Débat&Co : mondialisation et stratégies d'entreprise

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DÉBAT&CO

Le site des sciences économiques et sociales AVRIL 2016

MONDIALISATION ET STRATÉGIES D’ENTREPRISE DEPUIS LA CRISE DE 2008, LE COMMERCE MONDIAL A PERDU DE SON DYNAMISME. D’APRÈS LES DONNÉES DU FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL (FMI), ALORS QUE LES ÉCHANGES MONDIAUX DE BIENS ET DE SERVICES S’ÉTAIENT ACCRUS EN MOYENNE DE 6,9% PAR AN ENTRE 1995 ET 2008, ILS N’ONT PROGRESSÉ QUE DE 3,5% PAR AN EN MOYENNE ENTRE 2011 ET 2014. EN 2015, L’OMC ESTIME QUE LE COMMERCE MONDIAL N’A CRU QUE DE 2,8%.

Si ce ralentissement peut s’expliquer par des causes conjoncturelles, et notamment par l’affaiblissement de la croissance chinoise, il pourrait s’agir également d’une rupture marquant une nouvelle étape de la mondialisation. Le programme de Sciences économiques et sociales, dans la partie « 2. Mondialisation, finance internationale et intégration européenne », invite à s’interroger sur une question qui préoccupe les économistes depuis Adam Smith et son ouvrage La Richesse des nations (1776) : quels sont les déterminants des échanges internationaux et de la spécialisation des pays ? Dans les analyses traditionnelles du commerce international, ce sont les différences entre les économies nationales (avantages comparatifs fondés sur

des différences de productivité chez David Ricardo ou de dotations factorielles chez Heckscher-Ohlin-Samuelson) qui justifient la spécialisation de chacune. Ces théories échouent cependant à expliquer le fait qu’une grande partie du commerce international s’effectue aujourd’hui entre pays présentant un niveau développement proche, et consiste de plus en plus en des échanges intra-branches. Ainsi, le premier partenaire commercial de la France n’est autre que l’Allemagne. Pour répondre à ces limites, de « nouvelles théories du commerce international » ont vu le jour à partir des années 1960. Les analyses contemporaines du commerce international soulignent également le rôle devenu incontournable des firmes multinationales (FMN) qui, en fragmentant les étapes de production dans différents territoires, font apparaître une décomposition internationale des processus productifs (DIPP). Pour ce numéro, nous avons demandé à l’économiste Matthieu Crozet, conseiller scientifique au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), de nous éclairer sur plusieurs enjeux actuels de la mondialisation. Marwan Lahoud, Directeur général délégué à la stratégie et au marketing du groupe Airbus, a accepté de nous apporter son éclairage sur la stratégie de développement à l’international de ce groupe, un des deux leaders mondiaux de l’aéronautique n

Taux de croissance en volume du PIB et des exportations de biens et services, 1995-2014, en % Entre 1995 et 2008, le volume des exportations mondiales de biens et de services s’est accru en moyenne de 6,9% par an, contre 3,5% pour le volume de la production mondiale. La crise de 2008 a entraîné un net recul des échanges internationaux En 2009, les exportations de biens et services ont reculé de 12%. Après une forte reprise des échanges en 2010 et 2011, la croissance du commerce mondial de biens et de services est atone n Débat&Co / page 1

Source : « Le ralentissement du commerce mondial annonce un changement de tendance », Lettre du CEPII, n° 356, Septembre 2015.


3 QUESTIONS À MATTHIEU CROZET

Professeur à l’Université Paris Sud, Conseiller scientifique au CEPII, en charge du programme scientifique Analyse du Commerce International.

COMMENT PEUT-ON EXPLIQUER LE RALENTISSEMENT DE LA CROISSANCE DU COMMERCE MONDIAL DEPUIS 2009 ? Plusieurs raisons portent à croire que cela risque d’être une tendance longue et que nous arrivons peut-être au bout du processus de mondialisation. Tout d’abord, il n’y a plus d’avancées majeures sur les accords commerciaux, car une bonne partie des barrières commerciales a déjà été éradiquée (les droits de douanes notamment). Par ailleurs, on observe que le ralentissement du commerce mondial porte particulièrement sur les échanges internationaux de produits réalisés dans les pays fortement engagés dans un processus de fragmentation de la production1, à l’image d’Apple qui assemble ses produits en Chine à partir de composants qui arrivent de différents pays, avant d’exporter des produits finis dans le monde entier. Un même composant franchissant plusieurs fois des frontières nationales au cours du processus, ce phénomène a pendant longtemps démultiplié le volume du commerce mondial. Mais nous sommes parvenus aujourd’hui à une limite : ce qui est fragmentable et délocalisable a déjà été fragmenté et délocalisé. Enfin, la croissance des salaires chinois augmentant, ces stratégies de délocalisation et de fragmentation des chaînes de valeur tendent aussi à perdre de leur pertinence n 1. Il s’agit de la décomposition des processus productifs (DIPP) : cf. page 1

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EN FRANCE, QUI SONT LES PRINCIPAUX GAGNANTS ET PERDANTS DE LA MONDIALISATION ? Jusqu’alors les économistes pensaient que les entreprises et les salariés des secteurs exportateurs, portant les avantages comparatifs du pays, avaient tendance « à gagner » et ceux des secteurs importateurs, pour lesquels aucun avantage comparatif n’existait, avaient alors tendance « à perdre ». En France l’avantage comparatif portait particulièrement sur la production de biens de haute technologie. Ainsi, les travailleurs qualifiés étaient plutôt « gagnants » et les moins qualifiés étaient plutôt « perdants ». C’est notamment ce que l’on a pu observer dans des régions textiles comme le Nord-Pas-de-Calais qui ont été des « perdantes » de la mondialisation des années 1980. Mais depuis les années 2000, les ajustements de la mondialisation se réalisent davantage à l’intérieur des secteurs qu’entre les secteurs exportateurs et importateurs : tout dépend du niveau de compétitivité des entreprises dans un secteur donné. Par ailleurs, tous les éléments d’une chaîne de valeur ne sont pas aussi facilement fragmentables et délocalisables : un informaticien qualifié qui conçoit des programmes et du code informatique peut facilement être délocalisé en Inde, alors qu’un ouvrier non qualifié qui nettoie une usine ne peut pas l’être. Globalement, on peut donc considérer que « les perdants » de la mondialisation sont plutôt des travailleurs de qualification réduite, dans des secteurs exposés et des entreprises peu compétitives n

L’UNION EUROPÉENNE (UE) ET LES ÉTATS-UNIS NÉGOCIENT ACTUELLEMENT UN ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE TRANSATLANTIQUE, LE TTIP (TRANSATLANTIC TRADE AND INVESTMENT PARTNERSHIP). QUELS EN SONT LES PRINCIPAUX ENJEUX ? Le traité est en cours de négociation ; nous ne savons donc pas exactement ce qu’il contiendra mais a priori, il s’agit d’un enjeu important car l’UE est le principal marché des États-Unis, et vice versa. À part pour quelques produits très spécifiques, la question des droits de douane n’est pas la question centrale car ils sont déjà très faibles, de l‘ordre de 3 à 4% en moyenne. Les négociations portent davantage sur les barrières non tarifaires. Il est difficile de connaître les conséquences de ce traité à venir, mais le CEPII estime que, si tous les droits de douane sont éliminés et les barrières non tarifaires sont réduites de 25%, le commerce de biens et services entre l’Union européenne et les États-Unis pourrait augmenter de 50%. L’enjeu dépasse aussi les questions purement économiques : il s’agit aussi d’avoir un bloc occidental qui puisse constituer un grand marché unique autour de l’Atlantique. Ce marché aurait un poids tel dans l’économie mondiale que cela pousserait les autres économies du monde à y investir. Enfin, il y a aussi un enjeu puisque le futur traité vient mettre une limite de fait au partenariat transpacifique entre l’Asie et les États-Unis n


L’ESSENTIEL SUR “LA MONDIALISATION ET LES STRATÉGIES D’ENTREPRISES” • Définitions

• Repères historiques

AVANTAGES COMPARATIFS Un pays dispose d’un avantage comparatif dans la production d’un bien si le coût d’opportunité de la production de ce bien y est inférieur à celui observé dans les autres pays.

1995 Création de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) chargée d’encadrer les négociations commerciales au niveau mondial et de régler les différends commerciaux entre pays membres.

DOTATIONS FACTORIELLES Elles sont déterminées par la quantité de chacun des facteurs de production dont dispose un pays.

2009 La Chine devient le premier exportateur mondial, devant les États-Unis et l’Allemagne.

FIRME MULTINATIONALE La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) considère comme multinationale une entreprise qui contrôle au moins une filiale basée à l’étranger et dont la maison-mère détient au moins 10 % du capital.

2016 Les négociations se poursuivent pour la signature d’un traité de libre-échange transatlantique (le TTIP) entre les États-Unis et l’Union Européenne. 19 002 MILLIARDS DE DOLLARS Source : OMC, données 2014

COMPÉTITIVITÉ Capacité d’une entreprise (ou d’un pays) à rivaliser face à la concurrence, soit à partir des prix pratiqués (compétitivité-prix) soit autrement (compétitivité hors-prix).

2015 Signature du traité de libre-échange transpacifique entre les États-Unis et onze pays dont le Canada, le Mexique, le Japon et l’Australie.

Chiffres clés

PROTECTIONNISME Politique commerciale destinée à protéger les producteurs nationaux de la concurrence étrangère, ou à interdire des importations de produits qui ne respectent pas les normes d’hygiène ou de sécurité en vigueur.

2009 Plus forte chute du commerce mondial enregistrée ces vingt dernières années.

Montant des exportations mondiales de marchandises.

4 872 MILLIARDS DE DOLLARS

Montant des exportations mondiales de services commerciaux.

44%

Part des exportations des économies en développement dans le commerce mondial en 2014 (26% en 1995).

POUR “FAIRE LE POINT ” L’INTERNATIONALISATION DES ÉCONOMIES Même si le mouvement n’a été ni continu, ni régulier, les économies se sont globalement ouvertes depuis le XIXe siècle. Ce mouvement s’observe grâce au développement du commerce mondial de marchandises, mais aussi à celui des mouvements de capitaux internationaux, donnant naissance à des Firmes multinationales (FMN) ou transnationales (FTN). LIBRE-ÉCHANGE ET PROTECTIONNISME Le développement des échanges internationaux n’empêche pas le maintien de barrières protectionnistes. Dans le cadre du GATT [de l’OMC depuis 1995], les pays en développement peuvent bénéficier d’une protection vis-à-vis des produits provenant des pays développés. Mais les pays riches se protègent également, notamment pour ce qui est des produits agricoles ou textiles. Le protectionnisme est a priori coûteux pour le consommateur et entraîne des pertes pour les économies qui le pratiquent. Mais il a également ses défenseurs puisque le libre échange fait des perdants, notamment dans les secteurs qui s’ouvrent à la concurrence internationale. Localement, un pays peut même sembler gagnant à pratiquer du protectionnisme, mais en fait, le risque est que ces barrières mises aux échanges n’entraînent des mesures de rétorsion de la part des autres pays, entraînant une vague de protectionnisme en chaîne forcément coûteux pour les économies nationales qui voient leurs débouchés extérieurs se tarir. Dans le cas des pays émergents néanmoins, le protectionnisme peut se révéler utile, à condition qu’il soit temporaire et permette à des industries dans l’enfance d’acquérir la taille et la maturité leur permettant de pouvoir affronter la concurrence internationale. La suite sur Melchior : http://www.melchior.fr/Faisons-le-point.11841.0.html

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Testez vos connaissances A) Qui est le premier partenaire commercial de la France ? 1) La Chine 2) Les États-Unis 3) L’Allemagne B) Quelle est l’année de la création de l’Organisation Mondiale du Commerce ? 1) 1947 2) 1995 3) 2001 C) Avec quel pays ou groupe de pays, l’Union européenne négocie-t-elle actuellement un projet d’accord de libre-échange, le TTIP ? 1) Les États-Unis 2) Les pays du Maghreb 3) La Chine Réponses : A3 / B2 / C1

LIBRE-ÉCHANGE Politique commerciale dont l’objectif est de réduire les obstacles aux échanges internationaux de produits.


acteurs réels Coûts de production (coût du travail; coût du capital; coût des onsommations ntermédiaires) Productivité

IDÉES ET DÉBATS

Débat scientifique en classe: La France est elle encore compétitive ?

sociale, qui loin d’être une charge pour le pays, constitue un formidable facteur de cohésion sociale, de compétitivité, et d’attractivité du territoire : selon lui, la protection sociale n’est pas l’ennemie de l’efficacité économique, et il prend ainsi l’exemple des gains tirés du système de santé et de la couverture sociale en termes de productivité des travailleurs. […] Guillaume Duval met enfin en avant les formidables atouts de la France pour s’insérer favorablement dans la division internationale du travail : « il n’empêche que, entre une démographie équilibrée, des salariés productifs, une épargne abondante et des points forts non négligeables dans la high-tech, notre pays n’est pas aussi dépourvu de moyens qu’on le dit pour tirer son épingle du jeu ». […] Par ailleurs, selon l’auteur, et contrairement à un certain nombre de jugements pessimistes, « les Français ne sont pas paresseux », et lorsque l’on se penche sur les chiffres de la durée du travail dans l’Hexagone, et en comparant avec les pays voisins et la zone euro (en intégrant le temps de travail à temps plein et à temps partiel), on constate des écarts relativement faibles. […] Plus que persister dans une stratégie de réduction des coûts salariaux mortifère qui comprime la demande dans l’économie, il serait alors plus judicieux de véritablement développer la fiscalité écologique et réorienter les politiques budgétaires vers le soutien à la consommation et à l’investissement n

Guillaume Duval, La France ne sera jamais plus grande puissance ? Tant mieux ! Et quelques autres (bonnes) raisons de ne pas désespérer, La Découverte, 2015. La France n’est pas l’homme malade de l’Europe. Les dépenses de l’État « ne sont pas une maladie honteuse » pour l’auteur, en particulier parce que l’investissement public et les biens publics vont constituer un facteur puissant de compétitivité à l’avenir, et que cela résulte avant tout de choix collectifs. […] L’auteur développe également un plaidoyer pour la protection

La suite sur Melchior.fr

Les 10 premiers secteurs dans lesquels la France a la meilleure compétitivité hors prix

Coût horaire moyen de la main-d’œuvre (en euros)

Coût horaire moyen de la main main-d'œuvre d'œuvre (en euros) 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0

39 29,2

31,4

34,6

28,3 21,3

22,3

Source : Eurostat, données 2014

Les facteurs de compétitivité prix et hors prix.

Note : a Equivalent prix. Par exemple, un chiffre de 2 signifie que dans le secteur considéré, les exportateurs peuvent avoir des prix plus Qualité et de deux fois supérieurs à ce qu’ils seraient si leur qualité était idenrenommée tique à la moyenne des pays de l’OCDE. Source : Maria Bas, Lionel Fontagné, Philippe Martin et Thierry Mayer (2015) :

Prix

acteurs monétaires Taux de change Inflation Débat&Co / page 4

Compétitivité

Hors-prix

À la recherche des parts de marché perdues », Note du Conseil d’analyse Technologie«économique (CAE), n° 23, mai. (innovation)

Capacité à s’adapter à la demande (délais de livraison ; service après-vente ; etc.)


COMPÉTITIVITÉ : LE RAPPORT QUI BAT EN BRÈCHE LES IDÉES REÇUES. COMMENT ENRAYER LE DÉCLIN DE LA COMPÉTITIVITÉ FRANÇAISE ? […] . LE CONSEIL D’ANALYSE ÉCONOMIQUE (CAE) A DÉVOILÉ LES RÉSULTATS D’UNE NOUVELLE ÉTUDE* COMMANDÉE PAR MATIGNON. LES QUATRE AUTEURS SE SONT PENCHÉS SUR LES CAUSES DE LA BAISSE SENSIBLE DES PARTS DE MARCHÉS FRANÇAISES À L’EXPORT DEPUIS 1995. ET LEURS CONCLUSIONS BATTENT EN BRÈCHE QUELQUES IDÉES REÇUES. IDÉE REÇUE NUMÉRO 1 : LA FRANCE EST MAL SPÉCIALISÉE DANS LE COMMERCE MONDIAL. Le dévissage des parts de marché de la France, particulièrement prononcé par rapport à ses concurrents de l’OCDE (une fois exclue la plupart des pays émergents), ne vient ni d’une mauvaise spécialisation sectorielle ni d’une mauvaise spécialisation géographique. Comme d’autres pays européens, la France est pénalisée parce qu’elle exporte beaucoup vers ses voisins européens en manque de croissance. «Mais l’effet géographique pénalise davantage l’Espagne et le Royaume-Uni que la France», relèvent les auteurs […] n IDÉE REÇUE NUMÉRO 3 : IL FAUT METTRE LE PAQUET SUR LES POLITIQUES DE SOUTIEN À L’EXPORTATION. Les politiques de soutien à l’exportation, très développées en France, sont jugées peu efficaces, surtout

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quand elles visent à faire exporter de petites entreprises pour la première fois alors qu’elles n’ont pas forcément une productivité suffisante. Cela peut même mettre en cause leur survie en cas d’échec. «Toutes les pertes de marché de la France s’expliquent par des questions de performance pure», souligne Lionel Fontagné, un des auteurs de l’étude. Autrement dit, «le rapport qualité-prix des produits français n’est pas bon et s’est plutôt détérioré» ces quinze dernières années n IDÉE REÇUE NUMÉRO 5 : LA FRANCE SOUFFRE SURTOUT D’UN DÉFICIT DE COMPÉTITIVITÉ HORS PRIX. Le problème de la France vient-il plutôt de prix trop élevés ou d’une mauvaise «compétitivité hors prix» (marque, image de l’entreprise du pays exportateur, qualité des services associés, fiabilité, design…) ? […] Là encore, les auteurs bousculent les idées reçues puisqu’ils incriminent surtout la compétitivité prix des produits français. Selon les calculs des économistes, qui ont étudié la demande non expliquée par le prix de quelques 5 000 produits, la France se classe au 7è rang des pays de l’OCDE. Cette compétitivité «hors prix» est jugée «relativement bonne», même si elle a régressé depuis le début de la crise financière, en 2008 n IDÉE REÇUE NUMÉRO 6 : LE COÛT DU TRAVAIL N’EST PAS SI IMPORTANT POUR LES EXPORTATIONS. Quoi qu’il en soit, la France ne peut pas se dispenser de réduire ses coûts de produc-

tion pour redresser le rapport qualité-prix de ses produits à l’exportation, insistent les auteurs. […] Beaucoup d’économistes estiment pourtant que le coût du travail français n’est pas un problème. Dans l’industrie, il est d’ailleurs à peu près le même qu’en Allemagne. Et dans les secteurs exportateurs, il ne représente d’ailleurs que 23 % de la valeur des produits, reconnaissent les auteurs. C’est oublier le coût du travail des autres branches incorporé dans les consommations intermédiaires françaises (services…), soit 21 % de la valeur des exportations ! Au total, le coût du travail représente 43 % de la valeur des produits exportés. «Ces chiffres sont une invitation à […] maîtriser les prix des services qui ont fortement augmenté depuis dix ans par rapport à l’Allemagne du fait du coût du travail, mais aussi du niveau encore élevé des obstacles à la concurrence dans les secteurs des services», peut-on lire dans l’étude n

* Maria Bas, Lionel Fontagné, Philippe Martin et Thierry Mayer (2015) : « À la recherche des parts de marché perdues », Note du Conseil d’analyse économique (CAE), n° 23, mai. Source : Marc Vignaud, « Compétitivité : le rapport qui bat en brèche les idées reçues », Lepoint.fr, 27 mai 2015.


REGARD SUR L’ENTREPRISE ET SON ÉCOSYSTÈME

Ce qu’il y a de bien dans l’aéronautique, c’est que tout le monde a des motifs de se réjouir. Ainsi, après Boeing, c’était au tour d’Airbus, ce mardi, de se féliciter de ses bons résultats commerciaux de 2015. Et de revendiquer, lui aussi, le titre de premier avionneur mondial.

Airbus devance Boeing en commandes … mais pas en livraisons

Pour la huitième fois en dix ans, l’avionneur européen a devancé son concurrent américain en nombre de commandes, avec un total de 1 036 commandes nettes (hors annulations), contre 768 pour Boeing. C’est moins que les 1 456 commandes de 2014 et les 1 503 de 2013, mais cela permet au carnet de commandes d’atteindre le niveau record de 6 787 appareils, contre 5 795 pour Boeing, pour une valeur totale, au prix catalogue, de 996,3 milliards de dollars n

Airbus Group en 5 chiffres clés

Bruno Trevidic, «Airbus a livré une année 2015 record... mais Boeing aussi », Les Échos, 12 janvier 2016

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• 64,5 MILLIARDS D’EUROS DE CHIFFRE D’AFFAIRES • 137 000 SALARIÉS DANS LE MONDE DONT 52 000 EN FRANCE • 3,5 MILLIARDS D’EUROS INVESTIS CHAQUE ANNÉE EN RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT • 50 SITES EN FRANCE • UN CARNET DE COMMANDES DE 1 006 MILLIARDS D’EUROS

Source : Les Échos, Sociétés

POUR “ALLER PLUS LOIN ” Forum Economique Mondial, Classement mondial de la compétitivité 2014-2015. La lettre du CEPII, « Le ralentissement du commerce mondial annonce un changement de tendance », Septembre 2015 OMC, Statistiques du commerce international, 2015. https://www.wto.org/french/res_f/statis_f/its2015_f/ its2015_f.pdf Maria Bas, Lionel Fontagné, Philippe Martin et Thierry Mayer (2015) : « À la recherche des parts de marché perdues », Note du Conseil d’analyse économique (CAE), n° 23, mai 2015.


3 QUESTIONS À MARWAN LAHOUD

Directeur général délégué à la stratégie et au marketing du groupe Airbus. Crédit photo : © Guilbaud

QUELLE EST L’HISTOIRE DE VOTRE GROUPE, DEPUIS SES ORIGINES JUSQU’À SON DÉVELOPPEMENT À L’INTERNATIONAL ? L’histoire d’Airbus Group est l’histoire d’une ambition européenne, d’une volonté de construire ensemble un projet industriel. C’est bien entendu vrai dans le domaine des avions civils avec Airbus, mais également pour nos deux autres divisions, Airbus Defense and Space et Airbus Helicopters. Airbus est né à la fin des années 1960 du regroupement des compétences industrielles et technologiques de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de l’Espagne. Après des débuts modestes, Airbus a su capitaliser sur les compétences de chaque pays et renforcer leurs points forts pour créer le leader mondial de l’industrie aéronautique civile. Cette dynamique gagnante de coopération se retrouve dans nos deux autres divisions. Pour être compétitif et innovant dans des domaines de haute technologie, nous devons aller au plus près de nos marchés et chercher les ressources humaines et les partenaires industriels les plus performants là où ils sont n AIRBUS GROUP EST PRÉSENT EN FRANCE. POUVEZ-VOUS EXPLIQUER LES AVANTAGES QUE PRÉSENTE LA FRANCE POUR VOTRE GROUPE ET NOUS PRÉCISER COMMENT VOUS AVEZ CHOISI LES SITES DE VOTRE IMPLANTATION SUR LE TERRITOIRE NATIONAL ? Le France présente un écosystème de très grande

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qualité : éducation, réseaux de transports modernes et fiables, protection sociale élevée, tissu industriel très dense, entreprises de haute technologie nombreuses et performantes, etc., ce qui est très important pour une entreprise comme la nôtre. Avec plus de 52 000 personnes sur quelques 50 sites, Airbus Group est un acteur industriel majeur en France. Il faut souligner que nous entraînons dans notre sillage des milliers d’entreprises, car Airbus Group sous-traite plus de 70% de la valeur ajoutée de ses produits. Chaque année, nous commandons pour 12,6 milliards d’euros à quelques 10 600 partenaires industriels français. Ces partenaires sont situés dans les grands pôles industriels de l’aéronautique et de la défense, autour de Toulouse, en Ile-de-France, à Nantes / Saint-Nazaire, Marignane ou Bordeaux. La logique de « district industriel marshallien »1 est évidente dans notre industrie. Il est nécessaire que les partenaires industriels et technologiques soient à proximité les uns des autres pour que notre filière soit efficace. Il y a donc un phénomène d’auto-renforcement de la spécialisation des territoires et des effets d’agglomération. Depuis la création du Groupe en juillet 2000, notre stratégie a été de renforcer la spécialisation des sites pour renforcer, avec nos partenaires, l’efficacité collective de la filière et construire ensemble les produits de demain n

QUELS OBJECTIFS GUIDENT LA STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL D’AIRBUS GROUP ? Notre stratégie internationale est claire : il faut être un acteur global et innovant pour maintenir notre position de leader dans nos métiers. Être présent auprès de nos clients est souvent la condition pour accéder aux marchés, il ne faut pas se le cacher, dans des industries qui restent de souveraineté. Cette proximité permet de répondre aux attentes locales du point de vue industriel, comme la politique «Make in India» du gouvernement Modi2, mais ceci permet aussi d’être au plus près de nos clients pour mieux comprendre leurs besoins et donc apporter la meilleure offre. Aujourd’hui, 70% de nos ventes se font hors d’Europe et 90% de nos salariés sont en Europe. Il est clair que cette organisation est destinée à évoluer. Ceci ne veut pas dire que nous allons délocaliser mais que la croissance de notre chiffre d’affaires - qui est passé, il faut le rappeler, de 30 à 64 milliards d’euros en 15 ans - va entraîner la croissance des activités en dehors de l’Europe n 1. Du nom de l’économiste Alfred Marshall qui, dès la fin du XIXe siècle, a montré que des entreprises spécialisées dans une même production présentes sur un même territoire, peuvent produire un effet de synergie ; il peut s’agir de ce que l’on nomme aujourd’hui un cluster. 2. Gouvernement indien depuis 2014, dont le premier ministre Narendra Modi promeut le «Make in India», plan d’industrialisation ambitieux accompagné de réformes afin d’inciter à produire en Inde.


RETROUVEZ CHAQUE MOIS, CES REGARDS CROISÉS ENTRE L’ACTUALITÉ, LA THÉORIE ÉCONOMIQUE ET LA RÉALITÉ DE L’ENTREPRISE SUR UNE THÉMATIQUE INSCRITE DANS LES PROGRAMMES DE SES DU CYCLE TERMINAL. ADOSSÉ AU SITE MELCHIOR.FR, CE JOURNAL THÉMATIQUE MENSUEL EST LE FRUIT DE LA COLLABORATION D’UNE ÉQUIPE DE PROFESSEURS DE SES. LE MOIS PROCHAIN, DÉBAT&CO N°4 VOUS PROPOSE LES CLÉS POUR LA COMPRÉHENSION DU DIALOGUE SOCIAL. CONTRIBUTEUR : CLAIRE VANHOVE. RELECTEURS : VINCENT BAROU ; DANIEL DIDIER ; STÉPHANIE LE CLER ; AGATHE ROY. AGENCE DE CRÉATION : RGB.

SAVE THE DATE 25 ET 26 AOÛT 2016 Les Entretiens Enseignants-Entreprises

Thématique : « L’Europe dans tous ses Etats : un impératif de réussite ! » Lieu : à l’Ecole polytechnique (91) La thématique de l’Europe choisie pour ces EEE vise à apporter un état des lieux sur les défis de l’Europe au regard des crises qu’elle traverse (crise économique, crise des dettes souveraines, immigration, diplomatie, terrorisme, brexit ...). Articulés autour de grandes conférences et d’ateliers destinés à éclairer l’analyse académique par des cas pratiques d’entreprise, ces EEE sont le fruit d’un travail collaboratif qui mobilise plus d’une vingtaine d’enseignants de SES, d’Economie-gestion et d’Histoire-Géographie pleinement impliqués dans la préparation de ces échanges et qui animeront les ateliers. Au-delà de cette thématique, de nombreux temps d’échanges vous seront proposés, notamment des rencontres libres entre des Directeurs de ressources humaines, des visites de sites d’entreprises, etc. Informations et inscriptions sur : www.eee2016.fr

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LittleQuizz Chaque publication est accompagnée d’un petit quizz autocorrectif de 5 questions pour tester en ligne ce que vous avez retenu de votre lecture. Retrouvez notre « LittleQuizz »

DÉBAT&CO, LE SITE MELCHIOR ET LES ENTRETIENS ENSEIGNANTS-ENTREPRISES, S’INSCRIVENT DANS LE CADRE DU PROGRAMME ENSEIGNANTS ENTREPRISES (PEE) DE L’INSTITUT DE L’ENTREPRISE.


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