10dumat num 12 05022016

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MEDIAS ET AMALGAMES :

PROMOTION 2015 / 2016

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ISCPA

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J3 - VENDREDI 5 FEVRIER 2016 N°12

Actualité, analyse et dérision, tout sur les religions à Lyon

LE DOUBLE JEU

Obama contre l’amalgame islam-terroriste p.3

@le10duMat

L’espoir dans le septième art p.6

Mormons : Morts ? Non ! p.7

www.10dumat.iscpalyon.com


Le monde des religions

EDITO

Maxime Feuillet

Rédacteur en chef

Les Cathos en croisade

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es salles obscures le sontelles trop pour les catholiques traditionalistes ? Depuis cinq ans, l’association conservatrice Promouvoir s’acharne à demander le retrait du visa d’exploitation de films… pas toujours très catholiques. En 2011, l’association proche des milieux intégristes chrétiens, s’attaquait au film gore Saw 3D. Si sa demande avait été rejetée par le tribunal puis déboutée par la cour d’appel de Paris, Promouvoir avait réussi à obtenir l’annulation du visa d’exploitation du septième opus de la saga par le Conseil d’État en juin 2015. Une bataille juridique de cinq ans, symbole de la ténacité de cette association, fondée par André Bonnet, avocat d’extrêmedroite. Promouvoir ne s’est pas limitée à ce seul coup médiatique. L’association a obtenu une interdiction aux moins de 18 ans pour Love, a fait perdre son visa d’exploitation en France à d’autres films à caractère sexuel comme La Vie d’Adèle ou Antichrist, et s’attaque désormais à Bang Gang. Ces longs-métrages ne pourront donc plus être diffusés dans les salles françaises mais cela n’aura aucune influence sur les ventes de DVD. Le but de ces combats ? « Protéger les mineurs » selon l’association. On n’ose pas imaginer la tête de leurs responsables lorsqu’ils découvriront ce qu’on peut trouver sur le net…

Pour réagir et approfondir la lecture www.10dumat.iscpalyon.com 10dumat@iscpalyon.net

Directrice de la publication Isabelle Dumas

Directrice de la rédaction Dominique Humbert

Rédacteur en chef Maxime Feuillet

Lyon 6e : une statue profanée par des jeunes

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ne statue a été profanée à NotreDame des Neiges, lundi en fin d’après-midi, par trois jeunes.

Trois individus, âgés d’une vingtaine d’années, ont fait irruption dans la chapelle de Notre-Dame des Neiges, rue de Créqui, dans le 6e arrondissement. La statue en plâtre a été jetée au sol et a donc subi d’importants dégâts. Ce lieu, tenu par trois frères et onze sœurs, a déposé plainte mardi. Sur place, les enquêteurs ont relevé d’autres incidents qui s’étaient produits pendant le week-end. La communauté de la Famille missionnaire de Notre-Dame a décidé d’organiser une messe lundi à l’endroit où la statue a été profanée.

© DR

« La femme est avant tout faite pour concevoir des enfants »

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’est ce que pensent 41,1 % des collégiens qui se disent musulmans, et 29,4 % des collégiens de confession catholique. Ces chiffres ont été dévoilés par L’Obs et France Inter, d’après une étude du CNRS-Sciences Po Grenoble, menée auprès de 9 000 collégiens des Bouches du Rhône, entre avril et juin 2015. Cette étude montre également que, parmi ces collégiens, 38,8 % se définissent sans religion, 30,4 % se disent catholiques, 25,5 % musulmans, 1,7 % protestants et 1,6 juifs. 83% des adolescents qui se sont déclarés musulmans, 22% des catholiques et 40% des autres confessions (juifs, protestants, etc.) considèrent la religion comme importante ou très importante.

À la question « Êtes-vous fiers de votre religion », 90,7% des collégiens musulmans se disent fiers de leur religion, contre 49,4% des catholiques. 65,1% des élèves qui se déclarent athées se disent fiers de l’être. Alexandre Piettre, chercheur au CNRS commente ce sondage : « Cette montée de la religiosité musulmane est incontestable chez les jeunes et dans les quartiers populaires. C’est aussi une façon de faire communauté, d’exister ensemble, de transmettre une mémoire, mais aussi de remplir un vide, celui de la mobilisation politique impossible contre les discriminations. »

Rédacteurs

David Hernandez, Lilian Gaubert, Laura Turc, Florentin Perrier, Maxime Feuillet, Leo Roynette, Léa Masseguin, Charline Bakowski, Hugo Borrel, Charlène Ravella, Pierre-Antoine Barut, Arnaud Bastion, Johanne-Eva Desvages, Paul Dalas, Stéphane Monier, Morgan Couturier.

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C’est le nombre de signalements ou départs pour la Syrie depuis septembre 2014 qui ont été recensés dans le Rhône, selon une enquête du Figaro. 61 personnes font l’objet d’un suivi. Ces chiffres ont plus que doublé en dix mois, car on comptait 115 signalements en mars 2015. Ces chiffres révèlent que le département du Rhône est l’un des plus touchés par ce phénomène. En France, ils sont désormais 8.250 à avoir été signalés comme radicalisés, contre 4.015 en mars dernier.

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Le président américain Barack Obama, lors d’une table ronde avec la communauté musulmane de Baltimore, le 3 fervrier 2016 - © AFP

Obama s’attaque aux amalgames Pour la première fois depuis son investiture en 2009, Barack Obama s’est rendu ce mercredi dans une mosquée aux États-Unis, dans la banlieue de Baltimore. Une visite qui avait pour objectif de soutenir les Américains musulmans, mais aussi de dénoncer la stratégie de certains leaders républicains, qui alimentent toujours plus les amalgames entre islam et terrorisme.

«

Vous êtes musulmans et américains. » Il s’agit là du message principal que Barack Obama a souhaité faire passer auprès de la communauté musulmane américaine. Une communauté qui fait l’objet, depuis le 11-Septembre et plus récemment depuis les attentats de Paris et de San Bernardino, de confusions multiples entre religion et actes de terrorisme. En décembre dernier, le candidat en tête dans la course aux primaires républicaines, le milliardaire Donald Trump, s’était une nouvelle fois fait remarquer en proposant d’interdire temporairement l’accès des musulmans aux États-Unis, par crainte d’attentats djihadistes. Pour le président américain, ces propos ont pour unique but de jouer sur les peurs. « Lorsque des politiques insultent les musulmans (…) cela ne nous rend pas plus en sécurité », avait-il déclaré début janvier devant les deux chambres du Congrès. « C’est une trahison de ce que nous sommes en tant que pays. » Il y a donc clairement, grâce à cette visite, une volonté de défendre la liberté de religion, mais aussi de dénoncer la « stratégie cynique » de certains ténors républicains

qui entretiennent vigoureusement les amalgames entre islam et terrorisme. Et à neuf mois du scrutin qui désignera son successeur, Obama veut marquer les esprits avec cette visite historique. Hacène Taibi, enseignant à la Grande mosquée de Lyon, salue l’initiative du président américain : « En tant que président, c’est ce qu’il fallait faire. C’est leur liberté de religion qui est en jeu, la neutralité de l’Etat. »

« Certains jouent sur l’insécurité » Cette visite, très symbolique, intervient plus de six ans après le discours du Caire prononcé par le président Obama. Un discours entamé en arabe par un « Salam aleykoum » (« Quel la paix soit avec vous »), qui appelait à tourner la page d’un « cycle de méfiance et de discorde » entre les États-Unis et le monde musulman. « Cette visite doit apaiser les trois millions de musulmans qui vivent sur le sol américain. Car malheureusement, aujourd’hui, l’islam est beaucoup trop stigmatisé, , s’exclame Hacène Taibi. L’enseignant fait particulièrement allu-

« On cherche trop à faire du sensationnel »

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sion au remuant Donald Trump qui selon lui « cherche uniquement à faire le buzz » en stigmatisant les musulmans. En pleine campagne électorale, Trump mise sur une rhétorique politique anti-islam qui semble jusque-là porter ses fruits. Une stratégie bien différente de celle utilisée par un autre républicain en 2001 : George W. Bush. En effet, l’ancien président s’était rendu, six jours après les attentats du 11 septembre 2001, dans une mosquée de Washington. Il avait alors lancé une allocution qui restera dans l’Histoire : « L’islam, c’est la paix », soulignant que le « visage de la terreur » n’avait rien à voir avec la religion musulmane. Même si dans ces différentes prises de position, les calculs électoraux sont forcément présents, pour le président actuel qui ne pourra pas briguer de mandat supplémentaire, ce n’est certainement pas le cas. « C’est dommage qu’il le fasse seulement maintenant, il aurait pu y penser avant », indique Hacène Taibi. Même son de cloche pour une partie de la communauté musulmane qui s’est exprimée à ce sujet sur Twitter avec le hashtag #TooLateObama.

Arnaud Bastion


En réponse à l’amalgame, le #NotInMyName fut l’un des plus utilisés sur Twitter - © DR

Le dossier

« Pas d’amalgame » : une hypocrisie médiatique Au lendemain des attentats de janvier puis de novembre 2015, les médias n’ont cessé de répéter qu’il ne fallait pas faire d’amalgames entre musulmans et terroristes. Pourtant, lorsque ces derniers parlent d’attentats, il s’agit huit fois sur dix de « terrorisme islamique ». Un discours dissonant.

«

Attention, il ne faut surtout pas faire d’amalgames », assènent les journalistes quasi-cycliquement, toutes les quinze minutes, au lendemain des attentats du 7 janvier puis du 13 novembre 2015. Cette missive, au premier abord louable, fait aussi office de dédouanement envers la communauté musulmane. Car, au-delà du discours de tolérance prôné par les journalistes du monde entier, les chiffres sont éloquents. Selon le site 3millions7, lorsque les médias internationaux évoquent le terrorisme, il s’agit dans 80 % des cas de « terrorisme islamique ». Pourtant, « moins de 5% des actes qualifiés de terroristes sont commis par des musulmans ». Une statistique qui se confirme à échelle européenne et qui démontre tout le contraste du discours médiatique contemporain. Frédéric Crouzet, ancien rédacteur en chef du Figaro Rhône-Alpes et journaliste à 20minutes explique cet

antagonisme : « D’un coté, les journa- quer des assimilations tendancieuses ». listes rabâchent sans cesse qu’il ne faut La religion, un sujet controversé, terre pas faire d’amalgames. Mais de l’autre, fertile d’amalgames qui a commencé ils multiplient les articles, les angles, les à s’inscrire dans les mœurs bien avant chroniques sur les attentats. Forcément, les attentats qui ont frappé la France en le terrorisme religieux est mis en avant 2015. car la caisse de résonance est énorme en France. Sans le vouloir, les médias Un sujet glissant mais profonparticipent à l’amalgame qui peut être dément sociétal fait entre terrorisme et islam». À Lyon, le traitement médiatique nécessite encore Depuis une dizaine d’années, les reliplus de précautions, la faute à une plu- gions s’inscrivent durablement au coeur ralité religieuse des débats de D’ un cot é, les notre société. importante. Il «  poursuit : « J’ai journalist es rab âchent Jacques Boutoujours pris qu’ il ne f aut p as f aire caud, ancien les plus grandes d ’ am algam es. Mais de journaliste à p r é c a u t i o n s l’ aut re, ils mult ip lient l’Express, déart icles sur les plore cette pour traiter ce les genre de sujet. at t ent at s. » omniprésence Néanmoins, je : « Je suis nane me suis jamais empêché de faire un vré de voir qu’on ne peut plus lire un article sur la religion, de peur de provo- journal, écouter une émission de radio

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ou participer à un débat philosophique sans qu’on nous parle de religion ». Cette thématique récurrente, imposée, s’avère être dénuée de tout argument marketing : « La religion, les attentats, ne sont pas plus vendeurs que d’autres sujets. Je pense qu’il y a surtout une part de voyeurisme et beaucoup d’émotions chez le lecteur. Et lorsque l’émotion se mêle à la colère, l’amalgame peut rapidement se faire ». Dès lors, le rôle du journaliste ne se cantonne plus uniquement à informer, mais aussi à éduquer les lecteurs, au risque de provoquer des raccourcis dans la tête des gens. Raphaël Ruffier, rédacteur en chef de Lyon Capitale, nous explique : « Il ne faut pas avoir peur de donner des faits qui sont avérés, malgré la sensibilité de certains sujets. Le fait de parler provoque l’amalgame, mais ne pas parler serait pire. Il ne faut pas se voiler la face. »

traitant d’un homme armé, arrêté à Disneyland. L’agence de presse indiquait dans son message que « l’homme était en possession d’un Coran, écrit en français ». Un raccourci dangereux que déplore Najib Azergui, fondateur de l’union des musulmans de France : « Pour pouvoir vendre, il faut générer une peur. Parler de radicalisme a plus d’impact lorsqu’on dit qu’il est là, à nos portes.» La toile est aussi un terrain de lutte contre l’amalgame. C’est le cas du hashtag #NotInMyName, lancé sur les réseaux sociaux par des étudiants britanniques pour lutter contre le discours des djihadistes et éviter l’amalgame entre islam et extrémisme. Les médias (et réseaux sociaux) prennent alors la place de pourvoyeur de vérité en mettant en lumière des Français musulmans prêts à combattre les barbares qui instrumentalisent et cryogénisent leur religion.

Le web et la course à l’information Le 29 janvier dernier, l’AFP publiait une dépêche (reprise par tous les médias nationaux)

À contre Coran

Stephane Monier

Morgan Cout’

Le lien est direct, presque automatique. Depuis la montée en puissance de Daesh, le terrorisme est souvent assujetti au monde musulman, la faute à des extrémistes justifiant leurs actes au nom de l’islam et du coran. Un texte ambivalent qui laisse place aux interprétations les plus dangereuses.

«

L’amalgame serait de croire que ce serait un précepte musulman de pouvoir avoir accès au terrorisme. On a l’impression que les personnes abattues l’ont été au nom de l’islam ». Ce discours prononcé par Najib Azergui, fondateur de l’Union des musulmans de France (UDMF), est significative au moment de défendre les musulmans, de plus en plus rattachés à une branche extrémiste, dont ils sont les premiers à subir le courroux aussi bien physiquement que moralement. Les peurs se cristallisent autour d’idées fausses, enfermant le terrorisme dans toutes les chaumières où le Coran trouve refuge. La faute à ce dernier, écrit dans un contexte de guerre et qui laisse aux âmes les plus perverses le soin de reproduire dans notre ère, la révolte exprimée dix siècles auparavant. « Il est important de comprendre quel discours construit Daesh, interpelle Haoues Se-

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niguer, sociologue spécialiste du monde musulman. C’est là où il faut être vigilant. Le Coran est muet. C’est les gens qui le font parler ». Jusqu’à détourner le mot djihad lui même, un terme repris à plusieurs reprises dans le texte sacré, appelant simplement à un « effort sur soi, pour lutter contre ce qui n’est pas bon ». « On a des passages qui font référence à des musulmans opprimés, enchaîne Najib Azergui. Maintenant que les musulmans sont devenus une force, le djihad armé n’a plus sa place, et doit laisser sa place à un djihad intérieur ».

« Tout un système d’abrogation des versets » Si le Coran ne réfute pas certains passages violents, son interprétation réclame une certaine contextualisation alors que sa lecture démontre également une envie de protéger la vie des

autres. À l’image du verset 30, où « quiconque tue une personne non coupable de meurtre ou de dépravation, c’est s’il avait tué tout le genre humain ». Mais le bât blesse, dans le sillage de prédicateurs prêts à abroger certains versets au profit d’un autre. « Pour ce qui est des terroristes, on est dans une forme de cécité historique absolue, assure Haoues Seniguer. Il y a tout un système d’abrogation des versets. L’ironie du sort, c’est qu’ils historicisent d’un côté et déshistoricisent de l’autre. On a également des prédicateurs qui monopolisent l’interprétation et qui l’imposent à un certain nombre de musulmans ». Un cercle vicieux pour la communauté islamique, elle-même victime d’une guerre contre l’Occident, à l’image des pratiquants européens tombés sous les balles des supposés « frères » musulmans.


© Arizon Films - La petite fille et son grand-père dans un moment de reflexion sur leur terre éphémère

Une Terre éphémère comme message d’espoir Lauréat du prix œcuménique du festival Karlovy Vary, La Terre éphémère de George Ovashivili, est le deuxième film du cycle de projection « Un regard œcuménique », proposé pour la 4e année consécutive par les équipes du Grand Temple du quai Augagneur et du sanctuaire Saint-Bonaventure. Il a été projeté, mardi dernier, à 20 heures dans les locaux du cinéma Bellecombe. Décryptage.

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a puissance du silence, voici en quelques mots comment nous pourrions résumer l’œuvre du cinéaste George Ovashivili. Les mots justement, il n’y en a pas, ou presque. Ils laissent place à des images magnifiques ainsi qu’à une bande son tout aussi remarquable. Dès les premières minutes, le réalisateur plante le décor. Le film se déroule en Abkhazie et raconte la vie d’un vieux paysan et de sa petite fille. Dès les premières images, le long-métrage présente un homme usé par la vie mais qui dispose d’énormément d’expérience. Une expérience qu’il va mettre au service d’un îlot de terre sur lequel il envisage de cultiver du maïs. Chaque année, lors des crues printanières du fleuve Inguri – qui sépare l’Abkhazie et la Géorgie -, des bandes de terres fertiles sont créées de manière totalement naturelle. Nous observons ainsi l’installation du vieil homme sur l’un de ces étroits îlots de terre, puis assistons alors aux nombreuses étapes relatives à son installation et à la culture du maïs. La vie s’organise donc au niveau d’une nature magnifique qui, bien que d’abord accueillante, va rapidement devenir menaçante.

Transmission et cycle de la vie Peu de mots donc, mais du labeur, de la sueur et de la peur. Nous sommes, tout au long du film, animés par un contraste terrifiant. Celui d’une nature extrêmement paisible, régulièrement perturbée par la présence de gardes-frontières et de leurs coups de feu. Mais une fois le strict cadre du film dépassé, cette œuvre nous amène à réfléchir sur plusieurs sujets. Tout d’abord, il est question de transmission. Elle est omniprésente à travers la relation entre les deux

personnages et se réalise naturellement, sans dialogue. Ensuite, de cette première constatation, découle un deuxième angle de réflexion : celui du cycle de la vie. Au fur et à mesure du film, la petite fille évolue, gagne en autonomie et en responsabilité, pour à la fin être capable de vivre sa vie, seule. Il est aussi important d’observer le lien existant entre l’homme et la nature. Comme le précise Jacques Vercueil, membre du Conseil d’administration de PROFIL (Protestants et Filmophiles) et animateur du débat final, « cette histoire peut faire penser au récit de la création avec l’omniprésence de l’eau, de la terre et du ciel ». Ce film offre enfin un superbe message d’espoir grâce à plusieurs scènes qui montrent que malgré la guerre et la mort, il existe aussi une vie faite de paix. Autant de sujets qui justifient la remise à ce film du prix œcuménique et sa place dans un cycle de projection tel que celui-ci. Intéressés ? Ne vous inquiétez pas, deux autres films soigneusement sélectionnés seront projetés au cinéma Bellecombe, les mardi 9 et 16 février prochain. Hugo Borrel

Qu’est-ce que l’Abkhazie ? L’Abkhazie est une entité située entre les montagnes du Caucase et les bords de la mer Noire. Son statut est continuellement disputé. Au terme d’une guerre de trois ans, le pays a fait sécession avec la Géorgie et a déclaré son indépendance en tant que République d’Abkhazie en 1992. Mais il n’est reconnu comme république autonome que par quatre États : la Russie, le Nicaragua, le Venezuela et la république de Nauru.

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Il était une foi...

Les Mormons Timothy Mauss & John Little, deux missionnaires de l’Eglise de Jesus-Christ des Saints des derniers jours © LG

Beaucoup de rumeurs et fantasmes circulent à propos des mormons. Cette communauté religieuse, souvent rattachée à l’Etat américain de l’Utah et sa capitale Salt Lake City, est également présente un peu partout dans le monde. Notamment dans le Grand Lyon qui compte pas moins de quatre paroisses. Mais de quoi parle réellement cette religion ? Reportage dans la paroisse d’Écully.

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cully, ville de l’ouest lyonnais de 17.000 habitants, refuge de la communauté mormone rhodanienne ? Selon Timothy Mauss, missionnaire pour l’Église, cette paroisse compterait environ 110 membres. « Nous sommes environ 450 sur les quatre paroisses » du Grand Lyon, précise-t-il. Outre celle d’Ecully, il existe aussi celle de Confluence, de porte des Alpes, toutes deux situées à Villeurbanne, et celle de Val de Saône, également basée à Écully. Cette religion reste très minoritaire en France puisqu’avec 37.000 fidèles, elle est bien loin des 6 millions présents aux États-Unis, berceau de la communauté qui revendique 15 millions de membres dans le monde. L’Église mormone, de son vrai nom l’Église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours, est née en 1830 après que Joseph Smith, un adolescent méthodiste (courant du protestantisme), a fait la découverte du livre de Mormon grâce à un ange du nom de Moroni. Là est la principale source de divergence avec la religion chrétienne. Car si les mormons croient en la Bible, le livre de Mormon se différencie sur certains points : « Après la mort de Jésus-Christ, il y a eu la grande apostasie, c’est-à-dire qu’il n’y avait plus l’autorité de Dieu

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sur la Terre car les peuples n’étaient pas prêts à écouter » explique Timothy Mauss. La pratique de la religion est également différente. Chez les mormons, impossible d’être baptisé avant 8 ans, âge à partir duquel l’enfant est apte à prendre la décision de se convertir selon eux. Sont également prohibés le tabac, le café, le thé et l’alcool. La reconstitution de la sainte Cène se fait donc avec de l’eau. Les rapports sexuels sont également interdits avant le mariage. « Il s’agit de la loi de chasteté », explique John Little, autre missionnaire de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des derniers jours.

les étapes pour la conversion mais pas de forcer ». Mais tout bon mormon se doit de payer la dîme, c’est-à-dire de donner 10% de son revenu, à l’Église. « Elle est utilisée pour entretenir les églises et faire de l’aide humanitaire », explique Timothy Mauss. Une pratique néanmoins contestable même si « l’évêque peut vous aider si vous n’avez pas les moyens », précise-t-il. Avant d’ajouter : « Pour moi, payer la dîme est une bénédiction. C’est une bonne action et je me sens mieux après l’avoir fait. » Lilian Gaubert

10 % de son revenu pour l’Eglise Timothy Mauss et John Little font partie de la trentaine de missionnaires présents dans l’agglomération lyonnaise. Si cette étape « n’est pas obligatoire » selon eux, de nombreux jeunes mormons le font durant un ou deux ans. Bénévoles, ils ne sont ni logés ni blanchis et n’ont pas le choix de leur lieu de mission. Originaire de Los Angeles, Timothy Mauss assure « avoir beaucoup appris en tant que missionnaire » tandis que John Little, natif de Manchester, explique que leur rôle est « d’aider dans

La paroisse d’Ecully.


REPONSE 4 : A- Aïcha, la seconde femme du Prophète, est celle qui a rapporté toutes les paroles « saintes » de son mari après sa mort. Elle a levé une armée et est partie à l’encontre de la troupe d’Ali, de La Mecque vers l’Irak, et plus précisément à Bassora, ville qui était tombée entre les mains d’Aïcha. Cette bataille fut nommée ainsi car Aïcha a été, au cours du combat, dans un palanquin sur un chameau. Une bataille qui fut un vrai massacre. Ali a notamment ordonné de couper les pattes arrière du chameau d’Aïcha.

REPONSE 3 : C- Un imam, à proprement parler, a trois fonctions principales : l’enseignement, la médiation et la prière. Seule cette dernière fonction ne peut pas être exercée par une femme. On peut expliquer cela par le fait que l’imam est celui qui dirige la prière en groupe et est obligatoirement placé devant ce groupe. Or, les postures de la prière musulmane, telles que la prosternation, rendent totalement impensable le fait qu’une femme fasse sa prière placée devant un homme. Cependant, concernant les autres fonctions, la femme est présente. À la mosquée de Lyon, sur six enseignants, cinq sont des femmes.

REPONSE 2 : B- Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le Coran ne dit pas clairement que la femme doit se couvrir la tête. En revanche, il dirait qu’il faut se couvrir la poitrine. Le verset parle de prolonger le voile (Khimar), déjà existant, pour couvrir le décolleté (Djayb). Les interprétations diffèrent, cependant la femme musulmane se doit de se couvrir pour préserver la beauté de ses formes et ainsi éviter toute tentation. Le voile prend aujourd’hui la signification d’une sorte de soumission. Mais il ne faut pas confondre avec le port de la Burqa qui reste une question culturelle.

REPONSE 1 A- Le Coran n’interdit pas à la femme d’avoir un travail, des responsabilités, ni d’aider sa famille, cependant il l’oblige clairement à l’homme. « L’homme est le pasteur de sa famille et il est responsable de son troupeau (sa famille) ». Si l’homme venait à refuser d’assouvir les besoins de sa famille, alors cela serait considéré comme un grave péché. La femme peut gagner sa vie mais rien ne l’oblige à débourser un centime. L’argent gagné lui appartient et l’homme n’a aucun droit dessus.

A- Enseigner B- Faire de la médiation C-Dirigerlaprière Qu’est-ce qu’une femme imam n’a pas le droit de faire ? QUESTION 3 A- Avoir un travail pour subvenir aux besoins de sa famille B- Avoir des enfants et fonder une famille C- Pratiquer la polygamie et avoir plusieurs vies de famille

QUESTION 1 Qu’est-ce que le Coran oblige à l’homme ?

A - Aïcha B- Le prophète C- La mère de Moïset

QUESTION 4 Qui a été à l’origine de la « bataille du Chameau » ? A- Se couvrir la tête B- Se couvrir la poitrine C- Se couvrir les jambes

Qu’est-ce que le Coran oblige à la femme ? QUESTION 2

4 questions à Hacène Taibi, enseignant à la Grande mosquée de Lyon :

Le quiz de la rédac tion


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