10 du mat num 13

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Exorcisme :

PROMOTION 2015 / 2016

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ISCPA

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J3 -MARDI 9 FEVRIER 2016 N°13

Actualité, analyse et dérision, tout sur les religions à Lyon

psychologie ou paranormal ?

Une rencontre historique pour la chrétienté p.3

Les jeunes chrétiens vivent ensemble p.6

@le10duMat

Il était une foi... Le bahaïsme p.7

www.10dumat.iscpalyon.com


Le monde des religions

EDITO Axel Poulain Rédacteur

La superstition, ce mythe de la vie quotidienne...

L

a superstition est un peu plus humaine que la religion, parce qu’elle manque de morale. » C’est au début du XXe siècle que l’écrivain et journaliste français Rémy de Gourmont posait les fondements de la distinction entre religion et superstition. Associé au malheur ou à la chance dans l’opinion publique, le nombre 13 a seulement une connotation négative dans la religion chrétienne. On l’associe aux souffrances du Christ, avec notamment Judas comme 13e apôtre lors de son dernier repas. Pour les autres religions cependant, le 13 n’a aucune incidence particulière. Finalement, c’est principalement dans le quotidien que la superstition fait effet, entre les immeubles qui privilégient le 12e étage bis, les avions qui retirent la 13e rangée ou l’impact du vendredi 13. La peur du nombre 13 s’est propagée à travers le monde. Plus récemment, les attentats de Paris du 13 novembre ont, eux aussi, nourri ce mythe. Pourtant, certains ont réussi à inverser la tendance en opérant un coup marketing. C’est notamment le cas de la Française des jeux qui, depuis 1991, organise son jackpot spécial « Vendredi 13 ». Pour ce 13e numéro du 10dumat’, la rédaction prend des risques. En nous lisant, vous aussi, probablement… Pour réagir et approfondir la lecture www.10dumat.iscpalyon.com

Directrice de la publication Isabelle Dumas Directeur de la rédaction Raphaël Ruffier Rédacteur en chef Léa Masseguin Rédacteurs

Axel Poulain, Lilian Gaubert, David Hernandez, Laura Turc, Florentin Schweppes, Maxime Feuillet, Leo Roynette, Léa Masseguin, Charline Bakowski, Hugo Borrel, Charlène Ravella, Pierre-Antoine Barut, Arnaud Bastion, Johanne-Eva Desvages, Paul Dalas, Stéphane Monier, Morgan Couturier. 10dumat@iscpalyon.net

Une chasuble de l’oncle de Napoléon dans un couvent lyonnais

«

Nous n’avons pas la moindre idée de la manière dont cette chasuble a atterri chez nous ». C’est ce qu’a déclaré l’une des sœurs de Saint-Charles présente lors de la découverte de ce vêtement. Fin 2015, une mystérieuse découverte est faite dans le couvent des pentes de la Croix-Rousse. Au moment de ranger un meuble de la sacristie, au centre de la pièce, l’une des sœurs tombe sur une chasuble en soie rouge agrémentée de fils d’or et d’un agneau brodé, plus vrai que nature, si l’on en croit ceux qui ont eu le bonheur de toucher. Et c’est grâce à un morceau de papier qui accompagnait le vêtement qu’il a été possible de l’associer au cardinal Fesch, oncle de Napoléon et archevêque de Lyon de 1802 à 1839. Une précieuse chasuble fait désormais le bonheur du cardinal Barbarin qui se l’est vu offerte en guise de cadeau, à Noël dernier.

Une réunion pour l’islam

«

Je vous demande de nous croire », voilà ce qu’a demandé Rachid Hamoudi, organisateur de la neuvième rencontre annuelle des musulmans du nord (RAMN) qui a finalement eu lieu ce dimanche à Lille. Il a prononcé cette phrase pour se défendre de l’invitation de trois intervenants ayant eu des propos homophobes et antisémites. Il assure que s’il avait été tenu au courant de tels agissements, ils n’auraient fait l’objet d’aucune invitation. Un discours sur lequel le théologien Tariq Ramadan a rebondi en exhortant les milliers de musulmans à prendre leurs responsabilités pour défendre l’islam et son image. De son côté, Bernard Cazeneuve avait quant à lui promis « une totale vigilance » sur les propos qui auraient pu être tenus. Nous avons tenté de joindre l’Union des jeunes musulmans de Lyon qui ont très rapidement mis fin à la conversation.

Moins de migrants pour un meilleur traitement

«

Il y a une cellule qui existe pour favoriser l’accueil à la fois en termes de quantité et de qualité », telle est la position d’un membre de la cellule diocésaine d’accueil des migrants de Lyon. Une réaction qui s’oppose à celle du cardinal Reinhard Marx, président de la conférence épiscopale allemande. Ce dernier a plaidé pour une limitation du nombre de migrants en Allemagne, préférant qu’ils soient accueillis dans la dignité : « Nous ne pouvons pas accueillir toutes les personnes en détresse. Cette question ne doit pas être traitée uniquement à l’aune de la charité, mais également de la raison. » Un discours partagé par de nombreux responsables Allemands.

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C’est le nombre de fans que compte la page Facebook dédiée à Saint-Expedit, un peu plus d’une semaine après sa création. Un « J’aime « pour une prière, un « partage « pour un remerciement, voilà une manière moderne de prier, l’un des saints les plus respectés à La Réunion.

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Actualité

Le pape François et Kirill 1er, patriarche de Moscou, vont se rencontrer pour la première fois dans lʼhistoire de lʼEglise chrétienne©imperor.net

Rapprochement historique entre les Eglises d’Orient et d’Occident Pierre-Antoine Barut Le 12 février prochain à Cuba et pour la première fois de l’histoire, le pape François et le plus important patriarche de l’orthodoxie, Kirill 1er de Moscou, vont se rencontrer. Cette entrevue historique des deux principaux dirigeants des chrétiens d’Occident et d’Orient, dont la préparation s’est organisée dans le plus grand secret, sera l’occasion d’évoquer les désaccords, toujours présents, entre les Eglises catholique et orthodoxe.

C’

est le fruit d’une envie qui date de plus de 25 ans. » Selon Bénédicte Draillard, bibliste et experte de la religion chrétienne, cette rencontre entre le pape François et le patriarche de l’orthodoxie, Kirill 1er, bien qu’historique, n’a rien de vraiment surprenant. En effet, l’entrevue prévue le 12 février prochain sur l’île de Cuba, entre les deux plus grandes figures de la chrétienté, « n’est pas la première tentative de rapprochement des deux Eglises ». Réalisée dans le plus grand secret et murement réfléchie, la première rencontre de l’histoire entre ces deux personnages, qui rassemblent plus de 1,4 milliard de fidèles à travers le monde, sera l’occasion de signer une déclaration commune, visant à unir tous les chrétiens.

l’amitié des deux personnages qui a permis d’ouvrir un dialogue », ajoute Bénédicte Draillard. A cette époque, le patriarcat de Moscou, qui rassemble plus de fidèles et connaît une richesse plus grande, est cependant moins influent dans la chrétienté, de part la position du patriarcat de Constantinople, première juridiction autocéphale de l’Eglise orthodoxe.

Plusieurs tentatives de rapprochement dans l’histoire de la chrétienté

Cette rencontre va donc geler les relations entre Rome et Moscou, « qui vont devoir attendre l’arrivée du pape Jean-Paul II, pour qu’orthodoxes et catholiques tentent de reprendre les discussions », précise Béatrice Soltner, spécialiste de l’oécuménisme. Après la chute du mur de Berlin, l’Eglise grécocatholique, attachée à Rome mais dont la culture est proche de l’orthodoxie, qui était persécutée par le régime communiste en Ukraine, trouva refuge grâce au soutient de Jean-Paul II.

Depuis le schisme de 1054, séparation des Eglises d’Orient et d’Occident, de nombreuses tentatives de rapprochement ont été entreprises au sein de l’Eglise chrétienne. Le premier acte fondateur était la rencontre entre le pape Paul 6 et Athénagoras, alors patriarche de Constantinople, en 1964. « C’est la première rencontre depuis plus de 900 ans entre l’orthodoxie et le catholicisme. C’est

«Les Russes l’ont pris comme une volonté de Rome de convertir la Russie au catholicisme », continue Béatrice Soltner. Et ce malgré plusieurs tentatives de rencontres de la part Jean-Paul II. Benoît XVI, son successeur, et Kirill 1er, ont eux aussi tenté une approche, de part leur proximité avec la culture allemande, mais là encore, aucune rencontre n’a abouti.

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François – Kirill 1er : une rencontre bien préparée La rencontre prévue entre les deux dirigeants des chrétiens d’Orient et d’Occident est donc la première du genre dans l’histoire de l’Eglise chrétienne. Savamment préparée, il faut remonter à l’automne 2013, pour voir les prémices d’une rencontre entre ces deux personnages. A ce moment-là, Kirill 1er émet alors son souhait au pape de le rencontrer. Le Saint Siège, qui est alors très réceptif à la demande, propose de démarrer les négociations et prévoit qu’une déclaration commune doit-être créée, comportant le mot « Unité ». Durant toute l’année 2014, les deux parties vont s’atteler à la rédaction d’un texte commun de six pages. « Il fallait un compromis, que tout le monde soit d’accord », précise Bénédicte Draillard. Cependant, jusqu’au dernier moment, la rencontre a bien failli ne pas avoir lieu, dû à la crainte du patriarche Kirill 1er de voir un schisme éclater au sein de son orthodoxie. Pour le pape François, le rapprochement des Eglises est l’une de ses priorités. A travers cette rencontre historique, il veut qu’ensemble, les chrétiens luttent contre le radicalisme islamiste au Moyen-Orient. De son côté, le père Lombardi, porte-parole du Vaitcan, conclut : « Cela marquera une étape importante dans les relations entre les deux Eglises.»


Le dossier

« Lors de la possession, la personne est habitée par Satan » Le risque de possession augmente avec le manque de foi. ©DR

Exorcisme, le terme est entouré de fantasmes pour la plupart tirés de films surnaturels. Pourtant, il s’agit d’une pratique prise très au sérieux par le Vatican et les psychiatres. Léa Masseguin

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rrivés au presbytère de la rue Tête d’Or, on nous explique poliment qu’une entrevue est impossible : « Le père Joseph ne souhaite pas vous recevoir. Il ne reçoit sous aucun prétexte des consultations concernant un exorcisme au presbytère ». Comprenant qu’il ne s’agit que d’une interview, le père Joseph de Almeida Monteiro nous explique qu’il existe en effet une maison spécifique pour procéder à l’exorcisme. L’adresse n’est dévoilée qu’au dernier moment aux personnes souffrants de l’emprise d’un démon : « Une maison simple, sans aucun meuble pour des raisons de sécurité, avec juste le nécessaire pour procéder au rituel », décrit-il.

Le père Joseph est en charge des exorcismes depuis trois ans dans la région.© P.D

Laura Turc

Paul Dalas

Le prêtre, âgé d’une quarantaine d’années, nous reçoit dans son bureau, une pièce austère avec comme seule décoration, l’icône d’un ange posée derrière le bureau en bois. « Là où je reçois les consultations, j’ai disposé de la même manière une icône représentant la Vierge. Elle représente « la toute petite », l’humilité. » Ce qui provoque une réaction parfois violente chez les personnes touchées par le malin. « Un jour j’ai prié, comme je le fais d’habitude avec une personne venue me consulter et à la lecture d’une prière concernant la Sainte Vierge, la personne s’est courbée jusqu’à se plier en deux. Elle ne faisait que répéter « Ce n’est pas moi, ce n’est pas moi ». Elle était totalement incapable de se maitriser », raconte le prêtre. Sur les plus de quatre-vingts personnes qu’il reçoit tous les ans, toutes ne sont pas possédées par un esprit maléfique. Officiellement, l’Église observe trois stades dans les phénomènes d’ordre démoniaques. Il y a d’abord ce qu’on appelle les obsessions démoniaques. « Les personnes ressentent une présence, ont l’impression qu’on les observe». «C’est un cas relativement rare. » Le plus courant sont les infestations. Le père Joseph explique qu’elles peuvent toucher des personnes comme des lieux. « Certains sentent une présence, observent des phénomènes, surtout la nuit, comme des meubles bouger, des images

sur les murs, des odeurs tenaces ou encore un froid, comme si quelque chose de gelé les touchait », explique calmement le prêtre. Il marque une pause avant de poursuivre très sérieusement : « Il reste le phénomène le plus grave, la possession. Dans ces cas là, la personne est habitée par Satan. Elle blasphème, possède une force surnaturelle. Ces personnes sont incapables de rentrer dans une église, d’être en contact avec des objets sacrés et se brûlent avec de l’eau bénite. » Le rite Pour faire face à ces troubles d’ordre démoniaques, le père Joseph Almeida Monteiro ne procède jamais de la même manière. « Chaque personne a une histoire différente. Il faut passer de longs moments avec elle, souvent retourner dans son passé pour comprendre les racines du problème », assure le prêtre. Même s’il est missionné par le diocèse de Lyon depuis seulement trois ans, il assure avoir déjà eu affaire à des cas complexes : « Une fois, c’était toute une famille qui était atteinte. Ce cas m’a pris beaucoup de temps ». Il existe un rituel pour procéder à l’exorcisme, mais il n’est pas toujours nécessaire. « Dans la plupart des cas, nous pouvons éloigner les esprits démoniaques par la prière et un change-

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ment de vie radicale de la personne inquiétée. Mais des emprises s’avèrent bien plus grave que d’autres. » Pour réaliser un exorcisme, le prêtre porte toujours une étole violette, la couleur de la pénitence et garde toujours un crucifix sur lui. Le rituel de l’exorcisme consiste à créer ou recréer un lien avec Dieu : « Comme le principe du baptême, l’exorcisme rappelle au démon que nous appartenons au Christ », explique le père Joseph avant de sortir de son armoire le livre du rituel. À la couverture bordeaux et les mots « le rituel » en lettres dorées, il est à peine plus petit qu’une Bible. « Vous ne trouverez jamais ce livre dans le commerce, il est exclusivement attribué aux prêtres par le ministère de l’exorcisme. » Le livre contient des textes extraits de la Bible, les plus « puissants », comme le prologue de l’évangile de Saint-Jean. Un texte lu à la messe de Noël « lorsque le monde se trouve dans les ténèbres », assure-t-il. Même s’il n’a que peu d’expérience comparé à son prédécesseur lyonnais ainsi qu’à ses collègues, ces derniers ont déjà eu affaire à des menaces très sérieuses : «  Nous avons des réunions où nous discutons des cas que nous rencontrons. Mes homologues m’ont confié avoir rencontré des personnes vomissant des clous ou marchant sur les murs. Si j’appréhende de faire face à ces phénomènes ? Je me dis que je verrai lorsque cela arrivera. Mais pour être honnête, quand j’entends certains collègues, je prie pour que cela ne m’arrive jamais », conclutil, le visage fendu d’un large sourire.

Des explications scientifiques ? Mais les possessions démoniaques ne relèveraient-elles pas de la psychologie plutôt que de la religion ? L’Eglise et la psychiatrie ont deux définitions bien distinctes de ce phénomène diabolique. Pour le catholicisme, le démon envahit le corps de la personne et en prend le contrôle, le seul remède étant l’exorcisme. Pour la science, la possession n’est pas considérée comme un phénomène religieux mais comme un délire durant lequel l’individu se croit dirigé par un être surnaturel. « Je ne dis pas que cela n’existe pas, indique le psychiatre lyonnais Nicolas Monnier. Mais je n’ai jamais été confronté à cette situation. Les malades peuvent présenter des délires schizophréniques mais il n’y a pas d’intervention divine. » Françoise Laurent, une psychiatre du 2e arrondissement, se fie davantage à la science qu’à la religion. Elle aussi a déjà été confrontée à des cas de « dépersonnalisation » mais qui n’étaient pas forcément en lien avec le sacré. Une collaboration entre prêtres et psychiatres Si les médecins sont incapables d’expliquer les étranges symptômes auxquels sont confrontés leurs patients (manifestation d’une répulsion envers les objets religieux, blasphème ou encore le fait de s’exprimer avec plusieurs voix

L’exorcisme, une pratique rationnelle « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. » De cette phrase, tirée de la Bible, sont nées les origines de l’exorcisme. Il est institutionnalisé dans le christianisme catholique à partir du Moyen-Age et existe toujours aujourd’hui. Même si l’exorcisme peut paraître étrange et mystique, cette pratique est plutôt organisée. Dans la société actuelle, en France, les prêtres exorcistes sont nommés officiellement et formellement par l’archevêque du diocèse en question. Son nombre dépend de l’importance du diocèse. À Lyon, il y a actuellement trois prêtres qui pratiquent l’exorcisme. Sa pratique est étroitement encadrée par l’Église, et plus précisément par le ministère qui s’en charge. L’exorciste ne peut agir qu’au sein de son diocèse. Le prêtre nommé reçoit alors le livre du rituel officiel de l’exorcisme, où sont notamment inscrits des passages de la Bible et des prières. Une pratique encadrée et contrôlée car les exorcistes doivent signer une charte établie par le Bureau national des exorcistes. Ils doivent également assister au Congrès national

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des exorcistes qui se tient tous les deux ans. En France, le ministère de l’exorcisme est assuré par 120 prêtres, soit un par diocèse. Esprit de prière, intégrité et discernement », qualités essentielles pour un exorciste La nomination des prêtres exorcistes se fait à partir de critères précis. Selon le père Joseph de Almeida Monteiro, les « grandes vertus » pour pratiquer l’exorcisme sont « l’intégrité, l’esprit de prière, du bon sens, de la maturité et surtout du discernement ». En effet, il faut « relier les personnes avec Dieu », comme précise le prêtre, il est donc nécessaire de comprendre et d’analyser le comportement de la personne, c’est pour cela que plusieurs séances de dialogue et de prières sont menées avant de pratiquer le rituel de l’exorcisme. Cependant, il faut tout de même mettre rapidement en pratique le discernement, car « les exorcistes sont aussi des urgentistes, il faut agir vite ».

différentes), ils peuvent alors faire appel à un service de l’exorcisme. En cas de doutes, le Vatican invite lui aussi les exorcistes à s’adresser à des psychiatres. Le père Joseph se souvient d’une anecdote : « Un jour, une femme a rendu visite à l’un de mes frères pour se faire exorciser. Se doutant d’une entourloupe, il a alors lu du Cicéron en latin ce qui a déclenché une crise d’hystérie chez celle qui voulait se débarrasser du diable. Elle avait donc des problèmes psychiques et non spirituels. » Depuis 1999, l’Eglise reconnaît d’ailleurs la maladie mentale comme une alternative à la possession. « Nous, prêtres exorcistes, nous devons mettre en pratique notre discernement et notre intégrité », confie le père Joseph qui, avant d’utiliser le rite d’exorcisme, consacre une grande partie de son temps à comprendre ceux qui se disent possédés. « Parfois, on vit des échecs et on doit orienter les personnes délirantes vers un psychiatre. » Autre avancée, les prêtres exorcistes peuvent désormais compter sur un nouveau rituel intégrant de la médecine et de la psychiatrie. Quoi qu’il en soit, pour le père Joseph, la seule solution pour être définitivement « guéri » de la possession démoniaque reste la conversion au christianisme ainsi qu’une vie « spirituelle et sacramentelle régulière ».

Et dans les autres religions ? Si l’exorcisme est notamment connu chez les catholiques, cette pratique se retrouve également dans d’autres religions. Dans l’islam, c’est la roqya, un ensemble de méthodes spirituelles pour remédier aux maladies occultes, en récitant des versets du Coran. La roqya peut chasser les djinns, des êtres surnaturels, des entités capables d’habiter des êtres humains. Dans le judaïsme, le Talmud, puis la Kabbale, décrivent des cérémonies d’exorcisme. Chez les juifs, le démon est appelé le dibouk. Pour s’en débarrasser, il faut faire appel à un tsadik, qui signifie littéralement « homme juste », mais aussi un maître spirituel. La Kabbale attribue au tsadik des pouvoirs divins, ce qui lui permet d’être l’intermédiaire entre Dieu et le peuple juif. En ce qui concerne le bouddhisme, l’exorcisme est surtout pratiqué par des moines tibétains, appelés lamas, c’est-à-dire un moine qui aurait un niveau de spiritualité supérieur.


Culture

Protestants et catholiques, une seule et même famille C’est à Oullins, au sud de Lyon, que depuis 42 ans, se déroule un principe unique en France, et même en Europe : un catéchèse œcuménique. Une fois par mois, enfants catholiques et enfants protestants se réunissent et partagent ensemble. Une immense famille chrétienne qui ne cesse de se développer au fil des années. Charline Bakowski

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rêpes party pour le groupe des grands, spaghettis bolognaises pour les plus jeunes, à chaque groupe sa pièce et son repas. Le tout, dans une convivialité incomparable. 150 jeunes, allant du primaire au lycée, qui discutent de tout et rien, qui prennent seulement plaisir à partager un moment « ensemble ».

Une communion indéniable entre enfants chrétiens Sans le vouloir, ils sont les pionniers du projet et ceux qui le font perdurer. Une seule envie les motive : « vivre ensemble » comme une véritable famille. Et ce, pendant plus de 3 heures, un samedi par mois,

au cœur de «la Sarra», l’Eglise protestante d’Oullins. Lorsqu’on leur demande s’ils sont catholiques ou protestants, ils répondent étonnés « on est chrétiens ! ». « C’est une paroisse d’attachement dans laquelle on n’est pas forcé d’être rangé dans des cases », confie Elodie. « Ici, tout se passe autour d’activités. On évite les signes trop catholiques ou trop protestants pour montrer que si l’on veut faire des choses ensemble, on peut le faire. Pourquoi la religion diviserait-elle ce que l’amour a réuni ? », s’exclame la pasteure Françoise Sternberger. Auparavant principalement catholiques, les couples, aujourd’hui, sont de plus en plus mixtes. Le projet a donc séduit au-delà d’Oullins, en attirant par exemple un couple et ses six enfants venus tout droit de la Drôme.

Une entente fragile entre Eglises catholique et protestante D’un commun accord, ils ont décidé que la célébration de la confirmation des jeunes allait pouvoir être commune. Malgré le fait que ce soit un sacrement chez les catholiques et une fête chez les protestants, pasteure et cardinal ont trouvé un terrain d’entente. « On a le même Christ, la même Bible, alors pourquoi se séparer ? », explique la pasteure. Certes, un compromis a été trouvé, mais de nombreux points restent encore en suspens. Dernièrement, le cardinal a notam-

La Pasteure Françoise Sternberger ©Charline Bakowski

ment refusé la proposition de créer une eucharistie1 commune. Une réticence qui peut éventuellement s’expliquer par le fait que le catéchèse catholique d’Oullins a vu ses portes se fermer au profit de ce catéchèse œcuménique. 1 -Sacrement chrétien, dont les catholiques et les protestants n’ont pas la même célébration.

D'ou vient ce catéchèse ?

Le groupe des Terminales en pleine partie crêpes. © Charline Bakowski

Le mot « catéchèse » vient du grec « catechesis » qui veut dire littéralement « faire écho ». Enseigné par les parents des enfants, et non pas un prêtre ou un pasteur, il s’oppose au catéchisme, qui est une instruction théorique des contenus de la foi chrétienne. Pour l’origine de ce catéchèse œcuménique, c’est à l’époque du pasteur Michel Bonneville, en 1973, qu’il faut remonter. En effet, ses enfants, protestants, allaient à la même école que les enfants de M. et Mme Fournier, un couple de catholiques. Ils ne comprenaient pas pourquoi ils pouvaient être ensemble à l’école, mais pas au catéchèse. C’est ainsi, qu’Eglise catholique et Eglise protestante ont eu l’idée de former ensemble les futurs moniteurs.

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Il était une foi�

Le bahaïsme : « Une religion au service de l’Homme »

Le temple du Lotus, situé en Inde, est lʼune des 8 maisons dʼadoration baháʼies ©DR

C’est l’une des religions les plus jeunes au monde. Pourtant, le bahaïsme s’élève à la 12ème place du classement des croyances comptant le plus de fidèles : ils sont 7 millions à travers le monde. Né en Perse, le bahaïsme est aujourd’hui présent sur tous les continents, avec des idéaux résolument progressistes. Léo Roynette

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’est le petit frère inconnu du christianisme, du judaïsme et de l’islam. Comme ces trois précédentes, le bahaïsme est une religion monothéiste et abrahamique, c’est-à-dire ayant comme patriarche le prophète Abraham (Ibrahim pour l’islam). Pourtant, ce culte reste très méconnu. Il faut dire qu’il n’a même pas deux siècles d’existence. Une foi profondément pacifique En 1863, le Perse Mirza Husayn Ali Nuri annonça être un messager de Dieu. Il se fit nommer Bahá’u’lláh (gloire de Dieu), et fonda alors le bahaïsme. Il commence à regrouper autour de lui des adeptes, dans le but de donner le jour à une religion mondiale, qui représenterait le « couronnement de toutes les religions ayant jusqu’alors existées » et serait sur terre la pierre angulaire d’un royaume de paix, de justice, de

liberté et d’humanité. Un objectif qui répond au principe d’unité et d’unicité. « Pour les bahá’ís, l’aboutissement d’une paix mondiale passe par l’unité des peuples, des pays, des religions, mais aussi par le décloisonnement entre science et religion, entre foi et raison, matériel et spirituel. Il faut une harmonie entre ces différents systèmes pour éviter les extrêmes, qu’ils soient religieux ou sociétaux », assure Sophie Ménard, porte-parole des bahá’ís de France. Bahá’u’lláh exerce sa prédication essentiellement par écrit. En 1868, il rédige d’ailleurs des messages aux dirigeants les plus éminents de son temps, parmi lesquels le Shah d’Iran, le tsar de Russie Alexandre II, la reine Victoria, l’empereur Guillaume 1er, Napoléon III et le pape Pie IX, qu’il exhorte à limiter leurs armements et à réaliser une paix mondiale généralisée et durable. Résultat de la jeunesse du bahaïsme ou non, cette religion se différencie en tout cas des

autres par le progressisme dont elle fait preuve. « Dès le 19ème siècle, les fidèles bahá’ís prônent l’égalité des sexes dans la société, luttent contre les préjugés et s’emploient à scolariser le plus grand nombre, explique Sophie Ménard, porte-parole des bahá’ís de France. Les filles sont même privilégiées, car elles sont porteuses d’un avenir familial », détaille Sophie Ménard. L’accès à la maturité de l’humanité Une éducation nécessaire pour répondre à un grand principe du bahaïsme : la recherche indépendante de la vérité. « La vérité est relative, et non pas absolue. Nous sommes des êtres limités. On ne prétend pas vous dire ce que vous devez penser, mais on vous invite à y réfléchir par vousmême. Vous devez faire votre propre recherche, affirme-t-elle. En nous améliorant continuellement, nous

engrangeons des connaissances pour améliorer ce monde. À nous de faire de cette planète notre paradis. » Les quarante dernières années du prophète furent passées en prison ou en exil. En fin de vie, Bahá’u’lláh s’installa finalement à Saint-Jeand’Acre en Israël, où il écrira la plus importante de ses œuvres, le « Kitábí-Aqdas » ou « Livre le Plus Saint ». Il décèdera en 1892. Sa dépouille repose encore dans une pièce de sa demeure. Ce lieu, appelé Bahjí par les fidèles, est le plus saint qui soit sur terre. La finalité du bahaïsme ? Parvenir à une amélioration de la société autant sur le domaine matériel que spirituel, à une maturité de l’humanité. « Le bahaïsme est résolument tourné vers l’avenir. C’est en quelque sorte une religion au service de l’Homme », conclut Sophie Ménard. Qui a dit que la religion était l’opium du peuple ?

Malgré un message de paix universel, les bahá’ís sont en proie à des persécutions intenses en Iran, pays d’origine du bahaïsme. Depuis la révolution islamique de 1979, la plus grande minorité religieuse du pays n’a jamais été en mesure de pratiquer librement leur religion. De plus, les autorités leur refusent l’accès à l’enseignement supérieur, à l’emploi et ils sont soumis à des arrestations sommaires. Pire encore, ils n’ont aucun statut civique. Tuer un bahá’í est donc tout à fait légal. Depuis 2005, plus de 800 bahá’ís ont été arrêtés, et une centaine d’actes de vandalisme et d’incendies criminels à leur encontre ont été enregistrés.

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REPONSE 1 : A Les Jeux panhelléniques sont des fêtes à caractère religieux célébrées en Grèce antique et ancêtres des Jeux olympiques modernes. Ils ont la particularité de rassembler le monde grec (pour leur appartenance à une même culture et à une même religion) à une époque où la Grèce n’est pas encore un État mais est formée de cités-Etats. Les quatre Jeux panhelléniques (Olympiques à Olympie, Pythiques à Delphes, Isthmiques à Corinthe et Néméens à Némée) n’ont jamais lieu durant la même année.

REPONSE 1 A Selon une étude de l’Institut de recherche américain spécialisé dans les religions Pew Forum, le Nigéria est le deuxième pays au monde comptant le plus de protestants. Avec 60 millions de protestants (38 % de la population du pays), il est loin derrière les Etats-Unis (160 millions de protestants, 20% du total mondial) mais devant la Chine (58 millions de protestants, 4,3% de la population du pays).

REPONSE 2 : B.Premier évêque de Rome, Pierre est considéré comme le premier pape de l’histoire par l’Eglise catholique. Il a en effet été désigné par Jésus comme son successeur. En 64, Pierre subit le martyre au cours des jeux du cirque à Rome, première persécution des chrétiens lancée par Néron. Son corps est alors déposé au bord d’une voie d’accès à Rome, sous l’actuelle basilique Saint-Pierre.

REPONSE 1 : A Les Mormons. Joseph Smith est le fondateur de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (ou mormonisme). En 1830, il publie le Livre de Mormon, qu’il affirme être la traduction d’un récit ancien gravé sur des plaques d’or qu’un ange lui aurait confié. La même année, il fonde son Église qui, selon lui, serait le rétablissement de l’Église originelle de Jésus-Christ et dont il devient le premier président.

A-Le Nigéria B-La Chine C- L’Allemagne Après les Etats-Unis, quel pays compte le plus de protestants ? QUESTION 3 A-Les Mormons B-Les Amish C- Les Zuistes QUESTION 1 Quelle communauté religieuse a pour prophète Joseph Smith ?

A- Olympie, Delphes, Corinthe, et Némée B- Olympie, Delphes, Athènes, et Némée C- Olympie, Delphes, Athènes, et Thèbes QUESTION 4 Sur quels différents sites étaient célébrés les Jeux panhelléniques ? A- Le Pape a été appelé par l’Empereur romain Hadrien B- La présence du tombeau de Saint-Pierre C- La première persécution des chrétiens a été réalisée au Colisée QUESTION 2 Pourquoi le Pape est-il à Rome ?

Le quiz de la rédaction


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