i said a hip...

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i said a hip... vol.7 (spring issue)

* LE PETIT PLUS À SAVOIR

i said a hip... est interactif. Chaque fois que vous lisez le clip à voir ou le son à écouter, cliquer et apprécier...

©Arnaud Pagès

isaidahip.com @isaidahip


©Arnaud Pagès


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Textes : Florent // Illustration : Diona

NOUVELLES

TRONCHES

AZEALIA BANKS Une poignée de singles et pourtant tout le monde en parle. Azealia Banks, 20 ans, from Harlem, a déjà le flow d’une grande. Fin novembre, NME l’avait déjà nommée la personnalité la plus cool de l’année. Ce qu’on aime chez la demoiselle c’est sa capacité à rassembler le public hip-hop et les petits hipsters qui se balladent la coupette à la main. Mention spéciale au titre 212 (le code postal de Harlem), parfait accord entre flow bien placé et petite bande son électro. LE CLIP À VOIR : 212


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Textes : Florent // Illustration : Diona

Textes : Florent

DOT ROTTEN

THE CONCEPT

Mike Skinner parti à la retraite, on se demandait qui allait prendre la relève dans le petit monde du hip-hop britannique version mâle. On avait bien Professor Green, sympa sans plus... Heureusement, la lueur d’espoir semble venir de Dot Rotten. Hormis deux mixtape et un street album, on est pour le moment obliger de se contenter de quelques sons en attendant avec impatience un premier véritable album. Les amateurs de grime vont être ravis.

Polémique au sein de la rédaction de i said a hip... Groupe de pop parmi tant d’autres ou successeur des Two Door Cinema Club et des Foster The People pour l’année 2012, The Concept divise. Et les comparaisons avec les frenchies de Phoenix sont de solides arguments... On dira simplement que D-D-Dance et Gimme Twice sont deux singles pop imparables, dangereux pour la santé physique de vos voûtes plantaires. Qu’importe les comparaisons...

LE CLIP À VOIR : KEEP IT ON A LOW

LE CLIP À VOIR : GIMME TWICE


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Textes : Florent // Illustration : Diona

Textes : Florent

A$AP ROCKY

FRIENDS

A$AP Rocky est le symbole d’une nouvelle génération d’artistes hip-hop américains. L’année dernière, Tyler The Creator et son crew de déglingos Odd Future se la jouait jackass à base d’alcool, de mélanges douteux, de défonce et montrait le nouveau visage d’un hip-hop US loin du bling bling et des putes de luxe. A$AP Rocky suit donc le même chemin et dépeint une jeunesse le cul posé sur le bitume que sur le canapé d’un loft de 200m2, en mode DoItYourself. « F*ck The Money, F*ck The Fame, this is real life...an insight to my trill life »

Originaire de Brooklin, Friends est un quintet qui s’est spécialisé dans la «weirdpop». Ce sont leurs propres mots. Une pop bizarre donc, tout comme la formation du groupe. En 2010, des employés d’un restaurant végétarien sont obligés de vivre ensemble dans un appartement. Voilà comment est né Friends. Comme beaucoup d’autres artistes en ce moment, leur musique a une couleur sépia. Une ligne de basse, une voix légèrement désinvolte, I’m his girl est un titre très efficace. Et finalement assez simple.

LE CLIP À VOIR : PE$O

LE CLIP À VOIR : I’M HIS GIRL


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Textes : Florent // Illustration : Charlotte Lebon

Textes : Valou

WALTER SOBCEK

DISCOPOLIS

Walter Sobcek ou l’histoire d’un duo français qui a emprunté son nom à une vieille gloire du porno rencontrée lors d’une soirée à Hollywood. Fabricants d’une électro pop douce et savoureuse, les frenchies ont été notre petit radiateur musical de cet hiver. Miami, single à mettre dans toutes les oreilles, porte très bien son nom. Jolie petite pépée, playa, ambiance à la fraîche. Nombreux sont les artistes à piocher dans la culture musicale des années 80. Pas forcément toujours de bon goût. Walter Sobcek le fait bien et avec classe.

Et si nous avions tort de trop souvent chercher des miracles du côté de Londres ? Si la lumière pouvait finalement provenir d’une contrée plus brumeuses, plus au nord de la Tamise ? Car c’est d’Écosse que nous vient Discopolis, groupe composé de trois jeunes écossais qui ont été découvert lors d’un festival anglais. Leur électro franchement étourdissante nous emmène assez loin dans les contreforts nébuleux des highlands écossais, un peu à la manière du rêve que véhiculait le dernier album de M83. Continuant à se faire connaître sur les nombreux festivals outre-manche, ils ne devraient pas tarder à arriver sur nos ondes et dans les salles obscures parisiennes pour notre plus grand bonheur...

LE CLIP À VOIR : MIAMI

LE CLIP À VOIR : LOFTY AMBITIONS


©Arnaud Pagès

©Arnaud Pagès


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Textes : Florent // Illustration : Diona

LANA DEL REY BORN TO DIE (Stranger Records) LE CLIP À VOIR

Difficile d’échapper au phénomène Lana Del Rey. Depuis fin 2011, le nom de l’américaine est sur toutes les lèvres. Et les siennes ont fait autant parlé que sa musique. Dire qu’on attendait avec impatience la sortie de Born to die serait éxagéré. Car même si la demoiselle a su nous mettre l’eau à la bouche en distillant au compte goutte clips et singles tout au long de ces derniers mois, on s’est assez vite aperçu que l’on avait déjà entendu près de la moitié de l’album. Alors que vaut cet album ? Born to die est-il né pour mourir ou sera t’il un disque immortel ? Peut-être un peu des deux. Si l’on devait s’intéresser seulement à la musique, sans aucun doute Born to die est un grand et bel album qui réussit à être çà la hauteur du buzz créé. Paradant à travers des atmosphères musicales différentes, Lana Del Rey, avec sa voix sexy et ses airs de midinette, arrive a créer un véritable disque d’ambiance. La soul, le blues, le rock, parfois le hiphop, tout y passe et le mélange passe bien. Très bien même.

Et quand Lana Del Rey se présente comme une « gangsta Nancy Sinatra », l’image est frappante. Et c’est là que ça se gâte. Lana Del Rey a connu une première carrière. Sous son vrai nom, Lizz Grant. Un premier album passé complètement inaperçu et une carrière au point mort. Persévérante, la jeune femme tente le grand lifting. Musicale et physique. Ses lèvres sont-elles vraies ou pas ? Pas le plus important. Mais la « ressemblance » avec Nancy Sinatra est évidente. Lana Del Rey est un personnage créé de toute pièce. Une sorte de Jessica Rabbit musicale. Pose lascive, blondeur à gros reflets, voix sexy, Lana Del Rey est une icone des années 50 en mode 2.0. Certains disent même qu’il y a du David Lynch en elle. On ne pourra contredire le fait que la chanteuse sait créer des ambiances. Mais ses récentes performances scéniques et ses interviews un peu lisses, nous font dire que Lana Del Rey n’est peut-être pas (encore) une grande artiste mais un très bon produit marketing.


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L’INTERVIEW PIRATÉE Quel est ton premier souvenir de chant ? Je me vois à côté de ma grand-mère, Nous chantons Donnie Brasco, et pour la première fois je ressens du plaisir à chanter. Je chantais aussi à l’église, à l’école, partout... Mais c’est quelque chose que je travaille pas. Je n’ai aucune discipline, aucune technique, je n’ai jamais pris la moindre leçon. J’aime juste jouer avec ma voix, de plus aigu au plus grave. Quand je m’entends chanter, l’autorité de ma voix me sidère. Ça paraît naïf de dire ça, mais j’adore mes chansons, je suis émue aux larmes... Quand je me retrouve en studio seule face au micro, je suis tellement libérée, capable de tout... Je me sens plus qu’ailleurs en sûreté dans ces petits écrins que sont mes chansons. Dans la vie, je ne suis pas bonne à grand-chose : mon seul talent, c’est de chanter. Dans une chanson, je sais exprimer exactement ce que je ressens, plus encore que dans la conversation. C’est un vrai soulagement de ne pas devoir tout raconter, expliciter. Comment expliques-tu à tes producteurs le son, unique, que tu désires pour tes chansons ? Je leur demande par exemple que les cordes sonnent comme la rencontre d’American Beauty et de Bruce Springsteen à Miami.

Ou je leur dis : “Pense à une lycéenne qui fait le mur pour aller se défoncer”. Tu es donc autant metteuse en scène que musicienne ? Metteuse en scène, oui, ça me correspond bien. D’autant plus que les arrangeurs de cordes que nous utilisons viennent tous du cinéma. Je suis très sensible au son dans un film, j’adore par exemple la BO de Thomas Newman pour American Beauty, celles du Parrain, de Scarface… Les films sont une thérapie pour moi, je les regarde seule, toujours les mêmes, attendant leur happy end. Ils m’inspirent musicalement, notamment pour les cordes, mais pas pour les paroles, car là, tout est autobiographique : je ne peux pas emprunter, tricher. Pourquoi avoir inventé le personnage de Lana Del Rey et avoir abandonné ton vrai nom, Elizabeth Grant ? Il n’y a aucune frontière, aucun rôle assi-

« ça paraît naïf de dire ça, mais j’adore mes chansons, je suis émue aux larmes » illustration : Mike Hazard


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gné. On m’appelle indifféremment Lizzy ou Lana. Quand j’étais plus jeune, j’étais surtout écrivaine, Lana était mon projet artistique, le groupe que je n’ai jamais eu. J’avance sans masque. Lana ne me donne aucun droit, aucune licence. Travailles-tu beaucoup ? Francis Ford Coppola a dit un jour : “Si tu t’assieds chaque jour à un bureau, ta muse saura où te trouver.” J’ai essayé mais ça ne marche pas. Elle vient quand elle veut, où elle veut. Parfois, elle m’abandonne pendant des mois. Mais je n’ai plus peur de son absence, je sais qu’elle reviendra, qu’une chanson me tombera dessus, d’un bloc, au moment où je ne m’y attends pas. Je n’ai pas besoin d’une pièce ou d’un bureau, car j’ai mon sentier secret, depuis huit ans. Il part de la 59e Rue, suit les quais jusqu’à Canal Street, traverse les quartiers chinois et italien, puis remonte par l’East Side…

illustration : Alice Nyong

Je me suis rendu compte que pour que mon esprit vagabonde mon corps devait être en mouvement. J’ai croisé Lou Reed plusieurs fois, il utilise visiblement la même technique ! J’ai toujours fait ça, depuis mon enfance à Lake Placid, au nord de New York, presque à la frontière canadienne. Je partais alors dans la forêt, seule par choix… C’était très isolé, montagneux, très sombre, il y avait un côté un peu Twin Peaks. Pas étonnant que je me sente chez moi dans les films de Lynch ! Dès mes débuts, on a d’ailleurs décrit ma musique comme “lynchienne”. Nous

« j’ai vraiment été sauvée par les poètes, ils ont ouvert une fenêtre pour moi, tout en me rassurant sur ma santé mentale » avons sans doute tous les deux des cœurs noirs. Quand as-tu commencé à écrire ? Très jeune. De la poésie, puis des nouvelles, puis enfin des chansons, affreuses au départ. J’ai fait des études de philosophie et de métaphysique. Cette passion des mots, je la dois à mon meilleur ami Gene, mon prof d’anglais à l’époque. Il m’a présenté, à 15 ans, des livres de Jack Kerouac, Allen Ginsberg… Soudain, je n’avais plus l’impression d’être seule, perdue dans mes chimères. Je savais enfin qu’il y avait des gens comme moi, un peu bizarres, en marge. J’ai vraiment été sauvée par les poètes, ils ont ouvert une immense fenêtre pour moi, tout en me rassurant sur ma santé mentale. A Lake Placid, il n’y avait pas grand monde avec qui partager mon univers : les livres sont donc devenus mes amis intimes. Ils me parlaient de New York, de gens


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dont je devenais l’intime. J’ai retrouvé cet esprit en étudiant la philosophie, entourée de gens qui n’avaient pas honte de poser des questions, qui demandaient “Pourquoi existons-nous ?” au lieu de “Quel temps fera-t-il demain ?”. Pourquoi t’être lancée dans la musique ? Quand j’ai débarqué à New York, à 18 ans, un petit label m’a offert 10 000 dollars pour faire un premier disque. J’ai passé un an dans ma chambre sur la 42e Rue à le peaufiner, à le produire. Il m’a servi d’exutoire, j’avais besoin de me purger de mes idées noires. Le résultat est magnifique. Mais personne ne l’a entendu, hormis quelques fans qui me suivent depuis. C’est un disque très sombre, inconfortable. Je n’étais qu’une gamine de 18 ans, mon son s’est affiné depuis, mais pour moi il n’y a pas de révolution entre cet album et le suivant : juste un trou noir de six ans. Mais bon, je ne vais pas revendiquer mon authenticité, ma crédibilité, alors qu’au fond de moi je ne me sens même pas comme une vraie chanteuse de scène… Je suis avant tout une écrivaine, puis peutêtre une chanteuse. Monter sur scène, c’est contre ma nature, je ne suis pas née exhibitionniste. La scène, ce n’est jamais un plaisir ? Je suis trop concentrée pour me laisser aller, j’ai peur du faux pas, alors je contrôle illustration : Jen

tout. Quand je vois des images de Jeff Buckley, cette liberté inouïe, je me dis que lui incarne vraiment la musique. Pas moi. Je ne parviens pas à m’évader. La musique, c’était sa vie. Je pense constamment à lui. A Elliott Smith aussi. Mais j’ai dû me débarrasser de tous ses disques, je sentais une hostilité, un côté maléfique… Tu es une rêveuse ? Je l’ai été enfant, jusqu’à ce que je refuse de m’évader de la réalité, que j’accepte d’en voir la beauté. Je me suis réveillée et j’adore ce monde. Ma musique est très floue, rêveuse, alors je compense avec des paroles crues, ancrées dans le quotidien. Je ne triche pas. J’ai été élevée avec des valeurs traditionnelles mais depuis ma vie n’a pas été très orthodoxe. J’ai toujours écouté mon instinct, suivi une route complexe mais personnelle. Les seules valeurs que j’ai gardées et que je revendique sont l’honnêteté et l’intégrité. Dès l’école, les instituteurs

« monter sur scène c’est contre ma nature, je ne suis pas née exhibitionniste »


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l’ont très vite compris. J’étais libre, ils me laissaient apprendre seule, à mon rythme. J’ai toujours vécu comme ça, dans ma propre tête, à me poser des questions sans répit. Et j’avais peur : de faire de la musique, de ne pas parvenir à mes fins. Ta vie a vraiment commencé en arrivant à New York, à 18 ans ? Il n’y a jamais eu de conflits avec mes parents. Enfants, même si nous n’avions pas beaucoup de disques à la maison, nous chantions tout le temps entre nous. Mais mon apprentissage de la musique, sur scène et sur disque, je l’ai effectivement vécu en débarquant à New York. J’ai découvert en même temps Sinatra, Dylan, Jeff Buckley, Nina Simone, Elvis, Nirvana… Et j’en suis restée là : j’avais trouvé le bonheur. Depuis j’écoute les mêmes quelques disques en permanence, obsessionnellement. C’est rare qu’une nouveauté s’incruste : la dernière fois, c’était le collectif hip-hop Odd Future. Analyses-tu beaucoup ce que tu écoutes ? Je n’analyse rien, mon cerveau filtre les choses de manière naturelle. De toute façon, musicalement, ça ne me servirait à rien : la musique des autres ne m’inspire pas pour la mienne. Je serais d’ailleurs bien incapable de décrire ma musique, ses influences. Elle est juste… trop bizarre.

J’aime quand mes chansons et moi ne faisons qu’un, je l’ai ressenti dès que j’ai écrit Video Games. Puis j’ai écrit très rapidement Blue Jeans sur la plage de Santa Monica, et là, j’ai su ce que serait l’ambiance de l’album : un côté à la fois estival et sombre, la jouissance des feux de l’été et la certitude que ça ne durera pas. Video Games, j’ai immédiatement compris que ça serait une chanson importante pour moi, elle donnait une suite à Yayo, le dernier titre que j’adorais sur mon premier album. Mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle deviendrait une chanson populaire : trop longue, trop personnelle. Comme dans toutes tes chansons, ce mélange de cérébral et d’animal… (Elle coupe)… Oui, c’est exactement ça. Même si j’ai passé la plus grande partie de ma vie enfermée dans ma tête, je suis hantée par le plaisir physique. J’adore ma chanson Born to die pour ça : blottie dans ses bras, j’y ressens la passion de mon amoureux, une vraie métamorphose neurologique. Ça me fait vraiment du bien d’échapper à ma réalité mentale. J’aime juxtaposer ce sentiment d’extase avec cette idée fixe que tout se finit par la mort… Je ne connais pas de meilleure combinaison que l’animal et le cérébral.

Interview de JD Beauvallet Les Inrockuptibles # 840

illustration : Sophia Pappas


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Textes : Valou // Illustration : Anton Belardo

GRIMES VISIONS (4AD) LE CLIP À VOIR

Il nous aura donc fallu attendre le début de l’année 2012, et un troisième album, pour voir apparaître sur nos radars une artiste des plus singulières, au talent fort intriguant. Grimes, Claire Boucher de son vrai nom, est une chanteuse canadienne, présentant un léger défaut d’élocution, défaut qui se transforme en atout majeur pour une myriade de tubes insaisissables emplis de reflets électroniques fragiles, dans la lignée d’une Austra ou d’une Lykke Li dont Grimes vient d’assurer la première partie pour sa tournée nord-américaine.

mammouth, aptes à transformer n’importe quelle maison de retraite en boîte de nuit ibizienne. Accompagnées par cette voix naïve, fragile et pourtant enchanteresse, ces mélodies justement qualifiées d’ « Artpop » par un magazine anglais évoque la légèreté des débuts de la grande Madonna, mêlée à des relents hip-hop qui fleurent bons l’underground rebelle des 90’s. Il n’y a qu’à écouter Oblivion et Genesis pour tomber sous l’emprise de la canadienne et de ses machines et claviers produisant un « on ne sait quoi » qui se répand comme une traînée de poudre.

Nous passerons rapidement sur la pochette de l’album, particulièrement hideuse pour nous plonger tout droit dans un contenu riche en tubes. Offrant un bouquet de notes synthétiques savamment distillées, Grimes réussit à nous sortir d’une certaine torpeur hivernale au rythme de refrains

Visions risque bien de figurer dans nombre de classements 2012. Hypnotique, exotique, magique, il ne vous reste qu’à succomber à votre tour à cette divine artiste sortie de nulle part pour conquérir le paysage électro-pop.


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Textes : Sly

DJANGO DJANGO DJANGO DJANGO (Because Music) LE CLIP À VOIR

Quelque part dans une Europe souffreteuse, au croisement de méridiens tortueux, au sein d’une sorte de triangle des Bermudes d’influences, c’est là qu’il faut chercher l’explication aux genèse et croissance de l’anti-naturel groupuscule Django Django. Les sangs latins et gaéliques de ses membres se mêlent et réagissent audelà de tout bon sens scientifique : le fruit de cette expérience est aujourd’hui matérialisé sous la forme d’un album éponyme absolument stupéfiant. Et quel fruit ! De la première bouchée jusqu’au trognon, c’est un festival de saveurs qu’on pensait incompatibles et qui pourtant éclatent chacune à leur tour, de plus en plus fort. Il y a un petit goût très net de crème solaire et de sable brûlant, mais aussi d’essence de vaisseau spatial, ou encore d’enclos à bétail du far-west.

Toujours enjouée, jamais pénible malgré sa complexité, la musique de Django Django hisse haut le pavillon du modernisme fûté, du rétro body-buildé, et tout au sommet de la pop super bien gaulée. Quelque soit la saison, quelque soit le continent, impensable de s’ennuyer en compagnie de cette fresque chiadée, qu’on ne se lasse pas d’essayer de domestiquer, et qui lance en beauté le nouveau millésime de la musique branchée.


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Textes : DéDé

STUCK IN THE SOUND PURSUIT (Discograph) LE CLIP À VOIR

Avec leur troisième album Pursuit, les Stuck In The Sound fêtent (déjà!) leurs 10 ans de carrière. D’aucuns diraient celui de la consécration... ou de la désillusion. Mais qu’en est-il réellement ? Les p’tits parigots auraient pu facilement continuer sur leur lancée pendant un ou deux albums avant de tomber dans l’oubli où s’abîment malheureusement de trop nombreux de groupes. C’est qu’elles sont nombreuses ces formations qui ne savent pas comment, n’ont pas les moyens pour, ou tout simplement ne souhaitent pas se renouveler. Les Stuck in the Sound s’affranchissent aujourd’hui de cet écueil, en nous montrant de la plus belle des manières qu’on peut changer sa musique sans pour autant trahir le son originel. J’en veux pour exemple les riffs puissants et acérés en pagaille, les basses imposantes et la voix haut perchée et caractéristique de José, le chanteur. Le changement vient ici de la maîtrise des rythmes, des guitares, de la

voix qui par moments sais se montrer plus posée, poignante, et surtout bien plus mélodique que dans les précédents albums. L’énergie, elle, est toujours intacte. Tous ces éléments sont d’ailleurs concentrés dans le premier titre et premier single Brother, qui laisse sans voix dès la première écoute. Ce morceau à l’apparente simplicité et à l’efficacité redoutables justifie à lui tout seul l’écoute de l’album. Pour autant la réussite de Pursuit ne s’arrête pas là, et chaque morceau, avec son univers propre, saura séduire l’auditeur averti : entre un Tender mélancolique et grave tout en explosions contenues, et un Ghost posé en sorte d’hymne aux instrus sous acides des seventies/eighties. On commence doucement à s’éloigner de la fraîcheur et l’insouciance des hits Toy Boy et Ouais des premiers jours, mais on resterait coincé sans problème des heures durant avec le son des Stuck dans les oreilles.


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Textes : Valou // Illustration : Eryn

THE MACCABEES GIVEN TO THE WORLD (Fiction Records) LE CLIP À VOIR

Et pourtant nous avions été avertis! Avertis par Bag of Bones, dernier titre du précédent album. Avertis qu’un changement de cap s’annonçait. Avertis d’une éventuelle déferlante indie de laquelle nous ne sortirions pas indemnes. Et bien, avertis ou pas, Given to the wild est la merveille rock de ce début d’année, offerte par un groupe qui semble enfin s’être trouvé. Deux années de travail avec Tim Goldsworthy auront profondément transformé le quintette des Maccabees. Plus sombre, plus sincère, plus impressionnant, cet album marque sans conteste un virage annonciateur de lendemains réjouissants... Empruntant désormais à Sigur Ros ou Foals, les cinq garçons transportent leur auditoire au grès de guitares poétiques et de rythmes tantôt épiques, tantôt languissants, toujours justes. Alors comment être plus explicite dans cet éloge? Peut-être en se penchant un peu plus sur les joyaux de cette production... Tout avait commencé avec un court-métrage de huit minutes dont la beauté présageait de la suite... Le voyage

commence avec Child et Feel to follow, parfaites illustrations de la facilité déconcertante avec laquelle Orlando Weeks et ses acolytes peuvent faire progresser leurs mélodies jusqu’à un état d’enivrement musical. Incroyable sensation en effet de se trouver complètement sonné, bluffé par la sensualité d’un Glimmer ou d’un Forever I’ve known. Ce dernier titre justement marque le retour des guitares sautillantes du groupe, qui vont se faire plus présente sur la suite de l’album, histoire de s’assurer une place au soleil avec, entre autres, un tube comme Pelican où pointe l’influence de Vampire weekend. Le tout est parfaitement achevé par une merveille, un chef d’œuvre romantique, Unknown, titre à écouter et réécouter pour finir de se convaincre qu’une telle prodigalité existe. Vous l’aurez compris, nous avons aimé cet album! Et en fin de compte, on est bien heureux de ne pas avoir bien anticipé cet avertissement, ce changement de cap étourdissant : cela aurait rendu la surprise moins délicieuse... Quoique !


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Textes : Florent

CHIDDY BANG BREAKFAST (EMI) LE CLIP À VOIR

Attendu comme le Père Noël le 25 décembre, le dernier album des mecs de Chiddy Bang a été savamment teasé avec quelques singles diffusés sur le net, Mind your manners et Ray Charles en tête. Mais comme tout album qui fait le buzz avant sa sortie, on appréhendait un peu le résultat final. L’album entre les mains, il y avait de la tension. Heureusement tout s’est bien passé. On avait eu raison de faire confiance à ces petits surdoués.

Breakfast réunit 14 titres à la hauteur de ce qu’on attendait. Et porte bien son nom. On s’excuse par avance des métaphores pourries qui vont suivre. Mais Breakfast a mis une grosse claque à l’ami Ricoré et est devenu notre bol de vitamines quotidien. Sans colorant ni conservateur, ce petit album vaut le détour. Assumant totalement son côté hip-pop, Chiddy Bang maîtrise à la perfection la fabrication de ses tubes depuis le désormais culte Opposite of adults.

Certains disent que les deux américains originaires de Philadelphie ne sont pas assez couillus pour revendiquer le titre de «vrais» rappeurs. D’autres disent que leur côté pop est gâché par le rap. Chiddy Bang a le cul entre deux chaises. De notre point de vue, Chidera «Chiddy» Anamege et Noah «Xaphoon Jones» Beresin font de la musique pour campus américains et soirées étudiantes. Du fun, du son et la vie est belle.

Ce premier véritable album (on vous conseille également de remettre la main sur les mixtape déjà sorties) est une agréable réussite. Sans surprise mais efficace.


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Textes : DéDé

SKIP THE USE CAN BE LATE (Polydor) LE CLIP À VOIR

L’hiver c’est moche. L’hiver c’est gris. L’hiver c’est triste. Mais heureusement il existe des groupes comme Skip The Use, qui nous permettent de passer cette sombre période avec bonne humeur. Parce que oui, Skip The Use c’est lumineux. Skip The Use c’est débordant d’énergie. Skip The Use fait du bien là où ça fait mal. Le groupe de lillois emmené par le chanteur Mat Bastard sort son nouvel album Can Be Late, et le moins qu’on puisse dire c’est que ça déménage. Dans la lignée des Bloc Party, à qui on les identifie souvent, Franz Ferdinand ou Arctic Monkeys, les Skip The Use surfent allègrement et avec talent sur la vague du rock électro, dansant à souhait. Depuis 2009, la bande de ch’tis nous fait danser au rythme de riffs puissants et de songwriting puisant dans de nombreux styles. Mat Bastard revendique d’ailleurs clairement leurs influences diverses et leur façon d’appréhender la musique : « On écoute beaucoup de musique. Vraiment beaucoup de musique, que ce soit de l’electro, du punk, du rock, du classique pour certains, de la musique ethnique pour d’autres. Il y a aussi ça dans le groupe. Donc on a essayé

de digérer tout ça, et vraiment, on veut faire danser les gens. » Le résultat mérite le détour, et les radios rock comme généralistes l’on bien compris. Vous aurez d’ailleurs peu de chances de passer à côté de Ghost et ses choeurs d’enfants qui trotteront dans votre tête en permanence, ou encore le single Give Me Your Life, titre ô combien efficace et survitaminé. Il ne faudra pour autant pas oublier d’écouter les autres excellents titres dont l’album est truffé, et notamment People In The Shadows, à l’atmosphère très underground et aux basses et claviers décapants en mode Justice, dédicacée aux nombreux et excellents artistes de l’underground, qui font véritablement vivre la musique, mais n’en vivent pas forcément. Au total, c’est pas moins de 14 pépites qui vous attendent (peu) sagement sur Can Be Late.


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Textes : Florent // Illustration : Diona

FIRST AID KIT THE LION’S ROAR (Saddle Creek) LE CLIP À VOIR

The lion’s rear a bien failli nous faire chialer. Ce disque est beau. N’en déplaise à certains journalistes parisiens dont le snobisme frise parfois la caricature. Il suffit parfois de peu de choses... First Aid Kit ou l’histoire de deux frangines aux allures de gamines (on se permet puisque l’une à 18 ans et l’autre 21) qui déboule de leur Suède natale pour démontrer au monde entier que leur pays sait, lui aussi, enfanter quelques jolis talents. The lion’s roar est leur deuxième album. On n’a pas écouté le premier. Si l’on en croit certains articles, The big black and the blue était assez inégal. Et que cette suite l’est également. Inégal, The lion’s roar l’est parfois, rarement. Joli par contre, incontestablement. Encore faut-il aimer le néo-folk ambiance country music. Ça peut effrayer dit comme ça...

Pour l’occasion, les demoiselles ont décidé de faire les choses bien. Décidées à faire taire les critiques qui leur reprochait de vouloir faire comme leurs homologues américains, elles ont pris l’avion et sont allées s’imprégner de l’americana. Quand on écoute leurs chansons, on pense forcément à Alela Diane, Conor Oberst et aux Fleet Foxes grâce à qui elle se sont fait connaître. Le fameux coup de la reprise... First Aid Kit récidive donc avec un album emprunt de l’American Way of Life. Guitares country, tambourins lointain, voix «nasillardes»... La panoplie complète. Mais le charme opère. Quand on vous dit que parfois il suffit de très peu de choses. The lion’s roar n’est pas prétentieux. Il est un disque fragile, délicat, à l’image de ses créatrices. Même si, pour être honnête, il possède un petit goût de déjà-vu.


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Textes : Florent // Illustration : Diona

C2C DOWN THE ROAD (E.P.) (On and On) LE CLIP À VOIR

Parfois il ne faut pas grand chose pour atteindre la perfection. Prenez C2C, collectif de turntablism, soit 4 mecs, cousins de Birdy Nam Nam, qui fabriquent en chœur des musiques originales à partir de vinyles et d’un subtil doigté. Amis et collaborateurs d’un des meilleurs groupe de hip-hop français, Hocus Pocus, et détenteurs de nombreux trophées des DMC DJ Team World Championship, C2C a déboulé lors de la période de grand froid avec Down the road, un E.P. qui a réussit à faire fondre la glace qui commençait à se former sur nos oreilles. En 5 titres originaux et 1 remix (non négligeable car excellent et réalisé par Irfane), C2C va mettre tout le monde d’accord. Pop, soul, hip-hop, blues, cet E.P. est un véritable gamin surdoué. La vraie réussite de ce mini album réside dans la diversité de ses morceaux. Il aurait pourtant été facile de tomber dans une certaine facilité. les mecs de C2C ont du talent et ils ne leur faut pas tout un album pour le prouver.

Down the road est parfait, du single éponyme en passant par Arcades qui rendra jaloux la version 1.0 des Birdy Nam Nam, Someday qui n’est pas sans rappeler les instrus soulful fabriquées pour Hocus Pocus, le funkadelic The Beat et le single baroque F.U.Y.A a tendance japonisante. Single promo étonnant car le titre est peut-être le plus difficile d’accès et le moins pop de l’E.P. Maintenant on attend avec impatience l’album. Cet E.P. nous a rendu gourmands, hâtifs d’en entendre encore plus. On se consolera en allant les voir en tournée. on vous conseille de ne pas traîner, leurs shows sont très vite sold out.


L’INTERVIEW PIRATÉE Alors, on y est enfin. C’est sûr cette fois ? La sortie de l’album ne va pas être repoussée ? Pfel : C’est vrai que ça fait trois ou quatre ans qu’on en parle, l’envie était toujours là. Mais c’était surtout une question de temps, on était pris par nos projets respectifs, Hocus Pocus pour Greem et Sylvain, Beat Torrent pour Atom et moi. Il y a enfin eu cette fenêtre de tir qui s’est présentée. En fait, c’est plutôt nous qui l’avons mise en place, et on est à fond dessus depuis un an et demi.

on s’est posé un mois et demi dans le studio de Sylvain à Nantes, chez lui, à ne faire que de la maquette. Puis on a tout mis en commun. Au final, on avait une centaine de maquettes. 20syl : Quand on a dit maquette, c’était parfois juste une boucle ou un beat : des idées de départ pour développer autre chose. On en a retenu 25 sur 100. Puis on a trié là-dedans pour obtenir entre 12 et 15 titres sur l’album. Là, on a encore une session de studio à caler pour terminer les derniers titres.

Quand l’idée de faire un album ensemble a t’elle germé ? Atom : Depuis très longtemps. Au moins depuis 2005, je dirais. 20syl : Les premières vraies sorties de C2C, c’était la série des Flyin’ Saucer, trois disques de breakbeats pour les DJ’s, qui sont sortis à partir de 2001. Mais c’était vraiment des banques de sons à scratcher, c’était limité en termes de créativité. C’est plus un outil qu’une oeuvre à part entière. Après ces choses qui étaient plus techniques, on avait envie de faire quelque chose de plus artistique.

Vous pouvez nous en dire un peu plus sur ce qu’on trouvera sur le disque ou c’est secret défense ? Atom : Il y a beaucoup de morceaux instrumentaux forcément, il y a des voix aussi. On a invité des gens... Greem : Il y a aussi des chansons. C’est varié, ça va puiser dans plein d’inspirations. World, électro, hip-hop, soul... C’est large, mais partout on reconnaît la patte C2C, qui fait un peu le lien entre tous ces morceaux. Atom : Notre concept, c’est de piocher un peu partout. La production de ce disque a suivi cette démarche. C’est satisfaisant d’avoir trouvé une entente, alors qu’on est dans des milieux musicaux différents entre les deux groupes.

Quand vous êtes-vous posés pour définir les grandes lignes de l’album ? Pfel : On a d’abord commencé par travailler individuellement. En septembre 2010,


Sylvain, tu n’as pas voulu prendre le micro ? 20syl : Non, c’était une volonté de ne pas mélanger, de faire la césure. Il n’y a rien de Hocus Pocus dans ce disque de C2C. J’ai fait quelques chœurs et gimmicks, mais c’est tout. On voulait aussi avoir un album en anglais, parce qu’on pense que c’est un projet qui peut avoir un potentiel international. On n’avait pas envie de bloquer avec des textes en français. Avec Hocus Pocus on a constaté que ça mettait des barrières. Comment vous avez travaillé ? 20syl : Ce qui fait le grain de cet album, c’est un mélange de machines et d’instruments acoustiques qu’on a joué ou qu’on a fait jouer. Chez moi, j’ai tout un parc d’instruments 70’s très marqués, et on y a collé une touche de modernité par la programmation ou par le choix de certaines basses synthétiques, etc. C’est là où se fait le croisement entre Hocus Pocus et Beat Torrent. On s’est nourris des deux, entre l’acoustique et l’électronique. Greem : C2C, c’est un esprit bidouilleur. On ne va pas jouer un air de piano tout entier, mais on va tâter quelques accords, brancher une pédale, avec un qui joue de la pédale par terre, l’autre qui fait les accords. Puis, on scratchait tout ça. En repassant ces bidouilles par les machines, on arrive à des choses super originales. Atom : On a aussi fait appel à des musiciens, je vous rassure.

20syl : La virtuosité est importante aussi, on a fait venir un joueur de kora : le mec, on avait juste envie de le laisser jouer pendant une demie-heure, parce que ça défonçait. Après, fallait choper le truc à sampler. Greem : C’est vrai qu’on a la culture du sample, on prend des petits bouts de chaque chose. on en revient toujours à la bidouille et au collage. Vous aviez en tête le live pendant la composition ? Atom : Toujours, c’est une constante chez Hocus, Beat Torrent ou C2C; ce sont des projets pour le live. Greem : On ne se limite pas non plus, mais on prend des notes pour telle ou telle partie, pour indiquer comment on la jouera en live. Pfel : En ce moment, on est en plein dans le travail de préparation du live. On veut donner autre chose que la musique du disque. On aura d’ailleurs chacun notre petit écran sous la platine, directement contrôlé par le disque. Une sorte de vidéo scratching. C’est un vrai support visuel, comme ça le public sait quel DJ joue quoi. Autant vous vous identifiez naturellement à Shadow, autant on a l’impression que vous avez pris soin de vous construire en opposition à Birdy Nam Nam. Vous êtes d’accord avec ça ? 20syl : On est partis du même point qu’eux pour aller dans des directions différentes,


selon les inspirations, les rencontres... On aurait pu faire la même chose quelque part. Ce sont certains paramètres qui ont fait la différence. Beat Torrent et Hocus Pocus sont de gros atouts pour C2C que les Birdy n’ont peut-être pas, puisqu’ils sont restés dans ce cocon électronique, dans cette musique de platinistes, comme on dit aujourd’hui. On a toujours bossé avec des musiciens, il y a cette part organique. Greem : On a aussi toujours mis en valeur le scratch, dans l’idée de le faire sonner, de l’inclure musicalement. Comment s’est passé le mixage du disque ? Greem : C’est Atom qui s’en occupe, c’est lui l’ingénieur du son. En fait, c’est le vrai mastermind du groupe alors ? Atom : Mouais... Autant quand t’enregistres un groupe basse-batterie-guitare, l’étape de mixage est super importante parce que tu vas amener une identité au son. Mais là, on a beaucoup de choses acoustiques puis on passe par le sample... La plupart de choix de sons déjà définis par la production. Un vrai beatmaker, c’est un mec qui va faire une oeuvre entière tout seul. Pour le coup, c’est du boulot de mix basique. 20syl : On a poussé assez loin la prod en collectif, et c’est vrai que le rôle d’Atom est d’affiner, de donner une lisibilité globale et un son commun.

Atom : Il y a eu beaucoup de boulot sur les prises acoustiques et sur les voix. Quand t’as des samples et des instruments acoustiques, il y a un travail à faire pour atteindre un grain uniforme. C’est un choix difficile, parce que l’ingé-son doit avoir suffisamment de recul par rapport au disque. Il y a beaucoup de musiciens électro qui mixent leurs disques eux-mêmes sans en avoir les compétences.

Interview de S. Bouaici Trax #152


MUSIQUE

Textes : DéDé

PONY PONY RUN RUN PONY PONY RUN RUN (3ème Bureau) LE CLIP À VOIR

Le groupe électro-pop favori des bègues est de retour, avec un album éponyme. En 2009, au-delà du hit Hey You, le premier album des Pony Pony Run Run avait scotché et mis d’accord tout le monde. Un renouveau de la synth-pop des années 80, passée à la moulinette de la French touch électro, c’était le bonheur pour les oreilles. Ce qui saute aux pavillons à la première écoute, c’est le soin apporté à chacun des 12 titres de l’album. Les PPRR disent s’être évertués à «trouver la bonne note au bon moment et la placer au bon endroit», on veux bien les croire. On a affaire ici à une belle rivière de perles électro dans un écrin de velours fait de mélodies entêtantes, de guitares discrètes et de basses généreuses. Mais, parce qu’il y en a bien un, et de taille, la sauce ne prend pas tout à fait. Il manque ce petit quelque chose qui fait la différence, ce je-ne-sais quoi qui va donner envie de réécouter sans fin le même album : la rémanence auditive. L’exemple le plus parlant est le premier single Just A Song. Tout y est calculé à la perfection, mais ni mélodie ni paroles ne

restent en tête... contrairement à l’hymne international Hey You du 1er album, qu’on se surprend encore, trois ans plus tard, à chantonner sous la douche ou en voiture. La relative déception ne s’arrête pas là, lorsqu’on apprend via une interview du groupe que c’est le producteur de Kanye West et Jay-Z qui s’est occupé de mixer l’album Pony Pony Run Run. Selon Antonin Pierre, le claviériste, « ce qu’il a fait comme boulot sur des disques R’n’B ou hip hop, ça nous intéressait beaucoup parce que c’est vraiment rentre dedans. » J’ai beau chercher, je ne vois toujours pas de lien ou d’impact sur les derniers titres des Angevins... Alors, le mieux est-il vraiment l’ennemi du bien ? Possible. Mais tout n’est pas perdu, et l’album est rempli de tubes en puissance comme Everywhere I Go, Far Away, Here I Am ou encore Eternally. Vivement les sorties de remix, radio edit et autres performances live pour laisser s’exprimer tout ce potentiel !


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Textes : DéDé

WE HAVE BAND TERNION (Naïve) LE CLIP À VOIR

Pour ce 2nd album, les We Have Band ont ouvertement cherché à transformer l’essai du premier album, en s’appuyant sur les recettes ayant fait le succès de leur première galette, et leur expérience issue d’une tournée mémorable de trois ans. A la base, l’exercice n’est pas facile, tant leur première production – WHB – sortie en 2010 avait déjà tout d’une grande : un mélange détonnant de styles musicaux empruntant à la fois au rock, à l’électro, à la pop ou encore au funk, soutenu par une pléthore de sonorités. Ce n’est pas peu dire que WHB nous avait laissés en transe, que ce soit sur album ou en live... le seul à se plaindre de leur énergie sur scène serait peut-être Valou, dont les oreilles sensibles mais ô combien fragiles se souviennent encore d’un concert pour le moins tonitruant. Le concept du « on prend les mêmes et on recommence » est alléchant, si l’effort est suffisamment dosé. Ce qui est loin d’être le cas ici. Les We Have Band ont soigneusement pris le temps d’écrire chaque piste, dixit Tomas à la guitare : « Souvent il y a une

idée de départ que l’on met sur l’ordi, une boucle par exemple. Et puis on peut passer jusqu’à des heures dessus, jusqu’à ce que l’un de nous ait une idée à mettre dessus. » Le résultat est assez déroutant, déstabilisant par rapport à WHB, à l’image du titre What’s min, what’s yours. Les trois anglais ont voulu travailler beaucoup plus sur les textes, mais au détriment des sonorités et rythmes qui ont fait leur succès. Après une escale sur les rives de Rivers of blood, qui renoue complètement avec l’esprit du premier album, seul Steel in the groove laisse un bon souvenir de la traversée de ce Ternion : bla bla bla, excellente surprise, ça sent bon le etc …. La recherche de la perfection des We Have Band serait-elle nuisible à leur succès ? Ce nouvel album Ternion semble paradoxalement plus expérimental et moins accessible que le précédent. A vous de vous faire votre idée ! Néanmoins, les bases sont là et l’envie des trois compères se perçoit toujours, il ne me reste plus qu’à attendre patiemment leur prochain opus.


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Textes : Florent

YOUSSOUPHA NOIR D**** (Bomaye Musik) LE CLIP À VOIR

Jusqu’à aujourd’hui, on comptait sur les doigts d’une seule main, les hip-hopeurs français qui valaient le détour. Oxmo, Hocus Pocus… Sefyu et Booba, à la limite. Pour le côté too much assumé. Le dernier bon album écouté (hormis ceux des artistes précédemment cités) doit être L’école du micro d’argent (IAM) ou Suprême (NTM). Aujourd’hui, le rap français se défoule sur de la grosse daubasse électro, fout des tees moulants, D&G affiché en brillant argenté, et se tape une crête Vivel Dop. Grande classe… Et on est tombé sur l’album de Youssoupha. Artiste de rap français. Pas gagné. La cover a de la gueule. Et on croit se souvenir qu’il est celui qui filait un billet à celui qui faisait taire Eric Zemmour. Une polémique, une plainte déposée pour menace de mort (Eric Zemmour ou le concept de demie mesure), une défaite en justice… Donc du bon et du mauvais. Noir D**** pour Noir Désir. Un hommage au groupe de rock français engagé. Et parce que cet album parle d’amour et que Youssoupha est africain. La force de

cet album réside de son mélange culturel. Gros son hip-hop, mélodies traditionnelles africaines, électro (mais du dubstep), Youssoupha a créé un album riche. Qu’il a mis du temps a réalisé. Après avoir passé du temps chez les majors, il a décidé de fabriquer son bébé en indépendant. Un challenge réussi. Noir D**** ne se noie pas dans le son mainstream. Niveau lyrics, Youssoupha a le flow acerbe. La France, l’identité nationale, le rap français, les meufs, les origines, la paternité… Des thèmes assez basiques pour un artiste de rap français. Mais écrits et rappés avec justesse. Normal pour cet ancien étudiant qui obtenu un joli 18 à l’oral du bac français (la meilleure note de l’Académie de Versailles). Pour finir, on s’est fait choper par un album qu’on aurait pu très bien zapper sans remords. Noir D**** n’est pourtant pas parfait surtout quand on entend le featuring avec Corneille (faute professionnelle). Mais c’est une belle surprise. Et on aime bien les surprises.


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Textes : Florent

GONJASUFI MU.ZZ.LE (Warp Records Limited) LE CLIP À VOIR

On aurait vraiment aimé dire du bien de Mu.Zz.Le, nouvelle oeuvre abstraite de Gonjasufi. Après avoir surpris tout le monde avec A Sufi and a killer, premier album à l’atmosphère pesante, l’artiste américain récidive et poursuit sa quête musicale et mystique. Gonjasufi est un Artiste. Loin du mainstream ambiant, sa musique est le résultat d’une véritable recherche et surtout d’un véritable travail sur les sonorités. Vous ne trouverez pas de véritable mélodie dans ses compositions. Sa musique s’apparente plus une oeuvre transcendantale, abstraite, qui suit un cheminement que seul son créateur arrive à suivre. Et c’est bien là le problème. A en vouloir en faire trop, Gonjasufi nous paume. Et on a oublié nos petits cailloux pour retrouver le chemin de la maison. Mu.Zz.Le est à l’image de ces tableaux abstraits dont on arrive pas à saisir le sens. Et pourtant on a multiplié les écoutes. En espérant se faire une idée concrète. En vain.

On a bouquiné également. Cherchant dans des interviews, des articles... Mais le constat est simple : soit tu aimes, soit tu détestes. Et le choix se fera assez vite. Mu.Zz.Le se résume à 10 morceaux et une trentaine de minutes d’écoute. Au moins on ne perd pas trop notre temps. Et ce nouvel opus pourrait très bien être le bonus track du premier album. Car autant le premier album, tout aussi étrange soitil, nous avait agréablement surpris, son petit frère nous ennuie. Sorte d’ersatz un peu chiant. Album radical en tous points. De par son parti pris artistique que par le jugement que vous en aurez.


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Textes : Florent // Illustration : Erica Crossfield

LEONARD COHEN OLD IDEAS (Sony) LE CLIP À VOIR

Sur la pochette de son album, Leonard Cohen bronze au soleil. Avec son habituel costume noir, lunettes et chapeau, le padre semble sortir du déjeuner dominical en famille. Serein, apaisé, l’homme semble profiter de la vie. L’artiste aussi. A 77 ans, et avec un nouvel album brillant, que pourrait-il bien arriver à cet homme ? Une carrière qui se respecte que l’on aime ou pas l’artiste. Un songwriting fabuleux. Toujours présent sur Old ideas. Un album qui commence avec une phrase « I love to speak with Leonard/He’s a sportman and a shepherd/He’s a lazy bastard/Living in a suit » (« J’aime discuter avec Leonard/ C’est un athlète et un pâtre/C’est une grosse feignasse/Qui vit en costume ») L’homme a toujours le sens de l’humour et du recul sur sa carrière. Old ideas se compose de 10 chansons. De 10 textes, presque récités, d’une voix grave, lourde, sensuelle, que l’on écoute avec attention. L’ambiance est douce, teintée de nostalgie, de regrets... Leonard Cohen nous emmène en ballade.

Une de nos premières ballades à ses côtés car il faut bien avouer que c’est l’un des premiers albums de l’artiste que nous écoutons avec intention. Et un certain plaisir. Excès de jeunesse, maturité tardive, notre connaissance de son oeuvre était plutôt limité. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Old ideas avec son petit gôut de blues, de folk, pimenté de cordes, de banjo, d’orgue est un album magnifique, dosé à la perfection. Une délicieuse recette musicale que beaucoup d’artistes seraient envieux de connaître. Mais le canadien n’est pas prêt de la léguer. Old ideas n’est pas un album testament. Ni le dernier apparemment. Le « poète » serait déjà en train de travailler sur de nouvelles chansons. Leonard Cohen continue son petit bonhomme de chemin, en solitaire... Comme un véritable poor lonesome cowboy.


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Textes : DéDé // Illustration : Arthymus

RODRIGO Y GABRIELA AREA 52 (Rubyworks Records) LE CLIP À VOIR

Le couple le plus célèbre du flamencorock revient sur le devant de la scène, avec un album de reprises d’eux-mêmes... mais à la sauce salsa s’il vous plaît ! C’est l’occasion rêvée de parler de ce phénomène latino, qui n’avait jusqu’à présent pas eu l’occasion d’être à l’honneur dans i said a hip... Les deux mexicains se sont notamment fait connaître en 2006 avec un album sobrement intitulé Rodrigo y Gabriela, dans lequel des compositions magistrales telles que Tamacun et Diablo Rojo cohabitaient avec des reprises innovantes et parfaites de titres de leurs idoles Metallica ou encore Led Zeppelin. Qu’on aime le métal ou non, qu’on aime le flamenco ou non, Rod y Gab mettent tout le monde d’accord, avec leur style de jeu unique : pas de chanteur ni de batterie, deux virtuoses de la guitare suffisent. Rodrigo s’affaire aux mélodies guitare et voix tandis que Gabriela se charge simultanément de la guitare rythmique, de la voix de basse et des percus. Du grand art !

En 2010 et 2011, la consécration arrive par le biais de contribution aux B.O. du dernier Pirate des Caraïbes et du Chat Potté, ainsi que via un concert devant les présidents américain et mexicain à la Maison Blanche. Ce nouvel album Area 52 nous emmène donc en voyage à Cuba, pour nous faire découvrir les artistes encore méconnus mais bourrés de talent de la nouvelle génération. Ici, la batterie discute avec les cuivres chaleureux autour d’un bon mojito, accompagnés par un piano bluesy à souhait, et répondent en choeur ou à tour de rôle aux tirades éclectiques et électrisantes de ces deux dieux de la corde nylon. Area 52, en un mot : jubilatoire. A découvrir absolument !


MUSIQUE

MUSIQUE

Textes : Florent

Textes : Florent

JAZZANOVA // Upside Down (Sonar Kollektiv)

SOL // Yours truly (Sol)

La crème des titres de Jazzanova revue et corrigée par la crème des remixeurs.

Du hip-hop sympathique sans grande originalité.

OF MONTREAL // Paralytic stalks (Polyvinyl Records)

CARAVAN PALACE // Panic (Wagram Music)

On a jamais accroché à la musique d’Of Montreal. C’est pas avec cet album que ça va commencer...

Ca swingue, ça pulse, ça claque... Du Caravan Palace. Pas plus, mais pas moins.

ENTER SHIKARI // A flash flood of colour (Enter Shikari LTD)

MILAGRES // Glowing mouth (Memphis Indutries)

De la musique pour ado. On a dépassé la date de péremption.

Des américains ont retrouvé la talent mélodique que Coldplay a perdu depuis quelques albums

JULIEN DYNE // Glympse (BBE)

MARY J. BLIGE // My life II... The journey continues (Act.1) (Geffen Records)

De l’abstract hip-hop par un garçon qui nous était inconnu. Une belle surprise.

Sans se laisser happer par la soupe electro-street à la mode outre-atlantique, Mary J. Blige ne lâche pas sa couronne de diva.

LE PEUPLE DE L’HERBE // A matter of time (Discograph)

DIE ANTWOORD // Ten$ion (ZEF Records)

Le peuple de l’herbe revient avec un album qui se cherche encore. La formation ne semble plus évoluer.

Le freak show sud-africain est de retour en ville. Toujours aussi dingue.


CHAIRLIFT // Something (Kanine Records)

SPEECH DEBELLE // Freedom of speech (Big Dada)

Deuxième album, deuxième réussite. Chairlift crée de bien belles mélodies synth-pop à la sauce 80’s.

La « petite soeur » de Mike Skinner (The Streets) assure la relève du hip-hop britannique. Si la demoiselle est discrète, son flow ne passera pas inaperçu.

1995 // La suite (Undoubleneufcinq)

THE TING TINGS // Sounds From Nowheresville (Sony)

La Capitale sait faire du rap. 1995 le prouve. Un deuxième EP en attendant un album. Une suite de qualité.

La pô compris... c’est bien le même duo à l’origine de That’s Not My Name ?

KLUB DES LOOSERS // La fin de l’espèce (Les disques du manoir)

REVOLVER // Let go (EMI)

Vous ne verrez jamais Klub des loosers sur la scène des Victoires. Et pourtant, il le mérite. Nouvel album et des lyrics toujours aussi bien ciselés. Ça taille sec.

Du gros calibre pour ce tout nouvel album, aux munitions musicales détonantes.

SLEIGH BELLS // Reign of terror (Mom + Pop)

YOUNG EMPIRES // Wake All My Youth (EP) (HOYE Inc.)

Un album qui porte bien son nom. Trop de bruit pour rien.

La pô compris... c’est bien le même duo à l’origine de That’s Not My Name ?

BERNHOFT// Solidarity breaks (Kikitépe Cassette)

THE CAST OF CHEERS // Family (EP) (School Boy Error)

Un single efficace (Cmon talk). Le reste de l’album manque d’originalité.

Quand le folk de The Foals et Local Natives rencontre l’électro... magique ! Une nouvelle sensation Kitsuné à suivre de près cette année.


OLDSCHOOL

Textes : Rock Defender // Illustration : Original Vagabonds

FLEETWOOD MAC rumours Fondé sur leurs racines anglaises, la première version 70 de Fleetwood Mac avait explosé en 1972. Mais John Mc Vie (bass) et Mik Fleetwood (drums), lachés par Peter Green (encore un surdoué de la guitare …créateur de Black Magic Woman… repris par Santana), décidèrent de rester sur le pont. Une mer agitée, c’est tout ce que semblaient aimer nos 2 lascars qui repartirent à l’abordage du son pop rock et enrôlèrent des moussaillons(nes) particulièrement habiles à tenir le cap…. Christine Mc Vie (keyboards) , tiens !! Encore une Mc Vie, Stevie Nicks (voice) et Lindsay Buckingam (guitar et chant) symbolisent les voix rauques et rock du groupe Fleetwood Mc. La traversée vers le nouveau continent américain dure 2 ans. 2 années de croisières plus ou moins chahutées avant de se fixer aux States à L.A en 1975.

Alors qu’en France la majorité a été votée à 18 ans en 1974, 3 ans plus tard, notre équipage atteindra la sienne grâce au succès planétaire de son vaisseau amiral Rumours. Un petit bijou de sons acoustiques et électriques qui grâce à un équilibre, une parité boys and girls vient lancer le groupe où la rockeuse a sa vraie place. Les 4 titres symboles de l’album vous prennent comme une vague puissante de liberté et vous lèvent de votre chaise. Stand up Rock is alive !!

LA FOURNÉE DE CLIPS Dreams Don’t stop Go your own way You make loving fun


GLORY BOX Nico Prat, dénicheur de talents sur Le Mouv’, a laché son micro pour venir nous présenter les jolis groupes frenchies de demain.... Petit tour d’horizon en 3 noms d’une scène française émergeante !


GLORY BOX

GLORY BOX

Textes : Nico Prat

Textes : Nico Prat

BENGALE

SUPERPOZE

Bengale. Le tigre ? Les feux ? Non, un jeune groupe bordelais. Un groupe pop. Vraiment. Pour

Même pas 20 ans, et déjà un talent particulièrement éblouissant. Il s’appelle Gabriel, vient de

l’instant, seulement deux titres sur Internet. On attend déjà beaucoup plus d’eux.

Caen, et se produit sous le nom de Superpoze. Un nom passe-partout, un peu. Mais un nom à rete-

Bengale, c’est une histoire de potes. Et de romantisme, de séduction. Mickael, chanteur : « On trouve

nir. Biberonné au rap et à l’electro, le bonhomme décide un jour de se lancer dans le grand bain. Fini

qu’il n’y a jamais assez de filles sur scène. Donc on voulait vraiment qu’il y en ait dans ce groupe ».

les groupes, ce sera l’escapade en solitaire. Après quelques temps à se chercher, à enregistrer une

Cerise sur le gâteau, elles sont plus que mignonnes.

poignée de demos pourries, il décide de se consacrer à ses machines, et de laisser tomber le hip hop

Et les voix de s’entremêler. Et de ne pas choisir entre le français et l’anglais. Autant fan de Sinatra, Adam Green et Baxter Dury que de Souchon, Daho et Christophe, la troupe opte pour le mélange

(en tout cas son chant) pour le sampling. Le résultat : un album gratuit, mis à disposition sur sa page Soundcloud, et un remix de Kim Novak particulièrement remarqué (et remarquable).

des langues, et des genres, ne s’interdisant pas, s’ils le sentent, une interlude aux accents funk en

Au moment où ces lignes sont écrites, Gabriel tourne, un peu. S’amuse à tenter des remixes impro-

milieu de chanson. Et ça fonctionne, à merveille. On pense aux Bewitched Hands, un peu. Enre-

bables, sample ce qu’il aime, sans se poser plus de questions. En 2012, il devrait y avoir un nouvel

gistrés à la maison, Ocean Sun et Le Dernier Tramway témoignent d’un véritable amour pour la

EP. On ne sera pas très loin. En attendant, on se réécoute Cowboys. En boucle.

mélodie. Et dieu sait qu’ils sont de plus en plus rares à prendre la peine d’écrire de vrais refrains. « On cherche à être profondément contemporain, un groupe de notre époque. On veut composer une pop réellement élégante ». Ils sont nombreux à chercher la recette de la chanson parfaite. Et à courir après un semblant de classe. Les membres de Bengale en ont fait leur Graal. On leur souhaite bonne chance. On les sent plutôt bien partis. LE SON À ÉCOUTER

LE SON À ÉCOUTER


GLORY BOX

Textes : Nico Prat

REVIVAL KENSUKE Revival Kensuke, c’est l’histoire d’un malentendu. Celui d’Hugo et d’Adrien, deux frères. L’un des deux (je ne sais plus lequel), crois se souvenir d’un personnage de manga portant le nom de Kensuke. Raté. Mais un nom est né, et avec lui, une certaine idée du rock. Quelque chose d’étalé dans le temps, des chansons de plus de sept minutes. Sans paroles. Une exploration instrumentale totalement délirante, où plusieurs morceaux se superposent, pour donner le tournis. Influence première des frérots ? Leur père. Ancien roadie, il les a biberonné à Queen, à Frank Zappa, à Police, et aux anecdotes qui vont avec la vie sur la route aux côtés des grands dingues suscités. Puis, il y eut le doute. Un groupe instrumental, vraiment ? En France, ce n’est pas la norme, loin de là. Le pari est risqué, mais l’idée est tellement belle. Il y aura tout de même quelques tentatives de chant, pour finalement « sonner comme du mauvais Incubus ». Et le premier concert. Hugo : « Quand tu montes sur scène pour faire les balances et que tu dis à l’ingénieur du son qu’il n’y a pas de chant, le mec te regarde un peu bizarrement, il se demande si tu blagues ». Un premier concert, et si le groupe s’ennuie. Ils viennent de sortir leur album, Tiger Majorettes. Tout va bien. LE SON À ÉCOUTER

©Arnaud Pagès

la volonté de s’arrêter là si la sauce ne prend pas, si les gens ne comprennent pas, ou tout simplement


THE GODFATHER : ARNAUD PAGÈS

Textes : Florent / Illustrations : Arnaud Pagès

©Arnaud Pagès

ARNAUD PAGES Salut Arnaud, on commence par les présentations... Je m’appelle Arnaud Pagès. Je suis peintre et graphic designer.

teur de BD. Mais pas pour faire de la BD classique. J’étais attiré par l’aspect vraiment artistique de la BD, des dessinateurs comme Moebius, Druillet, Bilal…

Tu as dit «Je pense qu’on ne devient pas peintre, on naît avec ça...», tu exerces donc ton métier depuis 38 ans ? Tu vas bientôt pouvoir être à la retraite... En effet j’ai dit ça et je le pense profondément. A un moment de ta vie, tu sais que c’est la peinture ou le dessin et pas autre chose. C’est forcément ça et tout ce que tu tentes à côté te ramène toujours à ça. On peut dire que c’est une vocation, bien plus qu’un métier. Après pour réussir à en vivre et justement à ne pas faire autre chose à côté, c’est là ou ça prend du temps. Maintenant pour les peintres, on ne peut pas vraiment parler de retraite dans le sens ou plus tu vieillis, plus tu maîtrises ton art. Donc ce que tu vas faire vers la fin de ta vie va forcément être beaucoup plus intéressant que ce que tu faisais au début. Du coup tu n’as pas du tout envie de t’arrêter. La pire chose qui pourrait m’arriver ce serait justement de me retrouver un jour à la retraite.

La découverte de la Figuration Libre et le graff a été un élément déclencheur pour la suite de ta carrière... C’est par la Figuration Libre que je suis venu à la peinture. C’est le premier mouvement pictural qui m’a touché et auquel je me suis identifié. C’était au moment précis ou je me suis dit que la BD ça n’était pas mon truc. Et plus généralement, c’est l’image en elle même qui m’attirait. Donc peinture mais au final mon travail se décline sur pas mal d’autres supports que des toiles, des tee-shirts, des objets, des illustrations pour des magazines. Donc je ne suis pas peintre à 100%, je suis aussi graphic designer.

Ton parcours à commencer par la BD dans les années 80... Oui au tout début je voulais être dessina-

« la pire chose qui pourrait m’arriver ce serait justement de me retrouver un jour à la retraite »


THE GODFATHER : ARNAUD PAGÈS

Textes : Florent / Illustrations : Arnaud Pagès

Tu peux nous expliquer ce qu’est La Figuration Libre ? C’est un mouvement pictural qui est né à la suite du pop-art et qui utilise des codes propres à la BD, au graphisme, au graffiti, à l’iconographie rock… Donc une peinture très moderne et très graphique !

D’ailleurs comment définirais-tu ton travail ? C’est une question un peu compliquée. Disons que j’ai un pied dans le street-art et un autre dans le pop-art. Pour ma part, j’aime pas trop les catégories même si elles sont souvent nécessaires.

Comment passe-t-on de la BD à la peinture ? Raconter des histoires m’ennuyait profondément. Et le récit en BD c’est un truc que tu ne peux pas zapper. C’était le côté graphique qui m’intéressait, après les cases, les bulles c’était vraiment pas mon truc. Et puis j’ai découvert des peintres qui à leur manière avaient une grande proximité graphique avec les dessinateurs de BD, Andy Warhol, Keith Haring, Roy Lichtenstein, Ero, Robert Combas, Hervé Di Rosa. Mon choix était fait.

Ton style a pas mal évolué durant ces 20 dernières années. Un déclic ? Non, c’est davantage une évolution naturelle. Mais aussi une découverte. Celle de Photoshop. Je faisais beaucoup d’illustrations pour la presse, et généralement tu as très peu de temps pour travailler. Les mecs t’appellent un jeudi et ils te disent qu’il leur faut un dessin pour le vendredi. Et il y avait Photoshop, qui permettait d’aller très vite pour la colorisation. Donc j’ai commencé à m’en servir.

Finalement, ton travail est encore beaucoup influencé par la BD... Par la BD en effet mais aussi par pleins d’autres choses. Le graphisme, le graffiti, la peinture contemporaine, le design, la musique, le cinéma... Tes influences du

Comme c’était un outil tout à fait différent de ceux que j’utilisais avant, c’était de fait une expérience vraiment neuve pour moi et qui ouvrait pleins de possibilités que tu n’as pas quand tu te sers de crayons ou de pinceaux.

©Arnaud Pagès

« j’ai un pied dans le street-art et un autre dans le pop-art »

début, elles t’accompagnent jusqu’à la fin. Elles continuent à irriguer ton travail. La différence, c’est que quand tu as réellement trouvé ton style, que ton travail est reconnaissable au premier coup d’œil, ces influences deviennent moins perceptibles mais au final elles sont toujours là, logées dans ton inconscient.


©Arnaud Pagès

©Arnaud Pagès


THE GODFATHER : ARNAUD PAGÈS

Textes : Florent / Illustrations : Arnaud Pagès

Comment bosses-tu ? Un peu toujours de la même manière. Une fois que j’ai un sujet, par exemple pour une collab, je commence par me documenter. Comme je fais beaucoup de portraits, je travaille souvent d’après photos. Ensuite je fais mon dessin, généralement au feutre, puis je le scanne. Passé cette première étape, arrive la plus grosse part du boulot. Je fais vraiment tout le reste sous Photoshop. Depuis quelques temps, quand je fais une expo, je repeins sur mes tirages numériques. Mais quand c’est pour un tee-shirt, tout se fait vraiment à 100% avec Photoshop. Est-ce qu’il y a des artistes contemporains qui t’ont influencé ? De quelle manière ? Comme je le disais un peu avant, il y a des artistes qui m’ont donné envie de faire des images. D’abord des dessinateurs de BD puis des peintres. C’est clair que dans ma manière de peindre avant ma découverte de Photoshop, Keith Haring m’a grandement influencé. Tu mets ton talent au service de marques de fringues (Arteest, Hardcore Session, Eclosion, Kulte) et de la presse (So Foot, Tsugi...). Quels ont été tes meilleures collab ?

Pour être franc, je crois que je les aime toutes ! Elles représentent chacune une période de mon parcours, des projets spécifiques et hyper intéressants, des rencontres avec des gens… Après c’est dur de dire laquelle est la meilleure. Certaines ont eu plus de succès que d’autres, mais globalement je me refuse à faire un classement. Tu partages ton talent entre HongKong et Paris. Quelles sont les différences entre les deux pays ? Elles sont très grandes ! Quant on va à Hong Kong on comprend pourquoi les choses vont si mal en France. Là bas il y a une énergie et un optimisme incroyable !! Une ambition et une confiance en l’avenir démesurées ! Pas du tout comme ici. Hong Kong et Paris sont deux mondes totalement opposés. Aujourd’hui on parle beaucoup de Street Art. Tilt, que nous avons rencontré il y a un an, déteste cette «appellation»... un terme inventé pour séduire la hype qui avait une mauvais image du graff ? Non le street art et le graff sont deux choses différentes. On parle aussi de postgraffiti pour le street-art, personnellement je préfère ce terme. A un moment donné, quand un mouvement apparaît il faut bien lui donner un nom. C’est plus commode pour tout le monde, y compris pour les artistes. Moi non plus je n’aime pas ce nom. Street Art au final ça ne veut pas

©Arnaud Pagès

Et forcément ce n’est pas neutre. Ta façon de travailler change, ta façon d’aborder la couleur change… Et au final ton travail évolue.


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Textes : Florent / Illustrations : Arnaud Pagès

« c’était difficile pour les grands musées d’ignorer un mouvement artistique aussi influent »

©Arnaud Pagès

dire grand chose et puis surtout ça ne traduit pas l’incroyable diversité de ce mouvement. Après on ne peut pas dire que le graff ait jamais eu une mauvaise image, au contraire il était indissociable du mouvement hip-hop qui lui même a paradoxalement très vite été indissociable de ce qu’on appelle la hype. Ce qui a fait le succès du hip-hop, du graff et du street art c’est que justement c’était devenu hype. Par contre à un moment donné, parce que le graff était de plus en plus médiatisé, il a commencé à faire son entrée dans le « circuit officiel », c’est à dire les galeries, les musées, les cercles de collectionneurs… Ça a créé une émulation et donné des idées à des artistes qui n’étaient pas des graffeurs mais qui avaient envie de s’exprimer dans la rue. Après tout, les murs d’une ville sont un peu comme de gigantesques toiles. Et toutes les expérimentations artistiques y sont possibles. Les choses ont commencé comme ça.

Après il y a un second phénomène, qui tient à l’aspect répressif mis en place par la législation en matière de tag et de graff. Quand tu te faisais choper tu écopais d’une grosse amende, et les mecs te disaient que si tu recommençais ils allaient répertorier tous les tags que tu avais fait depuis 10 ans et te présenter la note. Du coup pas mal d’artistes ont arrêté d’écrire leurs noms, et ont inventé de nouvelles façons de s’exprimer dans la rue. C’est le cas d’André par exemple. Donc le mouvement graff a enfanté le postgraffiti. C’est à dire le street-art. Mais les deux mouvements sont très différents, si l’un est hyper codifié, l’autre offre une liberté d’expression totale. Donc ne pas confondre graff et street-art. Le street-art sort de la rue et s’installe dans les grands musées internationaux mais fait également le bonheur des marques de luxe... Une collaboration étonnante ou enrichissante ? Une évolution somme toute assez logique. C’était difficile pour les grands musées d’ignorer un mouvement artistique aussi influent, et d’autant plus depuis que certains street-artistes ont vu leur cote et leurs prix exploser et sont représentés par de grosses galeries internationales. De plus, il n’y a plus, et ce depuis les années 80, de mouvement artistique d’envergure. Du coup c’était assez inévitable que


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Textes : Florent / Illustrations : Arnaud Pagès

les musées finissent par s’y intéresser. Quant aux marques de luxe, c’est pour elles un bon moyen de toucher de nouveaux consommateurs. Les gamins qui kiffaient le graff dans les années 80 sont devenus en vieillissant des consommateurs à fort pouvoir d’achat, qui bossent dans la pub, à la télé, dans des magazines… Et ces consommateurs argentés sont de plus généralement influents, c’est eux qui façonnent les modes, qui disent quelle marque est dans la tendance et quelle marque n’y est pas. Donc pour les marques de luxe c’était important de prouver qu’elles pouvaient elles aussi être hype. Si il y a des gens pour acheter des sneakers Dior à 500 euros minimum, pourquoi ne pas leur vendre en sachant qu’en terme d’image ce sera super positif… Quels sont tes principaux projets pour 2012 ? Il y en a déjà trois qui sortent : d’abord ma collaboration avec 123klan. On a fait un print en édition limitée disponible exclusivement chez Sergeant Paper. Ensuite la suite de ma collaboration avec Kulte et Abdel Alaoui, on sort deux nouveaux teeshirts de notre projet Les 4 Saisons. Donc le principe c’est qu’Abdel concocte une recette de cuisine que j’illustre à travers un portrait qui reprend les ingrédients de la recette. Et pour finir je sors mon premier fauteuil avec Atelier Jeux de Lin. C’est le

Yéti Project. On sort un fauteuil Louis XV en édition limitée, avec que des matériaux super nobles et super luxes, et j’ai donc fait un dessin de Yéti sérigraphié sur le fauteuil. Toi qui expose un peu partout, tu n’aurais pas envie d’ouvrir un lieu pour programmer des artistes ? C’est bien sur tentant, mais ce serait forcément beaucoup de travail d’ouvrir un tel lieu. Et beaucoup de temps et d’énergie. Je préfère me consacrer entièrement à ce que je fais déjà. Après on ne sait pas de quoi est fait l’avenir et si on me proposait un projet vraiment intéressant, je prendrais au moins le temps d’y réfléchir. Tu fais partie de L’E.T.A.T., tu peux nous en dire plus ? L’E.T.A.T. est mort, vive l’E.T.A.T. C’est tout le problème des projets collectifs et surtout quand ces projets réunissent un grand nombre d’artistes très différents. C’est que ça devient tout de suite très difficile à mettre en place, très difficile de se mettre d’accord sur telle ou telle question, très difficile de faire travailler tout le monde en même temps. Donc ce beau projet n’a pas vu le jour et je ne pense pas qu’il y aura dans un avenir proche ou lointain une exposition du collectif E.T.A.T. Pour finir, notre questionnaire musical... Dernier album acheté... C’est pas bien ce que je vais dire mais je

Textes : Florent / Illustrations : Arnaud Pagès

n’achète plus d’albums depuis longtemps. Je passe par internet quand j’ai envie d’écouter de la musique. Premier album acheté... Fear of a black planet // Public Enemy. Dernière découverte musicale... This is happening // LCD Soundsystem. Juste trop bon. Une chanson que tu as écouté aujourd’hui... So watcha want // Beastie Boys. La chanson qui ne prend pas une ride... Blue Monday // New Order. L’album qui t’accompagnera toute ta vie... Blue lines // Massive Attack. Une chanson pour ton mariage... I was made for loving you //Kiss Une chanson pour ton enterrement... Riding on the storm // The Doors Une chanson pour draguer... Je suis ultra casé et pour tout dire ultra marié. L’artiste/le groupe qui n’aurait jamais du se séparer... Rage Against The Machine L’artiste/le groupe qui n’aurait jamais du voir le jour... Justin Bieber

La chanson que tu n’oseras jamais avouer écouter... C’est une information que je ne délivrerai qu’en présence de mon avocat. La pochette de l’album que tu aurais aimé réaliser License to ill // Beastie Boys.


©Arnaud Pagès

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Textes : Florent

UGLY MELY UGLYMELY.COM

UglyMely, c’est qui ? Uglymely c’est une jeune fille de 25 ans originaire de province qui a débarqué à Paris il y a 5. Qui a été bercée par la culture hip-hop et notamment la New Jack Ugly Mely, pourquoi ça s’appelle comme ça ? Alors là, une vraie histoire à la Ugly Betty. Lors d’un entretien de stage pour entrer chez Vuitton, la standardiste s’est permise de regarder de la tête aux pieds et de me demander si je ne mettais pas tromper d’endroit ! (pour info j’ai été accepté en stage et elle a été virée pour une autre raison) UglyMely, ça existe depuis quand ? Depuis 2009 le blog est ouvert mais j’y partageais plus mes photos de vacances, c’est en 2010 où j’ai eu envie d’en faire un blog moins personnel mais en gardant cette idée de news coup de coeur et de poster tous les jours une expo, un resto, une soirée ou encore une news sneakers. UglyMely, ça parle de quoi ? C’est un daily news centré sur le street art mais aussi sur les sneakers essentiellement pour filles ! UglyMely et les Daily Kicks ? C’est une rubrique importante sur le blog.

La plus likée sur facebook du moins ! J’y poste toutes les semaines la paire coup de coeur que j’ai posté durant la semaine, je l’accompagne souvent de celle porté par mon chéri. On essaie d’être cohérent, même modèle mais coloris différent par exemple. Cette rubrique est importante pour moi car je suis sneakers addict depuis 1994 et c’est l’essence même de ma passion sur la culture street. UglyMely et la vraie vie ? Je suis chef de projet en agence média, je fais du community management en gérant des pages facebook de marques mais aussi des opérations blogueurs pour des campagnes marques. UglyMely et les amis ? Les amis se font et se défont mais il y a ceux qui n’ont pas arrêter de croire en toi et qui te soutiennent jusqu’au bout...Comme ma soeur et notamment mon chéri qui est mon plus grand supporter et du coup je lui rend l’appareil, je le soutiens dans sa nouvelle aventure : www.thegoodolddayz.fr ! Go ! UglyMely et les collab ? Alors les collab je reste toujours surprises quand on m’en propose et je suis toujours ravie aussi ! Avec le social club, on m’a proposé il y a un an de faire une soirée en laissant mes


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Textes : Florent potes mixer un soir et on m’a demandé quel artiste j’aimais. Du coup ONRA a été une évidence depuis on a refait une deuxième soirée avec lui et c’était toujours aussi top ! UglyMely et les futurs projets ? Peut-être une basket avec une grande marque mais j’en dis pas plus :) Je suis obligée de garder le secret :) UglyMely, dernier album acheté ? Oulà ! le dernier acheté je crois que cela doit être celui d’Expression Direkt donc imagine mais en digitale j’ai acheté celui d’Adèle, je suis assez fan de sa voix! UglyMely et son dernier coup de coeur ? Stalley ! En live aussi c’est parfait ! j’adore son flow, son style (sa maille ? haha). Il a l’air de ne pas se prendre la tête, juste de kiffer et

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cela se ressent dans sa musique UglyMely, dernier et prochain concert ? Dernier concert du magique D’Angelo à la Vilette c’était terrible, il a gardé cette voix de dingue! Et il m’a donné la chaire de poule sur certains morceaux! Le prochain? Peut-être Raphael Saadiq que je n’ai pas encore eu l’occasion de voir en live mais je suis fan surtout de son époque Tony Toni Toné. UglyMely, et un boulet musical ? Un boulet musical Je sais pas du tout UglyMely et un secret musical bien gardé ? J’ai été toujours fan des Shaddes. Un peu à la TLC, et plus soft que du Salt’n’Pepa. J’aime cette époque R’n’B


Jordan IV Military (2006)

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Air Jordan III Black Cement

Air Jordan IV « For the love of the game »


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EXPOSITION // Tim Burton @ Cinémathèque Française Textes : Florent // Illustration : emjie

TIM BURTON L’événement autour de Tim Burton à la Cinémathèque Française est non seulement l’occasion jubilatoire de revoir tous ses films (dont ses courts-métrages les plus confidentiels), mais aussi, grâce à l’exposition majeure conçue par le MoMA à New York en 2009, de découvrir ses talents de dessinateur, peintre, vidéaste, photographe, inventeur de sculptures bigarrées et stupéfiantes. L’exposition montre des œuvres originales, mélanges assumés de pop, de gothique et de surréalisme - hybridation artistique revendiquée par l’artiste qui se plaît à mixer et subvertir les genres. Certaines datent de sa jeunesse et sont de pures rêveries visuelles imaginées pour des projets demeurés à l’état d’ébauche : « J’étais en train de faire un croquis, et, tout à coup, je me suis dit : peu importe que je sache dessiner ou pas, l’important c’est que j’aime ça. Dès lors, je me suis fichu de savoir si je pouvais reproduire ou pas une forme humaine, ou si les gens aimaient ou pas mes dessins ». D’autres au contraire sont de récents prototypes de travail. Né en 1958, Tim Burton fait partie de ces cinéastes qui ont toujours gardé un lien avec leur enfance et ont su faire de ce lien le levier magique pour créer un monde avec lequel le public se sent immédiatement en connivence. Un univers cinématographique excentrique, qui met en péril les principes

d’une mise en scène conceptuelle, pour aller au contraire vers un travail de l’image où l’émotion prime. Burton le dit lui-même quand il évoque la préparation de ses films : le dessin plus que le storyboard. « Plus je réalise de films, moins ils sont storyboardés. Je fais des petits croquis désormais ». Une croyance dans ce geste spontané. Tim Burton est certainement le dernier grand artisan d’Hollywood. Ce n’est pas un hasard s’il réalisa en 1994 un film sur Ed Wood, roi du cinéma bis américain, qui fut dans les années 50 une sorte d’alter-ego prémonitoire. Les deux hommes ont en commun d’avoir fait de la liberté la pierre angulaire de leur éthique. Il n’empêche qu’à la différence d’un Ed Wood toujours fauché, Burton représente le versant majestueux et puissant de ce cinéma d’affranchis, fasciné par la science fiction, le mélodrame et le grotesque. Burton a pour les freaks de tout rang une sincère tendresse, s’adressant à eux depuis sa propre enfance. Il élabore autour de ses «monstres», comme pour les protéger, un scénario poétique et un travail plastique particulièrement sophistiqué : en l’occurrence, la réactivation d’une ancienne méthode d’animation, le stop-motion, qui donne au film une virtuosité et une simplicité inégalées.


EXPOSITION // Tim Burton @ Cinémathèque Française

Textes : Florent

Burton est un cinéaste dont la cinéphile précoce a nourri les vies de ses propres personnages. Les extra- terrestres de Mars Attacks !, dont l’exposition montre toute la conception (des premiers dessins, aux maquettes originales en résine fabriquées pour le tournage), ne sont pas sans rapport avec Planet 9 (1959) d’Ed Wood, que le jeune Burton avait découvert alors qu’il vivait à Burbank, banlieue pavillonnaire de Los Angeles. Pour Tim, le cinéma n’a jamais été loin, et est devenu, dès son enfance, sa principale échappatoire. « J’ai toujours aimé les films de monstres. Ils ne m’ont jamais fait peur. Ils dégageaient tous quelque chose qui me plaisait terriblement ». Grâce à son imagination débordante, l’adolescent introverti réussit à dépasser le sentiment d’oppression qu’il ressent dans cet environnement puritain, en se mettant à dessiner et à réaliser des courtsmétrages dévoilés aujourd’hui en exclusivité. Ce sont dans les formes de spectacles les plus faciles d’accès, telles que les attractions foraines et les fêtes rituelles, que Burton trouve les sujets qu’il explore dans ses premiers travaux. « La nuit d’Halloween a toujours été, pour moi, la nuit la plus réjouissante de l’année. Il n’y avait plus de règles à suivre et je pouvais devenir qui je voulais ». Bien qu’il ne montre aucun allant pour les études, ses talents lui valent de remporter plusieurs prix lors de concours municipaux (réalisation en 1975 d’une publicité anti-ordures, l’une des pépites de l’exposition). A l’âge de dix-huit ans, il intègre le prestigieux California Ins-

titute of the Arts, fondé par Walt Disney en vue de former ses futurs artistes. Après y avoir passé deux années, Tim Burton présente en 1979 son projet de fin d’études qui lui vaudra de décrocher une place au département d’animation des Studios Disney. Il y officie pendant quatre ans en tant qu’animateur puis artiste-concepteur sur Taram et le Chaudron magique. Ses propositions n’étant pas utilisées dans la version finale de ce dessin animé, le futur cinéaste se concentre sur des projets plus personnels et rencontre des personnes qui l’accompagneront tout le long de sa carrière. Un certain nombre des traits stylistiques propres à Burton émergent au cours de cette période, comme son recours aux transformations corporelles. La question des rapports parents/ enfants est également au cœur du royaume burtonien. L’exposition est l’occasion d’accompagner le travail de Burton jusqu’à aujourd’hui, et de révéler des éléments issus de ses tout derniers films, Dark Shadows et Frankenweenie, qui sortiront en 2012. Et si Tim Burton était le plus moderne de cette lignée de metteurs en scène illusionnistes qui inventèrent, avec le cinématographe, l’enchantement et la peur ? « Les films frappent à la porte de nos rêves et de notre subconscient. Cette réalité a beau varier selon les générations, les films ont un impact thérapeutique - comme autrefois les contes de fées ».




DE L’ART DE S’ENNUYER Textes : Charlotte Vié

DE L ’ART DE S ’ENNUYER « Autrefois l’humanité était occupée par les guerres, toute son existence était remplie par les campagnes, les invasions, les victoires, mais maintenant tout cela est dépassé, il reste derrière un immense vide, jusqu’à présent impossible à remplir ; l’humanité cherche passionnément le moyen et, à coup sûr, elle trouvera ! Ah, pourvu que ce soit bientôt ! »

La casa de la fuerza ©Julio Calvo

Verchinine, acte IV, Les Trois Sœurs de Tchekhov

On a peur de l’ennui. Si, si, je le vois bien, on a super peur de s’ennuyer, souvent, tout le temps. Même en commençant à lire cet article, au fond de vous, j’en suis sure, s’agite une petite appréhension latente et, je vous rassure, très humaine. Aucun problème, pas de souci, on se décomplexe : non seulement on a le droit de s’ennuyer mais en plus, ça peut même se révéler agréable ! Voyons…. On a tous connu des moments d’ennui intenses. Et c’est vrai, ce sont des mini-traumatismes dont on se souvient. Par expérience, on sait tous que potentiellement l’ennui se cache absolument partout. Il nous guette

dans toutes les situations de la vie : au boulot, dans le métro, chez soi, chez des amis, à un diner, devant son ordi, devant sa télé, même le dimanche ou en vacances. On peut s’ennuyer absolument partout ! Et on n’aime pas ça s’ennuyer. Quand on s’ennuie on a un l’impression de perdre sa vie. C’est inconfortable, ça nous met face au vide du temps qui passe et qu’on aimerait bien combler. Sans compter que l’ennui est souvent considéré comme l’état prémisse de l’oisiveté. On l’associe à une non-activité, un regard vide, un manque… ça donne pas vraiment envie quoi. C’est un peu comme le silence et la solitude finalement…des choses que la nature


DE L’ART DE S’ENNUYER

Mais cette peur de l’ennui peut nous limiter. Elle nous empêche parfois de nous lancer… dans un livre, dans un film un peu exigeant ou dans un spectacle dont on ne sait pas grand-chose. Peut-être est-ce la peur de l’ennui qui nous retient parfois d’aller au théâtre par exemple ! Il est vrai que c’est un art qui souffre un peu de cette réputation : un lieu où potentiellement on s’ennuie ferme ! Sûrement cette idée a germé dans nos jeunes esprits, lors de nos premières sorties scolaires obligatoires. Il y a du y avoir une sortie ratée, un spectacle qui nous a échappé et on a dû trouver le temps tellement long ! Il est vrai qu’on a beaucoup plus peur de s’ennuyer en allant au théâtre qu’en allant au cinéma ou à un concert. Le théâtre ça fout les jetons parce qu’on est devant des vrais gens qui nous proposent quelque chose dont on a pas vu la bande annonce. On prend un gros risque en y allant parce qu’en plus, on s’inflige la règle absurde qu’on ne peut pas quitter la salle avant la fin (ce qui est faux par ailleurs, essayez, vous verrez, c’est possible !). Mais voyez, j’ai eu l’idée d’écrire sur l’ennui à un moment où je m’ennuyais. Et voilà où je veux en venir : si on parle de « mortel ennui », il existe aussi ce que j’appellerai le « bel ennui », plaisant et productif. L’ennui peut se révéler être un moteur à la créativité et à l’imagination. Alors que notre société moderne nous engage à consommer

et à nous agiter dans tous les sens, l’acceptation de l’ennui se présente parfois comme un oasis de fraîcheur ! Car l’ennui, et j’avoue en avoir fait souvent l’expérience en tant que spectatrice de théâtre, encourage la contemplation, la rêverie et l’imagination. Selon certains philosophes contemporains, l’ennui nous permettrait de nous rapprocher de l’esprit subconscient à partir duquel la créativité et le contentement émergent ! Il parait même que les personnes les plus créatives sont connues pour avoir la plus grande tolérance à de longues périodes d’incertitudes et d’ennui. Pas mal… Au théâtre, on peut s’ennuyer parce qu’on trouve ça chiant, que ca ne nous parle pas du tout, que ca nous parait long et interminable et que tous les défauts nous sautent aux yeux. Alors il faut partir parce que rien de bon ne peut advenir. Oui ça arrive, je ne vais pas vous mentir, ça arrive. Ce qui est bizarre c’est la subjectivité de ce sentiment. Quand vous vous ennuyez fermement devant un spectacle qui se fait applaudir par toute une salle, c’est toujours une impression bizarre. Quand on s’ennuie comme ça, on se met à détester l’artiste qu’on est venu voir et on se pose mille questions : « Pourquoi nous infliges-tu ça ? Qu’est ce que tu cherches à faire ? Pourquoi les aiguilles de ma montre ne bougent-elles plus ? Qu’est ce que j’ai fait pour mériter ça ? Qu’est ce que je vais manger ce soir ?... » Et puis, quand tout le monde se met à applaudir, on se dit qu’on est sûrement passé à côté de quelque chose, on est

Cercles © Elisabeth Carecchio

humaine a tendance à fuir assez instinctivement.

La casa de la fuerza ©Julio Calvo

Textes : Charlotte Vié


DE L’ART DE S’ENNUYER Textes : Charlotte Vié

énervé parce qu’en plus on a rien compris et on sait, au fond de son cœur, qu’on aurait bien mieux fait de se barrer et d’aller manger des sushis.

Perso, je sors mon carnet et je note tout ce qui me vient : liste de courses, idée de textes à écrire, dessins, liste de choses à faire, l’organisation de mon anniversaire, etc. Parce que l’ennui a souvent une raison d’être. Heidegger disait que l’ennui ne vient pas de choses ennuyeuses tout comme l’amour ne vient pas seulement des personnes dont nous tombons amoureux. Il disait que c’est une disposition en nous qui rend les choses aimables ou ennuyeuses. Rien ne sert d’avoir peur de ce qui pourrait nous ennuyer alors ! Apprivoiser l’ennui ce serait aussi réussir à mieux se comprendre soi, à mieux identifier ses désirs et ses envies. Considérons-le comme une nouvelle occasion de se poser et de rêvasser… une bonne occasion de se foutre la paix !

Lancez-vous ! Vous ne vous y ennuierez pas ! La Casa de la Fuerza d’Angelica Liddell du 23 au 28 mars au Théâtre de l’Odéon Nous avons les machines de la compagnie Chiens de Navarre du 6 au 12 avril au Théâtre de Gennevilliers Robert Plankett du collectif La Vie Brève du 2 au 11 mai au Théâtre des Abbesses A Louer de la compagnie cc du 29 mai au 2 juin au Théâtre des Abbesses Cercles/Fictions du 23 mai au 3 juin et Ma chambre froide du 7 au 24 juin, deux spectacles de Joël Pommerat au Théâtre de l’Odéon

©Arnaud Pagès

C’est pourquoi je vous propose d’essayer le « bel ennui » ! J’ai testé pour vous et vous confirme qu’on peut s’ennuyer agréablement, laisser son esprit vagabonder et même devenir créatif. Parfois ce qu’on voit sur scène ne nous captive pas, et pourtant il se passe quelque chose en nous : les pensées vagabondent et les idées se mettent à rebondir, notre cerveau et notre intellect semblent stimulés par ce qui se passe devant nous. Dans ce cas-là, pas d’hésitation, on en profite !


CRÉDITS

GUESTS DIONA jungle-juice.blogspot.fr facebook/diona.illustrations ARNAUD PAGÈS arnaudpages.ultrabook.com facebook/arnaud.pages1 UGLY MELY www.uglymely.com @uglymely NICO PRAT dirrtymusic.com @nicoprat Le Mouv’ / tous les dimanche / 15h-16h ETIENNE VOILLEQUIN insadrawings.blogspot.com insad.blogspot.com facebook/etiennevoillequin

ISAH GIRL

par Etienne Voillequin



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