La télévision autrefois

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patrick mahé

La téLévision évision

autrefois


L ES

PRÉSENTATEURS DU

JT

Tandis que l’homme inscrit son pas sur la Lune à l’été 1969, Pierre Desgraupes, maître du «tout-info », fait de ses cadets inspirés– Lescure, Mougeotte, Elkabbach, Cavada – les piliers de sa construction éditoriale. Dans la vitrine, Joseph Pasteur, sur la « Deux » (née en 1965), donne la réplique à Zitrone, l’emblématique poids lourd de la « Une ». Roger Gicquel, œil sombre et voix caverneuse, Yves Mourousi, cigale et baladin, ici Jean-Claude Narcy, « french style », là Philippe Labro, « à l’américaine » font eux aussi monter l’Audimat, mais, avec Patrick Poivre d’Arvor, bientôt rejoint par Christine Ockrent, chic et crédible, c’est Antenne 2, au lendemain du sabordage de l’ORTF (janvier 1975), qui gagne la bataille de l’audience. Bien avant la privatisation de TF1, en 1986, puis le transfert de PPDA sur la « Une », c’est la lutte des chaînes sur l’info, le direct, le scoop.

Robert Chapatte

Yves Mourousi

Patrick Poivre d’Arvor

Roger Gicquel

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Michel Drucker

Thierry Roland

Christine Ockrent

Georges de Caunes

François de La Grange

Léon Zitrone

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 GE

ÉGÉRIE DES YÉ-YÉ, FRANÇOISE HARDY pose en couverture de Salut les copains.

TENDRE ET

T ÊTE

DE BOIS

Son credo tient en trois points : 1/ Le rock est un volcan. 2/ On peut aimer le rock sans être un blouson noir. 3/ Comme Trenet, « le Fou chantant » ou Bécaud, « monsieur 100 000 Volts », les rockers rentreront dans le rang. De cette triple croyance, Albert Raisner, harmoniciste virtuose, bâtit sa religion : il la baptise « Âge tendre et Tête de bois », fait des jeunes ses disciples – un Français sur cinq a moins de vingt-cinq ans en 1960 – et cible la télévision, cathédrale de son et lumière. Une dizaine de projets, soumis à de vieux pontes, sont recalés avant le feu vert, concédé du bout des lèvres par les instances de la RTF. L’émission démarre le 30 mai 1961, annonçant la déferlante d’un premier été « yé-yé ». On en prévoit huit par mois. Succès. Elle passe du mardi 18 h 10, quand les teen-agers décrochent du « Salut les copains » de Daniel Filipacchi et Frank Ténot, sur Europe 1, au samedi 18 h 30, puis au dimanche soir, 20 h 30 ! Faute de studios et de moyens, Raisner installe son église au Golf Drouot, temple du rock, et même à la Cité universitaire. Chaque mois, il croule sous des milliers de lettres de convertis. L’animateur à l’éternel sourire d’harmonica se fait aussi star que ses invités : Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Eddy Mitchell et les Chaussettes noires, Dick Rivers et les Chats sauvages, Dany Logan et les Pirates. Faute d’Elvis (jamais sorti des États-Unis, sauf pour son service militaire en Allemagne), il accueille le mythique Gene Vincent (Be Bop a Lula) et bientôt le ténébreux Vince Taylor, son succédané à chaînes et cuir noir. Tout ce beau monde se succède au micro et s’assied sagement dans le public pour écouter « les copains ». Bardé d’une licence en philosophie, Albert Raisner dessine le portrait de la jeunesse : « Le garçon a les cheveux longs et l’œil de Johnny, la fille rêve de Brigitte Bardot ; le plus souvent, c’est elle qui commande aux garçons. L’un et l’autre aiment danser, boivent un milk-shake et du chocolat glacé... Parents, les têtes de bois ne sont pas des voyous ! »

CLAUDE FRANÇOIS, ALBERT RAISNER ET HENRI SALVADOR .

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SUR LE PLATEAU, Dick Rivers, Gilbert Montagné, Nancy Holloway, Albert Raisner et Hughes Aufray. ADAMO interprétant le très mythique Tombe la neige.

LES CHATS SAUVAGES CONTRE LES CHAUSSETTES NOIRES .

À cette époque, la bataille fait rage dans les cours d’école.

SHEILA rencontre le succès en

1962 et devient le symbole même de « la petite fille de Français moyens ».

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L E M ANÈGE

ENCHANTÉ

« Tournicoti, tournicoton ! »... Pendant des années, les cours de récréation résonnent des gentilles imprécations de Zébulon, héros d’une série culte des enfants, berçant leur sommeil dans les années 1960-1970. Tête ronde et moustache au vent, le personnage de poche monté sur ressort impose son rythme à la petite cour du « Manège enchanté », une équipée de marionnettes animées montée en famille par le cinéaste et publicitaire Serge Danot. Le plus célèbre est le chien Pollux, dit « la carpette à pattes ». Dans la voix du comédien Jacques Bodoin, le skye-terrier amuse le tapis sous un accent de cockney londonien. Autres figures emblématiques de la farandole : Flappy, le lapin mexicain, amateur de siestes sous le sombrero, la vache Azalée, qui joue les cantatrices, Margotte et Coralie aux façons « mademoiselle Âge tendre », le père Pivoine traînant sa boîte à musique, Pio le champion, Ambroise l’escargot à qui l’actrice Micheline Dax prête des accents de paysan bourguignon. Le tournage de ces enchantements pour enfants sages a pour cadre le moulin vendéen de Danot. Son « Manège » tourne six cents épisodes de cinq minutes à partir de 1966 et fait le tour du monde en quatre-vingts télés, d’abord en noir puis en couleurs. Zébulon a le crâne rouge tomate et le ciré jaune d’un marin breton. Margotte et Coralie alternent le ruban rouge ou bleu dans la tignasse tandis que le long poil or brun de Pollux frôle le sol comme un balai de ferme. Derrière ses gentils scénarios, où Pollux est toujours trahi par sa gourmandise, Serge Danot crée un village de lutins qui prennent place dans son « Manège enchanté » : les Pistofs. LA MARIONNETTE PIO ET LE CÉLÉBRISSIME POLLUX apparaissent sur la première chaîne de l’ORTF le 5 janvier 1964.

POLLUX, AU PIED DE LA CAMÉRA. Le vrai chien surveille les évolutions de sa réplique.


KIRI LE CLOWN Sept cent vingt manipulations pour une minute de film : c’est le rythme « image par image » qu’impose Jean Image, le créateur de « Kiri le clown ». Une performance technique qui requiert cinq jours de tournage pour un épisode de cinq minutes. On est en 1966 et l’ORTF se félicite d’avoir œuvré à la naissance du petit prince à nœud papillon géant dont la marionnette s’arrache en poupée, conquiert le monde et l’univers du long métrage. Laura, Pip’lette, Ratibus et Bianca complètent cette mini « Piste aux étoiles ».

« TOURNICOTI, TOURNICOTON ».

Et voici Coralie.

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­ a­télévision­autrefois nous entraîne dans l’aventure grisante des L pionniers du petit écran. Ils ont pour noms Pierre Sabbagh, Pierre Desgraupes, Jacques Sallebert, Pierre Tchernia, Georges de Caunes. Plus tard, Léon Zitrone ou Guy Lux. Ensemble, ils ont marqué l’histoire de la télévision française de 1949 aux années 1980. Cet ouvrage, riche de plus de 400 illustrations d’époque, revient sur les magazines et les émissions mythiques, de « Cinq colonnes à la une » à « Apostrophes », les débuts de la politique spectacle, la féerie interplanétaire du premier homme sur la lune en 1969, les émissions de variétés, les grands comiques, et les mille et un héros « jeunesse », de Thierry La Fronde à Goldorak. C’est toute l’histoire culturelle, sportive, politique ou simplement quotidienne de la Ve République qui est mise en perspective. En nous remettant en mémoire ces émissions, c’est aussi une partie de notre patrimoine collectif et affectif qui est dévoilé, des émotions fortes se dégagent au souvenir d’une télévision qui a façonné notre imaginaire, notre façon de voir et même notre langage. Le décor turbulent d’un paysage audiovisuel, à peine rétro, allègrement mis en texte et en images et un modèle inépuisable pour tous les enfants de la télé.

12,90 € ISBN : 9782-84230-499-7


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