Hors série Spécial Noël/ Focus inter le magazine des J2

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ÉDITION SPÉCIALE : NOËL

P.8 : STRASBOURG S’EXPORTE À TAÏWAN PENDANT 25 JOURS

NOËL CHEZ LES CHRÉTIENS D’ORIENT HEBDOMADAIRE : 14 DÉCEMBRE 2016 Numéro 06 - Édition spéciale Noël

Une chrétienne dans une église d’Istanbul, en Turquie. © MUSTAFA OZER / AFP

ALL - 4 € / BEL - 3.80 € / ESP - 3.80 € / ITA - 3.80 € / PORT-CONT - 3.80 / CH - 7.30 FS / CAN & USA - 7 $ - ISSN 01822311

P.4 : RETOUR HISTORIQUE : NOËL, POINT FAIBLE DES PUISSANCES OCCIDENTALES


L’IMAGE DE NOËL :

Jeff Leatham est connu dans le monde pour ses créations florales et ses installations éphémères. Son dévolu s’est cette fois-ci jeté sur la cour de marbre de l’hôtel George V à Paris, dont il est le directeur artistique. Dévoilées le 12 novembre 2016, les décorations de Noël installées seront accessibles jusqu’à la fin du mois de mars 2017. 222

L’hôtel George V à Paris s’est mis aux couleurs de Noël. © Guillermo-ANIEL-QUIROGA

L’HÔTEL GEORGE V AUX COULEURS DE NOËL


SOMMAIRE

L’OEIL DU RÉDAC’

NOËL AVANT L’HEURE POUR NOS LECTEURS

A

lors que les fêtes de Noël approchent à grands pas, et que vous luttez dans les grands magasins pour trouver vos cadeaux, Focus Inter vous livre les siens avec un peu d’avance. Cette semaine, ce n’est pas un mais deux numéros que vous pourrez consommer sans modération. Celui-ci est consacré à Noël, avec par exemple un dossier sur les chrétiens d’Orient qui passent les fêtes en zone de guerre, ou encore un article sur le Marché de Noël de Strasbourg, qui s’expatrie ces dernières années. Le magazine reste cependant toujours sous un angle d’analyse de l’actualité internationale. Le second est quant à lui consacré à la politique internationale de la Russie, que ce soit en Europe ou au Moyen-Orient, avec en prime un portrait de Vladimir Poutine. Focus Inter profite également de ce numéro spécial Noël pour adresser ses remerciements à tous ses lecteurs qui ont été de plus en plus nombreux au fil du temps. Nous tenions également à vous annoncer que la rédaction part pour trois mois vivre de nouvelles aventures avec nos départs en stage respectifs. Focus Inter reviendra donc en avril pour vous proposer à nouveau des magazines que l’on espère encore meilleurs et qui raviront votre soif d’actualité internationale. De fait, toute l’équipe et moi-même vous souhaitons à tous de très bonnes fêtes de fin d’année, nos meilleurs vœux et une excellente année 2017 en notre compagnie. À très bientôt. @NicolauTh

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RETOUR HISTORIQUE : LES ATTAQUES PENDANT NOËL

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THOMAS NICOLAU

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DÉCEMBRE, UN MOIS SANGLANT POUR L’OCCIDENT

NOËL CHEZ LES CHRÉTIENS D’ORIENT

STRASBOURG S’EXPORTE À TAÏWAN

LA FRÉNÉSIE DU «BOXING DAY»

FOCUS INTER : Magazine hebdomadaire fondé en 2016. Édité par © ISCPA Lyon. 47 rue Sergent Michel Berthet, 69009, Lyon. Directeur de publication : Patrick Girard. ÉCRIRE À : FOCUS INTER ISCPA, 47 rue Sergent Michel Berthet, 69009, Lyon. Rédacteur en chef : Thomas Nicolau @Focus_1ter Secrétaire de rédaction : Jean-Baptiste Bornier, Guillaume Bouchut Designer : Antoine Decléty, Quentin Girardon Reporter : Thomas Nicolau Rédaction : Brice Cheneval, Maxence Cuenot, Guillaume Bouchut, Hugo Clechet, Antoine Decléty, Jean-Baptiste Bornier, Quentin Girardon

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FOCUS INTER RETOUR HISTORIQUE SUR...

NOËL, POINT FAIBLE DES PUISSANCES OCCIDENTALES Chaque année, Noël réunit des millions de croyants et de non-croyants à travers le monde. Un consensus tacite entre les différentes puissances veut que ce soit également une période plus calme sur le plan géopolitique. Une trêve dans les moments troubles que certains n’ont pas toujours respecté.

N

oël arrive à grands pas et apporte avec lui son lot de rassemblements populaires potentiellement dangereux. Historiquement chrétienne, la fête, censée célébrer la naissance de Jésus Christ (le Messie chez les chrétiens) est aujourd’hui très largement diffusée au-delà des sphères religieuses. Dans les cultures occidentales elle est aussi devenue une fête familiale et commerciale, elle a lieu chaque année le 25 décembre. Cette période de fête a souvent été vécue comme un moment de trêve, de réunion et de partage. En France, la « trêve des confiseurs » est une expression spécialement créée en 1875 pour définir ce moment où une accalmie est observée sur les marchés boursiers et où la politique est mise de côté, le temps des fêtes.

DES ATTAQUES PRÉVUES POUR NOËL Cependant, cette période de relâchement propre à Noël et aux périodes hivernales dans les pays occidentaux a bien souvent été abusée au cours de l’Histoire. Déjà lors de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands, en perte de vitesse, décident de lancer une attaque surprise sur les forces alliées le 16 décembre 1944. Pensant certainement surprendre un ennemi en plein relâchement hivernal, le Troisième Reich n’arrivera cependant pas à prendre l’avantage et les forces allemandes seront finalement repoussées le 25 janvier 1945. Vingt ans plus tard, la veille de Noël sera synonyme de mort pour un officier et un sous-officier américain lors de l’attentat de l’hôtel Brink de 1964, en pleine guerre du Viêt Nam. L’attentat, commis par deux agents du Viêt Công à l’aide d’une voiture piégée fera également près de soixante blessés, américains comme vietnamiens. Ces attaques ne sont pas les seules à avoir touché la période symbolique de Noël mais elles en sont les plus marquantes.

PÉRIODE DE NOËL, UN RISQUE D’ATTENTAT PLUS ÉLEVÉ ? Outre les périodes de conflits armés entre deux ou plusieurs pays. C’est aujourd’hui et surtout depuis le début du XXIème siècle, que les fêtes de Noël sont plus particulièrement surveillées contre les risques d’attentats. Depuis le 11 septembre, les pays occidentaux sont souvent sujets à des alertes terroristes et plusieurs ont failli se produire à l’approche des fêtes de Noël. En décembre 2002, l’image des deux tours du World Trade Center est encore dans tous les esprits. Devant le risque d’un possible attentat, plusieurs pays comme l’Italie, la Grande-Bretagne, la Pologne, la Suède et les Pays-Bas où deux bombes sont découvertes dans un magasin par exemple, décident de renforcer de façon discrète les effectifs chargés de la sécurité, pour ne pas effrayer la population. En France au contraire Jean-Pierre Raffarin, premier ministre à l’époque, décide de doubler massivement les moyens du plan Vigipirate. Deux approches différentes qui ont fait leurs preuves car aucun attentat ne sera à déplorer cette année-là.Pour répondre à un projet d’attaque contre le tunnel sous la manche pendant les périodes de fête, en 2006, les services de sécurité français et britanniques se sont associés pour réviser leurs systèmes de contrôle sécuritaire situés dans le tunnel et ont été en alerte pour prévenir tout risque possible. En France, Nantes a renforcé de manière exceptionnelle la sécurité autour de son marché de Noël, après qu’un forcené a foncé sur la foule avec une voiture en 2014, avec des patrouilles militaires et une présence policière nuit et jour. Jusqu’à aujourd’hui, aucun pays occidental n’a dû subir un attentat sur son sol pendant la période des fêtes de fin d’année. Une menace plane tout de même sur le vieux continent cet hiver, comme l’a souligné le département d’État américain qui a mis en garde ses ressortissants contre un risque élevé d’attentat. @QuentinVillain

QUENTIN VILLAIN

@antoinedeclety

ANTOINE DECLÉTY

LA TRÊVE DE NOËL 1914

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Si Noël a pu être l’occasion de nombreuses batailles, la fête a également été le théâtre de formidables fraternisations lors de la Première guerre mondiale. La «trêve de Noël» est un terme aujourd’hui utilisé pour représenter les brèves trêves successives et officieuses qui ont eu lieu pendant la période du 25 décembre 1914. Elles ont notamment permis aux troupes allemandes, britanniques et françaises du front de l’Ouest de sortir des tranchées pour aller chanter, danser et jouer un match de football au milieu du no man’s land, au moment de Noël. Souhaitant à tout prix éviter les fraternisations, les différents États-majors décidèrent de faire tirer l’artillerie pour disperser les groupes et empêcher ces rassemblements. Bien qu’ils aient été violemment réprimés, ces actes humains marquent encore le souvenir de la Grande Guerre. Soldats britanniques, allemands et écossais jouant au football près d’Ypres en Belgique. Décembre 1914


5 QUENTIN GIRARDON


FOCUS INTER LE GRAND ANGLE

« L’ESPOIR REVIENT AVEC L’ÉVOLUTION DE LA GUERRE » Pour la quatrième année consécutive, l’association SOS Chrétiens d’Orient se rendra au Moyen-Orient pour y passer Noël. Benjamin Blanchard, le cofondateur de l’association, estime que l’ambiance devrait être à l’espérance. L’interview a été réalisée par téléphone le 10 décembre. Pouvez-vous présenter ce que vous allez faire durant la mission de Noël de SOS Chrétiens d’Orient ? Benjamin Blanchard : Comme chaque année depuis la création de l’association en 2013, on emmène de nombreux volontaires français fêter Noël au Proche Orient, au Liban, en Irak, en Syrie et en Jordanie. C’est un moment fort dans la vie de l’association et dans la vie des volontaires qui partent puisque ça reste un Noël inoubliable qu’ils vont passer à découvrir des églises et des liturgies qu’ils ne connaissent pas et qui changent beaucoup des églises en Europe car les traditions sont très différentes. Ils vont également partager des moments forts avec des personnes qui parfois ont tout perdu ou qui sont en train de reconstruire leur village pour rentrer chez eux. Cette année on a donc 5 missions avec la Palestine, et la principale sera en Syrie ou une quinzaine de personne partent du 19 au 29 décembre. Elles vont d’une part découvrir la Syrie, ses richesses culturelles comme Palmyre mais aussi participer à des distributions pour les enfants, comme des arbres de Noël et enfin elles passeront Noël à Maaloula chez l’habitant alors que le village est en pleine reconstruction. Quelle est l’ambiance au sein de la communauté chrétienne dans ces pays en guerre ?

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B.B : Dans tous les pays où on travaille, la foi des gens, quelle que soit leur religion est assez profonde, donc une fête religieuse c’est très important. Par exemple, il n’est pas rare de voir des musulmans dans les églises pour la liturgie de Noël. Cette année, est très particulière. Après plusieurs années de désespoir, la guerre ne donnait pas l’impression de pouvoir s’arrêter un jour. Du coup en Syrie et en Irak l’espoir revient avec l’évolution de la guerre. L’armée irakienne a repris la plaine de Ninive et donc le déminage et la reconstruction ont commencé alors que ça

Benjamin Blanchard, cofondateur de SOS Chrétiens d’Orient réagit aux frappes russes en Syrie © Capture d’écran vidéo Youtube

faisait deux ans et demi que les habitants entendaient : « dans 2 mois vous pourrez rentrer chez vous ». Donc il y a de l’espoir, mais aussi de l’abattement, puisque certains villages sont entièrement détruits, les habitants ne savent pas par quoi commencer. Quant à la Syrie, les Alepins espèrent que la ville soit libérée d’ici Noël. Comme l’armée syrienne a souvent l’habitude de faire des surprises pour les grandes fêtes religieuses comme Maaloula qui avait été libérée pour Pâques, Palmyre pour Pâques aussi deux ans plus tard, peut-être que c’est au tour d’Alep en libérant la ville le soir de Noël, on n’en est pas sûr, mais c’est quelque chose qui se dit (ndlr : le lendemain de l’interview, la ville de Palmyre a été reprise par Daesh). Si Alep est libérée, beaucoup de Syriens espèrent que la suite va aller rapidement et que 2017 sera l’année de la fin ou du début de la fin de la guerre en tout cas. Est-ce que les gouvernements irakiens et syriens aident à la reconstruction des villages chrétiens ? B.B : Le problème c’est que les gouvernements sont en guerre, et sont donc en grande difficulté. On peut là encore distin-

guer l’Irak et la Syrie. La guerre coûte cher et en Irak l’État est faible, il n’arrive même pas aujourd’hui à payer ses propres fonctionnaires et tout l’argent du pétrole part dans la guerre contre Daesh donc on ne sait pas s’il va pouvoir aider à la reconstruction. En Syrie il y a une crise économique très forte et avec le combat contre Daesh, le pays ne peut pas dégager beaucoup de moyens. Il y a une petite aide équivalente à quelques centaines d’euros, très insuffisante, mais le gouvernement facilite tout ce qui est administratif. Ça reste une goutte d’eau par rapport à ce qu’il faudrait. C’est sur les organisations internationales que tout va reposer. Par exemple, à Maaloula, l’ONU aide à reconstruire les maisons et l’église. Nous aidons aussi financièrement et humainement avec des personnes qui viennent participer aux travaux. En Syrie c’est plus compliqué car les grandes organisations sont bien moins présentes contrairement à l’Irak où elles se battent un peu toutes pour avoir leur part du gâteau à cause des tensions entre le gouvernement et les pays occidentaux. Un départ de Bachar Al-Assad pourrait changer les choses ? B.B : On n’a jamais vu quelqu’un gagner une guerre avec un grand soutien de l’opinion publique s’en aller, ça n’a pas de sens. Je pense que ça peut changer en fonction des élections dans les différents pays. En Syrie, c’est plus compliqué à cause des tensions entre le gouvernement et les pays occidentaux, contrairement à l’Irak où elles se battent un peu toutes pour avoir leur part du gâteau. En France on ne sait pas encore, mais par exemple à la primaire de la droite et du centre, il y avait deux lignes très différentes en politique étrangère, avec Juppé et Sarkozy qui voulaient rester dans la même optique, et Fillon qui voulait un rééquilibrage complet. Si c’est lui qui gagne la présidentielle il pourrait y avoir d’importants changements, mais on n’est jamais sûr de rien en politique. @NicolauTh

THOMAS NICOLAU


Des chrétiens d’Orient prient dans une église. © Matt Cardy/Getty Images/AFP

NOËL CHEZ LES CHRÉTIENS D’ORIENT : « LES GENS N’ONT PLUS DE JOIE AU CŒUR » La situation des chrétiens au Moyen-Orient, déjà compliquée auparavant, s’est encore dégradée depuis le début de la guerre en Syrie. Persécutés, ces derniers s’apprêtent une fois encore à passer un Noël sans magie.

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n nouvel attentat contre les coptes a eu lieu à l’intérieur de l’église Saint-Pierre et SaintPaul au Caire. 25 personnes ont été tuées dans l’explosion de ce dimanche 11 décembre et l’on dénombre une trentaine de blessés. Cela en fait l’attaque la plus meurtrière contre la plus importante communauté chrétienne d’Orient. En effet, l’Égypte compte 8 millions de chrétiens, appelés les coptes, ce qui représente environ 10 % de la population. Toutefois, d’autres pays sont également régulièrement touchés par ce type d’attentats. Patrick Karam, docteur en science politique et président de la Coordination des Chrétiens d’Orient en Danger (CHREDO) rappelle, dans un entretien au Figaro, que « la survie des Chrétiens d’Orient est désormais compromise en ce début de XXIe siècle ». Cela est notamment dû à l’apparition de mouvements djihadistes en Syrie et en Irak. Il explique également que les chrétiens sont persécutés « uniquement parce qu’ils sont chrétiens, parce qu’on les assimile à l’Occident, et que l’on veut faire disparaître les racines chrétiennes de ces pays ». De plus, contrairement à d’autres communautés, les chrétiens d’Orient n’ont pas

d’endroit, de territoire où se réfugier ni d’armée pour les défendre.

UN EXODE MASSIF En Syrie, les chrétiens subissent leur sixième année de guerre et bon nombre d’entre eux tentent d’y échapper en fuyant. Entre les destructions d’églises, les conversions forcées à l’Islam et autres exécutions pour servir d’exemple, les chrétiens sont forcés d’aller se réfugier ailleurs, comme au Liban par exemple. « Près de 40 % des chrétiens syriens ont déjà quitté le pays en quatre ans », estime Marc Fromager, directeur de l’Aide à l’Église en détresse (AED). « On s’oriente vers le scénario irakien, avec un effondrement rapide et irrémédiable de la présence chrétienne ». Effectivement, ils étaient plus d’un million en Irak avant 2003 et l’intervention américaine. Aujourd’hui, il en reste environ 300 000, selon les estimations. Ainsi, si l’émigration continu de cette manière, les chrétiens de Syrie et d’Irak pourraient être amenés à disparaître complètement d’ici « cinq ans à peine », a signalé le prince Charles. Par ailleurs, les divers patriarches d’Orient, aussi bien

orthodoxes que catholiques, se sont exprimés au sujet de l’exode. Ils maintiennent que le départ des chrétiens d’Orient de leur terre natale ne signifierait ni plus ni moins que la mort du christianisme dans ces lieux. Il faudrait donc trouver d’autres solutions que de leur faire quitter le pays, ou temporairement tout au plus. En ce sens, une résolution a été votée à l’unanimité ce mardi 6 décembre au Sénat. Cette dernière fait reconnaître « les crimes de génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre » perpétrés contre les chrétiens d’Orient, et, plus largement, contre les populations civiles en Syrie et en Irak.

NOËL SOUS LES BOMBES Néanmoins, même si les chrétiens ne reçoivent que très peu de soutien, ils peuvent tout de même compter sur quelques aides humanitaires comme SOS chrétiens d’Orient. De plus, en cette période de Noël, des dons sous forme de cadeaux (généralement des vêtements) sont envoyés par des associations comme l’Aide à l’église en détresse (AED). C’est le cas à Alep, ville syrienne terriblement touchée par la guerre,

où Sœur Annie tente de préparer une joyeuse fête de Noël aux gens. Accompagnée de volontaires, elle leur distribue des cadeaux et essaye autant que possible de leur faire passer une soirée chaleureuse avant d’aller à la messe de minuit dans une église en reconstruction. Durant ce moment de réconfort et de répit, les habitants oublient leurs conditions de vie difficiles même si cela n’est que de courte durée. « Il y a deux jours, des roquettes sont tombées tout près de nous. Six personnes ont été tuées. Quelques jours auparavant, c’est une maison d’habitation qui a été touchée. Il n’y a pas eu de mort, mais beaucoup de blessés. Pour nous ici, c’est le quotidien » raconte-t-elle à AED en parlant du dernier Noël. Elle révèle également qu’au cours de ces soirées, les gens lui parlent de leurs souffrances : « C’est la cinquième fois que les chrétiens de Syrie doivent célébrer les fêtes de Noël pendant la guerre. Les gens n’ont plus de joie au cœur. Naturellement, ils iront à l’église. Mais il n’y a plus la joie que nous ressentions tous auparavant à Noël. À sa place, il n’y a plus que la tristesse. » GUILLAUME BOUCHUT @gus_bouchut

L’ŒIL DE LA SEMAINE : LES CHRÉTIENS DANS LE MONDE Même si l’on entend beaucoup parler des massacres des chrétiens d’Orient, d’autres persécutions de chrétiens ont lieu dans le reste du monde, et notamment en Afrique. es coptes et les musulmans s’affrontent depuis longtemps. Une action qui montre bien que les chrétiens sont des cibles importantes quand les fêtes religieuses approchent. En effet, le 2 avril 2015, des djihadistes du groupe somalien Harakat Al-Chabab Al-Moudjahidin ont assassiné environ 148 personnes en majorité chrétiennes au Kenya. Une attaque survenue lors d’une cérémonie de Pâques, une fête qui célèbre la résurrection de Jésus Christ. D’autres persécutions ont eu lieu ces dernières années. En Tanzanie, dans la ville d’Arusha par exemple, six personnes sont mortes au cours de deux attaques en 2013. Au Nigéria, il y a eu près de cinq attaques, dirigées contre des chrétiens. Situés entre 2013 et 2015 les massacres ont pris place dans les villages de Kano, Gumsuri, Izghe, Shuwa ainsi que Tanjol et Tashek, faisant au total plus de deux cents morts.

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FOCUS INTER

Le marché de noël de Strasbourg est le meilleur d’Europe. © France 3

ZOOM SUR LA FRANCE

STRASBOURG CAPITALE DE TAÏWAN PENDANT 25 JOURS Depuis 2009, le plus vieux Marché de Noël d’Europe, celui de Strasbourg, s’exporte en décembre dans le monde entier. Après Tokyo, Moscou et Pékin, il débarque cette année du 1er au 25 décembre à Taïwan.

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trasbourg est réputée pour abriter le siège du Conseil de l’Europe, mais c’est peut-être bien son Marché de Noël qui fait sa notoriété. Chaque année près de deux millions de touristes viennent à Strasbourg, dès le 27 novembre, pour profiter de la magie de Noël. Il est vrai qu’avec 300 chalets répartis sur une dizaine de sites en pleine ville, le Marché de Noël de Strasbourg est l’un des plus anciens et l’un des plus grands d’Europe. De la place Kléber, où est planté un sapin gigantesque, à l’imposante cathédrale de la ville, de nombreuses animations (balades en calèches, chorales, patinoires) et décorations font découvrir les riches traditions alsaciennes. Tous les ans un pays est invité pour vendre et promouvoir ses produits et sa culture. Cette année, c’est le Portugal qui a été choisi pour la 446ème édition et dispose donc de la place Gutenberg.

STRASBOURG À TAÏWAN

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La nouvelle était tombée en juillet dernier. La future ville à accueillir le Marché de Noël de Strasbourg est donc Taipei, capitale de Taïwan. C’est entre le 1er et le 25 décembre que les Taïwanais auront l’occasion de déambuler entre une quinzaine de chalets construits spécialement pour l’événement. Cette participation a été organisée par des investisseurs taiwanais qui ont l’ambition de dynamiser les fins d’années jugées trop calmes. Face à ce constat et malgré la culture bouddhiste-chinoise, l’île a souhaité s’ouvrir à l’économie des fêtes de Noël, qui, chaque année brasse près de 250 millions d’euros (rien qu’à Strasbourg). Et c’est une première de recevoir le plus grand Marché de Noël d’Europe. Pour attirer les habitants de l’île, les organisateurs n’ont pas lésiné sur les moyens. Dans un premier temps, ils ont accepté de payer tous les frais, « ce qui représente un budget prévisionnel de quelque 600 000 euros, qui couvre la logistique, le montage de l’opération, les animations et la communication » a déclaré récemment Patrice Geny, le directeur de l’office de tourisme de Strasbourg. Deuxième acte de bonté de la part des locaux, le Marché de Noël made in Strasbourg est installé au pied de la prestigieuse tour « Taipei 101 ». Avec ses 509 mètres et ses 101 étages, le bâtiment a été classé plus haut

gratte-ciel au monde entre 2004 et 2009. Il fait partie du district de « Xinyi », l’un des quartiers les plus dynamiques de la ville avec, à la fois, de nombreux centres commerciaux, des cinémas et un centre économique et financier majeur (banques d’investissement, multinationales, ambassades étrangères etc). Quant aux chalets, ils distribueront des bredles, pains d’épices, kougelhofs (gâteaux alsaciens), tartes flambées, charcuterie et même de la choucroute ! Une véritable opération séduction destinée à promouvoir Strasbourg et l’Alsace.

L’ÉTRANGER : UN ELDORADO POUR L’ALSACE C’est en 2009, sous l’inspiration du président de l’office de tourisme alsacien Jean-Jacques Gsell, que Strasbourg décide de s’exporter à l’étranger. Les deux premières éditions de ce Marché de Noël à l’étranger se sont déroulées au Japon, à Tokyo (2009 et 2010). S’en est suivi un battement de deux années pour percevoir toutes les retombées économiques et organiser un nouveau projet. Puis lors des éditions 2013 et 2014, les Alsaciens ont voulu s’attaquer au marché russe. La cible était Moscou, à quelques pas de la Place rouge. Après une année d’attente, les résultats ont pu être visibles sur le territoire alsacien. Les quatre Marchés de Noël ont réussi a entraîner une augmentation de 60% de la fréquentation japonaise en Alsace et de 45% pour la clientèle russe. Un véritable succès qui a encouragé la poursuite de l’aventure. L’année dernière, c’est dans un grand centre commercial à Pékin, en Chine, qu’une quinzaine de chalets traditionnels ont été installés du 5 au 20 décembre. Si les douaniers chinois s’étaient montrés très vigilants, contrôlant toutes les marchandises (nourriture et peluches entre autre), les citoyens chinois ont littéralement dévalisé les chalets de pains d’épices et de chocolats aux liqueurs. Une réussite qui fait rêver… En effet après s’être exportés à l’Est, les organisateurs ambitionnent d’installer leurs chalets à New York. Un partenariat est actuellement en cours de négociation et pourrait voir le jour en décembre 2017. @MaxenceCuenot

MAXENCE CUENOT


Le Boxing Day est une véritable tradition outre-Manche. © Droits réservés

LE REGARD CULTUREL

ANGLETERRE : LA FRÉNÉSIE DU BOXING DAY En Angleterre, le 26 décembre est un jour férié qui offre son lot de festivités : soldes, chasse à courre et football. Appelée Boxing Day, cette journée particulière est une véritable tradition outre-Manche, qui perdure depuis 1871.

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n Angleterre comme ailleurs, le 25 décembre approche. Une fois les cadeaux distribués, le sapin, les chants et autres décorations feront place, comme chaque année, au Boxing Day, ce jour férié célébré le 26 décembre dans tout le Royaume. Littéralement « le jour des boîtes », cette expression fait référence au fait d’offrir des cadeaux aux plus démunis. Pour autant, les origines de cette tradition sont encore floues. Certains prétendent que la coutume remonte au Moyen-Âge. Au XVe siècle, de nombreux explorateurs embarquaient une boîte à bord de leurs bateaux, dans laquelle ils déposaient de l’argent en guise de protection. La relique était ensuite scellée et conservée tout au long du périple. À leur retour, s’ils revenaient indemnes, les navigateurs la remettaient au prêtre du village, qui redistribuait l’argent aux plus pauvres. D’autres affirment qu’une boîte à offrandes était installée dans les églises puis rouverte au lendemain de Noël. Le contenu était alors reversé aux mendiants et pauvres de l’Église. L’hypothèse la plus répandue date du XIXe siècle. Les familles les plus aisées accordaient un jour de congé à leurs serviteurs le 26 décembre, tout en leur offrant une boîte remplie de présents et de nourriture. Les restes du repas de Noël, la plupart du temps.

TROIS MILLIONS CHAQUE MINUTE

D’EUROS

DÉPENSÉS

Aujourd’hui, le Boxing Day n’a plus rien à voir avec l’aumône. Ce sont

désormais des festivités diverses et variées qui se sont inscrites dans la tradition. À commencer par les achats. Depuis 25 ans, le premier jour des soldes d’hiver en Grande-Bretagne intervient le 26 décembre. Les commerces ouvrent leurs portes très tôt et accueillent des milliers de consommateurs à la recherche de bonnes affaires. Ce qui donne lieu à des scènes comparables au Black Friday, aux ÉtatsUnis : une foule de clients se bousculent à l’entrée des magasins, parfois même la veille du Boxing Day, puis se précipitent à l’ouverture vers les différents rayons pour être certains de dégoter les objets convoités.

tions de renards en Grande-Bretagne. Pour maintenir la tradition, il est désormais possible de chasser la bête sans la blesser. Pour ceux que cette activité rebute, la célèbre « King George VI Rase » est l’un des autres grands rendez-vous de cette journée particulière. Il s’agit de la deuxième course de chevaux la plus importante du Royaume. Elle se déroule chaque année depuis 1937 dans l’hippodrome de Kempton, sous les yeux de 22 000 spectateurs. Un événement qui fait l’objet de nombreux paris de la part des bookmakers.

22 millions de personnes ont dépensé quelque 5 milliards d’euros lors du 26 décembre l’an dernier

Enfin, le Boxing Day est aussi très réputé pour ses matchs de football. Alors que tous les autres championnats européens sont en pleine trêve à cette période, seule la Premier League, le championnat anglais, fait exception. Le 26 décembre marque le coup d’envoi d’une folle semaine lors de laquelle les clubs enchaînent trois matchs tous les deux jours. Une période qui s’est très souvent révélée décisive dans l’attribution du titre de champion. Et si cette tradition est de plus en plus contestée par les entraîneurs et joueurs étrangers, qui fustigent la fatigue entraînée par ce rythme effréné, les Anglais y restent attachés coûte que coûte. Les diffuseurs parce que c’est un énorme succès économique, et les fans parce qu’ils ont la possibilité de se gaver de football chaque jour. C’est aussi cela, la frénésie du Boxing Day.

L’an dernier, 22 millions de personnes ont dépensé quelque 5 milliards d’euros lors du 26 décembre, soit trois millions d’euros dépensés chaque minute. Certaines enseignes réalisent, en une journée, la moitié de leur chiffre d’affaires annuel. Une véritable folie. Le Boxing Day se caractérise également par la chasse à courre. Tout au long de l’après-midi, près de 300 000 personnes, à cheval, se plaisent à traquer le renard à l’aide d’une meute de chiens. En 2005, une loi anglaise a cependant interdit cette pratique, devant la forte baisse des popula-

LE JOUR DU FOOTBALL

@ChenevalBrice

BRICE CHENEVAL

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NOËL AUTOUR DU GLOBE

LES tops

BRÉSIL :

Même Jean-Pierre Pernault le dit dans son JT !

Noël est une fête très importante au Brésil. Ce pays très fortement catholique est aussi connu pour son amour de la fête. À Rio de Janeiro, les festivités commencent lorsque Saint Nicolas est déposé en hélicoptère dans le stade de la ville !

MEXIQUE : Au Mexique, la fête de Noël est célébrée pendant neuf nuits. Cela représente le pèlerinage de Marie et Joseph, jusqu’à l’arrivée de Jésus. La tradition est aussi de jouer à la « piñata », celle-ci a généralement la forme d’un cheval rempli de bonbons que les enfants doivent casser.

Une référence à l’interview de Manuel Valls accordée au Parisien avec en titre «Ma candidature est une révolte»

Une belle initiative pour que chacun puisse profiter des fêtes de fin d’année

LES flops

KENYA : La tradition de Noël au Kenya est de faire griller une chèvre pour la manger en famille. Cette fête est très importante en Afrique, qui est fortement catholique. Même dans les pays majoritairement musulmans, Noël commence à prendre de l’importance, comme au Sénégal.

JAPON : Une anguille géante fournit l’énergie nécessaire aux guirlandes de Noël à Tokyo, mais aussi l’électricité nécessaire pour son aquarium ! Pour le reste, c’est un tapis spécial sur lequel marchent les habitants de la ville qui fournit l’énergie d’un père noël lumineux géant. Noël en avance pour Manuel Valls, qui s’est récemment déclaré candidat à la primaire de la gauche

AUSTRALIE : Au pays des kangourous, Noël se célèbre sous le soleil. Pendant les grandes vacances, les Australiens célèbreront cette fête au bord de la plage, savourant des grillades. Bien sûr, le père Noël troquera son costume de laine contre un simple maillot de bain et une paire de tongs…

Quel dommage ! Nos cadeaux sont déjà prêts.

ITALIE/ESPAGNE : L’éditorialiste du journal «La Presse» critique vivement la réforme de la loi sur les banques du populaire Justin Trudeau

Le père noël n’existe ni en Italie, ni en Espagne. Dans la tradition de ces deux pays, il est remplacé par une sorcière, Befana. Les enfants, eux, n’ouvrent leurs cadeaux que le 6 janvier, jour de l’arrivée des rois mages à Bethléem.


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