La chaine nucléaire
Une terre contaminée
L’exploitation des mines d’uranium
Sud, USA. Ancienne mine d’uranium à « Cave Hills National Forest », Dakota du Photo avec l’aimable autorisat ion de James Ruddy
Pourquoi exploite-t-on l’uranium ?
L’
uranium est un métal lourd radioactif qui se trouve à l’état naturel en très faibles quantités un peu partout dans le sol, les rochers et l’eau. L’uranium existe sous différentes formes, appelées des isotopes. Le plus courant est l’U-238 ( plus de 99 % dans la nature ), mais l’isotope le plus recherché par l’industrie nucléaire est l’U-235 ( à peine
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0.7 % de l’uranium naturel ). L’U-235, lorsqu’il est suffisamment concentré – par un processus industriel appelé « enrichissement » – peut engendrer une réaction en chaine. Il s’agit d’une fission nucléaire au cours de laquelle les atomes se scindent en libérant de l’énergie – de manière contrôlée pour produire de l’électricité, ou de manière incontrôlée pour les armes
La désintégration radioactive L’uranium – comme tout élément radioactif – subit un processus de désintégration. Sur une très longue période l’uranium libère de l’énergie et produit, en cascade, une série d’autres éléments distincts. L’U-238 met 4.5 milliards d’années pour perdre la moitié de son activité – période qu’on appelle « demi-vie ». Ce long processus de désintégration passe par divers éléments radioactifs avant d’atteindre finalement l’isotope stable du plomb. Le thorium, le radon, le polonium et le bismuth sont des produits intermédiaires de cette chaine de désintégration. En se désintégrant ils émettent tous des ondes et des particules radioactives.
atomiques. Entre 1940 et les années 60 l’uranium extrait était essentiellement destiné à l’armement atomique. Depuis les années 1970 il alimente surtout les centrales nucléaires.
L’exploitation d’uranium – où est le problème ?
L’uranium et ses produits de désintégration – ses « descendants » en quelque sorte – sont une menace pour la santé humaine, ceci pour deux raisons :
1. L’uranium est un métal lourd, chimiquement toxique, même à faibles concentrations, en particulier pour les reins. 2. L’uranium et ses produits de désintégration émettent une radiation ionisante. C’est une forme d’énergie qui peut – sous forme d’ondes ( gamma ) ou de particules ( alpha et beta ) – fragmenter les structures microscopiques et altérer les charges électriques des structures cellulaires.
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Quels sont les effets de l’uranium sur la santé humaine ?
Les mines exposent l’homme et son environnement à de l’uranium, et à ses produits de désintégration, ceci dès l’extraction, lors de la transformation du minerai et jusqu’à l’élimination des déchets. Les mineurs sont exposés au gaz radon, présent en grandes quantités dans les mines, surtout lorsque celles-ci sont souterraines. Les ouvriers travaillant dans les usines
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de transformation du minerai respirent des poussières radioactives. Les autres travailleurs et le public sont potentiellement exposés aux résidus mi-solides, mi-liquides, stockés dans les bassins d’accumulation. L’uranium et ses produits de désintégration peuvent diffuser dans les nappes phréatiques et, si celles-ci sont utilisées comme eau potable, contaminer la population locale.
Un homme Navajo atteint de cancer à Church Rock, Nouveau Mexique, Etats-Unis. La catastrophe de Church Rock a provoqué le pire écoulement de matière radioactive de l’histoire des EtatsUnis. Photo : Dan Budnik
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Menaces pour à la santé
L’uranium est un métal lourd qui est à la fois toxique chimiquement ( comme le nickel ou le chrome ) et par sa radioactivité. Selon le mécanisme qui est en jeu, il peut léser les reins ou causer des cancers pulmonaires, osseux, ou des leucémies. L’uranium porte également atteinte au matériel génétique.
Les lésions rénales
L’uranium est un toxique chimique pour les reins, l’organe qui assure l’élimination des toxines, le maintien de la pression artérielle, l’équilibre hydrosalin et le taux de glycémie, sans parler de ses nombreuses fonctions endocriniennes.
Les cancers
Le gaz radon est considéré, après le tabac, comme la se-
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conde cause la plus fréquente du cancer pulmonaire. Sa dangerosité a été largement documentée depuis des décennies par de multiples études. Une fois déposé dans les poumons, le gaz radon se désintègre, entre autre en plomb radioactif, en polonium et en bismuth – des éléments qui émettent des particules alpha et béta. Le radon est présent dans la poussière des mines et dans les décharges. Il émet un puissant rayonnement gamma, cause également de cancers des os, des cavités sinusales ainsi que de leucémies.
Atteintes génétiques
L’uranium est aussi un « génotoxique », c’est-à-dire une substance qui lèse le DNA. Cette « génotoxicité » pourrait résulter d’une combinaison des
propriétés chimiques et radiologiques. En général les cellules sont capables de réparer les dégâts au DNA, mais ceux causés par des particules alpha ne semblent pas facilement réparables. Les lésions du DNA sont associées à de nombreuses maladies comme des cancers, des troubles héréditaires, des effets tératogènes ( développement anormal ), des malformations de naissance, un retard mental. Les cancers peuvent n’apparaitre que tardivement, après une période de latence de 10-40 ans, alors que pour les leucémies cette période n’est souvent que de 5 ans.
La radiation ionisante endommage le DNA par deux mécanismes : • L’énergie est transmise aux atomes contenus dans le tissu biologique qui se chargent électriquement et forment des radicaux libres ; ces derniers dérèglement le matériel génétique de la cellule. • Le rayonnement engendre une rupture directe du DNA en traversant le noyau cellulaire.
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Allemagne : un lourd héritage La société Wismut a exploité des mines d’uranium en Allemagne de l’Est pour les besoins de l’armement nucléaire soviétique, activité qui a causé des milliers de cancers et détruit l’environnement régional. Plus de 20 ans après la fin de l’exploitation les effets sont toujours visibles. Entre les années 1946 et 1990 la chaine des montagnes entre l’Erzgebirge et le Vogtland voisin a abrité la Wismut, le plus grand conglomérat d’uranium au monde. En 1990, 5'275 cas de cancers bronchiques avaient été officiellement recensés, mais les cas survenus par la suite chez les anciens travailleurs ne sont plus reconnus comme maladies professionnelles. En 2006 le British Journal of Cancer a publié une étude sur les anciens mineurs de Wismut, qui a mis en évidence une augmentation de 50 à 70% des cas de cancers pulmonaires,
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ainsi que le nombre effarent de 7000 décès par radiation sur un total de 59'000 sujets étudiés. L’industrie de l’uranium n’affecte pas seulement la santé des mineurs et des travailleurs. En suivant la chaine alimentaire, l’uranium peut passer du sol aux plantes, puis aux animaux et aux humains. Dans les plaines cultivées où s’écoulaient les égouts des anciennes mines de Saxe, les concentrations d’uranium dépassent toujours le niveau de base naturel.
Dès le 16ème siècle on a observé que les ouvriers qui travaillaient dans des mines souterraines souffraient de maladies pulmonaires, mais ce n’est qu’au 19ème siècle que le cancer pulmonaire a été identifié. Le radon, un gaz radioactif, n’a été découvert que vers 1950. Des études faites sur des mineurs travaillant en sous-sol, surtout ceux qui sont exposés à des concentrations élevées de radon, ont montré qu’un grand nombre d’entre eux souffraient de cancers pulmonaires, qu’ils soient fumeurs ou non fumeurs. Le rapport « Biological Effects of Ionising Radiation VI », publié en 1999, décrit le suivi de 60'000 mineurs, répartis en 11 cohortes, dont 8 concernaient des mines situées en Europe, en Amérique du Nord, en Asie et en Australie : il y a eu 2'600 décès par cancer pulmonaire. Le nombre des cancers est directement lié à la dose cumulée de radon inhalé, selon une relation linéaire. La plus forte incidence de cancers a été observée 5-14 ans après l’exposition, surtout chez les travailleurs les plus jeunes.
Puits principal de la mine d’uranium à Paitzdorf, Société Wismut, Allemagne. Photo : Andreas Köhler
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Namibie : Un environnement contaminé
La Namibie est le cinquième plus gros producteur d’uranium au monde. La mine qui appartient à la compagnie Rio Tinto est problématique du point de vue des Droits de l’Homme à cause des conditions de travail et des risques pour la santé des ouvriers. Depuis plus de 30 ans la mine d’uranium Rössing, mise en service en 1976, pose des problèmes sanitaires et environnementaux à cause des conditions de travail, des effluents radioactifs et des décharges. C’est aujourd’hui la plus grande mine d’uranium à ciel ouvert. A Rössing les mineurs respirent quotidiennement des poussières et du
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radon. On utilise certes de grandes quantités d’eau pour retenir la poussière au sol, mais l’usage d’explosifs soulève de gros nuages radioactifs. La poussière est aussi disséminée sur les champs, les habita-
La mine d’uranium de Rössing en Namibie Photo : Conleth Brady/IAEA, creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0
tions proches de la ville d’Arandis et sur les voies navigables de la région. Une étude de l’Hôpital universitaire de la Charité à Berlin a montré que les mineurs excrétaient six fois plus d’uranium, qu’ils avaient
de nombreuses anomalies chromosomiques et un nombre abaissé de globules blancs.
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La 12 mine d‘uranium Ranger en Australie Photo : Green MPs / creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0
Méthodes d’extraction L’uranium est présent sur toute la planète, en quantités extrêmement faibles, rarement suffisantes pour être économiquement exploitable. L’uranium peut être extrait en sous-sol ou en surface, selon la profondeur à laquelle il se trouve. Le minerai extrait est broyé et pulvérisé, puis traité à l’acide afin de dissoudre l’uranium qu’il contient. Ce dernier est ensuite extrait de la solution. L’uranium peut aussi être extrait directement par lessivage du minerai « in situ », puis pompé à la surface pour la suite du traitement.
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Une image globale Bien que l’Australie détienne environ 35 % des réserves mondiales d’uranium, c’est actuellement le Kazakhstan qui est le principal exportateur, avec 38 % du marché mondial en 2013. Le Canada était le plus gros producteur jusqu’en 2008. D’autres pays sont aussi des producteurs importants, comme le Niger, la Namibie, le Malawi, l’Afrique du Sud, la Russie, l’Ukraine, les Etats-Unis et la Chine.
Canada Etats-Unis
Mexique Estonie Roumanie Suède République Tchèque Allemagne Belgique France
Espagne Portugal
Ni
Brésil
Ukraine
Argentine Bulgarie Serbie Hongrie Slowenie
Pays exploitant des mines d’uranium Pays ayant des mines d’uranium hors service
Kirghizistan Russie Kazakhstan Turquie Israël
Mongolie Chine
Iran
Japon Corée d. Nord
iger
Inde Indonésie
Gabon Malawi Namibie Afrique du Sud
Pakistan Tadjikistan Ouzbékistan
Australie
Site de la catastrophe minière de Church Rock. Photo avec l’autorisation de la Drsse Neutopia, creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0
Kazakhstan : Le plus gros producteur mondial
Les gisements d’uranium du Kazakhstan représentent 12 % des réserves mondiales du minerai. Les mines du Kazakhstan produisent 38% des besoins mondiaux. Le secteur minier est en expansion avec une production qui était de 22’500 tonnes en 2013. La croissance doit se poursuivre en tout cas jusqu’en 2018.Presque toutes les opérations se font par lessivage en profondeur ( in situ leach mining ISL ). Cette méthode évite d’amener la saleté en surface, mais laisse d’importants résidus toxiques, métaux lourds et radionucléides, dans les eaux souterraines. Le Kazakhstan est
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un pays qui a connu les effets désastreux des tests nucléaires soviétiques et de ses séquelles. Les responsables de l’entreprise d’Etat Kazatomprom n’expriment toutefois pas d’inquiétude quant à l’héritage que laissera cette industrie d’uranium en forte croissance. Ils soutiennent que des processus naturels se chargeront de nettoyer les sites.
Etats-Unis : Les indigènes sacrifiés
Les Navajos, la plus importante réserve de population indigène des Etats-Unis, occupe un territoire couvrant près de 44’000 km2 en Arizona, dans l’Utah et au Nouveau Mexique. En 1968
la United Nuclear Corporation ( UNC ) avait ouvert la plus grande mine souterraine d’uranium des Etats-Unis à Church Rock, au Nouveau Mexique. L’usine qui employait environ 200 travailleurs Navajo, produisait près d’un million de tonnes d’oxyde d’uranium (U3O8) par année. Les campagnes alentour servaient de pâturages pour le bétail et pour les loisirs. Le 16 juillet 1979 une brèche est apparue dans la digue retenant les décharges de la mine, et 1'100 tonnes de résidus radioactifs ainsi que 360 millions de litres d’eau contaminée se sont déversés dans le Puerco River proche. Des centaines de mineurs sont morts ou ont été malades. Certes, les mines sont actuellement abandonnées, mais elles continuent à contaminer les populations par l’air et à travers l’eau potable. De nombreuses maisons ont été construites avec les gravats radioactifs des mines,
et les familles qui y vivent sont exposées à de fortes doses de radon. Les Navajos ont aujourd’hui banni l’exploitation d’uranium des territoires qu’ils contrôlent.
Canada : Cancers pulmonaires en augmentation
La province du Saskatchewan au Canada possède des gisements d’uranium parmi les plus importants et les plus concentrés au monde. Elle produit de l’uranium pour les centrales du monde entier. Mais les mineurs qui travaillent dans cette exploitation ont une prévalence de cancers pulmonaires bien plus élevées que dans le reste du Canada. L’uranium extrait du bassin d’Athabasca au nord du Saskatchewan est utilisé depuis près d’un demi-siècle dans presque toutes les centrales du Canada, des Etats-Unis, au Japon, en Corée du Sud et en Europe
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occidentale. Récemment des gisements de minerai de haute qualité a été découverts près de la rivière McArthur ; ils attendent d’être exploités. L’effet des radiations est particulièrement visible chez les mineurs. Une étude de cohorte ( Saskatchewan Urani-um Miners Cohort Study ) a montré que, même si les mineurs avaient en moyenne une santé meilleure que la population générale ( « healthy worker effect » ), ils avaient un nombre de cas de cancers pulmonaires significativement plus élevés, de 23-30 %. Parmi les 16’770 mineurs de la cohorte, 2’210 avaient développé un cancer entre 1969 et 19995. Aucune étude postérieure n’a été entreprise, les autorités estimant qu’avec les nouveaux standards de sécurité il était peu probable que des analyses statistiques puissent démontrer quoi que ce soit de nou-
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veau. Concernant la question des déchets radioactifs de Saskatchewan, le Premier Ministre Blakeneym déclarait dans les années 1970 : « nous devons faire confiance qu’une solution pour l’élimination des déchets sera trouvée d’ici peu. »
Inde : la mort en aval de la rivière
En Inde les mines d’uranium empoisonnent les rivières et les hommes. Des enfants naissent malformés et beaucoup meurent jeunes. La fertilité est diminuée et l’espérance de vie réduite. In 1967, l’entreprise d’Etat, la Uranium Corporation UCIL a commencé à extraire de l’uranium à proximité de Jadugoda, puis près des villages de Bhatin, Narwapahar et Turamdih, employant 5’000 à 7’000 mineurs. Des villages comme Dumridih se situent à proximité immédiate des étangs de
Jadugoda : des personnes baignent à proximité d‘une écharge de mine d‘uranium. Photo : aimable autorisation de Swaroop Singh
décharge. Pendant la saison sèche les poussières de la décharge atteignent le village. Avec les pluies de la mousson les eaux radioactives débordent dans les cours d’eau de la région, contaminant les villageois qui s’en servent comme boisson et pour se laver. Les gravats de la mine sont aussi utilisés pour la construction de routes et de maisons. Une étude contrôlée indépendante entreprise en 2007 par les « Indian Doctors for Peace and Development », incluant près de 4000 foyers, a mis en évidence que les bébés nés dans la région avaient près de deux fois plus de malformations congénitales
que le reste de la population. Ces malformations étaient létales dans 9 % des cas, soit 5 fois plus que dans les villages témoins. L’étude a également montré un taux élevé d’infertilité chez les couples, une espérance de vie abaissée et un risque élevé de décès par cancer.
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Australie : Une histoire de résistance Grace à des soutiens venus du monde entier, les communautés locales australiennes ont réussi à empêcher l’ouverture de nouvelles mines, bloquer les projets et contester le bienfondé des travaux de réhabilitation.
Jabiluka
La mine « Northern Territory’s Jabiluka » a fermé en 1998 après un vrai combat de David contre Goliath mené par la population aborigène des Mirarr, propriétaire traditionnelle de la terre. Elle a été soutenue par des milliers de personnes en Australie et dans le monde. La lutte a consisté en un blocage pacifique de huit mois par plus de 5000 personnes, entrainant plus de 500 arrestations. Le Group Rio Tinto a finalement accepté de mettre fin à l’exploitation. Le 12 août 2003 les travaux de réhabilitation ont commencé :
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une des plus grosses compagnies minières au monde a renfloué sous terre 50'000 tonnes de minerai d’uranium non transformé, bouchant le tunnel de 1,5 km d’accès à la mine.
Koongarra
Les projets d’extraction d’uranium à Koongarra près de Nourlangie Rock, en territoire du Nord, ont été définitivement abandonnés suite à l’opposition des aborigènes. Le territoire est actuellement inclus dans le parc national du Kakadu.
Photo tirée du documentaire « Yellow Cake – The dirt behind uranium », Um Welt Film, Allemagne
« Chacun ne semble penser qu’à aujourd’hui ou à l’année prochaine, mais aucun scientifique ne peut nous dire ce que sera le site dans cent ans quand tout le monde sera parti, et que plus personne ne s’en occupera. Aucune promesse ne tient, mais les problèmes, eux, durent. » Yvonne Margarula Propriétaire ainée traditionnelle, Mirrar, 2003
« J’ai dit NON aux mines d’uranium à Koongarra parce que mon pays et mes croyances culturelles valent plus que les mines et l’argent. L’argent va et vient, mais notre pays sera toujours là. Nous devons veiller sur lui et il veillera sur nous... » Jeffrey Lee Propriétaire ainé traditionnel, 2013
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Les dangers des déchets d’uranium
Bien que l’uranium soit extrait du minerai pour être traité ultér ieurement, le gros de la radioactivité provient des produits de désintégration et demeure dans les décharges. Ces ordures résiduelles – « tailings » en anglais – sont en général déposées à proximité des mines. Durant l’exploitation d’une mine un énorme volume de matér iel radioactif s’accumule. En plus de 20 ans d’existence la mine « Olympic Dam » dans le sud de l’Australie a généré plus d’un million de tonnes de déchets. Parmi les produits de désintégration on trouve le thor ium 230, qui se décompose en gaz radon. La demi-vie du thor ium est de 76'000 ans ; la production de radon persiste donc pendant des millénaires. Dans l’air le radon se décompose en polonium
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radioactif, en bismuth et en plomb, contaminant les champs, les arbres, les sols, les êtres vivants et l’homme. Tant qu’il est inclus dans la roche solide le radon ne peut guère s’échapper. Mais dans les gravats il a de multiples possibilités pour parvenir à la sur face, favor isées par l’eau et le vent. Si les déchets sont mal gérés, les populations avoisinantes peuvent être contaminées par du gaz radon et des poussières radioactives, ceci pendant plusieurs générations.
Résidus à Olympic Dam, Roxby Downs, Australie Photo, aimable autorisation de Jessie Boylan
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Ce qu’il faut : Evaluation de la santé
Il est indispensable de disposer d’études sur la santé des populations à proximité des mines d’uranium, celles qui sont en activité, mais aussi celles à l’arrêt. Ces études nous permettent d’évaluer l’importance des dégâts causés par les mines. Il faut ensuite assurer un suivi, afin de déceler l’apparition de problèmes ultérieurs qui nécessiteront des traitements. Avant qu’une mine ne soit mise en service, il faut connaitre l’état de santé de base de la population locale.
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Récherche scientifique
Il n’existe à l’heure actuelle aucune recherche scientifique sur les effets de l’uranium – pas plus que des autres radionucléides – dont le financement soit indépendant. Nous devons savoir quels sont les effets trans-générationnels des rayonnements sur des animaux, en particulier ceux dont le métabolisme biochimique est comparable à l’homme. Nous devons connaitre les risques que les mines d’uranium font courir aux populations de la région.
Que faire ?
L
es Médecins Internationaux pour la Prévention de la Guerre Nucléaire ( International Physicians for the Prevention of Nuclear War – IPPNW ) appellent à un embargo sur les mines d’uranium. Extraire de l’uranium et produire de l’oxyde d’uranium ( yellow cake ) est irresponsable. Ce sont de graves menaces pour la santé humaine et pour l’environnement. Les deux activités, – l’extraction comme la transformation -, violent les Droits de l’Homme, mena-
cent la Paix mondiale et sont un obstacle au désarmement nucléaire.
N
ous devons aussi militer pour un environnement sans déchets nucléaires et pour plus de transparence dans les négociations politiques et environnementales. Il faut exiger que les gouvernements financent le nettoyage des mines d’uranium abandonnées. Photo : Enfant Mirrar dans le parc national de Kakadu, site de la mine d’uranium de Jabiluka, Australie, 1997. Friends of the Earth International, creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0
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Informations complémentaires Vous pouvez télécharger notre appel à signer l’embargo sur le mines d’uranium ( en anglais ) sous : http ://tinyurl.com/uraniumcall
Vous pouvez lire le dossier « Déclaration de Bâle », la réso-lution d’IPPNW sur les mines d’uranium et le mémoire « The Death that Creeps from the Earth » ( en anglais ) sous : http ://tinyurl.com/baseldeclaration
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Vous trouvez plus sur les mines d’uranium et sur la manière de vous engager sous : www.nuclear-risks.org/en www.wise-uranium.org www.uranium-network.org www.australianmap.net Toutes les références peuvent être trouvées sous : http ://bit.ly/29t4GJb Documentation : « Buddha Weeps in Jaduguda Jharkhand » : http ://youtu.be/upzt4ESu908 « Jadugoda – The Black Magic » : http ://youtu.be/eIOmavVcG3M « Left in the Dust » : http ://youtu.be/ioRtzOWm07A « Uranium – is it a country ? » : www.strahlendesklima.de/en/uranium « Yellow Cake – The dirt behind uranium » : www.yellowcake-derfilm.de
Mentions légales Publié par la section allemande des Médecines pour la Prévention de la Guerre Nucléaire et pour une Responsabilité Sociale ( International Physicians for the Prevention of Nuclear War/PhysiMAPW cians for Social Responsibility – IPPNW ) en collaboration avec la Medical Association for Prevention of War – MAPW ( IPPNW Australie ) et le Nuclear Free Future Award. Editeur : IPPNW, Körtestraße 10, 10967 Berlin, Allemagne, Tel. : +49 (0) 30/69 80 74 0, Fax +49 (0) 30/693 81 66. E-Mail : ippnw@ippnw.de, site web : www.ippnw.de; Responsable légal : Xanthe Hall. Auteur : Bill Williams. Edition et conception : Xanthe Hall. Version française : Jacques Moser. Mise en pages : Samantha Staudte. Photo couverture : Alberto Otero Garcia, creativecommons.org/licenses/by/2.0.
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La chaine nucléaire Les promoteurs du nucléaire parlent volontiers des différentes étapes de la transformation de l’uranium comme d’un « cycle du combustible nucléaire ». Or cela n’a rien à voir avec un cycle : c’est une chaine en cul-de-sac. Elle commence par l’uranium et finit par des déchets radioactifs. Chaque maillon de la chaine cause des dégâts irréversibles à l’environnement. Des millions de personnes au monde souffrent des effets de l’industrie atomique militaire et civile.
produit des déchets radioactifs
extraction d’uranium / transformation uranium appauvri pour munition à l’uranium
enrichissement pour :
réacteurs atomiques
armes atomiques retraitement des barres de combustible pour :
Les essais nucléaires et les accidents contaminent la planète par des retombées radioactives. Les projectiles à uranium engendrent de la poussière radioactive.
plutonium pour les armes atomiques
MOX pour les centrales nucléaires déchets nucléaires
Brochure d’information IPPNW