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Efficience 21 dossier
société
quel avenir pour les transports urbains ?
les déchets, c’est de l’énergie !
Conseils
choisir son système de chauffage
énergies renouvelables
le stockage, un enjeu majeur
Se rejoindre ... le temps d’un rendez-vous d’affaires. Place St-François, Lausanne Jeudi 14h03
ÉDITO
impressum Inédit Publications SA Avenue Dapples 7, CP 900, 1001 Lausanne info@inedit.ch, www.inedit.ch EFFICIENCE 21 est un magazine consacré à l’efficience énergétique, il paraît quatre fois par an. Tirage 25 000 exemplaires Directeur de publication Thierry Vial thierry.vial@inedit.ch
Retour vers le futur
Rédacteurs Stéphanie Milliquet, Sophie Kellenberger, Adeline Vanoverbeke, Vincent Michoud, Marie-Hélène Morf, Patricia Bernheim, Monique Chevalley, Sylvie Ulmann, Laetitia Wider, Ludmila Glisovic, Henry Plouïdy, William Türler, Paul Denuault Mise en page Maeva Kühnel, Pénélope Schori Infographies et illustrations Clémence Anex Correction Adeline Vanoverbeke, Virginie Jaton Image de couverture Christophe Bogaert (barrage d’Emosson) MARKETING Chef de projet Quentin Riva quentin.riva@inedit.ch PUBLICITÉ Serge Weygold 021 695 95 82, serge.weygold@inedit.ch Serge Bornand 021 695 95 67, serge.bornand@inedit.ch Matériel/impression 021 695 95 95, admin@inedit.ch Société éditrice Gassmann SA Längfeldweg 135, 2504 Bienne Impression Courvoisier-Attinger, Arts Graphiques SA Chemin du Long-Champ 135, 2501 Bienne
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D
es véhicules filant à toute vitesse sur des rails suspendus, des navettes automatiques, des voitures volantes: elle en jetait la mobilité urbaine de l’an 2000 dans les scénarios de science-fiction du XXe siècle! Quatorze ans après le changement de millénaire, la réalité est bien plus terre à terre. Engorgement du trafic routier, saturation des transports en commun aux heures de pointe… Depuis la fin des années soixante, les trafics voyageurs et marchandises ont été multipliés par quatre en Suisse. Et aucun néo-véhicule ni mode de propulsion alternatif n’a encore véritablement décollé.
Pourtant, afin que le scénario d’une mobilité durable tienne la route, les citoyens ne doivent pas faire de la figuration mais en devenir les acteurs.
EfficiEncE 21 DossIER
des objets conçus pour ne pas durer ?
partager, c’est bon pour La pLanète !
Il y a tout même un peu de Star Trek dans la mobilité de 2014, une manière de rejoindre instantanément l’autre bout du monde, grâce aux formidables systèmes de communication à distance. Des téléporteurs zéro embouteillage.
Et demain? Sous l’impulsion des collectivités publiques régionales, les déplacements urbains font l’objet de mutations profondes (lire le dossier page 30). Redéfinis par les plans et schémas directeurs, ceux-ci n’auront toutefois rien à voir avec l’univers de Flash Gordon. Pas dans les décennies qui viennent en tout cas. Afin de remettre la voiture à sa juste place, on y voit même le grand retour du tramway et de la bicyclette. Un peu old school la mobilité du futur! D’aucuns diront en outre que les automobilistes ne sont pas encore prêts à abandonner leur véhicule pour frôler leurs congénères dans les transports publics – fussent-ils à «haut niveau de service» –, ni à avancer à la force des jarrets.
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ENQUêTE
Sous le slogan «Nos rues, notre choix», la treizième Semaine européenne de la mobilité qui vient de s’achever (lire page 67) a ainsi permis au grand public de voir la ville sous un autre angle, et de manifester son intérêt pour des mesures favorisant une meilleure qualité de vie en milieu urbain. Et tant pis si mobilité douce et report modal laissent les férus de science-fiction sur le bord du chemin.
MobILITÉ
Le point sur Les bornes de recharge éLectrique
élodie maître-arnaud rédactrice en chef
Abonnez-vous! CHF 20.– par année pour 4 numéros, y compris un accès gratuit à l’édition iPad du magazine enrichie de différentes vidéos. Pour cela, il vous suffit d’envoyer un e-mail, fax ou courrier avec vos coordonnées aux adresses et numéros suivants:
INTERvIEw
RéintRoduiRe le vélo en ville
E-mail: efficience21@inedit.ch | Fax: 021 695 95 50 Adresse: Efficience 21 c/o Inédit Publications, Avenue Dapples 7, Case postale 900, 1001 Lausanne
vanina moreillon
RÉDACTION Rédactrice en chef Elodie Maître-Arnaud elodie.maitre-arnaud@inedit.ch
SOMMAIRE No 12 | Automne 2014 30 DOSSIER Avenir des transports urbains
Dossier
CLEANTECH
30 Mobilité Comment se déplacera-t-on dans la ville de demain?
56 Promouvoir les compétences suisses Greenled et Eneftech
RECHERCHE
MOBILITÉ
38 Efficacité énergétique Comprendre l’effet rebond
58 Actualité et brèves
40 Panneaux solaires Un nouveau revêtement plus stable 41 Construction Bilan CO2 du ciment amélioré 42 Mobilité Navigation à l’hydrogène
SOCIÉTÉ 44 Gestion des déchets Les incinérateurs sont aussi des centrales énergétiques
ACTUEL 04 En images Le Parc national suisse a cent ans 07 Actualité et brèves 16 Interview Thomas Justus Schmidt: «Le stockage d’énergie devient indispensable»
48 Interview «Il faut ré-enchanter l’écologie»
62 Bornes de recharge Le réseau vert de Viteos 63 Voiture autonome Questions autour de la Google Car 64 Véhicules au gaz Tordre le cou aux idées reçues 67 Un événement qui roule La Semaine européenne de la mobilité
71 VIVRE densification réussie à aarau
52 Enquête L’efficience énergétique pour les locataires 54 Portrait La démarche verte d’une régie genevoise
ÉNERGIES 22 Labels énergétiques Un nouveau standard suisse voit le jour 24 Biogaz Un Suisse installe des unités en Haïti 26 Chauffage Comparer les systèmes en un clin d’œil 28 Carburant Une station-service agricole dans le canton de Lucerne 29 Solaire Mesurer l’impact architectural 38 Recherche d’une installation COMPRENDRE l’effet rebond
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VIVRE 71 Urbanisme Aarau obtient le Prix Wakker 2014 74 Reportage Une maison communautaire à Grandvaux 76 Expérience Notre journaliste teste la vie zéro déchet 80 Agenda
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ACTUEL
Cent ans Le Parc national suisse a été inauguré le 1er août 1914 en Engadine (GR). Il fut à l’époque le premier de son genre à voir le jour dans les Alpes et aussi le premier modèle d’un espace naturel protégé géré selon des principes scientifiques. Véritable laboratoire naturel en plein air, il a conservé sa mission de terrain de recherche, complétée au fil du temps par celle de l’information du public. De 1380 à 3173 m d’altitude, sur une superficie totale d’un peu plus de 170 km2, le parc abrite 30 espèces de mammifères et 100 espèces d’oiseaux, parmi lesquels le cassenoix moucheté, son emblème. Il compte également 5000 espèces d’invertébrés et quelque 650 espèces végétales. Le Parc national est depuis 1979 une réserve de biosphère de l’Unesco. Un ouvrage, Atlas du Parc national suisse – Les 100 premières années, est publié aux Editions Haupt à l’occasion de cet anniversaire. E. M.-A.
© Switzerland Tourism/BAFU – Vanina Moreillon
ACTUEL Baromètre
2000
UP
& DOWN 320 g de denrées alimentaires C’est la quantité par personne de déchets qui sont jetés chaque jour en Suisse. Deux millions de tonnes de nourriture gâchée finissent ainsi chaque année à la poubelle.
C’est le nombre de vélos électriques en circulation à Lausanne, grâce notamment aux subventions allouées par le Fonds pour l’efficacité énergétique de la Ville.
Oiseaux grillés Avec 300 000 miroirs, l’installation solaire du sud-ouest de Las Vegas est la plus grande du monde. Elle fait aussi brûler les oiseaux qui ont la mauvaise idée de la survoler. Des enquêteurs environnementaux veulent interrompre le projet d’extension tant que l’échelle du problème n’est pas connue.
100% Une île entièrement autonome en énergie El Hierro (Canaries) sera bientôt totalement verte et autonome. Une centrale hydro-éolienne y a notamment été inaugurée en juin dernier. Les voitures de cette île de 10 000 habitants devraient également passer au courant vert.
Charger en pédalant
Le vélo fixe de la firme belge WeWATT combine activité physique et production d’énergie verte. Installé dans des gares et des aéroports, il permet à ses utilisateurs d’alimenter leurs appareils électroniques à la force des mollets.
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68 milliards de dollars ont été investis par la Chine dans les énergies propres en 2012. Une somme record qui la place au premier rang mondial. Mais, bien que moins dépendante du charbon, la Chine reste le principal importateur de pétrole.
7 millions de morts à cause de la pollution C’est l’estimation de l’OMS pour 2013, soit le double par rapport à 2008. Ces chiffres confirment que la pollution atmosphérique est désormais le principal risque environnemental pour la santé dans le monde.
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VE VE Y Y VERDON CONTH E Y
ACTUEL Nouveau directeur pour l’energy Center
PERFORMANCES rubrique ÉNERGÉTIQUES Titre Texte Toitures rafraîchissantes Le concept de Cool Roof – ou toit blanc —, né aux Etats-Unis, pourrait bien arriver prochainement en Europe. Le principe? Réfléchir la lumière du soleil en peignant son toit en blanc pour économiser l’énergie liée à la climatisation et éviter les îlots de chaleur urbains en été. Déjà bien implanté outre-Atlantique, le Cool Roof a aussi séduit quelques grandes villes européennes, comme Athènes, qui s’est engagée à blanchir tous ses toits d’ici à 2020.
Quatre questions à Berend Smit Le professeur Berend Smit a repris le flambeau de l’Energy Center à l’EPFL, un établissement clé dans la perspective du renoncement au nucléaire. Il dirigeait auparavant l’Energy Frontier Research Center de Berkeley, en Californie.
par Sylvie Ulmann
Qu’est-ce qui vous a attiré à l’EPFL? Je suis Européen; la possibilité de me rapprocher de ma famille a pesé dans ma décision. Mais ce qui a surtout compté, c’est que la Suisse est l’un des rares pays à vraiment encourager la recherche. A Berkeley, la situation était plus compliquée, nous n’étions pas sûrs d’obtenir les fonds pour nos travaux. En quelques mots, quel est le rôle du centre? Nous ne faisons pas de recherche – nous ne sommes que trois ou quatre! –, notre mission est de coordonner les travaux et les cours dans
le domaine de l’énergie à l’EPFL. Nous avons notamment travaillé sur le Swiss Energy Scope, un outil internet qui permettra à chacun de se rendre compte des conséquences que peut avoir le renoncement aux énergies fossiles sur l’environnement.
Quels sont les domaines où l’EPFL est à la pointe en matière d’énergie? Je viens d’arriver; je préfère commencer par observer les choses. C’est très important, sinon je risque de passer à côté de l’essentiel. Il faudra que nous en discutions dans un an! E
C’est d’autant plus important que la question énergétique est fondamentale en Suisse. Oui, mais nous n’allons pas sauver le monde! La mission du centre consiste à identifier les domaines où l’EPFL peut faire avancer les choses. Il faudra utiliser ces connaissances pour aider le gouvernement suisse et le reste du monde à résoudre ces problèmes énergétiques.
Etiquette-énergie obligatoire pour les machines à café ménagers déjà concernés par l’étiquette-énergie et étend ses exigences aux machines à café et aux pneus. Le Conseil entend ainsi inciter les ménages à choisir les appareils les plus performants du marché et contribuer à la réduction de la consommation totale du pays: on estime aujourd’hui que l’utilisation exclusive des meilleurs produits existants permet-
Parc géant en Allemagne La Ville de Munich a annoncé son intention de construire 72 éoliennes de 100 m de haut en mer du Nord. Devisé à 9 milliards d’euros, ce projet titanesque devrait permettre d’alimenter 400 000 foyers en électricité en produisant 104 TW/h par an.
SOLAIRE
Conso
Les fabricants et distributeurs ont jusqu’au 1er janvier 2015 pour se conformer aux nouvelles règles édictées par le Conseil fédéral en matière d’efficacité énergétique. Dans le cadre d’une révision partielle de l’ordonnance sur l’énergie entrée en vigueur le 1er août, Berne impose des prescriptions plus sévères sur l’ensemble des appareils électro-
ÉOLIEN
© Alain Herzog
Propos recueillis
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EPFL
EN BREF
trait de réduire de près d’un quart la consommation des appareils électriques. Rendue obligatoire pour la première fois en 2002, l’étiquette-énergie doit être adaptée régulièrement pour tenir compte des avancées techniques. E A. V. Plus d’informations sur www.energieetiquette.ch
Une pointe de sel? Des chimistes de l’Université de Liverpool ont développé une nouvelle méthode destinée à faciliter la production de panneaux solaires souples. Elle consiste à pulvériser du chlorure de magnésium (MgCl2) – utilisé dans la préparation du tofu ou sur les routes enneigées – sur la couche photovoltaïque de la cellule solaire afin d’en augmenter le rendement. Une alternative bon marché et non toxique au chlorure de cadmium (CdCl2) généralement utilisé.
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ACTUEL Électricité
Nouvelles dispositions pour les subventions
Aide au solaire facilitée
Élodie Maître-Arnaud
T
rente-huit mille cinq cents. C’était le nombre de projets inscrits sur la liste d’attente des demandes de subvention pour les installations solaires en août dernier. Swissgrid, la société nationale de réseau de transport de courant qui centralise les dossiers pour l’ensemble de la Suisse, en a reçu 1200 au cours du seul mois de juin. Un record, selon une information publiée dans la Neue Zürcher Zeitung et confirmée par Andreas Schwander, le porte-parole de Swissgrid.
Afin de tenter de diminuer la longueur de cette liste d’attente, une nouvelle mesure a été introduite le 1er avril dernier. Elle prévoit une rétribution unique (RU) des propriétaires de petites installations solaires (moins de 10 kW) par la Confédération, dont le montant ne peut dépasser 30% de l’investissement. Une aide plus simple que le système de rachat de courant au prix coûtant (RPC).
Et, selon Swissgrid, 20 000 installations figurant sur liste d’attente répondraient aux conditions requises pour y prétendre. L’Office fédéral de l’énergie chiffre le montant des RU à environ 270 millions de francs pour 2014 et 2015. Les versements ont commencé à la fin du mois d’août. Les propriétaires d’équipements dont la puissance est comprise entre 10 et 30 kW peuvent quant à eux choisir entre la RPC et l’aide unique. E
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Une rétribution unique peut désormais être allouée aux propriétaires de petites installations solaires en lieu et place de la RPC. Reste à savoir si cette mesure raccourcira les délais d’obtention de l’aide fédérale.
20 000 installations en attente Au cœur de l’été, 300 petits exploitants avaient déjà demandé à bénéficier de la RU.
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ACTUEL Nouveauté
Quand la performance rencontre l’esthétique
GAZ DE SCHISTE Plaidoyer des patrons En dépit des critiques des écologistes, le Centre patronal vaudois estime que la Suisse doit pouvoir exploiter le gaz serré, «voire le gaz de schiste». Une exploitation qui permettrait une diversification «plus que nécessaire» des sources d’énergie dans le contexte de la transition énergétique. Dans une note d’information, il indique en outre qu’il serait possible de remplacer l’eau par du propane liquide sans additifs chimiques au cours du processus.
attirée par la lumière Smartflower est le premier système photovoltaïque au monde «All-in-one Plug and Play». Le kit complet peut être facilement installé dans un jardin et s’oriente automatiquement vers le soleil grâce à son GPS intégré. Vincent Michoud
U
ne simple pression sur le bouton d’activation et la magie opère. Le boîtier s’ouvre et les pétales se déploient pour constituer une surface d’environ 18 m2. Conçue pour alimenter un foyer de taille moyenne, cette centrale solaire thermique constitue une alternative innovante par rapport aux installations traditionnelles. Aisément transportable – malgré
ses 1000 kg –, le dispositif peut en effet accompagner son propriétaire en cas de déménagement. Le GPS incorporé permet à la Smartflower de s’orienter automatiquement vers le soleil afin d’optimiser un rendement qui peut atteindre 3,2 kWc. Au niveau sécurité, un capteur surveille
EN BREF
en permanence la vitesse du vent et ordonne au système de se rétracter en cas de danger. Ce concentré de technologie est distribué en Suisse par l’entreprise Solexis à Yverdon-les-Bains et à Sierre. E
MÉTÉO Prévoir la production de solaire L’Office fédéral de météorologie souhaite mettre en place une méthode scientifique de production d’énergie solaire en couplant les données satellitaires aux mesures du rayonnement solaire par des caméras terrestres. Un projet soumis au Fonds national de la recherche scientifique pour financement. Groupe E lui a d’ores et déjà accordé son soutien.
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SMARTPHONES
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Santé
Les LED, un danger pour nos yeux ? Première cause de malvoyance chez les personnes de plus de 50 ans, la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) est due à des facteurs génétiques et environnementaux. Les conclusions d’une étude française de 2010, récemment confirmées par d’autres recherches, démontrent que l’exposition à certaines lumières favoriserait l’apparition de la
maladie. Les LED, pourtant envisagées comme une solution aux problèmes environnementaux vu leur faible consommation électrique, sont directement pointées du doigt. En cause, la lumière bleue qu’elles émettent. Toxique en raison de sa faible longueur d’onde, elle est dangereuse pour la rétine. En intensifiant les phénomènes de stress oxydatif, elle
accélère le vieillissement et ainsi l’apparition de la DMLA. Les normes de fabrication en vigueur pour les LED ne sont plus adaptées aux nouvelles découvertes scientifiques et devraient donc être revues. En attendant, soyez attentif à ne pas acheter de lampes à luminescence trop fortes pour votre intérieur. E S.M.
Recharge par ultrasons Coupera-t-on bientôt totalement le fil? C’est en tout cas l’ambition d’une start-up américaine qui a développé un système de recharge basé sur les ultrasons. Une onde sonore inaudible par l’oreille humaine permettrait ainsi de remplir la batterie d’un téléphone via un émetteur branché au secteur et transformant l’électricité en ultrasons et un récepteur – simple film collé au smartphone – transformant ces ultrasons en électricité par des vibrations.
l to Fo
ia
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ACTUEL l to Fo
Insolite
Recherche spatiale
Traquer E.T. grâce à ses émissions polluantes Pour prouver l’existence d’une vie extraterrestre, les astronomes se lanceront peut-être bientôt à la recherche de traces de pollution sur de lointaines planètes. Et ce n’est pas Spielberg qui l’annonce, mais une équipe de chercheurs de Harvard. Élodie Maître-Arnaud
A
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lors que les scientifiques étudient déjà l’atmosphère des exoplanètes afin d’y relever des traces d’oxygène ou de méthane émises par des organismes vivants, Henry Lin et son équipe du Centre d’astrophysique Harvard-Smithsonian proposent une méthode pour détecter la présence de sociétés extraterrestres indus-
trialisées. Car les humains ne sont peut-être pas les seuls dans l’univers à rejeter des gaz polluants modifiant durablement les systèmes naturels.
Gaz fluorés longtemps détectables Dans un article publié au mois de juin dernier, ces chercheurs expliquent que la durée de vie des polluants industriels permettrait de les détecter plus facilement que d’éven-
tuelles ondes sonores traquées depuis cinquante ans par la recherche SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence). Certains gaz peuvent en effet demeurer dans l’atmosphère terrestre pendant plusieurs dizaines de milliers d’années; ce peut donc aussi être le cas sur d’autres planètes. Les chlorofluorocarbones (CFC) constituent en outre un indice de civilisation industrielle dans la mesure où ils ne sont pas produits naturellement. Le télescope spatial James Webb, dont le lancement est prévu en 2018, pourrait permettre de détecter leur présence. Dix à cent fois plus puissant que son prédécesseur Hubble, selon l’agence spatiale américaine, ses capacités de détection ne seront toutefois pas sans limites: il faudrait notamment que les niveaux de CFC soient dix fois plus importants que sur la Terre pour être décelés. Si les petits hommes verts sont plus «verts» que les humains, leurs civilisations risquent bien de passer encore inaperçues aux yeux de nos télescopes. E
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La nature remercie ceux qui se chauffent au gaz naturel.
ACTUEL Expérience pilote
SOLAIRE
éclairage du futur à Oberfeld De jour, rien ne distingue le lotissement d’Oberfeld, dans la commune d’Ostermundigen (BE), d’un autre. De nuit, en revanche, les visites guidées se succèdent pour découvrir les dernières technologies en matière d’éclairage public. © Michael Lio
comme les passages pour piétons ou les intersections peuvent être plus éclairées et plus lumineuses, afin d’augmenter la sécurité des usagers.
Cellules en spray C’est à l’Université de Sheffield (GB) que des chercheurs ont mis au point un spray permettant de pulvériser des cellules solaires sous forme de peinture. Composées de pérovskite, elles ont un rendement qui atteint 19 %, soit un peu moins que le silicium (25 %), le matériau qui domine actuellement le marché du solaire. En théorie, toutes les surfaces pulvérisées pourraient donc générer de l’énergie.
Jusqu’à 85% d’économies
Patricia Bernheim
I
nauguré l’an dernier, le quartier d’Oberfeld est doté d’une installation pionnière d’éclairage public intelligent et est le plus grand parc d’éclairage public à LED de Suisse. Une vitrine grandeur nature pour les sept fabricants de luminaires qui ont équipé les sept rues du lotissement. «Les visiteurs peuvent découvrir le fonctionnement de l’éclairage public intelligent et comparer les systèmes en termes de lumière, design et techniques», commente Sandro Aeschlimann, de l’entreprise BKW Energie SA, initiatrice du projet.
Lumière sur les piétons Chaque rue est équipée d’un nouveau type d’ampoules LED s’adaptant à un système de gestion commun. Composé d’une commande intelligente et de capteurs, il adapte la quantité de
lumière aux besoins. Dans les rues peu passantes, l’éclairage peut être réduit à un niveau minimum prédéfini. «Dès qu’un objet en mouvement est détecté, le contrôle intelligent permet de créer un tapis de lumière dynamique se déplaçant dans la même direction. Chaque luminaire reçoit un signal et ajuste son intensité, évitant aux usagers le sentiment de se diriger contre un mur noir», souligne le spécialiste. Grâce à la commande intelligente, les zones sensibles
Dès 2015, la technologie des LED sera la norme en Suisse pour l’éclairage public. Ses avantages? Une durée de vie plus longue que les lampes à haute pression, une meilleure efficacité énergétique, moins d’émissions lumineuses et un meilleur rendu de couleurs. Avec l’éclairage du futur, on passe à la vitesse supérieure. Les technologies LED et la commande intelligente permettent d’exploiter au mieux le potentiel d’efficacité énergétique et de réduire les coûts. «D’après nos calculs sur les 80 points de lumière dans le quartier, le parc consommera jusqu’à 85% d’énergie en moins que le même nombre de lampadaires équipés d’ampoules à vapeur de mercure, soit 14,3 MWh et environ 1,7 tonne d’émissions de CO2 par an.» E
Des communes énergivores En Suisse, les communes consomment chaque année quelque 150 millions de francs de courant afin d’éclairer leur territoire. Un sondage du WWF révèle de grandes différences entre les communes: à taille égale, les moins efficaces sur le plan énergétique consomment par kilomètre de routes éclairées cinq à dix fois plus d’énergie que les communes les plus progressistes. Parmi les vingt plus grandes communes du pays, Saint-Gall caracole en tête (8,5 MWh/km), Lausanne est à la 6e place (15,2 MWh/km), Fribourg à la 14e (22,1 MWh/km) et Neuchâtel est en queue de peloton (27,5 MW/km). Genève, Vernier et Sion n’ont pas communiqué leurs chiffres.
DÉCHETS Nettoyer les océans Récupérer les déchets plastiques à l’aide de cylindres flottants ancrés en mer. Voilà l’idée pour le moins ambitieuse du jeune ingénieur néerlandais Boyan Slat. Fonctionnant en utilisant les courants océaniques, le projet est qualifié par certains d’irréalisable et farfelu. Avec l’appui de quelques scientifiques, un essai va néanmoins être effectué prochainement au large des Açores pour tester la faisabilité du projet. VILLE DURABLE Grand projet lyonnais Dans sa quête de durabilité, la Ville de Lyon a lancé un grand projet urbain dans le quartier de la Confluence. Au programme, la construction d’Hikari, un îlot de bâtiments à énergie positive, la mise à disposition de voitures électriques en auto-partage, l’installation d’une tablette de suivi de consommation résidentielle et d’un outil semblable pour le quartier, avec pour but d’en réduire la consommation énergétique de 70 %.
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EN BREF
CommuniquĂŠ
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ACTUEL Innovation
Une solution pour optimiser le recyclage
Le tri prend de la hauteur ! © Chris Schmid
L’organisation Summit Foundation a conçu une borne de récupération des déchets au design soigné et original afin de simplifier le tri dans les collectivités et lieux publics. Son nom, Triton. Adeline Vanoverbeke
L
es campagnes de promotion du tri sont partout et nous en sommes tous convaincus: le tri, c’est bien. Pour autant, qui ne s’est pas parfois senti démuni quand, débordant de bonne volonté, il lui a fallu chercher la poubelle adaptée à la nature de son déchet au milieu de la foule d’un festival, en centre-ville ou à la cafet’? C’est justement pour faciliter le tri et donc contribuer à améliorer sa qualité que Summit Foundation a imaginé Triton, aboutissement de plus de dix années d’expérimentations.
Huit collectes différentes Cette borne de collecte au nom rigolo (petit clin d’œil à cet amphibien très sensible à son environnement) se caractérise par sa forme: de même dimension qu’un frigo, elle permet, sur un seul point, la collecte de huit types de déchets différents. Et, pour plus d’efficacité, les indications de tri se résument à des pictogrammes, facilement compréhensibles par tous et interchangeables afin de s’adap-
ter à la nature des déchets à collecter. Car l’organisation veveysanne est partie d’un constat très simple: beaucoup de déchets finissent dans des contenants qui ne leur sont pas destinés, rendant le recyclage impossible. «On a peu de chiffres concernant les systèmes traditionnels, mais on estime que la qualité de tri est de 60-70 %, contre plus de 90 % avec le tri à la verticale, explique Olivier Kressmann, chargé de projets chez Summit Foundation. On ne se l’explique pas très bien mais il y a clairement une modification de comportement avec
ce système.» Une solution qui a déjà convaincu le Montreux Jazz Festival ou la Ville de Nyon, entre autres. E Plus d’informations sur www.summit-foundation.org
pollution
Petit mais costaud L’aérogel de carbone est le matériau le plus léger de notre planète. Si notre corps en était composé, nous ne pèserions que 0,011 g ! Développé en Chine par le professeur Gao Chao, l’UFA pourrait devenir, grâce à sa nature exceptionnelle, une solution pour lutter contre les marées noires. Ce matériau bénéficie en effet d’une solidité à toute épreuve
qui lui permet de supporter 4000 fois son poids. Il se caractérise également par une élasticité spectaculaire: sa taille peut ainsi être augmentée jusqu’à vingt fois. Grâce à sa capacité d’absorption, sa masse peut être multipliée par 900 en un temps record; ainsi, s’il était dispersé en mer, l’UFA «pomperait»
les hydrocarbures. Dans ce cas de figure, l’aérogel et les huiles récoltées pourraient même être recyclés. Les caractéristiques très particulières de ce matériau permettraient enfin d’augmenter la résistance thermique de nombreux produits, à moindre coût. Un UFA à suivre, donc! E L.G.
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Thomas Justus Schmidt est titulaire de la chaire d’électrochimie à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich et chef du laboratoire d’électrochimie à l’Institut Paul Scherrer (PSI) depuis 2011. Il dirige le pôle de compétence interuniversitaire en recherche énergétique dédié au domaine du stockage, démarré au début de 2014.
Interview «Le stockage est indispensable à l’essor du renouvelable» Pour palier les variations de production des énergies renouvelables, par définition intermittentes, de nombreux chercheurs planchent sur des solutions de stockage. Parmi eux, Thomas J. Schmidt, directeur du nouveau pôle de compétence interuniversitaire dans le domaine du stockage.
Propos recueillis par Matthieu Buchs* Photos: Patrick Gutenberg/Ex-Press
L
e professeur Thomas Justus Schmidt, chef du Laboratoire d’électrochimie de l’Institut Paul Scherrer, est le directeur du nouveau pôle de compétence interuniversitaire en recherche énergétique dans le domaine du stockage (SCCER Stockage). Démarré en janvier 2014 pour une durée initiale de trois ans, ce pôle bénéficie d’un soutien de la Confédération de 11 millions de francs, pour un budget total de 38 millions. En quoi le stockage de l’énergie est-il indissociable de la nouvelle Stratégie énergétique de la Confédération? Le stockage de l’énergie sera très important à l’avenir. A l’instar d’autres pays, la Suisse a décidé de sortir du nucléaire et d’augmenter la part du renouvelable dans sa production énergétique. Or comme les sources d’énergie renouvelables sont intermittentes, il faut pouvoir stocker l’énergie produite lorsque celle-ci est en excès et la redistribuer quand la demande est à nouveau plus forte.
La problématique n’est pas nouvelle. Effectivement. Mais avec l’essor actuel des sources renouvelables, le stockage devient de plus en plus indispensable. Le phénomène est particulièrement visible dans les pays du nord de l’Europe, l’Allemagne ou encore le Danemark par exemple, qui possèdent de nombreuses installations éoliennes. Par moments, on y observe des disparités importantes entre production et consommation de courant. Cette disparité est une source d’instabilité pour le réseau électrique, d’autant plus que celui-ci n’est souvent pas très récent. Le stockage de l’énergie est une bonne solution. La technologie du pompage-turbinage, déjà mise en œuvre à relativement grande échelle dans notre pays, n’offre-t-elle pas une solution suffisante? Non. Le pompage-turbinage de l’eau dans les barrages pour stocker l’énergie est une technologie déjà très bien exploitée en Suisse et c’est très bien ainsi. Mais les possibilités d’extension sont limitées. Avec la sortie du nucléaire, il en faudra davantage. En outre,
les installations de pompage-turbinage sont généralement localisées dans les reliefs alpins, pas nécessairement là où les pointes de production sont générées. Or transporter ces pics sur de longues distances est un défi pour le réseau. Plus il y a de possibilités de stockage délocalisé, plus il est possible d’économiser dans le développement du réseau. Quels sont les autres moyens les plus prometteurs envisagés actuellement pour le stockage de l’énergie? Il y en a plusieurs. Il y a notamment le stockage chimique sous la forme de gaz, particulièrement l’hydrogène ou encore le méthane. Il y a également le stockage électrochimique sous la forme de batteries. Ou encore le stockage par air comprimé. Chacun de ces moyens possède des avantages et des inconvénients. Il faut les mettre en œuvre de manière judicieuse. Quels sont les grands défis dans ce secteur? Le premier élément décisif pour le succès d’une technologie, c’est son round-trip efficiency, en d’autres termes son efficacité
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interview Thomas J. Schmidt L’EPFL vient de mettre Hélios en stock La haute école teste depuis début septembre un système expérimental développé par la société Leclanché. Une solution inédite permettant de stocker l’énergie solaire et de la redistribuer de façon optimale lors des pics de consommation. Raccordé à l’installation photovoltaïque de Romande Energie installée sur les toits de l’EPFL, le dispositif a la taille d’un container maritime. Il repose sur une batterie lithium-ion utilisant du titanate au lieu du traditionnel graphite, pour une durée de vie de 15 000 cycles de charge-décharge. Cette unité pourra permettre de stocker jusqu’à 500 kWh d’électricité, soit l’équivalent de la production de 2500 m2 de panneaux solaires en une heure ou la consommation de quelque cent ménages pendant une journée. L’expérience est dirigée par le Laboratoire des systèmes électriques de l’EPFL. Elle va durer vingt-trois mois. E.M.-A.
énergétique. Ensuite vient la densité énergétique qui met en rapport la quantité d’énergie à stocker avec la taille du système. Ce facteur est déterminant pour le coût d’une installation. La capacité d’intégration du système de stockage à l’infrastructure existante est également importante. L’hydrogène constitue par exemple une très belle forme de stockage d’énergie mais l’infrastructure pour ce gaz fait défaut. La transformation chimique de l’hydrogène en gaz naturel de synthèse est
démiques de toute la Suisse et est en contact avec 15 partenaires issus des milieux industriels. Le transfert de technologie y est un élément central. En outre, le rôle d’un SCCER est également de former de jeunes scientifiques et de jeunes techniciens qui pourront intégrer l’économie lorsque ces technologies seront prêtes à être mises en œuvre.
actuellement évaluée pour remédier à ce problème. Finalement, nous pourrions encore évoquer le paramètre de la durée de vie d’une technologie, qui a également un impact important sur son coût.
Pendant combien de temps le SCCER sera-t-il en activité et avec quel budget? Le SCCER Stockage a officiellement démarré le 1er janvier 2014 pour une durée initiale de trois ans. Le budget total pour ces trois ans s’élève à 38 millions de francs, dont 11 millions sont des subventions fédérales, le reste provenant des partenaires ainsi que de tiers. Deux périodes supplémentaires de quatre ans chacune sont envisagées à la suite des trois premières années.
Comment voyez-vous le rôle du SCCER? Notre SCCER a pour objectif principal d’encourager le développement de nouvelles technologies ou de procédés innovateurs. Le pôle de compétence regroupe 20 partenaires aca-
Quelles sont les prochaines étapes? Nous venons tout juste de démarrer et des éléments organisationnels sont encore à mettre en œuvre. Il nous faut également élargir nos contacts auprès des milieux
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Samedi 27 septembre de 9h à 13h Nuithonie, Rue du Centre 7, 1752 Villars-sur-Glâne/FR Samedi 4 octobre de 9h à 13h Salle du Mont-Aubert, 1426 Corcelles-près-Concise/VD
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industriels, en particulier en ce qui concerne les PME. Les grandes entreprises telles Alstom ou ABB connaissent les activités de notre pôle, pas les plus petites. Notre SCCER doit encore se faire un nom auprès d’elles, les intéresser à nos travaux ainsi qu’à des collaborations. Trois des cinq domaines de travail du SCCER concernent le stockage d’énergie sous forme chimique. C’est également votre spécialité puisque vous êtes chef du Laboratoire d’électrochimie du PSI. L’énergie chimique est-elle pour vous la meilleure forme pour le stockage de l’énergie? Il est très difficile de dire quelle technologie est la meilleure. Il est certain que le stockage chimique de l’énergie a un très grand potentiel. L’hydrogène, par exemple, est un très bon agent énergétique qui ne produit que de l’eau lors de sa combustion. Mais il y a d’autres formes de stockage qui possèdent
Le stockage de l’énergie sous la forme mécanique, par exemple le pompage-turbinage de l’énergie hydraulique, est-il absent du programme du SCCER? Non. Le stockage de l’énergie sous la forme d’air comprimé est également étudié. Le développement de cette technologie est bien avancé et nous avons déjà deux partenaires industriels qui travaillent sur ce thème. En revanche, le pompage-turbinage ne fait effectivement pas partie de nos activités. C’est une technologie qui est déjà arrivée à maturité et le potentiel d’innovation y est très limité.
Le premier concerne les batteries, où trois axes sont développés: les batteries au lithium-ion, les systèmes basés sur le sodium ainsi que les batteries dites lithiumair. Le deuxième champ a trait au stockage thermique et mécanique. Il est relié en particulier au secteur du bâtiment et aux pompes à chaleur mais intègre également le stockage adiabatique par air comprimé. Le troisième champ concerne la production et le stockage d’énergie à l’aide d’hydrogène alors que le quatrième traite du stockage sous la forme d’hydrocarbure synthétique, par exemple du gaz naturel de synthèse. Enfin, le dernier champ d’activité traite de l’intégration de ces technologies dans les infrastructures existantes. C’est le domaine le plus proche du marché. E
Pouvez-vous évoquer brièvement les cinq champs d’activité du SCCER Stockage de l’énergie?
*Cette interview a été publiée le 9 mai 2014 dans energeia, le bulletin de l’Office fédéral de l’énergie.
d’autres qualités. Je suis persuadé qu’il y aura de la place pour un grand nombre de technologies. Il sera important de mettre en œuvre la meilleure technologie au bon endroit.
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Interview Thomas J. Schmidt
Les principales filières de stockage de l’électricité
Mécanique
Volant d’inertie Texte: Matthieu Buchs* Illustrations: Clémence ANEX
Principe de fonctionnement: L’énergie électrique est stockée sous forme d’énergie cinétique dans un dispositif en forme de roue tournant autour d’un axe central. Domaines d’application: Stockage à court terme. Charge et décharge rapides. De tels systèmes sont peu mis en œuvre bien que les possibilités d’application soient nombreuses.
Mécanique
Pompage-turbinage Principe de fonctionnement: En période de faible consommation, les centrales de pompage-turbinage utilisent du courant électrique du réseau pour pomper de l’eau d’un bassin inférieur vers un bassin supérieur. En période de forte consommation, l’eau du bassin supérieur est turbinée pour produire de l’électricité. Domaines d’application: Stockage à long terme. Actuellement, quatorze centrales de pompage-turbinage sont en exploitation en Suisse, pour une puissance totale de pompage de 1380 MW. Trois grands projets (Linthal, Nant de Drance et Hongrin-Léman) feront passer cette puissance à 3520 MW.
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1 Mécanique
Stockage
par air comprimé
Principe de fonctionnement: L’électricité permet de comprimer de l’air qui est ensuite stocké de façon géologique ou dans un dispositif artificiel comme une bonbonne. Lorsqu’il y a une demande, l’air comprimé permet d’actionner une turbine qui va produire du courant. Cette forme de stockage a également une composante thermique (thermodynamique) puisque la compression de l’air s’accompagne d’un dégagement de chaleur. Domaines d’application: Stockage à long terme. Il existe encore peu d’installations de stockage d’énergie par air comprimé de par le monde. L’une des plus anciennes se trouve dans l’usine de Huntorf, près de Brême, en Allemagne.Des travaux de développement restent à accomplir afin d’accroître le rendement énergétique de ces installations. Un projet pilote est actuellement mené au Tessin dans un tunnel d’accès de la nouvelle ligne ferroviaire à travers les Alpes (NLFA).
H
Hyd
Electrostatique
Supercondensateurs
Electrochimique
Batteries, accumulateurs électrochimiques Principe de fonctionnement: La conversion d’énergie électrique en énergie chimique s’opère par l’utilisation de couples chimiques dits oxydoréducteurs. La batterie plomb-acide constitue l’un des couples les plus anciens et les plus employés. Domaines d’application: Stockage principalement à court terme. Ce système de stockage est déjà largement utilisé dans l’industrie ou les véhicules automobiles. La recherche porte actuellement essentiellement sur la mise en œuvre de nouveaux couples oxydoréducteurs plus performants.
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H
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Hydrogène
Electromagnétique
SMES (Superconducting magnetic energy storage)
Hydr ogèn Principe de fonctionnement: Les systèmes e
de stockage électromagnétique à base de matériaux supraconducteurs (SMES) permettent de stocker l’énergie sous la forme d’un champ magnétique dans une bobine réfrigérée de fil supraconducteur. Domaines d’application: Stockage à court terme. Charge et décharge très rapides. Cette technologie se situe encore au stade de la recherche et du développement.
Principe de fonctionnement: Les supercondensateurs permettent de stocker l’énergie sous la forme d’un champ électrique entre deux électrodes séparées par une petite distance. Domaines d’application: Stockage à court terme. Charge et décharge très rapides. De tels systèmes existent depuis plusieurs années mais sont encore peu répandus car coûteux et volumineux. Ils sont notamment mis en œuvre dans la mobilité pour récupérer l’énergie du freinage.
Chimique
Hydrogène Méthane Principe de fonctionnement: Le stockage de l’énergie consiste à synthétiser un composé chimique stable grâce à l’électricité. Le composé a ensuite la possibilité de restituer cette énergie par combustion ou par le biais d’une pile à combustible. Domaines d’application: Stockage à long terme. Le principe de cette technologie n’est pas nouveau mais son développement a été quelque peu freiné par l’essor rapide des batteries et autres accumulateurs. Le manque, voire l’absence, d’une infrastructure liée, en particulier dans le cas de l’hydrogène, constitue également un frein. Le concept du power-to-gas gagne aujourd’hui en importance.
*Cet article a été publié le 9 mai 2014 dans energeia, le bulletin de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN).
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H
Hydrogène
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énergies
DR
La naissance d’un label
En construction, le futur gymnase de Renens permet de tester le nouveau standard SNBS.
Le nouveau standard de construction durable suisse (SNBS) pourrait à terme supplanter le label Minergie. Testé pendant une année dans tous le pays, l’outil de planification gratuit englobe l’utilisateur, le bâtiment et son contexte. Vincent Michoud
C’
est peut-être la future référence suisse en matière de construction. La force du nouveau standard de construction durable suisse (SNBS)? Il prend en compte les trois piliers du développement durable – société, économie, environnement – de manière égale et la plus complète possible tout au long du cycle du bâtiment. Initié par les pouvoirs publics, les milieux économiques et soutenu par le programme SuisseEnergie, le SNBS a terminé sa phase pilote au mois de juin dernier, avec 28 projets de construction ou de rénovation testés. A partir de cet automne, un appel d’offres public sera lancé afin de permettre au standard de se transformer en label.
Bien-être des habitants pris en compte Selon l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), l’idée d’élaborer un tel instrument est partie du constat suivant: la Suisse connaît un déve-
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loppement significatif d’activités et d’initiatives en relation avec la construction durable, mais les aides à la planification, standards et labels actuels soit ne s’étendent qu’à des domaines partiels de la durabilité, soit se révèlent inadaptés aux conditions du pays. Si ce nouvel outil n’a pas pour objectif de réinventer la roue – comme le rappelait la conseillère fédérale Doris Leuthard lors de son lancement officiel à Berne en juin 2013 –, il encourage néanmoins une manière globale de penser et d’agir, orientée vers l’avenir. Tout en incluant les normes existantes, «l’objectif est de mettre à la disposition des maîtres d’œuvre un instrument de planification bien adapté aux spécificités suisses. C’est en quelque sorte une photo du bâtiment à un moment donné», explique Olivier Meile, responsable pour l’OFEN du projet SNBS. Sur la base de critères et d’indicateurs prédéfinis, l’outil, disponible gratuitement sur internet, permet d’évaluer de manière globale la durabilité d’un bâtiment. Dans
le domaine de l’environnement, sept critères portent sur l’exploitation des ressources, la biodiversité, la mobilité ou la gestion du sol. Au niveau sociétal, huit critères évaluent des aspects comme le bien-être, l’affectation des espaces, la mixité ou encore l’intégration des bâtiments dans le contexte local. Et, pour finir, sur le plan économique, dix critères relèvent du potentiel ainsi que des possibilités de financement et de commercialisation du bâtiment. Le résultat final se présente sous la forme de notes allant de 1 à 6, selon l’importance de la contribution au développement durable.
Performances Minergie dépassées «Nous ne traitons pas encore de la question des villas. Cela sera peut-être un développement futur; pour l’instant, les critères sont plus taillés pour des bâtiments collectifs à partir de six à huit appartements», précise le président du groupe de pilotage. Commencée en juin 2013, la phase pilote a per-
Pour le directeur suppléant de Minergie Suisse, la cœxistence des deux labels est possible.
DR
mis de tester le SNBS sur 28 immeubles locatifs ou administratifs, dont le Centre d’enseignement post-obligatoire de l’Ouest lausannois (CEOL), actuellement en construction. «Nous souhaitions être proactifs et utiliser ce nouveau standard afin de le comparer aux outils existants que sont SméO (un logiciel d’aide à la planification développé par la Ville de Lausanne) et Minergie ECO. Le projet du gymnase de Renens était dans une phase assez avancée pour pouvoir appliquer le nouveau standard de manière efficace et en tester les limites. Nous avions en effet déjà fait toute la démarche induite par l’outil SméO, ce qui nous permettait de répondre aux questions du SNBS sans trop de difficultés», explique Christopher Pyroth, chef de l’ingénierie au Service immeubles, patrimoine et logistique du canton de Vaud (SIPaL). Un succès, puisque le bâtiment a obtenu la meilleure note de tous les projets présentés dans le pays. «Ce résultat est à relativiser car l’utilisation du SNBS n’était pas prévue pour des écoles. Un certain nombre de critères n’étaient, de ce fait, pas applicables à notre projet. Néanmoins, toute la démarche que nos mandataires ont suivie avec SméO a permis de faire évoluer le projet vers un résultat exemplaire du point de vue du développement durable.» Et l’Etat de Vaud ne compte pas en rester là. Il souhaite désormais développer et étendre tous les aspects durables de sa stratégie immobilière en favorisant le bon sens et non le dogmatisme. «Nous avons déjà pu démontrer que le SIPaL est capable d’atteindre des performances énergétiques aussi bonnes, voire meilleures qu’avec Minergie, sans l’obligation d’une ventilation double flux, par exemple. Nous sommes néanmoins curieux de voir comment Minergie va évoluer si le SNBS doit se généraliser», ajoute Christopher Pyroth. La phase d’essai terminée, il s’agit maintenant de rassembler les éléments qui ont posé problème. «Nous devons simplifier le SNBS et régler quelques critères, comme la méthode du life cycle cost ou encore l’impact sur l’économie régionale du bâtiment», précise Olivier Meile. Dès cet automne, un appel d’offres public sera lancé afin de transformer le standard en label: «Une organisation, un label étranger, un consortium de bureaux d’ingénieurs ou encore Minergie pourraient par exemple y répondre», conclut-il. E
«le futur label s’adressera à un autre secteur que celui de minergie à l’heure actuelle» Que pensez-vous de la mise en place d’un nouveau standard de construction? Une approche globale du développement durable qui inclut des critères écologiques, économiques et sociaux a de plus en plus d’importance pour l’utilisation d’un objet immobilier à long terme. Dans ce contexte, nous saluons l’initiative du SNBS, qui projette de développer un standard de construction durable en Suisse. Avez-vous participé à son développement, à la phase pilote? Franz Beyeler, ancien directeur de Minergie, a fait partie d’un groupe ad hoc au début du développement du standard. Dans une phase ultérieure, il est également devenu membre du groupe d’accompagnement stratégique. Minergie n’a cependant pas été directement impliqué dans le développement concret du nouveau standard et dans sa phase pilote, même s’il s’avère qu’une grande partie des projets pilotes de SNBS sont certifiés selon Minergie, Minergie-P ou encore Minergie-Eco. Le standard SNBS est-il plus performant que le label Minergie? Le SNBS s’appuie sur des instruments existants et reconnus, notamment sur les exigences des labels Minergie et de son complément -Eco pour ce qui concerne les domaines de l’énergie, de l’environnement et de la
santé. Dans les domaines de la société et de l’économie, le SNBS a développé des critères et des indicateurs supplémentaires, car ceuxci ne figurent pas (encore) chez Minergie. Répondrez-vous à l’appel d’offres public qui sera lancé en automne 2014 afin de transformer le standard SNBS en label? Nous ferons vraisemblablement une offre. En cas d’attribution, la façon dont le label SNBS serait intégré à l’offre de Minergie ne peut pas encore être déterminée à l’heure actuelle. Allez-vous développer un outil qui prend en compte les trois piliers du développement durable à l’image du SNBS? Cela dépendra du futur exploitant du label SNBS. Deux labels principaux peuvent-ils cœxister en Suisse? Nous partons du principe que le futur label SNBS s’adressera à un autre secteur de marché que celui de Minergie à l’heure actuelle. Pour cette raison, et aussi parce que nous poursuivons son développement dans les domaines de l’assurance qualité et de la rénovation des bâtiments, une coexistence des deux labels semble parfaitement possible. Interview de Christoph Blaser, directeur suppléant de Minergie Suisse.
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énergies
Haïti
Du biogaz contre la déforestation Des petites unités de biogaz permettant de cuisiner et de produire de l’engrais sont installées par une association suisse dans la campagne haïtienne.
A
Haïti, il est coutume de couper du bois pour cuisiner et d’utiliser du charbon de bois comme source d’énergie. Conséquence désastreuse pour la forêt dont il ne reste plus que 3% de la surface d’origine. «Des glissements de terrain se produisent, la terre arable s’en va dans la mer et les pêcheurs doivent aller plus au large, donc prendre plus de risques», explique Luckner Saint-Dic, Haïtien d’origine vivant en Suisse. Profondément touché par la pauvreté dans son pays ainsi que par les problèmes dus à la pollution, il a lancé un ingénieux projet de petites unités de biogaz domestique pour les paysans. Il est convaincu que pour combattre la déforestation, il ne faut pas seulement reboiser mais aussi proposer une source d’énergie alternative pour remplacer le charbon de bois.
DR
Monique Chevalley
D’origine Haïtienne, Luckner Sant-Dic (en haut) vise l’installation de 500 unités de biogaz par an sur l’ìle.
Aider les plus défavorisés Ce constat ainsi qu’un désir profond d’aider à améliorer les conditions de vie de la population pauvre de son pays l’ont motivé à concevoir son projet de biogaz. Luckner Saint-Dic vit depuis douze ans dans le canton de Fribourg, avec sa femme bretonne et ses enfants, et travaille dans la sécurité des systèmes informatiques. Né dans une famille haïtienne aisée, il garde dans le cœur une profonde révolte contre les différences de classes sociales: «La grande majorité des gens ne gagnent pas plus d’un dollar par jour. Ils sont considérés par les riches comme des moins que rien. Cela m’a toujours choqué.» Un MBA effectué à l’EPFL lui permet de mettre en place et d’affiner son projet. Une association bénévole est créée (www.aidhahaiti.org) et un partenaire trouvé (www.myclimate.org) afin de le réaliser. Le but à long terme est d’installer 500 biodi-
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gesteurs domestiques par an dans le pays. Sept unités pilotes ont été réalisées ce printemps dans le hameau de Bocozelle dans une plaine traversée par l’Artibonite, le plus grand fleuve de l’île.
Energie et engrais Le biogaz est produit avec le fumier des bœufs et des cochons récolté ainsi que par les excréments humains. Les premières toilettes ont été installées; leur égout arrive directement dans le digesteur. Un avantage aussi pour le confort sanitaire des habitants. La fermentation de ces matières organiques produit par méthanisation un gaz propre composé de méthane. Le gaz est directement acheminé vers des petites cuisinières et le jus de fermentation qui constitue un fertilisant très riche, vers une fosse de stockage. «Je me suis rendu
compte sur place que si plus d’un tiers du budget des familles était utilisé pour le charbon de bois, les engrais pour les cultures représentaient aussi une part importante, raconte Luckner Saint-Dic. Le fertilisant produit par le digesteur représente donc aussi un gain économique non négligeable pour les paysans.» Le but à long terme est de créer un modèle économique qui permette à la population pauvre d’accéder à de l’énergie renouvelable pas chère tout en réduisant la pollution du charbon de bois et la déforestation. Une solution locale pour un problème global qui se financera en partie par la vente de crédits carbone. «Nous avons eu l’idée, nous avons constitué une organisation, une équipe avec plus de quinze personnes sur place, les gens se réjouissent et attendent la suite!» conclut-il. E
EN partenariat avec les SiL
énergies
analyser son logement pour un chauffage plus efficient Quand il s’agit de changer un système de chauffage, la première question à se poser concerne l’efficacité énergétique du bâtiment, notamment son isolation. Car une enveloppe plus efficace – y compris les ouvertures – peut faire diminuer de façon notable la consommation d’énergie. Fotolia
écogestes simples (réduction de la température, aération raisonnable des locaux notamment). Les bénéfices seront immédiats.
Se financer grâce aux subventions Conscients des enjeux énergétiques autour des bâtiments, les pouvoirs publics (Confédération, canton, communes) ont mis en place des systèmes de subventions pour aider les propriétaires. A Lausanne, le FEE – Fonds communal pour l’efficacité énergétique – subventionne les bilans et diagnostics énergétiques des bâtiments à hauteur de 40% et jusqu’à concurrence de 2000 francs. Enfin, rappelons qu’un bâtiment bien entretenu et efficace peut obtenir un Certificat énergétique cantonal des bâtiments (CECB®) favorable (note A à C), qui permet de valoriser un bien en cas de vente. E
Services industriels de Lausanne
M
ieux vaut penser à faire analyser son habitation avant que son système de chauffage n’arrive en fin de vie. Comment? Grâce à une étude énergétique offrant une vue d’ensemble du bâtiment, de ses caractéristiques, de ses éventuels défauts, de son isolation thermique, etc. Pour ce faire, deux voies sont possibles: le bilan et le diagnostic énergétiques.
Une analyse en profondeur Le bilan énergétique est un état des lieux qui permet un coup d’œil sur l’efficacité de l’habitation, mais sans apporter de solution, ni d’estimation chiffrée. Le diagnostic est quant à lui un audit complet débouchant sur un rapport détaillé comprenant une
évaluation des coûts d’investissement, une estimation du potentiel d’économies d’énergie et une simulation des diverses variantes d’assainissement de l’enveloppe et des installations techniques. En cas de projet de rénovation en profondeur, le diagnostic permettra aussi de fixer des priorités dans les investissements, afin d’obtenir un retour financier le plus rapide possible.
Faire appel à des spécialistes Les bilans et diagnostics énergétiques doivent être réalisés par des professionnels à même de proposer des conseils de rénovation clairs, transparents et neutres. Pour cela, il est judicieux de s’adresser au service concerné de sa commune. Dans tous les cas, il convient d’évaluer son mode de consommation et de recourir à quelques
Plus d’infos sur les études énergétiques des SiL, sil.energie@lausanne.ch Exposition sur le chauffage, Centre Contact Energies des SiL, Place Chauderon 23 à Lausanne, jusqu’en janvier 2015.
Quelques éléments à prendre en compte pour bien choisir son chauffage: • Il doit être bien dimensionné, adapté à votre lieu d’habitation et à vos besoins, et compatible avec le bâtiment; • Evaluez les coûts totaux d’investissement et les coûts de l’énergie; • Renseignez-vous sur les performances du système (énergie utile/énergie utilisée); • Réfléchissez à l’impact sur l’environnement, notamment les émissions de C02, associé à l’agent énergétique du chauffage (mazout, gaz, électricité, chauffage à distance).
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énergies
Conseils
Choisir son système de chauffage
Coûts de l’énergie***
Coûts d’installation**
15, 19 ct./kWh
Le chauffage et la production d’eau chaude figurent parmi les postes les plus énergivores dans une maison Emissions de CO : individuelle. Infos pratiques 160 g/kWh* pour un choix éclairé. (pour la part électrique en mix suisse,
Pose: 8500 fr. (air/eau), 22 500 fr. (y compris sondes géothermiques)
pour l’électricité (soit 1/3 de l’énergie utilisée en air/eau et 1/4 en géothermie)
Système: 21 500 fr. (air/eau) 23 500 fr. (géothermie)
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rès de 83% de la consommation des ménages résulte du chauffage et de la production d’eau chaude sanitaire. Qu’il s’agisse d’une nouvelle construction ou d’un assainissement, le choix d’une installation ne doit donc pas être pris à la légère. «C’est la maison qui définit ce qui est techniquement possible», relève d’emblée Michel Lambelet, directeur de Hoval Suisse romande. Et en premier lieu son isolation. Car si la très grande majorité des constructions neuves sont désormais équipées de pompes à chaleur, cette technologie n’a en revanche pas toujours grand intérêt dans le cadre de la rénovation d’une installation existante. Dans une maison mal isolée, avec des radiateurs dont la consommation annuelle par mètre carré chauffé dépasse 10 litres d’équivalent mazout, mieux vaut ainsi opter pour une chaudière à pellets, au gaz naturel ou encore au mazout, et investir dans l’isolation du bâtiment.
POMPE À CHALEUR
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Infographie: Clémence ANEX
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énergie
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si pas d’installation solaire)
Texte: Élodie Maître-Arnaud
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Bâtiments neufs ou récents bien isolés avec chauffage au sol
Excellent rendement énergétique
Bâtiments anciens bien isolés avec chauffage au sol (consommation < 10 l éq. mazout/m2 chauffé/an)
La pompe a besoin d’électricité pour fonctionner
Emissions de CO2:
240 g/kWh*
Coûts de l’énergie***
9.83 ct./kWh
Coupler au solaire
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énergie no n
Pas de stockage, nécessite peu de place
able uvel no re
CHAUFFAGE AU GAZ NATUREL
Coûts d’installation** Pose: (au sol) 9500 fr. (mural) Système: 14 500 fr. (au sol) 8500 fr. (mural) ur al m
Proximité du réseau indispensable
so
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Tous types de bâtiments
au
Tous les systèmes peuvent en outre être complétés par des installations solaires permettant de produire jusqu’à 80% de l’eau chaude sanitaire et/ou un appoint de chauffage. «Une option particulièrement intéressante énergétiquement, surtout dans le contexte d’entrée en vigueur des dispositions de la loi révisée sur l’énergie dans le canton de Vaud», souligne Michel Lambelet. Celle-ci impose en effet aux propriétaires de nouveaux bâtiments de couvrir au moins 20% de leurs besoins en électricité par une énergie renouvelable. De même, dans les constructions neuves, 30% de l’eau chaude sanitaire doit être produite par une telle source. E
Coûts de l’énergie***
Emissions de CO2:
9.61 ct./kWh
300 g/kWh*
Coûts d’installation** Pose: 12 000 fr. Système: 15 500 fr.
énergie no n able uvel no re
CHAUFFAGE AU MAZOUT
Bon rendement si chaudière à condensation
Emissions de CO2: selon le type de génération de chaleur centrale
Tous types de bâtiments
Seulement si réseau de chauffage à distance existant ou possible
enouvelable ie r /n g r ne
Solution technique clés en main, peu d'entretien
ouvelable ren on
é
Citerne de stockage
CHAUFFAGE À DISTANCE
Bilan CO2 «neutre»:
Coûts de l’énergie***
40 g/kWh*
Selon le type de génération de chaleur centrale Coûts de l’énergie***
énergi er
en
8 ct./kWh
able vel ou
CHAUFFAGE AU BOIS (PELLETS) Neutre en CO2
Habitations situées dans un même périmètre, desservies par un réseau de chauffage à distance
Coûts d’installation** Pose: 9500 fr. par habitation Système: 10 000 fr. par habitation
Coûts d’installation** Pose: 14 500 fr. Système: 29 000 fr.
Fréquence de nettoyage et silo à pellets
*
Tous types de bâtiments
** ***
Ces valeurs sont calculées et admises pour le cahier technique SIA 2031. Les chiffres incluent la consommation et l’énergie grise (production et transport). Prix indicatifs HT pour une maison neuve ou bien isolée de 150 à 180 m2. Prix moyens de l’énergie (état mai 2014).
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énergies
Biométhane
Du carburant directement de la ferme au réservoir C’est du biométhane pur qui coule du pistolet de la «station-service» d’une exploitation agricole du canton de Lucerne. Une installation pilote qui délivre chaque jour de quoi parcourir 720 kilomètres. Anita Vonmont/OFEN
R
eto Grossenbacher est agriculteur à Reiden (LU). Dans sa ferme, il produit du lait, des céréales et… du biogaz, dont une partie est depuis peu transformée en carburant. Celui-ci est délivré dans sa station-service située juste derrière son exploitation. Une installation unique en son genre en Suisse et qui est, à ce jour, seulement utilisée par l’agriculteur et Ueli Oester, l’ingénieur de l’EPF de Däniken (SO) qui l’a conçue avec sa société Apex AG.
Qualité suffisante pour les véhicules Faire le plein de biogaz à la ferme à partir d’une installation décentralisée, voilà qui a l’air d’un conte moderne. Pour prendre forme, il faut affiner ce gaz brut en biométhane, ce qui est techniquement réalisable. En Suisse, une douzaine d’installations procèdent en effet à cet affinage puis injectent le biométhane dans le réseau de gaz naturel. «Notre défi est de réaliser cela à petite échelle et de manière rentable, affirme Ueli Oester. C’est une entreprise difficile car les petites installations ont besoin du même équipement technique que les grandes.» Avec le projet Blue BonsaI financé par l’Office fédéral de l’énergie, la Fondation suisse pour le climat et l’industrie gazière suisse (FOGA), Ueli Oester se consacre à la construction de ces unités de petite taille. En septembre 2013, il a ainsi réalisé une installation test de 150 kW de puissance. A Bachenbülach (ZH), elle
transforme le gaz brut de l’installation de fermentation de la filiale Axpo Kompogas en biométhane. La production journalière suffirait pour environ 18 pleins de réservoir, soit 7200 km, pour une petite voiture. La capacité de l’installation de traitement dans la ferme de Reto Grossenbacher est près de dix fois moindre, tout juste deux pleins par jour. Et la teneur en biométhane est un peu plus faible car le fermenteur contient de l’air pour désulfurer le biogaz. Mais malgré quelques revers, les installations de Reiden et de Bachenbülach produisent du biométhane de qualité suffisante pour servir de carburant.
Un potentiel de 9000 voitures Des expériences supplémentaires devraient avoir lieu avant la fin de l’année et les résultats permettront notamment d’évaluer la rentabilité des petites installations. Une troisième unité est déjà prévue pour l’an prochain. «Notre objectif est que le prix du biométhane ainsi produit ne dépasse pas celui de l’essence, annonce Sibylle Duttwiler de la société Duttwiler Energietechnik qui conseille et co-organise le projet Blue BonsaI. Car le carburant est intéressant non seulement du point de vue écologique mais aussi économique.»
Plusieurs obstacles doivent encore être surmontés avant que les conducteurs de voitures au gaz naturel puissent se servir dans des stations-service agricoles. Notamment la question du paiement. Ueli Oester imagine un système de facturation sur la base de la confiance, «un peu comme quand on prend des œufs chez l’agriculteur et que l’on met l’argent dans une caisse». Optimiste, il a l’intention d’installer des petites stations-service dans tout le pays. «La Suisse compte actuellement 100 exploitations agricoles de biogaz. A l’avenir, il pourrait y en avoir cinq fois plus. Si 20% d’entre elles avaient une station-service, et si c’était également le cas pour les stations d’épuration, alors 9000 voitures pourraient circuler avec du biométhane pur jusqu’à 2020 et ce, avec un potentiel de 15 000 km par an», conclut-il. E
gaz Fotolia
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Solaire
énergies
Le degré d’intégration d’un panneau solaire dans son environnement sera mesurable dès l’année prochaine. Un outil développé par l’EPFL permettra en effet aux communes de définir leurs exigences d’après des critères politiques, paysagers et énergétiques. Vincent Michoud
L
e solaire s’enflamme. Aux termes de la Loi sur l’aménagement du territoire révisée, les installations suffisamment adaptées aux toits ne nécessitent plus d’autorisation dans les zones à bâtir et les zones agricoles. Depuis le 1er juillet dernier, l’Etat de Vaud oblige tous les propriétaires à couvrir 20% des besoins en électricité d’un bâtiment par une source renouvelable en cas de nouvelle construction ou de grande rénovation. Autant d’initiatives politiques qui œuvrent en faveur d’une transition énergétique programmée. Si l’objectif est clair, la mise en pratique semble cependant moins évidente. En effet, peut-on promouvoir l’utilisation systématique des technologies solaires sans affaiblir la qualité architecturale de l’environnement bâti? Dans le cadre du programme de recherche «Chaleur solaire et stockage de chaleur» lancé par l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), le Laboratoire d’énergie solaire et physique du bâtiment (LESO) de l’EPFL planche actuellement sur l’élaboration d’une méthode destinée aux communes. Un outil permettant d’objectiver des débats qui s’annoncent d’ores et déjà enflammés.
Pas d’interdiction a priori Selon Maria Cristina Munari Probst, en charge du projet LESO-QSV (Qualité-SiteVisibilité), le défi consiste à favoriser l’utilisation de l’énergie solaire dans les bâtiments tout en préservant la qualité de l’environnement construit: «La méthode que nous développons aide à déterminer si l’intégration d’un système solaire actif – photovoltaïque ou solaire thermique – est acceptable en fonction de situations spécifiques. Elle prend
en compte les différents types de contextes urbains, la visibilité des systèmes proposés et la variabilité des situations sociopolitiques. Les autorités pourront ainsi fixer le niveau de qualité qu’ils estiment acceptable en tenant compte de leurs priorités énergétiques.» Pour ce faire, l’outil se fonde sur le concept de «criticité» des installations. «Plus le contexte est sensible et l’installation visible depuis le domaine public, plus celleci est critique et devrait avoir une qualité élevée. Inversement, moins ces facteurs sont critiques, moins importantes deviennent les exigences de qualité», poursuit la responsable. En somme, aucune interdiction à priori, mais une demande d’intégration raisonnable pour la situation spécifique dans laquelle se trouve l’installation.
Pour des stratégies solaires cohérentes Encore en phase d’essai auprès des communes, le système d’évaluation sera vraisemblablement disponible au début
de l’année prochaine. «Nous sommes au stade du balbutiement en matière d’outils d’aide à la décision. Si nous nous sommes longtemps intéressés à l’intégration des panneaux photovoltaïques au niveau des habitats individuels, cela ne fait qu’une dizaine d’années que l’on traite ces questions à l’échelle des quartiers ou des villes», relève Jean-Christophe Hadorn, chef du programme de recherche Chaleur solaire et stockage de chaleur. Plus largement, le projet s’inscrit dans le programme de la Task 51 – Solar Energy in Urban Planning de l’Agence internationale de l’énergie, dont le but est d’aider à intégrer la problématique solaire dans la planification urbaine. «Notre outil permettra entre autres de venir pondérer l’intérêt des surfaces exposées au soleil disponibles dans nos villes en fonction des critères de criticité élaborés, permettant ainsi le développement de stratégies solaires cohérentes à l’échelle urbaine», conclut Maria Cristina Munari Probst. E
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Fotolia
Préserver la qualité architecturale
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Dossier Quel avenir pour les transports?
La mobilité dessine la ville de demain Enjeux majeurs des projets d’agglomération, les politiques de transport esquissent le visage des villes suisses du futur. Au programme: une offre diversifiée visant à faciliter les déplacements et à améliorer la qualité environnementale en milieu urbain.
Texte: élodie Maître-Arnaud Illustrations: Clémence Anex
L
es transports urbains font aujourd’hui l’expérience de profondes mutations. Sources de multiples dysfonctionnements mettant à mal la qualité de vie des populations – pollution, nuisances sonores, engorgement du trafic ou encore enclavement des zones mal desservies –, les déplacements en ville sont l’objet de politiques à long terme dans de nombreux pays européens. Comment souhaitons-nous nous déplacer dans la ville de demain? Redéfinir la mobilité urbaine suppose une réflexion globale sur le développement de l’habitat, de l’activité économique et des transports. Avec, en filigrane, la notion de durabilité. Et un maître mot: la coordination.
Cohérence urbanisation-transports En Suisse, sous l’impulsion de la Confédération, ce sont 36 projets d’agglomération qui se penchent sur ces questions. Au cœur des politiques d’aménagement territorial durable, ces projets doivent notamment permettre une planification coordonnée
de l’urbanisation, de la gestion du paysage et des transports dans les espaces urbains. Ces outils se préoccupent également de la coordination entre transports publics, déplacements individuels motorisés et mobilité douce. «La coordination des politiques sectorielles est indispensable dans la mise en œuvre des projets d’agglomération, confirme Olivier Français, directeur des Travaux de la Ville de Lausanne et conseiller national PLR. Dans le cadre du PALM (Projet d’agglomération Lausanne-Morges), si la priorité a été donnée à l’habitat et aux emplois pour l’aménagement du territoire, ces zones de développement démographique coïncident toutefois parfaitement avec les projets de mobilité, tant en termes de situation géographique qu’en ce qui concerne leur temporalité.» Concrètement, on ne peut donc pas commencer à densifier sans penser aux contraintes de déplacement. Et, inversement, une densité minimale est requise sur le parcours d’une ligne de transport public afin de la développer. Collaboratrices scientifiques à la CEAT (Communauté d’études pour l’aménage-
ment du territoire), à l’EPFL, Sandra Walter et Prisca Faure planchent précisément sur la coordination urbanisationtransports. Elles s’interrogent notamment sur les conditions à réunir pour y parvenir, ainsi que sur l’articulation temporelle des opérations de densification urbaine et de réalisation de nouvelles infrastructures de transport public. «L’enjeu essentiel est celui de la qualité de vie», précisent-elles.
Des transports publics plus attractifs Proximité des services, mixité fonctionnelle, environnement agréable, déplacements facilités, la notion de qualité de vie dans les agglomérations renvoie à de nombreux critères. Elle passe aussi nécessairement par le recul de l’automobile. Aujourd’hui en Suisse, les deux tiers des distances journalières sont parcourus en transport individuel motorisé, voiture pour l’essentiel. Afin de favoriser le changement modal, les experts sont unanimes: il faut améliorer l’offre des transports publics. Ce qui signifie, en pratique, multiplier les dessertes, augmenter les cadences et accroître les performances techniques de ces véhicules.
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L’avenir des transports
dossier
parfaitement cette tendance au partage de l’espace public entre les différents moyens de déplacement. Autre piste pour la mobilité de demain: intégrer des modes de transport innovants afin de répondre, par exemple, à une demande de déplacements semi-collectifs. C’est d’ailleurs ce sur quoi planche l’urbaniste Thierry Chanard (lire son interview page 36); l’un des véhicules automatiques qu’il a imaginés pourrait ainsi circuler sur nos routes d’ici à deux ans.
vanina moreillon
Anticiper les besoins
Pour accueillir le tram et une troisième ligne de métro, la place de l’Europe, à Lausanne, sera réaménagée. Les espaces publics seront toutefois préservés.
Après avoir laissé se développer le tout-voiture depuis la seconde moitié du XXe siècle, la Suisse romande accuse, de façon générale, un retard d’équipements en la matière. «A Genève, les lignes de tramway ont été progressivement démantelées jusque dans les années 60, relève Prisca Faure. Et ce n’est qu’à la fin des années 80 que la population s’est mobilisée pour limiter les nuisances dues au trafic automobile par un renforcement des transports collectifs.» «La prise de conscience a été plus précoce en Suisse alémanique, ce qui explique son avance aujourd’hui, ajoute sa collègue Sandra Walter. Berne, par exemple, n’a jamais renoncé au tram et Zurich a développé son RER depuis trente ans.» Dans un contexte de forte pression démographique, et sous l’impulsion d’ambitieux plans et schémas directeurs régionaux et intercommunaux (lire page 34 l’exemple de l’Ouest lausannois), plusieurs chantiers d’envergure ont été lancés en Suisse romande ces dernières années. «En la matière, le rôle des communes fédérées est essentiel autour des appuis financiers des cantons et de la Confédération», relève Olivier Français (lire encadré). Alors que la capitale vaudoise mise sur le métro et le tram, l’agglomération franco-valdogenevoise développe quant à elle son réseau express régional grâce à la liaison transfrontalière Cornavin - Eaux-Vives Annemasse (CEVA).
Mobilité douce en bonne voie Développer l’offre ne garantit toutefois pas le report modal de l’automobile vers les transports publics. Cependant, les politiques antivoitures peuvent aussi avoir des effets problématiques. «Les péages urbains, par exemple, soulèvent la question de la justice spatiale, car ils pénalisent encore davantage ceux qui, pour des raisons économiques, ne peuvent s’installer en ville ou dans les centres secondaires bien desservis», commente Sandra Walter. Reste que la circulation automobile doit être remise à sa juste place par une politique de transports urbains qui favorise aussi la mobilité douce, notamment en améliorant les réseaux piétonniers et en créant des sites propres pour les cyclistes. Le réaménagement d’un premier tronçon de la route du Lac le long du campus de l’EPFL illustre
Alors que de nombreux chantiers sont en cours, certains se projettent encore plus loin dans le temps. «La Suisse romande est dans une situation de rattrapage en termes de transports publics, souligne Prisca Faure. De plus, la région est en forte pénurie de logement. Il y a donc urgence à améliorer la situation et, de fait, les mesures ne sont sans doute pas encore assez ambitieuses pour le long terme.» Est-ce à dire que la Suisse romande aura toujours un métro de retard? Non, répond Olivier Français, pour qui certaines villes ont d’ores et déjà bien rattrapé ce retard d’équipement: «A Lausanne, par exemple, grâce au M2, la circulation automobile a été globalement réduite de 13%, 30% même dans le quartier de la Sallaz.» La capitale vaudoise ne compte d’ailleurs pas s’arrêter en si bon chemin; l’idée d’une troisième ligne de métro a en effet été lancée en 2009. «Les choses vont vite, se réjouit le directeur des Travaux. Le projet est déjà en discussion au parlement.» Cette ligne reliant le centre au nord-ouest de la ville desservira notamment les quartiers d’habitation et d’activités économiques et sportives réalisés dans le cadre du grand projet de développement urbain Métamorphose. «Le métro devrait être à l’heure pour la fin du chantier», conclut Olivier Français. E
Politique des transports: qui donne le la? L’articulation transports publics – mobilité douce – déplacements individuels motorisés relève des échelons locaux-régionaux, à travers la mise en œuvre des plans directeurs. «Leur financement est notamment soumis à l’exigence d’une coordination entre les différents acteurs régionaux, précise Olivier Français, directeur des Travaux de la Ville de Lausanne et conseiller national PLR. Cette obligation de travailler ensemble a donné une vraie dynamique aux projets d’agglomération.»
Le développement des infrastructures nationales est quant à lui du ressort de la Confédération, sur la base de la demande des cantons. «Si les régions ne se manifestent pas, il ne se passe rien. Ce qui a été le cas en Suisse romande pendant longtemps. Il n’y a eu par exemple aucune modification structurelle importante sur le rail depuis cent ans! Par ailleurs, nous n’avons pas suffisamment anticipé la saturation des trois autoroutes.»
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dossier
L’avenir des transports
L’exemple de l’Ouest lausannois Un tram, davantage de bus, moins de voitures et une vraie place pour la mobilité douce : on ne bougera plus de la même façon dans l’Ouest lausannois. Son ambitieux schéma directeur annonce une petite révolution dans le partage de l’espace public. Élodie Maître-Arnaud
P
SDOL / F. Werren
récurseur dans la démarche d’une coordination intercommunale de grands projets d’urbanisation et de mobilité, l’Ouest lausannois a initié ses réflexions au tournant du XXIe siècle. Et c’est à la fin de l’année
2003 qu’a été officiellement adopté son schéma directeur (SDOL), un document de planification offrant une vision commune et à long terme de l’aménagement urbain et des réseaux de transport dans une zone géographique de près de 80 000 habitants, située au cœur de la future agglomération Lausanne-Morges,
Mobilité douce: partage de l’espace public Redonner une place aux piétons et aux cyclistes est un élément essentiel dans la vision d’une agglomération compacte, afin de favoriser les déplacements entre les différentes centralités. «Nous devons recoudre les axes de cheminement dédiés aux piétons et aux cyclistes en créant des passerelles et des tunnels sur ou sous les tracés ferroviaires et routiers afin de leur éviter de parcourir des kilomètres de détours inutiles», explique Regina Witter. Une vingtaine de projets de franchissements sont d’ores et déjà en cours. «Il s’agit aussi de compléter ou de sécuriser les itinéraires», ajoute l’ingénieure. La requalification du tronçon de la RC1 (route du Lac) situé le long du campus de l’EPFL fut ainsi le premier maillon d’un projet de cohabitation piétons/cyclistes/bus/voitures lancé dans le cadre du SDOL. A terme, des aménagements multifonctionnels devraient permettre d’assurer la sécurité de tous les usagers jusqu’à Morges. Des aménagements qui doivent également servir l’idée de multimodalité. «Les usagers doivent pouvoir enchaîner différents modes de transport lors d’un même parcours ou tout au long de la journée», souligne l’ingénieure. Pour ce faire, les communes de l’Ouest lausannois passent également des accords avec des acteurs de la mobilité collaborative – autopartage et vélos en libre service –, afin que chacun puisse, à terme, disposer d’un moyen de transport jusqu’au dernier kilomètre.
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sur le territoire de huit communes – Renens, Saint-Sulpice, Villars-Sainte-Croix, Prilly, Chavannes-près-Renens, Ecublens, Crissier et Bussigny. Des chantiers majeurs y sont d’ores et déjà en cours de réalisation.
Anticiper la croissance démographique Chargé de la mise en œuvre des principes d’aménagement du territoire énoncés par le schéma directeur, le bureau du SDOL est un organe technique dont l’action est financée par le canton de Vaud et les communes de l’Ouest lausannois. Il veille notamment à la cohérence des différents projets, en particulier à la coordination urbanisme-transport. «Notre objectif est de favoriser une densification de qualité à proximité d’un réseau de transport efficace, et de développer celui-ci de façon synchronisée avec l’urbanisme», résume Regina Witter, ingénieure mobilité au bureau du SDOL. Porte d’entrée occidentale de la capitale vaudoise, l’Ouest lausannois est depuis longtemps soumis à une forte circulation automobile. La présence sur son territoire des campus universitaires et d’une importante zone d’activité amplifie encore ce trafic. Et, même si sa population augmente aujourd’hui moins vite que celles d’autres districts du canton, les projets de densification urbaine laissent présager une croissance de 69 600 habitantsemplois pour 2030. Pour Regina Witter, la stratégie à suivre afin d’améliorer la qualité de vie dans ce secteur ne fait aucune doute: «Il faut prendre des mesures coordonnées afin de réduire le trafic, c’est-à-dire favoriser le report modal et redéfinir la route en «espace public.» Voici un tour d’horizon des axes majeurs de la politique de mobilité du SDOL pour les décennies à venir. E
Circulation automobile: nouvelles jonctions autoroutières
Transports publics: des axes forts La notion d’axe fort fait référence à des lignes de transport en commun performantes, disposant de voies réservées et de la priorité aux carrefours leur offrant une cadence et une vitesse d’exploitation supérieures aux lignes traditionnelles. Le projet des axes forts s’inscrit dans le cadre du Plan d’agglomération Lausanne-Morges (PALM). L’Ouest lausannois sera ainsi desservi par une ligne de tramway, d’abord du Flon jusqu’à la gare de Renens puis, à l’horizon 2030, jusqu’à Villars-Sainte-Croix. Plusieurs lignes de bus à haut niveau de service (BHNS) seront également exploitées par les transports publics de la région lausannoise (tl) sur des voies réservées.
nécessaires au développement des transports publics d’agglomération. Et ce, alors que la place de la voiture y sera en outre nécessairement réduite physiquement par des aménagements multifonctionnels permettant une cohabitation de tous les usagers de la route. «Nous ne sommes pas dans une position anti-voiture, souligne l’ingénieure. Le nombre de véhicules en circulation devrait d’ailleurs continuer d’augmenter dans les années à venir. Un délestage, notamment grâce au report modal, permettra toutefois de limiter cette augmentation.»
SDOL / AFTPU / Architram
Avec 94 000 véhicules par jour, le secteur de Crissier est l’un des tronçons autoroutiers les plus chargés de Suisse. Il en résulte notamment une saturation des réseaux secondaires aux abords de cet embranchement. «Afin de décharger ce goulet d’étranglement et de faire sortir plus rapidement les voitures du réseau cantonal et local de l’Ouest lausannois, deux nouvelles jonctions permettront de rejoindre l’autoroute depuis Ecublens et Chavannes-près-Renens», explique Regina Witter. Ce désengorgement du réseau local est jugé indispensable, notamment pour libérer les espaces
Réalisé en partenariat avec le bureau du SDOL, les communes de Renens, Chavannes-près-Renens, Ecublens et Crissier, les CFF et les tl, le projet de mutation de la gare de Renens est un chantier d’envergure comprenant notamment la réalisation de nouvelles infrastructures civiles et ferroviaires. «Elle s’inscrit dans le cadre du programme Léman 2030 avec la création d’une quatrième voie entre Lausanne et Renens et d’un saut-de-mouton qui permettra d’introduire la cadence au quart d’heure au cœur du RER vaudois (entre Cully et Cossonay)», explique Regina Witter. Totalement redessinée et desservie par le train, le tram, le métro et de nombreuses lignes de bus, la gare de Renens assiéra ainsi sa position d’interface régionale.
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dossier
L’avenir des transports au siècle dernier! Prenons le Cristal, notre projet né à Crissier en 1998 et destiné à résoudre les problèmes de circulation de sa zone d’activités: les véhicules que nous avons dessinés pouvaient aussi bien être disponibles en libreservice qu’être organisés en convois de navettes urbaines. Ce type de modularité permet de répondre en temps réel à une demande de mobilité individuelle ou semi-collective, avec une possibilité de transport à la demande. Précisions aussi que le Cristal est désormais un véhicule avec chauffeur pouvant avoir des fonctions d’automatisation comme le remorquage immatériel, ou sans contact. Il est un véhicule routier ne nécessitant donc pas l’installation d’infrastructures spécifiques.
Trois véhicules automatiques ont été testés à L’EPFL cet été.
«Répondre en temps réel à une demande de mobilité individuelle ou semi-collective» Evoquer la mobilité de demain, c’est aussi se pencher sur les véhicules du futur. Bien loin des clichés de la science-fiction, des spécialistes planchent sur des modes de transport innovants. Rencontre avec l’urbaniste Thierry Chanard.
Propos recueillis par Élodie Maître-Arnaud
T
hierry Chanard est urbaniste et spécialiste des transports urbains innovants. Il dirige le GEA (Groupe d’études en aménagement), un bureau d’urbanisme lausannois, où il coordonne plusieurs projets en matière de transports urbains. L’un d’entre eux a pour objectif d’expérimenter en situation
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réelle des véhicules automatiques permettant de compléter, sur le dernier kilomètre, l’offre en transports publics existante. Son credo? Le partage de l’espace public entre ses différents usagers. E21 Vous êtes spécialisé en mobilité innovante. De quoi s’agit-il? Thierry Chanard Lorsque l’on parle de transports innovants, il n’est pas seulement question d’imaginer de nouvelles technologies pour les véhicules existants. Il s’agit surtout de développer de nouveaux outils qui remplaceront la voiture individuelle privée, en tant que systèmes de transport public individuel ou semi-collectif. Des véhicules futuristes? Non, ils n’ont rien à voir avec les voitures volantes que l’on associait à l’an 2000
Ce système a-t-il été testé en conditions réelles? Dans le cadre du projet européen CATS (City Alternative Transport System), lancé en 2010, qui prévoyait le test grandeur nature du Cristal, et après plusieurs aléas rencontrés par nos fournisseurs, nous nous sommes retournés vers un autre système innovant, le Navia, afin de valoriser le travail accompli autour du Cristal. Trois véhicules automatiques ont ainsi été expérimentés sur le campus de l’EPFL jusqu’à la fin du mois de juillet dernier, en conditions réelles d’utilisation. Cette démonstration constitue une avancée très concrète dans l’intégration urbaine de systèmes de transport automatiques. Comment ce type de mobilité s’articule-t-il avec les autres modes de transport, notamment publics? C’est une mobilité très fine, une mobilité de niche. Mais elle est indispensable pour compléter les offres en transports publics. Si l’on prend l’exemple du Navia, il s’agit d’un véhicule à vocation intra-urbaine. Cette navette automatique permet ainsi de parcourir les premiers ou derniers kilomètres, ceux qui amènent encore tant de gens à préférer la voiture individuelle. Ce type d’outil doit avant tout servir la planification urbaine et permettre de gagner de l’espace public au profit des usagers.
Précisément, comment insérer ces outils dans la planification urbaine? Il ne suffit pas de mettre de nouveaux outils en fonction, il faut aussi se questionner sur la reconfiguration des villes. Dans nos réflexions autour de la mobilité innovante, nous planchons également sur des méthodologies d’accompagnement à l’intention des collectivités. Certains véhicules automatiques nécessitent en outre des infrastructures spécifiques, en site propre ou protégé. Celles-ci peuvent être pénalisantes pour la ville. Il faut donc penser en amont le croisement de l’ensemble des flux avec, en fil rouge, le partage de l’espace public. Il faut notamment se préoccuper de récupérer de la place pour les usagers. Prenez l’exemple de Genève-Cornavin: le trafic automobile a été divisé par trois devant la gare grâce à la mise en œuvre du tramway, mais il n’y a pas plus de place pour les piétons!
«Les coûts induits par les engorgements urbains, notamment pour la santé publique, s’élèvent à 500 francs par habitant et par an.»
Verra-t-on bientôt des navettes automatiques circuler dans nos villes? Il faut tout d’abord lever certains verrous juridiques et trouver des financements
Est-ce à dire que la voiture n’aura plus sa place dans la ville de demain? Loin de moi cette idée! Je suis venu à l’urbanisme par passion pour la voiture.
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complémentaires. Le Cristal étant un véhicule routier à part entière, nous en verrons les premiers exemplaires probablement dans deux ans. Quant à savoir dans combien de temps on verra circuler des véhicules entièrement automatiques dans nos villes, cela dépend beaucoup des ambitions politiques… et des budgets! Mais, si l’on considère que les coûts induits par les engorgements urbains, notamment en termes de santé publique, s’élèvent à 500 francs par habitant et par an, mis bout à bout, cela fait largement de quoi développer de nouveaux modèles durables!
Mais la ville n’est pas le bon terrain de jeu. Pour autant, je pense que ceux qui voudraient purement et simplement l’interdire se trompent de voie. Il suffit de la remettre à sa juste place par une utilisation rationnelle, c’est-à-dire, pour l’essentiel, propre et partagée. En matière de mobilité comme dans le domaine de l’urbanisme, on assiste à un éternel mouvement de balancier. La voiture était un outil de liberté au début du XXe siècle. C’est l’afflux qui a généré les contraintes. Mais il ne faut pas tomber dans l’excès inverse pour compenser les effets secondaires subis; il convient de faire en sorte que l’amplitude du pendulier soit la moins large possible. Mieux vaut être anticipatif que réactif. E
Recherche Quand L’efficacité énergétique fait consommer plus Malgré les progrès technologiques rendant les appareils moins gourmands, la consommation d’énergie continue d’augmenter. Ce paradoxe a un nom: l’effet rebond. Des chercheurs neuchâtelois sont en train de l’analyser afin d’anticiper la demande énergétique. Élodie Maître-Arnaud
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soler sa maison, troquer sa chaudière au mazout contre une pompe à chaleur, s’équiper de panneaux solaires… Autant de solutions bien connues du grand public pour améliorer l’efficience énergétique de son habitation. Idem pour les appareils électriques que l’on choisit au minimum de classe A, ou encore en matière de mobilité où chacun a accès à une mine d’infos pour acheter le véhicule le moins gourmand et le moins polluant possible. Pour autant, les économies d’énergie effectives ne sont pas aussi importantes que ce que l’on pourrait escompter du seul point de vue technique. La faute à l’effet rebond, un phénomène paradoxal observé par les économistes. «Augmenter l’efficacité d’un appareil de 10% ne signifie pas que l’on consommera 10% d’énergie en moins», résume ainsi Mehdi Farsi, professeur à l’Institut de recherches économiques de l’Université de Neuchâtel et responsable du projet de recherche. Une partie de l’économie réalisée est en effet compensée par une surconsommation.
Analyse micro-économique du phénomène «Quand on améliore l’efficacité énergétique d’un équipement, le coût diminue dans le service que l’on utilise – une voiture consommera par exemple moins d’essence, explique-t-il. Mais on aura dans le même
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temps tendance à s’en servir davantage, ce qui engendrera donc une surconsommation.» Ça, c’est ce que l’on appelle l’effet rebond direct. Car cet effet peut également être indirect: si on économise dans le coût de l’énergie, le revenu disponible augmente et on reporte la dépense sur d’autres biens ou services. Un phénomène dont on a encore du mal à mesurer l’ampleur et qui fait actuellement l’objet d’une étude dirigée par le professeur Farsi. Une première du genre en Suisse de par la méthode de travail choisie. «L’effet rebond est observé selon une approche économétrique, en utilisant un modèle empirique structurel, précise-t-il. Nous nous basons sur une analyse microéconomique, c’est-à-dire sur celle des comportements individuels, afin d’éviter le biais de sélection au niveau macro-économique et de ne pas risquer de surestimer l’effet rebond.» Initié au printemps 2013, le projet a tout d’abord consisté à analyser les données existantes dans le domaine des transports pour en évaluer l’effet rebond. Et à partir de cet automne, les chercheurs effectueront une enquête expérimentale au niveau national sur les équipements de chauffage et de transport.
Efficacité technique vs efficacité comportementale Le but de ces recherches? Apprécier, en fonction des équipements choisis, la valeur
de l’effet rebond dans chacun des cas. Des conclusions plus générales pourront alors être tirées et permettront de mieux anticiper les besoins énergétiques du futur, l’analyse de la demande reposant en grande partie sur une bonne compréhension de ce phénomène paradoxal. «On pense qu’il suffit d’améliorer l’efficacité énergétique pour réduire la consommation. Or cette équation ne se vérifie pas. A court terme, des résultats empiriques montrent un effet rebond de l’ordre de grandeur de 50%. C’est-à-dire que la réduction de la consommation est deux fois moindre que ce que permet en théorie l’amélioration des performances énergétiques d’un appareil pour un usage équivalent.» Pire encore, on pourrait même assister à ce que l’on appelle un backfire, c’est-à-dire une surcompensation de la consommation et une augmentation de la demande totale en énergie. «A long terme, l’effet rebond peut atteindre 150% dans certains secteurs, ce qui est totalement contre-productif!» souligne le professeur. Et de relever que c’est moins l’efficience pure d’un appareil qui importe que le comportement de celui qui l’utilise. «On peut se demander s’il ne vaudrait pas mieux subventionner les comportements efficaces plutôt que les équipements efficaces», relève-t-il. Une option qui change la donne des politiques énergétiques car il faudrait alors imaginer des stratégies ciblées, avec des messages individualisés.
L’effet rebond dans la Stratégie 2050 «On communique peu sur l’effet rebond, regrette Mehdi Farsi. C’est une donnée sous-estimée par les milieux économiques, scientifiques et même politiques. Ce phénomène n’est d’ailleurs pas pris en compte dans la Stratégie énergétique 2050.» Une étude mandatée par l’OFEN et dont les résultats ont été publiés en novembre 2013 avait toutefois pour objectif d’analyser les risques d’effet rebond dans les mesures d’efficacité figurant dans le premier paquet de mesures
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de la Stratégie*. Parmi les risques majeurs identifiés, celui en lien avec la mesure d’extension des prescriptions d’efficacité des appareils électriques. Celle-ci a pour but de faire disparaître du marché les produits les moins performants grâce à la définition de normes minimales. Les auteurs de l’étude recommandent la commercialisation rapide et massive des nouveaux appareils afin PUBLICITÉ
d’éviter l’achat intermédiaire de produits bon marché moins efficaces. Ils invitent également les autorités compétentes à prendre des précautions pour limiter l’usage à double – et même davantage – de ces appareils lorsque les consommateurs ne se débarrassent pas des anciens modèles à l’achat des nouveaux. Les conclusions de l’étude soulignent aussi la nécessité
de procéder à des recherches supplémentaires en vue de mieux quantifier l’effet rebond. Rendez-vous dans deux ans pour la publication des résultats de celle de Mehdi Farsi et de son équipe. E *«Massnahmen der Energiestrategie 2050: Begleitende verhaltensökonomische und sozialpsychologische Handlungsempfehlungen».
Recherche Nouveaux matériaux Alain Herzog / EPFL
La plupart des revêtements absorbants pour capteurs thermiques sont déposés sous vide et la complexité de ces installations engendre des coûts d’investissement énormes. Au cours de leurs recherches, les scientifiques ont ainsi également inventé une méthode totalement inédite pour déposer par trempages successifs et fixer les matériaux nanocomposites en couches minces. «Généralement, les tests sur les nanoparticules se font sur des échantillons de petite taille. Néanmoins nous avons réussi à développer un procédé simple et nous arrivons à produire des tubes de 2 m dans notre laboratoire. Notre innovation – un système à induction – permet de chauffer en quelques secondes les tubes à 400 °C, en un seul passage et uniquement là où c’est nécessaire. Beaucoup d’énergie est ainsi économisée», explique le chercheur.
Passer au blanc dès 95 °C
Soleil noir Les panneaux solaires perdent de leur couleur et efficacité avec le temps. Leur fabrication nécessite des installations complexes, énergivores ou l’utilisation d’un chrome toxique. Une invention de l’EPFL remédie à tous ces défauts. Ludmila Glisovic
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ctuellement, les panneaux solaires thermiques installés en Europe sont, pour l’essentiel, des panneaux plats noirs qui absorbent environ 90% de l’énergie reçue. Mais la chaleur et la lumière altèrent leur revêtement. Ils perdent ainsi au fil du temps de leur efficacité. En outre,
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afin d’obtenir la bonne nuance, on utilise un produit polluant, le chrome hexavalent. C’est en partant de ces constats que le Laboratoire d’énergie solaire et physique du bâtiment de l’EPFL a développé des nouveaux matériaux et, dans la foulée, une méthode d’application inédite pouvant être utilisée, à ce jour, uniquement sur des capteurs tubulaires.
Un revêtement plus stable Ce nouveau procédé est composé de trois couches contenant les éléments silicium, cobalt, manganèse et cuivre. «Notre invention, plus écologique, est intéressante, se réjouit Andreas Schüler qui dirige l’équipe de recherche. Elle simplifie la fabrication, et la pose des composants produit moins d’énergie grise. Les tests en laboratoire démontrent aussi de manière spectaculaire que ses propriétés de durabilité sont supérieures. Même soumis à des températures extrêmement élevées, le revêtement reste stable et résiste mieux à la corrosion humide.»
Ce procédé qui a été breveté offre une qualité exceptionnelle. Les différentes couches sont parfaitement appliquées et homogènes. Les investissements pour la création d’une usine bénéficiant de ce procédé coûteraient dix fois moins cher qu’une installation dotée de machines sous vide. Et si le coût initial est très faible, le coût opérationnel l’est aussi. Mais la recherche ne s’arrête jamais. L’équipe planche désormais pour trouver une solution afin d’éviter la surchauffe des installations thermiques grâce à la thermochromie. En été, l’excès de chaleur provoque en effet un phénomène d’évaporation. Et cette vapeur d’eau chasse le liquide caloporteur. Pour permettre aux capteurs de se vider et éviter que l’installation n’explose, on intègre un système complexe de soupapes mécaniques. «Nous travaillons sur des couches dites intelligentes qui changeront de couleur quand les températures deviendront trop élevées, poursuit Andreas Schüler. Nous voulons qu’à partir de 95 °C, le capteur vire au blanc, ce qui lui permettra de se stabiliser et ajoutera une fonctionnalité. Nous avons déjà trouvé une couche sélective thermochrome qui a des propriétés particulières. Afin d’abaisser encore plus l’émissivité thermique, nous souhaitons compléter nos revêtements multicouches avec une couche intermédiaire qui agira comme un miroir infrarouge.» L’esprit du physicien, spécialiste des couches minces et des propriétés optiques et électroniques des matériaux, vagabonde sur des terres à défricher: «Nous devons découvrir jusqu’où il est possible d’aller avec les couches sélectives.» E
Construction Recherche
Moins de CO2 dans le ciment S’il est adopté à large échelle, ce matériau à base de chaux moulue crue et d’argiles calcinées développé à l’EPFL pourrait bien faire baisser la production mondiale de CO2 de quelques points. Sylvie Ulmann
L
e béton, dont la composante clé est le ciment, est la deuxième matière la plus consommée sur la planète, juste après l’eau. En tout, on en utilise 12 milliards de tonnes par an. On le considère plutôt comme un matériau écologiquement correct, puisqu’il ne représente que 7 à 8 % des émissions de dioxyde de carbone mondiales, ce que les spécialistes estiment être de l’ordre du raisonnable au vu de la masse produite. Et c’est justement dans cette quantité impressionnante que se niche l’intérêt d’améliorer son bilan carbone. «Vu les quantités utilisées, une amélioration même infime sur le plan du CO2 vaut la peine d’être adoptée, car l’effet de levier est énorme», affirme Jérôme Laffely, responsable du projet LC3 (abréviation de «Limestone Calcined clay Clinker Cement») à l’EPFL.
ment des argiles calcinées comme substitut depuis les années 1960. «Mais, jusqu’à présent, on ne parvenait pas à dépasser 30 % de substitution du clinker par ces argiles en maintenant de bonnes performances. Or, en ajoutant de la chaux simplement moulue, nous sommes arrivés à plus ou moins 50 % de substitution par un effet de synergie chimique entre l’argile calcinée et la chaux crue broyée.»
Opérationnel d’ici à deux ans L’équipe travaille maintenant à la mise en place de ce nouveau matériau, qui bénéficie heureusement du soutien de grands cimentiers appuyant ce projet aux côtés de la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC). Car, en plus d’économiser du CO2, celui-ci a le mérite de coûter entre 10 et 30 % moins cher qu’un ciment tradi-
tionnel, suivant le contexte de production et la qualité de la matière première. Autre avantage, il permet aux cimentiers d’utiliser des matériaux annexes de leurs carrières, et donc d’en prolonger la durée de vie. Le soutien financier de la DDC devrait favoriser la commercialisation de cette innovation le plus rapidement possible. «Ce produit serait de toute façon arrivé sur le marché d’ici à dix ou quinze ans, mais nous espérons ainsi faire avancer les choses plus vite, afin que dans sept à dix ans, tout le monde s’y mette», conclut Jérôme Laffely. Ce nouveau standard pourrait bien arriver en Europe dans deux ou trois ans, mais les pays en croissance, qui construisent à tour de bras, constituent son cœur de cible. A Cuba, en Thaïlande, au Brésil, en Inde et en Chine, des projets sont en cours à divers états d’avancement. E
Supprimer l’étape de décarbonatation Un bâtiment entièrement construit avec du LC3 à Jhansi, en Inde, en 2013.
Soumen Maity
«Il faut agir sur la composante la plus polluante du ciment, c’est-à-dire le clinker, explique le responsable du projet. Celui-ci est composé à 90-95 % de calcaire décarbonaté pour un ciment Portland ordinaire. La décarbonatation se fait dans d’énormes fours chauffés à 1500 °C et implique un rejet de CO2 dans l’atmosphère. Environ 60 % de ces rejets résultent de la décarbonatation et seulement 40 % proviennent du chauffage. L’idée consiste donc à réduire la part de clinker dans le ciment afin d’améliorer ses performances environnementales.» Pour y parvenir, une partie du clinker a été remplacée par des argiles calcinées à 750 °C. «On économise du combustible puisqu’on travaille à une température plus basse et, bien sûr, on réduit les émissions de CO2, puisqu’il n’y a pas d’étape de décarbonatation.» Jérôme Laffely le rappelle: ce processus ne date pas d’hier. On utilise en effet couram-
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Recherche Piles à combustible
Bientôt des stations à hydrogène sur les lacs suisses ? Dans le sillage du bateau Hydroxy3000, l’Ecole d’ingénieurs d’Yverdon-les-Bains développe un projet devant favoriser une navigation plus écologique. Explications. © Philippe Morey
William Türler
L’
hydrogène remplacera-t-il un jour l’essence dans le moteur des bateaux voguant sur les lacs helvétiques? Les chercheurs de l’Institut d’énergie et systèmes électriques (IESE) de l’Ecole d’ingénieurs d’Yverdon-les-Bains travaillent sur un projet allant dans ce sens. Baptisé H2ports, son objectif consiste à développer un réseau de stations-service à hydrogène dans les différents ports suisses.L’idée fait suite à l’élaboration de l’Hydroxy3000, un bateau à hydrogène conçu par l’institut et mis à l’eau pour la première fois en 2003. «Les piles à combustible existaient depuis longtemps dans l’automobile, nous avons simplement décidé d’intégrer cette technologie à la navigation», indique Jean-François Affolter, responsable du projet et professeur en énergie électrique à l’Ecole d’ingénierie et de gestion d’Yverdon-les-Bains.
Ni bruit ni pollution D’un poids de 1500 kg, l’engin peut transporter sept personnes à une vitesse maximale d’environ 13 km/h. Il dispose d’une autonomie d’une quinzaine d’heures et peut parcourir l’équivalent de 120 km. Les concepteurs soulignent que 5 m2 de panneaux solaires suffiraient pour produire, par électrolyse, l’hydrogène nécessaire à une saison typique de navigation de loisir. Les avantages de ce navire de 7 m de long à motorisation électrique sont multiples en termes de navigation: absence de pollution (le système ne rejette que de l’eau), de bruits, d’effluves et de vibrations. En outre, une pile à combustible représente un poids d’une centaine de kilos, contre 250 kg et à peine deux heures d’autonomie pour une batterie traditionnelle au plomb. A noter que, depuis l’année dernière, le
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navire est muni de panneaux solaires permettant par exemple de recharger les batteries lorsque le bateau est à quai. «Nous avons démontré que cette technologie hybride fonctionne bien, souligne Jean-François Affolter. Le problème est aujourd’hui de la commercialiser.» Or, comme pour les voitures électriques, l’un des obstacles est précisément le manque d’infrastructures d’alimentation. En outre, les prix restent très élevés. Une pile coûte actuellement environ 15 000 francs et un tel bateau près de 100 000 francs. Un «plein» reviendrait environ à une centaine de francs. Autre problème: à l’heure actuelle, 95 % de l’hydrogène utilisé provient du pétrole, plus précisément de résidus lors de la fabrication de l’essence.
Appel aux pouvoirs publics Pour pallier ces inconvénients, les chercheurs ont élaboré divers scénarios de faisabilité. Ils relèvent notamment qu’une vingtaine de stations-service suffiraient pour équiper chacun des lacs suisses, ce qui, en comparaison des 4000 stations à essence
que compte le pays, représente un investissement envisageable. Pour rester écologique, l’hydrogène peut être fabriqué grâce à des électrolyseurs via des systèmes d’énergies renouvelables, tels que des éoliennes, en cas de surplus de production. «Un coup de pouce politique serait le bienvenu pour lancer le projet, par exemple dans le cadre d’un projet de démonstration», ajoute Jean-François Affolter. Comme pour beaucoup de produits industriels, c’est en augmentant la fabrication que l’on peut baisser les prix. Sur un lac tel que le Léman, les chercheurs estiment qu’une station à hydrogène pourrait à moyen terme alimenter une centaine de bateaux. Afin de favoriser ce développement sur les différents lacs helvétiques, des synergies sont possibles avec le marché des voitures électriques: elles utilisent les mêmes piles à combustible-hydrogène et certains réseaux, par exemple en Californie, sont déjà bien étendus. «Cela pourrait devenir un marché de niche dans le luxe intéressant pour le secteur», conclut Jean-François Affolter. E
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Les incinérables redorent leur BLason Production électrique et valorisation des rejets de chaleur: l’incinérateur de Monthey assoit son rôle de centrale énergétique.
Texte: Élodie Maître-Arnaud Infographie: Clémence Anex
L
e temps où l’on se contentait de brûler les déchets incinérables afin d’éviter leur mise en décharge est révolu. «Il ne faut plus considérer les usines d’incinération comme des installations polluantes au mauvais rendement énergétique, c’est complètement faux!» s’insurge ainsi Edi Blatter, directeur de SATOM SA à Monthey. Les usines de valorisation thermique des déchets se positionnent en effet comme des acteurs à part entière dans la production d’énergie électrique et thermique, à laquelle
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elles contribuent à hauteur de 3% de la consommation électrique et de 62% de l’énergie thermique distribuée par des réseaux de chauffage en Suisse. Et, durcissement des normes relatives au traitement des fumées oblige, les incinérateurs sont désormais soumis à des exigences plus sévères que celles de l’industrie. «Les meilleurs d’entre eux ont un rendement énergétique supérieur à celui des centrales électriques utilisant le mazout, le charbon ou le bois», affirme Edi Blatter. Il considère en outre que le dogme de la priorité au recyclage sur la valorisation énergétique pour les bois ou les plastiques est dépassé.
Déchets ménagers = combustible Construite dans les années 70 afin de détruire les déchets de plusieurs communes valaisannes et vaudoises, l’usine de Monthey joue aujourd’hui un rôle majeur de centrale énergétique. L’énergie dégagée lors de la combustion des déchets y est notamment transformée en électricité et alimente une centrale de chauffage à distance. Plusieurs chantiers sont en cours afin d’étendre le thermoréseau de SATOM. Celui-ci chauffe notamment la piscine municipale depuis quelques mois et distribuera bientôt de la chaleur à des serres exploitées par
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Société
Migros. La production d’énergie s’inscrit en outre dans un processus d’écologie industrielle initié en 2010 par la construction de plusieurs conduites reliant l’usine d’incinération à la raffinerie pétrolière voisine (lire encadré page suivante). Près de 600 000 tonnes de vapeur à haute pression ont ainsi été produites en 2013 par l’incinérateur de Monthey, permettant de générer 120 GWh d’électricité sur cette même période. De quoi relativiser la préférence donnée au recyclage du bois et des plastiques plutôt qu’à l’incinération par certains acteurs du développement durable. «La valorisation matière se comprend si l’on n’a pas besoin d’énergie; autrement, cela n’a aucun sens! explique Edi Blatter. Dès lors que les usines d’incinération valorisent l’énergie contenue dans ces matériaux avec les mêmes rendements que lorsqu’on les brûle à l’état primaire, ceux-ci ne doivent plus être
considérés comme des déchets mais comme des combustibles pleinement valables.»
Non au tri à tout va! Et de souligner avec quelle absurdité certains déchets de bois suisse ont, par le passé, été envoyés en Italie afin d’en faire
des planches d’aggloméré exportées ensuite aux Etats-Unis… «Mieux vaut les brûler ici et utiliser l’énergie ainsi dégagée plutôt que de leur faire parcourir la moitié de la planète!» souligne Edi Blatter. Idem, selon lui, pour les plastiques des ménages, qui ne sont pas recyclables à des conditions
Des déchets pour réguler le réseau électrique La construction d’une nouvelle halle sur le site de SATOM devrait permettre de faire passer la capacité de stockage des déchets de 6000 à 18 000 tonnes. Un investissement essentiel, selon Edi Blatter, afin que l’entreprise assoie encore sa place de centrale énergétique. L’usine d’incinération pourra ainsi jouer un rôle dans la régulation du réseau électrique: «La valeur de l’électricité connaît actuellement des fluctuations importantes, notamment en raison du photovoltaïque. Or il est essentiel d’assurer une production flexible afin de pouvoir l’ajuster à la consommation. Notre usine a justement la possibilité de contribuer à cette régulation en stockant les déchets et en modulant l’utilisation de ses deux fours, voire en arrêtant l’un d’entre eux pendant l’été.»
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Gestion des déchets économiquement supportables mais qui constituent un excellent combustible pour les incinérateurs. «Les collectes séparées de ces dérivés pétroliers sont une aberration à l’heure actuelle, s’enflamme-t-il. Elles induisent des transports et un coût supplémentaires pour les citoyens ou les communes, alors que les plastiques finissent de toute façon dans les incinérateurs, mélangés aux résidus ménagers, ou dans les fours des cimenteries.» Hors de question toutefois de brûler n’importe quoi. «C’est aussi le rôle des acteurs du traitement des déchets de rendre les autorités attentives à la présence de composants toxiques dans les biens de consommation afin de les interdire», ajoute Edi Blatter. Le directeur de SATOM affirme en outre son attachement au tri sélectif des déchets dont les filières sont bien rodées – papier, verre, métaux et matériel électrique notamment. Il plaide aussi pour des collectes séparées pour les minéraux, qui se trouvent dans les sacs-poubelle en quantité égale aux plastiques. En effet, ne produisant aucune énergie, ces minéraux usent les fours et induisent une coûteuse mise en décharge sous forme de scories après l’incinération.
Considérer les déchets comme des matières premières lui paraît encore moins contestable en ce qui concerne les déchets verts. SATOM a d’ailleurs racheté en 2007 la compostière de Villeneuve; grâce aux déchets organiques, elle y produit du biogaz, de l’électricité, de la chaleur ainsi que des montagnes de compost. «Réduire le volume des déchets verts est illusoire… à moins de bétonner complètement notre environnement et d’utiliser des herbicides pour traquer la moindre pousse! ironise Edi Blatter. Il faut au contraire organiser des collectes au plus près des usagers et
multiplier les structures afin de valoriser cette biomasse.» De nombreuses communes ont ainsi introduit des collectes de déchets verts en porte-à-porte en même temps que la taxe au sac. «Les gazons ont disparu des sacs-poubelle, ce qui est une bonne chose pour les incinérateurs», relève le directeur de SATOM. Il déplore toutefois que les déchets verts des communes qui les collectent encore dans des Ecopoints non surveillés soient désormais souillés, et donc impropres à la production de compost: «Trop de personnes y cachent des déchets pour échapper à la taxe.» E
SATOM
Utilisateurs CHAUDIÈRE Vapeur d’eau 410°c
Génératrice électrique 130 GWh / an
TURBINE
Taxe au sac sans avantage écologique Le directeur de SATOM est également sceptique quant à la taxe au sac. «Elle n’a pas réduit le tonnage des déchets, mais principalement la façon de les prendre en charge, explique-t-il, obligeant ainsi les communes à compléter leurs structures de collecte.» Selon lui, si le principe du pollueur-payeur fonctionne bien pour les entreprises, il est inapproprié pour les citoyens. «Leurs déchets incinérables représentent 95% du volume (et non du poids) des déchets et doivent être considérés comme de la matière première pour la production d’énergie indigène, martèle-t-il. Or c’est précisément ce qui devrait rester dans la poubelle ménagère qui est le plus lourdement taxé.» Les plastiques représentent ainsi, à eux seuls, 65% de son volume et fournissent 50% de l’énergie contenue dans les déchets lors de l’incinération. «Le camion poubelle, avec sa benne compactrice intégrée, est le moyen de collecte le plus efficace pour une matière aussi volumineuse, soulignet-il. Il est préférable à son acheminement en véhicule privé à la déchèterie ou à son transport sur de longues distances pour un hypothétique recyclage.»
Société
Vapeur d’eau 230°c
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ÉCHANGEUR DE CHALEUR
Industrie locale 70°c Réseau chauffage à distance 50°c
Serres
INCINÉRATION DES DÉCHETS
L’écologie industrielle selon SATOM «Le processus d’incinération des déchets engendre un dégagement important de vapeur d’eau à 410 °C, d’une pression d’environ 50 bars, explique Edi Blatter. Grâce à une détente partielle dans une turbine géante, celle-ci permet de générer quelque 130 GWh d’électricité par an. En sortie de turbine, la vapeur affiche encore une pression de 10 bars et une température de 230°C, ce qui correspond aux besoins de l’industrie locale (raffinerie Tamoil). En lui fournissant cette vapeur, nous lui évitons ainsi d’avoir à brûler davantage d’hydrocarbures au
cours de ses processus de production. En retour, la raffinerie nous envoie ses propres rejets de chaleur, que nous réinjectons dans le réseau de chauffage à distance de Monthey. Lorsque l’eau du réseau revient, sa température est encore suffisamment élevée. Elle permettra de chauffer des serres prochainement exploitées par Migros. Et ce n’est donc qu’une fois totalement refroidie que l’eau retournera dans le circuit de l’incinération des déchets pour se réchauffer afin de boucler la boucle.»
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Art et développement durable DR
Société
L’art et la culture ont permis la reconversion de la région industrielle de Ruhr. Le gazomètre est devenu un centre d’expositions.
«Il faut ré-enchanter l’écologie» L’art peut apporter une contribution de poids aux défis sociétaux et environnementaux qui sont les nôtres. Loin des discours moralisateurs, il appelle à l’action «un homme rendu à ses capacités les plus subtiles». Tel est l’avis de Guillaume Logé, conseiller artistique, chercheur en histoire de l’art et en sciences de l’environnement. Propos recueillis par Sophie Kellenberger
L’
écologie peut-elle retrouver l’aspect novateur et séduisant de ses débuts? Aujourd’hui, le développement durable est généralement présenté comme une nécessité menaçante. De la
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très belle idée d’un nouveau regard sur la Terre et la nature ne subsiste souvent qu’un discours agaçant et moralisateur où le plaisir n’a plus sa place. Des actes qui pourraient être plaisants et désirés apparaissent ainsi comme des contraintes. Serait-il possible de redonner du sens à l’écologie et de retrouver l’envie d’en avoir
envie? Le chercheur Guillaume Logé en est convaincu: il faut s’engager dans la voie d’une véritable intégration de l’art à la société. E21 D’où vient le fait que, pour beaucoup, le terme écologie fait office de repoussoir? Guillaume Logé L’écologie apparaît trop souvent comme une réponse technique à un problème qui, d’abord, ne l’est pas. Etymologiquement, le terme vise notre manière d’«habiter» le monde, de vivre. Le langage alarmiste et culpabilisateur et sa réponse scientifique et législative font l’impasse sur ce qui constitue et anime l’homme au plus profond de luimême. Quel rôle l’art pourrait-il jouer pour l’environnement? Il faut se ré-emparer de la beauté, de la joie, du désir, de nos sens… De toutes ces forces qui sont soit transformées en pacotilles par le marché, soit abordées par les seules religions. Cela passe aussi par un changement de vocabulaire. Le registre négatif (interdits, décroissance, suffisance) doit céder la place à quelque chose de plus radieux: rien dans le vivant ne veut décroître, l’homme ne fait pas exception, et c’est tant mieux! Ne nions
surtout pas cette force qui est le seul muscle possible d’une volonté collective d’aller vers un autre art de vivre. Il faut ré-enchanter l’écologie! Je parle ici de l’inverse même d’une utopie: je parle d’une invitation au réel, ce trésor trop
Comment l’art peut-il aider à réfléchir? Auriez-vous des exemples concrets? Je suis conseiller artistique du Forum Vies Mobiles de la SNCF, un laboratoire pluridisciplinaire qui cherche à comprendre les mobilités d’aujourd’hui pour
«L’intégration d’un rapport actif à l’art sera source de création de valeurs économiques et durables.» inconnu et inexploité. Il faut développer un rapport à l’art qui vienne accroître notre perception de la vie et suscite les moyens d’action. Faire jaillir. (S’)Emerveiller. Inventer. Cultiver un monde de diversités naturelle et culturelle (les deux fonctionnent ensemble) et élaborer à partir de là toutes les activités. Il faut rendre l’homme à lui-même, c’est-à-dire affirmer son essence créatrice et son aptitude à percevoir le monde, avec son corps et avec son esprit.
inventer celles de demain, dans le contexte environnemental et sociétal qui nous préoccupe. L’art représente l’un des axes stratégiques du forum. Artistes et chercheurs travaillent ensemble afin de faire fructifier leurs méthodes et leurs visions. Nous venons de lancer, en Chine, un projet piloté par l’urbaniste-sinologue Jérémie Descamps (The Contemporary China Mobility Memory Project – CCMMP). Il implique dix sociologues, un géographe, un collectionneur de photos
amateurs, un artiste et un critique d’art. Notre objectif est d’explorer l’imaginaire des Chinois relativement à la mobilité. Ce mode expérimental de collaboration dans la recherche, vous le trouvez aussi dans l’entreprise. Pour rester en Chine, c’est par exemple la mission de l’artiste Alessandro Rolandi, employé en tant que «Social Sensibility Manager» par l’entreprise Bernard Controls, fabricant de cerveaux-moteurs. Vous avez d’autres exemples? Prenez ce qui s’est fait dans la Ruhr, en Allemagne, à partir des années 1980. Après avoir été un fleuron industriel, cette région était sinistrée, sur tous les plans: pollution des sols et des rivières, économie en berne, chômage, crise de l’habitat… L’art, la culture ont permis d’élaborer un plan de reconversion dont ils sont devenus la colonne vertébrale, faisant de toute la région, avec la ville d’Essen, la Capitale européenne de la culture en 2010. L’identité de ce territoire, explorée par des personnes qui ont agi comme des artistes auraient agi, a révélé son essence culturelle, ses caractéristiques
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Société
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art et développement durable
Un parking comme une œuvre d’art à Lyon, avec le travail de Daniel Buren (ci-dessus). A Essen, l’ancien site industriel de Zollverein s’est mué en pôle culturel (ci-contre).
esthétiques, ses valeurs propres, son histoire, ses mythes, etc., en même temps que ses spécificités naturelles. Un écosystème caché venait d’être mis au jour. La reconversion écologique, économique et sociale a foisonné autour de ce que l’on a compris comme étant le cœur battant qui devait irriguer toutes les branches du territoire. En France, à une échelle très réduite, je trouve intéressante la démarche de Lyon Parc Auto avec ses parcs de stationnement. Les artistes ont été associés dès le début au projet de construction. Ces approches sont quasi indolores financièrement à l’échelle du budget global de tels chantiers. L’art et plus largement l’esthétique peuvent encourager de nouveaux comportements, accentuer les fonctions sociétales d’un projet, créer du plaisir et de l’envie en même temps qu’ils permettent à une entreprise de se démarquer des autres, de remporter plus de marchés en jouant sur l’intégration dans l’espace, sur le bien-être ressenti par les utilisateurs, sur l’image que la ville y trouvera, etc. Quel regard portez-vous sur ce que fait l’industrie du luxe? Le secteur du luxe a compris le premier le parti qu’il pouvait tirer de l’utilisation de ressorts artistiques et culturels. Il a compris le pouvoir de l’esthétique et des symboles, leur capacité à jouer sur la vie des gens, leur conscience, leurs représentations et leurs
désirs. D’autres initiatives, dans les hôpitaux par exemple, ont essayé d’employer des moyens de nature comparable. Si l’on comprend que l’environnement (son esthétique, la nature de ses matériaux, son ambiance, etc.) agit sur les personnes, on comprendra qu’il peut aider un malade à garder le moral, à guérir plus vite, et donc contribuer à ce qu’il requière moins de personnel, coûte moins cher en médicaments et occupe moins longtemps un lit… On gagne sur le plan de la santé comme sur celui des dépenses. Dans un autre domaine, à Tokyo, le 21-21 Design Sight d’Issey Miyake présentait en 2010, dans l’exposition POST FOSSIL: Excavating 21st Century Creation, des designers qui travaillent sur la forme de poubelles. De jolies formes qui inciteraient davantage à les utiliser. Combien d’entreprises dans le secteur des déchets intègrent une dimension esthétique à leur R&D? On peut regretter que ne soient pas plus répandues des approches de ce type. Quels acteurs sont concernés? Je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas d’un rôle concernant les artistes uniquement. Bien au contraire, cette appropriation d’un rapport sociétal à l’art vise tout le monde; c’est le sens des mots célèbres de l’artiste Joseph Beuys: «Chaque homme
est un artiste.» Ça ne doit pas devenir pour autant la porte ouverte au règne d’un amateurisme bien-pensant (c’est même le pire écueil): nous aurons de plus en plus besoin de personnes dont ce sera la spécialisation et le métier à temps plein. Comment répandre cette approche? On touche ici à des questions de formation et de création de nouveaux métiers qui s’avéreront porteurs de valeurs tant durables qu’économiques, surtout si l’on considère la manière dont l’économie commence déjà à évoluer. Les écoles de commerce et d’ingénieurs, les écoles d’art, les universités doivent enseigner cette dimension à tous leurs étudiants et, de surcroît, créer des formations précisément dédiées à la question de l’intégration d’une approche sociétale de l’art à l’économie, au marketing, à l’urbanisme, à la santé, à l’entrepreneuriat, au design, etc. Je ne serais pas étonné que les entreprises et cabinets de conseil en viennent, de plus en plus, à former ou à embaucher ce type de compétences. De nouveaux métiers apparaîtront. Mais n’oublions pas que cela ne fonctionnera que si, au-delà de spécialistes, une telle culture de projet est sérieusement enseignée et partagée par tous les acteurs. E
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Société
Enquête
Locataires et efficience énergétique, une relation compliquée En Suisse, la proportion des locataires dépasse largement celle des propriétaires. De quels moyens les premiers disposent-ils pour améliorer l’efficacité énergétique de leur habitat? Le point avec plusieurs spécialistes. Marie-Hélène MORF
E
nviron 60% de la population suisse n’est pas propriétaire de son logement. Et quand il s’agit de prendre la décision d’investir pour une meilleure efficacité énergétique de l’habitat, celle-ci relève de la seule compétence du bailleur. Est-ce à dire que les locataires ne disposent d’aucune marge de manœuvre en la matière? Même si quelques propositions émergent afin de favoriser une participation active des locataires et de ne pas laisser de côté ce potentiel énorme d’économie d’énergie, pour Anne Baehler-Bech, présidente de l’Asloca romande (Association suisse des locataires) et secrétaire générale d’Asloca-Vaud, la réponse ne fait aucun doute: «Le locataire est captif, il ne peut rien faire, tout dépend de la responsabilité du bailleur.» Il faut dire que les moyens de pression dont le locataire dispose sont très limités. «Lorsque des défauts sont constatés dans l’appartement, le locataire peut ouvrir une procédure relativement longue et lourde de consignation des loyers, explique-t-elle. On ne peut exclure qu’il puisse avoir recours à cette procédure pour des questions énergétiques mais le résultat serait laissé à la libre appréciation des tribunaux. Pour ma part, je n’ai jamais eu connaissance d’une telle action engagée pour déperdition d’énergie au sein d’un appartement ou pour nécessité d’assainir un immeuble.»
«Les locataires gardent la possibilité d’agir sur ce qu’ils consomment en adoptant les écogestes pouvant être mis en œuvre dans le cadre du bail.» Martin Kernen, directeur-adjoint de Planair SA
revers de la médaille est l’augmentation de leur loyer. «En l’état actuel du droit, une ordonnance précise que les travaux liés à l’assainissement de l’immeuble sont considérés comme des travaux à plus-value; ils sont donc répercutés sur les locataires, confirme Anne Baehler-Bech. Mais, en
Statut d’occupation des logements en 2012 3,4%
26% 56,6% 11,2%
Travaux = augmentation de loyer Et, quand bien même les locataires souhaitent et obtiennent que leur propriétaire effectue des travaux d’assainissement, le
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contrepartie, de tels chantiers doivent aussi signifier une diminution des acomptes de frais accessoires liés aux décomptes chauffage et eau chaude. Une discussion a cours un peu partout afin de savoir comment procéder pour assainir les immeubles sans que cela soit, comme
2,8% Source: OFS Neuchâtel 2014
■ Locataire ou sous-locataire ■ Coopérateur/trice ■ Propriétaire du logement/ propriétaire par étage ■ Propriétaire de la maison ■ Autre situation: logement mis à disposition gratuitement par un parent
ou un employeur, logement de service (p. ex. logement de concierge), bail à ferme
Les logements dont la statut d’occupation est inconnu ne sont pas représentés dans ce graphique.
le droit le prévoit actuellement, uniquement à la charge des locataires.» En ce sens, on évoque la piste des certificats énergétiques. Illusoire, selon la spécialiste: «Le locataire n’a même pas l’opportunité, lorsqu’il souhaite conclure un bail avec un propriétaire, de prendre connaissance du certificat énergétique de son bâtiment… dans la mesure où celui-ci n’est pas encore obligatoire! Au moment de la postulation, le preneur du bail ne sait pas à quelle sauce il sera mangé.» Une situation que l’Asloca entend bien faire évoluer: «Il est vrai que passablement de propriétaires se rendent compte qu’il est nécessaire d’assainir les immeubles, par responsabilité personnelle et comportement citoyen. Certains ont conscience aussi que répercuter l’intégralité de ces coûts sur les locataires n’est sans doute pas équitable. Donc une petite porte s’entrouvre peutêtre pour des négociations en vue d’activer le processus.»
Incitations insuffisantes Les assainissements d’immeubles locatifs sont en effet encore très rares, et ce, pour plusieurs raisons. «D’une part, les propriétaires n’y sont pas incités; d’autre part, il s’agit de travaux lourds qui, le plus souvent, sont effectués par étapes successives: changement de fenêtres, pose d’un nouveau crépis, réfection de la toiture, etc., relève Anne BaehlerBech. Certains propriétaires n’ont pas une vue d’ensemble à ce sujet. Quant à passer à des énergies renouvelables, encore moins!» Il est pourtant dans leur propre intérêt de procéder à un assainissement de leur bien immobilier. Etant assaini, celui-ci a en effet davantage de valeur sur le marché. Un point qui, selon la spécialiste, ne suffit pas à les motiver: «Ils craignent l’ampleur des travaux et redoutent des complications «pour pas grand-chose» s’ils ne souhaitent pas vendre leur immeuble dans un proche avenir. Un certain nombre d’encouragements leur sont proposés sous forme de subventions de la part de la Confédération et des cantons, mais c’est encore insuffisant. Assainir le parc des immeubles en Suisse est pourtant le plus gros travail qui nous attend pour aller vers une société à 2000 watts.»
Quelques moyens d’action Même si les locataires disposent à ce jour d’une marge de manœuvre quasi nulle en ce qui concerne l’efficience énergétique des bâtiments, ils ont toutefois un rôle à jouer dans ce domaine. «Ils gardent la possibilité d’agir sur ce qu’ils consomment, en adoptant les éco-gestes qui peuvent être mis en œuvre dans le cadre du bail», explique Martin Kernen, directeur-adjoint de Planair SA. (Lire encadré). Autre moyen d’action, s’adresser à une régie immobilière labélisée. «Nous sommes porteurs du Label Vert décerné par l’USPI Genève (Union suisse des professionnels de l’immobilier) dans le cadre de la gestion des immeubles en gérance, explique Julien Monney, de la Régie du Rhône. Lorsque nous proposons des travaux d’entretien ou de rénovation – assainissement de l’éclairage des communs, optimisation de la gestion des chaufferies, changement des fenêtres, par exemple –, une réflexion est menée en matière de préservation de l’environnement.» De ce fait, le locataire bénéficie d’un confort accru, d’une baisse du montant de ses charges et de l’augmenta-
«Le locataire est captif, il ne peut rien faire, tout dépend de la responsabilité du bailleur.» Anne Baehler-Bech, présidente de l’ASLOCA romande
tion de l’efficacité énergétique de son habitat. Des outils gratuits existent également, parmi lesquels celui lancé il y a quelques mois par les SIG (Services industriels de Genève) à l’intention de tous les consommateurs d’électricité, qu’ils soient propriétaires ou locataires. Il s’agit d’Activéco habitat, une application pour smartphone qui leur permet de suivre l’évolution de leur consommation d’électricité et leur propose des conseils ainsi qu’une comparaison avec d’autres foyers genevois. Sans oublier une récompense non négligeable: une réduction de 10% sur la part énergie de leur facture lorsqu’ils diminuent leur consommation d’au moins 4%. E
Les écogestes du locataire Conseils de Martin Kernen, directeur-adjoint de Planair SA La première chose à faire? «S’équiper d’ampoules et d’appareils ménagers de classe énergétique A. L’investissement financier consenti n’est pas perdu: lors d’un déménagement, la personne peut emporter ce qu’elle a installé, y compris ses LEDs.» Pour la gestion de l’eau, les choses sont un peu moins claires. «C’est vrai, car le bâtiment dispose d’un compteur général. Les économies en la matière seront donc au bénéfice de l’immeuble, pas forcément à celui du locataire soucieux de l’environnement qui s’équipe de pommeaux de douche de classe A ou de réducteurs de débit d’eau. Mais si l’ensemble des locataires est attentif, l’effet se fera sentir.» Et pour le chauffage? «Il faut avoir les bons réflexes: aérer en grand pendant dix minutes au lieu de laisser une fenêtre en imposte; éviter d’enclencher la hotte de la cuisine inutilement: elle tire de la chaleur hors de l’appartement. Les logements sont aussi souvent surchauffés. Curieusement, les gens se plaignent lorsqu’ils ont froid mais jamais quand ils ont trop chaud. Pourtant, en baissant la température du bâtiment d’un seul degré, on réalise une économie financière de 7%! Une autre erreur provient fréquemment de l’incompréhension du fonctionnement des vannes thermostatiques équipant les radiateurs: il faut savoir que la vanne régule ellemême la température. Il faut choisir un réglage une fois pour toute et, quoiqu’il arrive, le laisser en place.» Quand au chauffage au sol, les locataires peuvent demander un réglage différent pour leur appartement. «Mais seul un professionnel sera habilité à intervenir dans le coffret, souvent situé sur l’étage.»
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Société
Portrait d’Une régie verte
«Une démarche proactive envers les propriétaires» La Société Privée de Gérance (SPG) se préoccupe depuis près de vingt ans des problématiques de développement durable. Avec la création de son service Asset Development Environnement, elle assoit encore son expertise dans les domaines de l’énergie et de l’environnement. Propos recueillis par Élodie Maître-Arnaud
C
réé début 2013 sous l’impulsion de Thierry Barbier-Mueller, président de SPG, le service Asset Development Environnement a été confié à Dominique Bakis-Métoudi, directrice d’Asset Development. Il repose sur le fort engagement de cette dernière pour les considérations environnementales et énergétiques et sur son expérience de vingt-quatre ans dans la promotion et le développement immobiliers. Depuis 1996 et l’opération de la coopérative Chemin Vert, la problématique environnmentale apparaissait en effet comme un leitmotiv de la politique de l’entreprise.
E 21 Quels types de compétences le service Asset Development Environnement rassemble-t-il? Dominique Bakis-Métoudi Nous travaillons étroitement avec la Gérance et SPG Prorenova, notre division axée sur la rénovation des bâtiments. Le but est d’inciter nos propriétaires à diminuer leur consommation énergétique en leur apportant des solutions concrètes tirées de notre expérience en tant que pilote d’opération et de gérance. Pour la plupart de nos projets, nous travaillons spécifiquement avec le bureau d’ingénieur K. Wintsch & Cie SA. Nous lui attribuons des missions régulières, notamment des audits énergétiques, à la suite desquels il fait des propositions d’amélioration, dont nous avons déjà pu constater les résultats tant au niveau des économies d’énergie réalisées que de la facture énergétique du propriétaire.
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Je fais en outre partie du comité Label Vert et, dans un esprit de partenariat avec l’Office cantonal de l’énergie, nous essayons de faire avancer les choses. Quelle plus-value la SPG apporte-t-elle par rapport à une régie «classique»? Nous avons une démarche proactive envers les propriétaires. Notre newsletter nous a notamment permis de les sensibiliser aux bonnes raisons de rénover pour économiser l’énergie. Nous avons aussi plusieurs projets en cours avec les SIG. Nous incitons au maximum nos propriétaires à adopter le programme éco21. Nous avons mis en place sur plus de 30% de nos immeubles des «contrats à la performance» et testons actuellement sur des projets pilotes les «contrats d’optimisation énergétique», plus complets que les précédents. Nous travaillons également à la mise en œuvre d’un programme informatique environnement. Il nous permettra d’avoir une démarche dynamique et systématique quant au traitement de nos données de consommation d’électricité et d’eau, et de nos IDC (indices de dépense de chaleur). Plus concrètement, nous avons déjà changé plus de 80% de nos fenêtres, anticipant ainsi la loi sur le remplacement des éléments à simple vitrage et de certains doubles vitrages d’ici à 2016. Nous avons aussi été à l’initiative de la création de potagers urbains dans plusieurs coopératives, en collaboration avec l’association
Equiterre, ce qui nous a offert la perspective d’un partenariat avec la Direction générale de la nature et du paysage. Pouvez-vous donner des exemples de vos réalisations immobilières? Le Saint-Georges Center, à la Jonction, allie architecture et technologies énergétiques de pointe: sondes
«Sensibiliser aux bonnes raisons de rénover pour économiser l’énergie.» géothermiques à 150 m de profondeur, pompe à chaleur et panneaux solaires photovoltaïques. Il y aussi l’immeuble 30 Rhône de la Fondation Barbour, une rénovation Minergie dont la façade intègre dorénavant des cellules Graetzel. Sans oublier notre siège social, dont la rénovation et la surélévation remplissent les exigences du standard Minergie, l’objectif étant de réduire de 50% notre consommation d’énergie thermique et de 40% notre consommation électrique. Votre modèle fait-il des émules? Aujourd’hui, nous croyons savoir que la plupart des régies de Genève se sentent concernées; il y a une volonté générale de la profession. E
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cleantech De l’eau pure pour boire et cuisiner Depuis le début de l’année, la société neuchâteloise Greenled assure la distribution exclusive en Suisse des appareils de purification d’eau Aquanova. Après s’être adressée aux particuliers, elle vise désormais les collectivités.
Eliminer tous les résidus nocifs «Aucun compromis n’est fait avec la qualité. Le châssis est en inox et la pompe à débit direct sans réserve de rétention. L’appareil est doté d’un écran tactile et un système intégré contrôle la qualité de l’eau distribuée et avertit de la nécessité d’intervenir pour l’entretien et le remplacement des filtres.» Un processus de pico-filtration permet ainsi d’éliminer, de façon mécanique et naturelle, toutes les impuretés ou substances indésirables de l’eau à usage alimentaire. «Même si les normes concernant l’eau du robinet sont strictes, celle-ci contient toujours des traces de chlore, de nitrates calcaires ou
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DR
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nitialement active dans le développement et la commercialisation de solutions d’éclairage 100% LED, l’entreprise s’est lancée au début de l’année dans la distribution de purificateurs d’eau. Une diversification de ses activités qui s’inscrit parfaitement dans le crédo de ses fondateurs, Yann et Marc Enggist: donner le meilleur avec le meilleur service possible. «Nous avons planché pendant quatre ans sur la façon d’assurer l’autonomie des sites isolés, explique Yann Enggist. Avec la technologie LED et le développement de génératrices portables, nous leur avons assuré la lumière et l’électricité. Les systèmes de purification d’eau ont bouclé la boucle.» Qui peut le plus, peut le moins: l’idée de commercialiser des appareils de purification à usage domestique a germé dans leur esprit. Et c’est vers la firme italienne Aquanova et son système de purification compact et haut de gamme que Yann et Marc Enggist se sont tournés.
de métaux lourds dont on ignore les effets à long terme. Ce système permet donc de faire de l’eau pure avec de l’eau «presque» bonne.» Plus concrètement, ce sont des membranes qui filtrent tous les éléments dont la taille est supérieure à celle d’une molécule d’eau. Le liquide purifié est ensuite reminéralisé en calcium et en magnésium. Branchés directement sur une arrivée d’eau, les purificateurs permettent de délivrer de l’eau tempérée ou refroidie et peuvent en outre être équipés d’une entrée de gaz carbonique afin de produire de l’eau pétillante.
Plus écologique que l’eau minérale «Cette technologie vient de l’industrie alimentaire, où les normes relatives à l’eau sont très sévères. Dans tous les processus de transformation ou de fabrication de produits comestibles, on n’utilise en effet que
de l’eau purifiée afin d’exclure tout risque de contamination.» Yann Enggist recommande ainsi aux ménages équipés d’appareils Aquanova d’utiliser l’eau purifiée non seulement pour la boisson mais aussi pour le lavage et la cuisson des aliments. Le processus de filtration à débit direct sans ballon de stockage garantit une qualité parfaite; il est donc préférable de consommer l’eau immédiatement afin de profiter de sa pureté et d’éviter de la souiller en la manipulant ou en la conservant. Si la société Greenled a pour l’instant concentré ses efforts sur la commercialisation aux particuliers, elle s’apprête désormais à partir à la conquête des restaurateurs et des collectivités (écoles, établissements de santé ou encore entreprises). «Nos appareils peuvent notamment remplacer les bonbonnes à eau, dont l’hygiène n’est pas toujours optimale. Ils sont aussi plus écologiques dans la mesure où ils permettent de supprimer l’étape transport des recharges d’eau minérale.» Greenled a l’exclusivité de la distribution des systèmes de purification Aquanova pour la Suisse et cherche des partenaires pour développer ce marché. E
La plateforme CleantechAlps apporte son soutien aux entreprises actives dans les technologies propres. En partenariat avec elle, Efficience 21 met en lumière ceux qui font les cleantech en Suisse occidentale. Retrouvez l’étude réalisée par CleantechAlps sur la filière de la gestion des déchets, ainsi que celle sur la petite hydraulique sur www.cleantech-alps.com
Eneftech convertit la chaleur en électricité Source chaude Concentrateur solaire Source froide Chauffage bâtiments Aérorefroidisseur Pompe chaud
Vanne de régulation tch
150°C
ef
110°C
En
Fournir des systèmes de production d’électricité décentralisés en valorisant les rejets de chaleur. Voilà le créneau de la société Eneftech Innovation SA. Après l’industrie et le résidentiel collectif, elle s’apprête désormais à conquérir le marché domestique.
45°C 25°C
F
ondée en 2004 au Parc scientifique de l’EPFL par Malick Kane, Eneftech Innovation SA développe des technologies de production d’énergie. Désormais implantée à Nyon, son équipe d’ingénieurs et de techniciens planche plus particulièrement sur la cogénération et la valorisation de chaleur et propose des solutions innovantes de production d’énergie électrique/thermique. La ligne de produits ENEFCOGEN® comporte des unités jusqu’à 30 kWe. «Dans la cogénération en dessous de 50 kWe, nous constatons une concurrence faible, affirme Jean-Daniel Coendoz, VP Strategy & Investement de la société. La micro-cogénération basse température pour de faibles puissances est un produit innovant, qui correspond à un marché de niche.» Certains modules de générateurs permettront aussi bientôt de produire de l’électricité à bas coût et dans de faibles plages de puissances pour des applications domestiques.
Rendement supérieur à 95 % «Le procédé est simple: il s’agit de récupérer la chaleur résiduelle d’un processus et de la transformer en électricité.» La génération d’électricité à partir d’une source de chaleur résiduelle est basée sur l’utilisation de fluides
Pompe froid
organiques réfrigérants (cycle organique de Rankine – ORC). Ceux-ci ont la propriété de s’évaporer à une faible température. Les systèmes ENEFCOGEN® peuvent utiliser des sources d’énergies renouvelables (biomasse, solaire thermique, géothermie) ainsi que de nombreuses sources de chaleur industrielles ou résidentielles collectives (chaudières, gaz d’échappement, rejets thermiques divers). Ils promettent un rendement global supérieur à 95%. «Au cœur du dispositif, on trouve une turbine volumétrique à spirales, la turbine Scroll, une technique largement éprouvée dans les pompes à chaleur et dans les machines frigorifiques.» En plus de leur rapport très favorable chaleur/puissance, les produits ENEFCOGEN® offrent la possibilité de mettre plusieurs unités en parallèle et permettent ainsi à une installation de grandir au fur et à mesure de ses besoins d’énergie.
Des prototypes dès 5 kWe Destinés à l’industrie, les produits de la gamme ENEFCOGENGREEN® fonctionnent
à partir de 120 °C, et permettent de valoriser des puissances dès 10 kWe. Une installation de micro-génération équipe notamment la piscine Mon-Repos, à Lausanne. Elle permet de produire 150 000 kWh par an, consommés sur place. Eneftech a également installé un cogénérateur à Lignerolle, dans le cadre d’un projet de centrale de biomasse développé sur un domaine agricole. «Nous mettons désormais en place un programme de positionnement international afin de distribuer nos modules 20-30 kWe. Les marchés émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) constituent un attrait important, tout comme l’Est de l’Europe.» Eneftech s’apprête aussi à conquérir le marché domestique grâce à l’avancement de son projet de prototypage d’un module de 5 kWe. «En Suisse pour commencer, puis une analyse de faisabilité et de marché démontrera la nécessité de positionner ce produit sur le marché international». Baptisé ENEFCOGENPLUS®, sa mise en série industrielle aura lieu d’ici 2016. E
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mobilitÉ xxx
Formation
Nouveau Master à Fribourg
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«Nous souhaitons résoudre des problèmes concrets liés à la mobilité» La HES-SO a lancé en août un nouveau Master à l’intention des professionnels du secteur des transports et de l’urbanisme. Son but: répondre à une forte demande des organismes publics et des bureaux spécialisés. Propos recueillis par William Türler
C’
est l’une des conséquences du fort développement démographique que connaissent nos régions depuis plusieurs années: le besoin en spécialistes dans le domaine de la planification de la mobilité ne cesse de s’accroître. C’est pourquoi la HES-SO a lancé, au mois d’août dernier, un nouveau Master en ingénierie de la mobilité. Cette formation continue de deux ans et demi s’adresse aux différents professionnels actifs dans le secteur des transports, de la mobilité ou de l’aménagement du territoire. Les explications de son responsable Yves Delacrétaz, professeur à la Haute Ecole d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud. Pourquoi avoir lancé ce nouveau Master maintenant? Le domaine des transports et de la mobilité connaît un essor important en raison de la croissance de la population en Suisse romande. Les nouveaux projets et les besoins en ingénieurs qualifiés sont multiples. Or, jusqu’à aujourd’hui, la formation pratique en matière de planification des transports était un peu laissée de côté. Grâce
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à ce Master, nous voulons former des spécialistes capables de résoudre des problèmes concrets en matière de mobilité, qu’il s’agisse de réaménagement des villes ou d’amélioration des transports publics. Quels sont les secteurs où le besoin en spécialistes se fait le plus ressentir? Le manque le plus marqué s’exprime dans les administrations et les services communaux ou cantonaux, ainsi que dans des bureaux de transports spécialisés ou dans les entreprises de transports publics. A qui s’adresse cette formation? Elle est destinée à des personnes en cours d’emploi. Il peut s’agir d’urbanistes, d’architectes, de géographes, de techniciens en transport ou d’ingénieurs civils à qui il manque un bagage spécifique en matière de mobilité. Les candidats doivent bénéficier d’une formation de type Bachelor et de trois années d’expérience professionnelle. Quelles sont les thématiques abordées? Elles sont larges et diversifiées. Notre Master se compose de cinq modules pouvant être suivis indépendamment. Les thématiques générales sont la planification
et la gestion de la mobilité, l’espace public et les mobilités douces, les transports collectifs, les services et les technologies pour la mobilité durable, ainsi que la mobilité de loisirs, touristique et événementielle.Les premiers cours ont débuté dans nos locaux de l’avenue de Provence à Lausanne fin août. Qui sont les différents intervenants? Il s’agit d’experts issus des administrations, de bureaux d’études, d’entreprises de transports ou d’aménagement urbain, des technologies de la mobilité ou du tourisme. Ils sont chargés de transmettre leur expérience professionnelle et les enseignements qu’ils tirent de leur pratique. Dans quel type de projets les diplômés pourront-ils travailler une fois engagés? Ils pourront exercer des fonctions de responsables dans divers projets complexes en matière de planification de la mobilité ou d’aménagement du territoire et des villes. On peut par exemple citer Métamorphose, le réaménagement de la gare de Lausanne ou Agglomération LausanneMorges dont fait partie le projet Axes forts qui vise des liaisons plus rapides, des fréquences de transport plus importantes et davantage de places dans les véhicules. E Plus d’informations: www.mas-mobilite.ch
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EN BREF rubrique AUTO
davantage d’exigences pour les pneus
Les Suisses souffrent du bruit de leurs routes Le bruit routier figure en tête du palmarès des nuisances sonores. L’étiquetage obligatoire des pneus vendus en Suisse ainsi que les mesures en cours pour remplacer les revêtements devraient donner un peu de répit aux riverains des axes de trafic. Sylvie Ulmann
S
elon une estimation de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), une personne sur cinq souffre du bruit généré par le trafic routier pendant la journée. Une sur six la nuit. Au total, 1,6 million d’individus sont touchés par ce fléau dans le pays. Pour combattre ce bruit, l’option la plus efficace consiste à le réduire à la source. «On peut agir sur deux paramètres: les pneus et la chaussée, puisque c’est leur interaction qui crée la nuisance», explique Sophie Hoehn, cheffe de la section Bruit routier à la division Bruit et RNI de l’OFEV. «On peut diminuer le bruit des pneus de 2 dB; pour la chaussée, les meilleurs revêtements permettent de gagner 8 ou 9 dB à la pose – entre 3 et 5 dB sur le moyen terme.» Une goutte d’eau dans la mer? «Absolument pas, répond-elle. Gagner 3 dB donne déjà l’impression que le trafic a diminué de moitié. A 10 dB, on aurait le sentiment qu’il a baissé de 90%!»
Bruit et efficacité Autrement dit, équiper tous les véhicules du pays des pneus les plus silencieux suffirait à nous laisser croire que le trafic a diminué de moitié. C’est dans cette perspective que, cet été, le Conseil
fédéral a rendu obligatoire l’étiquette pneus, à l’instar de celles qui existent pour les frigos ou les aspirateurs. Déjà obligatoire depuis deux ans dans l’Union européenne (UE), cette nouvelle étiquette-énergie tient compte de la consommation de carburant et de la sécurité ainsi que du bruit du pneu. Ce facteur apparaît sous la forme d’un petit haut-parleur avec une, deux ou trois vagues, selon qu’il est peu, moyennement ou très bruyant. Les décibels émis y figurent également. Pour la Suisse, qui importe tous ses pneus, la décision du Conseil fédéral n’est donc pas une révolution puisque ceux-ci sont forcément déjà étiquetés. Mais elle démontre une double volonté: lutter contre le bruit et promouvoir l’efficacité énergétique des pneumatiques. Pour aller plus loin, il faudra aussi travailler sur les routes. L’ordonnance sur la protection contre le bruit de 1985 exige que les mesures nécessaires soient prises afin que les riverains ne subissent pas de dépassement des valeurs limites de bruit routier. «Les revêtements constituent une mesure très efficace pour la majorité des routes en Suisse», précise Sophie Hoehn. Un premier délai avait été fixé aux années 90, puis à 2002, à mars 2015 pour les autoroutes et à 2018 pour les autres routes. «Difficile de savoir
où on en est. Mais une chose est sûre: ce délai ne sera pas respecté partout. Le problème est qu’en Suisse, on considère qu’un revêtement doit durer trente ans. Or, les plus silencieux sont aussi les plus fragiles et doivent être remplacés chaque décennie.»
Moins vite, moins de décibels Autant de mesures qui ne résoudront pas le problème des véhicules bruyants, de type voitures de sport ou motos. Des engins dont l’image est fortement liée aux décibels émis. En Europe, leurs lobbies sont puissants et la Suisse, en l’absence d’industrie automobile, ne dispose d’aucun moyen de pression. Pourtant, rappelle Sophie Hoehn, «les pics de bruit sont perçus comme plus dérangeants qu’un bruit continu et péjorent tout autant la santé». Hélas, ce printemps, une motion visant à limiter les émissions sonores de ces engins et à assainir le parc existant a coulé devant le National. Les exigences seront certes plus strictes dès 2017 mais ne concerneront que les nouveaux véhicules. Toujours au chapitre des idées qui marchent mais qui fâchent, rouler moins vite constituerait également une solution: 20 km/h de moins égalent 2 dB de gagnés. Une mesure qui, on s’en doute, n’aurait que peu de chances de passer la rampe du lobby des automobilistes… E
HYDRO-CONTEST La HE-Arc l’emporte Organisé sous l’égide d’Hydroptère.ch en juillet dernier à Lausanne, le concours du bateau le plus rapide et le moins gourmand en énergie a été remporté par la Haute Ecole Arc ingénierie dans la catégorie Transport de masse (200 kg de lest). Fabriqué au Parc technologique de SaintImier, son catamaran a battu l’embarcation de l’EPFL en finale.
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Trafic
Grand Titre prix électrique C’est Texte dans le canton de Neuchâtel que s’est tenue, la première compétition Swiss Energy Grand Prix, dans le cadre de la manifestation Lignières historique. Elle a rassemblé douze équipes. Hormis la Nissan Leaf, la VW e-Golf et la Renault ZOE, les marques les mieux représentées étaient Smart et Mitsubishi, flottes auxquelles s’ajoutaient un roadster ainsi qu’un modèle S de la marque Tesla. Des émotions sans émissions et une victoire remportée par le roadster Tesla.
VALAIS Un labo pour la mobilité Cinq partenaires ont signé une lettre d’intention pour la création d’un Laboratoire de la mobilité à Sion. Le canton du Valais, la Ville de Sion, l’EPFL, la HES-SO Valais et La Poste ont notamment l’ambition d’y développer et d’y expérimenter de nouveaux produits et de nouvelles technologies afin de promouvoir l’interconnexion des différentes solutions en matière de mobilité.
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SPORTS D’HIVER Mobilité douce à Vercorin Trois lignes de bus gratuites seront mises en service le 21 décembre prochain dans la station du Crêt-du-Midi. L’objectif? Proposer une alternative à la voiture afin de désengorger le trafic. D’autres mesures entreront également en vigueur: parking de la télécabine désormais payant et limitation à 20 km/h au centre du village, notamment. RAIL Suisses champions Avec 2307 km parcourus en moyenne par habitant en 2013, les Helvètes sont, au niveau mondial, ceux qui se déplacent le plus en train. Le Japon arrive en deuxième position, avec 1912 km. Le pays du SoleilLevant se place aussi, avec 69 déplacements annuels par personne, devant la Suisse (53) quant à la fréquence d’utilisation du rail. Une statistique établie par l’Union internationale des chemins de fer (UIC). MOTO
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Besoin de personne… …En Harley-Davidson… électrique. La firme américaine a dévoilé en juin dernier le projet LiveWire, soit la toute première moto électrique de son histoire. Au cours d’un voyage de démonstration sur la légendaire Route 66, l’équipe LiveWire fera une trentaine d’escales afin de faire tester le prototype aux clients potentiels. Un roadshow qui devrait se poursuivre ensuite au Canada et en Europe. Avis aux amateurs.
Mobilité interview
Gérard d’Aboville à bord de Planet Solar
«Aucune émission de CO2 ne parasite les mesures scientifiques» Désormais à la recherche d’un nouveau propriétaire, Le MS Tûranor PlanetSolar, premier bateau à avoir effectué un tour du monde grâce à l’énergie solaire, est aussi une remarquable plateforme scientifique. Propos recueillis par Stéphanie Milliquet
A
près avoir mené à bien l’expédition TerraSubmersa sur les traces de sites préhistoriques submergés, en collaboration avec l’Université de Genève, le catamaran a jeté l’ancre devant la Sérénissime où il se prépare à hiverner. Trois questions au capitaine, Gérard d’Aboville. Quels sont les avantages de l’énergie solaire et de PlanetSolar dans le cadre de missions scientifiques? Seul ce bateau peut remplir certaines missions. Récemment, nous avions à bord un appareil extrêmement sophistiqué et sensible mesurant la composition chimique de l’air. Avec PlanetSolar, aucune émission de CO2 n’est venue parasiter les mesures. La plateforme est aussi pratique et spacieuse pour accueillir les instruments scientifiques. De plus, cela permet de travailler sans odeur de carburant ni bruit de moteur. Enfin, ce bateau est un excellent
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EN BREF
support de communication car il véhicule une image à la fois sympathique et spectaculaire. Verra-t-on un jour des navires de la marine marchande équipés de panneaux solaires? En l’état actuel des choses, non. Le solaire est une énergie douce et lente. Gratuite, certes, mais qui demande de la surface et qui par là même est peu adaptée à ce type de mobilité. Ce n’est pas possible d’installer des panneaux sur de si gros bateaux.
Quels sont les axes de développement pour PlanetSolar? Les batteries, grâce au développement automobile, ont fait des progrès considérables. Elles sont maintenant plus légères et leur rendement est meilleur. Actuellement, celles du bateau pèsent 9 tonnes... Les panneaux solaires aussi se sont améliorés. Mais les nôtres sont standards. C’est un choix de notre part; des panneaux trop performants auraient affaiblis la démonstration. E
Mobilité Sport
Championnat électrique
EN BREF CIRCULATION rubrique Petits Titre véhicules électriques Trottinettes, Texte vélos et autres petits engins électriques devraient bientôt pouvoir rouler sur les pistes cyclables. L’Office fédéral des routes (OFROU) a ouvert à la miaoût une audition afin d’assouplir les règles de circulation pour ces véhicules. Les conditions d’âge pour leur conduite seront également précisées: 14 ans par exemple pour les trottinettes électriques si l’utilisateur possède un permis pour cyclomoteurs.
Formule E sur la ligne de départ Cet automne marque le lancement, à Pékin, du premier championnat 100% électrique. L’occasion de démontrer le potentiel de ces véhicules à propulsion alternative et de contribuer à leur développement. Adeline Vanoverbeke
A
près des années de mise au point, la monoplace de compétition électrique est enfin prête. L’heure des derniers réglages a sonné avant le lancement du premier championnat de Formule E, organisé, comme ses équivalents en Formule 1, par la Fédération internationale de l’automobile. Le championnat opposera dix équipes de nationalités différentes, sur dix circuits urbains des cinq continents. Les plus grands pilotes sont sur la ligne de départ, mais celle que l’on attend le plus, c’est la Formule E elle-même. Cette nouvelle catégorie dans le sport automobile est ouverte à tous les constructeurs. A ce jour, un seul modèle est toutefois homologué: la Spark
BOEING
l to Fo
Renault, dont la partie électronique est assemblée par Renault et la carrosserie, signée Dallara, par Spark Racing Technology.
Un sifflement d’avion Ses performances sont étonnantes et pourraient bien convaincre les plus sceptiques: 270 chevaux, moins de trois secondes pour monter de 0 à 100 km/h et une vitesse maximale autorisée de 225 km/h. Le tout en silence, ou presque: la Formule E émet 80 dB, soit 10 dB de plus qu’une voiture
ia
de tourisme essence, mais surprendra les amateurs de sport automobile par son sifflement, proche de celui d’un avion au décollage. Ce championnat est une occasion unique de prouver au monde les avancées technologiques en matière de mobilité électrique et devrait également stimuler la recherche et le développement autour de mode de propulsion. Gageons que, pour la prochaine édition, plusieurs modèles de Formule E se feront concurrence sur la piste! E
INNOVATION
Initiative
Une éco-gare touristique unique en son genre
DR
C’est à Gruissant, petite station balnéaire du sud de la France, que la première éco-gare Odys-
Vols fumeurs L’entreprise Boeing, la compagnie aérienne South African Airways et la société néerlandaise SkyNRG ont présenté en août dernier un projet de production d’agro-kérosène à partir de plants de tabac. Les tests de culture de plants sans nicotine devraient démarrer en Afrique du Sud dans les prochaines années. Le développement de ce tabac hybride permettrait ainsi de produire un biocarburant durable tout en mettant en valeur le potentiel économique de la région, sans pour autant encourager les gens à fumer.
sea Protect d’Europe a vu le jour en juillet dernier. L’idée? Mettre à la disposition des touristes différents véhicules 100% électriques pour visiter le littoral et l’arrière-pays. Une initiative financée en grande partie par des fonds européens. Trois Renault Twizy, un Nissan Leaf, dix vélos électriques solaires et huit gyropodes Segway (deux-roues sur lesquels
on circule debout) sont ainsi offerts à la location à la Capitainerie, pour des balades garanties zéro émission. Les voitures sont notamment équipées de GPS, sur lesquels un itinéraire culturel a été préenregistré. Un exemple à suivre pour d’autres localités touristiques soucieuses de concilier plaisir des vacanciers et respect de l’environnement. E E. M.-A.
Propulser grâce au CO2 Audi a présenté un collecteur de CO2 qui pourrait être prochainement produit en série. Développé par Climeworks, une spinoff de l’EPFZ, il permet de capturer le CO2 présent dans l’air. Les émissions «pompées» sont ensuite transformées en gaz carbonique pur utilisable notamment dans la fabrication de carburants de synthèse. Le constructeur allemand a annoncé son intention de soutenir ces recherches.
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Mobilité
Réseau de recharge
Viteos verdit la mobilité électrique En partenariat avec Greenmotion, le distributeur d’énergie neuchâtelois installe des bornes de recharge électrique dans plusieurs villes du canton. Celles-ci sont alimentées par de l’énergie solaire et hydraulique produite localement. Élodie Maître-Arnaud
A
cteur majeur de l’énergie dans le canton de Neuchâtel, Viteos y assure plus de la moitié de la distribution électrique, la totalité de celle du gaz et la quasi-totalité de celle du chauffage à distance. C’est au cours de l’automne 2013 que la société a annoncé son intention d’installer un réseau de bornes de recharge pour les véhicules électriques, en partenariat avec différents acteurs locaux: le Canton de Neuchâtel, les villes actionnaires, des institutions formatrices, ainsi que l’industrie de la région. Les bornes sont réalisées par l’entreprise lausannoise Greenmotion. «Baptisées Vmotion, elles sont couplées à des abris dont le toit est équipé de panneaux solaires photovoltaïques afin de les relier à une source d’énergie renouvelable, explique Remigio Pian, directeur Energie et produits chez Viteos.» Et si la production solaire est insuffisante, les bornes sont alors alimentées par de l’électricité «certifiée Areuse», c’est-à-dire produite à partir des ressources renouvelables et locales.
en cours afin de renforcer cette production dans les années à venir. Viteos dispose également d’installations photovoltaïques sur les toits de plusieurs bâtiments de Neuchâtel, de La Chaux-de-Fonds, et du Locle. «Pour développer nos sources d’énergies renouvelables, nous avons prévu d’investir 150 millions de francs au cours des dix prochaines années, sans compter nos investissements futurs dans l’éolien», précise Remigio Pian. Afin de mettre en place son réseau de bornes de recharge, Viteos a souhaité jouer à fond la carte de la proximité. «Notre entreprise est un distributeur régional impliqué dans le tissu économique neuchâtelois, explique-t-il. Notre priorité est de travailler pour le canton, en partenariat avec les entreprises locales.» Si les bornes ont été développées dans la région lausannoise par la société Greenmotion, les parties serrurerie et mécanique des abris ont quant à elles été réalisées par la société Mobitec, basée à Montmollin (NE).
Un réseau incitatif A ce jour, on dénombre seulement 36 voitures électriques dans le canton de Neuchâtel – 162 véhicules au total en comptant les vélos et les motos. Un marché de niche. Viteos a pourtant décidé de prendre les devants. «Il faut un réseau de bornes suffisamment dense pour inciter les gens à s’équiper de
véhicules électriques, affirme Remigio Plan. Et c’est le rôle des distributeurs d’énergie de le développer.» Pour ce faire, la démarche de Viteos se situe à plusieurs niveaux, à commencer par celui des villes qui ont décidé de collaborer avec l’entreprise pour l’installation de bornes publiques: Neuchâtel, La Chauxde-Fonds, Le Locle et Corcelles-Cormondrèche. «Ces villes actionnaires de notre société ont adopté le concept et comptent le déployer à court et moyen terme», précise le directeur. Pour l’heure, sept bornes y sont opérationnelles ou en passe de l’être. «Notre objectif est d’en installer entre cinq et dix dans chacune de ces communes d’ici à trois ans, ajoute-t-il. Nous avons aussi développé des partenariats avec des écoles techniques, des entreprises privées et proposons également une gamme de bornes à destination des particuliers.» Quant aux aspects pratiques de ce réseau émergeant, le temps de charge sur les appareils Vmotion ne dépasse pas quatre heures. Un système de recharge rapide a par ailleurs été développé par Greenmotion et permet de récupérer 80% de la capacité de la batterie du véhicule en moins de trente minutes. Précisons enfin que, sur les bornes publiques, la charge est gratuite pour les consommateurs pendant trois ans, Viteos fournissant le courant vert Areuse à ses frais. E
Situé à un jet de pierre de Neuchâtel, le site de production électrique d’Areuse comporte trois installations hydrauliques au fil de l’eau permettant de générer quelque 60 GWh d’électricité par an. Des projets sont d’ailleurs
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DR
Miser sur la proximité
Voiture autonome
Mobilité
La Google Car sera-t-elle efficiente? libres, ce nouveau véhicule devrait donc encore alléger sa facture énergétique. Ses concepteurs arguent en outre que, débarrassé du risque d’accidents, il pourra se passer de la plupart des infrastructures et systèmes de prévention contre ces derniers, ce qui lui fera perdre encore un peu plus de poids, qui, rappelons-le, constitue le premier obstacle à une baisse de la consommation de carburant.
En concurrence avec la mobilité durable
Les constructeurs s’intéressent de près à la voiture individuelle sans conducteur, et le modèle imaginé par la firme californienne est pratiquement prêt. Une innovation qui ne laisse pas présager autant d’économies d’énergie que ce que l’on pourrait croire. Henry Plouïdy
F
in mai, la flotte de voitures autonomes de Google cumulait plus de 1,1 million de kilomètres d’essai. Des Toyota Prius hybrides pour la plupart, équipées d’un lidar (light detection and ranging: détection de la lumière et de sa portée), de radars, de différents capteurs de mouvements et d’un GPS. Celles-ci n’ont pas eu le moindre accrochage en conduite automatique et l’Etat du Nevada leur a même
accordé une autorisation de circuler en 2012. Fort de cette expérience, le géant du web prévoit de mettre sur le marché sa propre Google Car à partir de 2018. Un véhicule innovant qui devrait revêtir la forme d’une minuscule biplace sans conducteur, sans volant et sans pédalier. Avec une vitesse limitée à 40 km/h, il se positionne pour l’heure dans le créneau de la mobilité urbaine.
Intelligente et moins gourmande Grâce à un moteur tout aussi rétréci que sa carrosserie, et donc plus léger, la Google Car permettra une économie de carburant. Autres atouts: un choix d’itinéraires beaucoup plus efficace et la possibilité de circuler en convois. De cette façon, les véhicules consommeront en effet chacun 20% d’énergie de moins, ce à quoi on pourra ajouter les économies réalisées grâce aux logiciels permettant de les diriger vers des ondes vertes ou des itinéraires sans embouteillage. Selon une étude du MIT Media Lab, en ville, dans les quartiers les plus encombrés, 40% de la consommation peut être due à la seule recherche d’une place de stationnement. En optimisant cette recherche grâce à un système de détection des places
Selon plusieurs experts en protection de l’environnement, le futur de l’automobile n’est pas tout tracé pour autant. Plusieurs variables sont encore à préciser, parmi lesquelles la possible multiplication des usages de la Google Car, au détriment notamment des transports publics ou de la mobilité douce. Un exemple? Avec une fonction stationnement automatique, la voiture sans conducteur pourrait aussi se passer de passagers et accomplir seule de petites courses, comme aller chercher les enfants à l’école. Des courses qui peuvent être effectuées à pied aujourd’hui. Cet «effet rebond» serait ainsi susceptible d’augmenter le kilométrage parcouru par le véhicule et donc son bilan énergétique, malgré sa faible consommation de base. La multiplication des usages pourrait aussi bénéficier à certaines catégories de personnes qui ne peuvent pas ou plus rouler en voiture. Google diffuse ainsi sur YouTube la vidéo d’un aveugle dont le véhicule automatique lui permet de se déplacer seul. De la même manière, les voitures autonomes pourraient transporter les personnes âgées ne pouvant plus conduire, mais aussi constituer une alternative aux transports publics pour ceux qui souhaitent profiter de leur trajet pour travailler sans subir les désagréments d’un mode de déplacement collectif. Loin de résoudre tous les problèmes, la voiture autonome soulève donc encore de nombreuses questions. Et si c’était plus simplement notre usage de la mobilité individuelle qui devait être reconsidéré? E
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Mobilité
Carburant
Rouler au gaz naturel / biogaz: halte aux idées reçues! Un peu plus de 12 000 voitures au gaz naturel/biogaz circulent à ce jour en Suisse. Un marché encore balbutiant malgré son bon bilan écologique. Propos recueillis par Laure Turo
M
oins polluantes et meilleur marché que les modèles à essence, les voitures au gaz naturel/biogaz sont encore peu nombreuses en Suisse. La faute notamment aux a priori sur ce mode de propulsion. Responsable Business Support chez Gazmobile SA, Thierry Leutenegger tord le cou à ces idées reçues.
La gamme des véhicules est limitée
essence. Ce surcoût est toutefois largement compensé, notamment par une prime à l’achat d’au moins 1000 francs pour toute voiture neuve. La taxe sur les véhicules est également moins élevée dans la plupart des cantons (- 75% dans le canton de Vaud par exemple). Certaines assurances auto offrent par ailleurs des réductions pouvant atteindre 30% pour les voitures au gaz. Mais c’est surtout à la pompe que l’on est gagnant puisque le gaz naturel/biogaz est en moyenne 30% moins cher que l’essence en Suisse.
La puissance du moteur est diminuée
Pas moins de neuf marques proposent des véhicules de tourisme au gaz naturel/biogaz: Audi, Fiat, Iveco, Lancia, Mercedes, Opel, Seat, Skoda et VW. On trouve ainsi une vingtaine de modèles, de la citadine compacte à la berline, en passant par le monospace. Ce à quoi il faut ajouter dix utilitaires de petite et moyenne taille.
C’est faux, il n’y a aucune différence. Ce sont des véhicules de série usinés par les constructeurs qui optimisent les moteurs pour fonctionner au gaz. La plupart de ces voitures sont équipées d’un moteur turbo, voire turbocompressé.
C’est plus cher à l’achat
Ça sent mauvais
On estime en effet qu’il faut débourser entre 5 et 10% de plus que pour un modèle
Il n’y a aucune odeur, contrairement à l’essence que l’on sent à la pompe. Le gaz naturel/biogaz est en effet comprimé à 200 bars et le circuit est totalement étanche au remplissage. Et rien ne s’échappe non plus du réservoir à l’usage.
C’est moins sûr Non. En cas d’accident, on est même en droit de dire qu’il y a moins de risque d’inflammabilité ou d’explosion qu’avec une voiture à essence. Les crash-tests le prouvent. Le risque de fissure du réservoir est moindre, celui-ci étant en effet en acier inoxydable ou en carbone. Et quand bien même il y aurait
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une fuite, alors que l’essence stagne en flaque sous le véhicule, le gaz se répand dans l’atmosphère. Contrairement au GPL, il n’y a aucune restriction de parking.
Il y a peu de stations-service On en compte 140 en Suisse, soit une tous les 15 km sur les axes principaux. Les pays frontaliers – France mise à part – offrent un réseau au moins aussi dense. Il n’y a donc pas de risque de panne sèche, d’autant que les voitures au gaz naturel/biogaz sont également équipées d’un réservoir à essence. A titre indicatif, je ne remplis qu’une fois par an ce dernier dans mon véhicule. Il est aussi possible d’anticiper son voyage en consultant les différents sites web nationaux relatifs à la conduite au gaz naturel. E
Quelques chiffres • Quasi aucune émission de particules fines; • 40% d’émissions de CO2 en moins. Le gaz naturel/biogaz est en effet constitué de 20% de biogaz, une énergie renouvelable issue de la valorisation de déchets et neutre en CO2; • un prix au kilo 30% moins élevé que l’équivalent essence au litre (valeur énergétique de 1 kg de gaz naturel/ biogaz = 1,5 l d’essence); • 140 stations-service en Suisse; • 20 millions de voitures au gaz en circulation dans le monde, 2 millions en Europe (dont 850 000 en Italie), 12 000 en Suisse. La vision européenne sur la mobilité du futur table sur une part de marché de 10% pour ce type de propulsion en 2020.
LUCIE NE PENSAIT PA S QUE LE GAZ AVAIT AUTA NT D’AVANTAG ES. ET VOUS ?
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Campagne européenne
Mobilité xxx
Une semaine pour toutes les mobilités
Patricia Bernheim
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epuis douze ans, la Semaine européenne de la mobilité se tient traditionnellement à l’automne et se termine par la Journée sans voiture. Le slogan de l’édition 2014 qui vient de s’achever – «Nos rues, notre choix» – reflète tout l’esprit de cette vaste campagne qui invite à
réévaluer notre manière de voir l’espace urbain et à examiner la relation entre l’utilisation de l’espace et la qualité de vie. «Le but est d’encourager les citadins de toute l’Europe à créer la ville dans laquelle ils ont envie de vivre», proclame le site officiel.
Améliorer la qualité de vie Ce mouvement est né d’un constat. Au cours du siècle dernier, à travers toute l’Europe, l’urbanisation a été pensée pour faciliter l’utilisation des voitures privées, souvent au détriment d’autres moyens de transport. La conséquence, on la mesure aujourd’hui: les villes sont congestionnées par le trafic, polluées, bruyantes et donc toujours moins agréables à vivre. Pour mettre un frein à cette évolution, des groupes ont éclos un peu partout, réclamant un retour à des villes conçues pour leurs habitants et non pour les voitures. Leurs revendications autour d’un changement dans les priorités urbanistiques englobent aussi bien le développement des transports
publics que la transformation de parkings en mini-parcs ou places publiques ou la création de pistes cyclables et de zones piétonnes. La Semaine européenne de la mobilité durable poursuit un double objectif. Le premier vise à sensibiliser et à encourager les villes à promouvoir un système de transport économe en ressources ainsi que les déplacements à «énergie humaine» et à
La mobilité douce gagne du terrain Depuis son lancement, le concept a fait du chemin. La première Semaine européenne a réuni 418 villes participantes dans 23 pays. En 2013, 1931 municipalités représentant 47 pays étaient inscrites, dont certaines situées hors du Vieux Continent, au Canada, au Japon, à Taïwan, au Brésil, en Colombie et en Equateur. Chaque ville peut participer à la Semaine européenne de la mobilité. Il suffit de s’engager à respecter une charte rédigée en consultation avec différents partenaires européens du projet ou, dans certains pays, une charte adaptée aux contraintes nationales d’un Etat qui souhaite renforcer les mesures à mettre en œuvre. Pour en savoir plus: www.mobilityweek.eu
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Lancée en 2002, la Semaine européenne de la mobilité compte toujours plus d’adeptes sur le Vieux Continent et essaime désormais bien au-delà. Etat des lieux d’un événement qui roule de manière durable.
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Mobilité xxx
Campagne européenne
Les bonnes idées venues d’ailleurs Il existe mille manières d’inciter les habitants à utiliser les transports publics, parmi lesquelles l’humour et la poésie. Exemples choisis parmi les actions menées en 2013. • Budapest (Hongrie) a offert aux utilisateurs des transports publics des petits déjeuners gratuits ou des livres pour mieux apprécier le temps passé dans le bus. Les cyclistes ont reçu du thé et des boissons fraîches pour les récompenser de leurs efforts. • Bologne (Italie) a organisé des tours à vélo dans la ville comprenant des haltes pour déguster des crèmes glacées en écoutant des textes dédiés à la petite reine.
investir dans les infrastructures nécessaires. Le second concerne le public. L’événement offre l’occasion de montrer la ville sous un autre jour et de favoriser l’utilisation des transports publics, du vélo ou de la marche, par exemple en restreignant la circulation des véhicules à moteur dans certaines zones. L’idée est de stimuler la prise de conscience sur le besoin d’agir contre la pollution causée par la circulation accrue de véhicules motorisés afin d’améliorer la qualité de la vie citadine.
nées au grand public, aux milieux scolaires et aux administrations», souligne la responsable. Parmi elles figure la promotion des transports publics, de la marche, du vélo ou encore du covoiturage. Des cours de réparation de vélo ou de conduite écologique, des balades accompagnées ainsi que la possibilité de tester toutes sortes de véhicules durables à deux ou à quatre roues, des voitures au gaz naturel ou hybrides aux vélos, scooters, trottinettes et VTT électriques, complètent l’offre.
Campagne gratuite
Genève, autrefois ville pionnière
En Suisse, de nombreuses communes, soutenues par les cantons, participent à la Semaine européenne de la mobilité durable. «Notre rôle est d’encourager et de motiver les villes et les communes à y participer. Nous leur fournissons gratuitement les éléments pour mener une campagne de sensibilisation auprès de leurs habitants», explique Stéphanie Manoni, responsable de la mobilité durable pour le canton de Vaud. Dans ce canton fidèle à l’événement depuis 2007, plus de 50 communes, dont toutes les villes, ont manifesté leur intérêt. C’est deux fois plus qu’en 2013. Certaines se limitent à une campagne d’affichage. D’autres organisent des événements en parallèle. «Nous proposons trois types d’actions livrées clés en main et gratuites desti-
Genève et Neuchâtel n’ont pas participé à l’édition 2014. Après avoir été l’une des villes pionnières en Suisse et s’être beaucoup impliquée pendant plusieurs années, la Cité de Calvin a en effet vu son budget considérablement réduit. La Ville se concentre donc désormais sur la sensibilisation des écoliers et sur la sécurité des chemins qui mènent à l’école. A Neuchâtel, c’est parce qu’un événement similaire a déjà eu lieu que la Ville ne s’est pas inscrite. «Nous organisons notre propre manifestation, Le Printemps de la mobilité. Cela nous semblait plus pertinent que l’événement se déroule à une saison où les beaux jours arrivent et, avec eux, l’envie de sortir et de se promener», explique PierreOlivier Aragno, délégué à la Mobilité.
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• Östersund (Suède) a transformé ses bus en lieux pour rencontrer de nouvelles personnes ou organiser des speed datings. Un moyen de transport durable était offert aux jeunes couples pour se rendre à leur cérémonie de mariage et en repartir.
Durant deux jours, le public a ainsi pu découvrir toutes sortes de véhicules durables et les entreprises ont eu l’opportunité de suivre des séminaires.
Effets durables La Semaine de la mobilité pourrait n’être qu’un événement marketing destiné à se donner bonne conscience, mais elle a des effets durables. Nombre de villes, à l’instar de Genève, ont rendu permanentes des actions éphémères. «Certains des aménagements temporaires installés dans le cadre des manifestations se sont pérennisés, à l’image du site internet de covoiturage ou du plan mobilité pour les entreprises. Certaines rues – comme celle des Savoises, qui n’était fermée que durant l’été – sont devenues définitivement piétonnes», souligne Barbara Pillonel, déléguée à la communication et à la promotion des mobilités douces pour la Ville de Genève. A une autre échelle, Ljubljana (Slovénie) a fermé l’une de ses artères principales à la circulation l’an dernier pour accueillir les 250 événements liés à Une Journée sans ma voiture. Les mesures de la qualité de l’air avant et après la manifestation ont montré une telle réduction du niveau de CO2 que la Ville a décidé de rendre progressivement et définitivement la rue Slovenska aux piétons. E
Entretien régulier et mazout Eco respectueux de l’environnement sont gages de succès
Prolonger activement la durée de vie du chauffage au mazout Grâce à des combustibles toujours plus propres et à des techniques de combustion modernes, les émissions polluantes provenant de chauffages au mazout n’ont cessé de régresser au cours des deux dernières décennies. Les normes strictes de l’Ordonnance sur la protection de l’air (OPAir) sont aisément respectées aujourd’hui. Particulièrement indiqué, et ce même pour les propriétaires d’anciennes installations de chauffage au mazout: un service d’entretien régulier et le recours au mazout Eco pauvre en soufre et respectueux de l’environnement qui garantissent le prolongement de la durée de vie de l’installation. La branche mazout a parfaitement su tirer son épingle du jeu face à la concurrence sévère des énergies alternatives soutenues par l’Etat. Les combustibles fossiles constituent comme par le passé le pilier de notre approvisionnement énergétique. Une saine concurrence qui s’est traduite par des améliorations substantielles du chauffage au mazout, plus efficient et respectueux de l’environnement que jamais. Une installation moderne, avec chaudière à condensation, permet d’économiser jusqu’à 35 % d’énergie par rapport aux anciens modèles. Il n’empêche, les propriétaires d’anciens chauffages au mazout peuvent faire davantage encore en faveur de l’environnement, tout en prolongeant de manière significative la durée de vie de leur installation. Grâce au mazout Eco respectueux de l’environnement, les teneurs en oxydes d’azote demeurent inférieures aux normes légales de l’Ordonnance sur la protection de l’air. En outre, le recours au mazout Eco a un effet positif sur le fonctionnement de Les nouvelles chaudières au mazout à condensation sont fiables et efficaces sur le plan énergétique.
Un service régulier prolonge la durée de vie de l’installation de chauffage.
l’installation. La durée de vie du chauffage au mazout est prolongée grâce à la qualité Eco à faible teneur en soufre (0,005 % de soufre). Il s’ensuit une réduction des frais de réparation et d’entretien. Pour tous les systèmes de chauffage, qu’il s’agisse de pompe à chaleur, chauffage au gaz, à bois ou au mazout, un service régulier d’entretien est recommandé. Il s’agit en premier lieu d’éviter tout dysfonctionnement. Un système de chauffage bien entretenu garantit un fonctionnement efficient et une réduction drastique des coûts énergétiques. Les experts estiment qu’un système de chauffage non entretenu régulièrement consomme jusqu’à 10 % d’énergie en plus. Grâce à ce service, le réglage du chauffage est vérifié et à nouveau régulé. Une chose est sûre, le remplacement d’un ancien chauffage au mazout par un système moderne de chaudière à condensation se révèle plus avantageux à long terme que le recours à n’importe quelle autre source d’énergie. Dans de nombreux cas cependant, il est préférable de conserver l’ancien chauffage au mazout. Grâce à un entretien régulier et au mazout Eco respectueux de l’environnement, il est possible d’optimiser l’efficience énergétique et la durée de vie de l’installation. Avantages du chauffage au mazout Eco et d’un entretien régulier de l’installation de chauffage Prolongement de la durée de vie et d’utilisation
Maintien de la valeur de l’installation de chauffage Sécurité de fonctionnement accrue Chauffage maintenu à un haut niveau technique Consommation d’énergie plus optimale et plus économique Exigences légales facilement respectées Demandez un conseil gratuit auprès de notre bureau d’information régional.
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VIVRE A Aarau, densifier c’est gagner celles-ci vers l’intérieur. Aarau, qui est passée de 16 000 habitants fin 2009 à 20 000 fin 2013, a opté pour cette voie, sans pour autant bétonner la moindre parcelle de verdure disponible. Un exercice d’équilibrisme si bien exécuté qu’il lui a rapporté le Prix Wakker 2014. Cette récompense distingue chaque année une commune qui peut se prévaloir d’un développement urbanistique de qualité, répondant notamment aux critères du développement durable.
Densification qualitative
Aarau fait rimer densité et qualité de vie. Une orientation urbanistique qui rapporte à cette ville de 20 000 âmes le Prix Wakker 2014.
Texte: Sylvie Ulmann Photos: Vanina Moreillon
P
our freiner le mitage du territoire tout en répondant aux besoins des habitants des villes, toujours plus nombreux, une solution consiste à densifier
Pour se densifier, la ville du bord de l’Aar a opté pour la voie de la «densification qualitative», comme l’appelle Marco Salvini, du Service d’urbanisation. La Ville a donc choisi de privilégier la qualité de vie, de préserver la verdure et de respecter la structure des quartiers. Des lignes directrices qui se déclinent en fonction des spécificités de chaque secteur urbain. Ainsi, pour densifier la Vieille Ville, qui est déjà l’endroit le plus peuplé au m2 (65 m2 par habitant contre 211 à 280 dans la cité jardin, par exemple), pas question de construire de nouveaux bâtiments. Ceux qui existent ont été rénovés, les rues aussi. Le centre historique est redevenu un endroit où il fait bon vivre, attirant tout naturellement les habitants. Ailleurs, c’est la préservation des espaces verts et l’intégration au paysage qui priment, comme dans le quartier du Telli. Cet imposant ensemble d’immeubles construits dans les années 1970-1980, qui héberge 2000 habitants, soit 10 % de la population actuelle, est entouré de pelouses et d’arbres, et les courbes des bâtiments répondent à celles du Jura, que l’on aperçoit à l’arrière-plan. E
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AARAU Les balcons créent le lien entre le neuf et l’ancien L’ancien bâtiment (à droite) a été équipé de balcons métalliques, de façon à créer un lien visuel avec son nouveau voisin (à gauche). Ce nouvel immeuble, qui comprend six appartements et un atelier, a été construit en bois et respecte les principes de la société à 2000 watts. Des critères très stricts qui façonnent son apparence, comme en témoignent ces grandes baies vitrées face au sud. Préserver une vaste parcelle verte entre les deux habitations est un choix délibéré et contribue au bien-être des habitants.
Un nouveau souffle pour le Musée Le Stadtmuseum, musée consacré à la ville d’Aarau et à ses habitants, est installé dans un bâtiment datant du XIIe siècle. Il se trouvait à l’étroit dans les vieux murs du «Schlössli» (litt. «petit château»), c’est pourquoi la Ville a pris le parti de lui adjoindre une construction ultramoderne, dont les lignes très simples contribueront à mettre en valeur la partie ancienne. Celle-ci, qui subit dans la foulée des transformations qui lui permettront de s’adapter à une utilisation actuelle, restera fermée jusqu’en 2015.
Préserver les jardins Au sud de la gare, dans la cité-jardin, la verdure règne et crée l’unité. Les bâtiments traditionnels, datant du début du XXe siècle, sont tous construits sur le même schéma (cicontre à droite): une barrière puis une pelouse séparent l’habitation de la route. Cette structure a été reprise pour de nombreux immeubles construits dans le secteur, comme dans celui que l’on voit ici à gauche. Une construction de deux étages en bois vert dont les dimensions lui permettent de s’intégrer parfaitement dans le quartier.
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Rendre le centre plus agréable Avec ses bâtiments aux avant-toits peints, la Vieille Ville d’Aarau est l’une des plus jolies cités médiévales de Suisse. Mais elle a énormément souffert du trafic au XXe siècle. Pour la préserver, le choix avait été fait d’en écarter les véhicules en construisant un contournement. Etape suivante, l’aménagement des rues, avec de nombreuses rénovations: changement de revêtement et pose de pavés, nouvel éclairage public et la mise au jour du «Stadtbach», ce petit ruisseau qui coulait jadis dans la Rathausgasse, l’une des rues principales. «Rendre les lieux plus agréables à vivre est aussi une façon de densifier», souligne Marco Salvini, du service d’urbanisation de la Ville.
Privilégier les transports publics Ce «nuage» est un abribus géant qui permet d’attendre son bus à l’abri des intempéries. Car pour rendre un centre-ville plus vert, il ne suffit pas d’en éloigner les voitures, encore faut-il proposer une alternative aussi pratique qu’agréable aux habitants et aux pendulaires, tels des transports publics efficaces. Pour patienter, les usagers peuvent s’asseoir sur les «tulipes», des sièges dépliables qui rappellent ces fleurs lorsqu’ils sont fermés.
Une croissance urbaine intelligente Le train divise littéralement la ville, créant des nuisances sonores, auxquelles s’ajoute le trafic automobile. Le bâtiment que l’on voit au premier plan et dont la courbe suit celle de la rue fait partie d’un ensemble comprenant deux tours en béton brut. Il sert également de protection sonore: en passant de la Hintere Bahnofstrasse aux jardins situés de l’autre côté de l’immeuble, on change de monde. Dans la verdure, le calme règne et la transition s’amorce en douceur avec la cité-jardin voisine. Plus loin, à l’arrière-plan, on aperçoit les grues de Torfeld Sud, un nouveau quartier où la mixité est privilégiée puisqu’il accueillera des habitants, mais aussi des commerces et même un stade.
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Vivre xxx
Reportage
Une maison en partage Depuis plus de vingt ans, l’association la Smala gère des maisons communautaires où activités professionnelles, projets associatifs et habitants se partagent le même toit. Reportage à Grandvaux. texte: Laetitia Wider Photos: Sophie Kellenbeger
C’
est un petit chalet sans prétention, adossé à la vigne, à quelques pas de la gare de Grandvaux. Mais depuis la terrasse, les superlatifs manquent pour qualifier la vue sur le Léman. Le panorama, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, s’étend à 180 degrés sous les pupilles. Point de nantis pourtant en cette demeure. Artistes, expatriés, enseignants, entrepreneurs, ou parcours atypiques se rencontrent, vivent et évoluent dans cette maison communautaire. C’est Marc Burkhalter qui nous accueille, son thermos de thé vert en main. Il n’habite pas la maison, mais depuis quelques mois, il y travaille durant la journée. Cet ancien agent immobilier a changé de cap pour tenter de se consacrer à sa passion, la photographie. Installé derrière son
ordinateur, au milieu du salon, il se comporte comme chez lui. Et pour cause, ce chalet est aussi un peu devenu sa maison. «A vrai dire, je ne voudrais pas y habiter à plein temps, glisse-t-il au détour de la conversation. Non pas que la vie communautaire ne me tente pas, mais c’est beaucoup trop pentu pour moi par ici.» Cette maison, tout comme les trois autres gérées par l’association lausannoise la Smala a ainsi revêtu des fonctions hybrides, à la fois logement, bureaux, incubateur de projets, ainsi qu’un institut de recherche et de formation qui a établi ses quartiers généraux au sous-sol du chalet. Ici on se consacre à des projets en lien avec l’écologie communautaire et l’économie sociale et solidaire. Marc, en pleine reconversion professionnelle, travaille sur plusieurs d’entre eux. Et au-delà d’un simple bureau, il a trouvé ici une atmosphère à la hauteur de ses aspirations philosophiques. «Tant qu’on reste dans l’avoir, en consommant et en accumulant, on ne peut pas vraiment être écologiste. Le partage attenue cette notion de possession, et permet de le devenir». Dans la maison, huit personnes vivent à plein temps, dont Théo Bondolfi, co-fondateur de la Smala. Depuis plus de vingt ans, l’association établit des contrats de location et de prêt. «A ce jour, près de 40 maisons sont passées entre les mains de la Smala où plus de 1200 personnes ont cohabité. On a acquis une certaine expertise grâce à ses maisons laboratoires, explique l’entrepreneur social. On a apprit, et on sait désor-
De quoi parle-t-on ? Coopérative d’habitation, habitat participatif ou habitat groupé, – Tous ces termes regroupent finalement la même idée, celle d’une communauté intentionnelle. Elle réunit des individus qui ont décidé de mutualiser leurs ressources pour concevoir, réaliser et financer ensemble leur logement, au sein d’un bâtiment ou d’un ensemble de bâtiments gérés collectivement par une société dont ils sont fondateurs ou sociétaires. Chacun possède son appartement, mais des espaces collectifs comme des grandes cuisines, salles de réunion, ou jardins sont mis en commun. Maison communautaire – Les habitants d’une maison communautaire sont liés avant tout par une philosophie, celle de la vie communautaire et du partage. Ces maisons sont prêtées par un propriétaire, ou louées. Chaque habitant possède sa propre chambre, le reste des pièces de la maison est partagé entre tous les locataires.
mais ce qu’il faut faire et ne pas faire.» Le fonctionnement des maisons est ainsi régit par des règles claires auxquelles il est impossible de se soustraire.
Le bénévolat, la clé du désengagement Dans le chalet de Grandvaux, c’est chacun sa chambre. Mais les autres espaces sont partagés. Et sur les placards, les étagères et jusque dans la salle de bain, on retrouve des étiquettes qui portent le nom de communautés célèbres comme Auroville en Inde ou Damanhur en Italie. Chaque chambre est baptisée de l’un d’eux. Tout ce qui est privé dans l’espace commun, les objets qu’on ne peut décemment pas partager – une serviette de table ou une brosse à dent par exemple –, se voit ainsi étiqueté. Autre précepte, une fois par mois, les co-habitants, qui, nuance rhétorique, ne sont pas des colocataires, se réunissent pour évoquer l’intendance de la maison. Et là, surprise, point de bénévolat ou de bonne volonté. Le
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ménage, par exemple, est une question qui se règle en monnaie sonnante et trébuchante. «Quelqu’un à l’externe ou à l’interne est engagé pour faire le ménage. La rémunération est une condition sine qua non pour obtenir l’équilibre et désamorcer les conflits inhérents à la logistique. Le bénévolat, c’est la clé du désengagement», explique Théo Bondolfi. Résultat, si les chambres sont louées pour un prix relativement modeste, en moyenne, 450 francs par mois, les charges, elles, sont élevées. Chaque habitant verse environ 350 francs par mois pour le pot commun de la maison. Nettoyage, jardinage, consommables, mais aussi une partie du travail de l’association se financent ainsi. Enfin, un week-end par année, tous les habitants doivent participer à une évaluation de la viabilité de la communauté, où l’on pose tous les problèmes sur la table. Les décisions se prennent par consentement mutuel. Mais contrairement aux apparences, il ne s’agit pas d’autogestion. «Le comité de la coopérative élit un roi, et c’est à lui de trancher. Il s’agit plus d’une responsabilité que d’un droit dont hérite les personnalités au leadership naturel», affirme Théo Bondolfi. On s’étonne un peu de cette terminologie monarchique qui apparaît peu évidente dans la notion de partage. «C’est la maturation qui mène à la démocratie. Elle se mérite, et il faut du temps pour qu’elle se mette en place naturellement», poursuit Théo qui est donc aussi le «roi» du chalet de Grandvaux.
Ce qu’on perd, on le récupère A l’heure du repas, stagiaires, habitants ou travailleurs se retrouvent sur la terrasse pour un repas avec vue sur le Léman, évidemment partagé. Autour de la table des profils bigarrés. Mohammed, dit Simo, étudiant en économie à l’Université de Lausanne, a débuté comme
stagiaire, puis s’est vu confier des petits mandats. «J’ai gagné en responsabilités. Avant, j’ai travaillé en banque d’affaire et le contraste est forcément saisissant. On œuvre pour le bien commun dans une ambiance de travail géniale», s’enthousiasme le jeune marocain qui vit lui aussi en communauté, mais à Lausanne. Il y aussi Gaspard Perez, ami de longue date et qui donne des coups de main pour les déménagements de la Smala depuis vingt ans. «Certains meubles sont là depuis le début et je les ai déménagés plus de trente fois», s’amuse-t-il. Et l’intimité dans tout cela? «Il y a des choses qu’on perd, d’autres qu’on récu-
père», rétorque Théo Bondolfi. Lui qui vit dans une chambre d’une dizaine de mètres carrés avec sa femme et son fils de deux ans avoue qu’il se réjouit de retrouver un peu d’intimité avec le projet Ecopol (voir encadré). «Disons qu’il faut être à l’aise avec son corps quand on vit en communauté. Mais c’est une vie très riche, plus on se mélange et on se confronte aux autres, plus on apprend.» Et dans cette maison qui fait le bonheur de ceux qui y gravitent, le partage c’est avant tout un lien social exacerbé avec pour bénéfices collatéraux des économies pécuniaires et un impact réduit sur l’environnement. E
ECOPOL, la vie communautaire chacun chez soi Le projet Ecopol s’est formé sur ces vingt ans d’expériences de la Smala. Avec ce label, Théo Bondolfi passe de l’expérimentation communautaire à un projet de grande envergure. La coopérative Bâtir groupé, créée en 2008, a réservé trois terrains à Grandvaux, à Cheiry et à Lucens. Une quarantaine de logements devrait ainsi sortir de terre dès 2015. Selon le fonctionnement de la coopérative, pour loger dans l’un de ces appartements, il faudra investir au minimum 10 000 francs, idéalement 50 000 ou 100 000. On est loin du logement social ou subventionné. «C’est un projet sans but lucratif mais il doit absolument être économiquement viable. Nous avons déjà trouvé une bonne partie des fonds propres», explique Théo Bondolfi. Les coopératives d’habitation entendent soustraire les biens de la spéculation immobilière. Comme dans les autres structures du genre, les loyers seront bloqués, et la revente à un prix supérieur interdite. Mais là où le projet Ecopol se distingue des coopératives traditionnelles, c’est sur son fonctionnement: une mixité intergénérationnelle favorisée, l’utilisation de matériaux naturels pour la construction des habitats, la génération de revenus sur place par des micro entreprises, mais surtout un partage fort des espaces, du matériel et des véhicules. Ainsi, chacun disposera d’un véritable espace privatif avec une petite salle de bain et une kitchenette, mais la surface par rapport à un logement traditionnel sera réduite d’environ 25%. Une grande cuisine, un jardin, un four à pain, mais aussi le nettoyage ou la garde des enfants seront mutualisés. Et sur le même principe que les maisons de la Smala, c’est un pot commun qui les financera. En plus du loyer, il en coûtera 3 francs par m2 et par mois. «D’après notre expérience il faut compter trois à quatre ans avant que la communauté soit durable. C’est une phase «monarchique» qui permet d’établir ensuite la démocratie. Et pour chaque habitant, l’aventure débutera par un contrat à l’essai d’un an.» La viabilité de la communauté sera évaluée annuellement par une expertise externe. Et si le projet échoue, les logements se transformeront en PPE.
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Vivre
Témoignage
Ma journée «Zéro Déchet» Adepte du «tout fait maison», de l’anti-consommation, de la récupération et du recyclage, Béa Johnson et sa famille ne produise qu’un kilo de déchets… par an. Notre journaliste a tenté de l’imiter. Stéphanie Milliquet
C’
est dans un univers minimaliste, étincelant de blanc, qu’évolue Béa Johnson, mère de deux enfants et reine incontestée de l’écologie puisque sa famille franco-californienne ne produit pas plus d’un bocal annuel de déchets. Poussé à l’extrême, l’exercice semble surhumain et chronophage. Interrogée par téléphone, la jeune femme assure pourtant le contraire: «Ce minimalisme nous a apporté une immense liberté.» Elle admet toutefois qu’il leur a fallu du temps pour réussir à «s’alléger de leur vie», tout en reconnaissant y avoir pris du plaisir. Dans son livre paru en 2013 aux éditions Les Arènes, Béa Johnson raconte son expérience et donne 100 conseils pour se
débarrasser du superflu. Souvent dans l’excès – elle explique comment confectionner des bandes hygiéniques réutilisables ou conseille des méthodes expéditives, voire carrément invasives pour limiter ses déchets –, Béa démontre que, quand on veut, on peut. Une bonne raison pour parcourir cet ouvrage et adapter certains conseils à son quotidien.
6h34 J’ouvre péniblement un œil, direction la salle de bain. Hop, sous la douche. Je chasse les dernières brumes matinales à grand renfort d’eau. Chaude. Je joue toutefois le jeu: pas de savon. Mais pas de vinaigre non plus. Pas envie de sentir la salade toute la journée! Les choses se corsent avec le maquillage. N’ayant ni conservé ni pilé les braises du dernier BBQ, impossible de me faire un regard de biche selon les conseils de Béa Johnson. Tant pis. Bilan: la boîte de verres de contact, n’en déplaise à la Franco-Américaine, qui n’hésite pas à conseiller une opération des yeux contre la myopie!
6h50 C’est le cheveu terne et le regard éteint que j’ouvre la penderie, débordante de vêtements. Cette fois, Béa n’a pas tort: plus
on en a, moins on sait lesquels choisir. Chez les Johnson, l’entier de la garde-robe familiale tient dans un sac de sport. Sans en arriver là, un tri s’impose. Bilan: deux sacs pleins d’habits non portés depuis au moins deux ans. Destination, le container.
7h00 Petit déj. Le bilan va prendre du plomb dans l’aile: je n’ai pas fait le yoghourt moi-même – et encore moins le pain – mais la capsule de mon café sera recyclée. Avec les 589 autres qui attendent au garage. Promis. Bilan: un pot de yoghourt.
7h30 Je pars au travail. A pied. Vingt-cinq minutes de marche de bon matin, c’est bon pour la santé. Je changerai sans doute d’avis ce soir après avoir fait les courses pour quatre personnes. Du reste, je me suis équipée de sacs en toile, histoire d’être raccord avec Béa. Bilan: zéro émission.
8h00 Arrivée au bureau, un croissant dans la main gauche, un café dans l’autre. J’ai refusé le sachet en papier pour le premier, mais dur de faire une croix sur le gobelet isotherme pour le second. A la rédaction, je recycle le moindre bout de papier comme à mon habitude mais, aujourd’hui, j’éteins aussi ma souris. Et je jette à la poubelle PET les 23 bouteilles d’eau vides qui jonchent mon bureau. Bilan: un gobelet vide.
12h00 Caramba, j’ai oublié mon lunch-box (comprenez par là que je ne l’ai tout simplement pas préparé)! Direction donc le traiteur asiatique du coin pour un Tsukune Bento. Mon empreinte carbone augmente: le riz est japonais, le wasabi aussi. Je tairai l’origine du poulet et ignore celle des algues. Bilan: une boîte à bento en plastique non recyclable, deux baguettes en bois (dont je pourrais brûler les pointes et m’en faire un eye-liner), une serviette en papier.
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17h30 Au supermarché, comme toujours, je prends soin de choisir des produits locaux et de bannir ceux conditionnés dans des emballages plastiques. Je colle les étiquettes directement sur les aubergines après les avoir pesées et évite ainsi les sachets. En revanche, impossible d’acheter en vrac du riz ou d’autres céréales. Béa, elle, apporte ses bocaux en verre afin de les remplir directement au magasin. Elle en a 200. Je n’ose imaginer le volume d’eau nécessaire pour les rincer… Comme prévu ce matin, je regrette ma voiture. Bilan: malgré ma vigilance, force est de constater que le suremballage des produits va faire des ravages dans ma poubelle.
19h00 Je ne change pas mes habitudes en cuisine: je composte les végétaux et recycle tout ce qui peut l’être. La céramique a remplacé le téflon depuis longtemps dans le fond de mes casseroles et les serviettes sont en tissu. J’évalue aussi les objets dont PUBLICITÉ
je pourrais me passer, le fameux «désencombrement» prôné par Béa. Bilan: un tas d’ustensiles pour un prochain vide-grenier, un bol d’épluchures.
Les 5 règles de Béa Johnson pour réduire ses déchets
19h45
Refuser systématiquement ce dont on n’a pas besoin (articles en plastique à usage unique, objets promotionnels, imprimés publicitaires, etc.)
Face à l’apocalypse dans les chambres de mes filles, je leur demande de faire le tri dans leurs jouets. Là, j’avoue être prête à adhérer à fond à la doctrine de Béa. En chœur, les voilà qui répondent: «Non, Maman, ce sont tous nos souvenirs! Nos jouets, c’est notre vie!» La vérité ne sort-elle pas toujours de la bouche des enfants? E
Réduire les achats, les emballages, l’utilisation de la voiture, etc. Réutiliser, en privilégiant par exemple les cabas en tissu et les contenants en verre. Recycler tout ce qui ne peut être refusé, réduit ou réutilisé. Composter les restes. Plus d’informations sur zerowastehome.blogspot.ch
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Charpentes â&#x20AC;&#x201C; Menuiserie
ElectricitĂŠ, ĂŠclairage
FenĂŞtres
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Energie et Techniques du bâtiment
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Charpente
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Physique du bâtiment
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PoĂŞles-CheminĂŠes
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Architecte
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Valais
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Architecte
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PoĂŞles/cheminĂŠes
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Nâ&#x20AC;&#x2122;hĂŠsitez pas, contactez Serge Weygold, au tĂŠl. 021 695 95 82 ou par e-mail: serge.weygold@inedit.ch
A u to m n e 2 014 | EFF I C I E N C E 21 | 79
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Solar Decathlon
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3e Congrès Chaleur solaire Suisse
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Salon Maison-Bois-énergie
Symposium ER’14
Particuliers et professionnels trouvent lors de cette manifestation toutes les informations sur les produits et les innovations en matière d’efficience énergétique dans les domaines de la rénovation et de la construction, ainsi que les meilleurs contacts pour mener à bien leurs projets. Berne, du 13 au 16 novembre www.bauholzenergie.ch
Pour sa 7e édition, le symposium invite professionnels et grand public à découvrir, grâce à des réalisations concrètes, le champ des possibles en matière de rénovation et d’efficacité énergétique, d’éco-construction et d’énergies renouvelables. La manifestation accueille également, pour la première fois, la rencontre du Service des énergies de la Ville d’Yverdon-les-Bains (SEY), consacrée à la thématique de l’efficience énergétique appliquée aux bâtiments existants. Yverdon-les-Bains, les 19 et 20 novembre www.er14.ch
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Comment réduire au quotidien ses émissions de CO2? Fruit de la collaboration d’instituts nationaux et internationaux reconnus pour leur excellence, cette exposition en son et lumière présente des solutions concrètes dans les thématiques de l’énergie, de la mobilité, de l’habitat et de la consommation, permettant à chacun de contribuer avec plaisir à cette action collective! Plusieurs salles sont à découvrir, comprenant des installations interactives qui mêlent l’art, la science et la technologie de façon insolite, ludique et étonnante. A visiter en famille. Fribourg, jusqu’au 2 novembre www.oraclepapillon.ch
Le congrès annuel de la branche chaleur solaire suisse se tient cette année dans le premier bâtiment de foire labellisé Minergie de Suisse, à Lucerne. Cette nouvelle édition s’intéresse en particulier au rôle de la chaleur solaire dans le cadre de la Stratégie énergétique du Conseil fédéral, de l’avancement de la mise en œuvre du Masterplan Swissolar et des nouveaux développements technologiques, et présente au public des exemples pratiques porteurs d’avenir. Lucerne, le 12 novembre, www.swissolar.ch/sw2014
éco-Mobil on Tour Les associations e’mobile, gasmobil et NewRide avec le soutien de SuisseEnergie réunissent tous les acteurs suisses concernés par la mobilité et l’énergie pour des journées de la mobilité efficiente. Le premier jour (en semaine) s’adresse aux professionnels du secteur tandis que les deux suivants (le weekend) ciblent le grand public. Au programme, conférences, animations pour les enfants, présentation de véhicules divers (deux-roues électriques, véhicules hybrides, à essence, diesel ou à biogaz)… et possibilité de tester ces différents modes de transport innovants! Fribourg, les 16, 18 et 19 novembre www.eco-mobil-on-tour.ch
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Mobilis 2014 Depuis dix ans, cette manifestation internationale encourage les coopérations pour faire avancer la mobilité de demain. Cette édition est consacrée aux nouveaux écosystèmes que laissent entrevoir les véhicules électriques et la conduite automatisée, ainsi que les challenges technologiques qu’ils induisent pour les industries de l’automobile et du transport. Strasbourg, les 2 et 3 décembre www.mobilisconference.com
C’est grand d’être petit. La nouvelle eco up! Avec sa propulsion au gaz naturel, voici la plus économique des voitures de série en Suisse. La nouvelle eco up! s’alimente à l’essence, mais aussi au gaz naturel écologique. Avec ses émissions moyennes de CO2 de seulement 79 g/km, elle s’enorgueillit des meilleurs résultats dans sa catégorie. Et ce avec une autonomie allant jusqu’à 600 km. C’est le fruit du développement par Volkswagen de nombreuses technologies de pointe et surtout de son engagement en faveur de la mobilité responsable – bien connue sous l’appellation de “Think Blue.”. Plus d’informations sur www.think-blue.ch et naturellement chez nous. La eco up! vous attend déjà pour essai! Consommation en énergie en kg/100 km (en m 3/ 100 km): 3.6 (5.5) (urbain)/2.5 (3.8) (extra-urbain) /2.9 (4.4) (mixte), émissions de CO2: 79 g/km (moyenne de toutes les voitures neuves commercialisées: 153 g/km), catégorie de rendement énergétique: A.
AMAG Lausanne
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Av. de Provence 2 1007 Lausanne Tél. 021 620 62 62 www.lausanne.amag.ch
Rte de la Vallée 7-11 1180 Rolle Tél. 021 822 00 00 www.rolle.amag.ch
Route du Pont-Butin 1213 Petit-Lancy Tél. 022 870 92 00 www.petit-lancy.amag.ch