Déracinés de Moselle

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Déracinés de Moselle


À partir d’une collecte de témoignages dirigée par Romain Ravenel et Éric Chapuis, l’INECC Mission Voix Lorraine vous propose ce fascicule accompagnant l’exposition itinérante « Déracinés de Moselle » destinée aux bibliothèques et médiathèques du réseau départemental de lecture publique de la Moselle. Ce livre regroupe des extraits de témoignages recueillis auprès de lecteurs des médiathèques de Maizières-lès-Metz et Phalsbourg et fournis gracieusement par l’association « Les amis du Saulnois » à Château-Salins, en partenariat avec la bibliothèque.

Ce QR code vous accompagne au fil de votre lecture. Il vous permet d’accéder directement à la page : inecc-lorraine.com/fr/deracines-de-moselle.html Page internet dédiée à l’opération et hébergeant l’intégralité des textes collectés, ainsi que des lectures de certains d’entre eux. Scannez le QR code avec votre appareil photo ou une application dédiée.


sommaire 08

témoignage 4 Les amis du Saulnois // Château-Salins

témoignage 5

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Les amis du Saulnois // Château-Salins

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témoignage 12 Les amis du Saulnois // Château-Salins

témoignage 18

16

Les amis du Saulnois // Château-Salins

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re-construire une vie Éliane // Maizières-lès-Metz

exode

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philippe // Maizières-lès-Metz

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marcelle nicole // Maizières-lès-Metz

À travers champs, les balles sifflent

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thibault // phalsbourg

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le cri des loups jean-paul // phalsbourg

L’exil de ma grand-mère anne-sophie // phalsbourg

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rené & jean anne-sophie // phalsbourg

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Déracinés de Moselle  TEXTES & témoignages



témoignage 4 Les amis du Saulnois Château-Salins Je suis né en 1923 à la ferme de Bourrache (sur le ban de Marsal) que mon père avait racheté au comte de Bourcier. À l'époque, Bourrache était une vraie ruche car il fallait du monde pour s'occuper des chevaux et il y avait de l'ouvrage pour tous. Nous y vivions à trois générations !

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En 1938, il y avait des bruits de guerre avec la première fausse mobilisation. Il y avait maintenant plein de militaires français dans le village, chez l'habitant, et même dans notre ferme située à l'écart. L'armée utilisait encore plein de chevaux Mais c'est avec la déclaration de guerre en ce temps-là ! Le village était en du début septembre 1939 que les choses effervescence. ont vraiment changé dans notre campagne. L'ancien arsenal de Marsal était devenu un abattoir pour l’armée qui ravitaillait en viande bovine les soldats, notamment ceux de la Ligne Maginot. On a vu arriver de belles charolaises et limousines venues en trains par la gare de Dieuze. Il y en avait plus qu'on ne pouvait en abattre si bien qu'on en voyait parfois divaguer dans nos parcs. Les bouchers étaient des professionnels venus de Nancy. La guerre a vraiment été déclenchée le 10 mai 1940 par les Allemands mais ce n'est qu'à la mi-juin qu'ils sont arrivés, à cheval. Les derniers Français, ont tué quelques Allemands avant de se replier et on a vu deux chevaux perdus qui avaient installé des mitrailleuses arriver jusque chez nous. Les Allemands sur la route de Blanche-Église à Dieuze. ont aménagé un terrain d'aviation entre Bourrache et Blanche-Église. Notre maison fut réquisitionnée, ils occupaient notre salle à manger. Mais, après l'armistice, ils sont partis. Il n'y en avait presque plus au village. Ils ont remis la frontière à Chambrey mais mon père avait un Ausweis car il allait régulièrement à Nancy pour vendre des bêtes au marché. Début novembre, on entendait déjà dire qu'on allait être obligés de partir. Alors mon père se débrouillait pour mettre de l'argent en sûreté « de l'autre côté ». C'est le lundi 18 novembre qu'un petit bus est venu nous chercher à la ferme pour nous amener au village où tout le monde était sur la Place d’Armes : 550 personnes ! Tout le monde a dû partir de Marsal avec les autobus qui attendaient. Plus une seule âme française au village ! À notre ferme, il y avait un berger alsacien et un commis polonais qui ne


sont pas partis. Grâce à ce dernier, on a su, qu'à peine partis, il y avait déjà des Allemands et des Bitchois pour nous remplacer. Notre ferme fut prise par un Allemand avec un Polonais comme ouvrier.

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À la gare de Dieuze, on s'est retrouvés à cinq villages pour le même train : Moyenvic, Lezey, Xanrey, Bezange et nous. Au moment de partir, vers 13h ou 14h, les Allemands cherchaient un nommé Buchler de Marsal car il était téléphoniste et voulaient le garder. Comme il ne se montrait pas, ils ont menacé de tous nous envoyer en Silésie. Alors il s'est montré mais après de longues discussions, ils l'ont laissé avec nous et on est enfin parti en début de soirée. À la gare d'Avricourt, on a tous fait : ouf ! Nous étions dans des wagons en bois de 4° classe et le train s'arrêtait de temps à autre pour les besoins derrière les talus. Mardi, vers 11h du matin on est passés à Mâcon où l'armée d'armistice nous rendait les honneurs. La Croix Rouge donnait du lait aux enfants et des casse-croûtes aux adultes. À Lyon, on a passé une nuit de repos sur des lits de fortune à la foire-expo. On a ensuite repris un train un peu plus confortable pour descendre la vallée du Rhône pendant deux jours. On est arrivés le jeudi soir dans le Lauragais. Les gens de Moyenvic, Bezange et Lezey sont descendus en premier entre Villefranche et Toulouse. Nous sommes arrivés à la gare de Baziège en Haute-Garonne où soufflait le vent d'Autan et il faisait très froid. Les Xanrey sont allés plus loin jusqu'à Escalquens. Nous avons été bien accueillis : repas chaud dans la salle des fêtes et matelas pour tous dans un grenier. Le lendemain matin, des camions nous ont répartis dans des villages alentours. Nous avons eu une maison dans la ville de Baziège même. Elle était bien mais sans chauffage et il faisait froid. J'ai travaillé dans une métairie. Là-bas, c'était encore le Moyen-âge ! La maison avait un sol en terre battue et Il y a eu beaucoup de morts au début chez les murs avaient dû être blanchis sous nos anciens qui supportaient mal cet exil. Napoléon car ils étaient tout noirs. Les gens y vivaient à trois générations : les vieux ne savaient pas le français et ne parlaient qu'en langue d'Oc. Les parents ne savaient ni lire ni compter et les enfants partaient à l'école avec leur bouteille de vin car ils n'avaient pas de lait. Nous essayions d'avoir des nouvelles de nos connaissances en Moselle : Où étaient-ils passés ? Nous avons appris que notre député de Château-Salins, François Beaudoin, était directeur des services agricoles à Tours. Il nous a fait savoir, par courrier, de nous adresser à son homologue, le directeur des services agricole de Châteauroux, lequel nous a signalé une ferme qui allait être libre en juin près d’Ardentes dans l’lndre. Il y avait trois fermes de 110 ha chacunes, appartenant à un baron, dont l’une était en fin de métayage.


Il y avait 4 juments. 7 vaches et 2 truies ! C’était autre chose qu’à Baziège ! Là, on avait des chevaux - comme en Moselle - et non plus des bœufs pour travailler ! Ma mère faisait du beurre qui était très prisé en ces temps de pénurie et de rationnement ! Fin 1942 , deux de mes cousines de Guébling se sont sauvées pour échapper à l’enrôlement dans l’armée allemande et nous ont rejoints. En représailles, leurs parents et les quatre filles ont été déportés en Tchéchoslovaquie !

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Le 2 novembre 1943, mes deux cousins et moi avons été mobilisés dans les chantiers de jeunesse près de Montluçon ! On vivait dans des baraquements en forêt et ne mangions que des topinambours et du rutabaga. Un jour, le chef du camp demanda 10 volontaires pour travailler dans les mines à Saint-Étienne afin de remplacer les mineurs réquisitionnés pour le STO en Allemagne. Comme il n’y avait pas de volontaire, il nous a dit qu’il allait en désigner d’office le lendemain. Alors je me suis sauvé. J’ai fait 62 km à pied la nuit et suis revenu à 10h du matin chez mes parents le 20 novembre 43. Quelques jours après, les gendarmes étaient là ! Parmi eux, il y en avait un que mon père avait connu à Morhange. Il est reparti avec quelques saucisses et une motte de beurre après leur avoir fait comprendre qu’il se doutait de ma présence et leur conseillait de faire bien attention. En février 1944, les gendarmes sont revenus pour dire que la milice risquait de venir et qu’ils ne pourraient plus fermer les yeux. M. Pallez - qui tenait la ferme de la Grange à Vic avant guerre, et qui était un copain de mon père, était remonté de Saint-Béat en Haute-Garonne où avaient été expulsés les Vicois pour s’installer dans la Nièvre. En chemin, il était providentiellement passé chez nous et m’a dit : « Viens chez moi ! Je connais un Vicois qui travaille à la préfecture à Nancy et qui te fera une vraie fausse carte d’identité ». Je suis allé une dizaine de jours chez lui dans la Nièvre je suis parti début avril à Flavigny où je suis resté jusqu’à la fin de la guerre !

Ayant déserté l’armée allemande en 14-18, il s’était réfugié chez lui à Flavigny-surMoselle à cette époque.

Un jour, ça devait être en août ou septembre, les Allemands ont appris par dénonciation que mon patron avait une auto dissimulée sous de la paille et l’ont sommé de la dégager pour le lendemain car ils en avaient besoin. J’ai dû les accompagner à l’arrière de la voiture avec un « Besuchschein » (un laissez-passer) afin d’obtenir un bon de perquisition pour mon patron. Mais en cours de route j’ai entendu les deux soldats dire ... en parlant de moi : « il n’est pas prêt de revoir sa ferme ». Alors prenant mon courage à deux mains dans un virage, je me suis jeté dehors dans les ronces au bord de la Moselle.


Deux jours plus tard, les Américains étaient là ! C’étaient des noirs, des repris de justice qui avaient été mis en première ligne. Comme ils réclamaient du cognac, on leur a donné de la mirabelle et, eux, en échange, J’ai fait le mort pendant quelques heures et nous donnaient des cigarettes, de comme rien ne s’est passé, je suis revenu à l’essence, des chaussures ... la ferme de Flavigny. Dans les jours suivants, d’autres troupes américaines, plus civilisées, sont arrivées.

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Un jour que j’allais en vélo à Charmes, où se trouvaient mon oncle et ma tante, j’ai croisé mon père, lui aussi en vélo, qui était remonté de l’Indre pour revenir à Marsal. Il m’a raconté que des FFI ayant tiré sur des Allemands en fuite, ceux-ci étaient revenus à Charmes et avaient emmené tous les hommes avec eux. Par chance, mon cousin, ayant sa blouse blanche de pharmacien, a du être pris pour un médecin et n’a pas été « ramassé » ! En octobre, les Allemands sont revenus sur la frontière et ce n’est qu’en novembre 1944 que les Américains ont libéré notre Pays de la Seille. Les Allemands avaient évacué les Bitchois vers Bassing et Bidestroff. Je suis allé le 25 novembre 1944 à Marsal. Le village était désert. Les Allemands étaient tous partis. À Bourrache, ils avaient tout emporté avec eux. Il y avait un silence de mort. J’ai remis quelques tuiles en place pour protéger les récoltes faites par les Allemands. Mon grand-père y est mort en 42. J’ai donc décidé d’aller voir ma grand-mère pour prendre de ses nouvelles. Elle m’a dit que notre ancien berger était à Barchain avec tous les moutons. Quand les Allemands durent se replier en novembre 44, ils lui ont dit d’emmener le troupeau en Allemagne. Il leur a répondu « oui » car il ne pouvait pas leur dire « non » mais, dès qu’ils disparurent, il s’était arrêté à Barchain, sans aucune intention d’emmener les moutons aux Allemands en déroute !


témoignage 5 Les amis du Saulnois Château-Salins Je suis née en 1922 à Brousse-le-Château dans l’Aveyron. Mon père avait acheté des vignes près de Saint-Affrique où nous nous étions installés fin des années 1930. Je faisais 4 km à pied tous les jours pour aller à l’école. En 1940, mon futur mari, que je ne connaissais pas encore, a été ramassé par les Allemands à Knutange, dans la rue, avec d’autres jeunes chantant la Marseillaise.
Ils ont été conduits à Metz et mis directement dans un train. Ses parents ne savaient pas où il était et sont restés longtemps dans l’ignorance. En partance de Metz, le convoi s’est divisé en deux à TournemireRoquefort ; moitié vers Millaud, moitié vers Saint-Affrique. Beaucoup d’autres Lorrains débarqueront par la suite dans cette ville de l’Aveyron. Mon mari mit un mois à revenir. Nous nous sommes mariés à Saint-Afrique en 1945 puis je l’ai suivi à Knutange pendant quelques temps chez ses parents. J’avais un peu de mal à m’adapter et ma belle-mère, de langue allemande, avait du mal à s’habituer à ma présence. Je n’étais évidemment pas du pays. À la fin de la guerre, quand mon futur époux est remonté en Lorraine, ma mère m’a dit : « Regarde-le bien, tu ne le reverras plus ! » Alors ma mère m’a donné de quoi acheter le Café de Lorraine, place de la République à Château-Salins que nous avons tenu, mon mari et moi, durant de longues années ! La grosse maison attenante avait été démolie : trop abîmée par la guerre ! C’est loin tout ça ! Et voilà ! Maintenant tout ça est passé ... Mais je ne l’ai pas oublié et, parfois, ici, à la maison de retraite de Château-Salins, j’y pense encore !

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témoignage 12 Les amis du Saulnois Château-Salins 13

Je suis née en 1925 à Lindre-Basse dans la tour. Dans les dernières années avant-guerre, on ressentait déjà bien le malaise de la société allemande : il y avait une grande méfiance entre familles voisines et même entre parents et enfants. Le silence était pesant. Ma sœur était dans une maison où le fils, qui devait avoir 17 ans, était dans les S.A. (groupe paramilitaire nazi), complètement fanatisé ! Notre père écoutait avec anxiété Hitler vociférer à la radio et en était vraiment bouleversé : « Il est fou ! Complètement hystérique ce type ! ». À la fin de 1939, il y avait un cantonnement de soldats français au village. Ils avaient la roulante pour leur popote et dormaient dans des granges. Ils ne faisaient rien, se baladaient en vélo dans les bois ... Ce qui faisait enrager papa : « C'est quoi cette guerre ? ». Il avait fait arranger une écurie pour accueillir les évacués de la Ligne Maginot qui transitaient par chez nous avant d’aller en Charente. C'est en mai 1940 que la vraie guerre a débuté ! On racontait que les Boches tuaient tout le monde et quand on a commencé à entendre, au loin, le bruit des canons, la panique s'est emparée de tous et ce fut aussitôt la pagaille sur les routes. Les gens se sauvaient en voitures ou chars à ban, en vélo, à pied en tirant une charrette ... C'était l'affolement général ! Mon père avait anticipé les évènements. Depuis plusieurs mois il avait emmené nos meubles et objets importants dans une maison qu’il avait achetée spécialement à cet effet « en France ». Nous nous y sommes donc rendus en camion. C’était à Raon-les-Bois dans les Vosges. Et c'est là que j'ai vu arriver les premiers soldats allemands. Papa est reparti très vite à Lindre pour ne pas abandonner la gestion du domaine mais moi je suis restée avec ma mère et mes frères et sœurs. Il y avait des Allemands qui logeaient dans la maison voisine de la nôtre. L'entrée, la cour et la fontaine nous était communes. C'était très pénible à vivre ! On savait qu'on allait devoir partir mais les Allemands voulaient que mon père reste car ils avaient besoin de lui pour gérer le domaine.

Finalement, ils ont enfin trouvé quelqu’un de chez eux pour s'en occuper. On est partis en novembre. On était à peine partis que les maisons étaient déjà réoccupées par d’autres gens venus du coin de Bitche. Je l'ai su car le fils de mes futurs beaux-parents était précipitamment retourné chez lui, à Ma mère avait mis des billets de banque à Dieuze, et il les a vus s'installer dans leur la place des baleines de corset. maison !


On avait peur qu'ils nous envoient en Pologne.Nous sommes partis en train de la gare de Dieuze jusqu'à Lyon où on a passé la nuit dans une caserne puis le train est reparti pour nous amener à Septfonds dans le Tarn-et-Garonne. On a été bien accueillis la première nuit chez un directeur de fabrique de chapeaux avant d'être logés dans une maison inhabitée, froide et humide avec une cheminée mais pas de bois sec ! En janvier 1941 nous sommes partis à Saint-Laurent-sur-Save, en HauteGaronne, au pied des Pyrénées. Mon père dirigeait là une entreprise de bûcheronnage avec des employés lorrains expulsés, certains ayant déjà travaillé pour lui à Lindre, notamment un garde du domaine qui venait de Guermange. Ce dernier voulait se sauver de là car des gens du pays lui jetaient des pierres.

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Là-bas, les gens étaient vraiment bizarres. C'étaient des radicaux laïcards capable de tirer sur le curé quand il allait faire sa messe. À l'école, on était mal vus et mon frère se faisait traiter de « fesse de curé ». Nous étions pressés d'aller ailleurs ! En 1943, un officier français que mon père connaissait lui a proposé de gérer leur domaine agricole familial. Alors nous sommes allés à Saint-Priest-de-Gimel près de Tulle et nous y sommes restés jusqu'à la fin de la guerre. Là, nous étions entourés par les maquis qui étaient très actifs mais divisés au point, parfois, de s'entretuer ! Nous habitions dans un ancien presbytère près d'une vieille chapelle. Je crois que mon père « travaillait avec » car il y avait toujours des maquisards à la maison. Je me souviens qu'un jour les Allemands ont déboulé chez nous et qu'ils ont tout juste réussi à se sauver en rampant dans le jardin jusque dans les bois ! Par la suite, un officier allemand a réquisitionné la chambre de mon frère et Le climat se tendait de plus en plus. Les un soldat dormait au pied de l'escalier pour maquisards avaient coupé les arbres nous surveiller ! en travers des routes pour gêner les mouvements de l'armée allemande, ce qui les rendait fous furieux ! Ils mitraillaient tout ce qui bougeait ! On entendait le bruit des Panzers qui empruntaient le vieux chemin pour aller à Tulle. Là-bas, le maquis était sur le pied de guerre. Il y a eu des représailles terribles. Les Allemands ont pendu beaucoup de gens et notamment un jeune au balcon de la maison de ses parents. L’officier allemand qui dormait dans la maison à Saint-Priest avait, lors d’une conversation à son arrivée, prévenu que le commandement allemand ne maîtrisait pas ses troupes et que donc il ne fallait pas sortir la nuit. En effet, dans leur convention, certains combattants venus de Russie, pour combattre auprès des Allemands plutôt que de mourir dans des camps, avaient droit de viol et de pillage.


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Je me rappelle que mon père m'envoyait chercher des papiers d'identité vierges chez des gens qui habitaient dans la ville de Corrèze et que j'avais peur de me tromper de maison et surtout de rencontrer des Allemands. Je cachais ces papiers dans la chapelle à côté de chez nous là où on rangeait les habits sacerdotaux. Les Allemands se doutaient de quelque chose et sont venus interroger mon père. Nous étions avec maman dans la cuisine et on ne devait pas bouger. Ce n'étaient pas des S.S. et quand papa leur a dit qu'il avait été officier dans l'armée allemande en 14 alors ils l'ont laissé tranquille. Mon père est rentré seul en janvier 1945 à Lindre mais il est vite revenu. Il n'y avait plus de fenêtres dans les maisons et il a eu froid comme jamais ! Il est remonté en Lorraine en février et j'ai dû l'y accompagner. Le village était alors occupé par des Américains, surtout des noirs, des repris de justice, toujours à la recherche d'alcool ! On arrivait à se procurer du café et du lait concentré sucré en échangeant avec les Américains. Tant qu'ils ont été là, il y avait un couvre-feu vers 18H je crois et ils étaient très stricts là-dessus.

Ma mère et mes frères et sœurs ne sont revenus qu'en juillet. Il y avait un centre d’accueil dans les locaux de l'hôpital de Dieuze. Je me souviens d’un ancien prisonnier serbe qui avait dû déserter l'armée allemande et qui se camouflait dans la forêt avec le soutien du garde forestier du Romersberg. Il était assez original et très habile de ses mains. Mon père l'a embauché et il est venu travailler au Domaine. Il surveillait des Après le bombardement du 20 octobre prisonniers allemands qui refaisaient la 1944, l'étang s'est vidé à cause de la brèche digue. Celle-ci avait été bombardée par dans la digue, inondant toute la vallée de la les Américains et l'étang était à sec.

Seille jusqu'à Metz. La reconstruction de la digue a été très compliquée parce qu'il fallait raccorder la partie nouvelle à la partie ancienne.

Les bombardiers US de retour de leurs raids en Allemagne, s’ils n’avaient pas largué toutes leurs bombes, les larguaient dans l’étang de Lindre pour pouvoir atterrir. Parfois on voyait le phosphore brûler à la surface de l’eau. On a repêché de nombreuses bombes dans l’étang dans les années qui ont suivi. Ceux du pays de Bitche ont fini par s'en retourner chez eux et les Polonais qui travaillaient là sont restés au village. Un jour, le maire a organisé un passage dans toutes les maisons pour que chacun retrouve ses affaires car, une fois partis en 40, ceux qui étaient restés et les nouveaux arrivés s'étaient servis, sans compter les Allemands et les Américains. Finalement tout est rentré dans l'ordre. Je me souviens avoir sonné les cloches pour la fin de la guerre, le 8 mai 45, avec une copine qui était restée au village pendant la guerre ! Et voilà toute l'histoire mais j'en ai oublié sûrement plus de la moitié !


témoignage 18 Les amis du Saulnois Château-Salins Je suis né à Rezonville près de Metz. J'avais 11 ans quand les Allemands sont arrivés. On ne les a pas beaucoup vus dans notre village. Ils étaient surtout en ville ! On a vite compris qu'ils allaient nous expulser car mon père avait signé pour être Français comme la moitié des gens du village. Il ne voulait pas être Allemand car il ne voulait pas que mon frère qui avait 18 ans devienne lui aussi, comme lui en 14, soldat allemand !

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Le 12 novembre 1940, deux soldats allemands sont arrivés à IOH du matin alors qu'on était en train de murer le four avec les bouteilles de vin rangées dedans pour les cacher. Trop tard ! On a donc ouvert une bouteille et mon père qui avait été à l'école allemande a proposé aux soldats d'en boire un verre.« Buvez d'abord ! ». Ils se méfiaient ! Depuis quelques jours, comme beaucoup d'autres, ma mère avait cousu dans le revers de mon manteau les pages du livret de Caisse d'Épargne car on n'avait le droit d'emporter que 2000 Frc. L'autobus n'était pas encore parti que notre voisin poussait déjà la Mais ça ne lui a pas porté chance (il n'a porte de notre grange pour se servir ! rien emmené au paradis) car, après guerre, il a sauté sur une mine en labourant son Arrivés à la gare de Metz, les Allemands champ ! ont redemandé à mon père s'il ne voulait pas rester et être Allemand. « On va gagner la guerre et on n'aura pas besoin d'enrôler votre fils pour ça ! » disaient-ils ! Mais il n'a pas changé d'avis et nous sommes partis le soir même ! On criait « Vive la France ! À bas les Boches ! ». Les femmes disaient « Taisez vous ! On va tous se faire fusiller ! » On est passé à Châlons, direction « la France ». Ouf ! Trois jours de voyage ! Le train ne roulait que les nuits. Un soir on est arrivé à Limoges. Nous avons, pour la première fois, mangé de la purée de topinambours. On a dormi le soir sur la paille dans un Chez nous, c'était pour les cochons mais ce ancien garage. n'était finalement pas mauvais ! Le lendemain, on est repartis avec le train. Des gens descendaient en chemin à chaque station. Nous sommes descendus à 50 km de Limoges, à St-Ouen ! On nous logeait dans des maisons désaffectées. Ma famille a été casée dans un vieux château avec quatre autres familles de Lorrains. On a partagé le parc en quatre jardins et comme on était près d'une ferme et que les gens de là-bas étaient très sympathiques, tout s'est très bien passé. On n'a pas eu à se plaindre : nous n'avons jamais eu faim ! Seul ennui :


l'école était à 5 Km. Alors, mon père m'a mis chez les frères de l'école chrétienne. Pour payer la pension, il travaillait dans les fermes du voisinage. Il donnait ma pension de réfugié aux frères de l'école et je devais aider à mettre la table au pensionnat. En été, on glanait du blé dans les champs et on le portait au moulin pour avoir la farine !

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Quand mon frère dut aller au S.T.O. (Service du Travail Obligatoire), mon père a expliqué que son fils était le seul à savoir faire marcher la batteuse qui allait de ferme en ferme pour battre le blé. Du coup, il a eu l'autorisation de rester, mais parfois il était réquisitionné (comme une fois pour aller au camp d'aviation à Pau aplanir le terrain).

Un jour, des maquisards ont tué un général allemand de passage. En représailles, tous les hommes et les frères religieux ont été emmenés en Allemagne dans des camps en 43-44 ! Seul, le directeur avait pu rester pour s'occuper de la soixantaine d'enfants Quasiment tous les hommes partis à du pensionnat (il était allé à Limoges Dachau ou ailleurs y sont « restés » ... Sauf plaider notre cause) avec le plus vieux des les frères qui sont presque tous revenus. frères et un petit bossu passé inaperçu Seul celui qui faisait la cuisine n'est pas parmi les enfants. rentré ! Avec le camion à gazogène de mon frère qui travaillait pour un négociant en vin, nous sommes passés à Oradour après le massacre. Il y avait encore de la peau brûlée sur des pierres et une odeur exécrable montait des puits ! Il y avait encore de la fumée et c'était absolument sinistre ! Après la guerre, mon père est remonté à Nancy en train puis à pied jusqu'à notre village en Moselle. Notre maison à Rezonville était détruite alors, nous, on est restés encore dans le Limousin ! On n'est rentrés qu'en mai 45 ! On a logé quelques temps dans une autre maison qui appartenait à une comtesse qui venait de décéder, en attendant que notre maison soit terminée. Mon père est retourné en Bavière pour chercher ses chevaux mais il n'y avait plus de vaches ni, bien sûr, de poules et de lapins ! On a planté des pommes de terre en juin et on a eu une des plus belles récoltes de notre vie. Ainsi, on a pu élever un cochon. J'ai continué mes études à Lille chez d'autres frères durant trois ans et j'ai enseigné à Charleville puis à Sedan. Après je suis revenu comme instituteur en Moselle à Cocheren et à Stiring-Wendel à la frontière sarroise. Puis j'ai passé un concours d'école d'agriculture et j'ai été nommé comme maître itinérant agricole dans le Saulnois, à Insming. L'école était alors dans la vieille synagogue. Puis j’ai exercé à Dieuze, à Assenoncourt et à l'école d'agriculture de Château-Salins du temps de M. Marchal à la fin des années 50 jusqu'à ma retraite. Et la vie s'est déroulée normalement. Aujourd'hui j'ai 84 ans. Je suis ici, à la maison de retraite en attendant la fin de cette histoire. C'est vite passé tout ça !


Re-construire une vie Éliane // Maizières-lès-Metz C’était, le 4 septembre 1939 l’après-midi. Mon père et moi, Berthe, venons de rentrer à la maison après avoir ramassé et chargé le regain pour les bêtes sur « le waan », notre charrette. Tout à coup le village s’anime, le garde-champêtre passe en secouant sa cloche pour annoncer que l’évacuation notre village, Waldhouse est imminente. Elle se fera le lendemain matin quand nous serons prêts. À cette époque j’ai 14 ans, je suis orpheline de mère et je vis à la campagne seule avec mon père  ; ma sœur de 12 ans mon ainée est déjà mariée et vit ailleurs. Nous nous attendions à partir.

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Nous préparons à la hâte des vêtements, des affaires de première nécessité, le minimum, dans des balluchons de fortune. Mon père rassemble des papiers officiels, de l’argent mais nous laissons tout le reste. Nous passons notre dernière nuit à la maison avec des questions qui nous trottent dans la tête. Le lendemain matin, on charge nos paquets sur « le waan », on rajoute une couverture et quelques casse-croûtes. On accroche deux veaux à l’arrière mais on laisse poules, lapins, porcs. On attèle deux vaches à l’avant de la charrette et mon père s’assoit Pas de photos, pas d’objets, pas de livres, devant pour les guider. pas de petits meubles, pas de souvenirs ... Moi je m’installe sur les balluchons en Rien. compagnie d’Erna, une voisine de mon âge dont les parents n’ont pas de « waan ». Nous sommes prêts. Tous à la queue leu leu, on se met en route. Où ? On ne sait pas mais on avance en suivant les autres familles. Le maire du village en tête. Personne ne dit rien, le silence est pesant. On se résigne et on accepte la situation. Je n’avais pas peur de l’avenir, sans doute l’insouciance de la jeunesse ou la découverte d’autres horizons autre que le travail de la terre. Près de nous d’autres membres de notre famille, des voisins, des amis, ceux qu’on connait. Il fait beau, la campagne est belle. On roule jusqu’au soir en s’arrêtant parfois pour reposer les bêtes et les faire brouter. Nous nous arrêtons tous ensemble après environ 35 km de trajet à Wingen-sur-Moder. On est parqués dans un pré. Chacun reste près de son attelage et des membres de la Croix-Rouge nous apportent à manger. On passe la soirée ensemble en plein air. Nous nous endormons tous à la belle étoile. Après une bonne nuit et un frugal petit-déjeuner offert par la population, on se remet en route… Toujours le même cortège, sans savoir où l’on va mais nous avançons, jusqu’à Vilsberg au nord de Phalsbourg à 25km de là. Nous sommes le 6 septembre. La journée est agréable, on longe


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longtemps la belle petite rivière Moder. Arrivés à notre point de chute, on nous met dans une maison inoccupée avec d’autres familles. Chacune dans une pièce où il y a juste des lits pour dormir, pas de toilettes, pas de salle de bain encore moins de cuisine et de pièce de vie. On reste là 8 jours, nourris régulièrement par la Croix-Rouge. Les charrettes et les bêtes sont dehors. Notre occupation de la journée est d’emmener les bêtes au pré et de les garder comme à la maison. Au bout d’une semaine il faut partir, laisser les bêtes et la charrette pour lesquels on nous donne trois sous, on garde juste nos balluchons. De Vilsberg on nous emmène à Lutzelbourg en camionnette.

Là, dure réalité. On nous entasse tous avec nos balluchons dans un train mais dans des wagons à bestiaux, debout, assis, couchés… comme c’est Dans ce village on fait des connaissances possible. La tante âgée de ma cousine pleure pour discuter et le soir les jeunes filles car elle a très mal au ventre et voudrait retrouvent les garçons du village. aller aux toilettes mais elle ne peut pas. Il y a beaucoup de monde, des hommes, des femmes, des adolescents, des enfants et même des bébés, tous de notre village. Pas le temps de réfléchir, le train se met en route. Nous voilà partis, pour aller où, on ne sait toujours pas. Il s’arrête souvent en pleine nature. Cette fois un arrêt un peu plus long, à Saint-Dizier, pour se ravitailler. Mon père et ses copains en profitent pour prendre une bonne bière au bistrot du coin mais ils tardent trop et le train repart sans eux. Prise de panique, je me sens seule et perdue. La famille proche me prend en charge et me console. Heureusement quelques heures plus tard, je retrouve mon père qui nous rejoint par le train suivant car il faut s’arrêter un bon moment pour laisser passer les trains de soldats. Dès que la voie C’est là que tous les gens sautent en est libre nous repartons ensemble. Le voyage bas du train puis se dispersent dans dura 4 jours, c’était très long surtout dans la campagne proche pour faire leurs ces conditions atroces, pour s’arrêter à besoins. Cognac en Charente, notre point de chute. De là nous avons été conduit dans le petit village de Ménac où on nous a accueillis chaleureusement. Sur la place centrale étaient dressées de grandes tables avec boissons et gâteaux. Ensuite, on nous a donné une vieille maison vide au sol en terre battue pour 4 familles. Nous nous retrouvons mon père et moi avec 3 autres foyers de la famille proche et commençons à nous installer. On nous donne un petit poêle bas et rond, on se met à cuisiner un peu avec la nourriture que les habitants nous apportent. On peut faire un brin de toilette grâce à l’eau du puits mais il faut le faire devant tout le monde, aucune intimité. On peut même chauffer l’eau dans le chaudron de la cheminée, c’est un luxe. Peu à peu, on s’équipe, on tricote des culottes avec les moyens du bord, on achète ce qui est nécessaire ou on prend ce que la Croix-Rouge nous offre. Dans le village on nous appelle « les boches », c’est Les hommes clouent des planches dur à entendre mais heureusement certaines pour confectionner des couches avec personnes deviennent des amis que l’on de la paille afin qu’on dorme chacun prend plaisir à retrouver. Le vigneron M. dans un coin.


Jean, propriétaire de la maison, propose assez rapidement à mon père de déménager pour venir travailler et habiter sur son domaine du Goulet à Matha. Nous acceptons tout de suite en espérant que ça améliorera notre quotidien. La vie devient douce, une vie de travail. Mon père dans les vignes et moi à entretenir la petite maison. On fait les vendanges. On participe à la belle fête qui accompagne et c’est une découverte pour nous. Notre patron est très gentil, il nous apprécie, c’est réconfortant. Il donne régulièrement du vin et de la nourriture, on se sent privilégiés. Je sympathise avec Monique, la bonne avec qui j’ai longtemps gardé des contacts après septembre 1940, date à laquelle nous sommes repartis en Moselle lorsque les allemands sont arrivés à Matha avec leurs gros side-cars, semant la peur auprès des gens du pays.

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exode philippe Maizières-lès-Metz 21

Nous sommes arrivés à Bury en février 1933, j’avais 6 mois, ma grand-mère vivait avec nous. Afin que son fils soit près d’elle, papa avait renoncé à son métier de papetier pour prendre une gérance de magasin avec maman : « Goulet Turpin ». Mon frère Jean-Pierre est né 4 ans plus tard. Nous étions heureux. Il faisait beau, c’était la fête du village, j’aimais les manèges et les roudoudous, ces petites friandises dans des boîtes en bois comme les camemberts. Avec mes camarades nous nous amusions bien sur la place du village, mais à la maison, je surprenais des conversations qui attristaient ma famille.
 1 septembre 1939, je venais d’avoir 7 ans, maman 29, papa 33. Un roulement de tambours … La guerre est déclarée – Mobilisation générale. papa devait partir à la guerre, nous étions très malheureux mais je sentais que papa voulait défendre sa patrie. Je suis tombée malade, une jaunisse comme on l’appelait à l’époque. Je prenais des petits comprimés roses de Calomel. Nous avons eu la surprise de voir venir Papa pour une courte permission en avril 1940, ce qui a fait que 9 mois plus tard, maman a donné naissance à ma petite sœur Antoinette. Papa a été fait prisonnier à Dunkerque le 31 mai 1940 et emmené à pieds en Autriche. Pendant 6 mois, aucune nouvelle, nous ne savions pas si papa était encore en vie, lorsque nous avons reçu sa première lettre, ma grandmère, maman et moi avons embrassé le facteur. En juin 1940, ce fut l’exode. Les personnes abandonnaient leur maison. maman avait signalé à la mairie qu’elle quittait son magasin et nous sommes partis, à pied, pour aller où ? Nous fuyons, mitraillés par les avions, nous nous couchions dans les fossés. Épuisés, nous sommes arrivés dans une ferme, les propriétaires étaient partis, seuls 2 ouvriers étaient là, ils nous ont conduits dans la cave où nous dormions sur la paille. Après quelques jours, les Allemands sont arrivés. Ils ont trouvé des armes, fusils en main, furieux, nous ont fait venir dans la cour. Maman a pu expliquer que nous n’étions pas chez nous, ils se sont calmés … Je me souviens avoir reçu une poupée quelques jours plus tard. Je ne sais plus comment nous sommes rentrés chez nous, mais le magasin avait été pillé. Nous n’avions plus rien et nous avions faim.


marcelle nicole Maizières-lès-Metz Je m’appelle Marcelle, j’avais 15 ans en 41. J’étais bien loin d’imaginer fêter mon anniversaire ailleurs qu’ici, dans notre village de MarangeSilvange.

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Dans la journée du 15 mai 1941, un grand vacarme monta de la rue. Par la fenêtre, j’ai vu des soldats allemands et autobus. On a cogné violement à la porte d’entrée. Mon père a ouvert et plusieurs soldats armés pénétrèrent dans la maison. Ils nous donnent l’ordre de préparer quelques affaires de premières nécessités : 15 kg par personne maximum. Nous avions 2 heures pour préparer ceci ... et pas une minute de plus ! Nous allons être expulsés. Mais pour aller où ? Personne ne nous l’a dit ... Une peur panique s’est emparée de nous, mon père, ma mère et moi. Mon père a très vite compris que nous devions tout laisser. Notre maison et tout son contenu. Mais pour combien de temps ? Cela aussi nous l’ignorions. Il eut l’idée de proposer à une dame de connaissance (une veuve avec peu de ressources) de loger dans notre maison et de profiter de nos réserves alimentaires : on avait du confit, du pâtés, des confitures, des bocaux, et bien sûr, notre jardin. Et nous avons quitté notre domicile, avec beaucoup d’appréhension et le cœur gros. Ma mère pleurait. Nous n’étions pas les seuls, mais on se demandait pourquoi les uns et pas les autres ... Cela aussi, nous ne l’avons jamais su. Le bus qui nous amenait à Metz était bondé. La peur et la tristesse étaient palpable. Et de Metz, nous sommes montés dans un train en direction de Lyon. Des soldats nous attendaient et, sans tarder, nous ont dirigé vers un autre bus en direction du Vaucluse, à Vaison-la-Romaine. Bien qu’épuisés par ce long voyage, la question de notre future subsistance ne nous quittait pas. Comment et de quoi allions nous vivre ? Arrivés à Vaison, on nous a affectés au 3ème étage d’une maison, nous n’avions qu’une pièce à disposition avec un lit pour 2 personnes, un lit-cage, un fourneau, une table, des chaises, très peu de vaisselle et une fenêtre ... Imaginez notre désarroi.


Mon père avait une belle situation en Lorraine, il était chef d’équipe à l’UCPE d’Hagondange. Il a trouvé assez vite un emploi dans une carrière. C’était très dur, il en a perdu tous ses cheveux.

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Pour améliorer l’ordinaire, il travaillait chez les paysans le soir pour quelques légumes, et plus rarement un poulet, un lapin ou d’autres bêtes. Ma mère était une bonne cuisinière, mais nous n’avions ni beurre, ni graisse. On manquait de tout, c’était difficile au quotidien. Par la suite, ma mère a trouvé un emploi dans un café-auberge, mais le matin seulement. Nos après-midi, on les passaient au jardin, ça nous réconfortait un peu. Moi, j’aurais aimé être coiffeuse, mais je n’ai pas trouvé de place. Alors, durant une année, j’ai gardé un petit enfant à mi-temps. En 1943, papa a demandé un autre logement, et nous avons déménagé. Celui-ci était plus spacieux, composé de 3 pièces, près de la rivière l’Ouvèze. Nous y sommes restés jusqu’en 1945. Quelques temps après, une institutrice m’a embauchée pour garder son futur bébé. Son mari possédait un moulin et il embaucha mon père. Notre situation s’est améliorée ainsi. Nous mangions enfin du pain blanc. Je ne le savais pas, mais ma mère se privait pour nous. Puis nous sommes rentrés, je ne me rappelle pas de la date exacte. Il n’y avait que quelques familles au village, les autres sont rentrés plus tard. Cela n’a pas été facile non plus en rentrant, tout était détruit, il n’y avait plus rien, on manquait de tout. Nous ne mangions que des pommes de terre. Et ma mère est tombée malade : ulcère à l’estomac, puis cancer ... Nous l’avons perdue 2 ans après notre retour, elle s’était tellement privée pour nous, elle n’avait que 41 ans ... Je me suis mariée en 1945, et tout ceci me hante encore, cela reste gravé dans ma mémoire.


À travers champ, les balles sifflent Thibault // Phalsbourg Imaginez ! Vous êtes à Waldhambach, un petit village perdu où le front 24 ne se figea que vers la fin de la guerre. Pour certains des habitants, ils subirent un rituel car le front changeant de champs en champs, de rue en rue, de jours en jours, il s’amusait à se mouvoir dans un sens comme dans Au fil des heures, nul ne savait si la maison l’autre. de ses amis, sa grange, son champs ou son puit ne seraient pas de l’autre coté du front. Pour certains cela signifiait devoir passer héroïquement le front. Ramper dans les fosses, longer les murs. Tremper ses chausses pour retrouver sa belle ou son beau et lui remettre un petit mot doux, une petite attention, un présent venu du cœur. Pour d’autres, il était question d’aller nourrir et/ou traire ses bêtes Elle s’appellait Lina, de son vrai nom Caroline. Elle était de celles qui durent passer la ligne. Relever sa jupe longue pour enjamber les taillis et les caniveaux tandis que les balles sifflaient et que les obus perçaient la terre de leur fureur au même moment où les troupes allemandes cherchaient à prendre des habitants dans leurs campements ; il fallait dissuader les Américains de les bombarder. Les vaches, braves bêtes, rendues folles par l’ardeur et l’odeur des combats, étaient souvent à retrouver. Regroupées dans le bon enclos en espérant qu’aucune des deux armées ne les tueraient pour se nourrir. Deux fois par jour, Lina se faufilait le long du mur de la ferme en évitant le secteur de l’église, point de repère proéminent du village avec le château d’eau. Elle passait le champ près de l’étang, sautant de trous d’obus en trous d’obus, jusqu’à la sente du ruisseau. Encore aujourd’hui, ce chemin elle saurait le faire les yeux fermés. L’obstacle n’était pas lié à la terre, la roche et l’eau, mais aux balles et la colère aveugle des soldats des deux camps. Elle passait toujours à travers les balles. La chance ? L’adresse ? Aucune idée… Mais toutes n’eurent pas cet heureux destin. Lors des derniers jours où le front était Plusieurs corps jonchant la terre sur le village, les troupes allemandes, indiquaient la piste vers les champs comprenant qu’elles ne tiendraient pas la familiaux. ligne, décidèrent de tuer toutes les bêtes, vaches, poules, moutons, brebis, chiens, chats… Tout ce qui aurait pu permettre de se nourrir.


Le puits fut empoisonné et les jeunes femmes capturées furent embarquées. Certaines rentrèrent un jour au village, d’autres finirent bout de chair ou passe-temps pour soldats démoralisés.

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De ces jours sombres, subsiste encore à l’entrée de la ferme un bidon à lait en fer blanc. À travers le métal, on peut y voir le jour. Une balle avait manqué mon arrière grand-mère, préférant percer le bidon et verser le lait au sol plutôt que son sang.


le cri des loups jean-paul Phalsbourg « Plus jamais ça » entendait-on après la guerre 39-45.

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Le temps a passé et certains souvenirs sont tombés dans l’oubli. Néanmoins, des souffrances demeurent. Aujourd’hui, des cellules d’aides psychologiques sont mises en place suite à de graves accidents mais à l’époque, les souffrances restaient enfouies au fond des êtres. Pour ces survivants, parler de leurs vécus relève d’une forme de torture. Par bribes, ils sortent quelques mots avant que les larmes n’apparaissent et que la gorge se serre. En d’autres circontances ces mêmes personnes disaient : « Ceux qui ont le plus souffert n’en parlent pas ». Un ami m’a confié que les larmes de son grand-père venaient à chaque fois qu’il voulait en parler. Que de drames et de perturbations endurés. Après le rejet de l’Allemand fut catégorique, oubliant que les premières victime du fascisme furent les opposants allemands qui dénonçaient le régime, les communistes, les tziganes, les handicapés et les juifs. En ce temps la résistance alsacienne n’échappait pas à la féroce répression des SS. Le climat de haine incitait à la délation des personnes ayant hissé le drapeau français et refusant de faire la quête pour la jeunesse hitlérienne. Ils ont été dénoncés et se sont retrouvés au camp. Leurs actes furent jugés et les sanctions adaptées en fonction de la gravité selon les critères SS. C’est ainsi que des personnes se sont retrouvées au camp de Ces hommes dormaient dans d’anciennes concentration de Haslach en Forêt Noire. galeries de mine d’une hauteur d’à peine un mètre cinquante. De l’eau ruisselait le long Ces inhumaines et insupportables des parois, échouant dans les caniveaux conditions arrachèrent pleurs, cris, où se déversaient les excréments sous des appels au secours aux parents d’une planches servant de lits aux prisonniers. grande partie des prisonniers. Certains trouvaient la force de dormir et parmi eux se trouvaient les futurs évadés. Avaient-ils un plan en tête ? Il faut croire que oui. L’idée de l’évasion a dû germer au fil du temps, malgré la faim qu’ils calmaient en mangeant des feuilles de betteraves. L’état de maigreur, 45 kilos, n’a pas freiné leur détermination, l’évasion ! Il fallait s’échapper ! C’est un soir d’orage que l’occasion fut saisie pour agir. Traverser la forêt. Les SS avec leurs chiens aux trousses. La peur au ventre qui décuple une énergie insoupçonnée. La pluie battante se mêlant à l’angoisse de la course.


Le tonnerre. Les flash blancs. La rage du ciel combinée à la peur. Les chiens pareils à des cerbères tout droit échappés de l’enfer. Le bruit des bêtes, les grognements. Par chance, après plusieurs jours de fuite, les hommes retrouvèrent leurs foyers respectifs.

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Les traces de cette sale guerre ont profondément altéré le comportement de ces hommes. Dans certaines circonstances, quand la conscience relachait, ils reproduisaient ce qu’ils avaient rejeté. Des marques, des séquelles, comment nommer ces choses ? Les traumatismes ont la vie dure ...


L’exil de ma grand-mère anne-sophie // Phalsbourg J’aimerai vous raconter l’exil ou plutôt les exils de ma grand-mère maternelle.

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Elle était comme bien d’autres femmes de son époque et s’appelait Marie-Thérèse. Elle vivait dans le nord de la France. En mai 1940, les Allemands étaient entrés en France et devant l’avancée de l’ennemi, la décision fut prise de quitter la maison familiale. On avait préféré partir un lundi car la communion de ma tante s’était faite le samedi précédent ; décision qui serait lourde de conséquences. Mon grand-père était officier dans l’armée. Il avait été rappelé en zone libre et plus précisément à Angers. Il avait loué une maison pour tous les accueillir. Il était donc prévu que toute la famille le rejoigne en voiture. Ils se sont entassés dans celle-ci, prêtée par l’entreprise où travaillait mon arrière grand-père. À l’époque ma grand-mère avait déjà 5 enfants dont un « en pension complète » qui verrait le jour en septembre 1940. Ils s’entassèrent dans une Peugeot avec les enfants du patron de l’entreprise ainsi que leur bonne, le chauffeur, sa femme et leurs enfants. Apparemment, la voiture avait des strapontins et tout le monde y trouvait La femme du chauffeur avait très peur pour une place. son garçon. Elle disait que les Allemands couperaient les mains des garçons comme ère Mon oncle Jacques, alors âgé de 9 ans, pendant la 1 Guerre Mondiale. Elle disait avait la responsabilité d’une valise qui à son fils, en patois, de baisser la tête pour contenait tous les papiers et l’argent de la ne pas être vu dans la voiture. famille. Il la gardera à l’œil pendant les 2 prochaines années.

Ils étaient malheureusement partis un jour trop tard et quand ils arrivèrent dans la Somme, à Rue, les Allemands étaient déjà là. Ils sortirent de la voiture et furent regroupés dans une grange. Des obus annoncèrent l’arrivée des Allemands qui avaient emmené avec eux une cuisine roulante. Un Allemand est arrivé avec des gamelles métalliques pour donner à manger aux réfugiés. Un bouillon aux vermicelles. Ma grand-mère a tout de suite refusé que les enfants en mangent car elle prétendait qu’il était empoisonné. Ils sont restés sur leur faim.


Il faut savoir qu’au début de l’occupation allemande, les réfugiés étaient bien traités mais cela ne durerait pas notamment quand la résistance s’organiserait. Ma grand-mère avait grandi dans la peur des « boches ». Son grand-père, Grégoire Koehler avait quitté l’Alsace en 1871 après l’Annexion de l’Alsace par les Prussiens. Il avait décidé de rejoindre la France et faisait partie des 50 000 optants.

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Pendant la guerre 14-18, la ville natale de ma grand-mère avait été envahie par les Allemands. Elle a été terrorisée par le bruit des fusils que les Uhlans faisaient résonner dans ses volets. Les casques à pointe … Elle avait déjà connu l’exil près de Bordeaux où une famille de viticulteurs l’avait accueillie et – bien des années plus tard – elle avait gardé un goût prononcé pour le raisin. La peur de l’ennemi et le danger étaient partout. On croyait voir la 5ème colonne, Tous ces récits résonnaient aux oreilles des allemands qui se seraient infiltrés en des enfants mais leur jeunesse les France à vélo et que l’on reconnaissaient à préservait en partie du traumatisme de la couverture rouge qu’ils avaient sur leurs l’exil. C’était « un jeu » comme quand, portes bagages. plus tard, ils comptaient le nombre d’avions américains qui passaient le matin au dessus de leur maison. Ils allaient bombarder puis ils les recomptaient le soir. Parfois, il en manquait un … Ils ne passèrent qu’une nuit dans la grange et dans la ville maintenant désertée. Ils trouvèrent refuge à la gendarmerie. Les enfants durent dormir à 5 dans le même lit, côte à côte sur le matelas. Après 3 semaines d’exil, ils retrouvèrent leur maison où leur chien Bobette avait été abattu. Il devait protéger la maison. Ils vivaient à présent sous l’occupation allemande.


rené & jean anne-sophie Phalsbourg Le 3 septembre 1943. Tôt le matin.
Deux officiers de la marine marchande (Normandie), Jean Desenclos et René Leball, sont à bord d'un train qui part de Paris. Leur destination : un camp en Allemagne car ils ont été « raflés » en Normandie, puis amenés au Vélodrome de Paris où ils ont été « parqués comme des bêtes ».

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Aux abords de Créhange, lorsque le train ralentit en gare de Faulquemont, les deux officiers sautent du wagon par un trou qu'ils ont fait dans le plancher. Exercice périlleux, car il faut « bien viser » pour rester entre les rails, allongés sous le train et ne pas toucher les roues.
 Ils poursuivent leur route, jusqu'au village, ne sachant pas très bien si ils sont déjà en Allemagne. Le premier villageois qu'ils aperçoivent s’appelle Roger L. Ce dernier amènait ses vaches aux prés. René et Jean vont à sa rencontre et lui demandent si il parle français. Les deux hommes étaient rassurés d'apprendre qu'ils étaient en Moselle. Roger les conduit chez Ernest, l'oncle d'Alice.
 Il ne dit rien à personne sur les deux évadés, pas même à sa femme. Quant à Roger, il a combattu pendant la « Grande Guerre » au côté Cette dernière est allemande et pourrait de Gabriel, le père d'Alice.
Roger et sa dénoncer les deux hommes.Un jour, elle femme ont une fille qui s’appelle Herta. dit en allemand, que la seconde guerre était « une vengeance sucrée ». Celle-ci a fait la connaissance d'un jeune soldat. Elle est enceinte mais comme il était allemand, ils ont dû quitter la France. Roger les a fait partir en cachette sur une charrette de fumier. Mais arrivés en Allemagne, les parents du jeune homme ne les ont pas acceptés. Ils se sont donc installés dans un village français près de la frontière. Malheureusement le jeune homme n'est jamais revenu du front. Quant à Herta, elle n'est jamais retournée à Créhange.
Mais revenons à nos deux officiers.
 Ernest décide de les cacher dans une maison attenante à la ferme. Dans une chambre au premier étage. Les deux hommes sont gravement blessés. Il fait venir en cachette le Docteur Franzen qui au même moment soignait Clémentine, la mère d'Ernest et la grand-mère d'Alice. En effet, ils aimeraient qu'elle puisse vivre assez longtemps pour revoir son autre fils Marcel.
Il est colonel dans l'armée et a été fait prisonnier. Il sera libéré quelques temps plus tard et arrivera en jeep au village. (Bien des années plus tard, il passera aussi dans l'émission « Perdu de vue » de


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Jacques Pradel où un camarade de cellule est à sa recherche). Le Docteur Franzen a du mal à soigner les deux hommes et doit se faire aider du Docteur Burel, un Alsacien.
Ernest décide de mettre Alice, sa nièce, dans la confidence. 
Alice leur donne a manger tous les soirs. Elle ne reste pas longtemps, mais profite de ce peu de temps, pour discuter et leur donner des nouvelles de l'extérieur, du monde. Elle leur parle des films qui passent au cinéma.
René et Jean restent ainsi cachés pendant deux mois, jusqu'à leur complète guérison. Dans la maison d’à côté, vit une famille allemande, les Meits. Ils sont originaires de Sarrebruck, une ville allemande près de la frontière. Ils ont quitté leur pays par peur d'être touchés par les bombardements. Ils connaissent Ernest et ont travaillé pour lui, à la ferme.

Le père de Monsieur Meits, les rejoint pour donner un coup de main à Ernest. Il vit au rez-de-chaussée, dans la maison où sont cachés les deux clandestins. Ils doivent faire preuve de discretion, idem pour ceux qui leur rendent visite. Il convient de passer par la porte de derrière, celle qui donne sur les jardins. Ernest, quant à lui, Un jour, à table, le vieil Allemand ne garde toujours précieusement la clef qui manque pas de leur dire qu'il doit y avoir ouvre leur chambre.
 de gros rats à l'étage, qu'ils font du bruit et qu'il a peur qu'ils traversent le plafond !
 Heureusement les deux officiers ne se font pas prendre.
Eugène, un ami d'Ernest, est mis dans la confidence. Il donne aux prisonniers des vêtements pour qu'ils s'habillent en civils lorsqu'ils partiront et aussi de l'argent.

Les deux hommes devront se rendre à Metz, où quelqu'un leur fera de faux-papiers au Républicain Lorrain. Le jour J, c'est Ernest qui devra aller chercher les papiers et les donner aux deux hommes, mais il n'a pas pris le même train qu'eux. René et Jean se retrouvent en gare de Metz à attendre l'arrivée de leur complice.
René est particulièrement nerveux, ce qui ne manque pas d'attirer sur lui l'attention de la « Schule polizei » qui lui demande ses papiers. Ne pouvant les montrer, il se fait arrêter.
Il leur demande s'il peut récupérer sa valise dans l'autre salle. Ils acceptent et en profite pour montrer à Jean, qui est dans cette salle d’à côté, ses mains menottées dans le dos et ainsi le prévenir de ce qu’il l’attend. Il est d'abord emprisonné dans un camps aux alentours, avant d'être envoyé en Allemagne. Des personnes qui ramènent de la nourriture aux prisonniers, dans les camps lorrain, ont essayé de le retrouver, passant même une annonce dans un journal frontalier. Mais personne n'a plus jamais eu de nouvelles. René ne reviendra jamais des camps.
 Le sort est plus heureux pour Jean. Il ne s'est pas fait prendre et peut partir. Avec ses nouveaux papiers, il réussit à quitter la France. Par la suite


il fera la Guerre d'Indochine. Alice écrivit une lettre à ses parents, qui en retour étaient ravis d'avoir des nouvelles de leur fils et reconnaissants envers Alice et tous ceux qui ont aidé les deux hommes.
 Bien des années plus tard, alors qu'Alice était déjà mariée et mère de famille, une voiture s'arrêta devant chez elle. Sa tante, la femme d'Ernest, descendit, accompagnée de Jean, reconnaissant et ravi de revoir Alice. De bien belles retrouvailles !

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OURS Sur une commande du Conseil Départemental de Moselle, cet ouvrage a été édité à Metz en 2021. Design graphique, illustration de couverture et intervenant : Éric Chapuis ct.ericchapuis@gmail.com Facebook et Instagram : @ericchapuis.art Intervenant : Romain Ravenel ravenelromain@gmail.com Facebook et Instagram : @Romain.Ravenel.page Imprimeur : Imprimis contact@imprimis.fr imprimis.fr

03 87 16 94 85

Direction : Inecc Mission Voix Lorraine  inecc-lorraine.com 03 87 30 52 07




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