10 du mat n4 21-01-2016

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Homme, femme :

PROMOTION 2015 / 2016

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ISCPA

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J3 - JEUDI 21 JANVIER 2016 N°4

Actualité, analyse et dérision, tout sur les religions à Lyon

vérité sur l’inégalité

? Des prostituées accueillies dans un monastère p.3

@le10duMat

À la recherche du meilleur curé p.6

Lumière sur Mahikari, la secte nippone p.7

www.10dumat.iscpalyon.com


Le monde des religions

EDITO

Charline Bakowski rédactrice

Quelle place pour les femmes ?

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n dossier sur la place de la femme dans les livres saints, pourquoi me diriez-vous ? D’une part, en tant que femme, j’étais curieuse. Curieuse de connaître l’origine de la position de celle-ci, et notamment par rapport à l’homme. Comment sont vus Adam et Eve dans les différentes religions ? N’étant pas croyante, ce fut pour moi un sujet complexe, mais qui s’est révélé être d’autant plus enrichissant. En effet, aucun texte religieux n’affirme que la femme doit être inférieure à l’homme. Elle doit être reconnue pour ses capacités, mais est-ce vraiment la réalité ? D’ores et déjà en minorité, les femmes modernes ont du mal à s’imposer au même rang que les hommes dans la société. Une minorité prouvée lorsque l’on voit qu’au sein de notre propre rédaction, sur 17 journalistes nous ne sommes que 5 femmes. Pourquoi ? Il est vrai que les femmes, dans le monde professionnel, sont sous-représentées. Que ce soit du point de vue salarial ou de la responsabilité, les hommes sont, d’une manière générale, favorisés. Pourtant 84% des Français se disent indifférents au fait d’être managés par un homme ou une femme. D’après un rapport publié par le forum économique mondial, il faudra attendre 2095 pour une éventuelle parité homme-femme… Courage mesdames ! Pour réagir et approfondir la lecture www.10dumat.iscpalyon.com

Directrice de la publication Isabelle Dumas Directrice de la rédaction Claire Pourprix Rédacteur en chef David Hernandez Rédacteurs

Axel Poulain, Lilian Gaubert, Laura Turc, Florentin Perrier, Maxime Feuillet, Leo Roynette, Léa Masseguin, Charline Bakowski, Hugo Borrel, Charlène Ravella, Pierre-Antoine Barut, Arnaud Bastion, Johanne-Eva Desvages, Paul Dalas, Stéphane Monier, Morgan Couturier. 10dumat@iscpalyon.net

Au nom du Père, du CRIF et du Saint-Esprit Manuel Valls a sévèrement réprimandé le président de l’Observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco. Ce dernier a vivement été critiqué ce lundi 18 janvier pour avoir signé la pétition « Nous sommes unis » à laquelle se sont également jointes plusieurs organisations jugées « nauséabondes » par le Premier ministre.

«L

’observatoire de la laïcité de Jean-Louis Bianco a dépassé des lignes et je le rappellerai à chacun » a déclaré Manuel Valls ce lundi 18 janvier lors d’une conférence-débat devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Le Premier ministre n’a en effet pas apprécié le fait que le président de l’Observatoire de la laïcité et son rapporteur, Nicolas Cadène, aient signé un texte publié après les attentats du 13 novembre dénommé « Nous sommes unis ». Cet appel, qui vise à condamner le terrorisme, a été ratifié par 90 personnalités de tous horizons politiques et religieux. Parmi elles, des représentants de « l’obscur CCIF » et du Collectif des musulmans de France, réputés proches des Frères musulmans. Des accusations qui indignent Samuel Grzybowski, fondateur du mouvement de jeunesse interreligieux « Coexister » et initiateur du collectif « Nous sommes unis », ainsi que le principal accusé, Jean-Louis Bianco. Ce dernier se défend auprès de L’Express : « Je ne vois pas comment le Premier ministre peut me reprocher de l’avoir signé. À moins qu’il n’ait pas pris le temps de lire la liste des autres personnalités. » Car en s’y penchant de plus près, figurent également le président de la Fondation Abbé Pierre, la Ligue des droits de l’homme, le grand rabbin de France et même le CRIF, qui se trouve être l’organisation devant laquelle Manuel Valls a dénoncé l’ancien ministre socialiste.

Le FN contre la mosquée fantôme

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rois jours. C’est le temps qu’il reste à Pierre Soubelet, préfet du Var, et à David Rachline, maire Front national de Fréjus pour ouvrir la mosquée. Terminée depuis juin 2015, l’inauguration du bâtiment a été bloquée par le maire FN. Le 5 août dernier, il rejette la demande d’ouverture une première fois. L’association gestionnaire du projet, ElFath fait alors appel au préfet, qui refuse également son ouverture. Le 9 novembre, le Conseil d’État s’en mêle, donnant huit jours au maire pour ouvrir le lieu de culte. Mais rien n’y fait, la commune est condamnée à verser 6500 € à l’association, qui n’a toujours pas accès à sa mosquée. La plus haute juridiction de France a finalement donné raison aux fidèles musulmans de Fréjus ce mardi 19 janvier, dénonçant « une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté fondamentale que constitue le droit à un recours effectif ». Une première victoire pour El-Fath, qui se voit toutefois attaquer devant le tribunal correctionnel. Un « montage juridique » aurait permis à l’association de construire la mosquée alors qu’elle n’était pas encore propriétaire de la totalité des terrains. Le procureur demande sa démolition. Jugement le 26 février prochain.

Épiphanie : tirer la reine des neiges

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u nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, des milliers de Russes ont afflué mardi 19 janvier vers les rivières et étangs gelés du pays. Pieds nus et en maillot de bain, c’est pour l’Epiphanie orthodoxe qu’ils se sont immergés à trois reprises dans les eaux sacrées et purificatrices. Ce rituel, organisé en souvenir du baptême de Jésus dans le Jourdain (fleuve du Moyen - Orient), se déroule chaque année dans la nuit du 18 au 19 janvier. Il débute à minuit et continue tout au long de la journée. Ce sont plus de 90 000 Moscovites ou touristes qui ont tenté l’expérience à Moscou. Dans l’Ukraine voisine, majoritairement orthodoxe, des centaines de citadins se sont rendus dès le matin sur rives du fleuve Dniepr, à Kiev. Mais ici, l’aspect religieux reste bien moins important qu’en Russie.

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L’association Magdalena créée par Jean-Philippe Chauveau, prêtre de la communauté SaintJean qui travaille aux côtés des prostitués du bois de Boulogne, a pour projet d’ouvrir une maison d’accueil courant mai. Une initiative qui divise catholiques et travailleurs du sexe.

Les saints du bois de Boulogne «C’est un combat pour la moral chrétienne et non pour les prostitués» ©DR

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Actualité Léo Roynette

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’est dans un ancien monastère de Seineet-Marne que devrait voir le jour le projet de l’association Magdalena. Une maison d’accueil et de réinsertion à l’intention des prostitués dont la volonté est de changer de métier, le plus souvent de vie. Ce nouveau chantier s’inscrit dans la continuité des missions menées par l’association créée en 1998 par le prêtre Chauveau. Des tournées dans le bois de Boulogne toutes les nuits et des dîners solidaires étaient déjà menés par les 250 bénévoles de l’association afin de sortir les prostitués de l’isolement. Désormais, c’est un logement permanent (le seul de France a posteriori) qui sortira de terre, pouvant accueillir sept pensionnaires, hommes, femmes, pour certains transsexuels. Ils seront encadrés par un directeur et une maîtresse de maison. Dans un communiqué, l’association décrit ce projet comme « une nouvelle dimension aux actions existantes par un accompagnement social, humain et spirituel en vue de la réinsertion ». Un projet de toute une vie pour le Père Chauveau, qu’il a qualifié auprès du journal La Croix de « grand rêve ». Une initiative bien accueillie par la communauté catholique En tout cas, ce projet est bien accueilli par la communauté catholique lyonnaise, comme en témoigne les dires du prêtre George Laïlo : « À condition que cela se fasse avec une extrême délicatesse, pourquoi pas. Il faudra bien veiller à la dignité de la personne.» Alors tout cela se ferait

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dans un pur but humaniste, dénué d’intentions prosélytes ? C’est comme cela que Père Laïlo conçoit la chose : « Le but n’est pas de profiter de la faiblesse de la personne pour la convertir. On doit laisser la liberté à chaque individu de croire en ce qu’il veut. Si l’on peut conforter un(e) musulman(e) dans sa religion parce que c’est celle qui lui permet de répondre à ses interrogations sur la vie, cela ne pose pas de problème. Le but n’est pas de défendre notre religion, mais de défendre la personne humaine ».

«Blanchisserie Madeleine» Un couvent de la Madeleine, également appelé « blanchisserie Madeleine », désigne une institution catholique destinée en principe à la rééducation de « femmes perdues », de « femmes de mœurs légères ». Le premier asile de ce genre a vu le jour à Dublin en 1765. De 1922 à 1996, environ 10.000 femmes rejetées par la société car jugées immorales y furent enfermées et traitées comme des esclaves. L’Etat irlandais a reconnu publiquement sa responsabilité dans ce drame. Le dernier couvent fut fermé le 25 septembre 1996.

"Un combat pour la morale chrétienne, pas pour les prostitués" Les principaux intéressés et les personnes qui les côtoient au jour le jour ont une autre opinion « C’est un vieillerie », estime Jérôme Expuesto, éducateur spécialisé au sein de l’association Cabiria qui œuvre pour la préservation des droits et des conditions de vie des prostitués. « Malheureusement quand on voit les difficultés qu’on a pour exister, survivre, alors qu’on fait de la santé publique, je trouve ça très triste. Et à la fin ce seront les prostitués qui paieront le prix fort ». Un avis que partage Thierry Schaffauser, travailleur du sexe, membre fondateur du Syndicat du Travail Sexuel (STRASS), coordinateur du collectif Droits & Prostitution et enfin, auteur du livre La Lutte des Putes. Pour lui, l’initiative du prêtre Chauveau part peut-être d’une bonne intention, mais ne fait au

final que stigmatiser. « Tout cela me paraît arriéré et me fait penser au Couvent de la Madeleine (voir encadré). Il y a une logique chrétienne derrière ce projet qui fait que la prostituée va se repentir et rechercher le pardon. Cela vient de la mythologie chrétienne, avec la prostituée Marie-Madeleine dans la Bible, d’où la célèbre réplique : que celui qui n’a jamais pêché jette la première pierre », commente-t-il. Et de revendiquer : « Mais ce n’est pas quelque chose auquel on aspire, nous, travailleurs du sexe. En priorité, nous nous opposons à la pénalisation de nos clients que le gouvernement veut appliquer. Ne pas nous reconnaître comme travailleurs, c’est nous couper de nos droits et c’est ce qui fait que nous subissons violences et discriminations au quotidien.» Thierry Schaffauser est clair : « c’est un combat pour la morale chrétienne, et non pour les prostitués.»


Le dossier

Et Dieu créa la femme ... Christianisme, Islam, Judaïsme, la place de la femme a toujours été un des sujets tabous de notre société. Méprisées et très souvent réduites à leur seule fonction de procréer, les femmes sont depuis longtemps considérées comme inférieures aux hommes. Mais que hands disent réellement les livres saints des différentes religions ? hand

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Charline Bakowski

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ous n’avons pas ouvert nous-mêmes la Bible, la Torah et le Coran. Certes, nous aurions pu mais nous avons préféré avoir affaire à des personnes capables de nous éclairer et de nous expliquer ce sujet aux multiples facettes. En effet, la femme a longtemps été considérée comme inférieure à l’homme, mais est-ce que les textes religieux déclarent réellement noir sur blanc ces dires ? Ainsi, si l’on regarde l’Ancien Testament, commun aux catholiques et aux juifs, Jésus a toujours considéré la femme comme l’égal de l’homme. Eve a été présentée à Adam comme son vis-àvis. La Torah a continué sur cette interprétation. Il est dit qu’il n’est « pas bon que l’homme reste seul face à une âme » explique Nissim Malka, rabbin de la grande synagogue de Lyon. Cependant, dans la religion catholique, plusieurs versions se sont dessinées. En effet, Eve, créée d’après la côte d’Adam, a l’image de la femme sournoise. Ce serait elle qui aurait poussé Adam à manger le fruit défendu. L’homme aurait donc fauté uniquement car la femme l’aurait entraîné. En effet, dans « Le livre des proverbes », la femme est davantage accueillie pour ses tâches domestiques que par sa présence dans la vie publique. « Nulle part on dit que l’homme est, ou doit être, supérieur à la femme. » explique Régine

Maire, bibliste théologienne à Lyon. Cependant, elle ajoute que certains textes sous-entendent que la place de la femme n’est pas dans l’espace public. « On préfère une femme active au foyer et silencieuse publiquement » confie Régine Maire. En revanche, dans l’Islam, l’origine est plus claire, du moins, d’un point de vue spirituel. Créer d’une seule et même âme, l’homme et la femme seraient égaux. Hacène Taibi, enseignant à la grande mosquée de Lyon, nous l’affirme : « Jamais vous ne trouverez un texte déclarant que la femme doit être au service de l’homme. » Au contraire même. Par exemple, entre un frère et une sœur, le frère aura une part d’héritage deux fois plus importante. Un principe que l’on pourrait considérer comme inégal, voire misogyne, mais que Hacène Taibi explique par le fait que seul l’homme est dans l’obligation de subvenir aux besoins de sa famille. Des femmes religieuses ont marqué l’Histoire À l’opposé de l’image de la femme inférieure, ce sont des femmes combattantes que l’on retrouve au cœur de l’Histoire. Dans la religion musulmane par exemple, la première femme du Prophète, Khadija, était une véritable femme d’affaires. Elle l’aurait même aidé à prendre des

décisions pendant la Révélation. Sa seconde femme, Aïcha, a d’autant plus marqué l’histoire musulmane. En effet, à la mort du Prophète, c’est elle qui a rapporté l’ensemble des paroles sacrées du Prophète. Elle a également été à la tête d’une armée lors des affrontements entre les chiites et les sunnites, dans « la bataille du Chameau ». Ce ne sont pas les seules, un grand nombre de femmes se sont également fait connaître pour leurs actes héroïques. Dans la religion catholique, c’est le cas de Judith, Ruth ou la Reine Esther, qui a réussi à sauver son peuple, ou encore dans la religion juive c’est celui de la Prophétesse Déborah et Myriam, la sœur de Moïse. « Si l’on parle d’une personne c’est par rapport à la vie qu’elle a eue, et non par le fait que ce soit une femme ou un homme » souligne Nissim Malka. Alors que nous pensons souvent les religions catholique et musulmane totalement opposées, ces dernières accordent toutes deux une grande place à la Vierge Marie. Mère de Jésus, elle est automatiquement affiliée à la religion catholique, les musulmans voient en elle la femme au-dessus de tout. C’est elle qui a réussi à guider son peuple et à diriger un temple. Une sourate entière lui est dédiée dans le Coran.

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Nissim Malka, rabbin de la grande Synagogue de Lyon ©CB Hacen Taibi, enseignant à la grande mosquée de Lyon ©CB Régine Maire, bilbiste et théologienne ©CB

Prétresse, pasteure, rabbin, iman, quel droit pour les femmes ? De nombreuses femmes ont été prêtresses ou prophétesses tout au long de l’histoire par exemple. Alors pourquoi, aujourd’hui, ne retrouve-t-on pas de femmes à la tête de la vie religieuse ? En réalité, rien n’interdit dans la Bible à une femme de devenir prêtresse, ou même de diriger une communauté. En revanche, L’Église d’aujourd’hui décrète le célibat des prêtres et leur rôle exclusivement masculin. Un principe totalement remis en cause par les protestants. En effet, même si les femmes pasteures sont celles qui ont mis le plus de temps à s’imposer, aujourd’hui la répartition entre pasteur homme et pasteure femme est quasiment égale. Ce qui n’est pas le cas chez les catholiques ou les orthodoxes. Chez les musulmans, il est vrai que nous ne trouvons pas de femme Imam. La seule raison est qu’elles n’ont pas le droit de diriger la prière. Cependant, elles peuvent exercer les autres fonctions d’un imam : l’enseignement et la médiation. « Ici, à la Mosquée de Lyon, sur 6 enseignants, 5 sont des femmes » confie Hacène Taibi. Ce qui est également le cas dans la religion juive, la transmission se faisant par les femmes et les études par les hommes. Cependant, il y a une

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grande différence entre les juifs traditionalistes et les juifs libéraux. En effet, chez les traditionnalistes, femmes et hommes n’ont pas le droit de prier ensemble et sont séparés à la synagogue. Ce qui n’est pas le cas chez les libéraux où les femmes ont la possibilité d’être rabbin. Mais aujourd’hui, comme nous l’a confirmé Claude Lévy, vice-présidente de l’Amitié judéo-chrétienne de Lyon, seules deux femmes ont accepté d’accéder à ce haut poste : Pauline Bebe et Delphine Horvilleur. Cette dernière cherche notamment à revaloriser la place de femme dans la religion juive. Une position qui évolue La femme a souvent été réduite à sa fonction de procréation. Une image totalement paradoxale lorsque l’on sait que Dieu considérait la femme égale à l’homme. Pourtant, Jean-Paul II a déclaré vouloir « exclure à jamais l’ordination des femmes de l’Église » pour se concentrer sur la procréation. En réalité si les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes droits, cela serait uniquement pour une question de capacités. « On reste dans une société machiste, mais il y a tout de même une évolution. » commente Régine Maire. Aujourd’hui, dans un contexte culturel qui a changé, les femmes demandent davantage

la parole. « Les religions ne font pas la culture, mais si une religion n’est pas en dialogue avec la culture, c’est une religion morte » précise Régine Maire. De plus en plus de femmes acquièrent des postes à responsabilité et notamment dans l’organisation religieuse. Aujourd’hui, 41% de femmes du Diocèse de Lyon sont dans les instances dirigeantes, un taux supérieur à la moyenne nationale. Même si les secteurs de la santé et de la formation restent leur point d’attache. Dans la religion musulmane, le changement est plus difficile car beaucoup d’hommes ne veulent pas être dirigés par une femme. « C’est culturel, un grand nombre de musulmans reste dans une société patriarcale et contredit les propos originels du Coran » explique Hacène Taibi. Dans la vie professionnelle ou la vie religieuse, la femme a du mal à s’imposer au même niveau que l’homme. Malgré l’évolution des mœurs, les capacités féminines ne sont pas toujours reconnues à juste titre. Bien que considérée en tant quel tel, en tant qu’être à part entière, la femme n’a pas encore les mêmes droits que l’homme.


Société Problèmes de recrutement des jeunes, non respect du savoir-vivre, d’autrui et de la religion... l’Église catholique est plus que jamais préoccupée par son avenir en Europe, et tout particulièrement ands enhFrance. hand

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Johanne Eva Desvages

L’Église se tourne vers l’immigration pour le remplacement de ses prêtres. ©JED

L’Église catholique victime d’une «terrible» crise de recrutement

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’est un véritable fléau qui touche l’Église catholique. D’après soeur Marie-Paule, mère supérieure de Notre-Dame-de-l’Hermitage, à Noirétable (Loire), les gens ne sont plus aussi pratiquants qu’avant : « ce n’est plus la priorité, maintenant on a tout ce qu’il faut pour vivre donc on n’a plus besoin de Dieu, on s’en passe. On l’appellera quand on aura besoin de lui ». L’égoïsme aurait semble-t-il pris le dessus sur la croyance divine. Trop contraignant de prier, trop de perte de temps d’aller se confesser... « maintenant les jeunes ne sont plus habitués à faire des sacrifices », estime-telle. A tel point qu’ils sont de moins en moins attirés par une vie de prêtrise. Les jeunes recrues sont peu nombreuses, et particulièrement en France. « Il y a une crise des vocations terrible ici, s’alarme le père Raffin de Noirétable, il suffit de regarder le nombre de paroisses qui n’ont plus de prêtre ». Avec une population religieuse vieillissante, le phénomène pose problème. En 2013, moins d’une centaine de prêtres a été ordonnée en France, alors qu’ils étaient huit fois plus à quitter leur fonction cette même année. « On a des maisons (monastères) qui ont dû fermer », par manque de personnel religieux pour y résider, indique père Raffin. En décembre 2014, Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France, déclarait sur France Info : «

Quand en une année, on ordonne 100 prêtres et qu’il en meurt 800 pour le territoire français, c’est évident. Le déficit il est là, il est criant ». Pour contrer ce fléau, les congrégations religieuses tentent de trouver des solutions de secours. Des religieux venus de l’étranger pour exercer en France À l’image des médecins et autres professions pour lesquelles des diplômés étrangers viennent exercer sur le territoire français, les congrégations religieuses comptent beaucoup sur l’immigration. Alors que l’Europe a fait face en 2015 à une baisse de 23% du nombre de jeunes recrues, le chiffre ne cesse d’augmenter sur les autres continents et particulièrement en Asie et Afrique où il a connu une inflation de 36 et 32%. Dans différents pays du monde, des communautés religieuses disparaissent ou doivent s’unir entre elles afin d’en éviter la suppression. Une vocation en marge de la société 2.0 Si les jeunes recrues se font plus rares, c’est que la religion n’est, semble-t-elle, plus dans l’air du temps. Aujourd’hui s’oppose une société moderne, dynamique et individualiste à la religion qui est, elle, ancestrale. Le développement de la science, qui tend

à répondre aux questions existentielles, auxquelles seule la religion donnait un sens jusque là, décrédibilise un peu plus encore les croyances. Mais pour le père Raffin, il y a d’autres explications à ce phénomène. «Avant, les familles étaient plus nombreuses», explique-t-il. Les curés se rendaient ainsi dans les grandes fratries et s’assuraient d’avoir au moins un des garçons qui accepterait de devenir prêtre. Mais aujourd’hui, ce démarchage a quasiment disparu en France et « il y a aussi un défaut d’éducation religieuse de la part des parents », regrette père George Laïlo, curé de la paroisse de l’Alliance, dans le Rhône. Les modes de vie sont également très différents entre les religieux et la nouvelle génération. Trop habitués aux nouvelles technologies, « les jeunes sont avec les écouteurs, la musique, ils ont du mal avec le silence », déplore père Paulino, missionnaire à l’église de Vienne (Isère). Depuis quelques années, ce dernier est d’ailleurs confronté à des requêtes des plus originales : « On nous a déjà demandé de supprimer des textes de l’évangile ou de passer du Johnny Halliday pendant des cérémonies. « Pour ceux qui souhaiteraient se lancer dans cette voie, il y a donc tout à réapprendre, à commencer par le respect des rites religieux. Un véritable challenge spirituel pour ces jeunes recrues que l’Église espère tant.

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CITIES OF THE WORLD Il était une foi...

TOKYO

CITIES OF THE WORLD

SUKYO MAHIKARI La secte japonaise

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TOKYO

Charlène Ravella CITIES OF THE WORLD

ondé au Japon en 1959, le mouvement religieux Sukyo Mahikari croit en l’existence d’une lumière divine capable de guérir tous les maux. La religion s’est implantée en France dès 1960. Aujourd’hui, qualifiée de secte dans un rapport parlementaire, elle compte entre 5 000 et 6 000 fidèles dont une partie est accueillie dans le dojo de Villeurbanne. Loin de l’idéal d’une société laïque et de la disparition des religions prônées par le philosophe Ferdinand Buisson, le 20ème siècle a vu naître de nouveaux mouvements religieux. Parmi eux, Sukyo Mahikari, créé par un ancien officier japonais de l’armée impériale. Kotama Okada, désireux de faire reconnaître à nouveau l’identité du Japon après la Seconde Guerre mondiale, fonde ce nouvel « art spirituel ». Car si ce mouvement a tout d’une religion, ses représentants en refusent l’étiquette. Les fidèles, surnommés les « Yokoshi », se réunissent dans un dojo, lieu de méditation initialement bouddhiste, pour recevoir ce qu’ils appellent « la lumière de Dieu ». Il s’agit d’une sorte d’énergie purificatrice censée guérir l’âme et le corps, tous deux contaminés par des « toxines du monde extérieur ». C’est ce que Frédérique Louveau, dans son livre « Le prophétisme japonais en Afrique de l’Ouest », appelle « l’Okiyome ». Dès son officialisation en 1971,

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Fondé au Japon en 1959, le mouvement religieux Sukyo Mahikari croit en l’existence d’une lumière divine capable de guérir tous les maux. La religion s’est implantée en France dès 1960. Aujourd’hui, qualifiée de secte dans un rapport parlementaire, elle compte entre 5000 et 6000 fidèles, dont une partie est accueillie dans le dojo de Villeurbanne.

Sukyo Mahikari connait une rapide quentés par les Antillais (35%), à la fois dans les dojos, dans les hôexpansion au Japon. En 1996, on les Européens (29%), les Africains pitaux ou directement chez les gens, recense 4 800 000 adeptes au pays (22%) et les Japonais (14%). « en toute discrétion et bénévolement du Soleil-Levant. Ce qui est peu au » nous précise la Yokoshi. S’il est difregard d’autres religions japonaises ficile d’en savoir un peu plus sur les Une secte peu médiatisée (la majorité des habitants étant shinpratiques de Sukyo Mahikari, « c’est A Villeurbanne, le dojo voit le jour en to-bouddhistes). Mais le mouvement avant tout parce que l’association a 1984. Campés entre un bar-restaune va pas seulement se cantonner eu de nombreux problèmes avec les rant et une sandwicherie rue Léon aux frontières nippones. Très rapidejournalistes par le passé. On nous a Blum, les locaux ne payent pas de ment, il part à la conquête du monde. définis comme une secte, alors que mine. Pourtant, difficile d’entrer Le Sukyo Mahikari se divise en cinq nous ne le sommes pas, contraireen relation avec ses responsables. délégations : japonaise, australienne, ment aux Témoins de Jéhovah. Nos Contactés par nos soins, « l’assonord-américaine, sud-américaine et membres se font discrets et n’ont pas ciation », tels qu’ils se définissent, européo-africaine. Et c’est dans cette besoin de publicité ». Pourtant, soupest « très hiérarchisée. » Il est donc dernière que la stratégie expansionçonné d’être proche de la secte Aum difficile d’avoir des précisions sur ses niste opère le mieux. En France, le à l’origine de l’attentat au gaz sarin agissements : « dans l’organisation mouvement s’implante dès les andans le métro de Tokyo en 1995, et l’administration, c’est très complinées 1960. Des années marquées Sukyo Mahikari est bel et bien qualifié qué, cela ressemble à un ministère, par la grande ouverture d’esprit de de secte en France par un rapport nous informe une adepte lyonnaise, notre société, qui trouve un intérêt parlementaire. Et comme dans toute mais en pratique, nous sommes très particulier à « l’exotisme spirituel » secte, ce sont les fidèles qui financent autonomes. » En théorie, les fidèles comme le rappelle Florence Louses activités et ses centres religieux. organisent des séances de vibration, veau lors d’une interview pour Radios chrétiennes francophones (RCF). La reliQualifié de mouvement sectaire depuis 1995 en France, Sukyo Mahikari est pourtant loin d’être gion se transmet considéré comme tel en Afrique de l’Ouest. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la nouvelle dans un premier religion japonaise s’est discrètement implantée dans 12 pays africains : en Côte d’Ivoire, au Bénin, temps dans les au Sénégal, dans les deux Congo, etc. Dans le contexte des difficultés économiques, sociales et restaurants jaculturelles des années 1970 à 1990, le mouvement religieux a su séduire des classes moyennes ponais de Paris. et supérieures fragilisées, faites de jeunes diplômés au chômage et de fonctionnaires victimes Séduits, les prede la crise. Car en plus d’entrer en résonnance avec les enjeux locaux, la religion n’impose pas à miers adeptes reses fidèles d’être monothéistes : ils sont généralement musulmans ou chrétiens, mais partagent tournent au Japon les concepts de Sukyo Mahikari. Même si les conversions religieuses ne sont plus si importantes pour se former. que dans les années 1970, le nombre d’adeptes semble se maintenir en Afrique de l’Ouest. En Puis naissent les 2013, on en dénombrait 6000 adeptes en Côte d’Ivoire et plus de 700 au Bénin. Au Sénégal, où premiers cours de l’on recense plus d’un millier de Yokoshis, le mouvement est reconnu depuis 1985 et serait même Sukyo Mahikari en pratiqué par les autorités. 1971, très fré-

Du Soleil-Levant à la Téranga


REPONSE 4 : B. 84 % de la population mondiale se déclarerait membre de l’une des cinq grandes religions. Les chrétiens sont majoritaires puisqu’ils représentent 32 % de la population. Puis arrivent les musulmans avec 23 %, les hindous avec 15 %, les bouddhiste avec 7 % et enfin les juifs avec 0,2 %.

REPONSE 3 :.B Mahomet est considéré comme le prophète majeur, fondateur de l’islam. Selon la tradition islamique, il serait né à la fin du VIe siècle, vers 570, à La Mecque. Il décèdera à l’âge de 63 ans, en 632 à Médine. Il est considéré par les musulmans comme le dernier prophète du monothéisme.

REPONSE 2 : A. C’est l’un des épisodes les plus sombres de l’Histoire de France. Le 24 août 1572 à Paris, jour de la Saint Barthélemy, a débuté le massacre de protestants par des catholiques. Un massacre qui s’est étendu à plus d’une vingtaine de villes de province, et ce durant plusieurs semaines.

REPONSE 1 B. L’Assomption est l’une des principales fêtes de la vie chrétienne. Elle célèbre l’élévation et la présence corporelle de la Vierge Marie au ciel après sa mort. Ce dogme catholique a été défini par Pie XII, le 1er novembre 1950. Le mot assomption tire son origine du verbe latin assumere, qui signifie « enlever ».

En quelle année est né le prophète Mahomet ?

D’après Le Monde des religions, 84 % de la population mondiale est religieuse. Quelle est la proportion de bouddhistes ?

A-622 B-570 C-632

A- 4 B- 7 C-13

QUESTION 3 A-La montée de Jésus au ciel après sa résurrection B-La montée de la Vierge Marie au ciel après sa mort C-La descente de l’Esprit saint sur les apôtres après la mort de Jésus

QUESTION 1 Chez les catholiques, que fête-t-on lors de l’Assomption, le 15 août ?

QUESTION 4 A- 24 août 1572 B- 24 août 1592 C- 24 août 1672 QUESTION 2 Quand a eu lieu le massacre de la Saint Barthélemy, au cours duquel des catholiques ont massacré des protestants à Paris ?

Le quiz de la rédaction


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