REGARDS n°15

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Le magazine de Sandoz Foundation Hotels et de la banque Landolt & Cie SA

No 15 Printemps Eté – Spring Summer 2019

FLAVOUR

Live cooking at the Château d’Ouchy BANQUE LANDOLT

How to invest successfully in the coming decades RENCONTRE

Paul Auster Exclusive interview

JACQUES TSCHUMI

Aux origines de l’hôtellerie moderne




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ÉDITORIAL

Printemps Eté – Spring Summer 2019

L’excellence en héritage

E

n prenant en main cette nouvelle édition de Regards, c’est celui de Jacques Tschumi que vous avez croisé en couverture. Un hôtelier visionnaire qui, aux prémices du XXe siècle, a posé les fondations de notre métier, celui de l’hôtellerie suisse d’excellence. Dans ce numéro, nous avons souhaité nous arrêter un moment sur l’histoire du tourisme dans notre région. Car c’est avec son essor que le BeauRivage est né en 1861. Et c’est ce même essor qui a conduit Jacques Tschumi à diriger l’établissement pendant vingt-cinq ans. De son besoin d’un personnel parfaitement formé aux métiers de l’hôtellerie est née l’Ecole hôtelière de Lausanne. Ce lien nous unit aujourd’hui encore à cette institution mondialement reconnue qui partage avec nous des valeurs de tradition en mouvement. Même si ses fondations sont solides, l’hôtellerie doit se réinventer continuellement. Comme à l’époque de Jacques Tschumi, l’un des grands défis à relever est le recrutement de nos personnels. Car nos valeurs ne sont pas seulement des standards de qualité, elles doivent également être investies par des collaborateurs œuvrant avec passion. Aujourd’hui comme hier, nous pouvons compter sur l’Ecole hôtelière pour former les professionnels de demain. Nous sommes également convaincus que l’évolution des technologies, notamment l’automatisation des procédures, nous permettra de consacrer davantage de temps à notre clientèle, à travers des contacts humains de qualité. Notre passé nous est cher, mais nous sommes résolument tournés vers l’avenir. Je vous souhaite une agréable lecture et un magnifique été. 

Excellence as heritage

W

hen you picked up this new edition of Regards, you found yourself looking at the face of Jacques Tschumi. He was a visionary hotelier who, at the beginning of the 20th century, laid the foundations of our profession – that of luxury Swiss hotels. In this edition, we wanted to take a look back at the history of tourism in our region, because the Beau-Rivage was born in 1861 with the boom of the tourist industry. And it was this very boom that led to Jacques Tschumi managing the hotel for some twenty-five years. His desire for staff trained to the highest possible level in the professions of the hotel industry led to the creation of the Swiss Hospitality Management School in Lausanne. Throughout the years, we have maintained this connection with the world-renowned institution which shares our values of tradition in motion. Despite enjoying solid foundations, the hotel sector must constantly reinvent itself. As in Jacques Tschumi’s time, one of the main challenges we face remains the recruitment of our staff. This is because our values are not only quality standards; they must also be maintained by employees who are passionate about their work.

PHOTO: GRÉGOIRE GARDETTE

Today, as in the past, we can count on the Hospitality Management School to train professionals in our field of activity. We also firmly believe that technological developments, in particular automated procedures, will enable us to devote more time to our guests through high-quality personal contact. Our past is very dear to us, but our focus is resolutely on the future. I wish you a happy reading of the magazine and an excellent summer. 

François Dussart

CEO Sandoz Foundation Hotels

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BLACK BAY CHRONO S&G


SOMMAIRE CONTENTS No 15 – Printemps Eté – Spring Summer 2019

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Éditorial 7

François Dussart L’excellence en héritage Excellence as heritage

News 12

Summer vibes

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La lettre de Gilles (Banque Landolt & Cie SA) Mon assiette en 2050 – et comment nous en sommes arrivés là My dinner plate in 2050 – and how it got there

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Flavour Le 57° Grill fait monter la température The 57° Grill turns up the heat

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Visite guidée Une bibliothèque au Lausanne Palace A library in the Lausanne Palace

PHOTOS: ANOUSH ABRAR, LIBRARY OF CONGRESS, IBAN MONTERO / ADOBE.STOCK.COM. — PHOTOMONTAGE: INÉDIT.

26

Rencontre 26

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Paul Auster «Les films m’ont procuré très tôt des expériences de narration marquantes» “Films offered me striking narrative experiences at an early age”

Focus 30

Tourisme Tous les chemins mènent à Lausanne All roads lead to Lausanne

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Success story L’Ecole hôtelière de Lausanne, pionnière depuis 125 ans The Hospitality Management School in Lausanne, a pioneer for 125 years

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Navigation Voyage dans le temps sur le lac Léman A journey back in time on Lake Geneva

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Memories Il était une fois, le Riffelalp Once upon a time there was the Riffelalp


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SOMMAIRE CONTENTS No 15 – Printemps Eté – Spring Summer 2019

Economics

Impressum

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REGARDS no 15

Investment Le XXIe siècle, l’investissement et les Indiens iroquois The new paradigms of 21st-century investing and Iroquois Indians

Horlogerie Trends o’clock

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Horlogerie L’habit fait la montre You can judge a watch by its cover

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Shopping Unique places Fashion Sportswear vs. Artwear Bien-être Les nouveaux codes du wellness The new wellness codes

Inédit Publications SA Avenue de Rumine 37 Case postale 900 CH-1001 Lausanne T +41 21 695 95 95 www.inedit.ch Responsable d’édition

Elodie Maître-Arnaud Inédit Publications SA Conception et mise en page

Xavier Cerdá Inédit Publications SA Relecture

Corinne Grandjean Colin R. Smith The Language Mechanic, www.thelanguagemechanic.ch

Français: Anglais:

Traduction

Apostroph Group, Lausanne www.apostrophgroup.ch Vente de publicité

Delphine Foiret Inédit Publications SA delphine.foiret@inedit.ch Impression

PCL Presses Centrales SA

Culture

Couverture

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Rencontres 7 Art Lausanne 2019 Short cuts

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Books L’été en six livres Summer in two books

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Playlist Classics for the summer

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Time out

e

Archives de l’Ecole hôtelière de Lausanne Photomontage: Xavier Cerdá

We like 72

69

We

Découvrez votre magazine sur iPad Read Regards magazine on your iPad

PHOTOS: © ROGER / STOCK.ADOBE.COM, VINCENT WULVERYCK / CARTIER, CHAPLIN’S WORLD ™ / ©  BUBBLES INCORPORATED ET DR.

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Coordination

Production

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Editeur

Sandoz Foundation Hotels et Landolt & Cie SA Pauline Lioté Sandoz Foundation Hotels

Lifestyle

Printemps / Eté 2019


PARTAGER NOTRE PASSION

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SUMMER vibes NEWS

Textes / Texts: Elodie Maître-Arnaud

Il porte le joli nom de Ravary. «C’est ainsi que s’appelait le domaine charentais dans lequel j’allais ramasser des melons lorsque j’étais enfant», explique Stéphane Priou. Le melon est en effet à l’honneur de cette nouvelle recette estivale imaginée par le responsable des bars du Lausanne Palace. Du melon donc, mais aussi du pamplemousse, de la fraise et un rien de jus citron. Ravary est sucré, mais pas trop; il révèle aussi une légère amertume très désaltérante. Un long drink qui se boit très frais et qui peut être agrémenté d’un trait de vodka. Avec ou sans alcool, cet été Ravary deviendra vite votre cocktail favori!  12  RE GA R D S n° 1 5

It boasts the attractive name of Ravary. “That was the name of the estate in the Charente region where I used to pick melons when I was a child,” explains Stéphane Priou. And melon is a key ingredient of this new summer recipe dreamt up by the Lausanne Palace bar manager. The melon is joined by grapefruit, strawberry and a dash of lemon juice. Ravary is sweet, but not overly so; it also has a slight bitterness that quenches your thirst. A long drink to be enjoyed chilled that also lends itself to a splash of vodka. With or without alcohol, Ravary will quickly become your favourite cocktail this summer! 

PHOTO: VANINA MOREILLON.

Sirotez, c’est l’été!


NEWS

Printemps Eté – Spring Summer 2019

AU MARCHÉ AVEC ANNE-SOPHIE PIC Le 30 août, les producteurs préférés de la cheffe triplement étoilée installeront leurs étals sur la terrasse du Beau-Rivage Palace. C’est donc un véritable marché qui régalera les gourmets à la fin de l’été. Poissons du lac, fromages affinés, légumes de saison, ou encore tisanes: Anne-Sophie Pic rendra hommage à ses fournisseurs locaux avec lesquels elle collabore toute l’année dans son restaurant lausannois. Panier sous le bras et porte-monnaie en poche, venez découvrir les spécialités de ces artisans du goût, dans le cadre unique d’un palace au bord du Léman!  On 30 August, the three-star chef’s favourite producers will set up stall on the terrace of the Beau-Rivage Palace. This gourmet market will bring the summer to a mouthwatering end. Fish from the lake, ripened cheeses, seasonal vegetables and herbal teas: Anne-Sophie Pic will pay homage to the local suppliers who work with her throughout the year in her restaurant in Lausanne. With basket in hand and wallet in pocket, come and discover the specialities of these “craftsmen of taste” against the unique backdrop of a luxury hotel on the shores of Lake Geneva! 

PHOTO: YOUNÈS KLOUCHE, MARION MONIER, © WWW.EMO-PHOTO.COM, IBAN MONTERO / ADOBE.STOCK.COM ET DR. — PHOTOMONTAGE: INÉDIT.

Infos au +41 21 613 33 33 ou www.brp.ch

P   aradise Beach Club a  t the Palafitte Le 21 juin, les bords du lac de Neuchâtel prendront des airs de Saint-Tropez. Pour fêter l’arrivée de l’été, le plus lacustre de nos hôtels accueillera les clubbers pour une beach party inoubliable. L’ambiance lounge du début de soirée cédera ensuite la place à une programmation Nikki Beach et disco. Plusieurs bars éphémères serviront cocktails, vin, champagne et petite restauration sur les pontons du Palafitte transformés en Beach Club pour l’occasion. Hello Summer!  Entrée dès CHF 29.– Pack VIP (table pour 10 personnes, entrées incluses, forfait consommations et serveur): CHF 1500.–. Profitez de -20% sur le tarif affiché pour une nuit avec petit déjeuner et entrées à la beach party pour deux personnes (dès CHF 375.–) Réservations au +41 32 723 02 02 ou reservation@palafitte.ch

On 21 June, the shores of Lake Neuchâtel will take on an air of Saint-Tropez. To celebrate the arrival of summer, this lakeside hotel will welcome clubbers for an unforgettable beach party. The early-evening lounge atmosphere will give way to a Nikki Beach and disco programme. A number of temporary bars will serve cocktails, wine, champagne and light snacks on the pontoons of the Palafitte, transformed into a beach club for the occasion. Hello summer!  Admission from CHF 29.– VIP pack (table for 10 people, admission included, flat rate for drinks and waiter): CHF 1,500.–. Take advantage of a 20% discount on advertised rates for one night with breakfast and admission to the beach party for two people (from CHF 375.–) Reservations on +41 32 723 02 02 or at reservation@palafitte.ch

LA TABLE D’EDGARD HORS LES MURS A l’occasion de la Fête des Vignerons, le célèbre chef étoilé du Lausanne Palace installera sa prestigieuse table dans le cadre somptueux du Château de l’Aile, à deux pas de l’arène emblématique de la manifestation. Edgard Bovier proposera ses créations culinaires exclusives, au rythme des festivités.  During the Fête des Vignerons, the famous starred chef of the Lausanne Palace will settle an ephemeral restaurant in the sumptuous Château de l’Aile, just steps from the emblematic arena of the event. Edgard Bovier will propose its exclusive culinary creations, to the rhythm of the festivities. 

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NEWS

Printemps Eté – Spring Summer 2019

MASSAGE MUSICAL AU SPA CINQ MONDES

Book an immersive musical massage and prepare yourself for an entirely original experience. A little revolution from Cinq Mondes, whereby music accompanies each gesture of the practitioner, who plays the role of conductor throughout this instance of fulfilment. The idea? A number of different sensors installed in the treatment room react to every movement. The sounds and rhythms therefore change in real time to create a score unique to each guest. Galloping horses, the backwash of ocean waves or the sound of rain play in harmony against a range of different musical bases to amplify the key moments of your treatment and heighten the feeling of wellbeing. Do you prefer a relaxing or invigorating massage? The choice is yours... then let the music take control… 

WET LOOK Vous rêvez d’une allure de sirène surgissant des flots? «La queue de cheval haute sur des cheveux effet mouillé, c’est LA coiffure facile à adopter en été», confirme Giovanni Marotta, coiffeur au Beau-Rivage Palace. Rincez simplement vos cheveux en sortant de la piscine, peignez-les en arrière et appliquez immédiatement un gel structurant, sans les sécher. Attachez-les ensuite en queue de cheval haute avec un élastique. Pour le dissimuler, entourez une mèche par dessus et fixez-la à l’aide d’une épingle à chignon. Le tour est joué: sublime comme une ondine, vous voilà prête pour aller siroter un cocktail au bar.  Do you dream of looking like a mermaid rising from the waves? “A high ponytail with wet-look hair is THE hairstyle that is easy to wear this summer,” confirms Giovanni Marotta, hair stylist at the Beau-Rivage Palace. Simply rinse your hair after you leave the pool, comb it back and immediately apply a structuring gel without drying your hair. Then tie it in a high ponytail using an elastic band. To hide it, wrap it with a lock of hair and fasten using a bun pin. That’s all there is to it: as beautiful as a water nymph, you’re ready to enjoy a cocktail at the bar.  14  RE GA R D S n° 1 5

PHOTOS: VANINA MOREILLON ET © STEVICA MRDJA / STOCK.ADOBE.COM

Préparez-vous à vivre une expérience inédite en réservant un massage immersif musicalement augmenté. Une petite révolution signée Cinq Mondes, où la musique accompagne les gestes du praticien, véritable chef d’orchestre de ce moment de plénitude. L’idée? Différents capteurs sont installés dans la cabine de soin et réagissent au mouvement. Les sons et les rythmes s’adaptent ainsi en temps réel pour créer une partition unique à chaque client. Galop de cheval, ressac des vagues ou encore bruit de la pluie se mêlent à diverses bases musicales afin d’amplifier les moments significatifs du soin et décupler la sensation de bien-être. Souhaitez vous un massage relaxant ou un massage tonifiant? Choisissez et laissez-vous bercer… 


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NEWS

Printemps Eté – Spring Summer 2019

Dream on the Nile A bord d’un bateau centenaire, Voyageurs du Monde réinvente la croisière sur le Nil, au rythme lent des roues à aubes. Resté à quai pendant un demi-siècle, le steam ship Sudan a été remis à flots par Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du monde. Si minutieusement restauré qu’il apparaît tel que l’a connu Agatha Christie, avec ses ponts de bois et de cuivre, ses salons feutrés et ses cabines et suites au charme suranné de la Belle Epoque. Embarquez vous aussi pour une croisière exceptionnelle sur le Nil, d’Assouan au Caire, à la découverte de l’Egypte confidentielle. 

Yu Wakizuka a pris la pause dans la salle Sandoz. Un petit moment d’éternité pour ce jeune danseur surdoué, récompensé en février dernier par une quatrième place à la 47e édition du Prix de Lausanne. Offerte par le Beau-Rivage Palace, sa bourse va lui permettre d’intégrer l’une des écoles ou compagnies partenaires de l’événement. Yu Wakizuka est âgé de 17 ans. Originaire d’Osaka, il étudie actuellement à l’Hungarian Dance Academy, à Budapest.  Yu Wakizuka struck a pose in the Sandoz ballroom. A brief instant of eternity for this young, highly gifted dancer who took fourth place at the 47th edition of the Prix de Lausanne in February. His grant, offered by the Beau-Rivage Palace, will enable him to attend one of the schools or join one of the companies which are partners of the event. Yu Wakizuka is 17 years old. Originally from Osaka, he is currently studying at the Hungarian Dance Academy in Budapest.  www.prixdelausanne.org

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Rue de la Rôtisserie 19, Genève — Tél. 022 518 04 94 www.voyageursdumonde.ch

PHOTOS: GREGORY BATARDON ET JÉRÔME GALLAND / WWW.JEROMEGALLAND.FR

H   armony

On a hundred-year-old boat, Voyageurs du Monde reinvents the Nile cruise to the slow beat of the paddle wheel. After half a century tied to its dock, the steam ship Sudan has been brought back into service by Jean-François Rial, CEO of Voyageurs du Monde. It has been restored so meticulously that it looks exactly as it did when Agatha Christie was on board, with its wooden and copper decks, its cosy lounges and cabins and suites oozing all the antiquated charm of the Belle Epoque. Climb aboard for an exceptional cruise along the Nile from Aswan to Cairo, and the chance to discover the secrets of Egypt. 


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NEWS

Printemps Eté – Spring Summer 2019

FOOD FOR THOUGHT (BANQUE LANDOLT & CIE SA)

Mon assiette en 2050 – et comment nous en sommes arrivés là — Texte Coast Sullenger et Nicolas Moeschler

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Nous sommes en 2050 et l’alimentation est revenue au centre de nos vies. Les deux chocs alimentaires de 2008 et de 2035 ont eu un effet catalyseur. Les prix des produits de base, tels que le blé, le maïs, le riz et le soja, ont fait un bond de plus de 100% et des milliards de personnes ont basculé dans la précarité et la faim, notamment dans les régions les plus pauvres. Il semblait donc que les prédictions de Malthus continueraient de se réaliser, la guerre et la peste freinant la croissance démographique et l’humanité excédant structurellement la capacité de la planète à nourrir une population mondiale toujours plus nombreuse – jusqu’à 9 milliards d’êtres humains aujourd’hui! Mais ces prévisions pessimistes avaient sousestimé notre capacité d’innovation! La première Révolution verte en est la meilleure preuve: dans les années 1970 et 1980, la production a connu un boom porté par un recours massif aux produits chimiques et les innovations dans les machines. La production abondante a suivi le rythme de la demande, au détriment toutefois de la fertilité des sols, de l’environnement et de la biodiversité. En 2050, l’utilisation des produits chimiques a marqué le pas en raison de l’augmentation du coût du gaz naturel, de la potasse et du phosphore, mais aussi grâce aux innovations introduites dans le domaine des engrais biologiques, de la protection des cultures et des pesticides. L’enrobage microbien des semences est devenu une pratique courante, qui a contribué à restaurer la fertilité des sols mise à mal par de nombreuses années d’utilisation excessive de produits chimiques. 18  RE GAR D S n° 1 5

Je décide d’aller marcher à l’heure du déjeuner. Pendant que je bois mon shake de super-aliments, je ne suis pas mon trajet habituel et me retrouve à côté d’une boucherie. Le bœuf de pâturage suisse a l’air délicieux, mais est beaucoup trop cher pour moi – plus de 100 francs le kilo! Bien que je ne sois pas très amateur de viande in vitro, elle coûte tout de même plus de deux fois moins cher. En 2035, la flambée des prix des céréales a poussé les responsables politiques à appliquer des taxes plus agressives sur toutes les viandes de bœuf issues de parcs d’engraissement. La population s’est résolue à diminuer sa consommation de viande pour des questions de santé et pour répondre à l’urgence d’enrayer les atteintes à l’environnement. Les autres sources de protéines, par exemple le poisson, mais aussi les légumineuses (lentilles, pois chiches), les algues et les insectes, sont en plein essor. Comme je travaille tard, je me régale avec un shake santé rafraîchissant saveur «lassi à la mangue». C’est un shake de chou kale, de graines de chia et d’autres super-aliments, enrichi avec des protéines d’algues. Il n’en a pas moins un goût délicieux, presque addictif. Le «lassi du soir» est une préparation spéciale pour la fin de journée, contenant une pointe d’alcool synthétique – pas besoin d’aller au bistro et on peut rentrer à la maison en voiture! Jetons un regard en arrière sur l’incroyable histoire de l’alimentation et les solutions durables que nous avons développées. Mais de nombreux défis restent à relever! La population mondiale atteint presque la barre des 9 milliards et l’écosystème sur lequel repose notre alimentation est fragile. Les pays en développement restent les grands perdants et n’ont toujours pas accès à une alimentation adéquate. Tous les citoyens de la planète doivent agir en faveur d’un changement positif et peuvent commencer tout simplement en mangeant bien! 

PHOTO: © LIDDY HANSDOTTIR / STOCK.ADOBE.COM

on réveil sonne. J’attrape mon téléphone et commence à faire mes courses pour le petit-déjeuner. L’application «My-Food» me signale une légère carence en vitamine A et en fer et me suggère du saumon élevé sur la terre ferme, avec des épinards et des lentilles. Je préfère commander mon petit-déjeuner favori. Vingt minutes plus tard, j’ouvre mon portail sécurisé afin de récupérer un repas préparé localement et présenté dans un emballage minimal. Pas besoin de me compliquer la vie avec le paiement, ce sera débité automatiquement via l’app, basée sur une blockchain. Je suis également ravi de gagner des points de santé, ce qui me permet de rester dans la catégorie d’assurance la plus économique! Mon petit-déjeuner se compose de fruits frais sur un yaourt à base de pois, d’un porridge à l’avoine «GM5» et d’un jus d’orange frais bio. Le plat personnalisé est un gâteau comestible créé sur imprimante 3D, riche en protéines dérivées d’insectes. Quelle magnifique façon de commencer la journée!


NEWS

Printemps Eté – Spring Summer 2019

It’s 2050, and food has made its way back into the centre of our lives. Two major food shocks, in 2008 and 2035, were catalysts. Prices for basic staples like wheat, corn, rice and soybeans spiked up over 100% and billions of people, mainly in poorer regions, were thrown into precarity and hunger. And so it seemed that Malthus’s predictions would keep coming true, that war and pestilence would act to keep population growth in check, and that humans had structurally outrun the planet’s capacity to sustain growing numbers – now up to nine billion! But those gloomy forecasts underestimated our ability to innovate! The first so-called Green Revolution was a testament to this as production boomed, driven by massive use of chemicals and innovations in machinery in the ’70s and ’80s. Bountiful output kept pace with growing demand but at the expense of soil fertility, the environment and bio-diversity.

M   y dinner plate in 2050 a  nd how it got there

M

y alarm goes off, I grab my phone and start shopping for breakfast. “My-Food” app signals a minor vitamin A and iron deficiency and suggests land-based farmed salmon with spinach and lentils. I prefer to order my favourite breakfast. Twenty minutes later I open the secure portal in my front door and recover a minimally packaged and locally prepared meal. No hassle with payments, it’s automatically debited via my app that works on a blockchain. I’m also happy earning health points that keep me in the cheapest insurance category! My breakfast is composed of fresh fruit on top of yogurt derived from peas, “GM5” oat porridge and fresh squeezed bio orange juice. The special personalized feature is a 3D printed edible nutrition cake that contains loads of derived insect protein. What a great way to start the day!

But in 2050, chemical usage declined, driven by the higher cost of natural gas, potash and phosphorus but also thanks to innovation of new bio-derived fertilizers, crop protection and pesticides. Microbial coating of seeds has become widespread and has helped restore soil fertility destroyed by many years of chemical misuse. I decide to go for a walk over lunch. As I am drinking my superfood shake, I take an unusual route and end up next to a butcher shop. The grass-fed Swiss beef looks delicious but is totally unaffordable for me at over CHF 100 per kilo! I’m not a big fan of in-vitro meat even though it’s less than half the price. The spike in grain prices in 2035 pushed policymakers to pass more aggressive taxes on all feed-lot beef. The population resolved to eat less meat in the name of better health, and to make an urgent effort to stem damage to the environment. Other protein sources like fish as well as pulse crops (lentils, chick peas), algae and insects have boomed. Working late, I enjoy a refreshing “mango lassi” flavoured health shake. The mix is full of kale, chia, and other superfoods and fortified with algae protein but it even has a delicious and almost addictive taste. “Late Lassi” is a special concoction for the evening, with a little added synthehol – no need to hit the pub and no problem to drive the car home! Look back in time and consider the incredible story of food, and how we achieved sustainable solutions. But many challenges remain! The earth’s population is nearly nine billion and the eco-system supporting food is fragile. Developing countries are still left behind and suffer lack of access to adequate nutrition. All citizens of the planet must be actors for positive change and they can begin by simply eating right!  * Coast Sullenger is Head of thematic investing at Landolt & Cie SA. Nicolas Moeschler is Investment Manager at Landolt & Cie SA.

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NEWS

FLAVOUR

Le 57° Grill fait monter la température Changement d’ambiance au Château d’Ouchy. Le restaurant aux tonalités lacustres a laissé place à un grill où la viande est reine, et cuite dans les règles de l’art. — Texte Jennifer Segui

D’

abord, il y a l’odeur, ce doux fumet qui, instantanément, provoque chez tout gourmand qui se respecte une irrésistible envie de goûter. Ces enivrantes effluves de poulets savamment rôtis montrent le chemin vers la cuisine où le spectacle s’offre aux quelques convives qui, fins connaisseurs, se sont attablés au comptoir avec vue plongeante sur le spectacle: volailles qui tournent lentement sur la broche monumentale, flammes dansantes audessous des pièces de bœuf surveillées par la brigade. Ouvert en mars dernier, le nouveau restaurant du Château d’Ouchy est une véritable expérience. «Avec ce comptoir et cette cuisine ouverte, nous avons vraiment voulu créer une interactivité avec nos clients à travers les odeurs, les bruits, la chaleur, explique Yves Chavaillaz, directeur de l’établissement. Le live cooking est une vraie tendance et les gens aiment le côté spectaculaire.» LIVE COOKING

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SIMPLICITÉ ET QUALITÉ

Côté carte, Didier Schneiter, chef exécutif du Beau-Rivage Palace SA, a misé sur la convivialité: nombre de plats, comme les généreuses pièces de viande, sont servis à partager. Mais aussi sur la simplicité, une certaine rusticité et bien sûr la qualité. Aux côtés des poulets fermiers de la Gruyère, le carnivore pourra ainsi se délecter d’agneau de lait du Valais ou de pavé de veau, tous deux bios. Pour les amateurs de viande rouge, le bœuf suisse des alpages, la côte de bœuf Irlande Hereford ou encore le T-Bone Angus suisse sont cuits à 57°C à cœur, la température idéale pour une grillade parfaite, qui a logiquement donné son nom au restaurant. En préambule de ces pièces de choix, le chef a créé quelques surprises avec les très américains Clam Chowder ou Crab Cakes en entrée, ou, en dessert, les délicieux ananas caramélisés à la broche ou l’inoubliable Paris Brest. «J’avais envie d’ajouter des choses simples, que j’aime bien et qui font instantanément voyager», explique Didier Schneiter. Autour du homard entier du Maine ou du poulpe grillé et houmous aux épices Kebab, eux aussi à la carte, le chef a tout de même dû faire une concession au nom de la tradition: les filets de perches du lac façon meunière sont toujours un must have des bords du Léman. 

PHOTOS: LENAKA.NET

Finies donc l’ambiance lac et la cuisine du marché, place au top du top de la viande d’ici et d’ailleurs, préparée en live cooking. Pour Yves Chavaillaz, ce concept fort, inédit à Lausanne, répondait à une vraie demande: «Les clients de l’hôtel, mais aussi ceux du Beau-Rivage Palace ou de l’Hôtel Angleterre & Résidence, interrogeaient fréquemment nos concierges sur un endroit où déguster de la bonne viande. Et puis, ce genre de table est très à la mode dans les capitales comme Londres ou Paris, complètement dans ce trend qui consiste à manger moins de produits carnés mais de meilleure qualité.» Une thématique dans l’air du temps qui nécessitait plus qu’un simple coup de pinceau dans ce lieu idéalement placé au bord du Léman, avec vue imprenable sur le lac et les quais d’Ouchy. Après quatre mois de travaux, et un relooking complet confié à un bureau d’architectes londonien, voici un décor urbain et chaleureux dans lequel la pierre grise, emblématique de cette folie néo-gothique, s’accorde avec le bois de noyer. Où le salon d’accueil invite à ralentir, entre cheminée et canapés moelleux. Où les meubles sur-mesure, fauteuils de cuir et tables aux allures de billot de boucher en marbre, sont animés par un personnel trendy, Stan Smith aux pieds et vêtu de jeans, chemise à carreaux et tablier de toile aux bretelles de cuir pour une ambiance chic et décontractée.


Le b.a.-ba de la grillade à la maison selon le chef Didier Schneiter La viande: on opte pour une viande marbrée, à l’os, pour le côté esthétique mais aussi pour sa tenue à la cuisson; carré d’agneau ou côte de bœuf que l’on choisit bien marbrée et chez son boucher. Marinade ou pas? Pour ces belles pièces de viande, je préfère jouer l’authenticité en les cuisant brutes. On peut faire une petite sauce, par exemple Teryaki, à proposer au service. Ou un bon poivre. Les marinades conviennent mieux pour le poulet par exemple, que j’aime préparer à l’indienne, avec des épices, du yogourt. Braise ou gaz? Personnellement, j’emploie du charbon de bois bio. Surtout, il faut être patient pour la grillade, bien attendre qu’il n’y ait plus de flammes et que les braises soient recouvertes de cendres avant d’y placer la viande. L’astuce du chef: faire pocher votre volaille une vingtaine de minutes avant de la mettre à la broche pour une cuisson plus uniforme.

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Printemps Eté – Spring Summer 2019

The 57° Grill turns up the heat A change of atmosphere at the Château d’Ouchy. The restaurant with its lakeside colours has been replaced by a grill where meat rules and is cooked just how it should be.

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he first thing that hits you is the smell, a mild aroma which immediately awakens an irresistible desire to taste in any self-respecting gourmet. These intoxicating smells of skilfully roasted chicken are wafting from the kitchen, where a few true aficionados have taken a seat at the counter to enjoy the show first-hand: chicken turning slowly on a monumental spit, flames dancing below cuts of beef under the watchful eye of the kitchen brigade. Open since March, the new restaurant at the Château d’Ouchy is an experience in itself. “With the counter and the open kitchen, we wanted to create an interactive relationship with our guests through the smells, the noises and the heat,” explains Yves Chavaillaz, the restaurant manager. “Live cooking is all the rage and people like the spectacular side.” LIVE COOKING

SIMPLICITY AND QUALITY

Didier Schneiter, Executive Chef at the Beau-Rivage Palace, has put conviviality on the menu: like the generous cuts of beef, numerous dishes are designed to be shared. He has also emphasised simplicity, a certain rusticity and, of course, quality. Alongside the free-range chickens from the Gruyère region, meat lovers can also savour Valais sucking lamb or a slab of veal, both produced organically. For lovers of red meat, the Swiss beef raised in the mountain pastures, the prime rib of Irish Hereford or the Swiss Angus T-bone are cooked at 57° C at the centre, the ideal temperature for perfectly grilled meat – hence the name of the restaurant. 22  RE GA R D S n° 1 5

To whet the appetite before enjoying these choice cuts, the chef has created a few surprises with typically American clam chowder and crab cakes, as well as delicious pineapple caramelised on a spit or the unforgettable Paris Brest for dessert. “I wanted to add some simple things that I like and that immediately whisk guests off to distant horizons,” explains Chef Schneiter. Even though he offers exotic whole Maine lobster or grilled octopus with kebab-spiced hummus, the chef has nevertheless made a concession in the name of tradition: the perch fillets, fished from the lake and prepared meunière- style, are still a must on the shores of Lake Geneva. 

The fundamentals of home barbecuing according to Chef Didier Schneiter Meat: opt for marbled meat on the bone, not only for the aesthetics but also for the way it cooks – a nicely marbled rack of lamb or prime rib from the butcher. Marinade or not? For these delicious cuts of meat, I prefer going for authenticity by cooking them as they are. You can always prepare a sauce, for example Teriyaki, which can be proposed when serving. Or a good pepper. Marinades are better suited to chicken, for example, that I enjoy preparing Indian-style with spices and yoghurt. Hot embers or gas? Personally, I use organic charcoal. It is important to be patient when barbecuing – wait until the flames have died down and the embers are covered with ash before adding the meat. The chef’s tip: poach your chicken for twenty minutes before putting it on the spit to ensure more even cooking.

PHOTO: LENAKA.NET

Gone are the lakeside atmosphere and market cuisine, replaced by the very best meat from here and elsewhere prepared right before your eyes. For Mr Chavaillaz, this strong concept new to Lausanne satisfied a genuine demand: “The hotel guests as well as those staying at the Beau-Rivage Palace and the Hôtel Angleterre & Résidence would often ask our concierges where they could taste some really good meat. What’s more, this kind of experience is very fashionable in capital cities such as London and Paris, reflecting the trend of eating less meat, but of better quality.” Completely in step with its era, the concept required more than a simple lick of paint on the walls of this restaurant, which enjoys an ideal location on the shores of Lake Geneva with a sweeping view over the lake and quays of Ouchy. After four months’ work and a face-lift entrusted to an architect's office based in London, the premises now boast a warm, urban décor combining grey stone, so emblematic of this neo-Gothic folly, and walnut wood. Here, the reception area offers guests the chance to take it easy between the open fireplace and the soft sofas. Here, the trendy staff – wearing Stan Smith sneakers, jeans, checked shirt and canvas apron with leather straps – move effortlessly between the tailor-made furniture, leather armchairs and tables reminiscent of butchers’ marble blocks, to create a chic yet relaxed atmosphere.



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Printemps Eté – Spring Summer 2019

VISITE GUIDÉE

Une bibliothèque au Lausanne Palace Pour ancrer son engagement en faveur de la création littéraire, le Lausanne Palace crée avec Le Livre sur les Quais un espace ouvert à tous, dédié aux livres. — Texte Sylvie Ulmann

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ntime et feutré, le salon, dont les murs sont entièrement recouverts de bibliothèques, se situe exactement entre le LP’s Bar et une magnifique terrasse avec vue imprenable sur le lac et les Alpes. «C’est un endroit idéal pour lire et j’ai toujours regretté que les quelques ouvrages que l’on y trouve aient une valeur principalement décorative», commente Ivan Rivier, directeur de l’établissement. Au fil d’une conversation avec Sylvie Berti Rossi, directrice du salon Le Livre sur les Quais (lire l’encadré), l’idée a germé de faire vivre ce salon en y proposant une sélection d’œuvres, dont celles des auteurs présents à la manifestation. Il n’a pas hésité une seconde. «C’est une belle manière de marquer notre partenariat avec cet événement littéraire, comme d’ancrer notre soutien à la culture dans l’hôtel», s’enthousiasme-t-il. Ravie de cette vitrine offerte aux écrivains du salon, Sylvie Berti Rossi précise que, sur les étagères, on trouvera des ouvrages en français mais aussi en anglais notamment, puisque Le Livre sur les Quais accueille également des auteurs anglophones. De quoi faire le bonheur des hôtes non francophones. «La collection s’étoffera au fil du temps, nous n’allons pas remplir totalement les rayons dans l’immédiat», souligne-t-elle. LES PRÉMICES D’UN CERCLE LITTÉRAIRE

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Un salon les pieds dans l’eau Du 6 au 8 septembre 2019, la 10e édition du Livre sur les Quais aura lieu à Morges. La manifestation, qui se tient au bord du Léman et dans une foule d’endroits au cœur de la ville, joue l’originalité. Dédicaces, lectures et rencontres se déroulent tantôt sous tente au bord de l’eau, dans des salles du château et du centre-ville, voire dans des boutiques ainsi que sous forme de croisière, à bord d’un bateau de la CGN. L’ambiance, très conviviale, favorise les échanges entre auteurs et lecteurs et contribue largement au succès de cet événement. www.lelivresurlesquais.ch

PHOTO: VANINA MOREILLON

Les volumes seront à disposition des résidents et des Lausannois, qui pourront les consulter sur place. Une façon agréable de découvrir de nouvelles plumes. Pour cela, il suffira de laisser ses coordonnées, ce qui permettra en outre de constituer un cercle d’amateurs de littérature. «L’endroit se prête bien à de petites manifestations, type lectures ou rencontres avec des écrivains, qui peuvent intéresser nos clients et attirer un public venu de l’extérieur», relève Ivan Rivier. Encore une manière de faire vivre la culture qui, rappelle-t-il, se nourrit d’échanges: «Nous hébergeons régulièrement des artistes dans le cadre de notre soutien à des événements. Mais j’ai à cœur que le Lausanne Palace soit véritablement un acteur sur ce terrain, un lieu d’interactions.» De fait, l’établissement a organisé cet hiver et le précédent des rencontres entre le public et les auteurs en lice pour le Prix des lecteurs de la Ville de Lausanne. Il a aussi hébergé Lausan’noir, un festival consacré aux polars. Dans d’autres domaines, il a accueilli la performance d’un artiste du tag. Et il ouvre son bar à des musiciens locaux trois ou quatre soirs par semaine. Le samedi, un DJ assure l’ambiance. De quoi satisfaire de nombreux publics. 


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Printemps Eté – Spring Summer 2019

A library in the Lausanne Palace To assert its commitment to literary creation, the Lausanne Palace has created, with Le Livre sur les Quais, an area dedicated to books.

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ntimate and hushed, with its wall entirely covered by bookshelves, the lounge is located between LP’s Bar and a magnificent terrace with stunning views over the lake and the Alps. “It is an ideal place to read and I have always regretted that the works that are found here are primarily decorative”, says Ivan Rivier, the hotel manager. As a conversation unfolded with Sylvie Berti Rossi, Director of Le Livre sur les Quais fair (see box), a seed was planted that grew into the idea of bringing this lounge back to life by housing a selection of works, including those of the authors attending the event. She didn’t waste another second. “It is an excellent means of promoting our partnership with this literary event, anchoring our support for the cultural sphere in the very hotel itself,” she continues. Delighted by this showcase for the writers at the fair, Ms Berti Rossi emphasizes that the shelves contain works in both French and English, as Le Livre sur les Quais also welcomes English-language authors. It is a boon for our non-French-speaking guests. "The collection will grow over time – the shelves won’t be filled immediately,” she stresses. THE FOUNDATIONS OF A LITERARY CIRCLE

A fair only a stone’s throw from the lake From 6 to 8 September 2019, the tenth edition of Le Livre sur les Quais will be held in Morges. Held on the shores of Lake Geneva and in a host of other locations in the heart of the city, the event promotes originality. Book signings, readings and encounters are organised in a marquee on the lake shore, in the rooms of the castle and the centre of Morges, and even in certain boutiques as well as during a cruise on a boat operated by CGN. The highly convivial atmosphere is conducive to dialogue between authors and readers and plays a major part in the success of this event. www.lelivresurlesquais.ch

The books will be available to hotel guests and the residents of Lausanne, who can consult them on-site – a pleasurable way to discover new authors. All you have to do is leave your contact details, which will also be used to create a circle of literary aficionados. “The place is ideal for small events, such as readings or meetings with authors, which might be of interest to our guests and could attract people from outside,” adds Ivan Rivier. Yet another way of bringing culture to life, which, as he reminds us, is fostered by dialogue: “We regularly welcome artists to our hotel through our support for events. Nevertheless, I want the Lausanne Palace to become an actor in its own right in this field, a forum for interaction.” Last winter and the one before that, the hotel organised encounters between the public and the authors shortlisted for the Prix des Lecteurs awarded by the City of Lausanne. It has also hosted Lausan’noir, a festival devoted to thrillers. In other fields, it has been the scene for the performance by a graffiti artist. LP’s Bar is also open to local musicians three or four evenings a week, and on Saturdays a DJ provides some lively atmosphere. So there is plenty to satisfy a variety of audiences.    R EG A R D S n °1 5  25


RENCONTRE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

«LES FILMS M’ONT PROCURÉ TRÈS TÔT DES EXPÉRIENCES DE NARRATION MARQUANTES»

— PAUL AUSTER

Interviewé dans le cadre du festival de cinéma Rencontres 7e Art Lausanne, l’écrivain, scénariste et réalisateur new-yorkais Paul Auster s’est longuement confié à Regards. Spontané et intarissable sur sa vie et sa carrière. — Propos recueillis par Rachel Barbezat / Portrait Anoush Abrar

utre l’écriture d’une quarantaine d’ouvrages, parmi lesquels de nombreux succès littéraires comme Trilogie new-yorkaise, Moon Palace ou Léviathan, l’écrivain amoureux de cinéma compte également la réalisation de trois films à son actif. C’est au Beau-Rivage Palace, partenaire des Rencontres 7e Art Lausanne, qu’il nous a fait l’immense honneur de nous accorder une interview exclusive, dans un français qu’il maîtrise parfaitement. Une rencontre placée sous le signe du cinéma, mais pas seulement. REGARDS Alors que vous aspiriez à une carrière de cinéaste, pour quelle raison avez-vous privilégié l’écriture? PAUL AUSTER Devenir cinéaste était une tentation à l’adolescence, mais j’étais timide et je ne me pensais pas capable de diriger des acteurs. Cela me paraissait trop compliqué de parler et de m’imposer dans une pièce emplie de personnes. Aussi, à l’aube de l’âge adulte, l’écriture m’a semblé plus adaptée à mon caractère.

A quel moment avez-vous développé une passion pour le cinéma? Mon amour pour le cinéma est né durant mon enfance, les films m’ont procuré très tôt des expériences de narration mar26  RE GA R D S n° 1 5

quantes. Ils m’ont donné une ouverture sur le monde que les livres ne pouvaient pas m’apporter, car je n’étais pas en mesure de comprendre la «grande» littérature à l’âge de 9 ans. Est-ce qu’un film vous a particulièrement marqué durant votre jeunesse? Oui, j’avais 6 ans quand j’ai vu le film de science-fiction La Guerre des mondes, tiré du roman de H. G. Wells. Il a provoqué en moi un vrai cataclysme théologique. En constatant que les croyants subissaient le même sort que les autres, j’ai pris conscience de la non-existence de Dieu.

«Les comédiens utilisent les mêmes ressorts que les écrivains. Ils doivent donner vie à des personnages, je m’évertue à faire la même chose à travers l’écriture.»

Ce constat a déconstruit ma vision du bien et du mal. Quid de votre première émotion littéraire? Je me souviens d’avoir acheté avec mon propre argent de poche, à l’âge de 11 ans, Docteur Jivago de Boris Pasternack. La traduction anglaise venait de sortir et ce livre apparaissait dans mon imaginaire comme un ouvrage fascinant. J’ai lu les deux premières pages, je n’ai rien compris, j’ai essayé de le relire et ce fut si laborieux que je n’ai jamais poursuivi ma lecture au-delà de ces deux pages (rires). Ceci dit, par la suite, j’ai quand même lu plusieurs livres de Pasternack. Finalement l’amour du cinéma vous a mené à l’écriture qui vous a ensuite offert la possibilité de revenir à votre première passion. On peut y voir une certaine ironie? On pourrait le voir ainsi, mais mon incursion dans le cinéma a eu lieu simultanément à mon travail d’écriture. A vrai dire, j’avais déjà écrit plusieurs scénarios de films muets qui ne sont jamais sortis. Je suis revenu au cinéma grâce à Wayne Wang qui m’a approché après la parution de mon conte, Le Noël d’Auggie Wren. Il en a fait un film et nous avons ainsi entamé une collaboration qui s’est poursuivie avec Smoke, et Brooklyn Boogie.


RENCONTRE

Le tournage de ce dernier était prévu sur six jours: trois jours en juillet et trois en octobre. Le premier jour de tournage, il faisait une chaleur torride à New York, au moins 40°! Wayne est tombé malade et il m’a dit: «Paul, remplace-moi sur le plateau, tu peux le faire!» C’est ainsi que je me suis retrouvé à diriger les acteurs et tout s’est très bien déroulé. J’avais dépassé les appréhensions du garçon timide. Trois ans plus tard, vous étiez prêt à vous lancer seul dans la réalisation de Lulu on the Bridge. Quels souvenirs gardez-vous de ce tournage? J’en suis fier mais cela a été une bagarre continuelle. Nous avions peu de moyens, il fallait être inventif, trouver des solutions. Heureusement, j’ai été bien entouré. Par exemple, pour la scène de la noce, Adelle Lutz (ex-femme de David Byrne) a été très inventive: je n’avais plus d’argent pour les costumes, elle a trouvé le moyen de faire une robe de mariée avec des plumes de paon. C’était fabuleux. Je suis également très reconnaissant à Willem Dafoe, auquel j’ai envoyé le scénario un dimanche. Il a accepté le rôle le lundi et quand il est venu répéter trois jours plus tard, il le connaissait à la perfection. Willem nous a sauvés. Pour ma part, j’étais extenué à la fin du tournage. Vous avez pourtant décidé de renouveler l’expérience neuf ans plus tard avec The Inner Life of Martin Frost. Oui, mais le tournage fut beaucoup plus léger, nous étions une équipe réduite composée de 16 personnes, alors qu’un tel film nécessite généralement le triple d’individus. J’ai découvert à ce momentlà un esprit de solidarité rare. Tout le monde courait du matin au soir et se battait pour le même but! Cela reste un souvenir fort. L’écriture est un travail solitaire, à l’inverse du cinéma qui nécessite une collaboration de groupe. Comment avez-vous appréhendé cette activité de réalisateur totalement différente de la rédaction d’un livre? Je l’ai à chaque fois vécue comme une bouffée d’air. Un retour à ma jeunesse durant laquelle je pratiquais beaucoup de sport d’équipe, notamment du basket et du baseball. Après avoir passé de nombreuses années enfermé à écrire, j’étais heureux de trouver une nouvelle manière d’exister durant une période. Cela m’a fait du bien. Quels enseignements avez-vous retirés de vos films?

J’ai beaucoup appris sur la nature humaine. J’ai toujours tout fait pour qu’il règne une vraie quiétude sur les sets, ce qui n’est pas évident. Un tournage peut vite dégénérer et devenir un enfer. J’ai aussi découvert des similitudes entre le métier d’écrivain et les comédiens. Je comprends parfaitement ces derniers, car ils utilisent les mêmes ressorts que les écrivains. Ils doivent donner vie à des personnages, je m’évertue à faire la même chose à travers l’écriture. Je pense que cela m’a aidé à bien les diriger. Prévoyez-vous de réaliser d’autres films? Non, car il faut de l’énergie pour faire un film, je préfère garder cette énergie

pour l’écriture. J’ai encore beaucoup de choses à dire dans mes livres. Votre dernier livre, 4 3 2 1, semble être une déclaration d’amour au cinéma, n’est-ce pas votre livre le plus cinématographique? Pas vraiment, car il y a peu de scènes et peu de dialogues. Archie Ferguson est le seul personnage du livre qui est vraiment passionné de cinéma. Je crois que Le maître des illusions est mon roman le plus cinématographique. Mais l’interprétation d’un livre reste très personnelle. Selon moi, la littérature est la communication la plus sensible entre deux personnes, le lecteur et l’écrivain. C’est l’oc  R EG A R D S n °1 5  27


RENCONTRE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

Vous qui êtes considéré comme l’écrivain du hasard et de la contingence, pouvez-vous citer un fait du hasard qui vous a récemment inspiré ou interpellé? Je pense que ma présence dans le cadre de ce festival est un bon exemple. Il s’est passé quelque chose dans le cosmos, car à priori, rien ne me prédestinait à venir présenter mes films à Lausanne, aux côtés de grands réalisateurs accomplis que j’admire. Mes films furent des échecs à leur sortie, j’imaginais qu’ils étaient enterrés à tout jamais. Et les voilà ressuscités! C’est merveilleux. Je suis vraiment extrêmement touché d’avoir été invité aux Rencontres par Vincent Perez. C’est pour moi un grand honneur et un vrai bonheur d’être ici. 

“Films offered me striking narrative experiences at an early age”

Interviewed during the Rencontres 7e Art Lausanne film festival, the author, screenwriter and director from New York, Paul Auster, spent a long time talking to Regards. Spontaneous and inexhaustible on his life and career.

Paul Auster en dix dates / Paul Auster in ten dates 1947

Naissance à Newark, dans le New Jersey. Born in Newark, New Jersey.

1965 - 1970 Etudes littéraires à Columbia University. Studied literature at Columbia University. 1971 - 1974 Séjour à Paris, traductions littéraires. Stayed in Paris, translated French literature. 1974

Installation à New York et parution d’Unearth, son premier recueil de poèmes. Moved to New York and published Unearth, his first collection of poems.

1981

Mariage avec l’écrivaine Siri Hustvedt. Married the writer Siri Hustvedt.

1982

Parution de son premier roman, Fausse balle, sous le pseudonyme de Paul Benjamin. Publication of his first novel, Squeeze Play, under the pseudonym Paul Benjamin.

1985 - 1986 Parution de la Trilogie new-yorkaise. Publication of The New York Trilogy. 1993 Adaptation au cinéma par Philipp Hass de La Musique du hasard. Adaptation of The Music of Chance for the cinema by Philipp Hass. 1995 Scénarios de Smoke et de Brooklyn Boogie, réalisés par Wayne Wang. Wrote the screenplay for Smoke and Brooklyn Boogie, directed by Wayne Wang. 2001

Scénario et réalisation de Lulu on the Bridge. Wrote and directed Lulu on the Bridge.

2017

Parution de 4 3 2 1. Publication of 4 3 2 1.

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— PAUL AUSTER

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n addition to writing some forty works including numerous literary successes such as The New York Trilogy, Moon Palace and Leviathan, this cinema-loving writer has also directed three films. It was at the Beau-Rivage Palace, a partner of the Rencontres 7e Art Lausanne, that he honoured us with an exclusive interview in perfect French. An encounter to talk about the cinema and many other things.

REGARDS You wanted to make a career as a film-maker, so why did you focus on writing? PAUL AUSTER Becoming a film-maker was a teenage dream, but I was shy and didn’t think I’d be capable of directing actors. It seemed too complicated to talk and assert myself in a room full of people. Moreover, on the cusp of adulthood, writing seemed more in tune with my character.

When did you develop a passion for the cinema? My love of the cinema was born during my childhood, and films offered me striking narrative experiences at an early age. They gave me a window onto the world that books could not because, at the age of nine, I wasn't really able to understand “great” literature. Did any film in particular make an impression on you when you were young? Yes, I was six when I saw the science-fiction film War of the Worlds, based on the novel by H. G. Wells. It caused a theological cataclysm in me. Seeing that believers and non-believers suffered the same

PHOTOS: REBECCA BOWRING / RENCONTRES DU 7e ART LAUSANNE (R7AL 2019) ET DR.

casion unique, voire la seule, qui permet de développer un dialogue intime avec un inconnu.


RENCONTRE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

“Actors use the same processes as authors. They have to bring characters to life and I endeavour to do the same thing through writing.”

fate, I realised that God didn't exist. This in turn deconstructed my vision of good and evil. What about your first literary emotion? I remember buying my first paperback with my pocket money when I was 11; it was Doctor Zhivago by Boris Pasternak. The English translation had just been published and in my mind, this book was a fascinating work. I read the first two pages and didn’t understand a thing. I tried again and it was so laborious that I never went any further than those two pages (laughter). Having said that, I have nevertheless read several of Pasternak’s works. In the end, cinema led you to writing which subsequently offered you the chance to return to your first love. Is there a certain irony in that? That’s one way of looking at it, but my foray into the cinema happened at the same time as I was writing. To be honest, I had written several silent film scripts which never saw the light of day. I returned to the cinema thanks to Wayne Wang, who contacted me after Auggie Wren’s Christmas Story was published. He made it into a film and we began a working relationship that continued with Smoke and Brooklyn Boogie. Filming for the latter of these two was scheduled over six days: three days in July and three in October. On the first day of filming, it was blisteringly hot in New York, with temperatures hitting at least 40 degrees! Wayne fell ill and said to me: “Paul, take my place on the set, you can do it!” That’s how I ended up directing actors, and everything ran smoothly.

I had overcome the apprehensions of the shy little boy I used to be. Three years later, you directed Lulu on the Bridge alone. What memories do you have of filming it? I am proud of the film, but it was a constant fight. We had a very small budget so we had to be inventive and find solutions. Fortunately, I had a good team with me. For the wedding scene, for example, Adelle Lutz (the ex-wife of David Byrne) was highly inventive: I had no more money for costumes and she found a way of making a wedding dress with peacock feathers. It was fabulous. I also owe a great deal to Willem Dafoe, to whom I sent the script one Sunday. He accepted the role on the Monday and when he came to rehearsal three days later, he knew it off by heart. Willem saved us. I was absolutely exhausted once filming was over. You nevertheless renewed the experience nine years later with The Inner Life of Martin Frost. Yes, but filming was a much lighter affair; we had a reduced team of 16 people whereas a film like that generally needs three times as many people. I encountered a rare spirit of solidarity. Everyone was on the go morning to night, working towards the same goal! It is a very strong memory. Writing is a solitary activity unlike the cinema, which relies on cooperation within a group. How did you perceive the role of director which is completely different from writing a book? Each time it was like a breath of fresh air, a return to my childhood during which

I played a great deal of team sport, in particular basketball and baseball. Having spent years locked away writing, I was happy to discover a new way of living for a while. It did me a world of good. What lessons have you learned from your films? I have learned a great deal about human nature. I have always done everything I can to create a peaceful atmosphere on set, which is not always easy. A film shoot can quickly get out of hand and become something of a living hell. I have also discovered certain similarities between the job of an author and that of actors. I understand actors perfectly, because they use the same processes as authors. They have to bring characters to life and I endeavour to do the same thing through writing. I think that helped me to direct them successfully. Are you planning on directing any other films? No, it takes a lot of energy to make a film and I prefer to keep that energy for my writing. I still have a great deal to say in my books. Your last book, 4 3 2 1, appears to be a declaration of love to the cinema; is it your most cinematographic book? Not really. There are few scenes and little dialogue. Archie Ferguson is the only character in the book who genuinely loves the cinema. I think that The Book of Illusions is my most cinematographic book. But the interpretation of a book is a very personal thing. In my opinion, literature is the most sensitive means of communication between two people, the reader and the writer. It is a unique opportunity, the only opportunity, that enables you to develop an intimate dialogue with a total stranger. You are seen as the writer of chance and contingency. Can you quote a random event that inspired you or grabbed your attention recently? I think that my very presence at this festival is a good example. Something happened in the cosmos because nothing predestined me to come to Lausanne to present my films alongside so many accomplished directors whom I admire. My films were failures when they were released and I thought they would remain buried forever. And here they are, back from the dead! It’s amazing. I am extremely touched to have been invited to the Rencontres by Vincent Perez. It is a great honour and an immeasurable pleasure to be here.    R EG A R D S n °1 5  29


FOCUS

Printemps Eté – Spring Summer 2019

TOURISME

Tous les chemins mènent à Lausanne Entre montagnes et Léman, Lausanne est indissociable de son image de carte postale. Capitale olympique, c’est aussi une ville d’affaires et de culture attirant chaque année de nombreux visiteurs. Du Grand Tour au tourisme, retour sur deux cents ans d’histoire du voyage dans la capitale vaudoise. — Texte Elodie Maître-Arnaud

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FOCUS

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PHOTOS: LAUSANNE ET HÔTEL BEAU-RIVAGE À OUCHY - COLLECTION GUGELMANN ET ARCHIVES DE L’ÉCOLE HÔTELIÈRE DE LAUSANNE (EHL).

«

uchi (sic) peut être considéré comme le port de Lausanne. C’est un lieu de promenade enchanteur et riche en panoramas magnifiques.» C’est en ces termes que l’édition 1816 du Manuel du voyageur en Suisse de Johann Gottfried Ebel décrit ce qui n’est encore qu’un petit village de pêcheurs. Les rares visiteurs séjournent au Logis d’Ouchy, un modeste relais d’étape qui prendra ensuite le nom d’Auberge de l’Ancre avant de devenir en 1868 l’Hôtel d’Angleterre. En ce début du XIXe siècle, le tourisme en est à ses balbutiements. Jusqu’alors, la Suisse n’était qu’une halte du Grand Tour, sur la route entre la France et l’Italie. «Le Grand Tour». Une véritable institution qui, depuis la moitié du XVIIe siècle, constitue l’ultime étape dans la formation des jeunes aristocrates, d’abord anglais, puis de toute l’Europe. Un périple d’un an et demi à deux ans en moyenne, leur permettant de parfaire leurs connaissances «sur le terrain» et d’échanger à leur retour des récits de voyages avec leurs pairs. Souvent redoutée, notamment à cause du passage des Alpes, la Suisse devient un véritable but du voyage au tournant du XIXe siècle. Il faut dire que la littérature et l’art alimentent depuis plusieurs décennies une vision idéalisée du pays, notamment à travers le goût du pittoresque. C’est à cette époque également que les scientifiques font de la Suisse un champ d’investigation privilégié. Peu à peu, la bourgeoisie européenne emboîte le pas à ces tourists de l’aristocratie. Le Tour raccourcit, jusqu’à ne plus durer que quelques semaines. Les voyages se démocratisent, comme en témoignent notamment les premiers tours organisés par le voyagiste anglais Thomas Cook en 1841. Et c’est ainsi que le Grand Tour s’efface pour céder sa place au tourisme. LA MÉTAMORPHOSE D’UN VILLAGE DE PÊCHEURS

Portée par cet engouement, la Suisse devient l’un des pays les plus visités en Europe. Les romantiques, parmi lesquels Lord Byron, George Sand, Dostoïevski, ou encore Alexandre Dumas, s’entichent de ce petit territoire paisible aux allures

Printemps Eté – Spring Summer 2019

Au milieu du XIXe siècle, la Société immobilière d’Ouchy se charge de métamorphoser le village de pêcheurs en un véritable «resort»: valorisation des rives du lac, création d’une promenade et construction du Beau-Rivage.

de carte postale. Les sommets attirent quant à eux les premiers alpinistes anglais. La Suisse est aussi la destination favorite des curistes convaincus par les vertus du thermalisme. Pour les historiens, ce développement touristique est indissociable de celui du chemin de fer, à partir de 1850. C’est également au cours du XIXe siècle que les premiers bateaux à vapeur sillonnent le lac Léman (lire aussi page 40). Dès le milieu du XIXe siècle, les pensions, auberges et autres relais d’étapes ne suffisent plus à satisfaire la demande d’hébergement des visiteurs venus de toute l’Europe. Héritière de ces établissements, l’hôtellerie moderne se développe afin de répondre aux exigences de confort et de prestige d’une clientèle fortunée. A Lausanne, les bords du lac Léman constituent l’emplacement idéal pour accueillir ces voyageurs. Et c’est une société privée, la Société immobilière d’Ouchy, qui va se charger de la métamorphose du village de pêcheurs en un véritable resort: valorisation des rives du lac, création d’une promenade et, surtout, construction d’un hôtel de luxe. JACQUES TSCHUMI, UN HÔTELIER VISIONNAIRE

Pionnier de l’hôtellerie suisse moderne, Jacques Tschumi a dirigé le Beau-Rivage Palace entre 1888 et 1912. Il est aussi le fondateur de l’Ecole hôtelière de Lausanne.

Le Beau-Rivage est ainsi inauguré en 1861 après quatre ans de travaux. C’est le début de l’hôtellerie de luxe à Lausanne. A l’époque, il est le plus grand établissement de la région. La capitale vaudoise peut désormais rivaliser tant avec Genève et son célèbre Hôtel des Bergues qu’avec Vevey, où l’Hôtel des Trois Couronnes reçoit têtes couronnées, artistes et intellectuels depuis une vingtaine d’années déjà. En 1874, le constructeur suisse Eduard Guyer-Freuler cite le Beau-Rivage parmi les palaces les plus réputés d'Europe. A partir de 1888, l’établissement est dirigé par Jacques Tschumi. Véritable pionnier de l’hôtellerie suisse moderne, son nom est à jamais associé au Beau-Rivage dont il présida aux destinées durant vingt-cinq ans. Celui que l’on décrit volontiers comme administrateur plus qu’hôtelier n’eut pourtant de cesse de satisfaire les exigences de ses hôtes. Et c’est parce qu’il voulut que tous les aubergistes soient à la hauteur de leur mission qu’il fonda en 1893, à l’Hôtel   R EG A R D S n °1 5  31


PHOTOS: ARCHIVES DE L’OFFICE DU TOURISME DE LA VILLE DE LAUSANNE ET VANINA MOREILLON.

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sur la beauté des paysages. A Lausanne comme dans d’autres villes en Suisse, offres culturelles, congrès professionnels ou encore grandes manifestations sportives se sont ainsi multipliées afin d’attirer de nouvelles catégories de visiteurs (lire aussi l’interview du syndic de Lausanne ci-dessous). Et la recette fonctionne: en 2018, soit 157 ans après la mise en valeur d’Ouchy, la capitale vaudoise a comptabilisé plus de 1 250 000 nuitées. «Lausanne se tourne vers l’avenir. La ville est connue pour ses vibrations positives, peut-être en raison de sa situation géographique enviable», mentionne aujourd’hui le site web de Lonely Planet. Les panoramas magnifiques fascinent toujours, mais Lausanne a désormais bien d’autres atouts dans sa manche. 

d’Angleterre, la toute première école hôtelière du monde (lire page 36). En 1908, le Beau-Rivage est flanqué d’un second édifice. Ce qu’il convient désormais d’appeler le Beau-Rivage Palace devient alors un haut lieu de la Belle Epoque. 1 250 000 NUITÉES À LAUSANNE EN 2018

Mais la fête est de courte durée, et la Première Guerre mondiale traîne dans son sillage une instabilité dont résultera la stagnation de l’industrie du tourisme. Au début des années 1950, l’hôtellerie suisse offre ainsi le même nombre de lits qu’au début du siècle. C’est à partir de cette seconde moitié du XXe siècle qu’une nouvelle clientèle fait son apparition. Les voyages ne sont en effet plus réservés à une élite fortunée. Une période de prospérité sans précédent commence et le tourisme dit «de masse» est en plein développement. La concurrence est cependant rude, et les professionnels du secteur ne peuvent plus miser uniquement

Sources: • Beau-Rivage Palace. 150 ans d’histoire, sous la direction de Nadja Maillard, éditions Infolio • Dictionnaire historique de la Suisse, www.hls-dhs-dss.ch/f/home • Ecole hôtelière de Lausanne, www.ehl.edu

GRÉGOIRE JUNOD

«Le tourisme contribue à inscrire Lausanne sur la carte du monde» tomne et, en 2020, les Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) d’hiver et les Championnats du monde de hockey sur glace.

Grégoire Junod est le syndic de Lausanne. Il partage avec nous sa vision actuelle et ses aspirations pour la ville en tant que destination touristique. sont selon vous les principaux atouts touristiques de Lausanne? GRÉGOIRE JUNOD Son cadre de vie, son panorama et le rapport que la ville entretient avec le lac. Mais Lausanne a également une offre culturelle exceptionnelle et rivalise sur ce plan avec certaines capitales européennes. Nous avons aussi la chance de pouvoir proposer une offre gastronomique et hôtelière de grande qualité. La région lémanique a notamment la densité de tables étoilées parmi les plus élevées au monde! Et avec Lavaux tout proche, Lausanne a de très belles choses à raconter autour des produits du terroir et de sa tradition viticole.

A travers l’accueil de ces JOJ, quelle image souhaitez-vous promouvoir? Tout d'abord Lausanne en tant que capitale olympique. C'est également une occasion de mettre en avant les valeurs positives du sport: le dépassement de soi, la solidarité et l’envie de réussir. Pendant les JOJ, un festival se tiendra au cœur de Lausanne, dans l’idée de réunir culture et sport. Mais peut-être plus que l’événement, c’est l’héritage qui importe: si les milliers de jeunes, d'accompagnants et de familles qui se rendent à Lausanne dans le cadre des Jeux passent du bon temps, alors ils deviendront de bons ambassadeurs.

REGARDS Quels

Pour quelles raisons les touristes se rendent-ils à Lausanne? On estime que les deux tiers des touristes viennent pour les affaires, beaucoup en relation avec la capitale olympique et les sièges des fédérations sportives internationales. Mais il y a également les hautes écoles comme l’Ecole polytechnique, l’Université, l’Ecole hôtelière ou encore le Centre hospitalier universitaire. Le tiers restant est un tourisme de loisirs.

Quelle est votre vision en matière de développement touristique? Le tourisme de loisirs, justement, représente un gros potentiel. Mon engagement est de travailler à ce que l’Office du tourisme joue cette carte-là en valorisant les atouts culturels et sportifs de Lausanne. Il est important de mettre en valeur des événements comme les Rencontres 7e Art, dont le Beau-Rivage Palace est partenaire. Citons aussi Plateforme 10, le projet de réunion de trois musées en 2021. La Ville soutient également les grands événements sportifs. Nous allons notamment accueillir les Championnats du monde de triathlon cet au-

Que rapporte le tourisme à Lausanne? Enormément sur le plan économique. Mais également beaucoup sur le plan culturel et social. Le tourisme contribue à inscrire Lausanne sur la carte du monde. Un de vos amis qui ne connaît pas la ville vous demande quels sont les lieux incontournables. Que lui conseillez-vous? Sans hésiter le Musée de l’Art brut pour sa collection unique, celle de Jean Dubuffet, mais aussi la vieille ville, les bords du lac et ses plages.  PROPOS RECUEILLIS PAR JOËLLE LORETAN

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All roads lead to Lausanne

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uchi (sic) can be considered the port of Lausanne. It is an enchanting place to enjoy a stroll with innumerable stunning panoramas.” It was in these terms that the 1816 edition of the Manuel du voyageur en Suisse, by Johann Gottfried Ebel, described what was still nothing more than a small fishing village. The rare visitors stayed at the Logis d’Ouchy, a rather modest stopover which would be renamed the Auberge de l’Ancre before becoming the Hôtel d’Angleterre in 1868. At the turn of the 19th century, tourism was in its infancy. Before this, Switzerland was nothing more than a stage on the Grand Tour, on the road between France and Italy. “The Grand Tour”: a veritable institution which, since the mid17th century, had been the final stage in the education of young aristocrats, first from England and then from the rest of Europe. This odyssey would generally last between a year and a half and two years, offering these young travellers the chance to perfect their knowledge “in the field” and to share tales of their travels with their peers once they returned home. Often dreaded, in particular due to the journey over the Alps, Switzerland became a genuine travel destination at the turn of the 19th century. It should be noted that literature and art had for many

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decades fostered an idealised vision of the country, in particular through a taste for the picturesque. It was also during this period that scientists made Switzerland a favourite field of study. Little by little, the European bourgeoisie followed in the footsteps of the aristocrat tourists. The Tour was abridged somewhat, eventually lasting only a few weeks. Travel became more affordable, as demonstrated by the first tours organised by the English tour operator Thomas Cook in 1841. And so the Grand Tour gave way to tourism. THE METAMORPHOSIS OF A FISHING VILLAGE

Carried on this wave of popularity, Switzerland became one of the most visited countries in Europe. The Romantics, including Lord Byron, George Sand, Dostoevsky and Alexandre Dumas, flocked to this peaceful little picture-postcard country. The mountains began attracting the first English mountaineers too. Switzerland was also the preferred destination of spa-goers, who were convinced of the virtues of thermalism. For historians, the development of tourism goes hand in hand with the development of the railways from 1850. It was also during the 19th century that the first steamboats began plying their trade on Lake Geneva (see also page 41).

From the mid-19th century, there were no longer enough guest houses, inns and other stopovers to satisfy the demand for accommodation from visitors from throughout Europe. The heir of these early establishments, the modern hotel industry began to develop in order to meet the comfort and prestige requirements of a wealthy clientele. In Lausanne, the shores of Lake Geneva were the ideal location to welcome these travellers. And it was a private company, the Société Immobilière d’Ouchy, which would drive the metamorphosis of this fishing village into a genuine resort by enhancing the shoreline, creating a promenade and, more particularly, building a luxury hotel. JACQUES TSCHUMI, A VISIONARY HOTELIER

After four years under construction, the Beau-Rivage was inaugurated in 1861. This was the beginning of the luxury hotel industry in Lausanne. At the time, it was the largest hotel in the region. The cantonal capital was now able to compete with Geneva and its famous Hôtel des Bergues, and with Vevey where the Hôtel des Trois Couronnes had already welcomed monarchs, artists and intellectuals for twenty years. In 1874, the Swiss manufacturer, Eduard Guyer-Freuler, cited the Beau-Rivage among the most renowned luxury hotels in Europe. From 1888, the hotel was managed by Jacques Tschumi. A true pioneer of the modern Swiss hotel industry, his name will always be associated with the BeauRivage, whose development he oversaw for 25 years. The man who is often described as an administrator rather than a hotelier nevertheless constantly strived to satisfy the demands of his guests. And it is because he wanted all hotel owners to

PHOTOS: LAUSANNE UND GENFERSEE, PANORAMA - COLLECTION GUGELMANN ET VANINA MOREILLON

Between the mountains and the lake, it is impossible to distinguish Lausanne from its picture-postcard image. The Olympic capital is also a business hub and cultural centre that attracts numerous visitors every year. From the Grand Tour to tourism, a look back on two hundred years of travel history in the capital of the canton of Vaud. — Text Elodie Maître-Arnaud


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be up to their task that he founded the world’s very first hospitality management school in 1893 in the Hôtel d’Angleterre (see page 38). In 1908, the Beau-Rivage was extended to include a second building. What had now become the Beau-Rivage Palace was a Mecca of the Belle Epoque. 1,250,000 NIGHTS SPENT IN LAUSANNE IN 2018

But this golden period didn’t last. The tourism industry stagnated following the instability caused by the First World War. Consequently, the Swiss hotel industry offered no more beds at the beginning of the 1950s than it did at the turn of the century. It was only in the second half of the 20th century that a new clientele began to appear. Travel was no longer reserved for the wealthy elite. A period of unprecedented prosperity began and so-called “mass” tourism was in full flow. Competition was fierce and the professionals in the industry could no longer rely solely on the beautiful scenery. In Lausanne, as in other towns and cities throughout Switzerland, cultural offerings, professional conferences and major sporting events multiplied in order to attract new categories of visitor (see also the interview with the “syndic” of Lausanne on this page). And the strategy paid off: in 2018, some 157 years after Ouchy was first developed, the cantonal capital recorded 1,250,000 nights’ accommodation sold. “Lausanne looks to the future. The city is known for its upbeat vibe, perhaps on account of its enviable location”, states the Lonely Planet website. The stunning views continue to fascinate, but modernday Lausanne has several other aces up its sleeve.  Sources: • Beau-Rivage Palace. 150 years of history, under the direction of Nadja Maillard, éditions Infolio • Historical dictionary of Switzerland, www.hls-dhs-dss.ch/f/home • Hospitality Management School in Lausanne, www.ehl.edu

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GRÉGOIRE JUNOD

“Tourism helps put Lausanne on the world map” Grégoire Junod is the “syndic”, or administrative head, of Lausanne. He shares his current vision with us along with his hopes and aspirations for the city as a tourist destination.

REGARDS In your opinion, what are Lausanne’s main assets as a tourist destination? GRÉGOIRE JUNOD The way of life here, the views and the relationship between the city and the lake. Lausanne also boasts an exceptional cultural offering that rivals a number of European capitals. We also have the good fortune to enjoy a number of topquality restaurants and hotels. In fact, the region around Lake Geneva has one of the highest densities of Michelin-starred restaurants in the world! And with Lavaux on our doorstep, Lausanne has plenty to say about its local products and winemaking tradition.

Why do tourists come to Lausanne? We estimate that two-thirds of tourists come here on business, very often in relation to the Olympic capital and the headquarters of the international sports federations based in the city. There are also prestigious universities such as the Ecole Polytechnique, the University of Lausanne, the Hospitality Management School and the teaching hospital. The remaining one-third come for leisure tourism. What is your vision in terms of developing tourism? Leisure tourism in particular represents a massive potential. I am committed to ensuring that the Tourist Office plays this trump card by promoting Lausanne’s cultural and sporting attractions. It is impor-

tant to emphasise events such as the Rencontres 7e Art, of which Beau-Rivage Palace is a partner. We could also mention Plateforme 10, the project aimed at bringing three museums together under the same roof by 2021. The city also supports a number of major sporting events. In particular, we will be hosting the Triathlon World Championship this autumn followed by the Winter Youth Olympic Games (YOG) and the Ice Hockey World Championship in 2020. By hosting the YOG, what image are you hoping to promote? First, that of Lausanne as the Olympic capital. The event also provides the opportunity to emphasise the positive values of sport: solidarity, excelling oneself and the will to succeed. A festival will be held in the very centre of Lausanne during the YOG with the aim of bringing culture and sport together. It is perhaps the legacy, however, that matters more than the event itself: if the thousands of young people, companions and families who travel to Lausanne to attend these Games enjoy their stay here, they will become good ambassadors for the city. What does tourism bring to Lausanne? It brings a great deal economically, culturally and socially. Tourism helps put Lausanne on the world map. Imagine that one of your friends, not familiar with the city, asks you which sites are not to be missed. What advice would you give them? Without a doubt the Musée de l'Art Brut for its unique outsider art collection and the Jean Dubuffet collection, as well as the Old Town and the lake shore with its beaches.  INTERVIEW BY JOËLLE LORETAN

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SUCCESS STORY

L’Ecole hôtelière de Lausanne, pionnière depuis 1 25 ans

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uand Jacques Tschumi fonda en 1893 la toute première école hôtelière, pouvait-il imaginer que 125 ans plus tard, celle-ci serait classée meilleure institution au monde dans son domaine? Une chose est sûre: les ingrédients du succès étaient déjà réunis. Car dès son origine, l’Ecole hôtelière s’attela à

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transmettre non seulement une parfaite maîtrise technique mais aussi un véritable savoir-faire. «Cet équilibre entre l’art et la science préside toujours le plan de formation de l’EHL», confirme Michel Rochat, le CEO de l’institution, qui n’hésite pas à comparer la complexité de ce modèle dual à celle d’une mécanique horlogère. De tradition suisse, évidemment.

LA VISION DE JACQUES TSCHUMI

Originaire du canton de Berne, Jacques Tschumi enseigna durant quelques années à l’école primaire avant de devenir le précepteur des enfants du fondateur des Bains du Gurnigel. Il devint rapidement son bras droit avant de lui succéder et de poursuivre sa carrière dans l’hôtellerie. C’est en 1888 qu’il fut nommé

PHOTOS: ARCHIVES DE L’ÉCOLE HÔTELIÈRE DE LAUSANNE (EHL)

Fondée à la fin du XIXe siècle par un hôtelier visionnaire, l’Ecole hôtelière de Lausanne se mue aujourd’hui en un véritable pôle d’innovation dans le domaine du management des métiers de l’accueil. — Texte Elodie Maître-Arnaud


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C’est en 1893 que 27 étudiants rejoignent la première école hôtelière au monde, dans une salle de l’hôtel d’Angleterre, à Lausanne.

directeur du Beau-Rivage. Egalement président de la Société suisse des hôteliers, Jacques Tschumi peinait à trouver des collaborateurs à la mesure de ses exigences. Il créa donc une école afin de répondre à cette demande de qualité. Le 15 octobre 1893, une volée de 27 étudiants s’installait pour la première fois dans une salle de l’Hôtel d’Angleterre pour y suivre des cours, immédiatement mis en pratique auprès de la clientèle de l’établissement. A la mort de son fondateur en 1912, l’Ecole hôtelière était installée depuis une dizaine d’années avenue de Cour. Elle emménagea en 1974 au Chalet-à-Gobet, sur un véritable campus qui n’a depuis lors jamais cessé de s’étendre. UNE FORMATION ENRACINÉE DANS LA PROFESSION

Depuis 1893, l’Ecole hôtelière de Lausanne a formé plus de 25 000 étudiants. 125 ans après sa création, que reste-t-il de la vision de Jacques Tschumi? «Son objectif était de former des gens excellents dans le domaine de l’accueil, souligne Michel Rochat. Même si les changements étaient beaucoup moins rapides à l’époque, plusieurs anecdotes confirment qu’il valo-

risait aussi la prise d’initiative.» Mais aujourd’hui plus qu’hier, c’est un véritable état d’esprit d’entreprise et visionnaire que l’EHL transmet à ses étudiants. «Notre force est de percevoir et anticiper les demandes des clients, notamment grâce à notre enracinement dans la profession», explique le CEO. 10% du contenu du plan de formation est ainsi remis à jour chaque année. L’institution est par ailleurs en réseau avec une dizaine d’écoles hôtelières partout dans le monde et rassemble sur le campus de Lausanne des étudiants de plus de 120 nationalités. «C’est une mine

«Notre force est de percevoir et anticiper les demandes des clients, notamment grâce à notre enracinement dans la profession»

d’informations à valoriser afin de réfléchir à l’avenir», souligne Michel Rochat. QUELS DÉFIS POUR L’HÔTELLERIE EN 2019?

Car l’avenir recèle plusieurs défis majeurs pour l’hôtellerie. Selon le directeur de l’EHL, le secteur s’était peu remis en cause avant le début du XXIe siècle. «La disruption est venue de l’avènement de sites participatifs comme Airbnb, relève-t-il. Ces nouveaux acteurs font désormais partie de la réalité du tourisme.» Pour lui toutefois, il y a de la place pour tous: «La clientèle des hôtels n’achète pas uniquement un lit pour la nuit, elle recherche aussi des services et des prestations de qualité qu’elle ne trouvera pas ailleurs.» «Les hôteliers se sont aussi fait happer une grosse partie de leurs marges par les sites de réservation en ligne, ajoute Michel Rochat. Ils doivent désormais se réapproprier le lien direct avec leurs clients, en dépassant les intermédiaires.» La numérisation de la réservation et de l’accueil est d’ailleurs un axe de recherche important au sein de l’EHL. 125 ans après sa fondation à Ouchy, l’Ecole hôtelière continue ainsi de se réinventer, sans jamais rien renier de son héritage.    R EG A R D S n °1 5  37


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culty in finding employees who could meet his stringent requirements. As a result, he created a school to satisfy this demand for quality. On 15 October 1893, a group of 27 students took their places in one of the rooms of the Hôtel d’Angleterre to attend classes which were immediately put into practice with the hotel’s guests. On the death of its founder in 1912, the school had been in its premises on Avenue de Cour for about ten years. In 1974, it moved to Le Chalet-à-Gobet and a real campus that has continued to grow ever since. TRAINING ROOTED IN THE PROFESSION

The Hospitality Management Scho   ol in Lausanne, a pioneer for 125 years Founded at the end of the 19th century by a visionary hotelier, the Hospitality Management School in Lausanne is keenly focused on becoming an innovation hub in the field of hospitality management. — Text Elodie Maître-Arnaud

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hen Jacques Tschumi founded the very first hospitality management school in 1893, could he possibly have imagined that 125 years later it would be ranked the best institution in the world in its field? One thing is sure: the ingredients for success were already there. From the very outset, the school made every effort to convey not only perfect technical expertise but also genuine know-how. “This balance between art and science still governs the training plan at the EHL,” confirms Michel Rochat, CEO of the institution, who does not hesitate to compare the 38  RE GA R D S n° 1 5

complexity of this dual model to that of a watch mechanism. Made in Switzerland, naturally. JACQUES TSCHUMI’S VISION

A native of the canton of Bern, Jacques Tschumi spent a number of years working as a primary school teacher before becoming the tutor of the children of the founder of the Bains du Gurnigel. He quickly became his right-hand man before taking over from him and pursuing his career in the hotel industry. In 1888, he was appointed Manager of the Beau-Rivage. The President of the Swiss Association of Hoteliers, Jacques Tschumi had great diffi-

Since 1893, the Hospitality Management School in Lausanne has trained more than 25,000 students. So 125 years after it was founded, what is left of Jacques Tschumi’s vision? “His aim was to train people who excel in the field of hospitality,” stresses Michel Rochat. “Even if things changed less quickly at that time, there are several anecdotes that confirm he placed great value on an ability to take the initiative.” Today more than ever, the EHL conveys a visionary and entrepreneurial mindset to its students. “Our strength is to perceive and anticipate the requests of our guests, in particular thanks to our being rooted in the profession”, explains the CEO. Every year, 10% of the content of the training plan is updated. Furthermore, the institution is part of a network of a dozen hospitality schools around the world and welcomes students from over 120 countries to the campus in Lausanne. “It is a mine of information on which we must capitalise to envisage the future,” states Michel Rochat. WHAT CHALLENGES FOR THE HOTEL INDUSTRY IN 2019?

The future holds a number of major challenges for the hotel industry. According to Michel Rochat, the sector rarely called itself into question before the beginning of the 21st century. “The disruption came with the arrival of participatory sites such as Airbnb,” he reveals. “These new players are now a very real aspect of the tourism industry.” He nevertheless believes that there is room for everyone: “Hotel guests do not simply rent a bed for the night; they also want quality services that they cannot find elsewhere. Hoteliers have also lost a large part of their margins to online booking sites. They must now reestablish a direct link with their guests without the need for intermediaries.” The digitisation of the booking and reception process is indeed a key avenue of research within the EHL as it continues to reinvent itself without ever renouncing its heritage. 

IMAGE DE SYNTHÈSE: EHL

The future campus of the EHL is set for completion in 2021. It will be able to host 3,000 students.


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NAVIGATION

Voyage dans le temps sur le lac Léman Symbole d’un art de vivre romantique et élégant qui a fait les riches heures du lac Léman au tournant du XXe siècle, la flotte Belle Epoque continue de révéler les charmes d’une région unique. — Texte Adeline Vanoverbeke

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certains sont contemporains du Titanic, ils continuent d’écumer les flots, offrant à leurs passagers un véritable voyage dans le temps. UNE FLOTTE ENCHANTERESSE

L’écrin préservé que représentait le pourtour du lac à la Belle Epoque s’est ouvert sur le monde et a connu un formidable essor économique, faisant croître sa population de façon inimaginable et confrontant la région à des questions pressantes de mobilité. Pourtant, la flotte continue de faire partie du paysage, enchantant ses habitants tout autant que les visiteurs. Admirer la course des bateaux à aubes sur le lac, c’est s’accorder une pause dans nos quotidiens et savourer la beauté de ce qui nous entoure. A bord de ces bateaux, on découvre et redécouvre les mille et une merveilles de la région, le temps d’une traversée. Et pour prolonger le plaisir, il est également possible de partager un dîner en bonne compagnie dans les salons des bateaux, à l’occasion d’une croisière gourmande organisée pendant la saison estivale. Face

Embarquez pour une croisière gourmande! La brigade du Beau-Rivage Palace vous accueille pour une croisière via Yvoire alliant gastronomie et magie du soleil couchant. Pendant près de quatre heures, vous voguerez à bord du Montreux, un bateau Belle Epoque, vétéran de la flotte. Vous y dégusterez un buffet d’antipasti, des spécialités de viande et un irrésistible buffet de desserts... Une expérience inoubliable. Départs d’Ouchy à 18 h 45 (retour 22 h 27) du mardi au samedi, du 18 juin au 31 août. Réservations au +41 21 613 33 62 ou montreux@brp.ch

au soleil couchant, on se délecte des mets préparés par la brigade du Beau-Rivage Palace et l’on renoue avec cet art de vivre élégant et entièrement dédié au plaisir des sens qui caractérise si bien la Belle Epoque. 

PHOTO: © CGN ET ANDRE MEIER / SWITZERLAND TOURISM.

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es élégantes se sont parées de leurs plus beaux bijoux et les crinolines frémissent dans la bise qui souffle sur les pontons. Au tournant du XXe siècle, la Belle Epoque signe l’âge d’or du tourisme dans la région lémanique. Afin de relier les différents points d’intérêt, les moyens de transport se sont développés, dans les terres bien sûr, avec les chemins de fer, mais aussi sur l’eau. Depuis 1823, les bateaux à aubes se sont ainsi multipliés sur le lac Léman, silhouettes graciles qui font les belles heures de l’imagerie touristique de l’époque. Affiches et cartes postales les mettent en scène sur les eaux étincelantes du lac, sur fond de montagnes majestueuses. Exploités par la CGN (Compagnie générale de navigation sur le lac Léman), les six bateaux Belle Epoque actuellement en service sont les vestiges d’une époque à jamais révolue. Un patrimoine remarquable en Suisse et au-delà de nos frontières, par le nombre de navires encore en activité et par leurs qualités techniques. Véritables palaces flottants, dont


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A journey back in time on Lake Geneva A symbol of an elegant and romantic way of life that characterised the prestige of Lake Geneva at the turn of the 20th century, the Belle Epoque fleet continues to offer people the chance to discover the charms of a quite unique region.

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he elegant ladies donned their very best jewellery and the crinoline quivered in the breeze blowing across the pontoons. At the turn of the 20th century, the Belle Epoque marked the golden age of tourism in the region around Lake Geneva. To connect the numerous points of interest, different means of transport were developed both on land, with the railways, and on the water. From 1823 onwards, the number of paddle steamers plying their trade on the lake soared – slender figures emblematic of tourism at that time. Posters and postcards show them crossing the sparkling waters of the lake against a backdrop of majestic mountains. Operated by the CGN (Compagnie générale de navigation sur le lac Léman), the six boats of the Belle Epoque currently in service are vestiges of a bygone era. They represent a remarkable heritage in Switzerland and even abroad, in terms of both the number of boats still in service and their technical characteristics. True floating palaces, some of which are

contemporaries of the Titanic, they continue to churn the water, offering their passengers a genuine journey back in time. AN ENCHANTING FLEET

The pristine setting of Lake Geneva and its surroundings during the Belle Epoque opened its arms to the world and embraced a period of soaring economic growth, reflected in the rapidly expanding population and raising urgent questions of mobility. Fast-forward to the 21st century and the fleet is still an integral part of the landscape, delighting locals and visitors alike. Admiring the paddle steamers on the lake is a perfect time-out from our daily routines, offering the chance to soak up the beauty all around us. Anyone climbing aboard these boats has the pleasure of discovering or rediscovering the innumerable marvels of the region from the water. And to prolong the enjoyment, you can even share dinner in eminently pleasant company in the boats’ lounges during a gourmet cruise organised during the high season. As the sun

Climb aboard for a gourmet cruise! The Beau-Rivage Palace kitchen brigade welcomes you aboard for a cruise via Yvoire combining culinary art and the magic of the setting sun. For almost four hours, you will sail Lake Geneva aboard the Montreux, a Belle Epoque boat and veteran of the fleet. Treat your taste buds to a buffet of antipasti, meat specialities and an irresistible dessert buffet... An unforgettable experience! Departures from Ouchy at 6.45 p.m. (return 10.27 p.m.), Tuesdays to Saturdays from 18 June to 31 August. Reservations on +41 21 613 33 62 or at montreux@brp.ch

begins to dip below the horizon, guests savour the fare prepared by the Beau-Rivage Palace kitchen brigade, reviving the elegant way of life devoted entirely to the pleasure of the senses so typical of the Belle Epoque.    R EG A R D S n °1 5  41


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MEMORIES

Il était une fois, le Riffelalp Le Riffelalp Resort 2222 m est un hôtel unique en son genre. Et ce n’est pas seulement parce qu’il est le plus haut perché des établissements de luxe. Sa singularité, on l’appréhende aussi en se penchant sur son histoire et sur celle de son fondateur, Alexandre Seiler. — Texte Elodie Maître-Arnaud 42  RE GA R D S n° 1 5

LES PRÉMICES D’UNE DYNASTIE HÔTELIÈRE

Dès 1853, avec l’aide de son frère, Alexandre Seiler loue puis rachète une petite auberge située à côté de la cure. Agrandie, elle rouvre en 1855 sous le nom de Monte Rosa. Il loue et exploite également le Riffelberg, une petite pension de montagne construite en 1852 par trois ecclésiastiques. Alexandre Seiler rachète ensuite Le Mont Cervin en 1867. D’autres établissements rejoindront progressivement son entreprise hôtelière. Mais l’œuvre de sa vie, c’est la construction du Riffelalp, dont les premiers plans datent de 1876. Un projet ambitieux de grand hôtel, à plus de 2200 mètres d’altitude, face au Cervin. L’hôtel est inauguré

PHOTOS: ARCHIVES RIFFELALP RESORT, ALEXANDER HAIDEN, ZERMATT BURGERGEMEINDE, © ALEXANDER RATHS / STOCK.ADOBE.COM ET JAN GEERK / STOCK.ADOBE.COM.

C

ette histoire, c’est Christian Seiler, arrière-petit-fils d’Alexandre Seiler, qui nous la raconte. Avocat de profession, il a quitté son étude au début des années 1980 afin de diriger le groupe hôtelier familial avec son cousin. «Je suis hôtelier par accident», s’amuse-t-il. Comme son aïeul, donc… Car quand Alexandre Seiler arrive à Zermatt au milieu du XIXe siècle, il n’a aucune connaissance du monde hôtelier. Originaire de la vallée de Conches, il tient une fabrique de bougies et de savons à Sion. C’est son frère Joseph, vicaire à Zermatt, qui le fait venir pour tenir une auberge. Zermatt n’est alors qu’un ensemble de hameaux vivant de l’agriculture. Seuls quelques scientifiques s’y rendent afin d’étudier la faune, la flore ou la géologie. Ce n’est qu’en 1865, après la première et tragique ascension du Cervin, que Zermatt va acquérir sa renommée internationale et attirer de plus en plus de visiteurs.


FOCUS

Printemps Eté – Spring Summer 2019

Once upon a time there was the Riffelalp... The Riffelalp Resort 2222 m is one of a kind. And it’s not only because this luxury hotel is located at the highest altitude. To discover what makes it unique, you have to delve into its past and follow the story of its founder, Alexandre Seiler.

en 1884, soit sept ans avant la ligne de chemin de fer Viège–Zermatt. Etrange clin d’œil du destin, le premier train circulant en 1891 selon l’horaire officiel conduira jusqu’en plaine la dépouille d’Alexandre Seiler. A sa mort, l’hôtelier gère un parc de près de 1000 lits et emploie 600 personnes durant la saison d’été. En moins de quarante ans, ce fils de paysans visionnaire a écrit le premier chapitre de l’histoire du tourisme à Zermatt. SUCCÈS, DRAME ET RENAISSANCE

La ligne à crémaillère Zermatt–Gornergrat est achevée en 1898. Un petit tram rouge, toujours en service aujourd’hui, mène les clients jusqu’au Riffelalp. Pendant plus de soixante ans, l’hôtel accueille chaque été la haute société européenne. Dans les années 1950, il est question d’ouvrir également l’établissement en hiver. Il faut dire que, depuis la fin de la guerre, le tourisme a changé. Et Zermatt est désormais davantage fréquenté en hiver qu’en été. En 1961, alors que des travaux sont entrepris pour installer un système de chauffage central, le Riffelalp brûle entièrement. Seules deux dépendances résistent. Assainies, l’une devient un petit hôtel trois étoiles, tandis que l’autre accueille des appartements de vacances. Fort heureusement, l’histoire du Riffelalp ne s’arrête pas là. Car dans les années 1990, la Fondation de Famille Sandoz fait part de son intention de ramener à la vie ce fleuron de l’hôtellerie suisse. Après trois ans de travaux, le Riffelalp Resort 2222 m ouvre ses portes le 1er décembre 2000. Un hôtel cinq étoiles moderne mais à jamais indissociable de l’histoire de Zermatt et de la formidable épopée hôtelière de son fondateur. 

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t is Christian Seiler, the great-grandson of Alexandre Seiler, who takes up the story. A lawyer by profession, he abandoned his practice at the beginning of the 1980s to manage the hotel group with his cousin. “I am an accidental hotelier,” he jokes. Rather like his great-grandfather… Because when Alexandre Seiler arrived in Zermatt in the mid-19th century, he knew nothing about the hotel industry. Hailing from the valley of Conches, he owned a candle and soap factory in Sion. His brother Joseph, a vicar in Zermatt, asked him to come to run an inn. At the time, Zermatt was nothing more than a collection of hamlets whose residents made a living from agriculture. Only the occasional scientist would visit to study the local flora, fauna or geology. It was only in 1865, following the tragic first ascent of the Matterhorn, that Zermatt acquired its international renown and began attracting an increasing number of visitors. THE BEGINNINGS OF A HOTEL DYNASTY

As early as 1853, with the help of his brother, Alexandre Seiler first rented then purchased the little inn located next to the spa. Following extension work, it reopened its doors in 1855 under the name of Monte Rosa. He also rented and ran the Riffelberg, a little mountain retreat built in 1852 by three clergymen. Alexandre Seiler then bought Le Mont Cervin in 1867. Other hotels would gradually be added to his empire. But pride of place in his life’s work went to the construction of the Riffelalp, with the first plans dating back to 1876. It was an ambitious grand hotel project at an altitude of more than 2,200 metres,

overlooking the Matterhorn. The hotel was inaugurated in 1884, seven years before the Viège-Zermatt railway line was completed. In a strange twist of fate, the first scheduled train to run in 1891 carried the remains of Alexandre Seiler back down to the plain. Just before his death, the hotelier managed almost 1,000 beds and employed 600 people during the high season. In less than 40 years, this farmer’s son had written the first chapter in the history of tourism in Zermatt. SUCCESS, DRAMA AND REBIRTH

The rack-and-pinion railway between Zermatt and Gornergrat was completed in 1898. A little red tram, still in service today, would take guests up to the Riffelalp. For more than sixty years, Europe’s high society would flock to the hotel each summer. During the 1950s, the owners considered also opening the hotel in winter. Since the end of the war, the face of tourism had changed and Zermatt was more popular in winter than in summer. In 1961, with work under way to install a central heating system, the Riffelalp burned to the ground. Only two outbuildings were spared. Once renovated, one became a little three-star hotel while the other was turned into holiday apartments. Fortunately, the story of the Riffelalp does not stop there. During the 1990s, the Sandoz Family Foundation announced its intention to bring this jewel of the Swiss hotel industry back to life. After three years of work, the Riffelalp Resort 2222 m opened its doors on 1 December 2000 – a modern, five-star hotel inextricably linked to the history of Zermatt and the amazing hotel saga of its founder.    R EG A R D S n °1 5  43


ECONOMICS

Printemps Eté – Spring Summer 2019

INVESTMENT (BANQUE LANDOLT & CIE SA)

Le XXI siècle, l’investissement et les Indiens iroquois e

Pour bien investir sur les cinquante prochaines années, peut-on continuer à suivre les grandes règles du passé ou faut-il penser la gestion de portefeuille différemment? La liste des dix plus grandes capitalisations boursières américaines donne une grille de lecture intéressante pour répondre à cette question. — Texte Thierry Lombard et Arnaud Apffel  *

s’il en est, démontre l’intemporalité des grandes règles que sont l’analyse rigoureuse, la conviction, la patience, la discipline, la capacité à agir à contre-courant. Pour lui, l’investissement c’est la compréhension et l’adhésion au business model d’une entreprise sur le long terme et à la confiance dans les compétences de ses dirigeants; et non la spéculation sur l’évolution prochaine de son cours de bourse.

Les 10 plus grandes capitalisations du S&P 500 2008 2018 1 ExxonMobil

1 Apple

2 General Electric

2 Alphabet

3 Microsoft

3 Microsoft

4 AT&T

4 Amazon

5 Procter & Gamble

5 Facebook

6 Berkshire Hathaway

6 Berkshire Hathaway

7 Alphabet

7 Johnson & Johnson

8 Chevron

8 JP Morgan Chase

9 Johnson & Johnson

CONTINUITÉ ET CHANGEMENTS DE PARADIGME

La continuité au sein de cette liste est illustrée par Berkshire Hathaway. Son CEO Warren Buffett, investisseur légendaire 44  RE GA R D S n° 1 5

10 Walmart

9 ExxonMobil 10 Bank of America

Note: classement établi au début de chaque année. Les noms grisés sont ceux ayant disparu du classement suivant. Source: S&P

PHOTO: TORWAI / GETTY IMAGES / ISTOCKPHOTO.

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l y a presque dix ans, nous écrivions à plusieurs mains un livre sur l’investissement, dans lequel nous brossions l’histoire des grands investisseurs du XXe siècle. Dans le monde de la gestion de portefeuille, il n’y a bien sûr pas de formule magique pour le succès, mais des règles et des méthodologies qui ont traversé le siècle écoulé. Les enseignements sont riches. Le sous-titre du livre illustrait notre propos: «De l’expérience à l’expertise». C’est le cumul de sa propre expérience et de celle de ses illustres prédécesseurs qui, jusqu’à présent, a fait l’expertise d’un bon investisseur. Mais estce toujours le cas? Autrement dit, pour bien investir sur les cinquante prochaines années, peut-on continuer à suivre les grandes règles du passé ou faut-il penser la gestion de portefeuille différemment? Pour répondre à cette question, la liste des dix plus grandes capitalisations boursières américaines donne une grille de lecture intéressante, car elle reflète les profonds changements qui sont à l’œuvre depuis deux décennies.


ECONOMICS

Mais investir sur le long terme requiert aussi la capacité à percevoir et si possible anticiper les révolutions technologiques et les changements de comportement des consommateurs et des citoyens. Il faudra alors détecter les entreprises les plus à même de répondre à ces mutations. Dans ce contexte, la présence dans notre liste de nouveaux venus comme Apple, Amazon, Microsoft, Facebook, Alphabet (parent de Google) n’étonnera personne. Ils ont réussi à dématérialiser une partie des biens de consommation. On pense immédiatement à la musique (lancement de l’iPod en 2004), mais c’est le cas général des modes de culture et divertissement (streaming, jeux vidéo), de communication (réseaux sociaux), d’information (online news), de stockage (cloud). Pour d’autres biens et services, c’est le mode d’accès qui

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est devenu digital (Uber, Amazon, booking. com). Le développement du numérique a bouleversé nombre de business models et a forcé les investisseurs à s’adapter. Conséquence pour celui qui voudrait acheter des actions d’une chaîne de pizzas? Il devra s’intéresser autant à la qualité de l’app de vente à domicile qu’à celle de la pâte. SI C’EST GRATUIT, C’EST VOUS QUI ÊTES LE PRODUIT

Il faut souligner par ailleurs que le passage du support physique au numérique s’est accompagné d’une autre innovation de rupture dans les modes de consommation, à savoir le développement d’une multitude de services gratuits (des logiciels au stockage de photos ou de données). Pour l’investisseur, c’est un profond décalage de la notion de valeur: une

entreprise peut fournir un produit gratuitement au client parce que, ce faisant, elle acquiert sur lui des informations monétisables («Si c’est gratuit, c’est vous qui êtes le produit!»). La monétisation des données personnelles est désormais une source massive de succès pour certaines entreprises. La valeur marchande annuelle des données personnelles laissées gratuitement par les internautes avoisinerait les 1000 milliards de dollars. Même pour un acteur comme Amazon, dont le modèle d’affaires paraît assez éloigné de celui d’un Facebook, la publicité est déjà le segment connaissant la plus forte croissance de chiffre d’affaires. Elle devrait même, selon certains analystes, prendre la place du cloud computing comme principal moteur de profits de la société dès 2021.   R EG A R D S n °1 5  45


ECONOMICS

ÉNERGIES RENOUVELABLES CONTRE ÉNERGIES PÉRISSABLES

Mais revenons à notre liste des plus grandes sociétés américaines. ExxonMobil, première société pétrolière et gazière américaine, ne figure qu’en 9e place. Il y a dix ans, elle était première. Qu’en serat-il dans dix ou vingt ans? Depuis dix ans, la capitalisation boursière de l’industrie du charbon a baissé de 90%. L’industrie pétrolière subira-t-elle le même sort? Il y a aujourd’hui 28 000 milliards de dollars d’actifs carbone dans les bilans des entreprises et des Etats, valorisés comme s’ils pouvaient être utilisés – mais ils ne le seront pas (cf. le concept des stranded assets, ces actifs dont la valeur peut être fortement affectée par des changements importants et soudains en matière de législation, de contraintes environnementales ou encore d’innovations technologiques). Seule la partie utilisable compte tenu de la limitation à +2°C de l’augmentation des températures a une valeur. La décarbonisation de notre économie est le plus important défi industriel depuis la généralisation de l’utilisation du pétrole au début du XXe siècle. Nous investissons 300 milliards de dollars par an sur les énergies renouvelables (ce qui, soit dit en passant, est un montant inférieur au coût des catastrophes naturelles aux Etats-Unis en 2017), il faudra investir de plus en plus chaque année, jusqu’à 46  RE GA R D S n° 1 5

cinq à dix fois plus d’ici 2050. Une opportunité supplémentaire pour l’investisseur. Bien investir pour les cinquante prochaines années requiert donc de savoir appréhender ces lames de fond technologiques, environnementales et sociétales que sont le développement de l’intelligence artificielle et le changement climatique, et leur impact sur nos modes de vie. Comme l’enseigne un manuel de psychologie de la CIA, «When faced with a paradigm change, analysts who know the most about a subject have the most to unlearn». Jamais la prospective n’aura eu autant d’importance dans ce cadre. DES INVESTISSEURS PLUS RESPONSABLES

Au siècle passé, il était possible de déployer du capital avec un focus unique sur le rendement des investissements (sans considération sur les conséquences), et d’être performant financièrement. De notre point de vue, ceci a fondamentalement changé. Les modes de réflexion ne sont pas adaptés. La fameuse règle d’actualisation qu’apprennent les financiers sur les bancs de l’école fait que le capitalisme fait peu de cas de tout ce qui se passe au-delà de vingt-cinq ans. Un franc dans vingt-cinq ans, actualisé à 15%, c’est à peine 3 centimes aujourd’hui. Les modes de comptabilisation ne sont pas adaptés non plus. Déforestation, dégradation des sols, pollution de l’air, de l’eau et de la terre, tout ceci est «hors bilan», sans impact sur le compte de résultat. Les indicateurs économiques dominants ont eux aussi du mal à donner une image juste, à commencer par l’omniprésent PIB. Mettre des panneaux solaires sur son toit pour réduire sa consommation d’énergie ou choisir une voiture moins gourmande en carburant, cela diminue le PIB. En revanche, les catastrophes naturelles font croître le PIB (reconstructions et réparations). Est-ce bien la direction que l’on souhaite prendre?

Il faut retrouver la notion de responsabilité. Terme très à la mode aujourd’hui, mais les actes sont hélas souvent peu en ligne avec les mots. La responsabilité, c’est l’obligation de répondre de certains de ses actes, d’assumer ses promesses. Nous venons de passer le 10e anniversaire de la crise des subprimes dont la faillite de Lehman Brothers est le marqueur temporel. Quelles leçons avons-nous retenues? En pratique hélas, personne ne porte la responsabilité de la plus grande crise financière des cent dernières années. Ni les courtiers à l’origine de ces prêts, ni les banques qui les titrisaient, ni les agences de rating qui les notaient, ni les régulateurs qui les supervisaient. Business as usual. QU’EN PENSERA LA 7e GÉNÉRATION?

Un investisseur responsable aujourd’hui, c’est un investisseur «à large bande». Un investisseur qui a compris qu’élargir le spectre était fondamental (une partie substantielle de la valeur et des risques d’une entreprise ne figure pas dans ses chiffres comptables). Un investisseur qui assume sa responsabilité non seulement vis-à-vis de ses clients, mais aussi vis-à-vis de la société au sens large. Un investisseur qui sait que les deux ne sont pas antinomiques mais au contraire se renforcent mutuellement, car déployer du capital dans l’économie réelle et de manière utile pour la société, c’est par la même occasion maximiser ses chances de réussite (bien sûr, il faut le déployer sur les bonnes valeurs/sociétés, et construire un portefeuille pertinent et équilibré). Il existe aux Etats-Unis une société basée dans le Vermont, Seventh Generation, qui doit son nom et sa philosophie responsable et respectueuse de l’environnement à l’une des grandes lois des Indiens iroquois: pour chaque décision, prendre en compte l’impact sur le bien-être des enfants de la septième génération (140 ans plus tard, donc). Créée il y a trente ans, Seventh Generation est devenue l’une des plus grandes marques de produits d’entretien domestique et de soins personnels du pays. Un excellent investissement, sur tous les plans. A moyen et long terme, intérêt financier et utilité sociale sont parfaitement alignés. L’investisseur responsable va utiliser son capital pour permettre au monde de s’adapter aux formidables défis du XXIe siècle, tout en obtenant une juste rentabilité. Penser à long terme est une urgence tout autant qu’une opportunité.  * Thierry Lombard est vice-président du conseil d’administration de Landolt & Cie SA. Arnaud Apffel est membre du conseil d’administration de Landolt & Cie SA et fondateur et directeur général de Perennium SA

PHOTO: © ROGER / STOCK.ADOBE.COM.

La révolution digitale, avec les milliards de milliards de données numériques qu’elle produit, a été un catalyseur pour l’intelligence artificielle. C’est donc une deuxième révolution qui nous attend, rendue possible par la précédente, et qui dépassera de loin, en vitesse comme en profondeur, toutes les révolutions industrielles passées. Et elle touchera à la nature même de l’homme: il sera possible d’ici 2040 d’augmenter nos capacités à la fois physiques et mentales par un usage avancé de nanotechnologies et de biotechnologies.

Printemps Eté – Spring Summer 2019


ECONOMICS

Printemps Eté – Spring Summer 2019

The new paradigms of 21st-century investing and Iroquois Indians In order to invest successfully in the coming decades, can we continue to adhere to the grand rules and methods of the past, or should we be reimagining portfolio management? To answer this question, the list of the ten largest US market capitalizations provides an interesting starting point. — Text Thierry Lombard and Arnaud Apffel

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lmost 10 years ago, we wrote a book on investing. In this work we painted the history of the great investors of the 20th century. Of course, in the world of portfolio management there is no magic formula for success but there were rules and methodologies in use throughout the past century. The book’s subtitle was illustrative of our message: “From experience to expertise”; it is the accumulation of one’s own experience and that of one’s illustrious predecessors that has to this day made a good investor’s expertise. Is this still the case? In other words, in order to invest successfully in the coming decades, can we continue to adhere to the grand rules and methods of the past? Or should we be reimagining portfolio management? To answer this question, the list of the ten largest US market capitalizations provides an interesting starting point, because it reflects the profound changes at work.

CONTINUITY AND PARADIGM SHIFT

While ExxonMobil dwindles, Berkshire Hathaway continues at a consistent pace. The presence of this company in the list of the ten largest US capitalizations shows the timelessness of the basic rules followed by its CEO, Warren Buffett: rigorous analysis, conviction, patience, discipline and the ability to act against the current. For Buffet, investing involves adhering to the company’s business model over the long term and having confidence in the skills of its management. It is not speculating on upcoming price movements in the stock market. However, investing for the long term also requires the ability to perceive and possibly anticipate technological revolutions. It is also foreseeing changes in the behav-

iour of consumers and citizens. The investor must then pick out the companies most likely to respond to these changes. In this context, the presence on our list of newcomers like Apple, Amazon, Microsoft, Facebook and Alphabet (parent of Google) should not surprise anyone. They managed to dematerialize a portion of consumer goods. Music immediately comes to mind (launch of the iPod in 2004), but this is also the general case with culture and entertainment (streaming, video games), communication (social networks), information (online news) and storage (cloud). For other goods and services, it is the access method that has become digital (Uber, Amazon, booking.com). The development of digital technology disrupted a large number of business models, forcing investors to adapt. What are the consequences for those interested in buying shares in a

chain of pizza parlours? They will have to research as much the quality of the home delivery app as the excellence of the pizza dough... IF YOU’RE NOT PAYING FOR IT, YOU'RE PROBABLY THE PRODUCT

The transition from material to numerical has been accompanied by a groundbreaking innovation in consumption patterns, notoriously the development of a plethora of cost-free services (ranging from software to data or photo storage). For the investor, this represents a profound shift in the notion of value: a company is willing and able to provide a product cost-free to their client as, in doing so, they gain access to and acquire information that is monetizable. The monetization of personal data has become a massive success story for some companies. The annual market value of

The ten largest market caps of the S&P 500 2008 2018 1 ExxonMobil

1 Apple

2 General Electric

2 Alphabet

3 Microsoft

3 Microsoft

4 AT&T

4 Amazon

5 Procter & Gamble

5 Facebook

6 Berkshire Hathaway

6 Berkshire Hathaway

7 Alphabet

7 Johnson & Johnson

8 Chevron

8 JP Morgan Chase

9 Johnson & Johnson 10 Walmart

9 ExxonMobil 10 Bank of America

Note: the ranking was established at the beginning of each year. The names in gray are those no longer listed in the following classification. Source: S&P

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ECONOMICS

RENEWABLE VERSUS EXHAUSTIBLE ENERGIES

ExxonMobil is America’s largest oil and gas company but only ranks ninth. Ten years ago, however, it was ranked first. What will its ranking be in ten or twenty years? Over the last ten years, the market cap of the coal industry fell by 90%. Will the oil industry suffer the same fate? There are presently $28,000 billion worth of carbon assets on the balance sheets of companies and states. They are valued as if they could and would be used, but they will not (cf. the concept of stranded assets, i.e., those whose value could be strongly affected by sudden and significant changes in either legislation, environmental constraints, or technological innovations.). Only the usable portion, taking into account global warming limited to +2°C, should be capitalized, but not the rest. The decarbonization of our economy is our most significant industrial challenge since the widespread use of petroleum in the early 20th century. We invest $300 billion a year in renewable energy. By the way, this is less than the amount spent on natural disasters in the United States in 2017. More and more must be spent each year, up to five to ten times more by 2050. The investor must be able to assess 48  RE GA R D S n° 1 5

the risks of the stranded assets in order to take advantage of the opportunities associated with this decarbonization. Investing well during the upcoming decades will therefore require knowing how to apprehend the technological, environmental and societal trends brought about by artificial intelligence and climate change, as well as their impact on our way of life. As a CIA psychology textbook teaches, "Faced with a paradigm shift, it is those analysts who are the most informed on a subject that have the most to unlearn". Never has foresight been so important in this context. MORE RESPONSIBLE INVESTORS

In the last century, it was possible to be a successful investor by focusing uniquely on the financial aspects (with no consideration of its consequences). From our point of view, this has changed fundamentally. These ways of thinking are no longer suitable. The famous discounting rule learned by budding financiers on school benches taught that capitalism cares less about everything that happens beyond 25 years. A Swiss franc in 25 years, discounted at 15%, is worth barely three cents today. Accounting methods are not suitable either. Deforestation, land degradation, and air, water and land pollution are all "off balance sheet", without any impact on the income statement. The dominant economic indicators are also struggling to provide a useful image, starting with the ubiquitous GDP. Putting solar panels on the roof to reduce fossil fuel energy consumption or driving a fuel-efficient car lowers the GDP. On the other hand, natural disasters increase GDP due to reconstruction and repairs. Is this the direction we want to go? We must reconnect with the notion of responsibility. This term seems to be very fashionable today, but unfortunately actions often have little in common with words. Responsibility obliges one to answer for certain actions, and to keep one's promises. We have just passed the 10th anniversary of the subprime crisis, whose time marker was the bankruptcy of Lehman Brothers. What lessons have we learned? Essentially, alas, no one bears

the responsibility for the biggest financial crisis of the last hundred years. Neither the brokers that originated these loans, nor the bankers that securitized them, nor the rating agencies that rated them, nor the regulators who supervised them. Business as usual. WHAT WILL THE 7TH GENERATION THINK?

A responsible investor today is one with "broad vision". If a substantial part of a company's value and risk is not included in its accounting figures, broadening the spectrum becomes essential. A conscientious investor assumes his responsibility not only vis-à-vis his customers, but also vis-à-vis society at large. An investor who knows that the two are not at odds but rather mutually reinforcing. This is because deploying capital in the real economy and in a useful way for society, at the same time involves maximizing one’s chances of success(of course, capital must be invested in good stocks and companies, and a relevant balanced portfolio must be built). There is a Vermont-based company in the United States called Seventh Generation that owes its name and its environmentally responsible philosophy to one of the great laws of the Iroquois Indians. This states that for every decision, take into account its impact on the well-being of the children down to the 7th generation (i.e., 140 years into the future). Founded 30 years ago, Seventh Generation created one of the country's leading brands of home and personal care products. An excellent investment, on all levels... Over the medium and long term, the financial interest and social utility are perfectly aligned. Responsible investors will use their capital to enable the world to adapt to the formidable challenges of the 21st century while achieving a fair return on their investment. Thinking about the long term is a necessity as well as an opportunity. 

Thierry Lombard is Vice President of the Board of Landolt & Cie SA Arnaud Apffel is Member of the Board of Landolt & Cie SA and Founder and General Manager of Perennium SA

PHOTO: DENNY THURSTON PHOTOGRAPHY / GETTY IMAGES / ISTOCKPHOTO.

personal data freely provided by Internet users comes to roughly $1 trillion. Even for a company like Amazon, whose business model seems rather far from that of Facebook, advertising has already become the segment of its revenue experiencing the strongest growth. According to some analysts, it should even overtake cloud computing to become the company’s main driver of profits by 2021. With the billions and billions of digital data it produces, the digital revolution has been a catalyst for artificial intelligence. A second revolution thus awaits us, made possible by the preceding one. It will far exceed, in speed as well as in depth, all past industrial revolutions. It will alter the very nature of mankind. By 2040, it will be possible to increase our physical and mental capabilities through the advanced use of nanotechnology and biotechno-logy.

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WHERE GENERATIONS MEET. SINCE 1896.

Majestic and elegant, in the centre of St. Moritz, at the heart of the Swiss Alps. This is where you find the Badrutt’s Palace Hotel. Legendary, unique and distinctive! Since 1896 guest wishes have been anticipated and fulfilled, however great they may have seemed. With us you are the guest and warmly welcomed.

Badrutt’s Palace Hotel, Via Serlas 27, 7500 St. Moritz, Switzerland Telephone: +41 (0)81 837 1000, Fax: +41 (0)81 837 2999, Reservations: +41 (0)81 837 1100, reservations@badruttspalace.com, @BadruttsPalace www.badruttspalace.com,


LIFESTYLE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

Exploration 1. PANERAI Submersible Marina Militare carbotech Mouvement automatique, boîtier carbotech, bracelet caoutchouc. Automatic movement, carbotech case, rubber strap. 2. IWC Chronograph Spitfire Mouvement automatique, boîtier bronze, bracelet veau. Automatic movement, bronze case, calf strap. 3. MONTBLANC 1858 Géosphère Mouvement automatique, boîtier bronze, bracelet NATO. Automatic movement, bronze case, NATO strap.

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HORLOGERIE

Trends o’clock Pleins feux sur nos coups de cœur du Salon International de la Haute Horlogerie. Attention les yeux! Spotlight on our favourites at the Salon International de la Haute Horlogerie. Mind your eyes! — Sélection / Selection Elodie Maître-Arnaud

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LIFESTYLE

Automne Hiver – Fall Winter 2017-2018

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Wild Life 4. CARTIER Louis Cartier Regard de panthère Mouvement automatique, boîtier or jaune serti diamants, cadran peint et serti diamants, bracelet alligator. Automatic movement, yellow gold case set with diamonds, painted dial set with diamonds, alligator strap.

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5. HERMÈS Arceau Awooooo Mouvement automatique, boîtier or blanc, cadran or blanc émaillé, bracelet alligator. Automatic movement, white gold case, enamelled white gold dial, alligator strap. 6. VACHERON CONSTANTIN Les Cabinotiers Wild Panda Mouvement automatique, boîtier or gris, cadran marqueterie de bois, bracelet alligator. Automatic movement, grey gold case, wood marquetry dial, alligator strap.

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PHOTOS: © JOEL VON ALLMEN, VINCENT WULVERYCK / CARTIER, © BILLIONPHOTOS.COM / STOCK.ADOBE.COM, LIN JERRY / STOCK.ADOBE.COM ET © THORSTEN SCHMITT / STOCK.ADOBE.COM. — PHOTOMONTAGES: INÉDIT.

Glamour 7. PIAGET Manchette Possession Mouvement quartz, boîtier or rose serti diamants, cadran nacre serti diamants, bracelet manchette maille milanaise or. Quartz movement, pink gold case set with diamonds, mother-of-pearl dial set with diamonds, textured gold Milanese mesh. 8. GIRARD-PERREGAUX Cat’s Eye Plum Blossum Mouvement automatique, boîtier or rose serti diamants, cadran aventurine, bracelet alligator. Automatic movement, pink gold case set with diamonds, aventurine dial, alligator strap. 9. CARTIER Baignoire allongée extra-large Mouvement manuel, boîtier or rose, cadran serti diamants, bracelet alligator. Manual movement, pink gold case, dial set with diamonds, alligator strap.

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LIFESTYLE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

HORLOGERIE

L’habit fait la montre La haute horlogerie se distingue aussi par la pureté des formes et les détails raffinés des boîtiers et cadrans de ses garde-temps. Petit tour dans cet univers où la perfection est le mot d’ordre, avec un expert du pôle horloger de Parmigiani Fleurier. — Texte Elodie Maître-Arnaud

ateliers de la manufacture Les Artisans Boîtiers (LAB) à la Chaux-de-Fonds. «A l’instar du mouvement, certaines boîtes de haute horlogerie peuvent comporter plus d’une centaine de pièces. C’est le cas notamment de celle du modèle Bugatti de notre maison.» Acier, titane, or ou platine, au-delà du choix du matériaux et du design de la boîte, c’est aussi la qualité des finitions qui caractérise une montre de haute horlogerie signée Parmigiani Fleurier.

DES ÉCRINS UNIQUES

C’est à travers le boîtier que s’exprime le design d’une montre. C’est également une composante essentielle du garde-temps, celle qui protège le mouvement et permet de lire l’heure sur le cadran. Si la forme traditionnelle d’un boîtier est ronde, la créativité des horlogers permet aussi de concevoir des boîtes carrées, rectangulaires, ovales ou encore tonneaux. «Il y 52  RE GA R D S n° 1 5

a évidemment des cotes fonctionnelles à respecter mais il est possible de faire preuve d’une grande créativité sur l’extérieur de la boîte», ajoute Patrick Wehrli, membre du comité de direction de Parmigiani Fleurier. La conception d’un boîtier commence ainsi par une conception informatique en 3D certifiant sa faisabilité technique. Chaque pièce est ensuite usinée séparément puis assemblée dans les

Le cadran révèle quant à lui la personnalité d’une montre. Situé à l’intérieur du boîtier, il comprend les différentes indications affichées par le garde-temps: heures, minutes, secondes, date et autres fonctions horlogères. C’est au sein de la manufacture Quadrance & Habillage que ces pièces sont conçues et fabriqués, comme autant de témoignages de la force créative du pôle horloger de la Fondation de Famille Sandoz, propriétaire de Parmigiani Fleurier. Souvent en métal, le cadran est décoré à la main selon différents techniques: guillochage, satinage, épargne ou encore grenage. «D’autres procédés comme la mise en couleur et la sérigraphie permettent également toutes les audaces afin de conférer une personnalité unique à la montre», ajoute Patrick Wehrli. C’est aussi à ses appliques et index que l’on reconnaît une montre de haute horlogerie. Usinés dans les ateliers de Vaucher Manufacture à Fleurier, ces repères permettant de lire l’heure (respectivement numéros ou bâtons), sont en effet sertis un à un et non pas simplement collés ou imprimés. Un travail minutieux conférant au cadran le raffinement extrême recherché par Parmigiani Fleurier. 

PHOTOS: SVEN DE ALMEIDA / PARMIGIANI FLEURIER ET DR.

LE VISAGE DU TEMPS


LIFESTYLE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

You can judge a watch by its cover Fine watchmaking distinguishes itself by the purity of the forms and the refined details of the cases and dials of the timepieces. We join an expert from the Parmigiani Fleurier watchmaking hub for a brief tour of this world where perfection is the watchword.

UNIQUE CASES

The design of a watch is expressed through its case, which is also an essential component of the timepiece in its own right, protecting the movement and enabling the wearer to read the time on the watch dial. While the traditional shape of a case is round, the creativity of watchmakers also results in square, rectangular, oval and even barrel-shaped cases. “There are certain functional specifications that must be respected, of course, but there is scope for great creativity on the outside of the case,” explains Patrick Wehrli, a member of the Parmigiani Fleurier executive committee. The case design begins with a 3D computerised design which confirms the technical feasibility. Each component is then machined individually and assembled in the workshops of Les Artisans Boîtiers (LAB) in la Chaux-deFonds. “Like the movement, certain cases in the fine watchmaking segment can consist of more than one hundred parts. This is certainly the case with our own Bugatti model.” Steel, titanium or platinum – beyond the choice of material and the design of the case, it is also the quality of the finish which characterises a luxury watch by Parmigiani Fleurier. THE FACE OF TIME

The dial conveys the personality of a watch. Located inside the case, it includes the different indications displayed by the timepiece: hours, minutes, seconds, date and other functions. These components are designed and produced by Quadrance & Habillage, each one bearing witness to the creative power of the watchmaking hub of the Sandoz Family Foundation which owns Parmigiani Fleurier. Often made from metal, the dial is decorated by hand using a range of different

techniques including guillochage, satin-finishing, épargnage and graining. “Other processes, such as colouring and serigraphy, are called on to add the daring touches which give a watch its unique personality,” adds Patrick Wehrli. A luxury watch can also be recognised by its appliqués and indication decals. Machined in the workshops of Vaucher Manufacture in Fleurier, these markers – which make it possible to read the time (by means of numbers or batons) – are crimped one by one and not just stuck or printed on the dial. This meticulous work lends the dial the utmost sophistication desired by Parmigiani Fleurier.    R EG A R D S n °1 5  53


LIFESTYLE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

SHOPPING

Unique places En dehors des grandes enseignes, Lausanne et ses alentours regorgent d’adresses plus confidentielles. Nos coups de cœur du moment. In addition to all the major names, Lausanne and its environs are brimming with other addresses for those in the know. Our current best picks. — Texte / Texts Mélanie Blanc

Boutique Basil Tous les objets (bijoux, vêtements, accessoires de mode et objets de déco) mis en avant ont été sélectionnés par Séverine pour qui amour, éthique et qualité sont des leitmotiv. All the articles on show (jewellery, clothes, fashion accessories and decorative objects) have been carefully chosen by Séverine, whose leitmotifs are love, ethics and quality. Rue Saint-Laurent 8, Lausanne, 021 312 72 80 www.basil-boutique.ch

n°28 Cette boutique est une malle aux trésors. Les bijoux et accessoires y sont tous d’une élégance et d’une sobriété folles. Petite bague ou grand sac fourre-tout, impossible de ne pas craquer. This boutique is a genuine treasure trove. The jewellery and accessories here are exquisitely elegant and simple. Whether it’s a little ring or a big tote bag – who could resist? Rue Marterey 28, Lausanne, 021 311 77 65 www.no28.ch

Ici, on trouve évidemment les sacs de la marque zurichoise mais aussi d’autres articles qui mettent à l’honneur beauté du design et fonctionnalité. Presque une galerie d’art. Naturally this boutique carries the bags created by the Zurich-based brand, but you can also find a range of other articles combining attractive design and functionality. Almost an art gallery. Rue du Tunnel 7, Lausanne, 021 558 92 11 www.qwstion.com

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ILLUSTRATION: ANNA ISMAGILOVA / STOCK.ADOBE.COM — PHOTOS: DR.

Qwstion


LIFESTYLE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

Viu

Ka/Noa

Whisky Time

Des montures d’une qualité exceptionnelle fabriquées dans des manufactures traditionnelles et vendues à des prix accessibles. C’est le pari réussi par cette équipe de Zurichois.

Le temple de la mode masculine italienne signée Bruno Grande, qui s’est associé dernièrement avec l’acteur Patrick Dempsey. Pour les amateurs d’authenticité, de belles matières et de pièces intemporelles.

Les amateurs de whisky vont se régaler. Le maître des lieux est un passionné qui partage ses meilleures découvertes dans cette boutique depuis plus de vingt ans.

Exceptional-quality frames made in traditional workshops and available at affordable prices. That is the winning formula developed by this team from Zurich.

The temple of Italian men’s fashion by Bruno Grande, who recently joined forces with the actor Patrick Dempsey. For fans of authenticity, attractive materials and timeless articles.

Rue du Pont 10, Lausanne, 021 508 71 10 www.shopviu.com

Rue des Côtes-de-Montbenon 5, Lausanne, 021 311 39 81, www.kanoaitalia.com

Haute Parfumerie Philippe K.

Nuage

ThéTeaTee

Passer la porte de cette boutique, c’est retomber en enfance. Vêtements, déco, jeux, déguisements, livres, accessoires. Le paradis des petits… et des grands.

Depuis 1938, cette enseigne attire une clientèle locale comme internationale. Plus de 150 variétés de thés du monde entier. Un vrai tour du monde.

Des marques de niche et de haute parfumerie côtoient les créations du responsable des lieux, l’artiste olfactif Philippe Cart, éditées sous la marque Philippe K.

Whisky lovers will be in seventh heaven. The owner is passionate about his trade and has shared his favourite discoveries here for more than 20 years. Rue de l’Horloge 6, Lutry, 021 791 70 02 www.whiskytimeshop.ch

This boutique has attracted locals and visitors to the city since 1938. More than 150 varieties of tea from the four corners of the globe. A genuine world tour.

High perfumery and niche brands rub shoulders with the creations of the owner, the fragrance artist Philippe Cart, marketed under the Philippe K brand.

Stepping inside this boutique takes you back to your childhood days. Clothes, decorative items, games, fancy dress, books, accessories. A little corner of heaven for kids and adults alike.

Rue Beau-Séjour 15, Lausanne, 021 312 07 07 www.philippek.com

Rue Marterey 74, Lausanne, 021 311 48 25 www.nuagelausanne.ch

Monsieur Alain

Vinothèque La Maison Rose

Helvetimart

Dans cet écrin situé sous-gare, Monsieur Alain propose des vêtements et des accessoires dont la sobriété et la qualité séduisent les hommes amateurs de belles pièces.

La Vinothèque célèbre les vins du Domaine Louis Bovard à Cully mais propose aussi toute une sélection d’objets à offrir ou à s’offrir. Un pur délice à deux pas du lac.

Quand deux anciens étudiants de l’Ecole hôtelière de Lausanne ont l’idée de regrouper les spécialités gastronomiques de toute la Suisse sous un même toit, ça donne Helvetimart.

In this boutique, hidden away under the station, the clothes and accessories proposed by Monsieur Alain boast the simplicity and quality sought after by those who appreciate beautiful things.

The Vinothèque showcases the wines of the Domaine Louis Bovard in Cully, but also boasts a wide selection of items ideal as a gift or a personal treat. Pure delight only a stone’s throw from the lake.

Rue du Simplon 35, Lausanne, 021 601 53 04 www.monsieuralain.ch

Place d’Armes 6, Bourg-en-Lavaux, 021 799 55 66 www.vinotheque-maison-rose.ch

When two former students of the Hospitality Management School in Lausanne had the idea to bring the culinary specialities of Switzerland together under one roof, Helvetimart was born.

Rue Enning 4, Lausanne, 021 312 48 63 www.theteatee.com

Rue du Petit-Chêne 3, Lausanne, 021 626 33 33 www.helvetimart.ch

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LIFESTYLE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

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FASHION

SPORTSW   EAR 8

Même plus besoin de transpirer pour passer pour un sportif d’élite. Ce qui était réservé aux entraînements squatte désormais le bitume. 3, 2, 1, go! No need to sweat to look like an elite athlete. What was designed for training is now de rigueur around town. 3… 2… 1… Go!

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1. Montre digitale à bracelet sport Nectarine, Apple Watch, Fnac, Lausanne. n 2. Sweat-shirt Fendi Mania, Fendi, Bongénie, Lausanne. n 3. Boom 3, Ultimate Ears, Manor, Lausanne. n 4. T-shirt Bird, PS Paul Smith, Globus, Lausanne. n 5. Sac à dos Mission, Evoq, Tandem, Lausanne. n 6. Sneakers White Hi Top, Off White, Drake Store, Lausanne. n 7. Gourde, Sigg, Globus, Lausanne. n 8. Veste de baseball, Louis Vuitton, Lausanne.

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PHOTOS: DR Les produits sélectionnés dans ces pages sont des sources d’inspiration. Nous ne sommes pas en mesure de garantir leur disponibilité en boutique lors de la parution de ce magazine.

— Sélection / Selection Mélanie Blanc


LIFESTYLE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

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ARTWEAR

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Les vêtements et accessoires transforment les femmes en œuvres d’art. Classique ou contemporain, il n’y a que l’embarras du choix! 6

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Clothes and accessories transform women into works of art. Classic or contemporary, you’re spoilt for choice! — Sélection / Selection Mélanie Blanc

1. Sac, Off White, Drake Store, Lausanne. n 2. Parfum Irish Leather, Memo Paris, Globus, Lausanne. n 3. Maillot de bain, K-Way, La Griffe Ausoni, Lausanne. n 4. Chapeau en velours, Gucci, Bongénie, Lausanne. n 5. Robe à imprimé Splash, Louis Vuitton, Lausanne. n 6. T-shirt Festival, Zadig & Voltaire, Lausanne. n 7. Escarpins fleuris avec cristaux, Dolce & Gabbana, Bongénie, Lausanne. n 8. Veste en coton Mini Bandana, Valentino, Olivier François Ausoni, Lausanne.

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LIFESTYLE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

BIEN-ÊTRE

Les nouveaux codes du wellness L’univers feutré des spas n’échappe pas à la quête de sens qui caractérise notre époque. Décryptage de ces nouvelles approches du bien-être, qui réconfortent autant le corps que l’esprit. — Texte Sarah Jollien-Fardel

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DES EXPÉRIENCES POUR MODIFIER SON STYLE DE VIE

Editrice et auteure de plusieurs livres, la visionnaire Anne Ghesquière confirme: «Les personnes sont aujourd'hui en quête de sens et recherchent une alchimie holistique corps, âme, esprit.» Et de citer pêle-mêle shiatsu, jeûne, massages ayurvédiques, détox, yoga, réflexologie plantaire, ostéopathie ou encore soins cosmétiques bio parmi les pratiques très recherchées. Celle qui a fondé le média FémininBio en 2007 anime également le podcast hebdomadaire Métamorphose, qui donne la parole aux spécialistes du mieux-être, autour de la santé du corps et de l’esprit. Pile dans cette mouvance qui secoue la planète. Car les consciences se réveillent. On le sent, cela bruisse partout. On le voit notamment dans cet élan mondial pour l’écologie, de la manière de consommer à celle de se nourrir. Plus personne n’est dupe ni n’avale n’importe quoi. L’impact est si puissant que c’est toute notre façon de vivre qui est en train de muer. C’est aussi ce que constate Elodie Jacquemond, créatrice d’Holissence, une plateforme dédiée aux femmes, qui traite d’un nouvel art de vivre englobant aussi bien la beauté que les voyages. «Les femmes veulent se faire du bien en mangeant, en faisant du sport, en respirant, en faisant des soins, en méditant et en voyageant autrement, explique-t-elle. Elles ont envie de vivre des expériences qui leur permettent de faire évoluer leur lifestyle.» En parallèle de ce qu’elle appelle son «écosystème bien-être», Elodie Jacquemond s’est aussi lancée dans l’organisation d’événements, masterclasses, talks ou encore workshops. «Nous avons de plus en plus de demandes de la part d’hôtels qui souhaitent offrir des programmations wellbeing en plus de leurs soins», ajoute-t-elle. 58  RE GA R D S n° 1 5

SE CONNECTER À L’ESSENTIEL

Si les espaces privilégiés des spas ont toujours été une bulle idéale pour prendre soin de soi, les connaissances et la culture de la clientèle ont considérablement progressé, remarque Stéphane Reumont: «Une praticienne ne peut plus se contenter d’énoncer la liste des ingrédients d’un soin de beauté. Entre les applications mobiles qui détectent les ingrédients et les informations pointues glanées sur le net, nos clients sont déjà très bien informés.» Une clientèle plus éduquée, qui a besoin d’être accompagnée par de véritables spécialistes. La formation initiale et continue des praticiens est ainsi capitale afin de guider les clients et de personnaliser les soins. «Leurs besoins sont multiples, de la jeunesse au bien-être corporel, jusqu’à la spiritualité.» Spiritualité. Le mot est lâché. «L’Occident a raté l’étape de la spiritualité, nous sommes dans une culture rationnelle et intellectuelle», relève Anne Bianchi, professeure de yoga kundalini à Paris. Selon elle, Internet et surtout les réseaux sociaux ont accéléré le rythme. «Les gens n’en peuvent plus de cette pression constante», estime celle qui a radicalement ralenti son rythme de vie effréné de rédactrice en chef d’un magazine féminin. Pour elle, nous cherchons tous une chose toute simple: nous faire du bien. Et cette aspiration passe de plus en plus par la pratique du yoga. «Avec le yoga, par le corps, on touche l’âme, affirme-t-elle. C’est un outil parmi d’autres pour se connecter à l’essentiel.» Et de conclure qu’il n’y a qu’une cime au sommet de la montagne, mais plein de chemins pour y accéder. A chacun de trouver le sien. 

ILLUSTRATION: STOCK.ADOBE.COM

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ous faisons le plus beau métier du monde mais ce travail n’a plus rien à voir avec ce qu’il était il y a dix ans», observe Stéphane Reumont, le spa manager du Beau-Rivage Palace. Passionné et volubile, il affirme que le mot «spa» lui-même est dépassé, presque ringard. «Aujourd’hui, on parle plutôt de wellness.» Le bien-être donc, ce Graal d’une société trop rapide, trop électrique, où la performance et la réussite prédominent sur l’humain. «L’époque où les gens se contentaient de trois papouilles est révolue, explique-t-il. Nos clients ont désormais envie – besoin même – d’une prise en charge globale, à travers les soins corporels, mais aussi à travers l’alimentation, la beauté et le sport.» Une approche holistique pour prendre du temps pour soi, mais pas n’importe comment.


LIFESTYLE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

The new wellness codes EXPERIENCES TO CHANGE YOUR LIFESTYLE

Editor and author of several books, the visionary Anne Ghesquière agrees: “People today are looking for meaning, a holistic alchemy between body, soul and mind.” She points to the mixture of shiatsu, fasting, Ayurvedic massages, detox, yoga, foot reflexology, osteopathy and organic cosmetic care among the much sought-after practices. Having founded FémininBio in 2007, she also hosts the weekly podcast Métamorphose, a platform for wellness specialists to talk about health, the body and the mind. This is entirely in line with the movement currently shaking up the planet. Because our consciousness is waking up. We can feel it buzzing in the air. We can see it in the global impetus in favour of ecology, from the way we consume to the way we eat. No one is as gullible anymore; we are not willing to blindly accept anything we are told. The impact is so powerful that it is our entire lifestyle that is changing. This phenomenon has also been observed by Elodie Jacquemond, the creator of Holissence, a platform for women which explores a new way of living encompassing both beauty and travel. “Women want to be good to themselves by eating, doing sport, taking care of their body, meditating and travelling in a different way,” she explains. “They want to enjoy experiences that enable them to change their lifestyle.” In parallel to what she refers to as her “wellness ecosystem”, Ms Jacquemond has also begun organising events, masterclasses, talks and workshops. “We have more and more demand from hotels which want to offer wellbeing programmes in addition to traditional care packages,” she adds. CONNECTING WITH THE ESSENTIAL

The hushed world of spas has not escaped the quest for meaning so typical of our era. Spotlight on these new approaches to wellness that soothe both body and soul.

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e have the best profession in the world, but the work has changed beyond recognition over the past 10 years,” says Stéphane Reumont, the spa manager at the Beau-Rivage Palace. Passionate and effusive, he even says that the word “spa” is outdated, almost corny. “Today we prefer the term wellness.” So wellness, the Holy Grail of a society that is too fast and too electric, where performance and success overshadow the human side. “The time when people were satisfied with something not much more than a tickle is gone,” he explains. “Our guests now want – or even need – an overall service including body care, diet, beauty care and sport.” A holistic approach that allows you to take time to pamper yourself, but not just any old how.

While privileged spa complexes have always been a protected bubble where people could devote time to themselves, the knowledge and culture of the guests have grown considerably, as Mr Reumont notes: “A practitioner can no longer simply list the ingredients of a beauty care product. Between mobile applications that detect the ingredients and cutting-edge information obtained online, our guests are already very well informed.” With a better-informed clientele that need to be accompanied by genuine specialists, providing initial and continuing training for practitioners is therefore essential in order to guide clients and personalise their care. “Their needs are numerous, ranging from a young body to spirituality.” Spirituality. So the word is out. “The West has missed out on spirituality; we live in a rational and intellectual culture,” notes Anne Bianchi, a Kundalini yoga instructor in Paris. She believes that the Internet, and in particular social networks, has accelerated the process. Having herself drastically slowed down her hectic life as editor-in-chief of a women’s magazine, she feels that “People are tired of this constant pressure”. She believes that we are all looking for something very simple: to treat ourselves well. And this desire increasingly involves yoga. “In yoga, you reach the soul through the body,” she explains. “It is one of many tools for making a connection with the essential.” And she concludes that, while the mountain has only one summit, there are many paths that take us there. It is up to each person to find their own.    R EG A R D S n °1 5  59


CULTURE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

RENCONTRES 7e ART LAUSANNE 2019

Short cuts «Au-delà des limites» était le thème de la deuxième édition des Rencontres 7e Art Lausanne. Reçues au Beau-Rivage Palace, partenaire de l’événement, quatre têtes d’affiche se sont prêtées au jeu des questions/réponses. “Beyond the limits” was the theme of the second edition of the Rencontres 7e Art Lausanne. Staying at the Beau-Rivage Palace, a partner of the event, four stars played the question-and-answer game. — Propos recueillis par / Interviews by Rachel Barbezat — Photo Anoush Abrar

Golshifteh Farahani L’actrice franco-iranienne sera à l’affiche de trois films dans les mois qui viennent. Pour son premier passage aux Rencontres, elle a officié en tant que maîtresse de cérémonie.

The Franco-Iranian actress will be appearing in three films in the coming months. On her first visit to les Rencontres, she was invited to play the role of host.

REGARDS C’est la première fois que vous séjournez au Beau-Rivage Palace? GOLSHIFTEH FARAHANI Oui, cet hôtel est un havre de bonheur. Le lac, les nuages, la vue, tout est beau! Et il y a aussi Vincent (Perez), le festival, les gens qui s’occupent de nous... On a envie de revenir chaque année. Et puis la Suisse, c’est un peu chez moi car j’ai de la famille à Genève. Je séjourne régulièrement en Suisse et en hiver je skie aux Diablerets. J’adore cette station!

REGARDS Is this the first time you have stayed at the Beau-Rivage Palace? GOLSHIFTEH FARAHANI Yes, and it is a haven of happiness. The lake, the clouds, the view, everything is so beautiful! And there is also Vincent (Perez), the festival, the people who take care of us... It makes you want to come back again and again. And Switzerland is almost like home, as I have family in Geneva. I often visit Switzerland and in winter I go skiing at Les Diablerets. I love that resort!

Quel fut votre plus beau moment lors du festival? Paul Auster, c’est LA rencontre de ce festival! Je l’adore depuis toujours. J’ai eu l’occasion de partager un déjeuner avec lui dans le cadre idyllique du Beau-Rivage Palace. Nous avons énormément parlé et ri, en toute spontanéité. Ce n’était pas l’actrice qui rencontrait le réalisateur, mais deux personnes ravies de passer du temps ensemble. Une vraie rencontre humaine.

What was your favourite moment of the festival? Paul Auster – it was THE event of the entire festival! I have always loved him. I had the chance to have lunch with him in the idyllic setting of the Beau-Rivage Palace. We talked and laughed a great deal, it was so spontaneous. It wasn’t a case of the actress meeting the director, but rather of two people spending time together. A real human encounter.

Que souhaitez-vous pour les femmes dans le cinéma? Un peu moins de hashtags, moins de slogans, un peu plus d’action, plus de joie et de liberté! «Au-delà des limites», ça évoque quoi pour vous? J’ai toujours repoussé toutes les limites pour savoir jusqu’à quel point je peux provoquer. Mon existence repose sur le fait d’être un mouton noir. Je n’ai pas de cadre, et les limites, je les explose à la dynamite!  60  RE GA R D S n° 1 5

What do you want for women in the world of cinema? Fewer hashtags, fewer slogans, more action, more joy and freedom! What does “Beyond the limits” mean to you? I have always pushed back the boundaries to know exactly to what extent I can provoke. My very existence is based on the fact that I am a black sheep. I have no framework and I destroy limits with dynamite! 


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CULTURE

Matt Dillon Drugstore Cowboy, sorti sur les écrans en 1989, a été projeté en clôture des Rencontres, en présence de l’acteur et réalisateur américain qui y tenait le rôle principal. REGARDS Que

pensez-vous de ces Rencontres lausannoises? Ce festival porte bien son nom: depuis mon arrivée, je n’ai cessé de rencontrer des personnes que j’admire. Je n’avais jamais eu l’occasion d’échanger avec Paul Auster; on va certainement se revoir à New York. Idem avec Joel Coen, ce serait un plaisir de travailler avec son frère et lui. Parler de cinéma dans un contexte hors compétition, c’est tout simplement fantastique! Je regrette de passer si peu de temps à Lausanne. J’aime beaucoup l’atmosphère de cette petite ville et je me sens très bien dans ce super hôtel entouré de gens fantastiques. MATT DILLON

Drugstore Cowboy a été projeté durant le festival, quels souvenirs gardez-vous de ce film? C’est émouvant car il date de 1989. Nous étions une équipe soudée, le sujet est fort, le rôle était intense et Gus Van Sant est un réalisateur hors du commun. Je trouve que le film a bien vieilli, je n’en ai pas honte. Quid du dernier Lars von Trier qui a reçu un accueil mitigé? Effectivement il n’a pas été épargné par les critiques. Je crois que The House That Jack Built est un bon film. Il est perturbant, mais c’est voulu. J’apprécie les réalisateurs qui, comme Lars von Trier, sont capables de vous pousser dans vos retranchements. Bent Hamer, Lars et Gus ont en commun cette volonté de voir ce que l’acteur a dans le ventre pour obtenir quelque chose de profond.

Drugstore Cowboy, first released in 1989, was shown at the closing of les Rencontres in the presence of the American actor and director who played the leading role. REGARDS What

do you think of les Rencontres in Lausanne? festival certainly lives up to its name: since I arrived, I have met no one but people whom I admire. I never had the chance to talk to Paul Auster before; we will certainly be seeing each other again in New York. The same with Joel Coen; it would be a pleasure to work with him and his brother. Talking about cinema in a context where there is no competition is absolutely fantastic! I’m sorry that I’m spending so little time in Lausanne. I love the atmosphere in this little city and I feel completely at ease in this great hotel surrounded by amazing people. MATT DILLON This

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Drugstore Cowboy was shown during the festival; what memories do you have of this film? It is very moving, as it dates back to 1989. We were a close-knit team, the subject was very strong, the role was intense and Gus Van Sant is an extraordinary director. I think that the film has aged well, I'm not ashamed. And what about the last Lars von Trier which was given a mixed reception? It’s true, the critics weren’t too kind about it. I think The House That Jack Built is a good film. It is disturbing, but that was the aim. I like directors like Lars von Trier who are capable of pushing you to your limit. Bent Hamer, Lars and Gus share that desire to see what an actor has got deep down inside in order to obtain something truly profound. What does “Beyond the limits” mean to you? An artist can run the risk of limiting himself by using his head too much instead of following his heart and his instinct. If you are willing to take a chance, to experiment, to take a fall, and you work with people who understand that, then you can go break every boundary. We create our own limits, and often that is the problem. 

PHOTOS: LAETITIA GESSLER / RENCONTRES 7e ART LAUSANNE (R7AL 2019) ET ANOUSH ABRAR.

«Au-delà des limites», ça évoque quoi pour vous? Un artiste risque de se limiter en usant trop sa tête au lieu de suivre son cœur et son instinct. Si tu es prêt à tenter ta chance, à expérimenter, à tomber, et que tu travailles avec des gens qui comprennent cela, alors tu peux dépasser toutes tes limites. Nous créons nos propres limites, c’est souvent ça le problème. 


CULTURE

Agnès Jaoui Actrice, scénariste et réalisatrice, la femme la plus récompensée du cinéma français a profité de son passage à Lausanne pour converser avec les étudiants de l’ECAL. REGARDS Comment

se passe votre séjour à Lausanne? C’est un vrai bonheur d’être dans cette ville et au Beau-Rivage Palace. Il y a un sens de l’accueil que l’on ne trouve pas ailleurs. Et puis participer à un festival sans compétition crée une dynamique particulière, très fraternelle et bienveillante.

AGNÈS JAOUI

A quand remonte votre rencontre avec Vincent Perez? Je l’ai connu chez Patrice Chéreau, dans le cadre des cours d’art dramatique du Théâtre des Amandiers de Nanterre. Depuis, on se croisait de loin en loin dans les festivals. Mais le fait d’avoir passé ensemble deux ans et demi chez Chéreau et Pierre Romans a créé des liens indéfectibles. Mes compagnons de cette école resteront pour toujours mes frères et sœurs de guerre. Avez-vous un film favori? Je vais choisir un film que je n’ai pas réalisé car je considère mes films comme mes enfants, impossible donc de n’en sélectionner qu’un. Je peux citer On connaît la chanson, parce que c’était Resnais et que j’ai aimé profondément notre collaboration. D’ailleurs, en voilà un qui a vécu toute sa vie au-delà des limites! Que pensez-vous de la place réservée aux femmes dans le milieu du cinéma? Le cinéma est à la traîne. Mais il y a une relève, les choses bougent, il y a notamment de plus en plus de réalisatrices. Il n’empêche que le cinéma est encore follement en retard. C’est toute une éducation à revoir. Il y a du travail! «Au-delà des limites», ça évoque quoi pour vous? C’est la recherche de tout artiste: pas forcément de dépasser les limites mais en tout cas de les interroger. En ce qui me concerne, ce sont les limites de la société que j’interroge perpétuellement. 

An actress, screenwriter and director, the most decorated woman in the world of French cinema took advantage of her visit to Lausanne to talk to the students of ECAL. REGARDS How

was your visit to Lausanne? is an absolute pleasure to be in this city and at the Beau-Rivage Palace. There is a sense of hospitality that you do not find elsewhere. And participating in a festival without a competition creates a very specific, very fraternal and benevolent dynamic. AGNÈS JAOUI It

When did you first meet Vincent Perez? I met him through Patrice Chéreau, during dramatic art classes at the Théâtre des Amandiers in Nanterre. Since then, we

have bumped into each other from time to time at different festivals. But spending two and a half years together with Chéreau and Pierre Romans created ties that will never be broken. My companions at that school will forever be my brothers and sisters in arms. Do you have a favourite film? I will choose a film that I didn’t direct, as my films are like my children, so it’s impossible to choose just one. I would say Same Old Song, because it was directed by Resnais and I truly loved working together. Now there is someone who has spent a lifetime living beyond the limits! What do you think of the role of women in the world of cinema? Cinema is lagging behind. But there is a new wave coming, the ball is rolling and in particular there are more and more female directors. That doesn’t mean that the cinema isn’t light years behind. It is a whole education that needs changing. There’s still a lot of work to do! What does “Beyond the limits” mean to you? It is the work of every artist: not necessarily to go beyond the limits but to call them into question. In my case, I constantly question the limits of society.    R EG A R D S n °1 5  63


CULTURE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

Quel est votre film favori? Performance de Nicolas Roeg. Il était le plus grand réalisateur avec lequel j’ai eu l’occasion de travailler. Cet homme avait un immense talent. Si vous me demandez mon préféré parmi ceux que j’ai produits, je suis incapable de choisir. Je ne peux pas les départager, ce sont mes enfants! Comment avez-vous rencontré Vincent Perez? Au Festival Lumières de Lyon. Puis nous nous sommes revus à Londres. J’étais touché qu’il m’invite à participer aux Rencontres 7e Art Lausanne. C’est passionnant d’être ici et de découvrir ce qu’il a réussi à mettre sur pied. Quel souvenir gardez-vous de vos multiples tournages avec Bernardo Bertolucci? Je garde de nombreux souvenirs. Parmi mes préférés, j’ai en mémoire une nuit magique passée à discuter sur une dune dans le désert marocain, lors du tournage d’Un thé au Sahara. «Au-delà des limites», ça évoque quoi pour vous? Je crois que c’est bien d’essayer d’aller au-delà, tout en évitant l’autodestruction. Il faut dépasser les limites sans exploser en plein vol. Tout un art! 

During les Rencontres, the London-based producer presented a restored 3D version of his masterpiece, The Last Emperor, which won nine Oscars. REGARDS Is

this the first time you have stayed in Lausanne? came a long time ago as a tourist. But this is the first time I have stayed at the Beau-Rivage Palace. I have to admit, you can only feel good staying here. It is a magnificent hotel! JEREMY THOMAS I

Dans le cadre des Rencontres, le producteur londonien a présenté une version restaurée en 3D de son chef d’œuvre aux neuf Oscars, Le dernier empereur.

la première fois que vous séjournez à Lausanne? déjà venu par le passé, en tant que touriste. Mais c’est la première fois que je réside au Beau-Rivage Palace. Il faut avouer qu’on ne peut pas se sentir mal quand on est ici. C’est un hôtel magnifique!

How did you meet Vincent Perez? At the Festival Lumières in Lyon. Then we met up again in London. I was very touched that he invited me to participate in les Rencontres 7e Art Lausanne. It is overwhelming to be here and to see what he has succeeded in creating. What memories do you have of your numerous film shoots with Bernardo Bertolucci? I have so many memories. One of my favourites is a magical night chatting on a dune in the desert in Morocco when we were filming The Sheltering Sky.

REGARDS Est-ce

JEREMY THOMAS J’étais

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What does “Beyond the limits” mean to you? I think it is good to try to go beyond the limits, while managing not to self-destruct. You have to go that little bit further without exploding in mid-flight. It is quite an art! 

PHOTOS: ANOUSH ABRAR.

Jeremy Thomas

What is your favourite film? Performance by Nicolas Roeg. He was the greatest director I had the opportunity to work with. He had an immense talent. If you were to ask me my favourite among the films I have produced, I couldn't say. I couldn't choose between them, they are like my children!


CULTURE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

BOOKS

L’été de François Busnel en six livres François Busnel anime et produit l’émission littéraire La Grande Librairie sur France 5. Il a aussi fondé la revue America dont il viendra parler au Lausanne Palace le 23 juin 2019. Un rendez-vous en partenariat avec Le Livre sur les Quais. Cet immense lecteur nous livre ses coups de cœur, à dévorer sans modération. — Texte / Texts Sylvie Ulmann

À LA LIGNE

NÉE D’AUCUNE FEMME

DE JOSEPH PONTHUS (ÉD. LA TABLE RONDE, 272 P.)

DE FRANCK BOUYSSE (ÉD. LA MANUFACTURE DE LIVRES, 334 P.)

«Voici un livre qui va vous secouer! C’est une cantate en vers libres, sans la moindre ponctuation, qui narre en éclairs et en flash le quotidien de la vie à l’usine. Ce n’est pas l’histoire d’un homme qui se fait embaucher par idéologie ou pour observer, c’est celle d’un quadra d’aujourd’hui qui n’a pas d’autre choix que d’y aller et qui, lorsqu’il raconte, devient un écrivain.»

LE CHANT DES REVENANTS DE JESMYN WARD (ÉD. BELFOND, 272 P.)

«C’est un livre coup de poing, l’histoire du racisme ordinaire, des injustices flagrantes, de la misère matérielle, portée par une écriture d’une poésie bouleversante. Grand roman du Sud, ce chef-d’œuvre romanesque raconte le quotidien des Noirs américains aujourd’hui, sans jamais les victimiser, mais avec une force saisissante. J’ai adoré ce livre!»

PHOTOS: © STUDIO KIVI / STOCK.ADOBE.COM ET DR.

Summer in two books François Busnel produces and presents the literary programme La Grande Librairie on France 5. He also founded the review, America. This ever-hungry reader shares his best picks with us, to be enjoyed without moderation.

«Ce conte terrible est l’un des chocs littéraires de l’année. On y trouve un château isolé au fond des bois, une jeune fille de 14 ans vendue par son père, un châtelain qui se transforme en ogre veillé par une abominable sorcière, un asile où l’on n’enferme pas seulement les fous. C’est dérangeant, prenant, horrible et sublime à la fois.»

MANIFESTO DE LÉONOR DE RÉCONDO (ÉD. SABINE WESPIESER, 160 P.)

«Léonor de Récondo évoque la maladie et la mort de son père dans un récit bouleversant qui interroge la question de la liberté, de notre liberté. Magnifique et lumineux.»

MA VIE SUR LA ROUTE, MÉMOIRES D’UNE ICÔNE FÉMINISTE DE GLORIA STEINEM (ÉD. HARPERCOLLINS, 393 P.)

«Le féminisme a une icône, Gloria Steinem. «Ma vie sur la route» est une formidable biographie, un éloge du nomadisme et de la non-violence, le récit d’une vie de militante pour les droits des femmes et pour les droits civiques. Prenez la route avec la grande Gloria Steinem et surtout ne passez pas à côté de ses livres.»

LA PART DU HÉROS D’ANDREA MARCOLONGO (ÉD. LES BELLES LETTRES, 272 P.)

«Eloge de l’audace et du courage d’aimer, ce livre est tout simplement passionnant! Connaissez-vous votre «meta», votre point d’irréversibilité? Larguez les amarres! Osez! Andrea Marcolongo vous invite à revivre le voyage de Jason et des Argonautes.»

SING, UNBURIED, SING

MY LIFE ON THE ROAD

BY JESMYN WARD (SCRIBNER, 304 P.)

BY GLORIA STEINEM (HARPERCOLLINS, 276 P.)

“This is a must-read book, the story of everyday racism, flagrant injustice and material poverty told in a breathtakingly poetic style. A great novel of the South, this fictional masterpiece relates the daily life of modern-day African Americans with gripping force but without ever turning them into victims. I loved this book!”

“Feminism has an icon, Gloria Steinem. My Life on the Road is a magnificent biography, an ode to a nomadic life and non-violence, the life story of an activist who fought for both women’s and civil rights. Set off down the road with the great Gloria Steinem and never pass one of her books by without picking it up.”

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CULTURE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

PLAYLIST

C   lassics for the summer

Joseph Haydn

Jean Sibelius

Keith Jarrett

SYMPHONIE N°88, DIRIGÉE PAR LEONARD BERNSTEIN

ÉTUDE OP. 76, PAR DENIS MATSUEV

THE MELODY AT NIGHT, WITH YOU

«Un moment extraordinaire, car Leonard Bernstein dirige tout l’orchestre sans un geste, uniquement à l’aide des lèvres et des yeux. A découvrir en images – sur YouTube par exemple tapez “Bernstein Haydn eyes”.»

«Une pièce simple, humble, belle et courte, parfaite à écouter en été. Le pianiste Denis Matsuev l’interprète merveilleusement, elle sera d’ailleurs jouée en clôture du festival cette année.»

«Ce musicien de jazz est aussi une star du classique. Un album de 1999, voluptueux, relaxant, à écouter par une belle fin de soirée estivale, sur une terrasse ou au bord du lac, en dégustant un bon verre de vin rouge.»

“An extraordinary moment as Leonard Bernstein conducts the entire orchestra without a single movement, using just his lips and eyes. A must-see – for example on YouTube, type ‘Bernstein Haydn eyes’.”

“A simple and humble piece, short and attractive – ideal listening for the summer. The pianist, Denis Matsuev, offers a stunning interpretation and, incidentally, it will bring the festival to a close this year.”

Ludwig van Beethoven

Jean-Sébastien Bach

QUATUOR OP. 59, RAZUMOVSKI, PAR LE QUATUOR ALBAN BERG

SUITE POUR VIOLONCELLE N° 1, PAR JACQUELINE DU PRÉ

«Le dernier mouvement est une merveille qui vous transcende. A mon sens, c’est une des plus belles œuvres jamais écrites. Nous la donnerons d’ailleurs au festival le 22 juin.»

«Une pièce qui donne envie de découvrir les cinq suivantes, surtout dans l’interprétation de cette magnifique artiste. Elle jouait sur l’un des plus extraordinaires Stradivarius au monde. Istvan Vardai en a hérité, et on pourra les entendre le 16 juin au Temple de Cully.»

“The last movement is a pure gem that transcends you. I believe that it is one of the most beautiful works ever written. It will be performed at the festival on 22 June.”

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“A piece that makes you want to discover the next five, especially with the performance of this magnificent artist. She played one of the most extraordinary Stradivarius cellos in the world. Istvan Vardai inherited it, and they can be heard on 16 June at the Temple de Cully.”

“This jazz musician is also a star of classical music. Dating back to 1999, this album is sultry and relaxing, ideal at the end of a warm summer’s evening on a patio or beside the lake while enjoying a glass of good red wine.”

Peteris Vasks GRAMATA CELLAM, PAR SOL GABETTA

«Le deuxième mouvement de cette pièce pour violoncelle, où la musicienne doit aussi chanter, est un immense moment de poésie qui vous fera aimer la musique contemporaine. On pourra également l’entendre à Lavaux Classic.» “The second movement of this piece for cello, where the musician is also required to sing, is a stunning moment of poetry that will make you fall in love with contemporary music. You will also be able to hear it at the Lavaux Classic.”

PHOTOS: © PAUL / STOCK.ADOBE.COM ET © LAVAUX CLASSIC. — ILLUSTRATIONS: MARINA / STOCK.ADOBE.COM, VECTORGOODS / STOCK.ADOBE.COM, UNDREY / STOCK.ADOBE.COM, ALEXANDR BAKANOV / STOCK.ADOBE.COM ET JAMES THEW / STOCK.ADOBE.COM

Jean-Christophe de Vries, directeur artistique du Festival Lavaux Classic, partage avec nous sa playlist. / Jean-Christophe De Vries, Artistic Director of the Festival Lavaux Classic, shares his playlist with us. — Propos recueillis par / Interview by Sylvie Ulmann


CULTURE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

Schubert–Liszt SOIRÉES DE VIENNE, PAR VLADIMIR HOROWITZ

«Rafraîchissante et rajeunissante, l’interprétation de cet immense pianiste – il a alors plus de 80 ans – est une véritable leçon de vie. A voir en image sur YouTube, tant il est émouvant et malicieux.» “Refreshing and rejuvenating, the performance of this immense pianist – he is now over 80 – is an absolute lesson in life. He is so moving and mischievous; you have to see it on YouTube.”

Ne manquez pas la 16e édition du Festival Lavaux Classic, qui se déroule aux quatre coins du vignoble du 13 au 23 juin 2019. Concerts dans les vignes, Classic Boat Party, rencontres informelles avec les artistes ou encore Off: un événement unique en son genre qui donne de la fraîcheur à la musique classique! Don’t miss the 16th edition of the Festival Lavaux Classic, which will be held in the four corners of the vineyard from 13 to 23 June 2019. Concerts among the vines, the Classic Boat Party, informal encounters with the artists or the OFF festival: a unique event bringing a breath of fresh air to classical music! www.lavauxclassic.ch

Shigeru Umebayashi

Felix Mendelssohn

Jean-Sébastien Bach

YUMEJI’S THEME, (B.O. DU FILM IN THE MOOD FOR LOVE)

CONCERTO POUR PIANO N° 1, PAR ALEXANDRA DOVGAN

PARTITA N° 2, CAPRICCIO, PAR MARTHA ARGERICH

«Ce morceau du compositeur japonais contemporain est parfait à écouter… si vous vivez une rupture amoureuse cet été! Il vous mettra du baume au cœur et vous ouvrira un nouvel horizon.»

«C’est une jeune pianiste russe – elle n’a que 12 ans! – mais son interprétation de ce morceau incarne à elle seule la fraîcheur. Elle donnera son premier concert en Suisse au festival.»

«La plus grande dame du piano, une véritable extra-terrestre. Il faut la voir jouer: à 78 ans elle en paraît à peine 20, tant elle rayonne. Et cela s’entend bien sûr dans son interprétation.»

“This piece by the contemporary Japanese composer is the perfect choice… if you are going through a breakup this summer! It is balm for the heart and will open new horizons for you.”

“This young Russian pianist is only twelve years old! But her interpretation of this piece is the epitome of freshness. She will give her first concert in Switzerland at the festival.”

“The greatest female pianist, she is out of this world. You have to see her play: she is 78 but is so radiant that she doesn’t look a day over 20. And that is conveyed in her performance.”

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Exp ressi on of a L i f est yl e Set in its own park on the shore of Lake Zurich, a stone›s throw from the bustling Paradeplatz financial district and just around the corner from the world-famous Bahnhofstrasse, the Baur au Lac enjoys a uniquely privileged location. For 175 years, this regal grand hôtel has been the top address in Zurich for discerning travellers from around the globe. Elegant, comfortable rooms and suites have combined with excellent cuisine to shape its enviable reputation. Treat yourself to what one of the best hotels in the world has to offer. We look forward to seeing you!

BAUR AU LAC Talstrasse 1 . CH - 8001 Zurich . Switzerland Phone +41 (0)44 220 50 20 . Fax +41 (0)44 220 50 44 info@bauraulac.ch . www.bauraulac.ch


CULTURE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

OUT

TIME Texte / Texts Sylvie Ulmann

L’opéra en tenue décontractée Chaque été, l’Opéra de Lausanne se met au vert avec La Route Lyrique, un spectacle joué hors les murs, dans différentes localités du canton. Au programme cette saison, «Les Chevaliers de la Table ronde», une œuvre du Français Hervé. Rival de Jacques Offenbach, ce compositeur est considéré comme le père de l’opérette par les amateurs de musique… et comme le premier surréaliste par l’écrivain Raymond Queneau! C’est donc sur un rythme trépidant et un ton décalé que l’on verra des chevaliers chercher l’amour plutôt que le Graal.  La Route Lyrique, «Les Chevaliers de la Table ronde», Opéra de Lausanne, Lausanne Plusieurs dates et lieux en juin et juillet 2019 www.opera-lausanne.ch

The opera in casual dress Every summer, the Opéra de Lausanne goes green with La Route Lyrique, a show performed outside the usual setting, in different villages around the canton. This season’s programme includes Les Chevaliers de la Table ronde, a work by Français Hervé. A rival of Jacques Offenbach, this composer is seen as the father of operetta by music lovers… and as the first surrealist by the writer Raymond Queneau! It is thus at breakneck speed with an offbeat tone that we see knights ride out in search of love rather than the Grail.  La Route Lyrique, Les Chevaliers de la Table ronde, Opéra de Lausanne, Lausanne Several dates and venues in June and July 2019 www.opera-lausanne.ch

YANN MINGARD «Sans titre», chapitre «Evolution», Coffret d’encadrement de «Coq-de-roche péruvien» de Rowland Ward, Vente aux enchères «Evolution», Billingshurst, Grande-Bretagne, le 25 novembre 2015. © Yann Mingard, Courtesy Parrotta Contemporary Art.

PHOTOS: © YANN MINGARD, COURTESY PARROTTA CONTEMPORARY ART ET © OPÉRA DE LAUSANNE.

Vertiges photographiques Avant de passer derrière l’objectif, Yann Mingard était horticulteur. Son lien avec la nature sous-tend son travail photographique. Son projet «Tant de choses planent dans l’air, d’où notre vertige» l’a occupé entre 2015 et 2018, débouchant sur un livre (en anglais) et sur cette exposition. Combinant les temporalités et les lieux, il fait par exemple dialoguer des ciels du peintre anglais William Turner avec ceux de métropoles chinoises, ou revisite le genre de la nature morte. Autant de manières d’inviter les spectateurs à s’interroger sur le réchauffement climatique et sur leurs rôles de citoyens, de consommateurs. Sombre et vertigineux.  «Yann Mingard. Tant de choses planent dans l’air, d’où notre vertige», Musée de l’Elysée, Lausanne Du 29 mai au 25 août 2019 • www.elysee.ch

Photographic dizziness Before becoming a photographer, Yann Mingard was a horticulturist. His ties with nature underpin his photographic work. Between 2015 and 2018, he was busy with his project entitled “Tant de choses planent dans l’air, d’où notre vertige”, giving rise to a book (in English) and this exhibition. Combining places and temporalities, he creates a dialogue, for example between the skies of the English painter William Turner and those of Chinese cities, or revisits the genre of still life. There are so many ways to encourage spectators to examine climate change and their roles as citizens and consumers. Dark and dizzying. “Yann Mingard. Tant de choses planent dans l’air, d’où notre vertige», Musée de l’Elysée, Lausanne 29 May to 25 August 2019 • www.elysee.ch

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CULTURE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

Chaplin’s World souffle les 130 bougies de Charlot

Chaplin’s World, Corsier-sur-Vevey www.chaplinsworld.com

Chaplin’s World celebrates The Tramp’s 130th birthday Summer is the ideal period to explore this stunning property perched high above Vevey. Strolling through the park as the former owner used to do is an excellent means of soaking up the atmosphere before entering the house where he lived until his death in 1977. Here, you plunge into the world of his films and the privacy of his family life. This autumn, a new effigy of the Tramp will join the museum, adding to the three that can already be seen there. This time, he will strike his iconic pose, standing with his cane, his famous suit and his hat. A must-see for anyone who wants a selfie!  Chaplin’s World, Corsier-sur-Vevey www.chaplinsworld.com

Le ballet multidimensionnel Conçu sous forme de dialogue – entre les époques, entre film et scène –, ce spectacle du Béjart Ballet Lausanne remonte aux sources de la création chorégraphique. Dixit est une création «cinéma - danse - théâtre» qui mêle réel et virtuel, chorégraphies de Maurice Béjart et de Gil Roman, créations inédites et films d’archives. Un voyage au cœur de la compagnie en forme d’hommage dansé.  «Dixit», Théâtre de Beaulieu, Lausanne Du 11 au 16 juin 2019 • www.bejart.ch

The multidimensional ballet Designed in the form of a dialogue – between two eras; between stage and screen – this show from the Béjart Ballet Lausanne traces the roots of choreographic creation. Dixit is a “cinema – dance – theatre” creation blending the real and the virtual, choreographies by Maurice Béjart and Gil Roman, original creations and archival film. A journey to the heart of the company in the form of a dance tribute.  Dixit, Théâtre de Beaulieu, Lausanne 11 to 16 June 2019 • www.bejart.ch

La Fête des Vignerons, ou la tradition réinventée Organisée une fois par génération, cette fête figure depuis décembre 2016 au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Pour cette 12e édition, la mise en scène a été confiée au Tessinois Daniele Finzi Pasca. On lui doit notamment les cérémonies de clôture des Jeux olympiques de Turin en 2006 et de Sotchi en 2014 ainsi que de nombreux spectacles, entre autres pour le Cirque du Soleil. Au programme, de la poésie et beaucoup d’émotion, ainsi que de somptueux costumes, de la musique avec un chœur de 500 voix, 120 musiciens de fanfare, des musiciens de jazz et des percussionnistes ainsi que 36 cors des Alpes. Le tout se jouera dans une immense arène de 1000 m2 conçue spécialement pour l’occasion.  Fête des Vignerons, Vevey • Du 18 juillet au 11 août 2019 www.fetedesvignerons.ch

La Fête des Vignerons, or tradition reinvented Organised once a generation, this festival was included on the UNESCO Intangible Cultural Heritage list in December 2016. For this 12th edition, the task of staging the event has been entrusted to Daniele Finzi Pasca, a native of Ticino. He was responsible for the closing ceremonies of the Olympic Games in Turin in 2006 and Sochi in 2014, as well as numerous shows including the Cirque du Soleil. The programme includes poetry and a great deal of emotion, as well as lavish costumes, music with a 500-strong choir, 120 brass band musicians, jazz musicians and percussionists, not to mention 36 Alpen horns. All this will be performed in a huge 1,000 m2 arena specially designed for the occasion.  Fête des Vignerons, Vevey • 18 July to 11 August 2019 www.fetedesvignerons.ch

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PHOTOS: CHAPLIN’S WORLD ™ / ©  BUBBLES INCORPORATED, GREGORY BATARDON, © FRED MERZ / LUNDI13, © MUSÉE MARMOTTAN MONET, PARIS, FRANCE / BRIDGEMAN IMAGES, © OLYMPIC MUSEUM LAUSANNE ET LAURENT SEROUSSI.

La belle saison est la période idéale pour découvrir cette magnifique propriété perchée sur les hauts de Vevey. Se balader dans le parc, comme le maître des lieux aimait le faire, constitue une excellente façon de sentir l’ambiance de l’endroit avant de pénétrer dans la maison où il vécut jusqu’à sa mort en 1977. On y plonge dans l’univers de ses films ainsi que dans l’intimité de sa vie familiale. Cet automne, une nouvelle effigie de Charlot fera son entrée au musée, complétant les trois autres déjà visibles sur place. Cette fois, il se présentera dans sa pose iconique, debout, avec sa canne, son fameux costume et son chapeau. Un passage obligé pour réaliser des selfies! 


CULTURE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

De l’esprit olympique Comment le sport peut-il contribuer à développer d’autres compétences de vie? Une trentaine d’athlètes donnent leur réponse à cette question, rappelant au passage que le sport ne se résume pas qu’à des performances de très haut niveau.  «We are Olympians, and You?», Musée olympique, Lausanne • Du 13 avril 2019 au 15 mars 2020 www.olympic.org/museum

Olympic spirit How can sport help to develop other life skills? Thirty athletes answer this question while at the same time reminding us that sport is not just about elite performances.  “We are Olympians, and you?”, Olympic Museum, Lausanne • 13 April 2019 to 15 March 2020 www.olympic.org/museum

CLAUDE MONET «Londres, le Parlement, reflets sur la Tamise», 1905, huile sur toile, 81,5 x 92 cm, Musée Marmottan Monet, Paris, © Musée Marmottan Monet, Paris, France / Bridgeman Images.

L’ombre sous les feux de la rampe à l’Hermitage Peinture, sculpture, dessin, estampe, vidéo, photo, installation, autant de médiums dont les artistes occidentaux se sont servis, depuis la Renaissance, pour évoquer l’ombre. Des visions romantiques à la Caspar David Friedrich aux interprétations plus inquiétantes du symboliste Edvard Munch ou de l’artiste contemporain Christian Boltanski, l’exposition met l’ombre en lumière.  «Ombres, de la Renaissance à nos jours», Fondation de l’Hermitage, Lausanne Du 28 juin au 27 octobre 2019 • www.fondation-hermitage.ch

Shadow under the spotlight at the Hermitage Paintings, sculptures, drawings, prints, video, photos, installations – so many media used by Western artists since the Renaissance to convey shadow. From the romantic visions of Caspar David Friedrich to the more disturbing interpretations of the symbolist Edvard Munch or the contemporary artist Christian Boltanski, the exhibition places shadow in the spotlight.  “Ombres, de la Renaissance à nos jours”, Hermitage Foundation, Lausanne 28 June to 27 October 2019 • www.fondation-hermitage.ch

Festineuch’ met le feu au lac Au mois de juin, les Jeunes Rives à Neuchâtel passeront à l’heure rock! Au programme de cette 19e édition, des artistes du monde entier, comme Patti Smith, Ben Harper, Zazie (photo) ou Midnight Oil, mais aussi des Suisses: Sophie Hunger, Bastian Baker. Au total, une soixantaine d’heures de musique où l’on pourra également découvrir des talents locaux plus confidentiels, comme Emilie Zoé et les Rambling Wheels. Les artistes de rue ainsi qu’une silent party complètent la programmation de cet événement convivial et à taille humaine.  Festineuch’, Neuchâtel • Du 13 au 16 juin 2019 www.festineuch.ch

Festineuch’ sets fire to the lake In June, les Jeunes Rives in Neuchâtel will become the temporary home of rock! The programme of this 19th edition includes artists from around the world such as Patti Smith, Ben Harper, Zazie (photo) and Midnight Oil, as well as homegrown talent including Sophie Hunger and Bastian Baker. A total of sixty hours of music will offer the chance to discover less well-known local artists such as Emilie Zoé and the Rambling Wheels. Street artists and a silent party complete the programme of this convivial event on a human scale.  Festineuch’, Neuchâtel • 13 to 16 June 2019 www.festineuch.ch

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WE LIKE

Printemps Eté – Spring Summer 2019

WE Friends, hearts, thumbs up and a few souvenir photos of Sandoz Foundation Hotels on the web.

3775 J’aime labengale ARE WE IN MALDIVES OR AM I DREAMING? The @hotel_palafitte is huge! Can’t believe it! ::: TRAVEL ::: TIPS

7509 J’aime renatazanchi Excuse me, did you say VIEW? Just had the warmest welcome — swiss chocolate included! #lausannepalace

72  RE GAR D S n° 1 5

8804 J’aime rossydpalma WhatARoomWhatWithAView. HappyToBe @beaurivagepalace pour la 2e édition des @rencontres7art festival.

904 J’aime manuelovely 10 000 Mercis! #chateaudouchy

850 J’aime Leilalifestyle «(…) Je kiffe mon petit week end et j’ai envie de le partager. Merci pour vos mots en tout cas.» #lausannepalace

18 113 J’aime elviralegrand A suite with a view, s’il vous plaît! #beaurivagepalace

74 753 J’aime eltonjohn The extremes I will go to get a Toblerone… Happy New Years Everyone!!! #riffelalp2222

PHOTOS: DR

Des amis, des cœurs, des pouces levés et quelques photos souvenirs de Sandoz Foundation Hotels voguant sur la toile.


PEEK AB O O CO LLEC T I O N Available in all Bucherer stores and on bucherer.com Lausanne – 1, Rue de Bourg



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