10 du mat numéro 13

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Numéro 13 - Jeudi 2 février 2017

Edito

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. L’ère Obama révolue, Trump représente « une chance formidable » pour les autorités israéliennes. Comme si détruire son propre pays ne lui suffisait pas, l’onde de choc Donald Trump semble bien se propager jusqu’en Israël. À peine a-t-il pris possession du Bureau ovale, que la mairie de Jérusalem s’est empressée de relancer la colonisation d’une partie de la Cisjordanie, dans Jérusalem-Est. Le gouvernement de Netanyahou a officiellement donné son feu vert quant à la construction de 3 000 logements empiétant sur cette zone de conflit historique. En soutenant le nouveau président américain dans son projet de mur avec le Mexique, Benyamin Netanyahou s’assure ainsi de conserver une place de choix dans le coeur du chef de l’État.

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Depuis les municipales de 2014, 8 à 10 % des élus FN ont quitté le parti selon une enquête de l’Obs. © DR / Montage Amélie Vuargnoz

Lyon : une pétition pour des élus au casier vierge

Attachés parlementaires : les hommes de l’ombre

Macron : une esquisse de programme


Les echos du jour Macron notre nouveau président Macron, ce nom est sur toutes les lèvres dans les discussions politiques. Ce serait même le nom du nouveau président de la République, selon un sondage Elabe réalisé pour Les Echos et Radio Classique. Hier, le candidat du mouvement En Marche ! a dévoilé quelques points de son programme et sera ce week-end à Lyon pour un meeting. Le jeune candidat met les bouchées doubles pour sa campagne et selon ce sondage, la recette serait la bonne. Il devancerait largement François Fillon au premier tour de la présidentielle et battrait Marine Le Pen au second tour (65% des intentions de vote contre 35%). Le sondage indique que quel que soit le scénario du premier tour, Emmanuel Macron se qualifiera pour le second. Le ‘‘Penelope Gate’’ profite indéniablement au candidat qui s’estime ni de droite ni de gauche. Reste à savoir si son programme, partiellement dévoilé, convaincra le plus grand nombre d’électeurs ces prochains mois.

Le tweet du jour

Jean-Luc Mélenchon a twitté une vidéo Youtube d’un peu plus de dix minutes dans laquelle il s’adresse à Benoît Hamon. Dans cette dernière, c’est sur un ton très calme que le candidat de l’extrême gauche s’exprime afin de faire réagir son adversaire. Le but ? Que Benoît Hamon choisisse « entre eux et nous ».

La phrase du jour « Macron se dit antisystème, mais c’est un pur produit du système. Je suis atterrée par son effet sur de jeunes esprits. » Christiane Taubira a attaqué le candidat du mouvement En Marche ! dans Les Inrocks. Même si elle reconnaît une réelle capacité de séduction au candidat, elle estime « qu’il doit beaucoup aux médias ». L’ancienne garde des Sceaux ne doit pas être ravie d’apprendre qu’Emmanuel Macron est actuellement en tête des sondages (lire ci-dessus).

Marine Le Pen renonce À la peine de mort

Marc Joulaud porté disparu

Changement de programme pour Marine Le Pen. La candidate du Front national ne propose plus la peine capitale, lui préférant finalement la « perpétuité réelle ». Par le passé, la chef de file du FN s’était déclarée favorable à la peine de mort à « titre personnel ». Néanmoins, sur cette question, elle compte laisser le choix aux citoyens qui pourront s’exprimer « via un référendum d’initiative populaire ». Ce dispositif leur permettra de se saisir de n’importe quel sujet à condition de recueillir 500 000 signatures.

Marc Joulaud, maire de Sablé-sur-Sarthe et fidèle de François Fillon, a été auditionné hier après avoir été aux abonnés absents pendant une semaine. Il avait, lui aussi, embauché Penelope Fillon comme assistante, entre 2002 et 2007, quand il a succédé au candidat à la présidentielle comme député de la Sarthe. Le service de communication de la mairie de Sablé-sur-Sarthe répète la même phrase à la presse : « M. Joulaud ne fera aucune déclaration. Si la justice souhaite lui poser des questions, il se tient à sa disposition. » 2


départ

Scandales et démissions, le FN 69 se tire une balle dans le pied Par Mathieu Bassaïstéguy

C’est à Lyon que Marine Le Pen sonnera, dimanche, le véritable début de sa campagne. La candidate du Front national organise un double meeting sur une terre désertée par certains élus FN. En effet, la fédération régionale du parti connaît de nombreux problèmes ces derniers mois. Elle vient de perdre son groupe à la Métropole après des désaccords en interne. Retour sur un conflit fratricide.

M

arine Le Pen se serait bien passé d’une telle publicité à quelques jours de son premier grand meeting à Lyon. La cellule locale du Front national est en ce moment au coeur de la tempête après la perte de son groupe à la Métropole de Lyon. Une dissolution qui va intervenir bientôt, après la démission de Michel Casola du parti frontiste. L’élu de Villeurbanne siégeait jusque-là au côté de Christophe Boudot (élu lyonnais) sous la bannière du parti d’extrême droite. À l’heure d’expliquer les raisons de son départ, certains membres du parti semblent s’accorder sur le coupable. Selon eux, c’est Christophe Boudot lui-même qui serait à l’origine de cette déflexion. Monsieur Casola ne supporterait plus les nombreux « dérapages » et la « présence chaotique à la Métropole » de l’ex-conseiller municipal centriste à la mairie de Limonest. Christophe Boudot débarqué Ce n’est malheureusement pas la première fois que Christophe Bou-

dot fait débat au sein même de sa fédération. En janvier 2016, Romain Vaudan, ancien membre du parti et conseiller d’arrondissement dans le 3e signifiait son départ au Front national. Il adressait dans le même temps une lettre à l’intention de Marine Le Pen dans laquelle il dénonçait déjà le comportement de monsieur Boudot. À travers ces lignes, l’ancien adjoint à la fédération du Rhône dépeint un portrait peu reluisant, qualifiant son ancien collègue de « paresseux, négligent, vénal, narcissique ». À l’époque, il mettait déjà en exergue la faible participation de l’élu lyonnais aux assemblées et commissions de la Métropole. Si aucune sanction n’a été prise à son encontre, Christophe Boudot a été remplacé à la tête de la fédération trois mois plus tard par son adjointe, Muriel Coativy. Selon certains proches du parti, il a alors perdu toute responsabilité locale, en dehors de ses mandats et se retrouve en mauvais termes avec la nouvelle direction.

pagne, sorte de ‘‘bureau politique bis’’ le temps de l’élection. En interne, on évoque même la « fin du voyage » pour l’élu lyonnais. Celui-ci devrait être débarqué lors du prochain Congrès du FN, qui aura lieu après l’élection présidentielle. Sa présidence du groupe Front national à la région Auvergne-Rhône-Alpes serait également menacée et son remplacement envisagé après la période des législatives. Alors que 8 à 10% des élus frontistes ont déjà démissionné de leur poste depuis les municipales de 2014 (enquête l’Obs), la fédération Auvergne-Rhône-Alpes est l’un des exemples les plus flagrants de la déliquescence qui flotte actuellement au sein du « premier parti de France ». Inquiétant à moins de trois mois du premier tour de l’élect i o n présid e n tielle.

8 à 10 % d’élus démissionnaires Aujourd’hui, si Christophe Boudot est encore membre du bureau politique du parti, il n’en est pas moins mis au banc. En effet, Marine Le Pen n’a pas jugé bon de l’intégrer au comité de pilotage de sa cam3

Marine Le Pen et Christophe Boudot © DR / Montage Selena Miniscalco


Et si c’était vrai ?

François Fillon : tout le monde veut prendre sa place Par Marlène Thomas

Alors que la rédaction du Canard Enchaîné a fait de nouvelles révélations sur le Penelope Gate dans son édition du mercredi 1er février, pour les électeurs de droite, souvent déçus, la question du changement de candidat se pose. que Fillon était pour moi une bonne surprise, il avait un discours de vérité. Il ne faudra pas s’étonner si les gens se tournent vers l’extrême droite. » Un éventuel successeur difficile à choisir Reste à régler la question de son éventuel successeur. Martine, 69 ans, estime qu’on ne peut pas « nier l’importance démocratique de la primaire » et qu’Alain Juppé « aurait été un bien meilleur candidat ». Quant à Léo, 21 ans, il privilégierait « un candidat inconnu, une page blanche en quelque sorte, mais c’est clairement utopiste que la droite choisisse ce chemin-là. » Mais certains restent, envers et contre tous, derrière Fillon. « Je ne pense pas qu’il faille changer le candidat désigné à la primaire. Je trouve que cette affaire tombe à un moment bizarre. J’ai confiance en François Fillon et son épouse. Il faut être soudé derrière lui », lance Andrew Junior Ngokobi Dooh, 26 ans, militant LR depuis dix ans.

La candidature de François Fillon est plus que jamais en danger après l’affaire du ‘‘Penelope Gate’’. © Kevin Erkeletyan

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rançois Fillon va avoir du mal à se sortir de cette tempête politico-médiatique. Après les premières révélations du Canard enchaîné, la semaine dernière, sur le supposé emploi fictif de Penelope Fillon en tant qu’attachée parlementaire, la rédaction en a remis une couche mercredi. L’hebdomadaire satirique dévoile que cette dernière aurait touché plus de 900 000 euros brut (830 000 euros comme attachée parlementaire et 100 000 euros pour La Revue des deux mondes). Les enfants du couple, Marie et Charles, auraient aussi perçu 84 000 euros. Face à ce déferlement de polémiques, de plus en plus d’élus se demandent si François Fillon peut maintenir sa candidature à la présidentielle. Parmi eux, le député du Rhône, George Fenech, a demandé la tenue d’un conseil national extraordinaire des Républicains.

Laurent Wauquiez : candidat de substitution ? Par Angélique Bernard et Amélie Vuargnoz

« En 2017, je ne veux pas entrer au gouvernement. Et je ne fais rien pour y entrer », déclarait Laurent Wauquiez, membre LR, le 26 janvier. Mais le ‘‘Penelope Gate’’ n’était pas encore d’actualité. Si Fillon semble en mauvaise posture, plusieurs noms reviennent pour prendre sa relève. Celui de Laurent Wauquiez, président du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, semble favori. Pourtant chez Les Républicains, les consignes sont claires : ne pas parler à la presse. « On ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet », insiste son attaché de presse Frédéric Poignard. Quant à son conseiller Geoffrey Mercier, il affirme que le dépôt de nom de domaine « wauquiez2017.fr n’est qu’une action étrangère et malveillante ». Il en est de même au siège de la Région où l’accueil était tout aussi glacial. Toujours est-il que le doute persiste, et que la situation mériterait un éclaircissement.

« Il ne faudra pas s’étonner si les gens se tournent vers l’extrême droite » La question d’un changement de candidat taraude aussi l’esprit des électeurs de droite. « Il faut changer de candidat parce qu’il a fait de l’honnêteté un des piliers de sa campagne. Il y a plein d’incohérences dans son discours et dans celui de ses proches », avance Simon, 23 ans, qui compte désormais voter pour Emmanuel Macron. « C’est inquiétant de voir ce qu’il se passe, j’ai l’impression qu’on ne peut plus avoir une vraie droite honnête et forte », ajoute-t-il. Pour Roland, 21 ans, autrefois encarté chez Les Républicains : « C’est vraiment dommage parce 4


révélations

La vraie vie des attachés parlementaires Par Victoria Havard

Bernard* a commencé sa carrière comme attaché parlementaire d’un député du Rhône, avant de devenir lui-même député quelques années plus tard. Plongé dans le bain politique depuis plus de deux décennies, il accepte de répondre à nos questions sur les différents types d’attachés parlementaires, leurs missions et leurs rémunérations.

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l faut tout d’abord savoir qu’il y a deux sortes d’attachés parlementaires : celui que l’on va appeler “petites mains” et le conseiller politique. Il y a également des attachés parlementaires de la région parisienne attribués aux députés (généralement un même collaborateur pour plusieurs députés), et ceux qui sont mobilisés sur une circonscription en province. Bernard*, un ancien attaché parlementaire et ancien député, explique : « En tant que député, j’avais trois collaborateurs parlementaires. Le premier s’occupait du travail législatif, à savoir le suivi des textes ainsi que la rédaction des questions écrites au gouvernement. C’est un droit constitutionnel du pouvoir législatif de solliciter n’importe quel ministre afin d’obtenir des précisions sur l’intention ministérielle. Le ministre est obligé de répondre. » Un droit dont abusent certains, selon l’ancien parlementaire, qui précise que « certains se faisaient un malin plaisir de noyer les ministres sous les questions en guise de protestation contre un gouvernement. » « L’attaché parlementaire a un rôle à jouer dans la transmission d’informations » Le collaborateur parlementaire s’occupait également de la rédaction des amendements. « Quand un projet de loi est soumis à l’Assemblée, les députés ont la possibilité de soumettre au vote des amendements. Ces amendements sont généralement rédigés en partie avec l’attaché, qui aide son parlementaire a faire des recherches sur le sujet, en lui soumettant des revues de presse par exemple, et en lui apportant des précisions pertinentes. » L’attaché parlementaire assiste également le député dans le suivi des principaux dossiers de la circonscrip-

© DR

tion. « Pour chaque désaccord entre une personne de la circonscription et un organisme, le député a le rôle de médiateur. L’attaché parlementaire a également un rôle à jouer dans la transmission d’informations au politique. » 9 561 euros bruts par mois pour les collaborateurs Deux autres attachés parlementaires étaient au service de l’ancien député : « J’avais une collaboratrice en charge de la partie logistique, tout ce qui concerne les invitations, la tenue de l’agenda et du fichier de contacts au plan local et national, l’organisation des rendez-vous. C’est un job à plein-temps. Ma dernière collaboratrice était en charge de tout ce qui concernait les associations et les militants. Chaque député a une enveloppe parlementaire d’entre 100 000 et 130 000 euros par an à redistribuer aux associations. J’avais fait le choix de subventionner des actions précises pour les associations de la circonscription, mais la distribution de l’enveloppe est à l’appréciation de chaque député. Une partie du travail concerne également la gestion des actions des militants de la circonscription. » Pour rémunérer ses collaborateurs, Bernard* avait une enveloppe d’environ 7 000 euros nets (soit 9 561 bruts par mois selon le site de l’Assemblée nationale). « Approximativement, mon premier collaborateur touchait 3 000 euros nets par mois, la seconde 2 000 et la troisième 1 000. » C’est l’Assemblée nationale qui gère les contrats de travail des attachés parlementaires depuis la réforme structurelle de Nicolas Sarkozy en 2012. * Le prénom a été modifié.


éCLAIRAGE

Macron, le cul entre deux programmes Par Manon Dognin et clémentine Emonoz

Emmanuel Macron a dévoilé, mercredi 1er février, au micro de France Inter, ses premières mesures en vue d’un probable quinquennat. Des mesures floues, surélevées par des formules alambiquées et des tournures de phrases douteuses. Macron, ce beau parleur s’applique à draguer les électeurs de droite comme de gauche en s’étiquetant ‘‘antisystème’’. Un paradoxe.

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n le sait un peu ambigu, énigmatique. Peut-être incertain ? Allez savoir. Le grand Macron a su se rapprocher de la droite mais aussi de la gauche, si bien qu’on ne sait plus trop sur quel pied danser. Un savant mélange de « valeurs de gauche » et de « propositions de droite ». Sur les questions de société le leader du parti En Marche ! met une droite à la droite. Plutôt en accord avec Benoît Hamon sur ce sujet, Macron se positionne en faveur de l’accueil des demandeurs d’asile qu’il estime comme « un devoir pour la France ». L’ancien ministre de l’Économie rejoint également les opinions de gauche en ce qui concerne l’éducation. Il s’apprête notamment à concentrer ses efforts sur l’école primaire. Mais les convergences ne s’arrêtent pas là : adaptation des 35 heures pour les jeunes ou encore droit du chômage pour les travailleurs indépendants ou les autoentrepreneurs, le candidat n’invente finalement pas grand-chose. Toutefois, là encore, les propositions restent floues. Le Point ne s’est d’ailleurs pas privé de titrer : « bla bla Macron ». Macron, l’homme aux multiples casquettes Dès lors qu’on s’attarde sur l’aspect économique du programme du prétendant à l’Élysée, les ressemblances avec celui de François Fillon sont frappantes. « Je ne crois pas que le programme de François Fillon soit libéral sur le plan économique, il est

au contraire profondément conservateur », expliquait récemment Emmanuel Macron. Pourtant, en proposant d’alléger le coût du travail, de favoriser l’apprentissage au lieu de vouloir un SMIC jeune ou bien de réduire les cotisations salariales, les ambitions semblent se confondre. Pour Marie-Noëlle LieneÀ quelques mois de la présidentielle macro n’a toujours pas de programme mann, femme politique so- clair © DR cialiste, « Macron est de lu donner un os à ronger aux médroite et de droite ». Cela ne fait dias afin de justifier son absence aucun doute pour la sénatrice pa- de programme. Au micro de France risienne. « Il fait la théorisation du Inter ce mercredi matin, Macron a libéralisme classique tel qu’on l’en- eu du mal à contenir son malaise à tend depuis trente ans », ajoute-t- l’écoute du billet de Nicole Ferroni elle. Sauf que là aussi, ce n’est pas qui a brillamment moqué son ‘‘anaussi simple. On a beau chercher, tisystème’’. réécouter la prestation de Macron « Vous voulez montrer que vous êtes sur France Inter, c’est flou et quand en rupture avec le système, et ce mace n’est pas flou, c’est incompré- tin vous faites quoi ? Des très très hensible. Alors oui, il ne veut pas longues phrases pour convaincre abroger la loi travail, au contraire, des auditeurs bougons que vous avez il souhaite même aller plus loin. Il un programme. Vous montrez que va également à l’encontre de la ré- comme les autres vous avez choppé forme fiscale que propose Hamon cette fièvre électorale. Le grand gaen fusionnant l’impôt sur le revenu gnant de cette présidentielle (et je et la CSG pour en faire un impôt n’ai pas besoin de sondage pour le unique. Mais là encore, marquer prévoir), c’est l’égo », ironise la chroson désaccord ne suffit à écrire les niqueuse. Un avis partagé par Chrislignes concrètes d’une proposition tiane Taubira qui vient chatouiller politique. l’ex-ministre qu’elle décrit comme un Énarque, banquier et antisystème, vraiment ? Forcément, certains sont sceptiques. Emmanuel Macron paraît avoir vou6

« pur produit du système ».


Alternative citoyenne

Lyon : une pétition pour des élus immaculés Par anne rivière

Le Lyonnais Xavier Jandot Dit Danjou et trois autres citoyens sont à l’origine d’une pétition réclamant un casier vierge pour les élus. Après avoir récolté 148 000 signatures d’anonymes et de politiques, l’idée est devenue un projet de loi, votée le 1er février à l’Assemblée.

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t si les pétitions pouvaient changer la loi ? Xavier Jandot Dit Danjou, enseignant et habitant de Lyon 3, en est convaincu. Ce sont « la colère et l’impuissance politique » qui le poussent à créer une première pétition en juin dernier. Il y réclame le retrait de la candidature de Patrick Balkany aux législatives 2017. Pourtant soutenu par Les Républicains, le politicien traîne derrière lui une demi-douzaine d’affaires de fraude fiscale. Sa pétition récolte 125 000 signatures en cinq jours, parvient « aux oreilles de Sarkozy » et porte ses fruits : Patrick Balkany finit par se retirer. Cette première victoire l’amène à rencontrer Philippe Pascot, ex-adjoint au maire d’Évry et auteur de trois livres dénonçant les privilèges des politiques. Il avait lui aussi lancé sa pétition avec deux citoyens, Yannick Talhouët et John Bolt, en mai 2015. Les quatre hommes font équipe derrière ce nouveau texte. Ils demandent la fin des traitements de faveur pour les politiques, en rendant obligatoire pour les élus la possession d’un casier vierge, dans une démarche de transparence. « Les électeurs ont besoin d’exemplarité. Aujourd’hui 400 métiers sont tenus à l’obligation d’avoir un casier vierge, alors pourquoi pas les politiques ? C’est un fait avéré, une majorité de français ont perdu confiance et estiment que les parlementaires sont corrompus. Comment faire autre-

ment quand 30% d’entre eux ont eu affaire à la justice ? », explique Xavier Jandot. 148 000 signataires La pétition trouve son écho auprès de quelque 148 000 soutiens. De nombreux députés l’ont signée publiquement. Mais aussi des petits candidats, comme Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), Yves Jadot (EELV), François Asselineau (UPR), et Charlotte Marchandise (LaPrimaire). Vous l’aurez remarqué, nulle trace d’élus LR. « Aucun n’a répondu à nos mails, pas même Laurent Wauquiez. L’équipe parlementaire de François Fillon nous a répondu tout en langue de bois qu’il en avait pris connaissance. Sans la signer », conclut Jandot. À gauche, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon l’auraient également lue. « Son équipe a dit à Philippe Pascot : il la signera si vous rejoignez La France Insoumise. Mais notre pétition ne se réfère à aucun mouvement, elle est transpartisane », termine-t-il.

nière. « Nous serons attentifs à qui est présent, qui vote contre et qui s’abstient », prévenait Xavier Jandot. Mais si la proposition est acceptée, le combat ne sera pas terminé. La loi devra faire la navette parlementaire, donc être transmise au Sénat qui pourrait « la détricoter ». Elle risque de ne pas être appliquée avant la fin du quinquennat, car publiée trop tard au Bulletin Officiel. La question est plus que d’actualité avec le ‘‘Penelope Gate’’. Quand on évoque l’impact que l’affaire pourrait avoir sur le vote, Xavier Jandot Dit Danjou reste mitigé : « Si ça n’avait pas émergé à ce moment là, le débat aurait été plus serein. Mais l’idée reste la même : ils doivent servir avant de se servir ».

Quand une pétition devient projet de loi Le 7 décembre 2016, la députée Fanny Dombre-Coste (PS), signataire de la pétition, s’en sert pour déposer un projet de loi organique à l’Assemblée nationale. Examiné mercredi dernier en commission des lois, il est approuvé unanimement, et a été voté le 1er février au soir en séance plé7

Xavier Jandot et la pancarte de la pétition © DR


QUIZZ

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2. Aurait dit :

« Je ne suis qu’élu, mes revenus sont automatiquement déclarés »

« Je me suis laissé déborder par mon engagement public »

Le 16 octobre 2015 sur Europe 1

6 septembre 2014 au Journal de Saône-et-Loire Vrai

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4. Aurait dit :

« Si c’est ma femme qui m’empêche de devenir Président, je demande le divorce tout de suite ! »

« La réforme pénale de Mme Taubira est courageuse, elle me rappelle le début de mon quinquennat »

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Le 17 juillet 2014 sur RTL Vrai Faux

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Directrice de la publication Directeur de la rédaction Rédactrice en chef Secrétaires de rédaction

Isabelle Dumas Raphaël Ruffier Manon Dognin Marlène Thomas, Anne Rivière, Victoria Havard Maquettistes Amélie Vuargnoz, Selena Miniscalco Journalistes Mathieu Bassaïsteguy, Angélique Bernard, Clémentine Emonoz, Victoria Havard, Manon Dognin, Hugo Dervissoglou, Marion Gergely, Selena Miniscalco, Amélie Vuargnoz, Anne Rivière, Marlène Thomas.

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Parmi les phrases suivantes, lesquelles ont réellement été prononcées par nos politiques ?

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