Novago le magazine ISCPA Lyon

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NOVAGO Se déplacer sans sa voiture à Lyon

Dans le noir

Comment bouger la nuit ?

Portfolio

Une journée en fauteuil roulant

En chiffres

Tout savoir sur son budget transport

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Baptiste NOBLE-WERNER

E

EDITO

HARO SUR L’AUTO

t si les heures de la voiture personnelle étaient comptées ? L’automobile semble être devenue la responsable de tous les maux de la vie citadine. Il est vrai que ce mode de transport est à l’origine de multiples nuisances. Bruit, bouchons, accidents et surtout pollution sont autant de désagréments attribués à la voiture personnelle. Nos voisins helvètes réfléchissent déjà à une Suisse sans voiture. Ils viennent d’investir 1,5 milliard d’euros dans le projet Post Car World, autrement appelé ‘‘un monde sans voiture’’. À une échelle moindre, de grandes villes européennes ont mis en place des péages, Londres en est le parfait exemple. À Lyon, la ville ne semble pas savoir sur quel pied danser. Avec le récent déclassement de l’A6-A7 et les projets de contournements, la cité des Gones a choisi de repousser aux portes de la métropole le problème de la voiture personnelle. Cela dit, rien n’empêchera les conducteurs d’y entrer. La ville préfère des mesures alternatives qui donnent le choix au citadin de laisser ou non sa voiture au garage. Résultat : de plus en plus de Lyonnais privilégient d’autres modes pour leurs déplacements. Comme la marche, ou les transports en commun. En témoigne la baisse constante du nombre d’automobiles à Lyon. Selon la dernière étude du Sytral dévoilée début 2016, 39% des ménages lyonnais ne possèdent pas de voiture. La circulation citadine est-elle pour autant apaisée ? Non car le trafic routier demeure important. Faute de transports en commun assez efficaces, beaucoup de résidents extérieurs continuent d’utiliser leurs véhicules. Le nombre d’accidents de la route reste stable mais conséquent (environ 800 chaque année pour une dizaine de morts par an). Conséquence(s) de la raréfaction de la voiture personnelle chez les Lyonnais? Vous êtes le premier à soupirer en voyant arriver votre métro plein à craquer. S’il semble facile de vouloir chasser les voitures des villes, il est en revanche plus coûteux d’offrir des alternatives efficaces.

Directrice de la publication : Isabelle DUMAS Directeur de la rédaction : Alexandre BUISINE Rédacteur en chef : Baptiste NOBLE-WERNER Journalistes : Agathe ROBIN, Jean-Baptiste BORNIER, Baptiste NOBLE-WERNER, Marion BIENVENOT, Ludivine CAPORAL, Hugo CLÉCHET, Maéva COMMECY, Guillaume DREVET, Anaïs GNINGUE, Benjamin MONIER, Pauline PRIN Secréraire de rédaction : Guillaume DREVET, Pauline PRIN Photographes : Baptiste NOBLE-WERNER, Jean-Baptiste BORNIER Maquette et illustrations : Guillaume DREVET, Agathe ROBIN Photo de couverture : Jean-Baptiste BORNIER Novago est un magazine gratuit édité par les éditions ISCPA Lyon 47 rue Sergent Michel Berthet, 69 009 Lyon iscpalyon@groupe-igs.fr, 04 72 85 71 74 novagomag.wordpress.com

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O

SOM

MAI

RE

p4 En bref à Lyon p6 Lâchez vos clés p8 Quelles alternatives à la voiture ?

p20 Le vrai coût

des transports

p22 Quand se déplacer est une épreuve

p26 8 limites des TCL

p28 Voyages de nuit 3


EN BREF À LYON...

15 ème

150

place

TCL renforce ses amendes ! Depuis bientôt un mois, se faufiler derrière une autre personne ou maintenir les portiques coutera 150 euros. Et pour ceux qui tenteraient de faire une fausse déclaration lors d’un contrôle, le risque encouru est de 3 750 euros et jusqu’à deux mois de prison. Ce changement, accompagné d’une campagne choc, est difficilement accepté par les usagers.

Grâce à ses différents projets et son réseau de transports multimodal (cyclable, ferroviaire, routier, fluvial, etc), la métropole de Lyon se situe à la 15e place du nouveau classement d’Arcadis, société d’ingénierie de conseil et de gestion. Publié en octobre, ce dernier présente les 100 villes les plus durables dans le monde. Il se base sur une vingtaine de critères comme les infrastructures, l’intermodalité, etc. Paris arrive sur le podium, derrière Hong Kong et Zurich.

Un vélo Gobee.bike. Photo Gobee.Bike

Les Gobee.bike arrivent 400 nouveaux vélos en libre-service seront déployés dans les rues de Lyon à partir de mi-décembre. La startup Gobee.bike va mettre à disposition des Lyonnais un ensemble de deux roues basé sur un système sans station et accessible grâce à son smartphone. Avec la géolocalisation, il sera possible de les retrouver sur n’importe quel emplacement réservé aux deux roues non-motorisés et de les déverrouiller grâce à un flashcode. Sans abonnement, ces bicyclettes équipées d’une vitesse seront facturées 50 centimes la demi-heure plus 50 euros de caution.

62

Minutes

Minutes

Selon l'enquête ménages déplacements publiée par le Sytral en 2016, un Lyonnais se déplace en moyenne pendant 62 minutes par jour. Rapporté en kilomètres, ce laps de temps représente 17 kilomètres parcourus. Sur l’ensemble de la zone Auvergne-Rhône-Alpes, une étude similaire fait état d’un temps de trajet quotidien de 46 minutes.

4

C’est le pourcentage du trafic quotidien qu’assure le métro sur l’ensemble des transports en commun de Lyon avec 740 000 voyages par jour pour quatre lignes. C’est le métro D qui comptabilise le plus de voyageurs quotidiens : 273 000. Juste derrière lui, le métro A recense 252 0000 trajets effectués quotidiennement. En 3e position le métro B, reliant Villeurbanne à Oullins. Le métro C, avec ses 2,5 kilomètres de voie, est la ligne qui compte le moins de passages : seulement 33 000 par jour. Un classement qui pourrait bien changer d’ici à fin 2019, puisque le Sytral prévoit d’équiper progressivement la ligne B de 30 nouvelles rames.

50

%


TCL c’est 67 millions de kilomètres Le 2e réseau de transports en commun de France qui dessert

parcourus chaque année sur l’ensemble du réseau.

74 communes

ce qui représente

1,3

million d’habitants Un peu d’histoire... Lyon fût la première ville au monde à mettre en place le funiculaire, en 1862. Dès 1880, les tramways apparaissent entre la place Bellecour et le quartier de Vaise. À l’époque, ce sont des chevaux qui transportent les Lyonnais. Cent ans plus tard, Lyon innove de nouveau en installant les Trolleybus en 1960 : 370 sont mis en place, alimentés par les cables électriques. En 1974, la première ligne de métro remplace le funiculaire entre Croix-Rousse et Croix-Paquet. Aujourd’hui, le métro concentre 73 rames sur 4 lignes.

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C’est le tarif journalier qui sera proposé par Sytral lors des pics de pollution. Un prix moins cher de 2,60 euros par rapport au ticket habituel (5,60 euros). Ce tarif s’appliquera lors de forts épisodes de pollution aux particules fines, été comme hiver. À l’instar de la vignette Crit’Air pour les automobilistes, ce ticket spécial aura également son nom : Tick’Air. Cette mesure a été préférée à la journée de gratuité, qui coûte à la métropole 400 000 euros par jour.

Les Velo’v innovent

De 25 à 31 euros l’abonnement par an et de 1,5 à 4 euros la carte jour. La modernisation des Velo’v, plus légers et plus pratiques, prévue pour l’été prochain s’accompagnera d’une nette augmentation des tarifs dès janvier 2018. La ville de Lyon promet en plus, d’ici 2020, l’apparition de vélos hybrides. Selon la Métropole, 2 500 Vélo’V, soit la moitié du parc, seront dotés d’un moteur sur la roue avant et pourront ainsi fonctionner avec une impulsion électrique dès lors que l’usager se sera équipé d’une batterie.

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AUTOGALÈRE

Pourquoi laisser ses clés à la maison ?

Les conducteurs lyonnais passent chaque année en moyenne 36 heures dans les bouchons. Photo Baptiste NOBLE-WERNER

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À cause de la circulation différenciée

À cause de la pollution

Exit la circulation alternée, on parle maintenant de circulation différenciée. Fini le temps où seules les plaques d’immatriculation se terminant pas des chiffres pairs ou impairs pouvaient rouler. Le préfet de région s'est saisi du sujet cet été. Au centre du dispositif, la vignette Crit'Air, qui permet de distinguer les véhicules en leur attribuant une classe, comprise entre 1 et 5, en fonction de leurs émissions de polluants atmosphériques. En cas de pic de pollution, seuls les véhicules dont la classe est inférieure au seuil fixé par la préfecture de région peuvent circuler à Lyon et Villeurbanne. Depuis le 16 novembre 2017 la vignette est obligatoire. Crit’Air se découpe en trois niveaux d’alerte : le premier oblige à réduire la vitesse de 20 km/h. Le second niveau autorise uniquement les véhicules équipés d’une pastille à rouler, même ceux de la classe la plus polluante (numéro 5). Le troisième niveau d’alerte peut être déclenché au bout de deux jours d’alerte pollution de niveau 2. Seuls les véhicules les moins polluants (électriques ou appartenant aux trois premières classes) sont autorisés à rouler. Enfin, en cas d’alerte maximale, même les classes 3 peuvent être interdites de circulation. Alors prenez garde si vous faites partie de ces classes et vérifiez votre vignette avant de prendre le volant, il pourrait vous en coûter 68 euros.

Quel Lyonnais ne s’est jamais inquiété en voyant une épaisse masse grise au-dessus de la ville ? Ce sont des particules fines, scientifiquement appelées PM10, en suspension dans l’air. À tort, on peut penser que les voitures en sont la première source d’émission, mais il n’en est rien. C’est la transformation d’énergie par l’industrie (31 %), suivie par la combustion de bois de chauffage (30 %). L’automobile ne représente que 15 % de ces émissions. Mais le réel problème de la pollution citadine est la concentration des polluants. Aujourd’hui, les grandes agglomérations françaises comme Paris, Lyon ou Marseille font face à cette concentration due à la circulation. Un phénomène renforcé par la diéselisation du parc automobile. Au fil des années, les taux d’émission de particules fines ont baissé. Ceux de la concentration de polluants sont en revanche en pleine stagnation. Face aux dernières grandes périodes de pollution ayant touché la ville de Lyon, le préfet de région, Stéphane Bouillon, a décidé de réagir. Un nouveau décret préfectoral a été prévu. Son but est de déclencher plus rapidement les dispositifs d’urgence afin de « permettre de mieux anticiper les épisodes persistants de pollution et d’être plus réactif ».


À cause du stationnement payant

À cause des bouchons

Si trouver une place pour se garer en ville relève du miracle dans certains quartiers, tomber sur un stationnement sans débourser un seul centime l’est encore plus. Les horodateurs nous attendent souvent au tournant et la facture peut être salée. Venir au travail en transports en commun apparait comme la meilleure option lorsque l’on sait que pour une heure de parking, le coût peut atteindre 1,50 euro. Ce qui peut revenir à au moins 10 euros la journée. De plus en plus de places payantes pour se garer et des stationnements supprimés par poignées. En cause, la création de pistes cyclables et de stations Vélo'v ainsi que l'élargissement des trottoirs pour le confort des piétons. Alors pourquoi s’énerver à tourner pendant parfois près d’une heure pour trouver une place ? Vous faites peut-être partie de ceux qui travaillent à la Part-Dieu. Ce quartier est assailli de véhicules aux heures de pointe. Vous vous trouvez au bord de la crise de nerfs en voyant un automobiliste s'installer sur la place que vous convoitiez. Et ce alors que vous êtes déjà en retard au boulot. Vous vous dirigez vers le parking du centre commercial ? Mauvaise pioche ! Une partie est fermée pour cause de travaux. De guerre lasse, vous voulez aller vous garer dans un parc-relais réservé aux usagers des transports en commun. Une bonne solution de repli, ils sont gratuits. Malheuresement, l'agglomération ne compte que 6 000 places de stationnement réparties sur 18 parcs-relais. C'est bien peu compte tenu du nombre de véhicules en circulation dans le Grand Lyon. Résultat : ils sont souvent pleins tôt le matin.

De bon matin ou en fin de journée, vous avez déjà passé de longues minutes dans les bouchons lyonnais, félicitations, vous avez fait de Lyon la deuxième ville la plus embouteillée de France. Derrière la capitale, où l’on passe 45 heures par an coincé dans les bouchons, les Lyonnais restent en moyenne 36 heures chaque année bloqués derrière leurs congénères automobilistes. Des bouchons qui peuvent vite transformer un trajet de dix minutes en une aventure de près d’une heure pour effectuer deux petits kilomètres. Plusieurs sites internet affichent l’état de la circulation en temps réel dans la ville. Et il y a de quoi prendre peur. Tout au long de la journée, impossible d’observer le traffic sans ralentissements sur les quais, de traffic arrêté en centreville ou encore sans le traditionnel embouteillage du tunnel de Fourvière. Baptiste NOBLE-WERNER et Pauline PRIN

J’AI TESTÉ POUR VOUS... LES BOUCHONS DU TUNNEL DE FOURVIÈRE Quand on associe le mot ‘‘bouchon’’ à Lyon, on pense d’abord à la gastronomie. Mais on se rend rapidement compte que les bouchons de la circulation lyonnaise font presque de l’ombre aux restaurants de la capitale des Gaules. Le tronçon le plus symptomatique de cet engorgement routier est certainement celui du tunnel de Fourvière. En théorie, cet axe traversant la colline permet un gain de temps considérable en évitant de faire un détour par les quais de Saône. En théorie, car aux heures de pointes, cette portion se transforme en un enfer pour les automobilistes. Pour vous, lecteurs, je suis allé expérimenter la circulation aux abords du tunnel. Il est environ 18 heures lorsque j’approche de ce tronçon maudit et me voilà déjà au ralenti. À à peine 20 km/h, sur une portion limitée à 70, j’essaye tant bien que mal d’avancer. J’ai l’impression d’être au milieu d’un immense troupeau de gnous traversant la savane. Quelques dizaines de mètres plus

loin, me voilà à l’arrêt. Qu’il était bon le temps où je flirtais

avec les 20 km/h. L’entrée du tunnel est là, juste devant moi. Si près, mais si loin à la fois. Je jette un rapide coup d’œil à

l’automobiliste arrêté à ma gauche. Le regard dans le vague, il semble être devenu insensible à cette peine quotidienne.

Le trafic reprend, puis s’arrête. Un accordéon sans fin dont

les doux bruits d’accélérations et de klaxons font office de mélodie.

Après des minutes me paraissant des heures, je vois, là, au bout du tunnel, la lumière. J’emprunte la sortie ‘‘Part Dieu’’ pour rejoindre mon domicile. Mon trajet depuis la sortie d'Écully

a duré 40 minutes. Je roule enfin correctement. Mon enthou-

siasme s’éteint lorsque j’arrive dans de nouveaux bouchons, rue Berthelot cette fois...

Baptiste NOBLE-WERNER 7


DOSSIER LES ALTERNATIVES

À LA VOITURE INDIVIDUELLE

L

a cause environnementale, l’explosion du coût et la pénurie des places de parking, les bouchons ou encore le regard assassin de votre patron face à la répétition de vos retards... Autant de raisons qui vous ont conduit à laisser votre voiture accumuler la poussière dans le garage et à choisir une autre façon de vous déplacer. Comment faire sans être obligé d’affronter la foule dans les trams ou l’odeur de transpiration qui flotte constamment dans les métros ? Pas de panique, nous avons sélectionné un large choix de solutions alternatives pour vous aider dans cette décision. Il faut savoir que la majorité des trajets s’effectuent grâce à plusieurs transports. Des applications piétonnes à l’autopartage, en passant par le vélo et la trottinette, il existe un moyen de transport idéal pour chacun d’entre vous. Pour les sportifs, comme pour les paresseux, pour ceux qui aiment la vitesse ou pour ceux qui préfèrent rester au chaud, Lyon vous offre de nombreuses solutions. Des moyens de transports novateurs qui feront peut-être de Lyon la ville du futur. À quoi ressembleraient des bouchons à vélos ? À quoi ressemblerait une ville peuplée uniquement de navettes autonomes comme on les croise à Confluence ? Où le chemin ne nous serait indiqué que par des panneaux interactifs ? Lyon n’est pas la seule ville qui a choisi d’innover en matière de transport. Bordeaux et Paris ont aussi décidé d’éloigner les voitures de leur fleuve. Aux États Unis, de nombreuses autoroutes disparaissent et laissent place à des axes réservés aux vélos et aux piétons. À Séoul, un viaduc autoroutier s’est transformé en une belle promenade urbaine. Madrid, de son côté, a réservé certaines voies d’autoroutes aux bus... Il est temps pour vous aussi, Lyonnais, de prendre de bonnes résolutions.

Marion Bienvenot

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PMODES 10 DOUX

PAPPLICATIONS 12 MOBILES

PAUTOPARTAGE 14

PMOYENS 16 DE TRANSPORTS ALTERNATIFS

PINNOVATIONS 18 9


DOSSIER : Les alternatives à la voiture individuelle

LES MODES

DOUX

57 compteurs de vélos sont placés dans la ville. Ils enregistrent en moyenne 20 000 cyclistes par jour. Photo Jean-Baptiste BORNIER

VOUS ALLEZ VOUS DÉPENSER Marche à pied ou encore vélo, les modes doux occupent une grande place à Lyon. Le développement des pistes cyclables et des structures piétonnes font reculer l’utilisation de la voiture personnelle. Seriez-vous prêt à sauter le pas ?

C

laquez votre portière et mettez vos clés au fond d’un placard. Prenez un casque, des gants et enfourchez votre vélo pour rejoindre les cyclistes, toujours plus nombreux. Les cyclistes représentent 25 à 33 % de la circulation sur certains axes du centreville, selon le Grand Lyon. À Lyon même, la place du vélo a augmenté de 26 % entre 2015 et 2016. D'après la dernière enquête ménages déplacements publiée en 2016, la bicyclette ne représente toutefois que 3 % des déplacements à Lyon et Villeurbanne. Pour aller au travail, en cours, ou tout simplement pour le plaisir, le vélo est un très bon moyen pour éviter les bouchons

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et faire du sport, tout en s’aérant l’esprit. En quelques coups de pédales, vous pouvez vous retrouver sur les berges de Rhône, et aller du Parc de la tête d’Or à la pointe de Confluence en à peine vingt minutes. Le tout, en ayant pour paysage la ville de Lyon, les sportifs qui s’entraînent ainsi que les badauds venus faire leur promenade quotidienne. La majeure partie du centre-ville comprend des pistes cyclables, permettant ainsi aux deux-roues de circuler plus tranquillement.

Des pistes cyclables toujours plus nombreuses Cependant, ce n’est pas le moyen de transport le plus sûr. Il faut cohabiter avec les piétons ou les autres usagers de la route qui ne respectent pas tous les distances de sécurité pour doubler. Un problème récurrent, notamment sur les grands axes, comme les rues de la République et Édouard-Herriot. Un équipement est donc fortement conseillé, comme des gants et un casque.


Pour rappel, les enfants de moins de douze ans ont l’obligation de porter un casque. Selon la métropole, l’utilisation du vélo a été multipliée par trois depuis 2005. Un chiffre qui augmente chaque année, notamment grâce à la création de nouvelles parties cyclables. Chaque année depuis 2015, 60 kilomètres de piste sont mis en place. Le but est d’arriver à 1 000 kilomètres de pistes cyclables d’ici 2020 dans l'agglomération. Même si Lyon regorge de ces voies, elles s’arrêtent parfois à des endroits inappropriés ou sont tout simplement en mauvais état. On pense notamment aux pistes qui longent la Saône, depuis Vaise jusqu’à l’Île-Barbe. Lyon offre un panel assez large aux personnes désirant se déplacer aux quatre coins de la ville, sans avoir à utiliser leur voiture. Mais cela ne suffit pas pour que la capitale des Gaules soit bien placée dans le classement des villes françaises avec le plus de pistes cyclables. Lyon se situe à la neuvième place au niveau national pour ce qui est du déplacement à vélo, après Strasbourg (1er), Grenoble (2e), Bordeaux (3e) et Montpellier (8e) d’après une étude de l’Insee sortie en janvier 2017.

La marche, premier moyen de locomotion Vous ne voulez pas utiliser votre voiture, l’idée d’être serré comme une sardine dans les transports en commun vous effraye, et vous n’êtes pas assez courageux pour vous déplacer à vélo ? Il vous reste la marche à pied. Premier moyen de locomotion devant la voiture, c’est aussi une très bonne manière, comme le vélo, de remettre les compteurs à zéro et de récupérer de sa journée de travail ou au contraire, pour bien la commencer. La ville comprend près de 20 kilomètres de zones piétonnes et 23 de zones de rencontre, des parties où les piétons ont la priorité sur les autres véhicules. Une bonne méthode pour faire du sport et se déplacer écologiquement. Si vous ne comptez que sur vos pieds pour aller d’un coin à un autre de la ville, il vous faudra de bonnes chaussures et, surtout, du temps. Par exemple, si vous vous trouvez place des Terreaux, il vous faudra environ 40 minutes pour arriver à la Part-Dieu, selon le site Onlymoove, en charge des déplacements à Lyon. Autre exemple, si vous êtes place Bellecour et que vous devez vous rendre à la Cité Internationale, le trajet durera plus d’une heure. La marche à pied est donc un très bon moyen pour éviter de rester coincé dans les bouchons et vous permet aussi de garder la forme, mais il vous faudra prendre votre mal en patience !

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L’entrée du tunnel de la Croix-Rousse. Photo Jean-Baptiste BORNIER

Situé entre le 1er et le 4e arrondissement de la capitale des Gaules, le tunnel de la Croix-Rousse permet de rejoindre le quartier de Vaise en partant d’Hotel-de-Ville en huit ou 25 minutes, que vous soyez à pied ou à vélo. Il se divise en deux parties. La première, bâtie en 1953, a permis d’accueillir les voitures, et la deuxième, apparue en 2013, a ouvert ses portes aux vélos, piétons et bus, d’où son surnom "mode doux". La deuxième partie est donc accessible à tout moment. Un véritable gain de temps, tout en marchant ou roulant en toute sécurité. À cela s’ajoute une animation visuelle de 16 à 20 heures en semaine, et de 14 à 20 heures les weekends.

ILS EMPRUNTENT LE TUNNEL DE LA CROIX-ROUSSE Christophe, 46 ans : « Je fais souvent mon footing ici. C’est un moyen pour moi de ne pas être mélangé aux voitures. Il n’y a aucune circulation, à part le bus C6 qui passe trois à quatre fois dans l’heure. J’ai connu l’avant, quand il n’y avait pas encore le tunnel de la Croix-Rousse. Je peux vous dire que ça change la donne ! C’est une vraie fenêtre sur le Rhône. »

Alain, 62 ans : « J’emprunte le tunnel environ trois à quatre fois par mois, à pied ou à vélo. Je pars de Vaise pour aller dans le centre ville et je laisse ma voiture garée chez moi. Le traverser en voiture ? Ça ne m’intéresse pas! En plus, il y a plein de problèmes de stationnement une fois dans le centre. Du coup, un tunnel comme celui-ci, c’est super agréable et ça incite les gens à marcher... comme moi ! »

Jean-Baptiste BORNIER

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DOSSIER : Les alternatives à la voiture individuelle

LES APPLICATIONS

MOBILES

Pour se déplacer dans la rue, utiliser ces applications devient un réflexe. Photo Baptiste NOBLE-WERNER

UTILISEZ VOTRE 4G POUR VOUS DÉPLACER Que l’on soit touriste ou riverain, les applications mobiles sont devenues indispensables dans nos déplacements. Voici les ‘‘plus‘‘ et ‘‘moins’’ de ces cartes 2.0, celles que vous devez avoir dans vos smartphones et celles que vous pouvez d'ores et déjà supprimer !

L

es meilleures applications de transport aujourd’hui sont des couteaux-suisses. Face à la course contre le temps, nous recherchons une réponse immédiate à nos déplacements. Parmi celles présentes à Lyon, CityMapper, Optimod’Lyon et Moovit sont sur le podium.

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Elles prennent en compte tous les moyens de transport : bus, tramways, métros, ferrys, Velo’V, les piétons, TER, funiculaires, VTC, etc. Ouf, la liste est longue. À chaque itinéraire recherché, des propositions détaillées selon vos critères et vos envies : uniquement en bus (pour les jours ensoleillés où on n’a pas envie de s’enterrer dans un métro), le plus rapide ou les chemins alternatifs lorsque le trafic est perturbé, par exemple. Ces trois applications proposent, effectivement, des mises à jour presque instantanées de l’état du trafic. Et pour aller encore plus vite, elles enregistrent toutes une carte d’identité de vos déplacements. Vous pouvez communiquer votre domicile et lieu de travail, les moyens de transport que vous utilisez le plus spontanément, et vos trajets quotidiens. Et si comme à Lyon, le Wi-Fi manque


dans les métros, vous pouvez enregistrer en amont votre itinéraire qui sera disponible hors réseau.

Des applications multi-modes et ergonomiques, mais encore ? Globalement, CityMapper, Optimod’Lyon et Moovit ont une force de proposition commune et solide. Mais chacune a ce petit ‘‘plus’’ qui peut vous faire cliquer sur ‘‘installer’’. CityMapper est un mastodonte de l’application de transport. Présente dans près de 40 villes dans le monde, elle est utilisable en dehors de Lyon lors de nos voyages. Mais son avantage, celui que l’on aurait aimé avoir plus tôt, c’est qu’au-delà de 22-23 heures, on vous propose d’envoyer votre trajet à un proche pour qu’il s’assure que vous arriviez à bon port. Cet outil sonne comme une évidence à l’heure où le harcèlement sexuel fait débat. Personnellement, je souris encore, rassurée, lorsque je vois apparaître la notification sur fond bleu nuit ‘‘il se fait tard’’. Le ‘‘plus’’ de Moovit se trouve dans ses trois onglets d’accueil : itinéraires, stations, lignes. Vous accédez ainsi directement aux horaires de toutes les lignes, et aux stations accessibles autour de vous. Optimod’Lyon propose, elle, un onglet avion pour accéder à l’aéroport. Mais celui-ci ne fonctionne pas et l’on rit jaune quand on sait qu’à Lyon, nous sommes restreints au monopole du Rhônexpress.

L’application Citymapper fonctionne dans 40 villes dans le monde. Photo Baptiste NOBLE-WERNER

Les limites des cartes 2.0 Ceci m’amène à vous parler des ‘‘moins’’. Souvent, il est rassurant d’installer les applications qui semblent aller droit au but. Lyon Métro, Tram Map ou Métro de Lyon notamment. Mais elles ne proposent qu’un plan des lignes et ces cartes ne sont pas mises à jour. Ne comptez pas dessus.

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Anaïs GNINGUE

L’interface de l’application Citymapper propose tous les modes de transports imaginables pour calculer un itinéraire dans l’agglomération.

Capture d’écran Citymapper

Et en vélo ? Si vous êtes un fervent du deux-roues et que les applications proposées ne vous conviennent pas, téléchargez Lyon Velo’V et All Bikes Now. Vous n’aurez que du vélo, rien que du vélo ! Ma préférence reste la première, car mine de rien, le graphisme est agréable et cela compte. Ses pictogrammes colorés selon le taux de

remplissage des stations sont des balises qui nous guident dans l’enfer des stations vides en heures de pointe quand on rentre de soirée. All Bikes Now, quant à elle, est présente dans plusieurs villes. Elle vous indique le nombre de vélos accessibles et combien de bornes la station compte en tout. 13


DOSSIER : Les alternatives à la voiture individuelle

L’AUTO-

PARTAGE

À Lyon, vous avez le choix entre trois services d’autopartage. Photo Jean-Baptiste BORNIER

SE PASSER LES CLÉS L’Autopartage. Vous en avez sûrement déjà entendu parler autour de vous, habitants de Lyon. Ce mode de déplacement moderne se répand de plus en plus dans les grandes métropoles. Aujourd’hui, Lyon dispose de tous les modes d’autopartage existants à savoir Citiz, Bluely, et plus dernièrement Yea! Ces services ont été mis en place par la Métropole, en lien avec la société d’économie mixte Lyon Parc Auto. Petit tour d’horizon de ces différents modes, avec leurs avantages et leurs inconvénients.

V

ous avez sans doute remarqué ces voitures rouges et noires inscrites Yea! circuler dans les rues de la cité. En effet, Lyon est la 4e ville à mettre en place ce système d’autopartage en ''free floating'' (libre-service total) après Strasbourg, Toulouse et Bordeaux. Mises en service depuis le 19 octobre dernier, 100 Smart Forfour ont été lâchées dans les rues lyonnaises et à Villeurbanne. Ce dispositif d’autopartage sans réservation permet de louer un véhicule n’importe quand et n’importe où. Une fois la course terminée,

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l’utilisateur peut laisser le véhicule où il le souhaite, pas besoin de chercher une station dédiée. La société d’économie mixte Lyon Parc Auto souhaitait offrir un service complémentaire à Citiz. L’abonnement Yea! est le même que celui de Citiz, de quoi faciliter l’utilisation. Il faut savoir qu’il y a trois façons d’exploiter l’autopartage. D'abord le système de ''boucle'' : c’est le service Citiz, où l'on prend la voiture dans une station pour la ramèner dans la même station.


Yea! quadrille la ville de Lyon avec 100 Smarts en service dans les rue. Photo Baptiste NOBLE-WERNER

Le ''one way'', avec le service Bluely, où l'on prend une voiture dans une station et on la ramène dans une autre. Et enfin, le ''free-floating'', qui est le principe même de Yea! c’est la forme la plus libre d’autopartage, où il suffit de prendre la voiture n’importe où dans la rue et de la reposer à n’importe quelle place de stationnement.

Bluely, pionnier de l’autopartage à Lyon Elles circulent à Lyon depuis déjà 2013. Ce mode d’autopartage est le premier à avoir été mis en place par la Métropole. On compte aujourd’hui 302 véhicules électriques répartis dans les 103 stations. Le système couvre Lyon et ses onze communes avoisinantes pour 7 000 abonnés. Le service Bluely est en quelques sortes la version lyonnaise de l’Autolib’ présent dans la capitale. À noter que depuis décembre dernier, une station Bluely est en place à l’aéroport Lyon Saint-Exupéry. Alors quels sont les avantages ? Bluely est un service d’autopartage réservé à des déplacements de courte durée. Pour un abonnement mensuel, il vous en coûtera 19,90 euros, contre un euro pour les étudiants, soit 12 euros par an, ce qui revient bien moins cher qu’un abonnement TCL. Ce sont des voitures électriques, donc écologiques. Et puis pas besoin de payer le

Bluely est le premier service d’autopartage avec parkings réservés à s’être installé à Lyon. Photo Jean-Baptiste BORNIER

plein d’essence !

Citiz made in Grand Lyon Le service Citiz, à la différence de Bluely et de Yea! qui est encore peu étendu sur l’agglomération lyonnaise, englobe tout le Grand Lyon. Ce service est disponible jusqu’à Villefranche-surSaône. Ces cent véhicules sont mis à disposition pour une durée de quinze minutes, une heure ou même une semaine entière. Ce service permet un emprunt de plus longue durée et donc plus de flexibilité pour les personnes qui l’empruntent pour se rendre en déplacement pendant plusieurs jours. Citiz permet de louer différentes catégories de véhicule : de la petite citadine, jusqu’au monospace familiale ou des véhicules de neuf places pour partir en vacances avec un groupe d’amis. L'inconvénient ? Ce sont tous des véhicules essence et donc polluants par rapport au service Bluely. Le prix de l’essence est donc à prendre en compte dans le tarif.

Le petit nouveau : le service Yea! C’est le dernier mode d’autopartage apparu à Lyon. Cent voitures noires et rouge ont été mise à disposition dans Lyon et Villeurbanne. Elles sont en

libre-service total. Ce service fonctionne avec l’application Yea!, qui permet de savoir où se trouve la voiture la plus proche de nous. En ce qui concerne les tarifs, Yea! propose trois formules dont deux formules sans abonnement : une formule ''fréquence'' à 16 euros, une formule mensuelle ''classique'' à 8 euros, ainsi qu'une formule à l'heure qui va de 2,50 à 5 euros. L’inconvénient : le choix de véhicule est plus restreint puisqu’un seul modèle (Smart Forfour) est proposé. Contrairement à Citiz, avec Yea! nous avons uniquement le choix entre une voiture trois ou cinq portes.

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Pauline PRIN

Entre particuliers Communauto, Koolicar, Ubeeqo et bien d’autres sont disponibles à Lyon. Ces services permettent de mettre en relation une personne qui souhaite louer une voiture et le propriétaire d’une voiture qui n’en a pas besoin tous les jours. La voiture peut être ainsi empruntée à la journée et plus si besoin, comme chez un loueur classique. Ces services fonctionnent avec des applications sur smartphone.

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DOSSIER : Les alternatives à la voiture individuelle

LES TRANSPORTS

ALTERNATIFS

En skate, Yohan roule sur le trottoir lorsque la route est trop dangereuse. Photo Baptiste NOBLE-WERNER

VOUS ÊTES UN ADEPTE DE LA MICROMOBILITÉ Bus, Metro, train... Si les transports en communs lyonnais qui rend le déplacement parfois difficile. Cependant, un groupe de travail a déjà été créé autour de ces questions en vue d’une permettent un déplacement facile dans la ville de Lyon, nouvelle loi en 2018. le dernier kilomètre est aujourd’hui plus que jamais une problématique à prendre en compte. Comment parcou- Sur la chaussée ou sur le trottoir ? rir les 1 000 mètres qui séparent votre arrêt de tramway et Pour ce qui est de la future loi, la chaussée n’est pas envisavotre appartement ?

S

i le vélo et la marche restent des alternatives préférées à l’usage de la voiture, de plus en plus de Lyonnais semblent être attirés par les engins de déplacements personnels, des gadgets électroniques permettant de mettre de côté tout effort. Trottinette électrique, skate-motorisé, overboard... On voit tous les jours de nouveaux accessoires, qui posent parfois un problème de législation. En effet, tous ces engins de ''micro-mobilités'' sont difficiles à homologuer. Aujourd’hui, il n’existe aucune loi permettant d’organiser la ville de Lyon autour de ces objets, ce

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geable. Si un engin n’est pas immatriculé, il ne devrait pas avoir le droit de circuler sur la route. Mais la question n’est pas si simple, puisque les vélos dérogent à la règle. Rouler sur les pistes cyclables alors ? À Lyon, sur 30 cyclistes interrogés sur la question, 23 ne sont pas favorables. Aujourd’hui encore, il est possible d’avoir une contravention si vous utilisez l’un de ses engins sur une voie cyclable. Il resterait alors le trottoir. Les engins de déplacements personnels sont assimilés à des piétons. Seulement, le fait qu’ils soient motorisés leur proscrit normalement l’accès au trottoir. De plus, le trottoir n’est souvent pas pratique pour les utilisateurs.


Yohan, qui se déplace grâce à un skateboard, ne s’imagine pas rouler autrement que sur la route : « Les rues sont souvent bondées, et utiliser un skate sur le trottoir prendrait sûrement plus de temps que de marcher. Mais parfois je n’ai pas le choix. Sur la route, j’utilise des lumières de signalisation sur mon sac, mes bras et mes jambes. Ce n’est donc pas dangereux. » Difficile de trouver la bonne solution !

J’AI TESTÉ POUR VOUS... LYON EN ROLLERS

Utilisés par 1,5 % des Lyonnais Pour ce qui est de la vitesse maximale autorisée, là aussi la question n’est pas simple. Légalement, sur les trottoirs, on ne peut dépasser 6 km/h. Du moins, pour les skateboards et les rollers sur lesquels se

«

Les rues sont souvent bondées, et utiliser un skate sur le trottoir prendrait sûrement plus de temps que de marcher.

«

basent aujourd'hui les EDP. Pour le reste des routes, la vitesse est limitée à 26 km/h, même si cela ne concerne pas spécifiquement les engins de déplacement. Si de vraies homologations et législations tardent à arriver, c’est aussi que le nombre de personnes utilisant des gadgets personnels reste faible. Si l’on a l’impression d’en voir à longueur de journée, c’est aussi parce que ceux-ci marquent l’œil. Aujourd’hui, dans Lyon, seul 1,5 % de la population possède chez lui un engin de déplacement personnel motorisé. Beaucoup s’en servent plus comme loisir que comme réel moyen de transport, comme Julien, qui habite près de Gerland : « Je me sers de mon overboard pour aller jusqu’au métro, mais le faire à pied ne me changerait pas grandchose. C’est un peu plus rapide mais surtout plus sympathique ». Alors pour parcourir votre dernier kilomètre, la plus simple des solutions reste souvent de marcher.

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Hugo CLÉCHET

Le constat est clair ! Les adeptes de skateboards, trottinettes ou overboards sont

de plus en plus nombreux à zigzaguer sur les trottoirs lyonnais. Mais qu’en est-il des rollers ? Depuis leur âge d’or il y a quelques années, il semble que la balade en rollers ne séduit plus. Quelle malédiction a bien pu ternir la réputation des patins à roulettes ? L'association Génération Rollers me prête une paire pour réaliser mon trajet quotidien, entre Croix-Paquet et Gorge de Loup. Premier obstacle : le mental. Il faut se le dire, se préparer à un trajet de 45 minutes demande déjà pas mal d’efforts en hiver, alors qu’on peut se rendre au travail en seulement 15 minutes de métro. Mais l’idée de faire un peu d’exercice m’encourage à sauter le pas. Même si j’adore mon quartier, aujourd’hui je me dis qu’habiter sur la Presqu’île a quand même des avantages. Sans vous énumérer le nombre de fois où j’ai failli m’étaler sur le goudron, il faut avouer que je me suis fais quelques frayeurs. Je me mets en tête les conseils de Sébastien, le jeune homme de l'association. Genoux parallèles, bien fléchis. Le buste en avant. Une grande respiration et c’est parti. Oui parce que pour moi, le roller, cela remonte à mes sorties avec ma tante au parc de Parilly quand j’avais dix ans... Il y a foule sur le trottoir. Sur la route, des voitures, camions, dans tous les sens. Où dois-je rouler ? Rien ne définit clairement le statut du roller dans la loi. La règlementation date d’ailleurs de 1996... N’étant pas reconnu comme moyen de transport à part entière, le roller n’a pas sa place sur les pistes cyclables ou sur la route. Les riders sont considérés comme des piétons et doivent donc se contenter de rouler sur le trottoir. Heureusement, les bords de la Saône sont larges et aménagés. D’autant que cette partie des quais est peu convoitée. Là, je retrouve le plaisir des patins, de la vitesse, j’oserai même dire de l’adrénaline. Un seul regret, le passage en centre ville fut assez éprouvant. Ah oui ! Dernier conseil, ne pas oublier sa paire de baskets, sinon on n’a pas l’air malin.

Maëva COMMECY

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DOSSIER : Les alternatives à la voiture individuelle

LES INNOVATIONS

Voici à quoi ressemblera la ligne B en 2019. Photo Baptiste NOBLE-WERNER

VOUS VOUS DÉPLACEREZ (BIENTÔT) SANS CHAUFFEUR Le futur du transport urbain se tourne vers la conduite 100 % électrique, sans chauffeur. Vous l’avez peut-être déjà expérimenté avec l’automatisation de la ligne du métro D ou la navette Navly à Confluence. Aujourd’hui, les constructeurs cherchent à fluidifier la circulation avec des véhicules connectés. Oserez-vous lâcher le volant ?

L

e 7 novembre, la start-up lyonnaise Navya a présenté sa nouvelle invention, l'Autonom Cab : un taxi sans chauffeur à propulsion 100 % électrique. Le véhicule, hyperconnecté, est équipé de capteurs, de caméras et de radars qui permettent de visualiser l’environnement et d’analyser la position et la vitesse des objets qui l’entourent. Avec une vitesse moyenne de 50 km/h et pouvant

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aller jusqu’à 90 km/h, l’Autonom Cab peut transporter six personnes. Adieu le volant, mais aussi la pédale de frein. Entre les risques de piratage ou de défaillance du réseau, ce système de véhicule connecté paraît peu rassurant. Actuellement, la législation française, née de la convention internationale de Vienne, n’autorise pas encore les véhicules sans chauffeur à circuler sur route ouverte. Mais des négociations sont en cours. Cette nouvelle génération de transports apporte des solutions aux enjeux de la mobilité urbaine, comme le désengorgement des centres-villes et la réduction de gaz à effet de serre. Navya a déjà expérimenté le véhicule sur son site de production à Vénissieux ainsi qu’à Transpolis, future ville test servant de piste d’essai aux nouvelles mobilités. La société, partenaire de Keolis (opérateur privé de transport public), lancera une phase test d’un an de


cinq robots taxis à Paris et à Lyon d’ici le printemps 2018. Deux ans après l’essai de sa première navette autonome Navly à Confluence, qui a déjà accueilli 22 000 passagers, sans casse.

Un nouveau métro automatisé Vous êtes de plus en plus nombreux à vous déplacer en métro. D’ici 2023, la ligne B connaîtra la plus importante augmentation de fréquentation lors des heures de pointe (+ 40 %). Pour répondre à cette hausse, TCL a lancé une opération ''Avenir Métro'' qui prévoit l’entière automatisation de la ligne B. Ce ne seront plus trois mais quatre rames qui composeront le nouveau métro lyonnais de 72 mètres. Au lieu de transporter 450 personnes à la fois, il pourra accueillir 650 passagers. En 2019,

un premier modèle fonctionnera sur la ligne en cohabitation avec les rames actuelles, exploitées avec conducteurs. En tout, une trentaine de nouveaux modèles circuleront d’ici 2030 grâce à l’extension de la ligne B vers le centre d’Oullins et Saint-Genis Laval – Hôpitaux sud. Avec un budget de 430 millions d’euros, le Sytral (autorité organisatrice des transports en commun) compte également rénover les équipements et matériels roulants des lignes A et D. Mais l’AOT ne s’arrête pas là... Les plus connectés d’entre vous seront ravis de capter la 3G/4G qui sera installée d’ici 2019 dans tout le réseau souterrain, funiculaire compris. Côté travaux, quelques tests de nuit (sans passager) ont déjà été effectués, comme le confirme Benoît Gaillet, du service communication de Keolis : « il s’agissait de travaux préparatoires pour la future automatisation de la ligne B. Cependant, l’intervention avait lieu un seul soir uniquement, la phase

DES VÉLO’V HYBRIDES Les vélo’v se modernisent aussi ! Dès le printemps 2018, 1 000 modèles équipés d’une assistance électrique seront à votre disposition pour une location longue durée. Attention, cette innovation a un prix : la batterie posée sur la roue ou le guidon coûtera 7€ par mois. Pour 2020, la Métropole compte équiper la moitié des vélo’v d’une assistance électrique. chantier sera de mi-2018 à 2021 ». Avec une fréquentation croissante des métros à Lyon, l’automatisation de chaque ligne semble être la solution d’avenir des TCL, reste à voir pour les chauffeurs...

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Agathe ROBIN

LYON, TERRAIN D’EXPERIMENTATIONS iGirouette

La panneau iGirouette situé à Confluence. Photo Charvet Digital Media

Vous en avez peut-être aperçu dans le quartier de la Confluence ou de Gerland. Ces panneaux de direction intelligents vous donnent la direction d’un lieu mais aussi différentes informations, comme le temps de marche. Aujourd’hui, 15 iGirouette sont en phase de test jusqu’à fin 2018. « Le premier dispositif au monde de mobilier urbain communicant avec le public », décrit Christophe Quatrini, directeur général de la société créatrice Charvet Digital Média. Dans le courant de l’été 2018, son usage se déploiera via des applications mobiles pour que vous puissiez demander l’information que vous souhaitez.

Seabubble

Seabubble est expérimenté à Confluence. Photo Seabubble

La Métropole de Lyon a testé cet été une nouvelle alternative aux navettes fluviales : le bateau-taxi Seabubble. Ayant l’apparence d’une voiture et d’un bateau ailé, cet objet surfe sur l’eau entre 12 et 18 km/h grâce à un moteur électrique, sans polluer ni abîmer les berges. Les élus, conquis par ce transport écologique, espèrent lancer ces bateaux-taxis lors de l’ouverture du futur hôtel intercontinental du Grand Hôtel-Dieu, en décembre 2018.

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ÉCONOMIE

BIEN PRÉVOIR

9 passage des Antonins, Villeurbanne

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SON BUDGET PAR BENJAMIN MONIER

7km

Rue Sergent Michel-Berthet, Gorge de Loup

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HANDICAP

« L'accessibilité est un élément essentiel de l'autonomie »

La région Auvergne-Rhône-Alpes tente de rendre ses routes, ses transports et ses infrastructures les plus accessibles possibles aux personnes en situation de handicap. Sandrine Chaix, conseillère régionale déléguée au handicap, nous fait part de sa vision des avancées faites par la région, mais aussi de la situation de la ville de Lyon en matière de déplacement. Peut-on être autonome quand on est en situation de handicap ? L’accessibilité est un élément essentiel de l’inclusion et de l’autonomie. C’est un moyen d’obtenir une liberté de déplacement, d’accéder à un emploi, ou encore une formation. Il est très important que les acteurs publics s’en occupent. À la région, nous gérons surtout les trajets ferroviaires, pour que les trains et les gares soient accessibles, mais aussi le fait que le personnel soit formé pour recevoir des personnes en situation de handicap. Nous travaillons aussi sur les transports scolaires, bien que cette problématique ne soit pas encore à niveau. Nous nous occuppons aussi du service Optibus, qui permet d’effectuer tous les déplacements que ne permettent pas les transports en commun. Il suffit alors de commander un trajet. En plus des acteurs publics, beaucoup d’associations travaillent à rendre l’agglomération la plus accessible possible.

Mais une fois à Lyon, beaucoup d’arrêts ne sont pas accessibles, comment faire ? Si les arrêts ne sont pas accessibles, des dispositifs de substitution à la demande sont mis en place. Dans ce cas-là, la meilleure solution reste souvent Optibus. Pour autant, je regrette qu’Optibus soit surtout réservé, pour des raisons de restrictions financières, aux trajets domicile-travail. Les personnes sans emploi, mais plus largement toutes les personnes en situation de handicap doivent accéder à un service pleinement efficace. Il parait logique de se déplaSandrine CHAIX.

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Photo Région Auvergne-Rhône-Alpes

cer pour sa vie sociale, pour une activité sportive ou encore culturelle. C’est une base pour l’intégration.

Concrètement, est-il possible de vivre sans voiture en étant handicapé ? Tout dépend du lieu de vie. Une personne vivant en plein centre pourra, dans la plupart des cas, se déplacer car il y a eu de gros efforts de faits, notamment avec la signalisation. Par exemple, les passages cloutés sont adaptés, les feux disposent maintenant de son... C’est encore insuffisant mais c’est un bon début. Il y a aussi des startups qui travaillent pour améliorer les parcours. Par exemple, si le trajet d’une personne est modifié par des travaux, rien n’était fait jusqu’à présent pour la prévenir. Grâce à des applications, il est désormais possible de proposer un nouveau trajet. Bien sûr, cela reste souvent un parcours du combattant. Ce n’est jamais réellement fluide, on ne prend pas seulement les transports en commun, il y a aussi la question du dernier kilomètre.

Le problème semble surtout venir du comportement des usagers. Est-ce possible de faire de la sensibilisation ? Il y a en effet un réel problème d’éducation visà-vis du handicap. Les gens ne font pas attention, ce qui peut parfois mettre des gens en danger. Il y a aussi le problème des gens qui en font trop ! Pour les personnes malvoyantes, beaucoup me racontent des histoires d’utilisateurs qui voulaient absolument les guider, alors qu’elles auraient préféré se débrouiller seules. Au niveau des transports en commun, les gestionnaires travaillent avec des associations pour organiser des actions de sensibilisation à la diversité. Nous encourageons aussi les lycéens par des actions de sensibilisation. De manière globale, toute initiative est bienvenue. Des spots de communication, à la télévision ou même à Lyon serait une bonne idée. On avait vu cela pour les places handicapées, et cela avait très bien marché.

Propos recueillis par Hugo CLÉCHET


Éric se rend seul sur son lieu de travail à Lyon. Photo Hugo CLÉCHET

Laurie est bénévole à l’association Valentin Haüy. Photo Hugo CLÉCHET

« Les gens ne sont souvent pas éduqués » Éric est ostéopathe. Il habite à Craponne et doit se déplacer au moins trois fois par semaine pour travailler dans son cabinet. Sa routine de déplacement? Le bus et le métro. Lorsque ceux-ci ne le permettent pas, il utilise Optibus, le service de transport pour les personnes à mobilité réduite. Selon lui, les transports lyonnais sont plutôt bien aménagés pour les personnes aveugles, contrairement à des villes comme Marseille ou Toulouse : « le fait que je sois déficient visuel total depuis 5 ans m’aide dans mes déplacements. Je connaissais bien la ville de Lyon avant cela, j’ai donc mes repères. Cependant, des endroits comme la place Bellecour ou la rue de la République restent difficiles à pratiquer. Les espaces sont immenses et souvent bien trop fréquentés. » Alors il préfère éviter les grandes artères pour ne pas dépendre des autres, puisqu’il réussit à être indépendant le reste du temps. « Je me déplace seul la plupart du temps. Pour aller d’un point A à un point B, j’utilise le GPS qui me guide jusqu’à l’arrivée. C’est juste une fois arrivé que je dois demander l’emplacement exact de ce que je recherche. » Mais pour lui, c’est le comportement des Lyonnais qui laisse à désirer. « J’ai plutôt une grosse carrure donc les gens font en général attention à moi. Mais parfois, certains sont vraiment récalcitrants. J’ai même eu une altercation un jour, après avoir fait une remarque à quelqu’un. Il était très violent et les militaires, présents pour le plan Vigipirate, ont dû intervenir. Si ça m’arrive rarement étant donné que je suis grand, mes amis plus petits se font souvent marcher dessus. »

Laurie est bénévole pour l’association Valentin Haüy, à Lyon, depuis près de deux ans. Vivant à Villeurbanne, elle prend le métro régulièrement depuis Cusset pour se rendre près de la station Masséna. Elle est malvoyante depuis l’âge de 6 ans. Ce qui ne l’empêche pas d’être autonome dans la ville de Lyon. Comme Éric, elle n’a rien à redire à propos des transports en commun lyonnais. Le problème vient des usagers valides : « Je suis pourtant patiente, mais lorsqu’on me pousse à bout, je peux être impulsive ! Pour que j’en arrive à m’énerver, il faut vraiment que les gens ne soient pas respectueux du tout ». Le plus irritant ? Les personnes qui, sans se soucier des autres, restent devant les portes du métro et ne laissent passer personne. Par exemple, dans le métro B, les gens vont à la gare avec toutes leurs valises et bloquent le passage. Une incivilité dangereuse, comme le raconte Laurie : « À deux reprises, le comportement des autres m’a fait vraiment peur. À Bellecour, durant les heures de pointe, les quais étaient bondés. Au moment de l’ouverture des portes, tout le monde a commencé à pousser pour entrer dans la rame, sans laisser les autres sortir. J’ai été prise dans le flux et mon pied s’est retrouvé entre la rame et le quai. Heureusement certains m’ont aidée, mais ça montre bien que les gens ne sont souvent pas éduqués. »

Propos recueillis par Hugo CLÉCHET 23


HANDICAP

« Je fais tout pour que mon handicap soit le plus transparent possible » Loris a eu 30 ans cette année. Engagé chez Enedis il y a deux ans, il a dû quitter Bordeaux pour Lyon. Sa nouvelle ville lui plaît, il vit en collocation dans un appartement ensoleillé près de la Part Dieu. Loris a un emploi du temps bien chargé entre ses cours de tir à l’arc, de plongée sous marine et ses voyages, tantôt en Guadeloupe, aux Pays-Bas ou en Égypte. Loris affiche un sourire bienveillant et un regard serein. Rien ne laisse présager que le jeune homme a vécu un accident dramatique. Il avait 16 ans. Féru de sports extrêmes, il pratiquait le ski à haut niveau. Une mauvaise chute vient bouleverser sa vie. Aujourd’hui Loris est paraplégique. Mais ne vous y trompez pas, loin de se plaindre, il mène sa vie comme il l’entend. Texte et photos de Maéva COMMECY

Principal outil de son indépendance : sa voiture. Il démonte son fauteuil de 10 kg chaque fois qu’il prend son véhicule. Il a passé un permis spécial qui lui permet de conduire avec un équipement adapté. L’accélérateur est couplé au volant et le frein est sur la droite, en forme de manette. N’importe quelle voiture peut être équipée de ce système. Seulement, Loris a dû le financer lui-même à hauteur de 2300 euros. Son fléau : les personnes qui se garent sur les places handicapées. « Devoir réclamer quelque chose auquel tu as le droit, c’est le plus ennuyant. Ce n’est pas parce qu’elles sont plus proches et que j’ai la flemme de faire 10m de plus, mais parce qu’elles sont plus larges et pour le fauteuil c’est indispensable ». 24


L’accessibilité pour les fauteuils roulants, c’est une foule de détails que l’on ne voit pas toujours. Dans chaque bus, à la porte centrale, une rampe se déploie lorsque quelqu’un appuie sur le bouton réservé. Son constat est clair, les transports lyonnais sont bien adaptés. Tous les arrêts de métro sont équipés d’ascenseurs, sauf peut-être le funiculaire qui mène à Fourvière. « J’accepte aussi qu’il y ait des endroits où je ne puisse pas aller ». Il prend l’exemple d’une cité médiévale : « on ne va pas goudronner les ruelles de galets, elles appartiennent au patrimoine ». Le plus compliqué, c’est d’être prévoyant. Loris doit anticiper le moindre de ses déplacements. Il a trouvé sa technique. Pour savoir si un établissement est accessible, il regarde d’abord sur Google Street View. Loris déplore des normes trop strictes en termes d’équipements. Un établissement qui veut installer une rampe, par exemple, doit répondre à énormément de critères. La rampe doit être penchée à moins de 5%. Si un accident survient, que la pente est à 6%, l’établissement peut être assigné en justice et payer des dizaines de milliers d’euros de dommages. « Aujourd’hui, mieux vaut ne pas être équipé plutôt que mal équipé ! À vouloir faire trop légiférer, on fait pire que mieux ». « J’ai la chance de vivre dans une époque où le handicap est devenu plutôt banal ». Rares sont les fois où Loris doit faire face aux propos discriminatoires. Généralement, c’est même le schéma inverse. « Les gens veulent tellement paraître tolérants et bienveillants, que cela en devient ridicule. » 25


MÉTROGALÈRE

8 limites à

l’utilisation

des TCL

Pho to O ccita ndu 34

1 26

Le harcèlement Des paroles déplacées, un regard pervers ou une main sur les fesses, d’après le Sytral, c’est 100% des usagères des TCL qui auraient déjà été victimes d’agressions sexistes ou de harcèlement sexuel. Un bilan qui fait froid dans le dos et qui avait poussé les TCL à lancer en janvier dernier une campagne pour sensibiliser les utilisateurs sur le sujet. Mais les caméras et les affiches ne découragent pas tout le monde et lorsque ça arrive, difficile de se défendre.

L’accessibilité

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Il est souvent compliqué de se déplacer pour les personnes à mobilité réduite ou déficientes visuelles. Même si de nombreux efforts sont faits pour leur faciliter la vie, le Sytral n’y est pas complètement arrivé. La cause ? Des escaliers inexploitables en raison d’entretiens, des ascenseurs en panne, comme des escalators quand ces derniers sont présents. Mais tous les arrêts de métro et de tram sont aménagés.


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5

Les grèves Avec un 1,5 million de voyages quotidiens, les bus, métros, et autres trams TCL sont incontournables dans la vie des Lyonnais. À tel point qu’une grève peut tout paralyser. Combien de fois avez-vous fait confiance aux TCL pour arriver à l’heure à votre examen, au travail, à un rendez-vous et qu’une grève vous en a empêché ? En 2016, pendant plus de trois semaines, les Lyonnais se sont retrouvés bloqués à cause d’un mouvement social, en pleine période de circulation alternée.

La propreté

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Préférer travailler son équilibre plutôt que de se tenir à n’importe quoi dans le métro, non vous n’ êtes pas les seuls à utiliser cette technique. Avec toute cette foule dans les transports en commun, impossible de passer à côté d’un véritable manque de propreté. Tout le monde se tient à ces barres, et nous ne savons pas qui a posé sa main là en dernier. S’ était-il lavé les mains en sortant des toilettes ? Mieux vaut ne pas le savoir...

Les zones non desservies

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Même si nous ne sommes pas les plus à plaindre en ce qui concerne le manque de lignes à Lyon, dans certains quartiers de la métropole lyonnaise les métros et les trams sont considérés comme une légende urbaine. Allez donc faire un tour à SainteFoy-lès-Lyon ou à la Mulatière sans passer une heure dans un bus...

La longueur des trajets

Lyon intra-muros est très bien desservi par les transports en communs, il n’y a aucun doute là-dessus. Mais il faut bien avouer que certains trajets sont plus longs que d’autres. Qui ne s’est jamais ennuyé entre les stations de métro de Vieux-Lyon et Gorge de Loup ? Ou encore d’un bout à l’autre la ligne A? Il vous faudra près de 23 minutes… Alors prenez votre mal en patience ou préparez un bon livre.

Les amendes

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60 euros de contravention si l’on n’a pas validé son ticket. 150 euros si l’on vous prend à donner votre ticket à un usager qui n’en a pas. Même si l’on fait abstraction de l’augmentation considérable chaque année des tarifs TCL, le réseau de transport s’est débrouillé pour soutirer de l’argent à ceux qui paient déjà leur abonnement. D’autant plus que le prix de l’amende n’est pas des moindres. Belle performance ! La perte économique des TCL causée par les fraudes ne justifie pas de s’acharner sur ses usagers.

Les heures de pointe

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Éviter de prendre le métro ou le tram entre 17 et 19 heures ? C’est la meilleure chose à faire si vous voulez éviter de finir en sandwich entre deux inconnus. L’un des points qui nous pousse à bien choisir son rendez-vous chez le docteur, à réfléchir à deux fois avant d’acheter son billet de train ou à rester un peu plus tard au bureau : les heures de pointes. Inévitables quand on sait que 75% des Lyonnais empruntent les transports en commun, mais une véritable plaie pour leurs usagers.

Marion BIENVENOT et Jean-Baptiste BORNIER

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DÉPLACEMENTS NOCTURNES

Bouger la nuit : les VTC

au service d’un besoin grandissant A Lyon, malgré l’activité incontestable de la ville la nuit, les transports en commun s’arrêtent à 00h30. Pour réussir à rentrer chez eux au petit matin, les Lyonnais disposent de plusieurs options : prendre leur voiture, un vélo’v, ou encore un taxi. Mais depuis quelques temps, un service séduit plus que les autres: celui des VTC comme Heetch ou Uber.

Heetch est devenu le transport de nuit le plus populaire à Lyon. Photo Heetch

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P

lus besoin de rentrer à pied dans le froid ou de payer un prix exorbitant pour parcourir à peine 3 kilomètres dans un taxi. Véritable phénomène chez les jeunes noctambules, les applications de VTC (voitures de transports avec chauffeurs) font désormais partie intégrante de la vie nocturne. Implantées à Lyon depuis 2013, les entreprises Heetch et Uber ont réussi à répondre au besoin de la mobilité nocturne avec un service rapide, pratique et peu onéreux. Le principe est simple : à l’aide d’une application smartphone et de la géolocalisation, la plateforme met en relation une personne qui cherche à se déplacer, avec des chauffeurs disponibles.

Un succès auprès des jeunes Des offres qui ont connu un véritable succès auprès des 18-25 ans. Aujourd’hui, Heetch et Uber regroupent à eux seuls plus de 2,7 millions d’utilisateurs dans toute la France. Alexandre en fait partie. Pour lui, les services de VTC ont révolutionné sa façon de se déplacer la nuit : « s’il n’y en avait pas, ça voudrait dire attendre les premiers mé-

Une centaine de chauffeurs effectuent chaque semaine plusieurs milliers de trajets tros du matin pour pouvoir rentrer. La loose! Alors oui, on peut dire que ça me sauve la vie. Mon portefeuille n’est pas du même avis car je commande des Uber un peu trop souvent. Mais l’offre des VTC est devenue tellement accessible pour les jeunes qu’on peut se le permettre... même quand on n’est pas riche ! » Mais les avis restent partagés. Certains jeunes ne comprennent pas l’engouement autour de ces services. « Je commande un driver seulement quand je suis super loin de chez moi et que je ne peux pas rentrer à pied. Ça m’arrive une à deux fois par mois environ, mais s’il n’y en avait pas, je ferai tout simplement sans ! Comment faisait-on avant ? » se demande Sam, utilisateur de 23 ans.

Rendre la nuit plus accessible, mais aussi plus sûre Les VTC répondent également à un autre besoin important : celui de pouvoir rentrer en toute sécurité la nuit, sans passer par la case transports en commun ou ruelles sombres. Un détail pour certains, mais qui est bien souvent essentiel pour la gente féminine : « Certains chauffeurs attendent même qu’on soit bien rentré chez nous avant de partir pour s’assurer que tout va bien. » raconte Lola, fervente utilisatrice du service Uber. Marie, elle, se rappelle d’un soir où les choses auraient pu mal tourner. C’était sans compter sur le Heetch qu’elle a croisé : « Je sortais de boîte, j’étais seule car j’avais perdu mon

groupe de potes et j’avais plus de batterie. Donc aucun moyen de rentrer chez moi ou de contacter qui que ce soit. Encore moins de commander un Heetch ou un Uber. J’avais un peu peur. Un Heetch m’a vu totalement désespérée et m’a prise en charge, il m’a déposée chez moi et m’a fait payer la moitié du trajet sans même que j’ai demandé quoi que ce soit. C’était mon héros de la soirée ! »

Une offre de moins en moins diversifiée Grande nouveauté pour Heetch : le service est désormais 100 % VTC et fonctionne 24h/24. Jusque-là, les ''drivers'' proposés par Heetch étaient de simples particuliers. À l’inverse d’Uber. Un choix qui s’explique par la volonté de proposer des tarifs bas à une clientèle souvent jeune. Mais les problèmes judiciaires que l’entreprise a connus dès 2016 l’ont obligée à reconsidérer son offre première : un service ouvert seulement entre 20 heures et 6 heures du matin avec des conducteurs amateurs. Aujourd’hui, l’ensemble des conducteurs sont professionnels et disposent de voitures privées, commandables à n’importe quelle heure de la journée, comme chez Uber. Une nouvelle offre qui fait déjà flamber le prix des courses, cassant avec cette image ''accessible'' qu’Heetch s’était donné au départ. Reste à savoir si ces changements modifieront les habitudes des noctambules lyonnais.

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Ludivine CAPORAL

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BOUGER LA NUIT DÉPLACEMENTS NOCTURNES

L’aventure commence avec le Noctibus. Cette première navette circule toutes les 15 minutes sur le quai Augagneur, pour désengorger les quais de Saône. Mais la fréquentation ne suivant pas, elle n’eût que deux mois d’existence.

La première ligne Pleine Lune apparaît en mars 2005, pour aller uniquement à la Doua. La cadence est déjà prévue à chaque heure. Et miracle : les Lyonnais deviennent adeptes cette fois-ci. On l’appelle toujours S1.

2000

2005

LES TCL DES HEURES SOMBRES 30

Janvier 2011

Août 2011

Ouverture de la S4 Hôtel de VilleSaint-Priest Salengro. Ses horaires sont plus restreints, avec deux départs à 1h et 3h du matin.

Les S1 et S4 se tranforment en PL1 et PL4 (Pleine Lune)


Ouverture de la S2 Hôtel de Ville-Grange Blanche

Ouverture de la S3 Hôtel de VilleÉcully Grandes Écoles

Octobre 2005

Septembre 2007 Un Pleine Lune. Photo Anaïs GNINGUE

J’AI TESTÉ POUR VOUS... UN TRAJET DE NUIT EN PLEINE LUNE Ce jeudi soir, je retrouve la bande pour fêter un anniversaire. La soirée se passe au mieux, mais vers 1h45 je décide de rentrer, cours à 8 heures oblige. Ma raison est toute fière de ne pas rentrer à l’aube cette fois-ci. D’ailleurs comment rentrer ? Mon budget ne suit plus celui des VTC. Je vais tenter la ligne Pleine Lune 2, censée me déposer juste en bas de chez moi. Je quitte Croix-Rousse, frigorifiée. Il fait 0°C (pourquoi suis-je sortie, déjà ?!). Arrivée à Hôtel de Ville, d’où il doit partir, je vois pas mal d’autres gens raisonnables à l’arrêt de bus. On attend en faisant les cent pas, se demandant s’il est passé plus tôt que prévu ou s’il ne viendra jamais. Je me réjouissais d’arriver en cinq minutes bien au chaud chez moi, rassurée par la présence de l’agent de sécurité TCL accompagnant le conducteur. Avec une cadence d’un Pleine Lune toutes les heures, on commence à réaliser qu’il va falloir finir la route à pied. Je fais partie des chanceux qui n’habitent pas loin. Pour les autres, les smartphones calculent déjà les itinéraires en Velo’v, taxi ou VTC...

Anaïs GNINGUE

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