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ARTS VISUELS 10 ET

Tous deux diplômés de la Maison des métiers d’art de Québec, Hélène et Jean-Robert s’interrogeaient depuis déjà quelques années à propos de l’existence d’un point de rencontre possible entre les métiers d’art et les arts visuels. Ne pourrait-il pas y avoir un dialogue entre ces deux pratiques? Ne pourraient-elles pas se mettre en valeur l’une l’autre, dévoilant ainsi un nouveau territoire d’exploration? Et si un décloisonnement permettait à la fois de conserver les pratiques traditionnelles et de les réinventer?

C’est dans cet esprit que vous sont présentés les deux éléments principaux de cette exposition : des porcelaines finement colorées de formes variées, accumulées et étalées, et des sculptures figuratives en plâtre aux tons agencés. Au premier coup d’œil, le seul pont entre les deux univers est la couleur, mais pas n’importe laquelle.

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C’est Hélène qui donne le ton avec le délicat pastel de ses bouteilles et de ses gobelets. Je vous invite à porter votre attention sur deux choses particulièrement remarquables dans ce travail de céramique. Tout d’abord, la densité chromatique, et ensuite, la subtilité des nombreuses déclinaisons de tons. En effet, voilà environ 600 bouteilles et 250 gobelets qui se présentent à vous, habillés d’une robe de couleur particulière, résultat d’une recette exclusive. On comprend donc que l’argile de toutes ces bouteilles a été colorée à même la masse (non, rien n’y est peint) à l’aide d’un ratio de pigments précisément calculé pour chacun des objets. Pour arriver à un résultat de cette qualité et de cette constance, Hélène utilise… de nombreux tableaux Excel remplis de formules afin de décliner les tons de manière systématique! Pourrait-on imaginer une démarche aussi rigoureusement mathématique derrière une production qui dégage autant de simplicité?

Bien sûr, cette partie du travail d’Hélène correspond pleinement à une production de métiers d’art, c’est-à-dire le respect d’une technique traditionnelle (la porcelaine), la minutie du geste, la démarche de longue haleine qui requiert de la patience et de la concentration, etc.

Or, et c’est une vision bien personnelle que je propose de l’installation, j’ai l’impression que ce corpus appartient tout autant au monde des métiers d’art que des arts visuels. Attention cependant, ce n’est pas parce que ce sont des pièces dites « d’expression » (les bouteilles, par exemple, sont pleinement fonctionnelles, et les gobelets pourraient l’être dans une certaine mesure), mais bien par leur disposition dans l’espace.

Pour moi, quelques références à de grands courants ou types d’œuvres de l’histoire des arts visuels s’imposent à la spectatrice et au spectateur. On pense d’abord à l’objet du quotidien (la bouteille, le gobelet) élevé au statut d’œuvre d’art par les artistes du pop art, de même qu’à la répétition des motifs que ces artistes popularisent, notamment avec les portraits sérigraphiés de personnages célèbres, dont ceux de Marilyn Monroe.

ANNIE OLIVIER

Aussi, je ne peux m’empêcher d’y voir un clin d’œil aux œuvres d’art optique, lesquelles interviennent sur les relations entre les couleurs afin d’avoir un impact sur la perception de la spectatrice et du spectateur.

Finalement, il est primordial de considérer le type d’œuvre que nous avons sous les yeux, c’est-à-dire une installation. Pratique artistique popularisée dans les années 1970, celle-ci implique à la fois la spectatrice ou le spectateur et l’espace dans lequel elle ou il se trouve, afin de lui offrir une expérience qui dépasse la simple appréciation visuelle.

Ce volet installation se « vit » dans la petite salle derrière l’étalage de bouteilles, dans laquelle on peut marcher et être traversé du même coup par les ombres généreuses créées par les bouteilles. Voilà un travail de l’espace et de la lumière qui transporte la spectatrice ou le spectateur dans un univers en noir et blanc à l’intérieur duquel la présence de l’objet est dématérialisée et la couleur, évacuée.

Bien sûr, il y aurait d’autres éléments à relever concernant ce sujet fort intéressant du rapport métiers d’art/arts visuels, notamment en ce qui concerne le traitement des éléments sculpturaux, mais je vous laisse le soin de continuer cette discussion lors de votre visite. Comme j’aimerais vous entendre à ce propos…

Alors, et si les métiers d’art et les arts visuels se retrouvaient au bout de ta rue, qu’en dirais-tu? Eh bien, Hélène et son mari ont sans contredit annoncé leurs couleurs là-dessus.

L’Indice bohémien souhaite remercier chaleureusement Hélène Chouinard et Jean-Robert Drouillard, artistes, ainsi que Marianne Trudel, chef de division du Centre d’exposition pour leur accueil chaleureux.

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– ARTS ET TECHNOLOGIES –LE FABLABLAB, UN OVNI NUMÉRIQUE

GABRIELLE IZAGUIRRÉ-FALARDEAU

« Notre seule limite, c’est votre créativité! », tel est le slogan proposé par le FABLABLAB sur son site Web dont les différentes pages font la promotion d’un espace de création et de formation aux technologies numériques rendant accessibles au public diverses ressources humaines et matérielles.

IL Y A QUELQUE CHOSE QUI CLOCHE…

Présenté comme le fruit d’une collaboration belgo-canadienne et basé à Mons, en Belgique, l’espace aurait été fondé en 2022. De prime abord, tout semble en ordre. La structure habituelle d’un site Web est respectée, les renseignements sont plausibles et l’offre est cohérente avec les tendances actuelles. Pourtant, des détails accrochent l’œil, des phrases sont incomplètes ou étrangement structurées, l’anglais et le français se chevauchent, les photos des membres de l’équipe ont quelque chose d’artificiel et le graphisme semble inabouti. En somme, on ne peut s’empêcher, après une observation approfondie de la plateforme, de s’interroger sur la crédibilité de sa proposition. Et pour cause : le FABLABLAB est une pure fiction, directement sortie des têtes de la muséographe belge Nathalie Cimino et de l’artiste multidisciplinaire Dominic Lafontaine, de Timiskaming First Nation.

UN PRODUIT CROISÉ INSPIRÉ PAR LES CLICHÉS

Plutôt qu’un véritable lieu physique de rencontre et de création, le FABLABLAB est le fruit d’une résidence croisée entre La Chambre blanche, une galerie et un centre d’artistes de Québec, et Transcultures, un centre multidisciplinaire pour les cultures numériques et sonores basé à Mons, en Belgique. Au cours d’une première semaine d’échange, en juin, Nathalie et Dominic en sont venus à l’idée de recourir aux clichés du milieu des technologies numériques pour proposer une réflexion sur le sujet. « J’ai travaillé comme facilitateur dans un Fab Lab [atelier de fabrication collaboratif]. Il y a beaucoup de clichés, de buzzwords [mots à la mode] dans ce monde-là. Innovation, communauté, tout ça… c’est beaucoup de blabla, d’où le nom aussi, FABLABLAB », explique Dominic.

Le duo a ainsi entièrement créé un site à partir d’une intelligence artificielle. « Les images, les noms des personnes, les compétences des membres de l’équipe et tout le contenu ont été créés par l’intelligence artificielle. J’ai copié toutes les descriptions de Fab Lab à travers la France et la Belgique et je les ai mis dans un générateur de textes », précise Dominic. Pour illustrer physiquement le FABLABLAB, l’artiste a également eu recours à des générateurs d’images, après avoir passé un mois à explorer les outils nécessaires et à en apprendre sur leur utilisation.

C’EST PAS FINI!

Au terme de leur résidence, en juillet, le duo a présenté le résultat de sa démarche à la Maison du design de Mons sous la forme d’un argumentaire de vente, présentation PowerPoint et offre de services à l’appui, une formule bien reçue par le public présent à l’événement.

Dominic souligne la richesse de sa rencontre avec Nathalie et la culture belge. Arrivé en Belgique pendant la Ducasse ou « Doudou » de Mons, une grande fête traditionnelle s’étendant sur plusieurs jours, l’artiste dit s’être senti bien accueilli par l’équipe et par la communauté locale. De plus, il a découvert plusieurs points communs entre l’humour belge et celui des Québécois et Québécoises, ce qui a permis d’explorer ensemble ce créneau un brin caricatural. Peut-être en preuve de la complicité développée au sein du duo, diverses avenues sont envisagées pour la continuité du projet. Un livre documentant l’ensemble de la démarche et du projet pourrait ainsi voir le jour.

Pour découvrir le FABLABLAB et plonger dans cet univers numérique juste assez décalé, rendez-vous au fablablab.com.

Au Centre d’exposition d’Amos…

COLORIER, COLORER, COULEURER

EXPOSITION JEUNESSE PRODUITE PAR LE CENTRE D’EXPOSITION RAYMOND-LASNIER

Dédiée spécialement aux enfants de 3 à 10 ans

ILS-ELLES SE SONT RETROUVÉ-ES AU BOUT DE TA RUE

HÉLÈNE ET SON MARI

SCULPTURE/INSTALLATION

© CULTURE TROIS-RIVIÈRES, 2019. ŒUVRE D’EVE TELLIER-BÉDARD © UNE SILHOUETTE EMBALLÉE ET CONTAMINÉE (SON MARI), TILLEUL, CATALOGNE ET PORCELAINE, 2012-2020 ©) AU FIL DE L’EAU

EXPOSITION PHOTOGRAPHIQUE À l’extérieur, le long du sentier Forex

SE POURSUIT TOUT LE MOIS D’OCTOBRE

HORAIRE - ENTRÉE LIBRE

Mardi – Mercredi 13 h à 17 h 30 Jeudi – Vendredi 13 h à 17 h 30 - 18 h 30 à 20 h 30 Samedi 10 h à 12 h - 13 h à 17 h Dimanche 13 h à 17 h

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