnkultur 66, la très sélecte boutique d’Anna Martina Münch et Manfred Werner, spécialisés dans la réédition de meubles de la première moitié du XXe siècle. Chaise Siksak et canapé Dreamlake, de Hanne Vedel (Spindegarden), pouf Kaktus (1930). 2/ Björn Juhnke dirige le restaurant Haco, situé à Sankt Pauli, au cœur de Hambourg. Le jeune chef a fait d’un ancien pub une adresse gastronomique en proposant une cuisine régionale nordique haut de gamme dans un décor décontracté mais chic. 3/ Ambiance club privé un brin décalée, entre équipement ultramoderne et décoration rétro : le luxe douillet de l’hôtel Henri attire particulièrement les businessmen et citadins exigeants. Page de droite Dans la très élégante Kaisergalerie, la boutique Uzwei, au milieu de laquelle trône un sculptural escalier de bois, propose des collections capsules de créateurs allemands, britanniques ou japonais, mais aussi des cosmétiques et de la maroquinerie.
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1
2
3
la bourgeoisie observe d’un œil distancié les mouvements
Et puis il y a le Sud, l’ouverture vers le fl euve et la
les plus rebelles : elle sait que l’innovation artistique fait
mer : HafenCity. Sous ce nom de code, le gigantesque
aussi la richesse d’une ville. « Hambourg est un épicentre.
projet réinvente l’urbanisme de la ville en gagnant sur
Elle cherche constamment à se renouveler, à se nourrir
les eaux pour répondre à l’irrépressible poussée démo-
d’influences extérieures », expliquent Till Fellrath et Sam
graphique. À proximité immédiate du centre-ville, il
Bardaouil, le duo qui copréside la Fondation culturelle
jouxte le ravissant secteur de Speicherstadt, l’ancien
Montblanc, basée dans cette ville.
quartier des entrepôts, habillé de pavés et de briques rouges où flottent encore les parfums des caisses de
270
Friperies et meubles « upcycling »
thés importés du bout du monde. Juste à côté, les
Si Gängeviertel, le cœur artistique de la ville, est coincé à
155 hectares de HafenCity, édifiés à la place d’anciens
l’est parmi les beaux quartiers, c’est à l’ouest, contrairement
hangars portuaires, laissent progressivement place à
à Berlin, que se trouvent les zones en cours de gentrification.
une ville futuriste. Les concours d’architecture se suc-
À l’instar de Sankt Pauli et sa Reeperbahn, lieu de toutes les
cèdent et les tours de verre et d’acier s’élèvent, voisines
extravagances, règne du street art. Les labels musicaux y
de l’Elbphilharmonie devenue l’ambassadrice de cette
ont installé leurs QG, les disquaires sont au coude à coude
mutation. Au début des années 2000, les promoteurs se
et, à la tombée de la nuit, l’ambiance s’enflamme. Ottensen
sont concentrés sur le développement économique de la
et Schanze, anciens quartiers industriels et ouvriers, où les
zone, avant de prendre conscience que, sans culture, le
pianos Steinway et les stylos Montblanc ont eu leurs pre-
quartier ne pourrait pas se développer. Le théâtre s’est
mières manufactures, ont d’abord été colonisés par l’immi-
invité à travers des festivals d’été sous des chapiteaux
gration turque, puis par les punks. Ils sont désormais des
éphémères, la musique sur différentes scènes alterna-
nids à bobos. Ces villages aux jolies places fleuries ont vu
tives en plein air, et quelques galeries commencent timi-
les prix de l’immobilier décoller ces cinq dernières années.
dement à s’installer. Le futur de la cité s’écrit au contact
C’est le repère des familles, des jeunes cadres à poussettes,
de l’eau. C’est ainsi que l’on avait rêvé Hambourg et,
des coffee-shops torréfacteurs et des boutiques de designers.
même si cette ville appelle à réviser tous ses clichés, c’est
Pas question de trouver ici du Jill Sander, la patronnesse
ainsi qu’elle se confirme : altière, magnifique. Cachée
du style monacal hambourgeois. Non, ici, on s’habille de
derrière son masque de respectabilité, son caractère
fripes et on se meuble « upcycling ».
rebelle, épicurien, ne cesse de regarder en avant.
1/ et 3/ Le port de Hambourg est situé dans le quartier des affaires de HafenCity, au fond de l’estuaire de l’Elbe. Troisième port d’Europe, d’une superficie de 87 km2, il est spécialisé dans le transport fluvial et la gestion du trafic des conteneurs. 2/ Le Wohnhalle de l’hôtel Fairmont Vier Jahreszeiten est le salon où les marchands concluaient des négoces avec l’Orient. Il s’en dégage une atmosphère de maison de campagne du début du XXe siècle. Aujourd’hui, on peut y prendre un thé en profitant du calme de cette oasis temporelle. Le charme de l’ancien… Page de droite Telle une promesse, le Erste Liebe Bar propose de vous combler en nourriture et en boissons, mais aussi d’assouvir votre soif d’art en exposant tous types d’œuvres : photographies, street-art, installations, design textile et tableaux d’artistes de renommée internationale. Au mur, une peinture du plasticien allemand Jan Altmann.
ID-URBAN SPIRIT
1
2
1/ Le très arty Erste Liebe Bar, dans le quartier de Fleetinsel. 2/ Le port de Hambourg, un étonnant mariage entre bâtiments anciens en brique rouge et ville nouvelle.
HAMBOURG PRATIQUE Y ALLER
PROFIL EXPRESS
trois jours, qui permet
À FAIRE / À VOIR
la ville est d’emprunter
1 h 15 de vol entre Paris
Troisième port d’Europe,
de visiter les cinq plus
- L’Elbphilharmonie,
les bateaux à vapeur
et Hambourg et de
Hambourg a bien plus à
grandes institutions d’art
bien sûr. Au moins pour
qui sillonnent le lac et
nombreuses connexions
offrir que ses sublimes
de Hambourg à volonté
emprunter le vertigineux
permettent de découvrir
depuis d’autres villes
perspectives de grues
(Bucerius Kunst Forum,
Escalator qui n’en finit
certains des quartiers
françaises avec
géantes. Ici, l’eau est
Deichtorhallen Hamburg,
pas de vous emporter
les plus huppés avec
Air France, Lufthansa
omniprésente. Des lacs
Hamburger Kunsthalle,
vers les terrasses, parfois
leurs belles maisons
ou Eurowings.
du centre-ville aux bords
Kunstverein et le musée
très ventées, qui ouvrent
patriciennes, mais aussi
de l’Elbe semés de
des Arts et Métiers). 25 €.
leurs panoramas sur la
les œuvres d’architectes
SE RENSEIGNER
plages, la métropole joue
Kunstmeile-hamburg.de
ville et le port. Elles sont
contemporains qui
Offices du tourisme :
partout du reflet de ses
- Chaque année, en mai,
ouvertes au public les
commencent à pointer
Hamburg-tourism.de
immeubles de brique ou
les musées ouvrent
soirs de concert, qui sont
ici et là.
et Germany.travel
de verre. Deuxième plus
grand leurs portes pour
souvent complets
grande ville allemande
une Lange Nacht der
longtemps à l’avance.
À ÉCOUTER
SE DÉPLACER
après Berlin avec
Museen (longue nuit des
Elbphilharmonie.de
Hambourg n’a pas attendu
La Hamburg Card
1,7 million d’habitants,
musées). La prochaine
- Passer devant le
sa Philharmonie pour être
permet de sauter du
en constante évolution
aura lieu le 18 mai 2019.
Kontorhausviertel. Édifié
la ville de la musique.
métro au RER local en
démographique, elle a
Langenachtdermuseen-
dans les années 20 et 30
Brahms et Mendelssohn y
passant par les bus et
pour ambition de
hamburg.de
dans un style
ont composé, les Beatles
les trams. Les trains sont
s’étendre au sud, et
- Du 18 au 21 septembre,
expressionniste en brique,
y ont fait leurs débuts.
fréquents et les
même au-delà de l’Elbe.
c’est le festival de la
il serait le tout premier
Avec Warner Music et
correspondances
Airbus a posé ses ailes
Reeperbahn qui met
quartier d’affaires en
200 petits labels, la belle
courtes. Hambourg est
dans la ville la plus riche
toute la ville au son des
Europe. La structure de
nordique reste une
la ville du vélo et des
du pays, tout comme
musiques nouvelles.
l’impressionnante
capitale musicale. La
transports en commun.
les grands journaux, les
Reeperbahnfestival.com
Chilehaus, en brique
spécificité du son made in
L’accès aux quais est
pianos Steinway ou les
- Dès à présent, prenez
noire, évoque la proue
Hamburg ? Il n’y en a pas.
libre, on ne composte
stylos Montblanc.
rendez-vous avec la
d’un navire. Son voisin le
Avec 5 000 groupes en
8e Triennale de
Sprinkenhof cache des
ville, tous les genres
pas : personne ne triche
272
en Allemagne !
RENDEZ-VOUS
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escaliers en spirale
sont représentés :
Hamburg-travel.com/
- Kunst Meile Hambourg
déroulera de juin
incroyables.
tester par exemple
search-book/hamburg-
3-Day Pass est un
à septembre 2021.
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Helena Hauff, Fink,
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nouveau ticket valable
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manières de s’approprier
Ben UFO ou Four Tet.
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ID-URBAN SPIRIT
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7
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teste la baignoire de
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2
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de luxe. Entre Merci et le
de craquer pour ces
7
BHV, un grand classique
un petit cadeau de
dégageant, lorsqu’on
petits cadeaux dans des
réédition de meubles de
dont on ne se lasse pas.
dernière minute à
dévisse son couvercle
conditionnements vintage
la première moitié du
Fischertwiete, 2.
apporter pour un dîner.
plat, un parfum qui vous
ou design.
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Mine d’or
d’Eppendorf, sorte
fut mise au point à
nivea-haus
Neutra, des lampes
Liv Interior (5)
de Marylebone teuton
Hambourg en 1911. Un
La créatrice Tina Mirza
au charme tranquille et
immeuble cossu abrite le
Rééditions précieuses
Lloyd Wright ou encore
entasse, dans cette
aux petits coffee-shops
flagship de la marque,
Wohnkultur 66 (7)
leur propre collection de
chaleureuse boutique,
de charme.
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Installés depuis vingt-cinq
meubles « Vienna–New
ses créations de textiles
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ans dans ce vaste espace
York »… Un travail
et de petits objets pour
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du quartier de
artisanal de haut vol, dans
la maison : plaids,
Tmroom77.de
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Schanzenviertel, soutenu
le respect des créateurs
500 produits pour le
de piliers de fonte et
dont ils on acquis les
coussins, bougeoirs,
dessinées par Frank
cadres et autres
En beauté
visage, le corps, les
aménagé en corners,
droits d’édition.
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Nivea (6)
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C’est l’histoire d’une
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les soirs où l’on cherche
petite boîte bleu indigo
leur gamme. Une mine de
spécialisés dans la
Wohnkultur66.de
279
ID-URBAN SPIRIT
LES LIEUX CULTURELS QUI COMPTENT À HAMBOURG
© ANDREAS WEISS
Ce n’est pas parce que l’on est une capitale économique que l’on doit tourner le dos à l’art. Bien au contraire, ville d’amateurs et de mécènes, Hambourg s’articule autour de quelques solides institutions aux fonctionnements parfois originaux.
1
4
2
3
5
6
Moderniste
septentrionale dotée de
rendez-vous avec les
Musical
temps, on pourra visiter
Ernst Barlach Haus (1)
vastes salles noyées de
grands maîtres, de
L’Elbphilharmonie (3)
les lieux de jour et
La maison consacrée au
lumière et largement
Holbein à Cranach en
On connaît l’histoire :
profiter des vues depuis
peintre, sculpteur et
ouvertes sur la nature,
passant par une série de
une salle qui se fait
les terrasses perchées.
écrivain expressionniste
accueillant toute l’année
quatorze œuvres
désirer, un dépassement
Platz der Deutschen
Ernst Barlach (1870–1938)
expositions et
majeures du peintre
de budget
Einheit 1.
fut ouverte au public en
rétrospectives d’art
Caspar David Friedrich
stratosphérique. Mais
Tél. : +49 40 357 666 66.
1962. C’est Hermann
moderne et
(1774-1840). L’autre aile,
tout est oublié : le
Elbphilharmonie.de
F. Reemtsma, ami et
contemporain.
appelée Galerie der
bâtiment dessiné par
mécène de Barlach, qui
Baron-Voght-Strasse 50.
Gegenwart (la galerie du
Herzog & de Meuron
Précurseur
eut l’idée de demander
Tél. : +49 40 82 89 78.
présent) et surnommée
laisse tout le monde
Kunstverein (4)
à l’architecte Werner
Barlach-haus.de
le « White Cube », vous
baba. Les deux salles
Caspar David Friedrich,
fera rencontrer Richard
ont accueilli plus de
Phillip Otto Runge ou
Kallmorgen un écrin pour
280
sa collection. La villa
Passé et présent
Serra ou Georg Baselitz,
800 concerts depuis
Arnold Böcklin furent les
d’architecture moderniste
La Kunsthalle (2)
et un hall entier y est
l’ouverture en janvier
premiers à être exposés
est un bâtiment bas aux
Le musée conserve l’une
réservé à Joseph Beuys.
2017 ! Un programme très
dans cette galerie créée
lignes pures, organisé
des plus importantes
Glockengiesserwall 5.
dense qui balaie tout le
en 1817 par un groupe de
autour d’un patio. Une
collections d’art en
Tél. : +49 40 428 131 200.
spectre musical. À
citoyens hambourgeois.
sorte de Galerie Maeght
Allemagne. D’un côté,
Hamburger-kunsthalle.de
défaut de réserver à
Le lieu est donc non
7
seulement la plus
aider à communiquer et
Piliers
consacrés à l’image dans
2011 pour exposer la
ancienne institution
à trouver des studios
Les Deichtorhallen (6)
la très riche librairie.
collection du propriétaire
artistique de la ville, mais
pour travailler, telle est
Sous l’impressionnante
Deichtorstrasse, 1-2.
et programmer de vastes
son fonds est riche
la mission de cette
structure Eiffel, deux
Tél. : +49 40 321 030.
expositions de groupe ou
d’acquisitions réalisées
association fondée en
vertigineux espaces
Deichtorhallen.de
des rétrospectives.
pendant deux siècles, de
1962. Sur les 500 m2 d’un
édifiés en 1911 : une
dons et de successions.
ancien marché couvert,
aile vouée à l’art
Subversif
que sur rendez-vous, en
Une particularité, le
la structure accueille
contemporain, une autre
Sammlung
visites guidées et
Verein choisit de
chaque année des
à la photographie, une
Falckenberg (7)
majoritairement en
présenter surtout
expositions individuelles
collection permanente
En 2007, le collectionneur
allemand, mais
des artistes engagés.
et collectives. Plus qu’un
et des expositions
d’art Harald Falckenberg
qu’importe si l’on ne
Klosterwall 23.
simple lieu d’exposition,
événements : ces
faisait l’acquisition, dans
comprend pas la langue :
Tél. : +49 40 322 157.
le Kunsthaus se veut un
Deichtorhallen,
la banlieue, de cette
la guide vous laisse le
Kunstverein.de
foyer vivant de la scène
littéralement « halles
ancienne usine de pneus
loisir de flâner nez en l’air
artistique
de la porte de la digue »,
Continental. Reconvertie
d’un niveau à l’autre dans
Nouvelle génération
hambourgeoise.
occupent d’anciennes
par l’architecte berlinois
ce dédale de white cubes.
Kunsthaus (5)
Klosterwall 15.
halles de marché.
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Exposer la nouvelle
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génération d’artistes, les
Kunsthaushamburg.de
provision d’ouvrages
elle ouvrait ses portes en
Sammlung-falckenberg.de
Celles-ci ne s’explorent
281
ID-ARCHI CULTE BAUHAUS
Tel-Aviv, le Bauhaus en héritage Exemple unique de concentration d’architecture du mouvement moderne, la moitié des 4 000 bâtiments de la « Ville blanche » est, depuis 2003, inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Où en est l’héritage de cette cité bâtie dans les années 30, autrefois synonyme d’utopie sociale et de modernité ?
282
À
sa naissance, Tel-Aviv n’est qu’un désert de dunes
issus de la haute bourgeoisie et des milieux intellectuels,
blanches au bord de la Méditerranée. Un faubourg
quittent l’Europe et la montée de l’antisémitisme pour
de Jaffa, l’un des plus anciens ports du monde. Le
s’installer en Terre sainte. « Tel-Aviv signifie “colline du
premier langage architectural de cette cité sortie du sable
printemps” en hébreu, rappelle Micha Gross, cofondateur
mêle indifféremment dômes byzantins, colonnes romaines,
et directeur du Bauhaus Center. Cela illustre bien la force
arches mauresques et même pagodes chinoises. Afin de
spirituelle de la ville, un esprit libre, où il peut toujours
maîtriser l’essor fulgurant de sa ville, le premier maire, Meïr
se passer quelque chose de nouveau. » Des dizaines de
Dizengoff, fait appel à l’urbaniste écossais Patrick Geddes,
jeunes architectes formés un peu partout en Europe, au
qui dévoile en 1925 un plan inspiré des cités-jardins, très
Bauhaus ou auprès de Le Corbusier, d’Erich Mendelsohn...
visionnaire par sa capacité d’adaptation aux changements
reviennent, eux aussi. La demande immobilière est forte, le
culturels, politiques ou climatiques. Geddes dessine des ar-
territoire est presque vierge et les plans sont prêts. Tel-Aviv
tères centrales réservées à la circulation et une suite d’îlots
se transforme à partir de 1930 en un spectaculaire chan-
résidentiels organisés comme un kibboutz urbain. Il limite
tier. Venus d’horizons différents, ces architectes partagent
la hauteur des bâtiments à cinq étages, l’occupation des
les idéaux sociaux du sionisme et les mêmes priorités ar-
sols par le bâti à 50 % et imagine des terrains alignés selon
chitecturales : la simplicité des lignes et la fonctionnalité.
une cadence régulière, ouverts sur la rue et entourés d’une
Une dizaine se regroupent au sein du très influent Houg
verdure abondante. « Sa philosophie n’était pas purement
(« cercle » en hébreu), parmi lesquels Arieh Sharon, Joseph
esthétique, mais beaucoup plus approfondie, avec la re-
Neufeld, Carl Rubin, Dov Karmi, Sam Barkaï, Ze’ev Rech-
Reportage Céline
cherche d’une qualité de vie liée à la nature, à la lumière,
ter... Collectivement, ils réfléchissent à un ensemble urbain
Baussay / Photos
à l’aération », explique Jeremie Hoffmann, directeur du
inédit, cohérent, et, au-delà, à un vrai projet de société. « Ils
Jean-Claude Figenwald
département de conservation de la municipalité de Tel-Aviv.
parlaient des idées du modernisme et de son adaptation
pour IDEAT
En 1929, des dizaines de milliers de Juifs, essentiellement
au contexte local, de la manière dont ils pouvaient créer
1
4
6
2 Page de gauche Maison Soskin (1933), 12, rue Lilienblum. Architecte : Ze’ev Rechter. 1/ Maison Shlomo Yafe (1932), 21, rue Bialik. Architecte : Salomon Gepstein. Racheté par le philanthrope Ronald Lauder (fils d’Estée Lauder), le bâtiment a été restauré en 2000 par Boubi Luxembourg et Nahoum Cohen puis plus récemment par Tal Eyal. Depuis 2008, son rez-de-chaussée abrite un petit musée consacré au Bauhaus. 2/ La résidence de l’ambassadeur de France (1933-1938). Architecte : Yitzhak Rapapport. Au départ commandée à l’architecte par un homme d’affaires arabe, elle a été acquise par le gouvernement français en 1949. 3/ Au 20, rue Pinsker. 4/ 5/ et 7/ L’invention du béton armé a révolutionné cette architecture. Résultat : des immeubles s’inspirant d’une proue de navire, des balcons tout aussi bien arrondis (marque de fabrique d’Erich Mendelsohn) que carrés ou rectangulaires, donnant parfois l’impression d’une commode géante avec les tiroirs ouverts. Un style marqué par l’influence de Le Corbusier : avec ses fenêtres panoramiques, ses pilotis pour libérer l’emprise au sol et un toit-terrasse conçu comme espace de convivialité, avec parfois une pergola, un treillis de poutres… 6/ Vue de la partie ouest de TelAviv depuis le toit de la mairie.
3
5
7
283
ID-ARCHI CULTE BAUHAUS
1
4
6
284
2 1/ Cinéma Esther (1939), devenu Hôtel Cinéma, 1, rue Zamenhof et place Dizengoff. Architecte : Yehuda Magidovitch. Rénové par Bar Orian Architects. Édifié dans l’une des parties les plus centrales de la ville, le bâtiment donne sur le square Dizengoff, une place fameuse pour son caractère international. 2/ Maison Shimon Levi, ou « Maison Paquebot » (1935), 56, rue Levanda. Architecte : Arieh Cohen. 3/ Au 1, rue Montefiore (années 20). Un immeuble initialement dessiné par Yehuda Magidovitch, le même architecte qui créa le Cinéma Esther, mais réalisé ensuite par Isaac Schwartz. Restauré en 2011 au prix d’extensions substantielles. 4/ Maison Shami, dite « Maison du Thermomètre » (1936), 5, rue Frug. Architecte : Yehuda Liulka. 5/ Maison Shimon Benin (1936), 56, rue Allenby. Architectes : Lotte Cohn et Yossef Merer. Rénovée en 2001. 6/ Les balcons en saillie, un trait distinctif de l’architecture Bauhaus. 7/ Au-dessus de cette entrée du 39, rue Joseph Trumpeldor, un petit surplomb brise-soleil. Page de droite The Felicja Blumental Music Center and Library, 26, rue Bialik. Un immeuble récent – il date de 1996 –, dessiné par l’architecte israélienne Nili Portugali sur les restes d’une façade des années 30.
3
5
7
ID-ARCHI CULTE BAUHAUS
1
3
5
2 Page de gauche Les balcons du 94-96, rue Dizengoff, un bâtiment public à l’origine (1936). Architecte : Yehuda Magidovitch. Autour, le square Dizengoff présente un exemple rare d’urbanisme global avec une grande unité. 1/ Aux lignes droites et au plan orthogonal succèdent des angles courbes avec des pleins et des déliés souvent au niveau des balcons. Un trait caractéristique de l’architecture Bauhaus à Tel-Aviv. 2/ Maison Soskin (1933), 12, rue Lilienblum. Architecte : Ze’ev Rechter. 3/ Maison Elishav (1931), 27, rue Mazeh. Architectes : Josef and Ze’ev Berlin. Rénovée par Hagai Tamir Architects and Designers (2000). 4/ Un petit immeuble, toujours dans la rue Mazeh. 5/ Immeuble de la Fondation Rothschild de Césarée (1937), 104, boulevard Rothschild. Architecte : Yehuda Magidovitch. Rénové en 1999. 6/ Le béton, l’acier et le bois, le trio gagnant des rampes d’escalier de l’architecture moderne, à Tel-Aviv. Autres associations gagnantes : la pierre des marches et le verre des ouvertures, ici aux formats carré et hublot. Le carrelage jaune s’est aussi largement imposé dans les montées d’escalier de la ville. 7/ Kiosque traditionnel, boulevard Ben-Gourion.
6
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ID-ARCHI CULTE BAUHAUS
1
3
5
288
2 1/ Un immeuble à l’angle de la rue Ben-Yehuda et du boulevard Ben-Gourion. 2/ Cet immeuble du boulevard Rothschild livre une caractéristique majeure du Bauhaus : l’utilisation du verre comme élément de façade. De nombreuses montées d’escalier en disposent malgré deux contraintes majeures : un prix élevé et un apport calorifique souvent malvenu dans une région déjà chaude. 3/ Maison Max Liebling (1936), 29, rue Idelson. Architecte : Dov Carmi. Planifié au tout début des années 30, c’est probablement le premier cas de bâtiment pensé avec des balcons en retrait le long de la structure, un pendant au concept de fenêtre bandeau cher à Le Corbusier. 4/ L’entrée de la maison Rosenzweig (1937), côté rue Mendelsohn. Architecte : Yehiel Avrahami. Rénovée par Amnon Bar Or & Co. Architects (2014). 5/ Maison de l’Ancre (1935), 23, rue Pinsker. Architecte : Pinchas Hütt. Une influence japonaise se fait sentir sur cette large façade vitrée, esthétiquement très belle, mais très difficile à entretenir. 6/ Maison Feldmann (1935), 18, rue Bialik. Architectes : Friedman Brothers. Un jeu de volumes très expressif, proche de la sculpture.
6
4
une langue architecturale », souligne Jeremie Hoffmann.
c’est vrai, mais le terme Bauhaus est devenu si populaire
C’est ainsi qu’est né le style international. Il perdurera
qu’il est resté. » À Tel-Aviv, la « machine à habiter » chère
jusqu’à la fin des années 40, avant de céder la place au
à Le Corbusier reprend à son compte les principes majeurs
brutalisme et au modernisme de l’après-guerre. Quatre
du mouvement moderne, mais en favorisant la végétation
mille bâtiments de ce style ont été recensés à Tel-Aviv. La
dense et la circulation de l’air tout en protégeant ses habi-
moitié ont été classés en 2003 sur la Liste du patrimoine
tants de la forte luminosité. De fait, le style international
mondial de l’Unesco et 190 sont considérés comme de
est très marqué par son influence. « Au moment où Geddes
véritables chefs-d’œuvre, sur lesquels aucune modification
a conçu son plan pour Tel-Aviv, en 1925-1927, c’était le
n’est possible. La grande majorité se concentre dans trois
début du béton armé en France, rappelle Jeremie Hoffmann.
quartiers, Dizengoff, Rothschild et Bialik, qui constituent
Cette technologie révolutionnaire permettait tout à coup
ce qu’il est coutume d’appeler la « Ville blanche ».
d’imaginer de nouvelles formes. » Bien que protégé depuis 2003, ce bâti presque centenaire s’est beaucoup dégradé. À
Le modernisme européen à l’œuvre
défaut de subventions de l’État ou de l’Unesco, une solution
Même si Tel-Aviv est souvent désignée comme « la pre-
originale a été trouvée : les promoteurs immobiliers créent
mière ville Bauhaus du monde », l’architecte Nitza Metz-
un ou deux étages supplémentaires sur le toit et, en échange,
ger-Szmuk, qui a créé et dirigé le département de conserva-
ils doivent financer la rénovation de tout l’immeuble, sans
tion de la municipalité, mais aussi écrit et présenté le dossier
le dénaturer. Depuis l’adoption par la ville d’un plan de
de demande de classement à l’Unesco, tient à la vérité
conservation, en 2008, 400 extensions de ce type ont déjà
historique : « Tel-Aviv a été influencée par le modernisme
été réalisées et une centaine sont en cours. Mais cela ne
européen et pas seulement par l’école du Bauhaus. Elle doit
suffira pas à préserver la Ville blanche. On estime à 10 %
son caractère unique au fait qu’elle représente toutes les
seulement le nombre de ses bâtiments Bauhaus restaurés.
tendances architecturales européennes de l’époque. » Son
Bien que toujours dotée d’un fort potentiel de séduction
successeur, Jeremie Hoffmann, est plus pragmatique : « On
dans l’imaginaire collectif, Tel-Aviv est bel et bien confron-
ne peut pas trouver deux bâtiments qui se ressemblent,
tée à une dégradation manifeste.
Résidence Recanati (1935), 35, rue Menahem-Begin. Architectes : Salomon Liaskowsky et Yaacov Orenstein. Rénovée par Bar Orian Architects (2000).
289
ID-ROAD TRIP BAUHAUS
Weimar – Dessau – Berlin
Il y a cent ans, le Bauhaus devenait à la fois une école, un atelier, un laboratoire d’idées. Entre 1919 et 1933, Weimar, Dessau puis Berlin allaient accueillir successivement l’institution. Trois étapes où, en cette année de célébration, sont attendus les fans de ce phénomène allemand à la renommée internationale. Par Guy-Claude Agboton / Photos Thomas Rusch
290
WEIMAR La légende du Bauhaus débute à Weimar, en Thuringe, lorsque l’architecte Walter Gropius reçoit, dans l’Allemagne défaite de 1919, les premiers élèves de l’école, des filles et des garçons qui rêvent d’un monde nouveau. En 2019, dans la même ville, les étudiants de la Bauhaus-Universität évoluent dans les ateliers du bâtiment d’origine, conçu par l’architecte belge Henry Van de Velde. Quelle que soit leur discipline – art, design, architecture, médias, ingénierie civile –, ils passent tous les jours sous la grande fresque d’Oskar Schlemmer qui dépeint en silhouettes leurs arrière-grands-parents. Non loin, la modernité du bureau de Gropius scotche les visiteurs. Des luminaires au mobilier, tout a été pensé par des créateurs d’exception. Weimar, berceau de cette modernité qui va contaminer le XXe siècle, est pourtant conjointement la cité classique qui accueillit Bach, Schiller et Goethe. Sur le chemin de la maison du poète, justement, dans le grand parc de la ville, impossible de rater la ruine néogothique bâtie au XVIIIe siècle, autrefois l’atelier d’artiste et d’enseignement de Johannes Itten (1888-1967), un végétarien portant volontiers des combinaisons de pompiste. Dès 1923, dans ces lieux où prime l’artisanat, sont exposés – notamment dans la Haus am Horn, architecture radicale et primordiale signée Georg Muche – les travaux de cet homme au crâne glabre, en particulier son mobilier. À pied ou à vélo, il faut aussi voir, sur les hauteurs de la ville, les maisons qui doivent au Bauhaus leur caractère. Page de gauche L’entrée du bâtiment de Dessau. 1/ À Weimar, le premier bâtiment du Bauhaus, construit par Henry Van de Velde. © GCA 2/ Dans l’escalier, la fresque d’Oskar Schlemmer figurant ses étudiants, un thème qu’il développera à Dessau. © GCA 3/ Signalétique peinte en 1923 par Herbert Bayer, affichiste et typographe.
2
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3
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ID-ROAD TRIP BAUHAUS
DESSAU Entre la Thuringe et la Saxe-Anhalt se trouvent 39 bâtiments Bauhaus. L’école migre en 1925 à Dessau, fuyant l’ire des milieux conservateurs de Weimar. Gropius en érige la principale construction. Son escalier graphique et coloré inspirera en 1932 au peintre Oskar Schlemmer l’une de ses plus belles toiles, qui représente des étudiants en train de gravir les marches, un thème ébauché dans une fresque à Weimar. Les différentes ailes de ce complexe abritent des ateliers, un auditorium, un café et des chambres individuelles. Il était pourtant alors très mal vu de faire dormir des élèves sur place, même dans 20 m2 – un luxe – garnis de couvertures signées Gunta Stölzl. Autre émotion : celle qui étreint le visiteur dans les maisons des maîtres, inscrites sur la Liste du patrimoine mondial de l’humanité. Bienvenue chez Vassily Kandinsky, Josef et Anni Albers, Oskar Schlemmer ou László Moholy-Nagy ! Le directeur Hannes Meyer, successeur de Gropius entre 1928 et 1930, trouvait un peu systématique cette belle symphonie de murs blancs, de toits plats, avec de grandes ouvertures sur la nature alentour. Moholy-Nagy vivait, lui, dans de la couleur, et Kandinsky avec ses icônes russes. Le Bauhaus anime fatalement les conversations du restaurant Kornhaus, riche d’une rotonde 1930 donnant sur l’Elbe. On ne repart pas sans une visite du côté de Törten, où toute une cité-jardin de 314 habitations, construites de 1926 à 1928, est restée dans son jus. La palme de l’étrange revenant à la Maison d’acier, de Georg Muche et Richard Paulick.
1
2
292
1/ La rampe d’escalier de la maison du peintre Lyonel Feininger, alors enseignant : un jalon limpide. 2/ L’auditorium de Dessau. 3/ L’architecture mythique des maisons des maîtres. Page de droite La rotonde du restaurant Kornhaus, signée Carl Fieger.
3
ID-ROAD TRIP BAUHAUS
1
3
2
BERLIN Suivre un itinéraire Bauhaus immerge le pèlerin dans du design mais aussi dans l’histoire même de l’Allemagne. Quand Mies van der Rohe, son directeur à partir de 1930, déménage l’école dans la capitale, il laisse derrière lui, à Dessau, des autorités locales hostiles. Les crédits lui seront coupés malgré ses efforts pour faire passer l’institution comme apolitique. Il n’y a donc pas de bâtiment emblématique à Berlin en 1933. Mais, grâce à une kyrielle de créateurs, designers et architectes, qui vont ensuite quitter le pays, le Bauhaus va bientôt rayonner au-delà de ses frontières. Le site des Bauhaus-Archiv étant en rénovation jusqu’en 2022 – il occupe temporairement un bâtiment de Charlottenbourg –, son fonds vient surtout alimenter nombre d’expositions anniversaires expatriées (lire notre calendrier pp. 130-138). Une boutique propose néanmoins ses affiches : des merveilles. Berlin est intéressante autant pour l’esprit Bauhaus qu’elle diffuse que pour le modernisme de ses architectures portées par des créateurs issus de l’institution. D’excellentes visites guidées y sont organisées. La maison que Mies van der Rohe a dessinée pour l’imprimeur Karl Lemke, au bord de l’Obersee, est aujourd’hui un lieu d’exposition. Dans la ville plane ainsi un esprit qui se diffuse jusque chez Erich Hamann, chocolatier de père en fils, dont le fondateur était l’ami du gourou Johannes Itten. Dans le quartier de Wilmersdorf, au 17 de la Brandenburgische Strasse, une boutique du confiseur conçue par ce fameux professeur, l’un des grands maîtres à penser de l’école, est restée dans son jus. Le Bauhaus, source intarissable de plaisirs ! Page de gauche et 3/ La maison Lemke, de Mies van der Rohe, son dernier projet avant de quitter Berlin. 1/ L’école fédérale de l’ADGB, signée Hannes Meyer, à Bernau (lire p. 132). 2/ La boutique des Bauhaus-Archiv, en résidence temporaire à Charlottenbourg.
295
ID-ROAD TRIP BAUHAUS
À Dessau, une (re)création de l’architecte Bruno Fioretti Marquez.
l’impression étrange d’y
Le Bureau du travail
Berlin
croiser les descendants
Également dessiné par
La capitale est l’occasion
des étudiants de
Gropius. Accessible à
de découvrir non pas
l’époque. Le cadre oscille
pied, à vélo ou en bus,
la fin du Bauhaus, qui
entre une architecture du
il est toujours en activité.
s’y est éteint en 1933,
début du siècle dernier à
Visite guidée ou libre.
mais au-delà, tout
l’extérieur et une franche
Historisches Arbeitsamt,
le modernisme qui en
modernité à l’intérieur.
August-Bebel-Platz 16.
a découlé. Certaines
Geschwister-Scholl-
Bauhaus-dessau.de
adresses sont incontournables.
Strasse. Uni-weimar.de La cité Törten
Y ALLER
bâtiment aux fondations
Haus am Horn
Dans le sud de la ville, c’est
GoArt !
L’office national allemand
XVIIe, ont abrité les
Après un tour dans
un quartier résidentiel de
La ville organise des visites
du tourisme en France
séjours de Goethe,
le grand parc de la ville,
maisons privées. On peut
guidées autour de l’art, du
est une excellente source
Schiller, Liszt et Wagner.
où le professeur gourou
notamment y visiter la
design, de l’architecture,
d’informations pour
Pour deux nuitées
Johannes Itten coachait
Maison d’acier. L’immeuble
mais aussi des dernières
organiser un séjour
(476 € pour deux
ses étudiants en plein air
Konsum, signé Gropius, en
adresses lifestyle (mode,
et en savoir plus
personnes, 308 € en solo)
à côté des ruines de son
est le point de ralliement.
restos, bars…), individuelles
sur les célébrations
avec petit déjeuner,
atelier néogothique,
Am Dreieck 1.
ou en groupe.
du centenaire.
l’hôtel offre deux entrées
il faut aller voir, à pied ou
Bauhaus-dessau.de
Yorckstrasse 16.
Germany.travel/fr/ms/
pour le musée du
à vélo, la villa construite
celebrating-bauhaus/
Bauhaus de Weimar,
par Georg Muche en
Les maisons des maîtres
celebrating-bauhaus.html
qui ouvre le 6 avril.
1923. (Visites guidées.)
Toujours dans le sud de
Il y a aussi l’office du
Markt 19.
On peut ensuite jeter
la ville, le séjour culmine
Chocolaterie
tourisme de la Thuringe :
Hotelelephantweimar.de
un œil discret sur les
avec la découverte des
Erich Hamann
maisons alentour, bâties
villas construites en 1925
Le fondateur de cette
Tél. : +49 361 37 420.
Goartberlin.de
Thuringe-tourisme.fr
Dessau
dans l’esprit du Bauhaus,
par Walter Gropius pour
marque avait pour ami
Le site du centenaire du
Dans le bâtiment
avec leurs toits plats,
les maîtres du Bauhaus.
le peintre et professeur
Bauhaus en Allemagne :
mythique construit par
leurs fenêtres carrées et
Ebertallee 59-71.
suisse Johannes Itten,
Bauhaus100.com
Walter Gropius en 1925, il
leurs façades régulières
Bauhaus-dessau.de
qui a tout conçu, de
Celui du « grand tour
est possible de déjeuner
plutôt chatoyantes.
du modernisme » :
ou de dîner, voire de
Am Horn 61.
Le restaurant Kornhaus
où domine le bois
Grandtourder
passer la nuit (de 40 €
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Autre point fort, dans
jusqu’aux accessoires
moderne.de
à 60 €). À la lumière
l’architecture intérieure
le nord de la ville,
de présentation.
du jour et même le soir,
Dessau
ce véritable décor de
Brandenburgische
HÔTELS
l’édifice demeure chargé
Le siège de la
film, qui offre une vue
Strasse 17.
Weimar
de sa propre histoire, au
Fondation Bauhaus
exceptionnelle sur l’Elbe.
L’histoire, la politique
sens où l’on ne cesse de
C’est évidemment
Ouvert de 11 h à minuit.
Bauhaus-Archiv
et l’économie expliquent
penser à ce que pouvait
l’objectif premier
Kornhaustrasse 146.
Pour faire du shopping
les débuts du Bauhaus
y être la vie de ses
du séjour ! Le bâtiment
Kornhaus-dessau.de
comme dans un
à Weimar et nulle part
étudiants, épris de
même du Bauhaus,
ailleurs. Ici, la moindre
création et d’avant-garde,
dessiné par Walter
Conseils
Déménagées du quartier
visite, guidée ou non,
dans la première partie
Gropius en 1925.
La bonne idée, c’est
de Tiergarten pour cause
à pied, en bus où à vélo,
du XXe siècle. À voir,
Son foyer graphique et
de dormir au Bauhaus !
de travaux, les archives
fait bien sentir que la
la librairie et ses
coloré est signé László
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ses conservatismes, pour
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Scheper. Le reste
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à Charlottenbourg,
les changements de son
Bauhaus-dessau.de
des intérieurs est
Privilégiez les visites
qui propose notamment
l’œuvre de Marianne
guidées. La ligne de bus
une galerie d’exposition
époque. Dans cette cité
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concept-store !
pourtant classique, en
À VOIR
Brandt, Max Krajewski
no 10 relie, de 10 h à 17 h,
en mezzanine et
plein cœur de la vieille
Weimar
et Marcel Breuer.
quasiment tous les
une boutique de design.
ville, les murs de l’Hotel
L’université Bauhaus
Gropiusallee 38.
sites Bauhaus de la ville.
Knesebeckstrasse 1-2.
Elephant (lire p. 304), un
Visite organisée avec
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Nos adresses préférées
in Deutschland Que vous ne juriez que par le cœur bouillonnant des grandes villes ou que vous aspiriez à la douceur tranquille des lieux de villégiature, ce choix d’hôtels et de résidences de vacances germaniques aux looks étudiés devrait vous permettre de flirter avec la félicité. Par Bérénice Debras
Comme pour toutes ses autres parties communes, l’aménagement de cette terrasse du SO/ Berlin Das Stue est signé Patricia Urquiola. © STEVE HERUD
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© AFM COLOGNE
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FRANCFORT AMERON FRANKFURT NECKARVILLEN BOUTIQUE Quatre villas du début du XXe siècle forment cet hôtel qui ouvre fin mai. À l’intérieur, les résonances Art déco se combinent au style années 50 des 133 chambres. Dessinées par l’Italien Luigi Fragola, ces dernières déclinent une palette de bleus, de verts et de rouges et se drapent de tissus Rubelli Venezia et de tapis The Rug Company qui s’accordent à merveille avec le bois et le cuir. Neckarstrasse 7-13. Tél. : +49 2234 37900. Ameronhotels.com
MUNICH MARIAS PLATZL L’agence de design Dreimeta a grandi presque en même temps que la chaîne hôtelière 25hours, dont elle a signé la première adresse à Hambourg, le bien nommé Number One – et le Terminus Nord, à Paris, tout juste inauguré (lire p. 86). Misant sur l’esprit bavarois, elle a habillé les 34 chambres du Marias Platzl de panneaux en pin et créé des salles de bains semi-ouvertes. Le style évoque de loin un chalet : un volet, juste au-dessus du lavabo, donne sur la chambre. Et ce lavabo n’est autre qu’une bassine émaillée. Et le détournement d’objets ne s’arrête pas là. Aux murs, un papier peint façon Dirndl (robe traditionnelle) s’acoquine avec un bénitier et des cadres chinés au marché aux puces. Un joli kaléidoscope de la Bavière d’aujourd’hui ! Mariahilfplatz 4. Tél. : +49 89 622 3370. Mariasplatzl.de
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MUNICH ANDAZ MUNICH SCHWABINGER TOR La fameuse agence de design Concrete, basée à Amsterdam, s’est grandement inspirée de l’esprit de Munich, mêlant les nouvelles technologies aux traditions, pour réaliser le tout nouvel hôtel Andaz. C’est donc un patchwork de thématiques innovantes, culturelles et artisanales que les designers ont imaginé. Ils ont aussi fait appel à des talents locaux. Ainsi, les 277 chambres et suites se parent de travaux du graphiste le plus en vue d’Allemagne, Mirko Borsche, et le lounge s’anime grâce aux installations vidéo d’Yves Peitzner. Cerise sur le gâteau, Saskia Diez, créatrice de bijoux à Munich, a développé, avec La Bottega (référence de la cosmétique hôtelière) et le nez Geza Schön, une gamme d’accessoires pour les chambres et de fragrances pour les produits d’accueil. Cet Andaz est un vrai chaudron créatif ! Leopoldstrasse 170. Tél. : +49 89 904219 1234. Hyatt.com
© WOUTER VAN DER SAR PHOTOGRAPHY
DRESDE THE STUDENT HOTEL
© CHRISTIAN VERNASCHI
© SAL MARSTON PHOTOGRAPHY
À l’automne 2018, le groupe amstellodamois The Student Hotel inaugurait sa première adresse en Allemagne. Il implantait ainsi son concept hybride d’établissement où étudiants et jeunes professionnels se croisent sous le même toit. Ici, les 306 chambres à la touche techno/rétro s’inspirent de Kraftwerk Mitte, l’ancienne centrale électrique transformée en centre culturel. S’y ajoutent le vocabulaire graphique et coloré de la marque ainsi que des jeux d’arcade vintage et des détails des années 80 dans les espaces communs. Lesquels sont pleins de vie. Dans la cuisine, les étudiants se retrouvent pour papoter et « popoter » ensemble quand les businessmen s’affairent dans les espaces de travail ou discutent au restaurant. Séjour possible pour une nuit… ou pour un an ! Prager Strasse 13. Tél. : +49 351 49776190. Thestudenthotel.com
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© RE:HOF RUTENBERG
LYCHEN RE:HOF RUTENBERG « Qu’est-ce qui rend les hommes heureux ? » C’est avec cette question en tête que les propriétaires, deux artistes d’Amsterdam, ont réalisé sept logements de vacances dans un ancien presbytère à une heure trente de Berlin en voiture. Pour eux, le bonheur s’accompagne d’un retour aux sources et à la nature. Adeptes de pratiques écologiques (jusqu’aux toilettes sèches !), ils ont mêlé le design simple et fonctionnel à une certaine forme de poésie et de douceur, aussi bien dans les vieux bâtiments que dans les nouvelles unités en bois. L’architecte berlinois Peter Grundmann les a aidés dans leur démarche. À louer via Welcome Beyond, un réseau de boutique-hôtels et de maisons de vacances. Dorfstrasse 23. Tél. : +49 39 888 479 901. Rehof-rutenberg-ferienhaus-brandenburg.de Réservation au +49 163 737 2509. Welcomebeyond.com
BERLIN Luxueuse oasis entre le zoo de Berlin et le parc de Tiergarten, Das Stue est passé l’an dernier dans le giron du groupe Accor. L’occasion de revenir sur cette adresse prisée des créatifs, qui a déjà fait beaucoup parler d’elle. Il y a de quoi. Construit dans les années 30 par le même architecte que celui du grand magasin berlinois KaDeWe, le bâtiment accueillit un temps l’ambassade royale du Danemark avant d’être converti en hôtel. Mis en valeur par un lustre monumental, le double escalier n’a rien perdu de sa théâtralité. C’est Patricia Urquiola qui a signé l’aménagement de ses parties communes, mélangeant du mobilier et des luminaires de Molteni, B&B Italia, Moroso et Flos. Quant aux 78 chambres, réparties entre les vieux murs et une nouvelle annexe, leur ambiance élégante et moderne porte l’empreinte de l’agence LVG Arquitectura. Drakestrasse 1. Tél. : +49 30 3117220. Accorhotels.com et Das-stue.com
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© STEVE HERUD
SO/ BERLIN DAS STUE
PHOTOS : FREDERICO MARIN, COURTESY OF GANDÍABLASCO AND DIABLO, STEPHAN JULLIARD / TRIPOD AGENCY, JAN VERLINDE / LIVING INSIDE
CONTEMPORARY WISHES
FÊTE SES 20 ANS LE 10 MAI 2019
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ID-SPOTS
WIECK AM DARSS QUARTIER WIECK ©ELENA KRÄMER FOTOGRAFIE
Membre du réseau White Line Hotels, Quartier Wieck a récemment ouvert ses portes non loin de la mer Baltique. Cette maison de vacances de trois chambres, dessinée par Möhring Architekten, joue sur la lumière naturelle pour maximiser ses effets, même sous un ciel chargé de pluie. Les esprits japonais et scandinave se retrouvent sous le toit de cuivre, qui tranche avec ceux des voisins, en paille. À l’intérieur, des œuvres des artistes finlandais Petri Niemelä et Sami Lukkarinen flirtent avec des pièces de designers d’hier et d’aujourd’hui tels que Charles et Ray Eames, Konstantin Grcic et Michael Anastassiades. Bliesenrader Weg 9. Tél. : +49 171 99 74 187. Whitelinehotels.com et Quartier-wieck.de
WEIMAR HOTEL ELEPHANT Plus de quatre siècles d’Histoire… L’Hotel Elephant a accueilli bien des rêves, dont ceux de l’écrivain Thomas Mann, de l’architecte Walter Gropius et du peintre et graveur Lyonel Feininger – trois suites ont d’ailleurs été baptisées en leur honneur. Après neuf mois de rénovation sous la houlette de Bost Interior Design et de DK Architekten, il a rouvert ses portes en octobre sous la bannière d’« Autograph Collection », du groupe Marriott. Il a conservé son esprit des années 20 et 30 – Art déco et Bauhaus –, mixé avec des tendances d’aujourd’hui, et on y découvre des clins d’œil à l’art pictural, à la musique, à la littérature, à l’architecture et au design. On notera d’ailleurs, accrochées aux murs, des œuvres de Georg Baselitz et d’Elvira Bach. Markt 19. Tél. : +49 3643 8020. Marriott.fr et Hotelelephantweimar.de
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NUMÉRO ANNIVERSAIRE
20 ans
LE PLUS LIFEST YLE DES MAGAZINES DE DÉCO N ° 138 - Mai 2019 - 5,90 € - w w w.ideat .fr
SORTIE LE 10 MAI
Pour célébrer son vingtième anniversaire, IDEAT sort, le 10 mai, un numéro exceptionnel ! Retrouvez l’intégralité de votre magazine (en même temps que la diffusion en kiosque du numéro 138 « 20 ans ») en un ouvrage XXL concocté par l’éditeur allemand teNeues et vendu 69 € dans les plus belles librairies et les meilleurs concept-stores français. Vous pouvez, d’ores et déjà, réserver ce beau livre sur TheGoodConceptStore.com, rubrique « The Good Books » : plus de 400 pages qui retracent l’aventure du design, du lifestyle et de l’architecture, en France et dans le monde, depuis vingt ans.
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Passer la 25 heure avec Christoph Hoffmann e
À la faveur de l’ouverture parisienne de l’hôtel 25hours Terminus Nord, la première du groupe en dehors des pays germanophones, son cofondateur et directeur général nous explique l’ADN et les ambitions de la petite marque hôtelière qui monte. Propos recueillis par Nathalie Nort
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2 1/ 2/ 3/ et 4/ Aménagé dans un esprit de jungle urbaine réjouissante, le 25hours Hotel Bikini Berlin offre des vues sur la Breitscheidplatz, sur le début de Kurfürstendamm, le boulevard commerçant le plus populaire de la capitale allemande, ou encore sur le fameux zoo de la ville. Avec son architecture classée, iconique des fifties, sa réception atypique, ses hamacs dans l’espace lounge, sa boulangerie maison, son sauna d’où l’on voit les singes et les éléphants du zoo, son restaurant NENI ou encore le premier Monkey Bar, l’hôtel offre un lifestyle excentrique et créatif, très prisé par les Berlinois eux-mêmes. Un vélo Schindelhauer, à disposition dans les chambres, est le meilleur moyen de découvrir la métropole. 5/ et 6/ Le 25hours Das Tour Düsseldorf est le symbole de l’entente franco-allemande parfaite sur 15 étages, de la chambre Medium à la Sky Gigantic qui tutoie les étoiles. Quand les chambres germaniques proposent un agencement rigoureux, où les détails font référence à l’ingénierie, les chambres françaises, elles, exagèrent l’art et le mode de vie de l’Hexagone. Là aussi, le vélo Schindelhauer est un atout idéal pour appréhender les alentours.
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2 1/ 2/ 3/ et 4/ Installé dans un bâtiment circulaire classé datant des années 50, le 25hours Hotel Cologne The Circle est situé en plein Friesenviertel, un quartier chic et effervescent à quelques minutes à pied du centre-ville. Revampés par l’équipe berlinoise du Studio Aisslinger, ces anciens bureaux cultivent une atmosphère rétrofuturiste. Au cœur du bâtiment, on retrouve le restaurant NENI et le Monkey Bar avec une vue imprenable sur les flèches du Dom, la célèbre cathédrale. Un café, des espaces de coworking et même un sauna perché au 7e étage de l’hôtel invitent autant au travail qu’à la détente. 5/ 6/ 7/ et 8/ Juste en face de la gare du Nord, le 25hours Hotel Terminus Nord et ses 237 chambres aménagées par l’agence Dreimeta multiplient les clins d’œil à l’exotisme local et s’inspirent des arts populaires insufflés par les communautés africaine et asiatique que l’on croise au quotidien dans le quartier. Clonette, la première poupée fabriquée industriellement en Afrique, dans les années 60, pose fièrement dans chaque chambre. Comme le masque au-dessus de la tête de lit, composé de morceaux de tissu et de sections de jerrican, un objet utilitaire qui symbolise souvent la routine villageoise en Afrique.
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Pourquoi avoir rejoint le segment lifestyle d’AccorHotels en 2016 ? Ce partenariat stratégique (pour l’heure, Accor détient 30 % du capital de 25hours) s’appuie sur un projet de déploiement mondial qui nous assure une croissance à long terme. Intégrer 25hours Hotels à la « division lifestyle » d’AccorHotels, qui regroupe désormais des marques de niche comme Mama Shelter ou Jo & Joe (propre marque d’AccorHotels), donne du sens à notre expansion tout en échappant aux positionnements traditionnels : « économique », « milieu de gamme » ou « luxe ».
Qu’implique cette alliance et quelles sont vos ambitions ? Les 25hours Hotels sont gérés de manière autonome depuis notre siège, à Hambourg. AccorHotels est l’un des quatre actionnaires – aux côtés des fondateurs Stephan Gerhard, Kai Hollmann et moi-même – et n’interfère pas dans les opérations quotidiennes. Les deux principaux points de contact entre les deux entités sont le développement et la distribution. L’équipe de développement international d’AccorHotels évalue les destinations, les localisations et l’immobilier de 25hours Hotels dans le monde. Au niveau de la distribution, 25hours peut bénéficier de conditions préférentielles grâce aux contrats globaux d’AccorHotels. En revanche, en matière de base de données clients, 25hours Hotels ne fait pour l’instant pas partie du programme de fidélité
Le Club AccorHotels. Nous espérons néanmoins une intégration à moyen terme.
Pourquoi Paris comme première destination non germanophone ? Et où dormirez-vous ensuite ? Depuis sa création à Hambourg en 2003, la marque hôtelière 25hours s’est développée tout naturellement sur les marchés germanophones, l’Allemagne d’abord, puis l’Autriche et la Suisse. Nous avons toujours privilégié des destinations métropolitaines, avec comme critère le style de vie local. Avec AccorHotels, une liste d’environ 70 destinations cibles dans le monde a été définie. Ce qui sera réalisé dépend maintenant des différentes équipes de développement et des marchés immobiliers. En fait, Paris est aujourd’hui le marché touristique le plus attractif d’Europe. Au-delà d’une prochaine ouverture à Florence (avec Paola Navone au design), le prochain projet issu de notre coopération avec Accor est le 25hours de Dubaï, prévu pour 2020. Le 25hours Copenhague (avec le designer Martin Brudnizki) vient d’être signé pour une ouverture en 2021. Londres et Milan sont en négociation depuis un certain temps. Outre l’Europe, São Paulo et Melbourne pourraient déboucher sur du concret.
Pourquoi avoir choisi de publier un livre sur le quartier de la gare du Nord en anglais ? Portraits of the gare du Nord exprime le quotidien de personnes, des local heroes ou « héros de tous les jours » dirait-on en français, vivant et/ou travaillant autour de la gare. Ce livre a pour vocation de donner aux clients de l’hôtel (lire p. 86) un accès inattendu à son environnement. Cette clientèle est supposée très internationale, et l’auteur, Alex Toledano, bien que très familier du quartier pour lui avoir consacré une thèse durant ses études d’histoire faites en partie en France, est américain. Il était naturel d’imprimer la première édition en anglais, quitte à la prolonger, plus tard, d’une édition française.
Pourquoi le concept du restaurant Neni est-il pertinent à Paris ? 7
Parallèlement à son activité hôtelière, 25hours exploite 27 restaurants, bars et
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cafés dans ses établissements. Le restaurant NENI a été lancé à Vienne par Haya Molcho et ses quatre fils (Nuriel, Elior, Nadiv et Ilan) originaires d’Israël. Le succès a été immédiat. Son ambiance festive, ultravivante, et l’idée de partage autour de grandes tables et de plats chaleureux et réconfortants font que le client se sent vite comme à la maison. NENI est ainsi devenu une marque de fabrique à l’intérieur de notre groupe hôtelier et même au-delà, à Majorque et à Tel-Aviv. De plus, en ce moment, Paris assiste au boum de la cuisine levantine, une cuisine métissée, généreuse et abordable. Exactement comme l’est le quartier de la gare du Nord !
Après 25hours Bikini Berlin, vous avez ouvert l’été dernier un hôtel sous le nom de Bikini Island & Mountain, à Majorque. Pouvez-vous imaginer l’avenir de cette nouvelle marque ? À Berlin, nous avons implanté le 25hours dans un bâtiment qui avait été construit au mitan des années 50, avec un étage intermédiaire composé d’une colonnade ouverte, qui lui a valu le nom de Bikini Haus. Les Bikini Island & Mountain Hotels sont issus de 25hours Hotels et ont été créés par les mêmes anciens actionnaires. Ce créneau de l’hospitalité est encore inédit mais nous sommes très enthousiastes à l’idée de nous lancer sur les hotspots du marché européen des loisirs, y compris dans les îles.
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© DAN SMITH
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Robert Klanten Formé au design industriel à la Folkwang Universität der Künste (l’université des arts d’Essen), Robert Klanten décide, après la chute du Mur, de s’installer à Berlin. Il y développe une activité de graphiste en lien avec le milieu de la musique (étant lui-même bassiste de plusieurs groupes de rock), notamment celui de la techno, très actif à cette époque. En 1995, il va plus loin et cofonde les éditions Gestalten, publiant des ouvrages sur la musique. C’est à partir de 1997 que la maison d’édition s’ouvre à l’ensemble de la culture contemporaine (design, architecture, art, mobilité, gastronomie…) : plus de 800 publications vont ainsi voir le jour en vingt ans d’activité. Désormais, Robert Klanten dirige seul la politique éditoriale de Gestalten. Propos recueillis par Olivier Reneau
Dans votre valise, vous n’oubliez jamais ? J’ai toujours avec moi un carnet, un stylo Faber-Castell, des livres et des écouteurs. Je prends toutes mes notes à la main ; il y a quelques années, j’utilisais mon ordinateur, mais je suis finalement revenu à une pratique plus traditionnelle.
Plutôt vélo ou auto ? Je suis très moto. C’est mon mode de transport favori dès lors que la météo ne me l’interdit pas. J’ai plusieurs motos selon ce que je veux faire, et notamment une BMW pour me rendre au bureau.
Berlin, Hambourg, Cologne ou Munich ? Berlin, sans hésitation. Même si je suis originaire de la région de Mönchengladbach (à mi-chemin entre Düsseldorf et la frontière avec les Pays-Bas, NDLR). Je suis arrivé à Berlin au début des années 90. Le Mur venait de tomber. J’y suis d’abord allé par curiosité. J’ai commencé par des petits boulots qui se sont progressivement transformés en une vraie source de revenus. Pendant longtemps, il n’y a pas eu de réelle activité d’affaires là-bas, mais on pouvait se loger à bon prix, sortir, faire la fête… Puis Berlin est devenue une vraie cité pour travailler et pour y monter un business.
petite compagnie tanzanienne. Le personnel est très professionnel, très avenant, et les avions sont toujours à l’heure. Et surtout, on voyage en parfaite sécurité.
Le créateur du Bauhaus qui compte le plus à vos yeux ? Sans aucun doute Ludwig Mies van der Rohe. Il a été l’une de mes premières inspirations en matière de design. Lorsque j’étais encore enfant, c’était une sorte de héros.
Un bâtiment inspiré du Bauhaus que vous appréciez ? Le complexe architectural à Dessau est vraiment remarquable, mais j’ai un faible pour les deux villas construites par Mies van der Rohe entre 1928 et 1930, à Krefeld, pour deux fabricants de soie, et qui portent aujourd’hui leurs noms respectifs : Haus Esters et Haus Lange. Selon moi, c’est très compliqué de retrouver l’esprit du Bauhaus dans une architecture résidentielle, mais ces deux maisons démontrent exactement l’inverse, avec cet usage de la brique recuite que l’on trouve d’ordinaire dans l’industrie.
Un livre de chevet ?
Je suggère Hiddensee, une petite île de la mer Baltique qui forme une bande de terre très étroite s’étendant sur 17 kilomètres. La nature y est très préservée, on ne s’y déplace qu’à pied ou à vélo.
Je préfère parler d’une situation liée à la lecture. Enfant, j’habitais la campagne et un bibliobus faisait une tournée pour nous « nourrir » de lectures. C’est comme ça que j’ai découvert des auteurs importants comme Jean-Paul Sartre ou Raymond Chandler, alors que j’étais encore très jeune. Ce sont toutes ces lectures qui ont fait ce que je suis devenu.
Une ville qui vous fascine et où vous aimez retourner ?
Une lecture pour le voyage ?
Il y a de nombreuses villes où j’aime retourner régulièrement comme New York et Los Angeles, mais celle qui arrive en tête, c’est Istanbul. Les habitants y sont très accueillants, la ville a un charme fou, il y a une atmosphère très particulière. Peut-être est-ce aussi dû au fait que j’y vais pour voir des amis.
Je recommande sans hésiter tout ce que le Britannique James Graham Ballard a écrit. Sinon, durant mon dernier voyage, j’ai lu Girl in a Band, de Kim Gordon, la bassiste du groupe américain Sonic Youth, et The Creator’s Code : The Six Essential Skills of Extraordinary Entrepreneurs, d’Amy Wilkinson, américaine elle aussi. Généralement, je lis des livres sur la créativité, la musique… Quand il s’agit d’une fiction, je vais plutôt m’orienter vers des textes courts, des nouvelles.
Où passer ses vacances en Allemagne ?
Votre compagnie aérienne favorite ? Je vais peut-être vous surprendre, mais j’adore Coastal. Il s’agit d’une
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« Où que j’aille, je rapporte toujours des magazines et des journaux édités dans la langue du pays […] même si je ne les lis pas, j’essaie de comprendre ce qui est donné à voir. » Une destination pour décompresser ? Je n’ai pas de destination précise. Souvent, le samedi matin, lorsque je veux me ressourcer, je prends ma moto et je trace la route. C’est une manière pour moi d’échapper au présent et de ne penser à rien d’autre qu’à conduire et à regarder défiler la route.
Un photographe dont le travail vous émeut ? Dans les années 90, j’ai fait la rencontre de Wolfgang Tillmans, à Berlin. Nous avions des amis en commun, mais pour des raisons que je ne m’explique pas, je ne lui ai jamais demandé de travailler avec moi. Pourtant j’aime beaucoup ce photographe allemand, je pense que c’est un très grand artiste.
Un musée que vous ne vous lassez pas de visiter ? Il y a de nombreux musées où j’aime retourner régulièrement : le Musée ethnologique (Ethnologisches Museum) à Berlin, et tout particulièrement l’aile consacrée au sud du Pacifique ; le Palais de Tokyo, à Paris ; la Fondation Beyeler, près de Bâle ; le Limburgs Museum, à Venlo, aux Pays-Bas… Mais je dois dire que j’ai un faible pour le Museum Insel Hombroich, à Neuss, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, ma région d’origine. Il s’agit d’un musée qui se déploie à travers plusieurs pavillons répartis sur une dizaine d’hectares, au milieu de marais. Il n’y a pas de gardiens, pas d’éclairage artificiel, pas de cartel… C’est une vraie promenade où les œuvres rencontrent le paysage. Et selon la saison, cette promenade prend naturellement des allures très différentes.
Un hôtel de rêve ? Je voyage beaucoup et fréquente donc énormément les hôtels. Mais j’aurais aimé pouvoir vivre l’expérience du Grand Budapest Hotel (l’établissement au luxe suranné qui sert de cadre à l’intrigue du film The Grand Budapest Hotel, réalisé par Wes Anderson en 2014, NDLR) !
Des rituels en voyage ? Je démarre toujours mes journées en faisant cinquante pompes. Cela me donne de l’énergie pour enchaîner mes rendez-vous.
Plutôt plage ou montagne ? Un artiste favori ? C’est compliqué pour moi de me limiter à un seul nom ! Je suis très attaché à la période qui va du début du XXe siècle aux années 30. J’aime le constructivisme russe, les artistes expressionnistes, le mouvement dada, le surréalisme… avec des artistes comme El Lissitzky, Kazimir Malevitch, Alexandre Rodtchenko, Kurt Schwitters, Marcel Duchamp, John Heartfield, Max Ernst, Luis Buñuel. Mais j’apprécie aussi le travail d’artistes contemporains comme Matthew Barney, Carsten Nicolai, Gerhard Richter.
Un restaurant que vous n’oublierez jamais ? Il s’agit plutôt d’un repas, qui a eu lieu dans un restaurant secret monté par le chef Cesare Giaccone, à Albaretto della Torre, dans le Piémont. Le critique gastronomique Carlo Petrini dit de Cesare qu’il a été la source de son inspiration pour démarrer le mouvement Slow Food, dans les années 80. Un ami m’avait proposé de m’y rendre avec lui et j’y suis allé sans avoir la moindre idée de ce qui m’attendait. Nous avons mangé douze plats ; le repas a duré six heures. Il n’y avait pas de menu, Cesare a juste cuisiné ce qu’il aimait. Et ce fut extraordinaire. Ce qui m’a paru étrange cependant, c’est que nous étions servis par un maître d’hôtel japonais, une femme qui avait entendu parler de Cesare et voulait absolument travailler avec lui. Pour cela, elle a appris l’italien au Japon avant de rejoindre le Piémont. Il l’a d’abord repoussée, mais elle a fait le pied de grue devant sa porte si longtemps qu’il a fini par l’embaucher…
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J’aime la montagne, notamment pour les virées en moto. J’aime aussi beaucoup l’océan, mais je ne suis pas du tout un « beach guy ». En fait, la mer m’attire plutôt les jours de mauvais temps, lorsqu’elle est agitée.
Votre prochaine destination de vacances ? Bad Gastein, en Autriche, pour faire du ski et de l’escalade.
Une habitude que vous avez durant vos vacances ? Pour mes vacances, je cherche avant toute chose à passer du temps en famille (Robert Klanten a deux enfants, NDLR). C’est un moment rare dont je ne souhaite pas me priver.
Que rapportez-vous d’un voyage ? Où que j’aille, je rapporte toujours des magazines et des journaux édités dans la langue du pays. Je ne les lis pas forcément, mais j’essaie tout de même de chercher à comprendre ce qui est donné à voir.
Ce qui vous a donné envie de devenir éditeur ? Sans aucun doute la curiosité. D’une certaine manière, en éditant un livre, on est obligé de se documenter sur le sujet que l’on traite et l’on acquiert ainsi une certaine expertise. C’est cela qui me plaît beaucoup.
À part l’édition, une autre passion ? Si mon activité professionnelle me le permettait, je pourrais passer beaucoup de temps à faire de la moto (vous l’aurez compris) et à lire.
Pour dessiner votre maison, à quel architecte aimeriez-vous vous adresser ?
Le livre que vous rêveriez d’éditer ?
Ma femme est architecte, cela me paraîtrait impossible de commander un projet à quelqu’un d’autre.
C’est un secret que je préfère garder pour moi. Je pense que parfois, on tue les rêves en les révélant avant qu’ils ne soient réalisés.
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Ahrend : Ahrend.com Airborne : Airborne.fr Alcantara : Alcantara.com AmbienteDirect : Ambientedirect.com Ames : Ames-shop.de & Other Stories : Stories.com &tradition : Andtradition.com Anglepoise : Anglepoise.com Arflex : Arflex.it Arte : Arte-international.com Au fil des couleurs : Aufildescouleurs.com
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O Kristalia : Kristalia.it Kulak Ceramic : Kulakceramic.com
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Pedrali : Pedrali.it Pesch : Pesch.com Petite Friture : Petitefriture.com Pierre Frey : Pierrefrey.com Piet Hein Eek : Pietheineek.nl Poggenpohl : Poggenpohl.com Poltrona Frau : Poltronafrau.com Printemps : Printemps.com Pulpo : Pulpoproducts.com
La Boutique danoise : Laboutiquedanoise.com Leicht : Leicht.com Le Lit National : Litnational.com Lema : Lemamobili.com Leolux : Leolux.fr Liebherr : Home.liebherr.com Ligne Roset : Ligne-roset.com Loro Piana : Fr.loropiana.com Louis Poulsen : Louispoulsen.com M Mabeo : Mabeofurniture.com Made in Design : Madeindesign.com Madura : Madura.fr Maison Sarah Lavoine : Maisonsarahlavoine.com Maison Thevenon : Thevenon1908.com Maje : Maje.com MDF Italia : Mdfitalia.com Miele : Miele.fr Minelli : Minelli.fr Minotti : Minotti.com Miroir Brot : Miroirbrot.fr Missoni Home : Missonihome.com Moda International : Moda-int.com N Neff : Neff-home.com Nobilis : Nobilis.fr Nolte Küchen : Nolte-kitchens.com Normann Copenhagen : Normanncopenhagen.com
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R RBC Mobilier : Rbcmobilier.com RBC Avignon : 04 90 82 52 56 RBC Gallarguesle-Montueux : 04 66 73 30 00 RBC Lyon – Cube Orange : 04 72 04 25 25 RBC Montpellier – Design Center : 04 67 02 40 24 RBC Nîmes : 04 66 67 62 22 RBC Paris : 01 45 75 10 00 Richard Lampert : Richard-lampert.de Roche Bobois : Roche-bobois.com Rock the Kasbah : Rockthekasbah.net Rolf Benz : Rolf-benz.com Romo : Romo.com Rosenthal : Rosenthal.de Rubelli : Rubelli.com
Silvera Bastille : 01 43 43 06 75 Silvera Beaugrenelle : 01 40 59 42 80 Silvera Kléber : 01 53 65 78 78 Silvera Outdoor : 01 72 15 12 00 Silvera Université : 01 45 48 21 06 Silvera Wagram : 01 56 68 76 00 Studio Henk : Studio-henk.nl
T Taschen : Taschen.com Tecnolumen : Tecnolumen.com Tecta : Tecta.de TeNeues : Books-teneues.com The Cool Republic : Thecoolrepublic.com The Socialite Family : Thesocialitefamily.com Thonet : Fr.thonet.de Tiger Lily : Tigerlily.world Tobias Grau : Tobiasgrau.com Tréca : Treca.com V Verpan : Verpan.com Vitra : Vitra.com Volta : Voltamobiles.com Voltex Bordeaux : 05 56 30 15 30 Voltex Marseille : 04 91 53 52 52 Voltex Paris : 01 45 48 29 62 Voltex Toulouse : 05 61 25 64 37 Vossberg : Vossberg.de
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Schönbuch : Schoenbuch.com Serge Mouille : Sergemouille.com SieMatic : Siematic.com Siemens : Siemenshome.bsh-group.com Siltec : 01 42 66 09 13 Siltec-mobilier.com Silvera : Silvera.fr
Walter Knoll : Walterknoll.de Wittmann : Wittmann.at Z Zanotta : Zanotta.it Zuber : Zuber.fr
Kann Design : Kanndesign.com Kettal : Kettal.com Knoll : Knoll.com
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L’Allemagne de Bettina Billerbeck © DAVID MAUPILÉ
La rédactrice en chef d’IDEAT Allemagne depuis son lancement, en 2017, a l’ambition d’offrir une alternative contemporaine, décontractée mais ultrachic aux magazines de déco allemands. Et, bien que son travail l’amène à souvent voyager, c’est de son pays que la jeune femme nous dresse aujourd’hui le portrait. Propos recueillis par Pierre Lesieur
Quelques mots pour décrire l’Allemagne et ses habitants ? À l’image de notre chancelière, c’est un pays calme, rationnel et réfléchi, tout sauf une drama queen. Pas le pays le plus extravagant à première vue, mais loyal, concentré et dense, avec un certain sens de l’humour. C’est plus compliqué de décrire les Allemands. Les Rhénans sont très différents des Bavarois, qui eux-mêmes n’ont rien à voir avec les Saxons.
et ses restaurants sont extraordinaires. J’ai toujours rêvé d’y posséder une maison ; malheureusement, les prix de l’immobilier s’y sont envolés. Elle n’a vraiment pas usurpé son surnom de « Hamptons de Hambourg » !
À Berlin, le Paris Bar et, à Hambourg, le Café Paris ou la Brasserie du nouvel hôtel Tortue. J’ai très envie d’essayer aussi l’EssZimmer de Bobby Bräuers, dans le showroom BMW Welt, à Munich.
La plus belle vue d’Allemagne ? Depuis la vitre d’un avion qui décolle de Hambourg en direction du sud. On peut voir la ville, son lac et son port impressionnant. Même si je voyage beaucoup, je ne m’en lasse toujours pas et je prends chaque fois des photos comme une touriste.
La porte de Brandebourg reste pour moi le monument du pays le plus émouvant ; on ressent quelque chose d’incroyable en la traversant. Sinon, je suis toujours époustouflée par la massive cathédrale de Cologne.
Un endroit où passer ses vacances ? Sylt, une île superbe de la mer du Nord. Il peut y faire plutôt frisquet, mais ses plages
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Un architecte allemand ? J’adore l’agence Sauerbruch Hutton pour son travail si personnel sur les couleurs.
Un designer ? Sebastian Herkner, qui fait un travail remarquable pour ClassiCon, Dedon et Wittmann (lire p. 172). C’est aussi une incroyablement belle personne. Tout comme Hanne Willmann, d’ailleurs, l’une de nos révélations nationales, qui vient d’être nommée directrice artistique chez Interlübke.
Un hôtel ? Un parfum ?
Un monument allemand à voir au moins une fois dans sa vie ?
La villa Zuckerkandl (de Walter Gropius, NDLR), à Iéna. Je viens justement de lire un excellent article à son sujet dans le magazine d’architecture et de design Häuser.
Votre cantine ?
Où vivez-vous ? J’habite dans Eppendorf, un quartier central de Hambourg connu pour ses nombreuses boutiques et ses beaux immeubles, et réputé plutôt chic. On y est à proximité du lac Alster, où les Hambourgeois aiment venir faire de la voile, du stand-up paddle ou du kayak. La ville est pleine d’espaces verts dont nous aimons profiter même quand il fait froid.
Un bâtiment de style Bauhaus que vous aimez particulièrement ?
L’odeur que je préfère est celle des fleurs d’églantier, du sable et de la brise sur l’île de Sylt. Mais le parfum de la forêt et du bois mouillé me fait aussi penser à mon pays.
Le Tortue, à Hambourg, qui a ouvert tout récemment. Ou le très cool The Circle, l’hôtel 25hours de Cologne, réalisé par Werner Aisslinger. Et puis Das Stue, à Berlin.
Un souvenir à rapporter ? Un musée ? Munich possède une merveilleuse pinacothèque ; il y a aussi le musée de Pergame ou la Gemäldegalerie à Berlin, le musée Ludwig à Cologne et le Städel à Francfort, pour n’en citer que quelques-uns.
Des produits cosmétiques. Nous avons des super marques comme Babor, Dr. Barbara Sturm ou Dr. Hauschka. Ou peut-être une montre Nomos Glashütte… Ou alors une Porsche 911, probablement la plus belle chose jamais fabriquée en Allemagne.
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