DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 // L'INDICE BOHÉMIEN // VOL. 13 - NO. 4

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JOURNAL CULTUREL DE L’ABITIBI-TÉMIS C AMINGUE - DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 - VOL 13 - NO 04

GRATUIT

ROGER PELERIN

UN HOMME SOUS LE CIEL

+ SPÉCIAL MÉTIERS D’ART ET TRADITIONS DES FÊTES

07

PIERRE L ABRÈCHE, UN HOMME DE LET TRES

14

MARIO MEL ANÇON, CHAUFFEUR PRIVÉ DU FCIAT

20

ENTRETIEN AVEC DIANE TELL

27

CENTRE D’ART DE L A S ARRE : PÔLE DES MÉTIERS D’ART

33

L’ARCHE DE NOÉ EN PAPIER


L’indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région. 150, avenue du Lac, Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5

DISTRIBUTION

Téléphone : 819 763-2677 - Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org

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CHRONIQUES

ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien

Valérie Martinez à direction@indicebohemien.org.

Publié 10 fois l’an et distribué gratui­ tement par la Coopérative de

Merci à l’ensemble de nos collaboratrices et collaborateurs bénévoles pour

solidarité du journal culturel de l’Abitibi-­ Témiscamingue, fondée en

leur soutien et leur engagement :

novembre 2006, L’Indice bohémien est un journal socioculturel régional et

ÉDITORIAL 3

indépendant qui a pour mission d’informer les gens sur la vie culturelle et

MRC D’ABITIBI

ENVIRONNEMENT 8

les enjeux sociaux et politiques de l’Abitibi-Témiscamingue.

Jocelyne Bilodeau, Josée Bouchard, Valérie Castonguay, Jocelyne Cossette,

L’ANACHRONIQUE 6 MA RÉGION, J’EN MANGE

38

Paul Gagné, Gaston Lacroix, Martine Lampron, Monique Masse, Mathieu Proulx,

CONSEIL D’ADMINISTRATION

Manon Viens et Sylvie Tremblay.

Marie-Déelle Séguin-Carrier, trésorière | Ville de Rouyn-Noranda

SOMMAIRE

Joanie Harnois, secrétaire | Ville de Rouyn-Noranda

MRC D’ABITIBI-OUEST

Annie Quenneville | MRC d’Abitibi

Raphaël Morand, Sophie Ouellet et Mario Tremblay.

À LA UNE

5

Lyne Garneau | Ville de Rouyn-Noranda

ARTS VISUELS

33

Pascal Lemercier | Ville de Rouyn-Noranda

VILLE DE ROUYN-NORANDA

CINÉMA

14 À 17

Michaël Pelletier-Lalonde | MRC de la Vallée-de-l’Or

Gilles Beaulieu, Anne-Marie Lemieux, Suzanne Ménard, Annette St-Onge et

CONTE 7

Denis Trudel.

CULTURE 37

DIRECTION GÉNÉRALE ET VENTES PUBLICITAIRES

FESTIVAL 34

Valérie Martinez

MRC DE TÉMISCAMINGUE

LITTÉRATURE

direction@indicebohemien.org

Émilie B. Côté, Véronic Beaulé et Carole Marcoux.

10 À 13

MÉTIERS D’ART ET TRADITIONS DES FÊTES

819 763-2677

22 À 31

MRC DE LA VALLÉE-DE-L’OR

MUSIQUE 20

RÉDACTION ET COMMUNICATIONS

Julie Allard, Nicole Garceau, Rachelle Gilbert, Anik Lajeunesse,

THÉÂTRE 18

Jade Bourgeois, coordonnatrice

Renaud Martel, Brigitte Richard et Ginette Vézina.

redaction@indicebohemien.org 819 277-8738

CONCEPTION GRAPHIQUE

Véronique Trudel, éditorialiste invitée

Feu follet

Jean-Lou David, collaborateur à la une

CORRECTION RÉDACTION DES ARTICLES ET DES CHRONIQUES

Geneviève Blais

Lydia Blouin, Jade Bourgeois, Gabrielle Demers, Joanie Dion, Audrey-Anne Gauthier, Melany Grenon, Régis Henlin, Philippe Marquis,

IMPRESSION

Ariane Ouellet, Julien Pouliot, Nancy Ross, Dominique Roy,

Imprimeries Transcontinental

Geneviève Saindon-L’écuyer, Valéry Saint-Germain et Christine Vallière.

TYPOGRAPHIE COORDINATION RÉGIONALE

Carouge et Migration par André SImard

Danaë Ouellet | MRC d’Abitibi Louise Magny | MRC d’Abitibi Sophie Ouellet | MRC d’Abitibi-Ouest Alex Turpin-Kirouac | Ville de Rouyn-Noranda Véronic Beaulé | MRC de Témiscamingue Stéphanie Poitras | MRC de la Vallée-de-l’Or

EN COUVERTURE Roger Pelerin dans son atelier sur l’île Nepawa.

Certifié PEFC

Photo : Alexia Martel-Desjardins

Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées

PEFC/01-31-106

2 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN

www.pefc.org


- ÉDITORIAL -

LES MÉTIERS D’ART AU CŒUR DE MA VIE! VÉRONIQUE TRUDEL

Du plus loin que je me souvienne, les arts ont toujours tenu une place Québec afin de faire découvrir à notre communauté la multiplicité des pratiques et ensuite, importante dans ma vie. Déjà, toute petite, j’avais 1001 projets de création les coûts afférents au transport des œuvres et des artistes. Comme dans tous les domaines pour lesquels je remportais souvent une reconnaissance. Autour de moi, de création artistique, le contact des publics avec les artistes permet un échange direct quant deux de mes grands-parents réalisaient une multitude d’objets au cœur à leur démarche et facilite l’éveil aux différentes pratiques. Malgré les contraintes d’accès et de leur foyer familial. Ma grand-mère Petitclerc-Trudel créait des tapis de coûts de transport, il m’apparaît essentiel d’encourager les idées créatrices et artistiques tressés et des courtepointes qui s’avéraient être de véritables tableaux. Elle utilisait les vieux des artistes et de permettre une visibilité accrue de leur travail par la mise en valeur de vêtements des enfants et, à l’avant-garde de la récupération, elle les découpait dans différentes leur travail de différentes manières. formes géométriques et les assemblait pour en faire de véritables mosaïques aux couleurs variées. Mon grand-père Picard, qui était bucheron, a fabriqué avec le bois qu’il a buché, des LES MÉTIERS D’ART, QU’EST-CE QUE C’EST? planches à pain en bouleau avec leur couteau monté à partir d’une scie à bois. Et tout ceci, à notre insu, pour les offrir en cadeau à Noël. Ces objets uniques, réalisés par des artisans qui L’identité des métiers d’art et du travail des artistes, artisanes et artisans n’est pas facile à ne vivaient pourtant pas de leur art, ont toujours suscité mon admiration et continuent à définir. On distingue plus de cent métiers dans le domaine professionnel des métiers d’art, vivre autour de moi. Ils sont le fil conducteur de mon histoire, ils font partie de mon identité incluant ceux de l’architecture et du patrimoine. Entre le concept d’artisanat traditionnel, québécoise et ils sont l’expression de multiples savoir-faire. Bref, ils ont éveillé ma sensibilité et le design, la création artistique, l’industrie, les pratiques hybrides et la multitude d’objets mon intérêt particulier pour les métiers d’art et les savoir-faire traditionnels. Devenue adulte, offerts au public, les professionnelles et professionnels des métiers d’art doivent euxj’ai toujours une multitude de projets de création mêmes se situer, individuellement ou collectivement, en tête et j’explore autant le tissage que le tricot, Il m‘apparaît essentiel d’encourager les idées afin de garder leur place vivante et de l’accroître la peinture, la céramique ainsi que la restauration de dans le domaine des arts et sur les marchés créatrices et artistiques des artistes et de meubles anciens. nationaux et internationaux. Aujourd’hui, le terme permettre une visibilité accrue de leur travail artisan est encore couramment utilisé pour désigner Aujourd’hui, après plus de dix ans comme la personne qui conçoit et fabrique des pièces de par la mise en valeur de leur responsable du Centre d’art de La Sarre, les métiers série destinées à une fonction utilitaire ou décorative. d’art et la passion qu’ils m’inspirent demeurent Il fait également référence à un savoir-faire de travail de différentes manières. la transformation de matière et à la transmission intacts. Utilitaires, décoratifs ou artistiques, les de celui-ci. Le terme artiste tend à s’appliquer objets faits main méritent d’avoir leurs lettres aux créateurs de pièces uniques aussi nommées œuvres d’expression et de petites de noblesse et c’est dans cet esprit que j’ai entamé, il y a quelques années, la réorientation du centre d’art afin d’en faire un lieu de diffusion spécialisé. Les objets issus séries. Pour l’artiste qui a une pratique en métiers d’art, l’imaginaire de l’objet d’un savoir-faire en métiers d’art illustrent un travail de la matière et une expression propre à prend différents visages. Ces objets innovants mettent de l’avant l’idée de la forme ou de chacun des créateurs qui se cachent derrière ceux-ci. À travers mon implication et ma passion l’image qui constitue alors la véritable fonction de ceux-ci. Finalement, lorsqu’il aborde ainsi que la programmation du centre d’art, je tente à la fois de démystifier et surtout de faire les métiers d’art, Bruno Andrus, docteur en histoire de l’art québécois et souffleur de verre, parle davantage de transformation de la matière dans une perspective qui propose quatre rayonner la polyvalence et la multiplicité des pratiques en métiers d’art par la sensibilisation axes de développement au fil des décennies, soit l’approche artisanale, l’approche industrielle, dans ma communauté à l’aide de projets structurants. l’approche environnementale et l’approche artistique. Notre belle région fait face à deux grands enjeux en ce qui a trait à la diffusion des métiers d’art professionnels. D’abord, la difficulté de s’assurer de la diversité de ce qui se fait au

Admission 1 MARS automne 2022 DATE LIMITE : ER

uqat.ca

L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 3


ŒUVRE DE ROGER PELERIN 4 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN


- À LA UNE -

ROGER PELERIN : UN HOMME SOUS LE CIEL JEAN-LOU DAVID

Les vieux sages, comme les pommiers, sont d’une espèce qui pousse bien sur les îles. À soixante-quinze ans passés et avec bien au-delà d’une trentaine d’expositions derrière lui, des mentions et des prix qu’il nous en voudrait de détailler au long, Roger Pelerin est incontestablement un grand artiste, un maître diront les plus renseignés, dans l’art ancien de la gravure sur bois et sur linoléum. C’est avec chaleur qu’il nous a invités à le visiter dans sa demeure de l’île Nepawa, où il vit dans la simplicité heureuse des créatifs, sous un vaste ciel que le lac Abitibi miroite. Un ciel nordique, tantôt gris et tantôt rose, qu’il scrute, interroge et puis grave patiemment depuis plus de quarante ans, avec un émerveillement chaque jour renouvelé.

Mais c’est lorsqu’il se fait observateur des rites champêtres, lorsqu’il grave l’histoire de La Sarre ou de l’île Nepawa, ou encore la vie du grand peintre Marc-Aurèle Fortin, mort à Malartic, que Pelerin atteint le sommet de son art. C’est dans la veine naturaliste qu’il excelle, dans sa façon de rendre la monotonie des champs, la beauté austère des vieux bâtiments de ferme, la majesté simple des animaux, le chatoiement magnifique du plumage d’un oiseau, la beauté d’une île isolée sur le lac, le mystère indéchiffrable des ciels abitibiens, c’est en somme lorsqu’il nous parle de la nature, seule ou dans son lien avec l’humain, qu’il sait le mieux nous transmettre sa vision.

Après sa participation à la Triennale en métiers d’art 2021 qui se tenait à La Sarre cet été et mettait à l’honneur l’intégration innovante de la fibre textile dans les œuvres des exposants, Roger est revenu chez lui avec deux prix, tout comme lors de sa précédente participation d’ailleurs. Mais comme il en était à ses premières tentatives en estampe sur textile, il s’est d’abord appliqué à bien comprendre ce nouveau support avant de s’attaquer à la réalisation de ses pièces, qu’il décrit comme des étendards, des drapeaux que les cavaliers faisaient porter à leur monture au Moyen Âge.

Semblable, à plusieurs égards, au grand maître exilé en Abitibi à qui il a brillamment rendu hommage dans une série de gravures (L’histoire de Marc-Aurèle Fortin, 33 gravures, 2003), Pelerin peaufine lui aussi une œuvre immortelle, profondément originale, bien que traditionnelle, à l’abri des modes et des influences commerciales, sur son île où il vit en philosophe. Il a fait surtout, lui aussi, la gageure de la liberté sans concession.

L’artiste n’a jamais aimé remâcher les formules à succès, pas plus qu’il n’a cherché la célébrité à tout prix ou le tapage médiatique qui fait les grosses ventes. En se tenant loin des mondanités, des vernissages notamment, dont il s’est souvent moqué dans son œuvre, le graveur estime avoir évité bien des écueils. En ne cherchant pas d’abord à plaire au public, on évite de se « copier soi-même » comme il le dit, de verser dans la facilité ou la reproduction mécanique d’un style. Peu d’œuvres, il est vrai, témoignent d’une aussi grande richesse thématique et d’une maîtrise technique aussi solide. À commencer par les scènes urbaines de sa jeunesse, où il croque avec une ironie réjouissante la Ville de Québec et ses places célèbres, en passant par des crucifixions ou des enluminures médiévales vues à la lunette déformante du cubisme, en allant jusqu’aux grandes œuvres de la maturité, d’une méticulosité de détails époustouflante, la rétrospective de son œuvre, parue aux Éditions du Quartz en 2013, déroule une carrière d’un foisonnement exceptionnel.

Il nous a surtout parlé, avec une joie contagieuse, du plaisir de créer et de la satisfaction qu’il trouve dans la lenteur du travail, le bonheur patient et appliqué de l’artisan à sa table, qui fait ce qu’il doit faire, à l’endroit où la providence a voulu le faire atterrir, en liberté. Lecteur assidu des Anciens, des Grecques et des Latins, dont il a certainement retenu quelque chose de la sagesse stoïque, Roger aime aussi Rabelais, avec qui il partage le rire franc et la bonne humeur des hommes qui aiment le monde. Et comme le poète Henri Michaux surtout, qu’il se plaît à citer, il cherche partout le merveilleux normal, un terme qu’il a placé lui aussi au centre de son expérience; la quête de la beauté dans la simplicité des champs, des îles et des ciels. Il goûte la chance qu’il a d’être en vie, sobre, arrivé au bout du bout, les pieds rivés au sol, la tête dans les îles, il se dit qu’il est bien vrai, suivant Michaux encore, « qu’on n’en finit jamais d’être un homme ».

ŒUVRE DE ROGER PELERIN

Au-delà de la réinterprétation des formes anciennes et du jeu avec la tradition, une caractéristique qui traverse toute son œuvre, cette nouvelle exploration témoigne d’une recherche constante de nouveaux moyens et de sujets originaux.

Affable et passionné, c’est avec un plaisir visible qu’il nous a fait visiter son atelier, expliqué les techniques, démêlé pour nous les mots compliqués qui parlent de son art. Il nous a montré ses céramiques, les milliers de petits cubes de bois qu’il confectionne, sa terre, l’eau qui vient border son île.

L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 5


- L’ANACHRONIQUE -

LE SUD PHILIPPE MARQUIS

Ses yeux m’ont dévisagé pendant quelques secondes. Je venais de lui dire que ma compagne et moi voulions aller « dans le sud » pendant les fêtes. Mon interlocuteur n’avait simplement pas compris mon allusion, car, pour moi, le « sud », c’est celui de la province. Il ne m’est jamais venu à l’idée de m’éloigner de l’hiver. Il rime avec tant et tant pour moi. Les images tombent en rafale dans mon esprit… Un feu, lorsqu’il fait nuit noire, et le son de la glace qui fond sur les pierres chaudes. Se perdre dans une tempête, puis s’y retrouver. Pousser des semblables embourbées… À deux, à trois, à quatre ou bien plus, pousser jusqu’à perdre espoir et réussir à s’en sortir. Marcher sur des neiges dures, molles ou folles. Savourer le glaçon qui pend à une branche d’épinette.

Bâtir des forts. Se lancer des balles de neige. Descendre les côtes en traineaux ou en riant, ou les deux. Construire des igloos. Faire des anges le long de tous les chemins. Patiner sur les rivières, les lacs et les flaques. Entendre la demeure craquer à moins quarante degrés. Se coller les uns et les unes aux autres pendant une panne d’électricité. Se coller sans panne d’électricité. Laisser le vent effacer nos traces sans perdre la mémoire. Le voir prendre forme, comprendre ses mouvements. Le saisir, souffler et virevolter. Garder la tête froide en sachant où l’on va, où l’on veut aller. Admirer les haleines blanches et vivantes. Ouvrir la bouche, chanter et croquer dans les flocons. Sentir ses dents refroidir puis sourire.

apprécier la main qui ose te toucher. Se mettre au chaud. Écouter la neige tomber, surprendre le vent, encore lui, sculpter les congères. Observer, pendant une marche en forêt, les arbres qui neigeotent. Avoir les joues rouges. Il s’agissait, ici, pour moi, de faire une parenthèse, d’oublier le reste, pour concentrer nos regards sur cet hiver qui naît, qui est. On a tout le temps, après l’instant d’une chronique, de revenir au reste si accaparant, si urgent… En fin de compte, ma compagne et moi avons décidé de ne plus aller dans le sud, de ne pas traverser le parc, de ne pas bouger, ou si peu. On va demeurer ici, pour l’hiver qui vient, au Témiscamingue et en Abitibi avec nous, avec vous. Le reste, on le vivra ensemble.

Taper une trail. Dégager une voie. Pelleter en gang pour ouvrir tous les passages. Avoir froid, avoir très froid, puis

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6 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN


- CONTE -

PIERRE LABRÈCHE, HOMME DE LETTRES

Le conteur de La Motte Pierre Labrèche est en tournée régionale pour son spectacle Homme de lettres, l’espacetemps d’un pas. En partenariat avec le Réseau Biblio, celui qu’on appelle le facteur de contes aura visité près de vingt municipalités rurales de l’Abitibi et duTémiscamingue d’octobre à décembre. Le spectacle est en quelque sorte la continuité de son livre Homme de lettres, les chroniques d’un facteur, bien qu’il ne soit pas exclusivement basé sur celui-ci. Nous avons discuté au téléphone alors qu’il s’apprêtait à aller se balader dans les rues de Ville-Marie. La tournée de cette année, les joies de travailler en collaboration avec d’autres artistes, la foule de projets auxquels il donne son temps – sans compter –, sa participation à une résidence de création dans la déjà mythique ville de Saint-Élie-de-Caxton et même son amour pour la musique de Noël (il en possède environ 500 albums!) ont bien rempli notre conversation. LE FACTEUR DE CONTES ENGAGÉ Être facteur se retrouve au centre de l’œuvre de Pierre Labrèche, que ce soit à travers les histoires qu’il raconte ou le livre qu’il a écrit avec l’illustratrice Annie Boulanger. Homme de lettres tire d’ailleurs son nom des lettres que l’on écrit et l’on reçoit grâce au passage du facteur. « Au centre du métier de facteur, il y a la rencontre. J’ai toujours aimé ça jaser avec le monde, établir une conversation publique. Les facteurs sont au cœur des communautés. » Même s’il est retraité de la poste, Pierre Labrèche retrouve ce qu’il en aimait tant dans le monde du conte, surtout après la dernière année et demie qui vient de passer. « Les gens sont heureux de se retrouver entre eux, de se revoir, de jaser. Après les spectacles, il y a toujours une espèce de discussion spontanée qui s’installe. C’est vraiment l’fun de voir la conversation citoyenne qui reprend. » D’aussi loin qu’il se souvienne, Pierre Labrèche a toujours écrit. Il a commencé par écrire des textes « géopoétiques », qui prenaient souvent la forme de chansons : « J’ai un tout

petit talent musical, je n’aurais pas pu devenir chanteur, mais j’aime beaucoup utiliser la musique dans mes spectacles. » Le conte s’est invité dans sa vie au début des années 2000, alors qu’on sentait un renouveau au Québec et que de nombreux festivals comme celui de Val-d’Or commençaient à voir le jour un peu partout. Pierre Labrèche a découvert que ce moyen d’expression était une bonne façon de raconter ses histoires tout en parlant de ses préoccupations sociales. Ayant étudié en géographie sociale, des enjeux tels que la dévitalisation des régions lui tiennent beaucoup à cœur, mais il y a autre chose : « On peut parler de racisme à travers des histoires rigolotes, de l’histoire de notre région et des gens qui l’ont forgée. » Ce besoin de parler est d’autant plus important aujourd’hui : « On a besoin, collectivement, de se retrouver. La pandémie a exacerbé des choses, a exacerbé des enjeux. Le racisme, l’exclusion sociale, la pauvreté. Si le travail artistique peut faire en sorte que les gens recommencent à socialiser, à se parler, à être bienveillants les uns pour les autres… C’est ça mon rêve. » On sent l’importance de la discussion, de la rencontre et de la bienveillance dans tous les projets du conteur. D’ailleurs, quand il était facteur, il ne manquait pas une occasion de jaser avec des connaissances au coin d’une rue ou dans l’entrée d’une maison. LE PLAISIR DE COLLABORER Dans le but de pousser sa création encore plus loin et de « frotter son univers à celui d’autres personnes », Pierre Labrèche a eu le goût de s’entourer d’autres collaborateurs. Il a donc d’abord travaillé avec Alexandre Castonguay sur la conception, la mise en scène et les textes d’Homme de lettres, l’espace-temps d’un pas. Cette collaboration a amené le conteur à réfléchir à la façon dont avait personnellement vécu le métier de facteur, sur le « bonhomme » qui l’a été. Puis, Félix Cossette-Tardif a créé un environnement sonore pour le spectacle. Cet amour pour la collaboration se traduit aussi par beaucoup d’implication et de projets culturels et sociaux : « Des idées

DANAË OUELLET

JADE BOURGEOIS

pour des projets, j’en ai tout le temps, tout le temps, tout le temps eu! […] Quand on m’interpelle pour un projet, je réponds présent! J’aime les collaborations, c’est stimulant. » On ne s’étonne donc pas qu’il occupe son temps libre à animer des spectacles, à organiser le Show de La Motte ou à contribuer à l’organisme La Pariole! Pour le reste, l’aventure d’Homme de lettres, l’espace-temps d’un pas devrait se poursuivre en 2022. Pierre Labrèche planche aussi sur un autre spectacle, La Grande Ourse, qu’il aimerait aussi présenter très bientôt.

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- ENVIRONNEMENT -

COMMENT OFFRIR UNE DEUXIÈME VIE À VOS AMPOULES? ON VOUS ÉCLAIRE SUR LE SUJET MELANY GRENON, CONSEIL RÉGIONAL DE L’ENVIRONNEMENT DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE (CREAT)

Les ampoules sont un excellent exemple d’objet du quotidien, indispensable, mais ayant une empreinte environnementale non négligeable. Lorsqu’une ampoule grille, votre premier réflexe est-il de la jeter, puis de la changer? Cela doit être évité, car les impacts sur l’environnement et la santé sont sérieux. LA DISPARITION DES AMPOULES INCANDESCENTES

Que fait-on avec une ampoule à changer? Quel que soit le type d’ampoule, il faut les apporter dans des points de dépôts spécialisés ou à l’écocentre. Vous pouvez également consulter le site Web de Recyc-Québec ou télécharger l’application Ça va où pour obtenir réponse à vos questions et devenir des professionnels en gestion de vos matières résiduelles. Mais, si vous êtes créatifs et artistiques, vous pouvez les revaloriser grâce à un bricolage original. VALORISER DES AMPOULES BRÛLÉES En plus de mettre de la chaleur dans votre foyer, fabriquer ses propres décorations du temps des fêtes avec des ampoules brûlées peut être un moment satisfaisant et

COURTOISIE

Peut-être avez-vous remarqué que les ampoules à incandescence ne sont plus en vente sur les tablettes depuis 2014? Elles ont été retirées en raison de leur courte durée de vie, à cause de leur fragilité, mais surtout pour leur non-efficacité énergétique, alors que 90 % de leur puissance était dissipée sous forme de chaleur. Hydro-Québec affirme que si tous les ménages québécois remplaçaient une seule de leurs ampoules à incandescence par une ampoule fluocompacte, le Québec économiserait 100 millions de kilowatts-heures par année. une belle activité familiale à faire par temps gris. Que vous ayez des talents artistiques ou que vous soyez néophyte, il s’offre à vous une multitude de possibilités de décorations pour tous les goûts, en réutilisant des objets que vous avez à la maison.

d’abord l’ampoule de colle, saupoudrez-la de paillettes puis terminez avec du fil de fer ou du ruban pour pouvoir la suspendre. Vous aurez besoin de donner une couche de vernis ou deuxième couche de colle pour qu’elle puisse durer dans le temps.

D’abord, vous pouvez décorer vos ampoules à l’aide de paillettes. Ne prenez pas les paillettes que l’on retrouve dans tous les magasins, ce sont des microplastiques et des métaux qui menacent grandement la biodiversité. Elles mettent plus de 5 000 ans à se décomposer et finissent par polluer l’environnement et endommager les écosystèmes. Il y a maintenant quelques compagnies qui proposent des paillettes écologiques à base de mica, d’algues ou de cellulose, et qui sont biodégradables. Badigeonnez

Autre option, vous pouvez peindre une image de votre choix sur le verre de l’ampoule, que ce soit un paysage, un personnage ou une canne de bonbon, comme dans la photo ci-dessus. Prenez n’importe quelle sorte de peinture à base d’eau et terminez encore une fois avec l’attache et du vernis. Vous pouvez choisir de ne pas appliquer de vernis, mais elle sera alors plus fragile.

Envie de contribuer à la protec�on de l’environnement? Devenez membre !

8 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN

Pourquoi ne pas en faire un rituel familial? Tous les ans, chaque membre de la famille crée son ampoule à mettre dans l’arbre de Noël ou à suspendre quelque part et inscrit sur l’ampoule l’année qui vient de passer, par exemple. Vous pourriez aussi l’offrir à quelqu’un! La prochaine fois qu’une ampoule cessera de fonctionner, avant de vous en débarrasser, vous aurez une idée créative à proposer. Bon bricolage!


Contre la COVID-19,

On continue de se protéger.

Québec.ca/coronavirus

Réponses : mains, masque, distances. On savait que vous le saviez.

on se lave les _____ , on porte un ________ et on garde nos ___________ avec les autres.

L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 9


- LITTÉRATURE -

COMME UN LIVRE OUVERT LYDIA BLOUIN

En novembre dernier, Samuel Larochelle animait le premier épisode de son balado, Comme un livre ouvert. D’ici 2 ans, 25 vidéos seront publiées sur YouTube et Spotify toutes les 3 semaines afin de faire connaître plus en profondeur les auteurs de la province. « Je veux qu’on parle de littérature autrement qu’en faisant des entrevues sur la sortie des livres, explique l’auteur et journaliste. Il n’y a aucune de mes entrevues du balado qui sont sur la nouveauté d’un auteur ou d’une autrice. On sort de cette habitude promotionnelle là pour parler de littérature au sens large, d’écriture, d’évolution de carrière, de thématiques qui leur sont chères. » Alors qu’il était enfant, il parcourait les rayons de livres jeunesse de la bibliothèque d’Amos : « Ça a fait naitre en moi un grand, grand amour de la lecture. Éventuellement, il y a eu un plaisir d’écrire qui s’est concrétisé au début de la vingtaine. C’était à mon premier roman en 2013, quand j’avais 26 ans.

Je trouve que la lecture prend de moins en moins de place dans la vie des gens : ça m’attriste. »

avec l’expression populaire qui signifie sans connaissance préalable, avec perspicacité.

C’est ce qui le pousse à vouloir rendre la littérature attrayante pour un plus large public. Pour ce faire, il croit qu’il faut rendre la lecture plus intéressante : « Ces balados-là, c’est vraiment en mode grand public, accessible, chaleureux. Je veux m’intéresser à toutes les options de la littérature avec des gens que j’aime et qui sont très aimés du grand public québécois. » Comme lorsqu’il écrit pour différents groupes d’âge, il espère que ce nouveau défi saura rejoindre le plus de Québécois possible.

Le projet est rendu possible grâce à une bourse du Conseil des Arts du Canada, qui a permis de payer la location du studio Madame Wood en plus de rémunérer les invités, l’animateur ainsi que l’équipe de production, composée d’une graphiste, d’un musicien, d’un technicien de son et d’une cinéaste.

Il ajoute que l’utilisation de balados était plus pertinente selon lui qu’une simple entrevue de quelques minutes : « C’est un format qui permet de donner le temps, d’aller plus en profondeur, d’avoir de longues discussions avec chaque humain que je rencontre. » C’est d’ailleurs ce qui a inspiré le nom du balado, Comme un livre ouvert, en lien

Très fier d’avoir obtenu cette bourse, l’auteur n’en demeure pas moins enthousiaste par rapport à ses prochains défis. En effet, quatre projets de livre sont en cours et deux l’attendent par la suite. Il croise également les doigts pour des créations cinématographiques à venir. Il parle aussi d’autres implications telles que la dernière tournée du Cabaret des mots du 5 septembre au début octobre, l’animation et l’organisation du Cabaret littéraire LGBTQ+ Accents Queers ainsi que l’exposition, jusqu’au 5 décembre à Montréal, de ses poèmes qui sont inspirés d’œuvres d’un artiste visuel.

L’humour est bien vivant. Renouez avec le spectacle d’ici et ses artisans. LaissezVousEblouir.ca Une initiative du Groupe de travail sur la fréquentation des arts de la scène (GTFAS)

10 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN


- LITTÉRATURE -

LE JOURNAL INTIME D’ANTOINE CHARBONNEAU-DEMERS JOANIE DION

« M’approcher de la vérité, comme dans Daddy par exemple, qui est mon dernier livre, je trouve que ça m’approche plus de l’écriture comme je l’idéalise. J’ai découvert des auteurs aussi qui écrivent de la non-fiction, ça m’a amené là naturellement [à publier mon journal intime]. » Comme personne ne peut complètement prétendre à la vérité absolue, ce qui motive Antoine est de converger du mieux possible vers sa propre vérité. Il y parvient en racontant des scènes de sa vie dans lesquelles il se remémore les événements le plus précisément qu’il peut. Il laisse planer aussi l’éventualité que les lecteurs se découvrent chacun une certaine vérité au fil de ses mots. Justement, cette technique d’écriture qui lui est chère, ou du moins qu’il privilégie l’amène à une écriture en peu de mots qui se lit pratiquement comme une pièce de théâtre. « Quand j’écris, j’imagine vraiment les chapitres, ou les entrées de journal, comme des scènes. Focaliser sur les événements, [ça permet d’] interpréter ça comme on a envie. » Raconter ses journées sous forme de scènes laisse place à l’imagination,

sans que ses émotions personnelles n’empiètent sur la lecture que les gens en font. Publier son journal intime sur une plateforme aussi publique qu’un blogue pourrait donner le vertige, sachant que tous et n’importe qui ont la chance de le lire. Mais pas pour Antoine. « Je suis quand même une personne un peu timide qui, justement, ne dit pas tout et ne s’exprime pas nécessairement de la bonne façon tout le temps avec mes amis et ma famille. Pouvoir faire ça, ça montre qui je suis, ça me permet de prendre ma place dans le monde, comme avec les livres. C’est la même chose. Mais le journal, c’est plus rapide. C’est au quotidien. Ça me sécurise, même, parce que je n’ai pas besoin d’attendre trois ans pour que le livre sorte. Ça fait du bien de savoir que ça va être lu tout le temps. » Outre répondre à l’exercice de s’exposer, offrir à nu son journal intime lui occasionne une introspection supplémentaire. « Maintenant qu’il y a des gens qui le lisent, j’essaie de comparer mon journal d’avant à celui d’aujourd’hui. Les gens réagissent à ce qui avant était intime. Ils me posent des questions, ça me fait réfléchir à comment je vis tout ça par rapport à moi-même. Est-ce que, vraiment, l’écriture impudique à 100 % existe? Est-ce que, quand on écrit, on ne cache pas déjà quelque chose? Est-ce qu’on peut vraiment tout révéler? Des fois, je me demande c’est quoi que les gens aimeraient de plus si moi j’ai l’impression d’aller au bout. »

COURTOISIE

Le 19 octobre dernier, Antoine Charbonneau-Demers annonçait sur ses réseaux sociaux la publication sur son site Web de son journal intime, accessible gratuitement pour l’instant. En quête de la plus sincère vérité, l’auteur nous donne accès à ses pensées à travers ses courtes entrées de journal intime. Il communique ainsi ses réflexions avec la plus grande exactitude possible, ce qui se révèle pour lui une expérience sociale hors du commun.

L’INSAISISSABLE Patricia Gauvin - Techniques mixtes

L’IDÉAL N’A PAS DE MODÈLE Johannie Séguin - Peinture

PLONGEONS Sven - Art numérique

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Entrez dans un laboratoire artistique où l’énergie créative prend la forme de virus colorés et laissez-vous contaminer par le plaisir de l’expression.

Un travail technique impressionnant pour ne pas dire hallucinant !

Revisitez des remix photographiques en réalité augmentée!

Installation photographique et vidéo sur une note de tango !

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Au Centre d’exposition d’Amos… Jusqu’au 9 janvier 2022

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Samedi 10 h à 12 h - 13 h à 17 h

Dimanche 13 h à 17 h

Fermé du 24 au 26 et 31 décembre 2021 et les 1er et 2 janvier 2022

L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 11


- LITTÉRATURE -

TOUS LES CHEMINS MÈNENT À LA RENCONTRE

ARIANE OUELLET

ARIANE OUELLET

Il y a des histoires qui germent quelque part, dans le lointain de l’espace-temps. Le temps que le destin s’occupe de réunir les ingrédients rares d’une recette précieuse. L’Abitibi étant une terre propice au merveilleux, il n’est pas surprenant que ce soit par ici que les routes de deux créateurs de génies se croisent, au détour de la visite d’une murale, quelque part à Rouyn-Noranda. C’est en 2019, lors d’une tournée de spectacle, que Fred Pellerin recroise Annie Boulanger. Ce n’est pas leur première rencontre, mais cette fois, un projet de livre jeunesse qui dort dans son carnet ne demande qu’à se livrer aux bons soins d’une illustratrice à l’imagination débordante. Un nouveau chemin s’ouvre alors pour Annie Boulanger, et il la mènera jusqu’à Saint-Élie-de-Caxton. Comme le reste des projets de l’humanité, le livre a dû être patient, la pandémie exigeant une pause en toute chose. En 2021, comme au sortir d’une grande torpeur, Fred revient frapper à la porte. Pendant des mois, Annie se met à sa table à dessin, old school, avec pinceaux, encre et aquarelle. Un travail rempli de finesse et de tendresse. Et la voilà, La course de petits bateaux, sur les tablettes de toutes les bonnes librairies du Québec depuis le 3 novembre dernier. Curieuse d’avoir leurs impressions sur cette collaboration nouvelle, j’ai demandé à Fred et Annie de répondre à quelques questions, en toute simplicité. Lorsqu’on lui demande quel est l’intérêt de révéler son imaginaire par l’entremise de celui de quelqu’un d’autre, ici en illustration, mais aussi parfois avec la musique, le cinéma, Fred Pellerin répond : « Le métier de conteur est un métier solitaire. J’ai beau charrier un village, je reste seul dans 12 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN

mes écritures, seul sur scène. Aller me frotter à d’autres créateurs, collaborer à des projets, ça vient chercher ce plaisir que j’ai dans la vie et qui s’appelle la rencontre. Du même coup, parce que ça pousse mes histoires dans des formats inhabituels pour moi, ça oblige à les repenser, à les refaire. Ça les enrichit, et ça m’apprend plein de choses. » Pour Annie Boulanger, « ce qui a été incroyablement nourrissant, c’est la confiance inébranlable qu’a eue Fred en moi et mon travail, et l’ouverture hors norme qu’il a manifestée d’emblée à mes idées et propositions. Dès que j’ai embarqué à bord, son projet est devenu, dans sa bouche, notre projet; il m’a fait une place à laquelle je ne m’attendais pas, a accueilli mes idées à bras ouverts, et j’ai compris à quel point il espère sincèrement, dans un processus créatif, que les parties s’arriment pour se multiplier. Cette liberté-là donne des ailes, de l’élan », raconte l’illustratrice. Pour le conteur qui en est à son premier livre jeunesse, l’univers de l’illustration apporte de l’eau au moulin de la création. « J’ai eu plusieurs belles et grandes surprises devant le travail d’Annie. Elle m’a offert le privilège d’être témoin de l’évolution de ses illustrations. J’ai adoré voir aller ça. J’ai vu les croquis, les esquisses, les dessins, les retouches, les doutes, les couleurs… À la fin, j’ai même vu Annie! Elle est débarquée chez nous avec une grande chemise de carton qui contenait l’ensemble de l’œuvre, sur vrai papier, en vrais crayons et aquarelles. T’sais! Au fil des mois, j’ai été aussi étonné de découvrir à quel point les images donnent de l’envergure, ajoutent et nourrissent ce qui se trouve en germe dans le texte. L’image de l’inventaire du magasin chez


ARIANE OUELLET

Toussaint fait un bel exemple de ça. Deux ou trois phrases dans mon texte, mais des dizaines de détails et belles folies déployées dans l’image », raconte Fred. Mais on peut quand même se demander, pour une nouvelle collaboratrice, ce qu’on ressent devant un personnage comme Fred, quel genre de défi ça pose. « Mon plus gros défi? Arriver à me sentir à la hauteur. Pourtant, au contact de Fred, on perçoit immédiatement toute sa simplicité, sa bienveillance, sa gentillesse : il parvient vite à faire oublier l’ampleur du personnage public et à donner l’impression qu’on est auprès d’un ami. Il devient simplement Fred. C’est ça qui fait qu’au détour d’une conversation, on ose lui lancer, “T’sais que j’aimerais vraiment ça travailler avec toi un de ces quatre!” » Comme quoi, c’est parfois payant d’oser nommer ses rêves à voix haute! Ce rêve, Annie le caressait en silence depuis 2006. « Si, à l’époque j’étais une illustratrice encore trop verte qui doutait de tout, je me suis dit que là, quinze ans plus tard, forte de mon expérience en illustration et de plus d’assurance, j’étais fin prête à affronter le défi… Sauf que j’avais sous-estimé le vertige qui vient avec le fait de se percher sur l’épaule de ce géant-là », confie l’illustratrice.

ARIANE OUELLET

Je ne conterai pas l’histoire de cette course de petits bateaux, je vous laisse le bonheur de la découvrir par vous-même. Mais le vertige d’Annie vient peut-être du fait qu’à travers cette rencontre, elle s’est hissée aussi à la hauteur des géants, avec un livre émouvant, empreint de sensibilité et de force, où les images renvoient un écho vibrant à la profondeur discrète du texte.

POUR DU CONTENU 100% RÉGIONAL

Patience, illustration inédite représentant Fred, Babine et Annie qui patientent sur le pont de St-Élie pendant la pandémie, en attendant la reprise du projet.

Téléchargez l’applicaaon MÉDIAT +

médiat.ca L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 13


- CINÉMA -

MARIO MELANÇON, CHAUFFEUR PRIVÉ DU FESTIVAL DOMINIQUE ROY

Depuis presque quatre décennies, Mario Melançon est le chauffeur privé des invités au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT). Derrière le volant de la voiture qu’on lui confie, il est au service de ces personnalités publiques – réalisateurs, acteurs, producteurs, distributeurs, journaliste, etc. – qui sont de passage à Rouyn-Noranda pour la durée des festivités. Au fil des ans, il a conduit près de 2000 personnes ici et là, au gré de leurs déplacements et de leurs demandes particulières.

Des souvenirs et des anecdotes au sujet de ses rencontres avec les amoureux du 7e art, il pourrait en écrire un livre. Bien souvent, la première impression du Festival passe par l’accueil du conducteur qui attend patiemment les invités à l’aéroport. Ensuite, à faire la navette entre l’aéroport, le théâtre, l’hôtel, les restaurants, sans oublier les détours au bar, à la pharmacie, à la SAQ, et maintenant à la SQDC, les visages deviennent familiers et des liens se tissent.

COURTOISIE

COURTOISIE

LOUIS JALBERT

Le FCIAT en était à sa 40e édition du 30 octobre au 4 novembre dernier. M. Melançon fait partie de l’aventure depuis les premières années de l’événement. C’est son bon ami Jacques Matte, président du CA et cofondateur du Festival, qui lui a confié cette responsabilité. Au début, seul conducteur, il suffisait à la demande puisqu’il n’y avait que des projections en soirée. Au fil des ans, le Festival a pris de l’ampleur, de sorte qu’aujourd’hui, il faut une équipe de six chauffeurs pour coordonner les déplacements des invités internationaux faisant partie de la centaine de productions à l’affiche. Toute une gymnastique!

14 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN


Mario Melançon se rappelle cette époque où l’horaire du Festival lui laissait amplement le temps d’accompagner les invités à certaines activités organisées. Entre autres, il garde un doux souvenir de l’actrice allemande Angela Winkler qui faisait partie du gratin invité lors de la 3e édition du Festival. Il l’a conduite à Amos afin qu’elle rencontre les étudiants d’un cours de cinéma et à Pikogan, pour visiter la communauté. D’ailleurs, c’est chez la famille Melançon que le jeune enfant de l’actrice a élu domicile. « Il fallait quelqu’un pour le garder. Je l’ai amené chez nous quelques jours. »

La Troupe à Coeur Ouvert inc. présente :

Claude Lelouche, un géant du cinéma français, a été une rencontre marquante. Mario Melançon l’a accompagné à une partie de chasse aux faisans, à Latulipe au Témiscamingue, en compagnie d’autres invités de marque, tels que Jean-Claude Lauzon et Jean-Claude Labrecque. Lelouche, il l’a aussi accompagné dans une boutique alors que ce dernier voulait absolument s’acheter une chemise de chasse à carreaux, une séance de magasinage qu’il n’est pas près d’oublier. Que dire des moments passés avec Serge Gainsbourg et de l’interminable file d’attente de journalistes, chacun voulant obtenir une entrevue le matin, moment de la journée où il était probablement dans un meilleur état pour répondre aux questions? « Habile comme ça ne se peut pas, Gainsbourg réussissait à convaincre chaque journaliste qu’il venait de donner sa meilleure interview à vie. » Jean-Marc Vallée, Armand Vaillancourt, Gérard Darmon, Damien Bonnard, André Melançon, Andrée Lachapelle, André Forcier, Pierre Richard, Karine Vanasse, Lothaire Bluteau… La liste de ces gens qui lui sont sympathiques et avec qui « ç’a cliqué » est interminable. Et c’est loin d’être terminé puisque Mario Melançon n’a pas l’intention de mettre fin à son service de chauffeur privé. « Tant que la santé va me le permettre! Ces gens-là, c’est des créateurs, des artistes, des gens curieux avec qui c’est intéressant de discuter. »

IDÉE C A

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pour NDoEëAU l!

25 $

usical Coffret m E DOUBL livret incluant sons des chan

remasterisées

Taxes incluses

Autrice Danielle Trottier

Compositeur musical

Jacques Marchand

Directrice musicale

Jocelyne Beaulieu

Metteur en scène Daniel Morin

Documentaire Le Paradis du Nord en 2022 Endroits de vente La Sarre, Macamic, Amos, Val d’Or, Malartic et Rouyn-Noranda

Ville-Marie

Sur le site Web de la Troupe :

COURTOISIE

www.latroupeacoeurouvert.com

L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 15


- CINÉMA -

RETOUR SUR UN 40 E FESTIVAL DU CINÉMA RÉUSSI

LOUIS JALBERT

GABRIELLE DEMERS

16 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN

C’est cette année qu’a eu lieu la 40e édition du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT), et l’atmosphère festive qui a régné toute la semaine a su témoigner du succès de cette mouture toute spéciale.

de genres de films. Impossible de passer sous silence le film de zombies Brain freeze, une première pour le Festival, mais c’est principalement sur le documentaire, le film d’art et le film de danse que je veux orienter les projecteurs.

Bien sûr, les grandes rencontres du cinéma (Gainsbourg, Carle, Lelouche…) qui ont lieu au Festival ces quatre dernières décennies ont été soulignées et les nouveaux cinéastes, encore applaudis. Le talent d’ici s’est démarqué, une fois de plus. Nommons entre autres les lauréats du Prix de la relève Desjardins, qui souligne la création d’ici : Magali Ouimet (étudiante au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue) pour son film En 8 temps et Maxim-Olivier Lavallée (étudiant de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue) pour son film d’animation La Livraison.

Antoine Lajoie-Côté a offert un documentaire qui présente l’artiste rouynorandienne Marthe Julien. Ce diplômé en cinéma du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue a connu la joie immense de pouvoir présenter ce film sur l’art à un public hétérogène. En filmant Marthe Julien dans son atelier, dans son univers créatif, il espérait rendre plus accessible le quotidien de la vie de l’artiste. Soucieux de valoriser ce métier auprès des jeunes et de valider ses propres questionnements artistiques par le fait même, il a basé son film sur un lien direct avec l’artiste. Montrer que l’art est partout, que l’art peut prendre toute la place, voilà le message du jeune cinéaste. Marthe Julien elle-même avoue avoir été intimidée, au début, de se placer dans la position du sujet du documentaire, et ce, malgré une carrière en enseignement des arts au Cégep. Le regard

Il y a eu de grands moments d’émotions (France, Ça s’est bien passé, La vie devant moi, Migrants, pour ne nommer que ceux-ci). Mais surtout, il y a eu une variété remarquable


ILS DANSENT AVEC LEUR TÊTE

LOUIS JALBERT

des autres a changé de point d’ancrage et si elle a été déstabilisée, elle a vite repris son souffle et a pu offrir à Antoine Lajoie-Côté un accès direct et privilégié à son univers. Le film Xiomata, de la cinéaste Béatriz Mediavilla, a quant à lui offert un regard onirique sur la danse, dans un décor naturel enivrant de lacs et de forêts. Première mouture de son film à paraître, Xiomata présente un groupe de danseurs et danseuses grandiose dans son hétérogénéité. Les mouvements s’enchaînent, et les prises de vues renversent parfois carrément notre rapport au corps, au mouvement, à la ligne d’horizon. Très poétique, ce court film de danse a su insuffler au public une admiration bienveillante et il a offert un moment hors du temps, contemplatif. Présenté lors du même bloc que Xiomata, le film Ils dansent avec leur tête, du cinéaste d’animation et professeur à l’Université du Québec à Montréal, Thomas Corriveau, a aussi plongé le public dans un univers onirique. C’est avec plus de 2000 images réunies, peintes à l’acrylique par l’artiste, que l’univers se construit. Une fable aux accents mythologiques expose une tête abandonnée sur une île, à la merci d’un aigle; cette tête appartient à un ancien danseur, devenu chorégraphe, qui souffre maintenant de solitude. Il nous voit et tente de nous expliquer tout son amour de la danse, des danseurs, et de ce rapport à la tête dans la danse. Malheureusement, Sisyphe moderne, il est interrompu par son aigle. Le personnage est interprété par Marc Béland, acteur qui a lui-même été danseur au début de sa carrière, notamment au sein de La La La Human Step : sa connaissance du rôle de l’interprète nourrit la narration du film, créée en partie par improvisation. D’ailleurs, film surprenant s’il en est un, Ils dansent avec leur tête fait glisser les spectateurs dans un univers désaxé comme celui de Xiomata, où la ligne d’horizon bascule parfois, mais avec une texture plastique bien différente. Thomas Corriveau a voulu mettre le portrait au centre de cette œuvre cinématographique, et il a utilisé des séances de danse improvisée pour construire son visuel. Subjugué par l’art de la danse, du mouvement, il a voulu lui rendre un hommage dans cette œuvre. Pour terminer, notons que c’était la première présence de Thomas Corriveau au FCIAT. Pourquoi avoir choisi de soumettre son film, alors? C’est après avoir pris connaissance de la réputation du Festival, surtout. L’accueil chaleureux et l’intelligence artistique des festivaliers lui confirment qu’il a eu raison de venir.

L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 17


- THÉÂTRE -

PIONNIERS DU THÉÂTRE MUSICAL DANS LA RÉGION LYDIA BLOUIN

DOMINIC MCGRAW

MICROBRASSERIE NOUVELLE BOUTIQUE 217 Route 101, Nédélec

L’Abitibi-Témiscamingue est une vaste source d’inspiration pour les artistes. Malgré tout, il est rare de voir pointer des projets de théâtre musical sur le territoire. C’est pourtant ce qui fait l’originalité de la pièce satirique Pionniers, écrite et mise en scène par Étienne Jacques, qui était présentée au Petit théâtre du Vieux-Noranda du 10 au 19 novembre dernier. La satire, qui se déroule en 2008, est inspirée à l’origine de l’histoire de Ken Massé, qui avait refusé de vendre ses terres à la Mine Canadian Malartic. « Je trouve tellement que c’est une histoire épique : c’est David contre Goliath », explique Étienne Jacques. Cependant, l’auteur de pièce ne souhaitait pas écrire directement sur ces événements. Il envisageait plutôt une pièce qui montrerait ces défis en tant que comédien des événements ayant marqué la région. Ainsi, la pièce traite d’un groupe de citoyens souhaitant monter un spectacle pour attirer de nouveaux arrivants dans leur petite ville recluse. Ils sont cependant confrontés à des défis tels que l’agrandissement de la mine et la pression du maire pour fermer des commerces jugés non essentiels comme le club vidéo. Malgré ses revendications sociales, la pièce n’en demeure pas moins empreinte d’humour et d’autodérision. Par ailleurs, elle se termine sur une note d’espoir. « On veut que les gens soient touchés, happés, divertis et qu’ils en sortent avec une sorte de réflexion », explique Étienne Jacques. « Du théâtre musical, on voit moins ça en Abitibi-Témiscamingue, plus dans les grands centres et, même, les mégapoles comme Toronto ou New York, confie le metteur en scène. L’argent et les profits qu’on extrait vont souvent ailleurs. Nous aussi, on mérite d’avoir des projets de grande envergure. On a un sol immensément riche. »

L’APPLICATION DISPONIBLE SUR

C’est justement ce qui l’a poussé vers le théâtre musical : « C’est un beau gros défi parce que beaucoup de médias sont rassemblés. » En effet, le mélange de la musique, du chant, du théâtre, de la projection vidéo et de l’art du cirque confère à Pionniers une atmosphère particulière. « C’est fou comment les chansons ont un impact, c’est très apprécié du public », ajoute l’auteur de la pièce. L’écriture de ces dernières s’est faite par essai-erreur en collaboration avec le compositeur Pete Chamberland, qui a travaillé sur les mélodies pendant un an et demi. Elles demeurent disponibles sur le site des Productions Chien pas de médailles, dans un album publié en mars dernier. Une carte interactive permet de voir les événements ayant inspiré les chansons partout sur le territoire.

médiat.ca

18 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN

Amoureux de la région, le metteur en scène termine sur le même ton d’espérance que la fin de la pièce : « On fait un beau gros projet difficilement faisable ailleurs. C’est dur de rassembler autant de monde pour un projet. Ici, sur le territoire, tout est possible. »


DOMINIC MCGRAW

GAGNANTS DU CONCOURS - SONDAGE MERCI D’AVOIR PARTICIPÉ EN GRAND NOMBRE AU SONDAGE DE L’INDICE BOHÉMIEN ! NOS GAGNANTES ET GAGNANTS • Grégoire Bastien

• Cécile Beaudoin

• Nicole Desgagnés

• M. Fleury

• Maude Labrecques-Denis

• Geneviève Luneau

• Denise Quirion

• Doris St-Pierre

• Sébastien Tessier

• Hélène Viens

L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 19


- MUSIQUE -

DIANE TELL : PASSÉ, PRÉSENT, FUTUR AU PLUS-QUE-PARFAIT.

20 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN

BENJAMIN DECOIN

Jeudi le 4 novembre, 9 heures et quelques poussières de matin, mon téléphone chante, j’émerge à peine de mes rêves et voilà que j’entends cette si douce voix : « Bonjour Valéry, c’est Diane Tell, pardonne-moi, je ne me souviens plus très bien l’heure de notre entretien? » Je me pince. Quelques petits flocons de neige sur ma voiture plus tard, le téléphone chante encore, je me gare. Diane Tell me parle de son programme bien rempli et nous convenons d’un rendez-vous, un 5 à 7. Je me pince encore : la jeune fille en moi qui écoutait en boucle l’album En flèche semble soudainement devenue l’amie de Marie-Jeanne, Claire et Sophie. De Québec à Paris, de Biarritz à l’Abitibi avec cette grande dame, je l’avoue, nous avons parfois sauté du coq à l’âne et l’âme. Nous avons beaucoup parlé du temps, de celui qui ne semble pas avoir d’emprise sur Diane Tell. Elle est toujours aussi lumineuse, fougueuse, fonceuse et amoureuse de la vie comme au temps de ses premières compositions. Dès l’âge de six ans,

BENJAMIN DECOIN

VALÉRY SAINT-GERMAIN

elle est de la première mouture étudiante du Conservatoire de musique de Val-d’Or, sous la bienveillance d’Edgard D’Avignon (fondateur) et de Luis Rebello (professeur). Elle commence par frotter son archet sur le violon, puis elle décide de laisser pincer ses doigts sur les cordes d’une guitare. L’avenir nous a confirmé que les arpèges étaient en accord avec ce choix. La légende valdorienne raconte (entre les branches) qu’elle grattait de la guitare sur le trottoir de la 3e Avenue devant le restaurant Capri (peut-être les prémisses d’une villa à Bergame en Italie). Jeune femme curieuse, elle se met à composer, écrire et chanter ce qu’elle a envie de dire et d’entendre, ne trouvant à ce moment-là rien qui ne ressemble à sa génération qui n’a pas toujours l’âge si tendre.

Elle a toujours suivi son propre chemin, ici comme ailleurs. Elle compose son monde : celui où nous avons l’âge de l’émotion que ses textes suscitent.

Première femme reconnue en tant qu’auteure-compositriceinterprète à une époque charnière de la musique québécoise sans le savoir, elle ouvre le chemin, défricheuse sans y penser.

Selon un certain Slobodan Despot (ami-auteur-compositeur, homme sans peur), « Diane Tell est un petit État souverain parmi les empires ». Selon mon humble avis, c’est une femme qui n’a jamais senti le besoin d’être un objet de convoitise, d’être moulée ou formatée. Pour elle, pas de contraintes. Au contraire, elle est de ces grandes dames qui transportent leur royaume avec elles et qui se donnent le droit de conquérir tous les territoires du cœur. Parce que Diane Tell regarde la vie avec l’intelligence de la liberté, pour elle, la notion du temps est un tiercé. Il y a le temps présent : celui qu’il faut gérer dans l’action, là, tout de suite. Il y a le temps plus long, celui que l’on doit


De la France à ici, il y a tout un pan de ses chansons qui nous ont fait faux bond. Le ludique album Docteur Boris & Mister Vian où elle visite les standards jazz américains sous la traduction de Boris Vian. Elle n’en finit pas de nous étonner. Et parmi tout ça, des chansons lumineuses d’amour et de tristesse comme « J’pense à toi comme je t’aime », « Souvent, longtemps et énormément » et « Savoir ».

BENJAMIN DECOIN

contrôler à court ou long terme, celui des échéances, des concerts, celui des idées qui se font concrètes, et le temps plus lent, celui des rêves, de l’inspiration des mille perspectives. Diane n’a pas le temps nostalgique, elle n’a pas cet état d’âme, elle s’ennuie rarement. Diane est trop occupée à faire bouger la vie. Pourtant, ses chansons sont souvent des invitations à valser avec la mélancolie. Non, elle n’est pas la femme d’une seule chanson. Elle a tissé sans le savoir la trame sonore de nos vies. Je vous mets au défi de parcourir son univers musical et de ne pas reconnaître une phrase, un refrain, une mélodie. Cette belle luciole qui n’en finit pas de grandir, qui va au-devant des courants sans se soucier de ce qui guide le sien a fait de belles rencontres impromptues. Celle qui se compose, chante et se pose est aussi devenue celle qui propose. Des rencontres impromptues, farfelues, elle se fait la muse et s’amuse des mots de grands talents qui ne composaient que pour eux, ou même pas du tout encore, comme Françoise Hardy, Boris Bergman, Maryse Wolinski, Marilyne Desbiolles et Slobodan Despot. Ils ont tous été séduits d’être dans les yeux de son cœur curieux. Pourtant, elle n’est pas facile, Diane Tell, elle marche sur son propre fil. Plamondon et Berger peuvent le confirmer. Ils ont passé des années à la courtiser pour différentes versions de Starmania. Diane Tell connaît la pointure de ses chaussures, elle ne marche pas dans le chemin des autres. Avec sa belle désinvolture, elle leur a signifié que s’il y avait une nouvelle aventure, elle pourrait y penser. L’histoire nous racontera La légende de Jimmy. Comédie musicale du duo de choc et peut-être première piqure pour casser cette stature d’auteure solitaire. Toujours intrigante, fascinante à nos yeux et ceux de l’Hexagone, elle semble devenir plus accessible avec la comédie musicale Marylin Montreuil (Marylin, c’est elle et la musique aussi). Dans l’hommage à Aznavour J’me voyais déjà!, elle donne une autre couleur aux textes de ce géant de la musique. Elle se balade, gambade et joue avec les mots des autres, mais toujours avec sa belle et grande musicalité.

Lors du 75e anniversaire de la ville de Val-d’Or, son berceau, elle fait connaissance avec Serge Farley Fortin (qui n’est pas un cousin d’ADN, mais de musique) et d’Alain Dessureault qui lui offre ses mots. Elle se laisse emporter sur la vague abitibienne. Un haïku est un poème d’origine japonaise très bref célébrant l’évanescence des choses et les sensations qu’elles suscitent. Son plus récent opus semble un amalgame de tout ce parcours, comme si elle avait pris le temps d’avant pour mieux se laisser inspirer pour mieux prendre son envol. « La mélancolie est le bonheur d’être triste », citait un certain Victor Hugo. Les chansons de Haïku en sont empreintes. Diane Tell a bien cerné ce qu’elle voulait raconter et bien choisi ceux avec qui elle voulait chanter en toute liberté. L’album est réalisé par Fred Fortin (qui lui non plus n’est pas son cousin). La chanson « Vie » (Fred Fortin) semble un hommage à la Diane Tell de « Gilberto ». « On n’jette pas un amour comme ça » est dans la lignée de tous les amours de femmes qu’elle nous a chantés. « J’aurais voulu qu’tu saches » (Alain Dessureault et Serge Farley-Fortin) ressemble aux prières où l’on déchire son cœur des sans lendemains. Et « Il ne m’aime pas » se fait l’écho de « Reste avec moi (Bonheur d’occasion) ». Bref, Diane Tell est de retour à la maison. Laissez-vous raconter la lumière de cette grande reine de la musique qui fait de l’Aquitaine son petit paradis et, de ses yeux curieux et de son indépendance, des pays où existent tous les je t’aime. Petit clin d’œil haïku pour Diane : Pincez ses doigts ouvrez grand les yeux sans avoir froid Elle sera en concert le 30 novembre à Amos, le 1er décembre à Rouyn et le 2 décembre à Val-d’Or. Venez faire à nouveau connaissance avec Diane Tell!

L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 21


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22 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN


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L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 23


SPÉCIAL MÉTIERS D’ART ET TRADITIONS DES FÊTES

À LA BOUTIQUE DU CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS

La boutique du Centre d’exposition d’Amos est l’endroit désigné réunissant les produits de près de 40 artistes et artisans de la région.

ENTRE AUTRES ! Cache-cous et tuques - Johanne Arseneault Poupées confidentes - Marita Kockemann Bols tournés en bois - Michel Drapeau Coupes à vin et moulins à poivre ou sel Jean-Marc Bélanger Estampes sous le signe du zodiaque Joanne Poitras Articles en cuir - NOC Design Peluches - Johanne St-Pierre Luminaires - Guylaine Magny Savons et huiles - Feuille de Lune Bijoux - Scaro, Gribouille, etc. ET BIEN D’AUTRES…

24 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN

CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS Mardi- Mercredi : 13 h à 17 h 30 Jeudi –Vendredi : 13 h à 17 h 30 et 18 h 30 à 20 h 30 Samedi : 10 h à 12 h - 13 h à 17 h Dimanche : 13 h à 17 h


SPÉCIAL MÉTIERS D’ART ET TRADITIONS DES FÊTES

- MÉTIERS D’ART ET TRADITIONS DES FÊTES -

LES FERMIÈRES DE LAVERLOCHÈRE ET LEUR BAZAR ANNUEL DOMINIQUE ROY

Ginette Mayer, présidente du Cercle de Fermières de Laverlochère depuis près d’une décennie, participe au bazar depuis le début. « Dans le temps, c’est Béatrice Roy, une fermière de notre Cercle, qui avait parlé d’un bazar. L’idée a fait son chemin tranquillement et le rassemblement annuel a vu le jour pour montrer ce qu’on fait et pour vendre nos confections. Déjà, on faisait un dîner, mais ça nous enlevait de la place. On prenait la moitié de la salle pour le dîner et l’autre moitié pour le bazar. Avec la pandémie, on ne pouvait pas servir de dîner, et on a aimé ça. On a pris la salle au complet et on a vendu beaucoup plus. » D’ailleurs, l’année 2020 a été l’une des plus achalandées. Ce sont environ 200 personnes qui ont foulé le portique de la salle municipale. Il faut savoir que la municipalité fusionnée Laverlochère-Angliers compte moins de 1000 habitants. « D’habitude, c’est surtout des gens de Laverlochère qui se déplacent, mais l’an passé, il y avait beaucoup de nouveau monde, qu’on n’avait jamais vu. Il venait d’ailleurs. »

COURTOISIE

Les produits vendus sont tous confectionnés par les fermières. On y trouve un bel amalgame de l’habituel des expositions et des marchés de Noël : artisanat, couture, tricot, broderie, tissage, pâtisseries, desserts, tourtières, tartes, surprises et nouveautés. La seule condition pour y exposer : être membre du Cercle de Fermières de Laverlochère. « Il ne faut pas nécessairement habiter à Laverlochère pour faire partie de notre Cercle. On a des dames d’ailleurs qui y sont membres. » Au bazar, on compte une douzaine et parfois même une quinzaine d’exposantes.

COURTOISIE

C’est dans l’esprit des fêtes que les membres du Cercle de Fermières de Laverlochère se préparent à leur bazar annuel qui se tiendra le 5 décembre à la salle Le Pavillon de 11 h à 15 h. L’événement a lieu depuis une quinzaine d’années et, chaque fois, les citoyennes et les citoyens y viennent en grand nombre pour y dénicher de belles trouvailles, une occasion en or pour compléter les cadeaux de Noël et pour y rencontrer des « gens de la place ».

Pour ces fermières, le bazar est aussi une occasion de « donner au suivant ». Une table est réservée à la Fondation Olo qui aide les familles à faible revenu à mettre au monde des bébés en santé. Ainsi, sur une base volontaire, les exposantes donnent quelques-unes de leurs confections, et tout l’argent amassé des produits vendus à cette table caritative est remis à la Fondation. « Pour avoir un bébé Olo, il faut donner 360 $. On va se chercher un bébé Olo presque chaque année. Les fermières sont très généreuses », mentionne Mme Mayer. En parlant de générosité, il faut mentionner que la municipalité prête gratuitement la salle à l’organisme local pour que celui-ci y tienne son événement annuel. Ce bazar est donc un incontournable du programme annuel des fermières de Laverlochère. « On est une belle équipe. On s’épaule et on s’amuse. C’est aussi une satisfaction personnelle pour la plupart. On encourage les gens à venir nous voir. Ils vont peut-être découvrir des surprises. » L’invitation est donc lancée! L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 25


SPÉCIAL MÉTIERS D’ART ET TRADITIONS DES FÊTES

- MÉTIERS D’ART ET TRADITIONS DES FÊTES -

UN MARCHÉ CULTUREL EN LIGNE TOUT AU LONG DE L’ANNÉE LA RÉDACTION

La tradition des marchés des Fêtes est bien présente dans la région et nous a beaucoup manqué l’année dernière! Toutefois, même si la tenue des marchés de Noël en présentiel est heureusement de retour cette année, le Conseil des arts et de la culture de l’AbitibiTémiscamingue (CCAT) a décidé de relancer son Marché culturel des Fêtes en ligne sur son site Web. Grande nouveauté : le marché sera accessible tout au long de l’année et changera d’image au fil des saisons. L’objectif de cette plateforme est de promouvoir le travail des créateurs et de permettre aux gens de la région d’y avoir facilement accès. On encourage ainsi l’achat local et la vitalité culturelle de l’Abitibi-Témiscamingue!

MARCHÉS DE NOËL DANS LA RÉGION La majorité des marchés de Noël de la région ont eu lieu en novembre. Toutefois, il sera encore possible de faire vos emplettes en personne dans quelques municipalités au courant des prochains jours. C’est notamment le cas du Marché de Noël du Marché public d’Amos (4 décembre), du Bazar de Noël de Senneterre (4 décembre), du Marché de Noël de La Corne (5 décembre), du Marché de Noël de Normétal (5 décembre), du Marché public des Fêtes à Rouyn-Noranda (5 décembre), du Marché de Noël à la campagne de Val-d’Or (11 décembre), du Marché de Noël de Rouyn-Noranda (11 et 12 décembre), pour ne nommer que ceux-là.

JULIA M. CAMERON | PEXELS

Le fonctionnement du Marché culturel en ligne est simple : il s’agit d’un répertoire des boutiques en ligne de la région qui renvoie les acheteurs sur les sites des artisanes et artisans pour effectuer leurs achats. Pour y apparaître en tant que vendeur, il faut provenir de l’AbitibiTémiscamingue, offrir un produit ou un service culturel, avoir un site transactionnel et créer

sa propre fiche. En ce moment, on peut y dénicher une foule de produits parfaits pour les cadeaux des Fêtes tels que des bijoux, des livres, des toiles, des billets de spectacle ou même des vêtements!

26 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN


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- MÉTIERS D’ART ET TRADITIONS DES FÊTES -

LE CENTRE D’ART DE LA SARRE, UN PÔLE DES MÉTIERS D’ART GENEVIÈVE SAINDON-L’ÉCUYER

Ce centre d’exposition met l’accent sur les métiers d’art depuis plusieurs années déjà. Sa mission est de diffuser et d’étudier le travail des créateurs en plus de permettre le développement de leur pratique grâce à des résidences de création. Celui-ci est abrité par la Maison de la culture et est porté par trois femmes impliquées, Véronique Trudel, Cassiopée Bois et Marie-Luce Doré, qui ont à cœur de mettre en lumière les réalisations de nos artistes régionaux. De plus, l’implication et le dévouement de cette équipe mènent à la création de projets innovants et permettent au Centre d’art

C’est dans cette perspective que la responsable du Centre d’art, Véronique Trudel, a mis sur pied le projet de la Triennale en métiers d’art, dont on a pu voir la troisième édition du 19 juin au 31 août dernier. La Triennale est une initiative majeure qui vise à encourager les idées créatrices et artistiques des artisans, et à permettre une visibilité accrue de leur travail par la mise en tournée de l’exposition à travers le Québec. Intitulée L’éloge du fil, cette exposition a été le seul événement professionnel en la matière dans la région. Elle a d’ailleurs été invitée à participer au 65e Salon des métiers d’art du Québec, qui se déroulera au Palais des Congrès de Montréal du 9 au 19 décembre 2021. La Triennale revêt une grande importance dans ce domaine au Québec, et les artistes de l’Abitibi-Témiscamingue ont la chance d’y être représentés. La culture est un lieu d’expression habité par des artistes à travers leurs œuvres. Le Centre d’art de La Sarre est une maison construite par des gens dévoués qui permet d’exposer la beauté des créations des gens de chez nous et d’ailleurs, passionnés par les métiers d’art, tout comme eux.

CENTRE D’ART DE LA SARRE

Si ce que vous venez de lire vous interpelle et que vous n’avez encore jamais visité un endroit qui expose ce type de création, ou encore si vous êtes de fervents amateurs de celles-ci, rendez-vous au Centre d’art de La Sarre.

de rayonner dans le domaine des métiers d’art à travers la province. Il existe cinq lieux de diffusion en métiers d’art au Québec, et celui de La Sarre en fait partie.

CENTRE D’ART DE LA SARRE

Rien ne se perd, tout se transforme et permet ainsi aux artistes de créer. Les œuvres des artisans en métiers d’art sont là pour en témoigner. Les métiers d’art, c’est quoi? Ce sont des créations artistiques qui se réalisent par une œuvre originale, unique ou en multiples exemplaires, qui sont destinées à une fonction utilitaire, décorative ou d’expression, et sont exprimées par l’exercice d’un métier relié à la transformation de la matière.

On s’emballe pour l’achat local ! DÉCOUVREZ UNE LISTE DE BOUTIQUES DE CRÉATEURS ET CRÉATRICES D’ICI SUR CULTURAT.ORG/RESSOURCES

L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 27


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28 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN


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- MÉTIERS D’ART ET TRADITIONS DES FÊTES -

NOËL VÉGANE, FAMILLE HORS-NORME JULIEN POULIOT

Dinde, pâté de foie, pâté au poulet, tourtière, et j’en passe. Ce sont tous des mets traditionnels de Noël offerts lors des réceptions des fêtes. Si la majorité de ces plats sont agrémentés de viande, leurs versions véganes sont à l’honneur depuis bien longtemps dans ma famille. Il est d’ailleurs aussi facile de les cuisiner que leurs équivalents réguliers. Je suis le troisième d’une famille de neuf enfants et je peux vous assurer que les options végétariennes et véganes nous ont toujours bien nourris, quoique puissent en penser certains détracteurs! Alors que dans les années 1990, manger végé était considéré comme marginal, aujourd’hui les choses ont bien changé! Les livres de recettes de Jean-Philippe Cyr, du comptoir végane ou encore ceux de la cuisine de Loounie ont su rendre les mets à base de plantes aussi appétissants que ceux des autres régimes alimentaires. Il faut ajouter que cuisine végétale ne rime pas toujours avec alimentation santé! Il est très facile de tomber dans les gras saturés avec l’huile de coco ou la friture et dans l’excès de sodium avec les produits transformés. Il faut dire qu’il est tout à fait possible de très bien manger, mais aussi très mal, tout en n’ayant aucune protéine animale dans son assiette. C’est principalement un choix écoresponsable que mes parents ont fait, un peu avant ma naissance, et qui au fil du temps, n’a fait que se concrétiser. Par exemple, saviez-vous qu’un seul kilo de bœuf génère 32,5 kg de CO2 et nécessite environ 15 000 litres d’eau? Année après année, ma mère a reçu un nombre incalculable de convives qui ont toujours été charmés par ses recettes festives. Pourtant, plusieurs adoraient manger de la viande. Bien que certains membres de notre famille ne soient pas végétariens ou véganes, nous trouvons toujours du réconfort dans les repas préparés par nos parents dans le temps des fêtes. Se réunir pour manger végane est rapidement devenu une tradition, même après que la plupart d’entre nous aient quitté le nid familial.

À chaque année nous avons le bonheur d’apprécier et de se procurer des produits de nos artisans locaux qui perpétuent les belles traditions des Fêtes et nous en font découvrir de nouvelles.

SUZANNE BLAIS

Tout en vous souhaitant un vrai beau temps des Fêtes, je vous invite à les encourager.

DÉPUTÉE D’ABITIBI-OUEST Bureau Amos

Bureau La Sarre

259, 1 avenue Ouest, Amos, (QC), J9T 1V1

29, 8e avenue Est, La Sarre, (QC), J9Z 1N5

819 444-5007

819 339-7707

re

suzanne.blais.ABOU@assnat.qc.ca

Pour une grande famille comme la nôtre, il est difficile de rassembler tout le monde pour un festin. Pendant une pandémie, ça devient mission impossible. La technologie ne nous permet peut-être pas encore de faxer le faux poulet de maman ou les crêpes décadentes de papa, mais elle nous permet de nous voir. Nous mangeons et festoyons ensemble, mais à distance. Cette année encore, une partie de la famille se réunira au foyer familial et les autres seront au rendez-vous sur Zoom. Même ma grand-mère de 90 ans sera de la partie, et comme elle habite chez mes parents, elle est très heureuse de participer à nos coutumes végétales. D’ailleurs je ne crois pas qu’elle s’ennuie de la viande. Au contraire, après un séjour à l’hôpital il y a deux ans, elle s’est délectée des repas de ma mère en revenant à la maison et s’est très vite remise de son accident. Pour moi, un Noël réussi, c’est un incroyable festin végane où chacun apporte un petit quelque chose. C’est entendre dire mon père : « Les enfants, ça nous a pris trois jours pour préparer ce repas et vous avez fini de manger en sept minutes! » C’est quelques bières et vins, ou encore un apéro local, sans aucune maltraitance animale. Nous sommes libres de manger ce que nous voulons, mais préparez-vous! Dans quelques années, il est évident que de plus en plus de familles vivront un peu comme la nôtre. Les grandes compagnies comme Olymel investissent déjà dans l’alimentation végétale et c’est sans compter celles qui existent déjà comme Beyond Meat ou Impossible Burger. Chaîne exclusive à Cablevision

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L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 29


SPÉCIAL MÉTIERS D’ART ET TRADITIONS DES FÊTES

- MÉTIERS D’ART ET TRADITIONS DES FÊTES -

L’UNIVERS MAGIQUE ET CRÉATIF DE LA BOUTIQUE MAUVE DÉLIRIUM – LE REPÈRE AUDREY-ANNE GAUTHIER

COURTOISIE

Le 21 septembre dernier, à Val-d’Or, un nouveau commerce mettant en valeur des objets uniques créés par des artisans d’ici a ouvert ses portes.

30 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN

Maude Goulet, artiste-tatoueuse passionnée depuis 9 ans, est sensible à la beauté qui l’entoure et aux artisans régionaux. Le projet de départ est loin d’être ce qu’il est aujourd’hui, mais la tournure des événements comble de bonheur la propriétaire de MauVe Délirium – Le Repère. À l’origine, elle désirait tenir une boutique de tatouage. Elle forme d’ailleurs trois apprentis dans son local afin de contribuer à la relève. Quand est venu le temps d’aménager de son espace, elle s’est vite rendu compte que le local se prêtait merveilleusement bien à un projet encore plus grand. Elle a alors décidé de mettre une partie de son espace à la disposition de l’univers créatif des artisans de la région. « Le local se prête tellement bien à un endroit comme celui-ci. C’est fou comme la diversité des créateurs est grande ici. On ne se rend pas assez compte de la qualité et de l’originalité des produits faits à la main qu’on peut retrouver sur le territoire. En ce moment, j’ai 32 exposants. C’est beau à voir. » Bijoux, toiles, articles de cuisine, sculptures, objets en céramique, petits trésors régionaux : la vitrine qu’elle offre aux artisans est authentique, sans prétention. « Ma boutique, c’est une


SPÉCIAL MÉTIERS D’ART ET TRADITIONS DES FÊTES

communauté artistique magique et bienveillante. C’est mon slogan. Je souhaite que les artistes se sentent à l’aise d’exposer leurs œuvres dans ma boutique. C’est quand même magique ce qui se développe comme relation entre les artistes et moi. J’aime tellement ça voir les petits yeux brillants des artistes quand ils se rendent compte qu’un client a fait l’acquisition d’une œuvre, qu’une personne a encouragé leur art. C’est vraiment beau. » Certains artistes ont le syndrome de l’imposteur face à leurs œuvres. Les processus parfois très longs afin d’exposer dans différentes galeries d’art bloquent les artisans dans leur démarche. « Certains vendaient déjà leurs produits sur des sites comme Marketplace, mais ce n’est pas une plateforme qui met vraiment en valeur les créations d’artistes. Dans ma boutique, on donne la chance aux artisans de mettre en lumière leur créativité, leur art, mais également la personnalité et la vibe de chacun de ces artistes et artisans. J’aime vraiment le côté humain que cette boutique m’apporte au quotidien », raconte la propriétaire. Les diversités culturelles, spirituelles et 2SLGBTQ+ sont pour elle, des sphères qui ont une importance capitale dans la gestion de sa boutique et dans la vision qu’elle a du monde qui l’entoure. « Je trouve qu’il n’y a pas beaucoup de place à la diversité dans l’espace public. Je veux vraiment être un endroit bienveillant et accueillant pour toute la communauté! »

COURTOISIE

COURTOISIE

Que ces fêtes de fin d’année puissent être aussi rayonnantes, douces et heureuses que possible pour vous et toute votre famille. On vient de traverser une autre année à faire des sacrifices et à moins côtoyer ceux et celles qui nous sont chers. Profitez donc de ce temps de l’année pour vous réunir et vous réjouir tout en respectant les règles sanitaires.

COURTOISIE

COURTOISIE

N’hésitez pas à aller visiter sa boutique afin de découvrir notre art régional.

Que 2022 vous apporte l’amour, la paix et la santé.

Joyeux Noël et bonne année 2022 !

SYLVIE BÉRUBÉ

Députée d’Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou 819 824-2942 | deputee.sylvieberube.info

SÉBASTIEN LEMIRE

Député d’Abitibi-Témiscamingue 1 800 567-6433 | lemire.info

L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 31


32 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN


Joyeuses fêtes!

- ARTS VISUELS -

L’ARCHE DE NOÉ SELON CLAUDE LAFORTUNE AU RIFT DE VILLE-MARIE JADE BOURGEOIS

Jusqu’au 31 janvier, la galerie d’art du Rift présente l’exposition L’Arche de Noé selon Claude Lafortune. La célèbre histoire biblique est racontée à travers les magnifiques sculptures de papier du regretté artiste. Produite par le Musée des cultures du monde de Nicolet, l’exposition est accessible gratuitement.

Photo : Louis Jalbert

De gauche à droite, rangée arrière : Yves Drolet, Cédric Laplante, Daniel Bernard, Réal Beauchamp, Stéphane Girard, Daniel Camden. Rangée avant : Samuelle Ramsay-Houle, Claudette Carignan, Sébastien Côté, Diane Dallaire, Benjamin Tremblay, Sylvie Turgeon, Guillaume Beaulieu.

LYSANDRE RIVARD

Que le temps des Fêtes soit riche en émotions et parsemé de petits plaisirs et de douceurs.

Lysandre Rivard, nouvelle photographe bénévole pour L’Indice bohémien, a beaucoup aimé sa visite au Rift : « Je trouve que c’est une exposition très colorée et vivante qui va beaucoup plaire aux enfants également. Les personnes ont un détail absolument incroyable et sachant qu’elles sont faites en papier, ça les rend tellement vulnérables, c’est touchant! » En effet, les sculptures de papier sont très fragiles et présentent d’ailleurs tout un défi côté transport et conservation. Par exemple, un peu trop d’humidité et l’exposition pourrait être carrément gâchée. Par cette exposition, on souhaite que les visiteurs découvrent l’histoire de Noé d’une façon poétique, ludique et participative. Toujours selon Lysandre Rivard, « les personnages sont imposants aussi, ce ne sont pas des miniatures de papier. Il y a une belle diversité dans les couleurs, le choix des animaux et les émotions que chacun a ».

Que la nouvelle année déborde de joie, de plaisir et de santé et qu’elle voie tous vos rêves se concrétiser. Les membres du nouveau conseil municipal se joignent à moi pour vous souhaiter amour, bonheur et prospérité!

Diane Dallaire, mairesse

Cette exposition est aussi une bien belle façon de se plonger ou de se replonger dans l’œuvre de Claude Lafortune, qui s’est fait connaître des petits et grands Québécois durant les années 1970 grâce à son émission L’Évangile de papier. Au Musée des cultures du monde de Nicolet, on a voulu honorer tout le travail et le temps qui se cachent derrière les sculptures de papier et redonner ses lettres de noblesse à Claude Lafortune. Celui qui a toujours eu beaucoup de mal à se voir autrement que comme un « simple » bricoleur est ainsi le sujet d’une vraie exposition artistique, loin du bricolage. Pour en apprendre davantage sur l’artiste, le Rift propose le visionnement du touchant long-métrage documentaire Lafortune en papier de la journaliste Tanya Neveu. L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 33


- FESTIVAL -

UN 4 E FESTIVAL TRAD PLUS QUE RÉUSSI À VAL-D’OR

DOMINIC MCGRAW

CHRISTINE VALLIÈRE ET JADE BOURGEOIS

Organisateurs et festivaliers s’entendent pour dire que le 4e Festival de musique Trad de Val-d’Or, présenté du 3 au 5 novembre, a été un franc succès! Spectacles à guichets fermés et records d’assistance : le public était au rendez-vous pour vivre la magie du retour en présentiel. Bien que cet événement soit toujours garant d’un plaisir fou et de moments mémorables, la programmation a ravi par sa qualité. Une habituée bien amoureuse du Festival Trad va même jusqu’à dire que c’était la meilleure année! Voici donc un petit compte-rendu de notre fin de semaine au milieu des gigueux et des violoneuses.

peut y trouver son compte. Selon notre habituée du festival, le nombre de participants aux ateliers a permis de former des groupes avec des niveaux de difficulté différents, ce qui a aidé à en faire la meilleure année aussi pour les ateliers! Ensuite, Galant, tu perds ton temps, un groupe composé de cinq femmes qui chantent a capella, a démarré la soirée du samedi. Même sans autre instrument que leurs cordes vocales et leur bouche, elles ont réussi à faire des chansons dansantes et des rythmes entraînants pour le plus grand plaisir de tous! Une performance encore une fois très impressionnante.

SOIRÉE DU VENDREDI C’est le groupe Les Grands hurleurs qui a ouvert la soirée du vendredi à la polyvalente Le Carrefour. Composés de quatre musiciens, dont un à la basse – instrument très rare dans un groupe de musique traditionnelle – deux au violon et un à la guitare, Les Grands hurleurs ont donné un bon spectacle qui s’éloignait du trad plus classique. Les spectateurs ont beaucoup aimé les solos plus blues et la qualité de la musique.

Tous et toutes attendaient avec impatience la venue du célèbre groupe Le Vent du Nord. Dès la première chanson, le public était conquis et l’ambiance était à la fête! Musicalement très forts en plus d’être tous de très bons entertainers, les musiciens ont fait taper du pied et des mains toute la soirée. Solos d’accordéon à la rock, chanson avec les filles de Galant, tu perds ton temps… tout y était! UNE PROGRAMMATION COMPLÈTE

Le groupe a été suivi de Tissé serré, une formation de danse traditionnelle. Les danseuses et danseurs expressifs et théâtraux ont impressionné le public grâce à leurs mouvements de pieds spectaculaires. Un coup de cœur : les batailles de gigue endiablée. On ne serait pas au Festival Trad si toutes les soirées ne finissaient pas par un jam mêlant amateurs et professionnels! André Brunet, figure célèbre dans le monde de la musique Trad et membre du groupe Le Vent du Nord, a dirigé la séance, et même les gigueurs se sont mêlés à la danse. Cet événement a sans aucun doute été l’un des moments forts de la fin de semaine! SOIRÉE DU SAMEDI Tous les ans, il est possible de s’inscrire à des ateliers d’initiation ou de perfectionnement durant la journée du samedi. Cours de violon, de chants, de gigue, de guitare… Tout le monde 34 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN

Le dimanche matin, nous avons eu la chance d’assister à un beau moment musical au conservatoire. Le duo Beaudry-Prud’homme, composé d’un pianiste classique et d’un chanteur traditionnel, a revisité des chansons du répertoire québécois, comme celles de Gilles Vigneault, à la sauce classique. Nous n’avions jamais entendu quelque chose de pareil, c’est rare que nos chansons folkloriques sont jouées au piano classique! Bien que nous n’ayons pas eu le bonheur d’assister aux autres activités et spectacles du mercredi et du jeudi, nous en avons entendu des échos positifs. On se dit à l’année prochaine pour le 5e anniversaire du Festival!


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– CULTURE –

PORTRAIT DE LA CULTURE 2021 EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE NANCY ROSS, OBSERVATOIRE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

L’identité d’une région se façonne en partie par la vitalité culturelle et l’engagement de sa population envers les artistes et les événements culturels. En Abitibi-Témiscamingue, les manifestations culturelles sont multiples et prennent les formes les plus variées. Le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue (CCAT) et l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue (OAT) ont voulu témoigner de cette richesse et se pencher sur l’apport important des arts et de la culture au développement social et économique de la région. Au cours des prochains mois, trois chroniques détailleront les principaux résultats du Portrait de la culture 2021, avec quelques mises en contexte et chiffres à l’appui. DEUX ANNÉES ÉPROUVANTES Les années 2020 et 2021 ont mis la résilience du milieu culturel à rude épreuve. Plus de 670 activités, spectacles, expositions, etc., ont été annulées en 2 semaines du début de la pandémie de COVID-19, provoquant un raz-de-marée qui a eu une incidence directe sur la vie des œuvres, sur la carrière des artistes et sur la viabilité des organismes. Les mois ont passé, et le milieu culturel a su s’adapter à cette nouvelle réalité. La fermeture des salles d’exposition et des lieux de diffusion a pavé la voie à un essor des représentations numériques. Même si l’allègement des mesures sanitaires des derniers mois a apporté un certain soulagement, le milieu culturel vit encore de grandes inquiétudes en vue de la relance d’un secteur dont les assises sont fragilisées. Dans ce contexte de changements profonds et d’adaptation, l’édition 2021 du portrait de la culture inclut des données prépandémiques, à la fois pour constater les avancées des dernières années et pour appréhender les défis de la relance en ces temps incertains. DES RÉSULTATS POURTANT PROMETTEURS Le portrait de la culture documente l’offre culturelle entre 2015 et 2019. L’Abitibi-Témiscamingue se positionne avantageusement au troisième rang au Québec pour le nombre d’institutions muséales et d’établissements cinématographiques par habitant et au quatrième rang pour les salles de spectacles. Les arts de la scène (spectacles de musique, de chanson, de théâtre, de danse et de variétés) se démarquent au chapitre de l’assistance, avec un taux d’occupation des salles en hausse de près de 10 % entre 2015 et 2019. Une quinzaine d’événements et festivals présentant des arts de la scène ont eu lieu dans la région, dont la majorité proposait des spectacles de chanson (80 %) ou de musique (18 %), suivi des variétés (14 %) et des arts de la parole (12 %). Les institutions muséales ont accueilli 112 319 visiteurs en 2019, soit un peu plus qu’en 2018, mais moins qu’en 2016 et 2017. On note une augmentation de la clientèle générale, mais une diminution de la clientèle étudiante. Du côté des salles de cinéma, elles ont présenté 14 157 projections aux cinéphiles, ce qui représente une légère diminution par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Ces résultats témoignent globalement d’une belle fréquentation des lieux et des manifestations culturelles de la région avant la pandémie. Aujourd’hui, le milieu culturel s’interroge. Quelles seront les répercussions de la crise sanitaire sur les habitudes de consommation culturelle? Est-ce que l’industrie culturelle demeurera attractive pour la relève? Quelles stratégies seront mises en place pour la préservation des particularités régionales, pour le financement des organismes et la rémunération des artistes? Ces questions fondamentales pour le développement culturel seront au cœur de la relance.

INVITATION

aux artistes professionnels et aux commissaires en arts visuels et métiers d’art d’expression qui désirent présenter un projet d’exposition en Abitibi-Témiscamingue Le dépôt d’un seul dossier est nécessaire alors que l’ACEAT s’assure de faire le suivi auprès des 4 centres d’exposition d’Amos, La Sarre, Val-d’Or, Ville-Marie et du musée d’art de Rouyn-Noranda.

Votre dossier doit comprendre les documents suivants en format PDF ou WORD : • Vos coordonnées (adresse postale, téléphone et courriel) • Description détaillée du projet d’exposition (1 page) • Démarche artistique (1 page) • Curriculum vitae (3 pages max.) • Visuel du projet d’exposition et liste descriptive des œuvres en JPG (max 15 images et 3 liens Web pour les vidéos) • Dossier de presse numérisé (facultatif-articles majeurs seulement) • Liste de vos besoins techniques spéciaux (s’il y a lieu)

DATE LIMITE : 31 JANVIER 2022 Faites parvenir votre dossier par WETRANSFER à exposition@amos.quebec ainsi identifié : ACEAT2022 - [VOTRE NOM]

POUR INFO Marianne Trudel au 819 732-6070, poste 402 ou par courriel exposition@amos.quebec

Pour plus de contenu, retrouvez l’étude complète sur le site Web du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue.

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Depuis 1980, l’ACEAT constitue un réseau de diffusion professionnel qui regroupe 4 centres d’exposition reconnus de l’Abitibi-Témiscamingue et un musée d’art.

Contactez-nous à info@culturat.org L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 37


- MA RÉGION, J’EN MANGE -

PAIN D’ÉPICES

1ER DÉCEMBRE 2021 AU 6 FÉVRIER 2022 Vernissage Mercredi 1er décembre à 17 h

RECETTE TRADITIONNELLE D’ALSACE

COURTOISIE

CHEF RÉGIS HENLIN, LES BECS SUCRÉS-SALÉS

Expo-vente INGRÉDIENTS 425 g (3 tasse) 10 g (1 c. à soupe) 5 ml (1 c. à soupe) 2,5 ml (½ c. à thé) 175 g (¾ tasse) 200 g (1 tasse) 125 ml (½ tasse) 1 œuf (Ferme Richard)

farine tout usage bicarbonate de soude épices à pain d’épices sel beurre non salé, ramolli cassonade miel (mielleries de la Grande Ourse ou Abitémis)

FONDS MUNICIPAL D’ART CONTEMPORAIN

À la recherche d’idées cadeaux ?

MÉTHODE Dans un bol, mélanger la farine, le bicarbonate, les épices et le sel. Dans un autre bol, ramollir le beurre avec la cassonade et la mélasse au batteur électrique de 1 à 2 minutes. Ajouter l’œuf et bien mélanger. À vitesse lente ou à la cuillère de bois, incorporer les ingrédients secs et mélanger jusqu’à ce que la pâte soit bien lisse. Emballer de pellicule plastique et réfrigérer 1 heure. Préchauffer le four à 190 °C (375 °F). Fariner le plan de travail légèrement, abaisser la pâte à une épaisseur d’environ 3 mm (1/8 po). Découper des biscuits à l’aide d’un emporte-pièce au choix. Répartir les biscuits de même grosseur sur une même plaque, car le temps de cuisson peut varier. Cuire au four, une plaque à la fois, 8 minutes ou jusqu’à ce que le contour des biscuits soit légèrement doré. Laisser refroidir complètement et décorer à votre goût.

38 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN

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CALENDRIER CULTUREL CONSEIL DE LA CULTURE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

CINÉMA Trous de culs, une théorie – ONF 15 déc., Bibl. municipale Amos

Là où parfois l’on s’y perd Donald Trépanier Jusqu’au 9 janv., MA Musée d’art (RN)

L’autre Mexique – Aventuriers voyageurs 1er déc., Cinéma Amos

L’arche de Noé – Claude Lafortune Jusqu’au 30 janv., Centre d’exposition du Rift (Ville-Marie)

Compostelle – Aventuriers voyageurs 12 janv., Cinéma Amos

Site de rencontre avec l’art Jusqu’au 21 févr. 2022, MA Musée d’art (RN)

CONTE

HUMOUR

Homme de lettres, l’espace-temps d’un pas Pierre Labrèche 2 déc., Salle de l’âge d’or (Senneterre)

Parfa – Olivier Martineau 14 déc., Théâtre des Eskers (Amos) 15 déc., Théâtre Télébec (VO) 16 déc., Théâtre du cuivre (RN) 17 déc., Le Rift (Ville-Marie) 18 déc., Salle de spectacles Desjardins (LS)

DANSE Syntonie – Janie et Marcio 3 déc., Théâtre Télébec (VO) 4 déc., Théâtre du cuivre (RN)

MUSIQUE

EXPOSITIONS

Haïku – Diane Tell 1er déc., Théâtre du cuivre (RN) 2 déc., Théâtre Télébec (VO)

Modèle vivant Jusqu’au 6 déc., MA Musée d’art (RN) L’idéal n’a pas de modèle – Johannie Séguin Jusqu’au 9 janv., Centre d’exposition (Amos) L’insaisissable – Patricia Gauvin Jusqu’au 9 janv., Centre d’exposition (Amos) Plongeons – Sven Jusqu’au 9 janv., Centre d’exposition (Amos)

Bientôt ce sera Noël – Daniel Robitaille 1er déc., Salle de spectacles Desjardins (LS) 2 déc., Le Rift (Ville-Marie) 3 déc., Théâtre du cuivre (RN) 4 déc., Théâtre Télébec (VO) Concert de Noël Orchestre symphonique régional 4 déc., Église de St-Bruno-de-Guigues 5 déc., Église St-Sauveur (VO) 10 déc., Église Christ-Roi (Amos) 11 déc., Église Blessed Sacrament Parish (RN) 12 déc., Église St-André (LS)

Boîte aux lettres – Les Hay Babies 8 déc., Salle Félix-Leclerc (VO) 9 déc., Théâtre du cuivre (RN) 10 déc., Théâtre des Eskers (Amos) 11 déc., Salle de spectacles Desjardins (LS) Une minute Véronique Labbé et Hert Leblanc 10 déc., Théâtre Télébec (VO) 11 déc., Théâtre du cuivre (RN) À deux mètres du bonheur Guylaine Tanguay 11 déc., Le Rift (Ville-Marie) AlterIndiens Productions Menuentakuan 13 déc., Théâtre du cuivre (RN) 14 déc., Théâtre Télébec (VO) 15 déc., Théâtre des Eskers (Amos) La nuit des longs couteaux – Koriass 17 déc., Théâtre des Eskers (Amos) 18 déc., Le Rift (Ville-Marie)

DIVERS L’heure Biblio-Jeux Jusqu’au 5 déc., Bibl. municipale Amos Génies sages et moins sages Jusqu’au 10 déc., Bibl. municipale Amos Ateliers de création de bandes dessinées Jusqu’au 12 déc., Bibl. municipale Amos Atelier livres sans paroles Jusqu’au 14 déc., Bibl. municipale Amos Après l’école au Médialab Jusqu’au 14 déc., Bibl. municipale Amos Cliniques d’aide numérique Jusqu’au 15 déc., Bibl. municipale Amos Espace techno Jusqu’au 16 déc., Bibl. municipale Amos

Rob Lutes ft Cletus Jones 18 déc., Salle Dottori (Témiscaming) Acrophobie – Roxane Bruneau 7 janv., Théâtre Meglab (Malartic) 8 janv., Théâtre Meglab (Malartic) Rob Lutes et Léa Jarry 15 janv., Salle Dottori (Témiscaming)

Pour qu’il soit fait mention de votre événement dans le prochain numéro de L’Indice bohémien, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, à partir du site Web du CCAT au ccat.qc.ca/promotion/calendrier-culturel. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription.

L’INDICE BOHÉMIEN DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 39


DU 14 AU 23 JANVIER MONTRÉAL / ROUYN-NORANDA ALMA / GASPÉ / SHERBROOKE RIMOUSKI / MONTMAGNY

PROGRAMMATION Hiver - printemps 2022

Bluff

THÉÂTRE NUMÉRIQUE

Le 14, 18, 20, 23 janvier 2022

Les Hôtesses d’Hilaire ROCK ALTERNATIF

19 mars 2022

Philémon Cimon

Zébulon

28 janvier 2022

30 mars 2022

Echo Chamber + Elusive Matter

Les Shirley + Et on déjeune

4 février 2022

15 avril 2022

Ramon Chicharron

Double Date with Death

10 février 2022

22 avril 2022

Festival de film de montagne de Banff

Les îles Fidji

FOLK FRANCOPHONE

ROCK ACOUSTIQUE

ART NUMÉRIQUE

FOLK, POP ROCK

MUSIQUE LATINE ALTERNATIVE

3 acteurs, chacun dans leur ville, rassemblés dans un même spectacle

GARAGE ROCK

LES PETITS EXPLORATEURS

CINÉMA

12 mai 2022

La traversée du Lac Abitibi

L’Archipel aux mille sons

17 février 2022

14 mai 2022

Cinédanse Rouyn-Noranda 2022

Laura Niquay

15 février 2022

LES PETITS EXPLORATEURS

Interprétation Sarianne Cormier à Montréal, Étienne Jacques à Rouyn-Noranda, Véronique Pascal en tournée Texte Jean-François Boisvenue, Sophie Gemme Mise en scène Mireille Camier

CINÉMA DANSE

ANIMATION JEUNESSE

FOLK GRUNGE

18 mai 2022

Du 9 au 16 mars 2022 Petit Théâtre du Vieux Noranda 112, 7e rue, Rouyn-Noranda 819 797-6436 petittheatre.org/billetterie-bluff

OEUVRE : SERGE KABONGO | PLUS D’INFOS SUR : PETITTHEATRE.ORG

40 DÉCEMBRE 2021 - JANVIER 2022 L’INDICE BOHÉMIEN


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