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Tout un art Jef Neve revient sur une année intense, mais inspirante
Réinventer la culture après le COVID-19
Selon Jef Neve, les concerts diffusés en streaming vont devenir la norme et les collaborations transfrontalières vont se multiplier à l’avenir.
Jef Neve
revient sur une année intense, mais inspirante
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L’année dernière, en mars, le pays se confinait. À l’époque, personne ne pouvait prédire ce que cela signifierait pour le secteur culturel. Pendant que nous faisions tous la queue à la caisse du supermarché, Jef Neve a décidé d’offrir à ses abonnés un miniconcert en ligne. Un smartphone et un piano lui ont suffi. C’était le début d’une année pleine de surprises, de nouvelles perspectives et d’un concept très original : une série de concerts en ligne. — Vous avez proposé des streamings
musicaux en direct dès le début du confinement. Quel regard portez-vous sur ces premiers jours ?
« Je suis extrêmement heureux d’avoir pris cette décision, plutôt impulsive. Le premier confinement a suscité une sorte d’euphorie. Nous étions excités à l’idée de vivre un moment totalement inédit. J’ai eu l’impression qu’il y a soudainement eu de la place pour donner quelque chose en retour à mon public. Tout le monde était à la maison et je me suis dit : pourquoi pas ? »
— C’est ainsi que les « Spring Live
Sessions » sont nées. Cette idée vous estelle venue d’un coup ?
« Non, elle a évolué de manière organique. Après deux mois de concerts en direct tous les jours sur Facebook et Instagram, nous sommes passés à une plateforme payante. J’ai réalisé ces spectacles depuis mon studio à
150 programmes de concerts
C’est le nombre de programmes que le pianiste a étudiés l’année dernière. Normalement, ce nombre s’élève à 5 par an.
Laethem-Saint-Martin avec une toute petite équipe, mais au bout d’un moment, nous avons voulu faire les choses de manière plus professionnelle. L’équipe s’est agrandie et nous avons amélioré la qualité des images et du son. Les “Spring Sessions” que nous avons finalement réalisées, en partie grâce au soutien d’ION, ont été pour moi la cerise sur le gâteau. Nous avons travaillé dur pour tout boucler. Bien que cela puisse paraître fou en période de pandémie, j’ai rencontré beaucoup de nouvelles personnes l’année dernière – des artistes talentueux, mais aussi le public, les auditeurs. Tout le monde a connu une année spéciale et, de temps en temps, ces histoires sont évoquées lors de ces concerts. Cela crée une certaine proximité. »
— Cette connexion avec le public a-t-elle
toujours été importante pour vous ?
« Oui, bien sûr. J’insiste toujours pour être au stand de vente de CD après un concert, pour les dédicacer ou pour rencontrer les gens. Mon public est ma caisse de résonance et j’accorde de l’importance à ses opinions. Les histoires que j’ai entendues m’ont parfois touché en plein cœur. Comme les contacts passaient par les canaux numériques, beaucoup de gens ont exprimé leurs sentiments par écrit. Ils ont vraiment pris leur temps. Cela n'est généralement pas le cas, car les séances de dédicace passent toujours très vite. J’ai reçu des e-mails de personnes qui me racontaient ce qu’elles avaient ressenti pendant le concert ou ce qui se passait dans leur vie. Beaucoup de personnes solitaires attendaient vraiment nos concerts avec impatience. Une femme m’a dit que nos concerts lui avaient donné le courage de continuer à aller de l’avant. Elle m’a confié qu’elle était tombée très bas et qu’elle avait presque abandonné. Ce genre de récit me touche vraiment. J’ai réalisé que nos concerts apportaient un certain réconfort. J’ai ressenti plus que jamais que la connexion avec mon public est primordiale, dans les deux sens. »
— Pensez-vous que le monde de la culture
connaîtra beaucoup de bouleversements majeurs ?
« Oui, je pense que les streamings en direct vont être de plus en plus répandus. Les festivals virtuels tels que Tomorrowland ont également bénéficié d’une solide impulsion et une voie s’est ouverte pour les collaborations transfrontalières. Ces choses, qui ne me préoccupaient pas avant la pandémie, m’intéressent à présent. Je suis très curieux de voir où nous arriverons et j’espère que certains changements seront permanents. »
— Enfin, comment envisagez-vous
l’avenir ?
« Je suis optimiste ! J’essaie de comparer la situation à celle de l’année dernière. Nous sommes beaucoup plus avancés en matière de soins de santé. J’espère que les responsables politiques et le secteur culturel prendront suffisamment d’initiatives. Je pense également que notre société a appris quelque chose de cette crise. J’ai commencé à beaucoup plus apprécier les choses, en réalisant soudain la valeur de petits riens, comme le fait de pouvoir choisir le nombre d'invités à une fête d’anniversaire ou d’organiser un barbecue lorsque le temps le permet. L’année dernière, nous avons tous dû y penser sérieusement, ce que je trouve très positif. »
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