ART
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Numéro 5 - OCTOBRE 2013
Kaki Ventabren Sophie Bassot Mara Bunta Daniel Requejo Apolline Violine
05
Rock Is Passion Bellis Perennis - Photographie Trash Treasure Jean-Michel Uyttersprot
Octobre 2013
Kaki
Kaki - Artiste Peintre Web FaceBooK badges édition limitée kakirose@free.fr
VENTABREN
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Sophie Bassot
MDA B178539 4, rue des infirmiers 67170 Brumath TĂŠl.06.18.48.23.56 www.sophie-bassot-gross.fr sophie.bassot@free.fr
Mara Bunta
Mara Bunta Brème (Allemagne) marabuntakunst@gmail.com http://maraprod.tumblr.com/
Daniel Requejo
Daniel Requejo 06 03 43 10 95 http://www.danielrequejo.com
Apolline Violine
-II- (Emma) Vous vous souvenez, il y a quelques jours, j’ai joué les super-héroïnes. Si, si. « Je parlerai à ta sœur, Juju ». Et si vous cherchez bien dans votre mémoire, il y avait de la foudre et des éclairs. Et du tonnerre aussi. Et ma cape volait au vent, exact. Voilà. Donc, quelques jours plus tard, deux ou trois, ou quatrecinqsixok, j’affronte l’adolescente… Oserais-je dire dans toute sa splendeur ? Vouiiiiii… Cheveux lissés relevés en bun, ongles de toutes les couleurs, et cette saloperie de crayon khôl qui leur déguelasse toutes les yeux. ET les paupières. Bref, je m’apprête à entrer dans l’Antre. J’ai potassé mon entrée en matière, j’ai deux-trois capotes à laisser, comme par inadvertance, sur la table de chevet, j’ai la doc du planning familial. En un mot, je suis prête ! Cours n°1 : Comment ne pas tomber enceinte à 16 ans et comment ne pas se choper de MST. C’est la méthode rapide, deux cours en un. Je projette un deuxième cours assez rapidement : gérer la drogue avant qu’elle ne vous gère. Trop trop fière de mon titre ! Donc, pour résumer, je frappe, j’ouvre, pleine de confiance… Mais là… Comment vous dire ? Oui, comment vous décrire ce que j’ai devant les yeux ? Finalement, l’Adolescente est versatile. Très. Et je suis sûre que ses révolutions (la Terre, le soleil, tt ça, les cycles, quoi ! On ne parle pas de Révolution-engagement politique, on parle d’ados là, restez concentrés un peu…) sont certainement très aléatoires. En mode programme totalement imprévisible. Si on avait confié la création de l’univers à un ado, je crois que entrée en matière, limite j’ai oublié ce que je venais faire ici, tellement cette zone de crâne rasé m’hypnotise. « Euh… Les filles… Coiffeur, c’est un vrai métier… » Elles pouffent de rire : « Pas pour la tondeuse ! » Moi, il me semblait que ça faisait quand même parti(e ?) du cursus de la coiffeuse… Mais soit. « Et pourquoi vous faites ça ? » J’ai nettement conscience de faire la vieille relou de service mais ma question est légitime. Non ?! Léa arrête la tondeuse et me montre la page d’un magazine. « C’est trop beau, comme coupe ! »
En réalité, c’est surtout la nana qui est jolie. Mais la coupe en elle-même… Je réprime encore un frisson. Ca me rappelle trop les crânes à demi-rasés qui se multipliaient autour de moi quand j’étais au lycée. Si, si, vous avez enfoui ce souvenir dans un coin de votre tête. Au rayon traumatismes. Ces cheveux rasés sur la partie inférieure du crâne, cachés sous les cheveux longs. Enfin, cachés… Ceux qui avaient cette coupe les relevaient toujours en queue pour bien montrer qu’ils avaient une partie rasée et qu’ils allaient taper des trucs en Belgique. Je sais, on n’a pas beaucoup situé la région mais essayez de suivre, on n’est pas très loin de la frontière belge. Et hollandaise aussi. Moi je faisais partie de ceux qui passaient plutôt la deuxième frontière. Hum… J’ai pas tellement l’impression que ce soit le sujet, là… « Et ça vous est venu comment, cette idée ? » Saugrenue, ridicule idée… Elles haussent les épaules. « Comme ça… » Bien sûr, bien sûr… De toute évidence, aucun rapport avec le magazine ouvert sur le lit… Au final, je fais ce que l’on est en droit d’attendre de toute personne saine d’esprit dans une situation pareille : je m’en vais. Mais avant, je prends une photo des deux. Pour mes archives… Genre, quand Léa fêtera ses trente ans, ça nous fera une séquence revival du plus bel effet… Le loto quine -I- (Emma) Il y a des soirées comme ça où tout s’enchaîne curieusement. Après mes aventures capillaires – enfin, pas les miennes, Dieu merci ! – je rejoins Dave chez Rita, histoire de boire un verre avant d’aller à son loto quine. Notez mon objectivité. Aucun adjectif avant ou après « loto quine ». Neutre, je suis. Entre les hérésies capillaires des ados et le loto quine, c’est donc le moment idéal pour croiser Nino. Attablé avec Dave. Et avec la nana qui lui tenait la main dans la rue l’autre jour. Sa copine, je présume. Foooormidable… Non pas que ça me gêne. Je m’en fiche. Ca m’est positivement égal. Si je tourne les talons, là, ça va être impoli. Pas d’autre choix que d’y aller, de m’asseoir, et de faire comme si la vie de cette fille m’intéressait.
Oui, je sais, tout ça, c’est de l’histoire ancienne ! Je suis heureuse pour lui et blablabla ! J’aurais simplement aimé être prévenue. Pour me préparer, genre. De toute façon, ça m’est égal, je suis très bonne en impro. Alors, mon beau sourire sur les lèvres, je vais claquer la bise à tout le monde, en si bonne actrice que je suis. Et si je tournais quand même les talons… ? Ah ! Trop tard… Ils m’ont repérée… Donc, mon beau sourire… Je dis bonjour à Rita en passant, et je rejoins leur table. Eh bien, vous me croirez si vous me voulez, mais de près, la copine de Nino est plutôt insipide. Fade. Exactement, fade. Et je suis sûre que debout, elle doit avoir l’air encore plus grosse qu’assise, en plus. Mais oui, là n’est pas la question. Néanmoins, je suis sûre qu’elle a de grosses fesses. C’est certain, vu la taille de ses doigts… C’est un peu étrange d’être tous attablés là… On s’est croisés déjà deux fois, Nino et moi, mais sans se parler. N’oublions pas, non plus, la carte qu’il a reçue… C’est vraiment le bonheur absolu… Raison de plus pour sourire. Je me demande bien ce que je vais leur dire… Elle pourrait pas se lever qu’on vérifie à quel point elle est grosse… Décidément… J’ai vraiment dû froisser l’Univers, moi, aujourd’hui… Voilà Dave qui se lève. Et me laisse seul avec les deux… Des dizaines de choses se bousculent dans ma tête. Et j’accouche de ça : « Comment va ta grand-mère ? » Et je le regarde bien dans les yeux. « Son poignet va mieux mais elle… » Sans terminer sa phrase. Mais en me regardant aussi dans les yeux. « Elle a des soucis ? » Finalement, c’est pas si dur de parler… « On a l’impression qu’elle perd un peu la tête… Ma mère est loin, maintenant, tu sais. Elle a pris une mission de deux ans au Maroc… - Ah ? Elle fait quoi ? » Etc. Etc. C’est vraiment pas compliqué de communiquer. Même pour des autistes comme nous. Et quand Dave revient avec une bière pour moi, j’ai appris que sa mère bosse toujours dans le milieu hospitalier, mais un peu partout dans le monde, que sa grande sœur a trois enfants et que sa grandmère, dernièrement, a eu un bad et croyait entendre des bombardiers survoler la ville. « Bref, je suis là pour un petit moment… » conclut-il. JE… Hum, intéressant… Pas ON… Ca demande approfondissement… « Et toi, tu fais quoi dans la vie ? » La
copine de Nino – Sab paraît-il, mais comment peut-on s’appeler ainsi je vous le demande – m’explique qu’elle est journaliste free-lance. Mais qu’elle part bientôt pour un long trip en Argentine. Elle aimerait que Nino vienne mais en même temps, c’est pas son taf à lui. Et la famille, c’est important. Moui… Encore une journaliste genre journal local. Son nom ne me dit rien. Jamais vue sur i-TV… Mais bon, un peu de trek où que ce soit ne pourra pas lui faire de mal. C’est clair. De toute façon, ça ne m’intéresse déjà plus. En revanche, Dave est au taquet. Il vient de lire un bouquin sur l’Argentine, les disparus de la Dictature, tout ça… Je reviens à Nino, laissant nos deux Argentins parler du pays : « Tu cherches du taf alors ? -Ouais. T’en as pour moi ? » En rigolant. Je réfléchis. « On fait nécessairement appel à des porteurs… Mais bon, c’est un peu particulier… Et je ne suis pas la seule à décider… - C’est sympa mais laisse tomber. C’est pas trop mon truc… » Je me doute. Son truc, c’est plutôt les grosses journaleuses aventureuses. Genre, à côté, je suis l’incarnation de la Bourgeoisie. Bien au chaud dans mon échoppe de cercueils. Enfin, de blabla altermondialiste (Dave) en utopie citoyenne (Sab), l’heure d’aller au loto quine se profile. Jamais je n’ai été aussi impatiente ! Une première… Pourvu que Dave n’ait pas l’audace de les inviter… De toute façon, vu la taille de ses doigts, elle ne pourrait pas poser les petits haricots sur les chiffres… Mais non, Dave a pitié de mon supplice. Et on se retrouve dehors, en route pour d’autres aventures. Celles de la plèbe, pas celles des gens extraordinaires… Dave est totalement sous le charme de Sab. Elle lui a lavé le cerveau, on dirait ! Il me dit que c’est costaud de partir seule en Argentine, surtout un petit gabarit comme elle ! Toute menue et tout… Pardon ?! Moi, tout ce que j’ai vu, c’est une nana insipide aux gros doigts – et aux grosses fesses certainement – vraiment à l’ouest !
II – (Dave) Le 26… Le 03… Le 09… Attention à l’omelette ! Bien que je sois hyper concentré, je vous donne les sous-titres ; c’est l’épisode tant attendu où votre serviteur tente de gagner le gros lot, en l’occurrence un ordinateur portable. L’an passé, j’ai gagné un magnifique set de tournevis. Pour le bricoleur patenté que je suis, c’était inespéré… Le 03… Mais cette année, je me suis concilié le dieu du loto quine. J’ai acheté les petits-haricotscache-numéros-que l’on place sur la grille, au fur et à mesure que les numéros sont tirés… Le 09… Attention à l’omelette ! Rires (mêmes pas enregistrés) de l’assistance… C’est Gérard (qui occupe une fonction assez obscure à la Mairie, je n’ai toujours pas compris le libellé exact de son poste) qui tire les numéros. Il est totalement investi de sa mission et a ses petits gimmicks. Le 42… J’avoue, pour en revenir à mes ex-voto, que j’ai vraiment balisé le terrain cette année. J’ai même acheté, figurez-vous, la balayette magnétique qui ramasse-c’est-trop-la-classe- les haricots susnommés une fois la grille terminée… Le 36… Pour l’instant, ça n’est pas très embêtant de perdre, on joue pour un bon d’achat de vingt euros chez Leclerc. Le 17… En face de moi, Emma est hyper concentrée et pose un haricot sur le 17. Il y a quelques kros sur la table, des restes de jambonbeurre… Ca me rappelle les ducasses de mon enfance… Le 02… Comme Papa ! Certes. Comment vous dire ? A urais-je omis de préciser quelque chose ? Emma, imperturbable, pose son haricot sur le 02.
.III – (Emma) Le 02… Comme Papa ! Gérard, Gérard, Gérard… Il serait temps que tu changes de rimes… Le 14… Totalement absorbant, ce jeu. Je suis totalement dedans. Le 18… Y a pas le feu ! Ben voyons… Le 42… QUINE ! Quoi ?!
Je grogne, comme tout le monde. Qui est celui qui a crié « quine » ?? A cet instant, on le déteste. Et ça va monter toute la soirée. Pour le gros lot, c’est presque comme un cri de mise à mort. Hum… J’aurais dû apporter un ou deux cercueils, moi… Mais déjà Gérard nous présente le lot suivant. « Un bon de trente euros à Leclerc ! » Murmures de satisfaction dans la salle. « Euh… A l’Espace Culturel de Leclerc ! » Silence incrédule d’une micro-seconde puis un OH ! de déception amère. Un livre, ça ne se mange pas. « Vous pouvez l’utiliser pour des livres, mais aussi des CD, des DVD… » Pauvre Gérard, il est à deux doigts d’être scalpé sur son podium rien que par l’aura mécontente des quineurs, genre rayon laser circulaire. Je relève la tête et vois Dave évacuer les haricots de sa grille, sa baguette de pro à la main. J’enlève rapidement les miens aussi. On y retourne… Le 44… Le 23… Le 10… Et là, tout à coup, ça me frappe… Ma situation est pathétique : je reste bloquée sur mon amour de lycée alors que plus de … Attendez, laissez-moi compter… J’avais dix-sept ans en terminale et maintenant j’en ai trentetrois… Quatorze, quinze, seize… SEIZE !! Ca fait seize ans, cette histoire ?! C’est pas possible ! Bon, elle a duré deux ans, terminale et première année de fac. Mais quand même ! C’est pas croyable, c’est… c’est d’un pathétique éculé… Je ne vaux pas mieux que Léa… Mon dieu ! J’ai toujours dix-sept ans dans ma tête !! Nanananananananan ! Je me suis mariée quand même… Et j’ai divorcée. Oui, voilà. Une seule chose à faire : changer de cap. Grandir, se reprendre en main et… « QUINE ! » Mais c’est pas possible !! Si vite ?! Je grogne avec les autres, pour le principe, vu que ces dernières révélations m’empêchaient totalement d’être une adversaire dangereuse pour les autres quineurs. Dave, tous nos espoirs reposent sur toi… La pauvre, il ne donne pas l’impression d’en avoir pris conscience… Je crois que je vais continuer sur ma lancée introspective, quant à moi. Et reprendre une bière, d’abord.
Apolline Violine
Rock is Passion
crĂŠdit photos: Agathe P.
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Bellis Perennis - Photographie
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Trash Treasure
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Jean-Michel Uyttersprot
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PROCHAIN NUMERO NOVEMBRE 2013 PARTICIPATION : insolo@orange.fr