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ARTS VISUELS
- ARTS VISUELS LES JARDINS À FLEURS DE PEAU, UNE GALERIE D’ART À L’INTERNATIONAL
MICHÈLE PAQUETTE
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JULIE BERNIER L’automne est une saison de lâcher-prise pour Francyne Plante, sculpteure et peintre multidisciplinaire. La cocréatrice des Jardins à fleur de peau de Val-d’Or avec son conjoint, le sculpteur Jacques Pelletier, a d’ailleurs profité de cette saison pour soumettre à un concours une peinture qui a ensuite été exposée à l’église de la Madeleine à Paris du 2 au 9 septembre. Cette peinture a déjà gagné un prix à Montréal, à Bruxelles et en Pologne.
Francyne Plante est née le 30 avril 1954 dans une famille de sept filles et deux garçons. Elle dit de ses parents qu’ils les ont toujours encouragés dans les arts : « Au chalet, si on voulait repeindre un plancher, ils nous laissaient faire. Ma mère avait un four à poterie. Les trois plus jeunes, on voyageait avec ma mère, on visitait des musées. » Avec ses sœurs Micheline et Denyse, elle forme d’ailleurs un trio qui fait des résidences d’artistes.
Dans les années 1980-1990, Francyne vit un « trip de retour à la terre au Témiscamingue » – comme elle le dit – pendant huit ans. Elle est alors bergère et utilise la laine de ses moutons qu’elle teint avec des produits végétaux avant de les tisser. Ses créations vestimentaires sont ensuite exposées à Rouyn-Noranda.
Les Jardins à fleur de peau prennent leur origine dans les années 2000, et même avant. Ils viennent d’un désir de créer la vie que l’on veut qui est un enseignement de sa mère. Ainsi, dit-elle, « J’avais projeté dans le futur quelque chose de gros bien avant de construire






Le spectacle jeunesse est bien vivant. Renouez avec le spectacle d’ici et ses artisans.
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Une initiative du Groupe de travail sur la fréquentation des arts de la scène (GTFAS)
ma maison et mon jardin ». Puis, tout se met en place pour créer sa vie d’artiste et le jardin : sa rencontre avec Jacques Pelletier avec qui elle a suivi des cours de sculpture dès 2001. « Le jardin, c’est ma plus grande œuvre. C’est une exposition en permanence. On y retrouve mes sculptures, mes peintures, mes poésies. Comme on reçoit des gens de partout dans le monde, c’est une galerie d’art à l’international », raconte-telle. Pour elle, la réalisation de soi est une valeur qu’elle prône depuis son tout jeune âge et qu’elle transmet dans la pratique de l’art et la conception des jardins.

Francyne Plante a suivi des cours à l’UQAT où elle a obtenu un certificat en arts plastiques et un autre en peinture. « Quand j’ai commencé dans l’art dans les années 2000, c’était pour me guérir. J’ai rencontré un médecin qui m’a dit, “Fais de l’art et plante des fleurs”. » Quant aux jardins, elle a toujours eu un potager.
C’est maintenant l’automne. Loin derrière, l’été, la saison d’effervescence qui plaît tant à Francyne pleine d’énergie. Elle a dû passer à travers l’entre-deux, ce qui est plus difficile pour elle. Voir le feuillage qui s’étiole, les fleurs qui disparaissent. Mais, dit-elle, une fois installée dans le rythme plus lent de l’automne où le jardin n’a plus besoin d’elle, elle peut créer et se déposer. Un jardin l’été, ça demande beaucoup de temps et d’énergie, même si elle se garde du temps pour sa création.
On lui laisse le mot de la fin : « On est tous nés pour créer. L’art, c’est ma nourriture quotidienne. »
MARCHE DE 2,5 ET 5 KM INSCRIVEZ-VOUS ONMARCHE.COM
GRATUIT ET OUVERT À TOUS
DATE : dimanche 17 octobre 2021 HEURE: départ continu entre 11 h et 12 h LIEU : Place de la Citoyenneté et de la Coopération 100, rue Taschereau Est Rouyn-Noranda
SPÉCIAL NOUVEAUX ARRIVANTS

- NOUVEAUX ARRIVANTS DÉCOUVRIR L’AUTRE PAR LA CUISINE
STÉPHANIE FORTIN
En février 2020, le Centre de Femmes du Témiscamingue et le Carrefour Jeunesse Emploi du Témiscamingue (CJET) organisent un souper interculturel. L’idée est de faire découvrir à la population témiscamienne les repas des pays d’origine de personnes immigrantes installées sur le territoire, tout en vivant des moments d’échange et de plaisir. Contexte pandémique oblige, en 2021, on opte pour une formule d’ateliers culinaires en ligne. « Nous avons contacté les cuisiniers et cuisinières volontaires du souper interculturel. Ils voulaient faire découvrir davantage leur cuisine aux gens d’ici et nous ont répondu positivement », mentionne Édith Kpodédon, agente de projet multiculturel au CJET.
Au total, quatre ateliers sont organisés, aux saveurs de l’Afrique de l’Ouest, du Maroc, du Brésil et de la France. « Nos inscriptions se remplissaient très vite. Pour le premier, nos places étaient complètes quatre heures après la publication Facebook », se remémore Édith Kpodédon.
C’est ainsi que le confinement de l’hiver 2021 se ponctue de ces rendez-vous où la réunion Zoom s’invite dans la cuisine. Les ingrédients sont préalablement livrés (et fournis gratuitement!) L’écran côtoie la planche à découper, les personnes participantes suivent et exécutent attentivement les indications de la cheffe ou du chef. Dans cet échange de précieux savoirs, la mosaïque des cuisines en action crée son charme. Si bien que l’on a la conviction de vivre un moment magique et unique, d’avoir une chance incroyable d’y être.

SHEILA REGINA GARCIA
Sheila Regina Garcia a présenté une recette dans un de ces ateliers, mettant à l’honneur son pays d’origine, le Brésil. Elle a révélé tous les secrets pour créer un délicieux filé mignon com suco de laranja quetjo. Elle habite au Témiscamingue depuis quatre ans, avec son mari et leurs quatre enfants, et a une garderie à la maison. « Les ateliers permettent de rencontrer les personnes immigrantes, on a la possibilité d’en apprendre un peu sur une autre culture. On se sent moins seule. Je répèterais l’expérience, car je pense que plus on a d’occasions de partager et d’être ensemble, plus on crée des liens. »
MOUNIA ABTAH
Grâce à Mounia Abtah, les participantes et participants ont pu cuisiner un poulet mchermel, un plat marocain typique et savoureux. Après avoir habité dans différentes régions du Québec, c’est au Témiscamingue que Mounia et son mari choisissent de venir s’établir en décembre 2015. Pour elle, qui est originaire de Rabat, le Témiscamingue évoque l’accueil, la nature et la tranquillité. « Il y a des choses qu’on n’a pas, mais il faut voir ce qu’on a! » Mounia Abtah offre un service de traiteur à domicile. On a notamment pu découvrir ses mets marocains à la Foire gourmande en 2018 et 2019.
POUR LES CRÉATEURS D’ICI
- NOUVEAUX ARRIVANTS LA SEMAINE QUÉBÉCOISE INTERCULTURELLE CÉLÉBRÉE PARTOUT DANS LA RÉGION
GENEVIÈVE SAINDON-L’ÉCUYER
Le monde est riche dans sa diversité culturelle et en Abitibi-Témiscamingue, nous en sommes bien conscients. C’est pourquoi, encore une fois cette année, la Semaine québécoise des rencontres interculturelles sera soulignée un peu partout dans la région du 18 au 24 octobre sous le thème « Notre Québec en commun ».
La mission de cet événement consiste à mettre en valeur l’importance de la participation de l’ensemble des Québécoises et Québécois de toutes origines à faire prospérer le Québec. C’est aussi le moment idéal pour ouvrir le dialogue, favoriser les rapprochements interculturels et promouvoir l’immigration et la diversité. La route a été longue pour se rendre jusqu’ici et c’est l’occasion toute désignée pour démontrer notre soutien à ces gens qui sont maintenant chez eux, chez nous.
Étant des partenaires du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, les carrefours jeunesse-emploi sont des acteurs importants quant à l’organisation des activités durant cette semaine.

L’an dernier en Abitibi-Ouest, c’est en collaboration avec les jeunes de 4e et 5e secondaire de la Polyno de La Sarre que le Carrefour a mis en branle l’événement. Une exposition sous le thème de la réalité que vivent les nouveaux arrivants a été présentée aux étudiants. S’en est suivi un concours de création sur l’importance de l’interculturalisme.
Les organisateurs comptent bien marquer le coup encore une fois cette année en tentant de mobiliser des gens du milieu et de les impliquer. Selon Laurent Chalifour, du Carrefour jeunesse-emploi d’Abitibi-Ouest, le fait de s’impliquer concrètement dans une activité permet d’avoir une meilleure vue d’ensemble sur la réalité des nouveaux arrivants et facilite ainsi la sensibilisation à celle-ci.
De plus, c’est un mandat bien connu de l’organisme qui bénéficie de plusieurs programmes d’aide à l’intégration des personnes immigrantes. Pour les gens qui souhaiteraient organiser une activité en lien avec la Semaine québécoise des rencontres interculturelles ou y participer, n’hésitez pas à contacter le carrefour jeunesse-emploi de votre municipalité à cet effet.
Du côté de Rouyn-Noranda, c’est la Mosaïque interculturelle qui organise la plupart des activités. Si vous ne connaissez pas la mission de la Mosaïque, sachez que celle-ci a pour but de faciliter l’intégration et l’adaptation des personnes immigrantes en Abitibi-Témiscamingue et de promouvoir l’interculturalisme ainsi que le mieux vivre-ensemble en offrant toutes sortes de services, et ce, depuis maintenant 30 ans. Tous les renseignements se trouvent sur leur site Internet.
La Semaine québécoise des rencontres interculturelles en sera à sa 19e année et a lieu à travers tout le Québec. Sa longévité vient appuyer une fois de plus sa valeur et son importance au sein de la population. Si vous n’avez jamais participé à l’une de ses activités, sachez que l’invitation est lancée et que c’est ouvert à toutes et à tous.
Au Centre d’exposition d’Amos…
Jusqu’au 7 novembre
CORPS ÉTRANGER II – Œuvres récentes
MARIE-EVE FRÉCHETTE - SCULPTURE/INSTALLATION


©GUILLAUME D. CYR
Jusqu’au 31 octobre
LE NOIR DE L’ENCRE
EXPOSITION COLLECTIVE RÉUNISSANT 12 ARTISTES : GABRIELLE DEMERS/ DONALD TRÉPANIER, ISABELLE ROBY/LUC BOYER, JOANNE POITRAS/ LUC BRÉVART, MARTINE COURNOYER/ANDRÉ GAGNON, NICOLE GINGRAS/ LOUIS BRIEN, VIOLAINE LAFORTUNE/RAM SAMOCHA
©SYLVAIN TANGUAY HORAIRE - ENTRÉE LIBRE
Mardi – Mercredi 13 h à 17 h 30 Jeudi – Vendredi 13 h à 17 h 30 - 18 h 30 à 20 h 30 Samedi 10 h à 12 h - 13 h à 17 h Dimanche 13 h à 17 h
- NOUVEAUX ARRIVANTS -
UN PAS VERS L’AUTRE
ARIANE MILOT
Immigrer dans un autre pays est une expérience immensément riche. Cela demande beaucoup d’énergie, de patience et d’adaptation. La clé de la réussite de cette expérience : l’intégration! Mais lorsqu’on parle d’intégration, qu’est-ce que ça implique?
La personne vivant une telle expérience passera par un processus composé d’une série d’étapes. Ce processus sera vécu différemment par chacun. Ce processus d’intégration, que nous pourrions aussi appeler « processus pour se sentir à la maison », est composé de quatre étapes, soit la lune de miel, le choc culturel, l’adaptation et l’intégration.
La première étape, la lune de miel, est une étape de fébrilité et de découverte! On veut tout voir, on est excité par ce grand changement, tout est beau et magnifique dans la découverte du nouveau pays! Je compare cette étape à l’état dans lequel nous sommes lors de nos vacances. Cette étape peut durer de quelques semaines à quelques mois.
La deuxième étape, le choc culturel, est une période assez déstabilisante. Il s’agit d’un moment de frustration et de confusion. On est hors de notre zone de confort, on ne retrouve pas nos repères et on est loin de la famille. À ce moment, tout peut devenir un irritant et plusieurs peuvent souhaiter retourner à la maison. Pour certains, cette étape sera rapide, et pour d’autres, plus longue dans le temps. Ce qui est très important à retenir : c’est long, mais c’est temporaire!

La troisième étape, l’adaptation. À cette étape, on commence à se trouver certains remèdes pour bien se sentir au quotidien. On commence à s’adapter, à trouver nos repères, à établir de nouvelles habitudes de vie. On rencontre de nouvelles personnes, on aime plusieurs aspects de notre nouvelle vie, même s’il y a certaines choses qui nous manquent de notre pays d’origine, ce qui est normal. Pour arriver à cette étape, il faut être ouvert, se laisser une chance de connaître la culture et d’aller à la rencontre des autres, mais aussi laisser la chance à l’autre d’apprendre à nous connaître et d’aller vers nous!
La quatrième étape, l’intégration. Cette étape, qui se réalisera après quelques années, est la finalité de ce processus. On se sent chez soi, on a intégré plusieurs valeurs du Québec, peut-être différentes des valeurs d’où l’on vient. On a changé en tant que personne à cause du processus, des épreuves qu’on a traversées. Il faut se laisser le temps pour y arriver!
Je vous repose maintenant la question : lorsqu’on parle d’intégration, qu’est-ce que ça implique?
Intégrer une nouvelle culture, ce n’est pas seulement rencontrer ses nouveaux collègues de travail, savoir où se trouve l’épicerie du coin et s’abonner à la salle de gym. C’est beaucoup plus que ça! Ça se fait sur le long terme. Intégrer un nouveau milieu, ça demande du temps et dépend de plusieurs facteurs. On ne peut parler d’intégration en quelques semaines ou quelques
POUR DU CONTENU 100% RÉGIONAL
mois. De plus, on ne peut tout simplement pas rejeter la faute sur l’autre si ça ne fonctionne pas. On ne bâtit pas un pont seul sans aide et sans équipement, même avec tout le bon vouloir du monde!
L’intégration demande un grand travail de collaboration des deux côtés. La personne nouvellement arrivante doit s’ouvrir, se mettre en action et laisser une chance à la communauté de vouloir la connaître. De l’autre côté, la communauté et les personnes qui l’entourent doivent être présentes, vouloir en apprendre sur l’autre, laisser de côté ses préjugés et tendre la main. C’est un travail d’équipe qui réussira seulement si chacun fait un pas vers l’autre.
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- NOUVEAUX ARRIVANTS SAN TRAORE : DU BURKINA FASO À MACAMIC
GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU

COURTOISIE

Quitter sa famille et son pays pour partir travailler à l’autre bout du monde demande un courage et une détermination indéniables. C’est le choix qu’a fait San Traore, alors qu’en décembre 2020, il a laissé derrière lui sa femme, sa fille et son village du Burkina Faso pour s’établir à Macamic. Neuf mois plus tard, il se sent chez lui en Abitibi-Ouest.
Dans son pays d’origine, en tant que superviseur principal pour la compagnie minière Iamgold, San Traore avait l’habitude de fréquenter des travailleurs canadiens qu’il surnommait « les expatriés ». C’est eux qui l’ont convaincu d’entreprendre les démarches pour s’expatrier à son tour, occasion qu’il a saisie en devenant soudeur-monteur pour l’entreprise Radiateur JMT. « Quand on est arrivés le 31 décembre, il faisait tellement froid qu’on avait presque peur! » raconte-til en riant. Heureusement, l’accueil chaleureux des citoyens, qui se sont montrés très sociables et ouverts d’esprit, l’a rapidement rassuré.
LA VALEUR DE LA PROXIMITÉ
Pour M. Traore, le fait de vivre dans une petite communauté comme Macamic représente un avantage important. Le rythme de vie et la proximité avec les gens lui laissent le temps de s’adapter à son aise. Il trouve également quelques ressemblances entre ses communautés d’accueil et d’origine, entre autres l’importance accordée aux activités sociales. Avec d’autres Burkinabés installés en Abitibi-Ouest, M. Traore s’est impliqué dans une équipe de soccer pendant sa première année en sol québécois : « Ça nous a beaucoup aidés! On a pu rencontrer des Canadiens, des Tunisiens, des Marocains, tout ça dans un bel esprit d’équipe. »
Selon M. Traore, la diversité culturelle au sein d’une communauté est un grand atout. Il constate que son entourage québécois est curieux de sa culture et que leurs conversations les poussent à s’ouvrir mutuellement à des enjeux et des réalités auxquels ils n’auraient pas accès autrement.
UNE ADAPTATION NÉCESSAIRE
Malgré l’affection évidente que M. Traore porte à son nouveau territoire, certaines adaptations se sont avérées nécessaires, comme l’apprentissage de règles différentes de celles du Burkina Faso, ou encore l’adoption d’un nouveau régime alimentaire.
M. Traore déplore également la complexité et la difficulté d’accès aux renseignements concernant le fonctionnement du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration. Alors qu’il vient de se voir refuser une demande de rapatriement pour sa femme et sa fille, il tente, avec l’aide du Carrefour jeunesse emploi d’Abitibi-Ouest, de comprendre comment faire changer cette décision. DONNER AUX SUIVANTS
Avec les autres Burkinabés établis en Abitibi-Ouest, San Traore aimerait créer une initiative d’aide et des outils de référence pour les nouveaux arrivants. Il espère ainsi les faire profiter de son expérience afin qu’ils et elles se sentent rapidement compris et bien entourés.
Entre-temps, il effectue les démarches nécessaires pour obtenir sa résidence permanente et continue d’apprivoiser avec enthousiasme sa nouvelle communauté.
- NOUVEAUX ARRIVANTS -
LOIN-NORANDA
MARJOLÈNE LECONTE
Bonjour, je m’appelle Marjolène. Je ne suis pas immigrante, non, mais je suis nouvellement arrivée en Abitibi-Témiscamingue, et ce n’est pas rien! J’arrive du sud, là où il fait chaud longtemps, où le chasse-moustique est une option. Et j’habite à RouynNoranda, ou « Loin-Noranda », comme nous disons dans ma famille. Ma famille, elle, est restée au chaud, et moi, je suis partie dans « le fin fond du trou du cul du monde », comme j’aime dire. Vous allez me dire, « Pourquoi? » Eh bien, c’est l’amour évidemment!

Oui, l’amour d’une personne, mais maintenant, c’est l’amour d’une région.
Bon, ça n’a pas toujours été le cas. Ne soyez pas offensés, mais c’est difficile d’arriver en Abitibi-Témiscamingue! La première fois que j’ai mis les pieds dans la région, il faisait un temps gris, il mouillassait. Je vois au loin des montagnes, « enfin des montagnes, wow!» En m’approchant, je vois que c’est la ville de Malartic. La montagne, c’est une mine à ciel ouvert. « Quelle horreur, c’est le Mordor ici!» me suis-je dit.
J’avais des attentes. Je croyais que l’Abitibi-Témiscamingue, c’était le parc de La Vérendrye. Et je me rendais compte que les villes et villages qui défilaient devant mes yeux étaient, comment dire, industriels, gris et bruns, froids, sans trop de verdures. Je n’y retrouvais pas le cachet des petits villages du sud du Québec.
J’ai été déçue, je vous le confesse.
Ça m’a pris du temps avant de l’aimer, ma région. Le gros défaut : c’est loin. C’est loin de ma famille. J’ai souvent « braillé » je l’avoue. Je suis une petite sensible, une petite nature comme on dit.
Cela m’a fait songer à la résilience des immigrants qui changent carrément de pays. Ils ne parlent souvent pas la langue, ils ne connaissent pas les us et coutumes du Québec. Faire seulement l’épicerie peut être un défi pour eux! Et surtout, ils sont loin de leur famille. Ils ne connaissent souvent personne. Nous sommes tous d’accord pour dire que l’isolement et la solitude sont extrêmement difficiles.
Vous vous demandez pourquoi je reste en AbitibiTémiscamingue. Eh bien ce sont les gens, cette communauté. Je dois admettre que ce n’est pas dans tout le Québec que les gens sont aussi accueillants. Les gens ici ont un sentiment d’appartenance tellement fort à leur région. Tout le monde en parle tellement en bien, avec fierté. On a le goût de s’attacher à elle et d’en être fier aussi.
L’Abitibi-Témiscamingue, c’est comme une personne que tu rencontres et avec qui tu as envie de tomber en amour.
Aujourd’hui, je me surprends à dire à mes proches qu’ici, le ciel est merveilleux, « c’est celui sur la carte soleil! » Et les lacs, c’est comme être dans un chalet à longueur d’année. Je me suis même attachée au paysage lunaire, rocailleux de Rouyn-Noranda. Bien que je sois nouvellement arrivée en Abitibi-Témiscamingue, je suis fière de ma région moi aussi, et je sens que j’appartiens à la communauté.
Et moi qui voulais repartir dans mon ancien patelin!
C’est amusant parce que je travaille actuellement à la Mosaïque interculturelle et je contribue avec fierté à la construction du sentiment d’appartenance des nouveaux arrivants à leur belle région. C’est ce que j’appelle, redonner au suivant.