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14e sommet annuel de l’IMWG
Par Brian G.M. Durie, MD
Le 6 juin dernier, plus de 130 chercheurs parmi les plus éminents du monde dans le domaine du myélome se sont réunis pour trois jours de réunions intensives à l’occasion du sommet 2023 de l’International Myeloma Working Group (Groupe de travail international sur le myélome, IMWG).
L’IMWG est un projet collaboratif qui s’efforce d’améliorer les résultats pour les patients atteints de myélome. Pour ce groupe très prestigieux qui réunit les plus éminents spécialistes du monde entier, le sommet de l’IMWG est un rendez-vous incontournable, l’occasion d’œuvrer main dans la main en faveur des patients.
En effet, l’IMWG a pour mission d’identifier, soutenir et transposer dans la pratique la recherche la plus prometteuse pour prévenir l’apparition du myélome, améliorer le traitement et trouver un remède. En accueillant les travaux importants de l’IMWG et de ses membres, l’IMF est fidèle à un volet essentiel de son engagement : développer la recherche sur le myélome et informer les patients atteints d’un myélome au niveau mondial.
Depuis 14 ans, le sommet de l’IMWG est chaque année un moment unique en son genre et extraordinaire, qui se distingue des autres congrès médicaux en général, et des congrès consacrés au myélome en particulier. Notre groupe a pour principal objectif de faire avancer le domaine du myélome pour le bien des patients. Lors de son sommet 2023, l’IMWG s’est plus précisément penché sur les sujets suivants, via à la fois des présentations et des séances de réflexion.
GMSI et MMI
Le Dr S. Vincent Rajkumar (Mayo Clinic, Rochester, ÉtatsUnis) coprésidait le sommet 2023 de l’IMWG à mes côtés. C’est également lui qui animait la session dédiée à la gammapathie monoclonale de signification indéterminée (GMSI) et au myélome multiple indolent (MMI). Ces troubles asymptomatiques se caractérisent par une prolifération des plasmocytes monoclonaux au niveau de la moelle osseuse et une absence de lésions au niveau des organes.
Prévalence de la GMSI et du MMI
Le Dr Sigrun Thorsteinsdóttir (Université d’Islande) nous a récapitulé les résultats de son étude de dépistage iStopMM (Iceland Screens Treats or Prevents Multiple Myeloma, « L’Islande dépiste, traite ou prévient le myélome multiple), qui s’inscrit dans le cadre de la Black Swan Research Initiative® (BSRI®) de l’IMF. Pour ce projet, plus de 80 000 adultes de plus de 40 ans ont été dépistés en Islande. L’objectif était de mieux comprendre les taux de GMSI, MMI et myélomes actifs, ainsi que les stades précoces du myélome.
À noter que 5 % des plus de 50 ans présentent une GMSI, maladie associée à un faible risque (1 % par an) d’évolution en un MMI ou un myélome actif. Résultat étonnant, le risque de myélome à IgA n’augmente pas avec l’âge, contrairement aux autres types de myélomes (IgG, IgD, IgE ou IgM). L’analyse de ce phénomène pourrait nous permettre de prévenir une évolution en un myélome actif.
Néanmoins, parce que cette étude en est à ses débuts, il n’est pas recommandé de dépister la GMSI parmi la totalité de la population. En effet, les nouvelles méthodes de dépistage, comme la spectrométrie de masse, sont très précises et capables de détecter la protéine myélomateuse (protéine M) à un niveau très faible. Or nous ignorons encore s’il serait pertinent de considérer qu’une protéine M à un niveau très bas est le signe d’une GMSI.
Stratification du risque et prise en charge du MMI
Le Dr María-Victoria Mateos (Université de Salamanque, Espagne) a évoqué deux méthodes pour identifier les patients présentant un MMI à haut risque : le modèle de risque de la Mayo Clinic et le modèle de risque espagnol. Bien que différents dans leur approche, ces modèles de risque sont tous deux efficaces lorsqu’il s’agit d’identifier les patients qui présentent un risque élevé de progression. Le Dr Mateos nous a expliqué qu’il convient d’adapter la prise en charge du MMI en fonction du risque. Ainsi, chez les patients présentant 50 % de risque d’évoluer vers un myélome d’ici 2 ans, d’après les résultats des essais cliniques actuels, le traitement privilégié est l’association Revlimid® (lénalidomide) + le stéroïde dexaméthasone (Rd) en induction, suivie du Revlimid en traitement d’entretien pour retarder, voire prévenir, la progression.
Le Dr Mateos a également passé en revue les données des essais cliniques CESAR et ASCENT, qui sont encore en cours, et qui ont montré d’excellents résultats, malgré des approches différentes face au MMI. Lors des débats, les participants du sommet ont examiné l’évolution continue de l’évaluation du MMI. D’après eux, le MMI à haut risque appartient plutôt à la catégorie des myélomes actifs, comme en témoigne le traitement préconisé. Néanmoins, le groupe insiste sur l’importance de conserver la désignation MMI, qui définit un ensemble de patients chez qui les traitements moins intenses présentent des bénéfices.
Maladie résiduelle minimale
Le Dr Rajkumar et moi-même co-animions la session concernant la maladie résiduelle minimale (MRM), qui était composée des présentations ci-dessous.
L’analyse du sang périphérique face à la MRM
Le Dr Noemi Puig (Université de Salamanque, Espagne) nous a expliqué comment les cellules myélomateuses sont détectées dans le sang. On parle de cellules tumorales circulantes (CTC). Grâce aux techniques actuelles, elle a pu observer que les patients qui présentent des cellules myélomateuses dans la moelle osseuse n’ont pas systématiquement des CTC détectables dans le sang. Les chercheurs tentent donc de trouver des méthodes plus sensibles pour détecter les CTC, éventuellement à l’aide de la spectrométrie de masse.
Plus faciles à obtenir que les échantillons de moelle osseuse, les prélèvements sanguins peuvent également être surveillés sur une durée plus longue. Si la plupart des médecins estiment qu’il ne remplacera pas la moelle osseuse pour le diagnostic et la stadification du myélome, le dépistage sanguin des CTC pourrait devenir utile dans le suivi au long cours.
L’analyse de la moelle osseuse face à la MRM
Le Dr Nikhil C. Munshi (Dana-Farber Cancer Institute, Boston, États-Unis) s’est penché sur les méthodes actuelles pour mesurer la MRM chez les patients présentant un myélome. Il nous a expliqué qu’un statut de MRM négative est pertinent, prédictif et significatif. En effet, les patients qui présentent durablement un statut de MRM négative d’après des méthodes d’analyse sensibles ont tendance à ne pas subir de rechute.
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L’obtention d’une négativité de la MRM pendant le traitement est-elle importante ? Il n’existe aucune donnée en ce sens. Avec le temps, le traitement d’entretien peut induire une négativité de la MRM chez des patients qui étaient jusqu’alors positifs. Par conséquent, il est utile de poursuivre le traitement.
La décision de poursuivre ou d’arrêter le traitement peut-elle être prise sur la base du dépistage de la MRM ? Chez la plupart des patients, les médecins estiment que les décisions cliniques ne doivent pas reposer sur le statut de la MRM. Néanmoins, de l’avis général, les patients présentant un myélome à haut risque et une positivité prolongée de la MRM seraient d’accord pour augmenter le traitement dans l’espoir d’obtenir une négativité de la MRM. Pour rappel, le myélome est à haut risque lorsqu’il est associé à une ou plusieurs mutations chromosomiques à haut risque.
Thérapie initiale
Le Dr Jesús San Miguel (Université de Navarre, Espagne) animait la session concernant la thérapie initiale, c’est-à-dire le premier traitement administré après un diagnostic de myélome.