le bulletin
P O L I T I Q U E | H I S T O I R E | P O R T R A I T D ’ é le c teurs | c u m ul des m a n dats
n°
VE NOU
1
la revue des municipales du Grand Lyon
AU Michel Forissier
Sylvie Guillaume
Christophe Boudot
Un maire aux journées chargées
Le cumul, c’est bientôt fini
Le Front national place ses pions
Vous avez beau ne pas vous occuper de politique, la politique s’occupe de vous tout de même
mag 32
•
n ov e m b r e 2 0 1 3
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i s c pa
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j3
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promotion 2013
Charles de Montalembert
Parité
Les femmes au pouvoir ?
Vote
étudiants et immigrés, absents
Politique
Pour qui vote mon voisin ?
Métropole Un big bang territorial
Banlieues
Humour
Du rouge au bleu Le palmarès des marine ? maires lyonnais
lebulletin2014.wordpress.com
édito
est une revue éditée par l’Iscpa Lyon 47, rue Sergent Michel-Berthet Directrice de la publication Isabelle Dumas Directeur de la rédaction Alexandre Buisine
la revue des municipales du Grand Lyon
Cinq outils pour voter en toute sérénité S’inscrire
Pour obtenir une carte d’électeur il faut être inscrit sur la liste électorale de sa commune. Si ce n’est pas le cas, courez en mairie avec une pièce d’identité et un justificatif de domicile. Mais si le chemin vers l’hôtel de ville vous paraît interminable, envoyez-lui un courrier où vous glisserez le formulaire d’inscription téléchargé sur le site service-public.fr (avant le 31 décembre !). Évidemment, n’oubliez pas d’ajouter votre pièce d’identité et un justificatif de domicile ! Et pour les écologistes purs et durs, l’opération peut être réalisée par mail.
La procuration
Zut, je ne serai pas dans ma commune le jour du scrutin ! Pas de panique, il suffit d’aller au commissariat avec une pièce d’identité pour désigner votre mandataire. Attention, la personne doit être inscrite sur la même liste électorale que vous. Et pour les plus étourdis, vous avez jusqu’à la veille du scrutin pour établir une procuration.
Le bureau de vote
Après avoir franchi le premier obstacle de l’inscription, rendez vous d’un pas ferme vers votre bureau de vote. Rien ne semble pouvoir vous arrêter ! Excepté peut-être le passeport ou la carte d’identité restés à la maison. Sachez, amis électeurs, qu’il faut impérativement présenter une pièce d’identité avec sa carte d’électeur. Mais courage, l’urne n’est plus très loin.
S’isoler
Tous les documents indispensables en poche, vous attendez tranquillement votre tour pour entrer dans l’isoloir. Mais arrive le moment fatidique où il faut choisir parmi tous les bulletins. Le doute s’installe. Que faire ? Normalement, il faut prendre un exemplaire de chaque bulletin. Sachez que si vous introduisez plusieurs listes dans l’enveloppe, même deux identiques, votre vote sera considéré comme nul.
Réfléchir
Pour ceux que nous n’aurions pas réussi à convaincre d’aller voter, n’oubliez pas que l’inscription sur liste électorale reste, selon la loi, formellement obligatoire. De quoi faire frémir les plus récalcitrants, si une sentence juridique était instaurée pour les hors-laloi du bulletin. Rassurez-vous, pour l’heure l’amende est réservée à nos amis belges. Plus fermes que nous, ils doivent payer 125 euros en cas de non vote. Et ce n’est pas une blague !
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Rédactrice en chef Maryne Vialette Rédacteurs en chef adjoints Jean-Baptiste Goin et Lucile Vivat Maquettiste Yann Foray Infographies Yann Foray Photos La rédaction Secrétaires de rédaction Yann Foray, Jean-Baptiste Goin et Jeanne Massé Site et service numérique Rémi Farge Rédaction Omar Belkaab, Axel Benchina, Guillaume Bouquet, Rémi Farge, Yann Foray, Alisson Fornage, Jean-Baptiste Goin, Jeanne Massé, Jane-Amondi Odhiambo, Corentin Porcheron, Norman Staron, Maryne Vialette et Lucile Vivat Ont collaboré à ce numéro Vincent Rasclard, Jérémy Della Patrona, Vaiana Goin et Clément Viricel Remerciements La rédaction remercie la revue L’éléphant pour leur maquette et leur aide, ainsi que tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à ce magazine.
uel est le point commun entre la basilique Notre-Dame de Fourvière, la place Bellecour et Gérard Collomb ? A priori aucun. Si ce n’est que les trois sont de véritables symboles lyonnais. Très populaire depuis son premier mandat, en 2001, l’homme est un maire « du vieux de la vieille ». C’est un élu proche des habitants qui s’est façonné sur le terrain. De plus, sa politique locale n’a connu aucune influence nationale. Ne pas s’inscrire dans le Parti socialiste de François Hollande le rend encore plus lyonnais. Un positionnement avantageux pour la figure emblématique de la capitale des Gaules quand on connaît le taux de popularité actuel du président de la République. L’image et la personnalité : deux conditions qui feront pencher la balance des municipales. Même si la sympathie publique de Collomb dénote avec l’attitude colérique et autocratique qu’on lui prête au sein du Grand Lyon. Mais cela n’empêchera pas les habitants de juger ses initiatives. Certainement incapables de distinguer les projets de 2008 des plus anciens, ils s’appuieront sur un bilan global. Fiers de leur commune et de leurs couleurs, les Lyonnais privilégieront un vote sentimental. L’attachement à « Gégé » et à ses projets urbains peuvent fortement jouer en faveur du maire sortant. Il faut le reconnaître, Gérard Collomb a su redonner une place de leader à Lyon, tant sur le plan économique que touristique. Tous les Lyonnais se souviennent de l’installation des Velov’ et de l’aménagement des berges du Rhône. Deux projets phares qui marqueront pour un certain temps les esprits. Pourtant, ces réalisations ont été financées par le Grand Lyon. Hors, les citoyens n’ont aucune prise sur ces décisions car ils élisent un maire mais pas (encore) les élus communautaires. La ville-centre bénéficie largement du double pouvoir de Gérard Collomb, maire et président du Grand Lyon. Car aujourd’hui c’est bien à la communauté urbaine que se trouve les ressources financières de l’agglomération. Un pouvoir que le candidat socialiste compte bien étendre avec la métropole. Oui, l’enjeu reste les municipales de 2014 et la présidence du Grand Lyon. Mais le vrai changement aura lieu le 1er janvier 2015 avec l’entrée en vigueur de la métropole. Un seul homme pour tous les pouvoirs ? La question est sur toutes les lèvres. Collomb l’a dit, il construira la métropole coûte que coûte et veut gagner la présidence de cette nouvelle collectivité. Un statut d’homme fort et de maire sortant qui le place comme favori face à Michel Havard. Mais il n’est pas exclu que la ville renoue avec ses racines historiques : la droite modérée. Rappelons que la gauche a retrouvé le pouvoir municipal avec l’arrivée de Collomb, après des décennies d’absence. Encore peu connu des Lyonnais, l’adversaire UMP n’a pourtant pas dit son dernier mot. Convaincu qu’il peut apporter un nouveau souffle politique à la capitale des Gaules, Michel Havard dénonce haut et fort les pratiques de l’élu socialiste. Dans sa ligne de mire, les cumuls de Gérard Collomb et la manière dont il use de l’écrêtement de ses indemnités. « Et les autres ? » me direz-vous. Ils sont plutôt discrets. Car tout l’enjeu des municipales 2014 repose essentiellement sur le duel Collomb/Havard. Alors oui, on parle beaucoup des chances du Front national. Mais concrètement, à Lyon, Christophe Boudot n’a qu’une seule ambition : revenir au conseil municipal en gagnant quelques sièges. Au-delà des frontières lyonnaises, le combat entre les deux têtes d’affiche aura des conséquences sur les 58 communes du Grand Lyon et le conseil communautaire. Qu’ils soient inquiets ou sereins, les maires nous ont ouvert leurs portes pour partager leur ressenti. Des élus aux responsabilités souvent méconnues qui ont accepté de nous dévoiler leur quotidien, « derrière l’écharpe ».
Maryne Vialette le bulletin
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portrait
sommaire
Qui es-tu électeur lyonnais ? 3 L’édito 5
Portrait
Profil type de l’électeur lyonnais
6 Un lieu, des enjeux Un big bang territorial qui divise Trois questions à Gilles Pinson, professeur de science politique
8 Focus
Le Grand Lyon en cartes
10 Au coin de la rue Pas d’étiquette pour plus de proximité
12 Derrière l’écharpe Dossier
Une journée avec Michel Forissier La double vie de Denis Broliquier La retraite d’un maire La course aux premières municipales
21 Parité Mesdames, vous êtes recherchées
Homme
PAR norman staron
Femme
22 Le vote FN
Pourquoi il vote Bleu Marine Le Front national tente une percée
24 En banlieue
Passi et Mellies sur le ring
25 Influences
Les municipales dans la presse écrite à Lyon
26 Les absents de l’isoloir
Les étudiants délocalisent leur vote étrangers aux urnes
28 Débat
Le cumul des mandats à la sauce rhodanienne
30 Histoire drôle Le palmarès insolite des maires de lyon
Comprendre le mode de scrutin Quiz : testez vos connaissances couverture : photo d’illustration réalisée par jean-baptiste goin
4. le bulletin
Le Bulletin a cherché à savoir quel était le profil type, en 2013, des électeurs lyonnais en fonction de leur sexe, leur âge, leur niveau d’études, ainsi que leur catégorie socio-professionnelle. Voici leur portrait-robot.
caricatures jeremy della patrona
41 ans
46 ans
Bac + 2
Bac + 2
Cadre ou profession intermédiaire
Profession intermédiaire ou employée
Pour établir le profil type de l’électeur lyonnais, Le Bulletin s’est appuyé sur des formules mathématiques réalisées par Clément Viricel, étudiant en master de mathématiques. Grâce à ses calculs, un profil d’électeur type se dégage (voir ci-dessus). Mais qu’en est-il du profil sociologique ? S’il faut retenir certains critères pour définir l’électeur lyonnais, gardons en trois : le revenu, les diplômes et la catégorie socio-professionnelle. Avec 25 610 euros de revenus annuels, le Lyonnais gagne plus que la moyenne nationale qui est de 23 433 euros . Il en va de même pour le diplôme. Celui qui vit au sein de la capitale des Gaules a, en moyenne, fait des études plus longues que le reste des Français. Son niveau d’études est d’au minimum Bac+2. C’est donc logiquement qu’il se place dans des CSP plus élevées que ses compatriotes. Mais ces critères influent-ils sur le choix du parti politique au moment de glisser le bulletin dans l’urne ?
Souvent, l’idée populaire estime que plus une personne gagne de l’argent, plus son vote se dirige vers la droite. Il n’en est rien pour Lyon.
Lyon la centriste
« D’un point de vue historique, la ville était et reste une ville qui est au centre de l’échiquier politique », explique Mili Spahic, doctorant en science politique à l’université Lyon 2. Pour autant, le centre qu’incarnait l’ancien maire de Lyon Raymond Barre au sein de l’UDF n’est pas le même que celui prôné par le Modem ou l’UDI d’aujourd’hui. Une perte d’identité qui peut poser problème aux électeurs. La solution pourrait venir du Parti socialiste qui l’incarne avec plus ou moins de succès à Lyon depuis l’arrivée à l’hôtel de ville de Gérard Collomb. Mais après 13 ans de pouvoir, cette image de nouveau centre sera-t-elle suffisante pour conquérir un troisième (et dernier ?) mandat ? le bulletin
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Le big bang territorial divise
L’
par MARYNE VIALETTE ET JEAN-BAPTISTE GOIN
année 2015 va marquer un Dans un an, er tournant majeur pour le au 1 janvier 2015, les élus département du Rhône. En n’assisteront effet, les 58 communes du plus au conseil Grand Lyon seront rassemblées communauté. dans la métropole de Lyon. Ainsi, toutes les Photo compétences administratives du département sur Vaiana goin ce territoire seront transférées aux mains de la nouvelle institution. Un changement qui divise les élus, notamment sur les capacités de la métropole à gérer les affaires sociales. « On est arrivé au bout de ce qu’on pouvait faire. » Pour Michel Forissier, maire de Meyzieu, la création de la métropole de Lyon est la bonne solution pour adapter la démocratie aux réalités du terrain. « C’est un fait métropolitain, nous avons un nouvel exode rural vers les pôles urbains. Nous devons donc rassembler les élus et les territoires pour proposer de meilleurs services à la population », poursuit le vice-président du conseil général du Rhône. Pourtant, tous les élus ne partagent pas l’avis du groupe de tête. « la métropole ne Certains dénoncent même « une décision doit pas être un prise par deux personnes » : Gérard enjeu de pouvoir » Michel Forissier Collomb, maire de Lyon et président du Grand Lyon, ainsi que Michel Mercier, ancien président du Conseil général. C’est le cas de Pierre-Alain Millet, adjoint au maire de Vénissieux. Selon lui, le principal problème concerne le 6. 4. le bulletin
transfert des compétences sociales et les enjeux budgétaires qui vont découler de cette création. « Aujourd’hui on est dans une grande interrogation car la métropole va être confrontée à la baisse des dépenses publiques des collectivités à cause des grands projets (Grand stade et l’Anneau des sciences) qui sont jugés comme indispensables et prioritaires. à cela va s’ajouter l’énorme poids des dépenses sociales, pour l’instant gérées par le département », analyse l’élu communiste. Pour Michel Mercier c’est justement ce transfert de compétences qui fera la force la métropole. « Si la communauté urbaine traite à la fois le bâtiment et le social, c’est un atout considérable. évidemment, il faut que cela soit bien construit. Mais ça marchera car nous n’avons pas le choix ! », avoue le maire de Meyzieu. L’emprise de l’UE sur la métropole inquiète Outre l’aspect économique, c’est aussi le rôle des communes et leur influence dans la future collectivité qui inquiètent. Là encore, les deux hommes politiques ne partagent pas le même avis. « De simples maires d’arrondissements, voilà ce à quoi seront cantonnés les maires des communes intégrées dans la métropole », s’exaspère PierreAlain Millet, qui regrette la fragilisation de la strate locale dans la prise des décisions politiques. « Le manque d’articulation entre les différentes
Le Conseil général du Beaujolais
A
vec la création de la métropole de Lyon, au 1er janvier 2015, le département du Rhône n’aura des compétences que sur le territoire extérieur au Grand Lyon. Il deviendra le Conseil général du Beaujolais et
ne concernera plus que 400 000 Rhodaniens. Quant à la nouvelle métropole, elle disposera, dans l’idéal, d’un budget de plus de trois milliards d’euros et sera responsable de plus d’un million d’administrés.
Quiz 1. Combien d’habitants du Rhône seront concernés par le nouveau Conseil général du Beaujolais ? 1 282 000 1 682 000 400 000 1. Quand la métropole de Lyon entrera-t-elle en vigueur ? Le 1er juillet 2014 Le 1er janvier 2015 Le 13 mai 2015
Trois questions à Gilles Pinson
professeur de science politique à l’IEP de Bordeaux
photo GILLES PINSON
métropole
échelles du pouvoir est déjà un des principaux défauts du Grand Lyon aujourd’hui et une telle décision ne fera qu’accentuer cela », ajoute-t-il. Des propos qui vont à l’encontre de la pensée de Michel Forissier, pour qui « les élus ne doivent pas être des hommes de pouvoirs ». Le viceprésident du Conseil général du Rhône pense que les nouveaux moyens de communication demandent un nouveau fonctionnement du territoire. « à l’heure actuelle nous avons six niveaux de décisions : la communauté urbaine, le département, la région, le national avec la préfecture et l’Europe. Nous devons fusionner certains pouvoirs pour une meilleure organisation du territoire. La France compte beaucoup d’élus locaux par rapport aux autres pays européens », souligne Michel Forissier. L’Europe. C’est d’ailleurs ce mot qui effraie les élus opposés au projet. « Le département est le symbole républicain de l’unicité de l’État et, avec sa disparition, l’État ne sera plus obligé de mener le même genre d’action dans tous les départements. Les régions seront amenées à organiser la concurrence différemment », décrit Pierre-Alain Millet. Car plus largement, la création d’une collectivité pleine et entière, comme la métropole de Lyon, traduit une volonté d’inscrire la politique locale dans le cadre plus large de l’Union européenne. « L’enjeu européen repose sur l’économie car c’est ça qui nous permet de bien vivre. L’objectif est d’atteindre 80% de développement économique et social dans la métropole », poursuit Michel Forissier. « Ce changement était inévitable. Près de 90% des lois qui sont votées aujourd’hui par l’Assemblée nationale sont déjà des traductions de directives européennes », conclut l’élu vénissian, plein de fatalisme.
Réponses : 1. 400 000 Rhodaniens ; 2. Le 1er janvier 2015
un lieu, des enjeux
Propos recueillis par Jean-Baptiste Goin et Maryne Vialette
Quels peuvent être, selon vous, les facteurs qui ont poussé Gérard Collomb et Michel Mercier à se lancer dans ce projet ? Il me semble que ce choix est dû à la mauvaise situation financière du département. Elle a été plombée par deux grands projets : la navette pour aller à l’aéroport et le musée des Confluences, qui est un véritable gouffre financier. Et je suppose que le département a contracté certains emprunts toxiques, à l’image de certaines autres collectivités françaises. Mais cette décision politique me laisse perplexe car c’est un président de département (ndlr, Michel Mercier), issu de droite, qui collabore avec le président de la communauté urbaine, de gauche. Quels sont les bénéfices que peuvent en retirer les communes du Grand Lyon ? Déjà aujourd’hui, les communes du Grand Lyon profitent de la puissance de l’intercommunalité. Elles ont toujours été sous la tutelle du Grand Lyon et avaient déjà perdu
progressivement un grand nombre de compétences. La conséquence est le changement de localisation du guichet! La vraie problématique est de savoir comment le Grand Lyon compte développer sa compétence sociale. Car jusqu’à présent il s’est toujours occupé essentiellement des transports ou de l’aspect économique. Le fait que les pouvoirs pourront être concentrés dans les mains d’un seul homme n’est-il pas dangereux pour la démocratie ? La concentration des pouvoirs dans les mains d’un seul homme empêche la création d’une assemblée qui sert à prendre les décisions collectives. On aura un schéma à la fois municipal et présidentiel, ce qui n’est pas nouveau. Le problème est l’opacité démocratique qui s’installe autour de cette création car il n’y a aucun journalisme politique local. Il n’y aura donc pas de réels échos des décisions dans la presse ce qui réduit considérablement le champ du débat démocratique. le bulletin
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FOCUS 22
Grand Lyon
13
Le dessous des cartes
30
39 29
28
43
P
our quel parti vote ma ville ? Telle est la question que se posent tous les habitants curieux de connaître les préférences politiques de leurs concitoyens. Afin de mieux recenser les votes, Le Bulletin a choisi de ne pas s’intéresser aux résultats des arrondissements lyonnais. L’idée est de se concentrer sur l’intégralité des communes pour avoir une meilleure vue d’ensemble. De plus, à quatre mois des prochaines municipales, tous les arrondissements n’ont pas encore dévoilé leurs candidats. à noter qu’un maire d’arrondissement peut briguer un nouveau mandat dans n’importe quel arrondissement lyonnais. Lorsqu’on s’attarde sur la carte de droite, qui représente les résultats du Grand Lyon pour la présidentielle 2012, on remarque que la répartition politique du territoire reflète la réalité départementale. En effet, 41 communes de la communauté urbaine ont voté pour Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle, soit 70,69 % des 58 communes. Le candidat UMP avait aussi récolté la majorité dans le département du Rhône, avec 52,02 %* des suffrages exprimés. Pourtant, même si le département et le Grand Lyon ont voté à droite, les principales villes préfèrent les idées de gauche. Cette situation est tout de même à relativiser, puisque François Hollande n’a pas réalisé un score si important à Lyon, ville actuellement socialiste. Seuls 53,12 %* des Lyonnais ont voté pour le président de la République, contre 51,63 %* des Français. Enfin, la répartition géographique des tendances politiques du Grand Lyon cache un paradoxe. En apparence, les communes de l’Ouest, notamment celles des Monts-duLyonnais, ont majoritairement voté UMP. Toutefois, ces communes sont dirigées par un maire dit « sans étiquette », bien souvent membre du groupe Synergies-Avenir au conseil communautaire. Un groupe qui soutient fortement les décisions de Gérard Collomb et qui pourrait assurer une majorité au sénateurmaire socialiste pour l’élection de la présidence de la future métropole. *Chiffres du ministère de l’Intérieur.
8. 4. le bulletin
47
36
49
43 42
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Votre maire se représente-t-il ?
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52 51
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(en pourcentage des suffrages exprimés)
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(au 21.11.2013)
Se représente Ne se représente pas
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Score obtenu par les candidats au 2nd tour
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avec Lucile Vivat et Jeanne Massé
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INFOGRAPHIE ET TEXTE YANN FORAY
4
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Le choix du maire sortant dans les communes du Grand Lyon
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6
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31
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4 32
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Résultats à l’élection présidentielle de 2012 par commune
35
1 18
5
13 1 18
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14
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41
11 49
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INFOGRAPHIE YANN FORAY TEXTE MARYNE VIALETTE
36
47
23
les communes de l’Ouest, majoritairement à droite, sont celles où les maires sortants n’ont pas encore déclaré leur éventuelle candidature.
Par Nicolas Sarkozy 50 à 55 %
60 à 70 %
55 à 60 %
+ de 70 %
Par François Hollande 50 à 55 %
60 à 70 %
55 à 60 %
+ de 70 %
Sources : Grand Lyon, Lyon capitale
Ne se prononce pas Sources : Grand Lyon, Le Progrès
1. Albigny-sur-Saône. élu communautaire : Paul Coste (EELV) 11. Couzon-au-Mont-d’Or. 2 748 Albignolais, Jean-Paul Colin (Synergies*) 2 559 Couzonnais, Michel Sangalli (Synergies) 2. Bron. 39 094 Brondillants, 12. Craponne. Annie Guillemot (PS) 8 815 Craponnois, Alain Galliano (Synergies) 3. Cailloux-sur-Fontaines. 2 391 Cailloutains, Michel Rousseau 13. Curis-au-Mont-d’Or. 1 025 Curissois, Xavier Leonard (UMP) (Synergies) 14. Dardilly. 4. Caluire-et-Cuire. 40 869 Caluirards, Philippe Cochet (UMP) 8 870 Dardillois, Michèle Vullien (Synergies) 15. Décines-Charpieu. 5. Champagnes-au-Mont-d’Or. 24 780 Décinois, Jérôme Sturla (PS) 4 951 Champenois, Gaston Lyonnet 16. Ecully. (Synergies) 17 953 Ecullois, Yves-Marie Uhlrich 6. Charbonnières-les-Bains. 4 728 Charbonnois, Maurice Fleury (Centriste) 17. Feyzin. 9 254 Feyzinois, Yves Blein (PS) (Synergies) 18. Fleurieu-sur-Saône. 7. Charly. 1 304 Fleurentins, Hubert Guimet (Synergies) 4 310 Charlyrots, Claude Vial (Synergies) 19. Fontaines-Saint-Martin. 8. Chassieu. 9 492 Chasselands, Alain 2 794 Saint-Martinois, André Gléréan Darlay (PS) (Synergies) 9. Collonges-au-Mont-d’Or. 20. Fontaines-sur-Saône. 3 824 Collongeards, Michel Reppelin (Synergies) 6 299 Fontainois, Patrick Bouju (Synergies) 21. Francheville. 10. Corbas. 1 274 Franchevillois, René Lambert (PS) 9 418 Corbasiens, Jean-Claude Talbot (PS), * Synergies-avenir : groupe autonome et indépendant représentant 42% des communes du Grand Lyon.
22. Genay. 4 872 Ganathains, Arthur Roche (PS) 23. Givors. 19 477 Givordins, Martial Passi (PCF) 24. Grigny. 8 602 Grignerots, René Balme (PCF) 25. Irigny. 8250 Irignois, Jean-Luc Da Passano (Centriste) 26. Jonage. 5 789 Jonageois, Lucien Barge (UMP) 27. La Mulatière. 6 511 Mulatins, Guy Barret (UMP) 28. La Tour de Salvagny. 3 486 Tourellois, Gilles Pillon (Synergies) 29. Limonest. 3 010 Limonois, Max Vincent (Centriste) 30. Lissieu. 3 161 Lissilois, Jean Louis Schuk (Synergies) 31. Lyon. 474 946 Lyonnais, Gérard Collomb (PS) 32. Marcy-l’Etoile. 3 302 Marcyllois, Joël Piegay (Sans étiquette), élu communautaire : Alain Joly (Centriste) 33. Meyzieu. 29 836 Majolans, Michel Forissier (UMP) 34. Mions. 11 431 Miolands, Paul Serres (PS)
35. Montanay. 2 705 Montanois, Gilbert Suchet (Synergies) 36. Neuville-sur-Saône. 7 382 Neuvillois, Jean-Claude Ollivier (Synergies) 37. Oullins. 25 652 Oullinois, François Noël Buffet (UMP) 38. Pierre-Bénite. 9 935 Pierre-Bénitains, Mireille Domenech-Diana (PCF) 39. Poleymieux-au-Mont-d’Or. 1 212 Poleymoriots, Corine Cardona (Synergies) 40. Rillieux-la-Pape. 29 578 Rillards, Renaud Gauquelin (PS) 41. Rochetaillée-sur-Saône. 1 376 Rochetaillards, Rita Spiteri (Synergies) 42. Saint-Cyr-au-Mont-d’Or. 5 443 Saint-Cyrôts, Marc Grivel (Synergies) 43. Saint-Didier-au-Mont-d’Or. 6 436 Désidériens, Denis Bousson (Synergies) 44. Saint-Fons. 17 063 Sainfoniards, Christiane Demontès (PS), élu communautaire : Roland Le Bouhart (PCF) 45. Saint-Genis-Laval. 20 147 Saint-Genois, Roland Crimier (Centriste) 46. Saint-Genis-les-Ollières. 4 655 Saint-
Genois, Marie-Françoise Roger-Dalbert (Synergies) 47. Saint-Germain-au-Mont-d’Or. 2 669 Saint-Germinois, Guy David (PS) 48. Saint-Priest. 41 460 San-Priots, Martine David (PS) 49. Saint-Romain-au-Mont-d’Or. 1 054 Saromagnots, Françoise Revel (Synergies) 50. Sainte Foy-lès-Lyon. 22 179 Fidésiens, Michel Chapas (UMP) 51. Sathonay-Camp. 4 226 Sathonards, Pierre Abadie (Synergies) 52. Sathonay-Village. 1 891 Sathonards, Jean-Pierre Calvel (UMP) 53. Solaize. 2 732 Solaizards, Guy Barral (Centriste) 54. Tassin-la-Demi-Lune. 18 579 Tassilunois, Jean-Claude Desseigne (Centriste) 55. Vaulx-en-Velin. 40 373 Vaudais, Bernard Genin (PCF) 56. Vénissieux. 57 629 Vénissians, Michèle Picard (PCF) 57. Vernaison. 4 379 Vernaisonnais, Georgette Palleja (Non inscrit) 58. Villeurbanne. 141 106 Villeurbannais, Jean-Paul Bret (PS)
le bulletin .9
au coin de la rue
Quiz
1. Combien y a-t-il de maires sans étiquette dans le Grand Lyon ?
étiquette
7 13 23
Pas de parti pour plus de proximité
2. Quel est le plus grand avantage pour un maire de ne pas avoir d’étiquette politique ?
Se présenter plus facilement aux législatives La liberté de l’exercice politique Les subventions importantes dont bénéficient les mairies sans étiquette Réponses : 1. 21 (ce chiffre comprend les maires étiquetés SynergiesAvenir au Grand Lyon ; 2. La liberté de l’exercice politique.
PAR GUILLAUME BOUQUET
D
emeurer sans étiquette, c’est avant « Aucune obligation partisane » tout un choix et une conception de Selon Jean-Paul Colin : « être un maire sans étiquette la politique à l’échelle municipale. est un réel avantage car nous ne sommes pas dans une Il en découle plus de liberté pour démarche uniquement politique. Nous gérons notre les conseils municipaux et garantit commune librement, avec nos seules compétences, sans au citoyen une action de la mairie pour les seuls être dans une obligation partisane ». Aujourd’hui le intérêts de la commune. Des maires sans étiquette fait de ne pas être affilié à un parti répond également de l’agglomération lyonnaise ont témoigné leur à une aspiration des citoyens. Ils ne veulent pas attachement à ce statut, qui reste pour eux la meilleure voter pour une étiquette mais pour une personne. manière de gouverner des communes de petite taille. « L’étendard d’un parti politique n’a pas de sens pour « La proximité est un élément primordial. Pour une commune comme la nôtre », précise Marc Grivel. être maire il faut aimer les gens », telle est la vision Pour lui aussi, un maire est d’abord élu avant d’avoir de Jean-Paul Colin, maire d’Albignyune étiquette. Mais ce dernier ajoute sur-Saône. Pour Marc Grivel, maire de qu’il n’est pas dépourvu d’orientations « 9 français sur 10 Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, seul le travail connaissent le nom politiques pour autant. Les maires non de terrain réalisé en amont est nécessaire de leur maire » affiliés gardent ainsi une liberté d’exercice (Source : Ipsos, 2012) pour briguer la mairie. Selon lui, « une absolue, comparée à ceux qui doivent étiquette politique ça ne vous donne pas de suivre les lignes conductrices de leur crédibilité ni de légitimité. Un candidat non parti. Michèle Vuillin, maire de Dardilly, engagé politiquement pour la commune, explique également qu’une mairie non bien qu’il soit titulaire d’une étiquette n’a étiquetée facilite la concertation et le aucune chance de gagner une municipale ». débat. « Nous ne nous dispersons pas en 10. 4. le bulletin
« Ma mairie est kitsch, mais je l’aime comme ça », confie Jean-Paul Colin, maire d’Albigny-sur-Saône, une commune de 2 748 habitants. photo maryne vialette
Qu’est-ce qu’un maire sans étiquette ?
E
n France, de nombreux candidats aux municipales ne se réclament d’aucun parti. Ce sont ceux que l’on appelle les « sans étiquette ». Il est possible de se revendiquer ainsi dans les petites communes de moins de 2000 habitants. En réalité, cette expression n’est plus utilisée par les chiffres officiels du ministère
de l’Intérieur depuis 2001. Les candidats qui se revendiquent sans étiquette sont classés dans les DVG (Divers Gauche), DVD (Divers Droite) ou AUT (Autres), en fonction de leur sensibilité politique. Dans le Grand Lyon, 23 maires ne sont pas affiliés à un parti politique. Ils se rassemblent dans le groupe SynergiesAvenir pour siéger à la communauté urbaine.
débats partisans, nous nous concentrons d’abord sur la commune ». Le maire n’est pas un homme politique comme les autres. Les gens savent qu’il est proche de la population. En renonçant à tout étiquetage politique, il montre qu’il est au plus près des besoins des citoyens. Du point de vue de Michèle Vuillien, les habitants apprécient d’avoir des maires qui ne sont pas formatés à droite ou à gauche. « Il faut plutôt travailler sur des projets qui favorisent le bien commun dans divers domaine comme la culture, le sport ou le patrimoine et non parce qu’il sont portés par des partis », affirme-t-elle.
« Pour être maire, il faut aimer les gens » L’obstacle des grandes communes
Dans les communes plus importantes, représenter et avoir l’appui d’un parti est essentiel. « La politisation du débat dans des communes plus grandes oblige les divers candidats à la mairie à entrer dans une structure politique. Mais ce n’est pas le même monde, il faut savoir où l’on est », déclare Marc Grivel. Il reste fermement convaincu que son conseil municipal est plus efficace sans être affilié à un parti. Dans le même temps, il admet qu’une participation aux législatives ou aux sénatoriales implique nécessairement la représentation d’un parti pour espérer l’emporter. le bulletin .11
Dossier
Derrière l’écharpe Le Grand Lyon en chiffres 58 communes composent la communauté urbaine du Grand Lyon
DANS LA PEAU DU MAIRE
288 communes dans le département du Rhône
Par Maryne Vialette, Corentin Porcheron, Omar Belkaab, Guillaume Bouquet, Yann Foray et Jane Amondi Odhiambo
6 c’est en années la durée du mandat du maire
156 élus composent le conseil de communauté du Grand Lyon Sources : Grand Lyon et Insee.
12. 4. le bulletin
photo MARYNE VIALETTE
1 282 000 personnes vivent sur le territoire du Grand Lyon
A
u cœur des municipales, le maire tient une place importante dans la vie de la commune. Pourtant, son rôle d’élu est très différent des autres hommes politiques. à commencer par sa « double casquette » étatique, caractéristique emblématique des représentants locaux. Bien qu’il puisse être notre voisin ou qu’il fasse ses courses au même endroit que nous, connaissons-nous vraiment celui qui dirige la commune, son quotidien et ses responsabilités? Le Bulletin vous emmène à la découverte d’un personnage politique mystérieux, au statut très peu connu.
le bulletin .13
Dossier
Michel Forissier « Le maire, c’est le shérif du village » On le voit généralement lors des mariages ou des grandes cérémonies. Pourtant, la fonction de maire implique d’autres reponsabilités. Derrière l’écharpe tricolore se cache un officier de police judiciaire et d’état civil. Lundi 25 novembre, Michel Forissier, maire UMP de Meyzieu, nous a ouvert les portes de son quotidien. PAR maryne vialette
8 heures : arrivée à la mairie
le porte-parole, le shérif du village ! Il est là pour récolter les avis et assurer l’harmonie entre les habitants. C’est son premier et unique devoir. » Alors pour rester proche de ses concitoyens, Michel Forissier organise une réunion publique toutes les trois semaines. « La proximité crée le lien participatif », explique celui qui ne pensait pas devenir maire. Mais que fait-il quand son agenda matinal est vide ? Il signe les parapheurs empilés sur son bureau. « Parfois je dois parapher 600 documents dans la journée ! », s’exclame-t-il. Un rythme intensif dû aux nombreux arrêtés nécessaires pour le bon fonctionnement de la commune. En effet, le maire est à la fois officier d’état civil et officier de police judiciaire. Cela signifie qu’il est le représentant de l’état dans la commune. Il est donc chargé de la publication et de l’exécution des lois, de l’organisation des élections et de l’enregistrement des naissances, décès ou mariages. l’écharpe tricolore Il a aussi le pouvoir de prendre des mesures de est le symbole des élus de la police pour la sécurité de la commune. Un maire République. Le maire qui n’appliquerait pas la loi peut être démis de ses la porte sur l’épaule fonctions par le préfet. Ainsi, Michel Forissier droite tandis que établit les décrets pour les manifestations, le préfet la met sur l’épaule gauche. l’attribution des places de marché ou encore la fermeture de certains établissements. « L’arrivée d’un camion de déménagement demande une vraie organisation pour réserver des places de
« Je suis un ancien tailleur de pierres, j’ai l’habitude de me lever tôt ! », plaisante Michel Forissier. à 70 ans, le maire de Meyzieu se consacre entièrement à sa fonction électorale. Une activité à temps plein pour laquelle il est prêt à terminer à 22 heures. Réglées au millimètre près, ses journées commencent toutes par le même rituel : la lecture des journaux sur sa tablette numérique. « Il faut connaître la conjoncture actuelle et les événements importants si on veut comprendre la population », affirme le maire. Sa curiosité assouvie, Michel Forissier s’entretient avec Grégory Morel, son directeur de cabinet, « pour régler les affaires urgentes ». Elles concernent majoritairement les articles publiés après un conseil municipal ou une manifestation.
9 heures : les premiers rendez-vous
« Être maire c’est être disponible », affirme Michel Forissier. Egalement vice-président du Conseil général du Rhône et secrétaire départemental de l’UMP, l’homme trouve toujours un créneau pour recevoir les habitants. « C’est important d’être présent, d’écouter et d’aller à leur rencontre, confie-t-il. Le maire c’est 14. 4. le bulletin
Les journées les plus chargées de Michel Forissier, maire de Meyzieu, peuvent se terminer à 22 heures.
stationnement à l’avance et prévenir la population », affirme-t-il.
photo maryne vialette
10 heures : réunion pour l’urbanisme
« Il faut être très patient pour concrétiser un projet urbain. Certains ont vu le jour après neuf ou trente ans de travail », raconte le maire de Meyzieu. C’est le cas du dossier du jour : un terrain de six hectares qui pourrait accueillir 400 logements. « L’enjeu est de taille car cet endroit peut devenir un véritable cœur de vie pour la commune », poursuit Michel Forissier. Mais la tâche s’avère difficile. Le maire et son équipe doivent jongler entre les interdictions et les obligations administratives, les voies privées, les problèmes d’assainissement, ainsi que l’harmonie. Le tout « sans se mettre à dos la population ». à travers ces décisions d’urbanisme, l’élu dynamise sa commune et peut ajouter une plus-value aux propriétés. L’objectif est de faire évoluer la ville en préservant les anciennes constructions, pour attirer de nouvelles familles ou des touristes.
12 heures : la pause déjeuner
« C’est vrai que j’assiste à de nombreux repas », s’amuse ce fin gourmet. Mais au-delà de la simple pause déjeuner, ces repas relèvent d’une stratégie politique étudiée. Car ces rencontres autour d’un bon plat chaud sont l’occasion rêvée pour évoquer de futurs projets ou solliciter des subventions.
14 heures : déplacements
Au programme de ce lundi après-midi, la visite de l’Epide en compagnie de Danielle Chuzeville, présidente du Conseil général du Rhône, de Michel Mercier, viceprésident du Conseil général et de maires de communes voisines. Le statut « cumulard » de l’élu majolan lui permet
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Combien gagne le maire ?
e statut de maire est rémunéré par une indemnité qui n’est pas prise en compte pour la cotisation de la retraite. L’indemnité mensuelle brute est plafonnée en fonction du nombre d’habitants sur la commune. Les indemnités sont les suivantes : 646 euros pour moins de 500 habitants, 1 178 euros de 500 à 999 habitants, 1 635 euros de 1000 à 3499 habitants,
2 091 euros de 3 500 à 9 999 habitants, 2 471 euros de 10 000 à 19 999 habitants, 3 421 euros, de 20 000 à 49 999 habitants, 4 182 de 50 000 à 99 999 habitants, 5 512 de 100 000 à plus de 200 000 habitants. Les maires peuvent aussi recevoir une indemnité de représentation pour leurs déplacements. Le montant n’est pas plafonné, il ne doit simplement pas mettre en péril les finances de la commune.
d’inviter de nombreux confrères pour vanter les mérites de son centre de formation et d’insertion pour les jeunes en difficulté. L’objectif de cette visite est de faire connaître le centre aux autres maires, susceptibles d’envoyer des candidats volontaires. C’est aussi un excellent moyen pour promouvoir sa commune et ses actions au niveau départemental. Une reconnaissance nécessaire pour mieux défendre ses projets. le bulletin .15
Dossier
« Je laisse ma place aux jeunes »
Denis Broliquier ne s’arrête plus
Mireille Domenech-Diana, maire de Pierre-Bénite
La vie de maire ne dure pas une éternité. Mireille Domenech-Diana, maire communiste de Pierre-Bénite depuis 2001, ne souhaite pas briguer un autre mandat. à quatre mois de quitter l’Hôtel de Ville, elle est persuadée qu’elle restera très proche de son parti et des habitants. PAR OMAR BELKAAB
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à 51 ans, Denis Broliquier compte ses heures de temps libre sur les doigts d’une main. Maire UDI (Union des démocrates et indépendants) du 2e arrondissement et chargé de missions associatives pour l’école de commerce Idrac, il jongle entre ses vies politique et professionnelle. PAR CORENTIN PORCHERON
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e mange avec mes enfants deux fois par semaine. » Le propos peut surprendre mais il est bien réel. Depuis le début de sa carrière de maire, il y a treize ans, Denis Broliquier multiplie les semaines de travail de 70 heures. « C’est le prix à payer pour être un vrai maire de proximité et un employé fiable », affirme-t-il. Chaque matin, à 8 h 30, il prend son poste à l’Idrac avant d’enfiler dans l’après-midi, jusqu’à 21 h 30, son costume de maire. Si l’activité peut paraître contraignante, l’élu la considère comme essentielle, voire obligatoire, pour la bonne tenue de la fonction politique. « Aujourd’hui, il y a de plus en plus de maires qui n’ont aucune activité professionnelle en dehors de leur rôle d’élu, explique Denis Broliquier. Je considère ce phénomène comme un handicap. Comment se rendre compte des difficultés quotidiennes de nos concitoyens si nous ne sommes pas nous-mêmes des acteurs de la vie active de notre ville ? » Évidemment, au-delà de l’investissement personnel, l’aspect financier est une des motivations. Marié et père de quatre enfants, Denis Broliquier souhaite subvenir au mieux aux besoins familiaux. En multipliant les postes, le maire du 2e arrondissement touche près de 5 000 euros par mois (2 000 euros pour ses fonctions à l’Idrac, 2 000 pour son poste à la mairie et 1 000 pour son rôle de conseiller communautaire). Une activité usante, certes, mais très rentable. « Les périodes de campagnes électorales sont toujours particulières pour un élu. Il faut être réactif tout le temps. Physiquement, c’est dur », avoue-t-il. Candidat dans le 2e arrondissement pour les prochaines municipales, 16. 4. le bulletin
Denis Broliquier enchaîne 70 heures de travail par semaine. photo jean-baptiste goin
Denis Broliquier doit anticiper plusieurs mois à l’avance ses impératifs professionnels, pour appréhender son rôle à l’Idrac. Même si la période s’annonce ardue, l’élu lyonnais ne compte pas laisser de côté ses fonctions de cadre. Il s’amuse même à se comparer à « un sportif de haut niveau ».
« Physiquement c’est dur. Mais je ne connais rien de plus enrichissant » Néanmoins, Denis Broliquier n’a jamais envisagé de dissocier son activité professionnelle de sa fonction politique. « La question ne s’est jamais posée. Je pense que ça serait un choc si cela venait à se produire », raconte le maire lyonnais. Malgré le caractère éprouvant de ses semaines de travail, il n’échangerait pour rien au monde sa place. « Entre l’Idrac et la mairie, il m’arrive de travailler sur vingt dossiers différents en une journée. Sur les plans relationnel et intellectuel, je ne connais rien de plus enrichissant », poursuit-il, toujours en quête d’adrénaline. « C’est vrai que si je venais à perdre l’une de mes fonctions, il me faudrait une période de réadaptation pour retrouver la forme. Ça serait très difficile à vivre. » Mais l’homme politique a déjà pris les devants. à 15 ans de la retraite, Denis Broliquier a des projets plein la tête pour la suite de ses carrières professionnelle et politique. Un programme encore secret qui promet d’être chargé.
’ai le sentiment du travail accompli ». à 65 ans, Mireille DomenechDiana, maire communiste de Pierre-Bénite, ne souhaite pas renouveler son mandat. Elle préfère « laisser la place aux jeunes ». Passer à autre chose ne lui fait pas peur. Elle se sent prête à entamer une nouvelle vie où elle n’aura plus à prendre les décisions qui conditionnent la vie de Pierre-Bénite. Cependant, même si elle quitte la mairie, elle reste très attachée à sa commune. Rester disponible Officiellement, Mireille Domenech-Diana n’aura plus de responsabilité publique. Mais cela ne l’empêchera pas de se sentir très proche de son parti, le PCF, qu’elle a intégré à l’âge de 16 ans. Elle affirme d’ailleurs, dans l’optique où le candidat communiste remporte les élections, qu’elle « restera toujours à disposition du nouveau maire ». Après sa carrière municipale, Mireille Domenech-Diana ne souhaite donc pas tirer un trait sur la vie politique de sa commune. Elle veut continuer à apporter son expérience en donnant « quelques conseils au futur maire quand il en aura besoin ».
« J’assume ma décision, la vie de maire ne me manquera pas » Il s’agit donc de « la fin d’une vie politique intense », mais Mireille Domenech-Diana ne reviendra pas sur son choix et met en avant son âge, 65 ans. Un âge auquel elle ne s’estime plus en mesure d’être soumise à un stress permanent, dû à un emploi du temps chargé, qui nuit à sa santé. Ainsi, quand elle parle de sa vie après avoir été maire, elle confie vouloir s’accorder plus de temps libre pour « profiter de sa famille, lire, aller au cinéma et voyager ». « Je suis une fille du quartier » Mireille Domenech-Diana est citoyenne de PierreBénite depuis 1966. Par conséquent, elle a toujours été « concernée par tout ce qui touche cette commune » de 10 000 habitants. En effet, la maire affirme qu’elle se
Mireille Domenech-Diana, maire de Pierre-Bénite, ne se représente pas aux élections municipales de mars 2014. photo mairie de pierre-bénite
« sentira toujours responsable des Pierre-Bénitains ». Cet attachement à la commune, elle l’a déjà prouvé en 2011. Mireille Domenech-Diana avait arrêté sa carrière deux ans auparavant, mais après la mort de son successeur, Serge Tarassioux, le maire communiste de l’époque, elle a décidé de remettre l’écharpe. Elle témoigne : « Je ne voulais pas laisser les gens dans la difficulté. Cela a été un moment très difficile à vivre ». Ainsi, elle estime qu’un lien fort s’est développé entre elle et les habitants de la commune. « Je suis une fille du quartier, les gens me connaissent », confiet-elle. Sa longue carrière municipale explique également cette relation privilégiée avec Pierre-Bénite. En effet, avant d’occuper le poste de maire pendant près de treize ans, elle était déjà adjointe à la mairie depuis une dizaine d’années. Pendant cette période, elle s’est « efforcée de rester à l’écoute de la population, même si on ne peut pas satisfaire tout le monde ». En 2014, sa carrière prendra fin et Mireille-DomenechDiana « assume sa décision jusqu’au bout ». Sa vie de maire ne lui manquera pas. Elle pourra « passer de meilleures nuits », conclut-elle avec un brin d’humour. le bulletin .17
Dossier
Un jeune lion fait ses premiers pas dans l’arène
Comment votre maire est-il élu ?
Une première campagne municipale est une expérience particulière. Jean-Wilfred Martin, candidat UMP à Villeurbanne, le sait bien. Il s’implique pleinement dans cet exercice inédit pour lui. De son côté, Christophe Girard, candidat Divers droite à Vénissieux, renoue avec cette épreuve politique pour la deuxième fois. Ainsi, il espère que son expérience lui permette d’éviter les erreurs passées.
INFOGRAPHIE YANN FORAY ET TEXTE JANE-AMONDI ODHIAMBO
«U
Vocabulaire
ne grande aventure, un gros challenge ». à 40 ans, JeanWilfried Martin a conscience du défi qui l’attend. Pourtant, la tête de liste UMP aux élections municipales 2014 de Villeurbanne affirme être confiant et avoir toutes ses chances. Le candidat ne pense pas que son inexpérience soit un handicap, contrairement à ce que disent ses détracteurs. Il va même plus loin. En effet, JeanWilfried Martin entend représenter une jeune génération qui apporte un nouveau souffle à la politique. Il estime être capable de déloger le maire socialiste Jean-Paul Bret. Mais le candidat UMP ne dispose pas de la même notoriété que son adversaire. Pour y remédier, il a mis en place une stratégie de communication bien définie.
Le maire est élu par les conseillers municipaux
La liste gagnante obtient la moitié des sièges au conseil municipal
Le prétendant à la mairie réalise plusieurs « sondages » auprès de la population. Les questions portent sur des Jean-Wilfried Martin entend représenter une nouvelle génération sujets tels que la sécurité, l’urbanisation ou encore l’aide d’hommes politiques. Photo JWM aux personnes âgées. Selon lui, cela permet « de mieux une opportunité importante. L’objectif est clair : faire basculer comprendre les besoins des électeurs afin de mettre en la mairie à droite. à son sens, la conjoncture actuelle est place les solutions envisagées dans les meilleures conditions favorable car « il y a une usure de la majorité municipale ». possibles ». Jean-Wilfried Martin veut ainsi établir une Une usure incarnée par les nombreuses divisions qui règnent proximité avec l’électorat. Sa stratégie ressemble à celle de au sein de la gauche à Villeurbanne. Un argument que JeanChristophe Girard, candidat Divers droite à Vénissieux Wilfried Martin met en avant pour faire valoir « l’unicité » pour la deuxième fois. Ce dernier estime avoir tiré les de sa liste, soutenue par l’UDI (centre-droit), face « à une enseignements de sa défaite en 2008. Il est persuadé « qu’en majorité désunie ». allant sur le terrain, on est confronté à la réalité des besoins et Christophe Girard, quant à lui, reste convaincu que les aux aspirations de la population locale ». Les deux hommes municipales constituent un terrain politique s’accordent donc sur l’importance de « La politique est plus qui va bien au-delà des étiquettes. D’après lui, conquérir les potentiels électeurs. dangereuse que la prendre soin de ne pas se battre pour des visions guerre... à la guerre, imposées par les partis politiques est nécessaire Quel camp choisir ? vous ne pouvez être tué qu’une seule à l’échelle municipale. Estampillé divers droite, Mais pour séduire les électeurs, il ne fois. En politique, Christophe Girard ne prête guère d’attention à suffit pas d’être proche d’eux. Il faut aussi plusieurs fois. » l’étiquette politique de son équipe, composée partager les mêmes idées, qu’elles soient Winston Churchill de tous bords. « La diversité de la représentation politiques ou non. Pour Jean-Wilfried politique favorise les débats municipaux et se Martin, comme pour son parti, l’UMP, révèle efficace pour la commune », conclut-il. la commune de Villeurbanne représente
Les conseillers sont élus au prorata de la population des 58 communes du Grand Lyon. Chacune d’entre elles doit disposer d’au moins un élu.
maire
L’autre moitié est répartie à la proportionnelle entre les listes ayant obtenu plus de 5 %, y compris la liste majoritaire
Scrutin majoritaire : Le (ou les) candidat(s) qui obtiennent la majorité des suffrages exprimés sont élus.
Scrutin plurinominal :
Plusieurs sièges à pourvoir par circonscription. Plusieurs candidats peuvent se présenter isolément ou sur des listes (scrutin de liste).
Scrutin proportionnel :
« Mon manque d’expérience n’est pas un handicap »
18. 4. le bulletin
Conseil communautaire
PAR OMAR BELKAAB ET GUILLAUME BOUQUET
second tour
à partir de
des suffrages exprimés
Les listes peuvent se présenter au second tour ou fusionner à partir de 5 %
Majorité absolue
Pas de majorité absolue
premier tour
Mode de scrutin de liste. Les sièges à pourvoir sont répartis entre les différentes listes proportionnellement au nombre de suffrages qu’elles ont recueillis.
Listes bloquées :
Le nombre de candidats inscrits est obligatoirement égal au nombre de sièges à pourvoir. Les électeurs ne peuvent en modifier ni la composition, ni l’ordre de présentation (pas de panachage d’une liste à l’autre).
Vote préférentiel : Communes de plus de 1000 habitants Les électeurs votent pour une liste bloquée, sur laquelle il doit y avoir une alternance homme-femme.
Communes de moins de 1 000 habitants
Le scrutin est le même. Mais il peut y avoir des candidatures individuelles, des listes incomplètes avec panachage et/ou vote préférentiel, ainsi qu’une absence de parité.
Fléchage Le même bulletin de vote sert aussi à élire les conseillers communautaires, futurs conseillers métropolitains.
Paris, Lyon, Marseille Les électeurs élisent les conseillers de leur arrondissement qui, ensuite, désignent un maire. Ces maires et certains conseillers d’arrondissement intègrent le conseil municipal central et élisent le maire de la ville.
Les électeurs peuvent classer les candidats d’une liste selon leurs préférences.
Panachage :
Le panachage est la possibilité pour l’électeur de mélanger, barrer ou modifier sur un même bulletin de vote les noms de candidats appartenant à des listes concurrentes. le bulletin .19
Dossier
PArité
Recherche candidates, mamans s’abstenir
jouer pour retenir
Dans les 17 communes les moins peuplées du Grand Lyon, ceux qui ne se représentent pas se réjouissent. Ils n’auront pas à s’accommoder du scrutin de liste obligatoire et de la parité qui va avec. Si le faible nombre de candidats est une réalité, certains font encore preuve d’idées reçues déconcertantes. PAR Jane-amondi odhiambo
Pour avoir l’air intelligent !
«O
A. Combien de communes compte le Grand Lyon? 48 58 68
G. Combien d’heures, par semaine, Denis Broliquier travaille-t-il ? 35 50 70
B. Quel est le montant des indemnités que touche le maire d’une commune de plus de 200 000 habitants ? 2 091 euros 3 421 euros 5 512 euros
H. Quand Denis Broliquier prendra-t-il sa retraite ? Dans 10 ans Dans 15 ans Dans 25 ans
C. à quel âge Mireille Domenech-Diana a-t-elle rejoint le Parti communiste ? 16 ans 18 ans 28 ans D. Quelle est la durée, en années, du mandat de maire ? 5 ans 6 ans 7 ans E. Qui élit le maire d’une ville ? Les conseillers municipaux Les électeurs Les adjoints au maire F. Jusqu’à combien de documents Michel Forissier peut-il parapher en une journée ? 600 750 1 000
I. à quel âge Jean-Wilfried Martin se présentet-il pour la première fois aux municipales ? 23 ans 35 ans 40 ans J. Combien de sièges la prime majoritaire rapporte-t-elle à la liste gagnante ? Le tiers La moitié Les trois-quart K. Quel est le nombre de Pierre-Bénitains ? Environ 1 000 Environ 5 000 Environ 10 000 L. à quelle heure commence les premiers rendez-vous de Michel Forissier ? à 6 h 30 notez vos points ici : à 8 heures à 9 heures
/ 12
Réponses : A. 58 (p.12); B. 5 512 euros (p.15); C. 16 ans (p.17); D. 6 ans (p.12); E. Les conseillers municipaux (p.19); F. 600 (p.14); G. 70 (p.16) ; H. Dans 15 ans (p.16); I. 40 ans (p.18); J. La moitié (p.19); K. Environ 10 000 (p.17); L. 9 heures (p.14). 20. 4. le bulletin
n a des élus valables qui se représentent et qui vont devoir passer à la trappe ! » à la mairie de Curis-au-Mont-d’or, 1123 âmes*, on râle. La loi du 17 mai 2013 a abaissé le seuil déterminant le mode de scrutin des municipales à 1000 habitants. L’an prochain, toute la communauté urbaine appliquera donc la stricte alternance des sexes sur les listes électorales. à Curis, un poste d’adjoint au maire va donc se féminiser, une « contrainte » pour qui occupe la place depuis plus de dix ans et se voit rétrogradé. Ici, en 2008, on comptait presque autant de conseillers que de conseillères. Depuis, deux femmes ont démissionné.
Entre chromosomes et traditions
Les femmes seraient-elles réticentes à s’investir pour leur municipalité ? Non, mais leur quotidien ne leur permettrait pas. « J’ai parfois des conseillers qui ne peuvent pas venir aux réunions parce que l’un des deux parents est en déplacement et que l’autre doit garder les enfants », confie le maire de Curis, Xavier Léonard.
La parité en chiffres 21 avril 1944 : Les Françaises obtiennent le droit d’élire et d’être élues. 6 juin 2000 : Parité obligatoire avec alternance des sexes pour les municipales, dans les communes de 3500 habitants et plus. 11 et 18 mars 2001 : Élections, 84,2 % de femmes en plus dans les conseils municipaux. 31 janvier 2007 : Parité obligatoire sur les listes d’adjoints, aucune obligation concernant la fonction de maire. 9 et 16 mars 2008 : Élections, 35 % de femmes élues conseillères et 13,8 % de maires, toutes communes confondues. Sur les 58 communes du Grand Lyon, 11 ont une femme maire. 17 mai 2013 : Parité pour les communes de 1 000 habitants et plus. Le nombre d’adjoints élus de chaque sexe doit y être identique sans alternance obligatoire.
Des « contraintes familiales » qui semblent établies, immuables et fort regrettables pour Jean-Paul Colin, son homologue d’Albigny-sur-Saône. « Si les femmes avaient plus de temps, ça serait très intéressant de collaborer avec elles. Les femmes sont souvent plus claires dans leurs propos et plus efficaces dans la façon de travailler. » En voulant éviter le sexisme primaire, ces louanges de la gent féminine frôlent la caricature. De même, rares sont les femmes déléguées aux infrastructures ou aux sports. En revanche, la culture ou la petite enfance … « Ce sont de vieilles traditions, les femmes et les hommes sont plus sensibles à certaines thématiques », explique Jean-Paul Colin.
« Je ne vois pas comment respecter la parité avec le scrutin de liste » Positive, la discrimination ?
Apparemment, les femmes de Saint-Romain-au-Montd’or, 1092 habitants*, ont su maîtriser leurs contraintes. Pour les élus qui veulent rempiler, surprise : il y a une femme de trop ! « Qu’il y ait un souci de parité en politique c’est indéniable, mais là ça devient ridicule », commente Pierre Curtelin, conseiller municipal. « Je suis de ceux qui pensent que les choses doivent se faire naturellement. Surtout qu’il y a de fortes chances qu’il n’y ait pas de parité au second tour, car je ne vois pas comment la respecter avec le scrutin de liste. » Le véritable obstacle à la parité résiderait-il dans le mode de scrutin trop complexe qui la promeut ? Pour les élus, cette mesure de « discrimination positive » semble être la goutte d’eau qui fait déborder le vase des nouvelles obligations. « Le seuil des 1000 habitants limite le nombre de listes », explique Gilbert Suchet, le maire de Montanay. « Avant, n’importe qui pouvait se présenter seul, on pouvait rayer et panacher... Maintenant, on est obligé de présenter une liste complète avec la parité. » Ainsi, dans l’isoloir, les électeurs de ces petites communes auront, au mieux, le choix entre deux listes non modifiables. Mais avec autant d’hommes que de femmes.
* D’après le dernier recensement de l’INSEE en 2010
le bulletin .21
le témoin anonyme
stratégie
« Je n’imaginais pas voter FN il y a vingt ans » PROPOS RECUILLIS PAR REMI FARGE
L
a quarantaine, père de trois enfants, Laurent (qui ne préfère pas dévoiler son nom) n’a rien d’un électeur frontiste traditionnel. Pourtant, comme beaucoup d’anciens adhérents de l’UMP, il donnera sa voix au Rassemblement bleu marine, en mars prochain, pour les élections municipales de Lyon. Au cœur de son 3e arrondissement où il a accepté de répondre à nos questions sans détour, l’homme assume son choix. Un choix mûrement réfléchi, même si Laurent ne souhaite pas encore dévoiler son visage.
y a des gens de mon entourage qui m’ont reproché ce choix bien sûr, mais quand on discute avec eux, ils finissent par me dire « tu n’as pas tort ». Je m’attendais, en le disant, à beaucoup d’animosité, à ce qu’on ne me parle plus. Et pas du tout, car eux aussi adhèrent. Aujourd’hui, êtes-vous un électeur lambda ou êtes-vous devenu un militant ? Aujourd’hui, je suis en train de devenir un militant. Je ne suis pas encarté, je ne sais pas si je vais le faire mais, en tout cas, je sais pour qui je voterai. Donc quelque part, je suis un militant. On retrouve beaucoup de personnes qui viennent de différents partis, majoritairement de l’UMP certes, mais d’autres partis aussi. Le ras-le-bol fiscal, les problèmes d’insécurité et l’Europe rassemblent des personnes de tous horizons autour du Rassemblement Bleu Marine. à Lyon, on peut faire quelque chose, il y a une vraie dynamique qui est en train de se créer dans le 3e arrondissement.
Vous allez voter pour le Rassemblement Bleu Marine aux prochaines élections municipales. Pourquoi ? Je suis un électeur du RPR et l’UMP depuis ma première élection en 1988. Mais aujourd’hui par rapport à tout ce que j’ai pu voir, entendre, analyser, de la politique de l’UMP ou du PS, je me retrouve beaucoup plus dans les idées du Rassemblement Bleu Marine. Donc un jour, j’ai décidé d’appeler le bureau du Front national et j’ai dit « je voudrais Vous considérez-vous à l’extrêmevous rencontrer, savoir qui droite ? vous êtes ». C’était il y a deux Pas du tout, je suis juste un mois, c’est tout frais. J’ai donc patriote. J’ai des amis de toutes rencontré Romain Vaudan. religions et de toutes origines. Une personne formidable en J’ai d’ailleurs moi-même un peu qui j’ai confiance et pour qui de sang espagnol, on est très je voterai sans états d’âmes. peu de Français « pure souche ». Et après j’ai organisé des On va droit dans le mur alors Ancien électeur de l’UMP, Laurent a décidé de se rallier au réunions. Les participants se on s’en prend au Front national discours du Front national. REMI FARGE sont également reconnus dans qui monte pour éviter de perdre ses idées. sa place. La politique, avec ses promesses de campagne, c’est vraiment écœurant. Mais les Français ne sont plus Assumez-vous ce choix de voter FN ? dupes. Je prends l’exemple de ma mère qui est veuve, elle a Je l’assumerai ! Comme plein de personnes qui, vu ses impôts sur le revenu multipliés par cinq ! C’est une aujourd’hui quand on discute avec elles, nous disent « tu catastrophe pour un grand nombre de personnes… fais bien de m’en parler parce que moi aussi je vais voter FN ». Cela vous dérange-t-il d’être associé à cette frange de l’électorat Ces personnes ne se seraient pas confiées avant. Ce n’est plus qui est jugée extrémiste ? un gros mot. Je ne m’imaginais pas voter FN il y a vingt ans mais il ne faut pas oublier qu’en 2002 il y avait déjà eu un Non, parce qu’à partir du moment où on montre et on prouve qu’on n’est pas extrémiste dans nos propos et message des Français avec Jean-Marie Le Pen au deuxième nos actes, ça passe sans problème. On est compris. Moi je tour. Les politiques n’en n’ont pas tenu compte. A un n’adhérais pas au discours et au personnage de Jean-Marie moment donné, il faut prendre ses responsabilités. Le pays Le Pen mais les cadres du parti ont changé. J’invite les est dans un tel état que je ne peux pas me permettre, pour électeurs à faire l’effort d’aller à la rencontre des gens pour mes enfants, d’aller droit dans le mur. Oui je vais assumer. qui ils votent. En posant des questions, en discutant, on Si je décide de m’engager, je m’engagerai pleinement et je adhère ou on n’adhère pas. Et je peux vous assurer que parmi me battrai pour que les choses changent et qu’on arrête ces les gens que j’ai rencontrés à Lyon, il n’y a pas d’extrémiste. arrangements entre amis au niveau du conseil municipal. Il 22. 4. le bulletin
Le Front national tente sa chance Loin de se faire submerger par la vague « bleu Marine », Lyon ressent pourtant ces changements. Premier à annoncer sa liste électorale, le Front national compte se faire remarquer dans la région. L’occasion de faire le point sur la situation lyonnaise et d’analyser sa stratégie d’implantation dans l’agglomération.
L
PAR JEANNE MASSé
oin des clichés d’extremistes, Christophe Boudot souhaite incarner le nouveau Front national. Politiquement correct dans son costume impeccablement taillé, le candidat pour les municipales de Lyon n’a qu’une idée en tête : « rompre avec Gérard Collomb ». Au cœur de son programme, l’identité lyonnaise avec la sécurité, les transports et les racines historiques en têtes d’affiche. Aucun doute, le Front national mise tout sur ces municipales. Là où Florian Philippot attend « 11 % des suffrages », les candidats* entrent dans la campagne avec une mission bien précise : obtenir le maximum de sièges au conseil municipal. Même si Christophe Boudot n’espère pas plus de quatre ou cinq sièges, cette mini-victoire signerait l’entrée du Front national dans la vie quotidienne des Lyonnais. « Nous ne serons pas beaucoup au début, mais j’espère ne pas y aller seul, confie le candidat. Même si nos propositions seront forcément rejetées en masse, ce sera une étape. J’espère que nous deviendrons peu à peu le porte-parole des Lyonnais. » Dans son viseur, les 3e, 7e, 8e et 9e arrondissements, ainsi que les villes de Saint-Priest, de Vaulxen-Velin ou encore de Chassieu et Corbas. « Ces communes sont dégradées en matière d’insécurité et d’immigration », affirme Christophe Boudot. Pourtant, certaines de ces localités n’ont pas encore établi de listes FN. « Nous cherchons à implanter des gens légitimes, durablement, donc pas de remplissage », se justifie-t-il.
Le PS pourrait profiter d’une triangulaire
Les bonnes résolutions du Front national, la droite lyonnaise de Michel Havard s’en moque bien. Le candidat investi par l’UMP ne veut pas voir l’écharpe revenir à Gérard Collomb pour la troisième fois. « Voter Front national, c’est voter pour la gauche ! », crie son équipe de campagne. En divisant les voix, les électeurs de Christophe Boudot risquent de provoquer des triangulaires favorables au Parti socialiste. Accusé de collusion avec Gérard Collomb, Michel Havard ne souhaite pas répondre aux attaques du Front national. Il préfère pointer du doigt le programme Bleu Marine à travers la voix de ses directeurs de campagne. « Le Front surfe sur la vague nationale et reprend à son compte l’insécurité, l’Europe, le mariage pour tous... Aucun de ces sujets ne dépend de traitement local, pas même le problème Rom, affirme Damien Gouy-Perret. Le Front a raison sur toutes ses dénonciations car la menace est là. Mais il ne connaît pas les dossiers locaux. » Et d’ajouter avec une pointe d’ironie « le parti de Marine LePen vit dans le monde de Oui-Oui ».
Christophe Boudot a reçu Florian Philippot, vice-président du FN, le 13 novembre. PHOTO Jeanne masssé
« Le Front national n’a aucune connaissance des dossiers locaux »
La stratégie est donc de taper là où le Front est faible : la proximité. Ses rivaux raillent leurs échecs. « La seule ville où un maire a réussi à tenir un cap, c’est Orange : et encore, le maire a quitté le Front ! », note-t-on du côté de l’équipe de campagne de Michel Havard. L’adaptation se fait par arrondissement. « Si le 6e se plaint de la saleté du quartier, nous agirons là-dessus. Même chose si le 8e considère que ses rues ne sont pas sûres ». L’UMP espère gagner le coeur de « quelques incertains restés bloqués sur des problématiques nationales ». L’inquiétude est palpable pour le parti, qui souhaite faire basculer de son côté une ville aux mains de la gauche depuis 2001. Mais peu importe la guerre des clans, le ras-de-bol gagne la population française, « et lyonnaise », ajoute Christophe Boudot. « Je suis frappé par le nombre de personnes qui viennent me voir pour me demander : “Le Front national, que pouvez-vous faire pour nous ? ” » Le candidat mise sur la promesse de référendums réguliers. La même ligne que le discours de Marine Le Pen : pas sûr que cette stratégie permette au candidat du FN de remplacer Gérard Collomb. Mais ce sera peut-être l’occasion pour le parti de s’offrir quelques conseillers à l’Hôtel de Ville. * Les premièrs dévoilés de la campagne, il y a trois semaines le bulletin .23
influences
en banlieue
Des banlieues rouges de plus en plus pâles
Les municipales, un boulet médiatique ?
à la tête de quatre communes du Grand Lyon, le Parti communiste français conserve une certaine autorité, notamment au sein des villes ouvrières. Pourtant, le parti s’effondre au niveau national. Au point de perdre ses « banlieues rouges » aux prochaines municipales ?
à l’image des politiques, les journalistes préparent les municipales. à quatre mois du scrutin, stratégies éditoriales et enjeux économiques seront bientôt les principaux sujets de conversation au sein des rédactions. Mais le traitement médiatique des municipales peut connaître ses limites.
PAR AXEL BENCHINA et NORMAN STARON
PAR corentin porcheron
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L
énissieux, Pierre-Bénite, Givors et Vaulxen-Velin : toutes ces villes ont un point commun. Elles sont dirigées par les communistes depuis plusieurs décennies. Avec le record de longévité pour Vaulx-enVelin, en « rouge » depuis 1929. Mais comment expliquer un tel succès, alors que le parti ne possède que 10 députés et 14 sénateurs à l’échelle nationale ? Maurice Charrier, maire de Vaulx-en-Velin entre 1985 et 2009, avait déjà cerné le décalage entre le local et le national lors des différentes élections. « Il y a une meilleure appréciation des enjeux au niveau local de la part du parti », explique-t-il.
Un terrain propice à la gauche
Mais le succès local ne se résume pas seulement à de bons choix politiques. Historiquement, « ces villes ont une culture du monde ouvrier », rappelle l’ancien édile. Même son de cloche pour Mili Spahic, doctorant en science politique à l’université Lyon 2 : « dans ces communes, le vote est marqué à gauche du fait de leur origine. Ce sont des villes avec un fort taux de logements sociaux, où l’industrie est présente en masse ». Pourtant, si tous les maires de ces villes ont été élus au premier tour lors des dernières municipales, ils doivent faire face à la percée du Front national. Pour les législatives de 2012, les candidats du parti de Marine Le Pen ont tous fait près de 20 % au premier tour. Une montée que les élus communistes arrivent à gérer puisque, lors de ces mêmes élections, ils ont fini devant le FN... mais derrière le Parti socialiste.
Dans le quartier des Minguettes, les communistes ne font plus l’unanimité. photo axel benchina
Le vote est à gauche certes, mais plus uniquement à la gauche de la gauche. Lors de la dernière élection présidentielle, le Parti socialiste a progressé dans ces villes. François Hollande a fait quasiment le double du score de Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de Gauche (respectivement, 39 % contre 20 % en moyenne). De là à craindre un coup d’arrêt en mars prochain ? Même si « Vaulx reste à gauche de la gauche » pour Maurice Charrier, la ville, comme ses voisines, pourrait bien perdre l’éclat du rouge pour devenir un peu plus rose.
Givors : du rouge au bleu marine ? à Givors, Antoine Mellies est tête de liste Front national pour les élections. Il représente parfaitement la menace d’extrême droite, prête à battre son principal opposant, le Parti communiste français. « C’est la situation qui est extrême, ce n’est pas notre parti », rectifie le candidat. Car avec 20 % des suffrages exprimés à l’élection présidentielle en 2012, le FN semble bien le seul parti à pouvoir vaincre Martial Passi et le PCF à Givors. « Il y a beaucoup de gens qui en ont ras-le-bol de la gestion municipale de Martial Passi. Je suis le seul à oser l’affronter sur les grands sujets de la ville », estime Antoine Mellies. Pour Martial Passi, dont le parti dirige la ville depuis 1953, la montée en puissance clamée par son adversaire est à relativiser. « Lors de mon 1er mandat (Ndlr, 1995-2001), il y a eu deux élus FN au conseil municipal. Ils se sont évaporés l’un après l’autre au fil du mandat », explique-t-il. La campagne officielle n’a pas encore commencé, mais la guerre des mots est, elle, belle et bien lancée à Givors. 24. 4. le bulletin
es journalistes le savent, les municipales relèvent du parcours du combattant. Pour Frédéric Poignard, ancien rédacteur en chef du Figaro Lyon, l’intérêt du travail journalistique autour de ces élections ne peut se limiter à une course aux communiqués de presse. Il explique : « Les municipales connaissent à chaque fois des enjeux plus ou moins secrets. Un rédacteur en chef doit en avoir conscience pour donner une ligne directrice intéressante à son journal, quitte à égratigner certains candidats ». Mais derrière ce grand principe de liberté éditoriale, il y a la réalité du terrain. Après plus de vingt ans d’expérience dans le Rhône, Frédéric Poignard affirme que « les journalistes et la plupart des rédactions lyonnaises ont peur des politiques ». Et pour cause, le Grand Lyon est l’un des plus grands annonceurs pour la presse locale. Un mot de trop et la communauté urbaine peut décider de stopper son activité au sein d’un canard. Dans ce contexte, difficile d’exercer librement sa fonction de journaliste.
« La politique n’a jamais fait vendre plus de papier », selon Olivier Vassé, rédacteur en chef de Tribune de Lyon. photo corentin porcheron
Le people avant le fond
De son côté, Frédéric Poignard a vu sa profession évoluer en même temps que le traitement de la politique locale. « Aujourd’hui l’aspect people a pris le pas sur l’analyse politique », déplore-t70 % des français il. Le journaliste reconnaît qu’il n’est pas La presse contre-attaque évident de s’intéresser profondément Une réalité qui finalement n’en est ne croient plus à la politique quand les rédactions pas une selon Gérard Angel, propriétaire possèdent un effectif limité. « Un journal du journal satirique lyonnais Les potins en la politique. comme Le Progrès ne compte que deux d’Angèle. « La plupart des grandes rédactions journalistes politiques, pour s’occuper lyonnaises comme Le Progrès ou encore (sondage Nouvel Observateur de 58 communes. » Une situation que Lyon Capitale ont suffisamment de fonds d’avril 2013) l’on retrouve aussi dans les couloirs de pour prétendre à une liberté totale sur les Tribune de Lyon. « Nous sommes moins de plans financiers et rédactionnels », affirme dix journalistes et aucun d’entre nous n’est vraiment spécialisé le journaliste. Il ajoute : « à notre niveau nous sommes en politique », confie Olivier Vassé. Mais le rédacteur en une toute petite équipe et nous n’avons jamais dépendu, du chef estime que le manque d’effectif n’est pas un problème. Grand Lyon ». Même son de cloche pour Olivier Vassé, Selon lui, la politique n’est plus au centre des intérêts de rédacteur en chef de l’hebdomadaire Tribune de Lyon : la population. Un sondage du Nouvel Observateur d’avril « Les annonces du Grand Lyon ne représentent que 5% de dernier le rejoint : 70 % des Français ne croient plus nos bénéfices publicitaires. Si elles venaient à disparaître, en la politique. Le rédacteur en chef explique : « Avec la cela ne changerait pas grand-chose ». Pour Gérard Angel, conjoncture actuelle, l’argent reste le nerf de la guerre. Même le travail du journaliste n’est donc pas mis à mal à Lyon. Il si nous devons être performants sur les municipales, ce n’est conclut : « Nos élus sont relativement honnêtes. Dans une pas une période de fortes ventes. » Force est de constater que ville comme Marseille, la situation est tout autre. Quand vous la politique est de plus en plus reléguée au second plan. Si touchez aux magouilles politiques, vous touchez aux affaires les médias ont leur part de responsabilité, il faut tout même mafieuses. Dans ce contexte le rôle du journaliste devient très noter qu’ils ne sont pas seuls sur le banc des accusés. vite limité ». le bulletin .25
un lieu, des enjeux
Les absents de
l’isoloir à lyon
Les étudiants délocalisent leur vote
étrangers aux urnes
Un habitant du Grand Lyon sur dix est étudiant. Il y réside, y consomme et y vit au quotidien. Pourtant, il n’y votera sans doute pas : la plupart des étudiants rejoignent les isoloirs de leur commune d’origine.
Ghali et Lorenzo n’ont pas les mêmes droits électoraux. La raison : leur nationalité. En France, les élections locales ne sont ouvertes qu’aux étrangers communautaires, c’est-àdire aux membres de l’Union européenne.
PAR alisson fornage
PAR alisson fornage
photo Corentin porcheron
«C
haque week-end d’élection, je dois prévoir de prendre le train pour rentrer chez mes parents, explique Justine, élève en deuxième année de lettres classiques. Et puis on va voter en famille le dimanche matin. » Bien qu’elle réside dans l’agglomération depuis trois ans, c’est dans sa petite commune d’origine de Cercier, en Haute-Savoie, qu’elle rejoindra les bureaux de vote en mars 2014 pour les élections municipales. Comme elle, la plupart de ces étudiants « expatriés » préfèrent donner leur suffrage dans la commune où ils ont grandi. Rares sont ceux qui effectuent un changement d’adresse pour figurer sur les listes électorales de leur ville d’adoption. Il ne suffit pourtant que de remplir le formulaire d’inscription classique, accompagné d’une pièce d’identité et d’un justificatif de domicile. Justine ne compte pas franchir ce pas, car selon elle, « les étudiants ne se sentent pas fixés définitivement dans la ville où ils étudient. On peut facilement être amenés à changer de département d’une année à l’autre. Alors ça peut sembler inutile de voter pour un maire qui sera en 26. le bulletin
place pendant six ans. » Dans les communes du Grand Lyon, un habitant sur dix est étudiant, soit plus de 125 000 jeunes. Alors ce sont plusieurs milliers de « votants fantômes » qui, en 2014, éliront leurs représentants pour une commune dans laquelle ils ne résident plus. C’est aussi le cas de Lena. Il y a quatre ans, la jeune femme a quitté le domicile parental de Chambéry pour une école d’art. Aujourd’hui élève en seconde année de BTS textile, Lena se considère « en transit » dans la région lyonnaise. Elle s’intéresse davantage à la politique de sa ville d’origine, Chambéry. « La maison de mes parents se trouve là-bas, c’est mon futur héritage, explique-t-elle, je préfère voir loin dans le temps. » En mars 2014, dans de nombreuses communes de France, les électeurs fantômes viendront glisser leur bulletin avant de repartir. L’essentiel est qu’ils ne perdent pas le chemin des urnes. Lors des municipales de 2008, l’abstention des 18-24 ans avait été quatre fois plus importante que lors de la présidentielle de l’année précédente.* * Chiffres Insee : décembre 2008.
L
orenzo est Italien. Ce trentenaire a été muté X et que le roi pense Y, et bien on fera Y parce que le roi l’a à Lyon il y a quatre ans. Un poste provisoire. dit. » Scolarisé dans une école française depuis la maternelle, Aujourd’hui, Lorenzo se sent Lyonnais. Ghali a toujours baigné dans un univers bilingue, dans une En couple, il a acheté un appartement, et famille qui fêtait Noël autour d’un sapin. Il déplore l’injustice aimerait demander la nationalité française. juridique qui existe en France entre les étrangers de l’UE et Quand il apprend récemment qu’il peut voter aux les étrangers d’ailleurs, « comme s’il existait des étrangers de élections locales, c’est la bonne surprise. « Je n’avais seconde zone ». jamais été informé de ça. Je ne me suis jamais posé la Lorenzo sera bientôt inscrit sur les listes électorales et question car dans mon pays ce n’est pas possible. » En effet, passera dans l’isoloir en mars, comme les autres Lyonnais. les autorités semblent peu valoriser ce droit. Ce manque Il prend son rôle d’électeur au sérieux. « Même si je préfère le de communication explique la faible participation Parti socialiste, dit-il, je vais me renseigner sur les programmes des étrangers communautaires aux élections locales. de chacun. Pour les élections locales, il faut aussi étudier le « C’est dommage, déplore Lorenzo, on nous demande candidat. » Ghali, lui, n’aura pas l’opportunité de s’exprimer. des impôts locaux et de s’intégrer, alors c’est normal à Selon lui, accorder le droit de vote aux élections locales à tous partir du moment où chacun joue le jeu et participe au les étrangers serait « une très bonne chose car certains sont en bien commun, d’avoir aussi des droits et d’en France depuis 20 ans, ont des enfants ici, paient LE droit de vote des des impôts et ont leur mot à dire. Mais personne profiter. » étrangers aux Ghali est d’accord avec lui. Toutefois, ce ne les écoute ». Il est convaincu que, si la loi élections locales jeune étudiant n’est pas autorisé à glisser était une proposition était adoptée, cette population pourrait avoir un bulletin dans l’urne, au motif qu’il est un véritable poids électoral. « Il faudrait un de François mitterrand en 1981. sentiment d’appartenance au pays, mais je n’ai Marocain. Voilà trois ans qu’il vit à Lyon, au rythme de l’actualité française : il se réveille pas l’impression que tous se sentent appartenir avec la radio et feuillette les journaux en à la France », affirme Ghali. Il pense retourner rentrant de ses cours. « J’ai suivi les trois au Maroc à la fin de ses études. Mais s’il venait dernières élections présidentielles, c’est très à rester à Lyon pour travailler et vivre, il se différent du Maroc où, si la majorité pense sentirait « légitime pour voter ».
Pourquoi tant d’atermoiements en France autour du droit de vote des étrangers ? Il y a des blocages politiques et institutionnels qui rythment cette question. Les politiques considèrent l’octroi de ce droit comme trop coûteux électoralement, car il est trop impopulaire. Sans compter qu’il vise une population qui, finalement, leur apparaît comme ayant peu d’intérêt électoral. Il y a également une modification constitutionnelle à effectuer, qui peut paraître difficile, car il faut avoir plus de la majorité, à la fois à l’Assemblée nationale et au Sénat. Pourquoi le sujet est-il si délicat chez nous ? Dans l’idéal typique républicain, il y a l’idée qu’il faut être intégré, que l’objectif est d’appartenir à la société française.
Cependant, dans des pays comme le Royaume-Uni, la question ne se doctorante en science politique pose pas en termes à Lyon II, dont la thèse est la construction d’intégration, mais des politiques municipales d’intégration en termes de vivre des étrangers Propos recueillis ensemble sous forme par Alisson Fornage de communautés qui coexistent. Là-bas, distinguer nationalité et citoyenneté est sans termes administratifs et a été peu placé doute plus facile qu’en France. sur la scène politique. La politisation de l’immigration est une tendance bien Plusieurs pays européens ont accordé le droit française, qui s’explique par des facteurs de vote aux élections locales aux étrangers. qui remontent aux années 1970. Mais la loi Le débat a-t-il été mouvementé ? a posé beaucoup moins de problèmes dans Les Pays-Bas accordent le droit de les autres pays. C’est d’ailleurs un argument vote aux étrangers. Il n’y a eu aucune mis en avant par les défenseurs du droit de controverse, le débat a plutôt été mené en vote des étrangers.
Trois questions à Anouk Flamant
photo alisson fornage
Rares sont les étudiants qui s’inscrivent sur les listes électorales de leur ville d’adoption.
le bulletin .27
L’agenda chargé d’une cumularde Adjointe à la mairie de Lyon et parlementaire européenne depuis 2009, Sylvie Guillaume a décidé de ne pas se représenter aux futures élections municipales, suite à la dernière mouture (voir encadré) de la loi sur le non-cumul des mandats. Ce texte prévoit une incompatibilité entre l’exercice de député européen et un mandat exécutif local. PAR AXEL BENCHINA et jean-baptiste goin
«D
ès mon élection au Parlement européen, en 2009, je me suis posé la question de la compatibilité pratique de mes deux mandats », confie l’élue en charge des affaires sociales. « Mais le chef de l’exécutif local [Ndlr, Gérard Collomb] a vivement souhaité que je garde mon poste d’adjointe ». Aujourd’hui, Sylvie Guillaume partage donc sa vie politique entre Lyon, Bruxelles et Strasbourg. Un programme harassant, réglé au millimètre attend la parlementaire européenne toutes les semaines. « Les trois premières semaines du mois, je partage mon temps entre Lyon et Bruxelles. Le lundi et le vendredi sont consacrés au travail local, soit à la mairie, soit à ma permanence parlementaire. Je me rends au siège du Parlement européen du mardi matin au jeudi soir. Pour finir le mois, je vais quatre jours à Strasbourg pour les sessions plénières du Parlement », explique-t-elle.
Une cumularde exigeante
L’exigence personnelle est donc un élément essentiel pour pouvoir mener à bien les différents projets. Mais la députée relativise et garde le sourire, consciente de la chance qui est la sienne de participer activement à une vie politique en pleine évolution. « C’est au prix de cet engagement que l’on arrive à mener à bien tous les projets entrepris, à n’importe quelle échelle de décision politique. Cet engagement fait que l’on est reconnu pour notre travail », confie Sylvie Guillaume. La parlementaire européenne met en avant son avantage d’appartenir à une municipalité puissante. « Je ne suis pas
28.4. le bulletin
Pour concilier ses deux mandats, l’emploi du temps de Sylvie Guillaume est réglé au millimètre. photo jean-baptiste goin
seule face aux problèmes. J’ai la chance d’avoir un CCAS (Centre communal d’action sociale) avec 420 employés. C’est une mécanique puissante qui a ses habitudes et qui peut tourner presque seule », poursuit l’élue. Malgré tout, Sylvie Guillaume estime qu’il existe un véritable problème pour les élus. « La soutenance de projets devant différents acteurs devient très difficile, concède-telle. Organiser des déjeuners, passer des heures en réunion pour essayer de convaincre de la nécessité d’un projet, ce n’est objectivement plus possible pour moi. Cet aspect de la vie politique me fait dire que la situation est devenue presque intenable. » Une situation qui a donc poussé l’adjointe à ne pas se réengager auprès de Gérard Collomb pour les prochaines échéances municipales. Et quand on lui demande si cette perte du mandat communal peut nuire à son ancrage local, la députée européenne n’hésite pas une seconde : « la question du lien avec les préoccupations des Français ne s’exprime pas nécessairement par l’existence d’un mandat supplémentaire. On reste l’élu d’une circonscription, d’un territoire. Je pense et j’espère que je rencontrerai plus de gens pour mener à bien mes projets européens si je ne suis plus adjointe à Lyon ». Et côté vie familiale et personnelle, Sylvie Guillaume décrit un « degré d’organisation acrobatique » pour arriver à dégager du temps pour ses jeunes enfants. « L’avantage, c’est qu’une situation de cumul oblige à faire des choix simples et concrets. Mais je ne ferai jamais peser sur ma famille mes choix politiques ou électoraux », conclut celle qui restera élue municipale encore quatre mois.
Trois questions à Sébastien Gardon professeur de science politique à l’IEP de Lyon Propos recueillis par Axel benchina
« Gérard Collomb fait peur » Un député-maire de banlieue parisienne a demandé à sa femme de se présenter aux municipales de 2014, pour ne pas lâcher définitivement le contrôle local. Cette réforme du cumul des mandats ne pousse-t-elle pas à la perversité ? Le cumul des mandats est un enjeu. Un enjeu qui pose problème notamment à Gérard Collomb. Il milite pour garder ses mandats de maire et de sénateur car, selon lui, il est important d’être présent au niveau local et au niveau national. Son explication se défend puisque c’est à partir du local que l’on peut expérimenter des choses et les reprendre au niveau national. Après,
il faut rappeler que c’est une loi mise en place par la gauche mais qui met dans l’embarras le Parti socialiste. Ce sont eux qui ont le plus d’élus locaux et le plus de cumulards. Le plafonnement des indemnités destiné aux députés-maires suffit-il à empêcher les élus de cumuler ? Il y a du bon et du moins bon dans ce système. Cette pratique est un peu malsaine puisque c’est un système de redistribution d’argent qui, finalement, fait vivre toute une série d’hommes politiques. Cependant, la limite, qui est fixée à une fois et demie l’indemnité de base des parlementaires me semble être
Les indemnités des cumulards : un vrai sport national L’argent ne serait-il pas la véritable raison qui pousse les élus à cumuler ? L’écrêtement, concept instauré en 1992, fixe un plafond pour le cumul des indemnités des élus à 1,5 fois l’indemnité de base des parlementaires. Concrètement, un parlementaire qui a aussi un mandat local ne peut pas toucher plus de 9 730 euros. En effet, le code général des collectivités territoriales explique qu’un maire, un adjoint ou un conseiller municipal ne touche pas de salaire dans l’exercice de ses fonctions. Une indemnité et des remboursements de frais sont prévus pour dédommager les élus locaux. Indemnités versées aux élus, à Lyon (valeur brute mensuelle) Maire central 8 268,20 euros Adjoint au maire central, maire d’arrondissement
3 213,20 euros
Conseiller municipal, 1 311,50 euros adjoint au maire d’arrondissement Conseiller municipal délégué
1 311,50 euros
Photo axel benchina
débat
une bonne norme. Après, je le répète, le système est à repenser en rendant plus transparent le mécanisme de redistribution. Gérard Collomb concentre-t-il trop de tâches et sa politique de cumul nuit-elle à Lyon ? Forcément. Quelque part, Gérard Collomb fait peur à cause de sa position dominante parce qu’il a plus de poids et de notoriété que le président de région ou le président du Conseil général. En étant maire de Lyon, il cumule toute une série de fonctions honorifiques. Donc c’est forcément gênant sur le plan démocratique, surtout si on gouverne de matière un peu autoritaire, comme dans le cas de Gérard Collomb. De plus, je pense qu’il garde en tête l’idée d’être ministre et, pour le devenir, mieux vaut avoir une visibilité importante.
« Le cumul des mandats, une spécificité française » « Plus question d’être ministre et élu local », Lionel Jospin est clair. Dans son rapport présenté il y a un an, le 9 novembre 2012 exactement, l’ancien Premier ministre fait le point sur le cumul des mandats, qui « cristallise aujourd’hui les malentendus entre les citoyens et les élus ». Lionel Jospin considère la tâche de membre du gouvernement suffisamment lourde. Retraité de la vie politique depuis dix ans, l’ancien Premier ministre ne voudrait-il pas prendre exemple sur les gouvernements étrangers ? La Suède ou les Pays-Bas ont, en effet, opté pour cette option en 2008. Comme l’affirme Lionel Jospin, « le cumul des mandats est une spécificité française ». En 2017, la loi contre le cumul doit entrer en vigueur. Si c’est le cas, une fonction de parlementaire ne pourra pas s’additionner avec un mandat exécutif local (maire, président de conseil régional ou général, adjoint, vice-président, etc.). Cette règle s’appliquerait également aux députés européens à partir de 2019. le bulletin .29
histoire drôle
le palmarès insolite
des maires de lyon
PAR Lucile VIVAT
é le 5 juillet 1872, à Troyes, dans un milieu modeste, il fait des études de lettres au lycée de la Roche-sur-Yon. Grâce à l’obtention d’une bourse, il peut entrer à l’école normale supérieure et devenir enseignant de rhétorique. Il est nommé pour enseigner au lycée Ampère, à Lyon. Il entre en politique en commençant par dispenser des cours d’enseignements supérieurs municipaux. Excellent orateur, un véritable fan-club se crée autour de lui. Il rejoint le parti Radical, est élu au conseil municipal en 1904, puis devient maire dès l’année suivante. Dans la suite de sa carrière, il devient sénateur du Rhône, puis président du parti Radical. Président du Conseil, il dirige le gouvernement entre 1924 et 1925. Ensuite, il prend la présidence de la Chambre des députés. Il exprime ses réserves au Maréchal Pétain, ce qui lui vaudra d’être déporté. à son retour en France, Edouard Herriot est réélu président de l’Assemblée nationale en 1945.
Anecdotes Nous devons à édouard Herriot : La foire de Lyon en 1916 Le premier stade de Gerland Le quartier des Etats-Unis. Un professeur réputé Le maire lyonnais est aussi un professeur hors pair. En effet, pour retenir Edouard Herriot, alors convoité par l’université de la Sorbonne à Paris, le proviseur du lycée Ampère crée la première classe supérieure de rhétorique, autrement dit la première classe de khâgnes de province ! 30. 4. le bulletin
Edouard Herriot
1. Qui est le tout premier maire lyonnais de la République ?
Antoine Gailleton Antoine Nivière-Chol Antoine Marie Bertrand 2. Au total, combien d’années Edouard Herriot a-t-il été maire de Lyon ?
46 ans 61 ans 52 ans
La plus longue durée de mandat et le plus jeune maire Suite à la nomination de son prédécesseur, Victor Augagneur, au poste de gouverneur de Madagascar, le jeune professeur Herriot est élu par le conseil municipal en 1905. Il est élu avec 30 voix sur 52 votants au total. Il n’a alors que 33 ans ! Au total, Edouard Herriot sera élu neuf fois : en 1908, 1912, 1919, 1925, 1929, 1931, 1935, 1947 et 1953.
Médaille d’or de la longévité Pas du tout destiné à une carrière politique, Edouard Herriot sera finalement celui qui restera le plus longtemps dans le fauteuil de maire de Lyon. Il y passera 52 ans. Et il assurera cette fonction jusqu’à sa mort, le 26 mars 1957.
Des historiens ont réalisé ce portrait robot d’Antoine Marie Bertrand, car aucune iconographie de ce maire (1793-1796) n’existe. illustrations bernard rosa
L
e nom d’Antoine Marie Bertrand rappelle l’une des périodes les plus noires de l’histoire lyonnaise. Son mandat correspond à l’époque où le mot révolution rime avec répression. Il succède à Nivière-Chol (voir ci-contre) et devient maire de la capitale des Gaules en 1793. Lorsque l’on fait des recherches sur ce personnage on s’aperçoit qu’il a presque été effacé de la mémoire municipale. Il n’existe d’ailleurs aucune rue qui porte son nom dans la ville ! En arrivant au pouvoir, il veut instaurer une République des pauvres. Une imposition sur les riches est créée. Bertrand doit faire rapidement face à un soulèvement du peuple lyonnais qui le conduira en prison. Libéré puis à nouveau arrêté à Paris, il sera finalement fusillé le 9 octobre 1796.
Le plus gros maire de tous les temps Surnommé l’homme des banquets, il possédait une bedaine impressionnante. Un ventre qui fait partie du personnage On retient surtout d’Édouard Herriot qu’il est resté un maire populaire, grâce à son coté intellectuel et humaniste. Il a aussi été un ambassadeur de la gastronomie : « Je représente la tradition lyonnaise dans ce qu’elle a de permanent, depuis un bien grand nombre d’années ». Ce n’est pas pour rien qu’il détient la médaille d’or du maire le plus gros, en terme de tour de ventre !
illustration archives municipales de lyon
photo Archives municipales de lyon
N
« Une ville que je chérissais comme une femme »
Réponses : 1. Nivière Chol ; 2. 52 ans.
édouard Herriot Le cumulard des records
Quiz
Antoine Marie Bertrand La mort la plus brutale
Antoine Gailleton Né sur un pont
Antoine Nivière-Chol Le plus court mandat Aucun portrait d’Antoine Nivière-Chol n’a été retrouvé.
Son nom ne vous dit peut être rien, pourtant Antoine Nivière-Chol détient le triste record du passage le plus rapide au poste de maire de Lyon. Il n’est resté que 74 jours en fonction, entre le 5 décembre 1792 et le 17 février 1793. Il est le tout premier maire lyonnais de la République. Il est élu pour sa personnalité discrète, mais présent. Un atout indéniable dans une France post-Révolution très instable. Il est pourtant rapidement déstabilisé par le conseil général de la commune qui souhaite le renverser. C’est un personnage difficile à cerner. Il est perçu comme un sauveur car il aurait réussi à épargner un énième bain de sang en plaidant la clémence pour 300 prisonniers de la prison de Tarare. Mais il est aussi appelé « le maire lâche » car il aurait déserté son poste. Malgré ses détracteurs, il est réélu mais refuse sa fonction !
Ce maire, fervent républicain et aujourd’hui peu présent dans la mémoire collective, a eu une naissance des plus originales. Il vient au monde le 17 novembre 1829 sur le pont de Pierre, aussi appelé le pont de Change, où sa mère y vendait des oranges. Si ce pont n’existe plus de nos jours, il était l’un des premiers à enjamber la Saône à Lyon. à cette époque, les mariniers et les riverains avaient coutumes d’appeler la rive gauche de la rivière « le Royaume » et la rive droite « l’Empire ». La raison est simple, la Saône servait autrefois de frontière naturelle entre l’Empire germanique et le Royaume de France. Le pont de Change accueillait encore, à la fin du XIXe siècle, de nombreux petits marchands. le bulletin .31
Le manifeste de la rédaction
la revue des municipales du Grand Lyon
P
rendre le temps de voter et de s’intéresser à la vie politique sont des éléments essentiels pour garantir la vie politique française. Une conviction pourtant tombée en désuétude dans une société où les citoyens ne font plus confiance aux hommes politiques. Mais comment se plaindre des dirigeants sans avoir fait un tour du côté de l’isoloir ? La rédaction du Bulletin persiste et signe : le vote reste une arme solide. Héritée de combats sociaux et de revendications féminines, cette chance est un fondement de la République. C’est pour toutes ces raisons que la rédaction a choisi d’étudier les prochaines municipales sous un angle décalé. Apporter un vent nouveau sur la politique et rendre le fonctionnement du pouvoir accessible à tous, tels sont nos objectifs.
Voter, c’est être libre
Les idées politiques résultent d’une liberté de penser qui se construit au cours de notre socialisation. Souvent orientés par la vision de nos proches, nous développons notre propre sensibilité face aux mœurs. Prendre la peine de choisir un bulletin avant de l’insérer dans l’urne c’est exprimer librement notre perception du futur. C’est aussi ajouter sa voix, indépendamment et sans contrainte, pour empêcher les autres de décider à notre place. Voter c’est donc ne pas être esclave du choix de ses pairs.
Voter, c’est exister
à l’heure où le vote n’est pas accordé à tous les résidents français, il est primordial de jouir de cette chance. Car au-delà de l’acte symbolique, voter nous donne un pouvoir : celui d’exister en tant que citoyen aux yeux du gouvernement. Un pouvoir qui fait la devise de la République, « par le peuple et pour le peuple ». Voter, c’est prouver que l’on est attentif à la gestion de son pays et que notre pensée compte autant que celle des autres. N’oublions pas que l’émancipation passe par la reconnaissance. Une chose que les femmes ont bien compris lorsqu’elles ont voté pour la première fois, lors des municipales du 29 avril 1945.
Voter, c’est être responsable
Bien que voter ne soit pas obligatoire, c’est tout de même un devoir moral. L’inscription «Voter est un droit, c’est aussi un devoir civique » sur les cartes électorales encourage le citoyen à assurer le bon fonctionnement de la démocratie. L’enjeu du XXIe siècle est justement de raviver ce sens du devoir, parfois laissé aux oubliettes. Car la politique de l’autruche n’est pas la solution idoine pour léguer les valeurs de la République aux générations futures. Au contraire, voter c’est affirmer son sentiment d’appartenance et assumer son rôle de citoyen, fondement solide de notre système politique.