3 minute read

Les sujets abordés

Sujets Abord Es Par Les Campagnes De Pr Vention

L’IMPACT DE LA PANDÉMIE SUR LES SUJETS ABORDÉS

L’analysedes données nous permet de constater que les campagnes qui abordent l’aspect en ligne de l’exploitation sexuelle sont près de trois fois plus nombreuses depuis le début de la pandémie, reflétant une préoccupation croissante du milieu de la protection de l’enfant d’inclure l’aspect en ligne dans la prévention.

Néanmoins, le nombre de campagnes et d’outils abordant la thématique de la sextorsion depuis la pandémie est sensiblement le même selon l’échantillonnage des données collectées. Pourtant, au Canada, Cyberaide.ca a vu les signalements de sextorsion chez les adolescentes et les adolescents augmenter de 150 % en six mois, soit de décembre 2021 à mai 2022 (CCPE, 2023). Les réseaux sociaux ont été un tremplin vers l’exploitation sexuelle : 79 % des cas de sextorsion se sont produits sur Instagram ou Snapchat, les premiers contacts se faisant sur Instagram et se poursuivant sur Snapchat (CCPE, 2023).

Le nombre de cas de distribution non consensuelle d’images intimes dénoncés à la police a aujourd’hui augmenté de presque 10 % par rapport à l’année 2020 – une augmentation drastique par rapport aux années précédentes (Le Quotidien, 2022). Il s’agit d’une forme d’exploitation sexuelle croissante auprès des jeunes. Or nous n’avons pas observé d’augmentation du nombre de campagnes traitant du sujet dans notre cartographie. D’autres modalités d’exploitation sexuelle sont également en forte croissance. Par exemple, le sugar dating ou sugaring est un phénomène qui prendrait de l’ampleur, ce que nous constatons par l’apparition de campagnes et d’outils spécifiquement concentrés sur ce thème depuis la pandémie, alors qu’aucun n’y faisait référence avant la pandémie.

Représentation des auteurs et des victimes

Surles 60 campagnes recensées, 48 d’entre elles présentent l’auteur de l’exploitation sexuelle. Dans plus d’un tiers de ces cas (35 %), l’exploiteur est représenté comme étant un pair, soit un autre jeune. Les données sur cet élément sont difficiles à obtenir, car elles touchent le problème du consentement ; par ailleurs, les jeunes sont parfois « eux-mêmes » auteurs du matériel sur lequel repose l’exploitation. Des données de 2022 montrent que la distribution non consensuelle d’images intimes en ligne mettait en cause des victimes et des auteurs présumés dont l’âge médian était de 15 ans (Ibrahim, 2022).

Le Phare des AffranchiEs (2021), « Jour 3 : Violence sexuelle ».

Les responsables de l’exploitation sexuelle de jeunes représentés dans les campagnes analysées sont en grande majorité (87 %) de genre masculin, soit un garçon ou un homme.

Ces chiffres reflètent les récentes statistiques selon lesquelles la grande majorité (91 %) des auteurs présumés d’exploitation sexuelle d’enfants et de violences sexuelles à l’égard des enfants en ligne (y compris les infractions sexuelles contre des enfants et la pornographie juvénile) sont des hommes et des garçons (Ibrahim, 2022 ; MSP, 2021, 25).

Dans 10 % des cas de figure analysés, l’homme ou le garçon agira en tant qu’intermédiaire, soit en tant que « proxénète » ou « facilitateur » permettant l’exploitation en créant un lien entre la victime et l’abuseur. Selon nous, cette représentation ne reflète pas suffisamment le fait que de plus en plus de filles et de femmes jouent ce rôle de proxénète ou de facilitatrice, inspirant souvent plus de confiance auprès des adolescentes et des adolescents (Chadillon-Farinacci, 2021).

Auteur/abuseurFille/Femme fille/femme

Auteur/abuseurGarçon/Homme garçon/homme

Auteur/abuseur-Genre non déterminé

Facilitateur/proxénète

-Garçon/Homme

Onconstate que globalement (82 %), les campagnes et outils de prévention choisissent de représenter la victime d’exploitation sexuelle. Près de 7 campagnes sur 10 montrent une victime de genre féminin (fille ou femme). En contrepartie, seules 27 % des campagnes représentent un garçon ou un homme comme victime.

Ces représentations reflètent en partie les données disponibles à ce sujet. Au Canada, entre 2014 et 2020, 86 % des enfants victimes d’infractions sexuelles en ligne étaient des filles, dont 73 % étaient âgées de 12 à 17 ans et 13 % âgées de moins de 12 ans (Ibrahim, 2022). Quant au Québec, et concernant toutes les formes d’exploitation sexuelle, les sources policières rapportent qu’entre 2015 et 2019, les personnes – adultes comme enfants – rapportées comme étant victimes d’exploitation sexuelle sont presque entièrement (93,7 %) de sexe féminin. Parmi celles-ci, 36 % sont des enfants et 41 % sont âgées de 18 à 24 ans (MSP, 2021, 19). Le MSP nous met toutefois en garde en indiquant que ces proportions peuvent refléter le fait que les policiers accordent la priorité aux dossiers dans lesquels une adolescente est victime d’exploitation sexuelle (MSP, 2021, 18).

Par ailleurs, à l’échelle du Canada, les garçons âgés de 12 à 17 ans représentent 11 % des victimes de violence et d’exploitation sexuelle en ligne, dont 3 % sont âgés de moins de 12 ans (Ibrahim, 2022).

Bien que nous sachions que les garçons victimes d’abus sexuels sont moins enclins à dénoncer de telles situations, les chiffres montrent que certaines formes d’exploitation sexuelle touchent davantage les garçons (Sivagurunathan et al., 2018). Il s’agit, par exemple, des cas de sextorsion qui sont en augmentation depuis les dernières années. Selon Cyberaide.ca, 87 % des derniers signalements de sextorsion qui leur ont été transmis concernent des garçons (CCPE, 2023).

Victime-fille/femme

Victime-garçon-homme

This article is from: