Efficience21 – N° 11 (2014)

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L E M AG A Z I N E D E L’ E F F I C I E N C E É N E RG É T I Q U E | N° 1 1 | été 2 0 1 4 | C HF 5 . 9 0

Efficience 21 enquête

Dossier

Des objets conçus pour ne pas durer ?

Partager, c’est bon pour la planète !

mobilité

Le point sur les bornes de recharge électrique

Interview

Réintroduire le vélo en ville


Vision à long terme.

La beauté intemporelle: découvrez carrelages et pierres naturelles dans une diversité incomparable et quasi infinie de teintes, formes, textures et structures. Dans l‘une des 15 expositions de SABAG, votre fournisseur suisse de pointe.

Baden-Dättwil 056 483 00 00 Basel 061 337 83 83 Bienne 032 328 28 28 Cham 041 741 54 64 Crissier 021 633 06 80 Delémont 032 421 62 16 Genève 022 908 06 90 Hägendorf 062 209 09 09 Köniz 031 979 56 56 Neuchâtel 032 729 94 94 Porrentruy 032 465 38 38 Rapperswil-Jona 055 225 15 00 Rothenburg 041 289 72 72 Yverdon-les-Bains 024 423 44 44 Zürich 044 446 17 17 SABAG BIEL/BIENNE, Rue J. Renfer 52, 2501 Bienne

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ÉDITO

impressum Inédit Publications SA Avenue Dapples 7, CP 900, 1001 Lausanne info@inedit.ch, www.inedit.ch EFFICIENCE 21 est un magazine consacré à l’efficience énergétique, il paraît quatre fois par an. Tirage 25 000 exemplaires

RÉDACTION Rédactrice en chef Elodie Maître-Arnaud elodie.maitre-arnaud@inedit.ch Rédacteurs Patricia Bernheim, Mary-Luce Boand Colombini, Monique Chevalley, Sophie Kellenberger, Viviane Scaramiglia, Sylvie Ulmann, Marie-Hélène Morf, Laetitia Wider, Ludmila Glisovic, Henri Plouïdy, Vincent Michoud Mise en page Maeva Kühnel, Pénélope Schori Correction Serge Mendonça, Yvan Bigler Image de couverture Vanina Moreillon MARKETING Chef de projet Quentin Riva quentin.riva@inedit.ch PUBLICITÉ Serge Weygold 021 695 95 82, serge.weygold@inedit.ch Serge Bornand 021 695 95 67, serge.bornand@inedit.ch Matériel/impression Joëlle Loretan 021 695 95 24, joelle.loretan@inedit.ch Société éditrice Gassmann SA Längfeldweg 135, 2504 Bienne Impression IRL plus SA Chemin du Closel 5, 1020 Renens

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Les petits moteurs de la transition énergétique

C’

est sans surprise que le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC) a confirmé le réchauffement de la planète, avec une perspective de deux degrés supplémentaires dès 2030. Pour éviter cela, il faudrait notamment réduire de 40 à 70% nos émissions de CO2 d’ici à 2050. Des chiffres confirmant qu’il est indispensable de revoir notre modèle énergétique et nos modes de vie. Un sentiment de déjà lu… Et concrètement, ça change quoi, là, maintenant, pour chacun d’entre nous? Car s’il est admis que la transition ne se fera pas sans une évolution des comportements individuels, ce type d’information ne semble avoir que peu d’effet sur le grand public. Alors comment impliquer les citoyens autrement qu’en (ab)usant des discours alarmistes pointant notamment du doigt le consommateur pollueur? Quelle acceptation par les populations des stratégies énergétiques uniquement dictées par les pouvoirs publics? Des questions qui ne manqueront pas d’être abordées dans le cadre du projet Volt(e)face, une plate-forme initiée par l’Unil et Romande Energie et invitant les citoyens à réfléchir aux défis de la transition énergétique avec les experts du domaine (page 34).

En effet, si pour montrer la voie du développement durable les décisions politiques sont indispensables, c’est aussi à l’échelon local que des initiatives pour de nouveaux modes de vie plus durables prennent forme, grâce à la multiplication des actions portées par de nombreux acteurs privés. Un travail de fourmi mené par la société civile, à l’instar de ce collectif de Romontois qui, depuis 2011, bouillonnent d’idées pour rendre leur ville plus résiliente (page 44). Partout en Suisse, les particuliers sont aussi de plus en plus nombreux à surfer sur la vague du partage des biens de consommation en tout genre (page 28). Autant d’initiatives concrètes illustrant que chacun peut jouer, à sa mesure, un rôle moteur afin de relever les défis qui nous attendent.

élodie maître-arnaud rédactrice en chef

Abonnez-vous! CHF 20.- par année pour 4 numéros, y compris un accès gratuit à l’édition iPad du magazine enrichie de différentes vidéos. Pour cela, il vous suffit d’envoyer un e-mail, fax ou courrier avec vos coordonnées aux adresses et numéros suivants: Mail: efficience21@inedit.ch | Fax: 021 695 95 50 Adresse: Efficience 21 c/o Inédit Publications, Av. Dapples 7, Case postale 900, 1001 Lausanne.

vanina moreillon

Directeur de publication Thierry Vial thierry.vial@inedit.ch


SOMMAIRE No 11 | été 2014 CLEANTECH

28 DOSSIER Le boom des échanges

46 Promouvoir les compétences suisses Batrec et swisspor

MOBILITÉ 48 Actualité et brèves 52 Voiture électrique Le casse-tête du réseau de bornes de recharges 56 Interview Sarah Marquis roule au gaz naturel 58 Pollution automobile Energie grise vs. émissions de CO2

ACTUEL 04 En images 07 Up & Down 08 Actualité et brèves 16 Interview Mikael Colville Andersen: «Lausanne ne prend pas le vélo assez au sérieux»

ÉNERGIES 22 Cités de l’énergie 355 villes labélisées en Suisse 24 Innovation Des îles flottantes sur le lac de Neuchâtel

35 Stockage d’énergie Une batterie à air comprimé

56 MOBILITÉ ÇA GAZ(E) POUR SARAH MARQUIS

36 Biogaz Des algues très productives 36 Electricité Valoriser les gaz de décharge

SOCIÉTÉ 39 Enquête L’obsolescence programmée en question 44 Reportage Des citoyens de Romont prennent leur ville en main

VIVRE

26 Solaire L’expérience réussie d’une fromagerie industrielle

60 Jardin Les bons gestes pour protéger la biodiversité

DOSSIER

64 Vacances Et si on s’évadait vert?

28 Partage La tendance de l’économie participative

66 Produits ménagers Un nettoyant multiusage à base d’eau et de sel

RECHERCHE

68 Shopping Honneur aux matières naturelles au salon de Milan

34 Transition énergétique Comment impliquer les citoyens ?

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39 ENQUÊTE LA DURÉE DE VIE DES OBJETS

72 Agenda


ATTENTION! Le vélo électrique est plus rapide qu’on ne le pense.


© EPFLmediacom – Sophie Kellenberger

ACTUEL


Archi scientifique Récemment inauguré, le SwissTech Convention Center (STCC) de l’EPFL est destiné à accueillir les grands congrès scientifiques internationaux. Conçu par le bureau d’architectes Richter, Dahl Rocha & associés, il peut recevoir jusqu’à 3000 personnes dans une salle modulable. Véritable laboratoire grandeur nature pour l’école, cette réalisation est exemplaire en matière de durabilité. Sur la façade ouest, les cellules solaires à colorants, inventées par Mickaël Graetzel, professeur à l’EPFL, sont, pour la première fois au monde, appliquées sur un bâtiment public. Ces prototypes permettent aussi d’éviter la surchauffe à l’intérieur du centre. Le Laboratoire de mécanique des sols a, quant à lui, profité de ce chantier pour installer quatre pieux géothermiques afin d’étudier leur potentiel pour S.K. chauffer ou inversement refroidir un bâtiment.


«Rouler plus propre et moins cher»

Qui fait le plein de gaz naturel/biogaz ménage son porte-monnaie. Economiser de l’argent en roulant: voilà un argument qui fait mouche. En effet, choisir de rouler au gaz naturel/biogaz permet d’abaisser ses coûts de carburant de plus de 30 % et de bénéficier d’une subvention à l’achat d’un véhicule neuf. Par ailleurs, les voitures fonctionnant au gaz naturel/biogaz réduisent vos émissions de CO2 de 40 %. Tous les véhicules à gaz naturel/biogaz sont hybrides et équipés d’un réservoir à essence. Renseignez-vous au 0800 462 462. www.vehiculeagaz.ch


ACTUEL Baromètre

40000

UP

42% des réacteurs nucléaires ont plus de 30 ans L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) indique en outre que 72 réacteurs sont en cours de construction dans le monde. On recense 437 centrales au total.

Selon l’association Swissolar, on en compte dix fois plus qu’il y a cinq ans. Des dispositifs qui permettent de couvrir 1% de la demande annuelle en électricité.

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L’Allemagne est le plus gros pollueur en Europe Avec 760 millions de tonnes de CO2 émises en 2013 par la combustion d’énergies fossiles – soit 2% de plus que l’année précédente –, le pays s’inscrit à contre-courant de l’effort de réduction européen. La nécessité de recourir à des centrales thermique à charbon, en raison de l’abandon du nucléaire, explique en partie ce mauvais résultat.

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& DOWN

installations photovoltaïques en Suisse

Twitter et Amazon épinglés par Greenpeace

Ces deux sites figurent parmi ceux qui ont le moins recours aux énergies propres. La campagne en ligne de l’ONG (Dirty Clicking) invite les internautes à les inciter à revoir leur approvisionnement.

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9% Fotolia

de réduction des émissions de gaz à effet de serre en Suisse

Un supermarché sans emballages à Berlin La start-up Original Unverpackt souhaite ouvrir un magasin proposant uniquement des produits non emballés. L’idée des jeunes femmes à l’origine du projet? Préférer le «precycling» au «recycling». L’équipe recherche encore des financements et une surface commerciale.

Entre 2008 et 2012, la Confédération a ainsi rempli – et même dépassé d’un point – ses engagements fixés par le protocole de Kyoto.

1/5 des terres agricoles chinoises polluées C’est ce que révèle une étude réalisée entre 2005 et 2013. L’agence officielle Xinhua indique que les principales sources de pollution sont les activités industrielles et agricoles. Une dégradation de l’environnement qui inquiète de plus en plus la population du pays et qui devrait obliger la Chine à augmenter ses importations de denrées agricoles dans les années à venir.

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ACTUEL

EN BREF Japon

Aventure

Retour au nucléaire Le plan post-Fukushima visant à abandonner l’énergie nucléaire d’ici à 2040 est remis en cause. Le gouvernement libéral-démocrate de Shinzo Abe a annoncé le 11 avril dernier une nouvelle stratégie définissant cette énergie comme une source de base incontournable. Il précise que les 48 réacteurs seront redémarrés après leur mise aux normes en matière de sécurité.

Solar Impulse

Comme un oiseau autour du monde On se souvient des images époustouflantes de Solar Impulse traversant le ciel des Etats-Unis. A voir ce deuxième avion survoler le lac de Neuchâtel, on imagine toute une équipe se sentir pousser des ailes, prête à parcourir le tour du monde.

A

u matin du 2 juin 2014, 5 h36. Premier décollage à la base aérienne de Payerne pour Solar Impulse 2. Un vol expérimental, effectué aux aurores, afin de tester l’avion lui-même et non sa résistance aux turbulences quasi inexistantes à cette heure-là. Des vols, il s’en fera beaucoup ces prochains mois, car dans moins d’un an, l’équipe de Bertrand Piccard et d’André Borschberg devra accomplir ce qu’aucun avion n’a réussi avant lui: voler sans carburant avec un seul pilote à bord, jusqu’à cinq jours et cinq nuits d’affilée pour traverser les océans d’un continent à l’autre. Plus costaud que son prédécesseur, le monoplace solaire possède une envergure gigantesque de 72 m (plus large qu’un Boeing 747) pour un

Echange de prestations Quatre communes de l’Est lausannois signent une convention de partenariat pour la gestion de l’eau, des déchets et de l’électricité. Le regroupement entre Pully, Belmont-sur-Lausanne, Paudex et Lausanne permet de donner un cadre aux différents échanges de prestations qui sont légion en la matière. La capitale vaudoise fournit déjà un réseau électrique haute tension et 85% de l’eau potable consommée par les habitants de Pully. Prototype

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poids de seulement 2300 kg, offrant des performances aérodynamiques et un rendement énergétique supérieurs à tout ce qui s’est fait jusqu’ici. Il est équipé d’un cockpit de 3,8 m3 dont chaque détail a été pensé pour permettre au pilote d’y vivre une semaine. Dans un souci d’efficacité énergétique,

la cabine n’est ni pressurisée, ni chauffée – «un défi supplémentaire d’endurance pour le pilote qui devra être aussi performant que son avion», observe André Borschberg. A la fin de l’année, l’équipe quittera les airs de Payerne pour rejoindre ceux du golfe Persique, point de départ du périple autour du monde. E

énergie

Les renouvelables dominent le mix électrique européen

DR

Un filtre sonore Le petit boîtier Sono développé par le designer autrichien Rudolpf Stefanich s’installe sur une fenêtre et se charge de bloquer les bruits venus de l’extérieur. Pour ce faire, il détecte les vibrations sonores à la surface du verre puis émet ensuite des signaux qui vont les annuler. Il permet de définir quel son éliminer et quel son laisser passer. L’objet a été sélectionné pour la finale du James Dyson Award 2013 qui récompense les meilleurs concepts produits.

DR

Sophie Kellenberger

Communes

L’Europe a amorcé sa transition énergétique. En 2013 et pour la première fois, les énergies renouvelables ont en effet dominé le mix énergétique avec 28% de la production totale des 28 pays de l’Union, selon une étude publiée fin mai par Enerdeta, une société de conseil indépendante, spécialisée dans

l’industrie énergétique mondiale et le marché du carbone. C’est aussi la première fois depuis 2009 que l’ensemble de la demande de toutes les énergies fossiles est en baisse dans l’Union européenne. Une situation qui a provoqué l’arrêt ou la mise sous cocon de plusieurs centrales à gaz qui,

ne fonctionnant plus suffisamment, ne sont plus rentables. L’Europe compte notamment 120 GW de capacités installées pour l’éolien et 80 GW pour le solaire. Rappelons qu’en Suisse, 55% de la production d’électricité provient des centrales hydrauliques. E E. M.-A.


ACTUEL Vaud

Bâtiments au patrimoine

Invention

La pose de capteurs solaires facilitée Le canton de Vaud assouplit sa législation pour simplifier la pose des capteurs solaires sur des bâtiments ou dans des lieux présentant une valeur patrimoniale. Sophie Kellenberger

L

e Conseil d’Etat vaudois a été appelé à prononcer un arbitrage entre la protection du patrimoine et l’encouragement des énergies renouvelables. Il a décidé d’un rééquilibrage en faveur de l’énergie solaire. Désormais, seuls les bâtiments classés ou inscrits à l’inventaire nécessiteront un préavis du département en charge de la protection du patrimoine (soit 5522 bâtiments inscrits et 1081 classés). Pour les 11520 bâtiments du canton placés sous la seule protection générale, les propriétaires ne devront plus solliciter que le permis de construire communal. A noter qu’ils auront seulement besoin d’une dispense de leur commune si la surface prévue est inférieure à 32 m2. L’un des instigateurs de ces nouvelles directives est le député vaudois Jérôme Christen, coordinateur romand de l’Agence des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, qui avait déposé une interpellation déplorant que l’interdiction de la pose de panneaux solaires sur un bâtiment classé fasse de l’ombre sur la transition énergétique. «C’est un pas intéressant de la part du gouvernement pour les propriétaires des bâtiments concernés» se réjouit-il. «Et désormais, en cas de refus de pose de capteurs solaires pour des bâtiments classés ou à l’inventaire, la responsabilité sera clairement politique: en cas de divergences entre le

département en charge de la protection du patrimoine et celui de l’énergie, le dossier sera arbitré par le Conseil d’Etat qui ne pourra plus se cacher derrière un service ou une décision de justice. Mais en cas de refus de pose de capteurs solaires, il faut que les propriétaires de ces bâtiments n’hésitent pas à faire recours auprès de la Commission consultative, car l’autonomie des communes doit être respectée sauf en cas d’intérêt prépondérant de l’Etat de Vaud», ajoute-t-il.

Le canton mise sur le solaire L’Etat de Vaud, justement, ne cesse de répéter son engagement envers le solaire au travers des objectifs qu’il s’est fixé dans son programme de législature 20122017. Il estime le potentiel d’électricité photovoltaïque à 1500 GWh, soit l’équivalent de la consommation de 375 000 ménages. Pour y parvenir, le Conseil

d’Etat propose également une modification de la loi sur l’aménagement du territoire et des constructions qui privilégie l’utilisation de l’énergie solaire en autorisant une orientation du faîte des immeubles permettant un rendement optimal des capteurs solaires. De plus, l’Etat s’engage à mettre les toits plats de ses plus grands bâtiments scolaires ou administratifs à disposition des communes, respectivement des fournisseurs d’énergie, pour y installer des panneaux solaires. Cinquante-cinq bâtiments sont concernés dans tout le canton, parmi lesquels le futur Musée cantonal des beaux-arts, le bâtiment de la rue de l’Université 5 à Lausanne ou encore l’immeuble administratif de la Gare 45 à Payerne, pour une surface utilisable totale de 55 000 m2, soit un potentiel de production pouvant couvrir les besoins de 1800 familles de quatre personnes. E

1081 5522 11520

Bâtiments placés sous protection générale

EN BREF

Bâtiments inscrits à l’inventaire des monuments historiques

Bâtiments classés monuments historiques

La procédure est facilitée et simplifiée pour près des deux tiers des propriétaires des bâtiments placés sous protection cantonale. Les bâtiments situés dans un périmètre ISOS (inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale) sont aussi exclus du préavis, pour autant qu’ils ne soient ni classés ni inscrits à l’inventaire cantonal.

Un bracelet magique Relié via Internet aux prises électriques de la maison, ce bijou permet de mieux gérer l’énergie des appareils domestiques. Baptisé InnerG et développé par des étudiants de Strate College et Télécom Paris Tech, il indique en temps réel leur niveau de consommation et permet, par exemple, d’éteindre ou d’allumer une lampe à distance. Le prix ArtScience Paris Universitaire a récompensé cet objet qui n’est encore qu’au stade de concept. Rapport Toujours plus chaud Le dernier rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rappelle que le climat se réchauffe. Le seuil de deux degrés supplémentaires sera franchi dès 2030. Pour éviter cela, une réduction de 40 à 70% des émissions de CO2 doit être menée d’ici à 2050 en améliorant notamment l’efficacité énergétique. Fotolia

Suisse Mouton noir La Confédération helvétique est l’un des pays européens qui produit le moins d’énergie solaire et éolienne, selon un calcul de la Fondation suisse de l’énergie (SES). Ces quatres dernières années, sa production a certes quintuplé en passant de 15 à 83 kWh par habitant, mais elle reste loin derrière les 2070 kWh produits au Danemark, le champion européen. La SES considère que la limitation de l’attribution de la RPC empêche un développement efficace des énergies renouvelables.

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ACTUEL Tri

Quand le design rencontre l’écologie

DR

Des poubelles hautes en couleur! Trier avec style, voilà le parti-pris du Trash Tree. Une invention aussi belle qu’utile. Sylvie Ulmann

D

es bacs et des sacs remplis de déchets en attente de recyclage s’empilent dans la cuisine de l’animatrice Anne Carrard, comme dans celle de bon nombre d’habitants dont les communes ont adopté la taxe au sac. Trier les déchets, cette fan de design n’est pas contre, pour autant qu’elle puisse le faire avec style. Elle s’en plaint à son cousin, Julien Garnier, qui est designer. Et l’idée du Trash Tree est née. «La plupart des solutions de tri existantes

sont pensées de façon horizontale, ce qui prend beaucoup trop de place dans un appartement», explique-telle. Le plus de cette alternative verticale? Le choix de la taille de l’arbre et des couleurs de ses contenants. Seule ombre au tableau, à l’heure où nous mettons sous presse, le duo cherche toujours un éditeur. E Plus d’informations sur www.puzzle-design.ch

Start-Up

Nouvelles contraintes, Nouveaux métiers La société Treasy propose de faire le tri dans vos poubelles moyennant rémunération. Sylvie Ulmann

C’

est en s’installant à Lausanne l’an dernier que le Français Guillaume Mittnacht a saisi l’ampleur du problème que le tri des poubelles peut constituer dans un ménage. «Je vivais en colocation avec trois autres garçons; le rangement et le tri des déchets ne faisaient pas vraiment partie de leurs priorités», se rappelle-t-il. Il constate aussi que les horaires de la déchèterie sont peu compatibles avec ceux des personnes qui travaillent. «Chez moi, en Alsace, trier les déchets est une seconde nature, j’ai toujours connu les poubelles taxées au kilo», souligne-t-il. Il en va tout autrement pour les

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Lausannois, nombreux à déplorer que trier prend trop de place, que la déchèterie est éloignée et rarement accessible à un horaire commode, que les sacs coûtent cher, etc.

Triés pour vous Des récriminations qui lui donnent une idée: créer une entreprise qui se charger de trier et apporter à la déchèterie pour eux. Il lance ainsi Treasy (contraction de «tri» et «easy», «facile» en anglais) au début de l’année, avec un peu de publicité. Guillaume Mittnacht réalise pour l’heure une tournée de ramassage hebdomadaire. «Les gens peuvent me remettre des sacs noirs non taxés», précise-t-il. Il se charge ensuite de séparer les déchets incinérables

des recyclables et apporte ces derniers à la déchèterie, éliminant les premiers dans des sacs taxés, le tout moyennant une contribution mensuelle qui dépend de la taille du ménage et du service requis – à partir de 25 francs par mois pour le ramassage et le tri. Pour la collecte, il utilise sa voiture, dont il a aménagé l’intérieur. Quand on suggère qu’effectuer le ramassage au moyen d’un vélo cargo serait moins polluant, il répond que la demande est encore trop anecdotique pour justifier une réflexion autour du mode de transport. E Plus d’informations sur www.treasy.ch


ACTUEL Des objectifs atteints à 84 %

Technologie

Lausanne médaille d’or de l’énergie Lausanne vient de recevoir le label European Energy Award Cité de l’énergie Gold. L’occasion de faire le point sur la politique énergétique de la capitale vaudoise avec Jean-Yves Pidoux, municipal en charge des services industriels (SIL). Propos recueillis par élodie Maître-Arnaud

R

écompensée depuis 1996 pour ses efforts en matière de développement durable, Lausanne confirme cette année sa mention Gold. Elle distingue les villes atteignant au moins 75% des objectifs fixés par l’association Cité de l’énergie. Que représente pour vous cette récompense? Le mérite principal de ce label est de montrer qu’une politique énergétique doit être multidimensionnelle. L’obtenir est chaque année plus difficile car les exigences croissent. Lausanne a rempli 84% des tâches qu’elle s’était fixée, ce qui nous place en tête des villes suisses les plus méritantes, devant Zurich. Où en est la ville dans le développement des énergies renouvelables? En 2013, notre filiale SI-REN a installé des panneaux solaires pour un équivalent de 3 MW de puissance. Nous avons ce même objectif pour cette année et les suivantes. Les panneaux ont été posés sur les toits de plusieurs bâtiments publics ou para publics, comme le dépôt des tl à Renens. A long terme, on pourrait envisager de recouvrir les parkings, les murs antibruits et peut-être les façades et les vitres de certains édifices.

Nous avons par ailleurs un projet d’importance nationale à Lavey pour augmenter les capacités de notre centrale hydroélectrique. L’objectif est d’y produire 75 millions de kWh supplémentaires par an. Avec zéro impact paysager puisque l’usine est souterraine. Les Neuchâtelois ont manifesté leur soutien à l’éolien. Est-il en aussi bonne voie à Lausanne? L’acceptation du contre-projet sur les éoliennes est un signal fort. Ce vote très clair démontre que les opposants à l’éolien ne sont pas majoritaires. On observe que les intérêts particuliers, même légitimes, s’effacent derrière la nécessité, d’intérêt public, de développer les sources d’énergies renouvelables. Dans le canton de Vaud, c’est le plan directeur cantonal qui définit l’implantation de parcs éoliens.

Plusieurs emplacements ont déjà été retenus, notamment les clairières lausannoises des bois du Jorat, où un projet de huit éoliennes est en cours. Un projet de préavis sera présenté à la Municipalité cet été. Compte tenu des oppositions que plusieurs associations ont annoncées, la construction devrait pouvoir commencer au plus tôt à l’automne 2016. Vous allez aussi lancer un grand programme d’efficacité énergétique… Je vais également le proposer à la Municipalité d’ici l’été. Destiné aux particuliers et aux entreprises, il inclura des campagnes d’information et des mesures concrètes comme des distributions d’ampoules basse consommation ou de minuteries pour les appareils électriques. Il est en outre prévu de subventionner le remplacement des équipements de froid des commerces. Souvent mis à disposition par les marques à des fins publicitaires, ce sont de vrais gouffres énergétiques! Or c’est aussi en utilisant des appareils plus performants, voire intelligents, que l’on économise de l’énergie. Dans un deuxième temps, je prévois de récompenser financièrement les entreprises qui réalisent des économies d’énergie, sur le modèle du programme éco 21 développé par les SIG. Nous avons également des projets techniques liés aux Smart Grids en collaboration avec l’EPFL. E

Portable solaire Le premier smartphone équipé d’un film transparent capable de transformer n’importe quel support en surface autoproductrice d’électricité sera disponible dès cet été. Il faudra compter quelque 4000 francs pour l’acquérir. Les applications potentielles de cette technologie qui transmet l’information à très haut débit par la lumière sont nombreuses: bâtiment, affichage publicitaire, ou encore signalétique. DR

SIL

EN BREF

Saint-Gall Géothermie… à l’eau Il n’y aura pas de centrale géothermique à Saint-Gall. Une quantité d’eau chaude trop faible pour être exploitée, ainsi que des raisons financières et de sécurité ont conduit à abandonner ce projet énergétique. Cinquante-cinq millions de francs ont été dépensés dans le développement et les recherches liées aux risques sismiques. L’OFEN prend en charge 19 millions dans le cadre de la garantie de risque. La ville se concentrera désormais sur l’extraction de gaz naturel. Nord-Sud Privés d’électricité Le manque d’eau et d’électricité vont de pair. Selon les statistiques des Nations Unies, l’Afrique subsaharienne est aussi l’une des régions du monde les moins bien desservies en électricité avec 57% de sa population privée d’accès en 2011. En comparaison, l’Europe occidentale et les Etats-Unis, utilisent près de 50% de l’eau prélevée à des fins de production énergétique.

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ACTUEL Genève

Une nouvelle façon de consommer

Chiner à la déchèterie En matière d’écologie la commune genevoise d’Onex a souvent une longueur d’avance. L’an dernier, elle a inauguré une «recyclerie», sorte de version gratuite de la boutique de seconde main. Sylvie Ulmann

A

u moment de se séparer d’un objet, surtout encombrant, qui ne s’est jamais dit «ça peut encore servir»? Le problème à ce stade consiste généralement à trouver à qui. La commune d’Onex a inventé une façon originale de leur dénicher de nouveaux propriétaires. Une fois par mois, ses habitants peuvent se rendre à la recyclerie et récupérer trois articles au maximum, sans bourse délier.Ce service est une conséquence de l’installation des déchèteries mobiles. «Depuis 2010, la

population est invitée à y amener ses encombrants, résume Aline Joliat Saulnier, responsable de la gestion des déchets à Onex. Nous avons depuis lors cessé de lever ce type de déchets dans la rue.»

éviter le ramassage sauvage sur les trottoirs Si les citoyens louent ce système mobile, ils sont aussi nombreux à déplorer l’interdiction de déposer des encombrants dans la rue. C’est qu’ils appréciaient, les veilles de ramassage, de pouvoir récupérer des articles dont d’autres ne voulaient plus.

La commune a donc commencé par proposer aux Onésiens de se servir les jours de passage de la déchèterie mobile. «Malheureusement, c’était la foire d’empoigne», se souvient Aline Joliat. L’idée de créer un endroit spécialement dédié à ces déchets à haute valeur ajoutée a alors vu le jour. L’avantage, par rapport au ramassage sauvage sur trottoirs, est qu’un premier écrémage a déjà été effectué. L’entreprise qui s’occupe des déchèteries mobiles a formé des personnes qui trient les encombrants et repèrent ceux qui ont le plus de chances d’acquérir une deuxième vie. Ceux-ci filent ensuite dans un lieux où ils sont présentés par genre. Ceux qui remportent le plus de succès sont les articles électroniques et les jouets, ainsi que les bibelots. La commune s’apprête à faire le bilan de l’opération après un an d’existence. Les retours étant très positifs, l’expérience devrait être poursuivie. E

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ACTUEL Initiatives

économiser ici pour redistribuer ailleurs

Moins d’énergie, plus de solidarité

Grâce aux écoliers suisses, Terragir a pu réaliser 21 projets en Afrique et en Amérique du Sud. DR

Faire des économies d’énergie non renouvelable au Nord pour en faire bénéficier le Sud, voilà le credo du projet Robin des Watts. Laetitia Wider

C

e Robin là ne sort pas de la forêt de Sherwood. Le programme Robin des Watts initié par l’association genevoise Terragir – énergie solidaire propose à des classes d’écoles primaires romandes de s’investir dans un projet d’économie d’énergie. L’argent gagné est réinvesti dans des communautés du Sud, par exemple, au Pérou. Sur l’Altiplano, à plus de 3500 m, il a ainsi permis de réchauffer des salles de classes où la température avoisine parfois zéro degré. Grâce à des améliorations techniques simples, comme la récupération de la chaleur d’une serre attenante à l’école, des petits écoliers péruviens étudient dorénavant dans un climat plus doux.

Financements communaux Terragir collabore avec trois organismes suisses pour ses projets: Terres des Hommes, Graine de Baobab et AccED. «Sur place, ils sont réalisés par des partenaires locaux, explique Christophe Grand, responsable de projets chez Terragir. On veut qu’ils

s’approprient le concept et que ces constructions et améliorations énergétiques soient duplicables par le plus grand nombre.» En Suisse, les écoliers de 7e et 8e participent

au programme pendant une année. Sur plusieurs jours, ils apprennent comment mieux gérer l’énergie notamment grâce à des écogestes. Une journée de l’énergie est ensuite organisée dans leur école. Aux plus grands, alors, de sensibiliser les plus petits. «Les élèves comme les enseignants deviennent ainsi acteurs de la solidarité internationale et prennent conscience de leur propre consommation énergétique et des disparités qu’il existe», précise Christophe Grand. Robin des Watts est financé par les communes. Et les économies d’énergie générées par la mise en place du programme sont estimées avant son lancement. Depuis 2009, 21 projets ont été réalisés dans six pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Europe. E

Recyclage

Une filière pour les modules photovoltaïques Depuis le début de l’année, les panneaux photovoltaïques usagés et leurs accessoires peuvent être récupérés gratuitement à travers l’association Swissolar et la Fondation SENS eRecycling. La reprise est financée par la taxe anticipée de recyclage (TAR) suivant un principe de répartition. La durée de vie d’un module photovoltaïque est évaluée entre vingt et vingt-cinq ans selon

Swissolar. Dans la mesure où ces installations n’ont été produites en grande quantité que depuis l’an 2000, le besoin de récupération à grande échelle ne devrait donc pas apparaître avant dix à quinze ans. «Nous sommes en train d’élaborer l’organisation de collectes mais à l’heure actuelle, tout privé ou toute entreprise doit prendre contact avec SENS à Zurich, qui se charge des transports

individuels gratuits», explique Roman Eppenberger, directeur des opérations. Ces modules sont fabriqués en verre à 90%. Les 10% restant sont, pour l’essentiel, composés de cuivre, aluminium et plastique. Il sera donc possible de récupérer 80 à 90% du poids d’un panneau et de le réutiliser pour produire de nouveaux matériaux. E M.-L. B.-C.

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ACTUEL Recherche

Quelle sera la maison de demain?

Le Solar Decathlon, est une compétition académique internationale de conception et réalisation d’un habitat solaire novateur. Deux cent mille spectateurs sont attendus à Versailles du 28 juin au 14 juillet.

Solar Decathlon

la compétition de l’habitat durable Vingt-quatre équipes présenteront leurs projets à Versailles. (Ci-contre à Madrid en 2012)

Sophie Kellenberger

L

e défi lancé aux universités du monde entier est de concevoir et construire un habitat durable recourant uniquement à l’énergie solaire. Les réalisations doivent répondre à dix critères de performance autour de la construction durable et de l’énergie solaire. Créée en 2002 par le Département de l’énergie américain, la compétition a aussi pour but la collaboration entre les universitaires, les professionnels du bâtiment, les entreprises et les industriels qui souhaitent développer la recherche, l’innovation et la connaissance des énergies renouvelables pour inventer et tester les matériaux de la maison de demain. L’objectif est également de développer la transmission des savoirs et des travaux de recherche dans le domaine des énergies renouvelables.

Encourager la recherche appliquée L’EPFL concourt pour la prochaine édition européenne qui aura lieu en 2016, sous l’égide du Smart Living Lab – nouveau pôle interuniversitaire de compétences, en collaboration avec l’Ecole d’ingénieur et d’architecture et l’Université de Fribourg et qui abritera la future antenne EPFL à Fribourg. Pour Marilyne Andersen, doyenne de la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit de l’EPFL, «la compétition, est une vitrine pour nos recherches et une occasion formidable de montrer au monde entier les innovations dans le domaine de l’environnement construit, à travers une application concrète sur une réalisation grandeur nature». Pour ses étudiants, elle y voit l’intérêt «d’expérimenter le travail appliqué qui s’ajoute à la théorie, mais aussi l’utilité de la recherche interdisciplinaire. L’expérience est faite pour que les

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étudiants se confrontent à la réalité, avec des professionnels et des industriels, afin de parvenir ensemble à un résultat.» Le projet réunira entre cinquante et cent étudiants de Bachelor et de Master, encadrés par une dizaine de professeurs.

Les enjeux de la densité et de l’habitat collectif Pourquoi demander à des universitaires de réfléchir à la maison de demain et non à des architectes ou à des ingénieurs déjà en activité? «Les étudiants ont cette fraîcheur et ce regard neuf. Ils n’ont jamais été confrontés à un défi qu’ils n’auraient pas pu relever et qu’ils essaieraient donc de contourner. Pour innover, il est essentiel de ne pas avoir peur et d’être dans une approche exploratoire», estime Marilyne Andersen. Depuis la première édition de la compétition, les réalisations ont énormément évolué. «Les premiers pavillons Solar Decathlon avaient souvent des allures de boîtes solaires, pas forcément intéressantes architecturalement parlant, résume Marilyne Andersen. Aujourd’hui, les innovations sont intégrées dans la forme architecturale elle-

même, qui devient de plus en plus élaborée. Au départ, il s’agissait de réfléchir principalement à des maisons individuelles; or ce modèle d’habitat n’est plus, et certainement pas en Europe, l’approche à choisir dans une perspective de durabilité. Les enjeux sont sur la densité, l’habitat collectif. D’où l’intérêt de juger également les projets dans leur tissu urbain.» E

Versailles cité solaire La compétition a lieu tous les deux ans. Les participants ont dix-huit mois pour concevoir, construire et transporter leur prototype. Les réalisations sont passées au crible de dix critères, d’où le nom de décathlon: l’architecture, l’ingénierie et la construction, l’efficience énergétique, le bilan énergétique, le confort, l’équipement et le fonctionnement, la communication et la sensibilisation sociale, le projet dans le tissu urbain (y compris la mobilité et le coût), l’innovation et la durabilité.


ACTUEL Habitat

Une enquête qui fait débat

Minergie répond à Efficience 21 L’Association Minergie a souhaité réagir à l’enquête sur les déçus de l’habitat écolo, parue dans le dernier numéro de notre magazine. Le point avec Tess Rosset, sa porte-parole.

par élodie Maître-Arnaud

Vous avez souhaité vous exprimer après la publication de notre article. En effet. Nous avons des faiblesses et nous travaillons sans relâche pour les améliorer. Mais nous nous devons de réagir lorsque l’on nous reproche des choses qui n’ont rien à voir avec nos labels. Les désagréments subis par les habitants des immeubles cités dans votre article sont liés à des problèmes techniques de réalisation et ne sont pas imputables à Minergie. Pourtant, les trois immeubles en question portent bel et bien le label Minergie. Comment celui-ci est décerné? Lors de l’élaboration d’un projet de construction, un dossier est monté par l’architecte en fonction du label visé; il fait notamment état du bilan thermique final escompté par le bâtiment. En fonction de ce bilan, Minergie délivre alors un label provisoire. Mais nous n’imposons ni méthode, ni produit, ni procédure. Au cours de la construction, nous pouvons effectuer des contrôles inopinés. Compte tenu du nombre de réalisations labélisées en Suisse (plus de 30 000), il nous est toutefois impossible de passer sur tous les chantiers. Enfin, lors de la mise en service du bâtiment, nous accordons un label définitif si le résultat est conforme au projet. Minergie n’exerce donc en pratique aucun contrôle sur la conception des bâtiments… Non, et c’est cela que les gens ont du mal à

contrôles deviennent systématiques, avec à la clé le retrait du label si un immeuble n’en remplit plus les conditions.

comprendre. Pour qu’un bâtiment soit labellisé Minergie, il doit répondre à certaines exigences. Celles-ci portent notamment sur l’isolation thermique, l’aération contrôlée, le confort estival, les surcoûts, parfois encore l’énergie grise, le choix des matériaux et l’étanchéité de l’enveloppe du bâtiment selon le label visé. La priorité est accordée au confort d’utilisation et aux économies d’énergie, et nous laissons aux spécialistes de la construction toute latitude afin que leur bâtiment ne dépasse pas nos valeurs limites. Nous ne leur imposons aucun moyen pour y parvenir. Pour reprendre l’une des idées fausses les plus répandues, ce n’est pas Minergie qui interdit d’ouvrir les fenêtres! Il peut quand même sembler surprenant que vous n’ayez aucun droit de regard sur la réalisation d’une construction prétendant au label… Nous effectuons tout de même des contrôles de conformité sur la base de protocoles de mise en service (pour le débit d’air ou le chauffage par exemple). Par ailleurs, on nous reproche souvent le côté très administratif de la procédure d’obtenWe fly long-rang too! tion d’un label; tout contrôlerede Alarm: +41 333 333 333 www.rega.ch A à Z ne ferait que compliquer les choses. Procédez-vous à des contrôles périodiques après la mise en service d’un bâtiment? C’est l’un de nos objectifs d’ici à 2020. Nous l’avons déjà fait au coup par coup mais l’idée est que ces

Les trois immeubles incriminés dans l’article portent-ils toujours le label Minergie? C’est un peu compliqué aux Moulins de la Veveyse (un bâtiment sur quatre est toujours labellisé). Pour les deux autres, la réponse est oui car les bilans énergétiques sont bons et nous sommes persuadés que les problèmes rencontrés par les habitants vont être réglés. E

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EfficiEncE 21 ENQUêTE

Plus LESbelle DÉÇUS la vie en minergieDE ?

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au salon de genève

VIVRE EN MINERGIE : DES DÉBUTS UN PEU DIFFICILES

DossIER

retour à la ville

FOTOLIA

Propos recueillis

«Habiter dans un appar tement Minergie, c’est génial», proclament les promoteur s de ce type de constructio n. On est allé vérifier auprè s de ceux qui y vivent. PATRICIA BERNHEI

R

M

encontrés en 2011 dans le cadre d’un article sur le même thème, Elisabeth et Gérald avaient déjà passé plusieurs mois dans leur appartement Minergie-P aux Moulins de la Veveyse.

Ce complexe de 360 logemen ts construit derrière la gare de Vevey était présenté comme «le plus importan t site résidentiel de Suisse à pollution zéro en termes de production de chauffag e et d’eau chaude». A la question de savoir à quoi ressemblait la vie dans un «modèle écologique», le

couple avait répondu: «On pourra vous le dire lorsque ça marcher a.» Au chapitre de leurs griefs: une tempéra ture trop élevée en été comme en hiver, un air trop sec et divers problèmes phoniqu es et olfactifs liés à la ventilation douce.

MINERGIE AU MAZOUT

Deux ans et demi plus tard, rien de bien nouveau. «On ne peut toujours pas répondre à votre question . Malgré de nombreux réglages, il fait autour de 24° dans l’appartement, une tempéra ture trop élevée pour être confortable. Même en hiver,

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Interview «un réseau cyclable où les usagers se sentent en sécurité» C’est en lançant le blog Cycle chic que Mikael Colville Andersen est devenu le pèlerin du vélo urbain dont il fait la promotion aux quatre coins du monde.

Propos recueillis et traduits par Sylvie Ulmann

S

ortir les voitures des centres urbains. Tel est le crédo de Mikael Colville Andersen. Ardent défenseur de la petite reine, le journaliste et photographe danois dispense ses conseils en matière de cyclisme urbain un peu partout sur la planète. Rencontre téléphonique. E21 Comment avez-vous découvert que le vélo constitue la meilleure façon de se déplacer en ville? Mikael Colville Andersen Je vis à Copenhague et je fais du vélo parce que c’est tout simplement la manière la plus rapide de s’y déplacer. Mais cela n’a pas été une découverte, c’est ce que l’on fait spontanément ici. En 2006, vous commencez à publier des photos de gens à vélo dans les rues de Copenhague, sur le blog Cycle chic… L’impact de ces images sur les médias sociaux a été impressionnant. Très vite, le mouvement Cycle chic est né. On n’y montre que des personnes normales qui

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vont au boulot ou au café. Autrement dit, rien de spécial du point de vue danois. Mais partout ailleurs dans le monde, les gens s’étonnaient de voir un homme pédaler en costume ou une femme avec des talons hauts. Comme je suis journaliste, l’intérêt des internautes pour ces cyclistes

BIO EXPRESS Né le 29 janvier 1968 à Fort Mc Murray, au Canada, Mikael Colville Andersen a étudié à la National Film School of Denmark. Il a ensuite travaillé comme journaliste et photographe, réalisant également des films. En 2006, il lance le blog «Copenhague cycle chic» (www.copenhagencyclechic.com), qui présente des photos de streetstyle en version cycliste. C’est un immense succès dans le monde entier. Une communauté en est issue, qui a donné naissance à une boutique en ligne et à un livre. En 2007, il a également créé une société de conseils en matière de cyclisme urbain, Copenhagenize (www.copenhagenize.com).

m’a interpellé. Et je me suis demandé ce qui faisait la spécificité de la ville en matière de vélo, qu’est-ce qui rendait Copenhague tellement cyclable. Ce qui m’a amené à réfléchir à la façon dont cela pourrait inspirer d’autres villes, pour leur donner envie de faire la même chose. Vous avez remis la bicyclette à la mode. Oui, mais il ne s’agit pas d’un effet de mode comme le jeans délavé dans les années 1980, c’est une tendance de fond qui dure. Car les centres urbains se sont mis à considérer le vélo comme un moyen de transport sérieux. Ce qu’il était partout dans le monde jusque dans les années 1950 quand le culte de la voiture a pris le dessus et que les villes ont changé de façon drastique. Depuis lors, on a commencé à penser l’espace urbain en fonction de l’automobile. Tous les autres modes de déplacement ont été évincés. Sauf à Copenhague. Pourquoi a-t-on continué d’y faire du vélo? Comme une majorité de villes sur la planète, Copenhague n’était pas loin d’éradiquer les vélos. A la fin des années 1960,


Felix Modler-Andersen

Surnommé «le pape du vélo», Mikael Colville Andersen a lancé le mouvement de «Copenhagenisation» des villes. Son regard sur Lausanne est sans concession.

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interview Mikael Colville Andersen Vanina Moreillon

le nombre de cyclistes y était tombé à un niveau très bas. Mais dans les années 1970, les deux chocs pétroliers qui ont frappé de plein fouet le Danemark et les Pays-Bas ont amené ces deux pays à y réfléchir à deux fois. Le hasard a bien fait les choses. Oui, mais surtout, il restait des cyclistes à Copenhague alors qu’ils avaient disparu dans beaucoup de villes... En effet. Les Danois et les Hollandais ont envisagé le vélo comme véritable mode de transport et ont décidé de reconstruire le réseau cyclable où les usagers se sentent en sécurité. C’est la seule façon d’amener les gens à préférer le vélo. La sécurité, c’est vraiment le secret qui fait la différence? Oui, c’est une priorité. En Suisse, dans des villes comme Zurich ou Lausanne, la situation est vraiment catastrophique sur ce point (lire encadré). Cela explique que l’on y voie peu de cyclistes. Les pentes, la météo, ce sont de fausses excuses.

«Il faut séparer physiquement les bicyclettes des autres véhicules en créant une vraie barrière.»

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Mais alors, quelles sont les règles à suivre pour réaliser une bonne piste cyclable? Premièrement, il faut séparer physiquement les bicyclettes des autres véhicules en créant une vraie barrière. Un trait de peinture ne suffit pas, cela n’empêchera pas une voiture de renverser un vélo. La meilleure solution consiste à installer des trottoirs, comme on le fait pour les piétons. Et c’est ce que nous avons à Copenhague. Beaucoup de villes s’en sont inspiré. Vous citez toujours le vélo comme une façon de résorber l’engorgement des centres urbains. Les transports publics n’incarneraient-ils pas une alternative? Les deux modes de déplacement sont complémentaires. Toutes les grandes villes cyclables sont également très bien équipées en transports publics. Regardez Copenhague, Amsterdam, Tokyo – le Japon est la troisième plus grande nation cycliste dans le monde –, toutes ont d’excellents réseaux. Les Allemands aussi. Même les Français s’y mettent. Prenez Bordeaux: en trois ans, grâce à l’inauguration de trois lignes de tram, le nombre de cyclistes y est passé de 2 à 10 pour cents. Comment expliquez-vous ce rapport de cause à effet? Un tram, cela rend la circulation automobile plus compliquée. Les gens préfèrent l’utiliser et laisser leur voiture à la maison. Et pour les vélos, rouler à côté d’un tram est très agréable, car vous savez qu’il ne risque pas de sortir de ses rails, de bifurquer sans prévenir, ni de ne pas vous voir parce que le conducteur écrit un SMS et de vous renverser. On entend souvent que la Suisse n’est pas un pays de cyclistes – il peut faire très froid, pleuvoir... Et à Lausanne, il y a toutes ces pentes. Que dire de Copenhague? Oulu, une ville finlandaise proche du Cercle polaire, compte 14% de cyclistes en hiver. A Lausanne, la question des pentes revient toujours sur le tapis, mais c’est oublier que tout le monde ne doit pas monter du bord du lac à la Cité chaque jour! Il ne faut pas décider à la place des gens, mais leur donner le choix. Et leur permettre de rouler à vélo en toute sécurité. Justement, en parlant de sécurité, pourquoi êtes-vous contre le port du casque? Je tiens à préciser que ce n’est pas uniquement mon opinion, mais également celle de presque toutes les fédérations cyclistes européennes. Deux centimètres de polystyrène expansé ne vous protégeront jamais contre

«Lausanne ne prend pas le vélo assez au sérieux!» Pour Mikael Coville Andersen, Lausanne dispose de suffisamment d’espace pour faire de la place au vélo. C’est la volonté de créer un véritable réseau cyclable qui fait défaut. «Décideurs et ingénieurs abordent le problème par le mauvais angle. Bien sûr, créer un tel réseau pour la poignée de gens qui utilisent ce mode de transport actuellement est disproportionné. Ce qu’ils ne réalisent pas, c’est qu’il faut le faire pour tous ceux qui l’adopteraient s’ils s’y sentaient en sécurité. Viser un transfert de 15% des déplacements urbains sur la bicyclette constitue un objectif réaliste.» Lorsque le pape de la petite reine s’est rendu dans la capitale vaudoise, il a été très surpris: «Ces lignes jaunes constituent l’infrastructure cyclable la plus aberrante du monde! Je n’ai vu ça nulle part ailleurs. La personne qui a eu l’idée de faire ça mériterait d’être virée. Une chose est sûre: elle ne fait pas de vélo. C’est dommage, car cela fait des années que l’on sait comment réaliser une bonne infrastructure pour des vélos. Pas besoin de réinventer la roue, cela se trouve en quelques clics sur internet. Ou il suffit de venir à Copenhague.» Et de rappeler que les Lausannois feraient bien de profiter des grands travaux prévus dans leur ville pour s’attaquer à ce problème.

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Vanina Moreillon

interview Mikael Colville Andersen

Aménagements spécifiques, port du casque, vélos électriques, tout fait débat avec Mikael Colville Andersen.

une voiture. Ces casques ne sont pas faits pour sauver des vies. Mais le pire, c’est le message que cette recommandation fait passer: faire du vélo est dangereux. Chaque campagne de promotion pour les casques a le même effet: les gens en déduisent que rouler à vélo est risqué et ils le laissent au garage. Et... c’est faux? Bien sûr! Les chiffres le prouvent. Et c’est même le cas dans une ville aussi mal équipée que Lausanne. En voiture, on se croit à l’abri, on a des airbags, une ceinture de sécurité, on se dit que si on conduit un peu n’importe comment ce n’est pas grave et que si on a un accident on s’en sortira. Mais les études démontrent que c’est faux. A tel point que l’on devrait imprimer des mises

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en garde sur toutes les automobiles comme on le fait sur les paquets de cigarettes, cela changerait la perception que les gens en ont! Le risque de blessure à la tête est plus élevé dans une voiture que sur un vélo. Et les vélos électriques, qu’en pensez-vous? C’est une invention idiote ou géniale? Un peu des deux. Cette industrie a beaucoup d’argent, ce qui lui donne une grosse force de frappe. Les sites internet des marques sont nombreux à annoncer la mort du bon vieux vélo dans dix ans. Ce serait génial pour elles, car elles feraient beaucoup de bénéfices. Les e-bikes sont parfaits pour 5% de la population, peut-être 10% selon les endroits, mais pas davantage. Je pense aux personnes âgées et à certains modèles cargo très lourds.

Bon, d’accord, mais pour éviter d’arriver en nage au bureau, ça peut être sympa un électrique... Oui, mais c’est oublier que pédaler est un formidable exercice, excellent pour la santé. Et le monde occidental est justement confronté au problème de la sédentarité et des maladies qui en découlent. Le vélo constitue une très bonne façon de le résoudre. A Copenhague, les cyclistes contribuent à hauteur de 233 millions d’euros par an à la santé publique parce qu’ils se déplacent ainsi. S’ils utilisaient des vélos électriques, on n’atteindrait jamais un tel chiffre. Et puis, on s’est contenté de cette chose ringarde qu’est la bicyclette pendant cent vingt-cinq ans, alors pourquoi changer?


Les vélos électriques permettent aussi de rouler plus vite... Voilà un autre problème! Dans une ville où les cyclistes sont nombreux, comme Copenhague ou Amsterdam, un vélo de base roule en moyenne à 16 km/h. Ajoutez des vélos électriques dans l’équation, et vous romprez l’équilibre, car ils avancent beaucoup trop vite. Ce sont de véritables scooters. Et qui a envie de cohabiter avec un tel véhicule sur une piste cyclable? Quelle distance peut-on envisager de parcourir à vélo au quotidien? Au Danemark et aux Pays-Bas, beaucoup d’études ont été réalisées sur la question et elles montrent que les cyclistes sont prêts à pédaler pour une durée identique à celle qu’ils feraient à pied, soit vingt à trente minutes, donc 7 km à vélo. A Copenhague, 85% des cyclistes parcourent moins de 7 km. Quand on commence à développer un réseau, c’est sur cette cible qu’il faut se concentrer dans un premier temps.

Et au Danemark, êtes-vous déjà passés à la vitesse supérieure? Oui, nous essayons d’inciter les gens à faire des trajets plus longs en créant des sortes d’autoroutes qui leur sont réservées. Mais ces cyclistes-là ne représentent que 10% environ de la population.

l’évidence: il n’y a pas d’espace pour les voitures dans nos villes. Michael Bloomberg, à New York, ne dit pas autre chose. Dans peu de temps, vous verrez, pédaler semblera normal et tout le monde devra s’y mettre.

Les livraisons à vélo pourraient aussi avoir de l’avenir avec ces fameux vélos cargo... Absolument, nous venons d’ailleurs de terminer une étude avec l’Union européenne visant à encourager l’utilisation de ces engins dans les villes européennes. Elle a démontré que 51 % des transports de biens urbains pourraient être effectués ainsi.

Avec votre compagnie, Copenhagenize, vous aidez justement les villes à concevoir ces réseaux? Oui, nous apportons nos conseils et créons une stratégie et un réseau pour des villes qui cherchent à résoudre les problèmes d’engorgement en proposant cette alternative. Par ailleurs, je donne beaucoup de conférences sur la question et j’en profite pour rencontrer les politiciens locaux.

Une volonté politique forte n’est-elle pas nécessaire pour implémenter un vrai réseau cycliste? Bien sûr, c’est un facteur. Prenez Dublin: il y a cinq ans, on n’y croisait pas un cycliste. Ils sont 10% aujourd’hui. Et Paris qui n’en compte certes que 3%, mais où les choses ont radicalement changé grâce à Bertrand Delanoé. Pour lui, il faut se rendre à

Et cela provoque-t-il une certaine émulation? Bien sûr! Les villes s’observent les unes les autres et se copient. Elles ont une sorte d’ego, et surtout l’envie d’être la plus cool de leur région. On regarde ce qui se fait près de chez soi. Lausanne ne s’inspirera peut-être pas de Copenhague, mais de Bordeaux ou de Bâle. E

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énergies Politique énergétique Quels avantages pour les habitants ? Nyon vient de rejoindre le club des villes suisses labellisées Cité de l’énergie. Lausanne en est membre depuis 1996. Concrètement, ça change quoi dans le quotidien de ceux qui y vivent? Patricia Bernheim

C

réé en 1988, le label Cité de l’énergie fait partie de la stratégie énergétique du Conseil fédéral à l’horizon 2050. Cette distinction récompense les communes qui réalisent concrètement une politique communale durable en matière d’énergie, de trafic et d’environnement. Labellisée l’année dernière, la Ville de Nyon a donc mené à bien divers projets pour obtenir cette reconnaissance. Pour Gaëlle Keim, déléguée à l’énergie et au développement durable, l’un des trois projets les plus emblématiques concerne la mobilité. «Suite au diagnostic du concept de mobilité urbaine, l’offre des transports publics urbains va être renforcée avec une desserte au quart d’heure sur le territoire communal. Nous allons aussi adapter toutes les structures du mobilier urbain de manière à ce que le confort des usagers soit assuré.»

Habitants enthousiastes Le deuxième projet d’importance a consisté à diagnostiquer tous les bâtiments communaux dans le but d’établir un programme d’entretien et de rénovation. Parallèlement, une étude a été menée sur l’optimisation de l’efficience énergétique des installations telles que les chaudières et les radiateurs. «Faire en sorte que le parc immobilier nyonnais, qui est vaste et ancien, consomme moins est important. L’étude

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Plus de la moitié de la population suisse vit dans une Cité de l’énergie montre que nous tournons autour de 47 points sur 100. Il y a donc un grand potentiel d’amélioration!» Troisième exemple emblématique, l’accent mis par la commune sur la communication et la sensibilisation. Durant l’hiver, les habitants qui le souhaitaient ont pu recevoir chez eux et gratuitement un «ambassadeur énergie». L’opération éco-contact a permis en 2013 à 160 foyers d’apprendre les gestes de base favorisant l’économie d’énergie. Ils ont été 120 en 2014. «Cela favorise un dialogue direct avec les habitants qui étaient assez enthousiastes.» Le label Cité de l’énergie n’étant pas décerné à vie, la commune doit

continuer de prouver qu’elle le mérite pour confirmer sa certification. Le gros dossier actuel, c’est le programme de rénovation des bâtiments communaux avec la mise en œuvre des améliorations définies selon l’étude. Le résultat attendu est une économie d’énergie de 10% en quatre ans.

Lausanne, ville pionnière La Ville de Lausanne figure quant à elle parmi les collectivités publiques les plus actives en matière de développement durable et d’utilisation rationnelle de l’énergie. Elle détient le label Cité de l’énergie depuis bientôt vingt ans et a été plusieurs fois récompen-


Les Cités de l’énergie en Suisse (Cités Gold en jaune).

sée par divers labels et prix, dont le Watt d’or et le label European Energy Award Gold confirmé il y a quelques semaines. Entre autres projets ambitieux figure la création de 3000 logements durables sur la commune. «A ce jour, près de 1670 d’entre eux ont déjà été réalisés. Nous en sommes donc à la moitié du programme qui devrait s’achever en 2020», commente Georges Ohana, délégué à l’énergie. Autre réalisation de grande envergure, sur le plan de la mobilité douce cette fois: la restructuration complète des transports publics

qui allait de pair avec la mise en service du métro M2. Le processus est toujours en cours. Des travaux sont projetés cette année pour réaménager l’espace public au carrefour de la Bourdonnette, l’une des entrées sud de la ville. «Entre 2008 et 2014, les prestations tl ont augmenté d’environ 40%, 34 véhicules supplémentaires ont été commandés et 130 conducteurs recrutés. Les temps de parcours sont plus courts et les liaisons plus directes.»

écolos malgré eux De leur côté, les Services industriels ont créé la société SI-REN SA – pour Services industriels renouvelables. Elle vise une production d’au moins 100 GWh/an d’ici 2020, soit l’équivalent de plus de 28 000 ménages consommant environ 3500 kWh/an. Pour atteindre ses objectifs, elle gère des projets solaires, de biomasse, dans l’éolien ou la géothermie profonde. «A l’heure actuelle, l’électricité de la commune est ainsi assurée

à 85% par des énergies renouvelables.» Si le label Cité de l’énergie est un argument de marketing territorial très tendance, quel avantage concret le citoyen en retire-t-il? «Le fait que la commune soit inscrite dans ce processus est un avantage en soi!» rétorque Gaëlle Keim. «Les habitants sont sensibilisés aux économies d’énergie possibles. Un fonds de subvention permet à la Municipalité de soutenir des projets de particuliers tels que l’installation de panneaux solaires thermiques ou l’acquisition d’un vélo ou d’un scooter électrique. Les Services industriels offrent également la possibilité de consommer des énergies renouvelables tout en faisant des économies d’énergie. La mise en place de ces actions a été rendue possible grâce à l’engagement de la Municipalité et de toute la Commune dans une politique énergie-climat durable.» Pour Georges Ohana, «la population profite indirectement du choix politique de la commune. Depuis le protocole de Kyoto par exemple, les émissions de CO2 ont déjà été réduites de 20% à Lausanne. Cela incite aussi la population à se poser des questions sur la provenance des énergies pour l’électricité ou le chauffage. Et puis, grâce à la commune, les Lausannois sont tous écolos malgré eux.»  E

Un label qui fleurit L’Association Cité de l’énergie compte actuellement 606 communes parmi ses membres, dont un certain nombre considérées comme «partenaires en processus». En 2013, 24 nouvelles Cités ont obtenu le label et cinquante-deux ont été re-certifiées, ce qui porte le nombre de communes labellisées à 355. Plus de la moitié de la population suisse vit donc dans une Cité de l’énergie.

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énergies

Expérience grandeur nature

Des îles au large de Neuchâtel Trois îles solaires sont prêtes à être posées sur le lac au large de Neuchâtel. Un projet expérimental prometteur freiné actuellement par un recours des pêcheurs professionnels. Monique Chevalley

Trois îles solaires flottants sur le lac de Nauchâtel – vue aérienne !

Urs Elsasser

15.10.2012

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Urs Elsasser

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n en parle, on en parle, et elles fascinent! Tant et si bien qu’il nous semble déjà les voir flotter, les trois îles solaires que le fournisseur d’énergie neuchâtelois Viteos est prêt à installer au large de Neuchâtel. Sans le recours de la corporation des pêcheurs professionnels, elles seraient déjà arrimées à 80 m au large de la station d’épuration à l’est de la ville. Un endroit peu attractif pour la pêche et la navigation semblerait-il. Mais des oppositions avaient été déposées par les pêcheurs et les navigateurs de plaisance. Fin 2013, on annonçait le démarrage des travaux, les oppositions ayant été levées par le canton et le permis de construire accordé par la ville de Neuchâtel. Mais voilà, un recours contre cette décision a été déposé par les pêcheurs professionnels. Au nombre d’une trentaine, les membres de cette corporation se sentent mis devant le fait accompli par ce projet clinquant qui empiète sur leur territoire. «On affirme que les sorties d’épuration ne sont pas bonnes pour la pêche, mais c’est là que se trouve la vie organique et c’est souvent là que se tient le poisson», explique Eric Delley président de la corporation des pêcheurs. «Et les pêcheurs locaux de Neuchâtel et ceux de la rive sud du lac pêchent actuellement dans cette zone» affirme-t-il. Du côté de Viteos, le secrétaire général Samuel Monbaron est optimiste quant à l’issue qui sera donnée à ce dossier: «Il faut juste s’armer de patience en espérant que le recours soit jugé irrecevable par le tribunal administratif vu que le permis de construire a été

Caractéristiques des îles flottantes Le projet des îles solaires fait partie de l’investissement de Viteos pour augmenter sa propre production d’électricité en privilégiant les énergies renouvelables dans des unités de production régionales. Même si le but ici n’est pas de produire de l’énergie mais de tester de nouveaux systèmes photovoltaïques. Les trois plate-formes prévues ont 25 m de diamètre et portent 100 panneaux solaires photovoltaïques chacune. Elles sont dotées d’un mécanisme leur permettant de suivre le mouvement du soleil: elles tournent à 220 degrés dans le sens du soleil la journée et retournent à leur position initiale pendant la nuit. Pour que ce mécanisme de rotation soit efficace et se fasse avec une moindre résistance, il faut que ces plate-formes circulaires reposent sur de l’eau, donc ici sur le lac. Elles seront posées sur des sortes de matelas pneumatiques gonflés d’air comprimé. Les 100 panneaux solaires seront adossés l’un à l’autre à 45 degrés d’inclinaison en lignes successives sur chaque plate-forme et fixés solidement à une armature en fibre de verre. Chaque île pèsera environ 5 t et sera arrimée à trois blocs de béton posés au fond du lac ainsi qu’à des câbles reliés à la rive. L’électricité produite serait injectée dans le réseau de distribution via des onduleurs.


accordé. Si c’est le cas, le projet pourrait démarrer d’ici la fin de l’année.» Le site prévu pour poser ces trois îles se trouve aussi au large d’un quartier «vert» de Neuchâtel, truffé de réalisations novatrices pour la production d’énergies renouvelables qui ont été stimulées notamment par le projet européen Holistic (voir Efficience 21 n° 9). C’est aussi le quartier universitaire et de la recherche dont fait partie le Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM) où l’histoire des îles solaires a commencé.

La naissance des îles Ce concept de plate-forme flottante tournait depuis plusieurs années dans la tête du défunt Thomas Hinderling, directeur du CSEM jusqu’en 2010. Mais il était un précurseur et ce n’est qu’en 2007 qu’un projet concret a pu être réalisé. Un prototype d’île solaire géante d’un diamètre de 86 m a été construit à Ras-al-Kaimah dans les Emirats arabes, sur la terre et flottant sur un canal circulaire de 2 m de large. Suite à la crise financière de 2009 qui a PUBLICITÉ

aussi touché les Emirats, les collecteurs solaires n’ont pas pu être posés par le CSEM faute de paiements. «Et pourtant la plate-forme qui porte 130 t, l’équivalent du poids des collecteurs solaires est parfaitement en état de fonctionnement depuis cinq ans!» témoigne Christine Lederberger, la veuve de Thomas Hinderling qui a repris par le biais de l’entreprise zurichoise Novaton le développement et la réalisation de l’invention de son mari. Il y a deux ans et demi, le visionnaire Thomas Hinderling a malheureusement quitté ce monde des suites d’un cancer qui l’a emporté juste avant ses 65 ans.

Elles suivent la course du soleil L’expérience de ce prototype géant démontre la faisabilité du concept génial de Hinderling. Car le plus innovant est que ces radeaux technologiques flottants sont dotés d’un mécanisme permettant aux collecteurs solaires de tourner et de suivre la course du soleil pour en retirer un maximum d’énergie. Et la condition est que la plate-forme tourne sur un canal

d’eau et soit soutenue par une surpression d’air pour avoir un minimum de résistance. Les trois îles projetées par Viteos ne sont pas si grandes (voir encadré) et seraient une première mondiale après ce projet avorté. «Notre objectif n’est pas, dans un premier temps, de produire du courant en masse et meilleur marché, explique Samuel Monbaron, mais de tester de nouvelles manières de produire du courant par effet photovoltaïque. Nous pourrons voir comment les plates-formes réagissent aux effets du vent et des vagues – le lac de Neuchâtel est connu pour ses tempêtes –, mais aussi de l’humidité, de l’érosion, de la neige, du gel. Si elles doivent flotter pour pouvoir bien tourner, ces îles pourraient ensuite être posées aussi sur des bassins de station d’épuration, des réservoirs d’eau ou des toits plats sur lesquels un fin canal d’eau (10 cm de large et 20 cm de haut) doit être installé», explique Thierry Menesse, l’ingénieur de Novaton qui a d’autres projets en route en Suisse et à l’étranger. E


énergies

Bâtiments industriels

Coup de soleil sur la Tête de Moine Saignelégier, chef-lieu des Franches-Montagnes, abrite l’une des premières applications industrielles de l’énergie solaire thermique en Suisse. La fromagerie du village s’est dotée d’une installation novatrice qui chauffe une partie de l’eau nécessaire à ses processus de fabrication. Jane-Lise Schneeberger/OFEN

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a Fromagerie de Saignelégier (Emmi) fabrique 3000 meules de Tête de Moine par jour. Pour ce faire, elle doit disposer d’eau chaude sept jours sur sept et pratiquement 24 h sur 24. «Notre système de production est très gourmand en énergie, l’eau doit être portée à 105°C, indique JeanPhilippe Brahier, chef d’exploitation. Pour réduire notre consommation de mazout, nous avons exploré la piste des énergies renouvelables.» Depuis octobre 2012, l’entreprise utilise ainsi l’énergie solaire pour chauffer une partie de l’eau nécessaire à ses processus de fabrication. Celle-ci semblait

toute indiquée dans une région située à 1000 m d’altitude, où le rayonnement est plus important qu’en plaine.

Les capteurs réfléchissent et pivotent Les panneaux solaires conventionnels chauffent l’eau à 50 ou 60°C seulement et très peu de systèmes sont capables de produire de la chaleur à haute température pour répondre aux besoins spécifiques de l’industrie. L’un d’eux est commercialisé par NEP Solar SA, une entreprise d’origine australienne. Avec un appui financier de la Fondation suisse pour le climat, elle a mis au point un système de capteurs cylindro-paraboliques, également appelés capteurs à concen-

Pilotés automatiquement, les capteurs suivent la course du soleil.

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tration. Le principe? Concentrer les rayons du soleil à l’aide de miroirs sur une très petite surface. Suivant les recommandations de l’Agence de l’énergie pour l’économie (AenEC), la fromagerie de Saignelégier a décidé de miser sur cette technologie novatrice. La construction d’une halle d’affinage lui offrait un emplacement idéal pour le déploiement de 17 capteurs NEP Solar de type Poly Trough 1800. L’installation a ainsi pris place sur le toit plat de ce nouveau bâtiment. Au total, elle comporte 627 m2 de miroirs qui concentrent la chaleur solaire par un facteur 50. Autre caractéristique, les capteurs pivotent constamment sur un axe nord-sud pour suivre la course du soleil. «Notre technologie permet d’atteindre des températures allant jusqu’à 250°C si nécessaire», explique Stefan Minder, directeur de NEP Solar. Durant la nuit ou quand le temps se gâte, les paraboles se retournent, protégeant ainsi leur surface réfléchissante. Tous les mouvements des capteurs sont pilotés automatiquement, grâce à un logiciel informatique calculant la position du soleil ainsi que la vitesse et la direction du vent.

Cofinancement par les pouvoirs publics Les mesures effectuées durant les dix-huit premiers mois de fonctionnement permettent de tirer un bilan positif. En un an, l’installation génère 300 000 kWh de chaleur. La fromagerie économise ainsi 30 000 l de mazout, ce qui représente 15% de sa consommation totale. Cela lui permet de réduire de 79 t ses émissions de CO2. Ces performances lui ont d’ailleurs valu l’un des Prix Solaires Suisses 2013. Le jury a souligné que ce projet ouvre de nouvelles perspectives aux applications industrielles des énergies renouvelables. Entre les deux types d’énergie désormais à sa disposition, la Fromagerie de Saignelégier donne clairement la priorité au solaire. «Aussi longtemps que le soleil nous fournit de la chaleur, nous l’utilisons. Par beau temps, les capteurs couvrent pratiquement tous nos besoins en énergie thermique. Lorsqu’il pleut et durant la nuit, le mazout prend le relais», relève Jean-Philippe Brahier. Une partie de l’eau


chaude est stockée dans un réservoir isolé de 15 m3 qui permet d’amortir les fluctuations du rayonnement solaire. La quantité de chaleur ainsi emmagasinée ne correspond toutefois qu’à une heure de production. L’AenEC a accompagné la fromagerie dans la mise en œuvre de ce projet pilote, notamment en cherchant des appuis financiers auprès des pouvoirs publics. «Cette technologie est très onéreuse, note Thomas Pesenti, modérateur de l’AenEC. Aucune

outre des subsides de la Fondation pour la protection du climat et la compensation de CO2 (KliK).

Plus rentable dans les pays chauds Seules trois installations de ce genre fonctionnent à ce jour en Suisse. La première a été montée avec le soutien des services électriques de la ville de Zurich (ewz) en 2011 sur le toit de la Lataria Engiadinaisa, à Bever (GR), à 1700 m d’altitude. L’entreprise

En un an, la fromagerie économise 30 000 l de mazout. Cela lui permet de réduire de 79 t ses émissions de CO2. entreprise ne prendrait le risque d’investir dans une installation dont l’amortissement s’échelonne sur vingt ans. Par chance, l’OFEN et le canton du Jura ont pris à leur charge un tiers du financement. Sans eux, l’installation n’aurait jamais vu le jour.» Jusqu’en 2020, la fromagerie recevra en

Cremo a quant à elle posé neuf capteurs sur le toit incliné de son usine à Villars-surGlâne. Ces modules produisent de l’eau à 150°C pour la production de la crème à café. Ce n’est pas un hasard si ces trois pionnières sont actives dans le domaine du lait. Travaillant sept jours sur sept, les laiteries et

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bureau technique installations•entretien

les fromageries peuvent consommer l’énergie solaire en continu. Dans une entreprise d’un autre secteur, il faudrait stocker l’énergie produite le week-end pour l’utiliser en semaine. Il ne faut toutefois pas s’attendre à voir des capteurs cylindro-paraboliques se multiplier en Suisse dans les prochaines années. «Cette technologie ne sera pas rentable avant longtemps sous nos latitudes. En revanche, elle a certainement un avenir dans les pays de la ceinture solaire où l’ensoleillement est plus intense et plus long», remarque Thomas Pesenti. Le rendement thermique d’une installation peut doubler dans de telles conditions. Le but des projets menés en Suisse est donc de perfectionner la technologie, afin de la transférer ensuite vers des régions plus appropriées. Thomas Pesenti espère qu’Emmi contribuera à son exportation: «Le succès du projet réalisé à Saignelégier pourrait l’inciter à renouveler l’expérience dans des pays comme le Chili, le Mexique ou la Tunisie. Là-bas, les laiteries ont les mêmes besoins de chaleur thermique pour traiter le lait.» E


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Dossier économie participative

Le boom des échanges: un plus pour l’environnement? De nouvelles pratiques d’échange ou de partage naissent partout en Suisse. En langage économique, ce phénomène porte déjà un nom: l’économie collaborative ou participative. Si ces actions collectives surfent sur une économie de moyens matériels et financiers, elles pourraient bien aussi être un atout pour l’écologie.

Texte: sophie kellenberger Illustrations: Adrienne Barman

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ouvons-nous réduire notre empreinte écologique grâce au partage? Des systèmes de prêt et d’échange fleurissent un peu partout en Suisse. Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui déjà, choisissent de mettre à disposition leur voiture, perceuse, chauffage, voire même leur maison. Comment naissent ces initiatives? A quelle demande répondent-elles? A l’heure où l’Office fédéral de l’environnement estime que «pour réduire les atteintes environnementales à un niveau supportable pour la nature, l’utilisation des ressources devrait reculer de près de 65%», ce nouveau modèle économique est sans doute l’un des moyens d’y parvenir.

Réduire son empreinte C’est en tout cas l’opinion de Dominique Bourg, professeur à la Faculté des géosciences et de l’environnement de l’Univer-

sité de Lausanne, qui voit dans les pratiques collaboratives une alternative intéressante à la société actuelle (lire pages 34-35). C’est aussi celle de trois designers bernois du collectif Meteor qui ont mis sur pied le projet Pumpipumpe, qui signifie en dialecte alémanique «emprunter une pompe à vélo». L’idée? La majorité des ménages possèdent des objets utilisés relativement rarement et qu’ils prêteraient volontiers à ses voisins. Qu’il s’agisse d’une échelle, de moules à pâtisserie ou d’un four à raclette. «Sachant que la plupart de nos bien matériels sont produits dans des conditions souvent problématiques, le fait de les partager peut limiter les dégâts», explique Sabine Hirsig l’une des instigatrices du projet. Le collectif, loin d’imaginer que son action allait prendre une telle ampleur, s’est donc réapproprié ce qui fut le premier outil de communication: une boîte aux lettres, afin d’y coller des autocollants représentant les objets que l’on est enclin à prêter. Ces vignettes peuvent être comman-

dées gratuitement via le www.pumpipume. ch. L’initiative a trouvé un large écho puisque aujourd’hui, le collectif prépare bénévolement entre cinq cents et mille envois par mois, en Suisse comme à l’étranger!

Préoccupation écologique ou économique? Autre initiative, au premier abord anodine: la boîte d’échange entre voisins mise sur pied en Suisse par l’«artiviste» Dan Acher, avec son initiative Happy City Lab, un laboratoire d’expérimentation urbaine. Les Genevois lui doivent entre autre l’événement «Jouez, je suis à vous!», soit la mise à disposition de quarante-cinq pianos dans les rues et les parcs de la ville en période de fête de la musique. Son crédo? Faire vivre nos rues et créer des rencontres et des échanges entre parfaits inconnus. Dans cet esprit, il a lancé il y a deux ans et demi la première boîte d’échange entre voisins, en bas de chez lui. Le principe est simple: disposer dans des quartiers

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dossier

économie participative

d’anciennes caissettes à journaux décorées par un artiste du lieu, dans laquelle chacun peut déposer un objet dont il n’a plus besoin et l’offrir à un passant qui pourrait en avoir l’utilité. Aujourd’hui, en Suisse romande, trente de ces boîtes sont déjà en activité. Ces échanges ont-ils un véritable impact sur l’environnement? «Les chiffres parlent d’eux-mêmes, observe Dan Acher, nous avons fait un relevé et en une année, rien que sur onze boîtes installées à Genève, 108 000 objets ont été échangés. Soit 32 t !» Autant d’articles qui serviront à d’autres, plutôt que d’être détruits. Le partage du chauffage entre voisins est également un exemple intéressant de cette tendance. Le vigneron Jean-Daniel Coeytaux à Yens, dans le canton de Vaud, a opté pour une chaudière à copeaux. «Notre objectif était de valoriser nos surfaces de forêts», explique-t-il. Lorsque les travaux ont débuté, il a été surpris du nombre de voisins intéressés à s’y greffer. Pas moins de douze appartements sont ainsi en passe d’être reliés et une dizaine d’autres ont déjà des arrivées prévues pour des branchements futurs.

«Ecologiquement, le fait d’être plusieurs met en valeur l’installation dont le rendement est meilleur lorsqu’elle tourne à son plus haut régime», observe-t-il. Qui plus est, l’énergie grise de la construction de douze chaudières individuelles est économisée. L’intérêt économique du partage n’est d’ailleurs pas nouveau dans le monde paysan. «La coopérative d’agriculteurs de Yens achète de plus en plus de machines en commun afin d’augmenter la rentabilité. Des investissements qui ne sont intéressants que s’ils sont supportés à plusieurs», observe Jean-Daniel Coeytaux.

Renverser le discours moralisateur «Il est certain que nous vivons une période de consommation effrénée. Mais ma démarche est avant tout une réflexion sur la ville et pas du tout un discours partisan, précise l’artiste Dan Acher. La parole ambiante pour promouvoir l’écologie est

Des sociétés parient sur l’économie collaborative De nouvelles initiatives apparaissent, tablant sur cette mode du partage. C’est ainsi que m-way, une filiale de Migros, vient de lancer sharoo (de to share, en anglais: partager), avec La Mobilière Suisse Holding SA. Sharoo est une plate-forme consacrée au partage de véhicules de particulier à particulier ou d’entreprise à particulier et inversement. Depuis quelques semaines, le kit d’accès, pièce maîtresse du système, est disponible pour tout un chacun. Fixé sur le sytème d’ouverture d’une voiture, il permet son partage en toute simplicité. Grâce à la technologie embarquée, le véhicule s’ouvre et se referme sans clé, à l’aide d’un simple smartphone. Sharoo joue le rôle de plate-forme, sur laquelle les demandes sont centralisées, l’assurance conclue et les utilisateurs notés. Pour Olivier Perroud, le responsable romand du développement de m-way, «la réussite de ce système de partage est possible grâce à internet et au mécanisme de notation au sein des réseaux sociaux». Un utilisateur peu soigneux sera ainsi immédiatement catalogué et mal noté. Et le loueur pourra lui refuser l’accès. Celui qui prête sa voiture gagne financièrement à la louer et celui qui l’emprunte évite d’avoir à la payer à l’année. Mais ce n’est pas tout. «Avec notre procédé, l’impact environnemental est clairement réduit. Sur une flotte de cent voitures individuelles, le car sharing permet de réduire leur nombre à vingt-cinq, voire à dix selon l’efficience du système et l’environnement dans lequel il est déployé. De plus, l’énergie grise nécessaire à leur construction est réduite car le nombre de véhicules l’est aussi», ajoute Olivier Perroud.

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souvent moralisatrice. Or, je suis persuadé que l’on gagnerait en efficacité en évitant les propos dogmatiques et en privilégiant ce type d’initiatives collectives qui transforment la ville, améliorent le quotidien et ont, dans le même temps, un effet positif sur l’environnement. Et j’observe que les Suisses sont demandeurs; il suffit juste de créer des opportunités pour que ça prenne très vite.» Si l’impact écologique est très positif, l’important pour lui, c’est l’expérience vécue. «Mon intention première en tant qu’artiste est de transformer la rue, où l’être humain est anonyme, en un lieu de vie, d’échanges et de rencontres multiples», résume-t-il. Ces boîtes génèrent aussi de nouveaux rôles. «Certains les rangent ou trient les objets qui ne trouvent pas preneur. Au sein d’un quartier, elles permettent des rencontres, et procurent un sentiment d’appartenance, de sécurité et de cohésion sociale, ajoute Dan Acher. Y trouver des bouquins écrits dans toutes les langues permet de se rendre compte de la diversité de son voisinage et de créer.»

Une utopie qui fonctionne Même observation pour Sabine Hirsig du côté de Pumpipumpe. «Notre système est né pour tisser des liens sociaux souvent inexistants dans les villes. En allant à la rencontre des habitants avec notre projet, nous avons senti une grande envie d’entreprendre davantage ensemble. Nous avons le sentiment d’avoir réveillé quelque chose d’endormi. Les gens sont frustrés de vivre de manière aussi anonyme. On nous a même proposé de ne pas nous limiter au partage d’objets, certains souhaiteraient proposer leur aide pour faire les devoirs ou par exemple promener le chien.» Poussée à l’extrême, la tendance du partage a également conduit certains adeptes à s’installer dans des maisons communautaires où tous les espaces, hormis les chambres, sont partagés. Car outre leur impact environnemental positif, le point commun de ces initiatives semble être le plaisir partagé d’une expérience vécue. «Connaissant désormais mieux mes voisins, j’ai l’impression de vivre différemment», confie Sabine Hirsig. Dan Acher, pour qui l’échange est essentiel à l’humain, observe son initiative comme «une utopie qui fonctionne». «Quel est le terme pour ça?», demandet-il. Et si c’était simplement de la sagesse au sens ancien, c’est-à-dire un mélange de plaisir et de raison? E


LUCIE NE PENSAIT PA S QUE LE GAZ AVAIT AUTA NT D’AVANTAG ES. ET VOUS ?


dossier

économie participative

«Certains n’attendent pas que l’État décide pour eux» Sous le regard du philosophe Dominique Bourg, les pratiques d’échanges et de partages semblent être des solutions d’avenir. Non seulement intéressantes pour l’environnement, elles valorisent l’individu, tissant peu à peu les liens, et permettent, en filigrane, de donner du sens à la vie. Propos recueillis par Sophie Kellenberger

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ominique Bourg est un philosophe français. Professeur à la Faculté des géosciences et de l’environnement de l’Université de Lausanne, il est également vice-président de la Fondation Nicolas Hulot. Observateur avisé des pratiques collaboratives, il les perçoit comme des expériences alternatives à la société actuelle. Certain que ces actions peuvent permettre de réduire notre impact environnemental, il voit aussi en elles, l’occasion formidable de donner du sens à la vie, en la partageant avec d’autres.

E21 Quel regard portez-vous sur toutes les nouvelles pratiques d’échange et de partage, qui sont en train d’émerger? Dominique Bourg Elles sont révélatrices

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d’une société nouvelle qui se cherche. Les pratiques qui naissent aujourd’hui sont comme un laboratoire où l’on expérimente de nouvelles manières de se loger, de se nourrir, de consommer ou encore de se déplacer, valorisant des aspects de la vie peu considérés par la grande société dans laquelle l’individu a été atomisé et réduit à son seul positionnement sur le marché. Jusqu’à présent, l’acte d’achat est ce par quoi l’on exprime ses choix de façon purement individuelle, voire familiale. Tout a été fait pour nous faire croire que les choses essentielles se font seul ou à deux. Or, l’humanité est ainsi faite que nous ne pouvons vivre qu’en groupe, socialement. Nous confiner à notre individualité ne peut que nous rendre malheureux.

à la recherche du sens Que retire cette nouvelle société des actions communes? Elle en retire du sens. C’est le fait d’être à plusieurs, dans l’amitié, qui fait qu’une pratique devient sensée. C’est un fondamental que l’on a totalement dénié dans la société actuelle. Nous sommes arrivés au bout de l’absurde et un mouvement nouveau, venu du fond de la société,

recherche du sens, au travers de collectifs, de choses qu’on ne peut faire qu’en petits groupes.

Si l’on veut réduire notre empreinte écologique, ce sera en se mettant à plusieurs. Pourquoi des pratiques d’économie collaborative sont-elles souvent assimilées à des initiatives écologiques? Réduire son empreinte donne un sens au partage. Et le partage donne un sens à la réduction de l’empreinte. C’est pourquoi beaucoup d’initiatives écologiques se développent dans ce cadre-là. L’économie collaborative n’est pas en soi écolo. Mais si vous voulez vraiment faire de l’écologie, ce n’est qu’à plusieurs que vous pouvez y arriver. Je pense que chez certains la motivation écologique est très importante. Mais ça ne peut pas être la seule, au risque de devenir un emmerdeur et un maniaque! Faire quelque chose qui soit socialement sensé, c’est forcément pluriel; c’est ainsi que le résultat est intéressant et durable. C’est par exemple réduire son empreinte, mais de façon conviviale, créative ou esthétique, afin de déboucher sur des choses belles.


Le partage émerge dans tous les secteurs L’échange ou le partage peuvent-ils s’adresser à tous? De nombreuses pratiques émergent dans des secteurs très différents. Par exemple des paysans qui sont obligés de monter une coopérative pour produire leur carburant ou créer un site de méthanisation, ne serait-ce que pour des raisons de quantité suffisante. Idem pour la crèche collaborative, ou le FabLab de quartier, qui sont des laboratoires de fabrication ouverts au public. On retrouve ce phénomène également dans le partage du savoir, qu’il s’agisse des encyclopédies contributives ou les MOOC, les cours en lignes ouverts à tous.

écologique oui, mais gare à l’effet rebond Selon vous, peut-on imaginer réduire l’empreinte écologique de chacun grâce au partage? Oui, mais il faut prendre l’entier de la vie de quelqu’un pour voir s’il y a une vraie réduction ou pas. Car nous sommes quand même confrontés à «l’effet rebond». Nous avons réalisé un bilan dans deux éco-quartiers français et au bout du compte, les habitants consomment plus d’énergie qu’avant! Et c’est compréhensible. Il est possible, sur certains segments de sa vie, de réduire son empreinte en partageant et facile ensuite de faire des dépenses un peu folles avec l’argent ainsi épargné.

Avoir envie d’appartenir à un collectif Que faut-il pour qu’une coopérative d’habitation soit écologiquement efficace?

Il faut impérativement un cahier des charges dans lequel les habitants s’engagent. Dans une coopérative d’habitation, l’idée est de s’imposer des règles. Qu’il y ait par exemple moins de places de parc, pour favoriser les transports publics ou le car sharing. Ou concevoir l’immeuble de telle sorte qu’on mutualise certains espaces, comme une chambre d’ami ou une salle de jeu, qui seront utiles à tous. On peut donc, avec ce genre de projet, très significativement réduire son empreinte, à condition qu’il y ait un véritable engagement.

y constate aussi le développement de nombreuses innovations sociétales comportant une forte composante écologique et solidaire. J’y vois que l’économie collaborative est une manière de reprendre l’initiative, de redonner du sens, et de ne pas se laisser écraser par les difficultés économiques. Ce qui, d’un point de vue sociologique, est très positif. On observe que c’est une façon de créer des choses hors marché et hors régulation étatique, ce qui est extrêmement important pour l’époque que l’on traverse.

Vous planchez vous-même sur un tel projet, qu’en attendez-vous? J’ai envie de m’engager là-dedans car j’estime qu’avec plus de 7 milliards d’individus sur terre, il est impératif pour chacun de réduire son empreinte. Et c’est aussi une manière de choisir qui seront mes voisins, bien que ce ne soit pas des gens dont je partage les idées depuis vingt ans. J’y recherche aussi une vie en communauté afin de ne pas être seul lorsque je serai vieux. J’aimerais également qu’il y ait une salle de méditation commune et j’ai pensé aussi à un café philo. J’y recherche du sens, de la convivialité. Ma motivation fondamentale c’est l’envie de partager.

Des mouvements hors État

La crise bénéfique pour l’environnement Le fait de partager est souvent motivé par une volonté d’économiser de l’argent… Bien que nous ne soyons pas, en Suisse, en situation de crise, nous pouvons observer ce qui se passe en France actuellement. C’est en plein marasme que l’on

Est-ce à croire que les réponses aux enjeux actuels ne viendront pas de l’Etat? Il y a, en tout cas, un contraste saisissant entre l’organisation mondiale qui peine à embrayer sur les grands enjeux, notamment environnementaux, et les petites poches de population qui sont en train de trouver un moyen de réduire leur empreinte environnementale. Force est de constater que certains affrontent déjà par eux-mêmes le réchauffement climatique, n’attendant pas que l’Etat et les lobbies décident pour eux. Ils prennent leur destin en main, à plusieurs, et personne ne les contraint du dehors; s’ils se contraignent, c’est par eux-mêmes. C’est la part la plus prometteuse de ce qui bouge actuellement! Mais évidemment, à eux seuls, sans la contrainte étatique, ils ne changeront pas la donne générale. Je pense que ce mouvement va s’accroître et qu’il va falloir pluraliser les choses, composer entre de petits collectifs – des poches de créativité et d’expérience – et la grande société. E

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Recherche Mais qu’est-ce qui freine la transition énergétique ? Si nous connaissons les gestes à adopter pour économiser l’énergie, pourquoi peinons-nous à passer à l’acte ? L’Unil et Romande Energie lancent un projet pour répondre à cette question. Sylvie Ulmann

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n matière de durabilité, les Helvètes sont au point. En théorie, du moins. Ils savent que consommer local et de saison vaut mieux que manger des fraises à Noël, que le meilleur déchet est celui qui n’existe pas et que la meilleure façon d’économiser du pétrole consiste à laisser sa voiture au garage. Pourtant, dans la vraie vie, tout n’est pas si facile. Qu’est-ce qui les empêche de transformer leurs bonnes intentions en actes? C’est pour identifier ces blocages et comprendre d’où ils viennent que Romande Energie et l’Unil ont lancé le projet Volt(e)face. Cette vaste réflexion «fait remonter les informations en partant de la base, autrement dit, de la société civile, en incluant aussi bien les associations que les politiques, et pas uniquement les citoyens», résume Nelly Niwa, chargée du projet. Elle poursuit: «on a beaucoup concentré les mesures à adopter sur les individus. C’est essentiel, mais ils ne doivent pas être seuls à porter toutes les responsabilités.»

Changer les modes de vie Cette architecte et future docteur en environnement n’a pas été choisie par hasard pour le mener à bien. Passionnée par les interactions entre la société et la recherche scientifique, elle a déjà dirigé Vaud 2030,

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une initiative qui s’interrogeait sur l’avenir de l’agriculture. Comme urbaniste, elle a notamment travaillé sur des projets d’écoquartiers, ce qui lui a permis de mesurer «comme il peut être difficile de mettre en œuvre le développement durable sur le terrain et comme il n’est pas toujours évident d’intégrer les citoyens, qui sont pourtant essentiels au succès de ces opérations». Elle déplore en outre que la transition énergétique soit trop souvent

«Les individus ne doivent pas être seuls à porter toutes les responsabilités»

abordée d’un point de vue technique: «on pense que la science va nous sauver, mais cela ne marchera pas si les gens n’acceptent pas ces innovations. On aura beau leur apporter des éoliennes ou des bâtiments à basse consommation, cela ne suffira pas à faire avancer les choses vers une baisse de la consommation énergétique.» Car c’est bien là le nerf de la guerre: la transition énergétique ne consiste pas seulement à passer aux renouvelables, elle inclut également un

volet «baisse substantielle de la consommation énergétique» qui passe par les changements de modes de vie.

Quatre ans de recherches Ce n’est donc pas non plus par hasard si Volt(e)face a germé il y a cinq ans sous l’impulsion conjointe de l’Unil et de la Romande Energie. L’université était alors devenue le plus gros client du fournisseur d’énergie. Et pour marquer le coup, ces deux institutions ont eu l’idée de développer et de financer cette plate-forme de recherche. Le Canton de Vaud la soutient aussi dans le cadre d’une opération baptisée «100 millions pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique». Volt(e)face doit se dérouler sur quatre ans. Pendant la première année, Nelly Niwa travaillera sur le terrain. Des interviews et des ateliers participatifs avec différents acteurs devraient lui permettre de cerner les zones de résistance mais aussi de mettre en avant les initiatives qui fonctionnent. «Je m’intéresserai également aux recherches existantes, de façon à partir ce qui a déjà été fait», précise-t-elle. Les universitaires seront bien entendu mis à contribution, puisque dès cet automne, un appel à projets sera lancé. Fait particulier, ceux-ci devront être réalisés en partenariat avec un acteur de la société civile. Toutes les facultés pourront apporter leur pierre à l’édifice, l’idée étant de faire circuler au maximum les questions et d’articuler les savoirs de façon transversale. «On peut imaginer que la section cinéma aborde la représentation de l’énergie dans les films ou que celle de philosophie s’intéresse à la notion de liberté de choix», suggère Nelly Niwa. Dans un deuxième temps, des manifestations seront organisées pour partager les résultats avec le public. La chargée de projet compte sur celles-ci pour faire fructifier le dialogue entre chercheurs et société civile. E


De l’air + de l’eau = une batterie

e système HyPES (Hydro-Pneumatic Energy Storage) créé par le laboratoire d’électronique industrielle de l’EPFL, sous la direction du professeur Alfred Rufer et sous l’égide de la start-up Enairys Powertech, va être testé en situation réelle. Cette batterie à air comprimé pourrait devenir un atout majeur dans le domaine des énergies renouvelables, installations solaires ou éoliennes.

répondant aux exigences d’un stockage permettant de restituer l’énergie produite en fonction des besoins.» «Cette installation se base sur un système d’air comprimé», raconte le scientifique. Si cette technique existe depuis plus d’un siècle, son rendement était faible. «La majeure partie de l’énergie stockée était perdue sous forme de chaleur – ou de froid – lors de la conversion en air comprimé et vice-versa.» Pour maintenir l’air à température constante, le système est complété par une unité de conditionnement d’eau installée dans un environnement à air ambiant, comme pour une pompe à chaleur. C’est ainsi qu’est né le moteur/compresseur à piston liquide. «A l’intérieur d’une unité de conversion et de gestion, l’air est comprimé par l’eau qui l’achemine vers l’unité de stockage, des bonbonnes similaires à des bonbonnes de gaz, ajoute-t-il. En fin de vie, le matériel utilisé pour l’installation pourra être recyclé.»

Stocker l’énergie intermittente

Un produit très attendu

L’HyPES adapte la consommation d’énergie à la demande et peut ainsi alimenter un réseau de manière continue. Actuellement, la puissance produite notamment par des panneaux solaires connaît des variations permanentes et aléatoires. «Notre système permet le lissage, soit une réduction de l’amplitude de ces variations de puissance, de même qu’un décalage temporel de l’énergie produite», explique Sylvain Lemofouet, chercheur à l’EPFL et directeur d’Enairys Powertech. «Nos recherches nous ont ainsi amenés à trouver des solutions

«Ce projet est soutenu par l’Etat de Vaud dans le cadre de l’opération «100 millions pour les énergies renouvelables et l’effica-

Ludmila Glisovic

L

cité énergétique», plus précisément dans celui du soutien à des projets menés par les hautes écoles de notre canton dans le domaine de l’énergie», souligne Dominique Reymond, directeur adjoint de la direction de l’énergie (DGE-DIREN). Dans un contexte de transition énergétique, trouver des méthodes de stockage de l’électricité constitue un défi majeur. Ce domaine est ainsi soutenu et suivi attentivement par les autorités, non seulement sous les angles technologique et scientifique, mais aussi commercial. «Nous souhaitons notamment créer un centre d’excellence et générer des retombées économiques intéressantes pour notre canton», ajoute-t-il. Le test débutant cette année avec un appareil stockant 25 kWh (la consommation de quatre à cinq appartements) fait partie d’une première phase visant à déboucher sur une commercialisation rapide. «Le marché est en attente de ce type de produit», conclu Dominique Reymond. E

2 Système HyPES-R 3 Armoire de connexion

1 Source photovoltaïque (25kWh)

DR

Un prototype de batterie 100% écolo, développé à l’EPFL, permettra dans le futur à nos maisons d’être totalement indépendantes énergétiquement parlant.

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Recherche

Biocarburant à base de microalgues Des chercheurs suisses mettent au point une technologie pour transformer la biomasse algale humide en biogaz compatible avec les infrastructures dédiées au gaz naturel. Sophie Kellenberger

L

e biogaz issu des microalgues est une alternative prometteuse aux carburants fossiles. Des chercheurs de l’Institut Paul Scherrer et de l’EPFL ont développé un processus permettant de cultiver des microalgues et de les convertir efficacement en gaz naturel synthétique totalement compatible avec notre réseau de gaz en pleine expansion.

Très efficace sous le soleil Alors que la nature a besoin de millions d’années pour transformer la biomasse en

gaz naturel, le procédé qui a été développé le fait en une petite heure. «L’Europe n’est pas géographiquement la région idéale pour la production de microalgues, mais la technologie que nous venons de développer pourrait tout de même être utilisée en Suisse, par exemple en haute montagne, explique Mariluz Bagnoud coresponsable de cette récente publication. Dans les régions ensoleillées, ce processus pourrait être utilisé à grande échelle.» «Pour l’instant cette approche est cinq à sept fois trop chère pour faire concurrence au gaz naturel. Il faut encore affiner les détails techniques afin de rendre ce système de

production efficace et faire ainsi baisser les coûts de production», ajoute-t-elle. Le centre de compétence en énergie et mobilité (fonds des écoles polytechniques fédérales) qui sponsorise cette recherche est en train d’évaluer les délais de commercialisation qui dépendront de l’argent investit. N’empiétant pas sur les terres agricoles, les microalgues ne sont pas aussi contestées que les autres sources de biocarburant. En outre, le procédé qui vient d’être développé est économe. Fonctionnant en circuit fermé, l’eau notamment est réutilisée. Quant au bilan carbone, entre le CO2 produit et celui assimilé, il est neutre. E

Du courant avec les gaz de décharge La turbine à gaz faible Aactor!GT permet de brûler le méthane tout en produisant de l’électricité. Le projet a reçu le Prix spécial Environnement 2014. Oekozentrum

Mary-Luce Boand Colombini

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ertaines décharges dégagent d’importantes quantités de gaz nuisibles pour le climat. Jusqu’alors, on ne savait pas les recycler, ou alors seulement de façon partielle. Un nouveau système de cogénération, imaginé par le groupe de recherche Ecocentre de Langenbruck, est capable de réduire 1000 t d’équivalent CO2, soit l’équivalent des rejets de 300 maisons individuelles chauffées au mazout. Et ce, en produisant du courant.

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«Notre système permet de détruire le méthane dégagé notamment par les décharges désaffectées, explique Martin Schmid, le responsable du projet. La technologie de combustion à gaz faible permet de brûler ces émissions très diluées. Le gaz est ensuite refroidi dans un récupérateur et introduit dans la turbine pour se détendre dans un vide partiel. L’énergie qui se dégage pendant ce processus est transformée en électricité.» Le potentiel de valorisation des gaz de décharges en Europe est estimé à environ 80 millions de tonnes d’équivalent CO2, avec de faibles coûts de traitement, attractifs pour des programmes de compensation. Martin Schmid espère en outre proposer cette technologie pour d’autres usages, notamment dans l’industrie. E


La situation énergétique du bâtiment détermine le choix du chauffage

L’assainissement doit être planifié dans sa globalité Gaz, pompe à chaleur, pellets de bois, ou alors fidélité à un produit éprouvé, le mazout? Dès lors qu’elles abordent le terrain énergétique, les questions d’assainissements de bâtiments peuvent très vite se transformer en guerres de religions. internet regorge de comparatifs de sources d’énergies, assortis de conclusions et de slogans à l’emporte-pièce. mais pour les véritables experts en énergie, la vérité est ailleurs: le simple comparatif des systèmes de chauffage ne saurait occulter l’analyse préalable qui doit présider à l’assainissement du bâtiment, lequel doit être examiné dans sa globalité. L’âge, l’état et la conformité du bien immobilier sont pour le moins aussi importants. Ce n’est qu’après avoir analysé tous ces éléments dans le détail qu’il est possible d’établir un processus précis. Trop souvent, consommateurs et propriétaires s’arrêtent à l’étiquette. Vous envisagez d’assainir votre bien immobilier? Vous voilà endoctriné au moment de choisir la source d’énergie. «Le mazout c’est mauvais, la pompe à chaleur c’est bien!», une petite phrase jamais contredite, prononcée par les hommes politiques et relayée dans certains milieux. Au point de s’incruster dans vos esprits. Il en va de même des considérations sur le gaz et le mazout. Tous deux sont des sources d‘énergie fossiles et un changement du mazout au profit du gaz n’apporterait rien sur le plan énergétique. De plus, les émissions ne sont absolument pas comparables. Le chauffage au mazout peut être plus écologique que la pompe à chaleur Dans de nombreux cas (marché de la rénovation), les spécialistes de l’énergie estiment qu’un chauffage au mazout peut être plus écologique qu’une pompe à chaleur. Leur constat est le suivant: celui qui s’engage sans réfléchir dans la voie des énergies alternatives peut parfois desservir la cause environnementale, et même provoquer des dégâts. Installer une pompe à chaleur dans un bâtiment qui n’est pas adapté en conséquence constitue une faute majeure. Exemple: si la température du circuit aller – la température de l’eau circulant vers les radiateurs – est élevée, le remplacement du chauffage au mazout par une pompe à chaleur entraîne une consommation excessive de courant. Dans un tel scénario, notamment lors d’une rénovation, les pompes à chaleur air-eau sont inefficaces et inadaptées. C’est même de

Des conseils d’ordre général ou individuels pour une solution personnalisée.

l’argent gaspillé: celui qui décide de remplacer son ancien chauffage par un chauffage au mazout plus efficient dépense 15 000 à 20 000 francs et réalise donc une économie substantielle par rapport à celui qui opte pour une pompe à chaleur avec sondes géothermiques, qui revient à environ 30 000 francs de plus. Investir l’argent ainsi économisé dans l’assainissement de l’enveloppe du bâtiment est bien plus profitable à l’environnement. Lorsque le bâtiment nécessite un assainissement d’urgence, les experts en énergie prônent le pragmatisme. Remplacer rapidement l’ancien chauffage au mazout déficient par un chauffage au mazout moderne constitue presque toujours la solution la plus rationnelle, la plus simple et la plus économique. Vous réduisez ainsi de manière significative votre consommation de mazout et les émissions polluantes issues d’un chauffage au mazout moderne à technique de condensation demeurent largement au-dessous des normes légales de l’Ordonnance sur la protection de l’air (OPAir). Celui qui, dans la même situation, change de système sans réfléchir, que ce soit pompe à chaleur, pellets de bois, ou une énergie fossile comme le gaz naturel, prend le grand risque que cette solution ne réponde pas à ses attentes. D’où ce conseil qui s’adresse à tous les propriétaires: adressez-vous à un

spécialiste et privilégiez l’efficience énergétique plutôt que le seul changement de la source d’énergie. Le choix du système de chauffage le plus rentable à long terme s’opère en fonction de la situation générale de la maison, à l’abri des courants de mode. Demandez un conseil gratuit auprès de notre bureau d’information régional.

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Société

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Obsolescence programmée: pas simple!

Alors que le projet de révision de la Loi sur la protection de l’environnement est en cours d’examen, Les Verts ont l’intention d’intégrer la lutte contre l’obsolescence programmée aux discussions. L’occasion de démêler les fils d’un phénomène régulièrement pointé du doigt. élodie Maître-Arnaud

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oncevoir un produit qui n’a pas vocation à durer. Voilà comment on peut résumer l’obsolescence programmée qui obligerait les utilisateurs à remplacer régulièrement un objet qui a

rendu l’âme, qui n’est pas réparable ou que l’évolution technologique a rendu incompatible avec de nouveaux équipements. Un phénomène qui ne date pas d’hier, puisqu’il serait apparu dans les années 1930, au sortir de la grande dépression, afin de doper l’économie en créant

sans cesse de nouveaux besoins. Aujourd’hui, les consommateurs regrettent l’époque où les appareils électroniques duraient longtemps. Les fabricants affirment quant à eux que leur durée de vie n’a pas vraiment baissé. Plusieurs camps s’opposent ainsi autour de la dura-

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Société

Enquête

bilité des produits, sur fond d’accélération de nos modes de consommation, de gaspillage des ressources et d’augmentation des déchets. Certains attirent aussi l’attention sur l’obsolescence dite psychologique, celle qui joue sur l’effet de mode avec la complicité du consommateur.

Les ingénieurs savent prédire la durée de vie

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De nombreux mouvements écologistes et ONG environnementales dénoncent régulièrement l’attitude irresponsable des industriels, coupables d’une surconsommation participant à l’exploitation massive des ressources naturelles et à l’accumulation de matériels usagés. Conscient du problème, le Comité économique et social

européen (un organe consultatif de l’Union européenne) a rendu à l’automne dernier un avis sur le thème de la durée de vie des produits de l’industrie. Il y admet l’existence de cas de défectuosité calculée afin de provoquer la fin de vie d’un appareil: «Des cas, rares mais flagrants comme celui médiatisé de certaines imprimantes construites pour s’arrêter au bout d’un certain nombre d’utilisations.» Du vécu en tout cas pour bien des utilisateurs (lire encadré ci-dessous). C’est qu’en pratique, les industriels ont bel et bien la possibilité de jouer avec la durabilité d’un produit. «Les ingénieurs connaissent les phénomènes d’usure et de rupture, explique Vincent Bourquin, professeur en génie mécanique à l’Ecole d’ingénieurs et d’architectes de Fribourg.

«Les entreprises ont les moyens de produire pour l’éternité mais il faut maintenir un certain taux de croissance.» Paul Dembinski

sa durabilité; pour autant, il n’y aura pas intention de nuire de la part du fabricant. Un cadre juridique trop strict pourrait tuer l’innovation.» Nous sommes toutefois parvenus à recueillir le témoignage d’un entrepreneur romand, encore sous le choc de la proposition d’un fournisseur de composants électroniques, lui suggérant sans équivoque de limiter la durée de vie de ses machines (lire encadré page suivante). «Il faut reconnaître qu’il y a toujours des entreprises qui se moquent pas mal des problématiques écologiques, relève Vincent Bourquin. Si on obligeait les fabricants à récupérer tous les objets qu’ils vendent, cela changerait sans doute la donne! Les iPhone usagés ne finissent pas dans la cour d’Apple…»

«Toner» de Brest! ou comment une journaliste d’Efficience 21 a déprogrammé l’obsolescence…

«C’était mieux avant», une illusion collective?

«Ce qu’il y avait de bien avec les imprimantes à jet d’encre, c’est que les choses étaient claires: quand la cartouche arrivait en bout de course, le noir devenait un dégradé de gris de plus en plus pâle. C’était sa façon de crier «remplace-moi!». Avec les imprimantes laser, tout ça, c’est fini. Un jour, la bête refuse d’imprimer quoi que ce soit, alors même que ses noirs sont encore aussi obscurs qu’un mode d’emploi traduit du coréen en français par un Chinois. Le fabricant me prendrait-il pour une blonde? «Obsolescence programmée», a rigolé un ami, me recommandant de taper sur Google le modèle de mon imprimante suivi des mots «astuce toner». Aussitôt dit... Un site suggère de coller un post-it sur le comptetours du toner, histoire de l’aveugler, tutoriel vidéo à l’appui. Je ne perds pas grand-chose à essayer. Prudemment, je commande quand même une nouvelle cartouche de toner. C’était en octobre dernier. La recharge est toujours dans son carton, et mon imprimante vient encore de cracher un exemplaire parfaitement noir sur blanc de ce billet.» Sylvie Ulmann

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Ils peuvent donc prédire la durée de vie d’un produit. Et cela est à double tranchant: ils sont capables d’en garantir le fonctionnement pendant un certain temps, mais aussi de raccourcir cette durée à une valeur inférieure à ce que la technique permettrait.» Selon lui, il est pourtant très difficile de prouver une réelle préméditation de la part des industriels. «Prenez le cas d’une nouvelle technologie, poursuit-il, elle aura ce qu’on appelle des défauts de jeunesse risquant de mettre à mal

Paul Dembinski, professeur d’économie à l’Université de Fribourg, avance la nécessité économique pour expliquer ce qu’il préfère qualifier de «refus de pérennité». «Les entreprises ont les moyens de produire pour l’éternité mais il faut maintenir un certain taux de croissance, explique-t-il. Nous sommes ainsi passés d’une société de propriété à une société de flux dans laquelle les biens tendent à devenir des services: en pratique, nous achetons le droit d’utiliser x fois un objet. Outre l’aspect écologique, cela pose problème au plan


éthique car ce modèle se heurte à l’autonomie de celui qui utilise l’objet par rapport à celui qui le lui fournit.» L’obsolescence programmée est d’ailleurs ressentie négativement par de nombreux consommateurs. Une enquête sur les pratiques de consommation en Suisse romande, réalisée auprès des membres de la Fédération romande des consommateurs (FRC), sous la direction de François Hainard, professeur de sociologie à l’Université de Neuchâtel, a ainsi révélé que plus de 83% des personnes interrogées estiment que les produits qu’elles achètent durent de moins en moins longtemps. Illusion ou réalité? L’économiste français Alexandre Delaigue dénonce un mythe qui se propage dans la conscience collective. «L’idée du ‹c’était mieux avant, tout était solide› est tellement intemporelle qu’on se demande bien quel a été cet âge d’or durant lequel on faisait des produits durables, ironise-t-il sur son blog ‹econoclaste›. Il y a là un biais de perception, le ‹biais de survie›: vous avez peut-être déjà vu un frigo des années 50 en état de PUBLICITÉ

fonctionnement; vous n’avez certainement jamais vu les dizaines de milliers de frigos des années 50 qui sont tombés en panne.» Une étude menée par la HES Nord-Ouest de la Suisse démontrerait ainsi que les appareils durent plus longtemps que ce que l’on prétend: il s’écoulerait huit ans en moyenne entre la production d’un téléphone portable et sa mise au recyclage, neuf ans pour les ordinateurs portables et les imprimantes.

Réparation impossible ou hors de prix «Nous ne nous attendions pas à de si bons résultats, avoue Jean-Marc Hensch, directeur de Swico, l’association économique suisse de la bureautique, de l’informatique, de la télématique et de l’organisation. Ils ont toutefois été confirmés par une deuxième étude réalisée cette année. On parle ici de durée de vie, pas de durée

«Et pour le timer, on programme quelle durée de vie?» Voilà comment le directeur d’une start-up de l’Arc lémanique a été confronté sans ambiguïté au phénomène de l’obsolescence programmée. Une expérience qu’il a bien voulu partager ici, sous couvert toutefois de l’anonymat tant la chose est taboue dans le milieu industriel. «Il faut arrêter de prétendre que personne ne joue avec la durabilité des produits. L’obsolescence programmée, ça existe! Deux fabricants de composants dont nous équipons nos machines nous ont clairement recommandé d’en limiter la durée de vie afin d’obliger nos clients à les renouveler. Nous avons cessé toute discussion avec eux; la durabilité fait partie de notre business modèle. Nous avons à cœur d’offrir des solutions à nos clients, pas des problèmes!»


Société

Enquête

d’utilisation. On sait par exemple qu’elle est de deux ans environ pour les téléphones portables, mais cela n’a rien à voir avec la pérennité de ces appareils.» Une étude française, menée à la demande du Groupement interprofessionnel des fabricants d’électroménager, démontre quant à elle que la durée d’utilisation des réfrigérateurs, congélateurs, lave-vaisselles et lave-linges dépasse dix ans. Une information nuancée par une association de consommateurs affirmant que le taux de panne dépasserait systématiquement les 8% et attendrait même 20% pour certains équipements. Ce qui n’est pas sans poser la question de leur réparabilité. Car c’est aussi sur ce point que le bât blesse.

Interrogés par Le Temps, les experts du magasin La Bonne Combine, à Prilly, dénoncent ainsi les subterfuges utilisés par les fabricants pour empêcher la réparation des produits, comme le fait de coller la batterie des téléphones aux composants électroniques. En France, un rapport de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) indique que certaines parties des appareils électroménagers, notamment des chauffe-eau, sont directement moulées dans du plastique et ne sont ni démontables ni réparables. La question du coût des réparations est également en cause, celui-ci pouvant être rapidement plus élevé que l’achat d’un appareil neuf, spécialement dans les pays où la main-d’œuvre est chère. Parfois, il est aussi difficile, voire impossible, de se procurer des pièces de rechange. Un problème auquel vient d’ailleurs de s’attaquer le législateur français (lire encadré page suivante). Un exemple à suivre? «En l’état actuel, le projet de révision de la loi sur la protection de l’environnement (LPE) ne prévoit guère de mesures qui permettraient de lutter contre l’obsolescence

programmée, regrette Adèle Thorens, conseillère nationale vaudoise Les Verts. Il est très axé sur les politiques publiques end of pipe, et en particulier sur le recyclage et la revalorisation. En revanche, il n’y a rien sur l’éco-conception ni sur l’optimisation de la

«Si on obligeait les fabricants à récupérer tous les objets qu’ils vendent, cela changerait sans doute la donne!» Vincent Bourquin

durée de vie. Mais nous avons bien l’intention d’intégrer ces aspects au cours des discussions au Conseil national. D’ici là, nous maintenons la pression avec des interventions ciblées.» Le Conseil fédéral doit notamment répondre à un postulat des Verts lui demandant de

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Le casse-tête des pièces détachées…

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Le marché de la réparation souffre aujourd’hui d’un accès difficile aux pièces de rechange. Passé un certain temps, celles-ci sont en effet introuvables. Résultat: de nombreux appareils finissent au rebus alors qu’ils étaient techniquement réparables. Une disposition de la loi française sur la consommation, modifiée en mars dernier, permettra prochainement d’imposer au producteur de communiquer la durée pendant laquelle les pièces détachées nécessaires à une réparation seront disponibles. Cette obligation figurait dans la proposition de loi sur l’obsolescence programmée du sénateur écologiste Jean-Vincent Placé. Le nouveau texte n’impose toutefois aucune durée minimale de mise à disposition de ces pièces et ne résout pas non plus le problème du coût des réparations. Précisons que la mesure n’est pas encore en vigueur, un décret d’application devant en préciser les modalités pratiques.

«La durée d’utilisation est de deux ans environ pour les téléphones portables, mais cela n’a rien à voir avec la pérennité de ces appareils.» Jean-Marc Hensch

présenter au Parlement un rapport évaluant l’efficacité, la pertinence et les potentiels des mesures existantes et envisageables pour optimiser la durée de vie et d’utilisation des produits.

Responsabiliser le consommateur D’aucuns sont convaincus que l’usure planifiée et l’impossible réparabilité ne seraient qu’une partie du problème de la durée de vie des produits. «Il ne faut pas jeter l’opprobre uniquement sur le producteur,

affirme ainsi Paul Dembinski. Le consommateur a, lui aussi, sa part de responsabilité. La plus grande cause d’obsolescence est la mode!» Un aspect qui a été analysé par François Hainard et son équipe à l’occasion de l’enquête sur les pratiques de consommation en Suisse romande. Résultat: le phénomène d’obsolescence dite psychologique est moindre que ce à quoi s’attendaient les sociologues. «Les membres de la FRC sont sans doute beaucoup plus attentifs que le citoyen lambda

aux subterfuges mis en place par les industriels, explique-t-il. Mais, information aidant, même les individus non membres de la FRC prennent conscience qu’ils sont très influencés par les arguments marketing, par les médias et par les groupes de pairs.» Si Adèle Thorens reconnaît qu’il est nécessaire de responsabiliser le consommateur, c’est pour elle à la condition qu’il soit clairement informé sur la durée de vie attendue d’un produit. «Certes, il a naturellement tendance à se tourner vers des produits meilleur marché, admet-elle. Mais s’il est rendu attentif au fait qu’ils ne vont pas durer, il pourra alors intégrer ce critère afin d’éclairer son choix.» Hors de question pour autant de garantir une durée de vie minimale selon Jean-Marc Hensch: «C’est totalement irréaliste. Par définition, on ignore de quelle façon le consommateur va utiliser tel ou tel appareil!» Les débats s’annoncent vifs… E

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Jean-Louis Donzallaz – Romont

Société

Reportage

ROMONT EN TRANSITION

Un groupe de citoyens veut transformer la ville pour la rendre plus résiliente. Eco-quartiers, jardins partagés ou agriculture contractuelle sont autant d’initiatives de transition, un concept venu d’outre-Manche. Reportage. Laetitia Wider

A

peine le temps de voir défiler le Léman puis les pittoresques prairies fribourgeoises que le train en provenance de Lausanne s’immobilise déjà en Gare de Romont. Vivez la ville au vert, tel est le slogan de la capitale de la Glâne, qui dépasse tout juste les 5000 habitants, dont un bon nombre de pendulaires attirés par ces perspectives champêtres. Car du vert, il y en a à Romont, au-delà des remparts et dans l’esprit de certains de ces citoyens, comme Catherine Monnard, présidente de Glâne Ouverte, une association née du mouvement venu d’Angleterre des initiatives de transition (lire encadré). «Nous avons été profondément influencés par les théories de Rob Hopkins et les écrits du philosophe et agriculteur Pierre Rabhi. Chacun de nous doit faire sa part», explique-t-elle. En 2011, une poignée de citoyens Romontois s’associent autour de cette idée. Un forum ouvert est alors organisé, et une trentaine de personnes s’y réunissent pour proposer des projets dans les domaines de l’énergie, des déchets, de l’économie ou encore de l’agriculture. Parmi les propositions, celle de voir éclore des jardins partagés dans

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la ville. Grâce à l’énergie de ces citoyens désormais réunis dans l’association Glâne Ouverte, c’est aujourd’hui une réalité.

Vers l’autonomie alimentaire des villes «A Romont, beaucoup de nouveaux habitants sont arrivés ces dernières années, attirés par une vie à la campagne, raconte Catherine Monnard. Mais certains vivent dans des immeubles. C’est à eux que s’adressent ces jardins communautaires.» Actuellement, trois couples se partagent un peu moins de 100 m2 à cultiver pour 50 francs par mois. Le terrain, situé dans l’enceinte des remparts, est loué à un propriétaire. Naturellement, agriculture biologique et arrosage économique sont légions. Les initiatives de transition vont dans le sens d’une plus grande autonomie alimentaire des villes. Et ces premiers jardins partagés sont, pour la présidente de Glâne Ouverte, plutôt encourageants. «Le plus difficile, c’est de trouver d’autres terrains disponibles, mais nous souhaitons essaimer l’expérience.» Un projet de banque de semences a également vu le jour. Plusieurs passionnées se réunissent ainsi une fois par mois pour multiplier les semences et en conserver les bonnes souches. Ces femmes

«On peut être écolo sans être obligé de vivre dans une grotte.» Nicole Bardet, membre fondatrice de Glâne Ouverte

partagent leurs connaissances avec des jardiniers amateurs et, depuis peu, avec des agriculteurs de la région. Et c’est bien là l’une des particularités des initiatives de transition. On compte quasiment autant d’idées et de dispositifs que d’initiatives. Il n’y a pas de voie royale pour parvenir à la résilience visée, mais une multitude de chemins qui se dessinent sous l’impulsion et la créativité des différentes communautés locales.

Réinventer l’immeuble locatif Lancer une initiative de transition, c’est surtout une bonne dose d’engagement. Une qualité dont Nicole Bardet n’est pas avare. Elle est conseillère générale à Romont sous l’étiquette des Verts, spécialiste des crédits commerciaux à la Banque Alternative Suisse, présidente de la section fribourgeoise de la Fédération romande des


«Le plus difficile est de trouver des terrains disponibles pour les jardins communautaires.» Catherine Monnard, présidente de Glâne Ouverte

consommateurs, et membre fondatrice de Glâne Ouverte. Le cumul des casquettes ne semble pas effrayer cette militante convaincue. «Les initiatives de transition n’ont rien d’idéalistes. Au contraire, on se trouve précisément dans l’action et dans l’hyper concret», estime la Romontoise. Du tangible, on en trouve jusque dans sa maison. D’allure contemporaine, entièrement réalisée en bois non traité et labélisée Minergie P Eco*, elle est à la fois laboratoire et maison témoin. Depuis la fin de sa construc-

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Des paniers de légumes sont distribués chaque semaine sur abonnement.

tion, en 2010, elle a été visitée plus de 400 fois. «On n’utilise ni pétrole ni gaz, on se chauffe au bois, raconte Nicole Bardet. Avec cette maison, on veut prouver qu’on peut être écolo sans être obligé de vivre dans une grotte.» Sous des apparences de prosélytisme, la conseillère générale de Romont nourrit un autre projet pour Glâne Ouverte. Celui de participer à la création d’un écoquartier en y incluant le modèle de la coopérative d’habitation et les principes de construction de sa maison. Elle et son mari ont déjà bâti deux autres habitations similaires sur leur terrain, une vendue et une louée. «La démarche vise à réinventer l’immeuble locatif en alliant mixité sociale et impact minimum sur l’environnement.» Un projet en attente d’un terrain et de partenaires financiers.

Des paniers pour soutenir l’agriculture de proximité Comme tous les jeudis depuis un peu plus d’un an, des habitants de la région se pressent à la Maison Verte où sont distribués une cinquantaine de paniers de légumes et de produits régionaux. L’association Croqu’terre est la dernière née des initiatives de transition. Soutenir l’agriculture contractuelle de proximité est l’une des volontés de l’association glânoise. On trouve des produits bios et des fruits et légumes issus de l’agriculture conventionnelle. Aucun d’entre eux n’a parcouru plus de 15 km pour arriver ici. Le système fonctionne sur abonnement et les consommateurs, comme Claire-Lise Rouiller, y trouvent leur compte «Il n’y a pas d’emballage, et je découvre des produits inhabituels. Cela met de la nouveauté dans mon alimentation.» Jean-Marc Pittet, un producteur de Villarlod, a intégré Croqu’terre par sympathie. «Je voulais surtout soutenir leur projet en livrant des œufs toutes les trois semaines. Mais assez rapidement, j’ai pu placer des produits régionaux transfor-

més, comme des meringues ou de la saucisse sèche, et c’est devenu une belle vitrine qui nous a amené de nouveaux clients.» En mars dernier, un nouveau forum ouvert a fait bouillonner l’intelligence collective des citoyens autour de la thématique des ressources. Des nouvelles initiatives devraient ainsi voir le jour prochainement, comme la tenue d’un cycle de conférences, mais aussi un projet de rapprochement avec les autorités communales et cantonales. E

Les initiatives de transition, c’est quoi? Passer de la dépendance au pétrole à la résilience locale, tel est le credo des initiatives de transition. Un processus développé en 2005 par les étudiants de l’université de Kinsale, en Irlande, et leur professeur, Rob Hopkins. Un an plus tard, la première application voyait le jour à Totnes, au Royaume-Uni. On dénombre aujourd’hui plus de 460 initiatives officielles, dont deux en Suisse romande, à Genève et à Romont. Face aux menaces de dérèglement climatique et au pic pétrolier, Rob Hopkins propose plusieurs axes pour guider les villes vers une plus grande capacité à s’adapter aux crises économiques et écologiques: réduire la consommation d’énergie fossile, reconstruire une économie locale vigoureuse et soutenable et acquérir des qualifications nécessaires à la transition. A la différence de l’Agenda 21, le changement ici n’est pas l’initiative du pouvoir politique mais d’une communauté de citoyens. C’est un mouvement apolitique et résolument positif. A chaque communauté de trouver ses dispositifs, ses énergies et ses manières de faire.

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cleantech Un système de recyclage unique au monde batrec

La société Batrec est leader en Europe dans le recyclage des piles. Elle est également spécialisée dans la réactivation du charbon actif et le traitement des métaux lourds, notamment le mercure.

«A

l’heure actuelle, nous sommes les seuls en Europe à récupérer et traiter tous les composants métalliques des batteries grâce à notre mode de recyclage», déclare Dieter Offenthaler, directeur de l’entreprise. Celle-ci est en effet l’unique unité au monde à avoir développé un système capable d’isoler en circuit fermé et de retraiter les matériaux dangereux des vieilles piles afin d’en extraire les matières premières qui sont ensuite réinjectées dans le cycle de production. Et le marché est énorme. Rien qu’en Suisse, 120 millions de piles sont en effet vendues chaque année. «Nous avons la capacité de recycler des volumes plus importants que ceux que nous recevons actuellement. Malheureusement, trop de batteries sont jetées dans les ordures ménagères.» Piles rondes, piles sèches, batteries au lithium ou accus, toutes contiennent pourtant des produits toxiques et nécessitent une élimination respectueuse de l’environnement.

Trois fois plus de déchets au mercure retraités Contrairement aux autres entreprises européennes actives dans le recyclage des batteries – qui en extraient seulement les pièces en acier à l’aide d’une broyeuse et d’un aimant – Batrec utilise un système de pyrolyse à très haute température, suivi d’une fusion et d’une réduction dans un four à 1600°C. «Nous atteignons un recyclage

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de 66%. En ce qui concerne les métaux contenus dans une pile, nous en récoltons près de 90%, un véritable bénéfice pour l’environnement.» Pour une tonne de piles usagées, l’entreprise produit ainsi plus de 300 kg de ferromanganèse, 180 kg de zinc et récupère 50 g de mercure. Afin de traiter cette matière particulièrement toxique, elle a d’ailleurs investi plus de 15 millions de francs dans une nouvelle usine pour développer des installations spécifiques de distillation. La capacité d’élimination par Batrec des déchets contenant du mercure est ainsi passée de 300-400 à 1000-1500 tonnes par an.

Fermer la boucle du recyclage Des déchets qui proviennent en grande partie de l’industrie pétrochimique. De grandes compagnies pétrolières et gazières comme BP, Exxon, Shell ou encore Conoco Phillips font ainsi venir leurs déchets du monde entier afin qu’ils soient retraités à Wimmis (BE). «Techniquement, nous sommes capables de couvrir l’ensemble des problèmes liés au mercure pour nos clients.» A la fin du traitement, le métal liquide récu-

péré atteint un taux de pureté de 99,995% et peut être réinjecté dans les cycles de fabrication sans aucune atteinte à l’environnement. Autre spécialité de Batrec, la réactivation du charbon actif utilisé dans l’industrie pour la purification des gaz d’eaux usées ou d’échappement, mais aussi dans de nombreuses applications domestiques (filtres de piscine par exemple). La plupart des charbons usés ou saturés peuvent en effet être réactivés plusieurs fois afin d’être réutilisés. Un processus qui fonctionne à des températures allant jusqu’à 800°C, dans un four spécialement affecté à cet usage. Le charbon actif est chauffé et réactivé à la vapeur d’eau tandis que les polluants sont séparés de façon sélective dans le lavage des gaz. «Nous sommes les seuls à savoir traiter le carbone contaminé par le mercure.» Cette technique permet également de retraiter les catalyseurs usagés. Ceux-ci contiennent jusqu’à 40% de sulfure et 15% de mercure qui sont distillés et séparés. Les métaux de base des catalyseurs sont quant à eux récupérés par l’industrie métallurgique et permettent de fabriquer de nouvelles unités, fermant ainsi la boucle du recyclage. E


Améliorer l’éco-bilan du bitume Après plusieurs années de recherches et de tests pratiques, la société swisspor vient de mettre sur le marché le swissporBIKUTOP ECO, un bitume recyclé de haute qualité.

Recyclage des déchets de coupe Présentés sous forme de rouleaux, ceux-ci sont constitués d’un dérivé du pétrole et sont utilisés en toiture pour leurs propriétés d’étanchéité. Après plusieurs années de recherches et de tests, le produit recyclé, baptisé swissporBIKUTOP ECO, est commercialisé depuis le mois de janvier 2014. «Son apparence et ses caractéristiques mécaniques sont identiques à celles des lés bitumineux non recyclés.» Et son coût est à

peine plus élevé, «à quelques centimes près». La mise en place de la filière de recyclage est quant à elle le fruit d’une collaboration avec le Bureau d’investigation sur le recyclage et la durabilité (BIRD), à Lausanne. «Notre partenaire nous livre les chutes de rouleaux collectées sur les chantiers.» Des déchets de coupe qui représentent, en pratique, une quantité substantielle de matière valorisable. Ceux-ci sont broyés, et le bitume refondu, afin de produire de nouveaux lés. Un processus qui a lieu dans une des usines du groupe, Vaparoid SA, située en Valais, à Tourtemagne, là où sont également fabriqués les lés classiques. «Du lé neuf est toujours rajouté au lé recyclé. Dans un lé ECO, il y a ainsi 50% de recyclé et 50% de neuf.»

Conforme aux standards Minergie ECO Tout comme le polystyrène expansé, les lés bitumineux sont recyclables à l’infini. La différence réside toutefois dans le fait que le polystyrène peut être recyclé lors d’assainissement de bâtiments, tandis que ça n’est pas encore le cas pour le bitume. Seules les chutes de rouleaux neufs sont en effet à même d’être recyclées. Des recherches sont ainsi en cours, afin de pouvoir récupérer aussi le bitume usagé posé sur les toits. Une perspective particulièrement intéressante et qui permettra de valoriser les déchets d’assainissement. Grâce au recyclage des seuls déchets de coupe, les lés bitumineux swissporBIKUTOP ECO affichent d’ores et déjà un très bon éco-bilan et atteignent des valeurs inférieures de plus de 50% aux valeurs génériques de la KBOB (Conférence de

bikutop eco

L

e groupe swisspor Holding AG, composé aujourd’hui de trois sociétés (swisspor, swisswindows et swisspearl), figure au rang de leader suisse pour la conception, la fabrication et la distribution de matériaux pour l’enveloppe des bâtiments, conjuguant esthétique et performances énergétiques. «Nous considérons l’ensemble du cycle de vie d’un produit, de sa fabrication à son recyclage», explique Michaela Bjork, responsable marketing et communication de la filiale swisspor, active dans les isolants. Le credo de l’entreprise? Saving energy. Un slogan qui n’est pas qu’un argument commercial pour une société attentive à la consommation des ressources non renouvelables et qui s’engage pour réduire leur utilisation au minimum. C’est ainsi que son département recherche et développement a imaginé, il y a plus de dix ans, un polystyrène expansé recyclable à l’infini, donnant par là même une impulsion au déploiement d’une filière de recyclage parfaitement organisée, en collaboration avec l’association PSE Suisse. Forte de cette initiative, l’entreprise a récemment relevé le défi de faire de même avec les lés bitumineux élastomères.

coordination des services de la construction et des immeubles des maîtres d’ouvrage publics). «Leur utilisation permet en outre de gagner des points dans le cadre d’une construction répondant aux standards de Minergie-ECO.» E

La plate-forme CleantechAlps apporte son soutien aux entreprises actives dans les technologies propres. En partenariat avec elle, Efficience 21 met en lumière ceux qui font les cleantech en Suisse occidentale. Retrouvez la version intégrale des deux portraits de ce numéro, ainsi que ceux d’autres entreprises du secteur, dans l’étude sur la filière de la gestion des déchets en Suisse, réalisée par CleantechAlps. www.cleantech-alps.com/etude

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mobilitÉ xxx

auto

classement ate

Les voitures au gaz au top Les véhicules au gaz détrônent une fois encore les hybrides dans l’EcoMobiListe, un classement établi par l’Association Transport et Environnement (ATE). Voilà pourquoi. Patricia Bernheim

L’

édition annuelle de l’EcoMobiListe*, qui paraît en marge du Salon de l’Auto de Genève, classe les voitures sur la base de critères écologiques. De 2002 à 2012, ce sont les modèles hybrides de Toyota/Lexus et de Honda qui se sont succédé sur le podium. Depuis deux ans, les modèles au gaz naturel / biogaz leur ravissent la vedette: trois d’entre eux occupent les premières places (voir encadré) et sept figurent parmi le top 10. Nouveaux champions de l’écologie, les

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modèles de voitures à gaz émettent entre 60% et 95% de polluants de moins que les véhicules traditionnels.

Une station-service tous les 15 km «Ils doivent leur supériorité remarquable au fait que la combustion du gaz naturel génère moins de CO2 que les moteurs à essence ou au diesel. L’autre atout, c’est la proportion de biogaz climatiquement neutre provenant des installations de valorisation des déchets disponible dans les stations services helvétiques», relève Kurt Egli, chef de projet EcoMobiListe ATE.

Ces avantages ont amené les constructeurs automobiles à proposer davantage de modèles au gaz, ce qui s’est rapidement reflété dans l’EcoMobiListe et sur le marché. Ainsi, aujourd’hui, 11 000 véhicules de ce type circulent en Suisse. Le réseau de stationsservice à gaz naturel / biogaz compte 140 stations dont 37 en Suisse romande, soit en moyenne une station tous les 15 km sur les axes principaux. Les aspects économiques parlent aussi en faveur des voitures au gaz. Selon le prix moyen de l’essence et du gaz naturel / biogaz en Suisse au mois de décembre 2013, le gaz naturel / biogaz représente une économie de plus de 30% par rapport à l’essence. A cela s’ajoute que, pour promouvoir l’introduction de ces véhicules, l’industrie gazière accorde une prime d’au minimum 1000 francs pour l’achat d’une voiture neuve de ce type et que, dans certains cantons, la taxe automobile est réduite ou supprimée. E * www.ecomobiliste.ch réunit aussi les banques de données interactives sur plus de 1600 voitures de tourisme et près de 400 utilitaires et minibus.

le top 10 de 2014 1. VW eco up! 1.0 BMT Gaz naturel CH 2. Skoda Citigo 1.0 Green tec CNG Gaz naturel CH 3. Seat Mii 1.0 MPI Ecofuel Gaz naturel CH 4. Audi A3 SB 1.4 TFSI g-tron S-tronic Gaz naturel CH 5. VW Golf VII 1.4 TGI BlueMotion DSGL Gaz naturel CH 6. Lexus CT 200h Hybrid 7. Lancia Ypsilon 0.9 TwinAir NP Gaz naturel CH 8. Fiat Panda 0.9 TwinAir NP Gaz naturel CH 9. Toyota Prius 1.8 VVT-i Hybrid 10. Mitsubishi Space Star 1.0 Toyota Auris 1.8 VVT-i Hybrid Toyota Prius+ Wagon 1.8 VVT-i Hybrid


EN BREF rubrique vitesse

interview

des déplacements moins polluants

Des applis pour voyager durable Les outils permettant de planifier ses déplacements se sont multipliés. Le point avec Eduardo Camacho-Hübner, chercheur spécialisé dans le domaine de la mobilité. DR

Propos recueillis par Marie-Hélène MORF

R

encontré au sein de l’Institut de géographie et durabilité de l’Université de Lausanne où il est maître-assistant, Eduardo Camacho-Hübner est spécialisé dans les smart cities et chargé de cours à l’EPFL. Il est aussi responsable du pôle recherche auprès de Transitec Ingénieurs-Conseils SA et cofondateur des start-ups IntenCity, Citiviz et BestMile.

E21 Les applis du type organisateur de voyage font-elles partie intégrante de vos travaux? E. Camacho-Hübner Oui, je les utilise dans mes cours et dans le domaine de la recherche. Actuellement, je travaille sur deux plates-formes de dialogue, l’une liée à la gestion du stationnement à l’Université de Lausanne, l’autre à la qualité de vie des cyclistes lausannois. L’analyse de ces applications m’est utile pour mesurer leur impact auprès de la population et définir le meilleur usage de ces informations. Quelle est leur intérêt pour les utilisateurs? Un individu y a recours s’il a des convictions écologiques fortes. Il optera pour EcoPassenger, par exemple, qui renseigne sur les émissions polluantes. Les résul-

tats sont excellents lorsque ces outils sont utilisés à l’échelle d’une institution. Notamment, au sein d’une entreprise dont les employés doivent souvent se déplacer. L’impact sera fort lorsqu’une véritable taxation carbone sera instituée et qu’il faudra établir son bilan CO2 pour régler la question fiscale. Comment s’y retrouver parmi les applis qui existent? Je recommande routRANK, un outil développé à l’EPFL. Cette appli indique un itinéraire qui correspond aux attentes de

mode d’emploi L’utilisateur mentionne ses lieux de départ et d’arrivée, ainsi que la date et l’heure prévues. S’affichent alors différents trajets proposés selon les moyens de transport à disposition, leur durée, leur coût ainsi que l’empreinte carbone.

l’utilisateur et le redirige vers des fournisseurs de voyage (CFF, compagnies aériennes) pour qu’il puisse réserver et acheter ses titres de transport en ligne. Par ailleurs, elle propose un lien avec myclimate, donnant ainsi la possibilité à l’utilisateur de verser une somme d’argent pour compenser le carbone émis lors de son voyage en avion. La Fondation s’engage à l’utiliser pour financer d’autres projets, notamment en lien avec les énergies alternatives. De quelle manière ces applis peuvent-elles encore progresser? Elles s’affinent: l’itinéraire combine plusieurs moyens de locomotion, prend en compte des éléments tels que le trajet domicile-aéroport ainsi que les transferts entre aéroports. Bientôt, il faudra introduire des paramètres de «mobilité plaisir», c’est-à-dire liés à la qualité de vie de l’usager. Un pendulaire peut préférer le train pour discuter avec ses collègues, un autre choisira la voiture pour écouter tranquillement la radio. Quel avenir pour les organisateurs de voyage? J’ai la conviction que l’engagement civique vis-à-vis de l’environnement sera si ancré dans nos pratiques que nous n’aurons plus besoin de ce genre d’outil. E

Un Titrebateau volant Hydros.ch Texte explose le record du Ruban bleu. Le catamaran volant a effectué l’aller-retour entre Genève et le Bouveret en 4h30, soit quinze minutes de mieux que son propre record sur la distance de 123 km. Véritable plateforme technologique, il démontre que le concept de bateau volant peut moderniser le monde de la voile. Il détient également deux autres exploits de vitesse sur le Léman: les records du kilomètre et de l’heure.

Europe Réduction des émissions D’ici à 2030, les émissions de CO2 des pays de l’Union européenne pourraient être réduites de 8,8%. Pour ce faire, le Centre commun de recherche européen (JRC) recommande trois mesures principales: zones de péage urbain de congestion, télétravail et réaffectation des voies de circulation pour les transports en commun. Cela représente une réduction de 18,3 millions de tonnes de CO2, soit 75 000 vols de Londres à New York. Exploit Aux portes de l’espace L’aventurier vaudois Raphaël Domjan va tenter de battre le record d’altitude avec le premier biplace solaire. Pour voler à plus de 24 km du sol, il compte sur le développement d’un aéroplane, couvert de cellules solaires alimentant un moteur électrique de 13,5 kWh. Le projet devisé entre 6 et 8 millions de francs vise également l’ouverture d’un pan commercial au vol solaire.

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rubrique France Utilitaire Titre électrique Un Texte nouveau véhicule utilitaire électrique est disponible sur le marché français. Destiné aux collectivités, aux professionnels ou particuliers qui habitent en ville, la série C-Zen affiche une autonomie minimale de 90 km et se recharge grâce à une simple prise. Le projet de 23 millions de francs, mené par la société lyonnaise Courb, aura nécessité au total sept ans de recherche et développement pour voir le jour.

Auto-partage L’Allemagne en tête Sur le vieux continent, ce pays est celui où le partage de voiture est le plus répandu, Berlin en tête avec plus de 200 000 abonnés. Rome et Madrid, figurent parmis les plus mauvais élèves. Telles sont les principales tendances qui se dégagent de l’analyse du cabinet international de conseil AlixPartners sur le thème «L’auto-partage. Défis et opportunités de la nouvelle mobilité urbaine». étude Toujours moins de voitures Malgré la mutiplication des embouteillages, Genevois et Lausannois délaissent de plus en plus la voiture. L’étude menée par l’EPFL révèle que quatre ménages sur dix vivant dans les deux villes lémaniques font l’impasse sur l’automobile, soit 11% de plus en dix ans. Les statistiques attestent également de l’explosion de la marche (record de Suisse au bout du lac) et de la prolifération des motos et scooters. L’utilisation du vélo stagne.

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mobilité innovation

moteur électrique et habitacle végétal

De fribourg à Manille Une entreprise fribourgeoise a imaginé un tricycle électrique dont l’habitacle est composé de fibres naturelles. Un véhicule écologique destiné au marché philippin. élodie Maître-Arnaud

E

n collaboration avec la Banque asiatique de développement (ABD), le gouvernement philippin a décidé de mettre en circulation 100 000 tricycles électriques à l’horizon 2016. Et l’entreprise suisse Torrex Consulting entend bien participer activement à ce programme de remplacement des motorockshaw à essence – aussi appelés pedicabs aux Philippines. Derrière son projet d’E-cab, on trouve Stefan Waldburger, le directeur de la société, dont la mère est originaire de l’archipel. «C’est en 2009 que j’ai décidé de me lancer dans l’entreprenariat, avec un intérêt marqué pour l’efficience énergétique et les pays émergents», résume-t-il. L’E-cab imaginé par Torrex Consulting allie sans aucun doute ces deux aspects. Et avec pour l’heure 3,5 millions de tricycles conventionnels (et polluants!) en circulation aux Philippines, le créneau s’annonce porteur. «Chacun de ces véhicules émet près de 4 t de CO2 par an selon les calculs de la Banque asiatique de développement», précise le directeur de la société. C’est d’ailleurs cette institution qui lui a donné l’impulsion pour se lancer dans l’aventure. «Elle va créer le marché et les débouchés», affirme-t-il.

Un habitacle en fibres d’abaca Le véhicule à la base de l’E-cab est un scooter électrique aux qualités éprouvées. Certifié UE, il est commercialisé en Suisse

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EN BREF

la batterie permettant de le faire avancer. Pour alimenter le tricycle, le choix s’est porté sur une batterie lithium-ion phosphate (LiFePO4), l’une des plus puissantes du marché. Elle est en outre conçue pour une charge rapide, avec une durée de vie minimum de 3000 cycles – ou trois à cinq ans –, en fonction de l’utilisation.

Unités de production mobiles

Le gouvernement philippin a décidé de mettre en circulation 100 000 troisroues électriques d’ici 2016 afin de remplacer peu à peu les 3,5 millions de tricycles à essence.

par l’entreprise Dreifels, sous la marque SWAP. Il est équipé d’un habitacle permettant un usage polyvalent du véhicule pour le transport de passagers et de marchandises. Pour sa conception, Stefan Waldburger a fait appel à la start-up fribourgeoise Bcomp, spécialisée dans le développement de matériaux composites à base de fibres naturelles. «L’habitacle est entièrement fabriqué aux Philippines avec de l’abaca, une sorte de bananier qui pousse dans l’archipel», précise-t-il. C’est là aussi qu’est assemblée

«Nous produirons également aux Philippines les premiers prototypes de recharge pour ces véhicules», ajoute le directeur de Torrex Consulting. Le tout sur un site de production modulable fait de conteneurs qui feront également office de stations de recharge rapide. «Il est aussi prévu, en option, de pouvoir les équiper de panneaux solaires», souligne Stefan Waldburger. Un projet qui fait donc la part belle aux énergies renouvelables et qui a d’ailleurs reçu une contribution financière de REPIC, la plate-forme interdépartementale des offices fédéraux SECO, DDC, OFEV et OFEN, assurant la promotion des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique dans les pays en développement et en transition. Le prototype de l’E-cab fonctionne. Ne reste désormais qu’à franchir les derniers obstacles bureaucratiques afin de faire homologuer le scooter aux Philippines. Résolument optimiste, Stefan Waldburger prévoit sa commercialisation dès 2015. E


mobilité genève xx

bilan positif pour la recharge aux arrêts

états-Unis rubrique Une Titrevoiture en 3D L’Urbee Texte est la première voiture imprimée en 3D au monde. Imaginé par un constructeur californien, la société KOR EcoLogic, ce petit véhicule hybride (électrique et thermique) comprend de nombreux éléments de carrosserie, de l’habitacle et du tableau de bord réalisés à l’aide de ce procédé. Une campagne de levée de fonds par crowd-funding vient d’être lancée pour en réaliser la promotion via une traversée des Etats-Unis d’ouest en est prévue pour 2015.

Ça roule pour TOSA Avec 8000 km parcourus de mai 2013 à mars 2014, le bus nouvelle génération a réussi son pari. élodie Maître-Arnaud

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epuis sa mise en service en mai 2013, TOSA, le premier bus de grande capacité 100% électrique et sans lignes de contact, a parcouru près de 10 000 km entre Genève et Palexpo. Un test au bilan positif qui ouvre la voie à son développement commercial. Le conseiller d’Etat gene-

vois en charge du Département de l’environnement, des transports et de l’agriculture, Luc Barthassat, a ainsi annoncé qu’une ligne complète des Transports publics genevois pourrait intégrer prochainement cette technologie. Contrairement aux trolleybus classiques, TOSA ne tire pas

l’électricité d’une caténaire mais d’une batterie embarquée. Un accumulateur d’une tonne «seulement» – afin d’alimenter le bus pendant une journée, celleci devrait en effet en peser neuf –, couplé à un système de biberonnage permettant sa recharge à chaque arrêt. E

Navigation Voiliers électriques Afin de limiter les nuisances sonores, les vagues et la pollution, pourquoi ne pas équiper les voiliers avec un moteur électrique? Outre la vente de taxis-bus aux compagnies de loisirs, la société Grove Boats à Yvonand dans le canton de Vaud propose désormais ce service. Pour la sortie du port ou lorsque le vent tombe, un tel moteur permet une autonomie de dix heures en manœuvres et trente-cinq minutes à plein régime (vitesse de 9 km/h).

E. M.-A.

T. Gr

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Norvège

L’énergie de freinage est aussi récupérée et stockée. famille

est présenté comme une alternative à la voiture individuelle, indispensable au quotidien pour de nombreuses familles urbaines avec de jeunes enfants. Plus de soixante familles s’étaient inscrites afin de participer au test pour la première période de trois mois. Le projet court jusqu’au printemps 2015. E E. M.-A.

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Caki-bike testé à berne L’Académie de la mobilité a lancé en mars dernier un projet pilote afin de mettre à disposition des familles des vélos électriques permettant de transporter enfants et marchandises. Menée pour l’instant uniquement à Berne, cette expérience pourrait être étendue ailleurs en Suisse dès l’année prochaine. Caki-Bike (de l’allemand Cargo-Kinder-Bike)

EN BREF

Champion de l’électrique Près d’une voiture sur cinq achetée en Norvège est électrique. Ce succès s’explique aisément par une politique gouvernementale extrêmement incitative: pas de TVA à l’achat du véhicule, une vignette annuelle à moitié prix, le droit de rouler dans les couloirs de bus pour éviter les embouteillages, la gratuité des péages urbains, des tunnels, des parkings en ville ou encore des ferries. Ces avantages perdureront jusqu’en 2017.

Une option pour les familles urbaines?

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Le point sur les bornes de recharge

Fotolia

Mobilité

Avez-vous le bon réseau? Le succès de la voiture électrique ne tient qu’à un fil, celui nécessaire à son rechargement. Les véhicules existent, mais où sont donc les bornes susceptibles de permettre à leurs utilisateurs de traverser la Suisse sans craindre la panne sèche? Henry Plouïdy

«Q

ui de l’œuf ou de la poule?» entonnent en chœur les conducteurs de voitures électriques, les installateurs de bornes de recharge et les pouvoirs publics. Ou plus concrètement, qui doit être à la source de l’effet de masse capable d’établir la confiance dans une technologie disponible, mais pour l’heure peu visible? Le nombre de voitures électriques en circulation, ou celui des bornes de recharge disponibles? Les véhicules électriques existent aujourd’hui à tous les prix, avec une autonomie proportionnelle à leur taille et à celle du portefeuille de l’acheteur, et les moteurs élec-

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triques eux-mêmes sont au-dessus de tout soupçon. Et l’on s’émerveille toujours au passage d’une Renault Twizy ou d’une Fisker Karma: le frein doit donc être psychologique. «Aujourd’hui, je pense qu’on peut tout faire en électrique», affirme Yves Roduit, ingénieur sédunois touché par la fée électricité il y a plusieurs années. Il teste trois voitures électriques dont le minuscule cabriolet Smart avec chargeur rapide embarqué pour faire un aller-retour Sion–Lucerne. Malgré l’autonomie de 120 gros kilomètres de sa voiture, Yves Roduit est tellement passionné par ce mode de propulsion qu’il rentre en passant par le col de Brünig et la met sur le train pour traverser le Lötschberg. Il

assure que seules vingt-cinq minutes d’arrêt, et de rechargement, auraient suffi pour effectuer son voyage de retour sans craindre le coup de la panne; «je crois être capable de convaincre en une heure chrono n’importe quel conducteur lambda qu’il peut faire confiance à une voiture électrique», dit-il.

Bornes de recharges peu nombreuses… Comme tous les pionniers, Yves Roduit n’a pas froid aux yeux et il planifie ses déplacements selon la présence et les heures d’ouverture des stations de recharge le long de ses parcours. S’il devait par exemple se rendre de Sion à Genève sans quitter l’autoroute, il n’en trouverait qu’une


sur l’aire de repos de Lavaux, ouverte 24 h/24 et installée par une compagnie pétrolière. Pour rejoindre Saint-Gall depuis Genève, à 120 km/h, il lui faudrait acquérir pour près de 100 000 francs une Tesla Model S à l’autonomie de 480 km dans des conditions idéales, et il ne trouverait sur son chemin qu’une seule borne «Supercharger» – capable de recharger cette voiture-ci uniquement, à 80% et en moins d’une heure – au relais Rose de la Broye, près de Lully. En d’autres termes voyager en voiture électrique à travers la Suisse et sans souci suppose de l’organisation et l’utilisation de sites Internet ou d’applications pour smartphone afin de savoir où se trouvent les bornes, si elles sont opérationnelles et... si le type de prise correspond à sa voiture.

triques. Par exemple, le type de prise de recharge rapide des populaires et polyvalentes Nissan Leaf ou Mitsubishi iMiev, appelé CHAdeMO, ne peut pas être utilisé par la BMW i3 utilisant le standard

… et incompatibles

Combo, adopté par toute l’industrie automobile allemande et vice-versa, alors que le Supercharger ne peut recharger que la Tesla. Si toutes les concessions Renault vont être équipées d’ici peu de stations de recharge et si, selon Yves Roduit, ces dernières dépannent avec le sourire les

A la glorieuse et lointaine époque de la vidéo se tint une âpre bataille entre les chapelles Betamax et VHS, deux standards vidéo pétris de qualités mais incompatibles entre eux. Le même souci se pose actuellement aux conducteurs de voitures élec-

Faire passer un câble électrique à travers sa fenêtre et le long du trottoir pour atteindre sa voiture, n’est pas le moyen le plus sûr de faire le plein!

conducteurs d’autres marques, elles ont néanmoins des horaires d’ouverture. Comme les garages BMW équipés eux aussi de stations de recharge Combo... qui ne pourront donc pas servir à la Nissan Leaf. Et s’il est possible de recharger n’importe quelle voiture électrique sur un prise domestique au moyen d’un adaptateur, il faut savoir être patient et le faire de préférence de nuit. La petite batterie de 16,5 kWh de la smart a ainsi besoin de huit heures pour être entièrement rechargée et permettre environ 120 km d’autonomie, celle de la Tesla Model S la plus puissante, de 85 kWh, nécessite plus d’un jour et demi. Mais toutes deux peuvent être équipées de chargeurs bien plus rapides, demandant une installation électrique ad hoc chez soi et un certain art de la prévision.

Deux fois plus de voitures électriques en un an Philipp Walser, responsable du Centre suisse des véhicules électriques à l’association e’mobile, raconte qu’il lui est arrivé de tomber en panne sèche avec sa voiture

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Le point sur les bornes de recharge

électrique. Il n’a pas de réponse définitive à la question «qui de la poule ou de l’œuf?» mais il dit croire que «l’infrastructure publique est très importante pour créer la confiance». Et s’il estime qu’il est plus facile de recharger sa voiture électrique à Zurich qu’ailleurs en Suisse, cela a un coût: une nuit de stationnement coûte 12 francs, la recharge 3 francs et, comme à Genève par exemple (lire encadré), rien n’indique qu’une place de chargement sera disponible, ni que la borne fonctionnera. Cet homme, dont l’activité est de promouvoir les véhicules électriques, roule dans l’une d’elles et dit pouvoir parcourir près du double de kilomètres en été qu’en hiver, parce que les batteries craignent le froid et qu’elles sont très sollicitées par le chauffage, les essuie-glace, l’éclairage. Cent kilomètres peuvent lui coûter seulement 1,20 franc quand il recharge sa voiture chez lui.

Des bornes à côté des pompes à essence

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Au-delà du fait que la couverture du réseau de bornes de recharge reste un problème majeur, il rappelle qu’un habitant d’appartement, en ville, sera bien embarrassé la nuit où les places de stationnement réservées aux voitures électriques, près de chez lui, seront occupées ou pas alimentées. Parce que faire passer un câble électrique à travers sa fenêtre, le long de la façade et du trottoir pour atteindre la prise de la voiture, n’est pas le moyen le plus sûr, ni le plus autorisé, de faire le plein! Un chiffre, cependant, montre l’intérêt général pour l’électro-mobilité individuelle. Selon Philipp Walser le nombre de voitures électriques en Suisse a augmenté de 100% de 2012 à 2013. Et Christian Schmidt, directeur des ventes de GreenMotion, une société vaudoise fabriquant et

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installant des bornes dont celle de Lavaux, indique que «tout est prêt, les bornes, les logiciels de gestion, les applications client pour smartphone localisant bornes et disponibilité», mais qu’en effet, le processus

d’entraînement engouement-offre n’est pas encore enclenché. «Ce qui pourrait être décisif, dit-il, serait que les stations-service installent des bornes de chargement à côté des pompes à carburant.» E

Ma semaine en smart electric drive: à moi d’inventer la vie qui va avec «Je n’ai jamais considéré acquérir cette voiture trop petite, trop chère et sans caractéristique sortant de l’ordinaire, hormis sa capacité à se garer dans un mouchoir de poche, jusqu’à cette semaine en cabriolet électrique: zéro émissions, zéro bruit d’explosion et zéro coûts d’exploitation. A Genève où je vis, ce véhicule se rechargera la nuit dans l’un des nombreux parc-autos gérés par la ville, à l’abri des contraventions et pour 1 franc l’heure. Sauf qu’à l’instant où je pénètre au troisième sous-sol du parking le plus proche de chez moi et me glisse sur la place verte réservée aux voitures électriques, la recharge espérée – et je pèse mes mots – ne démarre pas... Rien. L’adaptateur inclus dans la voiture indique zéro vie. Néophyte, j’imagine ne pas être branché, sur le point de mettre le feu à la voiture, voire au garage tout entier et je file me réfugier à Founex, chez mes parents, où je sais que les prises ont de la peine à assumer la folle puissance de l’aspirateur ultra moderne. Mais qu’importe, même à un rythme très lent, j’aurai tôt ou tard besoin d’une dose de watts. Ma mère est horrifiée par le coût exorbitant que lui imposera la nuit de recharge de la grenouille verte stationnée dans son chemin – en réalité à peine 3 centimes – et pour me faire pardonner l’excès, je lui propose de l’inviter au cinéma, à Lausanne. Renseignement pris avec l’application LEMnet de mon téléphone, les stations de recharge de cette capitale ne sont pas vérifiées et celle qui se trouve à proximité du cinéma est dans le garage d’un hôtel où rien n’indique qu’elle soit disponible, ni plus vigousse que la prise de mon quartier, à 64 km de là. Entre ces deux métropoles: rien. Le courant ne passe pas. Nous nous rendons donc en smart électrique à la gare de Nyon, cheveux au vent, pour prendre le train. Avec 100 km d’autonomie, grosso modo, je ne peux pas faire l’aller-retour Founex–Lausanne l’esprit tranquille. En revanche, je peux passer ma semaine à profiter du soleil sans bruit, dans un rayon de 50 km. Soit la moitié de la réserve de ma grande voiture diesel. Sauf que. Garé sur «ma» place verte du parking Saint-Antoine, joyau d’ingénierie sous la vieille ville de Genève, une plantureuse Fisker Karma au toit photovoltaïque prend toute la place. Sans pour autant être branchée. Je retourne donc chez papa-maman à 20 km de là, tire mes câbles, et regarde la nature se réveiller, avec la certitude qu’aucun de mes mouvements motorisés, ces sept derniers jours, ne se sera élevé comme obstacle à sa santé. Et sans bruit, d’une prise alimentée à l’autre, j’aurai quand même pris le premier coup de soleil de l’année.» H.P.

DR

Mobilité


De “A” à “B” avec “e”.

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La nouvelle e-up! Voici la première Volkswagen purement électrique: écologique, autonome et équipée à faire pâlir d’envie. Avec son concept de motorisation d’une haute efficacité, sa durée de charge de 30 minutes seulement (borne de recharge rapide) et son autonomie jusqu’à 160 kilomètres, cette quatre portes se montre très convaincante. Pour des voyages 100 % écologiques, nous vous offrons en plus la première année une vignette éco-courant. Pour en savoir plus, rendez-vous sur emobility.volkswagen.ch. Ou mieux encore: profitez d’un essai pour nous poser toutes vos questions. Nous serons heureux d’y répondre. e-up!, moteur électrique 82 ch (60 kW), consommation en énergie en kWh: 11.7 (cycle mixte), émissions de CO2: 0 g/km (se rapporte aux émissions de CO2 pendant la conduite). Catégorie de rendement énergétique: A. Equivalent essence: 1.3 l/100 km.

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Sarah Marquis

Vanina Moreillon

«Rouler avec une voiture la moins polluante possible est un état d’esprit» moteur tourne. Et côté coffre et habitacle, rien ne la distingue d’un modèle classique à essence. Vu de dehors non plus d’ailleurs, sauf la mienne dont la carrosserie est ornée de grandes feuilles vertes auxquelles je tiens beaucoup. Comment convaincre les plus réticents? Rouler avec une voiture la moins polluante possible est pour moi un véritable état d’esprit. Mais je comprends parfaitement que de nombreuses personnes soient encore peu convaincues par cet argument écologique. Peut-être le seront-elles davantage par l’argument économique: remplir mon réservoir me coûte à peine plus de 30 francs et me permet de parcourir au moins 450 km…

Entre deux expéditions en solitaire au bout du monde, l’aventurière Sarah Marquis retrouve la Suisse. Et c’est au volant d’une voiture au gaz naturel / biogaz qu’elle se déplace pour honorer ses nombreux engagements professionnels.

mière chose qui me vient à l’esprit est que j’adore les sièges chauffants! Et même si, avec mon Touran, j’ai roulé sans aucune panne sèche avec une réserve d’essence de 12 l, j’apprécie aussi l’incroyable potentiel d’autonomie de cette Passat. En plus du réservoir permettant de stocker 22 kg de gaz et grâce auquel on peut parcourir plus de 450 km, elle dispose d’un back up de 31 l d’essence permettant d’aller aussi loin. Aucun risque de panne dans ces conditions, d’autant que le réseau de stations-service délivrant du gaz naturel est suffisamment dense en Suisse. En huit ans, je n’ai jamais eu à m’inquiéter pour en trouver une sur ma route.

Propos recueillis par élodie Maître-Arnaud

Depuis combien de temps roulez-vous au gaz naturel? Cela fait maintenant huit ans et j’en suis particulièrement fière! Mon Touran VW affichait 200 000 km au compteur lorsque GazMobile a mis à ma disposition une Passat il y a quelques semaines. Il faut dire que je circule énormément lorsque je suis en Suisse. Quelles sont vos impressions après quelques semaines au volant de votre nouveau véhicule? Je suis très sensible au confort, alors la pre-

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Beaucoup d’a priori circulent encore au sujet des véhicules au gaz naturel… Oui, on me regarde parfois comme une sorte d’extraterrestre lorsque je remplis mon réservoir de gaz. Visiblement, certains ne peuvent toujours pas s’imaginer rouler avec autre chose que de l’essence. D’autres me demandent si je parviens à monter jusqu’à Verbier, pensant sans doute que je ne dépasse pas les 30 km/h! Tous ces a priori sont absolument infondés et la puissance du moteur n’est pas du tout diminuée. De même, ça ne sens absolument pas le gaz, ni lorsque l’on remplit le réservoir, ni lorsque le

Quels autres écogestes avez-vous adopté dans votre quotidien en Suisse? Au mois de septembre, je vais me construire une Tiny House. C’est un concept américain de petite maison en bois sur remorque. Elle n’aura aucun impact sur la nature et me permettra, entre chaque expédition, d’y vivre l’existence minimaliste qui me correspond. Je souhaite me retirer au maximum des schémas de la société de consommation afin de me consacrer à l’essentiel. E

«Sauvage par nature» C’est le titre du livre de Sarah Marquis paru au mois de mai, à la fois récit de voyage et réflexion sur la Terre, les femmes ou encore l’écologie. Rentrée l’an dernier d’une expédition de trois ans de la Sibérie à l’Australie, l’aventurière a rechargé ses batteries. Elle est désormais prête pour attaquer un nouveau projet au long cours en Australie, autour des plantes médicinales et de la civilisation aborigène.


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La pollution cachée de l’auto fotolia

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énergie grise et CO2, même combat? Le geste le plus écolo consiste-t-il à échanger sa vieille voiture contre un modèle plus économique, ou à rouler avec celle-ci jusqu’au bout? Une question que l’on peut aussi se poser pour nombre d’appareils électriques ou électroniques. Eléments de réponse. Sylvie Ulmann

P

aru en 2013, En voiture Simone, le petit livre du Jurassien Lucien Willemin, s’attaque à une idée reçue: selon lui, échanger sa vieille voiture contre une plus récente et moins gourmande ne serait pas écologiquement correct. Mieux vaudrait

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utiliser l’ancienne jusqu’à ce qu’elle rende l’âme. S’il arrive à cette conclusion, c’est parce qu’il inclut dans son raisonnement l’énergie grise, ou e-grise, cette pollution qui se cache dans les objets du quotidien. Il le rappelle, «Chaque objet fabriqué (puis acheté) contient du pétrole, de l’électricité, donc du charbon, du gaz, du nucléaire [...] et a été transporté, induisant là aussi l’utilisation de véhicules, qui ont eux-mêmes nécessité pétrole, électricité, donc charbon, gaz ou nucléaire, pour voir le jour.»

Environ 180 000 composants dans une voiture Lucien Willemin ne s’est pas intéressé à la voiture par hasard. «En comparant différentes études, je me suis rendu compte que chacune d’elle arrivait à un résultat différent. J’ai donc décidé de regarder la voiture sous un autre angle en me posant la question du nombre de pièces qui la composent. Un véhicule, c’est en moyenne 180 000 composants. Partant de là, il est clair que déterminer l’énergie réelle nécessaire pour la

fabriquer n’est pas possible. D’où des résultats divergents et peu fiables.» Un regard qui intéresse les Suisses, puisque ce petit livre (47 pages), illustré par Mix & Remix, s’est déjà vendu à 2000 exemplaires. Ce qui chiffonne son auteur c’est que «même avec la meilleure volonté du monde, il semble impossible de tenir compte du coût énergétique de chaque pièce, il faudrait savoir d’où vient chaque matériau, comment il a été produit, comment il a été acheminé, travaillé, comment chaque pièce a voyagé jusqu’à l’usine qui fabrique les voitures.» Lorsque l’on pose cette question à un spécialiste, comme Yves Loerincik, le patron de Quantis, une entreprise de conseil spécialisée dans les analyses du cycles de vie (lire l’encadré), il ne se laisse pas démonter par ces paramètres, rappelant qu’on effectue ce type de bilans depuis quinze ou vingt ans, et qu’une norme ISO existe depuis les années 2000. «Ces notions d’énergie grise et de bilan carbone sont incorporées dans les analyses du cycle de vie que nous réalisons. Nous tenons également compte


Bilan énergétique grâce à la modélisation La lecture du livre de Lucien Willemin l’agace, notamment la remise en doute de la capacité à réaliser le bilan énergétique d’une voiture, de sa production à son élimination. Comment? «Nous utilisons des données modélisées, qui peuvent être adaptées aux spécificités de chaque cas. Nous passons les différentes phases en revue – production, utilisation du véhicule et des routes, qui constitue un facteur non négligeable dans ce cas de figure –, fin de vie, etc. Ensuite, chacune est reprise dans le détail. Nous analysons chaque étape, toutes les pièces nécessaires, la façon dont elles sont travaillées, assemblées, où et comment elles sont acheminées, emballées, etc. Bien sûr, nous ne remontons pas toute la chaîne pour chacune d’entre elles, car nous disposons de bases de données génériques incluant tous les matériaux et toutes les pièces composant toutes sortes de produits. Une fois l’analyse réalisée, nous pouvons rependre certaines de ces données moyennes pour les affiner. Nous sommes conscients des limites de ce que nous savons mesurer, et surtout des conclusions que nous pouvons en tirer, qui nous étonnent parfois, lorsqu’elles sont en contradiction avec certaines de nos intuitions et idées reçues! Raison pour laquelle il est important de développer encore plus la recherche, et notamment les bases de données.»

Ecoinvent, la plus connue de ces bases, recense 10 000 types de produits, de l’électricité produite en Suisse, à l’aide de panneaux photovoltaïques comme de centrales à gaz, à toutes sortes de matériaux, produits chimiques, denrées agroalimentaires – généralement des produits non finis que l’on retrouve à différentes étapes de la chaînede production. «Ces données sont modélisables. Nous savons qu’une pièce venant de Chine a parcouru en moyenne 20 000 km en bateau, ensuite 1500 en camion; nous optons pour un taux de charge moyen. Nous n’allons pas vérifier si telle pièce a réellement voyagé 1500 km en camion et quels étaient son taux de charge et sa consommation sur ce trajet-là. Ce ne serait pas pertinent.» Et de rappeler qu’il est par contre possible, s’il apparaît que telle partie du trajet ou telle pièce ont un impact important dans le bilan, de chercher des données plus précises sur un point ou un autre.

User, c’est bon pour la planète Voilà exactement le type de procédé que Lucien Willemin met en doute: «Comment peut-on affirmer que des données pareilles sont fiables? Comment peut-on imaginer pouvoir chiffrer la pollution chimique des sols, des eaux et toutes ses interconnexions à long terme ainsi que ses conséquences pour la santé et les écosystèmes? La question du vivant ne se résume pas à des chiffres», insiste-t-il. Pour lui, le problème qui se pose aujourd’hui est celui de la cadence de renouvellement des objets. «Elle est telle que, aujourd’hui construire c’est détruire! En quelques heures, on effectue un travail qui nécessitait des semaines auparavant. La quantité devient un problème. La nature n’a plus le temps de se régénérer. User les objets que nous avons entre les mains, les faire durer le plus longtemps possible en en prenant soin et en les réparant est notre meilleure chance de nous en sortir.» Loin d’inviter les citoyens à consommer durable ou vert, son livre les incite donc plutôt à s’interroger sur leur façon de consommer tout court et à la remettre profondément en question. De ce point de vue, il est logique d’user sa vieille voiture jusqu’à la corde. Yves Loerincik partage ce point de vue pour de nombreux produits, mais pas pour le cas particulier d’une voiture, dont l’impact principal provient de la consommation

A quoi sert l’analyse de cycle de vie? fotolia

d’autres indicateurs comme la santé humaine et les écosystèmes. C’est indispensable, et surtout, selon les cas, certains sont plus pertinents que d’autres.» Ce sera ainsi le cas pour les impacts sur la biodiversité dans une étude sur la production agricole.

Prenons l’exemple d’un fabricant de voitures. Une telle analyse lui permettra de mettre en évidence les paramètres sur lesquels agir pour produire un véhicule ayant le plus faible impact possible sur la nature. «Tant que la consommation dépassera les trois ou quatre litres aux 100 km, celle-ci restera une priorité», résume Yves Loerincik, directeur de Quantis. Grâce à ces bilans, on peut aussi comparer des scénarios et déterminer si un véhicule électrique est écologiquement plus intéressant qu’un modèle à essence dans la mesure où, certes, il ne produit aucune émission directe, mais utilise de l’électricité et des batteries pour rouler.

de carburant. «Grosso modo, dès que l’on peut économiser au moins 2 l par 100 km, mieux vaut changer de véhicule. Cela permet de réduire les émissions de CO2, d’économiser l’énergie, mais aussi de réduire la pollution émise au pot d’échappement, comme par exemple les particules fines.» Il concède tout de même que, pour économiser le pétrole, l’attitude la plus écolo consiste à laisser sa voiture au garage. «Il est évident que l’utiliser en ville constitue un non-sens, complète Yves Loerincik. Cela occupe énormément de place, les impacts sur la santé y sont les plus importants, on perd du temps. Par contre, envisagé en combinaison avec les transports en commun lorsque l’on habite en zone rurale, elle devient indispensable.» Et cette fois, ce n’est pas Lucien Willemin qui lui donnera tort: pour donner ses dernières conférences à Lausanne, il a pris... sa (vieille) voiture. La faute aux correspondances pour La Chaux-de-Fonds, inexistantes passé 22 h 45. E

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VIVRE Sophie Kellenberger

Pour que la planète survive à votre jardin

Que vous ayez quelques pots ou des hectares à entretenir, des gestes simples peuvent éviter d’utiliser trop d’engrais ou de pesticides, au profit de la faune et de la flore. Voici les réflexes à adopter, selon les conseils de Stéphane Krebs, maître paysagiste et président de l’association professionnelle JardinSuisse Vaud. 6 0 | E F F I C IEN C E 21 | é t é 2 014

Sophie Kellenberger

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uelle est la place laissée à la nature dans votre jardin ? Question singulière. Et pourtant, faute de temps, de patience et d’observation, nos gestes peuvent nuire à l’environnement. Quelques pratiques de bon sens permettent pourtant de favoriser la biodiversité. Stéphane Krebs n’envisage pas le jardin comme une zone de combat, mais comme un fragile équilibre. Sa méthode? «Y installer un banc, pour s’arrêter et prendre le temps d’observer ce qui se passe sous nos yeux. Si la diversité biologique est déjà là, alors pas de souci, restez assis: l’équilibre du jardin continuera tout seul.» Mais si rien ne se passe, inquiétezvous… et lisez ce qui suit.

Récolter l’eau de pluie «Récolter les eaux pluviales pour arroser ses cultures, c’est le premier geste que je propose à mes clients soucieux de préserver l’environnement», explique Stéphane Krebs. Un acte très facile et qui permet, selon le nombre de cuves disposées, par exemple au pied des gouttières de la maison, de stocker plusieurs centaines de litres d’eau de pluie.

Tondre une fois par mois Un gazon très court et uniforme nécessite souvent beaucoup d’eau, des herbicides sélectifs, des engrais et des traitements


antimousse. Ces produits s’infiltrent dans le sol avec la pluie et l’arrosage, contaminant de fait cours d’eau et nappes phréatiques. Stéphane Krebs propose de «renoncer aux nombreuses tontes, les réduire à une par mois et préférer un gazon fleuri». La hauteur de la coupe est également importante. Plus elle est haute, plus le gazon sera résistant. Une pratique qui permet aussi à la terre de conserver sa fraîcheur et donc de réduire les besoins en arrosage. «Des arrosages plus espacés mais copieux, comme lors d’orages, favoriseront un enracinement plus profond, rendant la pelouse plus résistante à la sécheresse, à la pluie abondante, au froid, aux attaques de parasites ainsi qu’aux maladies.» Si vous souhaitez éviter la mousse, scarifiez le sol en automne puis utilisez des engrais naturels organiques, si nécessaire avec du compost. PUBLICITÉ

Limiter l’emploi de pesticides Destinés à lutter contre les maladies, pourritures, araignées ou mousses, ils contaminent les nappes phréatiques et les cours d’eau, tuant au passage différents auxiliaires comme les coccinelles qui pourraient s’attaquer aux ravageurs tels que les pucerons. Un traitement préventif empêche donc toute régulation naturelle de s’installer. Depuis 2001, le désherbage par herbicide des allées, des chemins, des parkings et de leurs bordures est d’ailleurs interdit chez les particuliers. «Si le besoin est réel, il faut opter pour des produits d’origine naturelle, recommande Stéphane Krebs. Au potager, renoncez aux pesticides et utilisez des plantes qui repoussent certains ravageurs. Si c’est insuffisant, choisissez des produits de traitement biologiques agissant de manière ciblée.»

Un héritage naturel à préserver La Confédération attribue à notre société une responsabilité éthique et morale s’agissant du maintien de la biodiversité, seule garante des espèces et des écosystèmes. On compte aujourd’hui, sur terre, entre dix et vingt millions d’espèces différentes. Elles constituent l’héritage naturel, sans cesse menacé, légué aux générations suivantes. Soit, en plus des diversités esthétiques, une réserve de variables génétiques permettant à toutes formes de vie de s’adapter aux modifications environnementales à venir. Infos: www.sib. admin.ch


Vivre

biodiversité Privilégier les variétés résistantes

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Elle écoute pousser les fleurs Madeleine Chalon est une passionnée des jardins. Chez elle, pas de pesticides. Elle confie, presque gênée avoir acheté, il y a plusieurs années, un paquet d’engrais – pas encore entamé –, dont elle n’a toujours pas trouvé l’utilité. Pour le traitement de ses rosiers, elle utilise du savon noir et ne traite absolument rien par ailleurs. Dans son jardin, la biodiversité se propage à la vitesse des mauvaises herbes et pourtant aucune d’entre elles n’y pousse! Et pour cause, tous les petits branchages du lieu sont broyés et les copaux sont étendus aux pieds de ses plantations. Une technique qui permet aussi de conserver l’humidité et de limiter l’arrosage. Pour l’irrigation justement, grâce à trois cuves disposées au pied des gouttières de sa maison, elle parvient à stocker, presque en permanence, 1200 l d’eau de pluie. «Pour favoriser les insectes, outre quatre hôtels, je laisse une surface où je ne passe pas la tondeuse.» Et lorsque l’amatrice des jardins laisse aller son imagination, elle se transforme en architecte prodigieuse. Sur ses quatre hôtels à insectes, trois sont faits maison. «Les deux premiers jours, généralement personne ne vient les coloniser», a-telle observé. «Ensuite, les choses s’accélèrent! Après être entrés et sortis de nombreuses fois, ils s’y installent en marche arrière pour poser leurs œufs. Les abeilles y ajoutent du miel avant de fermer. Quant aux guêpes, elles prennent soin d’accompagner chaque œuf d’une araignée qui servira de premier repas.» Ces hôtels peuvent être réalisés en divers matériaux. Si vous optez pour du bois, préférez du mélèze, du douglas ou du châtaignier, des essences suffisamment résistantes. Dans le meilleur des cas, ils doivent être orientés au sud ou au sudest, face au soleil, non loin d’un parterre de fleurs sauvages qui serviront de garde-manger.

Question de bon sens, «pour éviter les traitements, la réflexion devrait se faire en amont en choisissant, par exemple pour les rosiers, des variétés anciennes, plus résistantes aux maladies et aux ravageurs que les variétés purement horticoles, issues de croisements, préconise Stéphane Krebs. Les associer à la lavande, au romarin, à la ciboulette permet d’éviter des attaques trop rapides de pucerons.»

Planter une haie mélangée Pour favoriser la variété des espèces vivantes, un seul mot d’ordre: la diversité. L’idéal est de planter un mélange d’arbustes sauvages indigènes dont la variation des feuillages, des fleurs et des parfums ravira l’ensemble des occupants du jardin. Les haies de buis, ifs, houx, troènes, charmes et hêtres offrent un très bon écran

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Protéger hérissons et oiseaux

Sophie Kellenberger

La survie du hérisson est intimement liée à l’existence de haies. Mais lorsque ces barrières végétales sont trop hermétiques, il emprunte les routes et risque de se faire écraser. Pour le préserver, laissez ou créez, avec le jardin voisin, un passage d’au moins douze centimètres de hauteur sous la barrière ou le treillis. Et pour ne pas

déranger les oiseaux en train de nicher, il faudrait éviter la taille entre mars et septembre et penser à préserver les baies et les petits fruits.

Laisser des petits tas de bois Pour Stéphane Krebs, «le nord du jardin est l’endroit idéal où créer des tas de bois ou de branchages qui permettront d’accueillir la petite faune ou des insectes. Car c’est un espace plutôt à l’ombre, plus frais et où l’on ne se tient pas forcément.» Quant aux feuilles mortes, laissées par terre, elles offriront aux hérissons l’occasion de construire un igloo où passer l’hiver.

Prendre garde à la piscine-tombeau Une piscine peut être fatale aux mammifères et amphibiens qui s’y élancent en croyant avoir à faire à un plan d’eau naturel. Pour éviter les problèmes, disposez une planche non glissante qui permet à la petite faune de ressortir de l’eau. E Vanina Moreillon

visuel. Quant aux cornouillers, viornes, noisetiers et prunelliers, ils produisent des fruits dont certains sont consommables par les humains. Une haie non uniforme fleurit à différents moments de l’année, produisant des fruits et des graines pour nourrir la petite faune en hiver et attirer les oiseaux et les papillons en été. «Pour favoriser la biodiversité, laissez pousser une bande d’herbe le long d’une haie et tondez-là seulement après avoir vu s’épanouir les fleurs», conseille aussi Stéphane Krebs.

Prévoir des nichoirs «Chaque fois que cela est possible, il faudrait installer deux ou trois nichoirs pour les petits oiseaux de la famille des passereaux, comme les mésanges, verdiers, rouges-gorges, sitelles, grimpereaux, ou rouges-queues noirs. Pour un jardin de mille mètres carrés, deux nichoirs suffisent», conseille Stéphane Krebs. Les jeunes merles qui sautent du nid en sachant à peine voler ont quant à eux besoin de vieilles branches basses sous lesquelles se cacher durant la période où leurs parents les nourrissent au sol.

Lausanne côté jardin Depuis l’an 2000, les parcs lausannois ont changé radicalement. Les pelouses ne sont plus tondues ras, tandis que les quantités d’engrais et d’herbicide ont drastiquement diminué. C’est là une conséquence de l’«entretien différencié» qui consiste à ne plus considérer les espaces verts d’une ville comme un tout à entretenir de manière standardisée, mais plutôt comme un ensemble d’espaces différents ayant à communiquer entre eux selon leur vocation et leur esthétique. L’objectif est d’intégrer les différentes zones naturelles à un réseau biologique facilitant la circulation d’une grande diversité d’espèces. A titre individuel, sur son balcon, Stéphane Krebs préconise «de semer, dans un grand pot, des fleurs sauvages, de prairies, indigènes ou mellifères afin d’attirer des insectes, notamment les abeilles qui pourront prélever le pollen puis le transporter de plantes en plantes, pour que la pollinisation ait lieu». A noter que pour lutter contre la disparition des abeilles, les apiculteurs misent de plus en plus souvent sur les ruchers installés en pleine ville, loin des zones agricoles traitées de façon intensive et avec des produits dangereux.

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Vivre xxx

vacances

Le créneau vert pousse bien Rien n’échappe à la vague écolo responsable. Pas même les vacances. Le souhait d’un tourisme différent, plus respectueux de l’environnement, plus durable, s’affirme très nettement comme une nouvelle tendance porteuse. patricia bernheim

L

e point commun entre des vacances au Canada à pratiquer de l’héliski, un séjour club à Phuket, une croisière aux Antilles et du camping-car aux EtatsUnis? Ces quatre destinations figurent parmi les quinze voyages les plus fréquemment entrepris par les touristes suisses. Elles sont aussi toutes en tête du classement établi par le WWF en termes d’empreinte écologique. Car si les séjours lointains laissent à coup sûr des souvenirs durables, ils sont également responsables d’émissions record de gaz à effet de serre tout aussi persistantes. Les trajets longue distance en avion ne représentent ainsi que 3% des voyages, mais génèrent un cinquième environ des rejets ayant une incidence néfaste sur le climat. Le choix du mode de transport et de la destination revêt donc une importance déterminante. A cela

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s’ajoute, sur le lieu de villégiature, les ravages générés par le tourisme de masse: pollution, dégâts écologiques, plages défigurées et hérissées d’hôtel, problèmes liés à l’eau.

Un intérêt croissant Une autre demande, liée à la crise économique et à la prise de conscience écologique, a toutefois commencé à émerger il y a quelques années. «L’intérêt des touristes suisses et d’Europe de l’Ouest pour un tourisme vert est toujours plus important», confirme Véronique Kanel, porte-parole de Suisse Tourisme. La tendance est sortie du marché de niche et ne cesse de croître sous des noms aussi divers que tourisme durable, responsable ou vert. Sans surprise, l’antidote aux ravages du tourisme de masse, ce sont les vacances… en Suisse ou dans les pays voisins, puisque plus proche est la destination, plus la consommation d’énergie et les émis-

sions de CO2 sont faibles. Suisse Tourisme observe ainsi que les Suisses, qui voyagent beaucoup, fractionnent de plus en plus leurs vacances et choisissent aussi des destinations plus proches, qui ne nécessitent ni de prendre l’avion ni même d’utiliser une voiture. Avec son réseau ferroviaire dense, la Suisse se positionne très bien en offrant une alternative à la voiture. Le pays a d’autres attraits verts à découvrir à pied, à vélo, en VTT, en roller ou encore en canoë, grâce au développement des itinéraires de randonnées Suissemobile ou des parcs naturels régionaux créés dès 2008 dans le respect du développement durable.

Voyager autrement De son côté, l’univers du tourisme multiplie les propositions pour voyager autrement, sans nuire à l’environnement, pour contribuer au développement de l’économie locale


et pour resserrer les liens sociaux. «En 2008, les responsables touristiques des différentes régions de Suisse, ainsi que les associations faîtières ont signé une charte du développement durable du tourisme suisse pour s’engager à soutenir des initiatives de sensibilisation au développement durable de leurs employés, de leurs membres et partenaires», souligne la porte-parole de Suisse Tourisme. Ainsi, les auberges de jeunesse suisses, fer de lance du développement durable, sont labellisées Minergie ou Minergie Plus. D’autres labels signalent les établissements sensibles à l’environnement tels qu’Ibexfairstay – le label de développement durable leader en Suisse – l’Eco-Label de l’Union Européenne – le seul reconnu dans toute l’Europe pour les entreprises de l’hôtellerie et de la parahôtellerie – ou encore l’américain Green Globe qui recense des offres dans le monde entier.

A l’étranger aussi Porte-parole du voyagiste Kuoni, Julien Chan souligne lui aussi l’immense intérêt des clients pour des vacances vertes et durables. «Près de 80% d’entre eux pensent que voyager autrement est important. Un tiers d’entre eux est prêt à payer plus si les exigences en matière de développement durable sont remplies, mais souhaitent d’abord être informés sur les activités et les exigences. Moins de 5% font la demande express d’un voyage vert et durable.» A l’instar d’autres agences de voyage, Kuoni collabore avec l’organisation de protection climatique myclimate qui permet de s’acquitter d’une taxe carbone utilisée pour développer des projets durables (reforestation, énergie renouvelable, etc.) dans le monde. Les hôtels sont évalués grâce au label Travelife. Le voyagiste a également signé le Code of Conduct for the Protection of Children from Sexual Exploitation in Travel and Tourism qui l’engage à agir de manière préventive pour empêcher la prostitution enfantine. Enfin, depuis trois ans, il propose ananea, une ligne de produits durables, la toute première offre de voyages certifiée Fair Trade Travel (FFT) au monde. Quantité de petites agences se sont quant à elles spécialisées dans le créneau de l’écotourisme à des niveaux et sous des formes différentes mais avec toujours la même philosophie: ne plus faire du tourisme n’importe comment, mais voyager autrement en conciliant plaisir et respect de la planète et des hommes. E

cinq idées de tourisme alternatif Séjour à la ferme Entre ses lacs, ses cours d’eau et ses paysages aussi diversifiés que ceux du Jura, du Plateau et des Alpes, la Suisse représente un paradis pour le tourisme rural. De multiples formes d’hébergement et d’activités sont proposées aux amateurs de campagnes et d’alpages dans les exploitations agricoles. www.tourisme-rural.ch (ou www.eurogites.org pour l’Europe)

Du VTT dans les Alpes La première partie du Valais Alpine Bike est identique à la course de VTT légendaire du Grand-Raid de Verbier à Grimentz, le marathon le plus ancien et l’une des plus impressionnantes et des plus prestigieuses courses de VTT des Alpes. Le trajet dégage sans cesse la vue sur les sommets de plus de quatre mille mètres les plus connus de Suisse, du Grand Combin au Weisshorn en passant par le Matterhorn. www.mountainbikeland.ch Sur les traces de Tolkien Fan du Seigneur des Anneaux? Alors marcher sur les traces du jeune Tolkien et découvrir les lieux qui l’ont inspiré pour l’écriture de sa saga mythique devrait vous passionner. Au programme: 5 à 15 km de marche par jour (de Lauterbrunnen à Zermatt en passant par Grindelwald et Belalp) et hébergement en hôtels et cabanes de montagne. www.latracebleue.ch

Ballades avec des lamas Un petit air andin souffle sur le Val d’Anniviers grâce à des promenades dépaysantes au milieu de la montagne et à la compagnie de lamas qui portent les bagages. Si ces créatures n’ont guère séduit le capitaine Haddock, elles n’en sont pas moins attachantes, gracieuses et étonnantes. Les nuits se passent à l’hôtel Aux Mille Etoiles. www.swiss-alpine-emotion.com Excursions en roulotte Une roulotte tzigane entièrement équipée et tirée par un cheval, des repas au feu de bois et des nuits à la belle étoile, dans la paille ou une chambre d’hôte: une expérience à vivre dans le Jura et les Franches-Montagnes en suivant des itinéraires proposés à la carte. www.juraloisirs.ch

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Vivre

Nettoyer avec de l’eau et du sel

Ecolo et Cent fois plus puissant que la Javel Sommes-nous à l’aube d’une révolution mondiale dans le secteur du nettoyage? Basée dans le canton de Vaud, une jeune entreprise a élaboré une technologie permettant de produire du détergent et du désinfectant uniquement à base d’eau, de sel et d’électricité.

Remplacer 80% des produits de nettoyage

de sodium (sel de table), en oxygène et en eau. «Nos solutions ont une efficacité si surprenante qu’elles rendent au premier abord nos utilisateurs dubitatifs», observe Lyad Musa. «Les 80% des produits de nettoyage actuels peuvent être remplacés par du sel et de l’eau! Seul le calcaire se refuse à céder», ajoute-t-il. «La difficulté est de convaincre les gens qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un tensioactif, un produit moussant, pour enlever la graisse», explique Willy Pomathios, son associé. Démonstration: sur une table vernie il dépose quelques gouttes d’huile. Quelques secondes après avoir pulvérisé le détergent, les molécules se figent. Le coup de chiffon est fatal. Interrogés, les utilisateurs sont tous convaincus. La machine permettant de fabriquer soi-même les solutions nettoyantes – qui fonctionne avec l’eau du robinet – vaut 333 francs (14 999 francs pour un usage professionnel). Chez MPM facilities, une société de nettoyage genevoise, José Planas confirme que 80% de leurs produits ont pu être remplacés par cette nouveauté. Pour ce professionnel, cela répond à une demande de la clientèle de travailler avec des substances écologiques. «Nos produits offrent en outre une sécurité, notamment pour les crèches où nos employés ont toujours la hantise d’oublier des

L’entreprise basée à Prangins vient de déposer sa marque. L’invention utilise une pratique connue depuis deux cents ans: l’hydrolyse. Avec, au final, un produit 100% biodégradable, de l’hypochlorite de sodium qui se transforme rapidement après utilisation. La réaction principale est une oxydation qui entraîne sa décomposition en chlorure

A l’échelle du canton de Vaud, ces solutions permettraient d’éviter 15 millions de litres de produits chimiques chaque année.

Sophie Kellenberger

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n 2008, une pollution à la Javel utilisée pour nettoyer un toit tuait totalement la faune et la flore du ruisseau du Curbit, à Morges, sur 300 m de long. Selon l’Office vaudois de l’environnement, «sur plus de 100 000 substances synthétiques qui existent aujourd’hui, certaines sont suspectées de perturber les cycles hormonaux des être vivants.» Si les concentrations trouvées dans le Léman sont en dessous des normes légales, la sagesse voudrait que ces micropolluants ne soient plus présents du tout. A ce jour, nous en rejetons tous quotidiennement dans les eaux usées au travers notamment des produits de nettoyage. Une alternative existe pourtant, qui plus est accessible au grand public. «Nous avons conçu un détergent et un désinfectant cent fois plus puissant que l’eau de Javel et ce, uniquement à base d’eau et de sel. En plus, nos produits ont l’avantage d’avoir un pH neutre.» Preuve à l’appui de sa non-nocivité, le cofondateur et directeur d’aquama®, Lyad Musa, pulvérise le produit dans sa bouche. «A l’échelle d’une région comme le canton de Vaud, nos solutions permettraient d’éviter 15 millions de litres par année de produits de nettoyage chimiques.»

flacons de nettoyage. Idem pour les brûlures, inhalations de vapeur ou éclaboussures dorénavant inexistantes», ajoute José Planas.

En test pour les hôpitaux Ravi aussi, l’aéroport international de Genève qui s’est équipé de quatre machines. «En un an, nous avons réduit de moitié le budget des produits de nettoyage», observe Giuseppe Placa, chef du service Prestations d’entretien. Après cinq mois de tests, Frédéric Perrin, en charge de l’entretien de la Commune de Renens, a quant à lui réussi à convaincre la Municipalité de faire l’acquisition d’une machine, faisant de cette ville une pionnière en la matière. EMS, cabinets de dentistes, gynécologues: nombreux sont également ceux qui utilisent

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Rester indépendants De l’étranger, en revanche, les appels du pied sont nombreux. Les deux entrepreneurs rentrent tout juste des Emirats où ils ont été invités par des investisseurs. «Nous avons reçu des propositions pour nous installer PUBLICITÉ

Fotolia

aujourd’hui les solutions aquama® dans le secteur de la santé. Dans les hôpitaux qui les ont adoptées, seules les salles d’opérations et les chambres des patients ne sont pas encore nettoyées avec ces produits. Mais ce n’est qu’une question de temps: les tests sont en cours pour recevoir l’aval de l’Office fédéral de la santé publique. Des vérifications en laboratoire que l’entreprise se permet au compte goutte car elles sont très onéreuses. Et la société est entièrement autofinancée. «Nous aurions certes besoin de soutien financier mais surtout d’un appui politique pour nous faire connaître sur le marché, affirme Lyad Musa. Les lobbys des fabricants de produits chimiques sont très puissants et sont même parvenus à faire annuler des rencontres avec des représentants des pouvoirs publics.»

Les produits aquama® ne sont néfastes ni pour l’homme, ni pour l’environnement.

chez eux. Mais nous souhaitons plutôt rester en Suisse et conserver la majorité de nos parts», souligne Lyad Musa. Ils ont par ailleurs reçu beaucoup d’offres de rachat mais les ont jusqu’à présent refusées car ils estiment leur modèle d’affaire durable. «Etre rachetés par le lobby des fabricants de pro-

duits de nettoyage qui préférerait certainement mettre notre découverte dans un tiroir et continuer à faire de l’argent avec leurs substances polluantes serait pour nous la pire des choses, explique Lyad Musa. Nous sommes prêts à nous battre pour les générations futures.» E


shopping

la sélection d’efficience 21

Dans l’air du temps Au mois d’avril dernier, le Salon international du meuble de Milan a décliné un art de vivre recentré sur l’essentiel. La tendance se fait nomade, facile d’utilisation. Attentive au développement durable, elle se fait aussi matière première, avec toujours plus de bois massif et de marbre. Des émotions bientôt disponibles sur le marché. viviane scaramiglia

TROMPE-L’ŒIL

Une simplicité formelle qui laisse la vedette aux grains de bois de diverses espèces, imprimés sur la surface. Print de Nendo. www.nendo.jp

AéRIEN

Fasciné par la beauté naturelle et la fluidité du verre, Emmanuel Babled a soufflé avec esprit les objets de sa collection Prime Matter pour Secondome. Edition limitée. www.secondome.eu

GONFLé

Avec les panneaux solaires posés à son sommet, le Parasol Cumulus du Studio néerlandais Toer, s’ouvre automatiquement avec le soleil. Il se dégonfle lorsque le soleil disparaît, mais peut aussi être refermé par un interrupteur. www.studiotoer.com

MOBILE

En chêne massif, la table futée de la designer russo-new-yorkaise Lera Moiseeva se déplace grâce à son plan auxiliaire équipé d’une roue. Dot, Casamania, www.casamania.it

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MODULABLE

Des troncs en bois massif assemblés par un système magnétique qui permet très simplement d’adapter la forme du modèle de table basse ou de composer plusieurs îlots. Multiple, Studio Raphaël Charles. www.raphaelcharles.com

éLéMENTAIRE

Conçue par le collectif lausannois Big Game, la Castor en chêne possède une structure presque élémentaire, confortable et empilable. Karimoku New Standard. www.karimoku-newstandard.jp

éPURé

Des matériaux durables novateurs avec ces sièges SU en béton écologique, en version polyéthylène recyclé ou en chêne massif provenant de vieux bâtiments américains. Pieds en alu recyclé. Design Nendo pour Emeco. www.emeco.net

ORGANIQUE

Entrelacs aux courbes naturelles pour ce fauteuil «nid» entièrement en hêtre massif naturel. Coussins disponibles en diverses couleurs. Nest, design Markus Johansson pour Mogg. www.mogg.it

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partenaires spĂŠcialistes minergie Source: Minergie

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PoĂŞles/cheminĂŠes

Architecte

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Planificateur en ĂŠnergie

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Planificateur en ĂŠnergie

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Architecte

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Architecte

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Energie et Techniques du bâtiment

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Physique du bâtiment

Planificateur en ĂŠnergie

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Charpente-menuiserie

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Construction en bois

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PoĂŞles/cheminĂŠes

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à ne pas manquer DR

Solar Decathlon

Agenda

Lausanne Jardins

Solar Decathlon

Les jardins ont atterri en ville! La cinquième édition de la manifestation organisée dans la capitale vaudoise est en effet intitulée «landing». Vingtsix emplacements du centre-ville ont été recouverts d’installations végétales et de nombreuses animations pour petits et grands auront également lieu tout au long de l’été. De quoi redécouvrir le paysage urbain sous une déferlante de verdure. Lausanne, jusqu’au 11 octobre, www.lausannejardins.ch

Construire et moderniser

EuroSun

Le plus grand salon suisse de la propriété rassemblera les principaux partenaires de la construction et des bureaux d’architectes. L’occasion pour les visiteurs de glaner de nombreux conseils pour leurs projets immobiliers, qu’il s’agisse d’acheter un terrain, de faire construire une maison ou de réaménager son habitation. Zurich, du 4 au 7 septembre www.bauen-modernisieren.ch

Des scientifiques, ingénieurs, architectes et représentants de l’industrie et du secteur des affaires sont attendus pour échanger sur le thème de l’énergie solaire. Plusieurs événements parallèles auront également lieu afin de favoriser le réseautage économique, scientifique et technologique autour des tous derniers développements dans le domaine du solaire et des technologies de construction. Aix-les-Bains (F), du 16 au 19 septembre www.eurosun2014.org

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C’est dans la cité du Roi Soleil qu’a lieu cette année la compétition de l’habitat durable. Vingt équipes s’affronteront ainsi autour de la conception et de la construction d’une maison solaire autonome en énergie. La compétition se déroulera sur le site de 10 ha des Mortemets, où les habitations imaginées seront construites à taille réelle. Versailles (F), du 28 juin au 14 juillet www.solardecathlon2014.fr

HYDROcontest

Salon Intelligent Building Systems

Imaginer le bateau le plus rapide et le moins gourmand en énergie: voilà le défi lancé en septembre 2013 par la société suisse Hydros – qui a notamment conçu Hydroptère.ch, le célèbre bateau-laboratoire volant – aux participants du premier concours étudiant éco-responsable. Des équipes venant d’universités du monde entier viendront présenter leurs bateaux sur les rives du lac Léman. Une fourmilière de talents venus des quatre coins du globe, avec pas moins de sept nationalités représentées. Lausanne, du 23 au 27 juillet, www.hydros.ch

Un salon unique en son genre, entièrement dédié aux systèmes intelligents pour la performance des bâtiments. Systèmes hétérogènes, connectivité, protocoles de mesures et d’inter-opérabilité, voici quelques unes des thématiques qui seront abordées. Et parce qu’un bâtiment doit non seulement être intelligent mais aussi performant en terme d’efficacité énergétique et technologiquement en avance pour prévenir les contraintes du futur, IBS fait également la part belle au MtoM et au SmartGrid. Paris, les 24 et 25 septembre www.ibs-event.com

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Réagir, assainir et profiter – maintenant! Le numéro de téléphone le plus chaud pour l’assainissement de votre chauffage:

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