FORTUNES

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Que disent les riches cette semaine ?

s Fortune ALLEMAGNE 2,50e / BELG 2,20e / GRECE 3e / LUX 2,20e / PORTUGAL (Cont) 3e / SUISSE 4,50 FS / ANTILLES-REUNION 3e / CANADA $ 4,95 / MAROC 30 DH / ZONE CFA 2000 CFA

www.fortunes.fr

Flavien, aristocrate du XXIe siècle

Enquête chez les

MILLYONNAIRES CLASSEMENT Les plus grandes fortunes de Lyon p. 7 VACANCES Les destinations tendances pour cet hiver p. 9 DOSSIER Jeunesse dorée : génération décomplexée p. 16 M 05726 - 69 - F: 1,80e N°1 DU 6 AU 20 DECEMBRE 2007



CONFIDENTIEL

T É L E X : Florence Foresti, humoriste lyonnaise, présentera en avantpremière son spectacle “Abribus” à la salle Paul Garcin (1er), le 27 décembre.

Monsieur est servi R

La maison Louis Vuitton invite ses clients les plus fidèles à fêter Noël avant l'heure. Le " Noël en blanc " sera l'occasion pour ces inconditionnels de la marque d'assister à un défilé suivit d'un brunch. La célèbre marque de maroquinerie ouvrira exceptionnellement son magasin rue du président Herriot le dimanche 16 décembre de 11h à 17h. Pour assister à cette journée privilégiée le carton d'invitation sera exigé à l'entrée. Installé au 5 avenue du Maréchal Foch, le constructeur anglais Aston Martin ouvrira une concession au premier trimestre 2008. De la plus vendue V8 Vantage (111 000 euros) à l'incontournable Vanquish (260 000 euros), toute la gamme sera exposée sur 1200m². Présent à Lyon, lors du salon de l'auto en octobre dernier, Aston Martin aurait établit 200 contacts. Selon Timothée Malachard, responsable marketing chez Aston Martin, une petite dizaine de voitures auraient déjà été vendues. Le temps d'attente avant livraison, 3 à 4 mois.

endre possible l'impossible, c'est la promesse des sociétés de conciergerie de luxe. Depuis ces dix dernières années, les services haut de gamme se sont multipliés : Vertue, Asmallworld, UUUcard et Quintessentially. Tout pour rendre la vie plus facile à ceux pour qui l'argent n'est pas un problème. Depuis 1990, le nombre de millionnaires dans le monde a doublé, cela fait environ neuf millions de personnes qu'il faut satisfaire coûte que coûte.

Le luxe au bout du fil

La French touch

Imaginez un portable capable d'indiquer le nom du restaurant le plus branché de Milan ? Ou encore d'organiser un dîner de charité avec sa majesté Elizabeth II ou une star hollywoodienne ? La société Vertue a conçu un téléphone avec un bouton magique qui répond à toutes les demandes de ses clients. Le prix ? Avec des diamants roses ou bleus incorporés dans la coque du portable, ce petit objet de convoitise ne coûte pas moins de 300 000 euros… Pour ce prix, même l'emballage est endiamanté. Où le trouver ?

La UUUcard (prononcer you you you), la conciergerie de luxe à la fr a n ç a i s e , e s t u n e c r é a t i o n d e fashion:ID. Depuis quatre ans cette société ouvre toutes grandes les portes du prestige à la parisienne. En véritable VIP les membres recevront les cartons d'invitation pour les défilés de mode des grands couturiers et les services d'un personal shopper. Un certain savoir vivre à la française qui séduit une clientèle à 70% étrangère surtout des Russes et des Américains. Pour être VIP compter 500 euros par an et pour l'Ultimate membership, un accès illimité aux services UUU il faudra débourser 3 000 euros. Cela, pour connaitre tous les petits secrets de la capitale française.

e

JLMaier 91, rue président Edouard Herriot (2 )

Riches, beaux et cyberbranchés Parce que l'on trouve tout le monde et tout sur internet, Erik Wachtmeister a fondé Asmallworld.net. Ce site est réservé à l' é l i t e . L e s n o m s d e l a Jet-Set, des familles royales ou encore des grands businessmen s'y côtoient. Qu'ils soient à la recherche d'une île des caraïbes à 2,5 millions d'euros, le meilleur hôtel du Togo ou tout simplement des informations sur la vie courante, tout est sur Asmallworld. Faire du business entre soi et se sentir en sécurité, c'est le credo que défend Wachtmeister. Pour accéder au site le plus huppé du web, il est indispensable d’être invité par l'un des adhérents. Au-delà du coté confidentiel ce site offre une clientèle ciblée cousue d'or pour les grandes marques de luxe. Une publicité sur Asmallworld coûte 15 000 à 35 000 euros par mois en moyenne.

Quintessentially, comble vos désirs Vous souhaitez des places de concert introuvables ? " Quint’ " en trouvera pour vous et vous aurez même accès au backstage. Vous souhaitez un jet rose en moins d'une heure ? Ou encore 12 paons albinos pour une garden-party ? Si vous êtes un des 1 300 heureux Français détenteurs de la carte Quintessentially vos moindres caprices seront exaucés. Vous pouvez tout demander aux 800 employés qui, 24h/24, sont à vos ordres pour 1 500 euros par an. Pour 36 000 euros, un assistant personnel comblera tout vos désirs, même les plus fous. Les stars et les hommes d'affaires ne jurent que par “ Quint’ ”. Présent dans 37 villes du globe, Quintessentially c'est un peu comme un agent de service qui connaît…le monde entier. La société possède un bureau à Cannes et à Paris, une dizaine de Lyonnais en sont membres.

Léon de Lyon tire sa révérence le 31 décembre après de longues années de bons et loyaux services. Jean-Paul Lacombe, chef des lieux, a annoncé la fermeture définitive de la maison centenaire. Mais, sept mois plus tard la donne a changé. Ce ne sera pas un adieu car si l'enseigne ferme ses portes, une brasserie prendra le relais. La décoration très bourgeoise et les parquets XVIIe ne changeront pas, seule la cuisine sera entièrement rénovée, dans le seul but de préserver ce lieu emblématique du patrimoine lyonnais. 6000 euros par jour c’est la somme versée par l’Université Lyon II à des agents de sécurité privés pour contrôler ses étudiants lors du mouvement de protestation contre la Loi Pécresse. Au total, la faculté a déboursé près de 90 000 euros durant cette période.

Paola DIENOT

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POLITIQUE

T É L E X : Le PS du Rhône a reçu plus de 693 000 euros de dons au cours de l'année 2006, soit trois fois plus que l’UMP.

Municipales, les challengers font leurs comptes Le maire milloniste du 2e arrondissement et candidat à sa succession aux municipales de 2008, Denis Broliquier, se dit pour un financement des partis à l'américaine. " La plupart des gros entrepreneurs sont des donateurs […], comme la famille Mérieux, gaulliste depuis plusieurs générations, Roger Caille, soutien d'Alain Madelin en 2002, ou Gérard Pélisson, directeur du Groupe Accor et candidat sur la liste milloniste. Mais ils sont très peu par rapport aux Etats-Unis où la culture du don politique est très ancrée. " Lui- même reconnaît le soutien financier et la confiance " de cinq à dix gros entrepreneurs lyonnais" dont " deux nouveaux entrepreneurs ".

A

quatre mois des élections municipales, les deux challengers dans la course à l'Hôtel de ville de Lyon, Gérard Collomb (PS) et Dominique Perben (UMP) arrivent au moment décisif de l'exploitation de leurs réseaux économiques pour la campagne. Nouveaux entrepreneurs ou industriels historiques, hommes d'argent et d'influence ces élites lyonnaises constituent la principale clé de l'action municipale. " Ils donnent la possibilité de concrétiser l'action publique ", analyse Renaud Payre, maître de conférences de sciences politiques à l'Université Lumière Lyon 2. Le maire construit sa politique locale avec ceux qui ont les moyens de la réaliser. Gérard Collomb n'aurait pas pu accélérer le développement de Vaise sans le soutien de Jean-Michel Aulas ou Bruno Bonnel qui y ont installé leurs entreprises : CEGID et Infogrammes. " Les candidats courtisent les success stories économiques, cela crédibilise un projet ", explique le journaliste Frédéric Poignard, correspondant du Figaro à Lyon. Dernier en date : Olivier Ginon, le symbole actuel de la réussite de l'entrepreunariat lyonnais. Le patron de GL Events est au centre des sollicitations de Gérard Collomb et Dominique Perben. Il est jusqu'à présent resté sourd aux appels des sirènes politiques. La compétition est d'autant plus exacerbée que les deux candidats se retrouvent dans une situation inédi-

te : une droite unie face à un socialiste en fin de mandat. " L'arrivée de Gérard Collomb au pouvoir en 2001 a été un accident ", affirme Denis Br o l i q u i e r, m a i r e m i l l o n i s t e d'Unir pour Lyon (UPL) dans le 2e

arrondissement. Profitant de la désunion de la droite, il s'est fait élire " sans le soutien des grands entrepreneurs ", relè v e - t - i l . D u r a n t s o n mandat, il a dragué le monde de l'entreprise pour combler ce manque. Le maire a ainsi ouvert les portes de l'Hôtel de ville aux réceptions des grands patrons et lancé des programmes de développement territorial, type " Grand Lyon, l'esprit d'entreprise ". Ses chances d'être réélu tiennent au succès de sa politique d'ouverture aux hautes sphères économiques. Quand Gérard Collomb a été élu, la d r o i te p a y a i t en c o r e le p r i x d e " l'Affaire Noir-Botton ", scandale de corruption qui a éclaboussé le mandat du maire RPR Michel Noir en 1995. Aujourd'hui, elle fait bloc derrière Dominique Perben et peut bénéficier du ressac de la " vague bleue " des Législatives. " Les lignes sont en train de bouger depuis quelques semaines ", constate Frédéric Poignard. " Le 14 novembre, lors du lancement du Beaujolais nouveau au Sofitel, j'ai trouvé Gérard Collomb isolé et Dominique Perben à l'aise. […] Les gens allaient vers Perben. Il a su faire son trou à Maxime PETIT Lyon. "

F. Caterini

Gérard Collomb, candidat à sa propre succession aux municipales 2008.

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8,5 millions d'euros. C'est la somme que compte débourser la mairie de Lyon ces six prochaines années, dans le but de rénover des églises. Ces six dernières années, seuls six millions d'euros auront contribué à l'entretien des lieux de cultes catholique. Un budget finalement plutôt ridicule aux vues des quelques 100 millions d'euros investis dans la politique patrimoniale de la ville candidate au titre de capitale culturelle 2013. La palme d’or du plus impressionnant gaspillage d’argent public de l’année 2007 est attribuée à... Christine Boutin et son ministère préfabriqué du logement délocalisé à Lyon en septembre dernier! Une aventure qui a coûté 250 000 euros au contribuable.


MÉDIAS

T É L E X 4,5 millions d’euros.C’est le budget alloué à la communication par la région Rhône-Alpes. Elle est celle qui investit le moins en France dans les médias et la publicité.

Heurs et malheurs d'un " Patron de presse " Boulevard des Belges, il possède également une très belle propriété à Cannes : sol en marbre gris, jardin de palmiers et de cactus d'hiver, piscine avec vue sur les îles de Lérins et la baie de Nice, un véritable rêve hollywoodien. Mais la presse reste l'amour de sa vie et en 2005, l'ancien PDG des Affiches se lance dans la création d'un nouvel hebdomadaire d'information lyonnais : Tribune de Lyon. Il investi 2,2 millions d'euros dans le développement du journal qui est un échec, Galula jette l'éponge en Janvier 2006. " Il n'y a pas de fatalité à faire des journaux et à perdre de l'argent ", estime-t-il. Père de trois filles, Fernand Galula est convaincu qu'aucune ne s'intéresse à la presse. A 66 ans, il n'a peut-être pas dit son dernier mot et " guette toujours des affaires à faire ". Céline RIVOIRE

Pour l'événement de la Fête des Lumières, Radio Scoop offre a ses auditeurs l'occasion de connaître le programme des festivités dans chaque arrondissements ainsi que leurs coulisses…Chaque jour jusqu'au 7 décembre vous entendrez un artiste ainsi qu'un organisateur de la ville expliquer leur motivation et la programmation. La radio se penche aussi du côté des touristes pour connaître l'impact du 8 Décembre. Tribune de Lyon devrait revenir sur l'historique de la Fête des lumières : c'est à dire la peste…L'hebdo lyonnais consacre tout un dossier à cette maladie et la dernière vague qui a eu lieu à Lyon en 1628.

DR

F

ernand, Elias, Galula est incontestablement un homme de la publicité et des médias. Né en Tunisie, il arrive à Montpellier pour faire sa médecine. il abandonne au bout de quelques mois et se lance dans la pub à Paris. En 1963, il arrive à Lyon comme responsable d'une agence de publicité. Trois ans plus tard, il rachète ses locaux sous le nom de SEDIP. C'est le début d'une histoire avec la Mairie de Lyon pour éditer des journaux municipaux. " J'ai dû faire le siège de Monsieur Pradel pendant huit, neuf ans et puis un beau jour j'ai réussi, ça a été ça le vrai départ quand j'ai réussi à vendre au maire de Lyon l'idée d'un journal. Je me souviens du premier journal, il était tout en noir. ". Ce journal s'appelait Vivre à Lyon. C'est un premier succès pour l'homme d'affaires, et en 1989 la s o c i é t é S E D I P r é a l i s e 35 m i l l i o n s d e f r a n c s ( e n v i r o n cinq millions d'euros) de chiffre d'affaire. Le tableau s'assombrit avec l'élection de Michel Noir qui rompt unilatéralement les contrats avec Fernand Galula. Après cinq ans de procès, la ville de Lyon est condamnée à payer onze millions de francs qui vont permettre à Galula de rebondir. En 1992, il rachète au Progrès le titre dont il reste le plus fière: Les Petites affiches Lyonnaises (PAL). Le titre se développe avec succès, Fernand Galula a décroché le gros lot et construit sa fortune. Lorsqu'il décide de revendre les PAL en Janvier 2003, il a doublé la valeur du journal. Cette fortune et son patrimoine, estimé à six millions d'euros, permettent alors à Fernand Galula de mener une vie aisée et de fréquenter les people : Voitures de standing, sorties nocturnes au KGB. Il habite

DR

Pour la Radio Chrétienne Francophone le 8 Décembre est un événement particulier à traiter. Et cette année à Lyon, RCF a vu les choses en grand pour informer au mieux ses auditeurs sur le sens religieux de la Fête des Lumières.Ça commencera dès 16h avec une table ronde nationale dédiée aux sanctuaires mariaux. La soirée prendra ensuite un tournant plus local avec un direct à partir de 19h.sur Marie, symbole du 8 Décembre. Ils évoqueront la prière qui se fera au pied de la statue de la vierge à Fourvière, mais aussi le parcours pédestre au VieuxLyon qui fait découvrir d'autres statues de la Sainte réparties un peu partout dans les anciens immeubles. Sans oublier le suivi de la montée aux flambeaux qui se fait chaque année. Pour terminer cette fête spéciale, à partir de 20h, RCF retransmet la messe des jeunes avec le Cardinal Philippe Barbarin.

Fernand Galula, fondateur de l’hebdomadaire Tribunee dee Lyon.

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LE GRAPHIQUE

L’évolution des fortunes rhôdaniennes

Alain Mérieux, l'héritier de l'empire biomédical Les Mérieux ? Une famille de scientifique et une saga qui commence avec le grandpère Marcel Mérieux, qui ouvre son laboratoire de biologie en 1897. Puis le flambeau est passé de génération en génération. En 1967, Alain devient PDG. Un an plus tard, il cède plus de la moitié de l'Institut Mérieux à Rhône-Poulenc devenu depuis SanofiAventis. Alain Mérieux conservera BioMérieux , le n° 8 mondial du diagnostic biologique et en devient PDG. Dans le portefeuille familial figure aussi la société de biotechnologies Transgène.

(En millions d’euros)

2200 2000

1500

1000

500

2003 Pierre Fabre Société : Pierre Fabre Secteur : Pharmaceutique Ville : Marcy l’Etoile Classement : 24e en France et 1er Rhôdanien Fortune estimée : 2 milliards d’euros Evolution entre 2006 et 2007 :

+ 110,53 %

2004

2005 Alain Mérieux

Société : Biomerieux Secteur : Pharmacie Ville : Marcy l’Etoile Classement : 35e en France et 2e Rhôdanien Fortune estimé : 1,485 milliard d’euro Evolution entre 2006 et 20007 :

+ 38,91 %

2006

2007

Famille Lescure

Société : Groupe Seb Secteur : Electroménager Ville : Ecully Classement : 45e en France et 3e Rhôdanien Fortune estimée : 1,008 milliard d’euro Evolution entre 2006 et 2007 :

Bruno Rousset

- 7,98 %

6

89e Norbert Dentressangle Philippe Transport, 482 millions d’euros Foriel-D Destezet 167e Christian Boiron Société : Adecco Pharmaceutique, 243 millions Secteur : Travail temporaire 184e Jean-M Michel Aulas Ville : Villeurbanne Informatique, 210 millions Classement : 76e en France 254e Eric Jacquet et 5e Rhôdanien Metallurgie, 146 millions Fortune estimée : 276e Thierry Lièvre 521 milliard d’euro Distribution, 121 millions Evolution entre 2006 et 320e Thierry Ehrmann 2007 : Service informatique, 102 millions -52,64% 322e Bruno Lacroix Mécanique, 100 millions 356e Jean-C Claude Lavorel Santé, 91 millions 431e Jacques Mottard Service informatique, 71 millions

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Bruno Rousset, l’Homme qui assure Il est en 1988 le fondateur d'April Group, une société d'assurance. A 49 ans, Bruno Rousset emploie la moitié de ses 1 700 salariés à Lyon. Actionn a i r e à hauteur de 62 % , le groupe pèse 1 milliard d'euros. Sa fortune étant faite il prend désormais des participations dans des sociétés de services de la région.

+ 61,8 %

Les autres rhôdaniens Société : April Groupe Secteur : Assurances Ville : Lyon Classement : 46e en France et 4e Rhôdanien Fortune estimée : 1,003 milliard d’euro Evolution entre 2006 et 2007 :

ZOOM

Christian Boiron roi des granules Entré au laboratoire d'homéopathie familial en septembre 1970. En absorbant son concurrent Dolisos, il accroît ses positions sur ce marché. Il est le n° 1 mondial. Il s'est aussi laissé tenter par la politique comme conseiller municipal de Lyon au temps de Michel Noir. F.P


Fortunes Charlotte Tyrel

Sommaire N°1 du 6 décembre 2007

Evénement

9ce desLesfortunes destinations tendanlyonnaises

AVANT-PROPOS Par Auré l i e n Barbin

Lyon d’or

M

En couverture

DR

16 La jeunesse dorée Avant-p premières 3

Confidentiel Rendre l’impossible possible.

4

Politique Perben et Collomb à l’heure des comptes.

5

Médias Heurs et malheurs d’un homme de presse.

6

Graphique Température des fortunes lyonnaises

Evénements 9

Où partent les Lyonnais cet hiver ? Plutôt chalet à la montagne ou plages de sable blanc, du moment que le luxe est au rendez vous...

Analyses 10 Sociologie Des premiers

marchands, aux soyeux du XVIIIe siècle, les origines de la richesse lyonnaise.

12 Economie Portrait d’une success

story lyonnaise : Olivier GINON

Ses pratiques, ses valeurs, ses doutes. Plongée dans l’univers de ces graines de fortunés.

14 Immobilier A chacun son haut de

gamme. Maisons, appartements, châteaux, le m² expose son meilleur profil.

En couverture 16 Comprendre Génération décomplexée. 18 Eduquer Les Chartreux,un privé côté. 20 Réinventer Le modèle tra ditionnel à l’épreuve.

21 Fréquenter Caviar et rockn’roll au rallye Merlin.

22 Se montrer Être à la mode à n’importe quel prix.

23 Sortir chic Envie d’une coupe de champagne millésimé ?

Coulisses 24 Art Mécénat et collectionneurs. Portrait Nicole, grandeur et décadence. Réseaux L’union fait le Cercle. Vitrines Le carré d’or du luxe.

Personnel 29 Automobile Aston Martin et circuits

privés. Le sports Polo golf. 31 Tendances par Laure Dworak.

DIRECTION Directeur de la publication Isabelle DUMAS, Directeur de la rédaction Jeanine PALOULIAN REDACTION Rédacteur en chef Aurélien BARBIN, Rédacteur en chef adjoint Charlotte TYREL, Rédacteurs Paola DIENOT, Julie OLAGNOL, Céline RIVOIRE, Laure DWORAK, Pierre MOREL, Claire JEANTET, Thibault CUMINET, Mathieu CARBASSE,Maxime PETIT, Fabien PIGALLE EDITION / PHOTO Mathieu CARBASSE, Charlotte TYREL EDITION Secrétaire de rédaction Maxime PETIT, Secrétaire adjoint Fabien PIGALLE PUBLICITE ISCPA Communication IMPRIMERIE UPIL, 47 rue Sergent Michel Berthet 69009 Lyon POUR JOINDRE LA REDACTION ISCPA, 47 rue Sergent Michel Berthet 69009 Lyon, tel 04.72.85.71.74, fax 04.72.85.71.99

érieux, Berliet, Brochier ou plus récemment Aulas et Ginon, des noms constitutifs de l'histoire économique lyonnaise. Dynasties ou success stories, ces entrepreneurs nés avec une cuillère en argent dans la bouche, s'inscrivent dans une tradition essentielle à Lyon : le travail. Leur fortune personnelle dépasse aujourd'hui les 300 millions d'euros. Ils sont propriétaires de maisons bourgeoises à Saint-Didierau-Mont-d'Or, d'appartements cossus dans le 6e arrondissement et de chalets à Megève. S'inscrivant dans la continuité des grands entrepreneurs du siècle dernier, ces fils du triangle d'or (Bellecour, Ainay, 6e arrondissement) cultivent la discrétion. Leurs familles évoluent dans un microcosme chargé de valeurs et d'usages. Un milieu difficile à pénétrer où l'on cultive démesurément l'entre-soi. Une manière de se préserver soi-même. Hommes d'influences, ces Lyonnais gravitent dans l'ombre de la planète politique, sans cesse courtisés et sollicités, car au-delà de leur réussite personnelle, ils symbolisent la prospérité de leur ville. Les enfants de ces Lyonnais fortunés en sont les dignes héritiers. La reproduction sociale en est d'ailleurs caricaturale. Leur cursus scolaire les conduira inévitablement à reprendre le business de papa ou du grand-père maternel. Ils ne sont pas encore majeurs et affichent déjà leur goût démesuré pour la mode et autres accessoires de luxe. On les voit aujourd'hui déambuler dans la Presqu'île, sac Dior ou Hermès à la main, écumant les soirées mondaines et affichant leur appartenance " à la Haute ". Pour se montrer, toutes les occasions sont bonnes. Avec cette jeunesse dorée, finie la discrétion, place à l’ostentation. Rupture. Symbole de cette fortune affichée, Nicolas Sarkozy est devenu la figure emblématique d ' u n e g é n é r a t i o n décomplexée. Le rapport à l'argent a changé et là, réside la véritable révolution. Même si le mot argent reste tabou, montrer que l'on est " friqué " n'est plus un problème. " Demain je me pends si je perds tout ". L'expression de Frédéric illustre aussi le malaise de cette jeunesse dorée pour qui le luxe est devenu un acquis irréversible. Fortunes vous in v i t e à v o y a g e r c h e z c e s " millyonnaires " à travers différents portraits emblématiques d'une génération “ bling bling " disposée à conjuguer paillettes et bienséance.

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Evénement

Destinations tendances VACANCES Dévaler les prestigieuses pentes de Courchevel ou parfaire son bronzage aux Maldives ? Quelle est donc LA destination tendance des Lyonnais fortunés pour cet hiver ?

A

Résidences de luxe sur pilotis, Ile Maurice.

Le cadre est idyllique, mais pourtant délicat à imposer à une famille nombreuse... la tendance est plutôt aux bonnets et aux écharpes. Oublier les gentils organisateurs

Plus que la destination c’est le service qui se paye dans un voyage de luxe.

Certaines agences de grand standing vont plus loin. Quelques gadgets, comme des sacs Lancel, sont offerts au client pour faire

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ses courses en toute simplicité. Le trajet jusqu'à l'aéroport se fait en limousine avant un vol en classe business. Dès l'arrivée le champagne, millésimé bien sûr, pétille déjà dans une flûte en cristal.

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Une chambre dans un palace de glace au Canada.

DR

L'excentricité de la destination est tout autant recherchée. Rien de tel que de passer quelques jours dans un palace de glace au cœur du grand nord canadien, une nuit dans une chambre sous-marine au Bahamas avec vue plongeante sur la faune d'un lagon azur ou, plus chic, une chevauchée fantastique dans la pampa argentine… " La clientèle élitiste se définit par son originalité, son authenticité, son excentricité, son côté précurseur et bien sûr par le prix qu'elle consacre à ses escapades ", se risque Julien Lausse, responsable promotion vente d'une agence de voyages. Et pour intégrer ce cercle lyonnais très VIP, le minimum est d'environ 5000 euros par personne et par semaine. Mais plus qu'un voyage, c'est le service qui se paye. Il marque la frontière entre séjour onéreux et escapade de luxe. " Ce sont les petits détails qui font la différence. Une paire de chaussures crottée, abandonnée dans une chambre d'hôtel sera cirée impeccablement, lassée puis rangée ", explique Julien Lausse.

Office du Tourisme

u palmarès des séjours touristiques les plus tendances de l'élite lyonnaise cet hiver : croisière en pirogue au fil du Mékong, expédition en pays Dogon au cœur du Mali voire tête-à-tête avec les orangsoutangs de Bornéo… Originaux, les voyages type écotourisme ont le vent en poupe cette saison. Des formules qui surfent sur la mode développement durable.


Maxime PETIT et Charlotte TYREL

DR

Megève. Luxueux chalets dans le domaine du Mont d ’Arbois. Depuis une quinzaine d’années, la station savoyarde est la destination phare des fortunes de Lyon, séduitent par son côté village et sa discrétion.

40 000 euros au bout des pieds ! Diamants du bijoutier branché Tournaire.

Fabrication artisanale du ski “Ulltimee” de Lacroix.

Skis Lacroix

Skis Lacroix

du Club Med de Marrakech. Les sommets alpins reprennent leurs droits, avec LA station à la mode dans la haute bourgeoisie lyonnaise depuis une quinzaine d'années : Megève. " Les grandes fortunes recherchent un réseau relationnel, une ambiance, un art de vivre. C'est un univers quasiment étanche. Ils se voient la semaine à Lyon et se retrouvent les vacances ou le week-end à Megève ", analyse Pascal Auclair, journaliste particulièrement attentif à la vie dans les stations. " Megève est très prisée pour son architecture, sa gastronomie et sa convivialité… Mais il n'y a pas de qualité de ski dans cette station ! ". Pour avoir son couvert à la table des Caille, et autres familles lyonnaises habituées, il faut être membre de la " communauté des chalets ". People, même dans un palace, s'abstenir. Le chic reste de posséder sa résidence secondaire au cœur du village ou dans le secteur du Mont d'Arbois (13 000 euros le m² en moyenne). Qui dit vacances, dit bien évidemment sorties nocturnes et virées gastronomiques. On retrouve au palmarès des incontournables le Flocon de neige , seul et unique restaurant étoilé de la station. Et comme à Saint Trop', Les Jumeaux bis continuent leurs shows… Dernier détail à ne pas négliger : pour avoir l'air initié, prononcer "Meuugève". Pour Courchevel, la question ne se pose pas (une simple abréviation suffira). La station affiche sa différence avec son impressionnant domaine skiable. Pourtant les Lyonnais possédant un appartement, notamment à " Courchevel 1850 " où se trouve le foncier le plus cher, sont de plus en plus rares. La tendance est à la vente. A la mode dans les années 197080, " Courch' " étale aujourd'hui ses boites de nuits et sa forte concentration de milliardaires russes. Terre d'ostentation, elle apparaît désormais trop décalée pour des Lyonnais en quête de discrétion. Les pétrodollars sont petit à petit venus à bout des fortunes soyeuses.

Comble du tape à l'œil, la société lyonnaise de skis Lacroix frappe un grand coup avec le modèle " Ultime, diamond and gold ". Deux skis conçus sur mesure dans une structure noyau/bois en sandwich, nappés d'or blanc et incrustés de quatre diamants du joailler branché Tournaire. Les skis les plus chers du monde. Plus de 40 000 euros… sans les fixations. Selon la société, 10 paires ont été vendues dans le monde. " L'Ultime " ravit particulièrement les Crésus des Emirats. Mais, même si la qualité des Skis Lacroix n'est pas à remettre en cause, un diamant au bout d'une planche n'a jamais fait un meilleur chasse-neige ! M. P.

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Analyse

Lyon et ses millions SOCIOLOGIE La deuxième ville de France a un rapport singulier à l'argent. Noblesse récente, bourgeoisie cloisonnée à Ainay et rejet de l'ostentation. Autant de spécificités qui ont marqué la ville au cours des siècles. Mathieu Carbasse

Russe provocateur installé à Lyon. A l'inverse de villes comme Paris ou Bordeaux, Lyon accueille une noblesse rurale, attirée par la richesse commerçante. Au XVIIIe, de nombreux négociants profitent de l'anoblissement, procuré par l'acceptation des charges échevinales. Ils acquièrent un titre en devenant magistrats. Cette aristocratie récente reste le modèle de la noblesse lyonnaise.

A

Lyon, il n'y a pas de très grandes richesses, mais plutôt des “ vieilles et bonnes familles ”. La ville est depuis toujours une plate forme e commercial e . A u X V I I I s i è c l e , d e s marchands viennent s'y installer, profitant de sa situation géographique, entre Rhône et Saône, véritable carrefour pour les échanges. Historiquement, il n'y a pas de noblesse à Lyon mais plutôt une bo u r g e o i s i e t r a v a i l l e u s e . La preuve ? Contrairement à de nombreuses villes françaises, il n'y a pas de châteaux ou de domaines à Lyon. Sur les 3 000 familles nobles recensées dans l'ANF (Association d'entraide des nobles de France), sept seulement sont lyonnaises. Les vrais aristocrates, la grande noblesse, ce sont les Julien, les Perras, les de Fleurieu, les Paterin, la plus vieille famille de soyeux qui remonte à l'An 1400. " Ce ne sont pas les Brac de la Perrière ou les de Varax, dont les titres datent du XIXe ! " explique le prince Alexandre Varitch, un

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Quartier d’Ainay, berceau de la bourgeoisie lyonnaise.

Sur les 3 000 familles nobles recensées dans l'ANF sept seulement sont lyonnaises.

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Leurs maîtres mots ? Travail et discrétion, valeurs propres à la haute société et typiquement provinciales. A Ainay, quartier bourgeois par excellence, le luxe ne doit jamais être ostentatoire. " Plus les façades des immeubles sont délabrées, plus les propriétaires sont aisés " explique Bernadette Lejay, historienne. La vie de ce quartier, considé r é c o m m e " aristo-catho " a été décrite en 1929 par Jean Durfourt au travers de son personnage Calixte Patarin, habitant d'Ainay et travaillant à la Croix-Rousse. " La meilleure des sociétés l'habite [Ainay]. On ne le quitte guère lorsqu'on y est né " peut-on lire, marquant une opposition avec " le paraître ", " mal qui sévit aux Brotteaux ". " Des représentations toujours de mise, et qui influent sur le choix résidentiel " explique la sociologue Johana Meynier. Au XXe siècle, des soyeux se reconvertissent dans la chimie, confirmant la réputation laborieuse de la ville. Après la Seconde Guerre mondiale, les riches migrent peu à peu vers le 6e arrondissement où ils jouissent de la proximité du parc de la Tête d'or, qui

ajoute une plus-value au quartier. Aujourd'hui, différentes catégories de riches se côtoient à Lyon. Certains vivent sur un nom, le passé de leur famille ou un patrimoine, parfois largement amputé au fil des siècles. D'autres ont construit leur richesse récemment, sur quelques générations, à force de leur travail, comme les Fabre ou les Mérieux, les prix d ' e x c e l l e n c e a u classement des fortunes lyonnaises (voir p a g e 6 ) . E n f i n , i l y a les " peop l e " , s u c c e s s s t o r y d'aujourd'hui mais surtout connus pour leur présence d a n s l e s m é d i a s . Vi a l e football comme Jean-Michel Aulas, ou leurs excentricités, comme Thierry Ehrmann, respectivement 8e et 12e plus grosses fortunes de Lyon. Le microcosme lyonnais est essentiellement constitué d'acteurs politiques, économiques et mondains, mais il n'y a pratiquement pas de jet set. En France, contrairement aux Etats-Unis où le sexe est tabou et l'argent fait recette, les riches ne parlent pas de leur argent et ignorent souvent ce que possèdent leurs proches. C'est encore davantage vrai à Lyon, où tout le monde se connaît dans le milieu. Selon Janine Mossuz-Lavau, sociologue(1), " ce principe est hérité du catholicisme, qui a fait de l'argent un tabou, des réflexes du monde rural qui cachait son pécule, et plus récemment du marxisme où l'argent et le profit sont synonymes de l'aliénation de l'homme ".


obtenue par le travail paraît plus suspecte. Elle tient son a priori négatif d'un enrichissement au cours de la Première Guerre mondiale et de dépenses inconsidérées pendant l'entre deux-guerres. Aujourd'hui, le fossé tend à s'atténuer chez la jeune génération entre ceux que l'on appelle vulgairement les “ nouveaux riches " et les “ vieilles familles ”, qui parfois ont vu leur patrimoine s'effriter.

Mathieu Carbasse

Pour Eric Brunet(2), le poids de la religion n'explique pas tout et il impute la détestation de l'argent à " la puissance de l'immersion des idées de gauche après la seconde guerre mondiale ". Cacher son argent reste encore bien ancré dans les mentalités mais ce principe est en train de changer avec les dispositions de Nicolas Sarkozy qui marque l'entrée dans l'ère du " bling bling " avec des slogans explicites comme " travailler plus pour gagner plus ". La richesse s’évalue à partir de quatre critères : le patrimoine, les liquidités, le pouvoir d'achat et les espérances de rentrée d'argent. La richesse sédentaire (patrimoine hérité) est très bien vue alors que la richesse nomade,

Julie OLAGNOL (1)

auteur

de

L'argent

et

nous,

La

Qu'est-ce que le luxe ?

Martinière, 2007. (2) auteur d’Etre riche, un tabou français, Albin Michel, 2007.

Le luxe, ce n'est pas le contraire de la pauvreté mais celui de la vulgarité.

(Coco Chanel) RICHESSE

Ce qu’ils en disent :

Pour les sociologues, la richesse ce n'est pas que l'argent. Pour appartenir à la haute société, il faut maîtriser des codes et posséder des biens. Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot(1), sociologues, définissent quatre "capitaux" pour "en être". L'argent est une condition nécessaire mais pas indispensable. Pour être coopté dans la haute société, le capital économique doit être complété par un capital social. Il faut appartenir à un groupe et avoir un réseau durable de relations. C'est à ce moment qu'interviennent les cercles et les clubs. Le cliché veut que la haute bourgeoisie soit individualiste, pourtant, les différentes études de Pierre Bourdieu ou des Pinçon montre que le sens collectif est très aigü dans ce milieu. Ainsi, les grandes fortunes s'entraident pour se maintenir à un niveau social élevé et rester au sommet de notre société. A cela s'ajoute le capital culturel.

La connaissance et le savoir sont des conditions sine qua non à la " high society ". Les grands bourgeois ne sont pas des intellectuels ou de grands savants, sauf rares exceptions. Mais le monde des riches est celui des collectionneurs de tableaux, d'objets d'art et de meubles anciens. En résumé, le chic c'est d'avoir un Rembrandt dans son château. Cette interprétation de la richesse renvoie directement au quatrième capital : le symbolique, synthèse des trois premiers capitaux. La possession de terrains, la présence aux réceptions chics, le patronyme, la particule, le diplôme d'une grande école. Autant de richesses matérielles ou immatérielles qu'il est bon d'exposer et d'afficher à l'entourage. En somme, le capital symbolique serait la vitrine du grand bourgeois où la présomption de richesse serait plus importante que la richesse elle-même. Thibault CUMINET (1) Sociologie de la bourgeoisie, La Découverte, 2005.

Pour les banques, le client est considéré comme : RICHE à partir d'1 million d'euro. TRES RICHE de 5 à 30 millions d'euros ULTRA RICHE à partir de 30 millions d'euros. Pour les sociologues : On est RICHE à partir de 3 000 euros par mois.

Le sens commun : Il descend du latin lux, la lumière. Selon Michèle Philippon, directrice de la boutique Hermès de Lyon : ” Au mot luxe est souvent attribué “ lumière ” comme ancêtre, alors qu’en réalité il est parent du terme “ luxation ”, dans le sens de déviation ou excès. qui en sont ses véritables racines. Le faux ancêtre " lumière " ne sert qu'à justifier une certaine vision du luxe. En réalité, le luxe est toujours un écart qui, s'il devient indécent, provoque la protestation." Selon les professionnels du luxe : Son commerce remonte au XVIIIe siècle et n'a jamais faibli depuis. Le luxe est associé à l'art, à l'élégance, du bon goût et de la beauté. Tout ce qui n'est pas français n'est pas du luxe, c'est du " haut de gamme " dans le meilleur des cas. Le luxe n'a pas besoin du marketing ou, si c'est nécessaire, d'un marketing spécifique, exprimant sa supériorité et différent des autres. Selon Frédéric, 16 ans, jeune riche : ” Pratique sociale caractérisée par des dépenses somptuaires, la recherche de commodités coûteuses ou de biens raffinés et superflus, souvent par le goût du faste ou désir d'ostentation. ” L. D

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Analyse Tête d’affiche

Olivier Ginon, enfant de Lyon ECONOMIE Symbole de la success story lyonnaise. Olivier Ginon, PDG de GL Events, a créé en 30 ans ce que d'autres ont mis plusieurs générations à réaliser. Ce véritable magnat de l'événementiel reste néanmoins inscrit dans la tradition laborieuse de sa ville : Lyon. Olivier GINON en 7 dates 20 mars 1958 Naissance à Lyon 1978 Création de la Sarl Polygone Services après avoir arrêté ses études en droit 1989 Polygone devient Générale Location. 1998 Introduction en Bourse de Générale Location.

DR

2000 Participe activement à l'organisation de Jeux Olympiques de Sydney

E

ntre Rio de Janeiro et Shanghai, Olivier Ginon aime se ressourcer à Lyon. Une escale indispensable pour cet enfant d'entre Rhône et Saône, attaché à sa ville. Elle l'a vu grandir et s'épanouir sans jamais faiblir. La force d'Olivier Ginon ? le travail. Ses racines ? la tradition familiale. Il symbolise aujourd'hui ce que Lyon a enfanté de mieux. Fils de notable d'Ainay (son père était le notaire de Rhône-

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Poulenc) l'éducation traditionnelle qu'il a reçu a fait de lui un forçat de travail. D'ailleurs, il fera très vite abstraction du temps et de l'énergie dépensée à la tâche. Brillant dans les affaires, il ne l'était pourtant pas dans les études. Un bref passage en droit lui aura appris les rudiments juridiques de la création d'une entreprise, mais c'est bien sur le tas qu'il va tout apprendre. En 1978, l'autodidacte décide avec

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2003 Générale Location devient GL Events. Ginon reçoit le prix d'autodidacte de l'année. 2008 GL Events table sur un chiffre d'affaires de 700 millions d'euros

trois de ses amis, Olivier Roux, Gilles Gouedard-Comte et Jacques Danger de créer la SARL Polygone Services, proposant aux entreprises et aux particuliers d'organiser leurs vides greniers. Cette bande des quatre se retrouve dans “ 9 mètres carrés " rue Vaubecour, dans le quartier d'Ainay. Leur leader a juste 20 ans. Olivier Ginon a très vite compris que le développement de ses activités pouvait aller de pair avec le rayonnement de la ville. En 1981, Polygone signe son premier gros contrat : un mini salon informatique au sein du centre commercial de la Part-Dieu. Deux ans plus tard, l'entreprise réalise son premier gros chiffre d'affaires de 1,8 million d'euros. Ginon est lancé. Tout va alors très vite à l'image de Lyon. Puis viennent les années 90. Epoque faste. Polygones devient Générale Location. Les contrats se succèdent et la société lyonnaise s'empare des marchés étrangers. 1998 est l'année de l'introduction en bourse, avec un chiffre d'affaires de 130 millions d'euros. Le succès est total. " À 25-30 ans j'ai craqué pour de belles voitures. Maintenant c'est fini. Mes passions, ce sont mes amis (les mêmes qu'à 20 ans) une vieille ferme en Auvergne, le 4x4 et faire la cuisine. " Modeste le Ginon ? On pourrait facilement imaginer que ses 342 millions d'euros de fortune personnelle lui fassent perdre la tête. Ginon se méfie de lui-même et des autres, s'inscrivant une fois encore dans la tradition lyonnaise de la discrétion. Il s'entoure de sa famille et de ses proches. " Ceux qui me connaissent savent que mon moteur n'est


À SUIVRE BioMérieux s'implante en Algérie

Mathieu Carbasse

Alain Mérieux a annoncé son intention d'ouvrir une filiale en Algérie pour renforcer la présence de bioMérieux en Afrique et confirmer ainsi sa stratégie de développement international. Acteur mondial dans le domaine du diagnostic in vitro depuis plus de 40 ans, la firme lyonnaise est présente dans plus de 150 pays au travers notamment de 35 filiales. En 2006, le chiffre d'affaire de bioMérieux s'est élevé à 1,037 milliard d'euros, dont 83% réalisés à l'étranger.

L’église Saint-N Nizier éclairée lors de la Fête des Lumières de décembre 2006. GL Events est alors en charge de l’agencement de l’évènement.

certainement pas l'argent. J'essaye de passer le maximum de mon temps libre avec ma femme et mes quatre enfants dans ma maison secondaire." De la " génération Sarko ", Olivier Ginon fait incontestablement partie du milieu " économicomédiatico-mondain ". Dans le microcosme des hommes d'influences de Lyon, dont il est un acteur majeur, il feint de jouer au spectateur. Les politiques se l'arrachent pour illustrer à leurs côtés la réussite d'une ville en pleine expansion. Générale Location, qui est devenu depuis 2003 GL Events, est présente sur 90% des grosses manifestations lyonnaises. Pour 2008, l'entreprise vise déjà un volume d'affaires de 700 millions d'euros. A bientôt 50 ans si Olivier Ginon lève un jour le pied se sera pour s'occuper encore plus de sa famille, de Lyon et pourquoi pas en politique ? " J'ai pour habitude de répondre que le seul parti politique pour moi, c'est GL Events. La politique ne m'a jamais tenté, je pense que c'est un métier qui exige d'autres qualités professionnelles. " Mais en bon Lyonnais qu'il est Olivier Ginon ne peut ignorer qu'a l'ombre de Louis XIV tout est possible.

Carte de visite GL Events Elle fournit son, lumière, gradins, tentes, décoration ou ingénierie événementielle pour de grands événements publics ou privés. Ses clients : G8, championnats d'athlétisme, gestion de palais des congrès, Jeux Olympique, Coupe du Monde de football, et gestion du Grand Palais à Paris. Emploie 3000 salariés dans 15 pays dans le monde.

Chiffres d’affaires de GL Events 1000 En millions d’euros

Lyon aux portes du désert Buti Saeed Al Gandhi, un riche Dubaïote et président de la société Emivest est tombé fou amoureux de Lyon. Un amour qui s’est transformé en véritable obsession puisque l’homme d’affaire a pour projet de construire un quartier baptisé " Lyon " dans l´émirat du golfe. Une opération immobilière en plein désert, pour reproduire le meilleur de la qualité de vie lyonnaise. Une réplique du quartier du Vieux Lyon devrait donc sortir de terre ainsi qu'une antenne de l´université Lyon II et un centre de formation au football dirigé par l´Olympique Lyonnais. Le chantier herculéen commencera en septembre 2008.

OL Groupe aurait-il décroché ? 20 % c'est la perte de l'action d'OL Groupe depuis son entrée en bourse en février 2007. Son président Jean-Michel Aulas tient pourtant à rassurer les 10 000 petits p o r t e u r s . En effet, OL Groupe peut s'appuyer sur une trésorerie nette de 150 millions d'euros. JMA peut donc s e v a n t e r d ' u n b é n é f i c e d e 18,5 millions d'euros, soit 16 % de mieux que l'année précédente. Seule interrogation : le projet d'OL Land (Grand stade) à Décines, dont le budget devrait dépasser 300 millions d'euros, sera-t-il finalisé avant la fin de l'année ?

Valeur OL Groupe 30 25

Valeur la plus haute : 26 euros

500 20

300 100

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Aurélien BARBIN

2002 03

Valeur la plus basse le 28/08/07 16.01 euros

04 05 06

Du 9/02/07 au

28/11/07

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Analyse

A chacun son haut de gamme IMMOBILIER De la Croix-Rousse à la Presqu’île, en passant par le 6e arrondissement, Lyon livre ses plus beaux intérieurs. La campagne, elle, offre châteaux et maisons de maître. Les gros portefeuilles n’ont qu’à bien se tenir.

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Annonce Mercure Immobiler

Q

uant on parle d'immobilier haut de gamme à Lyon, on évoque avant tout une situation géographique, avec deux grands ensembles. Tout d’abord L'hypercentre qui regroupe essentiellement les plus beaux intérieurs de la capitale des Gaules. " Ici on achète les bonnes adresses comme au Monopoly. Appartements dans des immeubles haussmanniens, boiseries raffinées et plafonds vertigineux " explique Philippe Mazet (1) expert en immobilier. Un cinq pièces de 180 à 200m² dans le 6e arrondissement avec vue sur le parc de la Tête d'or o u , d a n s l a P r e s q u ' î l e , s e négocie dans une fourchette de 800 000 à plus d'1 million d'euro. On y recherche le standing du XIXe. En complément du 6e cossu, la demande se porte sur le charme des anciens appartements de Canuts. Poutres brutes, plafond à la française et charpente visibles. " Des couples Bobo branchés, 35-40 ans sont séduits par l'univers de la Croix Rousse ou du Vieux Lyon. " Un haut de gamme alors atypique, où l'appartement se transforme facilement en loft branché high-tech, dans un quartier plein de charme. Le prix d'achat oscille alors entre 500 000 et 800 000 euros pour 100m². Selon les notaires du Rhône, " le marché immobilier lyonnais semble être essentiellement replié sur lui-même, les Lyonnais achètent aux Lyonnais ". Pourtant une nouvelle clientèle semble faire son apparition : les cadres Sup de la capitale. Ils investissent la capitale des Gaules, qui pour un prix d'achat

Maison de caractère entre Limonest et Saint-D Didier-a aux-M Monts-d d’or (69). moitié moins cher qu'à Paris trouvent un appartement similaire en surface voir plus grand à Lyon. Pour eux le sacrifice des aller-retour Lyon - Paris (2h de TGV) devient anecdotique. Pour trouver le second ensemble immobilier haut de gamme, il suffit de quitter la ville. Les appartements du centre laissent place à la démesure dans les campagnes avoisinantes. Ici on parle de châteaux, maisons de maître, de caractère ou autres manoirs. Elles ont pour fiefs Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, Saint-Didier-au-Mont-d'Or, Ecully, Sainte-Foy-Lès-Lyon voire Tassin-la-Demi-Lune. Les annonces deviennent alors emphatiques : " Magnifique propriété familiale de 1850 au cœur d'un parc de

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“Le marché immobilier Lyonnais semble être essentiellement replié sur lui-m même, les Lyonnais achètent aux Lyonnais.”

2,6ha entouré de Vignes. 520m² habitables, agréables pièces de réception en enfilade, grande cuisine à l'ancienne, 12 chambres. Maison de gardiens, garages, écurie, bûcher, serre avec vue dominante ". De quoi rêver ? Il vous faudra aligner 7 chiffres pour acquérir ce genre de bien approchant les 2 millions d'euros. Mais aussi parcourir au moins les cinquante kilomètres qui séparent la campagne de sa ville. Le Beaujolais au nord et les Monts du Lyonnais à l'Ouest ont la côte. Il s'agit dans l'ensemble de maisons d'habitation. Car si les résidences secondaires sont bien présentes en Rhône-Alpes, concurrençant la région Paca, ces


Fabien PIGALLE (1) Responsable de l’Agence Rhône-Alpes

Mercure

QUI VEND ? Trois principales causes poussent les propriétaires à vendre leurs biens :

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Loft de 160m² dans le 6e proche du parc de la Tête d’or. Salon, cheminée et cuisine ouverte. Compter 800 000 euros

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maisons se trouvent dans d'autres départements, montagneux en Savoie notamment ou en Isère, Ardèche ou Drôme. Le marché locatif n'a lui pas sa place dans le haut de gamme. " Celui qui met 2 000 euros par mois de loyer a des capacités de remboursement de prêt suffisamment importantes pour se permettre d'acheter ". L'ordre notarial ne recense en réalité qu'une seule clientèle intéressée par la location haut de gamme à Lyon. Il s'agit des joueurs de foot, des stars de l'OL. Le système de transfert dans le monde du football empêche toute projection à long terme.

Appartement dans le 2e. 75m² plafonds à la française - grande pièce à vivre avec cheminée Compter 300 000 euros

Une génération disparaît, les problèmes de successions font leur apparition.

SOYONS PRECIS

Après la fuite des cerveaux, la fuite des… enfants. La maison se vide, les 3 ou 4 enfants ont grandit, ils sont désormais autonome. Les parents se retrouvent alors dans une maison surdimensionnée. Ils décident donc de vendre et de migrer vers le sud. Souvent leur maison secondaire d'antan se recycle en maison principale. Ces biens mettent entre 12 et 18 mois pour trouver un acheteur. QUI ACHETE ? Essentiellement des nouveaux riches qui cherchent, après avoir enrichi leur capital, à enrichir leur patrimoine. Cadre Sup 35-45 ans, réussite professionnelle fulgurante. Famille normale ou recomposée. Les étrangers commencent à s'implanter dans la région. Ils investissent à l'extérieur de Lyon. Hollandais, Suédois, Anglais, Italiens dans le Beaujolais, la Drôme, F.P l'Ardèche.

Après avoir augmenté leur capital, ils cherchent à enrichir leur patrimoine.

Manoir Du latin manerium qui signifie la résidence ou la demeure, en latin manere : demeurer, rester. Le bâtiment est parfois désigné aussi par " gentilhommière ", l'habitation d'un " gentil ", c'està-dire d'un noble de naissance. Le manoir est donc jusqu'à la Révolution française le centre décisionnel de la figure locale de la petite noblesse, faisant exploiter elle-même les terres de son domaine par " ses " paysans. Le manoir est très présent en Isère Château Un château est à l'origine une construction médiévale destinée à protéger le seigneur et à symboliser son autorité au sein du fief. Lorsqu'on parle de château les tours sont obligatoires.800 à 1000m² habitable, avec 300m² par niveau. Jardin à la française. Essentiellement dans le Beaujolais Maison de Maître Maison brute, d'une architecture assez rigide " carrée ", com-

prenant marche devant porte d'entrée. Datant du XIXe. 350m² habitable, avec un parc. Mas / Bastide Le mas est à l'origine une habitation traditionnelle qui permet quasiment de vivre en autarcie Ceux-ci sont en opposition avec les Bastides, qui étaient pour la bourgeoisie. La taille d'un mas varie en fonction de la richesse et du nombre de ses occupants : de 150 à plus de 1000 m², y compris dépendances (granges, etc.). Plus la famille s'agrandissait ou achetait d'équipements, plus le mas s'allongeait. Lorsqu'un mas est de faible taille, ne concernant souvent qu'une seule famille et une exploitation de très faible envergure, il est appelé mazet. F.P Annonce Mercure Immobiler

Selon l'agence mercure immobilier leader français en matière d'immobilier de prestige, “ une vente sur trois est provoquée par un divorce ”.

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En couverture

J EUNESSE

DORÉE

Génération décomplexée I

ls sont jeunes, ils habitent à Lyon, et appartiennent à une lignée prestigieuse. Héritiers d'un nom ou d'un capital financier, ils goûtent avec plaisir à la provocation. Ils vivent dans la Presqu’île, en bordure du Parc de la Tête d'Or ou à l'Ouest de Lyon et ont conscience de leurs privilèges. Ils les assument à l'excès. La différence majeure avec la génération de leurs parents : ils n'ont jamais honte de leur argent et revendiquent le droit à la réussite. Ambitieux, ils sont nés une cuillère en argent dans la bouche et le vivent bien. Leur triangle d'or ? Bellecour, Ainay, et le sixième. Pour eux, Julie de Waroquier, a fondé un groupe sur Internet. Les “ Bassy “. Elle raconte comment cette idée lui est venue. C'est " une manière de se moquer gentiment de notre milieu ". Puis, la jeune fille, en Hypokhâgne aux Maristes, confie un autre but. " Se retrouver entre nous ". Le paradoxe lyonnais tient à ces mots. " L'entre- soi " incarne le rêve suprême des privilégiés. Ici, il ne se concrétise jamais. Nobles ou bourgeois, fils de banquiers ou d'aristocrates désargentés, de médecins et de dirigeants d'entreprises, tous se mélangent inévitablement. Le seul complexe de ces jeunes privilégiés consiste à ne pas être Parisien. A subir la tradition laborieuse de la capitale des Gaules. Véritable sujet d'étude sociologique, la jeunesse dorée, ses codes et ses dérapages, ses certitudes et ses angoisses, incarne un idéal. Le photographe et réalisateur Danakil enquête sur eux depuis cinq ans. Son travail s'impose comme une référence. Artiste

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QUATRE leçons pour devenir un “ Bassy y”: 1 Apprendre ses classiques 2 Réinventer les valeurs fam miliales 3 Fréquenter du beau monde 4 Se montrer en société

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reconnu, Danakil réalise le film de présentation de la Biennale d'Art Contemporain de Lyon en 2005. Nappy , son docu-fiction, met en lumière la vie de ces “ fils et filles de ". Depuis, le terme de Nappy, contraction du nom des quartiers huppés de la capitale Neuilly-Auteuil-Passy, est devenu un néologisme pour désigner ces adolescents fortunés. Pâle caricature des jeunes “ Diorisés ” et “ cocaïnés ” présentés dans le film, les “ Bassy ”, eux, invitent à plus de nuances. Clémentine a 16 ans et pétille d'intelligence. Depuis la sixième, elle est inscrite aux Chartreux. Bonne élève, elle aspire au niveau de vie de ses parents et parfait son savoir-vivre. Education religieuse. Encadrement strict. Clémentine vise HEC et porte un collier de perles. Elle est raisonnable. Très fréquentable. Flavien, 18 ans, aristocrate, fait son droit. En soufflant la fumée d'une cigarette griffée Yves Saint-Laurent, il suggère, l'air de rien, le retour à l'Ancien Régime. En juin dernier, il a voté pour la première fois et pour Nicolas Sarkozy. Quand ses amis de l’Université catholique commandent un café, il s'amuse en exigeant du thé vert à un serveur déconcerté. Amélie fréquente depuis trois ans le Rallye Merlin. A 16 ans, la jeune fille a déjà un carnet d'adresse impressionnant. Ce soir, elle reçoit près de 200 invités. Ses parents veillent. Frédéric se pavane rue Edouard Herriot, un sac Vuitton au bras. Le créateur du blog de la " JDL ", la Jeunesse Dorée Lyonnaise, dépense 6 000 euros par mois.

C'est son argent de poche. " Le SMIC ? " : à peine sa consommation de champagne. De paradoxes en contradictions, ces chérubins ont d'ores et déjà mis à mal les tabous liés à l'argent. Les Bassy, " génération Sarko ", s'inventent un rêve américain à la lyonnaise. " Génération bling bling "… Transition de la discrétion vers l'ostentation… S'agit-il d'une réalité sociologique ou d'une pure construction médiatique ? En attendant (leur majorité, leur bac, leur héritage) ces enfants rêvent meetings de l'UMP, MBA à Yale et carrière dans l'immobilier. Marie-Astrid, une Lyonnaise de 20 ans installée à Versailles, fait mine de défendre sa noblesse en divisant son monde entre " les aristos à particules et patrimoine " et " les petits bourgeois arrivistes ". Pourtant rares sont les jeunes qui confessent ou se vantent du patrimoine familial. En ont ils tout juste idée ? Chez les Bassy, " l'argent effectif ", le montant réel d'une fortune est sans importance. Personne ne parle chiffres. Artifices, accessoires et savoir vivre permettent d'évaluer le statut social de son interlocuteur, rencontré en boîte ou dans un rallye. La jeunesse dorée lyonnaise soutenait le CPE, trouve le Ministère de l'identité nationale " au goût du jour " et soutient la candidature de Dominique Perben. Le descendant d'aristocrates désargentés est aussi respecté que le fils d'un entrepreneur. La question n'est pas, ancien ou nouveau riche? L'important, c'est de l'être. Claire JEANTET

Charlotte Tyrel

Fils et filles " de ", ils sont jeunes et les fées se sont penchées sur leurs berceaux. Ces Lyonnais assument leurs privilèges et rêvent de conquérir la capitale des Gaules.


Caviar et rockn’roll . Rallye Merlin organisé dans un manoir du XVIIIe par la jeunesse dorée.

GLOSSAIRE Nouveau riche : expression connotée négativement, se dit d'une fortune rapide et récente dont on ne connaît souvent pas l'origine. " Roturier " ou " bourgeois ", le nouveau riche est jugé comme un " parvenu ", un " arriviste ". Souvent on le taxe de ne pas avoir conscience de la valeur de l'argent. Noble : plutôt flatteur, le terme ne définit pas une richesse effective mais est associé à un certain prestige. " Noble : c'est la particule et le patrimoine ". Le château familial en Normandie " sont tolérées également la Bretagne, la Bourgogne et la chasse en Sologne ", caractéristiques de ses " vieilles familles ".

une manière de s'habiller, plutôt Cyrillus, Ralph Lauren et Hermès que Dior et Prada. Il sous entend aussi un " savoir-vivre en société ". Fafa ou fashion victim : terme péjoratif, décrit une manière ostentatoire de s'habiller, contraire de BCBG dans le sens où le fafa affiche le nom des marques qu'il porte. Chals ou chaloufs : " fafa " de la jeunesse dorée parisienne, induit une tendance à l'ostentation. Il est parfois employé pour désigner celui qui veut " paraître " riche.

VIP : " Very Important Personality ", désigne chez les jeunes, les personnes les plus populaires, les plus " célèbres " ou les soirées les plus courues de la ville.

Fafs : terme à consonance politique. Il peut signifier, en plus de l'aspect " réactionnaire " ou " frontiste ", une tradition militaire très ancrée dans la famille.

Tradi : " traditionaliste ", désigne les catholiques pratiquants. " Bons cathos et messe le dimanche " pour tous, coupe militaire et bénédicité.

Fin de race : expression à double sens. Désigne à la fois une lignée noble que l'on soupçonne d'être issus d'unions consanguines mais aussi les membres d'une famille qui " se perd " en adoptant " des pratiques de nouveaux riches ".

BCBG : initiales de " bon chic bon genre ". Le terme décrit

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En couverture

Quatre enfants d’la Haute Clémentine, Flavien, Amélie, Frédéric…Chacun à sa manière, ces jeunes Lyonnais inventent les nouveaux codes de la richesse. Clémentine Derot, 16 ans. Elle aura son bac dans plus d'un an et se voit déjà à HEC.

Il y a une grosse pression au niveau de nos résultats

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Lionel Respiengeas

P

ull gris, jean slim, petites ballerines et collier de perles pour agrémenter le tout, Clémentine Derot se confond parmi ses camarades à la sortie d’un oral blanc de français. En première ES, cette jeune fille de 16 ans fréquente les Chartreux depuis la sixième. Sur les pentes de la Croix-Rousse, l'établissement privé est l'un des plus côtés de Lyon, notamment grâce à son taux de réussite au bac de 100%. Déçue, Clémentine marmonne sa note : " 10, à peine. Je connaissais pourtant bien le texte, mais bon… ". Malgré les apparences, l'adolescente est loin d'être médiocre. Bien au contraire. En tête de sa classe avec une moyenne de 14/20, Clémentine sait que la notation est " plus sévère qu’ailleurs". " Il y a une grosse pression au niveau de nos résultats. On nous pousse sans cesse à nous surpasser, en nous répétant qu'on peut faire les meilleures écoles, les meilleures prépa… En fait les profs fondent beaucoup d'espoir sur nous ", confie-t-elle à demi-mots. Cette recherche de l'excellence permanente semble pourtant lui convenir parfaitement. Elle veut faire une grande école de commerce. Clémentine sait que passer tout son secondaire chez les Chartreux est un véritable atout. D'autres, supportent beaucoup moins bien cette pression. C'est le cas de son amie Charline. Après avoir redoublé sa troisième, la jeune fille a quitté les bancs des Chartreux pour ceux de Saint Marc, un autre établis-

Charlotte TYREL

(1) Union Départementale des

APPRENDRE

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Apprendre ses classiques

sement privé. " J'étais dans les dernières, mais aujourd'hui je suis deuxième de ma classe et ça se passe beaucoup mieux. Il y a moins de pression ", explique-t-elle. Fille aînée d'une famille de trois enfants, Clémentine Derot reste tout de même lucide sur sa situation de" favorisée ". Une mère au foyer, un père cadre très supérieur, elle ne se sent pourtant pas de ce monde " qui a de l'argent et qui le montre, qui participe à des rallyes, qui est habillée en marques de la tête au pied et qui rejette ceux qui sont différents ". Ecœurée par le comportement de certains jeunes vis-à-vis de l'argent, elle souligne que ses parents à elle partent du principe que rien ne lui est dû. Là ou certains recherchent une bonne éducation dans les manuels de Nadine de Rotschild, Clémentine, elle, se contente simplement de poursuivre sa scolarité aux Chartreux, qui lui " inculquent tout ce qui est nécessaire de connaître sur les valeurs et les bonnes manières " depuis son plus jeune âge. " L'enseignement privé offre un meilleur encadrement, une meilleure prise en charge de l'individu et une transmission des valeurs évangéliques, le respect ou encore l'autonomie ", explique Chrystelle Vincent, permanente à l'UDAPEL(1). Une politique qui explique la demande croissante de parents désireux d'offrir à leurs chérubins ce qu'ils pensent être le meilleur. " Le privé n'est pas forcément mieux que le public. C'est simplement un choix pédagogique et éducatif ", souligne Chrystelle Vincent.

Associations de Parents d'élèves de l'Enseignement Libre, qui rassemble 28 000 familles dans le Rhône.

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Mathieu Carbasse

REINVENTER

En couverture

Réinventer les valeurs familiales

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rovocateur détestable sur son blog, Flavien ressemble à un dandy sympathique dans la vie. Toujours élégant. Un impératif pour lui. " Se promener en survêtement, c'est inconcevable ". Bravoure chevaleresque, " Famille et Patrie ", il promet de cultiver les principes de sa famille au quotidien. Et le prouve. Il sort deux livres de sa sacoche Longchamp. Retrouver ses ancêtres nobles, de Philippe de Montjouvent, et Le savoir-vivre du XXIe siècle , écrit par Nadine de Rothschild. Lectures convenables pour un aristocrate des temps modernes ? Flavien, sans titre, porte un de ces patronymes à rallonge, et préfère les manuels efficaces à une littérature romanesque ou religieuse. " Il faut vivre avec son époque " ressasse-t-il comme un leitmotiv. Flavien passe ses vacances dans le " château " familial, en Normandie, a déjà participé à des chasses à courre, et a toujours été scolarisé dans le privé. Il aura droit, le jour de ses 21 ans, à une chevalière aux armes ancestrales. Seulement voilà, les parents du jeune homme, après avoir renfloué la fortune de famille dans l'immobilier, ont divorcé. Or, la norme dans son monde consiste plutôt à avoir " six enfants ", et à aller à la " messe le dimanche " comme le souligne la sociologue Johana Meynier. Flavien se doit de compenser. Il y arrive sans peine, et a peaufiné son argumentaire. " Trois des quatre des enfants de la reine d'Angleterre ont divorcé. Ils n'en sont pas moins légitimes. " Flavien veut faire une carrière politique, devenir député. " Peut être président " risque son meilleur ami, Romain, lui aussi conquis par le parcours et les paroles de Nicolas Sarkozy. Sur le divorce, Flavien ajoute " Il faut vivre avec son temps ". Flavien, fils unique, rêveur,

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Flavien, 18 ans. Il vient de commencer des études de droit et se rêve député dans quelques années.

J’aurais voulu vivre au XVIIIe siècle

aurait " voulu vivre au XVIIIe siècle " et ne cesse d'évoquer avec nostalgie les terres familiales d'avant la Révolution, la politesse et le vouvoiement mis au placard. Il se voit aussi étudiant aux Etats-Unis. " Yale, c'est pas mal " ose t'il. Pas à un paradoxe près, il assure vouloir les quatre enfants qui feront de lui le père de sa famille rêvée. Son amie, une Lassus de Saint Geinies, étudie l'Histoire de l'Art à Paris. " Elle ne travaillera donc jamais " s'empresse de préciser Flavien. Il doute sérieusement des compétences

de sa dulcinée. Il doute que l'Art soit autre chose qu'un passe temps pour jeunes filles de bonnes familles. Entre eux, ils ont convenu d'un mariage. Leur avenir semble tout tracé. Ils ont décidé de préserver leur virginité jusqu'à leur union religieuse. La jeune mariée deviendra ensuite sa meilleure alliée. Elle sera pour Flavien " une valeur ajoutée, comme une maison avec baignoire.” Il faut vivre avec son temps.

Claire JEANTET


Charlotte Tyrel

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FREQUENTER

Fréquenter du beau monde

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n manoir du XVIIIe siècle, L'Etang, loué pour l'occasion. Une allée illuminée par des torches qui guident les invités vers le parking, une petite promenade à travers le bois qui encercle la propriété. Enfin, une liste de 200 invités. Bienvenue au rallye Merlin. Amélie Bourit, 16 ans en seconde au lycée Saint-Marc, y est inscrite depuis trois ans et pour la première fois, elle reçoit. Tout doit être parfait pour que ses convives issus de grandes familles lyonnaises et d'une moyenne d'âge de 15 ans, s'y sentent à l'aise. Pour l'occasion, la maman d'Amélie a fait appel à un traiteur. Les petits fours, le caviar et le foie gras mais aussi des fraises tagada ou des colliers de bonbons donnent un aspect paradoxal à l'événement. Pour ces adolescents le dress-code s'impose déjà. " Ce soir ce n'est pas très compliqué. Robe pour les filles et costume pour les garçons." explique la jeune fille. Bien loin des tenues de soirée griffées par de grands couturiers, la tendance est au noir, pour la sobriété... Amélie est à l'image de cette jeunesse discrète. Petite robe vintage et talons hauts bon marché… Le tout rehaussé par un collier de perles. Toujours entourée par ses convives qui la réclament. Ils sont 160 jeunes qui se fréq u e n t e n t d e p u i s t rois ans. L'entre soi est l'objectif du rallye. Ces manifestations sont organisées pour des jeunes du même milieu social, partageant les mêmes valeurs en vue d'aboutir à un mariage. " Dans les rallyes, on rencontre des membres de grandes familles. Ce sont les enfants des amis de mes parents. Le plus important est qu'il n'y a pas d'invités de l'extérieur " confie-t-elle. Pour être sur la liste d'un rallye il y a des règles à respecter. Ce sont les mères de familles qui dressent des listes d'invitations selon leur carnet

Amélie Bourit, 16 ans. Organise son premier rallye Merlin dans un manoir du XVIII e.

Le plus important est qu’il n’y ait pas d’invités extérieurs

d'adresses. Autre exigence, les filles doivent déjà avoir un cavalier et Amélie peut compter sur César. " Dans le rallye Merlin on entre par deux : un garçon, une fille. " Puis, il y a la cotisation modeste (80 euros par an) et l'obligation de recevoir au moins une fois en quatre ans. Sinon tous les membres de la famille seront exclus. Inès Bourit, mère d'Amélie explique :“ aujourd'hui les rallyes sont plus ouverts, plus accessibles. Beaucoup moins stricts.". Les jeunes bougent avec leur temps. Dans les trois salons qui leur sont réservés, ils dansent le rock sur de la musique techno ou RnB. Le rock c'est la danse de la jeunesse dorée. Durant leur première année de rallye, les cours de

rock ou de valse sont obligatoires. Il y a 20 ans l'alcool était de mauvais goût, aujourd'hui il a fait petit-à-petit son entrée dans les rallyes.Les jeunes circulent entre les salons, bouteilles à la main, coiffés de haut-de-forme siglés, offerts par des marques de spiritueux. " On a autorisé l'alcool mais à petites doses. Pendant une heure, ils pourront boire des boissons alcoolisées, mais l'heure suivante, il n'y aura que de l'eau. " S'empresse de préciser Madame Bourit. Faire la fête oui, mais toujours surveillés par des parents qui n'hésitent pas à rappeler à l'ordre ceux qui essayent d'outrepasser les limites. Certains se refugient dans le parc pour flirter ou fumer un joint loin des regards. La fête dans les règles de la bienséance.

Paola DIENOT

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Se montrer en société

Mathieu Carbasse

SE MONTRER

En couverture

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rédéric a 16 ans et... 6 000 euros d'argent de poche mensuel ! Une coquette somme qui couvre à peine " ses petites folies ". Son dada ? Les magasins de luxe, qu'il fréquente avec son ami Maxime, étudiant en droit à Lyon III. Sa préférence se porte sur Louis Vuitton, rue Edouard Herriot, où il est toujours bien servi. Il dépense 600 euros à chacune de ses visites, en moyenne une fois par semaine, pour le plus grand bonheur de Mireille, sa vendeuse attitrée. Elle, n'hésite pas à expliquer : " Ce sont nos plus jeunes clients et les plus gros consommateurs à cet âge ". Mais pas question d’en profiter, Mireille sert aussi maman et papa, un industriel de la pétrochimie. " Quand on est riche, on sort avec des privilégiés de fait. Sinon, on a honte de nos moyens " , commente Frédéric. Il a d'ailleurs créé un blog sur la " jdl ", comprendre la Jeunesse Dorée Lyonnaise, pâle imitation des Nappy parisiens, pour rassembler les fortunés de Lyon. " Les jeunes aiment se montrer, frimer et claquer du fric. Ils évoluent au sein d'une communauté avec des habitudes et un style vestimentaire communs " constate Sébastien Jaillard, organisateur de soirées branchées et gérant du site Lyonzepeople, qui vise uniquement les privilégiés. Bernard(1), issu d'une bonne famille grenobloise, plaisante sur les détails qui permettent de se repérer entre eux. Signes rédhibitoires : une pince dans les cheveux pour les filles ou un grossier mâchouillement de chewing-gum. Aujourd'hui les catégories se mélangent. Par les mariages de particule et d'argent mais aussi parce que les nouveaux riches apprennent les bonnes manières. " On peut s'amuser, dépenser et consommer sans se poser de questions tout en ayant une bonne éducation " s'emballe Frédéric, lycéen à Robin, à Vienne. Il n'envisage pas de

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Frédéric, 16 ans, lycéen. Il dépense sans compter mais connaît la valeur du travail.

Je me pends si je n’ai plus d’argent.

reprendre l'entreprise familiale. " Je veux créer quelque chose par moi-même pour prouver que je peux réussir comme mon père même si je sais que ce sera dur ". Les rallyes ? Très peu pour lui. " La vieille noblesse s'y prend la tête, l'esprit est trop fermé. On serait mal vus car on nous prendrait pour des nouveaux riches ". Son truc ? Les cocktails, les boîtes où il dépense jusqu'à 2 000 euros pour une table et les soirées à domicile, avec traiteur et Don Pérignon exclusivement. Il confesse : " Si je n'ai plus d'argent, je me pends. Je devrais abandonner mon train de vie, les voyages, les rencontres ".

Pour vivre, il lui faudrait plus tard “ 20 000 euros par mois au minimum ". " Le smic couvre à peine mes frais de champagne " ajoute-il. Provocateur ou prétentieux ? Et s'il était tout bonnement inconscient ! Malgré ses privilèges, Frédéric continue à rêver : " Je veux écrire mes mémoires. Et un jour partir sans payer ". Fantasme de riche ou projet insensé d’un petit bravache ? A mille lieux de la réalité, il se retrouve complice malgré lui des frustrations de la société, lui pourtant si attachant.

Julie OLAGNOL Son blog : www.la-jdl.skyblog.com (1) Son prénom a été modifié


Sortir chic A Lyon, pas de lieux élitistes comme à Paris, mais des bonnes adresses où aiment se retrouver les jeunes privilégiés Le Comptoir de la bourse et le Café des négociants sur la Presqu'île. Décor sobre mais classe, on y va pour prendre un verre dans l'après-midi, et accessoirement exhiber son nouveau sac Hermès. Une clientèle d’habitués. Du côté des Vieux remparts à Ainay, ambiance étudiante avec la faculté catholique à deux pas. Le Grand Café de Genève reste la brasserie la plus vivante du 6e arrondissement. Authentique et chaleureux, on peut y manger à toute heure.

Lieux phares de la jeunesse privilégiée lyonnaise : l'Adresse et le 42, côte à côte quai Pierre Size, dans le 5e arrondissement. Toute la Haute société, grandes familles, traditionnels et nouvelles fortunes s'y retrouvent pour boire une coupe entre amis...sans trop se mélanger. La décoration soignée de l'Adresse et son écran désormais culte, où les prix des consommations varient comme les cours de la bourse, en font un lieu cosy et raffiné. Le 42 propose tous les vendredis soirs des “ open bar ” dans une ambiance déjantée et électrique. La jeunesse dorée danse sur les tables. En un mot : " On se lâche " !

Mathieu Carbasse

Se déhancher sur le dancefloor

Boire un verre

Mathieu Carbasse

Mathieu Carbasse

Prendre un café

Si longtemps le First aux Brotteaux a fait l'unanimité chez les jeunes bourgeois, l'ouverture du Life, il y a deux ans, a bousculé les habitudes. Malgré une situation moins prestigieuse, dans le 8e arrondissement, le Life est devenu un repère de BCBG, mais reste accessible à une clientèle plus modeste. Tenue correcte exigée. Pour ceux qui veulent jouer dans la cour des grands, il y a toujours les apéros chics des Planches à Albiny-sur-Saône. Ambiance très " jet set ". Des boites généralement désertées par la noblesse.

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Coulisses Art

L'art sans la manière Un grand-père, affichiste célèbre du siècle dernier. Un père, conservateur en chef du Musée d'Art Moderne de Paris dans les années soixante, le destin de Jacques semblait écrit d'avance : il serait un riche collectionneur d'art... plus exactement, un collectionneur d'art riche. Très riche.

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Mathieu Carbasse

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ur la table de chevet, sa “bible" porte le nom de la célèbre maison parisienne, la Gazette de l'Hôtel Drouot. Une revue hebdomadaire qui répertorie les plus grandes ventes du marché de l'art. De l'art primitif d'Océanie aux peintures les plus contemporaines, du mobilier du XVIIIème aux trésors de l'Egypte ancienne. Une bible donc, pour une religion : collectionner les œuvres les plus rares donc, les plus chères. Dans sa demeure de SaintDidier-au-Mont-d'Or, au dessus de son lit, Jacques(1) a accroché un très grand format de Cottavoz à plus de 10 000 euros. Quand il se réveille, il ouvre les yeux sur des petits dessins d'hommes qui se font la guerre. Les deux sont signés Goya. Dans le couloir qui mène à la salle de bain, une ''eau-forte'' signée Delacroix, une affiche signée Matisse. Une aquarelle de Rodin, une autre signée Cézanne, et une gravure de Degas se battent pour investir le moindre centimètre carré de tapisserie encore disponible. Et il y a même un '' Bernard Buffet '' au dessus de la baignoire ! Ce quinquagénaire, kinésithérapeute à la Croix-Rousse, ne se refuse rien. Des noms prestigieux, des prix vertigineux : une collection à la valeur inestimable... sans aucune mise en valeur. " Je suis tombé dedans quand j'étais très jeune ”, explique Jacques, non sans dissimuler une certaine fierté. “ A l'époque, mon père, Bernard Dorival, était le conservateur en chef du Musée d'Art Moderne de Paris. J'étais étudiant à Paris et je vivais chez un oncle lui aussi collectionneur. J'étais déjà entouré des peintures de Picasso, de Delacroix ou de Rouault. Mais c'est à mon grand-père que je dois le plus ". Et pour cause. Le grand-père de Jacques, Georges Dorival, plus connu sous le nom de Géo Dorival, a été un

Un Buffet au-d dessus de la baignoire.

Une collection à la valeur inestimable, sans aucune mise en valeur.

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des plus grands affichistes des années vingt. De 1909 à 1928, il réalise près de 400 affiches de publicité pour le Paris-LyonMarseille, pour vanter la beauté des sites des Alpes ou de la Côte d'Azur. Géo Dorival a même dessiné le chameau d'un célèbre paquet de cigarettes, avant de fonder le magazine L'Art et la Mode. Et de se constituer une fortune personnelle collossale : " Il y a aujourd'hui plus de 6 000 tableaux dans la famille. C'est un patrimoine inestimable tout comme la collection que je n'aurais pu constituer sans cet héritage ". Des livres anciens s'alignent sur les étagères du salon. L'encyclopédie originale de Diderot et d'Alembert dans son intégralité, Don Quichotte de Cervantès illustré par des lithographies originales de Salvador Dalí. Jacques possède aussi des œuvres de grands maîtres de l'école lyonnaise, Lachièze-Rey, Couty, Tarkoff ou encore Max

Pappart, des toiles qu'il prête régulièrement au Musée d e s B e a u x - A r t s d e Ly o n ou au Musée Paul Dini de Villefranche-sur-Saône. Jacques fait en effet partie des ''amis'' de ces deux musées... Le plus surprenant finalement avec ce grand collectionn e u r, au-delà du nombre prodigieux d'œuvres qu'il a en sa possession, c'est son manque évident de connaissance en histoire de l'art. Jacques rassemble des signatures prestigieuses plus que des pièces dont il reconnaît la valeur artistique elle-même. Et parce que la valeur marchande est bien plus facile à mesurer, ce qui le motive par dessus tout, c'est d'acquérir des œuvres rares, de renom. Et d'y mettre le prix. Mathieu CARBASSE (1) Prénom modifié à sa demande


A la recherche de la nouvelle star Plutôt que d'investir des sommes colossales dans des tableaux aux signatures prestigieuses, Michel Ogier mise sur la création contemporaine locale. Objectif : faire émerger les nouveaux talents. ces nouveaux créateurs, Michel Ogier organise des visites d'ateliers en compagnie d'autres amateurs d'art de la région, " parce qu'il n'est pas toujours évident de les rencontrer. Et puis, si je préfère les financer directement plutôt que de donner la moitié du prix d'une œuvre à une galerie... ". Philanthrope Michel? Non, juste un passionné, dont l'unique fierté est d'avoir vu naître quelques artistes lyonnais et de les avoir accompagnés à leurs débuts. " Je me souviens d'Adam Adach quand il vivait encore à Lyon. J'avais été le premier à lui acheter un tableau. Aujourd'hui, il est à New-York et vient d'être nominé pour le prix Marcel Duchamps ". Si son agenda se remplit au rythme des grands rendez-vous de l'art contemporain, Art Basel, la FIAC ou la Biennale de Lyon, c'est dans les vernissages plus ''classiques'' qu'il achète l'intégralité des pièces de sa

Mécénat : ce qui a changé Il ne faut plus opposer business et culture. Pour les entreprises, la culture rapporte aujourd'hui bien plus qu'elle ne coûte. François Bordy, Président des Voies Navigables de France et Vice-président du conseil d'administration des Biennales de Lyon y croit : " Il faut persuader les entreprises que celui qui est présent dans le domaine culturel, l'est aussi dans le domaine économique ". Les partenaires des Biennales de Lyon l'ont bien compris : la Biennale d'Art Contemporain a été financée à 30% par des fonds privés, celle de la danse en 2006 à 40%, soit 2,32 millions d'euros pour un budget total de 5,8 millions d'euros. Quant au mécénat, il représente aujourd'hui près de 900 000 euros. GL Events et le Grand Casino de Lyon (Le Pharaon / Groupe Partouche) étant les plus gros donateurs. Pourquoi une telle " ruée vers l'art " ? La loi Aillagon a fait entrevoir de nouvelles perspectives depuis 2003. A une défiscalisation avantageuse de 60%, s'ajoute une contre-partie de 25%. Une entreprise ou une fondation qui donnerait 50 000 euros, ne débourse en réalité que 11 650 euros. Le Musée des Beaux-Art de Lyon a récemment acquis , La fuite en Egypte de Nicolas Poussin. La Caisse d'Epargne, le Crédit Agricole du Centre-Est, ou encore Seb, bioMérieux et GL Events ont signé un chèque de 15 millions d'euros. Avec un taux de défiscalisation de 90%, ils se sont offert une opération de communication à moindre coût. M. C

Michel Ogier, collectionne les nouveaux talents.

Mathieu Carbasse

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gnès Petri, Jean Millet, Stéphane Durand ou encore Stereotype, inconnus du grand public , ils figurent pourtant au premier rang de l'art contemporain lyonnais. Michel Ogier en est leur plus fervent admirateur. Expert comptable à la retraite, il parcourt les galeries et les expositions de la région, " au moins deux fois par semaine ", pour faire le tour de la création d'aujourd'hui et flairer celle de demain. Pourtant, il n'y achète que très rarement des toiles : " Il est très rare que j'achète un tableau sans avoir rencontré l'artiste deux ou trois fois auparavant. Pour m'intéresser à une œuvre, j'ai besoin de savoir d'où elle vient et dans quelle direction se construit l'artiste " confie-t-il, encore fasciné par ce grand format de Scanreigh accroché au dessus de la table du salon, qu'il a du mal à quitter des yeux. Pour partager l'expérience de

collection. Il a aujourd'hui plus d'une centaine de tableaux, achetés à des prix raisonnables, " rarement plus de 3 000 euros pour une œuvre et pas plus de 15 000 euros par an ". Pourtant il pourrait dépenser bien plus, acheter des pièces rares, mais cet homme, tout en rondeurs, n'est pas de ceux-là. L'art et la création, il y croit sincèrement. Le reste, il le laisse aux historiens de l'art...

M. C

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Coulisses Rencontre

Grandeur et décadence Calée dans son fauteuil en velours rouge et or, ultime vestige d'une gloire passée, Nicole raconte sa propre histoire, une femme élevée dans le luxe mais qui a toujours vécu au dessus de ses moyens…

Mathieu Carbasse

Placée sous curatelle, elle ne touche plus que 1000 euros par mois.

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l'origine, une famille aisée de 8 enfants dans les années 30, Nicole(1) y reçoit une éducation bourgeoise classique : école chic, culture religieuse importante et Rallyes organisés. " Nous avions de l'argent mais vivions simplement, sans excès. Mes parents m'ont toujours appris que la sagesse était un devoir ". Mariage à 30 ans d'où naît une petite fille, puis un remariage 3 ans après. L'argent coule à flots dans les années 70 avec un second mari grand patron. Lorsque son époux est muté sur Paris, Nicole, pourtant habituée au luxe, découvre totalement le plaisir de l'argent et commence ses extravagances. Cette femme d'âge mûre habite en bordure du très huppé golf de Saint-Nom-la-Bretèche, ne fréquente plus que les boutiques du faubourg Saint-Honoré, et se fait coiffer chez " Alexandre ", la coqueluche de toutes les stars de l'époque. Les repas au Fouquet's rythment ses journées et son plaisir reste de " faire plaisir " et de "se

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faire plaisir ". Elle collectionne les carrés Hermès (elles a pu en sauver 12 aujourd'hui) et les manteaux de vison. Nicole fréquente aussi Dior, Céline ou Léonard et perd peu à peu le sens du réel. L'argent ne compte plus mais Nicole a le cœur sur la main. De retour à Lyon, elle poursuit ses extravagances sans se préoccuper des conséquences. Maman cadeaux, elle n'hésite pas à offrir un mariage somptueux à sa " poupée ", ses 4 petits enfants sont gâtés tous les mois par de luxueux cadeaux de Christian Dior. " Elle méritait tout ça, dit-elle en parlant de sa fille, en plus j'avais un peu d'argent devant moi je me devais de faire plaisir, mais il est vrai que j'aurais dû penser à assurer mes vieux jours ". Nicole loue aussi un appartement rue Chazière à la Croix Rousse, voyage tous les weeksends entre Paris et Londres. Cours de Bridge, voiture, livres reliés ou achats par correspondance s'ajoutent à ses dépenses et creusent son déficit …

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En 2000, la limite est dépassée, elle est interdit bancaire. Placée sous curatelle, aujourd'hui elle ne touche plus que 1000 euros par mois en attendant un dernier bilan de son curateur courant Décembre. Aujourd'hui dans un studio de 35 m2, Nicole a 74 ans et ne regrette rien, si ce n'est, après avoir connu le luxe, se retrouver seule sans l'aide des siens à qui elle a tant et tout donné. Céline RIVOIRE (1)A sa demande, seul le prénom est conservé

“ Ne pas gaspiller ” Placer c'est assurer. Voici la philosophie de Michel Pitance, chef d'entreprise lyonnais. Petit fils d'Eugène Pitance, promoteur immobilier qui a fondé le groupe "SLC Pierre Eugène Pitance", il hérite du patrimoine financier de son grand père et de son père qui a repris l'entreprise familiale. Alors âgé de 23 ans on offre à Michel une entreprise dont il devient le PDG et qu'il mènera toute sa vie. Au décès de ses parents Michel hérite de biens immobiliers, il décide de vendre et de placer son argent dans une société d'assurance. Avantages fiscaux et droits de successions en sont les principales raisons. Rien ne l'empêche d'investir pour autant, amateur de voyages, il possède un voilier de 14 mètres avec 120m² de voile. Un bel engin qui "mouille" à Antibes. Michel est d'ailleurs propriétaire d'un anneau qu'il a acheté 300 000 euros. Depuis son plus jeune âge cet homme est entouré de gens riche, comme Alain Mérieux, un de ses amis d'enfance le plus proche. Pourtant ses maîtres mots restent la discrétion et la simplicité : "Quand on est riche on est convoité tous les jours par n'importe qui, nous avons tout intérêt à être discret et à ne pas gaspiller". La famille Pitance habite d'ailleurs le petit village de Massieux dans l'Ain, loin des regards indiscrets. Estimant qu'il a suffisamment donné dans sa vie professionnelle, Michel profite de sa retraite en famille dans la Creuse, "là où il n'y a que 4 voitures par jour". Grâce aux intérêts de ses placements, il profite aujourd'hui de la vie en dépensant cet argent pour sa famille et sa maison, paradoxalement il conclut en disant : "Tout le monde recherche le profit c'est inquiéC. R. tant…"


Coulisses Réseaux

L’union fait le Cercle Adhérer à des clubs, des cercles, être membre d'un réseau avec pour objectif : étoffer son carnet d'adresses. A Lyon, intégrer ces cénacles est synonyme de prestige et d'influence.

doivent être parrainés par deux membres et exercer des fonctions dirigeantes. La cotisation annuelle est elle de 1 853 euros. Dans ce club de la " nouvelle

Mathieu Carbasse

L

e Cercle de l'union reste le club le plus select et prestigieux de la Presqu'île. Créé en 1917, il sélectionne minutieusement ses membres via un double parrainage. Le droit d'entrée 850 euros et la cotisation annuelle 730 euros scellent la barrière qui protège ce cercle fermé. Aujourd'hui, le Cercle de l'Union compte 730 membres qui se retrouvent chaque mardi " en cuchon " (entre soi), pour partager le dîner et surtout des valeurs. Cela, bien évidement, dans un décor "bon chic, bon ton" et…. entre hommes. "Nous sommes attachés au respect de l'étiquette", précise le président Xavier Chalandon, lui-même descendant d'une grande famille lyonnaise. Les Chalandon sont arrivés dans la région en 1752 et comptent parmi leurs ancêtres, un aïeul guillotiné à la Révolution. Ici, n'est pas membre qui veut. Certaines familles lyonnaises y sont de père en fils depuis des générations. Mais, si faire partie du Cercle de l'Union est synonyme de prestige, c'est désormais ailleurs que les managers cherchent à tisser un réseau relationnel. Ainsi, depuis 1990, deux nouveaux clubs sont apparus, tout aussi discrets mais permettant aux hommes d'affaires lyonnais de se retrouver entre eux pour parler business. Le Prisme est de ceux-la. Créé en 1990 par Roger Caille, fondateur de Jet service, le Prisme s'est installé dans le cossu 6e arrondissement, et compte 160 membres tous cadres et dirigeants dans le milieu des affaires. Comme dans tout club exclusif qui se respecte, les adhérents

bourgeoisie prospère " qui revendique une certaine modernité : les femmes sont les bienvenues. Un deuxième club lyonnais porte lui aussi le nom de Cercle. Plus jeune, il est composé d'une vingtaine de décideurs de trente à quarante ans. " Nous sommes peut-être en train de créer la nouvelle bourgeoisie économique de demain : le Cercle est un réseau d'entraide pour y parvenir " affirme le président Ronan de Dieuleveut. Une entraide aux moyens limités : sans locaux, avec un dîner par mois, au restaurant et une personnalité invitée tous les deux mois. D'autres lieux plus informels se sont multipliés. Rien de tel qu’un parcours de golf avec un autre chef d'entreprise pour tisser des liens. Ce n'est donc pas par hasard qu'un bon nombre de membres du Cercle de l'Union sont aussi adhérents du Rotary Club. Ce dernier offre ainsi un réseau

Lieu prestigieux réservé aux hommes de grandes familles

Le droit d'entrée et la cotisation annuelle scellent la barrière qui protège ce cercle fermé.

d'interconnaissances précieux. L'action la plus importante : " opération carrière ". Une fois par an les Rotariens sont appelés à mettre leurs réseaux de relations au service des jeunes, pour pérenniser l'entre-soi…

Paola DIENOT

Adresses Cercle de l’Union (730 membres) 27, Place Bellecour 04 78 37 21 92 Cotisation : 730 euros Droit d’entrée : 850 euros Le Prisme (160 membres) 04 78 52 74 50 Cotisation : 1853 euros

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Coulisses Vitrines

Le Carré d'Or : temple du luxe

Mathieu Carbasse

Dior, Hermès, ou encore Cartier. Comment parler des riches lyonnais sans évoquer le luxe, les marques et leur identité ? Promenade au cœur du Carré d'Or.

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Shopping de luxe rue Emile Zola(2e arr.)

marques qui travaillent une image plus ostentatoire, souvent portées par des célébrités, et davantage prisée par la jeunesse dorée, une génération décomplexée, éblouie par les paillettes. Peu importe l'image que défend chaque boutique, toutes s'accordent à dire que Lyon n'est pas une ville show-off (tape-àl'œil ). Alors ces Lyonnais, pas excentriques pour un sou ? Sauf quelques uns, discrétion est le maître mot dans la capitale des Gaules. Ils profitent alors d'un week-end à Paris, Genève ou StTropez, pour se lâcher et dépenser à outrance, là où ils sont anonymes, là où tous les excès sont permis, là où le luxe est volupté. Laure DWORAK

(1) boursorama.com, janvier 2006

Questions à Georges Cellerier, président des commerces de la Presqu'île Mathieu Carbasse

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n province plus qu'à Paris, avoir de l'argent reste un tabou. Ceux qu'on appelle aujourd'hui " les réussites contemporaines " sont fiers de leur succès et du pouvoir qu'ils ont acquis. Mais montrer qu'ils ont de l'argent, est indécent. Pour Jean Jacques Presburger, PDG de la boutique Jane Aubert : " Lyon est une ville difficile pour percer dans le luxe car c'est une ville conservatrice et classique qui ne montre rien ". Si les commerçants lyonnais disent facilement compter parmi leurs clients des gens de la classe moyenne, peu d'entre eux osent avouer que leur chiffre d'affaires repose sur une clientèle riche, chefs d'entreprises ou politiques lyonnais. Une clientèle d'habitués, fidèle à une marque, qui dépense au minimum 300 euros à chaque visite et n'hésite pas à mettre 3 000 euros dans un costume ou une robe de soirée. Une clientèle précieuse mais difficile, exigeant beaucoup d'attention. Pour Hermès, la coquetterie consiste à ne pas être une maison de luxe mais de demeurer une maison d'artisan, représentant quatorze métiers différents. Pierre-Alexis Dumas, directeur de la maison, affirme(1): " Hermès c'est l'amour de l'artisanat, de la qualité, de l'authenticité, ça n'a

jamais été synonyme de luxe, qui est un mot bien galvaudé. ” La maison qui se vante de fabriquer presque tous ses produits en France, emploie d'ailleurs près de 600 personnes à PierreBénite, au sein de deux filiales : Ateliers AS et Hermès Sellier. La première réalise les fameux carrés de soie qui font la renommée de la marque depuis 1937 (prix moyen : 250 euros), la seconde se consacre à la maroquinerie, dont le célèbre sac en cuir Birkin, dessiné par et pour la chanteuse (prix moyen : 5 000 euros). Pour les marques dites " classiques ", hors de question d'appâter le client par autre chose que le produit, sa qualité et son histoire. En totale opposition avec les Vuitton ou Dior, qui optent pour des stratégies marketing se rapprochant du style de la grande consommation. Des

Comment est né le Carré d'Or ? Je suis tombé amoureux de la rue Emile Zola, en 1973, une petite rue de quartier. J'ai décidé d'y créer ma boutique : L'Arnaque. Max Chaoul est venu s'installer, suivi de Robert Clergerie, Kélian, Jourdan… Ça a fait effet boule de neige. Le nom " Carré d'Or " est venu petit à petit pour désigner l'endroit où se trouvait la plus grande concentration de boutiques dites de " haut luxe " et même de “ grand luxe “. Le tout dans un petit périmètre situé entre la rue Emile Zola et Edouard Herriot, de Bellecour aux Jacobins. Vous n'avez pas le monopole du luxe... Il y a des boutiques de luxe ailleurs que dans le

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Carré d'or, mais ici il n'y a que cela. Pas une seule boutique bas de gamme. Les enseignes préfèrent payer cher l'emplacement, pour préserver leur image. Et les marques aiment rester entre elles. Toutes les études qui ont été faites dans toute la ville ont abouti à la même conclusion : c'est dans le Carré qu'il y a la plus forte concentration de clients potentiels, à fort pouvoir d'achat. Le Carré d'Or attire aussi beaucoup les touristes, comme l'avenue Montaigne à Paris. Le Carré d'or est-il dynamique ? Lyon est un des rares exemples en Europe de centre-ville qui ne périclite pas. Le Carré d'or attire sans arrêt de nouvelles boutiques. Comparé à Paris, Lyon n'est pas chère. Alors les grosses sociétés internationales n'hésitent pas à aligner les zéros pour faire des propositions alléchantes aux commerçants déjà installés. Moi j'ai déjà trois candidats prêts à reprendre ma boutique le jour où je décide de prendre ma retraite… Propos recueillis par L.D


Personnel Automobile

Rouler riche, rouler caché 2007 aura été une année exceptionnelle pour les constructeurs de luxe. L'explosion du marché, particulièrement en Chine, s'est ressentie dans le monde entier. Un souffle qui a balayé Lyon de plein fouet.

F. Caterini

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L’Aston Martin DB-9 9. Ils sont une dizaine à la posséder à Lyon.

Pierre MOREL

Les circuits favoris Circuit du Laquais à Champier (38) Tél : 04.74.54.46.98 Mail : info@circuitdulaquais.com

Stage : Initiation pilotage sur Ferrari (½ journée) 600 euros. Découverte (4 tours volant/ 2 tours passager) 285 euros. Tarif : ½ journée 85 euros ; journée 130 euros. Accès au circuit en exclusivité : 2500 euros/jour ; 3000 euros/jour le week-end.

Circuit de Bresse à Frontenaud (71)

Tél : 03.85.76.76.76

Stage : Porsche 993 et Ferrari Modena Stradale : 40 min, 250 euros Accès au circuit en exclusivité : 4 120e/jour ; 6900 euros/jour le week-end.

Calendrier 2008 des réservations en exclusivité complet

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année dont la moitié de 4x4 Cayenne. Si les ventes paraissent importantes pour les non initiés, elles restent toutefois minimes au regard d'un marché de l'occasion très dynamique. Les concessionnaires de luxe, dans la plus stricte confidentialité, assurent aussi les transactions de véhicules d'occasion. Lyon est une ville de réseaux, accorder sa confiance prend souvent des années. Traiter avec un inconnu, impensable. Mythe ou réalité ? Le fisc serait à l'affût, aurait ses indics, lirait la presse et frapperait à la porte à la moindre suspicion. A Lyon le silence est d'or.

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i posséder un véhicule de luxe constitue souvent une affirmation sociale, à Lyon, il n'en est rien. Certes des professions assument davantage leur haut standing. Les avocats et les promoteurs immobiliers, au volant de leur voiture de sport, berline ou 4x4 de luxe, sont moins réticents à circuler sur la Presqu'île lyonnaise, que d'autres grands industriels. Ceux-ci, plus discrets, préfèrent s'abandonner au volant le week-end, sur les lacets de l'arrière pays niçois ou pour rallier les plus beaux greens (golf) de la région Le ronronnement des moteurs enchante souvent les oreilles dans la capitale rhodanienne. La consommation des fortunes lyonnaises est discrète, terriblement raffinée et boulimique. Aston Martin, Jaguar, Porsche, toutes les grandes fortunes de la capitale des Gaules possèdent une ou plusieurs voitures. Le marché de l'automobile de luxe est très dynamique à Lyon. Preuve en est, la venue de la concession Maserati à C h a m p a g n e - a u - M o n t - d ' O r. Installé il y a moins d'un an, la marque au trident a d'ores et déjà vendu vingt voitures sur le marché régional. Les chiffres sont identiques chez Ferrari. Prix minimum 150 000 euros, livraison sous 12 à 24 mois, règlement de 30 000 euros à la commande. Début 2008, c'est la marque " So British ", Aston Martin qui ouvrira une de ses concessions avenue Foch. Le modèle DB-9, popularisé par le plus séduisant des agents secrets, James Bond, a la côte entre Saône et Rhône. Une dizaine de richissimes passionnés se sont offert à défaut du permis de tuer, à coup sûr celui de rêver, pour la bagatelle de 170 000 euros. En volume des ventes, c'est Porsche qui est en pôle position, avec 160 unités vendues cette


Personnel Sports

La green attitude Le golf est-il encore un sport élitiste ? A Villette d'Anthon, oui. Vingtième meilleur club de France, le Golf Club de Lyon surveille son image et tient à garder son côté très select.

Thibault Cuminet

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Polo, rallye des affaires

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as d'indications sur la route, un grand portail, une longue allée en guise d'entrée et un panneau "tenue correcte exigée". C'est l'accueil du golf club de Lyon. "Nos joueurs viennent ici pour être tranquille". Vu l'investissement engagé par les membres du club, Frédéric Barba, le directeur de ce golf, a tout intérêt à protéger ses clients. Jusqu'à 3 505 euros pour devenir membre pendant un an. Le prix peut vite atteindre 5 270 euros pour les golfeurs qui veulent faire jouer leurs enfants et louent des voiturettes pour parcourir le terrain. Si le coût est déjà un moyen de sélectionner sa clientèle, la meilleure façon de n'avoir que des gens de la "high society" sur son green est encore de former un club de membres. Montrer patte blanche pour appartenir au cercle intime des amis. Les conditions nécessaires pour entrer : connaître au moins deux joueurs, déjà membres et être "parrainé auprès du conseil d'administration". Un moyen de ne pas se mélanger avec le bas peuple ? Pour Frédéric Barba, "ce n'est pas une question d'exclure mais plutôt d'intégrer au mieux le nouveau venu". Cela évite qu'il se sente "lésé et seul au sein du club." Une fois posée, la candidature fait l'objet d'une discussion au sein du conseil d'administration. Tout y passe, situation matrimoniale, professionnelle, secteur d'activité, fonction, nom de la société. Même le niveau de golf est évalué, "mais le niveau n'est pas un critère de sélection, c'est juste pour information." Une fois que le joueur est accepté, il a droit "à une cérémonie d'accueil. Il passe devant le conseil qui lui présente le club et indique les règles". Pour initiés seulement.

Le polo est le sport élitiste par excellence. Une tendance confirmée par le tournoi international de Lyon. Le Polo Club de Lyon organise chaque année l'International Polo Cup de Lyon sur le site de Saint-Vulbas. Un évènement d'exception, d'une rare qualité artistique réunissant en une joute sportive le gotha des polistas et leurs montures. Orchestré côté sportif, par Christophe Levrat, président du Polo Club de Lyon Plaine de l'Ain et entraîneur officiel de la Garde Royal marocaine, l'international Polo Cup s'est également attribué les services de Pierre Beylat, organisateur de la manifestation. Quatre jours durant, riches

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entrepreneurs, banquiers et commerçants profitent de cette réunion pour rencontrer d'éventuels clients et prospecteurs. Hermès, Vuitton, BMW, Maserati, Ferrari et bien d'autres étaient ainsi les invités de la dernière Polo Cup en juillet dernier. Les marques de luxe profitent aussi de l'occasion pour sponsoriser les soirées suivant les rencontres. Le joailler Cartier avait notamment signé la soirée " Prestige " lors de la 5e édition, sans oublier les champagnes Mumm qui ont coulé à flots durant tout le week-end. Cette année c'est l'équipe Maserati (France) qui a remporté la 5e édition de la compétition succédant à la Garde royal marocaine. Pierre Morel Polo Club de la Plaine de l'Ain Parc industriel de la Plaine de L'Ain. 01150 Saint Vulbas - A 42 sortie 7 Infos pratiques Cotisation annuelle, 1350 euros. Capacité d'accueil, 150 chevaux Pension chevaux mensuelle, 300 euros


Nos idées cadeaux

Boutique Hermès, 96 rue Edouard d Herriot Lyon 2

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Le fameux sac Hermès porte le nom de l'artiste Jane Birkin qui en fut l'inspiratrice. Lors d'un voyage en avion, la chanteuse se plaint de son sac à son voisin en lui expliquant sa vision du sac parfait, sans savoir que son interlocuteur n'est autre que le directeur d'Hermès. Le sac devient vite le best-seller de la marque et connaît encore aujourd'hui un succès énorme. Comptez au minimum 5 000 euros pour faire l'acquisition d'un modèle Birkin.

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ECONOMIE Objets incontournables et orginaux pour un Noël tendance Appareil photo numérique 2Mpixels, ipod intégré, cartographie Google Maps, connexion Wifi et Bluetooth, messagerie email, capacité 4go et 8go,… et accessoirement téléphone à écran tactile, L'iPhone est en vente au prix de 399 euros sur le réseau Orange. Les forfaits commencent à 49 euros et comprennent tous la navigation illimitée sur le Web, l'envoi d'emails, ainsi que 50 messages texte SMS.

Un sapin en or et diamants ! On doit cette création au joaillier américain Steve Quick. Estimé à plus de 500 000 dollars, ce sapin est recouvert de plus de deux kilos d'or 18 carats et de 250 carats de diamants. Le sapin est exposé depuis le 7 décembre dans la boutique du joaillier et sera vendu aux enchères à partir du 17 sur eBay. Les profits de cette vente iront directement à la recherche contre le cancer.

Jean de la Com

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Disponib ble dans toutes les boutiques Orange, Fnac et Virgin


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