Hors-Série spécial Noël Zone magazine

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HORS-SÉRIE NOËL

Z NE

L’agriculture au : Coca-Cola à Gaza Noël avantBhoutan l’heure ? 100% biologique p.4 en 2020 p.10

Société Maghreb Une moquée: Interview pour les Sana Bousbih transgenres p.9 pakistanais p.11

PAKISTAN-NÉPAL NOËL CONTROVERSÉ

6 euros

Hors-série n°1 best-of 5 zones 2016

LE MAG QUI SORT DE L’HEXAGONE

Environnement Amérique du Nord


Redacteur en chef

Mathilde RIBOULLEAU

Secrétaires de rédaction Anaïs GNINGUE Benjamin MONIER Lina BADREDDINE

Comité de rédaction

Anaïs GNINGUE, Marine Sophie BRUDON, Simon PERNIN, Chloé GARCIA DORREY, Laura CHEZE, Lina BADREDDINE, Charles-Etienne DROUIN Mathilde RIBOULLEAU, Lola ROURRET

Maquettistes

Maéva COMMECY Anais GNINGUE, Simon PERNIN Mathilde RIBOULLEAU, Lina BADREDDINE

Adresse

47, rue du Sergent Michel Berthet 69009 Lyon

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Nous contacter

zonemagiscpa@gmail.com twitter | @ZoneMagzine

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Les lutins

Le père Noël est une ordure ? Coca-Cola : Noël avant l’heure

Un Noël fabriqué par l’Inde

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Dossier : triste fête

Carte de voeux

9 Interview maghreb

Pakistan, Népal Les chrétiens interdits de fêter Noël ?

Un détournement, un message

Sana Bousbih casse les préjugés

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Cadeau

France

Dézonons

Impression

Campus René Cassin

SOMMAIRE

Une poupée pour Noël ?

Le Noël 2.0 des Français

Le temps des fêtes en plus petit

Crédit UNE : DAWN

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E D I T O

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La rédaction de Zone a souhaité aborder, en cette fin d’année, la fête de Noël à travers les cinq dernières zones décryptées. Mais qu’est ce que la fête de Noël aujourd’hui dans le monde ? D’origine romaine, elle est célébrée chaque année, dans la nuit du 24 au 25 décembre. Noël est un des principes fondateurs de la chrétienté et commémore la naissance de Jésus de Nazareth. Aujourd’hui, au 21ème siècle, Noël n’est plus qu’un « reste » de cette tradition religieuse. Comment est elle acceptée dans des pays à majorité musulmane ? Comment les chrétiens fêtent-ils Noël à travers le monde ? Notre société occidentale surfe comme jamais sur la vague du consumérisme à Noël. La fièvre acheteuse s’empare de chacun. Cette fête se vit comme un grand événement collectif grâce aux artifices du commerce. Le sens premier de la fête est occulté. Elle est passée de célébration religieuse et symbolique à une célébration de la consommation. A travers la mondialisation, l’évolution de la technologie et l’arrivée d’internet, Noël est devenu commercial en Europe et dans certains pays du monde, même ce n’est pas le cas partout. Cette célébration n’est plus que l’apanage des seuls pays de tradition chrétienne. Largement délesté de ses connotations religieuses, le 25 décembre est également devenu un jour que l’on célèbre dans le monde entier, quelle que soit la religion. «Massiluli Ameggaz » en kabyle, « Hele Kalikimaka » en hawaïen, « Selamet Harivatal » en indonésien, fêter «Joyeux Noël» est devenu un rituel quasi-planétaire. Le vrai symbole de Noël s’est transformé et l’on participe parfois indirectement à la misère du monde. Nous arrivons à un vrai paroxysme de la consommation. Cette fête est devenue contraire aux valeurs de la chrétienté et persiste dans certains pays comme avec des mouvements fanatiques puissants et des minorités exclues. Il faudrait réussir à dépasser notre vision occidentale d’un Noël commercial et se rendre compte que dans certains pays les chrétiens sont persécutés.

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Mathilde Riboulleau @RiboulleauM

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Le père Noël est une ordure ?

LA VIE CÔTÉ USA… À GAZA Marine-Sophie BRUDON |

D

epuis quelques jours de larges affiches rouges et blanches ont peu à peu remplacé les panneaux à la gloire des brigades Ezzedine al-Qassam. Couleurs de noël ? Pas vraiment, elles ont été placardées pour accueillir les dirigeants de Coca Cola venus inaugurer, mercredi 29 Novembre, sa nouvelle usine créée dans l’enclave palestinienne. Implantation attendue surtout durant cette période où les chrétiens du monde entier s’apprêtent à célébrer la fête la plus importante du calendrier chrétien. Dans une région où les chrétiens prient en silence de peur de représailles, l’arrivée de la firme rouge, créatrice du Père Noel, divise.

Coca-Cola : salvateur ? Alors, bien entendu, ce n’est pas Coca-Cola qui a inventé le père Noel encore moins Noel pourtant face à tant de publicité et une telle communication de masse Noel tend à s’inviter

dans les foyers du monde entier et plus seulement dans ceux des croyants. Noël est souvent perçu dans certainspays du Moyen-Orient comme une preuve ultime des néfastes de la société de consommation, un moyen de détourner l’attention. Coca n’est que l’étendard de cette philosophie capitaliste, l’accueillir à Gaza, territoire dirigé par le Hamas considéré comme un groupe terroriste par les Etats-Unis semble illusoire. Pourtant l’implantation de cette usine apporterait bien plus qu’un simple modèle hégémonique américain. La chaîne de production a commencé à fonctionner en avril et emploie déjà 120 personnes. Cette vague d’embauches est une rare bonne nouvelle dans un paysage sinistré par le blocus israélo-égyptien et plombé par un taux de chômage supérieur à 40 %, le plus élevé au monde. Créateur d’emplois, oui, diffuseur d’idées, aussi. Un cadeau de fin d’année qui pourrait changer beaucoup de choses.

@Marine_Sophie

« Par-delà son impact sur l’économie locale, réel mais forcément limité, l’implantation d’une marque aussi connue sur ce territoire, contraint à vivre en vase clos, adresse au monde un message très puissant » se réjouit Bo Schak, directeur des opérations à l’agence des Nations unies. Coca entend implanter son modèle dans une région plutôt hostile. Car Coca Cola est bien plus qu’une simple marque de boisson gazeuse, c’est un symbole. Le symbole d’une Amérique conquérante et soucieuse de diffuser une certaine image d’elle-même. Cette image de marque n’est pas perçu de la même manière en Palestine car les codes sont différents et la relation avec les EtatsUnis est conflictuelle. Pourtant le projet pourrait fonctionner, s’il y a bien un langage que tout monde semble comprendre c’est celui des affaires. Et ça, les Etats-Unis l’ont toujours compris et appliqué.

© lacroix.fr

Un projet de grande envergure dans une zone où la présence américaine n’est généralement pas la bienvenue, générera 1200 emplois.

L’inauguration du nouveau site Coca-Cola, près du point de passage Kerem

Un projet fragile Conscient que cette implantation entraîne de nombreux risques, les dirigeants de la multinationale ont fait comprendre qu’ils n’auraient aucun rapport avec le Hamas. « Il est bien clair que nous ne paierons aucune forme de taxe au Hamas », explique Yasser Arafat, homonyme (drôle de coïncidence) du président défunt et directeur de la nouvelle usine.

Le Coca-Cola est très populaire dans la bande de Gaza, où la consommation d’alcool est interdite par le Hamas. «Coca-Cola c’est l’Amérique mais c’est aussi un gage de qualité, les habitants auront accès à des bouteille fraiches, moins chères et non frelatées « En fabriquant directement nos boissons à Gaza, nous pourrons en réduire le coût et garantir un approvisionnement constant », explique Yasser Arafat. Un projet ambitieux et courageux mais qui reste fragile.

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Les lutins

INDE |

Depuis trois décennies, la province chinoise de Chenghai, aussi appelée la ville-usine, est numéro 1 dans l’industrie de jouets. Elle brasse notamment, les mois précédent Noël, quelque deux millions d’emplois. Elle est aujourd’hui menacée par l’Asie du Sud-Est, future « usine du monde ».

Bientôt numéro 1 dans le secteur manufacturier

©Slideshare.fr

Le résultat n’est finalement pas celui attendu, avec un taux de croissance de 3% étalé sur une trentaine d’années. Les réformes des années 1980 contribuent cependant à ouvrir l’économie de l’Inde sur le monde, engrangeant la création de nouveaux emplois. Avec un PIB toujours égal à 16% malgré une offre de travail importante, le pays décide désormais d’évoluer dans « l’exportation de produits sophistiqués », et plus particulièrement « les services informatiques », nécessitant des jeunes qualifiés dans ces domaines. Mais, alors que la demande sur le marché du travail est accrue, le nombre de créations

T

andis que la Chine ralentit, l’Asie du SudEst appuie sur l’accélérateur. Passant de 15% à 30% de fabrication de jouets dans le monde en 2016, l’Inde a doublé à elle seule sa production en l’espace de quelques années seulement, d’après l’ACFJF.

L’industrie devient la priorité de l’Inde dès 1948 qui était déjà en avance dans ce domaine (1er du Sud), malgré sa pauvreté. Sur le modèle des soviétiques de l’époque, c’est Nehru qui favorise la création d’équipements industriels avec son idée « les machines qui fabriquent des machines».

©Chandan Khanna

Un pays qui revient de loin

Laura CHEZE @LauraCheze d’emplois, lui, se restreint. Le secteur agricole dégringolant de plus en plus, seul le secteur manufacturier peut finalement offrir du travail. Ce marché devient donc à nouveau la priorité de l’Inde.

« Made in India » Le gouvernement a d’ailleurs instauré, depuis 2015, le slogan « Made In India » pour rappeler l’ambition du pays à désormais porter à un quart de la population dans le monde manufacturier, soient l’équivalent de 100 millions d’emplois. Ce nouveau mot d’ordre d’un nouveau gouvernement nationaliste prend largement son inspiration sur le modèle chinois (avec son fameux « Made In China »), dont l’économie reste un Eldorado à atteindre. Et l’Inde pourrait bien être proche de dépasser son maître, ce à quoi le nouveau premier Ministre Indien Narendra Modi veille au grain, pour que son pays devienne très prochainement la « nouvelle fabrique du monde ».

Des indiens travaillant fièrement en suivant le modèle chinois

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Dossier

NOEL AU PAKISTAN | L’unique moment de liberté pour les chrétiens Chloé GARCIA DORREY @chloégarciad |

Profitant de cette période religieuse véhiculée par Noël, l’organisation Solidarité Chrétienne Internationale appelle tous les chrétiens du monde à faire part de leur foi et leur espérance pour tous ces chrétiens persécutés dans le monde à cause de leur appartenance religieuse. Le symbole choisi est Asia Bibi, une pakistanaise mère de cinq enfants qui croupit en prison depuis sept ans et condamnée à mort pour blasphème contre l’islam.

Dans la Constitution pakistanaise, des articles condamnent à mort les infidèles pour blasphème. Promulguée en 1986 sous la dictature du général Zia ul-Haq, la loi apporte le fondement juridique qui autorise les persécutions sur les minorités. Elle entraine de nombreux abus, certains Chrétiens se retrouvent régulièrement condamnés alors qu’ils sont innocents. En mars 2013, un village entier peuplé de chrétien a été brûlé après des rumeurs de blasphème. Des églises détruites aux attentats récurrents, cette minorité chrétienne représente seulement 2% de la population.

République islamique, le régime pakistanais applique d’une main de fer la charia et réprime durement ceux qui n’appliquent pas la loi religieuse.

Peut-on fêter Noël quand on est un Chrétien persécuté ? Les issues de ce drame quotidien sont les fêtes religieuses de Pâques et Noël, pendant lesquelles, les chrétiens pakistanais sont libres d’exercer leur foi. D’après le documentaire Noël au Pakistan réalisé par Narinderpal Singh Chandok, les Chrétiens profitent de cette fête comme une débâcle qui débute à 23 heures avec le début de la messe.

© ALI/AFP

Le blasphème : la loi pour tuer

Des chrétiens pakistanais à la messe de Noël à la cathédrale de Lahore, le 25 décembre 2015.

En amont, les préparatifs sont importants, les guirlandes arpentent les rues et les chrétiens prennent soin de faire des courses complètes tant pour les tenues vestimentaires que pour le repas où le gâteau est symbole de naissance du christ. C’est aussi un moment sous tension, le risque d’attaque ne disparait pas pour autant. Cette année au mois de mars, des Talibans ont perpétré un attentat dans un parc de Lahore et tué 70 Chrétiens parce qu’ils fêtaient Pâques. La minorité est particulièrement solidaire, les Chrétiens des grands quartiers protègent ceux qui vivent dans les ghettos en surveillant du haut des toits l’approche de violences.

Un renforcement des forces de l’ordre est proposé mais comme l’explique le coordinateur à l’ONG Peace and Justice, Romail Yousaf, les Chrétiens ne leur font pas confiance car « parfois eux-mêmes, nous dénoncent ». Les persécutions faites aux chrétiens s’apparentent à celles faites dans d’autres pays d’Asie du sud. Pour ces Chrétiens du Pakistan, Noël représentait un moment d’espoir et de liberté . D’autres pays ne connaitront même pas ce moment d’évasion puisque fêter Noël est interdit, c’est le cas du Brunei où depuis 2015 c’est passible de prison ou encore au Népal où la fête vient tout juste d’être interdite.

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NÉPAL | Les chrétiens sont en danger après la suppression de Noel Aucune fête chrétienne n’est désormais fériée au Népal, après la décision du gouvernement népalais de supprimer Noël de la liste des jours fériés nationaux. Une décision qui accentue la persécution et la réduction des droits des Chrétiens au Népal. Simon PERNIN @simonperninlz

©lejournalchrétien

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e gouvernement népalais a décidé de retirer Noël des listes des jours fériés nationaux, provoquant la colère et l’inquiétude des Chrétiens. La nativité était depuis huit ans, la seule fête chrétienne dans le pays, qui compte en revanche 83 jours chômés à l’occasion de la fête hindoue. Pour le ministre de l’intérieur, Shakti Basnet, cette décision a été prise pour mieux contrôler le nombre excessif de jours fériés. Une annonce dénoncée par les Chrétiens comme étant un simple prétexte et une provocation de plus. Un sentiment compréhensible car au Népal il y a 83 jours fériés pour les Hindous et les autres religions et pas un seul pour les Chrétiens. Le ministre a ajouté qu’il accordait par contre aux fonctionnaires chrétiens de fêter Noël. « Si Noël n’est pas un jour férié, les employés du secteur privé ne pourront pas le célébrer. », a rétorqué le pasteur Gahatraj, secrétaire général de la Fédération Nationale des Chrétiens du Népal. Il considère que la décision du gouvernement est « influencée par des tendances anti-chrétiennes » et que « le gouvernement essaye d’ignorer (les Chrétiens) et de supprimer (leurs) droits ».

ne saviez pas

Le Népal est le seul pays dans le monde dont la religion officielle est l’hindouisme. Les hindouistes représentent 86,2 % de la population, les bouddhistes 7,8 %, les musulmans 3,8 %. Cependant il s’agit d’un hindouisme différent, on le qualifie d’« himalayen », car il puise sa création dans le bouddhisme tantrique. On y retrouve de nombreuses croyances animistes et des pratiques chamanistes de l’ancienne religion « bön » pratiquée au Tibet avant l’arrivée du bouddhisme.

Les chrétiens du Népal sous le joug des fanatiques hindous

Réaction d’une chrétienne face à l’annonce du gouvernement népalais d’interdire la dernière fête chrétienne

Si vous

« Nous sommes prêts à nous sacrifier pour notre foi et la protection de la liberté de culte. Nous exigeons la restauration de cette fête et l’abandon de cette décision d’ici une semaine. Si le gouvernement n’accède pas à notre demande, nous manifesterons dans tout le pays », a prévenu le pasteur Gahatraj. Bien que le Népal, monarchie hindoue jusqu’en 2006, soit désormais un État laïque, la minorité chrétienne d’à peine 1 % sur 28 millions d’habitants, y subit des pressions, notamment de la part de fanatiques hindous. Un article de la nouvelle Constitution népalaise, interdisant de convertir quelqu’un d’une religion à une autre, est notamment utilisé par ces fanatiques contre les Chrétiens, accusés de prosélytisme. Une loi qui permet de persécuter et enfermer des Chrétiens sans aucune raison se rapprochant des lois du Pakistan avec le délit du blasphème. Selon Tanka Subedi, pasteur principal de l’église de Katmandou,

les dirigeants politiques népalais accusent les Chrétiens de convertir les gens en leur versant de l’argent. En septembre 2015, trois attentats à la bombe ont eu lieu contre des temples protestants dans le district de Jhapa, non loin de la frontière indienne. Les derniers dirigeants chrétiens népalais demandent aux communautés chrétiennes d’Orient de faire pression sur le gouvernement népalais pour assurer leur protection. Les organisations chrétiennes pour certaines ne peuvent plus travailler depuis mi-juillet. Les églises et monastères n’ont plus aucune identité juridique. Les orphelinats ou les ONG qui osent travailler avec les églises sont harcelés par les fanatiques hindous. Une situation alarmante, dangereuse et meurtrière pour les Népalais chrétiens. Des gens sont torturés parce qu’ils ont avec eux une bible ou encore une bande dessinée sur Jésus. Toutefois la situation pourrait s’améliorer d’un point de vue juridique avec la relaxe de trois Chrétiens népalais accusés de prosélytisme.

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En hommage aux pays qui subissent la guerre au Moyen-Orient, comme l’Afghanistan, Médecins Du Monde organise une levée de fonds. Ils ont créé des cartes de vœux de Noël mêlant scènes de nativité avec éléments de destruction. Un contraste perturbant qui mélange à la fois pacifisme et bellicisme ce qui peut provoquer une réelle prise de conscience. Cette juxtaposition rappelle que la religion prône les valeurs de la paix à l’heure où la guerre ne cesse de continuer. Lina BADREDDINE @Linabadre

© Frontline ©Schalk chalk van van Zuydam uydam | AP

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Paroles de citoyen

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TUNISIE | Sana Bousbih casse les préjugés sur Noël au Maghreb *

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* De 2003 à 2009, elle Sana Bousbih est directrice/coordinatrice de projets au sein d’organisations internationales et bailleurs de fonds pour les ONG. a travaillé dans un bureau sous l’égide du Ministère des Affaires Etrangères à Paris. Depuis elle s’est engagée dans une carrière internationale pour diverses ONG et Institutions. Noël approche et Sana Bousbih à travers ses réponses permet de mettre la lumière sur la vie des *Chrétiens au Maghreb, et plus particulièrement en Tunisie, pour casser les clichés. Que pouvez-vous nous dire à propos de la fête de Noël au Maghreb et en Tunisie, la perception que les citoyens en ont ? Au Sujet de Noël, la population en Tunisie la considère comme une fête commerciale et spécialement médiatisée auprès des grands commerces, par exemple Carrefour et Géant, dans les grandes villes comme Tunis et Sousse. Etant une fête chrétienne, il est normal que la population ne s’en sente pas spécialement proche. Cela relève tout de même de la culture générale et beaucoup de gens sont au courant des pratiques et fêtes chrétiennes. Cependant, il est à noter que si des décorations nocturnes ornent les rues des grandes villes en fin d’année, elles sont directement liées à la fin de l’année administrative et non aux fêtes de Noël. Le fait de se trouver dans une région à dominance musulmane empêche-t-il aux Chrétiens de fêter Noël ? si oui de quelle(s) manière(s) ? Je n’ai pas de données officielles à ce sujet, mais je n’ai jamais entendu parler ou été témoin d’un empêchement de pratiquer les festivités de Noël dans le cadre familial ou intime. Ceci étant, mon observation se limite aux grandes villes comme celles citées précédemment où les commémorations religieuses sont fêtées à l’église comme il se doit. Je

pense à l’église St Vincent de Paul de Tunis pour Pâques, Noël et les messes. Je voudrais faire une différence toutefois entre la population locale chrétienne et la population étrangère, par exemple sub-saharienne et européenne. Les premiers sont difficilement recensés en raison de la stigmatisation dont ils ont ou peuvent faire l’objet. Les seconds, plus nombreux regroupent les fidèles de l’Eglise catholique et Anglicane. Les chiffres restent approximatifs et sont non officiels mais tourneraient autour de 10 000 individus répartis surtout dans les grandes villes du Nord et du Sahel. Sont-ils persécutés tout au long de l’année ? Si oui, le sont-ils plus pendant la période de Noël ? Certains membres de la population locale convertie au christianisme déclarent être l’objet de stigmatisation et parfois de persécutions su niveau micro-local. Ce type de persécution est en principe puni par la loi mais les victimes évitent de déposer plainte ce qui rend le recensement et la nature des actes d’agression ou de malveillance difficile. Très souvent les victimes sont découragées ce qui ne permet pas de vérifier la réalité des allégations. L’Association Tunisienne de Soutien pour les Minorités est souvent interpellée par les victimes, mais ces derniers n’obtiennent pas pour autant gain de cause, craignant que leur histoire se médiatise. Encore une fois, soyons bien clairs : je ne dispose d’aucun document ni aucun chiffre permettant de corroborer ces faits et il semblerait qu’ils soient marginaux. Cela reste une question en suspend très difficilement vérifiable pour les raisons que je viens de citer.

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* La population étrangère européenne, elle, n’est pas particulièrement visée par des actes de violence ni* d’agressivité, et les fêtes chrétiennes sont très bien accueillies. Les célébrations chrétiennes sont même * encouragées et soutenues. Quels changements économiques peuvent se pro* * duire en Tunisie et au Maghreb pendant la période de Noël ? Une augmentation des quantités d’achat dans les villes * que j’ai citées précédemment au sein des commerces. Aussi dans ces villes on voit de plus en plus de «marchés de Noel» organisés et qui attirent beaucoup de monde à l’af- * fut de bonnes affaires de déco ou d’artisanat, qu’ils soient chrétiens ou pas. Une cohésion plutôt bon enfant et chaleureuse envers, par et avec les populations chrétiennes non tunisiennes et lo- * cales à musulmanes. * Considéreriez-vous que la fête de Noël entraîne des conflits entre Musulmans et Chrétiens durant la période de Noël ou est-ce au contraire plus un moment de paix, de tolérance, de partage ? Votre question sous-entend que les pratiques religieuses pourraient ne pas être acceptées, alors qu’elles le sont. Les communautés partagent autant durant Noël que durant l’Aïd et el Mouled. Les gens se réunissent souvent invités les uns des autres et surtout accueillis en toute ouverture. Il s’agit de moments festifs à chaque fête musulmane autant que chrétienne. De confession musulmane, je fête moi-même Noël avec plaisir. Lina BADREDDINE @Linabadre

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Cadeaux

Destination Océan Indien pour Noël ?

Passer Noël sous les cocotiers ? L’idée séduit beaucoup d’européens. Dans les iles de l’océan indien, une tendance émerge, bien loin des cartes postales. Le tourisme sexuel a explosé ces dernières années à Madagascar, à Mayotte ou à la Réunion. Certains « voyageurs » profitent de ce tourisme parallèle au dépend de la population locale.

©Paulo Ito

La pauvreté un prétexte de l’indicible ?

Paulo Ito, muraliste brésilien, s’empare de sujet de société pour dénoncer ce qui le révolte. Il est connu pour ses dessins lors de la coupe du monde de football en 2014.

L

e tourisme constitue une des principales sources de revenus pour beaucoup de pays en développement. L’Organisation mondiale du tourisme affirme que « plus le tourisme se développe et est géré de façon du-rable, plus il peut grandement contribuer à soulager la misère  ». Pourtant les écarts de richesses contri-buent au développement d’un type de tourisme qui entache ces plages paradisiaques. Un tourisme qui devient nuisible quand il est immoral. A Madagascar, la petite île Nosy Be, située au nord du pays, est le point de chute de nombreux européens. A tel point qu’une partie de l’île est complète-ment occidentalisée : les prix sont affichés en euros, les plages bétonnées, hôtels de luxes et disco-thèques à perte de vue. C’est dans ce décor à priori idyllique que s’est installée cette bête im-monde : le tourisme sexuel. Un constat alarmant lancé par L’ONU en juillet dernier concernant la prostitution des mineurs sur les iles de l’Ocean Indien.

Ces touristes, très majoritairement des hommes, se justifient allègrement en évoquant le besoin d’argent des jeunes filles qu’ils abordent. Des hommes qui, en toute impunité, à proximité de la misère du monde, volent la virginité de jeunes filles parfois encore mineures. Souvent, les personnes participant à ce trafic ne voient rien de mal dans cette pratique, ils pensent même les aider en les sortant de leur misère financière. Mais il est bien question en vérité d’exploitation sexuelle illégale. Un phénomène qui se banalise au fil des années et qui n’est pas pris au sérieux par les autorités.

A Nosy Be

42% des mineurs ont eu leur

première relation sexuelle par le biais de la prostitution

Des mesures faibles face à un fléau qui se répand Depuis 1990, où les premières actions contre l’exploitation sexuelle des enfants ont été menées, la tendance ne s’est pas inversée. Au contraire, à Madagascar, le tourisme sexuel n’a jamais atteint un niveau si critique, expliquent les ONG engagées sur le terrain. Certes, tous les pays pauvres et touristiques sont touchés par ce fléau.

Mais la crise politique de 2009 n’a fait qu’accentuer le pro-blème. La gendarmerie a surpris un Français d’une soixantaine d’années avec deux écolières de 12 et 13 ans dont l’une a été victime d’abus sexuel. Les faits se sont justement produits sur l’ile de Nosy Be à Hell-Ville, une ville sous l’emprise du tourisme de luxe depuis plusieurs années. La jus-tice a voulu en faire un exemple pour maquiller son manque d’engagement au quotidien. Il a été écroué, en décembre 2015, pour tourisme sexuel. Mais cette condamnation représente une goutte d’eau dans un océan d’impunité. L’Agence Française pour le Développement a octroyé une sub-vention de 24 000 euros à ECPAT (groupement d’associations qui œuvre pour la protection des mineurs), afin de lutter contre la prostitution et la pornographie enfantine. L’argent est-il vraiment la solution ? Suffira-t-il à stimuler un changement de comportement des touristes ? Ou du moins à démolir la tolérance qui existe autour de cette question ? Rien de moins sûr. Mathilde Riboulleau @RiboulleauM

Maéva Commecy @MCommecy

Marine-Sophie BRUDON |

Si vous

@Marine_Sophie

ne saviez pas

Il n’y a pas que les pays en voix de développement qui sont atteints par le fléau. Montreal est une destination de choix pour le tourisme sexuel.. «Il y a des agences spécialisées à New York qui font des voyages organisés des gars à Montréal [...] pour faire des orgies sexuelles», d’après Diane Veillette, policère à Montréal. Certaines filles utilisent même les réseaux sociaux pour se vendre sur internet.

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La France 2.0

Des casques à réalité virtuelle dans les hottes de Noël françaises Anaïs Gningue |

Un marché en plein essor Les acteurs de ce domaine l’ont bien compris, il faut booster l’économie de la réalité virtuelle et augmentée pour combler leurs investissements. Raison pour laquelle ils ont formé ce mois-ci un consortium. Les grandes marques s’allient ainsi pour promouvoir leurs produits. La GVRA

(Global Virtual Reality Association) s’attaque au développement de l’industrie naissante des casques VR (Virtual Reality). Car jusque-là, ils n’étaient consacrés qu’aux jeux vidéo. Hormis Microsoft pourtant présent sur le marché, on retrouve comme membres Gear VR (Samsung), Playstation VR (Sony), Cardboard et Daydream (Google), Oculus (Facebook), HTC

@asgningue

Vive et Star VR (Acer). Ce partenariat motivé, par l’adage « l’union fait la force », vise à l’intégration des casques VR dans des secteurs où on ne les attend pas comme la santé, le design, la formation ou l’immobilier. Le cinéma est déjà précurseur dans l’utilisation et la vulgarisation de cette nouvelle technologie. Le 9 décembre, la société de cinéma française mk2 a inauguré la première salle VR de l’Hexagone. Ses 1,5 millions d’euros d’investissements sont à la hauteur de son ambition d’être la plus belle du monde de sa catégorie. Le simulateur de vol intégré, Birdly, est un plus de sensations qui inscrit cette salle dans la course aux pionniers du domaine.

©Numerama

L’orange du Noël de nos grands-parents est bien loin. En 2016, les Français vivent des fêtes de fin d’année tout en technologie. Après les drones domestiques l’année dernière, les casques à réalité virtuelle s’emparent du marché. Ces bijoux technologiques sont adaptables et permettent de s’immerger dans n’importe quel univers à 360°, à l’aide d’un ordinateur, d’une console de jeux ou d’un smartphone

Les Français au rendez-vous ? La commercialisation grand public des casques VR est bien visible dans les catalogues de Noël et les publicités survitaminées des opérateurs téléphoniques français. Bouygues Telecom affiche son « Technoël » avec des adultes brandissant leurs cadeaux technologiques tels de grands enfants capricieux. Orange a eu le même flair et propose depuis octobre son propre casque VR adaptable aux smartphones. Le VR 1 est sans doute le plus accessible aujourd’hui en France, à 49,99 euros.

Casque VR Samsung

Les Français sont bel et bien attirés par ce gadget 2.0. Le Figaro comptait 25 000 casques vendus en France le mois dernier. Mais en plus des problèmes de stock, plusieurs facteurs pourraient dissuader les acheteurs : le prix (400 euros d’entrée de gamme), leur utilisation au long terme douteuse pour la santé ou le peu d’offre à visionner pour l’instant. Nous ne saurons réellement qu’après les fêtes si ce marché nouveau s’est avéré lucratif à l’instar des drones, dont le marché national a atteint les 300 millions d’euros en 2015.

D’après Le Télégramme, nous sommes les plus grands consommateurs de ces engins volants. Qu’il s’agisse de drones ou de casque VR, ces appareils sont autant susceptibles de nous rapprocher d’autres réalités que de nous éloigner de la nôtre. Les plus technophiles d’entre nous qui se procurerons ces casques pourront par exemple bientôt visionner le SaintSépulcre du Christ, comme s’ils y étaient. De la réalité augmentée à Noël ? La boucle est bouclée.

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il M cC ar t ney Ne

Le gouvernement russe a diffusé sur les réseaux sociaux un modèle de lettre destiné aux enfants qui vont envoyer leur liste de cadeaux au Père Noël. L’objectif est de décourager les sites qui offrent gratuitement des modèles de lettre au Père Noël, mais qui s’emparent des informations des internautes au passage.

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Dézonons

Le gouvernement russe désire contrôler les lettres envoyés au Père Noël

Une hausse du tourisme sud-africain pour le temps des fêtes

Première visite du Premier ministre japonais à Pearl Harbor Pour le temps des fêtes, le Premier ministre Shinzo Abe fera une visite officielle à Pearl Harbor. Accompagné de Barack Obama, il visitera à la fin du mois de décembre la base navale américaine, soit les lieux où le Japon a attaqué par surprise les États-Unis le 7 décembre 1941. L’objectif de cette démarche est, pour les Japonais, une ma-nière de commémorer les victimes de la guerre et non pas de s’excuser du geste com-mis il y a soixantequinze ans. Cette commémoration fait écho à la visite historique de Barack Obama à Hiroshima à la fin de mai.

Le gouvernement de l’Afrique du Sud prévoit une augmentation du nombre de tou-risme sur son territoire pour le temps des fêtes. Le ministre des affaires intérieures, Malusi Gigaba, a annoncé le 8 décembre dernier des nouvelles mesures. 255 agents supplémentaires trouveront emploi à la fin décembre dans les aéroports sud-africains. Les voyageurs étrangers qui entrent pour la première fois sur le territoire devront dorénavant utiliser des entrées séparées aux aéroports.

Charles-Etienne DROUIN | @CEDROUIN

Présence d’un stand musulman dans un marché de Noël allemand Au marché de Noël de Rüdesheim, la présence d’une organisation musulmane a scandalisé les habitants de la ville. La colère des gens est telle que le maire de Rü-desheim craint que le marché ne soit pas sécuritaire. Malgré la volonté des Allemands de voir disparaître ce stand, l’organisateur du marché refuse de s’opposer au stand. Cette organisation musulmane, connue comme étant une secte, prétend que son fon-dateur est la réincarnation du Messie.

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