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POLITIQUE

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Grandiose Alexandre

Dans la nuit du 13 juin 323 avant Jésus Christ, le silence se fait dans Babylone et la nouvelle se répand comme une traînée de poudre ; Alexandre III dit Le Grand est mort. Un conquérant, véri table mythe dont les vestiges culturels, politiques et philosophiques sont encore visibles de notre temps.

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Alexandre Le Grand s’est éteint à l’âge de 32 ans, laissant derrière lui un empire instable © Karl von Piloty

Né à Pella dans le royaume de Macédoine en 356 av J.C, Jean moulin de Lyon, « bien préparé le terrain. » Il conquit Alexandre est le fils de Philippe II. Sa mère dit de lui qu’il ainsi la majorité du monde connu et bâtit une civilisation est le fils de Zeus. Son nom est annonciateur de la gloire qu’il hellénistique. Dans ses conquêtes, Alexandre trouve ce qui fera connut. Alk (Alex) dans les noms grecques est un terme guerrier de lui le précurseur d’une « première mondialisation » d’après ambivalent qui peut désigner soit l’attaque ou la défensive. l’universitaire. Mélanger et unir les cultures et les peuples (par Andros (Andre), se traduit par Homme (masculin) qui veut la force très souvent) c’est la solution qu’adopte le jeune roi de protéger l’Homme. Un prénom glorieux qui ne réussit pas à ses macédoine. Unir les peuples perses, grecs et « asiatiques ». prédécesseurs ; Alexandre I est un traître et Alexandre II a eu Une volonté nouvelle qui trouve son accomplissement dans les règne éphémère et sans grands succès. noces de Suse en Iran actuel. Après avoir conquis la ville et vaincu le roi Perse Darius III, Alexandre organise une cérémonie Avant de prendre la tête de troupes militaires dès ses 18 ans, nuptiale grandiose. Il marie ses généraux, proches amis et 10 Alexandre est éduqué par Aristote, son maître à penser qu’il 000 de ses hommes à des femmes perses et mèdes et épouse considère comme un second père. Avec lui, le futur souverain lui même Stateira, femme de Darius désormais décédé. Cette apprend la morale, la philosophie, et la politique. Les textes fusion des élites irano-macédonniennes, c’est le symbole d’une racontent que c’est ce maître qui donna à son apprenti les livres fusion entre les peuples gouvernés par le souverain. Une unité de L’Illiade et de l’Odyssée, qui le suivront partout jusqu’en Inde. qui permet également de faire fluctuer les échanges et de Les paroles d’Aristote sur la bravoure, le courage et l’amitié répandre une culture macédonienne dans le monde connu. Une résonnent chez le futur roi et l’accompagneront jusqu’à sa mort. sorte de première « mondialisation » décrite par Gilles Courtieu Malgré quelques « écartades » notoires provoquées par le vin et comme l’accomplissement de la volonté d’Alexandre « d’unifier sa folie de fin de vie, Alexandre régnera d’une main de fer sur le monde connu de son temps, étendant ses territoires de l’Égypte tous les peuples ». © Musée archéologique de Naples à l’Asie (moyen orient à l’époque). Si ses conquêtes font de lui l’un des chefs militaires les plus glorieux de l’histoire humaine, Alexandre se démarque par sa volonté d’établir un seul et même état et de fédérer tout ses sujets en un seul et même peuple.

La volonté d’une mondialisation avant l’heure

poursuit la volonté de ce dernier : conquérir le monde connu et l’unir en une seule et même culture helléniste (grecque). Il va malgré tout au delà des projets de son paternel, qui a, selon Gilles Courtieu professeur d’histoire antique à l’université

A la mort de Darius III (à droite), Alexandre épousa sa femme Depuis son accession au pouvoir après son père, Alexandre

L’un des aspects novateurs du souverain, c’est la communication. Il a presque des conseillers dans ce domaine. « C’est le premier à avoir l’idée de payer des gens à des fins de propagandes. Ces gens étaient là uniquement pour vanter la gloire du roi. Il était

Grandiose Alexandre

Dans la nuit du 13 juin 323 avant Jésus Christ, le silence se fait dans Babylone et la nouvelle se ; Alexandre III dit Le Grand est mort. Un conquérant, véritable mythe dont les vestiges culturels, politiques et philosophiques sont encore visibles de notre temps.

conscient qu’il fallait gagner, mais il était important aussi de montrer qu’on avait gagné » explique Gilles Courtieu.

« Il crut qu’il était envoyé de Dieu avec la mission d’organiser tout, de concilier tout dans l’univers. S’il réduisait par la force des armes ceux qu’il n’avait pu rattacher à sa parole, c’était afin de réunir en un corps unique les éléments les plus disséminés. Il semblait que dans une même coupe amicale il voulût confondre les existences, les mœurs, les mariages, les manières de vivre. »

lors d’un banquet arrosé, Alexandre tuera son meilleur ami Plutarque sur les noces de Suse dans « De la fortune d’Alexandre ».

Les bases de la monarchie de droit divin

Les empreintes de la vie d’Alexandre Le Grand sont visibles dans les systèmes politiques encore de nos jours. Selon Gilles Courtieu, « Il fonde la monarchie absolue telle qu’elle est transmise ensuite par Rome et tous les royaumes européens ». Pour comprendre cette affirmation, il faut remonter au temps où Alexandre devint pharaon d’Égypte. La poursuite de Darius mène Alexandre en Égypte, là bas, il entend parler d’un oracle qui vivrait dans un temple égyptien. Souhaitant le rencontrer, il entame une traversée du désert, perd la moitié de ses hommes, manque de mourir et finit par arriver jusqu’à l’homme. Le prêtre ne parle presque pas le grec ancien et dans une erreur de traduction il commet un lapsus qui fera d’Alexandre un dieu vivant. Il l’accueille non pas en l’appelant mon fils comme il l’aurait voulu mais « fils de dieu ». Fort de cette malencontreuse erreur, Alexandre s’en sert pour faire asseoir son mythe. Devenant ainsi pharaon, l’élu des dieux. C’est plus tard qu’il jettera les bases d’une monarchie de droit divin en prenant un tournant qui lui coûtera la vie. Après avoir goûté aux plaisirs d’être un demi dieu en Égypte, il adopte une monarchie perse qui glorifie son souverain et se prosterne devant lui, ne serait-ce que pour lui adresser la parole.

© Musée archéologique de Naples très proche de celle qui sera reprise à Rome et dans les royaumes européens plus tard. C’est d’ailleurs à cause de ce virage que Une monarchie absolue de droit divin, que Gilles Courtieu l’a dit

Kleitos d’une lance en plein cœur. Malgré de glorieuses batailles et une vie parsemée de légendes, la personnalité d’Alexandre a toujours été controversée. Un grand débat avait même été organisé à Rome pour savoir s’il avait été chanceux ou brillant.

Des conquêtes qui font toujours débat

Aujourd’hui encore, les conquêtes et la vie du roi de Macédoine font parler d’elles. Il est en effet l’une des raisons pour lesquelles la Grèce et la Macédoine (devenu état indépendant en 1991) se sont déchirés pendant 27 ans. Les deux états se disputent pour savoir qui pourra réellement prendre Alexandre comme emblème. Dans la capitale Macédonienne, une statue de 40 mètres lui a été érigée et la macédoine adopte à son indépendance l’emblème de la dynastie d’Alexandre, l’étoile de Verginia. Dans la capitale, l’aéroport de Skopje porte son nom. Problème, à Thélassonique en Grèce, une statue d’Alexandre trine fièrement sur une place de la ville ou encore dans de nombreux bas reliefs grecs. Un litige qui sera repris par le nationalisme en Grèce, la question étant de savoir si Alexandre, défenseur de l’hellénisation en premier lieu, est Grec ou non.

Ailleurs dans le monde, Alexandre Le Grand est aussi une figure presque diabolique. En Inde ou en Iran pour le Mazdéisme (religion de la perse antique), il est accusé d’avoir détruit des textes sacrés lors de son arrivée. On le surnomme là bas le méchant ou le maudit. Léa Grillet

Le saviez-vous ?

Dans les textes racontant la vie d’Alexandre Le Grand, ce dernier est accompagné d’un destrier désormais devenu légende : Bucéphale. Un cheval que Philippe II aurait refusé d’acheter à son fils car la bête était indomptable. Alexandre exprima ses regrets à son paternel et Philippe finit par craquer. Il demanda que seul son fils soit chargé de dompter la bête. Il remarqua que l’animal avait peur de son ombre, en le plaçant face au soleil et en le rassurant il réussit à l’apprivoiser. Selon Plutarque, voyant la réussite de son fils, Philippe lui aurait déclaré : « Mon enfant, cherche un royaume à ta mesure. La Macédoine n’est pas assez grande pour toi. Car c’est toi le nouveau roi ».

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