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FAHRENHEIT 9/11

Fahrenheit 9/11, est un documentaire du réalisateur Michael Moore sorti en 2004 qui remporte la Palme d’or de cette année. Michael Moore est un réalisateur engagé ; toutes ses créations, qu’elles soient littéraires ou cinématographiques, ont un point commun : critiquer certains faits historiques ou sociétaux des États-Unis. Après avoir sorti un documentaire sur le port d’armes aux États-Unis, Bowling for Columbine, cette fois-ci Moore s’attaque aux élections présidentielles qui ont lieu trois ans avant la sortie de Fahrenheit 9/11. Il est possible que votre vision du rêve Il américain soit modifiée à la suite du visionnage de ce documentaire. Et rien ne vous échappera au sujet des attentats des tours jumelles et des évènements postérieurs à ceux-ci. Mais attention, ceci est confidentiel !

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Une vérité qui dérange dévoilée

Dans Fahrenheit 9/11, Michael Moore se met dans la peau d’un détective pour récolter des preuves afin de faire éclater la vérité au grand jour. Il dénonce le trucage des votes des élections présidentielles de 2001, mais aussi le lien direct entre la famille Bush et la famille Ben Laden, la manipulation des citoyens infiniment liée à la guerre en Irak, en se servant de dossiers confidentiels.

L’effet choc des archives

L’utilisation d’archives illustrant les propos de Moore rend ce documentaire atypique et nous permet de mieux comprendre. Cela donne l’impression, à nous, spectateurs, de vivre ce que l’on voit, sans censure. Ainsi, nous ressentons une proximité avec les personnes qui ont vécu les faits.

Quelle blague !

Une bande originale qui a son importance

Certains passages sont accompagnés d’une musique, souvent humoristique pour appuyer le côté caricatural, comme la musique country pour les aventures de Bush au Texas. Un autre exemple frappant de l’importance de la musique, à un moment plus sérieux du documentaire, est lorsque les soldats écoutent la musique “Burn MF” pour se motiver pendant la guerre.

À présent, venez vivre le rêve américain à travers trois scènes chocs de ce documentaire primé.

Michael Moore fait en sorte de ridiculiser George W. Bush au maximum à travers les images d’archives tels que Bush en vacances, ou lorsqu’il fait une déclaration sur le terrorisme pour jouer ensuite au golf comme si de rien n’était, mais aussi à travers ses commentaires, ce qui ajoute une touche humoristique au documentaire et nous arrache quelques sourires. On peut également voir la publicité pour une chambre forte : “on peut y boire un verre de bordeaux tout en profitant de la vie”, ou encore celle cas de terrorisme n’arrive pas à mettre parachute. Ces exemples montrent que Bush a beau essayer d’être crédible à travers des discours, les actions qu’il effectue derrière décrédibilisent totalement sa personne.

Un rêve américain ?

Cette scène est perturbante et marquante. Elle illustre le moment où Bush apprend que les tours jumelles viennent de se faire attaquer. Au moment des faits, le président des ÉtatsUnis se trouve dans une salle de classe de primaire en Floride. Mais suite à cette annonce, il décide tout de même de rester dans la salle de classe et de continuer sa séance photo avec une expression très neutre. Pendant ces 7 minutes où rien ne se passe, Michael commente en s’imaginant les questions que Bush se pose à ce moment-même. Aurait-il dû faire des réunions pour parler du terrorisme ? Pourquoi avoir baissé le salaire du FBI pour la lutte contre le terrorisme ?

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Dans cette double page, vous trouverez 3 scènes frappantes de ce documentaire. La première reprend les réactions de Bush lors de l’annonce de l’attentat des tours. La seconde montre la manipulation des personnes de pouvoir sur les citoyens américains. Et la dernière, atypique, représente la propagande de l’armée américaine pour que les adolescents s’engagent. 3

Burn Motherfucker

BURN MOTHERFUCKER BURN !

50% DE CHOMâge 2

Faire régner la peur

Pour pouvoir attaquer l’Irak, Bush sème la peur chez les citoyens en leur faisant croire que le risque terroriste est élevé. Ainsi, il y a une scène où l’on peut voir les infos indiquant aux étasuniens de se méfier de stylos qui pourraient contenir du poison “comme dans James Bond” déclare le présentateur de Fox News. Cela paraît ridicule ? Pourtant, on voit dans ce passage que les citoyens ont réellement peur, même ceux venant d’un petit village de 2016 habitants pensent pouvoir être la cible d’un attentat terroriste, ainsi une femme de Tappahannock affirme : “Il y a des gens, parfois, je les regarde et je me dis « Oh mon Dieu, et si c’était un terroriste ? »”

S’engager dans l’armée, la meilleure université ?

Cette scène suit l’annonce de la prolongation de la guerre en Irak. L’État a besoin de 24000 soldats. La propagande commence avec un spot publicitaire qui incite les citoyens américains à s’engager dans l’armée en présentant tous les bénéfices à en tirer. À la suite de cela, nous assistons à la scène entre deux soldats, dans une voiture, débattant pour savoir quoi choisir entre un quartier riche ou un quartier pauvre. La décision se fait rapidement : ils choisissent le quartier pauvre. L’armée américaine profite du taux de chômage présent pour inciter encore plus les adolescents à devenir soldat. Par exemple, à Flint le taux est de 50%. Une fois arrivé devant le centre commercial, ils commencent leur action de prosélytisme en abordant chaque jeune afro-américain ou latino pour qu’ils s’engagent. Ils mettent en place des stratégies pour aborder le plus de jeunes possible. D’après eux, la marine permet tous les possibles : « Tu sais, tu pourrais jouer pour les Marines » quand un jeune répond qu’après le lycée, il aimerait aller à la fac et jouer au basket ou encore « Les Marines peuvent t’arranger ça » quand un autre affirme vouloir faire carrière dans la musique.

Vous retrouverez l’histoire de Lila Lipscomd dans notre dernière double page, une maman qui ne jurait que par l’armée avant un basculement qui changea sa vie.

Lila Lipscomb : portrait d’une femme qui avait foi en l’armée

Lila Lipscomb est une habitante de Flint, le village d’origine de Michael Moore. La première fois que Moore s’entretient avec elle, c’est une patriote pro-armée. Cependant, sa perception de l’État se dégrade à la suite du décès de son fils. Nous avons choisi cette femme, car se sont en réalité deux portraits très différents qu’elle présente à deux époques successives de sa vie face aux spectateurs.

“Je considère ma famille comme l’épine dorsale de l’Amérique”

Au début de son passage, Lila Lipscomb explique son parcours professionnel et son travail : secrétaire pour le directeur de son agence.

Une fois arrivée chez elle, le spectateur accède à un côté plus intimiste : elle présente sa perception sur l’armée et comment elle a éduqué ses enfants. Elle se considère comme “une démocrate conservatrice”. En effet, elle correspond aux critères de l’américaine typique : croyante, porte un tee-shirt Mickey, affiche le drapeau américain devant sa maison, ainsi elle affirme : “Je suis extrêmement fière d’être américaine [...] probablement plus que la moyenne des américains”.

Elle explique que toute sa famille a fait l’armée, ainsi, pour elle, la logique est que ses enfants y aillent aussi à cause du coût élevé des universités. D’après elle, on y apprend autant de choses, cela permet de voyager alors qu’elle, en tant que mère, n’a pas les moyens. Ce choix semble être la solution à leur famille.

Lila Lipscomb : en deuil face aux dégâts de la guerre

La deuxième fois où elle s’entretient avec Moore, l’ambiance est bien différente. Elle est dans son salon, toute la famille est réunie. La femme nous lit la dernière lettre de son fils, une semaine avant que celui-ci perde la vie dans un accident d’hélicoptère. Dans cette lettre, son fils déclare : “Qu’est-ce qui lui a pris, à George, de vouloir faire comme son papa Bush ? Il nous a fait venir ici pour rien”. Il y a une dernière scène où l’on voit L.Lipscomb, quand elle se rend à la maison blanche. En face de la résidence du président, une femme pacifiste, assise, manifeste contre la guerre. Cette dernière lui dit que Bush a envoyé sans aucune raison la jeunesse américaine et que cela fait de lui un terroriste. À ce moment-là, une autre femme s’immisce dans la conversation en rétorquant “Non, c’est faux. Tout ça, c’est du bidon”. “Des ignorants. On a affaire à des ignorants. Ils ne savent rien. Les gens croient savoir, mais ils ne savent rien” affirme par la suite L.Liscomb. Ces paroles reflètent le sentiment d’avoir été trahi par l’État auquel elle a fait confiance toute sa vie, celui pour lequel toute sa famille s’est engagée et qui faisait sa fierté

L.Lipscomb représente les familles américaines ayant perdu un proche lors de la guerre. Celles et ceux qui faisaient confiance à l’État et qui s’étaient fait une raison en pensant que cette guerre était nécessaire. Pour aller plus loin, on peut dire que L.Lipscomb incarne la douleur causée par la guerre, non seulement aux États-Unis, mais aussi en Irak.

4 800 MORTS DE LA COALLITION ENTRE 100 000 ET 1 000 000 MORTS IRAKIENS

En 2021, Michael Moore publie un podcast -disponible sur son site internet- où il discute avec L.Lipscomb. Elle explique qu’après la mort de son fils, elle s’est engagée à l’université de Columbia pour aider les familles en deuil à cause de la guerre.

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