Focus PME n°1 (Décembre 2018)

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AUDE PUGIN

«Je crois à une économie qui a une vision pour la société»

LE MAGAZINE INDÉPENDANT DES PME ROMANDES

N° 1

Décembre 2018

CONJONCTURE Les signaux sont au vert SUSHI ZEN Toujours quelques brasses d’avance

En collaboration avec


Renouvellement de la STEP de Lausanne (2014–2022). Dans le cadre de ce projet d’envergure, Karakas et Français SA a réalisé les études géotechniques, les diagnostics de pollution, ainsi que le projet et le suivi d’exécution des travaux suivants: déconstruction des bâtiments, gestion des matériaux pollués, enceinte de fouille, terrassement et forage de pieux. Photo: étape 2/2017-2018


1

Le mot FOCUS PME Décembre 2018

d   e la rédaction

I  mpressum F   OCUS PME

N°  1 — Décembre 2018 LE MAGAZINE INDÉPENDANT DES PME ROMANDES EN COLLABORATION AVEC

www.cvci.ch

ÉDITEUR

Inédit Publications SA Avenue de Rumine 37 Case postale 900 1001 Lausanne www.inedit.ch DIRECTRICE ÉDITORIALE

Elodie Maître-Arnaud RESPONSABLE D’ÉDITION

Sylvie Ulmann RÉDACTION

Martin Auger Elodie Maître-Arnaud Thomas Pfefferlé Sylvie Ulmann PRODUCTION

Inédit Publications SA Avenue de Rumine 37 Case postale 900 1001 Lausanne www.inedit.ch CONCEPTION GRAPHIQUE

Xavier Cerdá RELECTURE

Adeline Vanoverbeke PUBLICITÉ

Commercialisation: Serge Bornand et Delphine Foiret Responsable: Quentin Riva c/o Inédit Publications SA Tél. +41 21 695 95 95 IMPRESSION

Courvoisier-Attinger Arts graphiques SA Chemin du Long-Champ 135 (Längfeldweg 135) 2501 Bienne info@courvoisier.ch www.courvoisier.ch TIRAGE

10 000 exemplaires

HEUREUX   DE VOUS R   ETROUVER !

I

nédit Publications a décidé de relancer Focus PME, après deux ans d’absence. Aujourd’hui comme hier, c’est à vous, dirigeants des petites et moyennes entreprises romandes, que ce magazine gratuit est destiné.

Parce que votre temps est précieux et que nous lire doit aussi être un moment de plaisir, nous avons développé une nouvelle maquette attrayante et rythmée, permettant plusieurs niveaux de lecture. Un changement dans la continuité puisque, sur le fond, Focus PME reste fidèle à son ambition de vous offrir un contenu proche de vos préoccupations quotidiennes. Actualités économiques, business stories, conseils d’experts ou encore idées d’ailleurs: la plupart des rubriques ont ainsi été conservées.

Cette renaissance, nous la devons en partie à la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI), avec laquelle nous avons étroitement collaboré pour préparer ce numéro. Et c’est Aude Pugin, présidente de l’institution, qui nous fait l’honneur de la première couverture (lire son interview page 10). Qu’il nous soit permis de la remercier – ainsi que les équipes de la CVCI – pour la confiance ainsi témoignée. Nous sommes heureux de vous retrouver et nous vous souhaitons une agréable lecture! O ÉLODIE MAÎTRE-ARNAUD DIRECTRICE ÉDITORIALE D’INÉDIT PUBLICATIONS

PHOTO DE COUVERTURE

Pierre Vogel


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N   °  1 FOCUS PME Décembre 2018

Sommaire

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Actualités

8

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Aménagements Le travail version smart

Tour d’horizon

Business story

Interview

10

Aude Pugin «Je crois à une économie qui a une vision pour la société»

Tendances

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Droit Les PME suisses face aux nouvelles règles sur la protection des données

19

Ecologie Comment rendre votre entreprise écoresponsable ?

Experts

34

Santé Les trois stratégies pour prévenir le burn out dans une PME

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35

Dix étapes Socol, 80 ans de couleurs

Sécurité Face aux cybermenaces, pensez formation du personnel

24

36

Conjoncture

Inspirations

Prévisions «Les PME vaudoises peuvent être sereines quant à l’avenir»

Idées d’ailleurs Six (bons?) projets à développer en Suisse

Portrait Sushi Zen, toujours quelques brasses d’avance

29

Communication Boostez votre entreprise sur les réseaux sociaux!

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Index

44

Liste des entreprises et personnes citées

PHOTOS: ANNA SUBBOTINA/FOTOLIA ET DR • ILLUSTRATIONS: HURCA!/FOTOLIA ET SVETLA BOROVKO/FOTOLIA

News


Internet 1 Gbit/s

« En tant que marque horlogère participative, notre présence sur internet est essentielle à notre visibilité. Citycable nous fournit un service performant et fiable en tout temps. » Claudio D’Amore

Fondateur de CODE41 Watches


WORKSHOP CO-WORKING SÉMINAIRES 

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News FOCUS PME Décembre 2018

DISTINCTION

D   ES   LAURIERS P   OUR   B   EQOM   SA L’entreprise nyonnaise spécialisée dans la réalisation de logiciels de gestion de la rémunération pour les grandes entreprises a décroché le Prix SVC Suisse romande 2018, le 8 novembre dernier. Fondée en 2009, elle occupe aujourd’hui quelque 140 collaborateurs et compte de nombreux clients prestigieux en Europe et aux Etats-Unis. Remis par le Swiss Venture Club, ce prix encourage l’entrepreneuriat dans les sept régions économiques suisses et vise à récompenser des sociétés qui «se sont adaptées aux nouvelles exigences de l’économie», soulignent Jean-Marie Salina et Michael Willimann, responsables SVC pour la région Suisse romande. O SU

w www.beqom.com

Les robots montent la garde

PHOTOS: PHONLAMAIPHOTO/FOTOLIA, ©LA POSTE ET DR

V   étroz, nouvelle capitale postale Sur pied 24h/24, silencieux, capables d’enregistrer une scène ou de détecter une anomalie grâce à leurs capteurs, les robots pourraient bien être les prochaines stars de la surveillance. Ainsi, dans le domaine des centrales nucléaires, cinq pays et 30% des centrales américaines comptent désormais sur les drones pour inspecter les environnements radioactifs, comme le modèle Elios de la société lausannoise Flyability. Celle-ci s’est d’ailleurs vu décerner le 2e prix du Swiss Venture Club Suisse romande le 8 novembre dernier. O SU

w www.flyability.com

Début octobre, La Poste Suisse a démarré la construction de son nouveau centre de colis régional à Vétroz (VS). Grâce à ce nouvel ouvrage de 25 000 m2, le géant jaune entend diminuer les temps de transport et de traitement des colis. La fin des travaux est prévue pour mai 2020. Le choix de Vétroz s’explique en raison de son emplacement géographique stratégique, en étant à la fois au centre du canton valaisan et à proximité des axes autoroutiers. Les sites logistiques de Bex (VD), Brigue (VS), Sierre (VS) et Sion seront d’ailleurs regroupés à cet endroit. O TP

w www.laposte.ch


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FOCUS PME Décembre 2018

N   ews

Le marché du café stimule la création d’entreprises Le secteur d’activité lié au café représente plus de 1% du PIB national. Un marché des plus dynamiques, au sein duquel de nouveaux modèles d’affaires fleurissent. Outre le poids lourd helvétique Nespresso, les PME actives dans le secteur se comptent par centaines. Négociation des grains, torréfaction, restauration ainsi que fabrication constituent autant de segments porteurs pour le tissu économique suisse. O TP

DECATHLON

À FOND LA SUISSE Un an après son arrivée en Suisse, l’entreprise française d’équipement de sport, qui compte sept magasins chez nous à l’heure actuelle, vise les 130 points de vente dans les dix ans à venir. Elle compte notamment séduire le public en jouant la carte du numérique avec son concept «Decathlon Connect», de petits magasins situés en centre-ville et orientés digital et haute technologie. O SU

w www.decathlon.ch

U   ne petite baisse de confiance La proportion de directeurs financiers optimistes quant à l’évolution de l’économie helvétique est en recul pour la première fois depuis trois ans, selon une étude du groupe Deloitte. 77% des dirigeants interrogés tablent toutefois sur un développement positif de la croissance en Suisse. La crainte principale des entreprises exportatrices porte sur l’évolution des marchés importants comme la Chine ou les Etats-Unis. Les inquiétudes suscitées par le regain de protectionnisme et le franc fort ont également entamé la confiance des dirigeants. O ÉMA

«TOUT SEUL ON VA   PLUS VITE, ENSEMBLE ON VA   PLUS LOIN»

PROVERBE AFRICAIN

L’ÉCONOMIE SUISSE EN CHIFFRES

2,4%

Le taux de chômage est stable depuis six mois. (SOURCE: SECO)

-2,3%

Le chiffre d’affaires du commerce de détail a connu au mois de septembre la baisse la plus marquée depuis 2016. (SOURCE: OFS)

312 000

Le nombre de travailleurs frontaliers à fin septembre est en baisse pour la première fois depuis 20 ans. (SOURCE: OFS)

6,6%

C’est la part moyenne du chiffre d’affaires que les entreprises suisses investissent dans la recherche et développement. Un record mondial. (SOURCE: EY)

PHOTOS: CYRIL ZINGARO/©DECATHLON ET KARLIS/FOTOLIA • ILLUSTRATION: HURCA!/FOTOLIA

Decathlon regroupe 140 sports sous le même toit et veut rendre le sport accessible à tous, avec des produits sportifs exclusifs, à la fois techniques, innovants et à un rapport qualité/prix imbattable.


Journée Infra 2019

Adjudication des marchés publics, clarté ou loterie ? Mardi 5 février 2019 SwissTech Convention Center, EPFL Ecublens La révision de la loi sur les marchés publics amène-t-elle un changement de paradigme dans ce domaine ? Les nouveaux règlements donnent-ils plus de visibilité ? Les adjudications dépendent-elles des aléas de la conjoncture ? Infra Suisse fait le point sur ces changements annoncés et sur les opportunités attendues. Conférences Jean-Baptiste Zufferey, Université de Fribourg | Peter Jedelhauser, CFF Léman 2030 | Jean-Bernard Duchoud, OFROU | Marc Steiner, Juge au Tribunal administratif fédéral | Thomas Rödder, Chanoine de l’Abbaye de Saint-Maurice Inscription jusqu’au vendredi 18 janvier 2019 sur infra-suisse.ch/journee

Venez nous rendre visite au Salon Bois à Bulle du 8 au 10 février 2019.

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FOCUS PME Décembre 2018

T   our d’horizon Sept générations dans la noix

L   ’actualité d   es entreprises   vaudoises

C’est dans la commune vaudoise de Sévery qu’une entreprise familiale exploite depuis sept générations l’antique moulinhuilerie du village. La famille Bovey en est propriétaire depuis 1845. La PME familiale emploie aujourd’hui douze collaborateurs pour réaliser un chiffre d’affaires annuel situé aux alentours de 2,5 millions de francs. O TP

w www.moulindesevery.ch

TEXTES: ÉLODIE MAÎTRE-ARNAUD ET THOMAS PFEFFERLÉ

Les serious games séduisent les groupes vaudois Inspirés du secteur du jeu vidéo, les serious games permettent de développer ses compétences professionnelles en prenant part à des jeux. Un créneau numérique sur lequel surfe notamment la PME Digital Kingdom, établie à Vevey, qui compte l’Etat de Vaud ou encore Nestlé parmi ses clients. Le domaine du serious game est également investi par les organismes d’aide et de soutien à la création d’entreprise. O TP

w www.digitalkingdom.ch

Le tourisme américain booste l’économie vaudoise En 2017, le canton de Vaud a vu le nombre de touristes américains s’envoler. Entre janvier et novembre de l’année dernière, les Américains ont totalisé 125 000 nuitées au sein des établissements vaudois, soit une hausse de plus de 14% par rapport à l’année précédente. Et 2018 semble confirmer cette croissance. Principales attractions touristiques du canton: le Musée olympique, la cathédrale de Lausanne et les vignes de Lavaux. O TP

w www.vd.ch

Nestlé en Malaisie Le géant Nestlé a vendu une partie de son site de production dédié aux produits laitiers réfrigérés en Malaisie. Le géant laitier français Lactalis, installé dans le Sud-Est asiatique, aurait déboursé environ 37 millions de francs dans le cadre de cette acquisition. O TP

w www.nestle.ch


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FOCUS PME Décembre 2018

Vaud épargné par la hausse des faillites Si le nombre de faillites d’entreprises a progressé en Suisse, le canton de Vaud a quant à lui enregistré un recul. A l’échelle nationale, on dénombre plus de 4500 entreprises confrontées à cette situation durant les huit premiers mois de l’année, soit une augmentation de 2% par rapport à l’année précédente. Le Jura (17%) et Neuchâtel (53%) figurent parmi les cantons les plus concernés par cette hausse. O TP

w www.vd.ch

Un Lausannois veut démocratiser le marché de la haute horlogerie Imaginé par Nicolas Hildenbrand, un site innovant de vente en ligne offre la possibilité de s’offrir une montre de prestige en souscrivant un crédit en un clic. La start-up collabore avec Creditum, une société d’intermédiation de crédit privé. Lors de sa mise en ligne au mois de novembre, la plateforme Watchdreamer proposait déjà environ 1000 montres neuves, toutes marques confondues. O ÉMA

w www.watchdreamer.com

Le 7e art dope l’économie nyonnaise En cinquante ans, Visions du Réel, la manifestation dédiée au cinéma amateur, s’est progressivement imposée sur la scène internationale. Une aura dont les retombées bénéficient directement à la localité de Nyon, ville hôte de l’événement. Avec un budget de 3,3 millions de francs, la manifestation rapporterait 5,07 millions de francs en retombées économiques pour la région, grâce notamment aux 4200 nuitées qu’elle génère dans les établissements hôteliers du district. O TP

Bénéfice des assureurs en hausse Les six premiers mois de l’année se sont révélés des plus bénéfiques pour Vaudoise Assurances. Le groupe bouclait en effet ce premier semestre sur un bénéfice net de 74 millions de francs. Le chiffre d’affaires de l’assureur, dont l’augmentation avoisine les 800 millions de francs, a notamment été porté par la mise en place d’une nouvelle police d’assurance vie. O TP

w www.vaudoise.ch

INFOGRAPHIE: XAVIER CERDÁ • ILLUSTRATIONS: AURIELAKI/FOTOLIA

w www.visionsdureel.ch


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Interview FOCUS PME Décembre 2018

AUDE PUGIN I APCO TECHNOLOGIES

«Je crois à une économie qui a une vision pour la société» Femme fusée, présidente sur orbite: les jeux de mots utilisés à son égard font sourire Aude Pugin. Patron d’une PME active dans l’aérospatial, elle occupe aussi depuis le mois d’avril dernier la présidence de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie. PROPOS RECUEILLIS PAR ÉLODIE MAÎTRE-ARNAUD I PHOTOS: PIERRE VOGEL

P

remière femme à présider la CVCI, Aude Pugin apporte à l’institution une vision de terrain. Depuis 2017, elle dirige en effet APCO Technologies, une entreprise familiale active dans l’industrie spatiale et tournée à 100% vers l’exportation. C’est sur le site de production, à Aigle, que nous la rencontrons. Une septième halle est en construction. Les pièces qui y seront fabriquées équiperont dès 2020 le lanceur européen Ariane 6. Proche de ses collaborateurs, Aude Pugin dit préférer diriger au milieu des gens plutôt qu’au-dessus d’eux. Un état d’esprit PME qu’elle souhaite préserver malgré une croissance importante des effectifs de son entreprise depuis plusieurs mois.

Pouvez-vous revenir sur le contexte de votre nomination aux fonctions de présidente de la CVCI?

J’ai été élue en avril dernier, mais cela fait déjà un peu plus de deux ans que je fais partie du comité de la CVCI. Je pense que le fait d’être propriétaire de son entreprise et d’être tourné entièrement vers l’exportation donne une certaine liberté de parole. Quand on est dans un business plus domestique, on est sans doute un peu plus hésitant à s’exprimer sur des sujets politiques, par peur de froisser certains clients, ce qui est compréhensible. Qu’est-ce qui vous a motivée?

Les témoignages d’entrepreneurs sont précieux pour identifier les besoins du secteur de l’économie. Il est également important que l’on s’investisse dans le débat politique, sans forcément être affilié à un parti. Les Suisses votent quatre fois par année sur des sujets souvent importants et complexes et il est essentiel de les informer de ce que nous vivons. Je crois en effet à une économie qui a une vision pour la société. Je crois aussi à la force de l’engagement personnel. Je pense enfin que c’est au contact des gens que l’on s’enrichit. Vous êtes la première femme à présider la CVCI: ça change quoi?

En endossant cette fonction, j’avais aussi envie d’inviter les femmes à oser se mettre en avant. Les femmes sont très compétentes, mais se font parfois trop discrètes, par



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FOCUS PME Décembre 2018

I  nterview

Quel est votre rôle en tant que présidente?

La présidente est celle qui, avec le comité et la direction, établit la stratégie et une vision pour la Chambre. Je rappelle que la CVCI a plusieurs fonctions distinctes, notamment celle de représenter le secteur de l’économie dans le canton et d’en défendre les conditions-cadres dans le débat politique. La Chambre propose aussi toute une série de prestations et formations à ses membres – plus de 3200 entreprises. Nous devons donc nous assurer que ses services correspondent aux besoins. A travers l’organisation de nombreux événements ciblés, sa fonction de plateforme d’échange et de réseautage est par exemple très importante. Et puis, être une présidente qui gère par ailleurs une PME au jour le jour me permet d’apporter un certain reality check, c’est-à-dire mon regard de terrain. Quels sont les dossiers prioritaires sur lesquels vous travaillez?

Je me suis par exemple beaucoup engagée dans la campagne contre l’initiative dite «pour l’autodétermination», sur laquelle nous avons voté le 25 novembre. Il était essentiel pour la Suisse et son tissu économique de voir ce texte rejeté. Non seulement il faisait peser un risque majeur d’insécurité juridique, mais il envoyait également à nos partenaires européens et internationaux un message qui n’est pas celui d’une Suisse fiable. S’isoler aurait été la pire des solutions, notamment pour notre développement économique. Heureusement, les Suisses l’ont bien compris. Bien sûr, le dossier entourant la réforme de la fiscalité des entreprises apparaît également central. La CVCI s’est engagée dès le départ pour la RIE III cantonale, acceptée en 2016. Dans les mois qui viennent, c’est au niveau fédéral qu’il faudra convaincre. La RFFA (loi relative à la réforme fiscale et au financement de l’AVS) se révèle essentielle pour la Suisse, mais aussi pour assurer le respect de ses engagements internationaux en matière de forfaits fiscaux. Cette réforme sera également une bouffée d’oxygène pour toutes les entreprises suisses, qui gagneront en compétitivité.

Naissance à Lausanne

› 1993

Commence ses études de droit

› 1997

Entre dans une étude d’avocats à Genève pour préparer son brevet

› 2000

Engagée comme conseiller juridique dans une entreprise

› 2009

Rejoint APCO Technologies

› 2016

Entre au comité de la CVCI

› 2017

Nommée directrice générale d’APCO Technologies

› 2018

Elue présidente de la CVCI

PHOTO: PIERRE VOGEL • ILLUSTRATION: NADZEYA26/FOTOLIA

modestie. On doit davantage faire entendre notre voix. Je ne souhaite toutefois pas être réduite à la seule qualité de femme.

Aude Pugin, en huit dates › 1974


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FOCUS PME Décembre 2018

Cette fonction change-t-elle quelque chose pour vous en tant que patron de PME?

«Avec un actionnariat familial impliqué dans l’opérationnel, le management passe davantage de temps à faire et moins de temps à devoir convaincre en interne.»

Le terreau économique du canton de Vaud est très riche; tous les métiers sont représentés, de la multinationale à la microsociété. D’abord, on se dit que chacun vit des choses très différentes. Ensuite, quand on parle avec d’autres chefs d’entreprise, on réalise que beaucoup de problématiques sont communes. Alors, oui, ma fonction de présidente et ces échanges m’apportent beaucoup sur le plan personnel. Vous avez repris le flambeau de votre père en 2017. C’était une évidence pour vous?

Non, ce n’était pas une évidence. Même si, quand j’ai fait mon brevet d’avocat, je savais que je ne resterais pas au barreau. J’ai travaillé pendant près de dix ans comme conseiller juridique en entreprise. C’était très formateur. Quand j’ai commencé ma carrière, APCO employait une cinquantaine de personnes et les problématiques étaient essentiellement techniques. Puis l’activité s’est développée et l’effectif a augmenté; de nouvelles questions se sont posées, notamment en termes de nouveaux marchés, de finance, d’organisation et de ressources humaines. A ce moment-là, j’ai su qu’en rejoignant l’entreprise de mon père, j’avais beaucoup à apprendre, mais j’apportais des compétences et la valeur ajoutée d’un regard neuf. C’était en 2009. J’ai eu le luxe du temps pour découvrir les différents aspects du business. J’ai repris les rênes en 2017, dans la continuité. C’est une façon très saine d’évoluer pour une entreprise. Comment APCO a-t-elle accédé au marché international de l’aérospatial?

Cette activité a été entièrement développée par mon père il y a vingt-cinq ans. A l’époque, il y avait moins d’acteurs sur ce marché et il s’agissait surtout de gagner des compétences. Je vous rappelle aussi que la Suisse est un membre fondateur de l’Agence spatiale européenne, ce qui nous donne accès à des projets d’envergure en collaboration avec d’autres grands acteurs du secteur. Nous sommes également présents dans le secteur de l’énergie, où nous concevons, réalisons des équipements industriels pour des centrales françaises, ainsi que sur le marché américain depuis près de dix ans dans le domaine de l’industrie lourde. L’esprit PME, c’est en effet de savoir prendre des risques mesurés avec la capacité d’aller là où les plus grandes sociétés peuvent aller avec moins de réactivité et de flexibilité. Votre business model de PME familiale est-il la clé de votre succès?

C’en est une, oui. Bien sûr, il y a une part émotionnelle importante, mais c’est un vrai modèle d’affaires: un actionnariat familial impliqué dans l’opérationnel. Le management ne passe pas un tiers de son temps à expliquer et à faire du reporting. On est au courant au jour le jour. En Suisse, il y a beaucoup de sociétés dans lesquelles les choses se passent ainsi. Avec cette forme d’actionnariat, le management passe davantage de temps à faire et moins de temps à devoir convaincre en interne. Quelles sont vos perspectives de développement?

Le fait d’avoir trois activités est très intéressant. On est plus stable sur trois pieds que sur deux. Par ailleurs, la croissance n’est pas une fin en soi. C’est la conséquence de nos projets. Etre rentable et avoir des collaborateurs épanouis sont nos priorités. Nous allons réaliser les attaches hautes et basses ainsi que le nez des boosters pour le lanceur Ariane 6. Après le lancement inaugural de 2020, l’objectif à terme est celui de dix lancements par année avec des configurations à deux ou quatre boosters. Soit des milliers de pièces à livrer, qui vont nous faire entrer dans un jeu d’industrialisation. Notre défi stratégique est de parvenir à concilier cela avec notre capacité à proposer du sur-mesure, ce qui a fait notre force jusqu’à présent. O

APCO Technologies en bref Basée à Aigle, la société APCO Technologies est active dans le développement et la fabrication de solutions mécaniques et électromécaniques sur mesure pour les secteurs de l’aérospatial, de l’énergie et de l’industrie. Fondée en 1992 par André Pugin, l’entreprise est dirigée depuis 2017 par sa fille Aude Pugin. APCO Technologies emploie un peu moins de 300 personnes en Suisse, auxquelles il faut ajouter une septantaine de collaborateurs en France et une quarantaine sur le centre spatial européen de Kourou, en Guyane.

w www.apco-technologies.eu


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Tendances FOCUS PME Décembre 2018

DROIT

L   es PME suisses face aux nouvelles règles sur la protection des données Près de six mois après l’application du règlement européen sur la protection des données (RGPD), les entreprises suisses ne paniquent plus et se mettent en conformité. Un processus continu, mais nécessaire, pour garder leur compétitivité sur le marché européen. TEXTE: MARTIN AUGER

C’

est un vent de panique venu de l’Union européenne qui a soufflé dans les entreprises suisses le 25 mai dernier lorsque Bruxelles a musclé ses standards de protection des données personnelles en appliquant un nouveau règlement: le RGPD (Règlement général sur la protection des données). Le but? Redonner le pouvoir aux citoyens de l’Union en matière de données personnelles. C’est-à-dire que le règlement accorde davantage de droits au citoyen, puisque chaque Européen peut désormais exiger de savoir quelles entreprises collectent ses données, dans quel cadre et à quelles fins. Il peut aussi décider de transférer ses informations personnelles (portabilité) à la plateforme ou à l’entreprise de son choix. Ou exiger leur suppression (droit à l’oubli).

PHOTO: ALFONSO DE TOMAS/FOTOLIA

Que prévoit le règlement européen? Il contraint notamment les entreprises à s’assurer du consentement éclairé et informé des individus quant à la collecte et au traitement de leurs données. Un changement de mentalités et de pratiques dont les entreprises ont pris tardivement la mesure. Pourtant, dès l’application du RGPD, seule une poignée d’entreprises qui gèrent, collectent et monétisent les données personnelles se sont mises en conformité. Les autres ont pris le risque de se voir infliger une amende qui peut aller jusqu’à 4% de leur chiffre d’affaires annuel mondial de l’exercice précédent si ce montant dépasse 20 millions d’euros. Les menaces de sanctions ont eu le mérite de secouer les retardataires. Ne leur jetons pas la pierre: le RGPD est un texte complexe, sujet à de multiples interprétations. Difficile dans ce contexte de mobiliser les entreprises qui peinent à s’y retrouver. En Suisse particulièrement. Car si le règlement est européen, il concerne aussi les entreprises suisses – les TPE comme les multinationales. Ma PME doit-elle adopter le RGPD? Les critères qui déterminent si votre entreprise est concernée sont en théorie très simples. Il s’agit de déterminer si la société exploite un établissement dans l’Union européenne. Si ce n’est pas le cas, est-ce qu’elle propose des biens et des services aux Européens? Ce deuxième critère a semé la confusion chez les entrepreneurs suisses, puisqu’il est sujet à interprétation. Prenons l’exemple fictif d’un site d’e-commerce bernois. Ses clients résident en Suisse. Mais dans le cas où un client belge ou allemand passe occasionnellement commande, cela ne le contraint pas à se conformer au RGPD. En effet, ce site d’e-commerce devrait explicitement exprimer l’intention de cibler le marché européen pour y être


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FOCUS PME Décembre 2018

Tendances

«Je conseille aux entreprises de cartographier la manière dont elles traitent les données des consommateurs. Nous leur recommandons la marche à suivre de la CNIL, en France.»

obligé. Par exemple en proposant de livrer dans l’UE, en menant des campagnes marketing sur ce marché ou en assurant le dédouanement et le remboursement de la TVA suisse. Dans les faits, seuls les multinationales et les grands groupes helvètes qui ont déjà des succursales dans l’Union européenne ont commencé leur mise en conformité. D’autres sont beaucoup moins en avance, notamment des sociétés concernées uniquement par l’application extraterritoriale du RGPD.

PAUL VAN DEN BUSSCHE JURISTE À LA CVCI

Pourquoi les entreprises suisses sont-elles concernées? L’application extraterritoriale touche toutes les entreprises suisses sans présence dans l’UE, mais qui traitent – sur sol suisse – des données personnelles d’individus présents dans l’Union. Les entreprises suisses qui proposent de la publicité ciblée sur le marché européen ou celles qui utilisent les données européennes à des fins de suivi du comportement de consommation sont également concernées. C’est l’exemple d’un site web qui recourt au webtracking pour observer le comportement de navigation de ses clients. La raison? Cette activité lui permet de cerner précisément le comportement et les habitudes de consommation des internautes. Jusque-là, les organismes étrangers ont très peu informé les entreprises en dehors de l’UE sur le processus de mise en conformité. C’est pour pallier ce manque d’informations et rassurer que plusieurs acteurs suisses communiquent sur la question. A l’instar de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI), où Paul Van Den Bussche est juriste. Depuis de longs mois, il sensibilise, accompagne et conseille les PME vaudoises dans leur mise en conformité. Six mois après l’application du règlement, il se veut rassurant: «Les entreprises suisses ne paniquent plus comme en début d’année. Toutes ne sont pas à jour, mais elles ont pris conscience qu’il fallait agir.» D’autant qu’elles bénéficient de la lenteur législative suisse sur la protection des données. Car en l’état actuel des choses, toutes les sociétés traitant des données personnelles en Suisse sont soumises au droit suisse. Ce dernier ne prévoit pas de sanctions, mais le projet de révision de la loi sur la protection des données (LPD) formule peu ou prou les mêmes exigences que le RGPD. Le 15 septembre 2017, le Conseil fédéral approuvait la révision de la LPD qui date de 1992 pour l’aligner avec le standard européen en été 2018. Mais cette révision a été repoussée à début 2019. Et peut-être au-delà si l’on se base sur les récentes prises de position de la Commission des institutions politiques du Conseil national.

standards de l’UE. Le message est donc clair: divergence de réglementation ou pas, toutes les entreprises suisses – concernées ou pas par le RGPD – ont intérêt à se conformer dès maintenant. Mais comment? Paul Van Den Bussche: «Je leur conseille de cartographier la manière dont elles traitent les données des consommateurs. Nous leur recommandons pour cela la très complète marche à suivre de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), en France. Elle permet à l’entreprise de savoir précisément qui traite des données dans son organisation, quel type de données, à quelle fin. Cela va lui permettre d’avoir une vision précise des traitements de données effectués.» Sur la base de cette radiographie, le juriste invite les entreprises à procéder par priorités. «Elles vont pouvoir prendre des mesures quant aux traitements des données en leur possession.» Des mesures techniques et humaines pour gérer ces informations à l’interne, mais aussi sécuritaires. Qui y a accès au sein de l’organisation? Comment ces données sont-elles sécurisées? «L’entreprise doit démarrer sa mise en conformité en listant ses priorités, souligne le juriste de la CVCI. C’est un processus continu qui doit mobiliser l’ensemble de l’organisation. Cet effort passe par de la sensibilisation interne et de la formation à la protection des données.» O

PHOTOS: GEARSTD/FOTOLIA ET DR

Comment me mettre en conformité? Dans un futur proche, la Suisse adoptera les



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FOCUS PME Décembre 2018

Tendances ÉCOLOGIE

Comment rendre votre entreprise écoresponsable ? Economiser l’énergie et préserver les ressources n’est pas l’apanage des grandes entreprises. Les PME peuvent aussi s’y mettre en adoptant des mesures très simples. TEXTE: SYLVIE ULMANN

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teindre les lumières en quittant une pièce, arrêter complètement les appareils et machines, troquer la vaisselle jetable contre du verre et de la porcelaine, économiser le papier – en imprimant recto verso, en réutilisant les copies en guise de brouillon, en renonçant à imprimer ses mails et en privilégiant les documents sous forme électronique… Autant de mesures faciles à instaurer. Encore faut-il opter pour les mieux adaptées à votre entreprise et les faire adopter par le personnel! Voici quatre pistes à explorer. 1. MENEZ VOS RÉFLEXIONS À PARTIR D’UN AUDIT ÉNERGÉTIQUE. Si les éco-

gestes évoqués en introduction permettent dans tous les cas de réaliser des économies, un audit énergétique est presque incontournable pour aller plus loin. Grâce à lui, vous pointerez les postes recelant le plus gros potentiel d’économies. Toutes les sociétés ne sont pas égales face aux économies d’énergie: pour l’une, les déplacements du personnel peuvent être particulièrement énergivores, alors que pour sa voisine, ce seront les bâtiments ou certains processus qui décrocheront la palme.

2. METTEZ EN PLACE UN SUIVI. Une fois vos besoins identifiés et les mesures d’éco-

nomie d’énergie réalisées, vérifiez que les résultats attendus sont bel et bien au rendez-vous et assurez-vous que le système instauré est efficace. Ensuite, communiquez sur ces résultats au sein de l’entreprise pour motiver tout le monde. Cela donnera du sens aux efforts de chacun et justifiera les investissements réalisés.

3. EXPLIQUEZ LES CHANGEMENTS. Tout changement expliqué est en effet mieux accepté. Il a aussi davantage de chances d’être suivi dans la durée. «A partir d’une vingtaine de collaborateurs, une société a tout intérêt à confier la mise en œuvre des mesures à une personne qui veillera à les expliquer aux collaborateurs», souligne Mohamed Meghari, chef de la division efficacité énergétique à la Direction de l’énergie du canton de Vaud. Une charge estimée à 10 ou 15% du temps de travail, selon la nature des actions envisagées. Et une mesure qui, en remontant des informations de la base, crée aussi du lien entre l’équipe dirigeante et les employés.

PHOTO: SERGEY NIVENS/FOTOLIA

4. NE NÉGLIGEZ PAS LA MOBILITÉ. On estime que 30 à 40% de l’énergie dépensée est due à la mobilité. Si votre entreprise possède une flotte de véhicules, opter pour des modèles électriques ou hybrides est une piste. Pensez aussi à encourager vos collaborateurs à privilégier la mobilité douce en installant des abris à vélos ou en mettant des bicyclettes à disposition pour les petits trajets professionnels. Le covoiturage constitue également une bonne solution. Un simple panneau d’affichage ou une page sur votre réseau intranet peut permettre de mettre en relation les employés intéressés. «Cette démarche peut avoir davantage de succès si on l’effectue pour tout un bâtiment ou une zone industrielle», souligne Mohamed Meghari. O

Le canton de Vaud propose deux listes des bureaux prestataires d’audits énergétiques sur: www.vd.ch/themes/environnement/ energie/entreprises/programme des-audits-energetiques/


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Tendances

AMÉNAGEMENTS

L   e travail version smart Le «smart working» se fait une place dans les entreprises. Ou quand l’architecture des locaux impacte le management. Dans la pratique, en quoi cela consiste-t-il? PROPOS RECUEILLIS PAR FANNY OBERSON I PHOTOS: ZUZANNA ADAMCZEWSKA-BOLLE – CVCI

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a Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) sort à peine des travaux de réaménagement de ses bureaux. Philippe Miauton, son directeur adjoint, croit en l’intérêt d’une telle démarche de smart working pour favoriser un mode de travail plus collaboratif et horizontal.

Expliquez-nous: le «smart working», c’est quoi?

De manière générale, le smart working vise à redéfinir les espaces de l’entreprise pour mieux les optimiser. On fait tomber les cloisons qui séparent les bureaux, on crée des bulles de convivialité, des zones différenciées de travail ainsi que des espaces partagés. Les objectifs sont multiples. Tout d’abord, rendre l’entreprise plus conviviale et plus adaptée aux différents modes de travail. Ensuite, favoriser les interactions entre les collaborateurs. Comment est née l’idée de mener un tel projet au sein de la CVCI?

Comme toute entreprise, la CVCI doit continuellement s’adapter pour répondre aux attentes de ses membres, renouveler ses services, informer sur l’ensemble des canaux. Cela demande d’être réactif et flexible. La CVCI devait effectuer des rénovations, elle en a profité pour entreprendre un processus de smart working. Outre les bénéfices d’un tel changement pour son travail et celui de ses équipes, la Chambre pourra également faire bénéficier ses membres de son expérience, s’ils souhaitent entreprendre un projet comparable. Par rapport à de simples travaux de rénovation, qu’implique cette démarche particulière?

Le processus est différent. Pour réorganiser les espaces, il fallait au préalable analyser les besoins, évaluer de nouvelles zones pour accueillir les équipes complètes, jusqu’ici éparpillées. Parfois, le smart working permet aussi de diminuer le nombre de postes effectifs en raison des présences différenciées, du temps partiel ou du télétravail. Dans notre cas, nous n’avons pas opté pour des postes partagés, puisque l’entreprise ne comptait pas suffisamment d’employés réellement nomades. Un vaste sondage auprès des collaborateurs avait permis de le révéler en amont des travaux.

Ci-dessus, le nouvel espace partagé du Département conditions-cadres de la CVCI.


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Les collaborateurs ont-ils bien compris les enjeux?

«Les objectifs du smart working sont de rendre l’entreprise plus conviviale et plus adaptée aux différents modes de travail et de favoriser les interactions entre les collaborateurs.»

Au début, beaucoup associaient smart working à open space. Il a fallu communiquer régulièrement pour dissiper cette crainte, puisque telle n’était pas notre intention. Il a surtout fallu expliquer ce qu’il y avait derrière les modifications des murs et des plans. Car les objectifs ne visent pas uniquement le confort: changement de management, nouvelles possibilités, communication accrue, etc. Ce n’est qu’une fois les nouveaux locaux réintégrés que chacun a pu enfin mesurer les nouvelles opportunités.

PHILIPPE MIAUTON DIRECTEUR ADJOINT DE LA CVCI

Les travaux viennent de s’achever. Constatez-vous déjà un impact du point de vue du management?

On observe pour l’heure de nombreuses petites choses. Concrètement, il y a déjà moins de papiers et d’archives dans les nouveaux locaux; un grand tri avait été effectué au préalable. De nouvelles ambiances de travail se sont constituées: la présence des responsables au cœur des services facilite les processus et les discussions, et les espaces de travail à deux ou en équipe rencontrent un certain succès. Il faudra toutefois plus de temps pour tirer un bilan. Dans des structures ayant une longue histoire — comme une chambre de commerce —, passer d’un management vertical à un fonctionnement horizontal semble plus compliqué. A quels types de résistances — conscientes ou inconscientes — êtes-vous confronté?

Les habitudes! La résistance aux changements intervient assez vite. Pour certains, les désagréments du smart working et les efforts à fournir prennent vite le dessus sur les opportunités que de tels travaux peuvent générer. Un fonctionnement horizontal, même si nous n’en sommes qu’aux balbutiements, provoque son lot de craintes de perte de maîtrise. Mais les nouvelles générations et les nouvelles attentes qui sont les leurs sont beaucoup plus ouvertes et voient le smart working comme une condition favorable pour générer un changement souhaité. Quelles sont les prochaines étapes, et votre ambition finale, par rapport à ce projet?

Des zones différenciées, modulables et mieux adaptées aux divers modes de travail, favorisent les interactions entre les collaborateurs, ce qui booste - entre autres la créativité.

Sur la longueur, j’espère un travail moins en silo entre les départements et plus d’échanges et de travail créatif grâce aux différents espaces. Enfin, une gouvernance plus horizontale peut s’appuyer sur le smart working, mais doit bien sûr s’accompagner de réformes du management. La prochaine étape consistera à mesurer objectivement les effets positifs – ou négatifs – du smart working dans le travail au quotidien des collaborateurs, par rapport aux précédents locaux.

Par une étude des besoins de l’ensemble des collaborateurs. Avant d’imposer des concepts, il faut connaître la réalité du terrain afin d’adapter les plans en conséquence. Ce genre d’étude permet de découvrir énormément d’éléments méconnus. Une approche bottom-up facilite aussi l’adhésion future. Avec le recul, si vous deviez lancer le projet aujourd’hui, y a-t-il des erreurs que vous éviteriez?

Sur la base des plans que nous avions développés, nous avions laissé la possibilité aux collaborateurs de poser des post-it avec des remarques, des questions ou des conseils. Avec le recul, je pense que cette étape aurait pu être organisée plus tôt, voire se répéter, pour continuellement rester au plus près des attentes des collaborateurs. O

PHOTOS: ZUZANNA ADAMCZEWSKA-BOLLE/CVCI

Que conseilleriez-vous à une entreprise qui souhaiterait s’inscrire dans une démarche de «smart working»? Par quoi devrait-elle commencer?


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Business story

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1ER DÉCEMBRE 1939 Création à Lausanne de la Société de couleurs lausannoise (Socol). L’entreprise est sise place Chauderon. Aux commandes, Jean Delvecchio, dont le grandpère, Giovanni Delvecchio, était déjà à la tête d’une société de gypserie et peinture à La Chaux-de-Fonds à la fin du XIXe siècle. En 1902, celui-ci a passé le témoin à ses trois fils, qui ont ensuite transféré le siège à Lausanne en 1925.

DIX ÉTAPES I SOCOL

8   0 ans de couleurs Dernier fabricant de peintures indépendant romand, Socol a toujours su prendre une longueur d’avance en matière d’innovation. Dernière en date: une peinture naturelle qui purifie l’air ambiant. TEXTES: SYLVIE ULMANN

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1989 Socol ferme son magasin de la place Chauderon, à Lausanne. La vente occupera désormais un étage d’un nouvel immeuble, toujours à Renens. Les professionnels, qui constituent depuis les débuts 98% de la clientèle de Socol, y retrouvent toutes les références ainsi que du matériel d’application. L’entreprise inaugure également un centre logistique.

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1999 Tout en conservant la présidence du conseil d’administration, Aldo Delvecchio remet la direction générale de Socol à Benoît Markwalder. Arrivé chez Socol en 1993, celui-ci s’occupait jusque-là de recherche et développement.

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1ER JANVIER 2000 Socol opère un virage stratégique, en se dotant d’une charte environnementale et en se fixant pour objectif de ne plus développer de produits en phase solvant. Au même moment, la Suisse introduit la taxe sur les composés organiques volatils (COV), que l’on retrouve dans divers produits, dont les vernis, les peintures et certains détergents.

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1ER JUIN 2007 Introduction en Europe de la réglementation REACH sur la traçabilité des produits chimiques. Pour l’industrie, c’est une révolution, car homologuer des substances dites dangereuses coûte cher, alors que l’opération est gratuite pour celles jugées inoffensives. Socol concentre ses recherches sur des produits les plus naturels possible, tout en restant efficaces et faciles à utiliser, répondant ainsi à la demande des maîtres d’œuvre, de plus en plus soucieux de leur santé.


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1948 Construction d’un site de production à Renens, alors en pleine campagne. Socol occupe toujours ce bâtiment, aujourd’hui situé au cœur de la zone industrielle. Elle continue à développer et fabriquer ses produits dans cet endroit, qui s’est bien agrandi depuis.

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1969 Aldo Delvecchio reprend les rênes de l’entreprise tout en demeurant fidèle à la philosophie de la maison: rester indépendant et se concentrer sur le marché local. Il agrandit et modernise l’usine pour être en mesure de répondre à une demande en pleine croissance pour ces nouveaux produits faciles à utiliser.

PHOTOS ET ILLUSTRATIONS: VPANTEON/FOTOLIA, BARANQ/FOTOLIA, ARTENAUTA/FOTOLIA ET DR

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1963 Révolution dans le monde de la peinture: BASF invente les liants pour dispersion. Les peintures à l’eau sont nées. Désormais, les entreprises — dont Socol, bien sûr — proposeront aux artisans des produits prêts à l’emploi. Les procédés de fabrication s’industrialisent, les fabricants se lancent dans la recherche et développement.

w www.socol.ch

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2014 Socol lance la gamme Profil Nature, la première peinture naturelle en Suisse. Les performances de ce produit visant à préserver à la fois l’homme, le climat et les ressources sont équivalentes à celles de ses cousins issus de la pétrochimie. En 2018, la gamme représente déjà 10% des ventes de l’entreprise dans la gamme des produits pour murs intérieurs.

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2019 Socol lance la première peinture naturelle purificatrice de l’air, capable de capter et de dégrader le formaldéhyde émis par de nombreux matériaux, des tissus aux colles. Dans une pièce fermée, elle peut piéger 60% de cette substance irritante et susceptible de causer des allergies. Désormais, en plus de protéger et embellir notre environnement, la peinture est aussi capable de l’améliorer. O


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B   usiness story

PORTRAIT I SUSHI ZEN

Toujours quelques b   rasses d’avance Comment une entreprise devient-elle première de sa classe dans un domaine aussi compétitif que les sushis? En misant sur la qualité et la fraîcheur. Et en ayant en permanence quelques innovations dans sa manche. TEXTE: SYLVIE ULMANN I PHOTOS: VANINA MOREILLON

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our comprendre comment Sushi Zen est devenu le numéro un du poisson cru en Suisse romande, il faut replonger dans les années 1960. En 1967 précisément. Cette année-là, une entreprise baptisée Conikri voit le jour à Lausanne. Aux commandes, Georges Coveris, un jeune étudiant grec venu se former dans une haute école de la capitale vaudoise. De son père, à qui il avait demandé un peu d’argent pour se loger et payer ses études, il reçoit un étrange cadeau: un conteneur de poisson congelé. Pour gagner son pain, le voilà donc obligé de se relever les manches pour vendre la cargaison. Mais Georges prend goût à l’exercice et, un conteneur suivant l’autre, finit par délaisser ses études pour se consacrer entière-

Daniel Lévy et Ken Kawakami collaborent depuis 2002 au sein de Sushi Zen. Ils sont aujourd’hui associés.


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ment au commerce des produits de la mer. Rapidement, il s’avère qu’il n’a pas son pareil pour dénicher les meilleurs fournisseurs, la meilleure marchandise. Le fait qu’il ait grandi dans un pays méditerranéen n’y est certainement pas pour rien. Reste que, très vite, cela se sait, et les principaux distributeurs, Coop, Migros et Manor, lui accordent leur confiance et le chargent d’approvisionner leurs poissonneries. DES SUSHIS AU PAYS DU PAPET. En 1985, le hasard lui fait croiser la route de

Daniel Lévy. Les deux hommes sympathisent, au point qu’en 1993 le second devient administrateur de Conikri, rebaptisé entre-temps Covedis. Et si Georges Coveris a le sens du poisson, son collègue a, pour sa part, celui des affaires: «Dans ce domaine, il faut être à la fois en amont et en aval», aime-t-il rappeler. Et justement, en cette fin de XXe siècle, il sent le vent tourner. Les distributeurs veulent gagner davantage. Or, chez Covedis, il est hors de question de faire le moindre compromis sur la qualité. Surtout si c’est pour permettre à des tiers d’augmenter leurs marges. L’entreprise s’est construite sur l’excellence, cela reviendrait à se saborder. Petit à petit, les plus gros se retirent, préférant mettre en place leur propre circuit d’approvisionnement. «Georges, il va falloir imaginer comment créer une valeur ajoutée qui n’appartienne qu’à nous», suggère Daniel, un jour de 2001, à celui qui est encore aux commandes de la société. On cogite. Daniel a beaucoup voyagé, notamment en Extrême-Orient. L’idée lui vient alors de se lancer dans le marché du sushi. A l’époque, la capitale vaudoise était un véritable désert en matière de poisson cru: «Vendre des sushis à Lausanne paraissait aussi incongru que faire des fondues au Biafra!» rappelle-t-il. Qu’à cela ne tienne. Il poursuit: «Nous savions où trouver la meilleure marchandise, mais il nous manquait le savoir-faire. Et sans cela, impossible d’atteindre la qualité à laquelle nous aspirions en tout.»

Chez Sushi Zen, il n’y a pas que le wasabi qui est vert ! Entre barquettes en plastique et baguettes, on a vu plus écologiquement correct que le bilan carbone d’un repas de sushis à l’emporter. Les employés de Sushi Zen demandaient déjà aux clients s’ils souhaitaient ou non des baguettes. Depuis le début du mois de décembre, les barquettes seront réalisées dans un matériau biodégradable. «Nous sommes les premiers à prendre une telle mesure», soulignent en chœur Daniel Lévy et Ken Kawakami. Que les habitués de la maison ne s’attendent pas à remarquer la différence d’emballage: elle est quasiment invisible. Autre paramètre qui faisait bondir les consommateurs soucieux de ne pas gaspiller de précieuses denrées alimentaires: le fait que les invendus du jour finissent à la poubelle. Depuis le début du mois, ils vont pouvoir respirer. «On a profité de la refonte du site internet et de la mise en place du système de livraison pour créer une application baptisée “Deals by sushi zen”.» Dès 21 h, tous les invendus seront rapatriés à la boutique du Flon, à Lausanne, qui reste ouverte plus tard. Les barquettes disponibles seront proposées à moitié prix sur l’application. Aux clients ensuite de venir chercher la marchandise commandée. Parfait pour grignoter intelligent après un spectacle. Ou simplement pour se faire plaisir de temps à autre, même quand on a un budget serré.

w www.sushizen.shop/francais


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B   usiness story

UNE PREMIÈRE ENSEIGNE À ÉPALINGES. En 2002, Georges Coveris tombe gra-

vement malade. Sentant sa fin approcher, il demande à Daniel Lévy de reprendre sa société. «Je pensais qu’il se remettrait, mais il est décédé quatre jours après cette discussion», se souvient l’intéressé. Qui rachète donc l’entreprise, dont il est aujourd’hui le CEO. Peu après, il repère une petite boutique de sushis à Epalinges. L’échoppe s’appelle Sushi Zen et l’on semble y partager ses valeurs: fraîcheur, qualité, rigueur. Aux commandes des cuisines, un Japonais, Ken Kawakami. Droit, honnête, intègre, surdoué des saveurs, c’est surtout un véritable artiste en matière de sushis. «J’ai tout de suite su qu’il était l’homme de la situation», souligne Daniel Lévy. Il rachète la société, enrôle Ken et lui confie la responsabilité de l’approvisionnement et de la préparation des sushis. Aujourd’hui, le duo s’est associé. Dans la foulée, il acquiert les machines – japonaises – nécessaires par exemple pour que la cuisson du riz soit parfaite. De son côté, le maître sushi met au point ses propres assaisonnements et recettes, traque les meilleures algues – celles qui ne deviennent jamais caoutchouteuses une fois en contact avec les grains –, les meilleurs poissons. Très vite, le succès est au rendez-vous. Sushi Zen livre Manor, ouvre de nouvelles boutiques. Mais l’entrepreneur voit plus grand: il multiplie les points de vente et les diversifie, lançant des shop in shop, un restaurant… Petit à petit, Sushi Zen s’agrandit.

Depuis 2009, Sushi Zen est la première entreprise de Suisse certifiée «Friend of the Sea», un label qui garantit la préservation des espèces marines. «Longtemps, nous avons renoncé à utiliser du thon gras, qui était menacé. Aujourd’hui, nous l’avons remis à la carte, mais avec parcimonie», souligne Daniel Lévy.

Numéro un du poisson cru en Suisse romande, Sushi Zen compte 14 boutiques — prochainement complétées par deux autres —, 7 points de vente chez Manor, où tout est préparé sur place.

AU CAMEMBERT OU AU FOIE GRAS. Aujourd’hui, le numéro un du poisson cru

PHOTOS: VANINA MOREILLON ET DR

en Suisse romande compte 14 boutiques – prochainement complétées par deux autres –, 7 points de vente chez Manor, où tout est préparé sur place et une table au Lausanne Palace depuis fin 2007. Un endroit où l’on peut découvrir des saveurs inédites, comme un mariage anguille et camembert ou saint-jacques et foie gras. On y déguste aussi des makis joliment habillés de feuilles de soja colorées. Autant de plats surprenants qui ne fonctionnent pas dans la vente à l’emporter.

Une septantaine de personnes travaillent aujourd’hui chez Sushi Zen, dont un grand nombre de Japonais. Car le métier d’itamae, comme on appelle les maîtres sushis, ne s’improvise pas – et ne s’apprend pas en Europe.


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Un restaurant Sushi Zen régale également les amateurs de sushis au Lausanne Palace, depuis fin 2007.

PHOTOS: WOLLODJA JENTSCH / WODJA.COM ET DR

KABUKI

Depuis trois ans, la maison a également deux adresses au Tessin, «où l’on a le sens du poisson et des bonnes choses», souligne Daniel Lévy. Et la Suisse alémanique? Rien jusqu’à présent. «Il faudrait avoir une antenne à Zurich; la région est trop vaste pour être desservie depuis Lausanne en respectant les critères qui nous tiennent à cœur », répond le patron de la société. Fraîcheur, qualité, rigueur, toujours.

HANABI

SUSHIS À DOMICILE. Depuis début 2018, Sushi Zen propose aussi un service de

livraison à domicile ou dans les bureaux, accessible par téléphone ou depuis son site internet. Uniquement en région lausannoise pour le moment – fraîcheur, qualité, rigueur, toujours. Les commandes sont réalisées à la minute: pas question d’aller piocher dans une réserve stockée au frigo. Cela n’existe d’ailleurs pas, car l’entreprise ne remet jamais une barquette en rayon le lendemain de sa fabrication (lire encadré en page 27). Sushi Zen avance donc au pas de charge et, pour suivre le rythme, il faut de la maind’œuvre. Une septantaine de personnes y travaillent aujourd’hui, dont un grand nombre de Japonais. Car le métier d’itamae, comme on appelle les maîtres sushis, ne s’improvise pas – et ne s’apprend pas en Europe. Voilà pourquoi l’entrée en vigueur au 1er juillet 2018 du principe de préférence indigène pourrait bien ébranler l’édifice: il devient compliqué d’engager des ressortissants originaires du Pays du Soleil-Levant, ce qui risque de freiner l’expansion de l’entreprise.

TAKUMI

A SUIVRE: LES PÂTES. Mais notre entrepreneur, qui garde toujours un œil sur l’ave-

nir, a vu arriver le problème. Il a déjà réfléchi à de nouvelles pistes pour se diversifier et contourner l’embûche. En 2015, il a eu l’idée de proposer des mets chauds et a ouvert un restaurant, Sushi Zen Fusion, à Lausanne, sur le très branché boulevard de Grancy. «Une erreur. Le bassin de population n’était pas suffisant dans la région. Cela aurait sans doute marché à Genève.» L’endroit vient de fermer ses portes, une succursale Sushi Zen prendra le relais cette fin d’année à la même adresse. Mais cette aventure a eu du bon: elle a permis de tester un nouveau plat, les nouilles ramen. Au Japon, c’est un classique de la restauration rapide, on peut en déguster à tous les coins de rue. «L’avantage, c’est que, contrairement aux sushis, il n’est pas nécessaire d’être Japonais pour savoir les préparer», sourit le patron de l’entreprise. Ken Kawakami a évidemment imaginé différentes manières de les apprêter. Sushi Zen pourrait donc bien poursuivre son expansion… dans les pâtes. Une affaire à suivre dès l’an prochain, dans la capitale vaudoise. O

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Conjoncture FOCUS PME Décembre 2018

PRÉVISIONS

ILLUSTRATION: RTRO/FOTOLIA

«   Les PME vaudoises peuvent être sereines quant à l’avenir» Après des années compliquées puis stables, les entreprises du canton affichent à nouveau une croissance des plus encourageantes. C’est ce qui ressort de la dernière étude conjoncturelle menée par la CVCI. Dans ce dossier spécial, Patrick Zurn, responsable de projets au sein du département Conditions-cadres de la Chambre, en détaille les résultats, alors que trois entreprises de la région apportent leurs témoignages. PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS PFEFFERLÉ


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FOCUS PME Décembre 2018

Conjoncture

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eux fois par an, l’étude conjoncturelle menée par la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie permet d’identifier les tendances principales de l’économie vaudoise. Et en 2018, force est de constater que les affaires vont bien. Qu’il s’agisse des services ou de l’industrie, les résultats s’avèrent des plus encourageants. Les prévisions pour le premier semestre de 2019 permettent en outre de confirmer le bon élan observé actuellement. Toutefois, certains défis persistent. Parmi eux, la possibilité d’embaucher du personnel qualifié. La difficulté à trouver de la main-d’œuvre constitue d’ailleurs une des thématiques approfondies de l’étude conjoncturelle menée cet automne. Quelles sont les tendances principales qui ressortent de l’étude?

«Le climat est propice aux affaires, notamment grâce à la bonne conjoncture mondiale et au cours actuel favorable du franc suisse face à l’euro, bien qu’il reste encore élevé en termes de parité de pouvoir d’achat.»

De manière générale, on peut dire que la conjoncture est bonne. La marche des affaires est en constante amélioration, les effectifs et perspectives de croissance sont en légère hausse et les salaires tendent à augmenter, même si cela s’observe encore de manière peu marquée. Les prévisions quant aux investissements indiquent aussi une légère hausse. Après une bonne année 2018, on peut donc s’attendre à ce que l’année prochaine soit encore meilleure. J’en profite également pour rappeler que l’étude permet de confirmer et de valider le réalisme des prévisions passées formulées par les entreprises sondées. Très proches des réalités économiques et conjoncturelles observées, ces estimations quant à l’avenir peuvent donc être accueillies avec confiance.

PATRICK ZURN RESPONSABLE DE PROJETS AU SEIN DU DÉPARTEMENT CONDITIONS-CADRES DE LA CVCI

Dans l’étude, on s’aperçoit que la marche des affaires se rapproche des meilleures performances réalisées ces dix dernières années. Quel regard portez-vous sur ces résultats?

Il est vrai que tant dans l’industrie que dans les services, on peut observer une tendance à la hausse. Depuis 2015, année compliquée en raison de l’abandon du taux plancher de 1 euro pour 1,20 franc par la BNS, la croissance est constante. Cette augmentation est par ailleurs plus marquée dans l’industrie, davantage concernée par les exportations, où la tendance négative s’est achevée entre 2016 et 2017. Et cette année, le secteur industriel effectue ses meilleures performances depuis dix ans. Un climat propice aux affaires, notamment grâce à la bonne conjoncture mondiale et au cours actuel favorable du franc suisse face à l’euro, bien qu’il reste encore élevé en termes de parité de pouvoir d’achat. Par rapport aux industries exportatrices, quels sont les domaines les plus performants?

Les principales filières qui se démarquent sont l’industrie horlogère ainsi que la chimie et la pharma. Les fabricants de machines en tout genre se distinguent également. Des domaines qui fonctionnent très bien, notamment en raison de la grande valeur ajoutée de leurs produits. Dans ces créneaux, la plus-value helvétique s’avère encore très appréciée et recherchée à l’étranger. En parallèle, on voit que les salaires ont tendance à évoluer très faiblement. Comment l’explique-t-on, alors que les affaires atteignent des performances record sur ces dix dernières années?

Plusieurs facteurs sont à prendre en compte. Si les affaires vont bien, on remarque en même temps que l’inflation est restée basse, voire négative, au cours des dix dernières années. Dans la lignée de l’évolution du coût de la vie, les salaires ont également

L   es coulisses de l‘étude L’étude conjoncturelle menée entre août et octobre 2018 a pour objectif de fournir des indicateurs clairs quant aux principales tendances économiques vaudoises (salaires, durée du travail, effectifs, marche des affaires, main-d’œuvre et possibilité d’embaucher). La CVCI a fourni un questionnaire aux 3200 entreprises affiliées. Au total, plus de 800 réponses ont été recueillies, soit 25% des membres et près de 50% des emplois. Tous les secteurs et domaines industriels et des services sont représentés. Avec trois quarts des entreprises sondées actives dans les services et un quart dans l’industrie, ainsi qu’une grande majorité de PME, l’échantillon est tout à fait représentatif du tissu économique et industriel vaudois. On peut encore mentionner qu’un tiers de ces sociétés exportent tout ou partie de leur production. Les deux autres tiers se concentrent exclusivement sur le marché intérieur. O


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FOCUS PME Décembre 2018

«Nous avons opéré une migration massive vers le digital» CAROLINE MULLER DIRECTRICE MAP.CH

ILLUSTRATION: RTRO/FOTOLIA • PHOTOS: ZUZANNA ADAMCZEWSKA-BOLLE, CENDECED/FOTOLIA ET DR

Directrice de l’agence de communication map.ch, située à Cossonay, Caroline Muller boucle cette année 2018 sur une note positive. En légère augmentation par rapport à l’an dernier, le chiffre d’affaires de la société — compris entre 1 et 2 millions de francs — reflète une année stable. Principal défi auquel est confrontée l’agence: la progression galopante du digital. Pour y faire face, Caroline Muller mise sur la formation continue et le recrutement de profils compétents sur ces aspects techniques.

tendance à stagner. Ce qui s’avère d’ailleurs préoccupant, car les prévisions indiquent que l’inflation devrait croître d’environ 1% en 2018. Mais pour les salaires, près de la moitié des entreprises sondées ne prévoient aucune hausse pour 2019. On peut tout de même remarquer que deux tiers des entreprises actives dans l’industrie prévoient une augmentation des salaires en 2019.

On précisera que 34% des entreprises prévoient une augmentation comprise entre 1 et 1,9%. Ce qui demeure assez faible. Et pour rester dans l’industrie, on peut aussi constater qu’une même proportion d’entreprises ne prévoient aucune hausse. L’étude nous apprend également que les augmentations possibles sont proportionnellement plus importantes dans l’industrie que dans les services. Pourquoi?

Les entreprises industrielles sont davantage encadrées par des conventions collectives, qui tentent de garantir un certain niveau de revenu aux travailleurs. Et les acteurs industriels sont nombreux à adhérer à ces conventions. Le secteur des services s’avère en outre plus libéral. Les prévisions de croissance sont également plus hautes concernant l’industrie, d’où la possibilité d’augmenter davantage les salaires dans cette filière. Que dire par rapport aux évolutions concernant les effectifs du personnel?

Malgré un niveau plutôt bas par rapport à ces dernières années, on peut observer une augmentation générale, y compris dans l’industrie. Après trois années difficiles, lors

«Durant ces dernières années, la principale tendance qui marque nos affaires consiste en une migration massive vers les solutions et stratégies digitales, souligne la directrice. Notre agence s’est spécialisée au fil des ans pour pouvoir accompagner les clients dans cette optique. Car, aujourd’hui, notre clientèle doit pouvoir profiter d’un mix media plus rentable, et le digital est devenu incontournable.» Pour se spécialiser sur ces aspects techniques et technologiques, map.ch propose à ses collaborateurs de prendre à sa charge les frais liés à leur formation continue. Concernant les nouvelles professions représentées au sein de l’agence, l’offre disponible sur le marché de l’emploi semble suffisamment étoffée pour répondre à ses besoins. Pour 2019, l’entreprise prévoit une légère augmentation de son chiffre d’affaires et s’apprête surtout à anticiper au mieux les prochaines évolutions technologiques liées au secteur du digital. «L’idée consiste à se tenir prêt et à pouvoir anticiper sur les prochaines solutions et plateformes qui s’imposeront, pour les proposer en avance à nos clients.» O


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FOCUS PME Décembre 2018

Conjoncture ENQUÊTE CONJONCTURELLE CVCI • Automne 2018

«Si je peux, j’engage demain.»

Résumé des tendances

SALAIRES

2018 2019

Marche des affaires Evolution enregistrée depuis 2008 (Solde avis positifs moins avis négatifs)

INVESTISSEMENTS

2018 2019

➜ ➜ ➜ ➜

2018 2019

EFFECTIFS

Soldes Soldes

2018 2019

➜ ➜

MARCHE DES AFFAIRES

ÉTIENNE STUBY DIRECTEUR AMAG LAUSANNE ET CRISSIER

50 50

Soldes Soldes47 50 40 40 50

47

40 30 30 40

47 47

12 12

32 32 26 26 23 22 26 32 26 23 22 32 26 26 26 23 22 26 23 22

12 12

2010 2010

30 20 20 30 20 10 10 20 10 0 0 10 0 0

2008 2008

2009 2009

2011 2011

2012 2012

2013 2013

2014 2014

27* 27

5 5

2015 2015

13 13 13 13

18 18

27 27

2017 2017

2018 2018

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2016 2017 * 41% entreprises ont un avis positif sur la marche des affaires, 2008des2009 2010interrogées 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 14% ont un avis négatif (41 - 14 = 27).

2018 2018

5 5 2015

2016 2016

18 18

2.5 2.5

Moyenne pondérée Evolution enregistrée depuis 2009, en pourcentage

2.5 2.0 2.0 2.5 2.0 1.5 1.5 2.0 1.5 1.0 1.0 1.5

2,1 2,1 2,1 2,1 1,1 1,1

1.0 0.5 0.5 1.0 0.5 0 0 0.5 0 0

1,6 1,6 1,6 1,6

1,1 1,1

1,4 1,4 1,4 1,4

1,3 1,3

1,2 1,2

1,3 1,3

1,2 1,2

0,9 0,9

0,9 0,9

0,9 0,9

0,9 0,9

0,9 0,9

0,9 0,9

0,9 0,9

0,9 0,9

2009 2009

2010 2010

2011 2011

2012 2012

2013 2013

2014 2014

2015 2015

2016 2016

2017 2017

2018 2018

2009 2009

2010 2010

2011 2011

2012 2012

2013 2013

2014 2014

2015 2015

2016 2016

2017 2017

2018 2018

Soldes Soldes 15

15 Soldes Soldes 12

Effectifs du personnel Evolution enregistrée depuis 2009 (Solde augmentations moins baisses)

12 15 15 9 9 12 12 6 6 9 9 3 3 6 6 0 0 3 3 -3 -3 0 0 -6 -6 -3 -3 -6 -6

10 10 10 10

13 13

11 11

13 13 4 4

11 11

9 9 9 9

4 4

-4 -4

4 4 4 4

7 7 2 2 2 2

3 3 3 3

7 7

-4 2009 -4 2009

2010 2010

2011 2011

2012 2012

2013 2013

2014 2014

2015 2015

2016 2016

2017 2017

2018 2018

2009 2009

2010 2010

2011 2011

2012 2012

2013 2013

2014 2014

2015 2015

2016 2016

2017 2017

2018 2018

* 24% des entreprises interrogées ont connu une augmentation de leurs effectifs, 17% une baisse (24 - 17 = 7).

Investissements Evolution enregistrée depuis 2009, en pourcentage

50 50 50 40 40 50 40 30 30 40 30 20 20 30

44 44

40 40

41 41

40 40

41 41

2009 2009

2010 2010

2011 2011

2009 2009

2010 2010

2011 2011

44 44

41 41

37 37

37 37

37 37

37 37

37 37

37 37

2012 2012

2013 2013

2014 2014

2015 2015

2012 2012

2013 2013

2014 2014

2015 2015

41 41

40 40

37 37

38 38

37 37

38 38

2016 2016

2017 2017

2018 2018

2016 2016

2017 2017

2018 2018

40 40

20 10 10 20 10 0 0 10 0 0

*

Pour Etienne Stuby, directeur des sites AMAG Lausanne et Crissier, le principal défi actuellement consiste à dénicher de la main-d’œuvre. Une difficulté qui concerne d’ailleurs tous les métiers de l’entreprise, qu’il s’agisse des vendeurs ou des métiers en atelier. «Partie du métier de mécanicien, la profession s’est orientée vers celui de mécatronicien», souligne le directeur. Car, aujourd’hui, l’électronique et les dispositifs digitaux sont de plus en plus présents dans les véhicules. Pour les jeunes, c’est un métier d’avenir, car tout le monde recherche des professionnels dans cette filière. Selon nous, il faudrait déjà commencer à promouvoir davantage ces métiers à l’école pour reconquérir les jeunes. Aujourd’hui, la profession n’a plus rien à voir avec l’image que l’on peut se faire du mécanicien d’autrefois.» En ce qui concerne la marche des affaires, l’antenne vaudoise du groupe réalise une belle année, avec un chiffre d’affaires situé dans les prévisions établies à la fin de l’année dernière. Légèrement ralentie en raison des nouvelles normes européennes en vigueur dans le secteur, la vente de véhicules neufs a quelque peu stagné en 2018. Les homologations requises depuis cette année pour les nouveaux moteurs ont en effet engendré des retards de livraison parfois importants. En même temps, la balance reste équilibrée, puisque le service après-vente ainsi que les ventes de voitures d’occasion se portent très bien. O

PHOTOS: ZUZANNA ADAMCZEWSKA-BOLLE, ©MIGROS VAUD, AMAG ET DR • ILLUSTRATIONS: DEMIANVS/FOTOLIA ET SURFUPVECTOR/FOTOLIA

Salaires


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FOCUS PME Décembre 2018

«Nous agissons en soutien aux services commerciaux.» desquelles les réductions d’effectifs étaient nombreuses, cette inversion de tendance dans le secteur secondaire est particulièrement réjouissante. Une situation identique est attendue pour l’année prochaine. On peut encore ajouter que la digitalisation, surtout dans l’industrie, a tendance à automatiser certains processus. La demande en main-d’œuvre qualifiée reste donc une préoccupation. Mais, de manière générale, le nombre de collaborateurs n’est pas forcément amené à augmenter de manière particulièrement importante.

OLIVIER POTTERAT RESPONSABLE DES DÉPARTEMENTS IMMOBILIER ET CULTUREL CHEZ MIGROS VAUD

La propension à investir reste également assez peu marquée.

Les investissements restent plutôt stables, avec une légère hausse prévue pour 2019. Mais il faut tout de même souligner un fait important en la matière: même en 2015, alors que les exportations suisses souffraient de l’abandon du taux plancher et que le niveau des marges s’affaiblissait fortement, les entreprises sont parvenues à dégager des investissements. C’est une approche très helvétique de continuer à prévoir le futur de la manière la plus sûre et prudente possible, même en temps de crise. A nouveau, on peut constater que l’on investit davantage dans l’industrie que dans les services. On remarque en effet que 49% des entreprises industrielles prévoient d’investir en 2019, contre 34% pour les sociétés de services. Ce qui s’explique notamment par des besoins techniques et matériels plus importants dans cette filière. Le thème principal de l’étude, outre les indicateurs économiques observés, concerne les difficultés à embaucher du personnel. Pourquoi ce sujet en particulier?

Il s’agit d’une réelle préoccupation au sein des différentes filières économiques. Surtout en Suisse, petit pays aux relations parfois complexes avec ses voisins européens. La spécialisation et la sophistication du travail engendrent également d’importants défis en matière de formation du personnel et de qualification de la main-d’œuvre. En 2014, vous aviez d’ailleurs axé votre étude sur la même thématique. Observez-vous des différences significatives quatre ans plus tard?

Non. Ce qui montre justement l’importante de cette problématique, et la pertinence de s’y intéresser à nouveau. Globalement, on constate qu’environ la moitié des moyennes et grandes entreprises rencontrent des difficultés à recruter. Les postes les plus concernés sont ceux qui demandent un haut degré de maîtrise technique, soit les plus qualifiés. Environ 60% des difficultés à embaucher concernent ce type de profils. Viennent ensuite les cadres intermédiaires, qui représentent environ 20% des postes problématiques en matière de disponibilité sur le marché de l’emploi. Et quels sont métiers les plus concernés?

Les commerciaux, les architectes, les chefs de projet et de chantier, les comptables, mais aussi les consultants, notamment pour les métiers techniques. Et cette liste n’est de loin pas exhaustive. L’informatique, de manière générale, est particulièrement concernée, mais de nombreuses professions sont touchées par cette pénurie de main-d’œuvre. Comment y remédier?

Près de la moitié des entreprises sondées sur la question estiment que des efforts pour améliorer l’orientation professionnelle et revaloriser certaines filières de formation sont nécessaires. La mesure suivante mise en avant par les acteurs économiques consiste à augmenter la formation continue, puis l’embauche de main-d’œuvre indigène, qu’il faudrait aussi favoriser. Les mesures pour faciliter l’embauche de main-d’œuvre étrangère – qu’elle provienne de l’Union européenne ou de pays extra-européens – ne sont que peu citées. Cela démontre que les entreprises cherchent avant tout à accéder à de la maind’œuvre locale. Au final, on voit que ces questions impliquent à la fois les entreprises, les filières de formation académique et d’apprentissage ainsi que les politiques. O

Chargée de soutenir le département commercial du géant orange, la branche immobilière de Migros Vaud mène de nombreux projets de rénovation, de transformation et de construction. Notamment chargé de définir l’architecture et l’aménagement des magasins, le département boucle une année 2018 bien remplie, avec entre autres l’ouverture du nouveau magasin Migros Préverenges ainsi que les rénovations du supermarché MMM Crissier. Des projets de grande envergure auxquels la section immobilière a activement contribué en apportant son expertise. Autre mission: l’optimisation de l’efficience énergétique des enseignes Migros. Dernièrement, le département immobilier du groupe a ainsi piloté la réalisation de carports solaires construits en partenariat avec Romande Energie au MMM Chablais Centre à Aigle. Des abris pour voitures surmontés de panneaux solaires qui permettront de couvrir plus de 40% des besoins énergétiques de l’ouvrage. Principal défi de la section, qui compte près de 60 collaborateurs: conjuguer des constructions assurant les coûts les plus attractifs possible tout en maintenant un haut niveau de qualité. Si le département rencontre des difficultés variables à recruter selon les métiers concernés et les différentes périodes de l’année, le marché lui offre globalement la possibilité d’embaucher suffisamment de professionnels qualifiés. Côté investissement, la branche cible surtout la formation continue et les nouveaux outils informatiques. Pour 2019, l’objectif consiste à continuer à participer à l’amélioration du confort d’achat de la clientèle à travers divers projets de construction. O


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Experts FOCUS PME Décembre 2018

SANTÉ

L   es trois stratégies p   our prévenir l  e burn out d   ans une PME Le burn out n’est pas une fatalité. Des mesures de prévention simples existent et toute l’entreprise gagne à les appliquer au quotidien.

CATHERINE VASEY PSYCHOLOGUE FSP

1. PRÉSERVER LE PATRON! Les dirigeants des PME sont constamment confrontés

à la réalité du terrain pour le meilleur (définir sa propre stratégie d’entreprise, transmettre sa vision, être proche des collaborateurs, se sentir utile) et parfois pour le pire (baisse des commandes, manque de liquidités, personnel malade, clients difficiles et exigeants, société en danger). Ils sont sur tous les fronts; le terrain favorable au burn out est donc bien présent. De plus, le profil à risque de burn out correspond à celui des patrons: engagés, motivés, désireux de bien faire, prêts à agir pour l’entreprise et sachant gérer leur stress. Ce côté battant les pousse à toujours essayer de surmonter les obstacles sans jamais rien lâcher. Ils apparaissent aux yeux de tous comme des personnes solides, tenant bon contre vents et marées. En réalité, ils sont les plus exposés au burn out dans l’entreprise!

Comment l’éviter?

• Le patron, hyper sollicité et toujours vigilant, doit apprendre à lever le pied régulièrement, à prendre du recul et à relâcher la pression. Se ménager une semaine de temps en temps pour décrocher totalement, en résistant à la tentation du téléphone portable ou d’internet. Cela donne aussi l’occasion aux collaborateurs de compter davantage sur eux-mêmes. • Se confier à un pair: être en lien avec un ami extérieur à l’entreprise, donc neutre, entrepreneur lui aussi, qui connaît très bien les difficultés vécues. Son œil averti, son écoute concernée, ses conseils avisés permettront au patron de se sentir épaulé, moins seul avec les soucis qu’il ne peut confier au sein de son entreprise.

3. ÉQUILIBRER DÉPENSE D’ÉNERGIE ET RÉCUPÉRATION. Le stress est fondamentalement positif et stimulant pour l’être humain. En revanche, le stress chronique (plusieurs mois) sans récupération suffisante épuise le corps et atteint la santé. La stratégie efficace est de limiter ce qui est usant et stressant: les ruminations mentales toxiques, les exigences trop élevées, les interruptions trop fréquentes, un cahier des charges pas clair. Il convient par ailleurs d’être attentif à se ressourcer: avoir une activité physique, si possible dans la nature, se défouler pour lâcher les tensions, se changer les idées, avoir des intérêts hors travail, trouver du sens dans ses actions ou encore bénéficier d’une ambiance de travail constructive et stimulante. O

Catherine Vasey est experte en burn out. Elle a écrit deux ouvrages consacrés à ce sujet: «Comment rester vivant au travail», Ed. Dunod 2017, et «Burn-out le détecter et le prévenir», Editions Jouvence 2016.

› Plus d’informations sur www.noburnout.ch

PHOTOS: FOTO TECH/FOTOLIA ET DR

2. SENSIBILISER LES COLLABORATEURS. L’absentéisme de longue durée dans une PME est souvent un désastre, car l’entreprise a moins les moyens d’absorber la charge de travail supplémentaire. Viser le dépistage précoce est donc primordial: les collaborateurs agissent pour maintenir leur santé au travail, ils savent identifier les signaux d’alerte et trouver l’aide nécessaire en cas de déséquilibre, avant l’arrêt de travail et l’épuisement grave.


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FOCUS PME Décembre 2018

SÉCURITÉ

F   ace aux cybermenaces, p   ensez formation du personnel La numérisation de l’économie accroît les risques de cyberattaques. A l’échelle vaudoise, la CVCI a réalisé une étude pour évaluer la prise en compte du problème au sein des entreprises. Elle leur suggère des pistes d’amélioration.

L

a cybersécurité, à dire d’experts, constitue un enjeu crucial pour l’économie. Pourtant, les entreprises ne prennent pas toute la mesure des dangers qui les guettent. C’est l’un des enseignements majeurs que la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) a tirés de l’étude menée cet été auprès de ses membres. Selon ce sondage, un tiers des entreprises ont été victimes d’au moins une attaque informatique. Le péril est en réalité bien plus élevé, car toutes les sociétés, quelle que soit leur taille, gèrent de l’argent, et sont donc intéressantes pour des hackers. Cette enquête illustre la nécessité impérieuse, pour le monde de l’économie, d’intégrer la cybersécurité dans sa réflexion stratégique. Car les actes de piratage informatique peuvent causer des dommages considérables à une entreprise, en termes financiers et d’image. L’étude, à laquelle 490 membres de la CVCI ont répondu, montre également que la connaissance de la problématique cybersécuritaire reste relativement floue. Les entreprises citent ainsi spontanément un grand nombre de menaces, mais seules 9% d’entre elles évoquent celle du phishing, alors que cette «approche» constitue, selon les spécialistes consultés, la grande majorité des tentatives de hacking.

PHOTOS: SERGEY NIVENS/FOTOLIA ET DR

DES CARENCES EN FORMATION. Un volet de l’étude s’avère particulièrement inquiétant: en moyenne, seuls 32% des répondants ont mis en place des formations à l’intention de leur personnel (ou sont sur le point de le faire). Les petites entreprises en particulier montrent des carences dans ce domaine: un peu moins de 20% y réfléchissent, alors que 57% n’y songent pas! Une analyse fine des données montre que les cadres manquent de temps pour se former, alors qu’ils sont des cibles privilégiées des cybercriminels. Et représentent donc un risque plus important. Si l’enquête met en évidence un certain nombre d’éléments préoccupants, elle rappelle aussi que des solutions simples – et pas forcément onéreuses – existent pour se prémunir au mieux contre les cyberattaques: procéder à un audit de sécurité, s’équiper de matériel fiable et à jour, former le personnel, sauvegarder les données automatiquement et effectuer des tests réguliers. D’autres enjeux importants pointent à l’horizon cybersécuritaire: il faudra former davantage d’experts et encourager des entreprises spécialisées à naître en Suisse, afin de répondre à une demande grandissante, que le marché actuel éprouve de la peine à satisfaire. O

JEAN-FRANÇOIS KRÄHENBÜHL CHARGÉ DE COMMUNICATION À LA CVCI

L   es bons réflexes cybersécuritaires 1. Définir un responsable cybersécurité (au besoin, un expert externe). 2. Faire réaliser un audit de sécurité. 3. S’équiper de matériel fiable, mis à jour régulièrement. 4. Sensibiliser et former le personnel de l’entreprise. 5. Procéder à des sauvegardes de données périodiques (backup). 6. Effectuer des tests de phishing réguliers.

› Vous pouvez évaluer la cybersécurité au sein

votre entreprise grâce à un test en ligne proposé aux PME par ICTswitzerland: www.cybersecurity-check.ch

Découvrez l’intégralité des résultats de l’enquête de la CVCI sur www.cvci.ch/cybersecurite


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E   xperts COMMUNICATION

B   oostez votre entreprise s  ur les réseaux sociaux ! Vous souhaitez vous lancer sur les réseaux sociaux? Votre visibilité est décevante malgré votre présence depuis des mois? Il est peut-être temps d’analyser votre situation. Utilisés de manière optimale et dans le cadre d’une stratégie globale, les réseaux sociaux peuvent devenir un levier de croissance important pour votre entreprise.

N

ous avons listé dix étapes importantes qui vous aideront à améliorer vos performances et à exploiter le potentiel des médias sociaux. Pour illustrer au mieux nos propos, prenons l’exemple d’une entreprise fictive établie en Suisse et spécialisée dans la conception de papeterie et de visuels pour des événements, que nous nommerons Alpha Design. Sa clientèle se compose de privés (faire-part, cadeaux personnalisés, etc.) et d’entreprises (logo, carte de vœux, carte de visite, etc.), situés en Suisse romande essentiellement. Ses objectifs principaux: augmenter sa notoriété, se positionner comme une société créative, augmenter le trafic sur son site et développer son portefeuille client. 1. CHOISIR SES RÉSEAUX. Le choix des plateformes est essentiel pour atteindre votre audience. Pour vous aider dans votre choix, vous pouvez créer ce qu’on appelle une matrice de décision sous forme de tableau Excel. En fonction de vos priorités, établissez vos propres critères de sélection et notez chaque réseau sur une échelle de 1 à 5. Exemples: potentiel du réseau, efficacité de l’outil publicitaire, performance et/ou popularité du réseau sur tel marché, présence de la concurrence, engagement des fans, outils de management internes, adéquation avec la cible, b2c, b2b, ergonomie, référencement, renvoi du trafic sur le site, etc. Dans le cas de l’entreprise fictive Alpha Design: • Facebook sera sélectionné pour toucher la clientèle privée. En tant que réseau généraliste et populaire en Suisse, il a de nombreux atouts; • LinkedIn sera choisi en Suisse romande (et éventuellement Xing pour la Suisse alémanique) pour la clientèle business; • Instagram sera la plateforme idéale pour se positionner comme une entreprise créative et tendance et communiquer avec un public plus jeune ou des entreprises de communication; • Pinterest sera déployé dans un deuxième temps pour augmenter le trafic sur le site de l’entreprise et toucher une clientèle féminine. 2. DÉFINIR UNE LIGNE ÉDITORIALE ET GRAPHIQUE. Publier sur les réseaux sociaux, c’est prendre en compte le fait que chaque plateforme a ses spécificités et

VANESSA HAMBARYAN SOCIAL MEDIA MANAGER CHEZ INÉDIT PUBLICATIONS


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FOCUS PME Décembre 2018

3. DÉFINIR LE TONE OF VOICE. Alpha Design doit définir le tone of voice – ou style de communication – de son contenu: un style proche de ses clients, décontracté, avec une touche d’humour. A mi-chemin donc entre une communication neutre et monotone et un style trop décalé, qui pourrait déplaire aux clients business plus conventionnels. La langue de communication choisie sera le français, car plus de 90% de son chiffre d’affaires se fait en Suisse romande. L’allemand ou l’anglais seront utilisés pour des campagnes publicitaires nationales. 4. ALLOUER DES RESSOURCES. Alpha Design pensera à allouer des ressources financières, temporelles, techniques et même humaines pour assurer sa présence sur les réseaux sociaux. Quel est le coût d’une vidéo à faire réaliser à l’externe? Quel est le montant du budget publicitaire sur les réseaux

ILLUSTRATION: SVETLA BOROVKO/FOTOLIA

ses codes. Il est donc nécessaire de définir une stratégie de contenu en amont. Quels types de visuels? Avec ou sans logo? Avez-vous un code couleur? La partie graphique est importante et doit permettre d’identifier votre marque. Alpha Design entend se positionner comme une entreprise créative. Pour cela, elle doit démontrer son expertise et créer de l’émotion à travers des exemples de ses créations. Par manque de temps, elle fait le choix de publier un contenu sensiblement similaire sur Facebook et Instagram (créations, concours, nouveautés, collaborations pour les réseaux tout public et moments de vie d’entrepreneur sur Instagram). Une stratégie de contenu différente sera adoptée sur LinkedIn, avec une communication plus institutionnelle, la mise en avant de la qualité, de l’expérience, des exemples de réalisations ou encore des références de clients business.


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FOCUS PME Décembre 2018

E   xperts sociaux? Combien de temps sera nécessaire pour décliner les formats des visuels en fonction de chaque réseau? 5. UTILISER UN PLANNING ÉDITORIAL. Pour optimiser son temps, Alpha Design planifiera ses publications grâce à un planning éditorial (un simple rétroplanning sur Excel). Elle pensera à y intégrer toutes les dates clés de la vie de l’entreprise: événements, nouveautés, collaborations, fêtes, vacances, soldes, etc. Ne restera plus qu’à combler les vides avec des publications plus instantanées, qui seront parfaites pour les stories ou les live sur Facebook et Instagram. 6. ÉTABLIR UNE FRÉQUENCE. Publier fréquemment est indispensable. Une cadence de deux publications par semaine est une bonne option pour démarrer. L’idéal se situe entre deux et cinq publications par semaine, voire sept sur Instagram.

Formation Facebook et Instagram pour votre entreprise Illustrée de cas pratiques et d’astuces de professionnels, cette formation d’une journée vous donnera tous les outils indispensables pour gérer efficacement votre page Facebook et votre compte Instagram.

› Dates des prochaines formations: • le 14 février 2019, à Lausanne • le 21 mars 2019, à Lausanne

› Informations et inscriptions sur https://digital.inedit.ch

7. CHOISIR LE MEILLEUR MOMENT POUR PUBLIER. Bien qu’il soit unique à votre

entreprise, il y a toutefois des moments plus propices, comme le matin en semaine pour LinkedIn; pendant les heures de trajet ou le soir sur Facebook et Instagram. N’hésitez pas à vous servir des statistiques à disposition sur vos réseaux ou sur des applications tierces. Attention, tous vos abonnés ne verront pas toutes vos publications. En cause, les algorithmes des plateformes sociales, qui font baisser drastiquement la portée (nombre de personnes touchées) organique (naturelle) de vos posts depuis des années. Selon Facebook et Instagram, ces algorithmes sont mis en place pour proposer du contenu qui intéresse chaque abonné. Les solutions? Améliorer votre portée naturelle en proposant du contenu intéressant (et non intéressé) et qui sera susceptible de faire réagir les fans (partages, likes, commentaires), en utilisant les nouvelles fonctionnalités existantes et en publiant de manière régulière.

8. TIRER PARTI DE LA PUBLICITÉ. La dernière option, la plus efficace, reste la publicité. Elle vous permettra d’atteindre votre audience de manière mécanique sur une durée déterminée. Selon vos objectifs et vos moyens, quelques centaines de francs par mois pour Facebook et Instagram seront suffisants pour booster votre visibilité. Le grand avantage du digital, c’est aussi d’avoir accès à des statistiques très précises quant aux personnes atteintes par vos campagnes. Qui sont-elles? Où vivent-elles? Consultent-elles les réseaux sociaux sur un mobile ou sur un desktop? En résumé, vous payez ce que vous consommez! 9. SAVOIR SE DÉMARQUER. La concurrence sur les réseaux sociaux se densifie.

Soyez attentif aux tendances et suivez l’évolution très rapide de ces plateformes. Pour rester à jour, il existe de nombreux sites de référence, tels que www.blogdumoderateur.com (en français). Simplifiez vos processus et améliorez vos contenus en utilisant des applications pour les analytics, la retouche d’images, la programmation des posts, la recherche de hashtags, etc. Le site smmartbox.iconosquare.com propose un annuaire répertoriant de nombreux outils (en anglais).

ILLUSTRATION: SVETLA BOROVKO/FOTOLIA

10. NE PAS NÉGLIGER LE SUIVI. Pour améliorer ses performances, il faut analyser les «KPI» – ou indicateurs de performances – que vous aurez déterminés en amont. Combien de vues sur votre vidéo? Combien de clics sur votre site? Combien de personnes touchées par votre publication? Qui sont vos abonnés? Les interfaces des réseaux sociaux vous fourniront de précieuses informations afin d’adapter votre stratégie et de faire performer vos publications et vos publicités. O


FORMATION Facebook et Instagram pour vous ou votre entreprise ! Illustrée de cas pratiques et d’astuces de professionnels, cette journée de formation vous donnera tous les outils indispensables pour gérer efficacement votre page Facebook et votre compte Instagram.

Session 1 : 14 février | Session 2: 21 mars Durée : Une journée Prix : CHF 380.– (repas de midi sur place compris) Lieu : Lausanne (places de parc gratuites et transports publics à proximité)

Infos et inscriptions: https://digital.inedit.ch/ INÉDIT PUBLICATIONS SA | Avenue de Rumine 37 | Case postale 900 | 1001 Lausanne Tél. 021 695 95 95 | info@inedit.ch | www.inedit.ch

Nouvelles da

2019 !

tes


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FOCUS PME Décembre 2018

I  nspirations

JULIEN GUEX SOUS-DIRECTEUR DE LA CVCI, SECRÉTAIRE DE LA FONDATION POUR L’INNOVATION TECHNOLOGIQUE (FIT)

IDÉES D’AILLEURS

Six (bons?) projets   à développer e   n Suisse Des idées originales de business analysées par Julien Guex, sous-directeur de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) et secrétaire de la Fondation pour l’innovation technologique (FIT). TEXTES: SYLVIE ULMANN

G   arder l’œil sur son box de stockage

LE CONSEIL DE L’EXPERT

de chances de réussite en Suisse pour la partie digitale

«Ces prestations devraient être envisagées comme un complément à une logistique existante. La réalisation de l’application peut être déléguée à des tiers.»

75%

D   es robots aux fourneaux

PHOTO: 4MAX/STOCK.ADOBE.COM/FOTOLIA • ILLUSTRATIONS: DEMIANVS/FOTOLIA

NOTRE ESTIMATION

PHOTOS: DR

L’IDÉE Difficile de garder en mémoire les affaires que l’on a empilées dans un box de stockage. Une entreprise basée dans la région de San Francisco photographie puis répertorie tout ce que l’on y entrepose. On garde un œil sur ses biens via une application smartphone. Plus besoin de se déplacer pour vérifier si l’on a conservé ou vendu l’armoire gruérienne héritée de tante Huguette. La société propose en outre, sur abonnement, de venir chercher (ou rapporter) des articles au domicile de ses clients. LES PLUS Très bien pensée, la partie numérique peut permettre à un prestataire de se différencier de ses concurrents. LES MOINS Le volet ramassage à domicile. Parce que les distances ne sont pas assez importantes en Suisse pour inciter suffisamment de gens à payer un surcoût pour un tel service, par ailleurs assez lourd à mettre en place. O

L’IDÉE Partant du principe que, dans le secteur de la restauration, le coût lié aux salaires des cuisiniers constitue une dépense importante, quatre jeunes entrepreneurs ont eu l’idée de les remplacer par des robots. La cuisine de ce restaurant de Boston, entièrement automatisée, est composée de sept woks mitonnant un nombre limité de plats. Mais que l’on se rassure, les recettes ont été élaborées par un chef en chair et en os, français de surcroît. LES PLUS Le côté «gadget» de cette proposition peut créer le buzz et susciter l’intérêt des clients. LES MOINS La cuisine n’est pas forcément la partie la plus facile à automatiser en restauration. Les économies réalisées ne compensent pas nécessairement les dépenses liées à la mise en place (achat du matériel) et à l’emplacement dans un centre urbain avec beaucoup de passage, donc onéreux. O NOTRE ESTIMATION

LE CONSEIL DE L’EXPERT

de chances de réussite en Suisse

«Avant de se lancer, il faudrait vérifier que le bassin de population susceptible d’être intéressé par ce type d’offre est suffisant pour que l’idée soit viable sur la durée.»

20%


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FOCUS PME Décembre 2018

D   u vrac en ligne L’IDÉE Surfant sur le succès croissant des épiceries en vrac,

une PME française spécialisée dans le domaine prolonge l’offre sur son site de vente en ligne. On y trouve des denrées du type pâtes, lentilles ou riz. LES PLUS Les consommateurs s’intéressent effectivement à ce type de magasins, qui ne se consacrent généralement pas de manière exclusive à la vente en vrac, ce service venant plutôt compléter une offre de vente traditionnelle. LES MOINS Economise-t-on vraiment des emballages et du CO2, en fin de compte? Pour pallier le problème, cette société a prédéfini les quantités (on peut acheter 750 g de pâtes, mais pas 600 ou 800) et propose deux options de livraison: un contenant recyclable, gratuit, ou un sachet en papier (0,10 euro). O

de chances de réussite en Suisse

«Vérifier que le bassin de population susceptible d’être intéressé par ce type de service est suffisant. Ce service pourrait aussi compléter l’offre d’une boutique ayant pignon sur rue et proposant déjà de la vente par correspondance. Il s’appuierait ainsi sur une base logistique préexistante.»

PHOTO: DR

20%

LE CONSEIL DE L’EXPERT

Acheter des produits sans marque et meilleur marché L’IDÉE Une start-up américaine propose des produits de qualité à portée de tous les budgets. Nourriture, vaisselle, produits de ménage ou cosmétiques, papeterie, tout ce que cette entreprise vend sur son site internet coûte 3 dollars. On peut, en prime, faire son shopping en fonction de ses allergies ou de ses convictions en cochant des cases du type «végane» ou «sans parabènes». Ces indications figurent systématiquement sur l’emballage. LES PLUS L’absence de marque devient… une marque! C’est très tendance, tout comme le fait de pouvoir faire ses courses en fonction de ses convictions ou de ses allergies. LES MOINS Difficile de rivaliser avec les offres à prix essorés des hard-discounters. O NOTRE ESTIMATION

30%

de chances de réussite en Suisse PHOTO: FOTOGRAFICHE.EU/FOTOLIA

NOTRE ESTIMATION

LE CONSEIL DE L’EXPERT «Bien cibler sa clientèle. Est-on vraiment en mesure de casser les prix pour attirer suffisamment de clients? Si non, ce type d’offre peut intéresser une autre clientèle, celle qui fait son marché, fréquente les magasins biologiques et dispose d’un certain pouvoir d’achat. Dans ce cas, il faudrait veiller à soigner le packaging et, pourquoi pas, proposer des articles régionaux.»


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FOCUS PME Décembre 2018

I  nspirations

Déléguer rangement et recharge L’IDÉE Basée à San Francisco, cette entreprise propose un service de partage de trottinettes électriques. Mais à la différence des systèmes qui existent chez nous, ce sont les utilisateurs qui rechargent les batteries de ces engins. La société a en effet calculé que cette opération, qui induit l’installation de bornes dédiées, fait dangereusement augmenter les coûts, pouvant atteindre les 5000 dollars par véhicule. Elle estime que c’est ce poste qui limite l’expansion du service, d’où l’idée de l’outsourcer. En outre, chaque trottinette est ensuite géolocalisable sur smartphone via une application. LES PLUS Déléguer la recharge des véhicules. LES MOINS Les utilisateurs vont-ils jouer le jeu? O

de chances de réussite en Suisse

«Plutôt que des trottinettes, dont le statut sur la route est actuellement dans une zone grise en Suisse, cette démarche peut s’appliquer aux vélos en libre-service. En poussant cette logique plus avant, on peut imaginer utiliser les batteries de voitures électriques comme tampons grâce aux smartgrids. Le fournisseur d’énergie pourrait même rémunérer l’utilisateur pour le stockage de l’électricité.»

Parrainer un arbre L’IDÉE Sur le site internet de l’entreprise, on adopte un olivier pour un an et, en contrepartie, on reçoit de l’huile d’olive en provenance du domaine. Le succès de ce concept repose en grande partie sur le côté ludique et branché de la communication: on choisit son olivier sur photo, le packaging est ultra soigné et la marque s’est même offert le luxe de faire sa promo dans un très chic pop-up store au centre de Paris. Et bien sûr, elle est présente sur les réseaux sociaux. LES PLUS Les canaux utilisés pour communiquer permettent aux producteurs d’atteindre une clientèle à fort pouvoir d’achat sans avoir besoin de se délocaliser pour se faire connaître. LES MOINS 80% du concept repose sur la communication, justement. Pas évident pour un produit qui fait appel aux sens et que le client a surtout envie de goûter! O NOTRE ESTIMATION

LE CONSEIL DE L’EXPERT

de chances de réussite en Suisse

«Jouer la proximité en transposant le concept à d’autres produits. Pourquoi ne pas parrainer un abricotier contre des pots de confiture, ou quelques mètres carrés de colza bio contre de l’huile?»

85%

PHOTOS: DR

80%

LE CONSEIL DE L’EXPERT

PHOTO: DR • ILLUSTRATIONS: DEMIANVS/FOTOLIA

NOTRE ESTIMATION


Chauffage au sol inefficient : NOUS

AVONS LA SOLUTION !!

Il était une fois, le chauffage au sol...

Tout d’abord, il faut savoir que dès la première minute de mise en eau du système, le phénomène de corrosion s’amorce et forme des oxydes de fer (boue). Après plusieurs années, cette dernière s’accumule ce qui provoque des dysfonctionnements de votre réseau de chauffage. De plus, les installations posées depuis les années 1970 sont généralement constituées de plastique (PER: polyéthylène réticulé) dont les stabilisateurs s’évaporent avec le temps, ce qui fragilise l’étanchéité du circuit. Résultat: un embouage, qui peut provoquer une baisse de chauffage à certains endroits, un système de serpentins fragilisé pouvant aboutir à des perforations.

Le problème

NOUS AVONS LA SOLUTION ! 1. Nettoyage par sablage > Le chauffage au sol mécanique et évacuation a de la peine à chauffer. de la boue et de la rouille > La puissance thermique par aspirateur. diminue. 2. Injection de résine par > La pression dans le compresseur. système de chauffage 3. Séchage et remise en eau chute. des serpentins. CONTACTEZ-NOUS !

LES AVANTAGES

NOTRE PROCÉDÉ > Après démontage des boucles, nous installons un compresseur spécial affilié à un aspirateur à la sortie de chaque boucle. > Nous injectons du sable à haute pression, qui enlève la boue et désincruste les serpentins. > Les déchets et poussières sont dirigés vers l’aspirateur, puis nos techniciens constatent le parfait nettoyage. > Un enduit (résine époxy) est injecté sur les parois internes des serpentins, afin de remplir les porosités et rendre la boucle étanche à l'oxygène. > Après 48 heures de séchage, la remise en eau déminéralisée peut être effectuée.

> Rapide et économique. > Non invasif / inutile de casser chapes et carrelage. > Respectueux de l’environnement (déchets recyclés).

L’ANALYSE Par laboratoire mobile, notre équipe analyse la teneur en oxygène de l’eau et PH circulant dans les serpentins qui, si la valeur est trop élevée, est signe de fragilisation.

Si vous pensez que votre système de chauffage nécessite une intervention, n’hésitez pas à nous contacter. Ne soyez pas les acteurs passifs et payants de votre système de chauffage, agissez et réalisez ainsi des économies à terme. Merci de me contacter pour :

> une analyse de la teneur en oxygène > un devis gratuit et sans engagement > d’autres informations 1227 CAROUGE Rue J-Girard 24 T 022 368 30 04 F 022 368 30 07

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44

FOCUS PME Décembre 2018

I  ndex

Entreprises, institutions et personnes citées Agence spatiale européenne 13 AMAG 32 APCO Technologies 10 BASF 23 Beqom SA 5 Bovey (famille) 8 Coveris, Georges 24 Creditum 9 CVCI 1, 10, 16, 20, 29, 35, 40, 44 Decathlon 6 Deloitte 6 Delvecchio, Aldo 22 Digital Kingdom 8 Canton de Vaud 8, 13, 19 Flyability 5 Hildenbrand, Nicolas 9 ICT Switzerland 35 Inédit Publications 1, 36, 44 Kawakami, Ken 24 Lactalis 8 La Poste Suisse 5 Lausanne Palace 26 Lévy, Daniel 24 Manor 25 map.ch 31 Markwalder, Benoît 22

Miauton, Philippe Migros Vaud Moulin de Sévery Muller, Caroline Nespresso Nestlé Pugin, André Pugin, Aude Salina, Jean-Marie Socol Stuby, Etienne Sushi Zen Vaudoise Assurances Watchdreamer Willimann, Michael

Experts 20, 44 25, 33 8 31 6 8 13 Couv., 1, 2, 10 5 2, 22 32 Couv., 2, 24 9 9 5

JULIEN GUEX SOUS-DIRECTEUR DE LA CVCI ET SECRÉTAIRE DE LA FONDATION POUR L’INNOVATION TECHNOLOGIQUE (FIT)

› Page 40 VANESSA HAMBARYAN SOCIAL MEDIA MANAGER CHEZ INÉDIT PUBLICATIONS

› Page 36 JEAN-FRANÇOIS KRÄHENBÜHL CHARGÉ DE COMMUNICATION À LA CVCI

› Page 35 PHILIPPE MIAUTON DIRECTEUR ADJOINT DE LA CVCI

› Page 20 PAUL VAN DEN BUSSCHE JURISTE À LA CVCI

› Page 16 CATHERINE VASEY PSYCHOLOGUE FSP

› Page 34 PATRICK ZURN RESPONSABLE DE PROJETS AU SEIN DU DÉPARTEMENT CONDITIONS-CADRES DE LA CVCI

› Page 29

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Un savoir-faire de pointe pour une numérisation réussie. Centré sur une maquette numérique 3D renseignée, le Building Information Modelling (BIM) représente une nouvelle façon de travailler, de façon concertée et collaborative, entre tous les acteurs d’un projet de construction. Base de données d’un ouvrage, enrichie au fur et à mesure de son avancement, cette maquette permet une visualisation précise du projet à toutes les étapes et peut être un outil précieux tout au long de la vie de l’ouvrage. D’abord plus fréquemment utilisé dans le bâtiment et les infrastructures complexes, le BIM a ensuite été développé dans d’autres domaines d’activité de BG, et s’applique désormais aux infrastructures dans le secteur des déchets ou du traitement de l’eau. Le Groupe a ainsi acquis de solides références dans des projets de natures variées et multidomaines: de la rénovation de la clinique CIC Riviera à la construction de la première STEP de Suisse entièrement modélisée en 3D (STEP de Villette) en passant par la construction de la nouvelle usine de valorisation des déchets de Cheneviers à Genève, la réalisation de la nou-

Modélisation 3D de la STEP de Villette.

velle jonction d’Ecublens ou encore celle du Grand Paris Express. Avec son réseau d’agences en Suisse, en France, en Italie et en Algérie, dans plusieurs zones linguistiques, BG maîtrise des traditions de conception différentes et travaille avec de grands groupes de construction. Une expérience qui lui permet d’accompagner ses clients locaux et internationaux dans l’implémentation optimale du BIM dans toutes les phases d’un projet. n

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