Cartes pédagogiques Sarkis

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CART’ART SARKIS Cartes pédagiques pour petits et grands À la découverte de l’exposition “À l’autre bout de l’arc-en-ciel”

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CART’ART SARKIS Comment utiliser le livret ? Seul ou en famille, ces quelques éléments sont mis à votre disposition pour vous accompagner tout au long de l’exposition. Artiste conceptuel, Sarkis nous plonge ici dans son univers, sur le chemin d’une réflexion intellectuelle qui aujourd’hui s’arrête à Bucarest le temps d’une exposition. Afin de mieux appréhender l’oeuvre de l’artiste et d’en comprendre son contexte nous vous invitons à découvrir ces quelques repères: • • • • •

Le site internet de sarkis : www.sarkis.fr Pages sur l’exposition Sarkis-PASSAGES (2010) au Centrul Pompidou Paris sur : http://bit.ly/1iy7B5s Dossier pédagogique sur l’art conceptuel proposé par le CentrePompidou, en ligne http://bit.ly/UM9QHE Comment parler d’art aux enfants: le premier livre d’art pour enfants destiné aux adultes / Françoise Barbe-Gall / Le Baron perché / Ouvrage disponible à la médiathèque de l’Institut français de Bucarest.

Symbolisés par une ampoule électrique vous trouverez, tout au long du livret, un jeu, une question, une recherche à faire autour de l’exposition, un moment à partager autour de l’oeuvre de Sarkis. Bonne visite !


CART’ART SARKIS Qu’est-ce que l’art contemporain ? Avec l’art ancien, la lecture/compréhension/appréciation d’une œuvre (peinture, sculpture, dessin, etc. – les catégories sont très claires, nettement définies) peut sembler plus simple. L’image figurative, les qualités techniques d’un peintre, plus facilement identifiables, nous renvoient à des repères rassurants. On ne doit pas attendre de l’art contemporain qu’il fasse preuve des mêmes qualités puisque contrairement à l’art figuratif, l’art contemporain est plus difficilement palpable, il est l’aboutissement d’une démarche intellectuelle de l’artiste. En schématisant un peu, l’art ancien ou classique, «enchante l’œil» par «la beauté» ou provoque de l’émotion tout simplement ; l’art moderne et contemporain, eux, ne séduisent plus la sensibilité du public, mais demandent plus clairement un effort de compréhension, incitent à la réflexion, à se poser des questions. Face à l’art contemporain, remarques et interrogations surgissent inévitablement, il est normal de s’interroger. Se sentir privé de repères devant une œuvre, ne pas « comprendre », ne signifie pas que celle-ci est vide de sens ou opaque. On ne doit surtout pas se décourager et abandonner l’art sur un piédestal sans visiteurs, au contraire, il est impératif de rétablir une relation décomplexée avec l’oeuvre, un dialogue. Pour faire sens, l’oeuvre de l’artiste contemporain doit être replacée dans un contexte, c’est le chemin parcouru par l’artiste, qui crée les codes. On entend trop souvent qu’un enfant pourrait aisément faire quelque chose d’équivalent à certaines oeuvres modernes et contemporains mais il le fera de manière spontanée, le trait de l’artiste correspond lui à une démarche intellectuelle qui s’inscrit dans la durée et la profondeur d’une réflexion.


CART’ART SARKIS sarkis et bucarest Figure emblématique de l’art conceptuel, Sarkis, né en 1938 à Istanbul et vivant depuis le début des années 60 à Paris, s’est approprié trois lieux de Bucarest (le Musée national du paysan roumain, The Art Uranus et le Musée national d’art contemporain) et invite le visiteur à un voyage inédit “A l’autre bout de l’arc-en-ciel”. L’arc-en-ciel, élément récent dans le répertoire de Sarkis, offre, dans la plupart des sociétés, la promesse de l’absolution, un pont vers le paradis. Interrogeant par le biais d’une traversée visuelle les liens entre le passé, le présent et le futur dans un espace nouveau qu’il découvre, l’artist nous offre un filtre d’images et de concepts pour nous donner une nouvelle perspective par rapport à ce que nous voyons d’habitude. Sa démarche invite à un parcours dans la ville et à un dialogue entre les lieux, leurs histoires, leurs vécus et les objets qu’il propose. Repères de la mémoire individuelle, collective, du bien et du mal que l’homme a semés dans son passage, dans l’histoire. Après son intervention dans l’atelier Brancusi au Centre Pompidou qui attirait l’attention sur l’état muséifié “d’atelier d’artiste sans poussière” afin de libérer l’énergie créatrice qui en émane, Sarkis a eu l’envie de s’investir en Roumanie.


CART’ART SARKIS musée national du paysan roumain Ce musée est unique en son genre grâce à une muséographie originale qui ne se contente pas d’exposer des objets mais de leur rendre vie. A l’origine de cette scénographie, une idée simple, les objets ne sont pas destinés à être dans les musées mais ont un usage quotidien. Ici, grâce à des installations qui recréent une ambiance, une relation avec le visiteur, les objets reprennent une autre forme de vie. Sarkis, marqué par la question des objets en suspend, a voulu s’investir dans ce lieu qui donne un langage et un nouveau souffle aux objets. Dans ce lieu Sarkis s’interroge justement sur le devenir des objets après la disparation de leur propriétaire et propose dans deux des salles du musée une réflexion qui ouvre le dialogue entre la perception mélancolique de l’enfance et l’immobilité figée du monde réel face à la disparition de l’être.

Regardez aussi le film (9 min.) que Sarkis a réalisé sur les salles du musée dans la salle “Scoala satului » (l’école du village). Conseil de lecture: La cafetière (conte) de Theophile Gaultier ouvrage disponible à la médiathèque de l’Institut français de Bucarest


CART’ART SARKIS musée national du paysan roumain

- salle irina nicolau

À la limite du silence C’est le nom donné à cette première partie de l’exposition. Sarkis, grâce à des photographies, nous invite à partager avec lui le lendemain de la perte d’un être cher, dans l’intérieur d’un appartement d’Istanbul. Dans ce modeste appartement, la vie est suspendue à l’attente. Ces photos évoquent les objets en attente, en attente de leur propriétaire qui ne reviendra pas: des ustensiles de cuisine, une gousse d’ail... Dans cette atmosphère de vie de campagne à Istanbul, Sarkis a su capturer un intérieur figé, un monde disparu, des objets qui peut-être ne vivront plus. A chaque photographie est accolée une citation du philosophe français Gilles Deleuze extraite de la postface à Bartleby d’Herman Melville. “vide immense et terrifiant, sans bouger, néant” Une exposition de 12 photographies pleines de sens dans un musée qui cherche à ne pas pétrifier les objets. 19380– ce chiffre en néon sur le mur, projette dans un futur très lointain et improbable pour nous une date importante de la vie de Sarkis qui est mentionnée dans ce dossier. De quoi s’agit-il?


CART’ART SARKIS musée national du paysan roumain

- salle foaier

Les enfants du cinéma Sarkis nous livre ici des photographies en noir et blanc d’enfants issues de divers films de l’histoire du cinéma commes Les 400 coups de François Truffaut ou encore Passion de Jean-Luc Godard. Il les met en relation avec des costumes colorés et les fait dialoguer avec des objets du patrimoine du musée (les chaises, le miroir par exemple). Ce defilé d’enfants aux visages mélancoliques tranche avec les costumes bigarrés, de couleurs vives, résultats d’un atelier de création avec des enfants à Istanbul. Des vêtements jetés sur une malle nous donnent l’impression qu’ils en sortent.

Les objets restent, c’est une trace: Repérez les dates de fabrication des costumes !


CART’ART SARKIS the ark

- centre international pour l’art contemporain (ciac)

Sarkis a choisi de s’installer à The Ark Uranus parce que le quartier l’a beaucoup inspiré. Le marché aux fleurs et la vie populaire qui émane du quartier sont les derniers restes du tout proche quartier historique de Dealul Spirii. Des gens simples s’y mélaient à une petite bourgeoisie dans un quartier où l’architecture des maisons faisait penser à un village. Place communautaire, l’ancienne bourse de marchandises, aujourd’hui réhabilitée, le bâtiment abrite aussi le Centre international pour l’art contemporain qui fourmille d’initiatives. Comme la dernière partie de l’exposition, installée au MNAC, les lieux interrogent sur le rapport présent et l’époque communiste, les destructions passées et la réhabilitation contemporaine.

Conseil de lecture: O noapte furtunoasa de I.L. Caragiale


CART’ART SARKIS the ark

- ciac - galerie minusunu

La mémoire est vivante, les souvenirs sont figés Sarkis visite beaucoup d’endroits et en visitant le musée éthnologique de Berlin, notamment ses collections d’Océnanie il y a trouvé nombre d’objets qu’il a considéré/ senti comme un trésor de guerre: Kriegsschatz. Ayant à l’origine une charge importante, ces objets aujourd’hui endormis, telles les statuettes religieuses entreposées dans des vitrines comme un trésor de guerre, poussent l’artiste à s’interroger une nouvelle fois sur le statut de l’objet dans le musée, trop souvent dépourvu de sa vie et de son énergie originelles, sur le lien entre le passé, le présent et le multiculturalisme.

Quel élément de la vie locale, bucarestoise, et qui a tant fait parler, est présent sur la frise ? Quels éléments de l’exposition y retrouvez-vous ?


CART’ART SARKIS musée national d’art contemporain (mnac) Le MNAC de Bucarest a suscité de nombreuses réflexions lors de son ouverture, en effet, implanté dans le soi-disant Palais du peuple, aujourd’hui siège du parlement. Casa Poporului fut l’un des projets les plus décrié du régime communiste, symbole mégalomaniaque de la personnalité du dictateur Nicolae Ceausescu, cet encombrant édifice de pierre, pharaonique par son architecture, écrasant pas ses dimensions, ses proportions chargé par son histoire a inspiré Sarkis qui a voulu imploser la charge factuelle et symbolique du bâtiment. L’arc-en-ciel de Sarkis, promesse de l’avenir, propose de neutraliser l’architecture totalitaire et le gigantisme du lieu, un avenir toujours en réflexion puisqu’à quelques mètres de là, un autre édifice sort de terre.

Conseil de lecture: L’héritage urbain de Ceausescu: fardeau ou saut en avant? / Ioana Iosa


CART’ART SARKIS mnac

- rez de chausée

Un espace entre ciel et terre En orient comme en occident l’arc-en-ciel est sujet à bien des légendes. L’arc-en-ciel de Sarkis est irrégulier comme le monde contemporain. Beaucoup de légendes évoquent ce qui se trouve au bout de l’arc-en-ciel. L’arc-en-ciel qui vous fait face essaye lui aussi de dire quelque chose. Il est artificiel, électrique, fracassé, très présent et matériel alors que normalement il n’est qu’un bel effet optique, aérien et impalpable. La chaise roulante à plumes, elle, symbolise l’incapacité physique, l’idée d’immobilisme, la gravité, elle est clouée au sol. Lui donner des plumes suggère un vol impossible. Elle est là en hommage Mihai Oroveanu. Le carillon à 43 cloches construit par Sarkis en 2012 pour son projet à Rotterdam est conçu comme un trait d’union. “Lithany for a whale” de John Cage envahit l’espace. La baleine qui n’est pas là.

Sarkis utilise le néon. Qu’est ce qu’un néon ? Qu’est ce qu’un laser ?


CART’ART SARKIS mnac

- mezzanine

Inspiré par le retable d’Issenheim de Matthias Grünewald, l’artiste prend des parties, des détails des blessures du Christ qu’il “panse” avec du miel et du lait. A la souffrance absolue de Christ et ainsi à la souffrance de tout individu en général, l’artiste répond par des gestes d’appaisement et soulagement; c’est que l’artiste ne peut pas rester insensible à l’idée de souffrance. La transformation des images en négatifs bleus symbolise le soin apporté à calmer les souffrances. Les vitraux quant à eux renvoient à l’utilisation de techniques anciennes avec des images contemporaines et des lumières artificielles qui évoquent presque la science fiction. A quel conte roumain vous fait penser cette oeuvre de Sarkis ? “Sarea în bucate“ évoque l’amour de trois filles pour le roi leur père. À la question “Comment m’aimez-vous, mes filles ?”, elles répondent: “Comme le miel, comme le sucre, comme le sel...”. Conseil de lecture: Contes des fées et des princesses d’Europe centrale Ouvrage disponible à la médiathèque de l’Institut français de Bucarest


CART’ART SARKIS le fil rouge de l’exposition Laissez quelques choses de vous-même Habituellement en néon, cette fois-ci en broderie, en référence à l’art très beau des broderies et des tissus traditionnels roumains, cette installation de Sarkis invite chaque personne à laisser une partie d’elle-même, sur une table. En effet, chaque oeuvre, chaque exposition est un don (de créativité, réflexion, émotion) que l’artiste offre à son public ; par cette oeuvre, en train de se composer avec l’aide du public, Sarkis propose une réciprocité, un échange, une participation des visiteurs. Cette idée de Sarkis invite à une visite active, à une interaction sous forme de don. Ce geste est aussi un geste chargé d’humilité puisqu’il place sur pied d’égalité l’artiste et son public dans une relation de réciprocité. Cette oeuvre, présente dans chacun des trois espaces de l’expostion, représent aussi le fil rouge qui les unit.


CART’ART SARKIS atelier Aquarelle dans l’eau Sarkis propose un atelier avec les instruments de peinture mais sans support sans le support matériel, habituel – papier, toile, etc. C’est l’eau dans un bol à fond blanc qui devient une feuille en trois dimensions.


CART’ART SARKIS Conception & résalisation: Aymeric Jeudy - Institut français de Roumanie avec l’aide précieuse de Clara Traistaru - Institut français de Roumanie Remerciements à: Sarkis Irina Cios - Commissaire de l’exposition


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