Tout un art Le galeriste Xavier Hufkens

Comme un enfant dans un magasin de jouets

C’est ainsi que se sent Xavier Hufkens lorsque les caisses s’ouvrent et qu’il peut découvrir de ses propres yeux le travail d’un artiste.

« Chez moi, tout est assaisonné de sel et de poivre. »

Xavier Hufkens évoque l’art, la nature et l’architecture

Le lien indéfectible de Xavier Hufkens avec l’art ne découle pas d’une passion passagère. Cet amour résulte d’un intense coup de foudre, qui l’a submergé alors qu’il n’avait que 14 ans. À l’époque, il savait déjà avec certitude qu’il ouvrirait un jour une galerie. Parce que quand l’art touche votre âme, vous devez l’écouter. Un passage dans l’une des galeries de Xavier Hufkens offre une expérience bouleversante de l’art, mais aussi de l’architecture et de la nature. La lumière du soleil qui inonde l’espace, l’atmosphère chaleureuse et la vue sur la verdure : tout l’environnement vous envoûte.

Une impression difficile à exprimer avec des mots, mais qui prend tout son sens une fois à l’intérieur. « Une galerie se doit d’avoir de la personnalité et du caractère. »

Xavier Hufkens a ouvert sa première galerie d’art près de la gare du Midi à Bruxelles en 1987. Ce lieu permet d’exposer certains des artistes contemporains les plus influents à Bruxelles, alors qu’ils sont encore relativement peu connus. Des noms comme ceux de Thierry De Cordier, Antony Gormley, Félix González-Torres ou Rosemarie Trockel y sont ainsi passés. Et celui de Xavier Hufkens devient rapidement une valeur sûre dans le monde de l’art, faisant décoller la carrière de ce dernier.

Par amour de l’art, il lance ensuite deux autres espaces à Bruxelles. La galerie Van Eyck – la dernière en date – a ouvert ses portes en juin dernier.

L’ouverture de trois galeries dans la même ville repose-t-elle sur un choix délibéré ? Pour Xavier Hufkens, il n’y a aucun doute : « Mon âme est à Bruxelles. Tout comme mes galeries. » — Un vrai Bruxellois Saint-Georges, Rivoli et Van Eyck. Les trois galeries se trouvent à quelques pas les unes des autres. « Les artistes, les collectionneurs et mon équipe doivent savoir où me trouver. En tant que galeriste, je me dois d’être présent physiquement dans mes locaux. Je travaille partout dans le monde, mais depuis le même endroit », explique Xavier Hufkens.

Heureusement, la représentation actuelle du monde soutient et confirme sa vision. « Nous avons aujourd’hui de moins en moins besoin d’un monde concret et solide, surtout si l’on considère les possibilités virtuelles qui nous permettent de voyager vers d’autres endroits par l’intermédiaire d’un écran. La galerie physique doit donc être un noyau central fort, une base avec beaucoup de personnalité. Une chose est sûre : une galerie doit avoir de la personnalité. » « Sans identité, vous créez un système de vente bon marché qui ne m’intéresse pas.

Au début de l’année, Xavier Hufkens a inauguré son troisième espace d’exposition à Bruxelles. À l’âge de dix-huit ans, il avait pourtant choisi d’entamer des études de droit, mais cette décision lui a semblé être une mauvaise idée dès la

première semaine. Après s’être ressourcé et avoir suivi son service militaire pendant neuf mois, il ouvre, pour le plaisir, un espace de projet et d’art à Saint-Gilles, accessible en soirée. Un endroit où le propriétaire de la galerie a fini par rester. Xavier Hufkens a du flair en matière d’art contemporain, sait repérer les jeunes talents et devient l’un des galeristes les plus influents d’Europe.

Tracey Emin – Detail of love

C’est le nom de l’exposition individuelle qui devrait normalement être présentée à la galerie Van Eyck. L’artiste explore l’amour, la perte et le désir dans des œuvres diverses, comme des peintures grand format, une série de gouaches sur papier et de nouveaux néons.

'Je travaille partout dans le monde, mais depuis le même endroit.

En entrant dans l’une de mes galeries, vous devriez vivre une expérience que vous ne trouverez nulle part ailleurs. Avec moi, tout est épicé. Et c’est cette pincée de sel et de poivre qui caractérise Xavier Hufkens. L’expérience dans mes galeries tourne intégralement autour de l’art et de l’architecture, tout comme l’équipe et les espaces. Nos espaces ne sont pas d’emblée désignés pour exposer de jeunes artistes ou de grands noms du domaine. Nous utilisons l’espace qui convient aux œuvres. L’art prime sur le visiteur et sur l’artiste. Et non l’inverse. »

— La fidélité avant tout Il n’est pas facile de trouver des œuvres d’art de qualité. Pas même pour Xavier Hufkens, qui travaille dans le secteur depuis 33 ans. Le galeriste collabore avec un ensemble fixe d’artistes. « Je suis quelqu’un de fidèle, qui croit en ce qu’il fait. Je fais ce que je fais uniquement parce que je veux travailler dans l’art et parce que je veux communiquer avec les artistes. L’art fait partie intégrante de notre vie et ce, depuis que les peintures rupestres préhistoriques ont quitté les parois rocheuses pour devenir des tableaux. »

« Regarder l’art et la nature est unique »

L’art touche l’âme, tout comme la nature. Xavier Hufkens aime faire référence au jardin situé à l’arrière de la galerie (et réalisé par l’architecte paysagiste Martin Wirtz). « L’art et la nature forment une combinaison idéale pour moi. Deux de mes trois espaces sont verts. Regarder l’art et la nature en même temps est une expérience unique. C’est quelque chose que l’on ne trouve pas dans beaucoup de galeries. Cela confère du caractère à nos espaces. »

« Les artistes que je représente sont une expression de mes propres goûts. Parfois, ils sont diamétralement opposés l’un à l’autre. Certains voient probablement une cohérence dans ces choix, mais je les fais surtout avec une grande liberté. Les galeries sont avant tout créées pour soi-même. »

— Un visionnaire Non seulement l’art est important, mais la conception et l’architecture d’une galerie jouent également un rôle important. Pour la conception de ses galeries, Xavier Hufkens aime travailler avec de grands noms (belges).

« Je suis moi-même féru d’architecture. Pour moi, le bâtiment doit, en premier lieu, être au service de l’art. »

« J’aime l’architecture. J’aime l’excellence. Sinon, je ne travaillerais pas avec Paul Robbrecht, Harry Gugger, Bernard Dubois ou Martin Wirtz. Mais toujours au profit de l’art. Et de l’homme ! L’œuvre d’art doit être protégée par l’architecture et être entourée de la lumière du jour parfaite et de beaux murs, mais sans prédominer. »

Pour la nouvelle galerie, l’architecte Bernard Dubois a imaginé une conception composée de grands et de petits cubes blancs. Résultat : une superbe galerie dans laquelle l’art, la lumière et la nature forment un tout. Cette combinaison est également visible dans les autres espaces de Xavier Hufkens. Ainsi, la galerie principale de la rue Saint-Georges est actuellement en rénovation. Paul Robbrecht, l’architecte qui l’a conçue il y a 30 ans, se charge une nouvelle fois de l’aménagement du bâtiment. L’espace sera plus grand et plus lumineux.

L’architecte paysagiste Martin Wirtz assure à nouveau la gestion de la nature. La galerie Rivoli a été conçue par l’architecte suisse Harry Gugger.

— Un homme heureux Le constat est sans appel : Xavier Hufkens a trouvé sa passion et ne l’abandonnera jamais.

« Depuis le jour où je suis devenu galeriste, je n’ai jamais regardé en arrière. Je serai un marchand d’art tant que je pourrai décrocher le téléphone. Ce travail est un véritable privilège. Le fait d’être si proche de l’âme de l’humain : ça représente tout pour moi. »

Rabbits - David Altmejd

L’artiste, David Altmejd, expose une série de sculptures hybrides dans lesquelles des personnes et des lapins se fondent dans des formes étranges et énigmatiques. Les sculptures illustrent certains des thèmes les plus durables de son œuvre : la transformation, la métamorphose et la régénération.

Réalisées dans un riche éventail de matériaux, dont des cristaux, de la résine et de la fourrure, ces créations anthropomorphiques sont une présence troublante dans l’espace : séduisantes par leur complexité visuelle, mais déconcertantes par leur côté surnaturel.