MARS 2020 // L'INDICE BOHÉMIEN // VOL. 11 - NO.6

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JOURNAL CULTUREL DE L’ABITIBI-TÉMIS C AMINGUE - MARS 2020 VOL 11 - NO 6

GRATUIT

Lynn Vaillancourt

Un demi-siècle à danser + Spécial femmes

09

LE SPEC TACLE MUSIC AL PIONNIERS

14

NOS MORTS : RÉFLEXION SUR LE DEUIL

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CHANTALE GIRARD EXPOSE À AMOS

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HOMMAGE AUX FEMMES AUTOCHTONES

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UN FESTIVAL D’IMPRO À TÉMIS C AMING


150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 - Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien Publié 10 fois l’an et distribué gratui­ tement par la Coopérative de solidarité du journal culturel de l’Abitibi-­ Témiscamingue, fondée en novembre 2006, L’Indice bohémien est un journal socioculturel régional et indépendant qui a pour mission d’informer les gens sur la vie culturelle et

L’indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région.

les enjeux sociaux et politiques de l’Abitibi-Témiscamingue.

CHRONIQUES CONSEIL D’ADMINISTRATION

DISTRIBUTION

6

Marie-France Beaudry, présidente | Ville de Rouyn-Noranda

MRC D’ABITIBI

8

Anne-Laure Bourdaleix-Manin, vice-présidente | MRC de La Vallée-de-l’Or

Lydia Bédard, Jocelyne Bilodeau, Stéphanie Brousseau,

10

Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | Ville de Rouyn-Noranda

Jocelyne Cossette, Paul Gagné, Gaston Lacroix, Jocelyne Lemay-Baulne,

Ma région j’en mange

12

Pascal Lemercier, secrétaire | Ville de Rouyn-Noranda

Véronique Naud, Sylvie Tremblay, MRC d’Abitibi.

L’Anachronique Tête chercheuse Environnement

Histoire

16

De panache et de laine

19

Médias et société

23

Culturat Région intelligente

24

28

Manon Faber | Ville de Rouyn-Noranda Carole Marcoux | MRC de Témiscamingue

MRC D’ABITIBI-OUEST Véronique Bernier Labonté, Francine Gauthier, François Grenier,

DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES

Colette Langlois, Suzanne Moore, Raphaël Morand, Sophie Ouellet,

Valérie Martinez

Gilles Parents, Mario Tremblay, Ville de La Sarre.

direction@indicebohemien.org 819 763-2677

SOMMAIRE

Émilile B.Côté, Hélène Bacquet, Véronic Beaulé, Simon Laquerre,

RÉDACTION ET COMMUNICATIONS Danse

4 et 5

Musique

Femmes

7 à 11 12 à 24

Improvisation

25

Jeu

26 et 27

Littérature

Lise Millette, Christian Paquette, MRC de Témiscamingue.

Mariane Ménard, coordonnatrice redaction@indicebohemien.org

MRC DE LA VALLÉE-DE-L’OR

819 277-8738

Joël Baril, Marc Boutin, Nicole Garceau, Rachelle Gilbert,

Mariane Ménard, éditorialiste invitée

Marc-Antoine Jetté, Carole Labrecque, Céline Lauzon, Gaétan Langlois,

Lise Millette, collaboratrice à la une

Caroline Leblanc, Renaud Martel, Michaël Pelletier-Lalonde,

29

Hommage Calendrier culturel

MRC DE TÉMISCAMINGUE

Paquerette Plourde, Brigitte Richard, Sophie Richard-Ferderber,

30

RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES

31

Fednel Alexandre, Pascale Charlebois, Édith Cloutier, Clémentine Cornille,

Huguette Roy, Ginette Vézina, MRC de La Vallée-de-l’Or.

Joannie Cotten, Gabriel David Hurtubise, Michel Desfossés,

VILLE DE ROUYN-NORANDA

Gabrielle Izaguirré-Falardeau, Sébastien Lafontaine, Antoine Lefebvre,

Claudie Aubin, Émilie Canuel, Anne-Marie Lemieux, Caroline Lemire,

Philippe Marquis, Béatriz Mediavilla, Mariane Ménard, Lise Millette,

Julie Mailloux, Valérie Maltais, Suzanne Ménard, Stéphan Thouin,

Yves Moreau, Geneviève Rouleau Lafrance, Dominique Roy, Dominic Ruel,

Annette St-Onge, Denis Trudel, Ville de Rouyn-Noranda.

Daniel Saint-Germain, Valéry Saint-Germain, Louis-Paul Willis.

CONCEPTION GRAPHIQUE COORDINATION RÉGIONALE

Feufollet.ca

Pierre Laliberté | MRC d’Abitibi Louise Magny | MRC d’Abitibi

CORRECTION

Danaë Ouellet | MRC d’Abitibi

Geneviève Blais

Marianne Trudel | MRC d’Abitibi Sophie Ouellet | MRC d’Abitibi-Ouest

IMPRESSION

Véronic Beaulé | MRC de Témiscamingue

Imprimeries Transcontinental

Geneviève Béland | MRC de La Vallée-de-l’Or Nancy Ross | Ville de Rouyn-Noranda

EN COUVERTURE Lynn Vaillancourt. Image tirée du long métrage Danse avec elles de Béatriz Mediavilla

Certifié PEFC

Photo : Dominic Leclerc

Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées

PEFC/01-31-106

2 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

www.pefc.org


- ÉDITORIAL -

LA VIOLENCE MARIANE MÉNARD, ÉDITORIALISTE INVITÉE

Cela fait maintenant quelques années que L’Indice bohémien consacre un cahier aux femmes pour son numéro de mars. Cette année encore, pour plusieurs raisons, il me semble essentiel et pertinent de dédier cet espace aux femmes et de s’accorder un moment pour réfléchir aux questions féministes. Pensons par exemple à l’équité salariale que l’on peine à atteindre au Canada. Selon les plus récentes données publiées par Statistique Canada, une femme gagnerait en moyenne 0,87 $ pour chaque dollar gagné par un homme. Pensons aussi à la question de la parité dans plusieurs disciplines artistiques, où le financement, les prix et récompenses sont encore majoritairement sous dominance masculine. Un cas récent illustrant bien cet état de fait pourrait être celui de Klô Pelgag, qui a remporté le prix de l’autrice-compositrice-interprète de l’année lors du dernier gala de l’ADISQ. La dernière femme à avoir obtenu ce prestigieux honneur était Francine Raymond en 1993. Je veux bien croire que les jurys récompensent le talent et non le genre, mais quand même : que 25 ans se soient écoulés sans qu’aucune femme n’obtienne le plus important prix de l’industrie musicale québécoise me semble symptomatique d’un privilège masculin latent dans une société où il est commun de penser que les femmes et les hommes sont totalement égales et égaux, que les luttes féministes sont derrière nous. Mais au-delà des enjeux de parité, d’équité, et de représentation, il y en a un qui, il me semble, devrait mériter toute notre attention à l’aube de la Journée internationale des droits des femmes : celui de la violence envers les femmes. Si l’on soulignait en 2019 le triste 30e anniversaire de la tuerie de Polytechnique, force est de constater que notre société a encore beaucoup à faire pour lutter efficacement contre la violence envers les femmes.

La violence prend différentes formes. Elle blesse de différentes façons. Elle peut être physique, psychologique et peut même être indirecte. Parfois, elle cible le genre, précisément. La vague de féminicides qui a déferlé sur le Québec dans les dernières semaines, dont le plus médiatisé a été celui de Marylène Lévesque, travailleuse du sexe de la région de Québec, permet d’en saisir l’impact. Si l’on soulignait en 2019 le triste 30e anniversaire de la tuerie de Polytechnique, force est de constater que notre société a encore beaucoup à faire pour lutter efficacement contre la violence envers les femmes. Et quand on parle de féminicide et de violence envers les femmes en général, on ne peut passer sous silence les milliers de femmes et de filles autochtones disparues et assassinées au Canada. Une réalité choquante, révélatrice de la situation de double oppression que connaissent les femmes autochtones et qui, rappelons-le, continue de se perpétrer.

AU TO M N E

2020

Il y a aussi ces violences moins directes et sournoises auxquelles bien des femmes font face régulièrement. Commentaires non sollicités sur l’apparence physique ou sur les choix vestimentaires en font partie. S’ajoutent à cela des manifestations fréquentes de remise en question de la capacité de raisonnement et des compétences de certaines femmes, dans la sphère privée comme dans l’espace public. Récemment, la députée Christine Labrie s’est exprimée à l’Assemblée nationale sur la quantité d’insultes, de remarques dégradantes et d’attaques personnelles que peuvent recevoir les politiciennes. Dans le cadre de son intervention, la députée de Sherbrooke a lu des phrases qu’elle et certaines de ses collègues ont reçues et qui lèvent le voile sur les comportements misogynes et violents auxquelles elles sont confrontées. Et puisque l’on parle de politique : suis-je seule à m’offusquer de l’attitude paternaliste avec laquelle certains élus (des hommes, faut-il le préciser) répondent aux interventions de leurs homologues féminines lorsqu’elles s’expriment sur certaines questions qu’elles défendent? Combien de fois entendons-nous des « Laissez-moi expliquer à Mme la députée, elle ne semble pas comprendre »? Doit-on accepter de telles remarques sous prétexte que le domaine politique est traditionnellement masculin et sans pitié? Selon moi, nos élus devraient être les premiers à faire preuve de respect envers leurs collègues et envers les femmes en général. Ils devraient être des acteurs actifs de la déconstruction des rapports de domination et d’une culture qui dévalorise la contribution des femmes. La notion de violence s’est immiscée dans cet Indice bohémien de façon parfois assumée, parfois discrète. En lisant ce journal, vous la rencontrerez dans le texte d’une survivante d’agression à caractère sexuel, qui nous livre un récit fictif participant à son processus de guérison. La lettre d’Édith Cloutier, directrice du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or, la met aussi en scène dans un processus de guérison et de commémoration, en présentant le monument hommage aux femmes et aux filles autochtones inauguré l’automne dernier. L’exposition en cours de Chantale Girard que nous fait découvrir Béatriz Mediavilla met en lumière une forme de violence indirecte, qui s’en prend au corps féminin, son objectivation et sa représentation. Mentionnons aussi l’œuvre de Sylvie Rancourt, qui ouvre une fenêtre sur l’univers parfois violent des bars de danseuses et qui est aussi présentée dans ce numéro. Notre chroniqueur Louis-Paul Willis s’attaque quant à lui aux récentes dérives médiatiques entourant le droit à l’avortement dans le cadre de sa chronique Médias et société. Et puis, il y a de ces parcours de femmes inspirants, comme ceux de Yolette Lévy et de Lynn Vaillancourt, et des initiatives porteuses d’espoir, comme la bibliothèque féministe du Centre de femmes du Témiscamingue. Ce cahier spécial consacré aux femmes est loin d’être exhaustif. Mais chacune de ses composantes propose à sa façon de réfléchir au traitement des femmes en société, à des manières d’influencer positivement le cours des choses et de progresser vers une société plus équitable.

Admission prolongée INDICEBOHEMIEN.ORG MARS 2020 3


- À LA UNE -

DANSER COMME SI LE TEMPS N’AVAIT PAS D’EMPRISE LISE MILLETTE

L’automne prochain, l’école de danse PRELV de Rouyn-Noranda franchira le cap des 50 ans d’existence et à la barre, tant comme enseignante qu’à la direction, Lynn Vaillancourt assure la continuité sans compter ni les heures travaillées, ni le temps qui passe, ni les années. « Je ne vois pas le temps passer. Les âges, même le mien, sont une notion floue. Je ne vois pas les âges. Je ne vois pas les jours. Je ne vois pas le temps. J’habite le moment », explique simplement Lynn Vaillancourt. Dans sa maison du quartier d’Alembert de Rouyn-Noranda, où les notes de bleu sont omniprésentes dans le décor et les objets, la grande dame, svelte et calme, semble en effet échapper au passage du temps qui, suspendu, suit son cours sans influencer le sien. « J’ai enseigné à la grand-mère d’une élève, elle était du premier spectacle en 1971 », confie-t-elle incrédule. En 2020, son école PRELV atteindra néanmoins le demi-siècle et ironiquement, ce n’est pas elle qui, en 1970, a décidé de lancer le projet éducatif sans but lucratif à Rouyn-Noranda. Même si elle porte cette école depuis toutes ces décennies, elle répète qu’elle n’a rien décidé. « Je ne me lance pas, on m’attrape. Je n’ai pas décidé de lancer une école de danse. La seule chose que j’avais décidée très tôt dans ma vie, c’était de vouloir enseigner », résume-t-elle. Tout a commencé dans la rue près de chez elle, à Rouyn-Noranda. « Les enfants du quartier, je les ai entraînés dans mes jeux, dans les bois, je leur montrais à chanter. À 13 ans, j’avais inventé le Club de la rue Vanasse. Mon père avait même fait un espace dans le garage pour nous donner un endroit à l’abri », raconte-t-elle. Ce penchant naturel pour l’animation et l’enseignement s’est poursuivi au secondaire, à l’école Immaculée-Conception. « Il y avait une religieuse qui donnait des cours de folklore. Lorsqu’est venu pour elle le temps de partir pour une mission en Afrique, elle m’a demandé de prendre la relève. Je l’ai fait, et au folklore j’ai ajouté d’autres danses que j’avais inventées », se souvient-elle. 4 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG


Je ne vois pas les jours. Je ne vois pas le temps. J’habite le moment.

Quelques années plus tard, des parents d’adolescentes lui ont demandé s’il lui était possible de continuer ces petits ateliers Il en coûtait alors à peine 25 cents par cours. L’argent recueilli a permis d’acheter un premier tourne-disque, que Lynn Vaillancourt a conservé et qui fonctionne encore à ce jour. « Il faut savoir qu’à l’époque, il n’y avait que peu d’activités récréatives pour les jeunes, mis à part le hockey et le baseball. » Elle ajoute que c’est de cette invitation qu’est tranquillement né ce qui allait devenir l’école PRELV qui allie ballet, jazz, danse contemporaine, danse créative et chant.

PLUS QU’UNE ÉCOLE, UN REFUGE « Le physique n’entre pas dans les critères. L’école sait accueillir chaque enfant. C’est un enseignement personnalisé, fondé sur accueillir et laisser être. Ce sont les enfants qui m’enseignent. Un professeur est une armoire. Ils viennent y puiser ce dont ils ont besoin », image Lynn Vaillancourt. Au fil des ans, l’école a accueilli une élève atteinte de surdité, une autre lourdement handicapée, une qui avait une prothèse, certains touchés par l’autisme. Pour Lynn Vaillancourt, danser est un langage et une manière de communiquer. « Danser c’est se dénuder devant le monde. C’est toi que tu extériorises. En apprenant des techniques, on apprend aussi le monde », avance la directrice qui cherche à se renouveler, à étendre ses références tant musicales qu’artistiques. Pilates, yoga, danses africaines, sa curiosité est sans borne.

HABITÉE PAR LA MAGIE

les Elfes (5-8 ans) et les Pillywiggins (4 ans). « Les Pillywiggins, ce sont de toutes petites fées qui naissent dans des fleurs », explique Lynn Vaillancourt dans un naturel assumé. En plus de l’école, des camps d’été se tiennent chez elle. Il s’agit d’une manière de s’apprivoiser, d’apprendre, mais aussi d’être à l’écoute de ce qui vit autour par des balades en forêt, l’observation des oiseaux et de la nature. Cet esprit de fantaisie est profondément ancré en Lynn Vaillancourt, comme il l’était sans doute chez sa mère, récemment décédée à l’âge de 94 ans et qui habitait la maison voisine de la sienne. « Ma mère était une artiste. Elle a peint jusqu’à la fin de sa vie, assise à la fenêtre. Je me suis demandé ce qu’elle regardait, ce à quoi elle pensait. Ma mère m’a toujours profondément encouragée. Elle posait des questions sur les costumes, voulait entendre la musique, comprendre le sens. Je ne me suis jamais sentie seule dans cette aventure », confie-t-elle. Lynn Vaillancourt fait son chemin avec une approche singulière et avec audace. Si le chemin n’existe pas, elle fait en sorte de le créer. Pour amener ses élèves en visite à l’École supérieure de ballet de Montréal, elle n’hésitera pas non plus à obtenir son permis pour conduire l’autobus qui fait le trajet. En 2018, son dévouement et son implication auprès de milliers de jeunes qui ont franchi ses portes sont récompensés avec la Médaille d’argent du lieutenant-gouverneur. Elle ne s’en vante pas. Pour elle, la vie continue. « J’ai le goût encore, et tant que la santé sera là, assure-t-elle, le mouvement sera perpétué. » Et le mouvement a aussi su se transmettre. « Ma fille a dansé à l’école… j’ai une de mes petites-filles qui est inscrite et une autre qui s’en vient en septembre. C’est très particulier », dit-elle simplement. Le temps n’a pas d’emprise sur Lynn Vaillancourt, seul le mouvement et habiter le moment comptent.

L’école PRELV compte quatre groupes d’âge. Les Pieds-Légers (12-20 ans), les Petits-Rats (9-11 ans), INDICEBOHEMIEN.ORG MARS 2020 5


- L’ANACHRONIQUE -

« UN MONDE À COUCHER DEHORS » PHILIPPE MARQUIS

Mon grand-père lançait ces mots parfois, avec un air de découragement. Alors, s’il avait à se loger aujourd’hui, Raoul Dufour aurait de quoi sacrer : trop rares, trop chers. En fait, peut-être aurait-il assez d’argent pour payer un loyer, mais il chaufferait son appartement au minimum et économiserait sur la nourriture. Il aurait besoin d’être soutenu, c’est certain. Et ça, c’est seulement s’il se trouvait un logement. Beaucoup de gens vivent ça dans la région. La Table d’action contre la pauvreté d’Abitibi-Témiscamingue évalue que 3 422 personnes fréquentent les banques alimentaires, juste à Rouyn‑Noranda et Val‑d’Or1. Les gens âgés, ceux qui ont la santé mentale fragile, les assistés sociaux, les étudiantes et étudiants, les personnes au salaire minimum ont du mal à payer leur loyer. On considère que pour « arriver », un ménage doit consacrer un quart de son revenu ou moins pour se loger. En 2016, plus de 4 100 ménages payaient plus du tiers de leur revenu pour se loger (juste à Rouyn-Noranda, Val-d’Or et Amos)2. On n’en parle pas souvent, on s’y est habitué, à la crise… Le Citoyen a publié un article en décembre dernier sur le sujet… à la page 183. Pourtant, se loger est un droit. Pourtant, on a besoin de main d’œuvre qui aura besoin d’un toit. Pourtant, il n’y a jamais eu autant d’argent qui roule dans notre région. Alors pourquoi

tant de gens s’appauvrissent-ils pour se loger? Comment se fait-il que ce besoin essentiel ne soit pas comblé? Parce que plusieurs exploitent la situation pour s’en mettre plein les poches. Il n’y a jamais eu tant de loyers contrôlés par si peu de monde dans nos villes. Parce qu’aussi, les locataires, ici, représentent moins du tiers de la population. Parce que depuis quarante ans, les gouvernements du Canada et du Québec ont coupé dans les budgets du logement social, le genre de logement qui donne une chance aux moins nantis. Ça devrait être ça vivre en société : s’épauler les uns les autres. Plus maintenant… Parce qu’aussi, les élus, de tous les niveaux sont propriétaires en très grande majorité. Dans la région, la seule ville qui a investi pour la peine dans le logement social est Val-d’Or, et encore, pas suffisamment. Des condominiums en voulez-vous? De beaux 4 et demi neufs à 1 000 $ ou plus par mois, ça vous tente? Ça n’a pas d’allure. J’invite toute la population à être solidaire des locataires et à exiger des élus qu’ils travaillent à mieux nous loger. Car si on peut demander aux gouvernements supérieurs d’investir dans un complexe aquatique ou permettre d’agrandir les camps de chasse, on devrait d’abord bien loger les citoyens. À moins qu’on préfère voir le monde coucher dehors…

1 Table d’action contre la pauvreté d’A-T (décembre 2019), Les banques alimentaires de l’Abitibi-Témiscamingue. 2 Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue (juin 2018), « Part des ménages locataires consacrant 30 %, 50 % et 80 % et plus de leur revenu au logement, Amos, Rouyn-Noranda, Val-d’Or et ensemble du Québec, 2016 ». 3 De Noncourt, T. (11 décembre 2019), « Près de 4000 ménages sont mal logés en région », Le Citoyen Rouyn-Noranda La Sarre, p.18.

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6 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

TRAÎNEAU À CHIEN

RAQUETTE


- MUSIQUE -

MBILIM NOON : L’ÉVOLUTION D’UNE COMMUNAUTÉ EN MUSIQUE MARIANE MÉNARD

Retracer le cheminement identitaire d’une communauté par sa musique. C’est l’intention derrière Mbilim Noon : d’hier à aujourd’hui de l’artiste sénégalais Rich’Art Ndione et Le Saawal. Paru en février dernier, cet album dérive des recherches doctorales de l’ethnomusicologue Anthony Grégoire dans 37 villages de la région de Thiès au Sénégal. Anthony Grégoire est originaire d’Amos et mène depuis dix ans des recherches dans la région de Thiès auprès de la communauté noon et s’intéresse à sa musique : le mbilim. « Quand je suis arrivé sur place pour mon terrain doctoral, [réaliser un album] n’était pas prévu. Je me suis rendu compte que la culture sur laquelle je travaillais était en train de disparaître, lance d’entrée de jeu Anthony Grégoire. Avec les artistes avec qui je travaillais, très rapidement est venue sur la table l’idée de patrimonialiser le style de musique qu’ils font. » Or, le mbilim n’est pas reconnu comme pratique musicale patrimoniale au Sénégal. « Quand j’ai parlé avec la direction du patrimoine du Sénégal, le mbilim n’était pas sur la liste des pratiques culturelles à patrimonialiser et l’intérêt ne semblait pas vraiment là pour aller de l’avant non plus, explique le chercheur. On s’est dit : “On va contourner la situation en produisant un album”. » Réputés comme population autochtone de la région de Thiès, les Noons se comptent au nombre d’une dizaine de milliers d’individus. Ils sont autant à parler la langue noon et à pratiquer le mbilim. À l’image d’autres communautés autochtones dans le monde, celle-ci fait face à la menace de la dégradation des référents culturels. C’est d’ailleurs ce constat ainsi que l’intention d’agir devant ce problème qui régissent le travail du chercheur. Et toute la communauté s’est mobilisée devant l’initiative. « Ces 37 villages-là sont en train d’entrer en ébullition avec cette recherche que j’ai faite et avec les artistes impliqués pour essayer de redécouvrir leur propre patrimoine culturel », observe Anthony Grégoire. Pour l’ethnomusicologue, anthropologue et musicien, le travail autour de la tradition musicale mbilim agit comme moteur d’une redécouverte culturelle plus large, touchant également les pratiques rituelles et tout ce qui appartient à l’identité noon. « Il y a une espèce de revivalisme très important qui s’enracine dans le projet », note-t-il. Condensé des 10 ans de recherche d’Anthony Grégoire dans la communauté noon, Mbilim Noon : d’hier à aujourd’hui retrace plus de 150 ans de tradition musicale, du mbilim tel que s’en souviennent les aînés jusqu’à ses formes contemporaines. Plus qu’un voyage musical et temporel, l’album met en lumière l’évolution de la communauté elle-même. « On a voulu matérialiser [cette recherche] et découvrir le cheminement identitaire de la communauté à travers sa musique depuis les 150-200 dernières années », résume Anthony Grégoire. L’album produit sous l’étiquette VDE-Gallo est distribué à l’échelle internationale. Il est également disponible pour écoute sur les plateformes numériques.

INDICEBOHEMIEN.ORG MARS 2020 7


- TÊTE CHERCHEUSE -

OK BOOMER? VRAIMENT? DOMINIC RUEL

OK boomer! Sur les réseaux sociaux, c’est l’expression à la mode de 2019. On la lira encore beaucoup, malheureusement. La fameuse formule a été popularisée par une députée écologiste de NouvelleZélande, Chlöe Swarbrick, 25 ans, frustrée d’avoir été interrompue en Chambre par un collègue lors d’un débat sur l’urgence climatique (frustration jumelée, peut-être, à une écoanxiété carabinée, on la plaint, la pauvre). Utilisée surtout par la génération Y, les millénariaux, et par la génération Z, elle permet de mettre fin facilement à une conversation quand on n’a plus d’argument. En gros, on dit au baby-boomer avec qui on débat : « De toute façon, vieux schnock, peu importe, tu ne comprends rien, tu es dépassé. Cause toujours! Moi, j’ai la vérité. » J’imagine qu’après on rit, on trouve la vie drôle. C’est une forme de reductio ad Hitlerum plus douce. C’est une étiquette facile, c’est une grossière généralisation, c’est de la paresse intellectuelle. C’est surtout une preuve d’âgisme, une discrimination réelle. Le jeune qui répond ainsi à son interlocuteur plus âgé exerce une forme de censure : il considère que les propos de ce dernier ne méritent pas d’être lus ou entendus. La parole du boomer n’a plus de valeur. Il devrait se taire. Imaginez, juste un peu, quelqu’un qui écrirait : « OK, nigger! », « OK, tapette! » ou « OK, l’étrange! ». Dans l’heure, il aurait toutes les associations de défense, toutes les communautés culturelles sur le dos, et l’armée serait mobilisée au besoin!

8 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

D’autres y voient plutôt un cri de ralliement, un slogan pour une génération qui n’arrive pas à se faire entendre et comprendre, qui a traversé la crise financière de 2008, qui devra gérer la situation climatique et qui n’est pas certaine d’avoir un meilleur train de vie que ses aînés. C’est selon moi une interprétation douteuse. Clivants, ces aînés, d’ailleurs! Les baby-boomers sont une génération bénie et honnie. Nés entre 1946 et 1964, ils ont certainement été choyés : paix durable en Occident, croissance économique historique durant trente ans, plein emploi, etc. Ils en ont profité bien sûr, comme toutes les générations l’auraient fait. Ils sont détestés par les plus jeunes parce qu’ils ont consommé les ressources et laissé la nature dans un triste état. C’est vrai. C’est plus facile, par contre, de juger après coup. On les accuse aussi d’avoir tout empoché et d’avoir laissé des miettes à ceux qui les suivaient. Pourtant, de récentes études montrent que leur situation financière n’est pas si rose et que les crises et les incertitudes des dernières années les frappent aussi. Tous les boomers n’ont pas des retraites et des REER blindés! Ce qu’il ne faut pas oublier non plus, au Québec du moins, c’est que cette génération, née après le plus terrible conflit de l’histoire, a aussi construit notre société, certainement une des plus justes, pacifiques et généreuses au monde. Ce n’est pas rien, et les millénariaux sont les fruits et les héritiers de cette société.


- MUSIQUE -

SPECTACLE DE PIONNIERS À L’AGORA DES ARTS

LOUIS JALBERT

JOANNIE COTTEN

Le 14 mars prochain aura lieu le spectacle Pionniers, suivi d’une prestation des Sentinelles du Nord à Rouyn-Noranda. L’Indice bohémien en a profité pour s’entretenir avec Pierre « Pete » Chamberland, compositeur de Pionniers et membre du duo les Sentinelles du Nord, afin d’en apprendre plus sur la création de ce spectacle.

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Le musicien a toujours lui-même composé pour ses propres projets. Il souligne que chaque art sert à s’exprimer, que ce soit la peinture, la danse, le théâtre ou la musique. Ce sont différents moyens pour faire comprendre des idées ou des émotions et, pour sa part, c’est par la musique, un art qu’il « manipule et maîtrise à sa façon » qu’il réussit le mieux à les communiquer. Pete tient à souligner l’effort incroyable de chacun des musiciens et comédiens de l’équipe de Pionniers ainsi que des Sentinelles du Nord.

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Composer les 18 chansons de Pionniers a demandé à Pete Chamberland environ 10 mois. Il a également composé les paroles, en collaboration avec Étienne Jacques. Les gens pourront s’attendre à un moment musical intéressant. Cette création abitibienne résulte d’énormément d’efforts et a été mise sur pieds en peu de temps!

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En allant voir Pionniers, il faut s’attendre à un spectacle purement musical qui comprend un total de 18 chansons. Ces chansons cherchent à amplifier les émotions des personnages et à donner une expérience visuelle et auditive aux spectateurs. Certaines pièces pourraient vous prendre par surprise en passant d’une thématique à une autre, mais le tout sera expliqué avec une mise en contexte.

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Pete est un compositeur et multi-instrumentaliste avec 14 ans d’expérience. Il a composé la musique pour Pionniers, une comédie musicale écrite par Étienne Jacques. La pièce comprend une douzaine de comédiens et raconte une histoire inspirante mettant en scène des personnages attachants. Une multitude d’instruments y sont mis en vedette, par exemple le piano, la batterie, la basse, les guitares acoustique et électrique, le violon et le violoncelle. Toute la musique est jouée live, pas de playback tracks, pas de triche! Pete cherchait à présenter la musique la plus authentique possible, à l’aide des musiciens talentueux qui composent l’ensemble.

Le spectacle aura lieu le 14 mars 2020 à 20 h, à l’Agora des Arts de Rouyn-Noranda. Les billets sont en vente sur TicketAcces au prix de 23,54 $.

195, rue Principale, La Sarre (Québec) J9Z 1Y3 819 333-2282 Consultez régulièrement notre page pour les activités, expositons et spectacles.

VILLE DE LA SARRE - CULTURE, PATRIMOINE ET TOURISME MAISON.DE.LA.CULTURE.LASARRE

INDICEBOHEMIEN.ORG MARS 2020 9


- ENVIRONNEMENT -

AIRES PROTÉGÉES : ENTRE CONTRAINTES ET BÉNÉFICES CLÉMENTINE CORNILLE, DIRECTRICE GÉNÉRALE DU CONSEIL RÉGIONAL DE L’ENVIRONNEMENT DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

QU’EST-CE QU’UNE AIRE PROTÉGÉE? Au Québec, une aire protégée est « un territoire, en milieu terrestre ou aquatique, géographiquement délimité, dont l’encadrement juridique et l’administration visent spécifiquement à assurer la protection et le maintien de la diversité biologique ainsi que des ressources naturelles et culturelles associées ». La province s’est engagée à atteindre la cible internationale de Nagoya qui vise à protéger 17 % de l’ensemble du territoire terrestre et en eau douce d’ici 2020, ainsi que 10 % de milieux marins. Pour parvenir à cette cible de 17 %, le gouvernement vise la protection d’au moins 20 % du territoire au nord du 49e parallèle (Plan Nord), de 12 % de la forêt aménagée méridionale et aucune cible précise pour les basses-terres du Saint-Laurent. La cible est donc plus ambitieuse là où les contraintes d’utilisation du territoire et de mise en valeur des ressources naturelles sont moindres. Avec ses ressources forestières, minières et énergétiques, on pourrait croire que les aires protégées freinent le développement de l’Abitibi-Témiscamingue. Ajouter de nouvelles aires protégées représente, à tort, une contrainte. Toutefois, ne négligeons pas l’utilité des aires protégées. Celles-ci rendent des services essentiels à l’être humain et la biodiversité (nommés services écosystémiques). Parmi ces services, notons par exemple la régulation de la circulation de l’eau ou de la qualité de l’air, la pollinisation, le stockage du carbone et le maintien de la diversité génétique. Certains services dits culturels visent le maintien de la santé mentale et physique ou le tourisme. Sans ces services, il nous faudrait trouver des moyens pour les compenser ou les remplacer.

QUEL EST LE PORTRAIT ACTUEL DU RÉSEAU D’AIRES PROTÉGÉES? La dernière mise à jour du Registre des aires protégées du Québec au 31 décembre 2019 établit le bilan à 10,04 % pour l’ensemble de la province et à 7,81 % pour la région de l’Abitibi-Témiscamingue. Il reste donc un peu moins d’un an pour atteindre la cible de 17 %. Rappelons-nous que le gouvernement annonçait récemment son souhait d’octroyer un statut permanent à huit réserves aquatiques et de biodiversité projetées d’ici la fin de l’année 2020 pour

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10 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

l’Abitibi-Témiscamingue, ainsi qu’aux agrandissements qui leur sont associées. Ces agrandissements amèneront le territoire sous protection à 9,28 %. C’est une avancée notable, mais encore insuffisante.

QUELLES SONT LES PERSPECTIVES? En 2016, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) avait réalisé une consultation publique dans la région pour y présenter douze zones d’études. Il s’agissait de potentielles candidates à la consolidation du réseau d’aires protégées existantes permettant d’atteindre 12 % du territoire protégé en AbitibiTémiscamingue. De plus, ces zones d’étude permettraient d’atteindre une meilleure répartition des aires protégées dans la région, car deux MRC accusent toujours un retard très important, soit les MRC d’Abitibi et d’Abitibi-Ouest. Toutefois, aucune avancée n’a été réalisée depuis 2016, en raison d’un imbroglio ministériel. Sans consensus de la part du ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs et du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, et sans une réelle volonté de la part du MELCC d’aller de l’avant, le dossier stagne. Plusieurs milieux sensibles devraient être protégés rapidement, comme les eaux de surface d’intérêt public (pour l’approvisionnement en eau potable), les aquifères granulaires (moraines et eskers), les écosystèmes exceptionnels et les habitats d’espèces menacées ou à statut précaire. Au-delà des cibles à atteindre, il est bien plus important de protéger les milieux qui représentent un intérêt écologique d’importance et de veiller à une bonne répartition sur le territoire. Se concentrer sur le Plan Nord, au détriment du Sud, n’est pas une solution viable à long terme!


- MUSIQUE -

FASCINANTE RUSSIE… ET AUTRES DÉLICES

GENEVIÈVE BINETTE

DANIEL ET VALÉRY SAINT-GERMAIN

Conservatoire de musique de Val-d’Or. La neige est présente en cet après-midi du 19 janvier, comme pour nous mettre dans l’ambiance du concert du Trio Les Eskers. Telle une troïka, les musiciens nous ont transportés dans une fascinante Russie. Jacob Auclair-Fortier au violoncelle, Frédéric St-Pierre au violon et Hugues Cloutier au piano forment un trio de professeurs qui ne font pas que jouer, mais qui vulgarisent bien l’histoire de la musique. Les trois musiciens ne sont pas natifs de la région, ils ont tous migré dans notre belle ville afin de faire naître des talents chez nos jeunes. Et des jeunes, il y en avait. De voir son professeur sur scène doit être motivant pour un étudiant. Heureusement pour nous (tout étant relatif ), M. Cloutier joue très mal de la mandoline, ce qui nous a valu d’entendre du Beethoven au lieu d’un morceau russe déjà prévu au programme et trop complexe au piano à cause d’une importante coupure au doigt produite par un vulgaire éminceur de légumes. Quel délice que d’entendre, entre autres pièces, le magnifique Minuetto quasi allegro du célèbre compositeur allemand. Bravissimo, M. Cloutier!

En deuxième partie, après Mickaïl Ivanovitch Glinka (Trio pathétique en ré mineur), nous faisons connaissance avec le compositeur Dmitri Chostakovitch. Quelle belle découverte! Son Trio en mi mineur opus 67 nous a transportés dans un chaos bien orchestré. Composé en 1944, il raconte l’histoire des trains de la mort et des camps de concentration durant la Deuxième Guerre mondiale. En quatre mouvements, nous avons traversé l’histoire et compris le devoir de ne pas oublier. Cet après-midi-là, à Val-d’Or, il tombait de la neige bien différente de celle qui tombait autrefois sur Auschwitz et Treblinka. Nous étions loin de légendaires chevauchées héroïques à travers les steppes et du tintement des grelots des troïkas. Un concert magique et rempli d’émotions rendu avec brio par ce merveilleux Trio Les Eskers. Le Trio Les Eskers sera en prestation le 10 mars prochain à Rouyn-Noranda. Le concert, présenté par le centre local des Jeunesses musicales du Canada de Rouyn-Noranda, aura lieu au Théâtre du cuivre.

INSCRIS-TOI

AVANT LE 31 MARS • • •

CHARPENTERIE-MENUISERIE COIFFURE ESTHÉTIQUE

ÉLECTROMÉCANIQUE DE SYSTÈMES A U T O M AT I S É S

P O LY M E T I E R . Q C . C A

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ÉLECTRICITÉ S E C R É TA R I AT C O M P TA B I L I T É

INDICEBOHEMIEN.ORG MARS 2020 11


- MA RÉGION J’EN MANGE -

SIROP D’ÉRABLE AUX ÉPICES YVES MOREAU, HÔTEL LE FORESTEL (VAL-D’OR)

Servir avec une fesse de jambon rôtie Rendement : environ 270 ml de sirop

INGRÉDIENTS 200 ml 100 ml 100 ml 2 1 8

sirop d’érable L. Lapierre de Fabre jus d’ananas jus de pommes anis étoilé bâton de cannelle clous de girofle

Facultatif : Ajouter du gingembre frais, de la cardamone ou du poivre noir en grain

PRÉPARATION Mélanger tous les ingrédients dans un chaudron et laisser réduire d’environ le tiers à feu moyen. Laisser refroidir environ deux heures. Passer au tamis. Servir sur le jambon. Idée gourmande : servir avec des poires pochées ou de la crème glacée à la vanille.

12 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

SPÉCIAL FEMMES


- FEMMES -

UNE BIBLIOTHÈQUE THÉMATIQUE POUR RÉFLÉCHIR AUX ENJEUX FÉMINISTES DOMINIQUE ROY

Il y a plus d’un an, un cercle de lecture féministe a été mis sur pied par le Centre de femmes du Témiscamingue. Depuis, les femmes qui y participent échangent et discutent de thèmes issus de leurs lectures. De ces rencontres est venue l’idée de créer une bibliothèque et de rendre accessible une grande diversité de livres, un moyen intéressant de susciter l’intérêt pour l’analyse féministe.

La valorisation des femmes de tous horizons est au cœur de cette collection de livres. « On avait envie de rendre accessibles des écrits de femmes, et ce, gratuitement. La lecture est un excellent moyen d’éducation et d’ouverture sur le monde. Il était important pour nous de mettre en valeur la prise de parole des femmes québécoises, mais aussi des écrivaines issues de diverses communautés culturelles. Les femmes furent longtemps invisibles dans la littérature, elles ont publié sous des noms d’hommes ou avec seulement leurs initiales. C’est assez récent que les femmes sont publiées, mais elles le sont de plus en plus. Elles sont aussi moins représentées dans les prix littéraires », explique Jolyane Bérubé, cogestionnaire et animatrice communautaire au Centre de femmes du Témiscamingue.

COURTOISIE

Cette bibliothèque, dévoilée officiellement le 13 février en présence de l’autrice Jocelyne Saucier, regroupe plus de 400 ouvrages en version papier. On y trouve des livres de référence abordant des enjeux d’actualité et portant sur des sujets comme la maternité, la santé physique et mentale, la créativité, les femmes dans le monde, etc. À la section littérature, qui regroupe des livres écrits par des femmes, s’ajoute celle dédiée à la poésie, au théâtre et aux romans graphiques. Enfin, une section jeunesse propose des albums et des romans qui défient les stéréotypes et qui incitent à la réflexion, à l’ouverture, à l’inclusion, à la tolérance.

Ce projet évalué approximativement à 8 000 $ a été rendu possible grâce au Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) et au ministère de la Santé et des Services sociaux. Cette bibliothèque sera évolutive puisqu’une partie du budget annuel du Centre de femmes sera désormais réservé à l’achat d’autres ouvrages. « Nous prévoyons avoir des thématiques et mettre en valeur les livres qui s’y rattachent, ajoute Mme Bérubé. Par exemple, pendant le mois de l’histoire des Noirs, en février, nous [avons mis] en valeur les livres d’écrivaines africaines, afrodescendantes ou afro-américaines. Aussi, nous prévoyons animer des activités en lien avec notre bibliothèque comme les cercles de lecture féministe. Nous avons donc certains ouvrages en plusieurs exemplaires pour nous permettre de les réaliser. » La bibliothèque est maintenant accessible à toutes les femmes et leurs enfants, et ce, en tout temps dans la journée, pendant les heures d’ouverture du centre, et le jeudi soir entre 18 h et 20 h. Le site Web du Centre de femmes est en reconstruction. Bientôt, une section de celui-ci consacrée à la bibliothèque permettra de connaître les titres offerts. Entretemps, c’est en parcourant les rayons que les curieuses et toutes celles qui sont sensibles à la cause féministe pourront s’informer et contribuer à construire une société plus juste, un livre à la fois.

INDICEBOHEMIEN.ORG MARS 2020 13


- FEMMES -

NOS MORTS : REDONNER VIE PAR L’ÉCRITURE MARIANE MÉNARD

« Jusqu’ici, j’avais su trouver la force de vivre sans ma fille, mais j’avais maintenant l’impression que, pour y arriver, j’avais dû sacrifier son souvenir. Je me retrouvais devant l’urgence de la sauver d’une seconde mort – l’oubli –, de la garder vivante. » Neuf ans après la perte de sa fille, l’autrice lasarroise Valérie Carreau a voulu recomposer l’histoire du bref passage au monde de Laurence en replongeant dans ses souvenirs et dans ses journaux intimes. Les premières pages de Nos morts relatent le moment où l’autrice a soudainement senti le besoin de « sauver [Laurence] d’une seconde mort ». Au-delà de la volonté d’ancrer la présence au monde d’un être dont l’existence a été trop brève, ce roman invite à réfléchir à la manière dont on se souvient des êtres chers, des disparus, et de ceux qu’on a à peine eu le temps de connaître. L’histoire de Laurence est racontée à travers les souvenirs de la narratrice et les extraits de ses carnets. Dans un récit intime et détaillé, on y découvre le bonheur d’une naissance, l’inquiétude devant l’état instable de l’enfant, l’espoir, le sentiment d’impuissance, puis le deuil nécessaire. Avec la mère, le lecteur est invité à ressentir ces émotions vives au rythme du bruit des machines qui maintiennent l’enfant en vie. Les quelques jours d’existence de Laurence semblent flotter hors du temps et n’être rattachés à la réalité que dans leur superposition à des souvenirs antérieurs, dont ceux de la grossesse de la narratrice/autrice. Ce sentiment d’extériorité est d’ailleurs ce qu’évoque un passage où la narratrice relate son refus de porter d’autres vêtements que ceux avec lesquels elle est entrée à l’hôpital, le jour de l’accouchement. Les vêtements incarnent le refus de voir les jours d’une enfant malade s’écouler. « Je devais insister pour que ce temps passé à l’hôpital soit suspendu, à l’écart de ma vie. Ce n’est pas moi qui étais là, c’était une autre. Moi, j’étais ailleurs, quelque part. J’attendais qu’on me rende ma fille. »

PARTAGER LA MORT Dans Nos morts, l’histoire de Laurence s’inscrit dans une profonde réflexion sur la mort, le deuil et le souvenir. Comment se souvient-on des êtres chers? Comment peut-on faire son deuil sans oublier? Pour l’autrice, c’est dans l’écriture que la mort d’un proche – de même que sa propre mort – peut être apprivoisée. « Sans la mort de Laurence, j’aurais quand même écrit – je le faisais avant sa naissance –, mais il y avait, depuis, comme une force invisible qui me faisait toujours revenir à ça, à la mort, dont je ne pouvais m’approcher autrement que par l’écriture. » D’autres histoires de deuil relatées dans le roman alimentent la réflexion de l’autrice/narratrice sur la mort, mais aussi sur son rapport avec la parentalité : la perte d’une mère, la perte d’un enfant. Raconter ces autres expériences ne fait que mieux ramener la narratrice à sa propre histoire et redonner une existence à un être qui n’en a presque pas eu. Si chaque histoire est différente, le deuil, lui, est universel. Ainsi, chacun pourra reconnaître en cette histoire sincère et émouvante un peu de la sienne.

14 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG


- FEMMES -

UNE VIE EN BANDES DESSINÉES : MELODY AU BAR À L’ANTIQUE

La vie de Sylvie Rancourt en est une que l’on peut sans hésiter qualifier de hors du commun. Celle qui, depuis plus de trente ans, nous offre à lire le récit autobiographique de sa vie de danseuse nue sous forme de bande dessinée n’a pas fini d’inviter ses lecteurs dans le milieu clos et méconnu de la danse dans les bars. Pour preuve, l’artiste originaire de Macamic aujourd’hui résidente de Barraute a fait paraître en février Melody au bar à l’antique, un album qui réunit 14 aventures vécues de l’année 1982 mettant en vedette son alter ego Melody. C’est grâce au financement issu du programme de partenariat territorial de l’AbitibiTémiscamingue unissant le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), les 5 MRC de la région et le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue qu’a pu voir le jour ce nouveau recueil entièrement confectionné par l’artiste : de l’écriture à l’édition, en passant par les dessins. Après que des éditeurs de renom (Kitchen Sink Press, Égo comme X, Drawn & Quartely) aient publié son œuvre et que plusieurs dessinateurs aient représenté Melody, Sylvie Rancourt revient à la conception maison avec cette nouvelle publication.

PIONNIÈRE DE LA BANDE DESSINÉE AUTOÉDITÉE Enfant, c’est dans les arts que se démarquait Sylvie Rancourt. Les histoires et la narration faisaient partie de son quotidien. « Je faisais ça avant d’aller à l’école, se souvient-elle. Je racontais des histoires toute la journée avec des bonhommes découpés dans les catalogues, puis

on se montait des tables complètes de bonhommes. Je jouais avec ma petite sœur, elle écoutait et moi je parlais. » Beaucoup plus tard, sa carrière de danseuse bien amorcée et la tête pleine d’histoires loufoques et de souvenirs, Sylvie Rancourt commence à coucher sur papier des événements marquants de son parcours. Grâce à la coexistence des mots et des dessins, caractéristique du 9e art, elle peut exercer ses deux passions en une même création. Mais la bande dessinée offre aussi la possibilité de décrire une scène en une image. Pour l’artiste, bien des événements se transcrivent mieux en dessins qu’en mots. Rapidement, elle agence ses histoires et les réunit en un premier volume : Melody à ses débuts, publié en 1985. Le nom de Sylvie Rancourt passe alors à l’histoire, car en plus de s’adonner à l’art de la bande dessinée autobiographique, genre peu courant à l’époque, cette première parution fait d’elle la première femme à s’autoéditer en bande dessinée au Québec.

APPROCHE AUTHENTIQUE « J’essaie de toujours écrire mon événement tel qu’il était. Et j’en ai plusieurs événements à écrire. Il s’est vraiment passé beaucoup de choses intéressantes dans les bars », relate Sylvie Rancourt. Cette fidélité à l’événement touche d’une part le milieu et la culture qu’elle décrit, mais aussi toute la gamme d’émotions que traverse l’autrice, puisque c’est dans l’intimité de son expérience qu’est invité le lecteur. Et si le personnage de Melody nous transporte dans un univers

SYLVIE RANCOURT

MARIANE MÉNARD

MARIANE MÉNARD

souvent brutal et sans pitié, c’est dans un style dépouillé, qualifié par certains de naïf, que sont racontées ces tranches de vie, altérant ainsi la dureté du propos. Ce clivage entre le discours et la façon de l’énoncer reflète par ailleurs la perception ambivalente qu’a Sylvie Rancourt de son métier. Interrogée sur son rapport au travail de danseuse lors d’une entrevue en 1985, la jeune artiste affirme sans détour que « c’est ce qui [l’a] rendue la plus heureuse et la plus malheureuse ». C’est ce bonheur d’une femme qui dispose de son corps comme elle l’entend et la souffrance émanant d’un contexte empreint de dureté qui nous sont donnés à lire dans ce nouveau volume de Melody.

L’AVENTURE SE POURSUIT Si elle s’est retirée de l’écriture pendant quelques années pour se consacrer à sa famille, Sylvie Rancourt a encore beaucoup d’anecdotes à raconter. Elle compte d’ailleurs bien continuer de faire découvrir son histoire unique. « C’est le seul livre sur le marché qui est sur ce sujet-là, explique-t-elle. C’est pas des superhéros ni des histoires pour enfants que tout le monde fait. Je me dis que j’ai la chance d’avoir une bonne série. » Ainsi, les lecteurs pourront continuer de s’immiscer discrètement dans le monde des bars de danseuses et, peut-être, comprendre un peu mieux cet univers.

INDICEBOHEMIEN.ORG MARS 2020 15


- HISTOIRE -

YOLETTE LÉVY OU L’ENGAGEMENT COMMUNAUTAIRE GENEVIÈVE ROULEAU LAFRANCE, SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE VAL-D’OR

Si une étoile a marqué le ciel abitibien, c’est bien Yolette Lévy. Arrivée en 1969 à Val‑d’Or, elle a été de tous les combats pour les causes qui lui tenaient à cœur. La Commission scolaire de Val-d’Or lui avait offert un contrat d’enseignement, à elle et à son mari, ce qui a motivé leur installation en Abitibi après un intermède de quatre ans au Zaïre (la République démocratique du Congo actuelle) où ils avaient enseigné également pour le compte de l’UNESCO. Yolette Lévy était une Abitibienne à part entière après avoir vécu près de 50 ans dans notre belle région. Plusieurs Valdoriennes et Valdoriens se souviennent d’elle comme d’une très bonne enseignante, mais elle a réalisé beaucoup plus que cela pour sa communauté et pour tout le Québec. Haïtienne d’origine, Yolette Lévy enseigne d’abord les sciences à l’école Mgr Desmarais et ensuite à la polyvalente Le Carrefour. Elle s’implique très tôt en syndicalisme, dès 1972. Elle milite naturellement pour les conditions de travail des enseignants et défend principalement des dossiers impliquant les femmes comme le congé de maternité, les garderies universelles et l’équité salariale. Elle est élue présidente du Syndicat des travailleurs de l’enseignement du Nord-Ouest québécois (STENOQ) le 8 avril 1982, poste qu’elle occupera pendant trois ans.

Elle sera ensuite élue à l’exécutif de la Commission des enseignants des commissions scolaires de la Centrale de l’enseignement du Québec, en juin 1984. Entre autres engagements, Yolette Lévy a été conseillère municipale de Val-d’Or, de 1996 à 2009. Elle a piloté des dossiers en santé, culture, transport adapté, prévention de la criminalité et organismes communautaires. Ces derniers, mal-aimés, sont nécessaires à la bonne vitalité de la Ville pour le maintien de services destinés à une population plus vulnérable comme les personnes en situation d’itinérance. Son parcours spectaculaire lui a permis d’obtenir de nombreux prix, dont les prix Alexina-Croteau en 2005, Charles-Biddle en 2006 et de la Personnalité féminine de la Chambre de commerce de Val-d’Or en 2007. Son militantisme ne sera jamais oublié puisqu’un prix lui est dédié. Cet honneur est décerné à une femme de la région qui s’est illustrée pour l’égalité et la parité des femmes. Le prix Yolette-Lévy souligne l’engagement de celle-ci et celui des femmes qui ont à cœur les mêmes intérêts. Le nom de Yolette Lévy sera longtemps dans la mémoire des Abitibiens, et ce, malgré sa disparition.

YOLETTE LÉVY, CONSEILLÈRE MUNICIPALE, ÉLECTIONS NOVEMBRE 2005 SOURCE : SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE VAL-D’OR, FONDS VILLE DE VAL-D’OR

OCCASION SPÉCIALE

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16 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG


- FEMMES -

DEUX PAR DEUX RASSEMBLÉES, SANS QUEUE NI TÊTE ET NI VUES NI CONNUES DE CHANTALE GIRARD

SYLVAIN TANGUAY

BÉATRIZ MEDIAVILLA

C’est au Centre d’exposition d’Amos que vous pourrez apprécier, jusqu’au 8 mars 2020, les plus récentes créations de l’artiste en arts visuels Chantale Girard. Originaire de Jonquière, Mme Girard a adopté Rouyn-Noranda comme territoire il y a 25 ans. En plus de sa pratique artistique, elle enseigne le cinéma depuis 1997. Nous avons eu l’occasion de suivre l’évolution de son travail à travers différentes expositions solos, dont plusieurs ont été présentées à Amos (en 1998, 2005 et 2010), mais également dans différentes expositions collectives, notamment à L’Écart. On se souvient entre autres de la très saisissante et magistrale œuvre composée de plus de 800 miniatures, Toutes blessent, la dernière tue.

SANS QUEUE NI TÊTE Une première salle offre « un discours sur la femme, sa forte présence physique jumelée à un anonymat social et historique. Elles sont là, mais ce ne sont que des silhouettes qui passent dans le champ social et dans le discours historique. Elles sont là sans vraiment y être. » En résulte un tableau saisissant : bien que le travail soit magnifique, la réalité qu’il présente l’est un peu moins. Girard nous rappelle ici que rien n’est jamais acquis et que trop souvent, on n’entend ni notre parole ni notre silence.

NI VUES NI CONNUES Quelques constantes thématiques ponctuent le parcours de l’artiste : l’engagement, le féminisme et le politique qui pèsent sur l’image de cette femme archétypale et dominée par une société hétérosexuelle patriarcale. Des constantes formelles aussi : le travail avec des matières contemporaines et actuelles (photos de magazine, tablette graphique, vernis à ongles, etc.), la présence d’écriture sur les œuvres et une trace marquée, une présence assumée et engagée de son travail d’artiste et de femme. La sérialité et l’idée de l’accumulation d’un même syntagme se retrouvent aussi dans ces compositions fortes et éclatantes, à la fois soignées et abruptes. Comme si la répétition d’une même image que l’on reçoit ad nauseam termine par avoir le dessus sur notre identité et notre unicité. On sent que, pour l’artiste, la prise de parole est fondamentale dans un monde où l’on objective encore trop souvent les femmes, où les voir, les connaître et les reconnaître ne semble pas encore nécessaire. Le Centre d’exposition d’Amos propose donc deux salles qui se répondent et s’opposent l’une et l’autre, et où sont regroupées une vingtaine d’œuvres. Dans une salle, des photos collées au mur présentant un travail élaboré à l’aide d’une tablette graphique. Des grands formats colorés et lisses avec des aplats de couleurs variées présentant des corps d’où émergent des mots syncopés. Dans l’autre, des panneaux de bois où l’on peut apprécier les couches de peinture et la trace plus urgente des mots qui accompagnent les silhouettes austères, monochromes et impersonnelles des corps de femmes.

Sur cette partie de la double exposition, l’artiste présente ainsi son travail : « Après presque dix ans de création numérique (utilisation du iPad aux fins de création), j’ai décidé de revenir aux sources de ma création. D’abord avec l’utilisation de manière beaucoup plus manifeste de l’écrit. Il occupe maintenant une grande partie de l’image. Contrairement à ma production précédente (Sans queue ni tête), au lieu de proposer un univers fictionnel et improbable, l’écrit est très personnel, parle de mes sentiments, mes idées, mes opinions. Cependant, toute la question de ces écrits est leur lisibilité. Il est important pour moi qu’ils aient un contenu signifiant, mais que ce dernier ne soit pas nécessairement accessible au lecteur. C’est l’aspect pictural de l’écrit qui m’intéresse. J’inscris dans ce “champ scriptural” une silhouette féminine, en marche généralement, une silhouette noire, anonyme, présente, mais “ni vue ni connue”. Après des années de création virtuelle, ce retour à la matière est pour moi une expérience jouissive. » Et c’est aussi très jouissif que de déambuler d’une salle à l’autre afin de rassembler ces femmes tantôt variées et colorées, tantôt plus sombres et texturée, mais toujours pertinentes et cohérentes. L’admirable travail de Chantale Girard vaut le détour.

INDICEBOHEMIEN.ORG MARS 2020 17


- FEMMES -

L’HISTOIRE DE WILLIE, WIL ET WILLIAM ANONYME

Le Point d’appui est un centre d’aide et de prévention des agressions à caractère sexuel situé à Rouyn-Noranda. Dans le cadre de nos services d’intervention auprès des femmes et des adolescentes, il arrive régulièrement que celles-ci utilisent l’écriture durant leur cheminement. Dernièrement, une jeune fille a écrit l’histoire d’une victime sous forme de dialogue d’un homme avec lui-même à trois moments de sa vie.

S’IL Y AVAIT DES RÉPONSES, C’EST LÀ QU’ILS LES TROUVERAIENT Wil n’avait que 20 ans et la vie lui avait déjà fait traverser de grandes épreuves. Il s’interrogeait souvent sur certains évènements qu’il avait vécus. Tout avait commencé lorsqu’il était enfant. Il était un jeune garçon rêveur qui s’entendait très bien avec les autres enfants, malgré les nombreux déménagements et changements d’école. Il avait la chance de s’adapter rapidement à ces situations. Willie était son surnom d’enfance. En grandissant, les gens avaient peu à peu commencé à le surnommer Wil, un surnom plus mature selon lui. Plus tard, ce serait William. Après tout, lorsqu’on devient un homme on doit être pris au sérieux, du moins c’est ce que son père lui avait toujours dit. Alors à 60 ans, il l’écouta et choisit d’oublier les surnoms. Wil avait quitté la maison de ses parents quelques jours plus tôt. C’est un nouveau départ pour lui. Quitter son ancienne vie lui permettrait peut-être de répondre aux nombreuses questions qui l’habitaient. Wil, Willie et William

marchaient ensemble sur le chemin de fer, car ils savaient que s’il y avait des réponses, c’est là qu’ils les trouveraient. RIEN N’ARRIVE POUR RIEN Dix jours passèrent et Wil refusait toujours de discuter. Le vieil homme se souvenait être passé par cette étape lui aussi. C’est normal, pensa-t-il, parler des évènements est difficile et ça prendrait du temps avant que Wil soit prêt. Seulement, William savait que de nommer les agressions était le seul moyen de les oublier, ou du moins de les accepter. L’homme âgé avait appris avec le temps que peu importe la difficulté des évènements que la vie lui avait imposés, rien n’était arrivé pour rien et ces derniers avaient fait de lui l’homme qu’il était maintenant. C’est ce qu’il essayait de faire comprendre à Wil, mais la colère que celui-ci portait en lui était plus grande que tout ce que l’homme aurait pu lui dire. Parfois, seul le temps peut arranger les choses.

LA QUERELLE La tension entre Wil et William s’était accentuée au fil des jours, jusqu’au déclenchement d’une querelle. Willie, le plus jeune des trois, ne comprenait pas le sens de la dispute. Même s’il avait également vécu les évènements qui causaient toute cette discorde, il était encore trop jeune pour en saisir l’impact. Bien sûr, il les comprendrait plus tard. Mais pour

ÉCRIS DANS L’IB!

l’instant, il ne pouvait que tenter de calmer les tensions, car il ne voulait pas que le groupe se sépare. La rage que Wil portait en lui était plus forte que la raison. Le fossé entre le passé et l’avenir du jeune homme se creusait alors qu’il s’éloignait du groupe. LA VÉRITÉ Une semaine était passée depuis le départ de Wil. Depuis, de nombreuses questions s’enchaînaient dans la tête de Willie. Il faisait très beau ce matin-là. Le ciel était dégagé et les rails s’étendaient à perte de vue. Le garçon prit son courage à deux mains et se décida à interroger William sur ce qui était arrivé à Wil. Le vieil homme s’arrêta brusquement et réfléchit. Comment pouvait-il avouer à l’enfant ce qui était réellement arrivé? Il savait bien qu’expliquer à Willie ce qui avait créé ce conflit révèlerait l’atroce vérité sur son père et ses actions. Après quelques minutes de réflexion, il sut qu’il était temps pour Willie de connaître la vérité : « Tu sais Willie, dit William, ce que ton père fait lorsque personne ne regarde n’est pas quelque chose de bien. Ce n’est pas non plus quelque chose que tous les pères font. Ça se nomme un viol et c’est pour cela que Wil souffre autant. Le seul moyen pour lui de guérir est de se rendre au bout des rails, que ce soit avec ou sans nous. » Les heures suivantes se passèrent dans le silence, car après une nouvelle comme celle-ci, l’enfant n’avait plus envie de discuter.

Tu te passionnes pour la culture de manière amateur ou professionnelle?

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18 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG


- DE PANACHE ET DE LAINE -

LES DÉFILÉS DE GUERRE GABRIEL DAVID HURTUBISE

Dans les défilés sans prétention, il y a encore les prouesses guerrières exécutées par des équipes sportives. Les plus fameuses sont celles des All Blacks de la Nouvelle-Zélande (Maoris) au rugby, faites dans le but de décontenancer l’adversaire. Cela devait être intimidant à une certaine époque, mais depuis qu’on a les fusils, ça n’impressionne plus personne. Du moins, pas en termes militaires. Tout y est pour la cause du divertissement, bien sûr. La Corée du Nord ne nous inquiète pas tellement non plus. Elle divertit aussi. Il est possible de voir de beaux défilés tout en couleur à la télé, avec des milliers de personnes sur la place publique, et ils portent tous de bien drôles de chapeaux (il faut leur donner ça). Sous les yeux jubilatoires du dictateur, on trouve quand même la quatrième armée du monde en nombre! Mais que peuvent autant de soldats devant les porteavions, les drones, les missiles occidentaux? Et puis même les bombes nucléaires nous impressionnent de moins en moins. On a eu un peu la frousse dans les années 1950, alors que l’URSS avait des missiles à Cuba! Fini. Pour ainsi dire : nous n’avons plus peur de rien! C’est ennuyeux. Laissez-moi vous effrayer un peu, dans ce cas. Le 6 février dernier, l’armée américaine a déployé un sous-marin équipé d’une bombe nucléaire à faible puissance (trois fois moins qu’Hiroshima). À ce jour, la Russie est suspectée de fabriquer près de 2 000 de ces « petites » têtes d’ogives. Au moins huit pays possèdent l’arme nucléaire, mais rares sont ceux qui sont parvenus à les miniaturiser, soit à en faire un outil de frappe chirurgicale. En ce sens, le sous-marin n’était rien d’autre qu’une « manœuvre dissuasive » destinée à Moscou, selon les autorités. Autrement dit, on parade avec de petites bombes nucléaires, maintenant! N’est-ce pas divertissant? La tactique, en cas de conflit, consisterait à frapper durement une zone limitée en espérant que l’ennemi ne réplique pas avec un vrai arsenal de missiles. Dans ce cas, ce serait la « destruction totale mutuelle » assurée. La grande parade finale. D’ailleurs, il est

JUSQU’AU 8 MARS

JUSQU’AU 15 MARS

SANS QUEUE NI TÊTE NI VUES NI CONNUES

IL ÉTAIT UNE FOIS…

DILUVIO

PAUL ABRAHAM

MYRIAM LAMBERT

Médiums/techniques mixtes

Installation numérique

CHANTALE GIRARD

difficile de savoir combien de bombes nucléaires sommeillent sur Terre. Le chiffre le plus conservateur se situe autour de 13 000. Pas convaincus? Une autre histoire. En janvier 1961, un avion militaire s’abîme au-dessus de la Caroline du Nord et relâche deux bombes à l’hydrogène. Elles se déploient normalement, comme pour un vrai bombardement. Heureusement, un petit interrupteur de sécurité dont la technologie était déjà très désuète les empêche de se déclencher. L’explosion aurait été 260 fois plus puissante que celle d’Hiroshima révélait The Guardian en 2013. De grands centres urbains radiés, des millions de morts : le scénario catastrophe à un breaker de la réalité. On n’en parle pas trop, à l’époque. Parce que c’est fort gênant de bombarder son propre pays en paradant, d’abord, et ensuite parce que cela aurait pu inquiéter la population déjà terrifiée par la menace nucléaire de l’URSS. Et aujourd’hui? À vous de juger si la menace est encore vivante. Plusieurs stations de lancement sont équipées de technologies depuis longtemps désuètes. Les médias américains ont révélé des images : les ordinateurs ont l’air de boîtes à lunch et sont activés par de grosses disquettes. On note aussi quelques failles dans la sécurité. Un livreur de restauration a accidentellement accédé à la cour d’un bâtiment militaire contenant des missiles nucléaires supposément sécurisés contre le terrorisme. Les gardiens faisaient la sieste, rapporte-t-on.

VERNISSAGE LE 20 MARS A 17 H L’ARCHE DE NOÉ SELON CLAUDE LAFORTUNE

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Mardi de 9 h à 12 h et 13 h 30 à 17 h Mercredi au vendredi de 13 h 30 à 17 h et de 19 h à 21 h Samedi et dimanche de 13 h à 17 h

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INDICEBOHEMIEN.ORG MARS 2020 19


- FEMMES -

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20 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

Pour son premier roman, l’Abitibienne Marie-Andrée Rompré nous invite à suivre la folle aventure de Léa et Louise dans un tout-inclus, sous le soleil des Caraïbes. Avec Livre de plage, publié aux Éditeurs réunis, les habitués des escapades dans le Sud revivront jour pour jour chacun de leurs périples. Quant aux non-initiés, ils sauront désormais à quoi s’attendre.

Tout y est! Côté décor, on se retrouve au cœur d’une carte postale avec la plage, le sable, la mer, les palmiers, les lézards, les couchers de soleil à couper le souffle. On vit le lifestyle du resort avec les drinks à volonté et les soirées bien arrosées, le buffet, le restaurant à la carte et les danses latines. On ressent la sensation du sable trop chaud sous les pieds et la déception des chaises longues toutes occupées. On fait un clin d’œil aux activités typiques d’un tel séjour : visite de la petite ville près de l’hôtel, excursion en catamaran, plongée sous-marine, volleyball de plage. Et que dire de ces rencontres qui sont inévitables : l’accueil chaleureux des locaux, le clin d’œil du barman, le sourire enjôleur du jardinier bien baraqué et les mots doux du serveur trop sexy. Léa, c’est la femme d’une beauté quelconque qui s’oublie trop souvent pour faire plaisir aux autres et pour qu’on pense du bien d’elle. Elle est discrète et son manque de confiance est flagrant. Dans le Sud, elle veut oublier ou pardonner l’infidélité de son Richard. Résister au charme sensuel Gabriel n’est pas chose facile. Son aventure se compare à celle d’Émilie, le personnage principal du roman qui la suit dans ses moindres déplacements. Louise, c’est l’amie beaucoup trop jolie qui fait tourner les têtes sur son passage. Dans ses bagages, il y a plus de kits pour séduire que de jours de vacances pour tous les porter. De tout son être se dégage l’énergie de la femme intéressée, disponible et accessible. De folie en folie, une transformation s’opère chez les deux amies. Il suffit de quelques jours dans le Sud pour que Léa réalise à quel point elle est désirable et désirée et pour que Louise la volage s’accroche à Juan. Tout est cliché, tout est prévisible, mais c’est en plein ce que l’on cherche avec un livre de plage. On veut se détendre, décrocher, s’évader et rêver en toute simplicité… et c’est réussi. Avertissement : la lecture de ce roman risque de provoquer une envie folle de fuir le froid, la grisaille de l’hiver et la dépression saisonnière.


- FEMMES -

FEMMES AUTOCHTONES : DE LA DÉNONCIATION À LA RÉCONCILIATION

PAUL BRINDAMOUR

ÉDITH CLOUTIER, DIRECTRICE GÉNÉRALE DU CENTRE D’AMITIÉ AUTOCHTONE DE VAL-D’OR

Le 4 octobre dernier, sous le thème « De la dénonciation à la réconciliation », le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or organisait, pour une 7e année consécutive, la Vigile des Sœurs par l’Esprit afin d’honorer les vies des filles et des femmes autochtones disparues ou assassinées ainsi que leurs familles1. En cette journée de vigile nationale, le Centre d’amitié commémorait la force, la résilience et le courage des femmes autochtones et, plus particulièrement, de nos sœurs de Val-d’Or qui ont publiquement pris la parole en 2015 pour dénoncer les abus perpétrés à leur égard par des policiers.

chargés, l’énergie venait à faiblir, votre courage m’a porté. J’espère qu’il saura aussi inspirer nos décideurs, tant allochtones qu’autochtones, à l’égard des suites à donner aux appels à l’action proposés. »

Une cérémonie empreinte d’émotion rassemblant plus d’une centaine d’invités et de dignitaires nous aura permis de clore le chapitre sur les « événements de Val-d’Or », non seulement pour les femmes, mais aussi pour ceux et celles qui ont vécu de près ou de loin ces événements. Nous avons d’ailleurs salué les gestes concrets posés par la Ville de Val-d’Or et visant à rétablir la confiance et à cheminer vers la guérison et la réconciliation.

C’est précisément ce qui s’est produit à Val-d’Or, alors que de nombreux témoignages artistiques sont parvenus aux femmes autochtones par l’intermédiaire du Centre d’amitié depuis 2015. Que ce soit par la musique, la peinture, la poésie, le tricot, le collage, les artistes, artisans et artisanes ont su transmettre leur solidarité, leur bienveillance et leur amitié à l’égard des femmes autochtones par l’entremise de leur créativité et leur talent. C’est d’ailleurs par l’art qu’on a souhaité rendre hommage aux femmes pour leur courage et leur signifier que leur lutte ne serait pas oubliée, que de cette lutte émergent de nombreuses sources d’espoir par lesquelles une réelle réconciliation s’amorce.

Cette vigile se tenait alors que le commissaire Jacques Viens venait tout juste de rendre public le rapport de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics, issue des événements de Val-d’Or, et à peine 48 heures seulement après que le premier ministre Legault ait présenté des excuses publiques pour les préjudices causés aux Autochtones et aux femmes autochtones. Dans son rapport, le juge Viens s’adressait d’ailleurs aux femmes de Val-d’Or : « Un merci tout spécial aux femmes de Val-d’Or dont les témoignages à la caméra ont permis d’éveiller les consciences et de porter à l’attention du Québec tout entier une discrimination et une violence malheureusement bien réelles. Quand, certains jours, au détour des horaires 1

La beauté du monde se révèle parfois dans les moments les plus inattendus et, alors qu’autour de nous tout semble sombre, voilà qu’apparaissent des sources de lumière. Ces sources apportent réconfort, nourrissent l’espoir et apaisent nos cœurs dans les moments troubles.

La cérémonie du 4 octobre a donc été l’occasion d’inaugurer le monument Kikisokite8e8ak (elles ont été courageuses, en langue anicinabe), création de l’artiste Chantal NottawaySimard. Sous la symbolique des quatre directions, Kikisokite8e8ak témoigne des étapes de la vie à travers quatre profils de femmes prenant part à un cycle se renouvelant de génération en génération. Érigé sur une base solide comme le roc, ronde comme le tambour, gardien du battement de cœur de la mère-terre, le monument perpétue le droit à la parole. Ces femmes ont enfin été écoutées et entendues.

Dans le cadre de la Journée nationale de commémoration à la mémoire des femmes et des filles autochtones assassinées ou disparues, des rassemblements sont organisés à travers le Canada afin d’offrir

un moment de recueillement pour apporter appui et réconfort aux familles de celles-ci. INDICEBOHEMIEN.ORG MARS 2020 21


- FEMMES -

MA VIE COMME UNE BANDE DESSINÉE – PORTRAIT DE SŒUR RENELLE LASALLE SÉBASTIEN LAFONTAINE

Sœur Renelle est tout un personnage. Il faut la voir grandeur nature! Le 15 décembre dernier, dans la communauté de Lac-Simon, avait lieu une grande fête d’au revoir. Les membres de la communauté ont uni leurs efforts pour exprimer leur reconnaissance à celle qui a passé une décennie parmi eux : Renelle Lasalle, sœur des Saints Cœurs de Jésus et de Marie. « Ce fut une fête extraordinaire, on m’a exprimé de l’amour plus que je pouvais en recevoir, les gens m’ont manifesté leur reconnaissance; j’ai failli mourir d’amour! » racontait la religieuse déjà septuagénaire, lors d’un entretien téléphonique des plus rafraîchissants. Sœur Renelle, c’est tout un personnage. Après plus de 25 ans passés comme enseignante au secondaire et animatrice de pastorale auprès de cégépiennes de Joliette et des jeunes du Patro de Montréal, sœur Renelle arrive en Abitibi en 1995 pour travailler dans le diocèse d’Amos en tant que responsable de pastorale jeunesse. Le défi est énorme, le contexte pastoral et spirituel est plutôt désertique. Dès 2005, lors d’une retraite annuelle à Loretteville (tout près de Wendake), elle ressent l’appel de s’engager auprès des Autochtones. « En lisant par hasard un article de journal sur le désespoir des jeunes de la réserve Opitciwan (Obedjowan), j’ai été émue jusqu’au fond de mes entrailles et j’ai compris que ma place était auprès d’eux, relate sœur Renelle. Et en novembre 2006, une émission de télé [de] Radio-Canada, Kitcisakik, le dénuement, me fit connaître les conditions de vie “tiers-mondistes” des gens de Kitcisakik, village situé à seulement à 175 km d’Amos. Par la suite, une série d’événements providentiels ont fait grandir en moi cet appel. » Après un premier séjour au Grand Lac Victoria en 2007, avec un groupe de jeunes de Montréal, du mouvement écologique Salut! Terre, elle revient en 2010 pour remplacer le père Lionel Lajeunesse, oblat de Marie Immaculée (o.m.i.), décédé en 2009.

J’ai demandé à sœur Renelle si cela avait encore du sens à notre époque d’être une religieuse. Sa réponse est sans équivoque. Elle s’exclame avec enthousiasme : « Plus que jamais! Mon vœu de chasteté me donne une grande disponibilité d’engagement. Et par rapport à la libération sexuelle, je vois plus de gens écœurés qu’épanouis. La chasteté ouvre à une autre manière d’aimer. Le vœu de pauvreté donne une grande liberté. Et l’obéissance, ça aide à trouver avec d’autres l’harmonie intérieure. Obéir à Dieu, c’est répondre à la mission qui nous habite profondément », croit-elle. Celle qui fêtera ses 50 ans de vie religieuse cette année affirme avec fougue qu’être religieuse aujourd’hui c’est être un message, plutôt que de prêcher, un message d’espérance dont les gens de notre époque ont désespérément soif. Monique Papatie, vice-présidente du comité pastoral, affirme que la religieuse de Joliette s’est très bien intégrée à la communauté. « Les aînés l’ont acceptée bien vite, même si elle ne parle pas la langue. Si elle est absente lors d’un rassemblement, ils demandent : “Où est la sœur?” » Madame Papatie mentionne qu’elle a accueilli la religieuse comme sa propre sœur. « Même ma mère l’a accueillie comme sa propre fille. Sœur Renelle a accepté notre façon de faire et d’être. On l’a amenée dans la forêt, à la trappe. Elle a même lavé son linge sur une planche à laver. » Sœur Renelle souligne que le travail dont elle est particulièrement fière est d’avoir contribué au rapprochement entre Allochtones et Autochtones. Régulièrement, des étudiants du 22 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

COURTOISIE

UNE SŒUR CHEZ LES ANICINABEK

secondaire et du cégep d’un peu partout font des séjours à Kitcisakik. Parmi ses réalisations, il y a aussi les enregistrements des cantiques en langue anicinabe. D’emblée, la religieuse affirme que les algonquins l’ont humanisée la première, en lui donnant le droit d’être humaine, sans artifice. Quelques semaines à peine après avoir quitté l’Abitibi, Sœur Renelle est toujours habitée par de nombreux rêves : que la population continue l’œuvre des vitraux commencée par le grand peintre Jean-Guy St-Arneault, écrire son aventure de missionnaire, voir à ce que le sous-sol de l’église devienne un lieu de création. Enfin, elle ne pense pas à la retraite, mais elle espère plutôt « avoir une p’tite job au ciel ». Elle voit sa vie comme une bande dessinée. En 2017, sœur Renelle a reçu la médaille du lieutenant-gouverneur. « Je pense que je ne réalise pas encore toute la profondeur de cet honneur. Je n’en reviens pas qu’une communauté autochtone ait choisi de mettre en valeur une “religieuse”… C’est vraiment un geste de réconciliation. »


- MÉDIAS ET SOCIÉTÉ -

LE FÉMINISME EN CONTEXTE RÉACTIONNAIRE LOUIS-PAUL WILLIS

À l’approche de la Journée internationale des femmes, il paraît tentant d’y aller d’une énième chronique sur l’importance du féminisme et des dangers de la pensée réactionnaire, en pleine effervescence, qui menace bien souvent des acquis fragiles. Cet exercice me paraît même essentiel, ne serait-ce que pour contrebalancer la quantité de discours du genre « l’égalité-existe-déjà-alors-pourquoi-pas-une-journée-de-l’homme? » qui paraîtront indubitablement le 8 mars. Le discours ambiant est rempli de paradoxes, et il importe de les démystifier. À titre d’exemple, le premier ministre Legault y est allé récemment d’une sortie médiatique pour affirmer que même si l’avortement tardif n’est « pas idéal », il tenait à ce que les Québécoises puissent avoir accès à ce droit. Il n’en fallait pas moins pour que des figures médiatiques imposantes viennent remettre en question cet état de fait. Dans une chronique parue dans le Journal de Montréal largement partagée, on s’interroge même à savoir si le débat sur l’avortement est clos. En affirmant son malaise quant à l’avortement tardif, la chroniqueuse Sophie Durocher pose les questions suivantes : « Êtes-vous 100 % à l’aise à l’idée qu’une femme se fasse avorter dans le troisième trimestre de sa grossesse sous prétexte que “son corps lui appartient”? Sincèrement, dans le fond de votre cœur, vous n’avez pas la moindre hésitation? » Ces questions pavent la voie à une accumulation de sophismes, ne serait-ce que par l’habileté de la chroniqueuse à évacuer du débat la principale intéressée, à savoir la femme contrainte à cette décision, pour des raisons aussi diverses qu’inimaginables. La chronique recense entre autres le fait que plusieurs médecins ne sont pas à l’aise avec cette pratique, et que le débat devrait être ouvert afin de mieux encadrer le tout. En mettant entre guillemets l’affirmation selon laquelle le corps d’une femme lui appartient, elle semble mettre en doute la validité même de l’agentivité féminine, comme si une affirmation de ce genre était à remettre en question. Et surtout, jamais n’aborde-t-elle le contexte qui peut mener une femme vers cette décision. Ce faisant, elle fait l’économie d’une dimension extrêmement importante du débat : les contextes où une femme peut être amenée vers l’interruption volontaire de grossesse, surtout en cours de troisième trimestre. Comme tant d’autres discours du même genre, cette chronique sous-entend que la femme menée vers cette décision le fait nonchalamment, sans la moindre remise en question, sans la moindre souffrance, psychologique ou physiologique. Ce faisant, on pervertit sérieusement le débat et on le sort de son contexte. On évite des questions cruciales : combien y a-t-il réellement d’avortements aussi tardifs? Quelles en sont les causes? Quels contextes spécifiques à la réalité féminine se trouvent derrière une telle décision, et comment peut-on les aborder en tant que société – si tant soit est qu’il s’agit d’un enjeu social? Ces questions auraient dû figurer au centre d’une chronique portant sur ce sujet délicat. Et on ne peut passer sous silence une ironie sous-jacente à la publication de ce texte : alors que la chroniqueuse, tout comme une part importante

de ses collègues, promulgue régulièrement la fin de tout débat possible sur la Loi 21, adoptée sous bâillon dans l’absence généralisée de consensus social, les mêmes interlocuteurs martèlent désormais que le débat sur l’avortement, clos depuis des décennies dans un consensus relativement stable, ne serait en fait « pas clos ». Je vois là une imposture médiatique flagrante. De toute évidence, certains chroniqueurs ont une définition à géométrie variable du débat démocratique. Sans même afficher une affiliation dans le débat sur l’avortement, il est important de condamner ce genre de pratique médiatique où on détourne l’attention vers des questionnements trompeurs et des affirmations aveugles. C’est avec de tels raccourcis qu’on ouvre des brèches dans les acquis des dernières décennies, qui peuvent rapidement être remis en question – on peut d’ailleurs le constater dans l’actualité qui nous provient des États-Unis. C’est aussi ce genre de pensée réactionnaire, de plus en plus en vogue dans le paysage médiatique québécois, qui rend pleinement pertinents les débats sociaux mis de l’avant par le féminisme. Ces chroniqueurs, qui nient régulièrement l’existence même du privilège masculin et du privilège blanc, le renforcent paradoxalement à grands coups de rhétorique trompeuse, populiste et réactionnaire. Dans les faits, il y a loin de la coupe aux lèvres en ce qui a trait à l’équité entre les genres… Les productions médiatiques sont encore majoritairement créées, scénarisées et réalisées par des hommes, et mettent ainsi de l’avant un désir largement conjugué au masculin. L’écart salarial entre les hommes et les femmes existe encore au Québec; même s’il y a eu des améliorations notables, il reste encore beaucoup de travail à faire. Les métiers à prédominance féminine sont systématiquement dévalués et sous-payés par rapport aux études préalables nécessaires et aux conditions d’emplois sur le terrain : infirmières, enseignantes, éducatrices, etc. L’arrogance avec laquelle la Loi 40 a été imposée sans réel débat témoigne d’ailleurs de cette réalité. D’un point de vue masculiniste, on me répondrait assurément que la souffrance masculine existe et qu’elle est systématiquement ignorée ou niée par le féminisme. Mais rien n’est plus faux : oui, la souffrance masculine existe et oui, il est primordial de les prendre en considération. Mais, comme d’innombrables études féministes de tous acabits le démontrent de façon quasi unanime, cette souffrance est directement liée aux standards et aux attentes qui découlent de ce qu’on nomme couramment la masculinité toxique. Il serait donc temps de remettre en question nos rapports aux rôles genrés qui nous sont imposés par une culture beaucoup moins égalitaire qu’on aimerait le croire. Et en attendant, il faut se méfier des remises en question en apparence anodines qui, dans les faits, pourraient venir détruire des acquis beaucoup plus fragiles qu’on ne le réalise.

INDICEBOHEMIEN.ORG MARS 2020 23


- CULTURAT -

- EN BREF -

AMORCER LE CHANGEMENT PAR L’ART

SPECTACLE BÉNÉFICE

PASCALE CHARLEBOIS

DU RIFT : UNE ÉDITION

Même si les initiatives artistiques ne font pas de miracles, elles peuvent changer les perceptions, les attitudes, les comportements. La pièce de théâtre Bongo té, tika! [Pas comme ça, arrête!] en est un bel exemple, car elle a été créée pour servir d’arme pour lutter contre les violences faites aux femmes en République démocratique du Congo.

Un tri a ensuite été fait dans tous ces écrits pour donner naissance à la pièce Bongo té, tika!, dont le travail sur le texte et la mise en scène a été fait à Sherbrooke, pour permettre aux comédiens de s’approprier la pièce. La distance les a protégés de la pression sociale et du jugement des autres, en particulier pour les hommes comédiens, qui pouvaient être vus contre les autres hommes, contre les traditions.

Les rôles traditionnels et les stéréotypes basés sur le genre rendent les Congolaises particulièrement vulnérables. En raison du conflit armé qui sévit au pays depuis plus de 20 ans, elles subissent toutes sortes de violences, en particulier sexuelles. Depuis les 16 dernières années, 500 000 femmes et enfants auraient été violés au pays. Dans ce contexte, il est essentiel d’appuyer celles et ceux qui prennent la parole et qui dénoncent les injustices et les violences que subissent les femmes. Après deux décennies à tenter de mettre en œuvre des programmes et des outils, le théâtre a été choisi comme approche de travail puisqu’il a la capacité de toucher les gens tout en abordant plusieurs enjeux à la fois.

Ce projet pilote a été mis en œuvre dans quatre communes de Kinshasa. En tout, 69 représentations ont permis d’atteindre 32 000 personnes, de tous les horizons : des villageois, des étudiants d’université, des policiers, des étudiants de tous âges. Ce projet a suscité de grands engouements et a incité sa Majesté Mfumu Difima, secrétaire général de l’Alliance Nationale des Autorités Traditionnelles du Congo à demander une formation en violence faite aux femmes et aux filles pour tous les chefs coutumiers de la région, ce qui représente un espoir considérable pour les femmes congolaises.

Oxfam-Québec, le Réseau des Femmes Chrétiennes du Congo (RFCC) et le Théâtre des Petites Lanternes (TPL) se sont donc unis pour mettre sur pied ce projet de coconstruction artistique, de sensibilisation et de recherche de solutions. La première étape a consisté à donner la parole, par l’entremise de la Grande cueillette des mots, à 600 femmes et 210 hommes. Invitées à écrire leurs histoires, les femmes ont, la plupart pour la première fois, replongé dans leurs douleurs pour s’en libérer par écrit. Sans faire totalement disparaître la douleur, cet exercice leur a du moins permis de briser le silence et l’isolement.

Vous avez un projet Culturat? Contactez-nous à info@culturat.org

24 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

HAUTE EN COULEUR GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU

Le samedi 4 avril à 20 h se tiendra le spectacle-bénéfice annuel du Théâtre du Rift, qui lui permet de financer ses activités pour faire la promotion de la culture dans la région. Cette année, près d’une vingtaine d’artistes témiscamiens prendront part à l’événement, qui alliera des formes d’art variées allant des arts visuels au chant en passant par le conte et la danse. En effet, pour la première fois, l’équipe du Rift organise le soir du spectacle l’exposition d’œuvres offertes gracieusement par dix artistes de la région. Les spectateurs pourront participer au tirage de ces œuvres, qui aura lieu pendant la Biennale internationale d’art miniature de Ville-Marie, en se procurant un billet au coût de 20 $. En ce qui concerne le spectacle lui-même, il se divisera en deux parties, une axée sur la musique et l’autre, sur l’art oratoire et l’expression corporelle. Les neuf numéros qui composent la programmation seront assurés par des participants bénévoles et mis en scène par Réal Couture. L’équipe organisatrice insiste sur l’importance de l’événement, qui contribue à la vitalité du milieu culturel et qui constitue le témoignage d’un intérêt réel pour la scène témiscamienne et d’une volonté de la voir se maintenir. On précise aussi qu’il s’agit peut-être de la dernière édition de cette tradition puisque la campagne de financement de l’an prochain prendra vraisemblablement une forme différente, mais assurément divertissante. Les billets sont disponibles sur le site Web du Rift.


- EN BREF -

-IMPROVISATION -

UN PROGRAMME ÉPATANT

QUAND TÉMISCAMING FAIT SON FESTIVAL

POUR 4 JOURS EN MODE

FEDNEL ALEXANDRE

AVANTAGE NUMÉRIQUE LA RÉDACTION

Du 11 au 14 mars prochain se tiendra le Forum Avantage numérique à Rouyn-Noranda. Membres des communautés culturelle, entrepreneuriale et intellectuelle sont invités à prendre part à ce grand rassemblement autour du développement numérique. Conférences, tables rondes, ateliers et spectacles numériques sont au programme du Forum qui cherche à rendre accessible l’information autour du numérique dans un souci d’inclusivité. Les participants devront choisir parmi des conférences et ateliers abordant des thèmes aussi variés qu’actuels et offerts par des acteurs du développement numérique de renom. Parmi les conférenciers présents, on compte la chroniqueuse Manal Drissi, le réalisateur rouynorandien Éric Morin, la stratège numérique de la plateforme Rad Caroline Choinière ainsi que Michael David Miller, vice-président de Wikimedia Canada. Une variété d’ateliers (workshops) complète cette sélection de conférences pour la portion du forum consacrée aux échanges et à l’apprentissage. Avantage numérique propose également des spectacles numériques en clôture de chaque jour de rassemblement. Mentionnons également l’ajout d’activités de médiation culturelle destinées aux plus jeunes. La programmation complète est disponible sur le site Web d’Avantage numérique.

Du 24 au 26 avril prochain se tiendra le Festival international d’impro de Témiscaming (FIIT), au Musée de la Gare, à la salle Dottori et dans un autre lieu-mystère, à Témiscaming. Au programme de ces trois jours : du catch, de l’impro, de l’hypno-impro et surtout, de la bonne ambiance! Qu’on ne s’y méprenne pas. Ce ne sont pas les athlètes de la World Wrestling Entertainment (WWE), gonflés aux stéroïdes, qui vont prendre d’assaut Témiscaming. Les participants ne feront de prises qu’aux mots, mais ils emprunteront à la WWE son décorum. Pour le show. Pour l’ambiance. En effet, 24 improvisateurs s’affronteront dans un tournoi de catch durant ce festival, dont des spectacles d’impro et d’hypno-impro agrémenteront également le programme. Dans le deuxième type de spectacle, deux hypnotiseurs feront des numéros avec des volontaires en situation d’improvisation. Du théâtre spontané-impro, exercice consistant à construire un récit sur le vif, sera également à l’affiche. L’instigatrice de ce projet original et ambitieux s’appelle Hélène Jager, nouvellement installée dans la région. Originaire de la France, elle fait de l’impro depuis une dizaine d’années. Peu avant son arrivée à Témiscaming il y a six mois, elle s’est fait proposer d’animer des ateliers d’improvisation. Elle a accepté volontiers, mais elle a voulu savoir ce qui s’y faisait. Très rapidement, elle a réalisé que l’improvisation ne constituait pas une pratique du spectacle ancrée à Témiscaming. Cela l’a donc confortée dans sa décision d’accepter l’offre qu’elle avait reçue. C’est également dans ce contexte qu’a émergé l’idée de monter un festival pour populariser l’activité à Témiscaming et rassembler des troupes d’improvisateurs et des néophytes. Ainsi, ce sera une occasion de rencontres et de découvertes, autant pour les participants qui viendront de l’extérieur que pour les locaux peu coutumiers de cette activité. De plus, Hélène Jager pourra faire découvrir le coin de pays qu’elle a adopté. En effet, elle s’attend à accueillir plusieurs centaines de festivaliers durant cette fin de semaine d’avril. Les visiteurs arriveront non seulement de l’Abitibi-Témiscamingue, mais aussi d’un peu partout, ce qui donnera une belle visibilité à Témiscaming. En outre, plus d’une vingtaine d’improvisateurs participeront aux activités. Parmi eux se trouveront, d’une part, les acolytes de la troupe Les Anonymes avec lesquels Hélène Jager a joué en France pendant dix ans et, d’autre part, l’Acronyme d’Ottawa. Afin d’entreprendre cette aventure, Hélène Jager a pu compter sur le soutien de beaucoup de personnes de la communauté, dont Véronic Beaulé, Réal Couture et Marie-Pier Valiquette. Des artistes ainsi que des improvisateurs de l’Abitibi-Témiscamingue et d’ailleurs se sont joints à elle d’une manière ou d’une autre pour faire de ce festival une réussite. La Ville de Témiscaming a octroyé une subvention à ce projet, ce qui illustre l’hospitalité de la région, son ouverture et son désir de culture. Pour des renseignements, on peut visiter la page Facebook Impro les coureurs des bois du Témiscamingue.

INDICEBOHEMIEN.ORG MARS 2020 25


- JEU -

POUR SE DÉFAIRE DU SYNDROME DE L’IMPOSTEUR ANTOINE LEFEBVRE

Entretien avec l’auteur de jeux valdorien Éric Coulombe Le jour, Éric Coulombe est technicien informatique pour la Commission scolaire de l’Or-et-des-Bois. Le soir, il se transforme en… non! Il ne se transforme pas, mais il pratique un art qui est subitement devenu une passion pour lui : le design ludique, l’art de la création de jeux de société. Tout commence à la suite d’un rêve (ça peut sembler cliché, mais c’est la vérité!) où il fabriquait un jeu étrange. À son réveil, il prend un crayon et du papier et commence à rédiger les règles de ce qui allait devenir le premier jet de Kröm-Lek, un jeu de construction néolithique basé sur une mécanique de gestion de cartes et de placement d’ouvriers.

COURTOISIE

On a pu apercevoir sa création lors de la première édition de 15-2 : Événement-Jeux à Val-d’Or, en octobre dernier, dans le cadre du concours de création de jeux. Il compare cette expérience à un saut dans le vide : « Tout le monde veut sauter en parachute, mais rendu dans l’avion, il faut que tu sautes… tu n’es pas vraiment prêt à 100 %, mais c’est maintenant ou jamais. » Le temps était d’ailleurs parfait puisque c’était la première fois qu’un concours du genre était présenté dans la région, et rien ne garantissait qu’il y aurait une deuxième édition.

26 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

« Ça m’a obligé à oser, à avoir le guts de présenter ma création. Ça m’a aussi permis de rencontrer d’autres personnes qui ont créé des jeux et de voir le processus par lequel ils sont passés. Mais ce fut aussi un bon reality check : ça a confirmé, d’une façon positive, que le jeu n’était effectivement pas prêt. J’ai eu toutefois énormément de critiques positives. De voir le point


de vue de personnes en dehors de mon cercle d’amis testeurs, les points forts et les points faibles : tout est ressorti. Ça m’a permis de faire évoluer la création, plus de 60 % du jeu a été modifié dans les semaines qui ont suivi. » Le Valdorien en est sorti grandi, plus confiant, et il ajoute : « Mais principalement, ça m’a donné l’ouverture pour accepter le fait que je peux créer quelque chose. » Depuis, il a ajouté deux jeux à son portfolio : Blackhole Checkers, un jeu de dames avec un plateau en constant changement, et Les Trésors de l’île Mohr, un jeu tactile familial de chance, de mémoire et de bluff. Ce dernier a d’ailleurs fait fureur durant le temps des fêtes, alors qu’il l’a présenté à la famille et à des amis. « Jusqu’à maintenant, c’est mon préféré », lance-t-il avec fierté. Malgré cela, il ne se considère toujours pas un auteur de jeux : « Je crois qu’un auteur de jeu est plus structuré, il fait une recherche sur ce qu’il peut créer et il crée activement, non pas à la suite de flashs. » Dans le jargon du métier, il est un hobby designer, c’est-à-dire qu’il

est designer durant ses temps libres, et non pas de façon professionnelle. Éric Coulombe est conscient qu’il y a de gros défis pour les auteurs de jeux en région : « La distance physique limite les occasions pour faire tester ses créations, et encore plus pour faire des prestations officielles. Aller présenter dans les salons ou les expositions ou participer à des concours de jeux rend le tout très onéreux. Donc, dans le cas de créations hobby, qui ne sont pas conçues expressément pour vendre ou faire du profit, les dépenses se cumulent rapidement. »

des éditeurs. « Je n’ai pas eu d’offre formelle, mais j’ai eu un contact avec un éditeur européen qui me demandait de leur préparer une vidéo de présentation (de Kröm-Lek). Mon jeu à ce moment n’était vraiment pas prêt, il n’avait même pas été présenté publiquement… mais je ne dis pas que je ne les recontacterai pas plus tard. Seulement, j’ai beaucoup de travail à faire avant! »

Il a toutefois été contacté par un des organisateurs du Game Over, un événement qui se déroulera le 14 mars à Saguenay. Il raconte : « Ce qui est intéressant, c’est qu’ils ont une réalité très proche de la nôtre, en région éloignée. Je veux en profiter pour voir ce que ça fait de présenter [des jeux] à des gens totalement inconnus. » Il y fera son deuxième saut dans le vide avant de, peut-être, présenter ses œuvres à

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- RÉGION INTELLIGENTE -

UN PAYS SANS BON SENS (?) MICHEL DESFOSSÉS

Tel est le nom du film. À quelques semaines de la Crise d’octobre, Pierre Perrault réalise, en 1970, un film, un brulot pour l’époque : pour les personnages qu’il met en images, penseurs ou pêcheurs, il n’y a pas de pays sans appartenance. Un pays ne se définit pas par ce qu’il n’est pas, un pays n’est pas une barrière. Un pays sans projet est un pays sans bon sens. Sans destinée. Et comme le disait Alain Bashung : À quoi ça sert la frite si t’as pas les moules? Je m’interroge ces temps-ci sur la rareté des projets collectifs1 qui nous mobilisent. Sommes-nous toujours capables de rassembler nos forces? Sommes-nous à ce point gavés ou préoccupés par l’autosatisfaction de nos besoins pour ne pas prendre fait et cause pour notre territoire? Ces dernières semaines nous ont quittés coup sur coup deux porteurs d’espoirs, donneurs de sens, qui incarnaient l’idée même de projet de territoire et de dépassement dans le respect de leurs valeurs personnelles : Hilaire Boissé et Daniel Gagné. Un assureur et un artiste. Rien à voir.

de la toute nouvelle Fondation de notre université, l’UQAT. Il a recueilli 1 M$ en 3 ans. Avec Hilaire, nous avons cessé de nous définir comme un point cardinal sur une boussole, nous sommes devenus une région comme il convenait alors de nommer les territoires éloignés. Daniel Gagné aura marqué de plusieurs pierres notre édifice collectif tout en lançant l’une d’elles dans la marre témiscabitibienne. Daniel Gagné a honni copieusement le gentilé « témiscabitibien ». Pour lui, la dénomination administrative Abitibi-Témiscamingue n’aura jamais été qu’une bébelle de fonctionnaire tout à fait factice. Pour lui, c’était nier que les Premières Nations avaient déjà, bien avant nous, adopté une vision séculaire de ces deux territoires que sont l’Abitibi et le Témiscamingue. Mais Daniel avait surtout pour Vassan, son village, le même engagement qu’Hilaire pour le sien, Rapide-Danseur. Chacun dans son créneau intégrait très bien le concept de Bernard Vachon, professeur et penseur du développement régional : projet de territoire = territoire de projets. Pour accomplir ce qu’ils nous lèguent, leurs territoires intérieurs ont dû compter tout autant pour eux, j’en suis certain. Dans son livre Tout est foutu, Mark Manson explique que pour faire germer l’espoir, trois facteurs doivent être rassemblés :

Tout différents, pas du tout dans le même registre, mais deux individus obsédés par l’idée qu’un territoire ne peut être défini que par l’imaginaire collectif et l’investissement personnel dans un projet rassembleur.

le sentiment de maîtriser sa propre vie;

trouver un but qui mérite que l’ons’investisse;

À son heure, il y a plus de 50 ans, Hilaire Boissé a mis en place avec d’autres un forum régional de pris en charge de nos utopies collectives : le Conseil économique régional du Nord-Ouest québécois, le CERNOQ2. Avant tout le reste du Québec, lassé de la domination des grands conglomérats industriels sur sa destinée, le Nord-Ouest mettait la concertation de l’ensemble des acteurs socioéconomiques en avant comme moyen d’assurer son propre développement.

partager des valeurs avec unecommunauté d’individus.

Manson raconte que les sociétés les plus accomplies économiquement sont celles où les humains vivent le plus grand désespoir. Comme quoi le sens n’arrive pas avec le fric. Le sens. Donner du sens nous définit.

Hilaire Boissé a tellement cru à notre projet collectif qu’il a été directeur général bénévole

À BIENTÔT, MARIANE! L’équipe et le conseil d’administration de L’Indice bohémien tiennent à souligner l’excellent travail à la rédaction de Mariane Ménard qui quitte le journal pour voguer vers de nouveaux horizons. Nous te souhaitons le meilleur dans tes nouveaux projets et sache qu’il y aura toujours une place pour toi si tu veux continuer à écrire pour L’Indice.

28 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG


- LITTÉRATURE -

QUAND LES AUTEURS ONT LE DERNIER MOT… LES PRÉMISSES D’UNE JEUNE MAISON D’ÉDITION DOMINIQUE ROY

Ce n’est un secret pour personne; l’édition est un processus long et complexe qui décourage plus d’un auteur. Pour les débutants, il est difficile de percer, de réaliser le rêve de voir son manuscrit sur les tablettes de la librairie. C’est dans cette optique de chance égale pour tous que les Éditions Dernier Mot ont été fondées à l’hiver 2012. Le projet est celui de Jérémie Rivard, originaire de Ville-Marie.

moi, c’est moi qui suis au service de l’auteur. Je corrige le manuscrit, je fais la mise en page et je contacte l’imprimerie pour obtenir le produit fini. » Petit à petit, le mot circule et d’autres auteurs se manifestent : Mathieu Noël de La Sarre, Josée Sylvestre de Rouyn-Noranda et Rock Arpin de l’Outaouais. Pour la correction, Jérémie Rivard reçoit de l’aide, entre autres celle de Martine Ringuette qui est là depuis le début. Quant à la conception du site Web, elle est confiée à Pascal Média.

LE DÉBUT… LES PREMIERS MOTS En 2012, Jérémie Rivard termine l’écriture de son premier roman, Aux profondeurs de l’Abysse. « Je devais réfléchir à ce que j’allais en faire. Je n’avais aucune idée de la marche à suivre en vue de l’édition. Je me suis présenté à une maison d’édition où on m’a expliqué le processus de l’édition d’un livre, un processus qui m’a paru, à première vue, complexe et ardu, pour un auteur débutant qui désire simplement faire connaître son petit roman aux gens de son petit coin de pays. On m’a aussi expliqué le concept de maison d’édition à compte d’auteur, qui est en fait de pouvoir éditer en n’ayant toutefois pas de distributeur. J’ai donc mémorisé la démarche à suivre comme la conception de la couverture, la correction, l’impression et la mise en marché. Je me suis ensuite lancé. » Sa mission : permettre aux auteurs amateurs de publier sans passer par le processus interminable des maisons d’édition traditionnelles, éviter que leurs écrits sombrent dans un fond de tiroir ou dans un fichier d’ordinateur. « Il y a moyen de publier son ouvrage, en toute liberté, comme notre nom le dit : avoir le dernier mot sur son travail. »

LES MOMENTS IMPORTANTS… LES MOTS CLÉS Le Salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue est un moment marquant pour le jeune éditeur. En 2012, il y est seul pour y présenter son premier roman. En 2019, Marc-André Caron, Mathieu Noël et Josée Sylvestre l’accompagnent. « Quand on m’a demandé pour la première fois “C’est pour quand ton prochain livre? J’ai hâte de te relire!” fut un moment inoubliable. » Jusqu’à maintenant, la boîte compte sept publications, des ventes qui s’élèvent à plus de 1 500 exemplaires, et la nouvelle année s’annonce fort occupée avec la parution de trois romans : Le mystère de Riverfall de Rock Arpin, La fée de dents de Jérémie Rivard et un roman autour duquel règne un grand mystère. « Seul détail, il s’agira d’un roman érotique », une première pour cette maison d’édition qui se spécialise davantage dans le polar et le fantastique.

L’AVENIR… LES PROCHAINS MOTS L’ÉQUIPE… L’ENCHAÎNEMENT DES MOTS

JÉRÉMIE RIVARD

Les deux premières années, le nouvel éditeur est seul dans sa boîte. En 2014, Marc-André Caron se joint à l’aventure, le premier auteur pour lequel il allait travailler. « Car c’est très important de le mentionner : l’auteur ne travaille pas pour

Même si concilier le travail, la famille, l’édition et l’écriture s’avère un véritable défi, Jérémie Rivard entrevoit un avenir positif puisqu’il souhaite que les Éditions Dernier Mot prennent de l’expansion et attirent de nouveaux auteurs. « J’aimerais aussi que nous participions à davantage de salons du livre, exporter les Éditions Dernier Mot, si on veut. »

INDICEBOHEMIEN.ORG MARS 2020 29


- HOMMAGE -

AU REVOIR MON AMI! LISE MILLETTE

Artiste engagé, homme de convictions, parolier, chanteur, poète, contestataire, défenseur des nobles causes : Daniel Gagné a été de plusieurs combats. Les demi-teintes lui étaient étrangères, homme entier qu’il était. De l’Université Toulllmonde aux activités de la galerie de Vassan, à son engagement pour la reconnaissance des Premières Nations ou encore pour ce territoire qu’il affectionnait tant. Également ancien collaborateur de L’Indice bohémien, il s’investissait à fond, sans hésiter à prendre le micro ou le devant de la scène quand les choses n’avançaient « pas assez vite à son goût ». Il a été l’homme de la démesure. Démesure dans ses mots, dans ses actions, mais aussi dans sa loyauté indéfectible envers les siens. Une force de la nature dans son petit repère au fond des bois où, deux tronçonneuses aux mains, il pouvait presque prétendre déplacer la montagne, ou à tout le moins y faire un chemin.

COURTOISIE

Néanmoins, entre les coups de gueule et les coups de barre, derrière le grand homme il y avait aussi le sensible qui pouvait s’émouvoir devant une enfant juchée sur une tortue sculptée ou s’attendrir devant les oiseaux aux mangeoires placées à chacune des fenêtres, devant le beau du ciel qui se meurt dans l’eau alors que le jour passe à la nuit.

30 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG

Daniel Gagné n’a pas fait l’unanimité, mais c’est le lot de ceux qui osent déranger pour changer les choses.


CALENDRIER CULTUREL CONSEIL DE LA CULTURE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

MRC D’ABITIBI

VILLE DE ROUYN-NORANDA

THÉÂTRE DES ESKERS (AMOS) Hurlevents, 3 mars Irvin Blais, 12 mars Faire le beau, P. A. Méthot, 14 et 15 mars Garçon!, 17 mars Noir, Mike Ward, 28 mars Le nozze di Figaro Jeunesses musicales du Canada, 30 mars

BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE Conférence de Clifford Bélanger sur Expé-Expo 67, 26 févr. Cercle de lecture de la Mosaïque, 3 mars

AMALGAME PUB URBAIN Soirées artistiques Amalgame, 10 mars CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS Sans queue ni tête – ni vues ni connues, Chantale Girard, 17 janv. au 8 mars Il était une fois…, Paul Abraham 17 janv. au 15 mars

MRC D’ABITIBI-OUEST BRASSERIE LA BRUTE DU COIN Le party des Pic-bois, 29 févr. Vieux garçon, Martin Perizzolo, 20 mars CENTRE D’ART Joyeux amalgame : la revanche du domestique, Marylène Ménard et Robert Biron, 26 mars au 3 mai THÉÂTRE LILIANNE-PERRAULT Plaisir d’amour, Alexandra Smither et Rachael Kerr, 4 mars CINÉMA LA SARRE Le chant des noms, 9 mars Les quatre filles du docteur March, 23 mars SALLE DESJARDINS Faire le beau, P. A. Méthot, 11 mars Garçon!, 19 mars Maestria, 21 mars Noir, Mike Ward, 26 mars

THÉÂTRE DU CUIVRE Vintage 69, Gregory Charles, 27 févr. Le party des Pic-bois, 28 févr. Agrippina, 29 févr. Sympathie pour le diable, 1er et 2 mars Hurlevents, 4 mars Souvenirs d’un rendez-vous doux Justin Boulet, 6 mars Chaakapesh, 8 et 9 mars Trio Les Eskers, 10 mars Irvin Blais, 13 mars Der Fliegende Holländer, 14 mars Une ultime grâce, 15 et 16 mars Déjà, Simon Leblanc, 19 mars Garçon!, 20 mars Le rire, 22 et 23 mars Noir, Mike Ward, 25 mars Opus 7, Alain Lefèvre, 28 mars Faire le beau, P. A. Méthot, 17 et 18 mars Le chant des noms, 29 et 30 mars Le nozze di Figaro, Jeunesses musicales du Canada, 31 mars AGORA DES ARTS Les Sentinelles du Nord et Pionniers, 14 mars Antioche, Théâtre Bluff, 18 mars L’ÉCART Suggestions de slogans à scander Bruno Marceau, 30 janv. au 1er mars A Map Showing the Course of the True Love River, Gabrielle Desrosiers 30 janv. au 1er mars Si Dieu le veut, Sabina Chauvin Bouchard, 30 janv. au 1er mars

LA FONTAINE DES ARTS Lumière d’automne, Ghislain Hamelin, 6 févr. au 7 mars PETIT THÉÂTRE DU VIEUX-NORANDA Pilou, 16 mars Les Hôtesses d’Hilaire, 27 mars

MRC DE TÉMISCAMINGUE SALLE DOTTORI Gowan, 1er mars Conversation avec mon pénis, 5 mars Julie Kim et Chantal Desjardins, 14 mars New World Men, 28 mars LE RIFT Le Défi, 27 févr. Plaisir d’amour, Alexandra Smither et Rachael Kerr, 3 mars Les Chiens-Loups, 7 mars Faire le beau, P. A. Méthot, 10 mars QW4RTZ, 15 mars Noir, Mike Ward, 24 mars Kombini, Les Foutoukours, 28 mars Autopsie d’une autoroute Véronique Doucet, 24 janv. au 15 mars La convergence des contentions Pascale Bourguignon, 24 janv. au 15 mars

THÉÂTRE MEGLAB Roxane Bruneau, 21 mars FORÊT RÉCRÉATIVE Nuits (bi)polaires, 28 et 29 févr. CENTRE D’EXPOSITION VOART DE VAL-D’OR Incandescence, Sonia Haberstich 7 févr. au 19 avril Voyage en soi – un voyage vers notre vraie nature, Réal Fournier 7 févr. au 19 avril THÉÂTRE TÉLÉBEC Vintage 69, Gregory Charles, 26 févr. Hurlevents, 5 mars Faire le beau, P. A. Méthot, 12 et 13 mars Irvin Blais, 14 mars Garçon!, 18 mars Déjà, Simon Leblanc, 20 et 21 mars Gala Rayon C, 24 mars Kombini, Les Foutoukours, 26 mars Noir, Mike Ward, 27 mars Opus 7, Alain Lefèvre, 29 mars

MRC DE LA VALLÉE-DE-L’OR SALLE FÉLIX-LECLERC Opéra-conte Hänsel et Gretel, 26 févr. Souvenirs d’un rendez-vous doux Justin Boulet, 7 mars BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE VAL-D’OR Lancement de livre : Maryse Audet, 19 mars

Pour qu’il soit fait mention de votre événement dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, à partir du site Web du CCAT, au ccat.qc.ca/soumettre-evenement.php. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscriptions.

INDICEBOHEMIEN.ORG MARS 2020 31


32 MARS 2020 INDICEBOHEMIEN.ORG


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