Rapport Annuel du CIEM 2019

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RAPPORT ANNUEL DU CIEM 2019 Mai to juin 2020 ISBN: 978-87-7482-245-5 ISSN: 2707-8981 DOI: 10.17895/ices.pub.5967 Publication annuelle du Conseil International pour l’Exploration de la Mer H.C. Andersens Boulevard 44–46 1553 Copenhague V Danemark +45 3338 6700 www.ices.dk TRADUCTION Rising Clouds Translation Services CONCEPTION GRAPHIQUE Olle Mølgaard Bang, Birgitte Lund Mørk IMPRESSION Jespersen Tryk + Digital Imprimé sur du papier garanti sans chlore certifié FSC

Sauf mention contraire, les droits d'auteur relatifs au contenu du rapport annuel du CIEM appartiennent à son éditeur. Il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement ce document sans l'accord écrit des détenteurs des droits d’auteur. © Tous droits réservés 2020 - Conseil International pour l’Exploration de la Mer.


BIENVENUE

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FOCUS SUR LE CIEM

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LA SCIENCE DES ÉCOSYSTÈMES LES IMPACTS DES ACTIVITÉS HUMAINES L’OBSERVATION ET L’EXPLORATION LES SCIENCES ET TECHNIQUES ÉMERGENTES LES PRODUITS DE LA MER LA SCIENCE POUR LA CONSERVATION ET LA GESTION MER ET SOCIÉTÉ

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LE CIEM EN CHIFFRES

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LE BUDGET DU CIEM

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Éditorial de la Secrétaire Générale du CIEM

BIENVENUE Chaque année, la préparation de ce rapport est l'occasion renouvelée de faire le bilan, de mesurer tout le travail accompli par notre communauté et d'être impressionné par son ampleur. Je suis impatiente de voir, à l'aube de cette nouvelle décennie, quels progrès seront réalisés et comment nous continuerons à réaliser les Objectifs de développement durable des Nations Unies. En 2019, nous avons publié nos derniers plans stratégique, consultatif et scientifique. Cette trilogie présente la manière dont nous comptons améliorer notre vision et notre connaissance des écosystèmes marins et l'utiliser pour fournir les données factuelles de pointe dont les décideurs ont besoin pour gérer durablement nos océans et nos mers. Ces plans constituent la base de notre contribution à la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au s ­ ervice du développement durable (­ 20212030), qui a tenu sa première réunion de planification mondiale à Copenhague en mai. La Décennie des Nations Unies pour l'océan se concentrera sur les liens qui existent entre les politiques et la science. Grâce à nos contributions, qu'il s'agisse de nos propres travaux ou de collaborations, nous ferons la démonstration que c'est la compréhension disciplinaire approfondie des processus

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océaniques, couplée à une recherche axée sur les solutions, qui nous permet de produire les meilleurs analyses pour les décideurs. En tant qu'organisation mondiale de premier plan dans le domaine des sciences de la mer, le CIEM va être amené à jouer un rôle de chef de file tout au long de la décennie, à mesure qu'il montrera son travail constant dans le développement et la production d'outils de prévision pertinents pour les décideurs. Ce sera l'occasion de mettre en avant les données ayant fait l'objet d'un contrôle de qualité, qui sont accessibles au public sur notre site web. Ces données régionales proviennent de toute l'Europe, de l'Atlantique nord et de l'océan Arctique central. Elles concernent, entre autres, les écosystèmes marins vulnérables, le bruit et divers paramètres des écosystèmes, mais également nos outils d'évaluation de l'eutrophisation, des contaminants et des stocks de poissons, pour n'en citer que quelques-uns.


Une grande partie des travaux du CIEM – analyses, données et conseils scientifiques - concerne des zones situées au-delà de la juridiction nationale. Avec notre organisation sœur, l'Organisation des sciences de la mer pour le Pacifique Nord (PICES), nous disposons d'un vaste réseau scientifique et d'une grande expérience. Ils se sont avérés pertinents pour l'élaboration de nouveaux instruments juridiques, tels que l'Accord visant à prévenir la pêche non réglementée en haute mer dans l'océan Arctique central (une zone située au-delà de la juridiction nationale) et le projet de convention sur la protection de la biodiversité dans les zones situées au-delà des juridictions nationales. Ce sont nos pays membres qui, à travers leurs besoins, guident et soutiennent notre travail, tout comme les bénéficiaires de nos avis scientifiques. Ces avis reposent euxmêmes sur le travail d'une vaste communauté scientifique, entièrement dévouée à l'exploration et à la préservation de nos océans et de nos mers.

Anne Christine Brusendorff, Secrétaire Générale du CIEM

En espérant que ce rapport annuel, présentant la richesse de nos activités, sera une source d'inspiration, nous tenons à remercier les participants pour leur aide précieuse : leur diversité est une fierté. Rendez-vous à Copenhague pour notre conférence scientifique annuelle, qui se tiendra du 6 au 9 septembre 2021, où nous serions ravis de vous retrouver.

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Les points essentiels de notre organisation

FOCUS SUR LE CIEM Le Conseil International pour l'Exploration de la Mer (CIEM) est une organisation mondiale de premier plan dans le domaine des sciences de la mer. Elle répond de façon impartiale aux demandes sociétales sur l’état et l’utilisation durable des mers et des océans. Plus de 6000 experts constituent le réseau du CIEM, représentant 700 instituts et organisations dans 20 pays membres et au-delà. Plus de 2800 experts participent à nos activités chaque année.

NOS PRODUITS • Synthèses des écosystèmes • Synthèses de la pêche • Avis annuels récurrents sur 200 à 250 possibilités de pêche représentant 8 millions de tonnes ; soit plus de 90% des captures dans l'océan Atlantique Nord-Est et dans la mer Baltique • Demandes d'avis spécifiques sur l'état et l'exploitation des écosystèmes marins, les méthodes de surveillance, les indicateurs de l'état de l'environnement, l'évaluation des plans de gestion 6

• Conseils techniques • Données utilisées dans les produits scientifiques et avis • Les faits marquants scientifiques et les points de vue dans les domaines d’importance sociétale • Formations • Publications • Conférences et symposiums


OÙ NOUS TRAVAILLONS Le CIEM est une organisationorganization ICES is an intergovernmental with 20an member countries: intergouvernementale composée ICES is intergovernmental organization de 20 pays membres : with 20 member countries: Belgium, Canada, Denmark, Estonia, Finland, France, Germany, Iceland, Ireland, Latvia, Lithuania, the Netherlands,

Allemagne, Belgique, Canada, Danemark, Belgium, Poland, Canada, Denmark, Estonia, Finland,Espagne, France, Norway, Portugal, Russian Federation, Spain, Estonie, États-Unis d’Amérique, Fédération de Russie, Finlande, Germany, Iceland, Ireland, Latvia, Lithuania, the Netherlands, Sweden, United Kingdom, and United States of America. France, Lituanie, Norvège, Norway,Irlande, Poland,Islande, Portugal,Lettonie, Russian Federation, Spain, ­­PaysSweden, United Kingdom, and United States of America. Bas, Pologne, Portugal, Royaume-Uni, Suède.

Through strategic partnerships our work in the Atlantic Ocean, Grâce à des partenariats Through strategic partnerships and specifically the North Atlantic, our work in the Atlantic Ocean, stratégiques, nos activités dans extends l'Océan into the Arctic, the Mediterranean, and specifically theNord North Atlantic, Atlantique s’étendent the Black Sea, and the North Pacific. extends àinto the Arctic, the Méditerranée, Mediterranean,la l’Arctique, la mer the Blackmer Sea,Noire and the North Pacific. et l’océan Pacifique Nord.

COMMENT NOUS TRAVAILLONS

700 instituts et organisations

Un large panel de disciplines scientifiques

150 groupes d'experts

Contributeurs originaires de 60 pays

6000 experts

Le réseau du CIEM

Création et partage des connaissances

Avis scientifiques Données, outils fondés sur des preuves et techniques

Formations, conférences et ateliers 7


Faire face à la complexité

LA SCIENCE DES ÉCOSYSTÈMES Améliorer et façonner la compréhension de la structure, de la fonction et de la dynamique des écosystèmes marins, afin de développer et de dynamiser les sciences marines et de renforcer leurs applications.

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e dérèglement climatique est un facteur permanent de modification des écosystèmes et de leurs dynamiques. Nous nous efforçons de développer une meilleure compréhension de l'état actuel et futur de l'océan ainsi que des répercussions pour les dirigeants et la société. En 2019, nos groupes de travail ont fait progresser les prévisions océaniques d'une échelle de temps saisonnière à une échelle décennale afin de soutenir la gestion des ressources marines (Working Group on Seasonal-to-Decadal Prediction of Marine Ecosystems). Un nouveau groupe a été créé pour comprendre l'impact de la température sur la croissance des poissons, afin de prévoir les rendements de la pêche en cas de futur réchauffement (ICES/PICES Working Group on Impacts of Warming on Growth Rates and Fisheries Yields).

Le nombre d'efflorescences algales nuisibles (« HAB ») a augmenté et notre joint working group on HAB dynamics with the Intergovernmental Oceanography Commission ( IOC/UNESCO) est devenu un forum de plus en plus important où ces événements sont discutés et examinés. La présidente du groupe, Eileen Bresnan, a été invitée à l'atelier international sur les HAB mondiaux lors de la réunion annuelle de PICES en octobre 2019.

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Figurant parmi nos plus anciennes collections, on peut citer le rapport annuel sur le climat océanique publié par le Groupe de travail sur l'hydrographie océanique, qui présente des mesures de la température de l'eau à différentes profondeurs, de la salinité, de la pression au niveau de la mer, de la température de l'air et de la couverture de glace dans tout l'Atlantique Nord, ainsi que l'identification des principales tendances. Le Journal des sciences de la mer du CIEM a, quant à lui, publié un numéro spécial à l'issue du symposium sur les effets du changement climatique sur les océans du monde, ­coparrainé par le CIEM, qui a mis en lumière de nombreuses avancées dans l'étude du climat océanique.

Les membres de l'initiative ICES-PICES Strategic Initiative on Climate Change Impacts on Marine Ecosystems (SICCME) sont les principaux auteurs du rapport spécial du GIEC sur l'océan et la cryosphère dans un climat en évolution : Anne Hollowed et Geir Ottersen pour le chapitre 3 sur les régions polaires et William Cheung, ancien lauréat du prix d'excellence du CIEM, pour le chapitre 5 sur les océans. Le CIEM a également participé activement à des projets européens tels que ClimeFish, où en tant qu'organisation de transfert de connaissances, nous avons travaillé avec les parties prenantes pour générer des données exploitables sur la manière dont le changement climatique affecte la pêche. Notre système de conseil s'en est trouvé renforcé, grâce à la modélisation des impacts du changement climatique sur les stocks de poissons sauvages et sur les activités aquacoles actuelles et potentielles dans l'Atlantique du Nord-Est, et grâce à la communication efficace et efficiente des principales conclusions scientifiques aux décideurs politiques concernés.

« De nouveaux modèles apparaissent pour comprendre la structure, la diversité et le fonctionnement des écosystèmes, telle que l'approche par les traits, qui définit les organismes selon leurs caractéristiques écologiques. Alors que les études fondées sur les traits fonctionnels ont permis des avancées significatives en matière d'écologie végétale terrestre, l'adoption de telles approches dans le domaine marin commence à peine à se développer. »

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Martin Lindegren, Saskia Otto et Jasmin Renz, organisateurs de la session thématique G Understanding ecosystem structure and functioning through the use of traits, lors de la conférence scientifique annuelle du CIEM 2019


Des éléments de LA SCIENCE DES ÉCOSYSTÈMES

La bioturbation Les sédiments des fonds marins constituent l'un des plus grands milieux de vie sur Terre. Avec les organismes benthiques qu'ils abritent, ils régulent les fux d'énergie dans les écosystèmes marins et fournissent des produits et des services écologiques de grande valeur. Qu'est-ce que la bioturbation ? La macrofaune benthique transforme les sédiments du fond marin, selon un processus qu’on appelle la bioturbation. Les activités de bioturbation - notamment l'enfouissement, l'ingestion et la défécation des sédiments - ont un effet profond sur l'environnement et sont considérés comme un des vecteurs principaux de la biodiversité. Pourquoi est-elle importante ? La bioturbation est un mécanisme important qui favorise les réseaux alimentaires, le transport des sédiments, le couplage bentho-pélagique, le cycle des nutriments et d'autres activités bio-géochimiques, à la fois directement ou indirectement, en régulant les propriétés des micro-organismes, en améliorant les échanges physiques et les facteurs physiologiques. Les extinctions, les invasions et les altérations du nombre d’individus dans les espèces, ou encore la perte de biomasse, pourraient avoir des répercussions sur le fonctionnement des écosystèmes. Les écosystèmes marins connaissent des changements rapides et généralisés de leur biodiversité et de la composition des espèces, il est donc essentiel de comprendre les conséquences de ces changements afin de gérer efficacement ces systèmes.

Les activités de bioturbation ont un effet profond sur l'environnement et sont considérés comme un des vecteurs principaux de la biodiversité.

Il est nécessaire de mener de toute urgence des recherches à grande échelle sur les phénomènes de bioturbation dans les communautés macro-benthiques afin d'en évaluer les mécanismes et les fonctions spécifques. Un groupe de travail du CIEM (Benthic Ecology Working Group) a publié pour la première fois une analyse de la capacité de bioturbation de la communauté macrobenthique dans plusieurs régions du plateau continental européen. Ils ont identifé les espèces-clés spécifques à la zone et aux sédiments, qui participent à la capacité de bioturbation, dans quatre régions distinctes le long du plateau continental européen. Pour cela, ils ont analysé les tendances et les facteurs régionaux en modélisant la distribution spatiale du potentiel de bioturbation (BPc) de la communauté, et ont généré des cartes BPc pouvant mettre en évidence les points chauds de l'écosystème benthique, tout en contribuant à l'évaluation de l'intégrité des fonds marins (Descripteur dans le cadre de la directive européenne sur les fonds marins), aux objectifs de conservation et à la gestion du milieu marin. 11


Mesurer les pressions

LES IMPACTS DES ACTIVITÉS HUMAINES Mesurer et anticiper les effets des activités humaines sur les écosystèmes et les services fournis par les écosystèmes afin de déterminer l'état actuel et futur des systèmes naturels et sociaux.

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n évaluant la vulnérabilité des écosystèmes marins par rapport à l'impact des pressions qu'ils subissent, et en étudiant les répercussions des activités humaines sur les biens et services rendus par les écosystèmes, nous pouvons élaborer des stratégies visant à en atténuer les effets indésirables. Les dispositifs de production d'énergie renouvelable suscitent un intérêt considérable dans le domaine marin et l'on considère que l'énergie des vagues est la plus grande ressource mondiale d'énergie marine. La Commission OSPAR a demandé des avis sur l'état actuel des connaissances relatives aux impacts environnementaux du déploiement des technologies d'énergie marine renouvelables. Nos groupes de travail sur le développement des énergies renouvelables benthiques marines et sur la production d'énergie renouvelable à partir du milieu marin ont élaboré une synthèse de tous les systèmes de production d'énergie renouvelable d'origine marine actuellement connus et de la manière dont leur déploiement est susceptible d'évoluer à l'avenir.

Les espèces et les habitats des écosystèmes marins vulnérables (EMV) bénéficient d'un certain degré de protection dans les eaux de l'Union européenne (UE) grâce à des initiatives nationales de conservation. Pour permettre à l'UE de mettre en œuvre la récente législation réglementant l'accès aux zones de pêche en eaux profondes, qui pourrait avoir un impact sur les EMV, nous avons organisé un atelier pour les décideurs afin de recueillir des données et des informations sur les zones où la présence d'EMV est connue ou probable et sur l'"empreinte écologique de la pêche" dans la zone actuelle de pêche en eaux profondes. Les personnes impliquées dans la réglementation de l'accès aux eaux profondes, qu'il s'agisse de décideurs ou de scientifiques, ont participé activement à cet atelier. Le conseil technique qui en a résulté produira un avis final en 2020, qui servira de base à la Commission européenne (CE) pour adopter un règlement d'exécution.

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Lors d'une session spéciale du réseau organisée pendant la conférence scientifique annuelle du CIEM de 2019 à Göteborg, intitulée « Les impacts mondiaux du trafic maritime », des experts se sont rassemblés pour discuter de la gestion et des avis scientifiques les plus urgents à fournir pour faire face aux impacts du transport maritime sur les écosystèmes marins. Ces discussions ont contribué à informer le groupe de travail nouvellement créé, Working Group on Shipping Impacts in the Marine Environment. Ce dernier étudie les différentes mesures possibles pour réduire ou éliminer les sources de pollution causées par les navires et synthétise les progrès scientifiques réalisés dans la lutte contre les facteurs de stress individuels, tels que les rejets de polluants, le bruit sous-marin et les collisions avec les navires. Notre groupe de planification marine et de gestion des zones côtières analyse les rapports bénéfices/risques pour les activités humaines. En 2019, le groupe a cherché à développer une expertise dans ce domaine grâce à sa formation en planification marine. Les membres ont également contribué à « Maritime Spatial Planning past, present, future », une synthèse complète de la planification des zones maritimes et de son rôle dans la promotion d'un développement maritime durable.

De multiples activités exercent des pressions sur les composantes des écosystèmes et leurs fonctions. Le résultat se traduit en effets cumulatifs. Les approches visant à évaluer ces effets cumulatifs (AEC) peuvent potentiellement soutenir l'élaboration de politiques et la planification rationnelles en matière de gouvernance et de gestion, mais elles restent encore à être mises en œuvre dans les processus de planification et de gestion du milieu marin. Notre nouveau groupe de travail sur l'évaluation des effets cumulatifs a élaboré un cadre de gestion de l'évaluation des AEC qu'il va appliquer à deux études de cas (mer du Nord et golfe du Saint-Laurent). Nous avons achevé le projet d'outil d'évaluation des contaminants de la Commission d'Helsinki (HELCOM), renforçant ainsi notre expertise et notre rôle de gestionnaire des données sur les contaminants marins. Une plateforme pour les substances dangereuses HELCOM a été développée, à laquelle sera intégrée l'outil d'évaluation des substances dangereuses HELCOM (CHASE). Ce travail s'appuie sur le développement d'un instrument de mesure OSPAR qui sera utilisé pour développer un outil d'évaluation des contaminants pour le programme AMAP (Arctic Monitoring and Assessment Programme). De cette manière, le CIEM assure le lien entre les trois programmes régionaux, garantit également la non-duplication des flux de données, de même que des outils pour les parties contractantes qui se chevauchent, qui sont toutes des pays membres du CIEM.

« En tant que représentante d'une autorité compétente qui participe activement au processus de planification de l'espace maritime depuis quelques années, ce cours m'a beaucoup inspirée pour concevoir un processus national d'aménagement de l'espace maritime qui prenne en compte le point de vue de tous les acteurs, tout en étant scientifiquement fondé. »

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Anni Konsap, conseillère estonienne en planification, ayant participé à la formation du CIEM en planification de l'espace maritime


Des éléments des IMPACTS DES ACTIVITÉS HUMAINES

La pression sur les fonds marins

La pêche de fond est la principale activité humaine qui perturbe physiquement les fonds marins et leurs habitats. Le CIEM a préconisé un processus d'évaluation qui refète l'étendue spatiale et la répartition de ces perturbations physiques.

Le contrôle des activités de pêche.

Surveillance par satellite de la position et de la vitesse des navires, ainsi que des prises

Les différentes techniques de pêche Les caractéristiques des engins de pêche déterminent le niveau d'abrasion superfcielle et souterraine des fonds marins

Les types de pêche peuvent être sélectionnés/ désélectionnés pour évaluer les activités de pêche spécifques

La pression globale sur les fonds marins Les données spatiales de la pêche (et du type de pêche) sont utilisées pour estimer l'abrasion globale des fonds marins due à la pêche La documentation et les données sont disponibles en ligne Habitat 1

HIGH NONE MEDIUM LOW

Habitat 2

L'évaluation de la pression

L'impact de la pêche sur les fonds marins est évalué à la fois par habitat et pour l'ensemble de la région

En 2019, nous avons établi un système de suivi des dommages et perturbations physiques sur les fonds marins affectant les habitats benthiques. Ce dispositif est lié à la directive-cadre "Stratégie pour le milieu marin" de l'UE, et plus précisément au Descripteur 6 sur l'intégrité des fonds marins (D6). Notre dispositif propose des mesures pragmatiques sur la manière dont les données doivent être compilées et coordonnées entre les pays. Le D6 vise une gestion durable des activités humaines affectant nos mers, afin que l'intégrité des fonds marins soit maintenue à un niveau assurant la préservation de la structure et des fonctions des écosystèmes et que les écosystèmes benthiques, en particulier, ne soient pas affectés négativement.

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Surveiller les mers

L’OBSERVATION ET L’EXPLORATION L'observation, l'exploration et le suivi des mers et des océans nous permettent de surveiller les changements dans l'environnement et les écosystèmes et d'identifier les ressources, pour les utiliser et les protéger de façon durable.

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P

our documenter les changements environnementaux et démographiques, les scientifiques et les gestionnaires de ressources s'appuient sur les systèmes de suivi et leurs ensembles de données. Nos groupes d'experts continuent à coordonner différents types de relevés : œufs, larves, acoustique, transects vidéo et chalut. Quelque 2 000 jours-navires ont été nécessaires en 2019 pour effectuer des relevés coordonnés par le CIEM, contribuant ainsi à l'évaluation des stocks de poissons et au développement de la science. Des changements peuvent modifier ou perturber la collecte de données, comme par exemple les avancées technologiques, les variations du climat et les variables inévitables d'échantillonnage et de relevé. Un article, ICES Science Highlights, attire ainsi l'attention sur les défis particuliers auxquels sont confrontés nos groupes d'enquête.

Le recours à la technologie acoustique à large bande étant courant dans les applications de recherche et d'étude acoustiques en sciences halieutiques, les scientifiques doivent être prêts à interpréter et à traiter les données qui en résultent. Pour s'y préparer, l'une de nos formations a proposé un cours avancé sur l'acoustique des pêches, prenant le large à bord du navire de recherche norvégien G.O. Sars en décembre. Les indices d'enquête basés sur des modèles seront vraisemblablement appelés à jouer un rôle plus important dans les futurs avis sur la situation des stocks de poissons. Notre Working Group on Improving use of Survey Data for Assessment and Advice a réfléchi à comment donner des conseils sur la façon d'utiliser ces indices et à améliorer la documentation du processus scientifique utilisé pour prendre des décisions.

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Mesopelagic resources—potential and risk, un numéro spécial du Journal des sciences marines du CIEM, a examiné de plus près la vie dans des zones peu explorées de l'océan ainsi que les possibilités et les risques liés à l'exploitation des ressources mésopélagiques. Le centre de données du CIEM a rejoint le projet MEESO Horizon 2020, qui a pour but de quantifier la distribution spatiotemporelle de la biomasse, la production des ressources mésopélagiques et leur rôle écosystémique, ainsi que d'étudier les options pour gérer et régir leur exploitation durablement. Nos normes et protocoles seront intégrés aux processus de collecte de données, garantissant ainsi une utilisation continue des données au-delà du cycle de vie du projet.

Les bases de données sur le bruit sousmarin fournissent des informations essentielles pour faire progresser l'étude de ses effets. Après avoir lancé en 2016 un portail de données sur le bruit sous-marin impulsionnel pour aider OSPAR et HELCOM dans leurs évaluations régionales, nous avons rejoint en 2019 le projet QuietMed2 qui aidera les États membres de l'UE en zone méditerranéenne à évaluer le descripteur 11 de la directive MSFD (L'introduction d'énergie, y compris le bruit sous-marin, se fait à des niveaux qui n'affectent pas négativement l'environnement marin). Notre Data Center a également commencé à travailler sur une base de données sur le bruit ambiant - ou constant - afin de renforcer la surveillance et l'évaluation de la mer Baltique par HELCOM.

« L'atelier sur les initiatives science-industrie a repris un sujet interrompu il y a douze ans, dont le CIEM avait alors rendu compte (Workshop de 2007 on Using Fishers to Sample Catches). Les thèmes, pertinents à l'époque, le sont toujours plus aujourd'hui, le secteur de la pêche étant de plus en plus apte et désireux de contribuer à la recherche scientifique. Si les initiatives de l'industrie en matière de fourniture de données créent des opportunités pour la mission scientifique du CIEM, elles soulèvent des questions importantes comme les normes pour l'information scientifique. Ce sujet a été longuement débattu lors du Workshop on Science with Industry Initiatives et donnera lieu à un prochain atelier en juin 2020. » 18

Steve Mackinson, co-président de l'atelier Science with Industry Initiatives.


Des éléments de L’OBSERVATION ET L’EXPLORATION

La collecte de données sur les déchets marins Les déchets issus des prises au chalut standard sont collectés, dans le cadre de l'enquête internationale sur le chalutage de fond (IBTS), et transférés dans la base de données du CIEM sur les relevés au chalut - DATRAS. Au départ expérimentale, la collecte de données est devenue depuis 2011 l'un des objectifs de l'enquête au niveau international. Elle fait partie du manuel d'enquête de l'IBTS. Elle ne nécessite pas d'échantillonnage supplémentaire, mais exige une main-d'œuvre supplémentaire à bord.

Le traitement des déchets marins en mer Collecte

Tri

Identifcation

Mesure

Téléchargement

Si la surveillance en mer existe depuis longtemps, son objet ne se limite désormais plus à un sujet spécifque. Son champ d'application s'est étendu à l'écosystème, où de nombreux éléments, ainsi que leurs relations supposées, ont leur importance. Le rapport de recherche coopérative (CRR) n° 347 Moving towards integrated ecosystem monitoring se concentre sur cette évolution et fournit des conseils

structurés sur la manière de mettre en place la surveillance en mer.

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approches

LES SCIENCES ET TECHNIQUES ÉMERGENTES Développer, évaluer et mobiliser de nouvelles techniques et technologies pour faire progresser la connaissance des systèmes marins, informer les dirigeants et accroître la portée et l'efficacité de la surveillance.

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I

l est essentiel de développer, d'identifier et de tester les techniques et technologies émergentes, et de soutenir leur utilisation lorsqu'il est démontré qu'elles font progresser notre capacité à générer des données, des analyses scientifiques et des recommandations. C'est pourquoi notre plan consultatif a préféré incorporer de nouvelles connaissances dans son processus consultatif afin de produire efficacement des avis sur les meilleurs moyens d'atteindre les objectifs de conservation, de gestion et de durabilité. Le CIEM a développé une plateforme de lecture d'âge, SmartDots. En 2019, notre groupe de travail sur la gouvernance SmartDots a ajouté un nouveau module de détermination de la maturité. SmartDots v.2 a été publié avec de nouvelles fonctionnalités, comme un outil de mesure sur écran et un descripteur de type d'arête d'otolithe, qui peuvent tous deux servir dans les études sur la croissance des otolithes et des poissons. Pour l'assurance qualité, une échelle de mesure révisée de la qualité de lecture des otolithes a été mise en place pour toutes les lectures d'âge. Dans l'objectif de coordonner SmartDots avec d'autres systèmes de données au sein de la communauté du CIEM, WGSMART

travaillera continuellement en coopération avec d'autres groupes d'experts et de coordination régionale. En 2019, de nouveaux groupes d'experts en méthodologies de pointe ont vu le jour. Attirant de nouveaux scientifiques dans notre communauté, le groupe de travail Machine Learning in Marine Science aborde l'apprentissage machine comme une méthode permettant d'atteindre l'efficacité et la répétitivité dans le travail de classification analytique. Il explore également les moyens d'analyser de manière plus approfondie les grandes quantités de données marines qui sont de plus en plus disponibles. Le groupe a constitué une base de données bibliographiques complète qui documente toutes les applications de l'apprentissage machine en sciences marines : types de données (acoustique, imagerie, etc.), techniques d'apprentissage machine (apprentissage classique, apprentissage profond, etc.) et thèmes (évaluation des stocks, bio-géochimie, etc.). Ainsi, les scientifiques qui souhaitent recourir aux techniques d'apprentissage machine pour leurs travaux pourront obtenir une vue d'ensemble large et exhaustive des travaux antérieurs, identifier les sujets actifs et les questions de recherche futures.

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Les technologies de surveillance de la pêche varient énormément à travers le monde. Notre nouveau groupe technology integration for fishery-dependent data étudie les technologies électroniques d'une manière plus systématique et plus stratégique afin d'harmoniser la collecte et l'utilisation des données pour la gestion et la recherche halieutiques au niveau mondial. Le groupe de travail Comparative Ecosystem-based Analyses of Atlantic and Mediterranean marine systems a développé une application open source pour l'analyse intégrée des tendances (ITA). On utilise beaucoup les ITA pour faire la synthèse des changements survenus dans les écosystèmes à l'échelle décennale et mettre en évidence les liens possibles entre les composantes physiques, biologiques et humaines des systèmes socio-écologiques. En 2019, nous nous sommes associés à EMODnet et Copernicus Marine pour l'OpenSeaLab en Belgique. Cet événement a permis de promouvoir notre centre de

Photo de Christine Fagerbakke/ IMR

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données (Data Center). Le projet lauréat illustre la manière dont les conseils du CIEM peuvent être présentés aux non-experts, et remet en question le format actuel de nos conseils. Les filets fantômes - filets de pêche rejetés ou perdus - sont désormais une question environnementale de premier plan. Le sujet était à l'ordre du jour ICES-FAO Working Group on Fishing Technology and Fish Behaviour qui a réuni à Shangaï en Chine 120 experts en technologie de la pêche venus de 23 pays différents. Parmi les dernières avancées de la recherche et les tests probants sur le terrain, on peut retenir : la collecte et le recyclage systématique du matériel de pêche usagé, la modification des équipements pour réduire les prises accidentelles dans la pêche au chalut, l'allègement des embarcations de pêche pour gagner en efficacité énergétique, et les technologies permettant de surveiller le comportement des poissons grâce à des caméras sous-marines installées sur les engins de pêche.

« Avec les anciens échosondeurs, on criait "bonjour" dans le fjord à une fréquence donnée, puis on enregistrait l'écho. Aujourd'hui, nous avons cinq ou six échosondeurs qui crient tous "bonjour" à différentes bandes de fréquence. En fait, maintenant, plutôt que d'utiliser une seule voix, on utilise toute une chorale. Le terme "sonar à large bande" fait référence à la bande de fréquence. Comparé à un sonar traditionnel, il produit cent fois plus de données. Avec ces informations détaillées, il est plus facile de distinguer les différentes espèces de poissons, de larves et de plancton - ou de compter les Mauroliques de Müller, chacun ne mesurant que quatre centimètres de long, à une profondeur de cent mètres. Mais cela nécessite aussi des calculs très poussés et une bonne méthodologie. » Egil Ona, de l'Institut de recherche marine (IMR) en Norvège, instructeur de la formation du CIEM Principles and methods of broadband/wideband technologies: application to fisheries acoustics


Des éléments des SCIENCES ET TECHNIQUES ÉMERGENTES

Découvrir l'ADN de l’environnement Les technologies de télédétection acoustique, optique et environnementale de l'ADN (eDNA) évoluent rapidement, fournissant des quantités inédites de données à haute résolution sur de grandes échelles spatiales et temporelles. Des véhicules et des observatoires autonomes sont désormais en mesure de collecter des données dans des zones auparavant inaccessibles, ce que ne permettaient pas les navires de recherche traditionnels.

Sources de l'eDNA dans l’eau ADN libre

Écailles et peau

Déchets métaboliques

Tissus endommagés

« En pleine mer, nous mesurons des données acoustiques en temps réel afin de détecter des échantillons d'eADN. Les résultats sont mitigés car les données acoustiques peuvent être biaisées, surtout dans les profondeurs, en faveur de poissons qui ne semblent pas aussi détectables que les créatures gélatineuses utilisant l'eDNA. Il reste beaucoup de travail à faire sur la détection de l'eADN et la détection acoustique des animaux à corps mou ». Mike Jech, président du Working Group on Fisheries Acoustics, Science and Technology

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Assurer la durabilité

LES PRODUITS DE LA MER Produire des données et des recommandations pour la gestion de la pêche d'espèces sauvages et de l'aquaculture, afin d'aider à garantir un approvisionnement suffisant en produits de la mer.

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E

n 2019, nous avons conseillé la Commission européenne, la Norvège, la Commission pour la pêche en Atlantique Nord-Est (CPANE) et l'Organisation pour la conservation du saumon de l'Atlantique Nord (OCSAN) sur les opportunités de pêche dans l'Atlantique Nord-Est, la mer du Nord et la mer Baltique. Nos avis ont porté sur 205 stocks, ce qui représente 8 millions de tonnes, soit environ 90 % des arrivages dans la région. Nous avons également reçu des requêtes dont la complexité varie, de la simple mise à jour des possibilités de capture à l'évaluation des stratégies de gestion à long terme (cabillaud de la mer du Nord, lieu noir, églefin, merlan et hareng), des inévitables prises accidentelles à l'identification de zones écologiques spéciales/à haute valeur. Le mauvais état du stock de cabillaud de la Baltique orientale a donné lieu à deux demandes spéciales cette année. Après

avoir recommandé un taux de capture zéro en 2020, le CIEM a été invité à donner son avis sur les mesures à prendre pour préserver l'état du stock et à fournir des informations sur la répartition et les prises accidentelles inévitables du cabillaud de la Baltique orientale. Le dossier de nos synthèses sur la pêche a grossi. Il inclut désormais la mer de Barents, la mer de Norvège, les eaux islandaises, le golfe de Gascogne et la côte ibérique. Si l'on y ajoute les synthèses déjà existantes (mer Baltique, grande mer du Nord et mers celtiques), la zone couverte a presque triplé. Les synthèses résument les activités des différentes flottes de pêche et leur impact dans chaque éco-région du CIEM. Elles décrivent ces flottes, la composition de leurs prises, les cadres/accords/mesures de gestion de la pêche, l'état des ressources halieutiques et les répercussions des activités de pêche sur les écosystèmes.

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La problématique des pêcheries mixtes fait désormais partie des synthèses. Pour pouvoir élaborer leurs stratégies, les décideurs disposent ainsi de choix d'arbitrages et de conséquences. Les rejets en mer et les prises accidentelles sont une préoccupation mondiale pour la pêche. Les membres du Working Group on Methods for Estimating Discard Survival ont contribué à la publication de The European Landing Obligation: Reducing Discards in Complex, MultiSpecies and Multi-Jurisdictional Fisheries, qui examine les méthodes permettant de traiter ces questions au regard de la politique européenne d'obligation de débarquement (European Landing Obligation). Nous avons célébré le 150e anniversaire de la naissance de Johan Hjort, qui fut l'un des pères fondateurs du CIEM et un grand nom de la biologie de la pêche, à l'origine de certaines des idées qui en fondent la science actuelle. Le CIEM a organisé à Bergen un symposium, Challenging the scientific legacy of Johan Hjort: Time for a new paradigm shift in marine research, pour lequel il a financé la participation de scientifiques en début de carrière. De la même manière, nous avons soutenu la participation de scientifiques en début de carrière au symposium Shellfish Resources and Invaders of the North. Ce dernier a permis de présenter les dernières

recherches sur le rôle des mollusques d'eau froide, à la fois comme ressources exploitables et comme acteurs importants de l'écosystème marin froid de l'hémisphère nord. L'aquaculture continue de se développer rapidement et elle est appelée à contribuer de plus en plus à la sécurité alimentaire. Il est donc urgent de se préparer à en relever les défis. Les pathogènes émergents constituent une menace pour les industries aquacoles du monde entier et notre Workshop on merging mollusc pathogens a abordé des questions fondamentales concernant les ressources et la communication entre la communauté des pathologistes, les régulateurs et la filière conchylicole. Cet atelier a permis d'identifier des stratégies visant à prévenir la dispersion du microvariant OsHV-1 en Amérique du Nord et à maintenir la production commerciale en cas d'épizootie. Le microvariant a causé une importante mortalité des huîtres du Pacifique en Europe, en Australie et en NouvelleZélande. Les synthèses sur l'aquaculture (Aquaculture Overviews) ont été mises en place cette année, suite à une enquête menée auprès des acteurs du secteur afin de recueillir des suggestions sur leur potentiel contenu. Ces synthèses décriront à l'échelle régionale la répartition, les interactions entre les écosystèmes, les bénéfices, les répercussions et le potentiel de la production aquacole.

« Les 30 dernières années ont montré qu'une gestion fondée sur les connaissances scientifiques permettait aux stocks de se reconstituer tout en répondant aux besoins des consommateurs de poisson. Pour que la pêche du XXIe siècle suive une approche scientifique, les pays doivent moderniser leurs flottes afin qu'elles restent compétitives. S'ils ne le font pas, ces pays deviendront de simples importateurs de produits de la pêche dont la production est soumise à des règles qu'ils ne contrôlent pas eux-mêmes. » 26

Luís Vicente, secrétaire général de l'Association de la pêche industrielle, Portugal


Des éléments des PRODUITS DE LA MER

Débloquer les réserves limitées en données Les avis du CIEM mettent les résultats et les informations scientifques entre les mains des décideurs. Pour la majorité des stocks de poissons dans le monde, nous ne disposons pas des données adéquates permettant une évaluation conventionnelle des stocks. Ces stocks sont dits "limités en données" et plus de 60 % des stocks du CIEM sont limités en données. Jusqu'à récemment, la science de la pêche n'était pas en mesure d'informer les décideurs sur l'état et le potentiel des stocks de poissons limités en données, faute de méthodes d'évaluation appropriées. Depuis 2010, le CIEM a changé la donne. Nous sommes leader mondial dans le développement et l'application de méthodes qui aident les décideurs à atteindre leurs objectifs en matière de gestion de la pêche et de politique de biodiversité pour les stocks limités en données.

2010

Le CIEM commence à explorer différentes approches de conseil sur les stocks limités en données.

2012 Le CIEM commence à fournir des conseils quantitatifs sur les stocks limités en données.

2019 160

Le CIEM émet des avis concernant les prises pour 160 stocks limités en données.

L'approche du CIEM Le CIEM est un leader mondial dans le développement et l'application de méthodes qui aident les décideurs à atteindre les objectifs de gestion de la pêche et de la politique de biodiversité. Les méthodes et outils pour évaluer les stocks limités en données sont en nombre croissant. Une grande partie de ce travail a été développé dans le cadre de notre série d'ateliers WKLIFE. Nous organisons des formations aux méthodes d'évaluation des stocks limités en données et des formations à l'estimation des points de référence. En 2019, une session thématique tenue lors de notre Conférence scientifque annuelle a porté sur les progrès des méthodes d'évaluation des stocks limités en données.

27


Fournir de meilleures options

LA SCIENCE POUR LA CONSERVATION ET LA GESTION Développer des outils, des connaissances et des données tangibles pour conserver et gérer - afin de fournir davantage d'options de meilleure qualité et aider les gestionnaires à fixer des objectifs et à les atteindre.

28


D

es mesures de conservation et de gestion sont prises pour atteindre les objectifs des organes de gestion chargés d'équilibrer les demandes d'utilisation et de protection de la mer. Nos synthèses des écosystèmes (Ecosystem Overviews) identifient les principales pressions environnementales et humaines dans les éco-régions du CIEM, et expliquent comment celles-ci affectent les composantes des écosystèmes, notamment les mammifères marins, les oiseaux de mer, les espèces menacées et les espèces non indigènes. Ces synthèses constituent une ressource précieuse pour les gestionnaires, les décideurs, les scientifiques et les personnes intéressées par les écosystèmes de l'Atlantique du Nord-Est. En 2019, notre offre de synthèses des écosystèmes s'est renforcée avec l'ajout des éco-régions océaniques de l'Atlantique Nord-Est et des Açores. Nous produisons désormais neuf synthèses, couvrant la majeure partie des éco-régions du CIEM : Atlantique Nord-Est océanique, Açores, mer Baltique, mer de Barents, golfe de Gascogne et côte ibérique, mers celtiques, grande mer du Nord, eaux islandaises et mer de Norvège.

Nous travaillons à une couverture complète des eaux subarctiques, avec une synthèse pour l'océan Arctique central et la mer du Groenland. Avec le groupe de travail sur la protection de l'environnement marin arctique du Conseil de l'Arctique (PAME) et l'Organisation des sciences de la mer pour le Pacifique Nord (PICES), notre Working Group on Integrated Ecosystem Assessment for the Central Arctic Ocean confère au CIEM un rôle central dans cet écosystème éloigné et en pleine évolution. Avec ces publications, les engagements pris lors de la conférence Notre océan en 2019 de fournir des synthèses des écosystèmes pour les zones situées audelà de la juridiction nationale (ZJN), et plus particulièrement pour l'Atlantique NordEst et l'Arctique central, seront respectés. Les huit pays du Conseil de l'Arctique sont tous membres du CIEM. Grâce à notre coopération avec PICES, cette coopération dans l'Arctique va encore plus loin. En coopérant avec PICES, PAME et la NOAA, nous avons co-parrainé une conférence en 2019, Implementation of the Ecosystem Approach to Management in the Arctic: Integrating information at different scales in the framework of EA implementation.

29


Sur plus de 180 groupes d'experts et d'ateliers du CIEM qui traitent de diverses questions relatives aux écosystèmes marins, plus d'un cinquième portent sur des questions qui recoupent les ABNJ. Nous nous appuyons sur notre réseau de scientifiques pour fournir des recommandations sur la biodiversité et l'exploitation durable dans les ABNJ à la fois à la Commission des pêches de l'Atlantique du Nord-Est (CPANE) et à la Commission OSPAR.

En 2019, nous avons également contribué à la création d'une zone marine d'importance écologique ou biologique (Ecologically or Biologically Significant Marine Area -EBSA)- dans l'Atlantique Nord. À la suite du workshop on ecological valuing of areas of the Barents Sea, nous avons établi des recommandations sur l'utilisation d'un cadre conceptuel pour déterminer si une mer est spéciale ou à haute valeur. À l'aide des critères mondialement reconnus de la Convention sur la diversité biologique (CBD), le groupe de travail a défini les EBSA, qui sont spécifiquement destinées à mettre en évidence la valeur écologique et biologique d'une zone maritime.

Cristina Mangano

Sofia Henriques

30

« L'un des principaux enjeux actuels est de trouver des outils écosystémiques à grande échelle pour guider les actions de gestion et de conservation, un défi majeur tant du point de vue scientifique que politique. Le WGCOMEDA a amélioré les connaissances et les outils de base, grâce à différentes approches écosystémiques intégrées entre l'Atlantique et la Méditerranée. Ces approches permettent de proposer des solutions plus efficaces et plus performantes pour aider les gestionnaires à fixer et à atteindre leurs objectifs. Le WGCOMEDA étudie la biodiversité fonctionnelle, la structure et la connectivité des écosystèmes, la résilience et les mécanismes de changement, ainsi que les façons d'intégrer les dimensions écologiques et socio-économiques, afin de renforcer les recommandations en matière de pêche et de gestion marine intégrées. » Cristina Mangano et Sofia Henriques, co-présidentes du groupe de travail sur les analyses écosystémiques comparatives des systèmes marins de l'Atlantique et de la Méditerranée (WGCOMEDA)


Des éléments de LA SCIENCE POUR LA CONSERVATION ET LA GESTION

Avis pour les zones dépassant le cadre de la juridiction nationale Les zones situées au-delà des juridictions nationales (ZADJN), communément appelées "haute mer", sont les eaux qui se trouvent au-delà de la zone économique exclusive (ZEE) de 200 milles des pays. Il s'agit de zones océaniques dont la gestion n'incombe pas à une seule nation. Zones hors juridictions nationales dans l'Atlantique Nord-Est Eaux nationales Eaux internationales (ZADJN) Pays membres du CIEM

Océan Atlantique Nord-Est

Synthèse sur l'écosystème de l'océan Atlantique Nord-Est

Au sein de la zone du CIEM, l'éco-région océanique de l'Atlantique NordEst est la plus grande ZADJN. Le réseau de nos scientifques conseille la Commission des pêches de l'Atlantique Nord-Est (CPANE) et la Commission OSPAR, en matière de biodiversité et d'exploitation durable dans cette éco-région. En 2019, nous avons publié une synthèse sur l'écosystème de cette vaste région. Elle décrit l'écosystème, identifant les principales menaces humaines et expliquant comment celles-ci affectent les principales composantes de l’écosystème.

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Bénéficier de la mer

MER ET SOCIÉTÉ Évaluer dans quelle mesure la mer participe aux moyens de subsistance des hommes, à leur identité culturelle et à leurs loisirs, afin d'éclairer les études sur l'état des écosystèmes, la politique et la gestion.

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A

vec la mobilisation des différents acteurs, de nouvelles idées, des innovations émergent, apportant des solutions en matière d'utilisation et de gestion de la mer. Cela nous aide à garantir que les solutions proposées restent adaptées aux besoins de la société tout en renforçant la confiance, grâce à une approche inclusive. Le Workshop on an Ecosystem Based Approach to Fishery Management for the Irish Sea a rassemblé des acteurs du secteur, des ONG environnementales, des biologistes, des scientifiques de la pêche, des modélisateurs de la chaîne alimentaire et des écosystèmes, des spécialistes des sciences sociales et des experts en évaluation des stocks pour faire avancer l'inclusion de la dynamique des écosystèmes dans les avis sur la pêche pour cette région. Suite à la révision des avis concernant le maquereau de l'Atlantique Nord-Est, un atelier a été organisé pour établir une feuille de route pour la recherche sur ce stock. Il s'est également agi de remédier aux problèmes liés à la base de données des avis du CIEM. Des gestionnaires, des scientifiques

et des représentants du secteur ont profité de l'occasion pour discuter des besoins en matière de recherche. Le résultat est une feuille de route dans laquelle les autorités nationales de recherche, les instituts nationaux de la pêche, les gestionnaires de la pêche, le secteur de la pêche, les scientifiques du secteur de la pêche, les universitaires et le CIEM devront tous travailler ensemble pour améliorer la base de connaissances des avis du CIEM sur le maquereau de l'Atlantique Nord. Les considérations sociales et culturelles de la production aquacole passent souvent au second plan par rapport aux aspects biologiques, techniques et économiques. Notre Working Group on Social and Economic Dimensions of Aquaculture a étudié les possibilités qu'offre la visualisation des effets sociaux de l'aquaculture, offrant ainsi une vue plus globale des bénéfices et des coûts de cette industrie.

33


Le Working Group on the Northwest Atlantic Regional Sea s'est concentré tout particulièrement sur comment intégrer les sciences sociales dans le processus de l'AIE et ses travaux ont été intégrés aux rapports sur l'état de l'écosystème qui sont produits chaque année aux États-Unis. La même série d'indicateurs a été utilisée dans une évaluation des risques écologiques de la baie moyen-atlantique pour le Conseil de gestion des pêches de la région moyenatlantique. Le groupe de travail continue à développer de nouveaux modèles pour représenter l'écologie marine et les systèmes humains à différentes échelles. Depuis sa création, Le CIEM soutient la coopération transatlantique. Dans le cadre de la déclaration de Galway sur la coopération dans l'océan Atlantique, nous avons dirigé un groupe trilatéral (Canada, États-Unis et Union européenne) qui a été formé pour promouvoir la recherche sur la gestion axée sur les écosystèmes dans l'Atlantique Nord, l'Atlantic Ocean

Research Alliance Coordination and Support Action Working Group on the Ecosystem Approach to Ocean Health and Stressors. Les travaux de ce groupe ont fourni à l'Alliance pour la recherche sur l'océan Atlantique des informations pertinentes et adaptées sur l'état d'avancement de la recherche sur l'approche écosystémique (EA) en Europe. Dans le cadre du projet des Nations unies intitulé Strengthening Global Governance of Large Marine Ecosystems and Their Coasts through Enhanced Sharing and Application of LME/ICM/MPA Knowledge and Information Tools, le groupe de travail chargé de la gouvernance des océans LME:LEARN, dirigé par le CIEM, a achevé son mandat en 2019. Nous avons organisé des formations pour les praticiens et les gestionnaires des LME, qui ont débouché sur la production d'un certain nombre de boîtes à outils (Marine Toolkits for Practitioners).

« Le CIEM, comme de nombreuses organisations de gestion et de sciences halieutiques dans le monde, s'est tourné vers un outil clé pour la gestion des écosystèmes : les Integrated Ecosystem Assessments (IEAs). Sous l'égide de notre groupe de pilotage (Integrated Ecosystem Assessment Steering Group), de nombreux groupes d'experts étudient les IEA, tandis que dix groupes régionaux travaillent à la mise en œuvre des IEA dans leurs mers. Les synthèses des écosystèmes (Ecosystem Overviews) sont en cours de révision pour améliorer le spectre des données (notamment sociales et économiques) qu'elles fournissent pour les contributions des IEA. De plus, les groupes d'experts du CIEM publient actuellement des études pointues sur les IEA. » 34

Patricia Clay, co-présidente du groupe de travail sur les systèmes maritimes (WGMARS)


Des éléments de MER ET SOCIÉTÉ

Les initiatives associant la science et l’industrie Quel rôle l'industrie maritime peut-elle jouer dans la production de données scientifques pertinentes pour les avis et la recherche marine du CIEM ? C'est la question à laquelle a tenté de répondre un atelier sur les initiatives scientifques et industrielles en 2019. Les initiatives de l'industrie en matière de collecte et de production de données offrent au CIEM la possibilité, dans le cadre de ses travaux, de proposer une base factuelle solide pour émettre des avis sur les stocks de poissons, ainsi que de fournir de nouvelles sources d'information sur le milieu marin, lesquels, sans cela, seraient impossible. Les pêcheurs sont ravis de cette occasion d'assumer de nouvelles responsabilités et de fournir des données scientifques. Ils y voient une manière de contribuer directement à l'amélioration constante de l'évaluation des stocks ainsi qu'à la qualité des avis scientifques sur lesquels les gestionnaires s'appuient pour prendre des décisions en matière de quotas, dont dépend l'activité de pêche.

Où l'industrie peut-elle apporter des données scientifques ?* Mettre en évidence les différences de perception de l'état des stocks Améliorer la production de données et la base de connaissances en cas de désaccord entre les scientifques et le secteur de la pêche.

L'impact des espèces à quotas limitants sur les possibilités de pêche pour les pêcheries spécialisées Les espèces à quotas limitants remettent en question les possibilités de pêche, ce qui incite à fournir d'autres informations pertinentes pour la science et les décideurs.

Donner des informations sur le marché Les éléments permettant de suivre les performances et la stratégie commerciale des entreprises, tels que les justifcatifs pour les systèmes de certifcation de durabilité, peuvent également être utiles à la science.

Communiquer des informations pour aider à l'évaluation scientifque des stocks limités en données *Telles que défnies par le Workshop on Science with Industry Initiatives (WKSCINDI)

L'envie de transmettre des informations biologiques sur les espèces et l'environnement, où il est avéré que celles-ci font défaut.

35


LE CIEM EN CHIFFRES 2,984

2,984 experts représentant 51 pays ont participé et contribué à nos activités en 2019 51

26,680

En 2019, l’engagement de ces experts a représenté 26,680 jours de travail.

763

763 participants venant de 36 pays ont participé à la Conférence Annuelle (ASC) du CIEM à Gothenburg 36

175

175 des participants de la Conférence Annuelle étaient des scientifiques en début de carrière

36


4

94

Nous avons publié 4 rapports des recherches collectives 2 techniques en sciences marines environnementales 3 fiches d'identification 94 rapports scientifiques 2

3

156

156 participants venant de 24 pays ont participé à nos formations. Des formations ont eu lieu dans 4 pays différents 24

4

291

291 communications et 103 posters ont été présentés lors de la Conférence Scientifique Annuelle (ASC) 103

37


LE BUDGET DU CIEM Tous les montants sont en couronnes danoises

Revenus des contributions nationales Allemagne Belgique

1,694,000 847,000

Canada

1,270,500

Danemark

1,270,500

Espagne

1,270,500

Estonie

423,500

États-Unis d’Amérique

1,270,500

Fédération de Russie

1,270,500

Finlande

635,250

France

1,694,000

Irlande

847,000

Islande

1,270,500

Lettonie Lituanie

423,500 423,500

Pays-bas

1,270,500

Norvège

1,694,000

Pologne

1,270,500

Portugal

847,000

Royaume-Uni

1,694,000

Suède

1,270,500

Total des contributions nationales Contributions des Îles Féroé & du Groenland

Total des contributions

38

2019

22,657,250 423,500

23,080,750


Revenus des produits et services Commission européenne

2019 11,900,000

HELCOM (traitement de données)

480,000

OSCAN

549,514

CPANE

2,400,525

Mémorandum d'entente (MoU) avec la Norvège

844,500

OSPAR (avis)

728,000

OSPAR (traitement de données)

672,000

Demandes spéciales

Total Income from products and services Autres revenus La Conférence Scientifique Annuelle (ASC)

1,200,000

18,774,539 2019 490,000

Revenus issus du ICES Journal of Marine Science: Journal du Conseil

1,600,000

Revenus nets issus de projets

2,631,915

Ventes de publications Divers

Total des autres revenus Dépenses

5,000 920,000

5,646,915 48,656,315

Transfert de fonds propres

954,111

Intérêts

200,000

Solde

0

39



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