10 du mat numéro 7 - 24/01/17

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Hamon :

un vent nouveau souffle sur la gauche Numéro 7 - Mardi 24 Janvier 2017

Edito

Jean-Luc Bennahmias a réussi dimanche une véritable performance. Comme vous le savez, la coqueluche des réseaux sociaux n’a pas fini en tête de course. Il a néanmoins réussi l’exploit de récolter moins de voix (16 172) que les votes blancs et nuls de la primaire (20 815). Le candidat peut quand même s’enorgueillir d’avoir été plus populaire que Jean-François Copé lors de la primaire de la droite (12 787). Avec 0,3 % des voix, il était resté au dessus du seuil des votes blancs et nuls (9 835). Bennahmias finit, certes, bon dernier, mais il peut se réjouir d’avoir donné un peu d’air dans cette campagne des plus tendues pour la gauche. Un exercice de médiatisation qu’il aura relevé avec brio. on est aussi

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Benoît Hamon en visite à l’université d’été du Parti Socialiste. © Université d’été du PS

Antoine Henaff : le nouveau visage ^ de la jeunesse LR dans le Rhone

Accessibilite : debats frustrants pour les sourds

© Aslan

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Jeunesse, revenu universel, le candidat socialiste Benoit Hamon veut renouveller l’image de la gauche.


Les echos du jour Ce que vous ne saviez pas sur … Nathalie Perrin-Gilbert, maire du 1er arrondissement Elle a 45 ans et trois enfants, un garçon et deux filles, de 21, 17 et 13 ans. Elle ne croit pas aux hommes et aux femmes politiques, mais aux hommes et aux femmes engagés en politique, soit des individus qui ont décidé de s’investir pour défendre des valeurs. Pour elle, la politique ne doit pas être une activité professionnelle. Nathalie Perrin-Gilbert est contre le cumul des mandats. Elle se présente aux législatives, et, en cas de victoire, elle démissionnera de son mandat municipal. Sa philosophie? Faire avec les citoyens, pas pour eux. Ses loisirs ? La marche en montagne ou à la plage, surtout en hors-saison, avec sa chienne, ainsi que la lecture et l’écriture. Son rêve de jeunesse? Devenir journaliste et rejoindre le Celsa (école des hautes études en sciences de l’information et de la communication), à Paris. Rêve qu’elle aura finalement réalisé l’année dernière, lorsque l’institution lui a remis une récompense pour son magazine municipal, A1. C’est la rencontre avec le père de ses enfants qui l’amène à Lyon, pour un DEA en communication. Elle s’engage alors aux côtés de Gérard Collomb et du PS, avant de se détacher de son mentor et de son parti, pour rester cohérente entre « ses pensées et ses actions ». Son plus grand moment en tant que maire d’arrondissement? Sa rencontre avec Robert Badinter, venu se recueillir à la cérémonie de commémoration de la rafle de la rue Sainte-Catherine, où son père, Simon Badinter, a été enlevé : « C’est l’homme à qui on doit la dépénalisation de l’homosexualité en 1982. C’est un modèle. »

Le tweet du jour

Traduction du tweet : Donald Trump a remporté tout l’électorat populaire, son inauguration a été magistrale, il est aimé de la plupart des Américains et il n’est pas la marionnette de Poutine.

Le nouveau porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer, est raillé depuis ce week-end sur Twitter après avoir affirmé que les intox de Donald Trump étaient des « faits alternatifs ». Le 45e président des États-Unis est d’ores et déjà le président le moins populaire au moment de son investiture, avec 40% d’avis favorables. C’est le score le plus bas depuis quarante ans. Barack Obama était à 80 % en 2009.

Un Sarkozyste sous les verrous L’ancien secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, a été condamné en appel à deux ans de prison, dont un avec sursis, dans l’affaire dite « des primes en liquide ». Une aggravation de sa peine, puisqu’en première instance il avait écopé de deux ans avec sursis. L’amende de 75 000 euros et l’interdiction d’exercer toute fonction publique pendant cinq ans restent d’actualité. Du temps où il était directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, Claude Guéant a distribué de coquettes sommes en liquide à ses collaborateurs, sans oublier ses propres poches.

La phrase du jour « Macron est exceptionnel, le candidat anti-système soutenu par le système » Invité de la Nouvelle Édition sur canal ce lundi, Bruno Gaccio l’auteur des 100 derniers jours du Parti socialiste, a donné sa vision de la présidentielle. L’humoriste/producteur a un discours encore plus critique que certains frondeurs. Invité des Grandes Gueules de RMC jeudi dernier, il a déclaré que le PS « a perdu toute utilité », tout en souhaitant sa disparition. 2


il a dit quoi?

Accessibilité des débats : la grogne des sourds Par Anne Rivière

Pas facile d’être sourd et citoyen. Les sous-titrages incohérents et l’absence de retranscription en langue des signes des débats de la primaire de la gauche ont suscité la colère des sourds et malentendants de France. Une insatisfaction pointée par Avamétrie, une start-up militant pour une meilleure accessibilité audiovisuelle.

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es sous-titres « pourris », « lamentables », « scandaleux »... Suite aux trois premiers débats télévisés de la primaire de gauche, la grogne s’est emparée de la communauté sourde. Le motif : une très mauvaise retranscription des propos des candidats, rendant impossible de suivre correctement l’émission. « Je suis sourde et je veux suivre le débat de la primaire comme tout le monde. Mais les sous-titres sont pourris sur France 2 », tweete Emmanuelle Boaf, jeune malentendante. Ce sujet a fédéré la communauté sourde et malentendante sur Twitter, le 19 janvier au soir. Les sous-titrages se résumaient en effet à un ou deux mots par ligne. Tout cela couplé à un décalage de plusieurs dizaines de secondes. « Impossible de comprendre quoi que ce soit. Alors que les sous-titres étaient normaux pour le journal

Le débat de la gauche vu par © Sandrine Allier-Guepin

de 20h quelques minutes avant. C’est extrêmement frustrant ! », commente encore Emmanuelle Aboaf sur le groupe Facebook d’Avamétrie. « Impossible de comprendre quoi que ce soit » Cette jeune start-up a lancé en parallèle une application permettant aux spectateurs malentendants d’évaluer en direct la qualité des sous-titrages. Résultat du sondage pour les trois premiers débats de la gauche : une insatisfaction partagée par les 300 votants. Les résultats, regroupant les débats du 12 janvier (TF1), du 15 janvier (iTélé et BFMTV) et du 19 janvier (France 2), sont sans appel. Les sous-titrages sont estimés mauvais sur TF1 par 65% du panel et par 70% des votants sur France 2. Quant à iTéle et BFM, les sous-titrages étaient tout

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« Dernière, ... les ... ». Voilà le genre de sous-titres que les sourds et malentendants pouvaient voir sur France 2 lors du débat du jeudi 19 janvier. © Emmanuelle Boaf (Twitter)

simplement absents. Pas de trace non plus d’interprétation en Langue des signes française (LSF), comme on peut en voir communément pendant les débats de l’Assemblée nationale. Une histoire de box TV Un constat revient finalement : les sourds regardant la TV avec Free et la TNT ont bénéficié de bons soustitres, mais pas sur les autres box. L’accessibilité dépendrait donc du fournisseur d’accès de la box TV. De son côté, Avamétrie continue à réclamer une meilleure concertation entre professionnels de l’audiovisuel et téléspectateurs, afin de résoudre ces problèmes de compréhension. « On a déjà remonté l’info à France 2 depuis plusieurs mois, mais ce sont eux qui sont sourds... », déplore Emmanuelle dans un de ses tweets. Quand à Marine, sourde oraliste, elle tranche : « La moindre des choses pour une chaîne publique, c’est d’être accessible à tous les Français ! » Pas facile donc, de faire valoir son droit de citoyen lorsqu’on est porteur de handicap... et qu’on paye malgré tout une redevance audiovisuelle.


un jour, une idée

Hamon, à la conquête de la jeunesse Par Clémentine Emonoz et Manon Dognin

Il y a encore quelques mois, Benoît Hamon était seulement un nom dont on avait déjà entendu parler. Depuis, le frondeur défonce tout sur son passage au point d’arriver en tête de la primaire de gauche avec 36,3 % des voix. Une toute première victoire qu’il doit, en partie, à son programme qui convainc de plus en plus de jeunes. Pleins feux sur son opération séduction.

H

plutôt de « tuer les trafics à la source et de protéger les citoyens des pratiques des dealers ». Sinon, Benoît Hamon prévoit aussi une reconnaissance de l’engagement des jeunes en proposant « à tous les élèves des collèges et lycées de rencontrer des entrepreneurs sociaux, des dirigeants ou des bénévoles associatifs et de faire un service civique au cours de leur cursus ». Un engagement censé « valoriser le CV », d’après le candidat.

Alors concrètement, on propose quoi pour soutenir les futures générations ? « Je mettrai en place un revenu universel d’existence pour éradiquer la grande précarité et contribuer à définir un nouveau rapport au travail », déclare le candidat sur son site de campagne. Dans un premier temps, ce serait 600 euros versés à tous les ayant-droits, ainsi qu’un revenu d’existence « pour tous les jeunes de 18 à 25 ans, quelles que soient leurs ressources ».

Puisqu’après tout cela on risque le burn-out, quelle meilleure nouvelle que d’apprendre que le candidat souhaiterait le « reconnaître comme une maladie professionnelle » ? Des mesures qui pourraient transformer le quotidien de la jeunesse de demain, sous réserve que Benoît Hamon s’impose au second tour de la primaire, le 29 janvier prochain.

Les élèves à la rencontre du monde professionnel Côté cannabis, on irait vers une possible légalisation. Oui, il sera peut-être possible de ne plus avoir à se cacher, même si le but n’est pas de le démocratiser mais

Revenu universel : La bataille de crédibilité de Benoît hamon Si le candidat à la présidentielle est parvenu jusqu’ici à orienter le débat autour de ses idées, c’est à présent la faisabilité de son programme qui préoccupe. Le revenu universel d’existence s’inscrit comme sa mesure phare, mais suscite de vives controverses. 750 euros, c’est la somme que devrait recevoir, à terme, l’ensemble de la population française mensuellement et ce, dès l’âge de 18 ans. Si la proposition elle-même a essuyé de nombreuses critiques, c’est avant tout son coût exorbitant, estimé entre 300 et 400 milliards d’euros, qui crispe la classe politique. Selon Benoît Hamon, instaurer un revenu universel d’existence permettrait aux citoyens de retrouver la maîtrise de leur vie, en articulant au mieux activité professionnelle et vie personnelle. « Ce serait une manière pour les salariés de réduire leur temps de travail sans perte de pouvoir d’achat », expliquait-il au Parisien la semaine dernière. Toutefois, le candidat ne prévoit pas de supprimer certaines aides comme le RSA, mais plutôt d’automatiser ce dernier à tous les ayant-droits. « Le revenu universel ne se substitue pas à l’assurance maladie », poursuit le prétendant à l’Elysée. Mais comment financer cette réforme audacieuse dont la première phase se chiffrerait à 45 milliards d’euros ? Tout simplement par le réajustement naturel des tranches de l’impôt sur le revenu et l’impôt sur le patrimoine. 4

© Philippe Grangeaud

amon, c’est un peu le « d’jeun’s » de la politique. L’un des rares qui, avec Emmanuel Macron, n’a pas encore dépassé le demi-siècle. Le 29 décembre 2016, le candidat déclarait au journal La Croix : « Pour la jeunesse, on en est resté au milieu du gué ».


un jour, une idée

Le revenu universel pour les nuls

Par Manon Dognin et victoria havard

Le revenu universel en quelques mots ?

Il consiste à verser tous les mois, sans condition, une somme fixe à l’ensemble des citoyens. Il est cumulable avec d’autres revenus.

- Favorise la liberté et l’égalité des citoyens

- Encourage l’assistanat et l’inactivité

- Développement du bénévolat

- Ceux qui font le choix de ne pas travailler profitent de ce système sans participer à son financement

- Réduction du temps de travail sans baisse de pouvoir d’achat

Plusieurs propositions Qui en profite ? Tout le monde dès la naissance ou à partir de 18 ans

Quel montant ? Les propositions vont de 500 euros à 1 000 euros/mois Montants variables selon l’âge

© Philippe Grangeaud

Quel financement ? Suppression du SMIC ainsi que des aides (RSA, APL, allocations chômage...) Création d’un impôt sur la vente d’actions en bourse Augmentation de l’impôt sur le revenu/sur le patrimoine

1 000 milliards d’euros

450 milliards d’euros

Soit les dépenses de la Sécurité sociale, ce serait le prix à payer pour un revenu de base de 800 euros pour l’ensemble des citoyens

© Victoria Havard

Soit la moitié du PIB, ce serait le prix à payer pour un revenu de base de 1 500 euros par adulte et 750 euros par mineur

Sébastien, IDRAC

Mickaël, CFA-IGS

Gaspard, CEFAM

Noémie et Mégane, CFA-CIEFA

Je pense qu’il y a des points positifs au revenu universel de base. Cela permettrait, dans un premier temps, de relancer la productivité sur les marchés économiques. Mais ce serait aussi un bon moyen, pour les chômeurs de longue durée, de se réinsérer durablement dans la société.

Je ne suis pas d’accord avec l’idée d’un revenu universel de base. Je pense qu’il faut travailler, tous les gens doivent travailler au mérite, c’est le système dans lequel on vit. Je ne trouve pas logique que l’on arrive à gagner plus avec les aides sociales. Je ne vois pas comment cela peut être viable.

Le niveau de vie n’est pas universel : ce n’est pas possible de moins bosser que d’autres et de gagner autant. Qui plus est, certains métiers ne génèrent pas la même productivité et les salaires ne devraient pas être calculés sur les mêmes seuils. Il faut aussi compter le prix et le temps d’études. En soi, c’est une bonne idée mais je ne voterai pas pour.

Nous n’avons pas d’avis sur la question. Ce n’est pas en présentant le projet qu’il va être appliqué. C’est toujours la même chose : on nous présente des candidats plus inquiets pour leurs partis que pour leurs réformes. Même ceux qui ne se présentent sous aucune étiquette, on a encore plus peur qu’ils nous la fassent à l’envers.

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Jeunesse POlitique

Antoine Henaff, la jeunesse s’engage pour Fillon Par Amélie Vuargnoz et Selena Miniscalco

‘‘Représentant des jeunes Républicains dans le Rhône’’, tel est le nouveau titre officiel d’Antoine Henaff. À 20 ans, engagé avec la droite depuis son adolescence, le jeune homme enchaîne les actions. Rencontre avec un politicien des plus précoces.

«À

11 ans, je tenais déjà des carnets sur chacun des hommes politiques, leurs idées, leurs parcours, etc. » C’est à cet âge qu’Antoine Henaff, 20 ans, commence à parler des présidentielles avec son grand-père. Aujourd’hui représentant des jeunes Républicains dans le Rhône, l’étudiant en droit à l’Université catholique de Lyon poursuit sa carrière sur la voie de la politique. Il faut dire qu’Antoine Henaff a su s’entourer d’un bon mentor : Étienne Blanc, maire de Divonne-les-Bains et ancien député de la 3e circonscription de l’Ain.

François Fillon dédicace son livre à Antoine Henaff, représentant des jeunes LR dans le Rhône. © DR

Une admiration pour Sarkozy Son engagement auprès de la droite, Antoine Henaff a voulu le concrétiser le plus rapidement possible. « À mes 15 ans, j’avais besoin de l’autorisation de mes parents pour adhérer à l’UMP. La veille de mon anniversaire, ils signaient les papiers pour que j’intègre le parti, et le lendemain, la lettre était envoyée. » Il a d’ailleurs voulu convertir ses géniteurs à son addiction, en les incitant à prendre leur carte du parti. Une initiative couronnée de succès. Avant de soutenir Fillon, Antoine Henaff s’était tourné vers Nicolas Sarkozy. « En 2007, il était le modèle qui tranchait avec le format de l’homme politique habituel. Il donnait envie aux jeunes de faire de la politique. »

Étienne Blanc lui a toujours appris que « le parti est un moyen, mais l’objectif principal est de défendre ses idées et ses convictions ». La défaite de Nicolas Sarkozy face à François Hollande en 2012 fait prendre conscience à Antoine Henaff que « François Fillon est le candidat qui a un projet construit et fidèle au caractère de l’électorat de droite ».

Fillon, candidat de la jeunesse « Avant son arrivée au poste de Premier ministre, je ne connaissais pas vraiment le parcours de François Fillon. Mais il forçait l’admiration. Sans lui, je pense que Sarkozy aurait eu beaucoup de mal à tenir la majorité. » En septembre 2015, l’étudiant devient représentant des jeunes avec Fillon en Rhône-Alpes. « Depuis cette rentrée, il y a beaucoup de choses à faire, donc forcément, je ne dors pas beaucoup ». Les nuits blanches : voilà quelque chose qu’Antoine Henaff connaît bien. « Quand j’étais ado, ma mère me prenait mon téléphone parce que je passais mes nuits devant des discours politiques. Mon père, en cachette, me prêtait un deuxième portable et venait me voir la nuit, parce que je récitais les discours trop fort. Il ne fallait pas réveiller ma mère. » Après ses études de droit, le jeune représentant des Républicains ne compte pas s’arrêter-là. « Engagé, déterminé, sûr de ses convictions », voilà en deux mots comment il se décrit. Des qualités qu’il compte mettre à profit pour la présidentielle.

Les jeunes avec Fillon jouent sur la convivialité En campagne durant les primaires de la droite et du centre, le collectif des jeunes avec Fillon était sur tous les fronts. À sa tête dans le Rhône, Antoine Henaff décrit l’action des jeunes : « On n’est pas seulement là pour distribuer des tracts et applaudir à des meetings ». L’objectif de ceux qui se définissent comme une « bande de potes » : jouer sur la convivialité pour réunir un maximum de militants : « On a fait des afterwork où on buvait des coups en discutant de politique ». Dans les dernières semaines, le collectif enregistre une action par jour, aux quatre coins du Rhône.

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