Dossier Pédagogique
Morphogénèse de ressources #1 http://idropproject.com
Le Pitch Le Web 2.0 donne potentiellement vie aux ressources. Comment cette vie peut elle évoluer ? Les concepts de la phylogénie éclairent le potentiel pédagogique du Web 2.0. et offrent une représentation mentale nouvelle et des outils conceptuels pour aborder le potentiel d'évolution des ressources afin d'en faciliter la conception.
Dans l'esprit du Web 2.0, et dans ses développements à venir, la ressource quelle qu'elle soit, par le fait qu'elle devient récupérable, transformable, améliorable par tout un chacun, acquière une forme d'existence propre. L'acte même de transformation implique un état A, un état B et un facteur de transformation, ici le coauteur. la multiplicité des co-auteurs, le fait qu'ils se côtoient mais ne travaillent pas nécessairement dans une optique commune et un but orienté libèrent la ressource, lui permettent d'évoluer au grès des captures et des réintroductions dans le web, et d'acquérir une forme auto-existante évolutive. Que dire de cette évolution, comment en saisir les formes, les principes, les facteurs ? le Web 2.0 est naissant, les études sur les mécanismes d'évolution de ses contenues certainement rares bien que je ne sois pas allé chercher l'état de l'art en la matière car le projet iDrop que nous menons nous offre un terrain d'expérimentation suffisant pour, qu'en l'état nous ne cherchions pas à relayer (retwitter) un information pré-éxistante sur le sujet, ni à l'amender, mais bien à poser nos propres bases. Evolution. Le terme en lui même oriente un parallèle immédiat entre l'évolution de la ressource et l'évolutions des espèces du vivant. A la différence que les espèces du vivant portent en elle mêmes leur potentiel d'évolution, alors que le potentiel d'évolution de la ressource réside de la capacité créative de son contributeur . L'évolution des espèces de façon très superficielle réside dans la coexistence de facteurs génétiques, (intrinsèques), et environnementaux (extrinsèques). Quels seraient les facteurs intrinsèques d'une ressource: Son format ? son potentiel intégratif ?. Par exemple un document au format .ppt (Powerpoint) peut intégrer un format .Wav (sonore), mais un document Powerpoint (.ppt) ne sera jamais un
document vidéo (.wmv) et un document vidéo n'intègrera jamais un format .ppt. il y a donc une hiérarchie des format et des capacités intégratives différentes. Des associations (procréation) de ressources sont possibles avec certains formats et non avec d'autres. De là à imaginer qu'à l'image de ce que la nature propose, il y ait des espèces (ressources) différentes incapables de se reproduire, c'est à dire à partir de 2 génotypes (formats) différents d'en créer un troisième viable, il n'y a pas loin. Un diaporama sans son peut se voir élargi d'un fichier .Wma si il possède la capacité intégrative à recevoir ce fichier... ne voyez vous pas là un mécanisme semblable à celui des associations sanguines viables ou non ? A+AB = viable; A+B = non viable. On peut même en poussant l'exercice de transposition parler de gènes d'un document et au délà, de gènes dominants (manifestés) et de gènes silencieux (récessifs). Une ressource a donc un phénotype (ensemble des caractéristiques manifestées) et un génotype (ensemble des caractéristiques potentielles). Restons sur notre Power point .ppt, dans sa forme la plus simple, il est une succession de diapo Textes, sans animations ni transitions, par contre il possède en lui même via le logiciel Powerpoint la capacité à évoluer vers une version avec animations et/ou transitions. Le logiciel jouant ici le rôle du complément en biologie cellulaire. Les molécules du complément (comme dans les mécanismes immunitaires) permettent l'évolution des cellules et la synthèses de réactions chimiques. Les logiciels permettent au fichier de formats associés de libérer leur potentiel génétique et par là même de modifier leur phénotype (forme associée à l'activation de gènes) donc leur apparence. Le fichier-cellule seul ne peut rien pour lui même. Il lui faut pour évoluer un principe créateur (le coauteur) et un complément (Le logiciel). Mais ceci étant posé, son évolution de forme, sa morphogénèse, dépend de son "potentiel
génétique", lui même définissant une zone proximale d'évolution de forme. Un fichier .ppt ayant la forme d'un texte, c'est à dire n'utilisant que son potentiel d'écriture et aucune des autres et nombreuses fonctionnalités, sous l'action créative d'un coauteur et de la bonne version de Powerpoint
(On parle également en biologie des versions d'un gène - ailes courtes ou longues pour la mouche drosophile) pourra évoluer vers un PowerPoint intégrant animations, transitions, hyperliens, images etc... autant de formes potentielles activées ou pas.
Fichier.ppt T/t - I/i - S/s - L/l - T/t ...
En reprenant la notation symbolique des gènes, on représentera comme ci dessus un fichier PowerPoint constitué uniquement de texte. A savoir que le couple T/t représentant la fonction texte dans ses formes actives ou non. Le fichier a donc un phénotype T et un génotype T/t ce qui signifie qu'il peut évoluer vers une forme sans texte ou bien dans le cas d'un génotype I/i associé au gène "image"
qu'il peut évoluer d'un phénotype "i" à un phénotype "I". Peut alors se définir ce que l'on pourrait appeler la zone proximale de forme ou "Zone Proximorphe" à savoir le périmètre à l'intérieur duquel la forme de la ressource peut évoluer selon son potentiel fonctionnel (génétique), activé via un logiciel par un coauteur
Fichier.ppt T/t - I/i - S/s... Fichier.ppt T/t - I/i - S/s...
Zone Proximorphe Fichier.ppt T/t - I/i - S/s...
Fichier.ppt T/t - I/i - S/s...
Fichier.ppt T/t - I/i - S/s...
Fichier.ppt T/t - I/i - S/s...
Co-Auteur / principe vivant
Fichier.Wmv (vidéo)
Il va qu'un fichier seul possède, via un logiciel seul, un potentiel d'évolution limité car ses fonctions (gènes) se limitent à son patrimoine propre (inné). Son potentiel de développement réside alors dans le seul potentiel créatif de son CoAuteur.
En Ajoutant un degré de complexité et en poursuivant l'exercice de transposition du Biologique au pédagogique, on peut imaginer qu'il existe comme dans le vivant, des croisements d'espèces donnant lieu à une ressource à la forme viable et d'autres impossibles. Les formes viables étant rendu possibles par la capacité de la ressource à posséder un gène d'intégration activable par le co-auteur par le biais du logiciel (complément). Par exemple
Le nombre de formes plus ou moins complexes résidant dans la zone Proximorphe peut être facilement déterminé avec les lois traditionnelles du dénombrement mathématique, ce qui pourra d'être d'un intérêt dans le cas du développement d'une cartographie morphogénétique (équivalent pédagogique de l'arbre phylogénétique des biologistes).
Powerpoint possède la fonction intégration de fichiers son. Mais ne possède pas la capacité à produire un fichier son. En utilisant Powerpoint seul, il est impossible de créer un diaporama sonore. Il faut pour cela utiliser un logiciel d'enregistrement c'est à dire faire appel à une nouvelle "espèce" qui produira un fichier intégrable dans Powerpoint. Mais encore faut-il pour cela que Powerpoint permette l'intégration, c'est à dire possède le gène idoine.
Co-Auteur / principe vivant Fichier.ppt SON/son... Fichier.ppt SON/son... Fichier.Wma
Posons un contre exemple pour constater que cela n'est pas toujours aussi simple ni immédiat. Imaginez que vous ayez une image
et que vous souhaitiez sonoriser votre image. Vous arrivez donc à la situation suivante.
Co-Auteur / principe vivant Fichier.png SON/son...
Fichier.png SON/son...
Fichier.Wma
Les logiciels de production et/ou de retouche d'image ne possèdent pas le "gène" d'intégration de fichiers sonores. Les fichiers type .png ne peuvent pas intégrer des fichiers .wma. Le logiciel d'intégration n'existe pas, alors que le principe vivant existe. L'objet "image parlante" est donc une chimère et en effet il n'existe pas sur le net de fichiers images sonores seuls. Produire une image
Fichier.png IMAGE
Fichier.ppt SON/son IMAGE/image
Fichier.Wma SON
sonore est possible mais nécessite de jongler avec des logiciels aux gènes compatibles comme ci dessous et de solliciter ce que l'on pourrait, comme en biologie, appeler un transporteur, c'est à dire un format "transparent" capable de créer l'assemblage entre l'image et le son. Ce que Powerpoint sait faire.
Co-Auteur / principe vivant
Fichier.ppt SON/son IMAGE/image
Sous cet angle on n'assiste bien comme dans le vivant à l'émergence d'une "Biodiversité" liée aux reproductions successives et évolutives de ressources, comme autant de générations qui possèdent chacune leurs caractères propres et leurs caractères antérieurs. Le Tout selon la théorie de la forme étant plus que la somme des parties, la ressources "fille" ouvre de nouveaux horizons pédagogiques quant aux usages qu'elle permet. S'intéresser de prêt et de façon exhaustive à ces "familles", à leurs interactions, à leurs liens revêt un double intérêt : 1°) Permettre aux formateurs concepteur de se repérer plus aisément dans la multitude des logiciels à leur disposition, de savoir ce qu'il faut faire et ce qu'il est inutile de vouloir
faire, ou bien à quel transporteur faire appel pour obtenir tel résultat. 2°) Révéler les zones vides, c'est à dire les formats qui sortent de l'ordinaire et qui intégrés pourraient permettre les usages qui échappent encore à nos habitudes ou bien les logiciel (compléments) manquants (comme le chainon du même non). Il est alors temps de passer à l'étape suivante c'est à dire tenter l'esquisse un premier niveau d'inventaire et de classification de la biodiversité des phénotypes de ressources, étape préliminaire à l'élaboration d'un premier dans lequel nous nous contenterons par soucis de simplicité d'avoir une approche selon les paramètres (gènes) suivants: Textes/ Son/ Image/ mouvement. (T/t - S/s - I/i M/m).
Phen : Texte Gen: T
Phen : Son Gen: S
Phen : Vidéo Gen: V
Phen : Image Gen: I
Format : .pdf
Format : .wma
Forma : .wmv
Forma : .png
Phen : Texte Gen: T/t - S/s - I/i
Phen : Image Gen: T/t - S/s - I/i
Phen : Son Gen: T/t - S/s - I/i
Format : .doc
Format : .doc
Format : .doc
Phen : Texte+Image Gen: T/t - S/s - I/i
Phen : Texte+Son Gen: T/t - S/s - I/i
Phen : Son+Image Gen: T/t - S/s - I/i
Format : .doc
Format : .doc
Format : .doc
Phen : Texte Gen: T/t - S/s - I/i - M/m
Phen : Son Gen: T/t - S/s - I/i - M/m
Phen : Image Gen: T/t - S/s - I/i - M/m
Phen : Mouvement Gen: T/t - S/s - I/i - M/m
Format : .ppt
Format : .ppt
Format : .ppt
Format : .ppt
Phen : Texte + son Gen: T/t - S/s - I/i - M/m
Phen : Texte + image Gen: T/t - S/s - I/i - M/m
Phen : Texte + mouv. Gen: T/t - S/s - I/i - M/m
Format : .ppt
Format : .ppt
Format : .ppt
Phen : Texte+Son+Image Gen: T/t - S/s - I/i Format : .doc
Phen : Son+Image Gen: T/t - S/s - I/i - M/m
Phen : Son+Mouv. Gen: T/t - S/s - I/i - M/m
Format : .ppt
Format : .ppt
Phen : Image+Mouv. Gen: T/t - S/s - I/i - M/m
Dénombrement du nombre de formes différentes d'un fichier polygénique de degré 4 et d'ordre phénotypique n allant de 1 à 4 type .ppt
Format : .ppt
* Phen : Text+Son+Image. Gen: T/t - S/s - I/i - M/m
Phen : Text+Son+Mouv. Gen: T/t - S/s - I/i - M/m
Format : .ppt
Format : .ppt
(* Vérifier si il s'agit de Compositions ou d'Arrangements mathématiques. N.A)
Phen : Text+Imag.+Mouv. Gen: T/t - S/s - I/i - M/m Format : .ppt
Phen : Text+Son+Im.+Mv. Gen: T/t - S/s - I/i - M/m Format : .ppt
A partir de ce premier niveau de classification, on peut définir une différenciation par familles de format selon leur degré de polygénisme. On parlera de format polygénique de degré 1 pour les format ne permettant aucune évolution génique par exemple .Wma (son strict). Un fichier .doc sera tri-génique (Texte/Image/son) et un fichier .ppt génique d'ordre 4 etc... Le degré de polygénisme d'un
format comparé à ce qu'on pourrait appeler l'ordre phénotypique de ce même format permet immédiatement de saisir l'étendue de sa zone Proximorphe. L'intérêt de ceci encore une fois réside dans l'amélioration de l'interprétation des formats pour les formateurs concepteurs non familiarisés avec le multimédia.
Pour illustrer, le fichier .doc suivant : Phen : Texte Gen: T/t - S/s - I/i Format : .doc
possède 3 gènes (Texte/ Son / Image). Il s'agit donc d'un fichier trigénique ou ayant un polygénisme de degré 3; et un phénotype d'ordre 1 (Texte). Sa zone Proximorphe est donc de dimension 2, ( 3-1) indiquant que le format peut encore évoluer selon 2 directions ( Un axe d'évolution par greffe de son, et un axe d'évolution par greffe d'image.) On parle ici de dimensions au sens mathématique du terme, chaque ajout cognitif (image, son, mouvement) évoluant selon un axe propre.
Il est à retenir les 3 notions suivantes que nous nous appliquerons à définir ultérieurement. - Degré du polygénisme. (DPG) - Ordre du phénotype. (OP) - Dimension de la Zone Proximorphe. (DZP) On obtient la corrélation suivante :
DPG - OP = DZP
Illustrons à nouveau avec le fichier .doc ci dessus et nous obtenons : DPG = 3
OP = 1
DZP = 2 ( 3-1 = 2 )
Si nous tentons de représenter visuellement la DZP d'une ressource selon une approche mathématique, dans l'exemple ci dessus il s'agirait d'un plan.
la corrélation est vérifiée.
Image Espace polygénique propre du format .doc (dimension 3)
Zone proximorphe (Dim 2 = plan)
Son
Axe phénotypique (Dim 1) Texte
Ce modèle offre la possibilité de représenter visuellement le degré et le potentiel d'évolution des ressources pour en faciliter la lecture par les novices. Par contre dès que la dimension de l'espace polygénique propre
Tentons un exemple avec la ressource suivante ci dessous : Phen : Texte+Image Gen: T/t - S/s - I/i - M/m Format : .ppt
DPG = 4 OP = 2 DZP = 2 ( 4-2 = 2 )
dépasse 3, la représentation visuelle limitée à 3 dimensions pose une difficulté. Il s'agit de trouver comment représenter la 4ème dimension (usage de couleurs par exemple).
Tentons un 2ème exemple avec la ressource suivante ci dessous : Phen : Texte+Image+Mvt. Gen: T/t - S/s - I/i - M/m Format : .ppt
DPG = 4 OP = 3 DZP = 1 ( 4-3 = 1 )
Ces bases jetées nous permettent d'envisager la réalisation d'un premier arbre morphogénétique à titre d'exemple sommaire. Nous anticipons néanmoins que l'espace de la feuille limite la représentation d'un espace
polygénique à 3 dimension. Tentons l'exercice en prenant 3 fichiers monogéniques .doc, .png, .wma (DPG=1; DP=1; DZP=0) les cas élémentaires les plus simples et amusons nous à faire évoluer ces formats.
La problématique qui se pose dans la morphogénèse des ressources pédagogiques et celle de l'appropriation des diverses possibilités de mutation par des formateurs qui n'ont pas de vue exhaustive des potentialités et de la diversité offertes par le Web 2.0. Il devient difficile de trouver son chemin dans le foisonnement d'outils et la question à laquelle apporter des réponses est la suivante :" Quel chemin, quels outils utiliser pour concevoir cette ressource que j'imagine?" et non pas "que puis-je créer avec cet outil que je possède ?". Les outils aujourd'hui offerts, combinés entre eux offrent un potentiel de scénarisation et de création de ressources quasi illimité. Deux paramètres strictement individuel peuvent freiner la conception et l'appropriation. "Estce que je m'autorise à être créatif ?"et " Ai-je une connaissance suffisante de la cartographie des outils, de leur complémentarité, de leurs fonctions respectives ?" Nous assistons à une révolution de posture. L'outil n'est plus au centre, il n'est plus à maitriser dans ces limitations, car les outils évoluent très vite à une échelle mondiale. Le frein aujourd'hui est lié à l'infobésité
inhérente à la structure du Web 2.0 et à sa mutabilité permanente. Développer des méta-outils de localisation, de repérage de fonctionnalités va devenir indispensable pour permettre à chacun de s'approprier ce nouvel espace de coconception. Analyser les outils et les ressources sous l'angle des concepts utilisés en génétique semble pouvoir apporter des clefs de structuration et des principes de lecture à même de pouvoir aider le repérage. Après avoir engagé le décryptage du génome du vivant, il semble que nous puissions envisager créer une approche "génétique" des formats de ressources. Ce dossier est un premier niveau de réflexion sur le sujet de la cartographie et du repérage fonctionnel des outils. Tout reste à faire.
Charles Aïvar. 27/04/2013