Focus pme – N° 3 / 2014

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Le magazine indépendant des PME suisses Numéro 3 / Octobre 2014 6 fr. 80 www.focuspme.ch

INFOMANIAK

La successstory d’un geek romand Boris Siegenthaler a fondé le principal hébergeur de sites internet de Suisse.


Des services de support médical par les analyses au travers d’entreprises suisses régionales et de compétences nationales.

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édito

L’étranger, un bien nécessaire

WWW.FOCUSPME.CH NUMÉRO 3 / OCTOBRE 2014 TIRAGE: 27 000 EXEMPLAIRES ÉDITEUR

W. Gassmann AG Längfeldweg135 Case postale 1344 2501 Bienne Tél. 032 344 81 11 info@focuspme.ch

L

a votation du 9 février dernier sur l’immigration a placé une épée de Damoclès au-dessus de la tête des employeurs helvétiques, mettant en péril la viabilité de leurs entreprises. Quand le résultat de cette votation sera effectivement appliqué, les travailleurs frontaliers ou expatriés ne seront alors plus les bienvenus. Or, tout patron de PME sait à quel point ces employés sont vitaux à la survie et au développement de leur business. Pourtant, et on l’oublie trop souvent, les étrangers ne sont pas que des employés. Selon un rapport du Global Entrepreneurship Monitor (GEM), les étrangers de la deuxième et de la troisième génération sont plus nombreux que les Suisses à fonder leur propre entreprise dans notre pays. Pourtant, tous ces entrepreneurs implantés en Suisse, qu’ils soient originaires d’ici ou d’ailleurs, ont un point commun : ils considèrent l’international comme indispensable au bon développement et à la prospérité de leurs affaires. Au risque parfois de n’envisager la création de leur société qu’en terres étrangères. C’est du moins ce que révèle une récente étude menée par l’Université de Neuchâtel, qui conclut que près de 40% des petits patrons s’implanteraient directement à l’étranger et non plus en Suisse. En cause, un accès au crédit difficile, une absence, selon leurs dires, de soutien des organismes locaux et un manque d’employés qualifiés. Si l’expansion à l’étranger est porteuse de grandes opportunités, chaque PME doit cependant surmonter quelques obstacles. Pour les soutenir, des organismes helvétiques les soutiennent (voir dossier page 27). Leur objectif ? Faire de l’étranger un atout pour le développement du business helvétique. De « l’étranger local » à « l’étranger international », les PME implantées en Suisse ont tout à y gagner. ●

RESPONSABLE ÉDITORIAL

Thierry Vial thierry.vial@inedit.ch RÉDACTRICE EN CHEF

Nathalie Praz nathalie.praz@inedit.ch ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO

Florence Jacquinot William Türler Laetitia Wider Marie-Gisèle Danthe Michel de Girolamo Arnaud Lambert Maxime Morand Pierre Taurian RELECTURE

Virginie Jaton Adeline Vanoverbeke GRAPHISME

Clémence Anex et Xavier Cerdá, Inédit Publications SA PHOTOS

Vanina Moreillon Fotolia iStockPhoto PUBLICITÉ

Serge Bornand Inédit Publications SA Avenue Dapples 7 Case postale 900 1001 Lausanne Tél. 021 695 95 67 serge.bornand@inedit.ch ABONNEMENT

E-mail: abo@focuspme.ch Prix au numéro: 6 fr. 80 Abonnement annuel: 60 fr. IMPRESSION

Ziegler Druck- und Verlags-AG CH – 8401 Winterthur

FOCUS PME

PHOTO: FLORENCE JACQUINOT

Couverture: Boris Siegenthaler, photographié par Vanina Moreillon

Adresse de la rédaction: info@focuspme.ch

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NATHALIE PRAZ RÉDACTRICE EN CHEF


suggestions

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Numéro 3 / Octobre 2014

VISION La success-story d’Infomaniak

24 RÉALISATION Le succès de la barre Ragusa

introduction

réalisation

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Edito Impressum Suggestions

informations

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L’actualité en bref

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Le succès de la barre Ragusa

27 Comment développer sa PME à l’étranger

précisions Carrière

Le temps de l’audace, par Maxime Morand

La PME du mois

Infomaniak

conception 20

EXPLICATIONS Comment développer sa PME à l’étranger

explications

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vision

27

Le drone façon insecte

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Management

Le management individuel et collectif, par Pierre Taurian et Michel de Girolamo 40

Droit du travail

Le plan social en cas de licenciement collectif, par Marie-Gisèle Danthe

FOCUS PME

VANINA MOREILLON, DR, JENNER / FOTOLIA.COM, JULIA REMEZOVA / FOTOLIA.COM, DR

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INSPIRATIONS Des idées de business venues de l’étranger à copier (ou pas…)

56

IMMERSION Au cœur du Festival de Cannes avec un joaillier

inspirations

immersion

42 Des idées de business venues de l’étranger à copier (ou pas…)

56 Au cœur du Festival de Cannes avec un joaillier

progression

consommation

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58 Cinq objets design à se procurer absolument

Le télétravail pour les PME

48 Apprendre à désamorcer les conflits discussion 50

Face-à-face

Les syndicats réclament une hausse des salaires généralisée de 2%

communication 52 Décryptage d’une publicité a Société protectrice des animaux (SPA)

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FOCUS pme est également disponible gratuitement sur iPad et iPhone


informations

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MARRE DE MON BOSS !

62%

C’est le nombre d’employés qui ont déjà démissionné en raison d’une divergence avec leur supérieur, selon une étude menée en Suisse (principalement outre-Sarine) par l’entreprise de conseils Information Factory. Et les patrons devraient également prendre garde à leur fauteuil car l’étude révèle aussi que 37% des salariés estiment qu’ils feraient mieux que leur boss.

PHOTOS: ART FAMILY / FOTOLIA.COM ET AWESOMEPHANT / FOTOLIA.COM

Nouveau système de paiements pour les PME

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C’est grâce à Novertur, une start-up spécialisée dans l’identification de partenaires commerciaux sur les marchés étrangers, que les PME romandes actives au-delà de nos frontières, pourront dorénavant se faciliter la tâche ou du moins leurs transactions comptables. La société lausannoise a récemment conclu un partenariat avec Kantox, une société basée à Londres en charge du développement d’outils de conversion de devises et de paiements internationaux. L’objectif, selon le CEO de Novertur, Florent Schlaeppi, est d’apporter davantage de transparence dans les échanges de paiements entre partenaires suisses et étrangers que ce que proposent les organismes bancaires traditionnels. Et cela à des coûts plus avantageux aussi. Cette PME romande, lancée en 2012 par trois Lausannois même pas trentenaires, Luca Salzano, Marius Aeberli et Florent Schlaeppi, a, à l’origine, mis en place un réseau social afin que leurs membres, des petites et moyennes entreprises locales, puissent échanger et créer des liens avec de potentiels partenaires commerciaux à l’étranger. Hormis cet accord prometteur avec Kantox, l’entreprise Novertur ( www.novertur.com ) se distingue en étant la première start-up suisse à être sélectionnée pour participer au programme d’immersion Blackbox Connect. Ce « camp » de deux semaines, soutenu par Google for Entrepreneurs, permet d’entrer en contact avec des personnes clés de la Silicon Valley, comme des investisseurs, des entrepreneurs et des experts. Gageons qu’ils en reviendront avec la tête remplie de nouvelles idées de business… ● N.P.


informations

Nombreux sont les fondateurs d’entreprise qui ont débuté en partageant un espace. Pour certains dans l’optique de ne pas se charger d’un loyer ou simplement de sortir de chez eux et de se rendre dans un espace aménagé disposant d’une imprimante, du wi-fi, de salles de réunion et de l’indispensable machine à café. Pour d’autres, le concept de coworking, est davantage une manière humaine d’aborder leur entreprenariat. Ils espèrent, grâce à l’effet coworking, pouvoir échanger des idées, partager leurs expériences, bénéficier d’une oreille attentive et, ainsi, briser la solitude à laquelle doivent faire face, parfois, certains autoentrepreneurs. De plus, il n’est pas rare que ces coworkers trouvent, au sein de ces espaces de travail, des nouveaux clients ou des partenaires d’affaires. Issue d’un partenariat entre le public (les cantons de Genève et de Vaud, la Ville de Lausanne et Lausanne Région), le privé et le monde académique, la Muse met à disposition des travailleurs indépendants ou nomades deux espaces tout équipés, l’un de 300 m2 à Genève et l’autre de 200 m2 à Lausanne, pour des tarifs variant entre 250 et 1200 francs par mois, selon la formule choisie et le nombre de coworkers de l’entreprise inscrite. ● N.P. Plus d’infos sur www.la-muse.ch

L’action solidaire en mouvement à Genève Le réseau social Horyou, qui vise à connecter des organisations, des personnalités et des internautes actifs dans l’action solidaire, organisera du 22 au 24 octobre la première édition du Social Innovation and Global Ethics Forum (SIGEF). L’événement se tiendra au Centre international de conférences Genève (CICG) et rassemblera des porteurs de projets, des étudiants et des représentants institutionnels, qui débattront de propositions concrètes autour d’organisations et de personnalités soutenant des actions de solidarité et d’innovation sociale. «Repenser ensemble les grands défis contemporains, y apporter des réponses et dessiner de nouvelles routes pour un développement véritablement durable constituent nos principales priorités, souligne Yonathan Parienti, CEO du réseau social récemment lancé à Genève. En ce sens, le SIGEF représente le prolongement de notre plateforme, qui souhaite inciter et soutenir des actions et des projets sur le terrain par le biais d’une interaction virtuelle au service de l’humain.» ● W.T.

Levée de fonds réussie pour Andrew Alliance et son robot « coworker » La start-up genevoise Andrew Alliance, qui a développé Andrew, un robot coworker dont la fonction consiste à rendre les opérations en laboratoire plus efficientes, a récemment finalisé la clôture d’un financement auprès d’Omega Funds, un important fonds mondial actif dans la santé et spécialisé dans les investissements en sciences de la vie.

Fondée en 2011, la société va pouvoir ouvrir prochainement un bureau à Boston. «Ce financement nous permettra de réaliser de nouveaux développements et de renforcer notre présence sur le marché américain», relève le CEO, Piero Zucchelli. La force de vente sera notamment augmentée afin de favoriser les interactions avec les utilisateurs potentiels, en l’occurrence principalement des instituts de recherche académiques et pharmaceutiques. Concrètement, Andrew assiste les scientifiques dans leurs travaux de manipulation des liquides, ce qui permet de gagner en efficacité, d’éviter des erreurs et de libérer les chercheurs d’une tâche souvent fastidieuse. ● W.T.

FOCUS PME

PHOTODS: ANDREW ALLIANCE ET DR

La Muse et ses deux espaces de «coworking» fêtent leurs 5 ans


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informations

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Laver son linge sale à la station d’essence

V

oilà bientôt huit mois que deux jeunes entrepreneurs, Cédric Rimella et Carlos Serrano, quittaient leur emploi, respectivement dans le juridique et dans la communication-vente horlogère, pour se lancer dans la grande aventure de l’entrepreneuriat. C’est leur rythme de travail effréné qui leur a donné l’idée de simplifier la vie de tous les travailleurs overbookés en les soulageant d’une tâche

jugée ingrate, la lessive et les va-etvient entre la maison et le pressing. Le concept? Amener le pressing sur le chemin des employés afin de leur éviter un détour inutile. Après quelques mois, le bilan est positif, même au-delà de leurs attentes. FOCUS PME

D’où vous vient cette idée?

On My Way est né de notre constat que certaines tâches essentielles du quotidien sont de plus en plus chronophages. Le concept vise à simplifier la vie des Romands en leur permettant de disposer d’un service de pressing simple, efficace et de qualité sur leurs trajets quotidiens, accessible 7j/7, 365j/365, au tarif d’un pressing classique. On My Way permet d’enregistrer ses vêtements à nettoyer en ligne puis de les déposer dans l’un des 25 stations-service/ shops partenaires situés sur le réseau autoroutier, en pleine ville ou dans les agglomérations de la région lémanique. Deux à cinq jours ouvrables plus tard, un e-mail avertit le client que ses vêtements sont prêts. Il lui suffit alors de les récupérer dans la station-service de son choix.

CÉDRIC RIMELLA

Quel bilan tirez-vous après huit mois

ON MY WAY

d’activité?

FOCUS PME

la clé : nous attirons de plus en plus d’entreprises. On My Way for Business est ainsi le partenaire de pressing exclusif de plusieurs sociétés, business parks, résidences, hôtels ou institutions renommées grâce à l’installation d’un point de collecte directement dans leurs murs.

Extrêmement positif puisque l’acquisition de nouveaux clients ne cesse de s’accélérer, grâce notamment à une crédibilité croissante: 93% des clients qui ont testé le service reviennent, séduits notamment par la simplicité du processus et par la qualité du traitement. Et avec une belle surprise à

En tant que nouveaux entrepreneurs, quelles difficultés avez-vous rencontrées?

Aucune difficulté, à vrai dire, uniquement des « challenges » que nous avons résolus les uns après les autres grâce à l’envie d’apprendre et à la rigueur dans le travail, ainsi qu’à l’ensemble des partenaires, que nous avons scrupuleusement choisis. Nos activités professionnelles passées nous ont donné un bon bagage. Le vrai challenge a sans doute été la décision que nous avons dû prendre à un certain moment de renoncer à nos activités salariées pour nous lancer à 100% dans notre entreprise. Qu’envisagez-vous pour l’avenir ?

Des journées bien remplies! Compte tenu du rythme actuel, une expansion du réseau au reste de la Suisse romande, puis de la Suisse et à l’étranger est maintenant envisagée, ainsi qu’un accroissement du portefeuille de clients On My Way for Business. Mais cela ne va de pair qu’avec une qualité de traitement irréprochable. Dès lors, nous mettons l’accent sur l’amélioration continue du nettoyage de vêtements, qui est la base de notre activité. ● N.P.


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Que s’est-il passé dans l’univers des Une nouvelle boîte à musique gigantesque pour Reuge Le célèbre fabricant de boîtes à musique va déménager en 2015, année de son 150e anniversaire, après avoir passé plus de cent ans sur le site actuel de Sainte-Croix. La première pierre du nouveau bâtiment, « avec les standards les plus élevés en termes d’artisanat et d’ergonomie », a été posée début septembre. A même d’accueillir sa cinquantaine d’employés, le nouveau bâtiment de 2700 m2, qui fait la part belle au bois, aura l’aspect d’une boîte à musique. Un clin d’œil à ce qui a fait sa réputation internationale, outre les oiseaux chanteurs et les montres de poche avec automates.

Nouveau site utile à toutes les PME Les cyberattaques sont, ou devraient être, de nos jours, une préoccupation importante des sociétés. Malheureusement, peu d’entre elles sont équipées pour effectuer des autocontrôles, de leur site internet notamment. Cette lacune est désormais en partie comblée grâce à l’alliance formée par plusieurs entreprises appelée Swiss Internet Security Alliance. En devenant adhérentes, les PME pourront tester leurs équipements informatiques et, après analyse, les optimiser afin de parer à d’éventuelles défaillances. Plus d’infos sur www.swiss-internetsecurity-alliance.ch

Vous êtes un créancier de la start-up Hyetis ? Alors vous devriez bientôt être remboursé, selon les dernières nouvelles ! A l’origine, une levée de fonds participative, s’élevant à 1200 dollars par tranche, promettait à ses souscripteurs d’obtenir des bénéfices de la première montre « smartwatch de fabrication suisse », nommée Crossbow. Finalement, et malgré les propos rassurants encore émis en août dernier par le directeur général de la société genevoise, Arny Kapshitzer, la montre ne serait pas prête de voir le jour. Histoire à suivre.

CPC s’étend en Suisse alémanique L’agence spécialisée dans les publics affairs et l’intelligence économique, fondée en 2004 à Genève, va ouvrir une antenne à Berne. La société, qui représente aussi bien des multinationales que des PME avec son équipe de 15 consultants travaillant dans quatre langues, souhaite, en se rapprochant de la capitale fédérale, soutenir ses clients dans leurs relations avec les autorités et les parlementaires, l’issue management et les campagnes grand public.


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PME ces dernières semaines ? La plus solide banque du monde est...

L’année 2014 a été difficile pour la réputation du secteur viticole valaisan. Et pourtant, ce sont les Sierrois, Frédéric, Claudine, Jean-Bernard et Philippe Rouvinez, qui se sont vu remettre le Family Business Award 2014 à Berne, trophée lancé par Amag en 2012 et récompensant une PME familiale pour son entreprenariat durable et son sens des valeurs. La famille peut être fière: elle est la première romande à remporter ce prix.

… l’établissement genevois Syz & Co, selon le magazine britannique The Banker et son palmarès 2014 des 1000 banques actives dans le monde. Ce résultat est probablement lié au choix des fondateurs de la banque de se concentrer sur la gestion de fortune, laissant aux autres les activités à risque comme le trading et le crédit. Rappelons que cet établissement a mis moins de vingt ans pour venir concurrencer des acteurs reconnus et déjà bien implantés en Suisse et à l’étranger.

Les vignerons suisses se regroupent sur le net Les sites internet de vignerons sont nombreux mais ne sont pas toujours mis à jour. C’est ce qui a décidé la société Swiss Wine Selection SA à les regrouper sur son portail. L’objectif ? Offrir aux amateurs de vins suisses tous les services et les produits à leur disposition sur une seule plateforme. Et pourquoi pas, promouvoir les vins helvétiques au-delà des frontières. « Nous allons faire évoluer cet outil en fonction du marché tout en restant fidèle à notre mission d’aider les vignerons », souligne Hervé Badan, à l’origine de ce projet. www.swisswineselection.ch

Ouverture d’un club de gym très sélect La nouvelle société My Private Gym SA va ouvrir son premier club à Genève le 15 octobre prochain. Cette salle de sport, sélective par son tarif annuel de 2200 francs, a été créée par deux couples issus des milieux de la finance et du bien-être. A l’origine situé dans un appartement de 330 m2 entre les banlieues huppées de Cologny et de Vandœuvres, ce club sera équipé de machines dernier cri. Les membres auront aussi la possibilité de suivre des cours ou de s’inscrire pour les très tendance et intensifs bootcamps. Mais, surtout, ce concept intimiste repose sur le souhait que les sportifs se sentent « comme à la maison », avec des douches individuelles, un coin cosy pour le café ou des jus de fruit frais. Sans oublier les discussions organisées par le club autour de la nutrition. Un challenge ambitieux pour cette nouvelle société, dont la réussite est basée sur l’aspect « ultra-sélect » de sa clientèle. Plus d’infos sur https://www.facebook. com/myprivategymgeneva

ARQUIPLAY77 / FOTOLIA.COM

Des vignerons valaisans récompensés

TEXTES: NATHALIE PRAZ


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Boris Siegenthaler dans le nouveau Data Center de Meyrin.

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INFOMANIAK

Dans l’antre romand des geeks En moins de dix ans, deux passionnés d’informatique, Boris Siegenthaler et Fabian Lucchi, ont fondé une société incontournable dans le domaine de l’hébergement des sites internet. Ces visionnaires ne cessent de réfléchir à de nouveaux services informatiques tout en conservant une touche « Swiss made» et locale, bien loin de la Silicon Valley.

TEXTE: NATHALIE PRAZ /// PHOTOS: VANINA MOREILLON

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peine la porte des locaux de la société située à Carouge (Genève) franchie, le visiteur est accueilli par la statue gigantesque d’un super-héros vêtu de noir, digne d’un parc d’attractions. A ce moment, on comprend déjà que les locataires de ces bureaux ne sont pas tout à fait des employés comme les autres. On se doute encore moins que le « chef de cette tribu », passionné par la technologie mais bien loin du stéréotype de l’informaticien à lunettes, dirige plus de quarante employés avec des valeurs de partage et de respect environnemental et social. C’est dans son bureau, ultramoderne et décoré avec un style toujours aussi décalé, que Boris Siegenthaler, l’un des deux fondateurs d’Infomaniak, réfléchit sans cesse à de nouveaux projets. Et, ces derniers temps, on peut dire qu’il n’a pas chômé. Outre un service destiné aux PME visant à concurrencer les géants de l’informatique américains (voir encadré ci-contre), la société suisse romande est sur le point de lancer son nouveau site internet cet automne. Lors d’une récente interview, le CEO a d’ailleurs admis que le développement de son entreprise accaparait toutes ses pensées. Et qu’il n’était pas rare qu’il se réveille à 4 h du matin pour griffonner, sur un bloc-notes laissé sur sa table de nuit, de nouvelles idées. Avouant même que seul un bon livre, qui n’a rien à voir avec

l’informatique, peut le faire décrocher de la passion qu’il voue à son job. Boris Siegenthaler est tellement passionné par son boulot dans l’informatique qu’il en a même adopté – volontairement ou pas – le code vestimentaire, piqué aux deux grandes figures des milieux technologiques que sont Steve Jobs et Bill Gates. Son parcours n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’histoire entrepreneuriale de ce dernier. Pour Boris et son associé Fabian Lucchi, l’aventure Infomaniak a commencé dans un endroit non conventionnel, un cabanon de jardin (à défaut d’un garage) de la banlieue genevoise chic. C’est dans cet endroit précaire qu’un club d’informatique voit le jour, avec, pour unique moyen de communiquer entre les ancêtres des geeks, un BBS (Bulletin Board System : l’ancien système d’échange de fichiers, de messageries et de données). Alors que le marché de l’informatique explosait, les membres de ce club se sont vite rendu compte que leur porte-monnaie ne leur permettait pas d’acheter les nouveautés proposées par les grandes marques, tant les marges que ces dernières prenaient étaient considérables. « Nous avons réalisé que le fait d’assembler nos propres ordinateurs était moins onéreux que de les acheter finis, explique Boris Siegenthaler. Par ailleurs, nous avions remarqué que l’on trouvait plus rapidement les nouveaux composants électroniques si on les achetait comme pièces détachées plutôt que d’attendre qu’ils soient

Le saviez-vous? Depuis cette année, Infomaniak propose aux PME une solution appelée « workspace ». L’objectif ? Gérer e-mails, contacts, agenda, chat, sms et favoris, comme le font les géants américains Microsoft Exchange ou Google Mail. Rien d’original, alors ? Si ce n’est que ce service 100% helvétique est dix fois moins cher que la concurrence à service égal !

Qui est Boris Siegenthaler? Un homme simple, dans le sens noble du terme. Qui fait du tutoiement une marque de fabrique sans pour autant que son interlocuteur ait l’impression que cette familiarité soit un manque de respect. Bien au contraire. Le respect, Boris Siegenthaler l’a dans la peau. Le respect de ses collaborateurs d’abord, pour qui il met en place de nombreuses activités internes à l’entreprise afin qu’ils se sentent bien. Et puis aussi le respect de l’environnement. Mais pas seulement comme un argument marketing afin d’attirer des clients, mais bel et bien parce que, pour lui, laisser une planète aussi saine que possible aux générations futures est vital (voir encadré p. 18). Outre la charte

écologique ultra- poussée et régulièrement mise à jour qu’il a instaurée au sein de son entreprise, le CEO est un fervent défenseur de la nature, de la production écologique et locale (un panier de fruits de saison est livré toutes les semaines pour les employés) et aussi de la survie des abeilles auxquelles il consacre une partie de ses revenus en sponsorisant plusieurs ruches. Ce quadra autodidacte, qui ne dispose d’aucun diplôme d’ingénieur contrairement au reste de ses employés ultra-qualifié, joue, lorsque son cerveau ne court pas après de nouvelles idées – ce qui est plutôt rare –, son rôle de père auprès de ses deux filles. Le reste du temps, il avoue n’avoir aucune autorité sur elles.

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Boris Siegenthaler et son équipe travaillent au lancement du nouveau site internet.

Les câbles d’un de leurs data centers.

Les dates importantes

Jamais à l’abri d’une attaque pirate

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2008 2009 2010 2011 2013

L’une des principales préoccupations de Boris Siegenthaler et de son équipe est d’offrir à leurs clients la sécurité tant en ce qui concerne les données contenues sur leur site que pour assurer la fonctionnalité en continu de ce dernier. Mais internet, on le sait bien, subit régulièrement des attaques de personnes malveillantes auxquelles les ingénieurs de l’entreprise genevoise doivent parer. L’une des plus importantes et des plus média-tisées remonte à 2011, lorsque 16 clients sur un total de près de 100 000 à l’époque avaient vu leur page d’accueil piratée. Il avait alors fallu moins de deux heures aux professionnels d’Infomaniak pour venir à bout de cette intrusion. Si le pourcentage de clients concernés cette fois-là était faible, les tentatives de piratage sont plus fréquentes mais sans incidences pour les clients. Preuve que la protection mise en place par leur hébergeur fonctionne dans la grande majorité des attaques.

FOCUS PME

Premier hébergeur de Suisse romande (plus de 3000 sites hébergés) 35% de la croissance est réalisée à l’étranger, preuve de qualité et de savoir-faire Leader de la diffusion radio online en Suisse romande et en France voisine (90% des radios FM utilisant la solution de streaming audio) Plus de 50 radios FM utilisent la solution de streaming par internet (dont Radio Suisse Romande, NRJ, Fun Radio ou Oui FM). L’un des principaux acteurs en Europe en matière de streaming Deuxième hébergeur suisse avec plus de 40 000 domaines enregistrés Mise en service du deuxième centre de données Création d’une charte environnementale rigoureuse engageant l’entreprise sur plus de 30 points qui évoluent chaque année Mise à disposition d’un service Housing permettant à certains clients de placer leur(s) serveur(s) chez Infomaniak Création d’Infomaniak Entertainment SA, dédiée exclusivement à la gestion de billetterie 100 000 domaines hébergés. Mise en place d’une solution de stockage de média audio et vidéo soutenue par une interface d’administration entièrement nouvelle Décembre : inauguration et mise en service du troisième centre de données avec de nombreuses innovations technologiques.

La helpline d’Infomaniak s’engage à répondre aux e-mails dans les 24 heures.


vision montés dans des ordinateurs. De plus, ils étaient alors compatibles avec un plus grand nombre de marques et à des prix plus intéressants. » A la conquête professionnalisée du marché de l’informatique Après quelques années d’amateurisme, Boris voit plus grand et propose à Fabian Lucchi d’ouvrir un magasin, Siegenthaler & Lucchi, Infomaniak, dans une arcade située à l’avenue de Châteleine à Genève. Le succès ne se fait pas attendre et le shop ne désemplit pas. C’est à cette même époque que, lors d’une soirée à l’EPFL, les deux associés découvrent un réseau alimenté principalement par les étudiants des universités du monde entier qui s’appelle « internet ». « Ce soir-là, durant la présentation, nous avons pu correspondre avec des étudiants de l’Université de Sarajevo, se souvient Boris. A cette période, la ville était en plein siège, mais les étudiants de cette université étaient libres de s’exprimer sur la Toile. Ce fut un moment incroyable ! Nous avions l’impression d’avoir plus d’informations que celles fournies par le téléjournal. Nous avons alors réalisé combien internet était un extraordinaire outil de communication et de partage entre utilisateurs .» Une révélation pour ces passionnés de technologie qui va entraîner une révolution dans leur vie quotidienne. Sans perdre de temps, les propriétaires du club-magasin cherchent à accéder à ce précieux réseau, puis, début 1995, ils décident d’offrir gratuitement à leurs clients la possibilité de s’y connecter. Leur principal concurrent de l’époque, la société genevoise Iprolink, fait, quant à lui, payer ce service 150 francs par mois pour une vitesse de connexion kbs en download, soit une vitesse de transfert de 0,1 mégabits/s, c’est à dire 1 000 fois moins rapide que nos connections à domicile d’aujourd’hui! Malheureusement, ce service offert a un coût et les marges réalisées par le magasin sur la vente des ordinateurs, à savoir 150 à 200 francs par appareil, ne sont pas suffisantes pour poursuivre cette gratuité. Pour l’équipe de Siegenthaler & Lucchi, Infomaniak, un nouveau tournant s’amorce. En mai 1997, une deuxième entité est créée, TWS Infoma-

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niak, dont l’objectif est de casser les prix sur le marché d’internet avec un forfait annuel dérisoire à 69 francs. On connaît la suite. Malgré les nombreux concurrents qui arrivent sur ce marché durant les années suivantes, les deux fondateurs s’accrochent et décident même de reprendre seuls le contrôle de leurs deux sociétés et de les fusionner sous le nom d’Infomaniak Network SA. Pas à court d’idées, ils proposent régulièrement de nouveaux services, comme l’hébergement de sites internet. Ce service devient en quelques années la principale source de rentabilité de la société, poussant alors les fondateurs à revendre la partie de leurs activités liée à la vente de matériel à quelques collaborateurs qui souhaitent se lancer à leur compte. Les affaires fonctionnent tellement bien que de nombreuses propositions de rachat par des investisseurs leur sont régulièrement adressées, pas étonnant avec la « bulle internet » qui prévaut à l’époque. « Nous les avons toutes refusées, affirme fièrement Boris Siegenthaler. Cependant, elles venaient confirmer la justesse de notre vision et de notre nouveau modèle d’affaires. Par ailleurs, et plus simplement, nous estimions que

Le saviez-vous? Infomaniak, c’est bien plus qu’un service d’hébergement de sites internet. Le client peut aussi disposer d’un service « workspace » (voir encadré p.16), de l’achat de noms de domaine, d’un hébergement virtuel Cloud, de Housing (location d’espaces sur des serveurs), de la création facile et peu coûteuse d’un site internet, de l’envoi d’appels d’offres pour la création de sites, de streaming radio et vidéo et de vidéo/audio à la demande. Sans oublier les e-tickets et accréditations via sa filiale Infomaniak Entertainment.

L’engagement écologique Infomaniak s’engage a plus d’un égard en faveur de l’écologie. D’abord avec sa charte interne destinée à tous les collaborateurs, qui se voient, par exemple, rembourser une partie de leur vélo électrique ou de leur abonnement de transport public s’ils délaissent la voiture (plus de détails sur http://ecologie. infomaniak.com/engagement-ecologique). Ensuite, lors de la construction du nouveau data center, inauguré à la fin de 2013 à Meyrin, des mesures concrètes ont été mises en place, comme l’absence de climatisation, des refroidissements avec de l’air filtré extérieur, des investissements dans des serveurs supportant de hautes températures, etc. Les engagements écologiques de la société sont tellement nombreux qu’il est impossible d’être exhaustif. Notons toutefois le choix de la caisse de pension pour les employés, qui sélectionne ses placements de manière très éthique en excluant notamment le génie génétique agricole, l’armement, le travail des enfants ou l’énergie nucléaire.

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Un terrain de jeu moins virtuel pour renforcer les liens entre les employés.

nous ne voulions pas nous séparer d’une entreprise qui était rentable, dans laquelle nous avions considérablement investi et, surtout, qui nous procurait beaucoup de plaisir ! »

Les chiffres 150 000 sites hébergés depuis la création d’Infomaniak. 800 000 adresses e-mails gérées actuellement.

Le bien-être: primordial ! Vingt ans après la création de la société, le plaisir est toujours présent, même si les petits tracas auxquels un leader du marché doit faire face font partie du quotidien. Alors, pour se changer les idées et améliorer la vie de ses collaborateurs – une des grandes préoccupations de Boris Siegenthaler–, le CEO a instauré des rituels. Ainsi, les équipes œuvrant d’arrache-pied 7j/7 et 24h/24 pour les permanenciers sont invitées régulièrement à manger ensemble aux frais de la société et plusieurs événements sont organisés par l’entreprise auxquels les familles des collaborateurs sont aussi conviées, comme des pique-niques, des soirées spectacle, des journées sportives… Bref, chez Infomaniak, la vie professionnelle n’est pas faite que de câbles, d’écrans et d’échanges virtuels mais bel et bien de partage entre humains. ● FOCUS PME

1 500 000 spams écartés chaque jour. 114 235 noms de domaine hébergés. 350 TV et radios utilisent le service de streaming, soit 70% des radios/tv suisses. 500 000 auditeurs ou téléspectateurs se connectent chaque jour aux flux audio et vidéo. 35 000 fr. versés en 2013 à des ONG liées à l’écologie. 100% des émissions de CO2 sont compensées. 100% de l’énergie utilisée est renouvelable. Trois data centers, dont la puissance équivaut à 10 000 ordinateurs de bureau. Premier hébergeur de Suisse selon le chiffre d’affaires et deuxième en termes de nombre de sites hébergés. Chiffre d’affaires en 2013 de 14 millions de francs. 40% des revenus proviennent de l’étranger.


conception I senseFly

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L’abeille qui se prenait pour un avion Né à l’EPFL, ce petit avion ultraléger conquiert le marché des drones civils. Empruntant sa technologie aux insectes, c’est un petit bijou de robotique aérienne. Histoire d’une drôle d’abeille. TEXTE LAETITIA WIDER • PHOTOS CHRIS BLASER

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nfant, il levait les yeux vers un ciel rempli de promesses. Un terrain de jeu infini, sans frontières ni obstacles, si ce n’est celui d’y accéder. La tête au-dessus des cumulus mais les pieds ancrés dans le bitume, JeanChristophe Zufferey emprunte la voie des airs grâce aux modèles réduits. «J’essayais de convaincre mes parents de financer mes licences de modélisme, en vain! J’ai dû donner des cours de ski et de mathématiques pour me les payer. Ils estimaient que cela ne pouvait pas mener à une carrière. Ils préféraient investir dans les cours de violon de mon frère. Aujourd’hui, c’est une histoire que j’aime à rappeler autour de la table familiale», note, sans un brin d’ironie, le cofondateur de senseFly. Et pour cause, cette ancienne spin-off de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), spécialisée dans le marché de la cartographie aérienne, plane en pleine successstory. Ses drones ultralégers ont su conqué-

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rir en très peu de temps les professionnels de la cartographie. Chaque mois, ce ne sont pas moins d’une centaine d’exemplaires de l’eBee et du Swinglet (le premier modèle), les deux drones civils produits en Suisse par la marque, qui sont vendus. En 2012, l’entreprise française Parrot, spécialisée dans les périphériques sans fil, acquiert 57% des parts de la start-up suisse, qui connaît depuis une croissance de plus de 300%. Partie d’une équipe de cinq amis en 2009, elle compte aujourd’hui plus de 60 employés. Et l’entreprise, basée à Cheseaux-sur-Lausanne, dans le canton de Vaud, continue de recruter en moyenne deux nouveaux employés par mois. Facile d’utilisation La raison de ce succès tient dans la solution complète offerte par senseFly. L’usage de ces modèles réduits ne demande aucune compétence particulière. Lancé à la main, avec une technique proche de celle de l’avion en


Jean-Christophe Zufferey, un passionné d’aviation.

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conception I senseFly papier, le drone vole et atterrit seul, en pilote automatique. Il peut photographier une superficie de plusieurs kilomètres carrés dans son intégralité, grâce à une programmation par ordinateur. Il suffit tout simplement de dessiner la zone à survoler sur une carte numérique. Les images aériennes ainsi obtenues peuvent être assemblées pour générer en quelques minutes une cartographie 2D ou 3D précise. Et les applications sont multiples: la cartographie de terrain, bien sûr, mais aussi la mesure du volume de minerais extrait d’une mine, la surveillance de chantier ou même l’évaluation de l’étendue d’un bidonville en Haïti. Le dernier-né de ces objets volants identifiés, l’eBee, emprunte son nom et certains de ces comportements aux abeilles. «Il les a hérités de nos recherches fondamentales en robotique à l’EPFL, explique le Valaisan. La nature était le point de départ et d’inspiration. On a voulu utiliser la vision des abeilles et des mouches, qui perçoivent les distances et évitent les obstacles. Donc, dans l’eBee, on a installé un capteur de flux optique fonctionnant sur ce principe. Ainsi, le drone peut atterrir de façon très précise et réagir intelligemment face aux obstacles imprévus du relief.» Passion aéronautique Cette aventure a donc pris forme à l’EPFL, sans grandes ambitions. Au départ, c’est une histoire de passion et d’aviation. JeanChristophe Zufferey est alors champion suisse de voltige, catégorie «Advanced». Dans le labo, il y a aussi un autre ingénieur en microtechnique, Antoine Beyeler, qui

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L’eBee en un clin d’œil Ce drone, avec ses ailes profilées en mousse souple, pèse 670 grammes. Il est équipé d’un appareil photo haute définition (16 MP) et d’un autopilote propriétaire intégré, ainsi que d’un logiciel intuitif de pilotage, de contrôle et d’analyse des vols. Un logiciel professionnel traitant les images aériennes complète la panoplie de cette drôle d’abeille et permet de produire des cartographies géolocalisées ultra-précises en 2D ou en 3D. Il possède, selon le modèle, une autonomie de 30 à 45 minutes. Prix: 10 000 francs pour le modèle 2D et 20 000 pour le modèle 3D.

détient lui aussi une licence de pilote privé. «Antoine finissait sa thèse, il cherchait un job, raconte Jean-Christophe Zufferey. On a décidé de fonder une start-up. Mais on s’est dit qu’il fallait qu’on se mette avec une équipe de copains, qu’on ait du plaisir à passer du temps ensemble, parce qu’on pensait que ça n’allait probablement pas marcher. Cyril Halter, physicien et ancien pilote Swissair, Andrea Hildebrand, une ingénieure née dans une famille d’aviateurs, ainsi que Dario Floreano, le professeur du laboratoire, deviennent ainsi les cinq cofondateurs de senseFly, une SARL. «Notre expérience du vol nous a certainement permis d’appréhender le développement de nos drones avec plus de sensibilité et

Frais, beau, durable, résistant, coulant, fiable. Avec son réseau de concessionnaires, Presyn propose un vaste assortiment de bétons, de mortiers et de chapes fluides pour les applications les plus diverses. Une qualité irréprochable éprouvée pour la construction. Découvrez par vous-même notre valeur ajoutée: www.presyn.ch

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«Un capteur de flux optique installé sur l’eBee permet d’atterrir de façon très précise et de réagir intelligemment face aux obstacles imprévus du relief.»

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d’intelligence que certains de nos concurrents, constate le jeune quadra. On trouve peut-être plus vite des solutions parce qu’on a le ressenti. Même si, au départ, on a commencé à les vendre sans savoir quelle application leur donner.» Les perspectives de développement de la cartographie aérienne s’imposent finalement à eux. Et le succès ne se fait pas attendre. L’entreprise, désormais filiale de Parrot, annonçait un chiffre d’affaires de 8 millions de francs en 2013. Et si le groupe Parrot, qui emploie plus de 800 personnes dans le monde pour un chiffre d’affaires de 280 millions d’euros en 2012, détient la majorité de l’entreprise, le management reste une affaire amicale et helvétique. «L’équipe de départ est restée soudée, même si nos tâches ont évolué vers la gestion. Et le savoir-faire, bien que nous bénéficions des apports technologiques de Parrot, reste suisse. La comparaison est peut-être un peu osée, mais nos drones empruntent aux montres. Tout se joue sur une bonne intégration des parties mécaniques, électroniques et software.» Grâce à l’avènement des systèmes d’information géographique, à l’instar de Google Earth, les drones ont pris leur envol. En 2012, un rapport de l’Astrae, un programme britannique d’évaluation des technologies, estimait ce marché à 62 milliards de dollars par an à partir de 2020. Aujourd’hui leader dans ce domaine, senseFly compte bien poursuivre ses innovations. «On veut développer de nouveaux marchés, comme l’agriculture», explique le directeur de cette PME en pleine expansion. Mais sans jamais perdre de vue ce coin de ciel bleu,

Le drone est équipé d’un appareil photo pour permettre la réalisation de cartographies.

à l’origine de tant de passion. Jean-Christophe Zufferey et deux des cofondateurs passent leur licence d’hélicoptère. D’ailleurs, il se murmure que le prochain bébé de senseFly, qui devrait sortir d’ici à la fin de l’année, pourrait bien avoir troqué ses ailes contre des hélices. ●


réalisation

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Ragusa en dix étapes

Reconnu comme un emblème des chocolats suisses, le Ragusa, créé par Camille Bloch il y a plus de 70 ans, a conquis le cœur des consommateurs en Suisse mais aussi à l’étranger. TEXTE NATHALIE PRAZ

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Le Ragusa blond, késako ? Ce n’est pas un chocolat blanc, mais une spécialité Ragusa au goût prononcé de caramel. Deux couches fines de couverture blonde couvrent un intérieur praliné, enrichi de noisettes entières. Sa couleur jaune or lui confère son nom et un design plus féminin.

La création du petit dernier Lors d’un séjour au Canada en avril 2013, l’actuel PDG, Daniel Bloch (troisième génération), découvre le chocolat blond. Conquis, il décide d’adapter l’idée et de créer le Ragusa Blond. Le produit a été lancé en moins de six mois.

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La déclinaison de la gamme Pour atteindre les 28 millions de francs de chiffre d’affaires que représente Ragusa (40% des ventes totales en tonnes de la société), la gamme s’est élargie : 1979, le format tablette ; 2000, le Monopraliné ; 2008, le Noir ; 2014, le Blond.

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A la conquête de l’Europe La société Camille Bloch (Ragusa, Torino, etc.), avec ses 180 collaborateurs, fabrique 3600 tonnes de chocolat, dont 1400 de Ragusa par an. Près de 25% de la production est exportée en Allemagne, en France, en Italie, en Autriche et au Danemark.

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1

A l’origine, une envie d’entreprendre En 1929, un représentant en chocolat Tobler décide de se mettre à son compte. Il s’appelle Camille Bloch et s’apprête à lancer une marque désormais incontournable en Suisse : Ragusa, un nom inspiré par la ville de Raguse, aujourd’hui Dubrovnik, en Croatie.

2  10

De l’artisanat au professionnalisme II débute, dans son garage, avec une production artisanale sur la base de masse de cacao. Comme il veut maîtriser l’entier du processus de fabrication, des locaux adaptés sont nécessaires. En 1936, la société s’installe donc à Courtelary (Jura bernois), où elle est encore aujourd’hui.

Et l’avenir Camille Bloch s’attend à une croissance en 2014 grâce au lancement du Ragusa Blond. L’entreprise, qui veut rester familiale, a comme objectif une croissance modérée principalement dans les pays limitrophes à la Suisse. Elle veut aussi conserver une production 100% suisse.

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Le ski comme sponsor, évidemment Pour coller à la tradition suisse et dans l’esprit de la gourmandise qui se mange à l’extérieur, sponsoriser le ski est un choix tout naturel. Le caractère franc et la fraîcheur de la blonde Lara Gut s’imposent donc à la marque.

25 g

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mini

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Des tailles adaptées à la société actuelle En 1979, une tablette de 100 g pour une consommation en famille est lançée. Les consommateurs préfèrent aujourd’hui des petites portions : on trouve donc les barres de 50 g et 25 g et la nouveauté pour 2015, le format mini, comme mignardises.

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Un remontant pour les gens qui bougent Les barres de Ragusa, nées en 1942 et dont la taille initiale était de 50 g, avaient pour vocation de satisfaire les travailleurs œuvrant à l’extérieur et les sportifs, d’où le poids important couplé à un format de poche.


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explications

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Comment bien préparer sa tournée promotionnelle à l’étranger De nombreuses PME actives dans des secteurs variés choisissent de réaliser des voyages pour se faire connaître de nouveaux consommateurs ou pour créer des contacts avec des importateurs locaux. Une opération qui nécessite une bonne préparation, mais dont les retombées peuvent se révéler positives à moyen terme.

JENNER / FOTOLIA.COM

TEXTE WILLIAM TÜRLER

C’

est devenu une habitude. A tour de rôle, les cantons romands se rendent en Chine, au Brésil ou au Moyen-Orient dans le cadre de délégations composées d’entreprises locales, d’organismes publics et de conseillers d’Etat. L’objectif, pour les PME,

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consiste notamment à profiter d’accès privilégiés pour rencontrer un maximum d’interlocuteurs et faire connaître leurs produits sur des marchés à fort potentiel de croissance. Les entreprises désirant participer à une telle tournée promotionnelle peuvent s’adresser aux chambres du commerce ou aux organismes de promotion économique de leur canton, ainsi qu’à des institutions de la Confédération, comme Switzerland Global Enterprise (lire encadré). Elles peuvent aussi le faire par le biais d’associations professionnelles, voire de sponsors privés. A la fin du mois d’avril de cette année, l’Office des vins vaudois (OVV) s’est par exemple déplacé avec six domaines à Shanghai et à Hongkong afin de faire connaître ses crus aux consommateurs locaux. Une opération de promotion résultant d’un partenariat récemment établi entre l’OVV et la manufacture Hublot, initié respectivement par deux amis de longue date: Pierre Keller, directeur de l’Office des vins vaudois, et Jean-Claude Biver, président du conseil d’administration de la société horlogère vaudoise.


explications Le but du déplacement consistait à offrir aux vignerons vaudois – en l’occurrence, Cyril Séverin (Domaine du Daley), Blaise Duboux (Domaine Blaise Duboux), Catherine Cruchon (Domaine Henri Cruchon), Luc Massy (Domaine Clos du Boux) et François Schenk (Domaines Schenk) – la possibilité de créer ou de consolider des contacts avec des importateurs chinois. «En Chine, on connaît les montres, le chocolat et les banques suisses, mais pas encore les vins», souligne Pierre Keller. Afin de combler cette lacune, un programme sur trois jours a été mis en place pour augmenter la visibilité du vignoble romand dans les médias et auprès de la population chinoise, en se servant notamment de la force de frappe d’Hublot au niveau international. La tournée comprenait une journée de dégustation, qui a réuni une cinquantaine de journalistes et de professionnels de la branche au Napa Wine Bar, un restaurant situé dans le Bund, à Shanghai, et tenu par le Suisse Philippe Huser. Une

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autre dégustation en présence des clients de la manufacture horlogère a eu lieu dans les salons du W Hotel, à Hongkong. Enfin, un «volet diplomatique» accompagné d’une réception et d’une dégustation à l’attention des importateurs clés de Hongkong a eu lieu à la résidence du consulat suisse. Pour le vigneron Blaise Duboux, ce type d’action promotionnelle, contextualisée dans un cadre helvétique et exclusif, permet de mieux se démarquer que par le biais d’un simple stand au sein d’une grande foire internationale, où, selon lui, en tant que Suisse, on peut facilement se noyer dans la masse et où le réseautage se révèle plus difficile. De son côté, Pierre Keller a souvent appliqué cette méthode consistant à se faire d’abord connaître à l’étranger, puis en Suisse, notamment lorsqu’il dirigeait l’ECAL. «C’est souvent dans ce type d’opération que l’on renforce ses contacts helvétiques, dit-il. On réseaute souvent entre Suisses à l’étranger.» Cette collaboration entre les deux institu-

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En Asie, Hongkong se profile parmi les meilleures capitales lorsqu’il s’agit de tester un produit et de le lancer.

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explications

PHOTOS: OVV VINSANITY ET DR

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L’Office des vins vaudois (OVV) s’est déplacé ce printemps à Shanghai afin de faire connaître ses crus aux consommateurs locaux. De gauche à droite: Pierre Keller (président de l’OVV), Cyril Séverin (Domaine du Daley), François Schenk (Domaines Schenk), Luc Massy (Domaine Clos du Boux), Catherine Cruchon (Domaine Henri Cruchon), Nicolas Joss (directeur de l’OVV) et Blaise Duboux (Domaine Blaise Duboux).

tions fermement ancrées sur La Côte vaudoise a été reconduite dans différentes lieux cette année, comme à Saint-Pétersbourg, en collaboration avec le consulat général de Suisse à l’occasion des 200 ans des relations diplomatiques entre la Russie et la Suisse, ou à Rio, lors du récent Mondial. A cette occasion, les deux partenaires ont fait équipe avec Présence Suisse, selon une répartition des tâches bien précise: l’OVV fournissait les vins, Présence Suisse assurait le transport et Hublot s’occupait de la communication. Différents partenaires possibles En fonction des pays où il se déplace dans le cadre de divers événements (Jeux olympiques, expositions universelles, championnats du monde), l’organisme responsable de l’image de la Suisse à l’étranger se trouve en contact avec diverses PME intéressées par les marchés concernés. «Nous leur proposons une intégration dans nos programmes de partenariat, qui ont différents niveaux», relève le responsable de projet Alexandre Edelmann. Le tissu économique suisse représente ainsi un partenaire essentiel dans

les activités de l’organisme, tant du point de vue du financement que de celui du contenu présenté lors des événements. Par exemple, la construction, l’ameublement et le design de la plateforme promotionnelle «House of Switzerland» ont été réalisés avec des entreprises suisses. De son côté, par le biais de ses 21 antennes Swiss Business Hubs, généralement intégrées aux ambassades suisses, Switzerland Global Enterprise propose aux sociétés s’intéressant à un marché étranger un large réseau d’expertise. En partenariat avec les entreprises, les cantons et le gouvernement suisses, l’organisation met sur pied en moyenne quatre voyages par année sur mandat des cantons romands. «L’année passée, par exemple, nous avons organisé un voyage à Singapour et en Malaisie», souligne Sylvain Jaccard, directeur pour la Suisse romande. «Cela a été l’occasion pour un parc technologique romand d’entrer en discussion avec un technopark de Singapour en vue d’une éventuelle coopération. Ce voyage a aussi permis à une entreprise romande fabriquant de la literie d’exception FOCUS PME


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Réussir son voyage promotionnel

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Définir un marché cible sur lequel le produit, ou le service, proposé représente une nouveauté ou une plus-value. Eventuellement, l’adapter aux goûts locaux.

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Bien planifier en amont. Défricher le terrain. Par exemple, si l’on recherche un distributeur pour un produit, il convient d’investiguer avant de partir.

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Une fois la liste des partenaires éventuels réalisée, la proposer à l’organisateur, qui pourra mettre sur pied les rendez-vous durant le voyage.

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Pour organiser sa tournée, il est recommandé de s’adresser aux chambres du commerce, aux organismes de promotion économique, à Switzerland Global Enterprise, à des associations professionnelles ou à un sponsor privé.

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Concernant le budget, il convient de compter entre 3000 et 5000 francs pour un voyage de cinq jours. Les frais sont généralement répartis comme suit: les transports internationaux et l’hébergement sont à la charge de l’entreprise, le reste aux frais du canton ou de la Confédération, selon l’organisateur. A noter qu’il est souvent possible d’obtenir des réductions de groupe, notamment pour les chambres d’hôtel.

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de se familiariser avec le marché, de rechercher un site optimal pour s’implanter et de rencontrer des distributeurs potentiels.» En Asie, Hongkong se profile parmi les meilleures capitales lorsqu’il s’agit de tester un produit et de le lancer. «On dit souvent que ce qui se vend à Hongkong se vendra en Chine», relève le responsable du hub, Frank Eggmann. Depuis son ouverture en octobre 2012, l’antenne a eu l’occasion d’accompagner une vingtaine d’entreprises helvétiques, que ce soit pour l’organisation d’événements, pour un établissement, pour des conseils juridiques, la recherche de distributeurs, la réalisation d’études de marché, le recrutement ou la préparation de divers rendez-vous.


explications

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Switzerland Global Enterprise : un interlocuteur introduit «Pour une entreprise, le but d’un voyage de ce type est de se faire une idée précise du potentiel du marché pour ses produits et d’amorcer des contacts sur place pour se faire un réseau», relève Sylvain Jaccard, directeur pour la Suisse romande de Switzerland Global Enterprise. «Nous veillons particulièrement à ce que les participants puissent rencontrer un maximum de clients ou de partenaires potentiels ainsi que des représentants des autorités.» L’organisation collabore également avec ses partenaires réseau sur place (Chambres de commerce, associations professionnelles, ministères, experts privés) et organise des entretiens individuels. Elle prend en outre contact avec la communauté d’affaires suisse présente sur les marchés en question. Enfin, elle fournit aux participants des renseignements concrets en amont du voyage: grandes lignes sur les opportunités commerciales, indicateurs de l’économie nationale, dispositions douanières, environnement fiscal, pratiques et usages commerciaux, etc. Les coûts varient passablement selon les pays. Pour la Chine par exemple et pour une vingtaine de participants, il faut compter environ 4 500 francs pour tout le paquet, à savoir l’organisation du programme,

Evaluer le potentiel Afin de mieux positionner leur entrée sur le marché, les responsables des antennes locales doivent, dans un premier temps, établir une base de confiance avec les dirigeants de PME qui prévoient un mouvement à l’étranger. Pour ce faire, il leur faut connaître de manière approfondie les produits de l’entreprise. Ils se rendent généralement plusieurs fois par année en Suisse afin de visiter les sociétés et de rencontrer les divers mandataires. «Le lancement d’un produit passe par l’étape préalable d’une évaluation de son potentiel», résume Frank Eggmann. Il s’agit notamment de savoir s’il existe des produits similaires, ainsi que d’évaluer le positionnement de la concurrence, voire d’adapter le produit aux goûts locaux. Une fois la stratégie et le budget approuvés par la PME, le hub se charge de lancer le produit ou l’idée par la création d’un événement adéquat. Le type d’approche ou d’événement est toujours déterminé en fonction du type de produit et des habitudes de consommation locales. Il est, par exemple, inutile de vouloir imposer une marque dans une métropole souffrant d’une saturation de produits étrangers identiques. Parmi les entreprises romandes assistées par l’organisme dans la recherche de partenaires, de distributeurs, ou en vue d’une implantation figurent notamment les vins du Domaine Burnier, des écoles hôtelières ainsi que des entreprises actives dans l’informatique ou dans l’horlogerie. En ce qui concerne les tarifs, la première heure fait partie du service public et n’est donc pas facturée. Toutes les entreprises suisses ou du Liechtenstein y ont droit. Par la suite, les mandants sont facturés sur la base d’un émolument de la Confédération, variant selon l’ampleur du mandat et du temps consacré, pour une moyenne d’environ 1 200 francs par jour.

les vols et l’hôtel pour sept jours. En principe, l’association facture un prix fixe pour la tournée proprement dite, les transferts entre sites visités, le logement et les services d’interprète. De leur côté, les entreprises se chargent de réserver leurs vols et d’acquitter les frais d’obtention de visas. A noter que les membres de l’organisation bénéficient de réductions.

D’une pierre deux coups Du côté de la promotion économique du canton de Fribourg, on relève que ces opérations promotionnelles permettent également de faire d’une pierre deux coups, en favorisant la signature de contrats-cadres. Ce fut par exemple le cas en 2011, lors d’un voyage dans la province du Zhejiang, située FOCUS PME


au sud de Shanghai. Parmi les entreprises fribourgeoises figuraient notamment le fabricant de planches à repasser Laurastar, Frewitt, une société active dans le broyage de poudres, ou Cremo (produits laitiers). Le programme comprenait notamment une présence à la foire chinoise de biens de consommation de Ningbo, au sein d’un pavillon suisse. Et le canton de Fribourg ne va pas s’arrêter là: en mai 2015, il prévoit une nouvelle mission politico-économique au Brésil, qui comprendra entre 25 à 40 membres et une vingtaine d’entreprises. Pour sa part, la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) collabore fréquemment avec le canton dans le cadre de missions économiques organisées par le Conseil d’Etat dans divers pays cibles, tels que la Russie (2009), la Chine (2010), la Corée du Sud (2011), le Japon (2012) et Singapour (2013). Le prochain pays sur la liste, en 2015, sera la Turquie. «Nous soutenons ces tournées en participant au voyage, mais aussi en organisant dans nos locaux des séances d’information pour les entreprises intéressées», relève le porte-parole du CVCI Philippe Gumy. Parmi les entreprises ayant pris part à ces différentes tournées figurent notamment la société Elite (matelas), à Aubonne, qui a prospecté les palaces moscovites, l’Avenue Digital Media, à Prilly, active dans les images animées et qui s’est rendue en Corée du Sud et au Japon, ainsi que l’ébénisterie Wider, à Clarens, ou encore Breew, une société de communication digitale basée à Lausanne, qui se sont rendues toutes deux à Singapour. Pour sa part, BG Group, une entreprise d’ingénieurs-conseils basée à Lausanne, a participé, au printemps dernier, à une mission économique en Arabie saoudite mise sur pied par la CVCI et economiesuisse. Des retombées indirectes «Selon la durée du voyage et les éventuels frais de déplacement à l’intérieur du pays, les coûts totaux se montent entre 4000 et 10 000 francs par entreprise», relève Philippe Gumy. En ce qui concerne les retombées, la CVCI ne réalise pas de suivi mais constate que certaines sociétés participent à plusieurs voyages, ce qui laisserait entendre que l’investissement apparaît rentable pour

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elles. Les retombées peuvent être concrètes. Mais ces voyages sont aussi un moyen de créer de nouveaux contacts en ouvrant des portes au niveau politique et dans les administrations, que les entreprises auraient de la peine à ouvrir autrement. Ils peuvent également permettre de parfaire son image sur le long terme, voire, simplement, de prendre la température d’un marché. «Ce type de voyage permet de discuter avec des responsables politiques qui peuvent aiguiller, conseiller ou jouer le rôle de personne de contact, relève Philippe Gumy. Ce n’est pas un mince service tant la structure des administrations et la culture peuvent être différentes dans d’autres pays. Cela permet aussi de sentir le marché et, pourquoi pas, d’abandonner l’idée de s’y installer si on ne le sent pas. L’investissement modique dans ce type de mission coûtera alors moins cher qu’une expérience in situ qui se solderait par un échec.» ●

Quelques liens utiles pour bien se préparer et trouver du soutien: • www.s-ge.com • www.cvci.ch • www.promfr.ch

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CARRIÈRE

Le temps de l’audace La carrière professionnelle n’est plus aussi linéaire que par le passé. Les employés d’aujourd’hui doivent composer avec des hauts et des bas, dans un contexte qui ne laisse guère de place à la sérénité. Dès lors comment la retrouver? TEXTE MAXIME MORAND

S

i nous devions donner une représentation du temps tel que le conçoit notre cerveau, nous dessinerions le plus souvent une flèche en forme de courbe qui se dirige vers le haut. Autrement dit, l’image de la croissance. Tendre au mieux, au « plus », aspirer à un certain épanouissement personnel tout en recherchant la réussite professionnelle. Les parents de la génération des Trente Glorieuses souhaitaient, plus que tout, que leurs enfants bénéficient d’une éducation leur permettant d’accéder à des formations supérieures (diplômes), et ce, afin d’avoir des revenus plus importants que les leurs. Ils estimaient en effet qu’ainsi un plus grand confort serait garanti et, partant, un plus grand bien-être; de même qu’en cas de problèmes de santé, les moyens financiers à disposition seraient suffisants pour recevoir les soins nécessaires. Les attentes changent Mais, depuis quelques années, ce « schéma linéaire ascendant  », qui sous-tend encore nos projets – avec les promesses et les risques qu’ils supposent –, tend à éclater en une série de flèches droites partant en tous sens : vers le haut, mais aussi vers le bas, voire sous la forme d’un plan vertical infini ponctué de soubresauts plus ou moins rapprochés. Si on analyse plus en détail les caractéristiques de ces derniers, on s’aperçoit que les flèches ne sont pas systématiquement reliées entre elles. Il y a des vides, des manques. En d’autres termes, à un certain équilibre entre vie personnelle et ambition professionnelle se substituent des parcours en ruptures. Les changements de

filière, de métier, de lieu d’habitation, de partenaire s’inscrivent aux abonnés absents de la cohérence constante en ascension. De nombreuses interrogations interviennent au cours d’une vie professionnelle : « Lorsque mon parcours est stoppé, ou se voit tout du moins chamboulé, comment vivre cette rupture, le passage à l’étape suivante ? » « Comment puis-je rester serein alors que mon avenir demeure incertain ? » « Comment faire face, gérer les multiples possibles qui s’offrent à moi ? » Un accompagnement extérieur ne suffit pas Toutes ces questions amènent la personne en situation professionnelle transitoire à se demander, in fine : «Comment appréhender ce changement de cap, cette sensation de vertige?» C’est souvent à ce moment-là qu’interviennent les spécialistes des ressources humaines. Toutefois, les conseils qu’ils peuvent donner ne sauraient être suffisants. En effet, si certains aspects peuvent être abordés – quelle rémunération, quelle sécurité, quelles responsabilités familiales, quelles images sociale et professionnelle, etc. –, l’aspect émotionnel (angoisse de ne pas trouver un travail répondant à ses attentes, par exemple) n’est malheureusement guère considéré. Le temps de l’introspection Pour avancer dans ce cheminement et retrouver une dynamique positive, il est nécessaire de s’interroger sur sa «raison d’être, d’exister», d’effectuer un travail sur soi. Il faudra notamment se demander quelle posture adopter: celle que l’on semble attendre de nous ou, au FOCUS PME


Maxime Morand se définit comme un spécialiste 35 des «humains en ressources». Il accompagne des leaders et des cadres, soit individuellement, soit en équipe, en tant que formateur de proximité. Après plus de vingt ans en tant que directeur des ressources humaines de trois établissements bancaires, cet ancien prêtre devenu philosophe de terrain a lancé «Provoc-Actions». www.provoc-actions.com

contraire, celle que nous considérons comme correspondant à nos propres valeurs. Jouer un rôle – donnant la priorité à une certaine sécurité financière (ou se respecter soi-même) – en prenant le beau risque de n’être que cela, tout cela. Il faudrait, dans ces moments d’incertitude, entrer littéralement en «dépression»; en clair, ne pas se mettre la pression. A ce stade, il est primordial de ne pas se raconter de fausses «raisons d’être au monde», de «ravaler» sa fierté et d’accepter de voir les choses en face et, partant, d’accueillir sa solitude fondamentale. Dans le cercueil, sauf erreur, nous serons seul... Et, sachant cette ultime frontière, choisir enfin de prendre en main le cours de sa vie. Pour parvenir à cette introspection, tout individu devrait trouver ou redécouvrir un espace de sécurité: un lieu dans lequel il se sent en paix, en harmonie avec lui-même. Lorsqu’il se trouvera dans cet endroit – un peu comme dans une citadelle imprenable ou un sanctuaire –, l’individu pourra se recueillir. Ses énergies, denses et sereines, lui permettant d’être à l’écoute de ses émotions et ainsi d’habiter pleinement son propre espace-temps. Mais, pour que ce recueillement soit utile sur le long terme, il faudra garder ce lieu présent dans son esprit afin de pouvoir le «convoquer» à chaque fois qu’un sentiment d’angoisse apparaît. Et d’être en mesure d’accueillir à nouveau les sensations positives alors vécues. Les plus technophiles pourront se servir de leur smartphone pour se replonger dans ce lieu de quiétude… Au cœur de la «dé-pression» se trouve ainsi, grâce à sa base de sécurité, la jubilation d’existence, la fierté et le plaisir d’être soi. Libre et indépendant, fondé, l’individu va devenir attirant. Et, la prochaine étape, le prochain travail ou partenaire viendront à lui. Et, pour les plus sceptiques, rappelons ici ce que Goethe dit du «pouvoir de l’engagement»: dès le moment où l’on s’engage pleinement, où l’audace est présente, tout concourt au succès et les objections volent en éclats. ● FOCUS PME


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MANAGEMENT

Former une équipe gagnante grâce aux qualités individuelles Pour faire face aux nouveaux défis économiques, l’attention des dirigeants s’est portée avant tout sur des aspects techniques. Cependant, le management des collaborateurs reste sous-exploité. Les dirigeants lui accordent une attention marginale. A tort. Voici quelques clés pour y remédier. TEXTE PIERRE TAURIAN ET MICHEL DE GIROLAMO

lean manufacturing, de Six Sigma ont profondément changé les organisations. Ces changements ont touché, ces trente dernières années, d’abord les secteurs les plus compétitifs, mais ont aujourd’hui aussi un impact sur les administrations publiques (new public management). Pourtant, le management des collaborateurs a peu évolué. Il y a bien quelques entreprises innovantes qui essayent de le remettre en question et de tenter des approches nouvelles, mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Quel impact pour les PME? De façon générale, chaque collaborateur a aujourd’hui un ensemble de compétences uniques. Il est donc difficile de le remplacer. Pour les PME dont le succès dépend de quelques personnes clés, l’impact peut être considérable. Le management des collaborateurs prend une place stratégique tant pour réaliser les objectifs du conseil d’administration que pour minimiser les risques.

HULTON ARCHIVE / ISTOCK PHOTO

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u début de l’ère industrielle, l’environnement technologique et économique était simple. Il était facile de recruter et de former une main-d’œuvre paysanne pour des tâches répétitives d’ouvriers ou d’employés. Les collaborateurs étaient considérés comme une ressource et comme interchangeables. Les entreprises attachaient peu d’importance à la gestion de leurs collaborateurs. Aujourd’hui, la complexité est croissante dans tous les domaines de l’entreprise: évolution technologique exponentielle, internationalisation, compétition féroce, carcan réglementaire, gestion en juste-à-temps, accélération des changements, etc. Les entreprises s’adaptent en permanence pour faire face à ces défis et pour répondre à la demande des clients pour des produits/services segmentés. Les approches d’organisation, de supply chain, de management de la qualité, de management de l’innovation, de

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Pierre Taurian et Michel de Girolamo sont les fondateurs de Talengis, entreprise spécialisée dans le conseil en ressources humaines et le recrutement de talents. Membres d’InterSearch, ils participent également à des projets internationaux de transformation et d’aide aux entreprises. www.talengis.com

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précisions La Coupe du monde de football, qui a eu lieu cette année, nous permet de tirer un parallèle entre le monde du sport collectif et le milieu professionnel. Pour bâtir une équipe gagnante, il ne suffit pas d’engager des vedettes, il faut fondamentalement pouvoir développer une performance collective qui soit supérieure à la somme de celles de ses individualités. Pourtant, bien des dirigeants de PME pensent à la gestion administrative du personnel et néglige la dimension centrale et stratégique pour l’entreprise du management des collaborateurs. En reprenant l’exemple d’une équipe de football, le rôle du coach est de choisir et de développer les joueurs, et de bâtir le meilleur collectif (l’équipe) pour pouvoir répondre aux enjeux spécifiques de chaque match. Le coach passe l’essentiel de son temps en dehors des matches à construire son équipe et à coacher ses joueurs; en revanche, pendant les matches, il est avant tout un spectateur qui n’intervient que sur des corrections tactiques. Cela devrait interpeller les dirigeants de PME qui, à l’inverse, consacrent la majorité de leur temps à la gestion opérationnelle. Un filon inexploité Les PME sont déjà engagées dans des programmes de transformation et les mesures faciles ont été prises. Des améliorations restent toujours possibles, mais toute action future demandera plus d’efforts pour moins de résultats. Le management humain reste la dernière frontière. C’est un territoire relativement vierge dans lequel les premiers à s’engager gagneront un avantage concurrentiel important. Basé avant tout sur des intangibles, c’est un domaine complexe où les attitudes, les comportements et la manière tiennent plus de place que les méthodes et les processus. Les convictions, l’expérience et le savoir-être sont donc fondamentaux. Passons à la pratique Pour le dirigeant de PME et son équipe de direction, la première étape est de se focaliser sur le management des collaborateurs. Progressivement, il s’agit de consacrer plus de temps à s’occuper des collaborateurs et des équipes et, en parallèle, passer du «faire» au

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«faire faire». D’un point de vue stratégique, quelques principes sont importants: 1. Montrer la voie

• Développer une vision et une mission pour l’entreprise qui fassent sens et qui mobilisent les collaborateurs. • Mettre en place une culture d’entreprise qui permet de réaliser cette vision. En particulier, cette culture d’entreprise se base sur les valeurs et les comportements essentiels pour réussir. • Communiquer et montrer l’exemple pour que chacun l’intègre totalement. 2. Anticiper les besoins et planifier

L’environnement économique est plus changeant que par le passé et les entreprises se doivent de réagir rapidement. Ce besoin d’immédiateté se heurte aux cycles humains, qui sont beaucoup plus longs; par exemple, plusieurs mois sont nécessaires pour recruter un nouveau collaborateur et celui-ci ne donnera son plein potentiel qu’après plusieurs années. Pour être prêt à faire face aux défis futurs, il devient nécessaire de préparer l’entreprise: • Anticiper et se poser les bonnes questions… Quelles sont les compétences nécessaires pour réaliser les objectifs stratégiques? Quand faut-il les activer (planning prévisionnel)? Comment puis-je préparer mes équipes à ces défis futurs? Quels sont les risques de départ des personnes clés (probabilité et conséquence)? • Planifier la relève et les successions avec des plans de recrutement et des plans de développement des collaborateurs pour avoir les bonnes compétences en temps voulu. 3. Attirer et retenir les talents

• Agir sur l’attractivité de l’entreprise: image de l’entreprise, contenu des postes, opportunité de développement et de carrière, environnement de travail motivant, rémunération compétitive, etc. • Créer les conditions-cadres qui vont fidéliser les collaborateurs: vision d’entreprise, valeurs, intérêt du poste et des projets, responsabilité et autonomie, qualité du management, etc. FOCUS PME


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4. Développer les performances

Il faut passer plus de temps à s’occuper de ses collaborateurs et de ses équipes

• Fédérer l’ensemble des collaborateurs autour de buts communs (les objectifs stratégiques de l’entreprise) et aligner leurs objectifs individuels sur ces buts. • Rendre chacun coresponsable du coaching / mentoring: du cadre vers son équipe, du spécialiste vers les nonspécialistes, du senior vers le junior, etc. • Fixer des objectifs comportementaux individuels alignés sur les valeurs que l’entreprise veut promouvoir. • Fixer des objectifs opérationnels SMART (spécifiques, mesurables, ambitieux, réalistes et temporels). • Faire des revues de performances une part intégrante des activités ordinaires et régulières de management, et non un exercice de style annuel purement administratif.

En conclusion Dans les relations humaines, la manière d’aborder un problème est essentielle. Il ne sert à rien de mettre en place de beaux processus et outils s’ils sont employés sans enthousiasme et conviction. Mettre en œuvre cette vision du management des collaborateurs ne peut pas être un effet de mode mais exige un engagement à long terme. Elle demande de la constance, de la patience et une cohérence entre paroles et actes. Le dirigeant de PME a tout intérêt à faire appel à une expertise stratégique, pragmatique et humaniste pour le conseiller et l’aider. L’impact sur les succès futurs et sur la pérennité de l’entreprise est bien réel et loin d’être négligeable. Après deux à trois années, il sera positivement visible tant sur les résultats financiers que sur la valeur de l’entreprise. ●

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DROIT DU TRAVAIL

Négocier un plan social en cas de licenciement collectif: une nouvelle obligation Négocier un plan social est dorénavant obligatoire. Cependant, il n’est pas toujours aisé de comprendre ce qui se cache derrière un article de loi. Décryptage. TEXTE MARIE-GISÈLE DANTHE

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epuis le 1er janvier 2014, le plan social a fait son apparition en droit suisse. De nouvelles dispositions prévoyant l’obligation de négocier un plan social en cas de licenciement collectif ont en effet été introduites dans le Code des obligations (art. 335h à 335k CO). Il paraît utile dans ce contexte d’aborder les questions relatives au plan social tout en rappelant les règles générales applicables en cas de licenciement collectif. 1. La notion de plan social Selon l’art. 335h CO, «le plan social est une convention par laquelle l’employeur et les travailleurs fixent les moyens d’éviter les licenciements, d’en limiter le nombre ou d’en atténuer les conséquences». La définition légale est volontairement brève et générale, ne précisant pas la nature des mesures possibles. Les moyens utilisés pourront donc être de nature variée: mise en place de délais de congé plus courts pour les travailleurs que pour l’employeur ou prolongation des délais de congé, cours de reconversion payés, service de placement, compensation de salaire en cas d’affectation à un autre poste, contribution aux frais de déplacement pour se rendre à un nouveau poste de travail, droit à une indemnité de licenciement, droit à des prestations pour charge de famille ou pour cas de rigueur,

prestations de pré-retraite, gratifications et autres prestations comparables. 2. L’obligation de négocier un plan social La négociation d’un plan social ne vise pas toutes les entreprises. Selon l’art. 335i CO, l’employeur n’est tenu de mener des négociations en vue d’établir un plan social que si deux critères sont remplis: d’une part, l’entreprise doit employer habituellement au moins 250 travailleurs et, d’autre part, l’employeur doit prévoir de résilier le contrat d’au moins 30 travailleurs dans un délai de trente jours pour des motifs de gestion non inhérents à leur personne. La loi interdit par ailleurs l’échelonnement dans le temps des licenciements en vue d’éviter la mise en place d’un plan social. Les licenciements qui sont étalés dans le temps mais dictés par les mêmes motifs seront donc additionnés. Lorsque les conditions sont réunies, l’employeur devra négocier un plan social avec les syndicats liés par une convention collective de travail s’il est partie à cette convention, avec la représentation des travailleurs ou directement avec les travailleurs, à défaut de représentation des travailleurs. Si les négociations échouent, l’art. 335j CO prévoit qu’il y a lieu de saisir un tribunal arbitral qui définira un plan social obligatoire. Les parties pourront alors recourir à un office cantonal de conciliation ou à un tribunal arbitral conven-

CODE DES OBLIGATIONS

CODE DES O

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41 Marie-Gisèle Danthe est spécialiste et formateur FSA en droit du travail. Cette avocate, membre de l’ordre des avocats vaudois, travaille au sein de l’étude Bourg8 à Lausanne. www.bourg8.ch

tionnel institué par la convention collective de travail. Elles pourront aussi soumettre le litige à un tribunal arbitral privé. La loi pose toutefois des limites à l’obligation de négocier un plan social. Ce plan ne doit évidemment pas mettre en danger l’existence de l’entreprise. Par ailleurs, les nouvelles règles prévues par le Code des obligations ne sont pas applicables lorsque le licenciement collectif intervient pendant une procédure de faillite ou une procédure concordataire qui aboutit à la conclusion d’un concordat. Cette exception est justifiée car, en cas d’insolvabilité, l’entreprise n’a plus les ressources nécessaires pour financer un plan social.

OBLIGATIONS

3. Les règles applicables en cas de licenciement collectif Les dispositions sur le plan social obligatoire ne modifient en rien les règles relatives aux licenciements collectifs (art. 335d à 335g CO). En cas de licenciement collectif, l’employeur doit procéder à une consultation auprès de la représentation des travailleurs ou, à défaut, des travailleurs. Cette consultation vise à donner aux collaborateurs au moins la possibilité de formuler des propositions sur les moyens d’éviter les congés ou d’en limiter le nombre, ainsi que d’en atténuer les conséquences, mais n’implique pas l’obligation de conclure un plan social. Si, par la

suite, le projet de licenciement collectif se concrétise, l’employeur le notifiera par écrit à l’Office cantonal du travail. Pour rappel, l’art. 335d CO considère comme licenciement collectif les congés donnés dans une entreprise par l’employeur dans un délai de trente jours pour des motifs non inhérents à la personne du travailleur et dont le nombre est au moins: - Egal à dix dans les établissements employant habituellement plus de 20 et moins de 100 travailleurs; - De 10 % du nombre des travailleurs dans les établissements employant habituellement au moins 100 et moins de 300 travailleurs; - Egal à 30 dans les établissements employant habituellement au moins 300 travailleurs. En conclusion, la nouvelle réglementation introduisant le plan social concerne avant tout les entreprises d’une certaine taille, à savoir celles qui occupent au moins 250 collaborateurs. Dans ce domaine, le législateur a ainsi manifesté sa volonté de ne pas mettre de nouvelles obligations à la charge des petites et moyennes entreprises. Ces dernières restent cependant tenues de respecter les dispositions relatives au licenciement collectif si les seuils prévus par la loi sont atteints. ●

Licenciement pour motifs économiques Nombre de collaborateurs occupés dans l’entreprise

L’existence de l’entreprise ne doit pas être mise en danger par un plan social en cas de licenciement collectif

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Nombre de licenciements

Obligations à respecter

Moins de 20 Pas d’obligation Plus de 20 et moins de 100 En tout cas dix Procédure de licenciement collectif Au moins 100 et moins de 300 10% des collaborateurs Procédure de licenciement collectif Au moins 250 30 Procédure de licenciement collectif et plan social


inspirations

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Des idées venues d’ailleurs Six idées pour créer son entreprise analysées par les experts de Genilem, l’association de soutien à la création d’entreprise, avec un conseil et un taux de réussite pour l’implémentation du projet en Suisse romande. TEXTES NATHALIE PRAZ

CHERIE/ FOTOLIA.COM

Le marché parallèle des « jouets-surprises »

Une boutique de cigarettes électroniques La tendance du vapotage est déjà bien amorcée, d’où l’implantation de boutiques dans certaines grandes villes romandes. Mais la place est encore à prendre dans les villages. Avec un tiers de fumeurs en Suisse, les clients potentiels sont nombreux. Si internet et les kiosques permettent déjà de se fournir rapidement, les boutiques dédiées au vapotage peuvent, pour leur part, offrir une gamme plus étendue tant au niveau des vaporettes ou des accessoires que dans le choix des « liquides ». Les plus • Démocratisation du vapotage • Semble moins nocif pour la santé des fumeurs • Absence de mauvaises odeurs pour l’entourage • Très bon palliatif pour un grand fumeur

Quel enfant n’a jamais pleuré parce qu’à l’intérieur de son paquet-surprise, il n’avait pas ce qu’il espérait ? En amont de cette crise de larmes, on trouve, entre autres, les fabricants des Lego, Barbie ou Little Pony et leurs nombreuses gammes de minifigurines. Chaque enfant peut ainsi devenir collectionneur, au grand dam de ses parents... Comme le veut le principe, le paquet ne dévoile qu’une fois ouvert – donc acheté – de quelle figurine il s’agit. Et, avec ce système, son lot de « à double », voire « à triple ». Des entrepreneurs malins ont donc eu l’idée d’acheter au prix de gros ces minifigurines. Une fois emballé dans un sachet transparent, l’objet est vendu (avec le paquet d’origine et le dépliant) via internet, dans les kiosques et dans les épiceries de quartier, quelques francs plus cher que le « paquet-surprise » opaque. D’où une augmentation de la marge pour l’entrepreneur. Les plus • Sorte de recyclage • Intérêt financier pour le vendeur Les moins • Nous ne sommes plus dans le marché du jouet-surprise • Marge plus grande = moins de volume d’affaires

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de réussite en Suisse romande

Le conseil des experts de Genilem Idée à oublier

Les moins • Effet de mode ou réelle révolution de consommation ? • Vide juridique actuel • Retard de la Suisse par rapport à de nombreux autres pays de réussite en Suisse romande

Le conseil des experts de Genilem Mutualiser les boutiques d’e-cigarettes (nom, concept store, défense de la branche, front commun, etc.) Limiter au maximum les coûts d’implantation et les coûts fixes (par exemple, ne pas payer de pas-de-porte).

VITMARK / FOTOLIA.COM

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L’organisateur d’anniversaires pour chiens En Suisse, il y a plus de chiens que d’enfants… Pourtant, nombreux sont les particuliers ou les sociétés qui se lancent dans l’organisation d’anniversaires pour enfants. Mais lorsque l’on sait l’amour que portent les maîtres pour leur compagnon à quatre pattes, ainsi que les fortunes qu’ils dépensent ou seraient prêts à investir pour leur bonheur, on se dit que les Américains ne sont peut-être pas si fous que ce qu’il y paraît. De l’autre côté de l’océan, les dog party planners  (en français, les organisateurs de fêtes pour chiens) sont très tendance. Surtout pour un entrepreneur créatif qui peut proposer différentes formules : avec ou sans copains chiens, à domicile ou dans un espace extérieur loué pour l’occasion, avec un apéro dînatoire pour les accompagnants adultes... Un marché semble bel et bien se profiler à l’horizon, et ceci d’autant plus que l’accroissement de la population canine en Suisse semble se poursuivre. Les plus • Beaucoup de propriétaires de chiens • Augmentation du nombre de célibataires qui vivent avec un chien et qui ont un pouvoir d’achat certain Les moins • Masse critique de ce type de profil en Suisse romande suffisante pour viabiliser une telle activité ? • Soumis à passablement de concurrence indirecte avec les agences de conciergerie privée de réussite en Suisse romande

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Le conseil des experts de Genilem Service à proposer en parallèle avec d’autres services canins. Utiliser le « canal canin » pour un apéritif entre adultes peut être une astuce commerciale, pourquoi ne pas profiter de ce créneau pour mettre en place un outil de rencontre entre adultes (humains).

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Les jeunes mères connaissent bien ces micro-valises qu’elles reçoivent à leur retour de maternité, remplies de produits pour bébé. Le but ? Leur faire découvrir des marques et des produits en espérant qu’ils deviennent indispensables. Et si ces colis-surprises étaient destinés à une gamme plus large de prospects… Pour ce faire, l’entrepreneur doit, dans un premier temps, démarcher les marques afin d’obtenir des échantillons ou produits gratuits. Ensuite, il propose à des potentiels clients, pour une modique somme mensuelle ces kits (famille, un homme et une femme, personne âgée, etc.). Outre le démarchage classique, il peut s’aider des réseaux sociaux ou de liste d’e-mails. Finalement, en échange de ce colis bon marché, le « client bénéficiant du kit» s’engage à remplir un bref questionnaire (trois questions fournies par les marques pour chaque produit). L’entrepreneur, quant à lui, retourne les réponses aux marques en échange de nouveaux échantillons ou produits à faire tester, tout en réalisant un chiffre d’affaires. Les plus • Idéal pour la notoriété de nouvelles marques • Opportunité de valoriser un service d’échantillonnage et de placement de produits • Possibilité pour le bénéficiaire de tester des produits Les moins • Interdiction de vendre des échantillons gratuits • Gros travail de logistique (effort, infrastructure, etc.) • Payer pour obtenir des échantillons ?

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de réussite en Suisse romande

Le conseil des experts de Genilem Proposer un véritable service d’analyse de réponse du marché, pour des produits existants ou futurs, par le biais d’échantillons. Le business model devrait plutôt payer les consommateurs pour tester les échantillons et répondre aux questions posées.

RAMONA HEIM / FOTOLIA.COM

JAGODKA / FOTOLIA.COM

Un colis d’échantillons par mois


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Le « take away » sans gluten

DMITRIEVA DARIA / FOTO

LIA.COM

Les idées de business suivent largement les modes de vie et de consommation d’une société. Et, ces derniers temps, impossible d’ouvrir un magazine ou un journal sans entendre parler d’une nouvelle tendance dans l’alimentation, le « sans gluten ». Concernant d’abord ceux qui présentaient un problème médical reconnu par un médecin, l’intolérance au gluten devient petit à petit, pour un grand nombre de personnes, une manière de manger plus sainement, sans être « réellement » allergiques au gluten. Si on ajoute à ceci la volonté, voire la nécessité, de manger de plus en plus rapidement, une enseigne « sur le pouce sans gluten » pourrait dès lors remporter un franc succès. Et si l’on veut encore mieux faire, notamment au niveau de la gestion des coûts locatifs, pourquoi ne pas suivre la dernière tendance en Suisse qui consiste à proposer ces repas à l’emporter dans des roulottes mobiles à travers la ville? Les plus • A priori, augmentation du nombre de personnes intolérantes au gluten • Peu de « restaurants » proposant sur leur carte des mets avec la mention sans gluten • Possible effet de mode « santé » Les moins • Part de la population active intolérante au gluten marginale • Impact sur le coût et la marge d’un plat sans gluten

70%

Le bar à beauté express Dans les centres commerciaux, les gares, les aéroports ou dans les instituts spécialisés, prendre soin de soi sans perdre son temps est devenu un must. Après l’invasion en Suisse des bars à ongles (où la manucure se fait sans rendez-vous en moins de trente minutes), les cheveux avec la pose d’une frange à clipper, le visage avec la pose de faux cils, ou encore les dents et leur blanchiment deviennent les nouvelles tendances beauté. Les entrepreneurs disposant de peu de moyens peuvent opter pour le stand éphémère dans un lieu de passage; pour les autres, un salon avec sa propre identité permettra de fidéliser la clientèle sur le long terme et, pourquoi pas, d’obtenir le même succès que certaines enseignes de manucure.

de réussite en Suisse romande

Le conseil des experts de Genilem Faire une très bonne étude de marché avant de décider la ligne à suivre pour être certain que la taille du marché soit suffisante. La campagne de communication doit être bien ficelée (pas moralisatrice) et toucher un maximum de clients potentiels car ce type de produits est encore peu courant.

Les plus • L’opportunité de se détendre en peu de temps • Moins cher donc plus accessible à tous • Plus rapide que dans un institut • Pas de prise de rendez-vous

ANNA MAVRITTA / FOTOLIA.COM

Les moins • Forte concurrence • Difficulté de trouver un emplacement • Problème de transport de matériel et d’installation logistique

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de réussite en Suisse romande

Le conseil des experts de Genilem Développer un concept global et le décliner à une certaine échelle. Conclure un partenariat avec les gérants de centres commerciaux.


progression

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Travailler à distance, la clé d’une efficacité accrue ? Un meilleur équilibre entre vies familiale et professionnelle, davantage de productivité et moins d’engorgements des transports, le télétravail a de quoi séduire les PME. De leur côté, les petites entreprises s’essayent de plus en plus au coworking. Tour d’horizon de ces nouvelles manières d’aborder le travail. TEXTE LAETITIA WIDER

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e plus être soumis à la sonnerie tonitruante de son réveil. Manger avec ses enfants à midi. Travailler dès l’aube ou au contraire tard le soir en fonction de son rythme et de sa productivité, ou encore s’exiler à l’autre bout du monde. Le télétravail semble tenir de la formule magique : au bout de la baguette, un meilleur équilibre entre vies personnelle et professionnelle, une source de bien-être, voire de bonheur. Les employés ont beaucoup à y gagner, les entreprises aussi! Selon economiesuisse, qui encourage fortement le recours à cette nouvelle organisation du travail, grâce au partage des postes de travail, les coûts pourraient être réduits jusqu’à concurrence de 30%, alors que la productivité augmenterait, elle, de 2% à 5% par an. Enfin, pour les entreprises dont les employés se déplacent beaucoup en voiture ou même en train, le choix du télétravail peut avoir un réel impact sur leur bilan carbone. Le télétravail, justement, c’est l’ADN d’Ecodev. Ses neuf collaborateurs travaillent dans le canton de Neuchâtel, mais aussi sur la Riviera vaudoise, en Allemagne, à Prague et même à Séoul ! « Quand nous avons créé la société en 2005, nous avions déjà tous en commun le goût du voyage, explique Sylvain Tissot, associé d’Ecodev. Notre activité tourne autour de l’informatique, il nous suffit donc d’avoir une bonne connexion internet et un ordinateur pour travailler depuis n’importe quel endroit du globe!» Les cinq

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cofondateurs décident donc d’en profiter. De la poussière africaine aux rues animées de Phnom Penh en passant par Trafalgar Square, l’entreprise abolit les frontières dès ses débuts. Aujourd’hui, Sylvain Tissot a rejoint sa compagne à Prague et, quand il ne télétravaille pas, il apprend le tchèque. « J’ai l’impression d’avoir une meilleure emprise sur mon emploi du temps. Je peux vivre à mon rythme, selon les horaires que je définis, tout en gérant d’autres activités en parallèle. » Pour rendre possible cette aventure, il a fallu mettre en place des outils techniques adaptés. Où qu’ils se trouvent, les membres de l’équipe d’Ecodev sont joignables sur un numéro local suisse grâce à un système de téléphonie VoIP. Un investissement en temps pour cette équipe d’ingénieurs qui a mis elle-même le système en place. «Pour les communications, il ne faut pas tout miser sur l’e-mail, explique Mathieu Despont, associé d’Ecodev. Pour assurer une bonne communication entre deux personnes, il faut de l’interactivité, pour que le langage non verbal passe aussi. Nous utilisons donc des outils de visioconférence. Une fonction à laquelle on ne pense pas toujours mais qui est très intéressante pour le télétravail, c’est le partage d’écran. C’est bien connu, une image vaut mille mots !» « L’activité de l’entreprise est déterminante » Pourtant, le travail à distance peine encore à s’imposer en Suisse, même si de grandes


progression sions se mélangent. On se donne des coups de main, c’est très stimulant. » A Neuchâtel aussi, l’entreprise partage ses locaux avec trois autres raisons sociales. Les employés localisés en Suisse s’y rendent quand ils ne travaillent pas depuis leur domicile. Le coworking, la solution des petites structures « Les espaces de coworking ne sont pas adaptés à toutes les tailles d’entreprises», constate Stéphanie Booth, fondatrice de l’Eclau (Espace Coworking Lausanne). «Les start-up, les indépendants et les petites structures de deux ou trois personnes sont ceux qui profitent au mieux de l’émulation d’un bureau partagé, mais aussi de ses prix avantageux. Mais, attention, toutes les activités ne sont pas les bienvenues dans un tel lieu. » Il ne faut pas hésiter à passer une journée d’essai sur place avant de se décider, sinon, gare aux mauvaises surprises. Julian Caron Lys, codirecteur de la chaîne de cafés Boréal Coffee Company, a tenté l’aventure. Et elle ne s’est pas déroulée exactement comme il l’avait envisagée. «Comme je vis à Vevey, et qu’il n’y a pas de bureau dans nos cafés à Genève, je voulais avoir un pied-à-terre à mi-chemin. Pour moi, c’était un moyen d’élargir mon réseau, mais aussi d’avoir un vrai bureau en dehors de mon domicile. Je passe beaucoup de temps au téléphone ou en séance de travail avec mon graphiste. Rapidement, j’ai vu que mon activité générait du bruit. Je dérangeais donc les autres locataires des lieux. Désormais, je n’y viens plus qu’une fois

KASTO/ FOTOLIA.COM

entreprises, à l’instar de Swisscom ou de Microsoft, l’ont déjà adopté. En 2013, la Fédération patronale vaudoise a mené une enquête auprès d’une partie de ses membres. Les résultats démontrent que le télétravail est loin d’être généralisé dans les entreprises vaudoises. Sur 571 d’entre elles qui ont répondu à l’enquête, seules 93 le pratiquent, alors que 206 ne l’envisagent même pas du tout à l’avenir. Et ce schéma s’applique grosso modo à toute la Suisse : quelque 18% seulement des administrations et des entreprises de services (ou axées sur la connaissance) l’ont épousé, révèle une analyse effectuée par la HES Nordwestschweiz. «La nature de l’activité est souvent déterminante», explique Jean-Marc Beyeler, chef du service juridique de la Fédération patronale vaudoise. «Il y a de nombreux secteurs, quelle que soit la taille de l’entreprise, où le métier n’est tout simplement pas compatible avec un travail à distance.» Dans le questionnaire soumis aux patrons vaudois, c’est d’ailleurs l’argument qui est arrivé le plus souvent en tête pour justifier l’absence de télétravail, suivi de près par la nécessité de préserver l’interaction et les synergies entre les collaborateurs, ou encore la crainte de ne pas avoir une sécurité informatique suffisante pour garantir la confidentialité des données. «On a pu constater que les cabinets d’architectes ou les fiduciaires étaient typiquement des secteurs où le télétravail s’implantait facilement, remarque Jean-Marc Beyeler. Et quand l’activité est propice au travail à distance, c’est souvent la culture de management qui fait la différence.» Sur les 93 entreprises qui pratiquent le télétravail, 51 en retirent tout de même un bilan très positif, et 22 un bilan globalement positif. Parmi les craintes récurrentes, l’isolement des employés, soudainement livrés au silence et au calme de leur domicile, inquiète à la fois les patrons et les employés. « Pour parer à la solitude, j’utilise un espace de coworking à Prague, raconte Sylvain Tissot, d’Ecodev. C’est un choix personnel, il est d’ailleurs à mes frais, mais j’y vois beaucoup d’avantages. Le premier, c’est de retrouver le plaisir social de la pause-café. Mais c’est aussi un espace de synergies, où les cultures et les profes-

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Cinq conseils pour bien implanter le télétravail dans son entreprise 1. Mettre en place des moyens techniques et technologiques qui facilitent le travail à distance : ordinateur portable, accès VPN, téléphone portable, sécurité informatique renforcée.

4. Ne pas imposer mais proposer le télétravail ! Certains employés n’ont pas forcément envie de travailler depuis leur domicile. En clair, offrir le choix et la flexibilité.

2. Dissocier les locaux de l’accomplissement des tâches.

5. Ne pas tomber dans le contrôle. Se fier aux résultats plutôt qu’aux heures passées sur un projet ou une tâche.

3. Définir les tâches qui peuvent s’accomplir à l’extérieur.

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par mois, quand j’ai besoin d’être concentré pour gérer l’administratif de ma société.» Il n’a pas non plus trouvé les synergies qu’il attendait dans l’espace lausannois de G-60, alors essentiellement occupé par des vidéastes. Mais le coworking pourrait-il être une solution à proposer à des télétravailleurs qui pourraient, par exemple, intégrer un bureau plus proche de leur domicile tout en évitant l’isolement  ? «D’expérience, les télétravailleurs sont des clients plutôt problématiques dans un bureau partagé, surtout s’ils collaborent avec une grande structure, remarque FOCUS PME

Stéphanie Booth. Ils ont tendance à ne pas vraiment s’intégrer à la vie de l’espace de coworking, tout en restant éloignés de celle de leur entreprise.» Que ce soit pour des questions de rentabilité ou pour arranger les employés par philosophie ou fibre écologique, ces nouvelles organisations du travail trouvent progressivement leur place dans les entreprises suisses. Et pour Sylvain Tissot, associé et télétravailleur, le secret de la réussite tient à peu de chose: « Au-delà des impératifs organisationnels et techniques, le succès repose essentiellement sur une confiance mutuelle.» ●


progression

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Apprendre à désamorcer les conflits La vie de bureau n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Quand le conflit apparaît, il est indispensable d’intervenir rapidement pour le désamorcer. Petit guide à l’usage des managers pacificateurs. TEXTE LAETITIA WIDER

I

l y a les petites inimitiés, les prises de bec en basse-cour, le choc des ego, le stress, les coups de couteau droit dans l’échine… Bref, en entreprise comme dans la vie, la matière humaine puise les possibilités de conflits dans l’infini. Et, même si nous travaillons tous très fort au lâcher-prise, avouons qu’à la vue de ce collègue transpirant tant la vanité que l’incompétence, il est parfois difficile de rester aussi stoïque qu’un sadhu (saint homme en Inde) immergé dans le Gange. Les conflits dans l’entreprise sont ainsi l’une des principales sources de problèmes au travail. Et les dégâts collatéraux font mal : perte de productivité, absentéisme, dépression et, bien sûr, mauvaise ambiance qui pourrait à terme inciter les employés à vouloir quitter le vaisseau amiral. Alors voici quelques conseils pour agiter le drapeau blanc entre les tranchées de l’open space. Prévenir plutôt que guérir Origines, culture et croyances des employés d’une PME peuvent varier. Si ces différences font la force d’une entreprise, elles peuvent parfois être génératrices de conflits. Soyez-en conscient, apprenez à les connaître et à les faire respecter. Définissez également clairement les rôles et les responsabilités de chaque poste au sein de votre entreprise en consignant

les processus et les procédures. Chacun doit savoir ce qu’il est censé faire, connaître ses responsabilités et à qui se référer. Une manière de désamorcer, en amont, les conflits organisationnels. Réagissez à chaud Exploser un bon coup pour faire retomber la tension peut avoir des vertus thérapeutiques. Plutôt que de laisser des non-dits s’installer, et l’animosité se répandre, pousser une bonne gueulante empêche souvent la tension de monter.

Définir les responsabilité de chacun permet de limiter les conflits organisationnels

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pour éviter qu’il ne s’envenime. Bien poser le problème (pourquoi pas par écrit ou à l’aide de dessins et schémas), c’est déjà apporter une grande partie de la solution. Réunissez toutes les parties concernées Ecoutez et entendez toutes les parties en cause. Demandez à chacun de donner sa version. Cela vous permettra de cerner l’origine du différend et à chacun de mieux comprendre le point de vue et les actions des autres. En tant que chef, affichez aussi clairement votre volonté de trouver une solution et assurez-vous qu’en face les collaborateurs sont dans le même état d’esprit. Les conflits naissent souvent d’incompréhensions mutuelles. Pour trouver une solution, soyez dur avec le problème et doux avec la(les) personne(s).

Identifiez la source du conflit Difficile de résoudre un problème si l’on n’en connaît pas l’énoncé. Partez à la recherche de la source du conflit, et démêlez de la pelote les éléments factuels de ceux qui appartiennent à la sphère émotionnelle. Pour résoudre un désaccord, il vaut mieux prendre un peu de hauteur FOCUS PME

Ayez recours à un tiers Si, malgré toute votre bonne volonté, le conflit s’enlise, n’hésitez pas à faire appel à un médiateur interne, les ressources humaines par exemple, ou externe. Ce dernier pourra aider à prendre la mesure des différences de perception pour y voir plus clair, tout en gardant une distance salutaire avec les parties impliquées. ●

LJUPCO SMOKOVSKI / FOTOLIA.COM

Le temps joue rarement en faveur de la pacification, n’en déplaise au chanteur Léo Ferré. Généralement, plus l’on tarde à verbaliser un problème, plus la réaction au désaccord risque d’être agressive et disproportionnée. Bref, osez taper du poing sur la table.

Concentrez-vous sur les faits Et rien que les faits ! Evitez les attaques personnelles et les bruits de couloir. Restez calme et poli. Adoptez la « positive attitude » pour créer un terrain d’entente et un climat de confiance entre les parties et les encourager à mettre cartes sur table. La question à se poser est celle du «comment» : comment la situation en est-elle arrivée là et comment l’améliorer. Evitez le «pourquoi», qui génère des justifications et des jugements qui brouillent les pistes.


discussion

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Les syndicats réclament 2% de hausse des salaires en 2015… CONTRE

FOCUS PME

la hausse des salaires

l’économie suisse.

C’est faux. L’an dernier, les salaires réels ont augmenté de 1% au niveau de l’ensemble des branches économiques. Grâce à sa productivité, l’économie suisse permet d’avoir une bien meilleure situation en termes d’emploi qu’ailleurs. Au surplus, il faut rappeler que l’employeur a plusieurs manières de partager son gain. C’est à lui de définir le type de redistribution à appliquer compte tenu de la croissance et de la santé de son entreprise.

BLAISE MATTHEY

DR

Blaise Matthey Directeur général de la Fédération des entreprises romandes Genève

Selon les syndicats, les travailleurs

suisses ne profitent pas de la bonne tenue de

aux mêmes difficultés. La population suisse l’a bien compris en refusant l’initiative sur le salaire minimum : il faut privilégier la négociation par secteur économique. Dans quels secteurs estimez-vous que les hausses sont prioritaires ?

Selon les dernières statistiques officielles, le commerce de détail, l’hébergement et la restauration sont les secteurs économiques affichant les salaires les plus bas mais aussi ceux ayant des marges faibles. Les syndicats estiment aussi qu’il y a une différence, à tort, entre les cadres et les ouvriers ou

Quelle hausse des salaires estimez-vous que les

les détenteurs d’un CFC. Que répondez-vous à

patrons peuvent concéder à leurs employés?

cela ?

Il n’est pas réaliste de fixer un taux général pour toutes les entreprises. Chaque secteur économique doit analyser la situation et adapter les conventions collectives, si existantes, en conséquence de la conjoncture suisse et internationale.

Depuis quelques années, la hausse salariale accordée aux cadres a été plus mesurée (0,9% attendue en 2014, contre 2,9% en 2011). Mais, paradoxalement, la Suisse fait partie des pays les plus égalitaires en comparaison avec les autres pays européens. Il faudrait davantage se pencher sur les questions de discriminations injustifiées entre employés à compétences égales, qui ne cessent, d’ailleurs, de diminuer.

Les syndicats demandent une hausse de 2 ou 2,5%. Est-ce envisageable pour les patrons?

Cette exigence est trop rigide et, comme d’habitude, trop élevée. Elle ne tient pas compte des spécificités de chaque secteur d’activité. Ensuite, le climat d’incertitude qui pèse sur l’économie suisse à la suite des votations du 9 février n’a guère favorisé la croissance ces derniers mois. Aux dernières nouvelles, le PIB du second trimestre stagne. Enfin, les syndicats n’ont pas considéré l’inflation nulle, voire négative de ces dernières années. Cette hausse devrait être négociée en fonction des branches d’activité, voire des entreprises. Toutes les sociétés ne font pas face

Si ces revendications ne sont pas acceptées, les syndicats parlent de mesures. Comment réagiriez-vous?

C’est très malhabile de la part des syndicats. Veulent-ils encore vraiment passer par la voie de la négociation collective et continuer à essuyer des échecs en votation populaire ? Ils risquent de créer à nouveau un climat conflictuel entre les employés et les employeurs. Cette situation pourrait à long terme rompre le dialogue social qui s’est instauré lors des négociations. ● FOCUS PME


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Un bras de fer va s’engager d’ici à la fin de l’année entre les employés, représentés par leurs syndicats, et les patrons d’entreprise. Sur la table des négociations : une revendication de hausse salariale de 2% minimum pour tous les employés. www.travailsuisse.ch PROPOS RECUEILLIS PAR NATHALIE PRAZ

Selon vous, les travailleurs suisses

ne profitent pas de la bonne tenue de l’économie suisse.

Effectivement. Ces dernières années, dans la construction par exemple, le volume de travail a augmenté de 40%. Il atteint des niveaux record. Entre 2007 et 2013, dans ce secteur, la productivité a augmenté de 9%, les salaires réels de 4,9% seulement. Pour les salariés du second œuvre (bois-peinture) romand, c’est encore pire. Alors que ce secteur croule sous le travail, les salaires n’ont pas bougé depuis trois ans!

BLAISE CARRON

Quelle hausse de salaire allez-vous demander?

Entre 2 et 2,5% ou 100 à 150 francs, de manière générale, afin que les bas et moyens salaires touchent aussi ce à quoi ils ont droit. Comment avez-vous estimé ce chiffre ?

Les carnets de commandes sont pleins, l’économie tourne à plein régime et il y a un véritable besoin de rattraper le retard accumulé ces dernières années. La hausse des salaires demandée est donc justifiée pour les salariés au vu des retombées économiques de la croissance de ces dernières années. Dans quels secteurs estimez-vous que les hausses sont prioritaires ?

Notre revendication est déjà différenciée. Dans la construction et le second œuvre romand, nous demandons 150 francs (2% dans le reste de l’artisanat du bâtiment), dans l’industrie de machines 100 francs; dans le commerce de détail, nous demandons une revalorisation des bas salaires en fixant des minima qui tiennent compte de l’expérience. Tous les salariés méritent une augmentation substantielle, cependant, les salariés de FOCUS PME

la construction, où les conditions de travail sont très difficiles, et du secteur du second œuvre, qui a accumulé un important retard, doivent pouvoir bénéficier de hausses de salaire importantes.

POUR la hausse des salaires

Vous estimez aussi qu’il y a une différence, à tort, entre les cadres et les ouvriers ou les détenteurs d’un CFC ?

Effectivement; alors que la productivité a augmenté de 10% ces dernières années, le salaire des cadres supérieurs a augmenté de 18% et celui des détenteurs d’un CFC de 3% seulement. Cela est non seulement injuste au regard de la contribution déterminante des détenteurs d’un CFC mais, en plus, cette distorsion risque de mettre à mal le système de formation duale. Si rien n’est fait au niveau salarial pour rendre la voie de l’apprentissage plus attractive, la pénurie de personnel qualifié s’accentuera encore davantage ces prochaines années. Comment allez-vous vous y prendre pour que les patrons acceptent votre demande ?

Lors des négociations, nous leur exposerons dans le détail le bien-fondé de nos revendications et la nécessité qu’une part de la richesse créée par leur travail revienne aux salariés. Cela n’est que justice. Si vos revendications ne sont pas acceptées, qu’envisagez-vous ?

Si nous ne trouvons pas d’accord, les salariés du second œuvre et de la construction, notamment, en plus des pétitions qu’ils ont déjà massivement signées, seront contraints d’utiliser d’autres moyens de mobilisation collective (  pauses prolongées, manifestations, etc. ) pour se faire entendre. ●

DR

FOCUS PME

Blaise Carron Secrétaire syndical à Unia Valais


communication

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Une campagne aux allures de propagande La dernière campagne de notoriété en deux temps réalisée pour la SPA Genève a fait beaucoup de bruit dans la presse fin juillet dernier. Avec des slogans pour le moins déconcertants, elle n’a pas manqué de choquer les habitants du bout du lac. Analyse d’une campagne sensible. TEXTE ARNAUD LAMBERT

L

a première partie de la campagne, la phase mystère, montre, sur un fond sombre, des phrases à tendance xénophobe. Choquantes et provocatrices au premier abord, ces affiches cachent quelque chose de plus (on s’en rend compte en y regardant de plus près). L’association de ce fond très sombre et de ces grosses lettres rouge sang véhicule un message de peur et de méfiance. Des apparats, qui rappellent fortement les affiches politiques un brin raciste qui ont secoué la Suisse ces dernières années. En prime, le texte à l’impératif donne un côté vieillot, presque grotesque, qui évoque les cam-

Arnaud Lambert Fondateur de Visuel communication

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pagnes de propagande des guerres passées. Jusqu’ici, il est difficile de déceler qu’il y a plus derrière cette campagne qu’un message haineux. Pourtant, il y a un indice qui devrait nous mettre la puce à l’oreille : les ne sont ni signées ni revendiquées. Un détail qui a toute son importance, car celui-ci laisse présager une suite dévoilant l’identité de ce mystérieux provocateur.

tions en rouge et ce fond sombre auxquels viennent s’ajouter un chat ou un chien, la seconde partie du texte et la signature « SPA un territoire pour tous ». Le texte en lettres rouges se retrouve détourné par ces nouveaux éléments. Les différents clichés négatifs sur chacune des trois nations, vus dans la phase une, sont déjoués pour mieux mettre en avant leurs qualités. On doit se « méfier des Français », La révélation non pas parce qu’ils nous envahissent, C’est seulement quelques jours après mais parce « qu’ils sont de fins gourmets ». la première phase que le public a pu Une dimension ironique vient s’ajouter découvrir la seconde partie de la cam- à la lecture pour mieux faire un pied de pagne ainsi que l’identité du comman- nez aux préjugés des premières affiches. ditaire, la SPA Genève. Surprenant  ? L’introduction des chiens et des chats sur Oui, car difficile de deviner, avec les informa- les visuels amène une nouvelle notion, tions données, l’auteur de cette campagne. le parallèle entre l’homme et l’animal. Les visuels de la seconde phase reprennent Il part du postulat qu’il existe, dans les les mêmes codes que la première; pas- deux cas, une multitude de « races » qui sage obligé pour toutes les campagnes en enrichissent notre société. « Un territoire deux temps. On retrouve donc nos injonc- pour tous » vient verrouiller l’idée que FOCUS PME


communication chacun a sa place dans la société, peu importe ses origines. Un constat qui va dans le sens de la mission de la SPA. Mais alors, pourquoi cette campagne si bien ficelée nous laisse-t-elle un poil perplexe? Connivence perdue Nous avons affaire à une campagne en deux temps, une phase mystère puis la révélation. Et c’est là que le bât blesse. Dans ce type de campagne, la première affiche reste placardée un certain temps pour ensuite laisser place à la seconde. Une fois la phase deux arrivée, le premier visuel n’existe plus que dans la mémoire de ceux qui l’ont vu. La logique voudrait que, même en ayant manqué la première partie de la campagne, la seconde reste percutante ou tout du moins lisible. Dans ce cas précis, la deuxième affiche ne s’auto-suffit pas. Le lecteur ne peut pas comprendre pourquoi il devrait « craindre les Allemands » s’ils sont « de

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vrais experts ». La notion d’ironie s’envole pour laisser place à la confusion. En effet, c’est uniquement la première affiche qui fait appel à toutes sortes de clichés inscrits dans la mémoire collective tels que : les Allemands sont des nazis, les Italiens des voleurs et les Français des emmerdeurs. Malheureusement, sans avoir vu cette première partie, il est impossible de faire appel à ces clichés. La conséquence majeure est la perte de sens pour le public, et donc d’intérêt. C’est d’autant plus vrai ici étant donné qu’on a dû retirer la première affiche au bout de quelques jours seulement, laissant les nombreux spectateurs de la seconde perplexes devant une affiche impossible à décrypter sans en avoir reçu les « clés » au préalable. Mais, rappelons-nous que, dans une campagne de notoriété, le but premier est de faire parler de la marque. Dans le cas de la SPA, l’objectif a été largement atteint car

Dans une campagne en deux temps, la seconde affiche doit rester percutante, même sans la première

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ces affiches ont eu droit à un tel battage médiatique que les personnes ayant seulement vu la partie « révélation » ont probablement découvert le pot aux roses dans la presse. Toutefois, si la campagne avait suscité des réactions moins vives, il y aurait eu moins de bruit dans les médias et beaucoup seraient passés à côté. Une conclusion qui prouve bien qu’une opération de communication ne dépend pas uniquement d’une bonne idée créative, mais aussi de nombreux facteurs tels qu’un bon plan média hors périodes estivales. ● FOCUS PME


Joaillier: l’émotion accessoirisée Paillettes, champagne, smokings et robes du soir, le Festival de Cannes est une étape importante pour de Grisogono. La marque suisse reçoit des célébrités du monde entier; aucun faux pas ne doit dès lors entacher sa réputation. TEXTE FLORENCE JACQUINOT

L

e Festival de Cannes est pour Fawaz Gruosi un grand rendez-vous. Peut-être même le plus grand de toute l’année. Durant la quinzaine cannoise, si sa fonction de créateur artistique est en veille, son rôle d’ambassadeur de la marque suisse est fortement apprécié, lui imposant avec exigence une présence attentive et de tous les instants auprès de ses clients, des médias comme de ses relations. Bien que s’entourant depuis des années de communicants à la compétence rare dans le milieu horloger, comme Michèle Reichenbach, dont l’intelligence raffinée permit à

de Grisogono de s’imposer auprès des influents du monde entier, il ne peut déléguer sa propre implication à personne, car toutes et tous ne veulent que lui. Et l’on comprend aisément pourquoi dès la première fois où l’on est mis en relation avec cet homme à l’allure distinguée, semblant échappé d’un épisode des premiers James Bond : charme désuet, éducation irréprochable, grande classe sont aussi les compétences de ce designer qui accueille durant le festival.

Le saviez-vous? Fawaz Gruosi s’est fait un nom dans la haute joaillerie en réhabilitant le diamant noir, une pierre snobée de tous qui exerçait alors sur lui une véritable fascination. En 1996, résolument épris du caillou, il lance une tendance qui va faire le tour du monde en créant une collection complète avec cette pierre sombre. Son avant-gardisme dans le choix des joyaux qu’il travaille reste de peu inégalé et a permis à « sa petite maison suisse » de figurer parmi les plus grands noms de la haute joaillerie.

Une vie de labeur Aussi la cité cannoise fait-elle vivre à Fawaz Gruosi une épreuve de disponibilité. Tout FOCUS PME


immersion

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curisés laissent entrevoir les pièces de haute joaillerie façonnées par cet insolent créateur. Sans repères, le temps file et d’une embrassade à une autre, Fawaz Gruosi s’échappe : il doit échanger son costume de lin beige pour un smoking noir sur mesure : il est l’heure, comme chaque fin d’après-midi, de se rendre à la montée des marches!

Fiche d’identité Nom Fawaz Gruosi Métier Fondateur et directeur artistique de la marque de Grisogono Lieu Plan-les-Ouates (Genève) Nombre d’employés 130 personnes dans tous les corps de métier : joaillerie, horlogerie, sertissage, administration, etc. L’avenir Après vongt ans de passion créatrice, à hisser la marque suisse au firmament de la joaillerie internationale, l’avenir ne peut continuer de se tourner que vers l’innovation, une valeur intrinsèque depuis la fondation de cette maison. La créativité doit tendre encore et sans relâche vers la réalisation de modèles innovants qui suscitent admiration et émotion.

A droite, il pose avec son amie de longue date, l’actrice américaine Sharon Stone.

Des amies pour ambassadrices A l’image de son fondateur, la marque de Grisogono a fait du charisme une des valeurs de sa communication. Sous ses airs de Gatsby, Fawaz Gruosi souhaite s’entourer de célébrités qui lui soient attachées. C’est ainsi que les stars qui choisissent à Cannes des bijoux de Grisogono ne portent pas l’appellation commerciale d’ambassadrices, mais celle d’amies de la marque.

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au long de la journée, côté coulisses, il reçoit la presse, les stars et les clients dans une suite de l’Hôtel Martinez, dont la terrasse surplombe le plateau éphémère du Grand Journal de Canal+. Le sol en teck, les amaryllis géants, le jacuzzi, les fauteuils blancs donnent sous les voilages le cadre nécessairement luxueux aux échanges d’informations, parfois financières. Alors que le personnel du palace s’efforce de rafraîchir au champagne les invités, les starlettes se penchent à la balustrade pour offrir un peu de leur plastique irréprochable aux paparazzis massés sur la Croisette en contrebas. A l’intérieur, vitrines et plateaux de présentation savamment sé-

PHOTOS: DR

Ci-dessus, Fawaz Gruosi, lors du dernier Festival de Cannes, accompagné par le top model Cara Delevingne.

Un gentleman entouré de stars La star du jour qui l’accompagne sur le tapis rouge n’est autre que Cara Delevingne, le mannequin préféré de Karl Lagerfeld et l’égérie des podiums et des couvertures de magazines. Plus tôt dans l’après-midi, se penchant sur un miroir pour y vérifier sa mise, elle a choisi des bijoux qui correspondent à sa tenue. Elle s’est alors tant enthousiasmée pour un petit singe serti que le joaillier s’est plu à le lui offrir. En fin de journée, l’effervescence est manifeste, un ballet de robes vaporeuses envahit la suite de Grisogono, celles de stars déjà habillées qui ne demandent plus qu’à être «bijoutées» en urgence. Des bijoux qu’elles garderont jusqu’au petit matin car, ce soir, la marque reçoit à l’Eden Roc, ce palace accroché au rocher du cap d’Antibes. Les marches du festival y sont remplacées par un long tapis avec parterre de photographes où défilent les célébrités qui se rendent à cette époustouflante soirée au budget surdimensionné. Fawaz Gruosi y est bien entouré, de stars qui jouent la carte de la décontraction, puisqu’elles sont entre elles, jouant de selfies sur Instagram. Et, fleuron de la soirée, comme chaque année, Sharon Stone est là, tout sourire, les flashes crépitent. Après le dîner, alors que sonne minuit et que l’on admire la lune éclairant la baie, Fawaz Gruosi trouve encore l’énergie de quitter la table pour aller danser avec ses invités alors que le chanteur américain Jason Derulo s’emploie à l’animation au micro. Les émotions se succèdent et la nuit passe. Demain, il faudra tout recommencer, mais comme pourrait le dire lui-même cet élégant au charme italien originaire de Porto Cervo: pourquoi y penser? Le rêve se vit maintenant! Maintenant est un instant présent, un bijou à chérir comme une pièce de haute joaillerie suisse, évidemment! ●


consommation

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