Votre 10 du mat N°15 du vendredi 12 février 16

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Mettre les voiles... de côté J’SUIS PAS UNE BOMBE LATINE !

PROMOTION 2015 / 2016

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ISCPA

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J3 - VENDREDI 12 FEVRIER 2016 N°16

Actualité, analyse et dérision, tout sur les religions à Lyon

Pédophilie: Barbarin savait ! p.3

Les Twittos de l’Eglise p.6

@le10duMat

Il était une foi... La Saint Valentin p.7

www.10dumat.iscpalyon.com


Le monde des religions

EDITO

Léa Masseguin

Rédactrice en chef

Croire ou ne pas croire ...

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Faut être fort pour ne croire en rien ! » Ces mots sont ceux de Clément, un juif pratiquant, lorsqu’il parle de sa petite-amie, athée. Il est vrai que pour tous les croyants, la religion apporte un réconfort moral. Elle donne un sens à la vie en répondant à un certain nombre de questions existentielles et possède la capacité d’inculquer aux hommes des valeurs bien définies. Mieux encore, elle lui permet de surmonter la peur du sommeil éternel. Les propos de Clément sont donc cohérents. Les non-croyants seraient donc capables, en l’absence de Dieu, d’affronter sereinement la « Grande faucheuse » et de dissocier le Bien du Mal. Mais s’ils n’ont pas de « morale divine », les athées ont d’autres cartes en main. En adoptant des valeurs et des règles de bonne conduite, tout en étant en adéquation avec euxmêmes, les hommes ont la faculté de porter spontanément des jugements sur la valeur morale des actions humaines. Croyants ou non, ils sont censés savoir distinguer ce qui est bon de ce qui ne l’est pas. Pour ce qui est de la mort, l’auteur Françoise Dastur conseille de « l’affronter et de l’assumer ». Il faut « regarder la mort comme une capacité de l’homme nullement incompatible avec la joie d’exister », souligne-t-elle. Quoi qu’il en soit, les non-croyants ne sont pas plus malheureux que les autres, au contraire. Même si aucun lien de causalité n’a été prouvé, les vingt pays où la qualité de vie est la meilleure sont généralement les Etats dans lesquels le poids de la religion est le plus faible. La foi n’est donc pas toujours une source de bonheur. Pour réagir et approfondir la lecture www.10dumat.iscpalyon.com

Directrice de la publication Isabelle Dumas Directeur de la rédaction Raphaël Ruffier Rédactrice en chef Léa Masseguin Rédacteurs

Axel Poulain, Lilian Gaubert, David Hernandez, Laura Turc, Florentin Perrier, Maxime Feuillet, Leo Roynette, Léa Masseguin, Charline Bakowski, Hugo Borrel, Charlène Ravella, Pierre-Antoine Barut, Arnaud Bastion, Johanne-Eva Desvages, Paul Dalas, Stéphane Monier, Morgan Couturier. 10dumat@iscpalyon.net

Le Conseil d’Etat dit non au repas halal en prison La prison de Saint Quentin Fallavier ne sera pas dans l’obligation de servir des repas halal à ses détenus de confession musulmane.

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ous respectons la décision qui a été prise », déclare Benaissa Chana, vice-président du conseil régional du culte musulman. Une décision du Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative française, qui a rejeté ce mercredi le pourvoi d’un détenu du centre pénitentiaire isérois. Le prisonnier souhaitait obtenir une distribution de repas halal pour les détenus musulmans. Un homme qui s’était pourvu en cassation après la décision de la cour d’appel de Lyon datant de juillet 2014. Cette dernière avait annulé le jugement prononcé par le tribunal administratif de Grenoble, 9 mois plus tôt, en novembre 2013, qui avait imposé à la prison cette distribution, « au nom de la liberté d’exercer sa religion ». Le Conseil d’Etat a notamment indiqué que la cour d’appel avait « bien apprécié l’ensemble des conditions dans lesquelles l’offre journalière de menus » est élaboré dans cette prison. La justice précise également que l’administration pénitentiaire fournit bien « à l’ensemble des détenus des menus sans porc ainsi que des menus végétariens, et que les détenus peuvent demander de bénéficier, lors de fêtes religieuses, de menus conformes à leur religion. » Et puis, «  on ne peut pas satisfaire tout le monde », rajoute Benaissa Chana. ou une kippa sur la tête ? » Tandis que Meihdine, étudiant en commerce de confession musulmane, approuve : « c’est une super initiative car il n’y a pas de raison que seules certaines filles s’identifient à cette poupée.»

Une princesse emprisonnée Bruce tout puissant ême si pour Hacène Taibi,

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enseignant à la grande mosquée de Lyon, « ce n’est qu’un détail qui prouve une fois de plus l’aberration des Saoudiens en termes de pratiques religieuses », les derniers agissements de la police des mœurs saoudienne tendent à sourire. En effet, vendredi dernier à Al-Kharj près de la capitale Riyad, l’arrestation d’une mascotte jugée indécente a provoqué la risée des internautes. Un homme déguisé en princesse faisait la promotion du groupe agro-alimentaire saouLa mascotte arrêtée par le police dien Sanabel al Salam quand il a des moeurs saoudienne. © capture été arrêté par l’autorité religieuse. d’écran Le prétexte donné  : la tenue n’était pas conforme à la charia et qu’elle «  troublait l’ordre public et causait des rassemblements.  » Les internautes saoudiens n’ont pas manqué de réagir sur Twitter face au ridicule de la situation. Mais ils condamnent tout de même, au même titre qu’Hacène Taibi, le fait que ces « idiots aient encore de l’autorité. »

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Vous êtes-vous déjà demandé combien d’enfants seraient en retard, ou ne viendraient même pas à l’école, si Dieu leur apparaissait ? » Ce sont les mots d’un père de famille qui a tenté de justifier, mardi dernier, le retard de sa fille auprès de l’école de Saratoga Springs aux EtatsUnis. Mais la jeune adolescente n’a pas rencontré le Tout-puissant mais le rockeur Bruce Springsteen. « Ça ne m’étonne pas qu’on le prenne pour un Dieu, ce mec est dans le buisiness depuis 40 ans, il a joué avec les plus grands », s’exclame Olivier, fan lyonnais du « Boss » depuis plus de 15 ans

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c’est le nombre de prêtres et religieux coupables d’abus sexuels sur mineurs qui ont été dénoncés par le diocèse américain de Seattle, samedi dernier. À l’origine de cette liste de noms, l’archevêque Mgr Peter Sartain, qui, « dans un but de transparence », a voulu révéler les coupables ayant exercé dans son diocèse de 1920 à 2008. C’est d’ailleurs 580 000 dollars (532 500 €) qui ont été dépensés par le diocèse depuis dix ans pour les soins et l’accompagnement des victimes.

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Actualité

Barbarin sort du silence Le cardinal Barbarin, (au centre) lors de la montée aux flambeaux le 8 décembre. © Arnaud Bastion

Florentin Perrier Dans un entretien paru jeudi dans La Croix, le cardinal Philippe Barbarin a déclaré avoir été mis au courant des « comportements » de Bernard Preynat, prêtre lyonnais mis en examen pour pédophilie. Depuis janvier 2016, plusieurs victimes présumées ont décidé de « briser l’omerta » en créant une association baptisée « La parole libérée ».

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e mercredi 27 janvier dernier, le prêtre lyonnais Bernard Preynat a été mis en examen pour « agressions sexuelles sur mineurs de moins de quinze ans par personne ayant l’autorité ». Il est accusé d’avoir pratiqué des attouchements sexuels et des fellations sur d’anciens scouts de la paroisse Saint-Luc, à Sainte-Foy-lès-Lyon, entre 1986 et 1991.

« Les faits étaient connus depuis 1991 » Le cardinal Philippe Barbarin s’est confessé dans un entretien livré au quotidien La Croix et publié jeudi 4 janvier, avouant avoir été au courant des agissements du prêtre soupçonné. « Une personne qui avait grandi à SainteFoy-lès-Lyon m’a parlé des comportements du Père Preynat, vers 2007-2008. J’ai alors pris rendez-vous avec lui pour lui demander si, depuis 1991, il s’était passé la moindre chose. Lui m’a alors assuré : « Absolument

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rien, j’ai été complètement ébouillanté par cette affaire’. » a déclaré l’archevêque de Lyon à propos de l’homme d’Eglise placé sous contrôle judiciaire depuis fin janvier. Bernard Preynat a dû quitter ses paroisses du Roannais à la fin du mois d’août 2015 après avoir été relevé de ses fonctions par le diocèse. Le suspect a également été placé sous le statut de témoin assisté pour des viols qu’il a avoués lors de garde à vue. Selon son avocat Me Frédéric Doyez, le religieux, aujourd’hui âgé de plus de 70 ans, a déclaré devant le juge que « les faits étaient connus par les autorités ecclésiastiques depuis 1991 ». Une date à laquelle B. Preynat avait été écarté du groupe de scout qu’il encadrait depuis une vingtaine d’années. Une association pour briser les tabous Plusieurs victimes du père Preynat et de ces agressions sexuelles ont pris l’initiative de créer l’association « La parole libérée » pour aider les victimes à sortir de leur silence. Bertrand Virieux, cardiologue et membre de l’association explique qu’«en tant que médecin, se livrer publiquement n’a pas été simple. » Après

en avoir parlé à sa famille et ses proches, le cardiologue a décidé de s’exprimer, comme l’ensemble des membres de l’association, dans un but bien précis : « Nous voulons que la parole des victimes (de pédophilie) se libère à ce sujet. Et pour que ce concept fonctionne, il fallait donner l’exemple ». Créée le 17 décembre 2015, l’association « La parole libérée » constitue un espace d’expression et de soutien aux victimes des actes de pédophilie. Selon Bertrand Virieux, le but de l’association est « à la fois de fédérer le maximum de victimes dans l’optique de pouvoir aider la justice tout en essayant d’aider à la manifestation de vérité. En France, il n’y a pas d’association qui traite de pédophilie au sein de l’Église. Nous sommes ouverts à l’idée de collaborer avec d’autres associations.» Pour le docteur Bertrand Vireux, les faits « sont passés, voire même oubliés ». Mais il garde tout de même des remords sur la situation : « J’en veux à un homme qui est resté au contact d’enfants, malgré sa dangerosité. J’ai des regrets aussi pour la République. C’est de notre devoir à tous de dénoncer un prédateur sexuel ! » explique-t-il. À ce jour, l’affaire est toujours entre les mains de la justice et ce, après 20 ans de silence.


Le dossier

Quand les femmes se dévoilent «J’ai compris qu’on pouvait être une femme, avec une carrière du tonnerre, féminine et voilée ! », indique Naella. ©Capture d’écran

Derrière le tissu opaque typique des musulmanes, on en oublie souvent qu’il dissimule une femme pleine de vie, raillée pour une tenue qu’elles assument pour la plupart. Pour le 10 du mat’, elles acceptent de lever le voile sur leur quotidien. Morgan Couturier 1 - Porter le voile, un choix personnel

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e voile reste une obligation religieuse mais laisse à chaque femme la possibilité de suivre ce fameux précepte. Une réflexion sur soi-même, à l’image d’Aissa, laquelle a attendu trois ans avant de sauter le pas. « C’était un choix réfléchi, un rapprochement des valeurs religieuses, témoigne-telle. C’était une suite logique bien que je sois d’une famille où personne ne porte le voile ». De cette réflexion naît l’épanouissement. « J’ai discuté avec des filles qui l’ont porté du jour au lendemain sans réflexion, derrière cela a été un choc pour elles, enchaîne la jeune femme. Dans 90 % des cas, elles l’enlèvent ». De son côté, Naella n’avait pas prévu de se voiler, à l’image du reste de sa famille. Les voyages hors de l’Hexagone, dont un en Malaisie vont finalement la convaincre de « répondre à la demande de (s)on Seigneur ». « Avant, j’avais une vision biaisée, revendique celle qui a attendu de souffler ses 22

bougies pour passer le pas. Je pensais que le voile était contraire aux valeurs ambitieuses et féministes que je défendais. Suite à de nombreuses rencontres, j’ai compris qu’on pouvait être une femme, avec une carrière du tonnerre, féminine et voilée ! ». La certitude de pouvoir assumer le monde

« Pour mon entourage, j’étais endoctrinée » extérieur, voilà le dilemme que demande le voile. Convertie à l’islam, Valentine a décidé d’entendre la voix du Divin, non sans attendre de connaître les rouages de sa religion. « J’ai attendu d’être sûre d’avoir envie de le mettre, que je le faisais d’abord pour Dieu mais aussi pour moi, que j’étais prête à l’assumer », relate-t-elle. L’homme est donc bien loin au moment de prendre cette décision mais de l’aveu d’Aissa, le cli-

ché d’un rapport de soumission est aussi dû à certaines femmes musulmanes. « Il y en a énormément qui sont incapables d’expliquer le port du foulard, déclare-t-elle. Beaucoup vont dire que c’est obligé et que leur mari préfère ». 2 -La réaction des proches Le cheminement religieux est une chose mais la réaction des proches ne correspond pas tout le temps à ses convictions personnelles. Naella l’a connu à ses dépens, malgré un entourage acquis à la cause musulmane : « Ma tante et mon oncle m’ont rejeté. Le reste de la famille me soutenait même si ma mère avait peur pour moi. J’ai perdu plus de la moitié, ce qui a été très difficile. Une amie, un jour, m’a même dit que les musulmanes comme moi étions un danger pour la France. Je n’ai aucune explication concrète. J’avais beau expliquer que ça ne changeait pas la personne que j’étais, rien à faire... » Cette incompréhension rend le port du voile d’autant

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plus délicat, sans le soutien des proches, ces derniers étant régulièrement envahis par la peur. « Les gens ne comprenaient pas, y compris mon entourage proche qui me connaissait très bien, avance Aissa. Pour eux, ce n’était pas normal, j’étais endoctrinée. Ils ont eu du mal à le comprendre et ont eu peur pour moi ». Un avis partagé par Valentine : « avec ma mère, ce fut compliqué, on ne s’est pas vu pendant 3 ans. Pour elle, je soutenais en mettant le voile, les femmes opprimées dans les pays où elles sont obligées de le mettre. Du coup elle refusait de me voir ». 3 -Les premiers pas Après avoir connu les codes vestimentaires occidentaux, sortir orné du voile représente un certain défi. Les premiers pas sont souvent marquants. « La première fois que je suis sortie avec, mes amies sont venues à la maison. J’avais peur du regard des gens, je me sentais comme déguisée du coup j’avais besoin de leur soutien », se remémore Valentine. Samia de son côté, a fait le choix du voile très tôt, affrontant le regard des autres, le portique du collège à peine passé. « Dans mon collège, dans ma ville, j’étais la seule jeune fille à porter le voile, témoigne la trentenaire. Quand je marchais en centre-ville, on me dévisageait ». Si la peur est prédominante, le rapprochement à l’homme n’est jamais bien loin, voire quasi systématique. « La première fois qu’ils m’ont vu voilée, les gens m’ont demandé ‘’qu’est-ce que tu as fait ? Tu t’es mariée ?’’, soupire Aissa. Mais pour cette dernière, le voile ne sup-

prime en aucune manière le côté féministe. La femme musulmane reste coquette, se défoule dans les rayons et revendique l’égalité avec les hommes. 4 - Le féminisme À les écouter, la vision de la femme voilée sur la façade orientale du monde a fini par avoir raison du commun des mortels. L’image de la femme soumise fait son court, basée sur les préceptes d’un corps dissimulé sous un foulard ou un tissu ample. Ce a quoi Aissa rétorque : « le voile n’empêche pas d’être féministe. Moi j’ai envie de me lancer dans l’entrepreneuriat. Le féminisme aujourd’hui, est-ce que c’est porter une jupe et des talons ? Je ne crois pas. Est-ce que ce n’est pas plutôt être capable d’entreprendre au même type que les hommes ? ». Un sentiment partagé par Naella : « Le voile n’empêche pas du tout d’être coquette et féminine ! Et pas depuis que Dolce&Gabbana fait des voiles. Je dis n’importe quoi, mais si les Moon Boots sont à la mode, quand j’irais skier, je mettrais mes Moon Boots en sortant ».

sions se font légions, du simple « fantôme » à l’agression physique. « Au lendemain des attentats du Bataclan, on me disait ‘’il y a une terroriste dans la rue’’, affirme-t-elle. Un homme m’a même arrêtée en voiture et m’a dit ‘’les salopes comme toi ne vont pas tarder à y passer non plus’’.

« T’es qu’une pute à barbus » De son côté, Naella a failli connaître le pire, quand il y a quelque mois, un homme a voulu la jeter sous le tram, le tout en scandant « t’es qu’une pute à barbu ». « Quand tu as un voile, tu es toujours méfiante et attentive. Tu luttes contre toimême pour ne pas devenir paranoïaque mais tu es prudente. Et puis un jour plus qu’un autre, tu vas vivre une agression et le lendemain cela ira mieux ». Cette étudiante en master de géographie préfère relativiser, elle qui a connu les insultes les plus loufoques. « Un jour un mec m’a même dit «retourne en Musulmanie’’, continue-telle. Je suis géographe diplômée et je ne sais toujours pas où est ce pays (rires) ».

5 - Invectives et agressions Le quotidien d’une femme voilée n’est pas un fleuve tranquille, là où la menace terroriste n’a fait qu’exacerber la méfiance et la peur de l’étrangeté. « Il y a une sorte de fantasme derrière la femme voilée », avance même Aissa. Dans ce contexte de peur, finalement assujetti aux assaillants comme aux victimes, les quolibets et les agres-

Qu’importe, c’est bien du côté de la France que ces femmes en viennent à rester cloîtrer chez elles, de peur que ce voile, qui les rendent plus vivantes que jamais, soit la cible des balles. « Le plus dur, c’est de se sentir profondément française et de constater le rejet », conclut Naella. Plus que jamais, ces femmes ne revendiquent qu’une chose : liberté, égalité et fraternité.

Le voile, une obligation religieuse « « Rabattez vos voiles sur vos poitrines ». Les paroles divines d’Allah, juge suprême chez les musulmans, ne laissent guère de place à l’interprétation. Et si l’idée d’une influence masculine fait à tort, son chemin aujourd’hui, le voile doit bien sa création aux regards dévoyés des hommes. En cause, les robes portées par les femmes de l’époque, faisant entrevoir par une fente au niveau de la poitrine, les rondeurs et l’arrondi des seins. Leur chevelure déjà couverte, les musulmanes se voient ainsi recommandées par le « Créateur » le port d’un voile. Ce dernier devient alors une obligation dogmatique dont le prophète Mahomet se chargera de diffuser la coutume. Néanmoins, ce simple bout de tissu entraîne certaines contraintes. Méditer sur son port relève alors d’un cheminement personnel, souvent incompris par la société. L’imaginaire collectif peine à renier ses convictions, englué par cette image d’un voile imposé par la figure masculine. La faute aux idées reçues du Moyen-Orient ou du Maghreb où la révolte féminine va bon train pour ôter un voile qui les opprime. Dans cette démarche courageuse, les maux se trouvent plutôt dans l’obligation vue au travers des regards des hommes.

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Société

Quand la religion s’invite sur Twitter Monseigneur Hervé Giraud est une des figures de proue de l’Eglise catholique 2.0. Entretien avec l’archevêque de Sens/Auxerre, en plus de 140 caractères Maxime Feuillet

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haque jour, Monseigneur Hervé Giraud s’exprime devant plus de 8000 personnes. Non, l’évêque d’Auxerre ne s’adresse pas à son public dans la Cathédrale Saint-Etienne de la préfecture de l’Yonne mais interpelle les 8122 abonnés qui le suivent sur son compte Twitter. Pionnier de la twittosphère chrétienne, l’évêque d’Auxerre a posté, depuis son inscription en janvier 2011, plus de 3300 tweets. « Chaque jour, je mets un petit message spirituel ou un passage d’évangile avec un très bref commentaire de sagesse, toujours un commentaire positif » nous explique-t-il. L’ancien évêque auxiliaire de Lyon a rapidement saisi les enjeux de ce virage numérique : « L’Église a toujours été présente dans tous les médias qui ont existé. Nous avons toujours essayé de saisir les moyens qui étaient à notre disposition pour faire passer nos messages. Cela passe aujourd’hui par les nouveaux médias comme les réseaux sociaux » résume-t-il. Mais son arrivée sur le réseau en 2011, à l’époque où Twitter n’était pas encore aussi développé et utilisé qu’aujourd’hui, avait étonné

dans les milieux catholiques. « Ça a été très important de faire comprendre à mes confrères évêques que ce n’était pas un amusement, un divertissement mais vraiment un lieu à habiter, un lieu où il s’échange beaucoup de paroles » explique Hervé Giraud. J’ai dû mettre quatre, cinq ans pour les convaincre que c’était « The place to be », l’endroit où il faut être. Maintenant, c’est lancé, il doit y avoir entre 20 et 25 évêques sur Twitter mais aussi de très nombreux prêtres ». Les dirigeants catholiques français ont donc pleinement saisi l’importance de ces réseaux sociaux si bien qu’un temps de parole sur ce thème précis sera étudié lors de la prochaine assemblée générale des évêques en mars prochain Les tweets du Pape et la Manif Pour Tous L’archevêque Hervé Giraud a, par ailleurs, joué un rôle déterminant dans la communication numérique du Saint-Siège. Il raconte : « Un an après mon inscription sur Twitter, je suis allé à Rome et j’ai parlé avec les chargés de la communication. J’ai insisté avec d’autres confrères sur le fait qu’il faut s’y mettre. Benoît XVI devait

Mgr Hervé Giraud, un prêtre connecté © Photo de profil twitter

être sur le réseau.» Quelques mois plus tard, le 12/12/2012, le souverain pontife sous le pseudonyme @Pontifex publie son premier message en moins de 140 caractères. Il insiste même en mai 2013, à l’occasion de la 47ème journée mondiale des communications sociales, sur l’importance des « Réseaux sociaux : portes de vérité et de foi ; nouveaux espaces pour l’évangélisation ». Aujourd’hui, le compte du Pape François est disponible en neuf langues (anglais, italien, français, allemand, arabe, polonais, espagnol, portugais, latin) et comptabilise au total près de 25 millions d’abonnés. Mais pour Mgr Giraud, il n’est pas question de faire du prosélytisme sur ces réseaux : « Je ne veux pas qu’on les instrumentalise, ils rendent possible des partages d’idées. Je ne vois pas pourquoi je chercherai à convaincre ceux qui ne croient pas. Ceux qui veulent croire, je les aide, ceux qui ne veulent pas, ils continuent leur vie et c’est aussi très bien comme ça. » Et visiblement, ses idées et tweets

quotidiens séduisent : « Je ne publie jamais d’attaques. Je suis toujours dans des messages de sagesse » expliquet-il avant de poursuivre : « On a besoin de réflexion apaisée. Lors des Manifs Pour Tous par exemple, beaucoup de personnes homosexuelles m’ont remercié de ne pas être entré dans la politique et la polémique. Je reçois tout un tas de retours de ce type venant de France, de Suisse ou même du Japon. Ce qui m’a surpris, c’est le fait qu’il n’y ait qu’aussi peu d’attaques et de messages négatifs, alors qu’en général, sur Twitter, on tombe vite dans la méchanceté. » Et Monseigneur Giraud de conclure « Parfois, des gens me disent « je suis non-croyant mais je vous suis car j’aime bien ce que vous dites ». Alors cela veut dire que j’ai rempli ma mission : si on mettait un peu plus de messages positifs dans ce monde, ce ne serait pas plus mal. » À vos tweets !

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Il était une foi�...

La Saint-Valentin La Saint-Valentin, une fête symbolique pour les amoureux © Axel Poulain

Chaque année, le 14 février réunit 60 % des couples pour célébrer la Saint-Valentin. Et si la mythologie rappelle Valentin et Valentine unis par la flèche du petit dieu ailé Cupidon, l’origine de la fête des amoureux a avant tout une histoire religieuse. Axel Poulain

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La fête de l’amour oui, mais on ne doit pas oublier que c’est avant tout une fête catholique ». Lorsqu’un jeune couple du 9e arrondissement de Lyon, de confession chrétienne, rappelle l’aspect religieux de la Saint-Valentin, d’autres, athées, plus réticents, abordent l’évènement comme « une opération marketing aberrante qui réduit l’amour à un seul jour dans l’année ». Alors certes, les avis sont mitigés sur la question, mais il y a bien un point qui ne change pas : son rapport à la religion chrétienne. Alpha couples et Vivre la Saint-Valentin autrement Dans la religion chrétienne, depuis quelques années, l’Eglise s’est emparée de cette fête, notamment en vue du mariage. D’après le père

Patrice Guerre, de la paroisse de Saint-Pothin, « cette année, beaucoup d’associations chrétiennes ont même proposé un kit de Saint-Valentin pour célébrer l’amour et le mariage ». Un kit majoritairement composé d’un dîner festif et d’exercices pour couples de toutes confessions, sur les thèmes de l’engagement, la communication et le partage.

le oui, un mariage, ça se prépare. Même scénario pour les soirées Vivre la Saint-Valentin autrement, où « des mouvements chrétiens au service des couples se mobilisent pour donner une visibilité nationale à cet événement », selon la description du site. Et tandis que la fête des amoureux est devenue laïque et « commerciale » pour la plupart, il n’empêche que ses origines et évolutions ont trouvé des théories bien confuses à travers les âges.

Dans cette optique, l’association Alpha, qui a notamment pour mission d’accueillir ceux qui souhaitent découvrir ou redécouvrir les bases de la foi chrétienne, a lancé, le 14 février de chaque année, le parcours Avant

Un héritage mythologique et religieux

A l’origine, une fête de débauche, luxure et fornication

SEPT VALENTINS

Il faut remonter loin dans l’histoire pour trouver les origines de la Saint-Valentin. Initialement appelée « Fête des

Lupercales » dans l’Antiquité, en hommage au dieu de la fertilité et de la fécondité, elle aurait été fermement critiquée au Ve siècle ap. J-C par le pape Gélase 1er. Celui-ci aurait dénoncé les comportements indécents (débauche, luxure et fornication) qui se déroulaient durant cette célébration. Mais le pape n’a pas exclu cette fête païenne : celui-ci a plutôt souhaité exposer la contradiction entre la foi chrétienne et la célébration des Lupercales. Gélase 1er a alors choisi de commémorer, le 14 février 496, la Saint-Valentin, en référence au prêtre tué pour avoir marié en cachette des jeunes chrétiens. Mort en martyr et en vif défenseur de l’amour et du mariage, c’est près de 1500 ans plus tard, en 1946, que l’Eglise l’a finalement proclamé saint patron des amoureux.

POUR LE PRIX D’UN

Selon les historiens, l’identité du Saint-Valentin est relativement complexe à déchiffrer. En effet, il n’existerait pas moins de sept saints du même nom, tous fêtés le 14 février. Entre un prêtre romain, un évêque de Terni, un moine et autres statuts, tout n’est qu’affaire d’interprétation.

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Les jeux de la rédaction Testez vos connaissances ! Où se situent ces monuments lyonnais ?

Pour le découvrir, rendez-vous sur note site : www.10dumat.iscpalyon.com


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