Immortalité de l’Âme ou Résurrection des Morts? – Le témoignage du Nouveau Testament Partie 6
IMMORTALITÉ DE L'ÂME ou RÉSURRECTION DES MORTS? Le témoignage du Nouveau Testament
par OSCAR CULLMANN Professeur d'Université à Paris et à Bâle 1956 1. 2. 3. 4.
Avant-propos Le dernier ennemi: la mort. Socrate et Jésus Le salaire du péché: la mort. Corps et âme. Chair et Esprit. Le premier-né d'entre les morts. Entre la Résurrection du Christ et l'anéantissement de la mort. 5. Ceux qui dorment. Saint-Esprit et état intermédiaire des morts. 6. Conclusion
Conclusion Pendant ses voyages missionnaires, Paul a certainement rencontré des gens qui ne pouvaient pas accepter sa prédication de la résurrection pour la simple raison qu'ils croyaient en l'immortalité de l'âme. Voilà pourquoi à Athènes, sur l'Aréopage, les Grecs éclatèrent de rire seulement au moment où l'apôtre Paul parla de résurrection (Actes 17.37). Les gens dont Paul dit dans 1 Th. 4.13 qu'«ils n'ont pas d'espérance», et dont il écrit, dans 1 Cor. 15.12, qu'ils ne croient pas qu'il y ait une résurrection des morts, ce ne sont très probablement pas des épicuriens, comme nous sommes tentés de le croire. Car ceux qui croient en l'immortalité de l'âme n'ont pas non plus l'espérance dont parle l'apôtre Paul, l'espérance qui présuppose la foi en un miracle divin, en une nouvelle création. Il faut même aller plus loin et dire que ceux qui croyaient en l'immortalité de l'âme devaient éprouver infiniment plus de difficultés que d'autres à accepter la prédication chrétienne de la résurrection. Justin mentionne, vers 150 (Dial. 8o), ceux «qui disent qu'il n'y a pas de résurrection d'entre les morts mais que leurs âmes montent au ciel au moment même de leur mort». Ici le contraste est clairement ressenti. L'empereur Marc-Aurèle, ce philosophe qui, avec Socrate, fait partie des plus nobles figures du monde antique, a ressenti le contraste lui aussi. Nous savons qu'il a eu le mépris le plus profond pour le christianisme, et précisément la mort des martyrs chrétiens dont on devrait penser qu'elle eût forcé le respect du grand stoïcien qui lui-même attendait la mort avec sérénité, cette mort des martyrs lui inspirait, au contraire, une 1
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antipathie extrême. La passion avec laquelle les chrétiens vont au-devant de la mort lui déplaît au plus haut degré. [M. AURÈLE, Méd. XI, 3. Il est vrai qu'il a abandonné de plus en plus la foi en l'immortalité.]
Le stoïcien, lui, quitte cette vie sans passion; le martyr chrétien, par contre, meurt avec une sainte passion pour la cause du Christ, car il sait qu'il est intégré dans le grand drame du salut. Le premier martyr chrétien, Etienne, nous montre comment celui qui meurt en Christ surmonte l'horreur de la mort tout autrement que le philosophe de l'antiquité: il voit, dit l'auteur des Actes, «le ciel ouvert et le Christ debout à la droite de Dieu» (Actes 7.55). Il voit le Christ, vainqueur de la mort. Dans cette certitude que la mort par laquelle il doit passer a déjà été vaincue par le Christ qui lui-même a passé par elle, il subit la lapidation. * La réponse à la question que nous avons posée: immortalité de l'âme ou résurrection des morts dans le Nouveau Testament, sera claire. La doctrine du grand Socrate, du grand Platon est incompatible avec l'enseignement du Nouveau Testament. Que leur personne, leur vie et aussi leur attitude à l'égard de la mort puissent et doivent néanmoins être respectées par les chrétiens, les apologètes chrétiens du IIe siècle l'ont montré, et nous pensons qu'on pourrait le montrer aussi en s'inspirant du Nouveau Testament. Mais c'est là une autre question dont nous n'avons pas à nous occuper ici. [Nous n'avons pas non plus traité le problème du sort des impies d'après le christianisme primitif. Nous espérons le faire plus tard dans un ouvrage consacré à l'eschatologie du Nouveau Testament.]
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