Lyon 2.0 iscpa lyon

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DÉCEMBRE 2016 - N°1

DOSSIER

CES FEMMES QUI FONT LE WEB À LYON CYBERHARCÈLEMENT

ALERTE DANS LES COURS DE RÉCRÉ EXCLUSIF

AULAS

DÉVOILE SA STRATÉGIE

TWITTER

N°1 DÉCEMBRE 2016


SOMMAIRE <<<<<<< 4 MISE À JOUR 6 ÉCONOMIE

• L’actu du web à Lyon • Web lyonnais: entre alliance et concurrence • Vie et mort d’une start-up

8 MÉTIERS DU WEB: OÙ SONT LES FEMMES ?

DOSSIER 8 LES PATRONNES

12 CATHERINE CERVONI, reine du blogging

DOSSIER

DU WEB À LYON

16 In Real Life 8 ENQUÊTE 18 22 MÉDIAS 18 24 LA TOILE LYONNAISE 26 E-LEARNING 28 E-NOV’ 30 LE GUIDE DU ROUTEUR

13

GirlzInWeb, networking entre femmes du web

14

CORINNE KUREK, webmaster baby-boomer

15

BÉRYL BÈS, mentor des femmes

• Quand la toile rapproche les Lyonnais • Que reste-t-il des cybercafés ? Le HARCÈLEMENT 2.0 empoisonne la cour de récré

I-

20

Les FORCES DE L’ORDRE NUMÉRIQUE en surcharge

BA

18

POL

D GE

• Pure players, un modèle qui séduit les médias locaux • La désillusion des pure players lyonnais

• JEAN-MICHEL AULAS

« Je prends un plaisir infini sur Twitter »

• TPE/PME : Une transition au numérique délicate • Mamie apprend le web

• Les nouveaux métiers du web

• TOP/FLOP : le test des applis lyonnaises • 3 questions à JEAN-LOUIS BRUNET

+

L’AGENDA des événements web à Lyon

LYON 2.0


>>>>>>>>>>> ÉDITO BIENVENUE DANS LA «SILISAÔNE VALLEY» MARLÈNE THOMAS

S

ouvent comparée à une toile d’araignée géante, le web est généralement présenté comme un monde sans frontières, un espace indépendant de toute gouvernance ou de marquage de territorialité. C’est le propos que tenait John Perry Barlow, en 1996, dans sa Déclaration d’indépendance du cyberespace. Parler de web local serait donc un paradoxe. Pourtant, vingt ans après, la réalité est toute autre. Aujourd’hui, évoquer un cyberespace global relève assurément de l’utopie. Entre les régulations des États et l’hégémonie des grandes firmes comme Google ou Facebook, le web s’ancre de plus en plus dans les territoires, mais pas seulement au niveau national, le local a aussi son rôle à jouer. Deuxième ville de France au plus fort rayonnement numérique après Paris, selon le classement Factory NPA sorti en avril 2015, Lyon se sert du web pour accroître son attractivité. Emplois salariés, entreprises, événements, formations, associations, cluster, incubateurs et accélérateurs de start-up (voir infographie p. 5), tous participent à la création d’un écosystème web lyonnais dynamique, qui vaut, à juste titre, à la Métropole le surnom de « SiliSaône Valley ». L’innovation digitale n’est enfin plus l’apanage des États-Unis ou des grandes capitales européennes comme Paris, les villes de province sont entrées dans la course.

© MANON DOGNIN

UN BESOIN DE PROXIMITÉ

Face à la mondialisation, les internautes expriment aussi le besoin de retrouver sur Internet des informations et services locaux. Un moyen de redécouvrir une forme de proximité bienvenue au sein d’un monde dématérialisé. En 2014, une étude de Ipsos MediaCT montrait que 84 % des utilisateurs de tablettes et d’ordinateurs effectuaient des recherches locales, une proportion qui s’élevait à 88 % sur les smartphones. Le message a été bien reçu par certains commerçants et entreprises lyonnaises qui investissent de plus en plus le web. L’exemple de P’titmarché.com, qui propose de commander les produits du marché de producteurs locaux directement via Internet, est particulièrement parlant. Un bon exemple de transition numérique, dont devraient s’inspirer nombre de professions, afin de continuer à se développer dans les années à venir. Marlène Thomas, rédactrice en chef

N°1 DÉCEMBRE 2016

 @Ly20n_ DIRECTRICE DE PUBLICATION ISABELLE DUMAS RÉDACTRICE

MAQUETTE

EN CHEF

& DESIGN

MARLÈNE

SAMUEL LEGRESLEY

THOMAS JOURNALISTES THIBAULT AUCLERC

THIBAULT AUCLERC SECRÉTAIRES

ANGÉLIQUE BERNARD

DE RÉDACTION

MANON DOGNIN

VICTORIA HAVARD

HUGO DERVISSOGLOU

ANNE RIVIÈRE

PHOTOGRAPHES

VICTORIA HAVARD

MANON DOGNIN

SAMUEL LEGRESLEY

ANGÉLIQUE BERNARD

SELENA MINISCALCO

DIRECTEUR

LOÏS RICHARD

DE RÉDACTION

ANNE RIVIÈRE

OLIVIER VASSÉ

GRÉGORY ZERBONE

EN COUVERTURE, Béryl Bès, fondatrice de MyAnnona, plateforme de crowdfunding pour femmes. © MANON DOGNIN


MISE À JOUR  <<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<< 4 <<<<

La liaison autoroutière Lyon/ Bourgoin-Jallieu est l’une des plus fréquentées. C’est pourquoi la plateforme de covoiturage IDvroom et la société d’autoroutes Area lancent l’application Pop & Vroom. Son but? Proposer un service de covoiturage dédié à ce trajet. Le service est téléchargeable dès à présent sur Android et sera en phase de test les six prochains mois.

65%

LYON, CAPITALE MONDIALE DU WEB EN 2018

C’est acté. La capitale des Gaules accueillera l’édition 2018 de la WWW Conference (World Wide Web Conference). Plus de 4000 participants sont attendus entre les mois d’avril et mai, la date précise n’ayant pas encore été communiquée. C’est la seconde fois que la ville est désignée pour héberger ce grand événement, souvent propice aux grandes annonces scientifiques et technologiques.

DES PROJETS INCUBÉS À LYON PORTENT SUR LE WEB

Le web est aujourd’hui au cœur de plus en plus de projets chez les incubateurs lyonnais. « Beaucoup de jeunes veulent lancer leurs applications, le web ouvre énormément de portes, ils ont donc moins d’à priori à se lancer », analyse Pierre Poignat, le directeur de l’incubateur de l’université Lyon III. Aujourd’hui, on lui propose deux fois plus de projets destinés au web qu’il y a cinq ans. Une évolution favorisée selon lui par le label Lyon French Tech depuis 2015 : « Cela a donné une vraie dynamique, c’est le deuxième label French Tech le plus important. Grâce à cela, les start-up peuvent mieux se faire connaître. L’Association de Lyon est une vraie structure d’accompagnement, c’est un vrai plus, les gens coopèrent. » Virginie BoissimonSmolders, la responsable des programmes d’incubation à l’EM Lyon, l’un des incubateurs les plus importants de la ville avec une centaine de projets accompagnés chaque année, observe une tendance : « Les plateformes d’intermédiation entre plusieurs vendeurs et plusieurs acheteurs marchent très bien aujourd’hui. » De son côté, Pierre Poignat remarque une mode dans le domaine de la nourriture.

Un de plus ! Après Foodora ou Deliveroo, Uber déploie aussi son service de livraison de repas à domicile à Lyon. Malgré un secteur déjà saturé, Uber n’a pas peur de s’imposer et profite déjà d’une base de clients, grâce à son service de VTC. Selon Lyon Capitale, la marque prévoit certaines exclusivités pour se démarquer de la concurrence. © MANON DOGNIN

POP & VROOM DIRECTION BOURGOIN

UBER EATS DÉBARQUE À LYON

POMELAW, LES AVOCATS DU WEB L’idée est originale : simplifier les démarches des TPE-PME, via une plateforme web collaborative. Les avocats Julie Le Goff et Raphaël Cottin sont à l’origine de ce projet ambitieux. Il vise à dépoussiérer l’image de la profession et à rendre les services de cette dernière accessibles à tous. Conseils et dialogues sont les maîtres-mots de l’outil Pomelaw. Les fondateurs espèrent, à terme, devenir les acteurs les plus importants du droit des affaires en ligne. © MANON DOGNIN

© MANON DOGNIN

L’ACTU DU WEB LYONNAIS

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>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>  MISE À JOUR

©

UPLUST, L’INSTAGRAM DU X

MA NO N DO GN IN

L’homologue coquin d’Instagram existe. Son nom ? Uplust, et c’est un Lyonnais qui l’a créé : Quentin Lechemia, 26 ans, fan de codage. C’est en 2013 qu’il lance sa sulfureuse start-up, baptisé Pornostagram, avant d’être renommée Uplust sous la pression d’Instagram. « J’essaye de décomplexer les personnes et de magnifier le porno. Ce n’est pas un site dégueulasse », confiet-il à l’époque au site Focusur. L’application permet de prendre des photos dénudées, de les retoucher avec des filtres pour les partager avec des hashtags. Fesses, sexes, tétons… Pas question d’appliquer une quelconque censure aux photos des membres. Fin 2015, le réseau social sexy comptabilisait plus de 210 000 inscrits et 3 millions de photos affichées par jour. L’an dernier, Uplust a bénéficié de gros investissements de la part de Marc Dorcel. C’est le côté amateur qui a séduit le roi du X français. Si Quentin Lechemia n’oublie pas la France, c’est surtout vers les USA - où se réalise 80% du trafic d’Uplust - qu’il mise. Pour pousser encore plus loin la parodie, il crée en 2016 une version caliente de Candy Crush, où les bonbons sont remplacés par des fessiers.

TRAVAUXLIB, LE «WEBMAKER» DE 2016 À l’occasion des jours « les plus web de l’année », la Blend Web Mix organise le Blend Start Up Concept, qui récompense les jeunes pousses les plus prometteuses du web. C’est Travauxlib qui a été choisie lors de cette édition 2016. Cette plateforme permet d’estimer le coût de travaux en ligne et de faire appel à des professionnels vérifiés. Rendez-vous les 26 et 27 octobre 2017 pour désigner un nouveau vainqueur.

BAD BUZZ POUR UN BLOGUEUR VÉNISSIAN

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LA LEVÉE DE FONDS DES MÉTIERS DU NUMÉRIQUE EN 2015 À LYON A REPRÉSENTÉ

LYON, SECOND PÔLE NUMÉRIQUE FRANÇAIS

200

7000 50000 C’EST LE NOMBRE D’EMPLOIS DANS LE NUMÉRIQUE SUR LA MÉTROPOLE LYONNAISE SOURCES L’OBSERVATOIRE DE LA FILIÈRE NUMÉRIQUE, LE CLUST’R NUMÉRIQUE, ONLY LYON © SELENA MINISCALCO

N°1 DÉCEMBRE 2016

C’EST LE NOMBRE D’ENTREPRISES DU NUMÉRIQUE À LYON

72% 9%

© MANON DOGNIN

Il aura suffi d’une vidéo pour que la rumeur se répande sur Internet comme une traînée de poudre. Bassem Braiki, blogueur originaire de Vénissieux, va une nouvelle fois se retrouver face à la justice. Son tort ? Avoir diffusé sur les réseaux sociaux une vidéo accusant deux frères iraniens de faits de pédophilie à l’encontre d’enfants du quartier de Vaise. Suite à cela, l’un des hommes s’est fait violemment agresser, le 17 novembre dernier, et a subi 6 jours d’ITT (incapacité totale de travail). Bassem Braiki a été placé sous contrôle judiciaire.

MILLIONS

600

C’EST LE NOMBRE D’ÉVÉNEMENTS LIÉS AU NUMÉRIQUE ORGANISÉS CHAQUE ANNÉE À LYON

DES ENTREPRISES DU NUMÉRIQUE DE LA RÉGION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES PRÉVOYAIENT D’EMBAUCHER EN 2016

C’EST L’AUGMENTATION, EN POURCENTAGE, DU NOMBRE D’EMPLOIS ENTRE 2010 ET 2014 DANS LES MÉTIERS DU NUMÉRIQUE EN AUVERGNE-RHÔNE-ALPES


ÉCONOMIE  <<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<< 6 <<<<

L’ÉCOSYSTÈME WEB LYONNAIS, ENTRE ALLIANCE ET CONCURRENCE Laisser libre cours à ses idées et à ses envies : c’est ce qui anime les entrepreneurs qui décident de créer leurs propres entreprises. Seuls ou à plusieurs, ces jeunes ambitieux évoluent dans une société où la concurrence est de plus en plus féroce.

À

la Cuisine du web, le maître-mot est le vivre ensemble. Le vice-président de cet « Action Tank* », Nicolas Claraz, privilégie le collectif à la compétition économique. « L’association a pris un risque en signant le bail d’un espace de coworking. », explique-t-il. Cet espace, c’est la Tour du web : 2500m2 de bureaux que peuvent louer les adhérents, pour une durée de trois mois renouvelables. La plupart d’entre eux ont fait le choix de travailler en bureaux ouverts. Un moyen de s’ouvrir vers d’autres entrepreneurs, aux profils et aux activités potentiellement complémentaires et de créer des relations professionnelles durables et profitables. Les entreprises en concurrence directe, c’est-à-dire proposant un service semblable à la même cible, travaillent rarement côte-à-côte et ne se rencontrent qu’épisodiquement. Afin de mieux identifier leurs besoins, les start-up ne sont pas les seules présentes à la Tour du web : de nombreuses entreprises expérimentées et potentielles clientes se joignent à elles, comme l’Olympique Lyonnais. Pour garder un climat propice à l’innovation et aider à l’intégration des nouveaux arrivants, les pensionnaires se retrouvent au moins une fois par mois au sein de l’espace de travail collaboratif.

ÊTRE PLUS QU’INNOVANT

Pour développer sa start-up, il ne suffit pas d’avoir une idée novatrice ou de l’intuition, il faut se faire connaître.

Afin de développer leurs idées et de se confronter à leur futur environnement, nombre d’entrepreneurs rejoignent des associations. « Pour réussir, ce qui est important, c’est le réseau », explique Maud Charaf, responsable de l’entreprenariat au Clust’R numérique, qui estime que son organisation participe au développement de 305 sociétés, dont une centaine de start-up. « Nous encourageons nos membres à participer aux différents salons et à aller au contact de potentiels acheteurs. » Le Clust’R organise donc différents événements, colloques autour de l’entreprenariat, dont la FailCon (voir encadré ci-contre). Pour épauler leur développement et les aguerrir, le Clust’R n’hésite pas non plus à introduire de la concurrence entre les jeunes sociétés.

CONCURRENTS ET ALLIÉS POUR RÉDUIRE LES COÛTS

Moment studieux pour les jeunes entrepreneurs de la Tour du web.

Également dirigeant de l’entreprise Cybercité, spécialisée dans le référencement et la publicité en ligne, Nicolas Claraz confie être en relation étroite avec ses concurrents : « On a travaillé avec des entreprises rivales pour mutualiser des fonds, afin de financer des projets de recherche et de développement. » Outre la mise en commun des compétences, les entrepreneurs qui ne bénéficient pas de liquidités suffisantes ou de l’aide d’un business angel s’allient pour démarcher des investisseurs privés, d’éventuelles aides publiques, voire des participations de particuliers via le crowdfunding. Durant les premières années de son existence, une start-up ne dégage pas de bénéfices ni même de chiffre d’affaires : « C’est une machine à cramer du cash », explique Nicolas Claraz. Il est donc vital d’avoir un business model et une cible marketing bien précis pour se lancer sur un marché. Au sein même de la Tour du web, Benjamin Habegger, jeune patron de l’entreprise Boot Start, qui aide les start-up dans leur développement, collabore avec chacun de ses nouveaux voisins. Ayant des activités différentes, la concurrence n’est pas de mise. « Contrairement à des agences web, je suis là pour conseiller sur la meilleure stratégie marketing et non exécuter les volontés d’un client. Chaque activité est différente et nécessite des outils adaptés », explicite-t-il.

HUGO DERVISSOGLOU

* = association aidant les entreprises par des actions concrètes. © MANON DOGNIN

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>>>> 7 >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>  ÉCONOMIE

VIE ET MORT D’UNE START-UP

Les start-ups sont les coqueluches des médias : innovantes, créatives, ouvertes sur le monde, elles sont omniprésentes dans le quotidien des Lyonnais. Mais derrière les succès de certaines d’entre elles, comme Vodd (cinéma indépendant), ou encore Piwee (pure player d’infos culturelles), se cachent aussi de nombreux échecs.

Ê

tre libre de créer et de s’organiser comme ils l’enten- à proprement parler des bourreaux de travail. « Je bosse quadent, être utile à la société, voilà les objectifs des créa- tre jours par semaine et je privilégie les projets les plus ambitieux teurs de start-ups qui se lancent dans une aventure à la plutôt que de multiplier les petits dossiers. » Malgré un chiffre fois périlleuse et humainement riche. Selon Guillaume d’affaires qui a doublé par rapport au premier exercice, celui qui Bourdon, président de l’association Second souffle qui vient en s’auto-proclame « serial-loser » préfère garder la tête froide et aide aux entrepreneurs n’envisage pas de recruter Guillaume victimes de problèmes pour le moment. Bourdon, d’ordre financier ou huprésident LA PRÉCIPITATION, main, « l’envie d’échangde l’association Second souffle. SOURCE D’ERREUR er avec les autres et de © DR Trop se précipiter est débuter une aventure l’une des nombreuses humaine est primordierreurs que commettent ale pour se lancer dans souvent les jeunes enl’entrepreneuriat. » Cet trepreneurs. Ils essayent ancien chef d’entreprise de se développer le plus a connu une profonde rapidement possible, en désillusion avec ses assoThomas Pons, patron de oubliant parfois de faire ciés, n’arrivant plus à s’acl’entreprise attention à l’évolution des corder sur l’orientation Prezmaker besoins. La start-up peut à donner à l’entreprise. © H.D. constituer une formidaAprès cet échec, il ne ble aventure humaine, mais aussi une cause de vives tensions s’est pourtant pas découragé et s’est lancé un nouveau défi dans entre associés ou collaborateurs dès que les choses commenl’aménagement des espaces de travail au service des entrecent à mal tourner. Selon Guillaume Bourdon, il est imprises. Pour une jeune pousse, il faut en moyenne deux possible d’établir des généralités quant aux raisons qui années d’apprentissage avant de se faire une place sur poussent un chef d’entreprise à déposer le bilan ou le marché. Entre développement du produit, reà liquider son activité. « Si l’on grossit le trait, les cherches d’investisseurs, prises de contact avec « L’envie raisons les plus souvent invoquées sont des difles cibles potentielles, l’avenir est précaire d’échanger avec ficultés financières ou des problèmes relationdurant cette période. Passée la seconde anles autres est nels entre les associés. » Les chefs d’entreprises née d’existence, il faut réussir à développer primordiale. » ont souvent du mal à accepter leur(s) échec(s) dans son image et à cibler sa clientèle ou les besoins une société de plus en plus exigeante et sévère vis-à-vis de la société. « Il est très rare de vendre un produit de ceux qui trébuchent. « Il est important de dédiaboliser si celui-ci ne répond pas directement à un besoin plutôt l’échec, sinon plus personne ne va vouloir entreprendre », exqu’à une envie du créateur », précise Thomas Pons. Ce plique Thomas Pons, qui n’hésite pas à parler publiquement de dernier a connu plusieurs échecs avant le succès, depuis trois ses déconvenues. ans, de Prezmaker, qu’il choisit pour le moment de gérer seul. Thomas Pons fait partie de ces entrepreneurs qui ne sont pas GRÉGORY ZERBONE ET HUGO DERVISSOGLOU

© HUGO DERVISSOGLOU

FAILCON LYON DÉDIABOLISER L’ÉCHEC, UN PARI GAGNANT

Apprendre à échouer, c’est tout un art pour Thomas Pons.

N°1 DÉCEMBRE 2016

Pour la deuxième année, le Clust’r numérique organisait la FailCon Lyon sur la péniche La Plateforme. Cinq entrepreneurs ont présenté, en quinze minutes maximum, leur parcours chaotique et semé d’embûches. Avec une dose plus ou moins importante d’humour, chacun a distillé ses conseils aux aspirants entrepreneurs. Guillaume Bourdon avait choisi de philosopher en citant Socrate : « La chute n’est pas un échec. L’échec, c’est de rester là où on est tombé. » Laure Jouteau conseille de mettre un frein à la compétition qui, selon elle, « nous est imposée dès l’école par nos parents. » La trentenaire, aventurière autoproclamée, a mis 27 ans pour prendre conscience de sa créativité et se libérer des règles et des protocoles. Elle a d’ailleurs entamé une collaboration raisonnée avec son ancienne concurrente. Moralité : l’union fait la force. HUGO DERVISSOGLOU


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LES PATRONNES DU WEB LYONNAIS Elles sont chefs d’entreprises, webmasters ou traffic managers, et font partie de ces femmes qui ont su trouver leur place dans la sphère du web lyonnais. Pourtant, ce milieu reste majoritairement masculin. Rencontres avec celles qui ont su s’y imposer.

Béryl Bès, créatrice de la plateforme de crowdfunding MyAnnona, souhaite favoriser l’insertion des femmes dans le web. © MANON DOGNIN

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MÉTIERS DU WEB

OÙ SONT LES FEMMES?

En France, seulement 27 % de femmes travaillent dans le secteur, pourtant porteur, du numérique et la ville de Lyon n’échappe pas à cette réalité. Les traditions culturelles et les stéréotypes jouent pour beaucoup dans ce constat.

L’

image du geek boutonneux à lunettes enfermé dans sa chambre à longueur de journée a la vie dure. Selon un rapport du Syntec du numérique (premier syndicat patronal du numérique), en 2015, seules 27 % de femmes travaillaient dans le secteur du digital. Un taux qui est tout de même en très légère augmentation, puisqu’il ne s’élevait qu’à 25 % en 2010. Une des principales raisons de ce désamour des femmes pour le web réside dans les stéréotypes, totale-

Objectif pour l’emploi, le collectif lancera le projet ‘’Les femmes décodent les jobs du digital’’. « Nous allons nous rendre dans une cinquantaine de lycées lyonnais afin de mieux faire connaître ces métiers, désacraliser le côté informatique du numérique qui peut faire peur. Nous souhaitons leur donner un visage, avec des rôles modèles, accessibles, de professionnelles de la région. Elles évoqueront leurs expériences, leurs parcours, leur quotidien », explique Virginie Boissimon-Smolders, co-organisatrice de l’événement et responsable des programmes d’incubation à l’EMLyon. Dans une même optique, en mars, le collectif LDigital compte aussi faire intervenir des étudiantes d’écoles lyonnaises du numérique auprès des lycéennes. Mais ces initiatives associatives ne suffisent pas. L’Éducation nationale devrait aussi mettre en place des interventions, notamment dans les centres d’orientation. Des initiatives encore balbutiantes dans l’Académie de Lyon.

DES FREINS SOCIOLOGIQUES

© MANON DOGNIN

La non-mixité du secteur constitue en ellemême un frein à l’intégration des femmes dans les métiers du web. Un constat évident, dès le lycée, si l’on considère la majorité de garçons présents dans les filières scientifiques : en 2012, dans l’Académie de Lyon, 46 % de filles étaient en terminale S et 6,6 % en STI2D (sciences et technologies de l’industrie et du développement durable). « Sociologiquement, des expliLa présence encore trop marginale des femmes dans les métiers du web n’incite pas cations s’imposent. Des études montrent que les filles à s’y lancer. dans les établissements non-mixtes, plus de ment biaisés, véhiculés à propos de ces professions. Ces derniers filles s’orientent vers les matières scientifiques en classe de première sont renforcés par la méconnaissance qu’elles ont des métiers et inversement pour les garçons avec les matières littéraires. Nulle du web, notamment techniques, comme celui de développeuse. volonté de retour à la non-mixité pour autant. Toutefois, le fait de « Les filles ont une vision faussée de ces professions, elles pensent se retrouver isolé ou marginal dans une classe impacte les choix que c’est compliqué, pénible, que ce n’est que des mathématiques, faits. La même chose se produit dans le monde professionnel », alors que pas du tout. Il faut qu’elles se rendent compte qu’il n’y a explique Samy Kéfi-Jérôme. aucune barrière », précise Mathilde Aglietta, directrice des écoles Simplon.co de la région Auvergne-Rhône-Alpes Soumises aux constantes évolutions d’Internet, les (voir interview ci-contre). professions du digital nécessitent aussi des mises « Les filles à niveau constantes et peuvent être très chroont une vision nophages. « J’ai eu des craintes à me lancer « DONNER UN VISAGE » AUX MÉTIERS DU WEB faussée de ces dans ce métier, car il nécessite une remise en Pour lutter contre ces clichés et favoriser l’acquestion permanente. Je n’ai que 27 ans, mais je cès à ces professions, Samy Kefi-Jérôme, prémétiers. » vois arriver des jeunes de 20 ou 22 ans qui sont très sident de la Commission numérique de la région compétents et très rapides. Malgré tout, quand on traAuvergne-Rhône-Alpes, insiste sur le fait « qu’il faut s’y vaille bien, il n’y a pas de souci », confie Sarah Khettal, prendre tôt, au moment où les choix se font. Tant que les lytraffic manager pour l’agence Geolid (voir portrait p.29). En céennes ne passeront pas les concours des écoles d’ingénieurs ou outre, une importante partie des métiers du secteur implique du numérique, rien ne changera. » Cette position est partagée par la création d’ e ntreprises, une activité également gourmande en le collectif LDigital, qui a pour objectif de promouvoir le numétemps. Or, la répartition de la charge familiale qui pèse souvent, rique auprès des femmes. Du 16 au 27 janvier, en collaboration encore aujourd’hui, sur les femmes, les limite dans leurs ambiavec l’Académie de Lyon, l’association 100 000 entrepreneurs et

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>>>> 11 >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>  DOSSIER

tions. « Les choses évoluent petit à petit, mais il n’empêche que le temps qui est dédié aux obligations familiales est incompressible. Tant que la répartition ne sera pas plus harmonieuse, les femmes feront des choix, parfois malgré elles, les obligeant à trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale. À l’inverse, certains hommes leur imposent la charge familiale. Cela fait aussi partie des réalités », note le conseiller régional. Un avis partagé par Corinne Kurek, chef d’entreprise de la société de créations de sites web Gecom services : « Les poids culturels que représentent la maison, les enfants, ne peuvent pas être niés. Il y a aussi des freins intrinsèques à notre culture qui font que les femmes ont peur de se lancer, elles se sentent injustement moins compétentes. » Pour autant, un facteur important est à prendre en compte : la souplesse horaire permise par le numérique. « Pendant la sieste des enfants, vous pouvez développer par exemple, il faut toujours être sur le pont mais il est possible d’avoir des horaires aménageables

et d’être indépendant. Le web permet ces libertés-là », ajoute l’enthousiaste chef d’entreprise. Avec plus de 57 000 emplois dans la Métropole lyonnaise et un objectif de création de 40 000 postes dans la région Auvergne-Rhône-Alpes d’ici à 2020, le secteur du numérique est porteur et les besoins sont en constante évolution. « Il faut aussi que les femmes s’intéressent au numérique car l’ensemble des métiers va être impacté par la révolution digitale. On ne peut pas en faire l’impasse, quel que soit le métier, progressivement, il va y avoir une dimension numérique, via des applications, des remontées à faire à sa hiérarchie… », ajoute Samy Kefi-Jérôme. Pour Mathilde Aglietta, le meilleur moyen de favoriser la mixité dans les métiers du web reste de « créer des programmes regroupant tous les acteurs, de l’école primaire à l’emploi, afin d’avoir une action suivie. » MARLÈNE THOMAS

FORMATION

« LES FILLES NE SE SENTENT PAS SEULES » Comment essayezvous de favoriser les jeunes filles dans votre école ?

© SIMPLON.CO LYON

Parmi les nombreuses formations web existant à Lyon, l’école de développement Simplon.co Lyon, dirigée par Mathilde Aglietta, a établi une stratégie opérante pour intéresser plus de jeunes filles.

Mathilde Aglietta : Nous avons toujours eu 50 % de filles dans nos promotions. Nous en comptons 24 sur une cinquantaine cette année. Deux à trois fois par an, nous organisons des journées d’initiation gratuite à la programmation, durant lesquelles les jeunes filles sont prioritaires. Depuis la rentrée, nous avons aussi mis en place des cours de programmation pour les enfants de CM1, CM2 et « Plus tôt on mettra en place des programmes de sensibilisation, plus on arrivera à faire évoluer la place des 6e. À la place de certaines femmes dans le milieu du web », explique Mathilde Aglietta. heures de maths, ils déveLe fait d’être une femme directrice filles laissent les garçons prendre toute la loppent un objet connecté qu’ils dirigea-t-il une influence ? ront ensuite avec le code qu’ils ont créé. place, en pensant, à tort, être moins caCela permet de susciter des vocations, nopables qu’eux. En Île-de-France, nous alCe n’était pas volontaire de mettre une tamment chez les filles. lons tester la mise en place d’un sas pour femme à la tête de cette école, mais j’ai eu Comment se passe leur intégration filles avant la formation, afin qu’elles de nombreux retours me disant que cela acquièrent quelques compétences en a permis de séduire plus de filles. Elles durant la formation ? amont et prennent confiance en elles. Si Les formateurs ne font pas de distinction ne se sentent pas seules, et viennent plus cela fonctionne bien, nous le reproduidans leur enseignement. Mais nous avons volontiers. rons à Lyon. constaté que dans les groupes mixtes, les PROPOS RECUEILLIS PAR MARLÈNE THOMAS

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PORTRAIT

CATHERINE CERVONI, REINE DU BLOGGING Catherine Cervoni, 54 ans, est une lyonnaise connectée. Chargée de communication indépendante, les relations presse digitales et les réseaux sociaux sont au cœur de son métier. Elle est également l’une des dix blogueuses les plus influentes dans le domaine des médias. Portrait d’une femme à la page.

C

oupe courte, grand sourire, notre quinquagénaire justifie d’un parcours bien rempli. « J’ai commencé mes études dans la communication à l’ESCOM, l’ISCOM de l’époque. » Puis, elle travaille en tant que responsable communication et marketing dans d’importantes PME, comme Locamion ou Sogequip. En 2007, elle quitte la dernière entreprise suite à un rachat par un groupe dont elle ne partage pas les valeurs. Lors d’un remplacement au service presse d’Orange, c’est le déclic : une amie lui propose d’assurer la relation presse de ses événements. Ainsi commence son activité d’auto-entrepreneuse. Si elle n’a pas grandi avec Internet, Catherine s’oriente vers les relations presse 2.0 suite au déclin de la presse papier. Nous sommes alors en 2010, et les blogs se multiplient. Pour elle, le web est un outil, plus qu’une philosophie de vie : « Il a fallu trouver de nouveaux relais pour nos clients, qui apportaient autre chose que l’œil de la presse traditionnelle. Le blogueur se permet bien plus de choses que le journaliste. »

écrire un billet, les mots-clés, le référencement… Sa timeline orientée marketing attire des lecteurs du monde du journalisme, des chargés de relations presse mais aussi des spécialistes SEO.

UNE BLOGUEUSE INFLUENTE

Son succès la classe dans le top 10 des blogueuses les plus influentes dans le milieu de la communication, selon Launchmetrics. Pourtant, sa vision est paradoxale : « Je n’aime pas le concept d’influence. C’est très volatil, c’est une histoire de mode. Il y a clairement un pouvoir de prescription. Mais je me demande toujours quelle est l’influence réelle des blogueuses. C’est très dur à mesurer. » L’entrepreneuse gère en parallèle une grosse communauté Twitter de plus de 18 000 abonnés. Les raisons de son succès ? L’activité et l’interaction avec ses followers, et la veille qu’elle établit sur des sujets comme les intelligences artificielles ou le growth hacking (techniques de marketing permettant d’accélérer la croissance d’une start-up). Toutefois, Catherine Cervoni choisit de ne pas céder à l’appel de l’argent facile. « Parfois, des entreprises me proposent 200 euros pour un tweet. Donner de l’argent pour un tweet est ridicule, autant engager quelqu’un sur le long terme. » Il en va de même pour son blog : elle n’a pas l’ambition d’en vivre pour l’instant, mais pourrait changer d’optique d’ici quelques années. « On verra dans cinq ans, quand j’en aurai marre de courir après les gens », confie-t-elle dans un éclat de rire. Si les idées ne manquent pas pour nourrir son blog, c’est le temps qui fait défaut à notre Lyonnaise connectée.

« DANS MON MÉTIER, ON NE PEUT PAS DÉCONNECTER »

©MANON

Au quotidien, Catherine travaille à domicile. Deux fois plus de raisons d’être confrontée aux stéréotypes : « Quand on travaille à la maison, on n’est pas considéré comme salariée par son entourage. » Un comble pour celle qui se revendique féministe, adhérente au club Business Woman et engagée pour la reconnaissance des femmes dans le monde professionnel. Si travailler en indépendante est synonyme de liberté, elle nuance toutefois : « Je n’arrête jamais. Ma fille de 18 ans ou mon compagnon me reprochent souvent d’avoir le nez dans mon ordinateur. C’est très chronophage, mais dans ce genre de métiers on ne peut pas déconnecter. » Catherine crée son blog, onlycath.com, en 2013, dans l’optique de comprendre les contraintes des blogueurs avec qui elle travaille :

ANNE RIVIÈRE

DOGNIN

LYON 2.0


>>>> 13 >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>  DOSSIER Les femmes derrière Girlz In Web Lyon, (de gauche à droite) Audrey Fleury, Émilie Chambon, Isabelle Barnel, Aurore Labed, Marie-Amelie Frère.

GIRLZ IN WEB « BEAUCOUP DE FEMMES NE SE SENTENT PAS LÉGITIMES » Girlz In Web met en avant les carrières féminines dans le numérique. Grâce à son réseau, l’association assure leur visibilité. Lancée à Paris il y a huit ans, sa branche lyonnaise naît en 2015. Aurore Labed et Isabelle Barnel ont répondu à nos questions. Comment l’aventure Girlz in Web Lyon a-t-elle vu le jour ? Isabelle : La branche lyonnaise a été créée en juin 2015, à l’initiative d’Audrey Fleury et d’Aurore Labed, en parallèle avec celle de Londres. Aurore : À l’époque, je travaillais dans le web à Paris. J’étais présente au premier rendez-vous de l’association, en juin 2010. J’ai suivi le projet depuis sa création. Cinq ans plus tard, j’ai emménagé à Lyon et nous avons lancé un premier évènement pour tâter le terrain. Plus de 150 personnes sont venues, et ont manifesté un réel intérêt. Depuis septembre 2015, nous organisons des rencontres régulières. Notre mission ? Donner des clés aux femmes pour évoluer, gagner en visibilité…

De forts stéréotypes subsistent dans les métiers du digital. Comment impactent-ils les femmes ? A : Les femmes ne sont pas incluses dans les réseaux, elles n’ont pas confiance en elles. Beaucoup ne se sentent pas légitimes, c’est ce qu’on appelle le syndrome de l’imposteur. Les hommes ressentent moins ces inquiétudes. I : C’est net, les hommes sont bien plus invités, plus reconnus. Cela s’illustre lors des conférences sur les métiers du web : il y a plus d’intervenants masculins parce que l’on donne moins la parole aux femmes, ou alors qu’elles n’osent pas la prendre en public. C’est une réalité.

©GIRLZ IN WEB

enants. En 2016, par exemple, nous avons contribué au Blend Web Mix. Nous avons aussi créé un annuaire recensant environ 200 expertes. Il permet aux médias et aux organisateurs d’événements d’identifier des intervenantes pertinentes. A : Nous expérimentons donc différentes formules avec notre communauté lyonnaise. Nous travaillons avec des écoles, nous organisons des ateliers coaching, des conférences, des apéros networking, des masterclass. Il faut savoir que nos évènements attirent 15 à 20 % de population masculine. Cela prouve que cette problématique concerne tout le monde, et que les hommes sont à nos côtés.

Avez-vous déjà été confrontée au sexisme dans votre vie professionnelle ? I : Oui, quand il y a une proposition innovante sur le tapis, mieux vaut qu’elle vienne d’un homme que d’une femme. Il m’est arrivé d’avoir une bonne idée et que ce soit un collègue masculin qui la présente ou qui soit chargé du projet. A : Ce sont souvent les sociétés qui sont incapables de recruter des femmes ingénieures. Dans le milieu des start-up, il y a énormément d’hommes et j’étais l’exception. Cela ne me posait pas de problème. Mais, parfois j’avais le sentiment que si j’avais été un homme, on m’aurait prise plus au sérieux. Par exemple, lors d’apéros networking, si on discute avec un homme, il n’est pas forcément aisé d’en rester uniquement au plan professionnel.

Quels conseils donneriez-vous à une femme souhaitant se lancer dans les métiers du web ?

Comment tentez-vous de faire changer les choses ?

I : D’abord d’être ouverte aux évolutions de ce domaine, d’aimer le relationnel et d’être passionnée. » A : J’ajouterai qu’elle ne doit pas avoir peur, ni penser qu’elle ne sait rien. Enfin, elle doit toujours être curieuse, essayer d’apprendre et de se dire “ce n’est pas parce que je ne sais pas faire quelque chose aujourd’hui que je ne saurai jamais le faire”.

I : Nous valorisons les carrières féminines par l’organisation d’événements mensuels conviviaux et pointus, avec des interv-

PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE RIVIÈRE

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DOSSIER  <<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<< 14 <<<<

CORINNE KUREK, WEBMASTER

RENCONTRE TARDIVE AVEC LE NET

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Corinne Kurek, 61 ans, a fait ses premiers pas sur Internet à 40 ans. Depuis, cette femme enthousiaste n’a jamais laissé tomber le web. À la retraite depuis octobre, elle continue la création de sites Internet au sein de son entreprise, Gecom services.

C

’est à l’âge tardif de 40 ans, en 1995, que la webmaster et chef d’entreprise Corinne Kurek découvre le web. Aujourd’hui âgée de 61 ans, elle fait figure d’exception dans un milieu de plus en plus accaparé par les digital natives. « Il fallait presque dix minutes pour se connecter, avec un bruit impressionnant et il existait alors très peu de sites », se souvient-elle, hilare. C’est d’abord à titre personnel que la curieuse Corinne souhaite découvrir Internet, avant de l’intégrer à sa vie professionnelle. Pour celle qui, sur les conseils de sa mère, a arrêté rapidement ses études générales et a commencé à travailler à 17 ans comme secrétaire, le web est un moyen de combler un manque : « C’est l’ouverture à la formation quasi infinie. Grâce au net, vous pouvez connaître le monde entier, mais il a aussi ses mauvais côtés. Aussi, je dis toujours que c’est un outil et non une finalité. Je suis une fan de bouquins, mais sans le web, je suis un peu perdue. » Ses premières recherches ont d’ailleurs porté sur l’Histoire, un domaine qu’elle apprécie particulièrement. « C’était très laborieux, il n’y avait pas cette notion de mots-clés, la recherche devait donc être très ciblée. Ma principale difficulté sur le web était d’en sortir, parce qu’un sujet en amenait d’autres. Maintenant, à tout instant je peux retrouver l’information, ce qui n’était pas le cas auparavant. »

Corinne Kurek aime...être dans...l’action, sur le terrain. « Je dis toujours que j’ai les mains dans le cambouis. »

Depuis, pour des artisans, chefs d’entreprises et parfois des particuliers, Corinne conçoit des sites Internet à leur image. Pour cette femme sans enfant, « créer des sites web est un vieux réflexe. J’aime la création pour ce qu’elle apporte de liberté. »

L’AMOUR AU BOUT DU CLIC

Quand on lui parle de concurrence avec les développeurs fraîchement diplômés, baignant dans le digital depuis leur plus jeune âge, la chef d’entreprise ne montre aucun signe d’inquiétude. « On a des cibles différentes. Mon public est formé de personnes qui n’ont pas de temps à consacrer au web. Je n’ai pas « Pour les de clients dont l’âge est inférieur à 35/40 ans. Tout ce qui demande des digital COMBLER UN MANQUE graphismes très travaillés n’est pas de natives, il est Contrairement à beaucoup, Corinne n’a pas mon ressort », précise-t-elle. beaucoup plus été effrayée par ce nouvel outil aux possibilités Corinne a suivi avec avidité les noupresque illimitées, qu’elle compare volontiers veautés du web depuis 1995. Elle facile de se au « cosmos ». Elle a appris seule, en tâtonnant reconnaît toutefois ne pas être à la former des heures sur la toile. « Le web est sans arrêt page sur l’ensemble des dernières à Internet. » en mouvement. Tout de suite cela m’a emballé, tendances du net, notamment pourtant j’avais 40 ans, ce n’est pas la première celles liées au community managejeunesse. Pour les digital natives, il est beaument, un métier qu’elle aurait aimé coup plus facile de se former à Internet. Chez eux, c’est presque inné. exercer. « Je suis née trop tôt », s’amuse-t-elle. Pourtant, la Pour ma génération, l’apprentissage était bien plus long », confie-t-elle. jeune retraitée ne compte pas s’arrêter de si tôt, le web a enNéanmoins, cette découverte sur le tard ne l’a pas empêchée d’en faire core de belles surprises à lui dévoiler. La dernière en date : son métier. D’abord, elle l’exercera en tant que responsable du site web des retrouvailles impromptues avec son premier amour, rende la société de négoce de plomberie qu’elle dirigeait avec son ex-com- contré à l’âge de 15 ans, grâce à Facebook. pagnon. Puis, elle le vivra, à partir de 2012, comme webmaster au sein de sa propre entreprise de créations de sites web, Gecom services. MARLÈNE THOMAS

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>>>> 15 >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>  DOSSIER

PORTRAIT

BÉRYL BÈS WONDER WOMAN DU NUMÉRIQUE Profondément agacée par l’inégalité des sexes, Béryl Bès, fondatrice de MyAnnona, voit l’avenir dans le digital, encourage la créativité féminine et fait de l’optimisme la ligne conductrice de sa vie.

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u diable la banque et les assurances. Après quer dans l’entreprenariat et dans l’intégration des quinze années passées dans ces métiers, femmes aux métiers du numérique. Béryl Bès a pris son courage à deux mains SA FAMILLE, SA RÉUSSITE et a monté sa propre entreprise, MyAnnona. Pour autant, MyAnnona et son combat pour les L’idée : proposer aux femmes une plateforme de crowdfemmes ne sont pas les réussites de sa vie. Ce funding qui leur est exclusivement destinée. « Ce qui prime, c’est avant tout sa famille. « J’ai eu qui me frappe, c’est l’injustice entre les hommes et les beaucoup de chance, j’ai toujours été une bonne femmes. » Une injustice qu’elle combat au quotidie élève, une bonne étudiante. Maintenant je grâce à MyAnnona, mais également à travers les suis mariée depuis 25 ans, j’ai trois enfants, différentes associations et collectifs dans lesquels une vie familiale réussie et j’ai écrit un livre. elle s’investit. MyAnnona, ce n’est qu’un accomplissement Lorsqu’on lui parle des femmes et du numérique, de plus dans ma vie. » Une vie parfaite, qui Béryl Bès nous explique que non, il n’y a pas en inspire plus d’une : « Au moins une fois de difficulté à s’insérer dans ce milieu en tant par semaine, il m’arrive de recevoir un mail que femme. « Il y a des opportunités à d’une personne qui me dit que j’ai réussi prendre, on a besoin de femmes dans le ma vie et qu’elle espère pouvoir faire aussi numérique. Il faut surtout être pragmabien que moi. C’est très gratifiant. » tique, et faire évoluer le stéréotype du geek derrière son ordi. Ce n’est pas De nature optimiste, Béryl cela le numérique. J’essaye donc Bès ne craint pas l’échec. d’apporter ma pierre à l’édifice. » © MANON DOGNIN « Échouer fait partie de nos Elle a d’ailleurs créé le collectif expériences, on se nourrit de LDigital, qui favorise la place nos épreuves. » C’est ce qu’elle des femmes dans les métiers tente de faire comprendre du numérique. Le collecaux jeunes femmes qui font tif fait en sorte de casser les appel à elle et à MyAnnocodes et de créer une prise na pour les aider dans leurs de conscience. « L’objecElle est la première à s’être lanprojets. Béryl Bès cultive sa tif est d’avoir plus de cée sur le marché. Cela fait propre communauté et aime femmes dans le deux ans que la plateforme de entretenir des liens très forts numérique. crowdfunding MyAnnona, avec ceux qui l’entourent. Pour cela, exclusivement dédiée aux « Le lien, la communauté, ce on met en femmes, a été fondée. sont des choses qui me carplace trois acPeu importe l’âge, peu actérisent, ce qu’on retrouve tions : l’éducation en premier importe la nature du d’ailleurs dans MyAnnona. lieu, avec des manifestations projet, MyAnnona acToutes ces jeunes femmes que et des conférences, l’accomcompagne des entreje rencontre, il faut les accompagnement qui passe notampreneuses dans leurs pagner et leur faire envisager ment par le mentoring, et la démarches. L’objectif, leurs entreprises sur le long communication pour justec’est le conseil. Autour terme. Pour moi, rien ne remment casser ces codes. Ce n’est d’un quiz, les femmes applace la proximité qu’on peut pas une question d’aptitudes, prennent à redéfinir leurs projets, à les avoir avec les gens, rien ne les femmes sont instruites et construire et à les rendre pérennes. remplace l’humain. » compétentes. » Un collectif En deux ans, MyAnnona en a accueilli 250 et en qui n’exclut pourtant pas les a financé quinze. Une aide précieuse pour celles hommes, qu’il faut impliqui rêvent d’être leur propre patron. SELENA MINISCALCO

CROWDFUNDING AU FÉMININ

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<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<< 16 <<<< nos utilisateurs s’en servent pour se faire des contacts, et l’autre moitié pour faire du sport véritablement. Nous avons misé sur Lyon puisque c’est une grande ville, où la solitude peut vite être pesante », explique Adrien Blandin, cofondateur. Depuis son lancement en janvier 2015, l’application a séduit quelque 2 000 joueurs lyonnais, avant de passer dans une phase de standby, puisqu’elle ne permettait pas à ses deux créateurs de gagner leur vie. Dans le même esprit, il existe le groupe Courir à Lyon. Tout part de deux amis, Romain et Salim, lassés de courir seuls. Ils créent le groupe en 2013, mais c’est réellement un an plus tard qu’il s’envole, avec la création d’une association du même nom. Elle a d’ailleurs permis l’organisation d’événements hebdomadaires au Parc de la Tête d’Or, avec une adhésion symbolique de 2 €. Au départ, Gaëlle, 21 ans, venait aux rencontres en tant que membre. Puis elle s’est investie et est devenue coach. « Le but principal est de réunir les gens pour faire du running ensemble. Cela motive beaucoup de personnes. Pour ma part, je prends en charge les filles avec trois cours par semaine. Le dimanche on arrive à ressembler jusqu’à 200 personnes. » Le groupe de joggeurs participe même ensemble aux courses locales, comme Run in Lyon. Un bon moyen de se rassembler autour d’une même passion. © MANON DOGNIN

Ne pas se retrouver seul pour courir : un des avantages du web citoyen.

RENCONTRES 2.0

LA TOILE RAPPROCHE LES LYONNAIS À Lyon, ville digitale, une tendance émerge : que ce soit dans le développement d’applications ou sur les réseaux sociaux, les Lyonnais connectés comptent sur leurs smartphones pour faire des rencontres. Le web ne sert plus uniquement à surfer seul, séparé des autres par son écran. Au contraire, une simple connexion Internet permet aux personnes de se retrouver et de vivre des expériences IRL (comprendre in real life).

D

ans la capitale des Gaules, les applications et le web citoyen brisent la barrière du virtuel. Le temps où surfer sur la toile était synonyme d’isolation sociale semble révolu : les habitants de la Métropole disposent de plus en plus de moyens pour vivre des interactions réelles. Pour commencer, passage obligé pour tout Lyonnais, l’adhésion au groupe Bons Plans Lyon créé par trois amis, fin 2011. Sur cette communauté Facebook, une sorte de “Bon Coin” parallèle, on trouve à peu près de tout… Même de la contrefaçon. Mobiliers, vêtements, téléphones, maquillage, annonces… Le tout dans une politique d’entraide entre les différents membres, aujourd’hui au nombre de 105 000. « Nous avons plus de 1 200 posts par jour. Je ne pensais pas que cela prendrait autant d’ampleur », explique Anthelme Targe, l’un des créateurs du groupe. « Bons Plans Lyon permet aussi de se créer un réseau pour les nouveaux arrivants. » Sur Facebook également, le “Vide Dressing des Lyonnaises” a fédéré une communauté de plus de 15 000 filles de la région, qui s’échangent ou se vendent leurs vêtements par le biais du groupe.

Fondé en 2011, il a finalement été repris par Marina Marty, en 2013. Elle y a fait des rencontres qui se sont transformées en véritables amitiés. « Aujourd’hui, on a une vraie communauté, on fait des événements ensemble, des soirées, des vide-dressing sans forcé« Lyon est ment passer par le groupe. une grande J’y ai moi-même renconS’OUVRIR AU MONDE ville tré ma meilleure amie. Une fois qu’on a où la solitude On est devenues inséquelques amis dans son peut être parables. », confie-t-elle. réseau, il est intéressant de pesante. » Mais, si le groupe a de bons pouvoir les retrouver en toutes côtés, il se crée aussi des conflits circonstances, même lorsqu’on se entre les membres que Marina doit déplace. Étienne Ginon, fondateur de gérer, un vrai travail social qu’elle apl’application Holimeet, l’a bien compris. précie malgré tout. À l’âge de 17 ans, alors encore lycéen à Saint-Paul, il prend la tête de l’entreprise. LE SPORT COMME VECTEUR SOCIAL Son concept est simple : en se basant sur Autre moyen de faire des rencontres : la la géolocalisation, Holimeet permet de pratique d’un sport. Seul, il est parfois retrouver ses proches n’importe où dans difficile de se motiver. Pour remédier à le monde et d’échanger des conseils. Lancela, deux Lyonnais ont créé CanalMatch, cée en mai 2015, c’est le bouche à oreille une application aidant les joueurs de qui la fait décoller. Étienne vise d’ailleurs tennis à trouver un partenaire qui leur les 50 000 utilisateurs et pense même correspond. Il suffit pour cela de rentrer s’étendre à l’étranger. quelques paramètres : son âge, son sexe, La fête… Une musique entraînante, un sa localisation. « Il faut savoir que 50 % de verre d’alcool, et le monde est à vous. Le

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>>>> 17 >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>  IRL 9 février 2016 apparaît à Lyon l’application Owl. Son concept est innovant : comme un Tinder pour les soirées, elle permet de matcher les soirées qui nous correspondent le mieux. « Paradoxalement, nous avons très peu d’outils technologiques pour vivre des choses “en vrai”. Nous voulions créer un catalogue complet d’événements. Nous ne voulions pas laisser l’algorithme Facebook nous dicter nos intérêts, puisque selon ta communauté, il ne laisse place à aucune diversité musicale, donc moins d’occasions de rencontrer des personnes différentes. » De nombreux exemples qui montrent que Lyon, en tant que ville connectée, fait la part belle aux liens sociaux. Quand la technologie se met au service de la rencontre, les échanges se réinventent. ANNE RIVIÈRE ET ANGÉLIQUE BERNARD

TROUVER L’AMOUR… OU UN COUP D’UN SOIR Si la rencontre en ligne se développe, impossible d’occulter la dimension amoureuse. Une floppée d’applications comme Tinder ou Badoo proposent à leurs utilisateurs de rencontrer l’amour de leur vie ou juste de passer une nuit de folie. Oubliez le cliché de l’échange de textos qui aboutit sur un rencard plan-plan, plusieurs applis lyonnaises dépoussièrent la séduction avec des concepts innovants.

• ONCE : Privilégier la qualité à la quantité : voilà l’idée. Vous n’avez accès qu’à un seul profil par jour. 24 heures pour se liker réciproquement et entamer un tête à tête. Sinon, il n’y a plus qu’à attendre.

• WHATELFE : La jeune appli joue sur l’immédiateté. J’indique si je recherche un partenaire ou un ami, puis j’accède à une fonction « demande flash » pour partager mon envie du moment (resto, expo…). L’algorithme se charge de trouver des profils compatibles, à moi de lancer l’invitation ou non.

• BLINDME:

: Le premier site de rencontres à l’aveugle est lyonnais. Selon vos critères, vous accédez à une sélection de profils aux photos floutées. À chaque échange, la photo de votre future conquête devient plus nette.

© ANGÉLIQUE BERNARD

Les cybercafés, nombreux à la Guillotière, ont dû s’adapter pour survivre.

QUE RESTE-T-IL DES

CYBERCAFÉS?

consulter et imprimer des pages rapidement. » Hormis quelques-uns qui surfent à la recherche d’offres d’emplois, les clients disent tous la même chose : « Je ne viens jamais dans les cybercafés, j’avais juste besoin d’imprimer quelque chose. » Là où il travaillait en 2005, Mourad se souvient d’une cinquantaine d’abonnés réguliers à son service web. Aujourd’hui, sa boutique Planète Net Phone en dénombre que deux ou trois.

BAR GAMING : LE NOUVEAU CYBERCAFÉ GEEK

L’accès à Internet est de plus en plus gratuit dans les divers commerces. Plus haut, à la Croix-Rousse, le “bar gaming” MeltAutrefois, le web occupait l’espace public sous la forme de cybercafés. Ces down Lyon est ouvert depuis avril dernier. institutions sont tombées dans l’oubli au profit de l’écran miniature. Après Muni d’une salle de PC où l’on peut jouer quinze ans de déclin, retrouve-t-on encore de réels cafés du net à Lyon? en ligne sans frais, ce concept parisien s’est exporté à Lyon cette année. Les gamers la Guillotière, aux abords de c’est plus un produit d’appel, pour attirer les viennent jouer à des jeux multijoueur la rue de Marseille, de nom- clients, qu’une réelle activité », explique le comme League of Legends ou Overwatch, breuses petites boutiques d’élec- fondateur, Alim. « La concurrence dans ce tout en socialisant. « Les gens viennent ici tronique, se considérant encore secteur a fait chuter les prix », explique-t-il à la base pour boire un verre », explique comme cybercafés, affichent en gros leurs en faisant allusion aux cafés et bars offrant le propriétaire. « C’est un bar à thème plus services : Impression, Téléphone, Scan- leur Wi-Fi gratuitement. Pour survivre, il qu’une salle de jeux vidéo. » En se faisant ning, Déblocage, Fax, Internet. Le tradi- diversifie l’offre par la vente d’accessoires une place dans la communauté geek, avec des match de e-sport et des soirées à tionnel cybercafé, voué exclusivement à la et la réparation de mobiles. consultation d’Internet, semble avoir dis- Sur les pentes de la Croix-Rousse, il y a thème, le bar fait un carton depuis la renparu des radars de Google Maps. Une per- Planète Net Phone. Autrefois café Inter- trée. sonne venue tout droit des années 2000 ne net pur et dur, il est aujourd’hui similaire Que ce soit dans un stand de réparation, s’y retrouverait pas. aux “cybercafés” de la Guillotière, rempli une laverie ou un bar, Internet devient Dans une rue parallèle, le cybercafé Rei- à 18 heures par des clients venant cher- une activité secondaire, servant à attirer hane.net est tout aussi diversifié que les cher leurs colis. Quelques ordinateurs la clientèle chez des commerçants en tout autres enseignes. À un euro de l’heure, sont occupés, mais la plupart des gens n’y genre. Investissement de moins en moins l’Internet occupe une part infime de son restent que deux minutes. « 80 % du chiffre lucratif, l’accès payant au web dans les revenu, malgré les quelques PC qui oc- d’affaires web provient des étudiants », ex- lieux publics semble voué à disparaître. cupent un tiers de la boutique. « Pour moi, plique Mourad, le gérant. « Ils viennent SAMUEL LEGRESLEY

À

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ENQUÊTE

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LE HARCÈLEMENT 2.0 EMPOISONNE LA COUR DE RÉCRÉ Selon le site de l’Éducation nationale, le harcèlement en ligne est un phénomène en forte hausse depuis 2011. Avec l’arrivée d’Internet et la propagation de la technologie dans les cours de récréation, les cyber-violences se généralisent : c’est un élève sur cinq qui est concerné (1). Décryptage.

«J

e ne méritais pas cela. » Cela, c’est trois blogs distincts créés à son effigie, avec sa photo et des insultes. Jade* a 21 ans et étudie la philosophie à Lyon III. Scolarisée dans l’un des cinquante collèges de la région lyonnaise, la jeune fille a été l’une des victimes du cyberharcèlement, et ce, dès la 6e. « J’étais en bons termes avec un garçon qui voulait plus que de l’amitié. Mais moi, je n’en voulais pas : j’étais timide, assez réservée et studieuse. Les garçons ne m’intéressaient pas. » Le garçon en question, c’est Pierre*. « Il s’est vengé en prenant une des photos de mon Skyblog et m’a traitée de pute. Nous étions en 6e... J’ai essayé de régler cela à l’amiable : nos parents se sont rencontrés et l’affaire s’est finie de cette manière. Le collège n’a pas été mis au courant et Pierre a finalement retiré la photo. »

tion virtuelle, qui n’a ni cadre, ni limite, mais des conséquences bien réelles. Pour Nicole*, chef d’un établissement lyonnais depuis cinq ans, « nous punissons les cas de cyberharcèlement s’ils ont un impact direct sur l’école. Sinon, ils relèvent du pénal et il faut que ce soient les familles qui prennent le relais, en portant plainte. » Mais, pour elle, le cyberharcèlement a presque toujours un effet ricochet sur l’établissement, il n’est donc guère difficile de trouver un impact sur le cadre scolaire. « Je me souviens d’une fois où nous avons assisté à un véritable mouvement de foule dans la cour. Une jeune fille avait été photographiée par un garçon pendant qu’elle pratiquait une fellation. La photo avait été diffusée sur les téléphones de ses camarades. On pouvait presque voir le spectre d’Internet, anonyme et invisible, se propager à travers la cour de récréation. »

LES ÉTABLISSEMENTS INTERVIENNENT

Une fois la personne identifiée, « on entend les élèves concernés, on convoque leurs parents et on travaille ensemble pour mettre fin à ces situations. » Dans la grande majorité des cas, « notre rôle est d’accompagner les familles, qui surveillent assez peu leurs enfants sur le web, et les victimes, qui peinent à en parler. » En cela, la chef d’établissement n’effectue pas de différences majeures entre un cas de harcèlement scolaire et de harcèlement en ligne. « C’est complexe à identifier car les victimes ne viennent pas en parler, beaucoup gardent le silence. Elles ont honte. » Silence marqué chez les victimes de harcèlement par un taux d’absentéisme en hausse, voire d’une déscolarisation. C’était le cas de Jade, qui a été scolarisée à domicile pendant un an. « Les

Mais deux ans plus tard, le problème s’est répété, pour les mêmes motifs. « Cette fois, le collège a été prévenu. » Pierre s’en est sorti avec un avertissement, le collège considérant que « son action s’était établie en dehors du cadre scolaire. » Mais selon Jade, la sanction du jeune homme n’a pas été assez ferme : « Il était au collège, moi aussi. Je pensais au moins que les membres de l’administration marqueraient le coup par un jour ou deux d’exclusion. Ce problème les concernait. » Jade fait partie de ces 40% d’élèves français qui ont subi une agression en ligne (2). Son histoire met le doigt sur l’une des problématiques que les chefs d’établissements doivent affronter : l’intervention d’une institution scolaire sur une ac-

4,5 % des collégiens subissent du cyber-harcèlement.

LA MÉTROPOLE EN ACTION Alors que les actions de sensibilisation se multiplient sur le plan national, la Métropole de Lyon participe aussi pleinement à prévenir le cyberharcèlement. Selon Damien Berthilier, en charge de la coordination éducation et numérique des collèges de la Métropole, « ce sont environ 77 000 € débloqués tous les ans par la Métropole pour financer des actions de sensibilisation aux dangers du numérique. » Trois axes principaux sont abordés : la citoyenneté et le vivre ensemble, l’éducation aux médias et la santé. « Le rôle de la Métropole est de proposer aux collèges différents intervenants pour les aider à préparer les enfants du mieux possible aux dangers du net et les aider à développer un sens critique de l’information. »

LYON 2.0


Je dis un truc et c’est important

© MANON DOGNIN

victimes ont davantage peur je crois avec le cyberharcèlement, de par la diffusion beaucoup plus large de l’information, qui n’est pas seulement limitée à la cour de récré », note la chef d’établissement.

des familles. Bien évidemment, on fait le maximum pour prévenir les conséquences catastrophiques du cyberharcèlement. Le phénomène s’étant accru, les établissements ont durci leur politique face à ce type de violence. On informe les parents d’élèves à travers des actions d’associations, on organise des journées de formation pour LA PRÉVENTION EN HAUSSE Le nombre de drames augmentent : tous les ans, trois ou les enfants afin de les sensibiliser aux dangers du web et on inquatre adolescents se suicideraient à cause de la violence sur In- forme les familles sur les risques encourus par leurs enfants. » Audrey est la maman d’une élève ternet (3). Mais avec le nombre scolarisée à Lyon, et elle se sent d’accidents viennent la mobiOn pouvait rassurée de savoir que sa fille de lisation et les actions de prépresque voir 12 ans est sensibilisée sur le suvention. On se souviendra du jet. « Ma fille vient d’arriver au sort de Marion, 13 ans, qui s’est le spectre collège. Il me paraît indispenssuicidée à cause d’un cyberhard’Internet se able qu’elle ait une journée de cèlement. Depuis, une associaformation dédiée aux dangers du tion a été créée et un téléfilm propager dans la net. En tant que parent, on doit diffusé. Alors que les actions cour de récré. limiter l’accès de nos enfants à de prévention se multiplient du ces menaces, mais il est rassurcôté des institutions publiques ant de travailler de concert avec (voir encadré sur la politique de l’ é tablissement scolaire. » Mais les parents d'élèves ne sont pas les la Métropole), les associations de parents d’élèves font aussi le seuls à lutter contre le harcèlement en ligne. Cette problémanécessaire pour alerter les parents. Hélène Cottaz-Bertholet est tique est également la priorité des syndicats enseignants. Selon la présidente de l’Association de parents d’élèves PEEP du RhôGilles Mondon, secrétaire régional adjoint de l'Union nationale ne. Habituée aux sollicitations sur les problématiques de hardes syndicats autonomes (UNSA) Éducation pour l'Académie de cèlement scolaire, elle fait la liste de solutions concrètes mises Lyon, « la formation aux réseaux sociaux est un enjeu majeur en place pour lutter contre le cyberharcèlement : « Un numéro dont nous parlerons en congrès, début 2017. » de téléphone gratuit, spécialement dédié à ces problématiques, VICTORIA HAVARD est mis en place par l’Éducation nationale. Ce téléphone vert est * Les prénoms ont été modifiés par souci d’anonymat. mis aussi bien à disposition des harcelés, que des harceleurs ou (1) (2) (3) = Chiffres 2015 de FranceTv

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ENQUÊTE

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CYBERCRIMINALITÉ

© MANON DOGNIN

LES FORCES DE L’ORDRE

Les gendarmes N’TECH sont spécialisés dans le web et les nouvelles technologies. Ici, l’adjudant Gilet de Lyon.

Comme toutes les grandes villes, Lyon doit faire face à son lot de cyberdélinquants et de hackers. Dans le camp d'en face, la gendarmerie et la police doivent se confronter à la généralisation des délits du numérique.

B

ases de données universitaires piratées, site municipal attaqué, fausses alertes à la bombe dans des établissements scolaires : Lyon ne manque pas d’expériences en mésaventures informatiques. Même hors des institutions publiques, le bassin lyonnais regorge de potentielles victimes. Pour un hacker avec des intérêts financiers, les nombreuses entreprises lyonnaises sont des cibles toutes choisies. Un pirate peut, par exemple, voler puis revendre des informations industrielles ou rançonner les entreprises, en menaçant de supprimer leurs données. Plus spécifiquement à Lyon, la forte présence de l’industrie pharmaceutique (Sanofi, Bayer-Monsanto) est susceptible d’attirer des hacktivistes. Cette appellation désigne les pirates informatiques qui agissent au nom d’intérêts moraux et non financiers, comme le collectif Anonymous par exemple. Il se trouve que l’industrie pharmaceutique et chimique rencontre un certain nombre d’opposants. En février 2012, le collectif lançait l’opération OpLyonPropre et s’attaquait à des sites liés à l’extrême-droite lyonnaise. Les hackers ont aussi piraté des boîtes mail et révélé qu’un responsable de l’Œuvre Française était aussi un haut placé du FN. Une double appartenance pourtant proscrite par Marine Le Pen. Autres risques bien lyonnais : la présence de nombreux sites sensibles, comme le laboratoire P4, qui abrite par exemple le virus Ebola, la variole ou encore la tuberculose. Mais aussi la cinquantaine de sites classés Seveso dans la vallée du Rhône

(sites industriels présentant des risques d’accidents majeurs). Cependant, ces lieux restent plus sensibles à une attaque physique que numérique.

« RÉPAREZ VOS FAILLES, SINON… »

Pour se protéger, les entreprises et les institutions comptent généralement sur des consignes de sécurité basiques (comme celles dispensées par la CCI). Elles peuvent aussi mettre en place un service informatique propre ou se rapprocher de sociétés spécialisées. Si elles sont victimes d’attaques, ces dernières peuvent faire appel aux services dédiés de la police et de la gendarmerie. Le piratage, que la loi traduit par une « intrusion frauduleuse dans un système de traitement automatisé de données », est un délit puni de 2 à 5 ans de prison et 30 000 à 75 000€ d’amende, en fonction de ce qui est fait durant l’intrusion : modification, suppression ou falsification. Aux yeux de la loi, l’hacktivist idéologique et le hacker intéressé par l’argent encourent les mêmes peines. Il va de même pour les hackers “white hat”, qui s’introduisent dans les systèmes informatiques - et en prennent parfois le contrôle - uniquement pour signaler les failles dans la sécurité d’un site. Pour ces derniers, la justice se montre généralement clémente puisqu’il s’agit de lanceurs d’alertes, même si les white hat aiment parfois formuler celles-ci sous la forme de menaces du type : « Réparez vos failles, sinon on verra ce qu’il se passe... » Ainsi, en juillet 2014, un hacker s’était introduit dans les serveurs

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NUMÉRIQUE SATURENT de plusieurs universités en France, dont Lyon I et Lyon II, pour dénoncer un manque de sécurité informatique. De même, en octobre 2015, un pirate avait revendiqué, auprès du journal Le Monde, s’être introduit dans les serveurs de Lyon III. Une intrusion niée par le directeur du système informatique qui pointe des incohérences dans les « preuves » données par le hacker. Cet épisode est intervenu un an tout juste après le piratage qui avait conduit à la diffusion des données personnelles de 5 000 élèves de l’IAE Lyon III. Des données plus tard retrouvées en vente sur le Dark net pour servir à usurper des identités, selon le hackeur qui a contacté Le Monde. Toujours à Lyon III, une nouvelle diffusion massive d’informations personnelles, concernant 2 190 étudiants cette fois-ci, avait eu lieu suite à l’erreur d’une secrétaire lors de l’envoi d’un mail. À savoir que le service informatique de Lyon III dispose d’un budget de 2 millions d’euros et a depuis renforcé sa sécurité.

Gilet. « Vous faites du trafic de stupéfiants et vous utilisez votre téléphone portable, ou vous commettez des vols et vous mettez en vente sur LeBonCoin ce qui a été dérobé : c’est aussi de la cybercriminalité. » Dans le bureau de ce gendarme de 39 ans basé à Lyon : onze écrans d’ordinateurs, du matériel informatique, des outils de hacking professionnels et dix bons mètres de câbles. Beaucoup de moyens et encore plus de travail. « Quand on m’apporte un dossier, sauf urgence, je ne peux pas le traiter avant six mois, et encore, j’en ai évacué. » L’adjudant Gilet est gendarme N’TECH. Comprendre spécialisé dans les nouvelles technologies. Ces gendarmes du web sont divisés en deux catégories : ceux qui travaillent au sein de la Section de recherches et qui réalisent des enquêtes pour démanteler des réseaux -entre autres pédopornographie-, et ceux qui, comme l’adjudant Gilet font de l’analyse criminalistique. Il va, par exemple, analyser les supports numériques saisis lors de perquisitions. Même s’il est basé à Lyon, ce gendarme passionné d’informatique intervient sur des affaires à l’échelle du département et hors zone police (Lyon, Villefranche-sur-Saône, Givors). « Dans le Rhône, en zone gendarmerie, au moins 5 % de la délinquance a le numérique pour élément principal. Je suis le seul N’TECH du département en criminalistique », évoque-t-il. Pour l’aider, l’adjudant Gilet dispose d’un réseau de correspondants N’TECH qui lui permet de traiter les grosses affaires. À l’échelle de la région, le nombre de N’TECH grimpe à 17, mais la plupart travaillent en Section de recherches sur des enquêtes au long terme. Autre chiffre de la gendarmerie à l’échelle départementale : 40 % des affaires financières et 60 % des escroqueries relèvent de la cyberdélinquance. En exemple, on peut citer les fausses annonces sur LeBonCoin pour lesquelles on demande un acompte, les faux traders, mais aussi les chaînes de mails visant à récupérer des identifiants (phishing). De son côté, la police nationale dispose de ses investigateurs en cybercriminalité, soit 389 à l’échelle nationale. « À Lyon, je crois qu’ils sont deux. De toute façon, ils sont eux aussi en sous-effectif complet et croulent sous les dossiers. » Des homologues que, faute de temps, l’adjudant Gilet n’a pas pu rencontrer en deux ans de poste à Lyon. En plus du reste de son travail, le gendarme N’TECH a mis en place plusieurs veilles sur Internet et sur le Dark web touchant certaines thématiques (pédopornographie, apologie du terrorisme, etc). L’adjudant Gilet n’est donc plus ni sous Minitel, ni sous Windows 95. La gendarmerie française a même acquis une réputation de précurseur de la sécurité informatique, ou en tout cas de sa propre sécurité, avecw une migration massive dès 2008 vers GendBuntu, une version du système d’exploitation Linux pour la gendarmerie. À défaut de moyens ou d’intentions, ce sont surtout les effectifs qui manquent aux forces de l’ordre numérique. Environ 20 N’TECH sont formés chaque année. Un manque sans doute appelé à se combler, avec la volonté grandissante des politiques à vouloir « fliquer l’Internet. » Bientôt un policier à tous les coins d’URL ? LOÏS RICHARD

Quand on m’apporte un dossier, je ne peux pas le traiter avant six mois.

5 % DE LA DÉLINQUANCE EST GÉRÉE PAR UN GENDARME ET SES CORRESPONDANTS

Mais si le piratage est le genre noble de la cyberdélinquance, il n’en représente qu’un partie. Dans le beau langage pénal, on distingue quand l’informatique est « l’objet » du délit - il s’agit du piratage - et quand il est « le moyen » du délit. Cette seconde catégorie rassemble tout délit ou crime au cours duquel l’auteur a utilisé un support numérique. Dès lors, on peut oublier l’aspect mystérieux et impressionnant qui peut surgir quand on parle du hacker. Adieu génies de l’informatique, hacktivists ou white hats : bonjour escrocs, dealers et amateurs de pédopornographie. « Aujourd’hui la cybercriminalité est partout », décrit l’adjudant

ENCORE PLUS DE HACKS À LYON AVRIL 2015 Le site de la bibliothèque municipale de Lyon est piraté par un collectif de hacker anti-Israël (AnonCoders). Cette attaque est en réponse aux caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo. FÉVRIER 2016 De fausses alertes à la bombe visent des établissements scolaires dans le monde, dont six à Lyon. Un groupe d’internautes (Evacuation Squad) revendique ces attaques aux motifs pécuniaires. AOÛT 2016 Une fausse alerte à la bombe vise la Grande Mosquée de Lyon. Un informaticien est arrêté et condamné à quatre mois de prison avec sursis.

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ENQUÊTE


MÉDIAS  <<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<< 22 <<<<

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Le Lanceur est l’un des nouveaux pure players lyonnais.

PURE PLAYERS

UN MODÈLE QUI SÉDUIT LES MÉDIAS LOCAUX

Ce n’est une nouvelle pour personne : la presse est au cœur d’une révolution numérique. Avec l’évolution des moyens de diffusion et des modèles économiques, c’est un monde nouveau qui s’ouvre. Une effervescence qui rappelle aux médias déjà existants qu’ils vont devoir s’adapter pour survivre.

L

eLanceur.fr, Salade Lyonnaise, Rue89Lyon. Tous sont des pure players lyonnais rattachés à un titre de presse plus important. Ces trois médias ont une ambition, un modèle économique et une ligne éditoriale différents, mais ils témoignent tous d’une presse locale qui prend le tournant du web.

L’INVESTIGATION NATIONALE « MADE IN LYON »

En 22 ans d’existence mouvementée, le magazine Lyon Capitale est devenu une référence locale dans le domaine de l’investigation. En février 2016, la rédaction crée LeLanceur.fr. Plus que de se mettre au web, c’est le désir de faire de l’investigation nationale qui a été le moteur du projet. La présence du groupe Fiducial Medias permet au pure player d’avoir une ambition à cette échelle. Le groupe plurimédia englobe à la fois Sud Radio et Lyon Capitale, un moyen de mettre à disposition du jeune site d’investigation la capacité de travail des deux médias. Concernant le modèle économique, le site est accessible gratuitement et sans publicité. « On a des idées pour le faire évoluer mais ce n’est pas à l’ordre du jour, déclare Raphaël Ruffier, rédacteur en chef de Lyon Capitale, pour l’instant on doit juste émerger. Le travail se fait sur le fond. » Pour attirer les lecteurs, LeLanceur.fr compte sur la qualité de ses sujets et sur les reprises d’informations par d’autres médias, dont ceux du groupe Fiducial.

S’ABONNER AUX COULISSES DE LA VIE POLITIQUE LOCALE

C’est grâce à la volonté de faire du web que le site Salade Lyonnaise renaît de ses cendres. En 2014, ce blog rattaché à Tribune de Lyon donnait accès aux coulisses des élections municipales. De retour depuis novembre 2015 (et payant depuis mars 2016), le site vise désormais les coulisses de l’ensemble de la vie politique

lyonnaise. Le pure player compte déjà plus de 500 abonnés payants, dont des personnalités comme Gérard Collomb, Laurent Wauquiez, ou Najat Vallaud-Belkacem. L’investissement de départ - 50 000 euros seulement pour le développement du site et de l’application - est déjà remboursé de moitié. Un succès qui n’a pas manqué d’encourager Tribune de Lyon sur la voie du numérique. Le titre de presse a en effet lancé un second pure player - La CroixRoussienne - et a pour ambition de multiplier ce genre de site, 100 % web et ultra-local. D’ici là, Tribune de Lyon prendra peut-être le temps de refondre son propre site web. Celui-ci est toujours en format “vitrine” et pas vraiment dans l’esprit “révolution numérique”.

VERSION LOCALE, MAIS PAS SOUS-MARQUE

Rue89Lyon est l’aîné du trio. Il est fondé en 2011 par trois journalistes fraîchement licenciés de Lyon Capitale (Dalya Daoud, Laurent Burlet et Mickaël Draï). Le site d’information hérite de la ligne éditoriale « progressiste » de la marque Rue89, ainsi que de son code couleur. En avril 2014, Rue89Lyon abandonne son statut de Société coopérative ouvrière de production (SCOP) en faveur de celui de SARL. Cela permet à Laurent Burlet et Dalya Daoud (les journalistes co-fondateurs restants) d’être les actionnaires majoritaires du titre. Ce changement de statut traduit aussi les difficultés économiques que rencontre le titre. Le 9 novembre dernier, Rue89Lyon a fêté ses cinq ans. Dans son édito d’anniversaire, la rédactrice en chef et actionnaire Dalya Daoud décrivait « une micro rédaction locale en constante tension entre ses moyens et sa forte ambition. » Comme quoi, être un précurseur du virage numérique ne garantit pas forcément la pérennité d’un média. LOÏS RICHARD

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LA DÉSILLUSION DES PURE PLAYERS LYONNAIS Les pure players se veulent les prédicateurs d’une nouvelle façon de traiter l’information. Les Lyonnais Ijsberg, 8e Étage ou encore CFactuel ne dérogent pas à la règle. Toutefois, tout n’est pas rose pour ces médias en ligne. Explications. MANON DOGNIN

S

ouvent créés par et pour des vingtenaires, les médias prend pas vraiment la peine de se défendre : « On a surestimé les ayant fait le choix du tout en ligne s’affirment avec la levées de fonds, c’est vrai », sera la seule explication à ce propos. vocation de détonner au sein du paysage médiatique Benjamin Poirier, co-fondateur de CFactuel explique : « On doit français. Les pure players lyonnais s’inscrivent parfait- par exemple se limiter à traiter un nombre restreint de sujets, faute ement dans cette tendance. À l’instar de 8e Étage ou d’Ijsberg, ces de moyens. Pour s’en sortir, on offre nos services à des entreprises. » jeunes start-up, nées à Lyon, surfent sur la vague du « slow jour- L’innovation ne suffit donc pas à guérir miraculeusement la crise nalism ». Un courant très en vogue dans la génération Y. « Notre que traverse la presse française. Les pure players voient leurs force est de pouvoir traiter de ce qu’on veut, quand on veut, modèles se heurter aux mêmes contraintes financières que sans être pressés par le temps. On ne s’impose rien et surles médias classiques. Toutefois, Benjamin tient à nuancer tout pas de faire ce qui se fait partout à l’instant T », exla situation : « Il faut bien être conscient que les jeunes « Avec pose Maxime Lelong, rédacteur en chef de 8e Étage. pure players n’ont pas les mêmes limites que les grands 2 200 € de De son côté, CFactuel a misé sur une approche médias. Contrairement à eux, nous ne subissons didactique, en proposant de rendre l’actualpas de pression de la part des annonceurs ou chiffres d’affaires ité plus "captivante" sous forme d’infogrades grands industriels. Je trouve qu’à notre en 2015, le modèle phies. Ces modèles ont un point commun : niveau, il est facile de leur jeter la pierre. » du 8e Étage a des publicités quasi inexistantes sur leurs sites. intérêt à être Mais qui dit absence de publicités, ne dit-il pas fins LA MAGIE DE PARIS solide. » de mois difficiles ? Autre limite, la difficulté à s’offrir une crédibilité nationale lorsque l’on est basé en province. Délocalisé à L’ARGENT, LE NERF DE LA GUERRE Paris depuis maintenant deux mois, le cas de 8e Étage, illustre Ces jeunes ambitieux du web ont beau vouloir changer le bien cette problématique. Maxime Lelong se remémore : « On monde, s’ils veulent survivre, leur business model a plutôt intérêt nous demandait souvent pourquoi en tant que média lyonnais à être solide. Lorsque l’on sait que le chiffre d’affaires de 8e Étage on ne traitait pas l’actualité locale. Les Parisiens visualisaient ne dépassait pas 2 200 euros en 2015 (soit 183 euros par mois), mal le concept d’un média national qui émergeait hors de Paris. » on se doute qu’il est difficile pour ces médias de tirer leur épingle Néanmoins, se développer sur la capitale n’est pas exclusivement du jeu. Créé il y a deux ans, Ijsberg connaît bien ces contraintes une question d’image. « Il y a des opportunités, des bourses et un d’argent. Les témoignages de pigistes mal ou pas payés du tout réseau que l’on ne trouve nulle part ailleurs », renchérit Maxime. ont afflué depuis février dernier, contribuant ainsi à entacher la Ijsberg, 8e Étage, tout comme CFactuel reconnaissent volontiers réputation de la start-up. « Après trois ou quatre relances, j’ai été qu’être implanté à Lyon représente parfois « un frein stratégique. » payé... au noir. Ni facture, ni fiche de paie », confesse un ex-pigiste à Acrimed. De son côté, Sébastien Bossi, capitaine du navire, ne

L’équipe du jeune pure player lyonnais CFactuel. © CFACTUEL

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LA TOILE LYONNAISE

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COUPS DE CŒUR DE LA RÉDAC

CES LYONNAIS QUI INFLUENCENT LE WEB Lyon est une ville connectée, ce n'est donc pas une surprise si les blogueurs, youtubeurs et réseaux sociaux ont pris une place majeure dans la capitale des Gaules. Mode, sport ou encore jeux vidéo, ils sont nombreux à avoir créé une véritable communauté. Rencontres. SELENA MINISCALCO ET ANGÉLIQUE BERNARD

PSYKO17

MODEUSEMENT VÔTRE

Tom, 27 ans

Alicia, 25 ans

RÉSEAUX SOCIAUX : Twitter, Youtube FOLLOWERS : 116K sur Twitter, 429K fans sur Youtube SPÉCIALITÉ : Vidéo Gaming, FIFA RÉMUNÉRATION : Au minimum 2 000 euros par mois

« J’ai mon blog depuis bientôt six ans, je pense que l’ancienneté joue aussi (…) Ma spécialité c’est de mélanger les styles pour créer des tenues urban chic ! »

© DR

MARIEANDMOOD

LIBÉRO LYON

Marie, 29 ans

Pierre, 34 ans

BLOG : marieandmood.com FOLLOWERS : 40K visites par mois, 55K followeurs sur Instagram SPÉCIALITÉ : Mode, beauté et lifestyle RÉMUNÉRATION : Auto-entrepreneur

SITE WEB : leliberolyon.fr FOLLOWERS : 6 800 followers sur Twitter SPÉCIALITÉ : Football, sports (OL) RÉMUNÉRATION : Non © DR

« Le secret, c’est d’avoir un univers à soi et d’avoir un contenu qualitatif qui accroche l’oeil. J’adore Instagram, où l’on peut toujours découvrir de nouvelles choses. »

PIWEE

« J’ai su trouver un style d’articles novateur en France, des compilations de posts de community managers et surtout un contenu créatif original. »

Lucas, 22 ans

© ANGÉLIQUE BERNARD

BLOG : piwee.net FOLLOWERS : 500 000 vues par mois sur son site et 39K sur Facebook SPÉCIALITÉ : culture, innovation RÉMUNÉRATION : En vit depuis 2 ans

« Avec le Libéro Lyon, je voulais quelque chose de journalistique mais avec un ton "décalé", même si je n’aime pas ce terme. »

MrELSI

Julien, 25 ans

© ANGÉLIQUE BERNARD

« Quand j’ai lancé « Psyko17 » je me suis dit qu’il y avait une place à prendre sur le jeu FIFA. Mon secret ? Être passionné et échanger avec mes abonnés. »

© DR

© DR

BLOG : modeusement-votre.fr RÉSEAUX SOCIAUX : Instagram, Twitter FOLLOWERS : 75K sur Instagram SPÉCIALITÉ : Beauté, mode, lifestyle RÉMUNÉRATION : Entre 150 et 1 600 euros par collaboration.

RÉSEAUX SOCIAUX : Twitter et Snapchat FOLLOWERS : 33K followers sur Twitter et 11K vues/snap sur Snapchat SPÉCIALITÉ : Second degré RÉMUNÉRATION : Non « Pour moi Twitter, c’est une grande cour de récré, sans surveillants ! Je n’ai pas de limites, je vanne qui j’ai envie. Mes followers sont comme moi, ce sont des potes avec qui je peux aller boire un coup et rigoler quand ils me reconnaissent dans la rue. »

On aurait pu vous en parler... @EnjoyPhoenix, @RomainBlachier, @SocialGones, @GeekandFood, @Ely_Gypset, @CathCervoni, @JhonRachid, @AntoineComte, @Mythixtrinity, @InThePanda, et bien d’autres !

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LA TOILE LYONNAISE

JEAN-MICHEL AULAS

© A.B

 @JM_Aulas

« JE PRENDS UN PLAISIR INFINI SUR TWITTER »

Entre deux tweets, Jean-Michel Aulas nous a accordé une interview dans son bureau au Parc OL.

Avec presque 343 000 abonnés sur Twitter, Jean-Michel Aulas, le président de l’Olympique Lyonnais (OL), est une figure sur ce réseau social. Attaques parfois virulentes, blagues, il ne laisse personne indifférent. Le président le plus connecté de France nous confie sa stratégie sur Twitter. Est-ce vraiment vous qui tweetez ? J.-M. A. : Oui, c’est bien moi qui tweete. J’ai juste deux conseillers professionnels et une société qui gèrent tout ce qui est statistiques, mais le contenu vient de moi-même.

leur globalité, alors que c'est faux. J’ai choisi de taper sur ce point-là (des abonnés, ndlr.), car je savais que cela ferait parler dans les médias, c’est ce que j’aime. Mais êtes-vous conscient que votre manière de vous exprimer (smileys, réponses enfantines) peut vous décrédibiliser ? Bien sûr, mais c’est de la dérision, quand je me fais insulter par le "café du commerce" je me mets à leur niveau de bêtise.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à aller sur Twitter ? J’ai choisi Twitter après avoir expérimenté Facebook et m’être fait pirater. Twitter est très dense, plus direct. Je m’en sers car c’est le meilleur outil pour rentrer en contact avec des per- Comment expliquez-vous le fait que vous êtes sonnes qui m’intéressent. Mais Twitter n’est pas la vie réelle, le président le plus actif sur la Toile ? malgré certains lobbys, je prends mes décisions en mon âme Pour être sur Twitter il faut s’assumer. Le plus grand défaut d’un homme qui réussit c’est justement de et conscience et surtout pas en foncne pas s’assumer. Moi, les critiques ne me tion du "café du commerce Twitter" Pour être sur dérangent pas, j’assume ce que je tweete et (qu’il définit comme les faux supporTwitter, il faut ce que je suis depuis toujours. Mais je ne ters lyonnais, ndlr.), qui est le meilleur s’assumer. passe pas ma vie sur Twitter non plus, je moyen de faire des conneries. suis actif plutôt le soir, j’aime tweeter après Moi, j’assume Quelle est votre réelle stratégie ? les matchs, car gagnés ou perdus, je ne dors ce que je dis Je me définis comme quelqu’un de pas. et tweete. décalé. Twitter n’a d’intérêt que si Pensez-vous qu’aujourd’hui un président on y travaille au second degré, avec de club peut recruter sur Twitter ? une vraie stratégie derrière. Par exemple, quand je réponds à Non, bien sûr que non. Par exemple, Alex Morgan (joueuse quelqu’un qui me dit être supporter lyonnais, alors que je sais américaine de football, ndlr.), je la tweete par dérision. Si je qu’il ne l’est pas, cela me fait rire. Ce que les gens ignorent c’est veux la contacter, j’appelle son agent. Par contre, voir la réacque j’ai un tracking très précis de leurs anciens tweets. Je rétion des "blaireaux" qui pensent que je passe par Twitter pour ponds de manière décalée, mais jamais insultante. rentrer en contact avec elle m’éclate, c’est le but, je prends un Vous répondez à certaines personnes et pas à d’autres, plaisir infini sur Twitter. Puis vous savez, je regarde les tweets comment les choisissez vous ? et quand je lis « vous me faites rire président », je me dis que le Je choisis de répondre à certains twittos qui croient tout savoir pari est réussi. car ils ont un compte Twitter. Ils pensent surtout qu’avec quarante abonnés, ils représentent les supporters lyonnais dans PROPOS RECUEILLIS PAR ANGÉLIQUE BERNARD

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TPE/PME

UNE TRANSITION AU NUMÉRIQUE DÉLICATE Avec près de 135 000 TPE et PME installées dans le Rhône, Lyon représente un vivier de petites sociétés. Depuis plusieurs années, bon nombre d’entre elles ont été amenées à se mettre au web. Si des accompagnements sont proposés à ces entreprises, elles manquent encore d’informations à ce sujet.

«L

e manque de formation au numérique des entreprises est manifeste. Comme dans toute révolution, on ne sait pas où l’on va », analyse Samy Kéfi-Jérôme. Président de la Commission numérique de la région Auvergne-Rhône-Alpes, il a bien pris en compte l’enjeu de la transition en cours. À l’heure actuelle, beaucoup de Très Petites Entreprises (TPE) et de Petites et Moyennes Entreprises (PME) lyonnaises n’osent pas passer le cap à cause d’un manque d’information. Selon une étude de la CCI Lyon Métropole, plus de 60 % d’entre elles jugent le montant de l’investissement à fournir trop élevé et 45 % estiment ne pas avoir les compétences requises pour cela. En réalité, ces entreprises voient souvent plus grand que leurs besoins réels. L’Espace numérique entreprise (ENE) propose justement des programmes pour les éclairer. Il s’agit d’une association fondée par les acteurs économiques de la région, dans le but de créer un interlocuteur unique et neutre pour les problématiques

© THIBAULT AUCLERC

E-LEARNING  <<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<< 26 <<<<

Aurélien Preto (à gauche) et Jocelyn Bouilhol s’occupent d’aider les TPE et PME lyonnaises dans leur passage au numérique avec l’ENE.

numériques. Chaque année, elle permet à plus de 200 TPE et 150 PME de se former pour leur passage au numérique. Sur quatre demi-journées d’accompagnement, les entreprises établissent un diagnostic, puis sur quatre autres, elles bénéficient d’une formation en groupe. « Certains se trompent sur leurs besoins », constate Jocelyn Bouilhol, chef de projet sur l’accompagnement des PME. « Un simple site vitrine leur suffirait, et pour 5 à 10 euros par mois, il leur est possible de le créer euxmêmes. Un site marchand peut aussi être lancé pour cinquante euros par mois, et ce, sans avoir besoin de compétences élevées. »

a été placée en liquidation judiciaire, très récemment, parce qu’elle n’a pas su protéger les fichiers d’Orange. Aussi, Orange a arrêté de travailler avec elle, alors qu’elle représentait 35 % de leur chiffre d’affaires. La protection des données devient un axe de travail prioritaire, mais trop peu d’entreprises en sont informées. Pourtant, c’est primordial pour un territoire comme le Rhône, qui compte beaucoup de sous-traitants de grand groupe », regrette Jocelyn Bouilhol. En 2012, Hélène Nimsgern a lancé son concept store mode et beauté, L'Atelier des Rouges. Quelques mois plus tard, elle décide d’être présente sur le web et choisit l’ENE pour l’accompagner. Elle a ainsi LES ENTREPRISES SE TROMPENT développé un site Internet et a fondé une SUR LEURS BESOINS communauté sur Facebook, Instagram, L’ENE essaye donc d’atteindre le plus puis Twitter. Une activité à laquelle elle grand nombre possible d’entreprises, mais consacre cinq heures par jour. En créant l’association ne parvient à en informer des événements sur Facebook, elle a obque 3 000 chaque année. Ce manque de servé des retombées immédiates avec connaissances peut s’avérer fatal pour les des publications vues plus de 10 000 fois. entreprises : en plus de passer à côté de « Les dépenses n’étaient pas prévues dans le possibles nouvelles rentrées d’argent, elles business plan, mais je pense que sans cela, risquent de mettre la clé sous la porte. je ne serais plus là. En étant implantée à « Une société d’impression de catalogues Croix-Rousse, j’ai 50 % de ma clientèle qui vient d’autres quartiers, particulièrement grâce LE WEB COMME SECONDE CHANCE à cette communication », observe-t-elle. Si plusieurs cenPOUR LES ÉLÈVES DÉCROCHEURS taines d’entreprises sont déjà Pour lutter contre le fléau du décrochage scolaire, l’école Epitech et l’association Zup passées au numérique avec de co ont créé, à Paris, en 2010, la Web@cadémie : une formation gratuite en deux ans l’aide de l’ENE, elles devraient destinée aux élèves sortis prématurément du système scolaire. Depuis 2013, Epitech être plus nombreuses avec l’ouLyon accueille aussi sa Web@démie, où quarante jeunes sont formés chaque année au verture à la rentrée 2017 du métier de développeur web. « Cela marche très bien, on a peu d’abandons. C’est une Campus Numérique, à Charpédagogie innovante, où les étudiants apprennent en réalisant des projets. Ils apprécient bonnières-les-Bains, dans lad’être dans le concret », explique Sylvie Viger, directrice des deux écoles. À la fin de la quelle l’association sera impliformation, 70 % des jeunes intègrent le marché du travail et 30 % continuent des études. quée. « Ils se dirigent souvent vers l’école Etna, pour préparer un master 2. C’est assez joli pour des jeunes qui n’ont pas de baccalauréat. » THIBAULT AUCLERC

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MAMIE SE MET AU WEB

© MANON DOGNIN

Rémy Giacometti, ici avec Christiane, initie un groupe de seniors au net chaque semaine.

Une fois à la retraite, de plus en plus de seniors découvrent Internet et les ordinateurs, soit par volonté d’apprendre, soit par sentiment d’obligation. Beaucoup d’ateliers se sont mis en place pour les aider à Lyon, comme celui de la MJC Monplaisir.

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ing, Yahoo search, Microsoft, Androïd... Ces termes ne leur sont pas forcements familiers, mais elles ont décidé de se lancer dans l’apprentissage du web. Cinq femmes, âgées de 49 à 85 ans, se retrouvent toutes les deux semaines à la MJC Monplaisir pour s’initier au net. La plupart se sont senties obligées de suivre cette formation, parfois pour d’étonnantes raisons. La doyenne, Monique, s’est acheté une tablette, il y a un an, pour pouvoir rechercher des numéros de téléphone au moment où elle ne trouvait plus d’annuaires papier : « C’est plus compliqué que ce que je pensais, il y a des choses qui se bloquent et je ne sais pas les débloquer, alors je ferme tout. Je ne comprends pas non plus pourquoi il faut sans arrêt déverrouiller la tablette », confie-t-elle dans un sourire. De son côté, Christiane, 63 ans, s’est d’abord inscrite à l’initiation pour se tester. Elle a maintenant franchi le pas, s’est acheté un ordinateur portable et a souscrit un abonnement Internet : « Une fois à la retraite, je me suis dit "ce n’est pas pour moi". Mais finalement, quelques années plus tard, j’ai constaté que je ratais des informations touchant à mes clubs de randonnées et de cartes. J’ai senti un manque et le besoin de me mettre à Internet ».

« IL FAUT LEUR FAIRE COMPRENDRE QUE LA MACHINE NE VA PAS EXPLOSER »

demi-heure, une deuxième Monique, qui surveille attentivement sa tablette depuis le début, interpelle, pleine d’inquiétude, le formateur : « Il y a quelque chose d’affiché. » Il s’agit, finalement, que de la commande vocale, déclenchée par erreur. Après un long dialogue sur les branchements nécessaires à l’ordinateur, les systèmes d’exploitation et les moteurs de recherche, le cours se termine sur une réponse aux problèmes rencontrés par les intéressées. Tout juste dotée de son nouvel ordinateur portable, Christiane a du mal à maîtriser les clics sur le pavé numérique et n’arrive donc pas à l’éteindre : « J’ai beau taper dessus, cela ne marche pas, je me lève au milieu de la nuit et il est toujours allumé », assure-t-elle. Si elle a réussi à résoudre ce problème, elle reste perplexe sur ses capacités futures dans la maîtrise du web. « Avec Internet, on peut faire énormément de choses, je sais que certains regardent des films, mais ce n’est pas moi qui vais faire cela », s’amuse-t-elle. Elle poursuit : « Je vais uniquement aller regarder mes mails et les informations de mes clubs ». THIBAULT AUCLERC

ATELIERS D’INITIATION AU WEB, TROIS GROUPES DE NIVEAUX DIFFÉRENTS, 119 EUROS. PLUS D’INFOS SUR MJCMONPLAISIR. TÉL. 04 72 78 05 70

LES ENFANTS AUSSI APPRENNENT À CODER

Pour leur quatrième séance de l’année, elles rencontrent Rémy Les plus jeunes se mettent aussi au web. Giacometti, le responsable du multimédia et de la formation À Lyon, nombre de MJC proposent des ateliers à la MJC Monplaisir, absent lors des précédentes sessions pour diverses tranches d’âges. C’est le cas de la salle des en raison d’un arrêt maladie. La majorité des cours est Rancy, où Séverin Dupouy initie les enfants, âgés de 10 à 15 ans axée sur la pratique, pour répondre aux problèmes à la programmation, en leur apprenant a se familiariser avec les personnels de chacune. Toutefois, le formateur lignes de codes et le langage d’Internet : « C’est quelque chose qui se fait préfère d’abord leur faire comprendre le de plus en plus, cela ressemble aux "Coding Goûters", l’événement à la mode fonctionnement des ordinateurs (en une du moment où les jeunes se réunissent autour d’un goûter pour s’initier au heure et demie très théorique), avant codage. » Mais si les enfants savent manipuler de plus en plus tôt les appareils d’aborder, par la suite, le web. « Il faut leur électroniques, ils ont en revanche très peu de connaissances du web. « On faire accepter que la machine ne va pas exploser est loin du mythe du digital native. En réalité ils savent plus ou moins les si elles font une erreur. Elles ont peur de mal faire utiliser, mais ils n’y connaissent pas grand chose. Si quand ils cliquent sur le web, à cause de la valeur de la machine. J’essaie cela ne marche pas, pour eux c’est qu’il y a un bug. » donc de les aider à briser cette barrière », analyse Rémy ATELIERS NUMÉRIQUES CHAQUE MERCREDI (8/10 ANS - 10/13 ANS) À LA SALLE DES RANCY – 69003 Giacometti. En effet, alors que le cours a débuté depuis une PLUS D’INFOS SUR WWW.SALLEDESRANCY.COM - TÉL. 04 78 60 64 01

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LES NOUVEAUX MÉTIERS DU WEB

GRÉGORY ZERBONE

CONSULTANT SEO, LE ROI DES MOTS-CLÉS © GRÉGORY ZERBONE

Yvan Romieu est actuellement consultant SEO à son compte à Lyon. Il est le créateur de Navyweb, un site Internet professionnel qui lui sert de vitrine sur les réseaux sociaux.

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Djossè Tessy fait partie de ces Lyonnais qui œuvrent dans le web. Ce jeune homme de 25 ans pratique l’un des nouveaux métiers de ce secteur : architecte de l’information.

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e Lyonnais Yvan Romieu propose ses services à des entreprises afin qu’elles soient bien référencées sur les moteurs de recherche tels que Google ou encore Yahoo. Pour cela, il analyse les points faibles et forts des autres sites. « Sur la toile, il existe un système de mots-clés. Mon travail est de faire en sorte qu’en tapant ces fameux mots dans la barre de recherche, on puisse tomber sur les sites pour lesquels je travaille. Je vends une prestation globale et cela s’étale généralement sur 6 à 10 mois, voire plus ». Le Lyonnais est très visible sur Twitter grâce à son site Navyweb, qui possède de nombreuses recommandations. « C’est un métier passionnant où l’on peut travailler sur toutes les thématiques, c’est très varié. » Si certains sites payent Google pour être plus présents sur la toile, le consultant SEO, lui, passe par des annonces gratuites. Yvan Romieu a notamment œuvré pour la boîte 3D Shop ou encore pour le coach en séduction Alexandre Cormont. Au cours de son parcours, il s’est tourné vers un BTS Science info des organisations (SIO). Le Lyonnais n’appréciait guère les études, il décida donc de se former sur le blog de référencement tenu par Laurent Bourrelly. En 2013, il se lance dans l’optimisation pour les moteurs de recherche (SEO). Un an plus tard, à l’âge de 25 ans, il fonde un webmagazine 100% masculin, du nom d’UNMEC.fr.

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jossè Tessy, 25 ans, est architecte de l’information. Un travail qui consiste à s’occuper de toute l’architecture d’un site Internet, c’est-à-dire d’en définir la thématique et les différents contenus, mais aussi d’optimiser la navigation ainsi que la recherche d’informations. Le jeune homme travaille pour d’importantes entreprises ayant du mal à faire les bons choix sur le net, comme Michelin ou PNB Services. Son objectif consiste à nettoyer de fond en comble le site, afin qu’il soit clair pour les utilisateurs. « Mon métier se résume en un mot : intuitif. » Pour exercer cette profession, il faut aimer venir en aide aux autres, savoir répondre aux différents besoins, apprendre de ses erreurs et surtout se renseigner sur les droits existants. Message reçu pour Djossè Tessy : « J’ai toujours aimé découvrir des choses et je suis un passionné de culture, c’est pour cela que je suis parti en Égypte pendant deux ans pour passer un master en gestion culturelle. » Guidé par cette envie d’aider son prochain, il créé alors l’association Ainsitu Junior Conseil, composée d’une majorité d’étudiants. Actuellement, il s’occupe aussi du MOOC Archinfo pour le continent africain.

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TRAFFIC MANAGER, L’ADRÉNALINE AVANT TOUT © SARAH KHETTAL

Originaire de Lyon, Sarah Khettal travaille en tant que traffic manager au sein de l’agence de référencement Geolid. Son objectif ? Permettre aux sociétés clientes d’être visibles sur le net grâce à la gestion de leurs campagnes publicitaires.

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arah Khettal, 27 ans, exerce le métier de traffic manager pour l’agence de référencement lyonnaise Geolid. Elle est au coeur de la stratégie digitale des entreprises. Son rôle : garantir leur visibilité en ligne et optimiser la fréquentation de leurs sites. Pour cela, elle prend en charge leurs campagnes publicitaires sur le web : formats des publicités, choix des sites ou moteurs de recherche, négociation des tarifs et analyse des données… Rien n’est laissé au hasard. Une véritable stratégie est mise en place. « Mon métier fonctionne avec différents critères. Je dois en permanence me remettre en question, utiliser les bons mots clés, respecter les critères exigés par les moteurs de recherche, trouver des idées toujours plus innovantes pour rendre les entreprises plus attractives et attirer plus de visiteurs. Je travaille pour de grosses sociétés : Axa, Jouéclub, Laforêt… ». La jeune femme effectue un travail de l’ombre et propose, la plupart du temps, un contrat d’une année à ses clients. Un traffic manager travaille dans une agence et est en relation avec les éditeurs de sites, ainsi que les consultants SEO. La Lyonnaise, titulaire d’un Master 2 en e-commerce et stratégie multicanale, exerce ce métier depuis quelques mois.

DATA SCIENTIST, LES SUPER-HÉROS DE LA DATA Data scientist : inconnu pour beaucoup, ce métier est néanmoins en pleine expansion. Taha Zemmouri et Mikaël Lautret-Staub ont créé leur propre société, DataGenius.

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© MANON DOGNIN

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es data scientists Taha Zemmouri et Mikaël Lautret-Staub viennent de lancer leur propre société, DataGenius. L’objectif est de gérer les données (ou data) d’entreprises. Ils se servent de statistiques, mathématiques, sciences, données fournies par l’employeur pour faire fructifier le business de leurs clients. « Nous sommes là pour répondre aux besoins de la société, ainsi que pour réaliser des études leur montrant la voie à suivre. Le métier est varié et très instructif. On apprend beaucoup de choses, c’est une profession très concrète, permettant d’optimiser sa prise de décision. » Taha et Mikaël collaborent sur de nombreux projets, comme notamment celui de Geolid. Le data scientist analyse les données de l’utilisateur afin d’améliorer sa performance sur le web. Il effectue aussi un métier de conseil, en aiguillant au mieux les dirigeants de sociétés. Actuellement en pleine expansion, le métier se développe de plus en plus dans la région lyonnaise. Un phénomène que Taha Zemmouri et son associé ont bien compris. Les deux acolytes ont chacun suivi une classe préparatoire pendant deux années. Passionnés de mathématiques et de chiffres, ils semblent avoir trouvé leur voie dans le data.


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TOP/

FLOP

LE GUIDE DU ROUTEUR

RUNNIN‘ CITY

LE TEST DES APPLIS LYONNAISES

L’AMI DE L’EXPLORATEUR À BASKETS

Je me chausse, je mets mes écouteurs, je franchis la porte. Une voix robotique me guide vers un trajet parsemé de points d’intérêts, qui me font redécouvrir Lyon à mon rythme. S’il interrompt souvent ses récits à mi-phrase pour un virage, ce robot est beaucoup moins cher qu’un guide en chair et en os. Disponible dans plus de cent villes, Runnin’ City est idéal pour un voyage en moins d’une heure. Le premier trajet vous est offert : sortez et découvrez !

TARIFS 1,99 € LE TRAJET

4/4

VERDICT DU ROUTEUR LE ROI DU TOURISME SPORTIF!

BAROUDEUR

GÉOLOCALISE LES BONS PLANS

Après les cours, je décide d’aller boire un verre. À la recherche d’happy hours dans le secteur, j’utilise l’appli Baroudeur présentant des choix variés. Le bar Le temps des copains en organise justement pour les étudiants de 19 à 21 heures. Ou serait-ce de 18 à 20 heures? Deux tranches horaires sont affichées. En comparant les offres, je constate aussi que les prix ne sont parfois pas spécifiés. Dommage.

GRATUIT! VERDICT DU ROUTEUR DU POTENTIEL, MAIS ENCORE TROP DE CONFUSION

CITYLITY

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L’APPLI CITOYENNE QUI FACILITE LE QUOTIDIEN

Des vêtements inutilisés sans savoir où s’en débarasser ? Citylity permet, grâce à la géolocalisation par smartphone, de trouver la borne de vêtements la plus proche. J’ai testé l’appli, une borne était à 50 m de chez moi et je l’ignorais. Pareil pour les parkings vélo, les bennes, le verre, les WC publics, les commerces de proximité ou encore les boîtes postales. Le tout, gratuitement. Fin de la discussion et thème imposé, c’est comme les reines du shopping, mais sans Christina.

GRATUIT!

3/4

VERDICT DU ROUTEUR PRATIQUE!

MR GUSTAVE

L’APPLI QUI VOUS LIVRE TOUTES VOS ENVIES

C’est toujours après la fermeture des magasins que l’on réalise qu’on a oublié quelque chose. À 21 heures, je rêve d’un burger mais par ce temps, mon canapé me retient. Je fais donc appel à Mr Gustave : mauvaise surprise, je suis sur liste d’attente et on m’annonce à trois reprises que ma commande ne peut être prise en compte. Je peux donc m’asseoir sur mon envie de Whopper… Mon régime me remercie, mais mon estomac crie toujours famine.

TARIFS DE LIVRAISON LYON : 7€

VILLEURBANNE: 8€

VERDICT DU ROUTEUR COÛTE TROP CHER, LONGS DÉLAIS DE LIVRAISON

1/4 LYON 2.0


« RÉUNIR LES GENS »

JANVIER 2017

Jean-Louis Brunet, ???????????????

Que pensez-vous de la politique de la Ville en terme de numérique ? Lyon fait énormément de choses pour les initiatives entrepreneuriales autour du numérique : à mes yeux, la politique de la Métropole est dynamique et cohérente. Ils viennent démarcher des entrepreneurs pour mener à bien des projets. D’un autre côté, les entrepreneurs lyonnais n’attendent pas le soutien de la

N°1 DÉCEMBRE 2016

Le Blend Web Mix 2017 se déroulera les 26 et 27 octobre prochains. Quel est l’objectif de cette année ? Fondamentalement, le Blend Web Mix est un ensemble de conférences, dont le but est de réunir tout un tas de gens. Nous proposons plusieurs thèmes que les participants peuvent sélectionner : tech, web market, track, etc. Chaque profil s’adapte. Le défi qui nous attend cette année, c’est de continuer à s’ouvrir de plus en plus : nous souhaitons que la Cuisine du web s’efface petit-à-petit, et laisse place à l’écosystème tel qu’il est aujourd’hui.

PROPOS RECUEILLIS PAR VICTORIA HAVARD

FÉVRIER 2017

municipalité pour prendre des initiatives. Par exemple, le Blend Web Mix a été financé à hauteur de 50 % par la Ville pour sa première édition. Cette année, les pouvoirs publics ont participé à hauteur de 25 % seulement, et nous espérons tabler sur 20 % de financement pour l’année prochaine.

DU WEB LYONNAIS En 2016, la Ville de Lyon a accueilli plus de 600 événements liés au numérique. On fait le point avec vous sur les rendez-vous web déjà prévus pour le début de l’année 2017. Pensez à réserver !

COLLOQUE SUR LE NUMÉRIQUE

Un séminaire sur la culture numérique, l’éducation aux médias et aux informations est organisé par le Ministère de l’Éducation Nationale et le Clemi, les 9 et 10 janvier à l’ENS Lyon. Il sera suivi le 11 janvier d’un forum du numérique, intitulé Les jeunes et l’info. Il sera ouvert au grand public.

LYON E-SPORT

Les fans de League of Legends (LOL) n’ont qu’à bien se tenir, la 10e édition du Lyon E-sport aura lieu du vendredi 24 février au dimanche 26 février prochain. Le Palais des Sports de Gerland accueillera des fans – costumés pour certains - venus soit pour jouer les matches, soit pour assister au tournoi. Les prix oscillent entre 8 et 20€. TOUS LES JOURS DE 9H30 À 00H30, SAUF LE VENDREDI, DE 18 HEURES À 00H30. WWW.LYON-ESPORT.FR

MARS 2017

Jean-Louis Brunet est l’un des membres fondateurs de la Cuisine du Web qui organise le Blend Web Mix. La conférence sur le numérique a pour objectif de mélanger les gens et les technologies pour faire progresser les métiers de cet écosystème. La dernière édition a eu lieu les 2 et 3 novembre dernier. Rendez-vous en 2017. Comment est venue l’idée du Blend Web Mix ? J.-L. B. : L’idée est née à la suite du premier World Wide Web (WWW) qui a eu lieu à Lyon en 2012. Cet événement mondial a eu un fort retentissement sur la ville, plus de 2000 personnes étaient présentes. À la fin, les pouvoirs publics sont venus nous démarcher (Cuisine du Web, ndlr.) pour lancer un nouveau projet. Nous nous sommes associés à l’Université de Lyon ainsi qu’au Clust’R numérique, et c’est de cette manière que le projet du Blend Web Mix est né.

LE GUIDE DU ROUTEUR

INSTITUT FRANÇAIS DE L’EDUCATION (IFÉ) 19, ALLÉE DE FONTENAY, LYON 7ÈME - 04.26.73.11.00

MIRAGE FESTIVAL

À nouveau en partenariat avec les Subsistances, le festival des animations numériques revient en force pour une cinquième édition. Les passionnés pourront retrouver les nouvelles œuvres produites par les artistes du Mirage : entre animations, projections, mapping vidéo et workshops, la création artistique sera poussée aussi loin que technologiquement possible, du mercredi 8 au dimanche 12 mars prochains.

INFOS PRATIQUES : BILLETTERIE AU 04.78.39.10.02. WWW.MIRAGEFESTIVAL.COM

AVRIL 2017

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QUESTIONS À JEAN-LOUIS BRUNET

© MANON DOGNIN

L’AGENDA

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LE SIDO

Lyon devient la capitale européenne de l’intelligence artificielle, les 5 et 6 avril 2017. Le SIdO, showroom international des objets connectés, posera ses valises à la Cité Internationale. Au programme, 250 exposants, 200 speakers et plus de 6 500 invités. L’événement, soutenu par la Région, la Métropole et la Commission Européenne, promet d’être le rendez-vous de l’année 2017. À vos calendriers !

MERCREDI 5 ET JEUDI 6 AVRIL 2017, DE 8H30 À 19H30 CONTACT : WWW.SIDO-EVENT.COM/FR


LE GEEK

UNE ESPÈCE QUI TRAVERSE LES ÂGES Arthur a 24 ans, est ingénieur en informatique, célibataire et a passé 1 783 heures devant League Of Legends… Oui, vous l’aurez compris, Arthur est un « geek ». MÉTALLEUX NON-ASSUMÉ

MANGEUR DE PIZZA MAISON

Attention, Arthur répond aux clichés mais pas totalement. En effet, monsieur ne se contente pas d’appeler Domino’s Pizza pendant ses parties nocturnes de League Of Legends. Ce cuisto en herbe confectionne ses propres pizzas maison!

LE COIFFEUR ? CONNAIS PAS

Si Arthur n’accorde guère d’importance à sa manière de s’habiller, pour lui, changer de casque audio pour chaque style de musique est indispensable. Étrange phénomène alors même que sa playlist s’articule autour de Rammstein et autres métalleux.

Au risque de vous décevoir, le geek prend tout de même la peine de se laver les cheveux plusieurs fois par semaine. La coupe, elle, ne varie pas beaucoup, et pour cause, Arthur se rend en moyenne une fois par an chez le coiffeur.

CHEMISE DE PLOUC

Arthur n’est pas un « matérialiste » selon ses propres dires. Ce qu’il porte reflète simplement ce qu’il a pioché aléatoirement dans son placard le matin. Du coup, c’est pantalon bien trop large, vieille veste tapissée de pin’s et chemises rentrées dans le pantalon (oui oui, comme Bruno Le Maire).

BOUFFEUR COMPULSIF DE KINDER

Pour se maintenir en forme (oui le e-sport est un sport comme les autres pour Arthur) et garder la pêche devant l’écran, le geek se goinfre de sucres rapides, à hauteur de 4 ou 5 paquets de Kinder Bueno par jour. Quoi ça vous choque ? Félicitez-le, il y a quelque temps, c’était les pots de Nutella qui y passaient…

MAC OU PC?

La question ne se pose pas pour Arthur. Son avis se résume dans cette phrase « Le grand Satan Apple ». Plutôt PC donc, notamment pour avoir la liberté de trafiquer le système de ses propres mains.

AMIS IRL?

BIENTÔT 2017?

Bon par contre, mille excuses de casser le tableau du parfait geek mais Arthur (à défaut d’avoir une copine certes) a bel et bien des amis Des amis tous très enthousiastes de l’avoir dans leur entourage, surtout lorsqu’il s’agit de faire appel à lui pour un souci informatique !

Alors que les jeunes de son âge s’enivrent le soir du Nouvel An, Arthur et son clan préfèrent ne pas quitter leurs ordinateurs et fêter la fin d’année dans un bar Craft (lieux réservés aux amateurs de MOBA) et se déchaîner all night long sur leur clavier jusqu’à en avoir des crampes (anecdotes véridiques, on précise). TEXTE: MANON DOGNIN

ILLUSTRATION: SAMUEL LEGRESLEY

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