25 ans d'Erasmus

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NC-31-13-823-FR-N

25 ans s u m s d’ Era http://ec.europa.eu/education/erasmus

doi:10.2766/15092

Education et formation


Commission européenne 25 ans d’Erasmus Luxembourg: Office des publications de l’Union européenne 2013 — 76 p. — 21 x 21 cm Europe Direct est un service destiné à vous aider à trouver des réponses aux questions que vous vous posez sur l’Union européenne.

ISBN 978-92-79-29228-6 doi:10.2766/15092

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Droits d’auteur sur les images: toutes les photographies de cette brochure ont été gracieusement fournies par les agences nationales, les ambassadeurs Erasmus ou d’autres sources spécifiques. Page 2: © Erasmus Irlande | Pages 4-5: © Erasmus Belgique (Photos 1, 2 3, 5, 7: AEF Europe; Photos 4, 6: Université de Gand - Hilde Christiaens) | Pages 6-7: © Erasmus Bulgarie | Pages 8-9: © Erasmus République tchèque – ESN | Pages 10-11: © Erasmus Danemark | Pages 12-13: © Erasmus Allemagne (Photo 1: Karlsruher Institut für Technologie; Photo 2: DAAD/Jordanie) | Pages 14-15: © Erasmus Estonie | Pages 16-17: © Erasmus Irlande | Pages 18-19: © Erasmus, Agence nationale LLP hellénique | Pages 20-21: © Erasmus Espagne | Pages 22-23: © Erasmus France (Photos 1, 2 3, 5, 6: Sophie Pawlak; Photo 4: AEF/Xavier Curtat) | Pages 24-25: © Erasmus Italie - Claudia La Coppola - Emanuele Flangini |Pages 26-27: © Erasmus Chypre | Pages 28-29: © State Education Development Agency, Lettonie | Pages 30-31: © Erasmus Lituanie (Photos 1, 2, 3, 4: Education Exchanges Support Foundation pour Erasmus Lituanie) | Pages 32-33: © Erasmus ANEFORE - Agence nationale luxembourgeoise | Pages 34-35: © Erasmus Hongrie | Pages 36-37: © Elisa Von Brockdorff pour Erasmus Malte | Pages 38-39: © Erasmus Pays-Bas | Pages 40-41: © Ludwig Schedl - APA pour Erasmus Autriche | Pages 42-43: © Foundation for the Development of the Education System, Pologne | Pages 44-45: © Erasmus Portugal | Pages 46-47: © ANPCDEFP et ESN Roumanie | Pages 48-49: © Erasmus Slovénie | Pages 50-51: © Erasmus Slovaquie | Pages 52-53: © Erasmus Finlande (Photo 1: Pavel Matousek; Photos 2, 3, 4: Petra Helenius, CIMO; Photos 5, 6: Tiina Lehmusvaara, CIMO) | Pages 54-55: © Jari Rusanen pour Erasmus Suède | Pages 56-57: © Frank Noon pour Erasmus Royaume-Uni | Pages 58-59: © Erasmus Croatie | Pages 60-61: © Erasmus Turquie | Pages 62-63: © Agence nationale LLP islandaise | Pages 64-65: © Université du Liechtenstein | Pages 66-67: © Paul Sigve Amundsen pour Erasmus Norvège | Pages 68-69: © Fondation ch pour Erasmus Suisse Pages 74-76 (de haut en bas, de gauche à droite): Photos 1, 8: © Erasmus Belgique (AEF Europe) | Photo 2: © Erasmus République tchèque – ESN / Photo 3: © Erasmus Irlande | Photo 4: © Erasmus France | Photos 5, 12, 19, 20: © Erasmus Slovénie | Photo 6: © Ludwig Schedl - APA pour Erasmus Autriche | Photos 7, 10, 14: © Foundation for the Development of the Education System, Pologne | Photo 9: © Erasmus Belgique (Université de Gand) | Photos 11, 13, 16: © ANPCDEFP et ESN Roumanie | Photo 15: © Erasmus Hongrie | Photo 17: © Erasmus Slovaquie | Photo 18: © Frank Noon pour Erasmus Royaume-Uni | Photo 21: © Erasmus Turquie | Photo 22: © Erasmus Croatie


T a b l e

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Introduction

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66 célébrations

d e s

m a t i è r e s

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I L’héritage Erasmus

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S Euro, autoroutes et mobilité

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C Élargir les horizons

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F Erasmus pour l’égalité

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L Erasmus, le médiateur

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S Combler l’écart

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L Changer les mentalités

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R-U Soutien public et privé

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L La mobilité est un «must»

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C Un bon cheval qui soulève de la poussière

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B Erasmus: ce n’est pas une année dans une vie mais une vie dans une année

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B Bâtir une culture Erasmus

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R  Erasmus: une véritable passerelle vers l’Europe et vers le monde

H Des visages sur Facebook

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M Des fenêtres pour une île

T Une ouverture

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D Terre d’anniversaire

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P-B Un état d’esprit libéral

I Un impact massif

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A Une idée concrète de l’Europe

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E Erasmus, un programme haut en couleurs

A Un programme aimé et bien utilisé

L Le processus d’internationalisation d’une université locale

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P Planter les graines

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N Si vous voulez comprendre l’Europe…

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I Faire le pas

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S Retour à Erasmus

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G Un nom de marque

P Erasmus un jour, Erasmus toujours

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E Ouverture

R L’identité du présent

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F Génération Erasmus

S Un anniversaire prolifique

Manifeste Erasmus

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C e l e b r a t i n g

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y e a r s

o f

E r a s m u s

ERASMUS POURSUIVONS SUR NOTRE LANCテ右


I n t r o d u c t i o n

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Les anniversaires donnent l’occasion de faire le point sur le passé et d’envisager l’avenir. Lorsque le Commissaire européen Androulla Vassiliou a ouvert les festivités du 25e anniversaire d’Erasmus en janvier 2012, l’expérience passée donnait matière à réflexion. À ce jour, trois millions d’étudiants ont pris part à un programme de mobilité Erasmus. Le programme a permis d’élaborer de nouveaux programmes d’enseignement supérieur et d’innover en matière d’apprentissage, d’enseignement et d’évaluation. Il a aussi lancé et consolidé le système ECTS (système européen de transfert et d’accumulation de crédits), qui permet de comparer et de faire valoir les crédits d’études d’un pays à l’autre. Mais les 66 ambassadeurs Erasmus des étudiants et du personnel voulaient aussi faire évoluer le programme. Ils ont donc profité de la conférence de lancement à Bruxelles pour élaborer un Manifeste Erasmus qui définit 10 points d’action (voir pages 70-73). À partir de 2014, le nouveau programme Erasmus+ contribuera à réaliser cet objectif et à garantir son évolution conformément aux besoins de la société. Ainsi, dans les années à venir, Erasmus continuera d’œuvrer pour les jeunes, les établissements d’enseignement supérieur et les employeurs de toute l’Europe. Dans cette brochure, ces mêmes ambassadeurs Erasmus des étudiants et du personnel partagent leur expérience du programme, racontent comment le 25e anniversaire a été célébré dans leur pays et, à l’aube du lancement du nouveau programme, expriment leurs espoirs pour l’avenir.


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BELGIQUE ERASMUS: CE N’EST PAS UNE ANNÉE DANS UNE VIE Une Journée 25 ans Erasmus a été organisée par l’agence nationale francophone belge AEF-Europe au K-Nal, lieu branché de la capitale. Les questions de qualité et plus spécifiquement l’implication et la valorisation des acteurs institutionnels de la mobilité étaient au centre du débat. Une carte heuristique développée au cours d’ateliers tenus précédemment a permis de pointer sept grands axes de réflexion, explique Catherine Devlamminck de l’AEF-Europe. Deux d’entre eux présentant un volet politique ont été approfondis et ont permis la rédaction d’un mémorandum. Après soumission à l’approbation de 50 représentants de l’enseignement supérieur, ce mémorandum a été présenté au ministre de l’enseignement supérieur. Un concert pop, un match d’impro basé sur des expériences Erasmus et la cérémonie de remise des prix des concours de photos et de vidéos figuraient également au programme. En Flandre, l’agence néerlandophone EPOS a organisé une session académique spéciale à l’université de Gand. «Nous y avons jeté un regard sur le passé, sur le présent et sur l’avenir du programme», a confié Jan Ceulemans d’EPOS. Deux études ont été présentées. La première, intitulée PRIME 2010 et menée par le réseau des étudiants Erasmus, s’est penchée sur les «problèmes de reconnaissance d’Erasmus».

Jan Ceulemans est d’avis que la reconnaissance des crédits d’études constitue «toujours un problème en Flandre à en croire les comptes-rendus des étudiants revenant d’une période de mobilité». La deuxième étude, menée par Educonsult, portait sur les «indicateurs flamands pour le programme Erasmus». Dans l’ensemble, ces événements belges ont eu un impact médiatique considérable. Hugo Marquant, ambassadeur Erasmus du personnel enseignant, et Marc Goffart, ambassadeur des étudiants, ont tous deux donné des interviews radiophoniques et télévisées. Un grand magazine flamand a par ailleurs publié une édition spéciale Erasmus. Un programme pour l’avenir L’image de l’UE a été «positivement influencée» par le programme Erasmus, explique Marc Goffart. «Ce programme est la preuve vivante que l’Union européenne n’est pas uniquement une union politique et économique, mais qu’elle a également un impact sur le quotidien des citoyens. Il est bien qu’ils s’en rendent compte.» À l’avenir, le programme «ne devrait pas seulement se limiter à la mobilité géographique, mais aborder aussi l’aspect de la mobilité sociale», ajoute-t-il. «Il devrait offrir aux étudiants une chance de gravir l’échelle sociale. Les barrières financières ne doivent donc pas constituer un obstacle insurmontable pour les étudiants.»


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MAIS UNE VIE DANS UNE ANNÉE «Le programme Erasmus est la plus grande réussite de l’Union européenne», affirme Hugo Marquant. «La principale raison de cette réussite est l’implication des jeunes. Il s’agit d’un programme d’avenir.» Mais il voit néanmoins la «reconnaissance institutionnelle de la mobilité du personnel» comme un besoin essentiel encore insatisfait. «Par exemple, si un professeur belge se rend quelques semaines en Espagne pour y enseigner dans le cadre d’un programme classique, ces heures d’enseignement devraient être officiellement reconnues à son retour en Belgique. Or, ce n’est pas encore le cas.» Mentalité ou identité? «Nous avons souvent tendance à parler d’Erasmus en citant des chiffres», fait remarquer Jan Ceulemans, «mais nous devons également nous intéresser de près à la qualité des séjours. Les programmes Erasmus intensifs sont une excellente façon d’encourager la coopération entre les enseignants et nous espérons que ce type d’activité sera encouragé par le nouveau programme. Les enseignants doivent disposer des moyens de mettre en place une coopération de qualité en matière de mobilité.»

Il se rappelle de la conclusion dressée par l’auteur d’une thèse doctorale qui sera prochainement présentée en Flandre: selon ce dernier, le principal impact d’un séjour Erasmus se rapporte davantage à l’état d’esprit des participants qu’à la construction d’une identité européenne. «Il s’agit plus de la création d’une mentalité que d’une identité.» Toute une vie dans une année Un séjour Erasmus «est clairement perçu comme une valeur ajoutée à tout CV», confirme Catherine Devlamminck. «De nombreux étudiants affirment avoir trouvé un emploi grâce à leur séjour à l’étranger.» Mais il s’agit également d’une «expérience inoubliable. Pour reprendre la formule de l’un de nos coordinateurs, un séjour Erasmus, ce n’est pas une année dans une vie mais toute une vie dans une année.»


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BULGARIE BÂTIR UNE CULTURE ERASMUS Erasmus a un «impact important» sur les stratégies d’internationalisation et le contrôle qualitatif de l’enseignement supérieur bulgare. Tel est en tout cas l’avis de Savena Borisova du centre de développement des ressources humaines du pays. En particulier, le programme s’accompagne de «méthodes d’enseignement novatrices, de services aux étudiants, de nouveaux partenariats pour le développement de programmes d’études et de différents projets conjoints».

Boryana Klinkova sait de quoi elle parle, puisqu’elle travaille aujourd’hui comme coordinatrice d’un programme international pour les étudiants, non pas en Bulgarie mais dans une université allemande. «Même si je suis une ambassadrice Erasmus bulgare, je pense qu’il est important de faire la promotion du programme où que vous soyez. J’ai organisé de nombreuses séances d’information et d’autres activités afin d’éveiller l’intérêt des étudiants allemands pour les programmes Erasmus.»

Pour célébrer l’anniversaire du programme, la Bulgarie a proposé toutes sortes d’activités: des publications spéciales et des concours de vidéos, de dissertations, d’affiches, de photos et de récits d’expérience figuraient au menu. Un spectacle a également vu d’anciens étudiants Erasmus monter sur scène aux côtés de musiciens et d’acteurs professionnels et les vacances universitaires annuelles ont été consacrées à la promotion du programme.

De retour en Bulgarie à l’occasion de l’anniversaire, elle a célébré l’événement en donnant des interviews radiophoniques et dans la presse locale et nationale. En Allemagne, elle a tenu une conférence vidéo avec son université d’origine à l’occasion de la journée Erasmus.

Du statut d’aventure à celui de nécessité «Ce qui a changé, en mieux, c’est la prise de conscience du public à l’égard du programme», explique Boryana Klinkova, ambassadrice Erasmus des étudiants. «Il y a 25 ans, les rares étudiants qui osaient partir à l’étranger étaient considérés comme de véritables aventuriers! Aujourd’hui, ce programme est devenu l’extension logique du cursus d’enseignement supérieur.»

Un corps enseignant rassuré Rumyana Todorova, ambassadrice Erasmus du personnel, comptait parmi ses activités promotionnelles de 2012 la mise en ligne d’une interview YouTube. À peine revenue de Bruxelles où elle a participé aux débats, elle a également organisé un séminaire spécial sur les projets futurs concernant Erasmus. Elle a le sentiment que le programme a rassuré le corps enseignant bulgare en cette période de grande mutation. «Nous avons pu constater que ce que nous avons réalisé jusqu’à présent correspondait aux réalisations de nos collègues dans d’autres universités européennes.»


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Le programme Erasmus «est génial, mais le sera encore plus à l’avenir», affirme-t-elle avec conviction. «Il aidera à façonner les attitudes du public à l’échelle nationale.» En analysant les perspectives des 25 prochaines années, elle pense que le programme Erasmus «changera en mieux, car sa nouvelle forme impliquera également des universités d’autres continents». Elle s’attend néanmoins à ce qu’une plus grande concurrence accompagne cette évolution de la mobilité des étudiants. «Aujourd’hui, les étudiants candidats sont à peu près certains de partir. À l’avenir, leurs chances seront plus minces», pense-t-elle. Mais «cela a également du bon, dans la mesure où ils réaliseront qu’ils devront donner le meilleur d’eux-mêmes pour pouvoir participer à un échange». Le programme évoluera certainement, estime Boryana Klinkova, car «la société change continuellement». En pratique, elle aimerait pouvoir réduire la paperasserie, bénéficier d’un plus grand soutien financier pour favoriser la mobilité des étudiants à faibles revenus et assister à la résolution de certaines problématiques liées à l’obtention de visa pour les pays du tiers-monde et à la reconnaissance des crédits d’études. Mais en substance, «l’objectif du programme Erasmus ne doit pas changer».

Ouverture à l’Europe «Le programme Erasmus a un effet positif à la fois sur le plan personnel et sur le plan institutionnel», résume Savena Borisova. «Il a conduit à une ouverture sociale à l’égard des questions européennes. Au cours des 15 années d’existence du programme en Bulgarie, une authentique culture Erasmus a vu le jour. Et nous ferons de notre mieux pour la préserver et la voir grandir au cours des 25 prochaines années.»


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RÉPUBLIQUE TCHÈQUE ERASMUS: UNE VÉRITABLE PASSERELLE 25 heures de trampoline pour 25 années d’Erasmus: tel était l’un des événements pour le moins physiques organisés par les Tchèques pour célébrer l’anniversaire du programme ! Sautant sur l’occasion, les étudiants ont afflué de partout, même du Japon! Le marathon organisé restait néanmoins la pièce maîtresse des festivités. Si ce marathon de l’université se tient chaque année, l’édition 2012 était sponsorisée par Erasmus. Trentetrois équipes relais de quatre étudiants y ont pris part. Parmi les autres événements, citons des concours d’affiches et de vidéos, ainsi qu’un concours de label Erasmus centré sur la mise sur pied d’approches multimédias novatrices visant à illustrer la mobilité. «La diffusion et l’exploitation des résultats ont été extrêmement réussies», commente Barbara Nájemníková de l’agence nationale NAEP. «La République tchèque a davantage pris conscience de l’existence et des atouts du programme.» Rencontre médiatique Une rencontre avec les journalistes a généré une couverture médiatique importante. Au cours de l’année, Milada Hlaváčková, ambassadrice Erasmus du personnel, a donné une série d’interviews à la presse écrite, à la télévision et à la radio. «Ils m’ont demandé ce que le programme Erasmus apportait aux étudiants tchèques, comment nous accueillions les étudiants étrangers et ce que nous faisions pour eux.»

À l’occasion d’une conférence tenue à Prague, les ambassadeurs Erasmus du pays ont évoqué leur expérience de la mobilité. Les événements ont permis aux participants de «comprendre que le programme Erasmus peut réellement aider les étudiants à découvrir d’autres habitudes de travail que celles auxquelles ils sont habitués dans leur pays d’origine», explique Tomáš Vitvar, ambassadeur des étudiants. «En définitive, cela les aidera dans leur carrière, lorsqu’ils commenceront à travailler dans des équipes internationales et dans des environnements multiculturels.» Base de données de récits d’étudiants Disponible en ligne, une base de données NAEP comprend aujourd’hui quelque 21 000 rapports finaux d’étudiants partis en séjour Erasmus. Ces rapports témoignent «d’un niveau élevé de satisfaction à l’égard du programme Erasmus», commente Barbora Nájemníková. Pour les étudiants, affirme-t-elle, le programme est «d’une importance significative en termes de bénéfices personnels, linguistiques et professionnels». Ils «acquièrent des compétences internationales et seront plus expérimentés et flexibles lors de leur passage à la vie active». Les enseignants, quant à eux, «gagnent en compétences internationales et interculturelles et peuvent organiser des activités liées au programme Erasmus dans leur établissement d’origine». Le programme les aide également à «rester au fait des tendances professionnelles


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VERS L’EUROPE ET VERS LE MONDE actuelles». De plus, les établissements d’enseignement supérieur perçoivent le programme Erasmus comme «un atout prestigieux contribuant à attirer et à recruter des étudiants plus motivés». Le programme est «un instrument d’internationalisation important». La peur des voyages? Milada Hlaváčková précise encore que «les pays comme le Royaume-Uni ou la Finlande devraient normalement être trop chers pour nos étudiants, mais le programme Erasmus les aide. Et ils reviennent avec d’excellents résultats». Puis d’ajouter: «Le nombre d’étudiants Erasmus que nous accueillons a également augmenté au fil des ans. Ce n’est malheureusement pas le cas des étudiants sortants. J’en ignore la raison véritable, car les tests montrent que leurs connaissances linguistiques ne cessent de s’améliorer. D’autant qu’une fois qu’ils reviennent d’un séjour Erasmus, ils ont envie de voyager partout, de découvrir le monde. Mais de façon générale, les Tchèques font preuve d’une extrême prudence à l’égard des voyages à l’étranger.» Milada Hlaváčková espère que le programme Erasmus se poursuivra au cours des 25 prochaines années, «idéalement, avec un peu moins de paperasserie. Mais ça reste l’un des meilleurs programmes de l’UE.»

Passerelle Les festivités organisées pour l’anniversaire «ont indiqué que le programme Erasmus était un complément très important des programmes d’études universitaires», poursuit Tomáš Vitvar. «Il peut inciter les diplômés à s’engager dans des carrières internationales intéressantes. Seules les personnes instruites, ayant acquis une authentique expérience internationale étant jeunes, peuvent comprendre les différences culturelles et les surmonter en adoptant un langage commun. Le programme Erasmus est une véritable passerelle vers l’Europe et vers le monde.»


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DANEMARK TERRE D’ANNIVERSAIRE À 25 ans, Picasso était au plus fort de sa «période bleue». Au même âge, Paul McCartney écrivait la chanson Yesterday. Albert Einstein célébra son quart de siècle en compagnie de sa théorie de la relativité. Et enfin, au cours de sa 25e année d’existence, le programme Erasmus a quant à lui battu son record de participation, avec quelque 230 000 étudiants! C’est par cette comparaison que Morten Østergaard, le ministre danois de l’éducation, a ouvert la principale conférence européenne célébrant l’anniversaire du programme Erasmus. À l’époque, le Danemark venait d’accéder à la présidence tournante de l’Union européenne. Ce pays a donc joué un rôle clé dans les festivités. Organisée par la présidence danoise de l’Union européenne et par la Commission, la conférence s’est tenue à Copenhague les 8 et 9 mai 2012. Dans son allocution d’ouverture, la princesse Mary de Danemark a affirmé qu’elle avait toujours été impressionnée par l’énergie et l’enthousiasme des étudiants réalisant une partie de leurs études à l’étranger. Elle y aussi a effectué une partie de sa formation et en a ramené, dit-elle, des compétences inestimables et des amitiés indestructibles.

Le seuil des trois millions L’objectif des trois millions d’étudiants Erasmus d’ici la fin de l’année 2013 semble réalisable, a annoncé Androulla Vassiliou à l’occasion de la conférence. Elle est la Commissaire européenne en charge de l’éducation, de la culture, du multilinguisme et de la jeunesse. La stratégie Europe 2020 vise à investir davantage dans les compétences et les aptitudes, a-t-elle rappelé, et le nouveau programme Erasmus+ contribue à cet objectif en offrant à cinq millions de personnes la possibilité d’étudier à l’étranger. Le défi est de faire correspondre les perspectives éducatives et de formation aux exigences du marché du travail. La conférence de presse organisée à Copenhague, qui a réuni de nombreux journalistes issus de toute l’Europe, a permis au programme de bénéficier d’une couverture médiatique considérable. Manifeste Erasmus Les 66 ambassadeurs des étudiants et du personnel de toute l’Europe ont présenté le Manifeste Erasmus. Ce document appelle à une plus grande coopération entre les universités et les entreprises à travers des échanges d’étudiants et de personnel plus intensifs et une meilleure reconnaissance des stages effectués par les étudiants à l’étranger. Il revendique également l’élargissement du champ couvert par le programme, avec davantage de ressources destinées à attirer les


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groupes sous-représentés. Enfin, il insiste sur la nécessité d’étendre le programme au-delà des frontières de l’Europe.

cela améliorera leurs méthodes pédagogiques au quotidien. Mais gageons qu’il reste difficile de les encourager à partir.»

Sur fond de musique en direct, des informations sur le programme ont été données à l’occasion d’un rassemblement d’étudiants organisé dans un parc à proximité du centre de conférences. «Nous avons mené une campagne sur Facebook pour faire la promotion de ce concert», explique Lise Andersen de l’agence danoise pour les universités et l’internationalisation. «L’agence nationale et le réseau des étudiants Erasmus local disposaient chacun de leur stand sur le lieu du concert et ont distribué des brochures promotionnelles à cette occasion.».

Pour Nina Siig Simonsen, ambassadrice des étudiants, «Erasmus est un peu comme un catalogue de produits. Vous n’avez que l’embarras du choix parmi les 300 universités européennes participant au programme. Cela rend les choses beaucoup plus faciles pour les personnes désireuses de partir.»

Catalogue de mobilité Les chiffres du Danemark en matière de participation estudiantine au programme Erasmus traduisent une progression rapide, souligne Lise Andersen. «En 2011, nous avions enregistré une augmentation de quelque 300 étudiants, ce qui est beaucoup lorsqu’on sait que le nombre total d’étudiants l’année précédente était de 1 900. Notre agence travaille sans relâche pour envoyer sans cesse davantage d’étudiants dans des programmes d’échanges et Erasmus occupe une place de choix.» Il faudrait que le personnel enseignant soit aussi plus nombreux à participer, estime Connie Vaever, ambassadrice Erasmus du personnel au Danemark. «Si le personnel a la possibilité de découvrir d’autres styles d’enseignement et de faire la connaissance de collègues provenant d’autres universités à l’étranger,

Elle est d’avis que «le programme devrait se mondialiser davantage. Nous devenons sans cesse plus interdépendants. L’internationalisation aura donc un impact sur l’ensemble de la société.»


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T i t r e

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l a

b r o c h u r e

ALLEMAGNE UNE IDÉE CONCRÈTE DE L’EUROPE En Allemagne, l’année 2012 s’est traduite par une double célébration du programme Erasmus. En plus de l’anniversaire du programme, le pays a fêté le départ de son 400 000e étudiant Erasmus. «Ce fut un moment émouvant», se rappelle Siegbert Wuttig de l’agence nationale allemande DAAD. À cette occasion, l’agence a publié deux brochures retraçant l’histoire du programme en Allemagne et sa réussite. Elles retracent les carrières d’anciens étudiants Erasmus. L’Allemagne a également fabriqué un timbre postal spécial Erasmus. Organisée en juin, la conférence nationale «L’Europe en mouvement: 25 ans d’Erasmus» a permis d’évoquer l’évolution fructueuse du programme, sa situation actuelle et son évolution et ses défis à venir. L’Allemagne a également organisé des conférences régionales dans tout le pays.

Excellente couverture médiatique L’événement a suscité une importante couverture médiatique. «Je n’ai jamais fait l’objet d’autant de demandes d’interviews que l’année dernière», s’amuse Siegbert Wuttig. «Une émission radiophonique spéciale d’une heure a même été organisée juste avant la grande célébration de l’anniversaire. Les étudiants nous ont rejoints dans le studio, où nous avons eu une grande discussion sur le programme Erasmus. Les festivités ont également bénéficié d’une bonne couverture télévisée. C’était un peu spécial. Généralement, il est plutôt difficile d’obtenir du temps d’antenne pour les questions d’éducation.» Erasmus est l’un des programmes les plus célèbres de l’UE, estime-t-il. «C’est un véritable succès pour l’Union européenne. Lorsqu’on demande aux citoyens de citer une des réalisations de l’UE, Erasmus arrive systématiquement en tête de liste.» Christiane Biehl, ambassadrice du personnel, voit également le programme comme un atout pour l’Europe. «Pour les Allemands, l’Europe est un concept souvent plutôt abstrait», avance-t-elle. «Erasmus leur en donne une idée concrète.» La mobilité et la formation du personnel L’Allemagne est réputée pour le grand nombre de membres du personnel enseignant participant aux programmes d’échanges Erasmus: plus de 3 000 départs chaque année dans les deux sens. «C’est très important», confirme Siegbert Wuttig. «Le personnel enseignant fait figure de modèle, d’agent multiplicateur.»


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Christiane Biehl voit le programme comme «une sorte de formation et de qualification supplémentaire» pour les enseignants. «Ils découvrent d’autres traditions pédagogiques, qui les incitent à expérimenter de nouvelles approches. Nous faisons également la promotion du programme auprès des jeunes chercheurs, car c’est pour eux l’occasion d’intégrer des réseaux internationaux.» Acquisition d’une vision plus large Katja Krohn, ambassadrice des étudiants, affirme: le programme Erasmus «a considérablement changé ma vie». Son premier séjour de mobilité s’est déroulé à Oviedo, en Espagne, pendant ses études. Par la suite, élue au Conseil international du réseau des étudiants Erasmus, elle a utilisé son séjour à Bruxelles comme stage de son cursus universitaire. «Je pense que ces séjours ont élargi ma vision du monde», confiet-elle. «Aujourd’hui, je suis davantage intéressé par la politique européenne que par la politique allemande, car l’Europe incarne mes perspectives d’avenir.» Elle souhaiterait que les étudiants Erasmus bénéficient d’un plus grand soutien financier à l’échelle nationale, de telle sorte que les étudiants à faibles revenus puissent également accéder pleinement à la mobilité.

Investir dans l’apprentissage Un séjour Erasmus «améliore assurément les compétences générales des étudiants, comme les langues, la confiance en soi et les réseaux de contacts», analyse Siegbert Wuttig. «Nous espérons qu’il améliore également leurs connaissances dans leurs domaines d’études, même si nous ne disposons pas de suffisamment de données en la matière pour en avoir la certitude. Il s’agit d’ailleurs de l’un des défis à venir: nous devons prouver aux décideurs politiques que le programme Erasmus a un effet bénéfique sur le plan de l’apprentissage. A fortiori en cette période de crise, nous devons les convaincre qu’il s’agit d’un secteur d’investissement porteur. En effet, investir dans le programme Erasmus et dans l’éducation générale constitue l’une des façons de sortir de la crise.»


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ESTONIE ERASMUS, UN PROGRAMME HAUT EN COULEURS Même si les professeurs de langue ne pratiquent pas tous la même langue, en matière de bonnes pratiques et de méthodes pédagogiques novatrices, ils ont beaucoup à apprendre les uns des autres. L’organisation en Estonie d’une Semaine internationale des langues Erasmus a permis de célébrer l’anniversaire du programme en joignant l’utile à l’agréable. L’événement rassemblait des enseignants d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie. Une conférence relative à la mobilité des étudiants constituait le principal événement organisé dans le pays pour célébrer l’anniversaire. Les participants issus d’établissements d’enseignement supérieur et d’organisations du secteur ont pu assister à une présentation du programme Erasmus. Les étudiants et le personnel ont fait part de leurs expériences et ont écouté les résultats de différents sondages. Après plusieurs allocutions portant sur l’internationalisation du système d’enseignement supérieur estonien, des séances de travail ont été organisées afin de donner à chacun l’occasion d’exprimer son point de vue. «Many colours of Erasmus» (Erasmus, un programme haut en couleurs) était le nom du concours de vidéos organisé par la Fondation Archimedes au sein de la population estudiantine. L’agence a également fourni une série d’articles promotionnels dans le cadre de cet anniversaire comme des affiches, des trousseaux de clés ou encore des tasses et des sacs.

Les établissements d’enseignement supérieur impliqués dans le programme Erasmus ont aussi contribué à ces journées d’information en organisant leurs propres conférences et d’autres concours d’affiches. Visibilité internationale «Les étudiants et le personnel enseignant estoniens ne participent au programme Erasmus que depuis 1999-2000», précise Terje Kaelep de la Fondation Archimedes. «Mais d’ici la fin de l’année académique, le programme aura offert à environ 8 000 de nos étudiants une occasion unique de passer une période d’études ou de stage à l’étranger. Sans l’aide du programme Erasmus, cela n’aurait pas été possible. De plus, le programme a contribué à faire venir quelque 3 500 enseignants et autres membres du personnel.» Le «gain en visibilité internationale des établissements d’enseignement supérieur estoniens constitue l’un des principaux résultats d’Erasmus dans ce pays», explique Sirje Virkus, ambassadrice du personnel. «En permettant de multiplier les contacts professionnels, le programme a stimulé la mise sur pied d’autres projets européens conjoints en matière de recherche et développement. Il a également élargi nos connaissances des méthodes pédagogiques et d’apprentissage modernes et a favorisé le développement de compétences interculturelles.»


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Une Europe plus personnelle Le programme a aidé les Estoniens à «se doter d’une perception plus personnelle des questions européennes et du développement de l’Union, à travers des contacts et des expériences personnels». Sirje Virkus prévoit que «la dimension virtuelle sera davantage intégrée au programme de mobilité Erasmus à l’avenir». À travers la «mobilité virtuelle», les établissements d’enseignement supérieur peuvent «développer des cursus d’apprentissage novateurs de façon à encourager la mobilité non seulement entre les pays, mais également entre les disciplines et les secteurs». Pression financière Helen Margus, ambassadrice des étudiants, pense qu’il faudrait encore surmonter les obstacles qui empêchent les étudiants de partir en séjour Erasmus, notamment la pression financière qu’implique tout retard dans l’obtention du diplôme. «En Estonie, la moitié de la population estudiantine travaille tout en étudiant à plein temps», précise-t-elle. «Les étudiants sont donc soumis à une pression financière importante qui les oblige à boucler leurs études dans les temps.» Et comme le secteur de l’enseignement supérieur n’échappe pas aux problèmes financiers, certains cours ne sont disponibles que tous les deux ans. «Ainsi, si les étudiants pensent qu’il existe le moindre risque de rater leur année en partant à l’étranger, ils vous diront: “non merci!”.» Pour Helen Margus, cette possibilité d’étudier dans plusieurs pays manque encore de souplesse.

«Jusqu’à présent, les plus grandes avancées de l’intégration européenne ont été réalisées dans l’enseignement supérieur», avance Terje Kaelep. «Le programme Erasmus est considéré comme un grand succès européen. Le processus de Bologne et la promotion de l’enseignement supérieur en Europe ont permis de prendre un excellent départ. Mais d’autres efforts sont nécessaires pour faire le pont entre l’enseignement supérieur et le marché du travail au sein de l’UE et de l’économie en général.»


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IRLANDE FAIRE LE PAS Ayons une pensée émue pour Mariano Montesinos! Fin novembre 2012, ce valeureux étudiant espagnol a en effet décidé de partir en vélo pour un circuit de neuf jours et de 1 000 km autour de l’Irlande avec le logo Erasmus sur le dos. «Il a croisé un grand nombre de personnes sur sa route, et a été confronté à la réalité de la météo de novembre dans cette partie du monde», se rappelle Gerry O’Sullivan, membre de l’autorité en charge de l’enseignement supérieur en Irlande. Les rencontres humaines constituaient la thématique principale des festivités organisées en Irlande pour célébrer l’anniversaire. Par exemple, l’équipe Erasmus nationale a accru sa présence lors des salons de l’enseignement supérieur où les diplômés de l’enseignement secondaire vont collecter des informations sur les orientations possibles. «Il est important de leur faire savoir que le programme existe et qu’il ne s’agit pas simplement d’une formule destinée aux étudiants désireux d’apprendre les langues», explique Jessica Gough, ambassadrice des étudiants.

Amélioration des compétences linguistiques Actuellement, l’Irlande accueille bien plus d’étudiants Erasmus qu’elle n’en voit partir. Les problèmes de langue constituent la cause principale de cet écart. Alors que l’anglais attire les foules en Irlande, il incite également les Irlandais à réfléchir à deux fois avant de partir étudier en Europe continentale. Miriam Broderick, ambassadrice du personnel, explique que «les étudiants irlandais craignent qu’en partant étudier à l’étranger, ils ne pourront pas revenir avec les crédits dont ils ont besoin. Néanmoins, aujourd’hui, l’offre de cours de langue avant le départ est beaucoup plus fournie, ce qui change la situation.» À l’occasion d’une conférence organisée pour l’événement, des orateurs issus d’autres petits pays européens ont expliqué la position des langues dans leurs cursus scolaires. La manifestation a également mis en évidence les perspectives professionnelles en Europe continentale et les employeurs irlandais ont rappelé l’importance grandissante des compétences linguistiques. Ces avantages encouragent les universitaires à concevoir des cours d’informatique et d’ingénierie en langue étrangère. Miriam Broderick souligne également «la demande grandissante en formations linguistiques des étudiants et l’intérêt marqué pour la flexibilité que le programme Erasmus offre désormais en matière de stages professionnels associés à des études à l’étranger».


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Le programme Erasmus influence assurément la vision irlandaise de l’Europe. «Environ 32 000 personnes en Irlande sont parties en séjour Erasmus depuis le lancement du programme en 1987», précise Gerry O’Sullivan. «Si vous comptez leur famille, leurs amis et leurs collègues, cela représente 300 000 ou 400 000 personnes ayant été de près ou de loin en contact avec un séjour Erasmus. Ajoutons encore que nous n’avons jamais entendu qui que ce soit parler de mauvaise expérience ou regretter d’être parti. Il s’agit donc d’un message extrêmement positif envoyé par l’Europe à l’Irlande.» Apprentissage de l’autonomie Jessica Gough invite quiconque envisageant un séjour Erasmus à «faire le pas». Étudiante en langues modernes, elle a passé son séjour Erasmus à Barcelone et compte aujourd’hui devenir interprète de conférence. «Le simple fait d’être à l’étranger», confie-t-elle, «vous apprend à surmonter les obstacles et à être autonome». Elle a personnellement fait face à de nombreux obstacles. Une infirmité motrice cérébrale affecte en effet le côté gauche de son corps et son équilibre. «De nombreuses personnes souffrant d’un handicap adoreraient étudier à l’étranger», confie-telle, «mais elles ont peur d’y aller car les systèmes d’aide sont différents dans chaque pays. Pourtant, nous n’avons besoin

que d’un seul contact dans chaque université capable de mettre ces personnes en relation avec une agence appropriée. Nous avons aussi besoin d’un réseau international d’étudiants handicapés». Répandre la bonne nouvelle «Les événements organisés dans le cadre des 25 ans du programme ont suscité une excellente couverture médiatique», se réjouit Gerry O’Sullivan. «La presse s’intéresse rarement aux bonnes nouvelles et assurément, le programme Erasmus en est une!»


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GRÈCE UN NOM DE MARQUE Erasmus est «très connu en Grèce. C’est un vrai nom de marque», certifie Elina Mavrogiorgou, gestionnaire de projet Erasmus au sein de l’agence nationale hellénique LLP /IKY. Katerina Galanaki, ambassadrice Erasmus du personnel, attribue la popularité du programme aux articles élogieux souvent publiés dans la presse, ainsi qu’à sa bonne réputation au sein des participants. L’impact du programme sur l’attitude de la Grèce à l’égard de l’Europe a été «extrêmement positif», estimet-elle. «La population adore Erasmus. L’inquiétude du public a été grande et clairement perceptible en Grèce lorsque d’aucuns ont fait état des menaces financières pesant sur le programme.» Elle a informé tous les établissements d’enseignement supérieur grecs de l’existence du Manifeste Erasmus. Au menu des festivités organisées en Grèce à l’occasion du 25e anniversaire du programme figuraient des événements locaux organisés par les établissements d’enseignement supérieur, une grande célébration à Athènes commentée par les médias nationaux et le lancement d’un nouveau jeu appelé «Erasmusbook».

Surmonter la crise La Grèce fait face à d’importantes mesures d’austérité. La crise a-t-elle tendance à dissuader les étudiants et le personnel de partir? «C’était effectivement l’une des craintes», répond Elina Mavrogiorgou. «Mais actuellement, nous assistons plutôt à l’effet inverse, car les étudiants considèrent qu’Erasmus leur ouvre de nouvelles perspectives. En particulier, l’expérience professionnelle glanée à travers des stages professionnels Erasmus facilite la recherche d’emploi à l’étranger. C’est la raison pour laquelle ces stages professionnels sont très populaires en Grèce et nous pensons qu’ils le seront encore davantage l’avenir.» Elle insiste également sur le fait que l’enseignement supérieur en Europe doit «conserver son intégrité». Les besoins économiques «ne peuvent pas être l’unique critère de la réforme de l’enseignement. L’enseignement supérieur doit avoir une longueur d’avance. Il doit dicter les tendances générales et non les suivre. La construction de l’Europe sera fragile si elle repose uniquement sur des considérations financières.» Évolution des crédits d’études Elle-même «pionnière Erasmus», Katerina Galanaki estime que le programme devrait bénéficier à beaucoup plus de gens. «La principale réalisation des 25 dernières années a été la reconnaissance mutuelle des crédits d’études entre les pays de


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l’Union européenne. Il s’agit d’un élément extrêmement important qui garantit que les futurs diplômés ne perdront pas leur temps à suivre deux fois les mêmes cours.» Elle pense également que le programme Erasmus a incité les étudiants grecs à adopter une vue plus nuancée de leur propre système d’enseignement supérieur. «Les Grecs disaient souvent que l’enseignement universitaire de leur pays n’était pas à la hauteur. Aujourd’hui, les étudiants ayant séjourné à l’étranger me font effectivement part des points forts des institutions par lesquelles ils ont transité, mais ils reconnaissent aussi ce qui est mieux chez nous. Nous essayons d’appliquer dans notre propre université les bonnes pratiques que les étudiants ont observées à l’étranger. Souvent, les programmes d’études sont évalués par des étudiants ayant eu l’occasion de jeter un œil critique à différentes approches.» Des ponts vers les autres continents Maria Kaliambou, ambassadrice Erasmus des étudiants en Grèce, enseigne désormais l’ethnologie européenne et le grec moderne à l’Université de Yale aux États-Unis. «Je me suis découvert une véritable passion pour l’ethnologie à l’occasion de mon échange Erasmus en Allemagne», se souvient-elle. «Cet échange m’a ouvert des perspectives qui m’ont finalement conduite dans l’une des universités les plus prestigieuses du monde.»

Elle suggère que le programme Erasmus intègre de nouvelles possibilités d’échanges universitaires, comme l’enseignement en ligne. Utilisée à bon escient, la mobilité virtuelle associée à la mobilité physique à court terme pourrait s’adresser aux étudiants qui ne peuvent pas se permettre de partir autrement. Au vu de son expérience de l’enseignement à Yale, elle pense que de plus en plus d’étudiants sont intéressés par les programmes d’échanges internationaux. «Le programme Erasmus doit assurément être poursuivi. Il doit être étendu au monde entier, de telle sorte que nous puissions jeter des ponts avec les autres continents et devenir des citoyens du monde.»


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ESPAGNE OUVERTURE «Interpelez n’importe quel passant dans la rue en Espagne en lui demandant s’il a déjà entendu parler du programme Erasmus et on vous répondra inévitablement ‘Oui, bien sûr! C’est le programme européen de mobilité des étudiants’.» Selon Fidel Corcuera-Manso, ambassadeur Erasmus du personnel en Espagne, cette situation a une explication: «Ce programme est très connu ici, car d’une certaine façon, nous avons grandi avec lui. Lors de son lancement il y a 25 ans, l’Espagne était marquée par une authentique volonté d’ouverture au monde extérieur et à l’Europe en particulier.» José M. González, de l’agence nationale OAPEE, le confirme. «La devise de l’anniversaire était “Changer les vies, ouvrir les esprits”, et c’est exactement ce que nous racontent nos étudiants lorsque nous leur demandons de nous faire part de leur expérience à l’étranger. En 1987, l’Espagne n’a envoyé que 95 étudiants en séjour Erasmus. En 2013, nous en envoyons plus de 45 000! Cela signifie qu’à l’issue de leurs études, environ 10 % de nos diplômés auront pris part à un échange. La Commission européenne s’est fixé l’objectif ambitieux de 20 % de mobilité estudiantine à l’horizon 2020, ce qu’atteindra indiscutablement l’Espagne, à condition évidemment qu’un soutien financier soit garanti».

Pour le personnel, le programme Erasmus constitue par ailleurs «le moyen d’intensifier la coopération avec les établissements partenaires d’Europe et de tirer des leçons des expériences des uns et des autres. Cela enrichit directement leur carrière professionnelle et indirectement leur établissement d’origine.» Quatre thèmes pour l’avenir Au menu des festivités organisées en Espagne pour célébrer l’anniversaire figurait une conférence d’étudiants Erasmus à l’université de Grenade. À cette occasion, d’anciens et d’actuels étudiants Erasmus, issus à la fois d’Espagne et de l’étranger, ont discuté de quatre thèmes spécifiques: la reconnaissance universitaire, l’employabilité, le financement et les conditions optimales de participation au programme. Ces différentes discussions ont finalement abouti à la mise sur pied d’un manifeste. Elles ont été suivies par une conférence nationale célébrant le 25e anniversaire du programme Erasmus, au cours de laquelle des prix ont été remis aux 25 étudiants dont les histoires avaient été sélectionnées en vue d’une publication dans l’édition spéciale anniversaire. Manuel Marín, vice-président de la Commission européenne et commissaire en charge de l’enseignement en 1987, a reçu un doctorat honorifique. «Il a joué un rôle capital lors du lancement du programme», se rappelle José M. González. «Il a prononcé un discours remarquable sur la façon dont le programme avait finalement été approuvé malgré de nombreuses embuches.»


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D’autres universités en Espagne ont également organisé des événements pour l’anniversaire. Enrichissant sur le plan culturel, utile sur le plan technique La mobilité est devenue une sorte d’habitude pour Tomás Sánchez López, ambassadeur des étudiants en Espagne. Après un séjour Erasmus en Finlande, il est parti en Corée du Sud pour y faire son doctorat et a mené des recherches à Cambridge, au Royaume-Uni. Il est désormais au pays de Galles, où il travaille sur la fusion de l’information pour la société européenne d’aéronautique et de défense EADS. «L’université en Finlande offre des cours très spécialisés sur les aspects informatiques qui m’intéressaient au premier chef», explique-t-il. «Je n’aurais jamais eu accès à ce type d’enseignement en restant en Espagne. Je peux donc dire que mon séjour Erasmus a été à la fois enrichissant sur le plan culturel et très utile sur le plan technique.»

Intérêt personnel et intérêt public Sánchez López espère que l’Union européenne définira à l’avenir des directives sur le nombre d’étudiants que chaque pays doit envoyer en séjour Erasmus. «J’apprécie le fait que cette décision soit prise par les autorités nationales, mais il existe des budgets fixes. Il est donc possible que les participants Erasmus d’un pays doivent se contenter de subventions bien inférieures à celle d’un autre pays.» Il rappelle également à tous les participants Erasmus que «l’argent dont ils bénéficient provient des contribuables européens. Ils doivent donc faire le meilleur usage possible du séjour qui leur est offert». Un bon investissement, selon Fidel Corcuera-Manso: «Je ne pense pas que l’Europe puisse se priver d’un programme dont le monde entier s’inspire. Il s’agit d’un excellent exemple de conciliation de l’intérêt personnel et de l’intérêt public.»


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FRANCE GÉNÉRATION ERASMUS Une flashmob réunissant à Bordeaux des étudiants pour former le nombre 25 a marqué le lancement officiel de l’anniversaire du programme en France.

étape, ce sont 25 campus qui ont été visités à travers tout le pays. Des brochures informant sur le programme et des cadeaux y ont été distribués.

Les festivités se composaient d’un savant mélange d’événements solennels et de manifestations qui l’étaient beaucoup moins! L’idée, comme le décrit Antoine Godbert, directeur de l’Agence Europe-Éducation-Formation France, était de «combiner les éléments qui, selon nous, symbolisent le mieux la réussite du programme, à savoir l’acquisition de compétences et l’esprit de convivialité et de partage, un idéal de jeunesse». D’où le slogan choisi pour l’anniversaire: «Génération Erasmus».

Et en parlant de cadeaux, la France a non seulement émis un timbre postal à l’effigie du programme, mais elle a également produit un vin pour l’occasion, un Pessac-Léognan, cuvée «Génération Erasmus». 2012, un excellent millésime !

Le programme était déjà très connu en France, précise-t-il, mais les événements organisés pour l’anniversaire «ont contribué à en renforcer l’image. Du directeur de multinationale au chauffeur de taxi, tout le monde connaît Erasmus». Un millésime spécial Erasmus L’Agence était présente au salon Rencontres Université-Entreprises, qui a attiré quelque 7 000 visiteurs à Paris. Son stand y faisait la promotion du volet «stages» du programme. Une rencontre des responsables des relations internationales des universités figurait également au programme de l’anniversaire, de même qu’un «Tour de France» organisé par ESN France, le réseau des étudiants Erasmus. Avec une ville universitaire par

Des évènements culturels Un concours international de courts-métrages a été lancé sur le thème «Génération Erasmus – Free to move». Les 10 meilleures réalisations ont ensuite été projetées dans le cadre des Rencontres internationales Kino. Une compilation de musique rock reprenant 25 morceaux de 25 artistes issus de 25 pays européens a été produite conjointement par l’Agence nationale et le festival Europavox de Clermont-Ferrand. Le CD a notamment été distribué aux étudiants présents sur le festival. L’événement de clôture était organisé à Bordeaux, où une conférence de deux jours a réuni les responsables «Erasmus» des Agences nationales des 33 pays participant au programme, et une grande soirée intitulée Free to Move a été organisée au musée d’art contemporain.


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Une Europe qui fonctionne Le programme va-t-il influencer les attitudes des Français à l’égard de l’Europe? Antoine Godbert réserve son jugement. «En tant que démocrate et citoyen européen, je pense que nous devrions attendre les résultats des élections européennes». Mais il admet néanmoins «l’existence d’un consensus général sur le fait que le programme Erasmus est le symbole d’une Europe qui fonctionne». En tout cas, cela a fonctionné pour les médias français. L’émission d’une radio nationale de grande écoute a en effet diffusé pendant plusieurs mois les expériences d’étudiants et d’enseignants ayant participé au programme Erasmus. Les journaux nationaux ont également couvert l’événement. Julien Pea, ambassadeur des étudiants, et Nathalie Brahimi, ambassadrice des enseignants, ont été interviewés par les chaînes de télévision et de radio régionales. Des mots pour le dire Les établissements d’enseignement supérieur changent de stratégie, estime Julien Pea. «Ils mettent des réseaux en place au sein même du réseau Erasmus. Il ne s’agit plus de mettre l’accent sur la quantité mais sur la qualité.» La mobilité virtuelle sera prochainement «au cœur du programme Erasmus», préditil. À l’avenir, la simple mention «Erasmus» sur un CV ne sera plus suffisante pour impressionner un employeur potentiel.

«Un séjour Erasmus est devenu une chose banale aujourd’hui. Il vous faudra donc expliquer ce que vous avez réellement retiré de cette expérience. Les universités sont très axées sur la préparation des étudiants à un séjour Erasmus, mais beaucoup moins sur le suivi après leur retour. Or les étudiants ont besoin d’aide pour pouvoir traduire leur expérience en mots et en compétences.» Selon Nathalie Brahimi, pour les établissements d’enseignement, le programme Erasmus signifie avant tout «que vous pouvez avoir des échanges avec des enseignants qui apportent de nouvelles méthodes pédagogiques et peuvent utiliser leur propre langue avec nos étudiants. En raison des liens d’amitié qui se tissent, vous avez envie de mettre tout votre cœur et toute votre âme dans cette collaboration. Voilà ce qui fait la solidité du programme Erasmus et ce qui en assurera la pérennité.»


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ITALIE L’HÉRITAGE ERASMUS Le musée d’art contemporain de Rome a été le théâtre de l’un des principaux événements de l’anniversaire en Italie. Il a accueilli une exposition de peintures et de sculptures, ainsi que des concerts réalisés par des étudiants. Les entrepreneurs, les journalistes et les anciens étudiants Erasmus ont réfléchi à l’évolution de l’expérience Erasmus et à la façon dont elle contribue à rendre les jeunes plus compétitifs sur le marché du travail et plus à même de s’adapter aux situations changeantes. Des membres du personnel universitaire, les ambassadeurs Erasmus et des représentants du gouvernement ont par ailleurs discuté des défis auxquels le programme sera confronté au cours des 25 prochaines années. À Fiesole, des décideurs politiques de l’enseignement ont examiné la valeur stratégique de la mobilité Erasmus pour le développement des futures générations européennes à l’occasion d’une manifestation organisée par l’Institut universitaire européen. Un écho important Selon Claudia Peritore, directrice de l’unité Erasmus de l’agence nationale, les célébrations ont eu «un écho important en Italie». Les établissements d’enseignement supérieur et le réseau des étudiants Erasmus ont organisé des conférences, des concerts et des pièces de théâtre dans tout le pays. «Des articles et des interviews ont été publiés dans la presse locale et nationale et sur de nombreux sites Web et des interviews ont été diffusées à la télévision.»

Elle pense que «pratiquement tous ceux qui ont bénéficié d’un séjour d’études, d’une formation ou d’un enseignement dans un autre pays européen prêtent davantage attention aux questions européennes». L’enseignement supérieur joue «un rôle clé dans la stratégie Europe 2020» étant donné qu’il constitue «le principal vecteur du développement d’une future génération intelligente et bien préparée». Mais les établissements d’enseignement supérieur «doivent rester en contact avec le monde extérieur», notamment le marché du travail et des affaires. «Cela n’est pas toujours le cas», ajoute-t-elle. Se tournant vers l’avenir, elle est convaincue «qu’il devrait être possible de prévoir une période d’études à l’étranger obligatoire pendant le cursus d’études supérieures». Mais, «naturellement, une aide financière doit être garantie à tous les étudiants participants, de même qu’une reconnaissance de carrière pour le personnel enseignant impliqué dans ce programme». GaragErasmus L’anniversaire a été l’occasion d’«un grand nombre de rencontres fortuites et heureuses», se rappelle Ann Katherine Isaacs, ambassadrice du personnel. GaragErasmus est l’un des projets nés de ces rencontres. «Une véritable surprise», dit-elle, «cet événement est réellement le fruit des festivités».


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Lancée par un groupe d’anciens étudiants Erasmus brillants, la fondation GaragErasmus a été «incubée» par la région de Toscane. Cette fondation s’assimile à un réseau professionnel d’anciens Erasmus. Leur objectif est de former «une société européenne véritablement unie», capable de créer des perspectives «d’innovation et de développement» en faisant la promotion du «potentiel d’entreprenariat et d’inventivité» des membres du réseau. De façon plus spécifique, il entend encourager la création d’entreprises, les stages professionnels et les partenariats commerciaux internationaux. Sa base de données Check-In Europe a été lancée au cours de l’année 2012 et le projet a été présenté au Parlement européen. Expérience et connaissance Le programme Erasmus a permis d’accumuler un «énorme patrimoine d’expériences et de connaissances», insiste Ann Katherine Isaacs. «Il n’est pas simplement question d’aller étudier dans un autre pays. Erasmus a également contribué à la mise sur pied de programmes très importants qui, par exemple, ont été à l’origine du système européen de transfert et d’accumulation de crédits (ECTS). Ce système constitue aujourd’hui la base des systèmes nationaux des 48 pays qui forment l’espace européen de l’éducation.»

Elle cite également les structures éducatives TUNING en Europe, lancées en 2000. Ce projet entend faire le lien entre les programmes éducatifs de l’enseignement supérieur et le processus de Bologne, et plus tard la stratégie de Lisbonne de l’Union européenne. TUNING a mis sur pied de nouvelles approches en matière de conception de programmes d’études, désormais appliquées à l’échelle mondiale. «Les autres pays s’en inspirent», dit-elle, «c’est gratuit et ils en ont besoin. Et tout cela provient à l’origine du programme Erasmus».


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CHYPRE ÉLARGIR LES HORIZONS Chaque année, Chypre organise un salon de l’éducation à Nicosie. Les établissements d’enseignement supérieur d’Europe et d’ailleurs s’y pressent pour y vendre leurs marchandises. L’édition 2012 de ce salon a accueilli les principales festivités de l’anniversaire du programme Erasmus sur l’île. Des concerts donnés par les étudiants Erasmus occupaient une large partie du programme, et du matériel promotionnel a été distribué tout au long de l’événement. Associées à l’initiative de l’UE «Jeunesse en mouvement», les festivités ont été rehaussées de la participation de la Commissaire européenne Androulla Vassiliou et du ministre chypriote de l’éducation et de la culture. «Des milliers de personnes venues de Chypre et de l’étranger ont visité ce salon», a déclaré Roula Kyrillou-Ioannidou de la Fondation nationale de gestion des programmes européens pour l’éducation et la formation tout au long de la vie. «Nous avons profité de l’occasion pour présenter le programme Erasmus et les meilleures pratiques en matière de formation tout au long de la vie.» Disc-jockeys, ballons et gâteaux d’anniversaire Erasmus ont envahi les rues de Limassol et de Nicosie à l’occasion du 25e anniversaire du programme. Des foules enthousiastes ont assisté à des spectacles de danse et à un défilé de mode présentant des créations réalisées à partir de matériaux recyclés.

Des spots radiophoniques et télévisés créés par les étudiants ont assuré la promotion des différents événements. Une semaine de formation du personnel s’est tenue à l’université technologique de Chypre, qui a également organisé un festival international de la culture et des traditions culinaires. Convaincre les casaniers L’agence nationale de Chypre avait, certes, de quoi se réjouir. Surmontant les barrières culturelles, l’agence est en effet parvenue à intéresser de plus en plus de jeunes chypriotes au programme Erasmus. «Jadis, nous n’avions aucune université ici», rappelle Roula Kyrillou-Ioannidou. «Les jeunes partaient étudier au RoyaumeUni ou en Grèce. Une fois que nous avons fondé nos propres établissements, les étudiants sont devenus casaniers. Les liens familiaux sont extrêmement forts à Chypre. De prime abord, les jeunes se sont montrés hésitants à l’égard du programme Erasmus et leurs parents étaient plutôt réticents à l’idée de laisser leur fils ou leur fille partir vers l’inconnu. Il a fallu énormément de temps et d’efforts pour dépasser le seuil des 100 étudiants, mais ceux qui ont tenté l’aventure sont revenus si enthousiastes qu’ils ont encouragé les autres.»


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Un style de vie mobile L’exemple de Stavroulla Antoniou, ambassadrice des étudiants, est un véritable cas d’école. «Je pense que j’enquiquinais mon monde à force de leur raconter à quel point mon expérience Erasmus avait été fantastique», plaisante-t-elle. Elle a étudié la littérature anglaise à Rome. «J’ai été surprise de découvrir que les Italiens enseignaient la littérature anglaise dans leur langue. Mais j’ai sans aucun doute amélioré mon niveau d’italien.» Erasmus est un «style de vie», scande-t-elle. «Les étudiants Erasmus restent mobiles non seulement dans leur carrière professionnelle, mais également dans leurs relations humaines. Ils restent amis. Il arrive même qu’ils se marient. Un bébé Erasmus est même né à Limassol. Il ne s’appelle pas Erasmus, je vous rassure, il est simplement le fruit du programme!» Citoyens européens Les participants au programme Erasmus «parviennent à inciter les autres étudiants, les membres de leur famille, leurs connaissances et leurs amis à s’intéresser aux questions européennes», explique Maria Hadjimatheou, ambassadrice du personnel. De façon plus générale, elle estime que les programmes d’éducation de l’Union européenne «sont susceptibles d’encourager le sens de la citoyenneté européenne». Elle cite cinq facteurs clés: «la reconnaissance d’un patrimoine européen, la fidélité à l’Union, le droit de libre circulation, la participation politique et la citoyenneté active».

De nouvelles perspectives «Le programme Erasmus change les mentalités dans le bon sens», applaudit Roula Kyrillou-Ioannidou. «Même si nos étudiants peuvent être très intelligents, leurs horizons restent étriqués et ils sont souvent immatures sur le plan social. Leur mère fait tout pour eux et décide même parfois de ce qu’ils doivent étudier. Passer du temps à l’étranger fait du bien à nos jeunes et nous espérons dépasser le seuil des 300 étudiants Erasmus sortants en 2013.»


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LETTONIE ERASMUS, LE MÉDIATEUR Pour marquer le lancement des festivités célébrant l’anniversaire d’Erasmus en Lettonie, pas moins de 45 gâteaux ont été réalisés, dont un pour chacune des universités participant au programme. Des concours de photos, de vidéos et de récits ont témoigné des expériences des étudiants Erasmus et un stand interactif faisait le relai avec les événements publics et les bibliothèques. Différents débats axés sur la disposition des étudiants à participer aux échanges Erasmus ont été tenus dans les écoles lettones. Une conférence rassemblant les décideurs politiques du pays et des experts de l’enseignement supérieur s’est penchée sur le programme Erasmus et sur le processus de Bologne. Des objets d’art en 3D disséminés dans les rues de Riga représentaient les destinations Erasmus les plus prisées par les étudiants et les membres du personnel enseignant lettons. Au menu d’une nuit Erasmus destinée aux futurs participants aux échanges figurait un quiz marathon sur le programme et sur les questions européennes. Des universitaires, des membres du personnel de l’enseignement supérieur et des coordinateurs Erasmus ont assisté à un gala célébrant le 25e anniversaire du programme. Celui-ci comprenait notamment une cérémonie de remise de prix et une exposition de peintures et de mosaïques représentant les villes européennes, réalisée par l’ambassadeur du personnel, Aleksejs Naumovs, professeur d’art.

Projets et idées «Pour nous», dit-il, «le programme Erasmus joue un rôle de médiateur. Il est à l’origine d’un nombre infini d’excellents projets et a ouvert tout un univers de connaissances culturelles à nos étudiants. Pour les enseignants et l’ensemble du personnel de l’université, le programme Erasmus est un grand succès. C’est une occasion unique de découvrir les traditions des autres pays, leur système éducatif et leurs méthodes pédagogiques. Cet échange complète et améliore les programmes d’enseignement en Lettonie. Le personnel revient avec des idées intéressantes que nous essayons de mettre en œuvre dans nos programmes». Les événements organisés pour l’anniversaire ont été amplement commentés dans les médias électroniques de Lettonie. Un message de tous les ambassadeurs Erasmus européens sur l’importance de poursuivre le programme a également été diffusé dans les médias. Un avantage concret pour l’Union européenne Madara Apsalone, ambassadrice des étudiants, a vu cet anniversaire comme «une occasion de rappeler qu’Erasmus ne profite pas uniquement aux étudiants qui y participent. Ce programme fait partie de la construction de l’Union européenne et d’un projet de développement social au sens large. Je pense que ce message a été entendu et compris. Il est toujours bénéfique de montrer la face positive de l’UE. Autrement, nous n’entendons parler que de crises. Erasmus s’accompagne d’avantages concrets pour la population, ce qui est le but initial de l’UE».


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En 2006, Madara Apsalone a participé à un échange Erasmus dans une école de commerce de Copenhague. «J’ai vraiment apprécié ce programme, si bien que j’ai décidé de participer à un programme d’échanges aux États-Unis, où j’ai fait mon master. J’ai toujours aimé voyager, mais vivre vraiment à l’étranger et étudier dans un système d’éducation totalement différent est une expérience à part. Nous partageons énormément de choses en Europe à l’époque actuelle et les frontières constituent de moins en moins des obstacles.» Madara Apsalone travaille désormais au ministère letton des Finances, où elle est chargée des affaires économiques et financières internationales. La question n’est pas de savoir si on part, mais où on part Le programme Erasmus est en pleine mutation et continuera à évoluer, pense Madara Apsalone. Aujourd’hui, pour les étudiants lettons, «la grande question est de savoir où on part et non plus de savoir si on part». De même, «les procédures s’améliorent, notamment la reconnaissance des crédits d’études». «Il y a 10 ans, le système européen de transfert et d’accumulation de crédits (ECTS) était un véritable mystère; aujourd’hui, c’est une norme.»

Selon elle, des structures de notation équivalentes font en revanche toujours défaut. «Certains tableaux indiquent que, par exemple, un A dans un pays signifie un huit dans un autre, mais il n’y a pas de véritable système d’équivalences officiel, si bien que les coordinateurs internationaux des universités doivent généralement pratiquer l’art de l’approximation pour déterminer une note. C’est le prochain grand problème à résoudre.» «Je suis convaincu que le programme Erasmus a influencé de façon positive la vision de la population lettone à l’égard de l’Union européenne», affirme Aleksejs Naumovs. «Grâce à la mobilité, le rôle de l’Europe est devenu plus accessible, plus intelligible.»


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LITUANIE CHANGER LES MENTALITÉS Plus important programme d’échanges d’étudiants et d’enseignants de Lituanie, Erasmus a eu dans ce pays «un impact majeur sur l’internationalisation de l’enseignement supérieur», affirme d’emblée Ilona Kazlauskaitė, directrice de l’unité d’enseignement supérieur de l’agence nationale lituanienne, la Fondation de soutien aux échanges éducatifs. En particulier, le programme a «motivé la préparation d’un plus grand nombre de modules et de programmes d’études en anglais». Plus de 150 enseignants issus de tous les établissements d’enseignement supérieur de Lituanie ont convergé vers Vilnius à l’occasion de la célébration nationale de l’anniversaire du programme. Ils étaient délégués par leur établissement d’origine en leur qualité d’enseignants Erasmus les plus actifs. Les coordinateurs Erasmus qui gèrent les aspects administratifs de la mobilité du personnel étaient également présents à cette occasion. Les 12 enseignants Erasmus les plus actifs et les plus expérimentés ont été officiellement distingués par le ministre lituanien de l’éducation et des sciences et un prix leur a été décerné par l’agence nationale. Une Journée nationale des mentors a par ailleurs rassemblé quelque 130 mentors d’étudiants issus des quatre coins du pays. Les membres du réseau des étudiants Erasmus de Lituanie ont eux aussi participé à l’événement.

Projets pour l’avenir «Les étudiants et les enseignants ont également organisé des événements conjoints au cours desquels ils ont échangé leurs expériences et ont évoqué l’avenir», explique l’ambassadrice du personnel, Vilma Leonaviciene. La réunion annuelle des coordinateurs institutionnels Erasmus a mis en lumière les résultats du programme au cours des 25 dernières années et a évoqué les projets pour l’avenir. Des cartes postales spéciales et des épinglettes, ainsi qu’une page Facebook, ont également célébré l’anniversaire, de même qu’une brochure relatant les succès des anciens participants. Le programme a eu «un impact positif sur le développement académique et personnel des étudiants», affirme Ilona Kazlauskaitė, «surtout à l’égard de compétences clés telles que la conscience interculturelle et les connaissances linguistiques. Pour les stagiaires, les établissements d’enseignement supérieur ont aussi remarqué une amélioration des compétences professionnelles après un séjour Erasmus». Le programme a également un impact positif sur les enseignants, étant donné que «la majorité des établissement d’enseignement supérieur en Lituanie reconnait l’enseignement


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à l’étranger comme faisant partie intégrante du développement professionnel du corps enseignant». Les avantages concernent aussi les établissements eux-mêmes, le programme Erasmus étant «l’un des principaux facteurs encourageant l’internationalisation et l’amélioration de la qualité des programmes d’études». Europe 2020 Ilona Kazlauskaitė espère que le programme Erasmus restera actif à l’avenir et que «dans 25 ans, il sera toujours aussi populaire et sera accessible à chaque étudiant européen». D’après elle, la qualité et l’internationalisation de l’enseignement supérieur ont eu un impact direct sur la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne. Le programme aura selon elle une influence positive similaire sur la mise en œuvre de la stratégie Europe 2020 et sur «le développement de l’Europe en général, qui doit renforcer sa compétitivité à l’échelon mondial». Cours préparatoires Depuis 10 ans, Vilma Leonaviciene organise des cours linguistiques intensifs pour les étudiants qui arrivent. Ces cours se concentrent sur l’amélioration des compétences de communication dans les langues locales.

Se tournant vers l’avenir, elle pense que le programme Erasmus «peut changer l’enseignement supérieur en général et le visage de l’Europe». Les plus petits pays du continent «doivent apprendre à survivre dans un monde globalisé et l’expérience Erasmus constitue un élément non négligeable de ce processus. Dans un pays aussi petit que la Lituanie, il touche la société dans son ensemble. Il change les mentalités. Les participants reviennent avec des idées neuves et de nouvelles compétences linguistiques et transmettent un message de paix et de tolérance.»


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LUXEMBOURG LA MOBILITÉ EST UN «MUST» Jusqu’au XXIe siècle, un Luxembourgeois qui souhaitait faire des études universitaires n’avait d’autre choix que de partir à l’étranger. Puis, l’université du Luxembourg a vu le jour. Mais pour ses étudiants, la mobilité reste une obligation. «Il est inscrit dans la base juridique de notre université que nos étudiants doivent effectuer une partie de leurs études de Bachelor à l’étranger», explique Karin Pundel de l’Agence nationale ANEFORE. «C’est une obligation qui remonte à la création même de l’université en 2003.» Tous les étudiants et anciens étudiants Erasmus au Luxembourg qui ont participé, ou participent actuellement, à un échange ont été invités à une fête pour célébrer l’anniversaire du programme Erasmus. Au salon de l’Étudiant, qui se tient une fois par an au Luxembourg, le stand de l’ANEFORE était également placé sous le signe des célébrations de l’anniversaire Erasmus. Au Luxembourg, les festivités ont mis en avant l’initiative européenne «We Mean Business», destinée à promouvoir l’accueil de stagiaires Erasmus et Leonardo da Vinci dans les entreprises. «Le succès de cette initiative se mesure par le nombre important d’entreprises qui s’adressent à l’Agence nationale pour contacter des stagiaires Erasmus potentiels», explique Lucien Kerger, ambassadeur Erasmus du personnel.

25 expériences Une brochure a été spécialement éditée pour l’occasion. Intitulée «The Erasmus Experience», elle présente 25 étudiants qui ont participé à un séjour Erasmus au cours des 25 dernières années et souligne l’apport humain de ces expériences. «L’idée était de montrer que ce sont des citoyens qui participent au programme», explique Karin Pundel. «Nous voulions décrire la réalité de ce que ces personnes ont vécu pendant leur séjour à l’étranger. C’est une façon de montrer aux gens que la mobilité fait vraiment la différence.» Interrogée sur la mobilité des étudiants au Luxembourg, elle affirme: «Je ne pense pas qu’il soit possible d’en faire beaucoup plus». En revanche, «des progrès sont encore possibles en ce qui concerne la mobilité du personnel. À l’heure actuelle, nous enregistrons seulement plus ou moins cinq mobilités par an pour les membres du personnel». Mais en fait, «un nombre important des enseignants de notre université sont déjà mobiles, puisqu’ils viennent de l’étranger».


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Impact social «L’université du Luxembourg compte entre 3 000 et 3 300 inscrits en Bachelor à l’Université du Luxembourg», explique Lucien Kerger. «Soixante-six pour cent d’entre eux viennent du Luxembourg. Comme la mobilité est obligatoire pour les étudiants en licence, il n’est guère étonnant que chaque semestre entre 250 à 300 étudiants quittent le Luxembourg, la plupart avec Erasmus. Vous imaginez l’impact social d’un tel phénomène sur un pays d’un demi-million d’habitants.» Oxygène Comme pour illustrer cette observation, il se trouve que l’ambassadeur des étudiants au Luxembourg est Français. Étudiant en philosophie à l’université de la Sorbonne (Paris), Matthieu Cisowski «voulait à tout prix découvrir autre chose que la France». Son admiration pour les philosophes allemands l’a amené à traverser le Rhin dans le cadre d’un échange Erasmus. Par la suite, il a poursuivi ses études aux Etats-Unis, à l’université new-yorkaise de Columbia, avant d’entamer un second séjour Erasmus à Norvège. Ensuite, il s’est établi en France où il a enseigné la philosophie. Toutefois, lassé de l’enseignement, il s’est orienté vers le domaine moins spéculatif de la technique du moulage par injection de matières plastiques, et plus précisément vers la gestion des ressources humaines chez Accumalux, une entreprise luxembourgeoise spécialisée dans le moulage de batteries.

C’est là que son expérience Erasmus s’est révélée utile. Il en parle comme d’une «oxygénation culturelle» qui l’a placé en bonne position pour travailler dans une société possédant des sites au Luxembourg, en République tchèque et en Bulgarie. «Dans notre entreprise, la langue est, par définition, plurielle. Erasmus m’a beaucoup aidé en m’apportant une ouverture d’esprit, un sens des différences et un savoir-faire dans la gestion des relations, aptitudes très utiles dans les ressources humaines.»


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HONGRIE DES VISAGES SUR FACEBOOK «Nous avons beaucoup communiqué sur Erasmus en 2012, anniversaire oblige», explique Szabolcs Bokodi de l’agence hongroise Tempus Public Foundation. «Nous avons collaboré avec la revue estudiantine “Moha Student” qui a publié 10 000 exemplaires d’un numéro spécial consacré aux 25 ans d’Erasmus. Ce numéro contenait des témoignages positifs d’étudiants Erasmus et était égayé par des graphiques informatifs colorés et des conseils utiles au sujet des bourses.» 2012 a également était une bonne année pour la page Facebook hongroise d’Erasmus, qui a enregistré plus de 1 000 nouveaux amis. Chaque mois, cette page a publié des interviews avec d’anciens étudiants Erasmus pleins d’ambition. Voici quelques témoignages tirés de la série «Erasmus Faces»: • «Mon séjour Erasmus à Berlin m’a permis de devenir indépendant et adulte.» – Panni Néder, metteur en scène. • «Je savais que j’allais au-devant d’un monde nouveau, mais cette expérience a dépassé mes espérances.» – Eszter Szigethy, concepteur graphique. • «J’ai noué des amitiés pour la vie.» – Benedek Mohay, reporter TV. • «Cela m’a permis de développer mes compétences linguistiques. Aujourd’hui, je m’exprime bien plus facilement en allemand.» – Bálint Mohai, musicien.

Un concours Erasmus de photographies s’est traduit par le téléchargement de 150 photos et 500 mentions «J’aime» supplémentaires. Mobilité et insertion professionnelle La conférence organisée pour fêter les 25 ans d’Erasmus en Hongrie, qui s’adressait principalement aux dirigeants et décideurs de l’enseignement supérieur, a été ouverte par Norbert Kiss, secrétaire d’État adjoint en charge de l’enseignement supérieur. «Il n’y a pas d’enseignement supérieur sans Erasmus», a-t-il déclaré dans son discours d’ouverture. Il a souligné la nécessité de disposer d’outils stratégiques destinés à améliorer la mobilité et son impact sur l’insertion professionnelle. Divers aspects d’Erasmus ont ensuite fait l’objet de présentations. Différents thèmes ont été abordés: la construction de réseaux internationaux, l’amélioration de la mobilité, l’impact de la mobilité du personnel de l’enseignement supérieur, le positionnement d’Erasmus dans une stratégie institutionnelle et le rôle d’Erasmus comme première étape dans une carrière. La conférence s’est conclue par un débat sur la motivation des étudiants qui choisissent de partir et leurs attentes à leur retour. L’événement a été commenté favorablement dans la presse.


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En soirée Dix-huit anciens étudiants Erasmus travaillant dans des secteurs très différents sont venus parler de leur emploi actuel à l’occasion de six cours du soir spécial Erasmus. Ces cours ont été suivis par plus de 300 personnes. «Les 18 intervenants pouvaient s’enorgueillir d’une réussite exemplaire», déclare Mária Dudás, ambassadrice du personnel. «Ils nous ont un peu parlé de leur échange Erasmus, mais ont surtout évoqué leur vie professionnelle au quotidien: ce qu’ils font, en quoi cela est important et intéressant, quels sont les liens entre leur emploi actuel et leur expérience Erasmus.» Mária Dudás a participé à plusieurs échanges Erasmus de personnel en Europe. Elle donne chaque année un cours dans une université allemande. Ancienne professeur de langue, elle est aujourd’hui spécialisée dans les sujets traitant de l’UE. Un catalyseur de recherches Selon Mária Dudás, l’impact d’Erasmus sur la Hongrie depuis que cette dernière a rejoint le programme en 1997, est très important. «Pour un petit pays comme le nôtre, 40 000 étudiants Erasmus représente un chiffre important. Les étudiants et les enseignants entrants ont fortement influencé le système.»

Pour les universités, la participation au programme se traduit par des avantages importants. «Une université non internationale n’est pas une université», plaisante-t-elle. «Je pense que les dirigeants des universités l’ont bien compris. Toutefois, l’internationalisation doit être progressive et passe par des programmes de mobilité. Les technologies de l’information constituent une autre étape, celle de l’enseignement en ligne et des universités virtuelles. Une troisième étape est la collaboration sur le plan de la recherche. Erasmus n’encourage pas directement cet objectif mais offre au personnel des universités l’occasion de lier connaissance. Libre à ces personnes de prendre ensuite le relai et de trouver une autre source de financement. Mais ce sont bien des rencontres qui sont à l’origine de cette coopération. Et c’est souvent grâce à Erasmus.»


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MALTE DES FENÊTRES POUR UNE ÎLE En maltais, «villes» se dit «bliet». C’est le nom qui a été donné au principal événement organisé à Malte en l’honneur des 25 ans d’Erasmus. Ce choix provient d’un recueil de poèmes de Norbert Bugeja, véritable hommage à la mobilité moderne, dont les poèmes ont été inspirés par plusieurs villes d’Europe et écrits dans ces villes. Tous les poèmes et musiques proposés lors des festivités ont été inspirés par ce recueil. Le concept même de l’événement, commandé par un ancien étudiant Erasmus s’est révélé «différent des mises en scène classiques», explique Karl Mintoff, membre de l’agence nationale des programmes européens (EUPA). «En fait, les divers activités ont eu lieu dans un espace ouvert, une place à l’européenne.» Les participants ont ainsi pu assister à des déclamations de poèmes, à des performances musicales en direct ou enregistrées ou encore à des numéros de jonglage.

S’appuyer sur la stratégie Europe 2020 L’EUPA participe régulièrement à des tables rondes avec les trois institutions d’enseignement supérieur du pays sur des sujets en lien avec Erasmus. «Cette manière de procéder se révèle extrêmement efficace, tant du point de vue technique que pour la promotion du programme», affirme-t-il. Selon lui, la stratégie Europe 2020 «doit être appliquée et servir de base». Il faut notamment favoriser «une augmentation du nombre d’étudiants intégrant l’enseignement supérieur». Cette augmentation devrait «renforcer encore la mobilité en Europe, qui pourrait s’inscrire dans tous les programmes d’études des établissements d’enseignement supérieur européens». Des fenêtres sur le monde «Les étudiants sont peut-être l’unique groupe de la société maltaise qui ressent de façon tangible les effets bénéfiques de l’intégration de Malte dans l’UE», déclare David Friggieri, ambassadeur des étudiants. «Je pense que la dernière génération d’étudiants maltais a l’impression d’appartenir à tout un continent, ou du moins, que les portes et fenêtres sur ce continent sont désormais grandes ouvertes pour ceux qui décideraient d’explorer la vie au-delà de l’île qui est leur patrie.»


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Il souhaite que l’éthique qui est à la base du programme ne change pas. «On peut souhaiter que les établissements d’accueil fassent plus d’efforts pour intégrer les étudiants entrants», ajoute-t-il. Il estime également que «les étudiants et membres du personnel enseignant issus des régions périphériques ou qui choisissent d’effectuer leur mobilité Erasmus dans un établissement situé dans une région périphériques» devraient obtenir une compensation «équivalente aux coûts réellement engagés pour voyager depuis et vers leur région d’origine». Tendre la main aux exclus Selon John Schranz, ambassadeur du personnel, le programme «doit tenir compte de l’émergence de besoins fondamentaux spécifiques à la période que nous traversons actuellement. Des adjectifs tels que “marginalisé” ou “défavorisés” s’appliquent à une proportion croissante de la population mondiale». Trois «catégories très claires» d’étudiants se retrouvent affectées. Il s’agit des étudiants connaissant des difficultés financières, ceux qui proviennent de pays (ou de régions) beaucoup moins prospères et ceux qui «viennent de pays situés à la périphérie de l’Union». Erasmus doit par ailleurs tenir compte d’un autre groupe, continue-t-il. Face aux «mouvements de populations de plus en plus importants», Erasmus devrait «voir ce qui peut être fait pour les nombreux enfants et jeunes originaires de pays non européens, qui deviennent soudainement européens».

Une communauté élargie Malte est une «petite nation insulaire située à la périphérie de l’Union européenne», explique Karl Mintoof. Erasmus «a indubitablement généré un sentiment d’appartenance à une communauté européenne plus large qui partage avec notre société des valeurs et des principes fondamentaux. Le programme a donné aux étudiants et aux membres du personnel une identité et des perspectives européennes».


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PAYS-BAS UN ÉTAT D’ESPRIT LIBÉRAL «Elle est sans aucun doute plus indépendante et plus mure qu’avant son départ. Elle a beaucoup appris sur les gens et elle se montre plus entreprenante. Elle a aussi appris que même si toutes les routes mènent à Rome, certains itinéraires sont meilleurs que d’autres.» En ce qui la concerne, elle est partie étudier en Finlande. On ne compte plus les interviews d’étudiants Erasmus interrogés sur leur expérience. Mais le magazine néerlandais Europa Expresse a choisi d’interviewer les parents d’étudiants Erasmus. Les entretiens ont été publiés dans une série consacrée à Erasmus qui a paru tout au long de 2012 dans le magazine publié par Nuffic, l’agence nationale. L’agence a également organisé des festivités en l’honneur des 25 ans d’Erasmus. Ce fut l’occasion de remettre des prix aux meilleurs étudiants et membres du personnel sur choix d’un jury. Parallèlement, un tournoi a réuni à Rotterdam 16 équipes de football composées d’étudiants Erasmus. La Croatie l’a emporté.

Un besoin de mobilité «Nous pensons qu’Erasmus sera encore là dans 25 ans», déclare Heleen Ravenhorst de la Nuffic. «On va voir quels changements le nouveau programme va apporter et peut-être que d’autres modifications interviendront après 2020, mais je pense que la Commission est très claire au sujet du besoin de mobilité des étudiants.» L’anniversaire a servi de «point de départ de nombreux débats prolifiques sur la manière dont Erasmus doit évoluer», déclare Désirée Majoor, ambassadrice Erasmus des étudiants. «C’était là l’important, même si bien sûr, c’est avec plaisir que nous avons évoqué nos souvenirs et que nous avons fait la fête. Aujourd’hui, Erasmus est entré dans les mœurs, mais cela ne fait pas de mal de se rappeler que les choses étaient différentes il y a 25 ans.» Des valeurs fondamentales Ces réunions d’évaluation l’ont agréablement surprise par «l’importance que les étudiants continuent d’accorder à l’échange de valeurs culturelles, cette notion clé d’Erasmus qui est d’apprendre à se connaître». Le débat «a glissé de façon légitime sur un autre sujet: comment utiliser Erasmus pour promouvoir la coopération entre les établissements d’enseignement supérieur, du secteur de la connaissance et de la recherche, et les partenaires commerciaux? Dans la mesure où l’enseignement et la recherche sont de plus en plus intimement liés, je suis


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convaincue qu’Erasmus intègrera plus d’activités de recherche à l’avenir. Les étudiants auront également plus de possibilités de participer à des projets internationaux avec des partenaires d’affaires, mais dans un contexte éducatif». Désirée Majoor estime qu’en plus de sa mission «de mise en perspective du rôle historique, économique et culturel de l’Europe», l’enseignement devrait permettre une ouverture sur l’autre. «Parallèlement à l’acquisition de compétences et de connaissances, l’enseignement doit absolument permettre d’acquérir une ouverture d’esprit. Il faut se confronter à des idées totalement nouvelles. C’est ce que permet souvent Erasmus.» L’engagement de l’UE Bram Peper, ambassadeur du personnel, a été «très impressionné par l’enthousiasme de ses collègues européens et l’engagement de la Commission à l’égard du programme Erasmus» lors des rencontres 2012 internationales de Bruxelles et Copenhague. En revanche, il a plus de mal à susciter l’intérêt de ses collègue néerlandais de l’enseignement supérieur. «Bien sûr, il existe de nombreuses communautés internationales de recherche, mais sur le plan de l’enseignement, l’internationalisation n’est pas vraiment une priorité dans l’esprit de mes collègues.» Une partie du problème, pense-t-il, provient de ce que le rôle d’enseignant dans les universités tend à battre en retraite devant les impératifs de résultats de la recherche et de la publication.

Bram Peper travaille également sur l’un des programmes intensifs Erasmus, qui se déroule pendant quelques semaines une fois par an sur un thème choisi. «Nous avons discuté des inégalités émergentes sur le marché du travail et dans les systèmes d’éducation. Cela vous permet de découvrir diverses méthodes d’enseignement et de travailler avec des collègues et des étudiants de 14 pays différents. Vous imaginez tout ce que l’on peut apprendre de ces interactions et des compétences des uns et des autres.»


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AUTRICHE UN PROGRAMME AIMÉ ET BIEN UTILISÉ En 2012, l’Autriche a célébré un double anniversaire: les 25 ans d’existence d’Erasmus et les 20 ans d’appartenance du pays au programme. «Il y a bien eu quelques événements officiels», commente Gerhard Volz, de l’agence nationale OeAD, «mais nous voulions aussi sortir des sentiers battus». Chasse au trésor Les festivités sont donc descendues dans la rue. Un spectacle de danse chorégraphié par Elena Luptak, ambassadrice du personnel et professeur de danse, a été présenté lors de la cérémonie officielle. Et pour ceux qui voulaient sortir des sentiers battus, un parcours de géocache a été organisé. La géocache est une chasse au trésor dans la nature qui utilise le GPS et diverses références géographiques. Par ailleurs, le principal événement, organisé en mai, a réuni dans un ancien théâtre 300 invités, dont deux ministres, des représentants d’universités, des ambassadeurs Erasmus, des étudiants et bien d’autres personnes. À cette occasion, des étudiants et des membres du personnel ont partagé leur expérience de l’impact d’Erasmus dans leur vie. Les médias ont couvert les événements de manière «très positive», indique Gerhard Volz. «Le programme a très bonne réputation en général ici. Je dirais qu’Erasmus est aimé et bien utilisé en Autriche.»

Renforcer l’attrait des stages Erasmus De plus en plus d’étudiants autrichiens choisissent de partir en stage via Erasmus. «Nous avons cherché à comprendre le phénomène et il est possible que les étudiants autrichiens cherchent davantage à acquérir des compétences professionnelles que des connaissances théoriques», avance Gerhard Volz. De manière générale, la crise économique a eu un impact limité sur l’Autriche et il ne pense pas qu’elle ait affecté la volonté des étudiants de partir à l’étranger. En revanche, il craint un autre problème. «Les cursus sont de plus en plus sévères et exigeants, rendant plus difficile pour les étudiants de trouver un créneau pour la mobilité.» Il pense qu’Erasmus sera encore là dans 25 ans, mais qu’il faudra adapter le programme. «Les parcours d’apprentissage se font plus flexibles. Les personnes qui retournent aux études après une période de travail devraient donc pouvoir participer à une formule d’échange Erasmus.» Tendre la main L’inclusion est, selon lui, une priorité. «Il faut ouvrir les portes aux étudiants et aux membres du personnel qui n’ont pas un parcours classique ou qui on des besoins spéciaux. Il faudrait également renforcer le soutien aux étudiants qui ont des jeunes enfants et qui doivent les emmener à l’étranger avec eux.»


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René Kremser, ambassadeur autrichien des étudiants, a une expérience directe des besoins spéciaux. Il est parti avec Erasmus en Finlande pour y étudier le travail social. «J’ai partagé mon semestre entre les cours théoriques et une formation pratique. Aux alentours de Vaasa, où j’étudiais, j’ai eu l’occasion de voir différents types de services sociaux à l’œuvre, par exemple à destination des personnes handicapées, étant moi-même handicapé, mais aussi à destination des réfugiés.»

Promouvoir de nouvelles idées Pour Elena Luptak, ambassadrice autrichienne du personnel, une de ses fonctions majeures consiste à «promouvoir de nouvelles idées». À titre d’exemple, elle cite le lancement de «nouveaux masters, comme celui spécialisé dans le design social, dont l’objet est l’art comme outil d’innovation sociale. Les connexions internationales ont joué un rôle essentiel dans le développement de ces nouveaux cursus».

René Kremser est aveugle. Il souffre également d’une paralysie cérébrale et se déplace principalement en fauteuil roulant. Tendre la main aux groupes sous-représentés est l’un des sujets abordés dans le Manifeste Erasmus rédigé par les ambassadeurs en 2012. «Mais ce n’est pas une question propre à Erasmus», insiste René. «Ça vient des universités, de la manière dont elles présentent les informations aux personnes handicapées. Il y a encore beaucoup à faire, partout dans le monde, pour garantir aux personnes atteintes d’un handicap les mêmes droits qu’aux autres personnes.»

Elena estime qu’Erasmus va poursuivre son expansion, en particulier pour les étudiants. «La complexité des relations dans le monde les interpelle en général et seuls les voyages permettent de répondre à toutes les questions qu’ils se posent.»


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POLOGNE PLANTER LES GRAINES Avril 2012 aura été un mois très prolifique pour les arbres de Pologne. Plus de 600 étudiants de Pologne et d’ailleurs ont pris part à «Erasmus Forest», une campagne sociale de plantation d’arbres menée par la section polonaise du réseau des étudiants Erasmus. Pour marquer les 25 ans d’Erasmus, les étudiants ont planté 25 000 arbrisseaux, un record. Ils ont également semé les graines d’une couverture médiatique de belle envergure pour Erasmus. «Je me réjouis que la célébration de l’anniversaire Erasmus ait un aspect environnemental», déclare Aneta Wilmańska. Ancienne étudiante Erasmus, Aneta Wilmańska est également sous-secrétaire d’État au ministère polonais de l’environnement et ambassadrice pour la campagne de reforestation. Des olympiades Erasmus ont également figuré parmi les événements commémoratifs en Pologne. Lors du grand défilé qui se tient chaque année à Varsovie en l’honneur de la Journée de l’Europe (Schuman Parade), les étudiants se sont distingués dans les manifestations musicales et dansantes. Un stand tenu par l’agence nationale, la fondation pour le développement du système éducatif, a distribué aux participants des informations sur les modalités d’études à l’étranger, les stages, le bénévolat ou les avantages des échanges de jeunes. Des étudiants étaient également présents pour décrire leur propre expérience Erasmus.

Intérêt des médias Un gala d’anniversaire organisé par l’agence nationale a réuni des acteurs du monde politique et des responsables universitaires. «L’objectif de cet événement était de présenter les résultats de 25 années d’Erasmus», indique Beata Skibińska, de l’agence nationale. Une exposition était consacrée à la Génération Erasmus. Tous ces événements ont été amplement commentés par les médias. Entre le 1er janvier et le 15 novembre 2012, les événements organisés pour célébrer l’anniversaire d’Erasmus ont suscité 681 articles dans la presse, 273 mentions à la radio, 50 à la télévision et plus de 3 000 sur Internet. Le principe de l’optimisme «Erasmus a eu un impact énorme sur le corps enseignant ici, grâce aux échanges d’idées», déclare l’ambassadeur du personnel, Ryszard Zamorski. «Cela vaut également pour les étudiants. Une de mes missions, à ma grande joie, consiste à les interviewer à leur retour. Ils reviennent plein d’enthousiasme et l’esprit bien plus ouvert. Ils sont les ambassadeurs d’Erasmus, mais aussi de l’Europe.» L’éducation «est le moteur de toute économie», poursuit-il. «En Europe, il faut investir dans l’enseignement supérieur. La question qui se pose, bien sûr, c’est de savoir comment le faire de la manière la plus efficace possible. Erasmus est la plateforme


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idéale pour un tel débat. De plus en plus d’étudiants, mais aussi de familles, envisagent Erasmus comme un moyen de parfaire son éducation et d’obtenir un bon emploi. Le principe sous-jacent d’Erasmus est l’optimisme.» Qualité et marché Cette vision pragmatique est partagée par Diana Dmuchowska, ambassadrice des étudiants. Aujourd’hui, elle travaille dans le service d’ophtalmologie d’une clinique polonaise, mais elle a effectué une partie de ses études médicales dans le cadre d’un séjour Erasmus en Allemagne. «Erasmus m’a ouvert de nouvelles perspectives et de nouvelles possibilités de recherche», dit-elle. Pour les 25 années à venir, elle souhaiterait que le programme «mette davantage l’accent sur la qualité». Selon elle, Erasmus doit «répondre aux besoins du marché et de l’économie européenne. Les aspects culturels sont très importants bien sûr, mais un séjour à l’étranger doit également permettre d’améliorer la capacité d’insertion professionnelle de l’étudiant et promouvoir la coopération internationale. J’aimerais que cet aspect soit renforcé à l’avenir. Je suis d’ailleurs en faveur de moins d’enseignement théorique et de plus de pratique. L’enseignement devrait avoir un but. Cela vaut également pour la recherche. Pour être concurrentiel dans un marché globalisé, l’Europe doit se démarquer par la qualité, et l’éducation a un rôle primordial à jouer en ce sens.»

Des valeurs durables Erasmus se transforme, estime Beata Skibińska, mais «le programme conserve les mêmes valeurs et les mêmes idées. Je ne voudrais pas que cela change. Erasmus transforme les attitudes, les vies et est axé sur les valeurs humaines. Le programme aura toujours pour objectif de faire évoluer les gens. Même si les mots changent, les valeurs de confiance et de compréhension mutuelles doivent rester les mêmes».


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PORTUGAL ERASMUS UN JOUR, ERASMUS TOUJOURS Cheveux au vent, perchée sur un vélo, une jeune femme pédale vivement dans une envolée de livres. Un microscope dépasse de son panier. Derrière elle se dessinent la tour de Belém de Lisbonne, la Sagrada Familia de Barcelone et la Tour de Pise. Impossible tableau? Il s’agit en fait d’un dessin figurant sur un timbre poste édité au Portugal en l’honneur de l’anniversaire d’Erasmus. Le symbolisme était également présent lors de l’ouverture des festivités en l’honneur de l’anniversaire du programme. En effet, cela se passait à l’aéroport. «Nous avons pensé que l’aéroport était le lieu idéal pour fêter les 25 ans d’Erasmus», commente Maria do Céu Crespo, directrice de l’agence nationale, Proalv. «Après tout, c’est ici que la plupart des gens débutent leur voyage à l’étranger.» Plusieurs ministres, anciens étudiants Erasmus, étaient de la fête. Outre la couverture par les médias classiques, Erasmus a produit pour l’occasion une publicité et le magazine estudiantin Fórum Estudante lui a consacré un numéro entier. Les universités et les écoles polytechniques de tout le pays ont également organisé des événements, y compris un festival du film.

«Au Portugal, les jeunes et les enseignants se sont toujours montrés enthousiastes vis-à-vis d’Erasmus», explique Céu Crespo. «Sur les 25 dernières années, plus de 70 000 jeunes sont partis étudier ou faire un stage à l’étranger avec Erasmus et plus de 2 000 enseignants ont participé à des missions d’enseignement ou de formation dans le cadre du programme.» Tolérance et diversité «Les valeurs de tolérance et de respect de la diversité sont prégnantes dans le programme», estime-t-elle. «Confronté aux défis posés par chaque nouvelle génération d’Européens, Erasmus répond présent et sera toujours en avance sur son temps, participant à la réalisation d’une véritable unité dans la diversité.» Les établissements d’enseignement supérieur devraient, estimet-elle, «axer davantage leur stratégie sur le marché du travail et les exigences des secteurs compétitifs de l’économie. Un défi qu’ils vont devoir relever et qu’ils pourraient contribuer à remporter grâce à Erasmus.»


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Un monde meilleur L’enseignement supérieur a également un «un rôle important à jouer dans la construction de l’Europe», déclare José MaratMendes, ambassadeur du personnel. «Je crois que l’Europe sera meilleure quand la plupart de nos hommes politiques auront eu une expérience Erasmus.» Il organise souvent des cours d’été avec le soutien d’Erasmus, auxquels participent des étudiants et des enseignants de divers pays. «Je reçois encore la visite d’anciens étudiants qui ont noué des amitiés durables pendant ces cours. C’est l’esprit d’Erasmus. Mon travail consiste en partie à enseigner aux personnes à devenir des citoyens européens.» Erasmus un jour, Erasmus toujours Filipe Araújo, ambassadeur des étudiants, a passé une partie de l’année 2012 à faire le tour des universités et des écoles secondaires pour faire partager son expérience Erasmus. Il a également donné une série d’interviews à la radio et dans la presse. «Au cours des 10 dernières années, Erasmus a permis à de nombreux Portugais d’étudier à l’étranger», dit-il, «mais le programme a également amené au Portugal de nombreuses personnes venant d’autres pays. Erasmus a permis à de nombreux Portugais d’en savoir plus sur l’Europe et sa diversité. C’est l’un des outils les plus constructifs dont dispose l’Europe. C’est grâce à Erasmus que je suis devenu Européen.»

Le programme vous permet «de développer une vision de la vie plus complète» pense-t-il, «et vous aide à créer le type de réseau dont vous avez besoin dans un monde globalisé. De nos jours, il est de plus en plus difficile de trouver un emploi. Sans mobilité, c’est encore plus difficile.» Il conclut: «En fait, on ne peut pas parler d’anciens étudiants Erasmus. Erasmus un jour, Erasmus toujours.» Filipe Araújo est aujourd’hui réalisateur de films. Parmi ses projets pour l’année 2014 figure un documentaire sur Erasmus.


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ROUMANIE L’IDENTITÉ DU PRÉSENT En Roumanie, la semaine Erasmus «Open Minds Week» (semaine des esprits ouverts) a été au cœur d’une double célébration: les 25 ans de la naissance d’Erasmus et les 15 ans de l’adhésion de la Roumanie au programme. Ion Visa, ambassadeur du personnel, a participé aux événements depuis le début. «Je ne crois pas qu’on avait compris il y a 15 ans à quel point le programme allait être avantageux pour la Roumanie», confie-t-il. «Sur le plan personnel, le programme a permis à nombre d’étudiants et de membres du personnel de l’enseignement supérieur de découvrir des systèmes d’enseignement, des cultures et des modes de vie différents. Sur le plan institutionnel, Erasmus a suscité une activité technique et de recherche abondante.» Un changement d’approche Le premier groupe d’étudiants à être rentrés d’un échange «a expliqué à notre personnel quelles étaient les méthodes d’enseignement utilisées à l’étranger, l’état des infrastructures, la manière dont les étudiants et le corps enseignant communiquaient en vue d’être prêts pour l’évaluation finale. Ils ont expliqué qu’une part importante des activités était axée sur la réalisation de projets sur lesquels les étudiants travaillaient en équipes. Une telle méthode développe chez l’étudiant des compétences qui se révéleront utiles dans leur future carrière. Erasmus a modifié la manière dont nos étudiants et le personnel abordent leurs activités».

L’événement principal organisé en l’honneur de l’anniversaire d’Erasmus, intitulé «ERASMUS 15:25», a proposé des débats avec d’anciens étudiants Erasmus qui ont trouvé un emploi dans les meilleures entreprises de Roumanie. Les participants ont également pu assister aux présentations d’étudiants entrants qui ont fait la promotion de leurs universités d’origine auprès des étudiants souhaitant partir à l’étranger. Selon Laura Popa, ambassadrice des étudiants, le point d’orgue de l’événement a été un «“théâtre labyrinthe”. Ce nouveau concept a réuni des étudiants qui n’avaient pas d’expérience d’Erasmus et qui ont tenté l’aventure les yeux bandés. Ils ont été exposés à diverses expériences sensorielles, des saveurs provenant de diverses villes d’Europe, par exemple.» Un plan médiatique Cet événement s’est révélé l’occasion rêvée de renforcer la visibilité médiatique d’Erasmus en Roumanie. «Nous avions établi un plan de relations avec les médias dès le début de l’année», explique Laura Popa. «La presse ne s’était jamais donné la peine d’interviewer les étudiants Erasmus entrants et sortants. Nous lui en avons fourni l’occasion. Et nous avons encouragé chaque université à se mettre en contact avec la presse locale.»


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Pour cette année anniversaire, un clip intitulé «Generation Erasmus – the Identity of Now» a été lancé. «C’est la première vidéo roumaine à faire la promotion du programme. C’est une manière d’encourager les étudiants d’Europe entière à venir en Roumanie avec Erasmus. Le clip contient des flashbacks d’anciens étudiants Erasmus dans notre pays.»

«Nous avons introduit de nouveaux modèles qui sont très flexibles», ajoute Ion Visa. «Certes, les cours enseignés à l’étranger ne peuvent pas tous correspondre exactement au contenu des programmes roumains. Nous reconnaissons désormais les contenus enseignés et les compétences acquises à l’étranger.»

Un message qui vient à point. En 2011, plus de 4 500 étudiants roumains sont partis à l’étranger avec Erasmus, contre 1 500 étudiants entrants. «La différence est de taille», estime Laura Popa. «C’est un phénomène que l’on retrouve dans toute l’Europe de l’Est. Cela s’explique par le manque de promotion des enseignements disponibles. Mon rôle est de promouvoir la Roumanie pour qu’un plus grand nombre d’étudiants viennent étudier ici.»

Ion Visa pense par ailleurs qu’il faudrait faire plus d’efforts pour convaincre les étudiants de troisième année, de master et de doctorat de participer au programme Erasmus. «Ils pourraient passer du temps à travailler sur leurs recherches à l’étranger et s’en servir directement à leur retour, lors de leur entrée sur le marché du travail.»

Reconnaissance des crédits d’études Parallèlement, le gouvernement roumain s’est attaqué à un autre problème. Un ordre ministériel de 2012 a exigé des universités qu’elles reconnaissent pleinement le temps d’étude passé à l’étranger. «Il y a trois ou quatre ans, il est arrivé à de nombreuses reprises que les crédits d’études acquis à l’étranger ne soient pas reconnus au retour en Roumanie», explique Laura Popa. «Cela a changé radicalement l’année dernière. Les universités n’ont plus le droit d’agir de cette façon.»


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SLOVÉNIE UN ANNIVERSAIRE PROLIFIQUE «L’année 2012 a été particulièrement prolifique», déclare l’ambassadrice slovène du personnel, Vesna Rijavec, «et tout cela dans le cadre de l’anniversaire. C’est avec grand plaisir que nous avons assuré la promotion d’Erasmus auprès de nos étudiants. J’ai préparé une présentation spéciale à leur intention à l’université Maribor et nous avons inclus les étudiants Erasmus entrants.» Le salon de l’étudiant qui a lieu chaque année au moins d’octobre dans la capitale, Ljubljana, est l’occasion pour les étudiants de s’informer sur les offres d’emplois et d’études. Jure Kumljanc, ambassadeur des étudiants a animé des présentations sur le thème «pourquoi et comment partir avec Erasmus» pendant le salon. Ces efforts ont suscité une «vaste couverture médiatique» d’Erasmus et «cela continue», affirme-t-il. «Grâce à l’anniversaire, les gens connaissent mieux le programme, ils sont mieux informés et savent où se renseigner.» À Maribor, l’agence nationale, CMEPIUS, et l’université ont organisé une «Semaine de la jeunesse» qui a permis d’«ouvrir la ville entière aux jeunes», explique Vesna Rijavec. «J’ai saisi l’occasion de discuter avec eux sur la place de marché principale et de transmettre un message très important: nous devons soutenir Erasmus car c’est le programme de l’UE qui rencontre le plus de succès». Au menu des événements de cette semaine figurait un concours de photographies et de vidéos sur Erasmus.

Convaincre le gouvernement En novembre 2012, l’université Maribor a réuni étudiants, professeurs et représentants du gouvernement pour un débat sur tous les aspects d’Erasmus. «Nous avons présenté nos expériences et essayé de convaincre le gouvernement qu’il devait continuer de soutenir ce programme», explique Rijavec. «Cela a suscité l’intérêt d’un grand nombre de journaux et de chaînes de radio et de télévision, qui ont ainsi parlé d’Erasmus.» Chaque université slovène organise une semaine pendant laquelle aucun cours n’est obligatoire. Cette semaine est consacrée à des séminaires sur divers sujets d’intérêt général. En 2012, ils ont concerné principalement Erasmus. La réunion annuelle des coordinateurs slovènes Erasmus de 2012 a été organisée pour coïncider avec l’anniversaire. Un meilleur équilibre Depuis quelques années, la Slovénie est parvenue à un meilleur équilibre numérique entre les étudiants Erasmus entrants et les étudiants sortants, souligne Jure Kumljanc. Le nombre d’étudiants entrants a augmenté grâce à la promotion de la Slovénie comme destination touristique. En revanche, le nombre des étudiants slovènes optant pour une période de mobilité Erasmus augmente moins vite, car «les gens ont été échaudés par la crise économique».


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Selon lui, le principal impact du programme en Slovénie est détectable sur le marché du travail. «Les étudiants intègrent leur expérience à l’étranger dans leurs CV, et ils mentionnent Erasmus pendant les entretiens d’embauche avec des employeurs potentiels. L’intérêt du programme devient ainsi de plus en plus évident dans de nombreux secteurs économiques. En ce sens, cela assure également la promotion de l’Union européenne.» Refus des coupes budgétaires Parallèlement, Vesna Rijavec poursuit ses efforts pour convaincre tous ses collègues enseignants de l’importance d’Erasmus. «En 2012, pour la première fois, je pense que le message est réellement passé.» Même si elle admet que le corps enseignant a bien intégré Erasmus, elle observe que «ce sont toujours les mêmes qui partent. Il faut envoyer ceux qui n’ont pas encore participé».

«L’anniversaire des 25 ans a marqué un tournant», estime Vesna Rijavec. «Erasmus a un passé prestigieux, mais il faut lui construire un avenir. Nous sommes tous un peu inquiets de la situation financière. Le programme fait vraiment partie de notre système désormais et les résultats commencent à se faire sentir. Mon message est le suivant: vous pouvez faire des économies sur tout ou presque, mais ne mettez pas en péril la chance des jeunes de s’ouvrir au monde.»


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SLOVAQUIE EURO, AUTOROUTES ET MOBILITÉ «Erasmus a modifié progressivement le paysage universitaire en République slovaque», estime Denisa Filkornova de l’agence nationale pour l’éducation et la formation tout au long de la vie. «L’enseignement supérieur entretient des liens étroits avec certaines tendances cruciales du passage à une société de la connaissance globalisée. La mobilité est en train de devenir une partie intégrante de l’enseignement supérieur ici.» La meilleure mobilité possible En fait, la conférence nationale commémorant les 25 ans d’existence d’Erasmus et les 15 ans de participation de la Slovaquie a abordé les meilleures pratiques en matière de mobilité. Pendant la conférence, l’agence nationale a distingué les trois établissements d’enseignement supérieur les plus performants dans ce domaine par un label Erasmus 2012 de la mobilité. D’une manière ou d’une autre, la mobilité est ce qui vient en premier à l’esprit des Slovaques lorsqu’ils pensent à l’Europe. «Une étude a montré que les Slovaques connaissaient trois programmes européens», indique Jozef Ristvej, ambassadeur du personnel. «Il s’agit de l’euro, de la construction d’autoroutes et de la mobilité.»

De nouveaux visages Parallèlement, le réseau des étudiants Erasmus a organisé avec le soutien de l’agence nationale un voyage en bus dans le pays. Cette initiative a été bien reçue. Comme les voyageurs du bus l’ont dit eux-mêmes, «nous nous sommes rendus dans cinq villes, nous avons distribué 5 000 prospectus et rencontré 50 000 nouvelles personnes». La plupart des établissements d’enseignement supérieur ont également organisé leurs propres festivités. Les représentants de l’UE en Slovaquie ont tenu une conférence de presse sur l’anniversaire. «De nombreux journalistes se sont déplacés et ont commenté dans les différents médias les festivités en l’honneur de l’anniversaire du programme Erasmus en Europe et de son grand succès», indique Denisa Filkornova. Dans le cadre de sa campagne d’information, l’agence nationale a produit de la publicité, en particulier dans les magazines universitaires. Jozef Ristvej a participé à trois ateliers sur l’avenir du programme, organisés par le réseau des étudiants Erasmus. «Il faut continuer d’agrandir le réseau en Europe et d’échanger des idées», pense-t-il. «Quand je pars en échange Erasmus ou que j’accueille quelqu’un, je découvre de nouvelles techniques d’enseignement, de nouvelles manières de présenter des sujets aux étudiants et d’interagir avec eux.»


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Grâce à Erasmus, il a ainsi enseigné au Portugal, en Italie et en Turquie dans sa spécialité, à savoir l’utilisation des systèmes d’information dans la gestion de crise. C’est d’ailleurs à l’occasion d’un échange Erasmus en Suède qu’il a décidé d’entreprendre un doctorat. «J’ai vu à quel point la Suède était différente de la Slovaquie, et je voulais faire changer les choses ici.» Un effet multiplicateur Pour Jana Vitvarová, ambassadrice des étudiants, sa mission consiste à «parler de ma propre expérience Erasmus», mais aussi à «expliquer que l’argent investi dans le programme en vaut la peine. Un programme ouvert et démocratique comme Erasmus sera toujours nécessaires à côté d’autres initiatives. L’apprentissage à distance pourrait permettre de faire des économies à l’avenir, mais Erasmus ne peut pas être uniquement une expérience virtuelle». Des bébés Erasmus L’effet multiplicateur des étudiants revenant d’un échange Erasmus est la meilleure des publicités qui soit, estime-t-elle. «En Slovaquie, les gens apprécient les comptes rendus de première main. Ils ne se laissent pas facilement influencer par les médias.»

Elle a effectué son séjour Erasmus en France et a ensuite travaillé pour plusieurs sociétés françaises. Ce n’est pourtant pas la première chose qui lui vient à l’esprit quand elle repense à Erasmus. Pour elle, l’effet multiplicateur est plus direct. «Je représentais la Slovaquie à une fête célébrant le millionième étudiant Erasmus. Et j’ai fait la connaissance d’un garçon. Un Tchèque. Nous nous sommes mariés et avons travaillé dans la recherche en Irlande pendant un an environ, puis en Autriche.» Aujourd’hui, ils ont un fils de sept ans et une fille de cinq ans. «De véritables bébés Erasmus! Ils sont nés en Irlande de parents tchèque et slovaque et ils ont fréquenté la maternelle en Autriche.»


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FINLANDE ERASMUS POUR L’ÉGALITÉ L’égalité des chances est le thème qui a été retenu pour célébrer l’anniversaire d’Erasmus en Finlande. Une réunion des représentants des établissements d’enseignement supérieur prévoyait une table ronde sur l’égalité dans l’internationalisation du secteur. Les participants ont signalé plusieurs problèmes nécessitant une intervention. Mais le principal événement de ces festivités était une soirée étudiante organisée en septembre par l’agence nationale (le CIMO) et le réseau des étudiants Erasmus de Finlande pour accueillir les nouveaux arrivants Erasmus en provenance d’autres pays ainsi que les étudiants finlandais. Des numéros d’acrobates de l’école de cirque et un grand concert figuraient au programme. Un succès général La tradition veut que tous les étudiants de Finlande portent une salopette aux couleurs de sa faculté ou de son établissement. Ils décorent ensuite ces vêtements de travail de badges. C’est pourquoi 8 500 badges ont été spécialement fabriqués pour célébrer et promouvoir Erasmus. Ces articles de collection se sont rapidement vendus. Un concours de photos «Mon Erasmus» a témoigné de la diversité des expériences des étudiants. Des blogs et des événements locaux ont également été organisés dans toute la Finlande à l’occasion de cet anniversaire.

Des chiffres record «En 2011-2012, plus de 4 000 étudiants finlandais sont partis étudier à l’étranger dans le cadre d’un programmes de mobilité Erasmus», indique Anne Siltala du CIMO. «Et près de 1 200 sont partis en stage. Ce sont des chiffres record. Pour les enseignants, les chiffres sont restés stables: autour de 1 100 départs chaque année. En outre, parmi le reste du personnel, près de 800 personnes ont participé à un échange Erasmus. Par rapport aux autres pays, ces chiffres sont relativement élevés.» Mais le nombre d’étudiants entrants est encore bien plus élevé. «Ils étaient environ 7 000 en 2011-2012. Nous en sommes plutôt fiers. Cela montre que la Finlande est une destination prisée des étudiants. Lorsque nous avons rejoint Erasmus il y a 20 ans, nous n’avons d’abord accueilli qu’une poignée d’étudiants. Le problème principal était la langue. Mais depuis lors, nos établissements ont mis au point de nombreux cours et modules en anglais, ainsi que des services de logement et d’encadrement performants pour nos visiteurs et des cours intensifs de finnois.» De nouvelles idées «De nouveaux contacts, de nouvelles personnes, de nouvelles idées et de nouvelles expériences», voilà ce qui attend les participants à un échange Erasmus, affirme Paula Pietilä, ambassadrice finlandaise du personnel. «Mais ce n’est que la surface.


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Mon séjour Erasmus au Danemark a entièrement métamorphosé mon attitude vis-à-vis de mon travail.» Coordinatrice des services aux personnes handicapées, elle a eu connaissance du travail d’un centre de soutien et de conseil de l’université Aarhus au Danemark. Elle est atteinte de paralysie cérébrale. «J’étais en quête de nouvelles idées pour nos services, ici, en Finlande. Le principal bénéfice de mon séjour au Danemark a été de me rendre compte qu’il fallait envisager le travail de façon globale et considérer le client comme une personne à part entière.» Paula Pietilä estime que la Finlande fournit aujourd’hui des informations plus amples et plus fiables aux étudiants handicapés participant à un échange. «Lorsque j’étais étudiante, je n’aurais jamais imaginé que je pourrais aller à l’étranger. Maintenant c’est possible et c’est très bien.» Elle espère qu’à l’avenir, le programme sera «plus accessible à tous, plus égalitaire. Mais comment y parvenir? Les outils économiques offrent une partie de la solution mais ils ne sont pas suffisants. Il faut aussi élaborer de bonnes pratiques et des outils favorisant l’accessibilité et l’égalité». Mobilité expresse? Anne Siltala espère que le programme «aura aussi un impact au-delà de l’Europe à l’avenir» et qu’il «sera suffisamment flexible pour s’adapter aux nouveaux types de besoins».

Par exemple, «les établissements ne cessent de réclamer des périodes de mobilité plus courtes. Actuellement, le séjour minimum pour un étudiant est de trois mois. Pour certains étudiants comme ceux qui ont des enfants, c’est trop long. Le programme nordique Nordplus propose une formule d’une durée minimale d’une semaine appelée “mobilité expresse”. Bien sûr, l’objectif est dans ce cas différent. Mais ça peut être un premier seuil pour les personnes peu enclines à la mobilité. Si l’expérience leur plaît, peut-être seront-elles tentées par un séjour plus long.»


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SUÈDE COMBLER L’ÉCART Des exemples de bonnes pratiques ont été présentés lors des journées de l’enseignement supérieur célébrées en Suède pour l’anniversaire du programme. Figurait notamment le projet «Erasmus dans les écoles», qui invite les étudiants Erasmus étrangers à se rendre dans les écoles locales pour parler de leur pays d’origine. Au menu également, les préparatifs de l’université de Stockholm, qui visent à envoyer davantage d’étudiants Erasmus en stage. La Commission européenne a présenté le prochain programme «Erasmus pour tous» et le président du réseau international des étudiants Erasmus a décrit les résultats d’une étude récente sur la reconnaissance des études Erasmus dans les différents pays (PRIME2010). Un titulaire du label ECTS (système européen de transfert et d’accumulation de crédits) a aussi expliqué comment ce label avait favorisé une amélioration qualitative. Les semaines Erasmus ont été célébrées dans différentes universités par le réseau des étudiants Erasmus et l’agence nationale suédoise, le bureau international des programmes d’éducation et de formation. Erasmus a aussi fait l’objet d’une promotion lors d’un salon dédié aux élèves de dernière année d’enseignement secondaire.

Plus d’arrivées que de départs La Suède continue d’afficher un écart important entre le nombre d’étudiants Erasmus qui arrivent et le nombre de ceux qui partent. «Les étudiants que nous envoyons à l’étranger sont deux fois moins nombreux que ceux que nous accueillons», remarque l’ambassadeur des étudiants, Karl-Fredrik Ahlmark. «Depuis que nous avons rejoint le programme Erasmus, nous avons vu partir environ 55 000 étudiants et en avons reçus 110 000.» Mais au sein de son université ils sont «résolus à accroître le nombre d’étudiants sortants. C’est en effet l’un des objectifs stratégiques du travail international de l’établissement.» Selon Jari Rusanen du bureau chargé du programme, cet écart s’explique par différents facteurs. En premier lieu, l’utilisation très répandue de l’anglais dans l’enseignement supérieur en Suède rend le pays attrayant pour les étudiants. «Cela est dû en grande partie à Erasmus et au processus de Bologne, qui ont internationalisé nos structures éducatives.» Une «université supplémentaire» à l’étranger Concernant les étudiants sortants, le pays a aussi mis en place d’autres programmes d’échanges. «Au total, les étudiants suédois à l’étranger sont plutôt nombreux», souligne Jari Rusanen. «En volume, ils représentent une université supplémentaire: environ 27 000 étudiants.»


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Le gouvernement subventionne fortement les voyages d’études et par conséquent, «les Suédois ont peut-être moins besoin du programme Erasmus que les autres pays.» Mais «avec Erasmus, les contrats pédagogiques et la reconnaissance des crédits garantissent que les séjours des étudiants à l’étranger ne sont pas du temps perdu. Ce n’est pas forcément le cas s’ils partent à l’étranger par leurs propres moyens». Un besoin de projets Dans les 25 prochaines années, Jari Rusanen aimerait qu’il y ait «plus de stages pour les étudiants Erasmus, plus de coopération avec les entreprises pour préparer les étudiants à la vie active». Il réclame également «davantage de projets: les universités Erasmus devraient renforcer la coopération avec leurs partenaires». Karl-Fredrik Ahlmark souligne «l’augmentation très rapide du nombre total de pays et de personnes participant à Erasmus». Il espère que cela continuera, «mais il est bien possible que la crise économique soulève des obstacles. Certains États membres ne payent pas les montants qu’ils se sont engagés à verser. En général, la réduction des dépenses publiques dans ce domaine politique est plus que probable. À mon avis, ce serait tragique si cette tendance se poursuivait à long terme, notamment pendant la période 2014-2020, car les dépenses européennes dans les programmes d’échanges comme Erasmus ou les programmes de recherches comme

Horizon 2020 génèrent davantage de bénéfices que des dépenses équivalentes engagées à l’échelon national». Une charte améliorée Karl-Fredrik Ahlmark estime que la nouvelle charte Erasmus pour l’enseignement supérieur est «une version améliorée de la charte précédente du programme»; il la qualifie de «résultat positif de cette année anniversaire».


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ROYAUME-UNI SOUTIEN PUBLIC ET PRIVÉ «Nous accordons une grande valeur à l’expérience internationale des diplômés et nous pensons qu’il est très important que les étudiants britanniques acquièrent les compétences que confère un stage professionnel à l’étranger.» C’est là le point de vue de Microsoft, exprimé par son directeur de l’éducation au Royaume-Uni, Steve Beswick, lors des principales festivités organisées sur le sol britannique à l’occasion de l’anniversaire. La multinationale informatique est «fière de soutenir le programme Erasmus en offrant à ses étudiants des stages dans ses bureaux en Europe», a-t-il déclaré, encourageant les autres entreprises à «s’engager dans cette voie». L’événement était organisé par le Conseil britannique, l’agence Erasmus nationale au Royaume-Uni. Son directeur général, Martin Davidson, a salué «la décision du gouvernement, qui a annoncé le maintien de son soutien financier au programme», ajoutant que «les établissements eux-mêmes et le secteur privé doivent trouver le moyen d’inciter de plus en plus d’étudiants à saisir cette chance, d’autant plus qu’à l’avenir, Erasmus sera probablement amené à se propager au-delà de l’Union Européenne».

Dans tout le pays, les succursales britanniques du réseau des étudiants Erasmus ont organisé des lâchés de ballons et des barbecues. «Ces événements ont obtenu une couverture médiatique considérable», explique Jude Wood du Conseil britannique. «Nous avons aussi encouragé les universités à célébrer elles-mêmes l’anniversaire. Quelques-unes ont organisé des dîners de gala et divers événements et ont servi des gâteaux d’anniversaire Erasmus.» Un regain de confiance Un séjour d’études Erasmus à Venise, en Italie, «m’a vraiment permis de prendre confiance en moi», souligne l’ambassadrice des étudiants britanniques, Kate Samways. «De plus, le fait de mentionner ce séjour sur mon CV m’a donné un bon coup de pouce lors de mes entretiens d’embauche. Mon père affirme que je suis beaucoup plus indépendante depuis mon retour. Je n’arrête pas de dire à mes amis et à ma famille que peu de personnes de mon âge ont déjà vécu dans le sud de la France, à Venise et à Paris et je dois en remercier Erasmus. À l’avenir, j’aimerais être journaliste internationale, utiliser mes compétences linguistiques pour traduire des rapports et m’en aller dans d’autres pays faire des reportages. Sans Erasmus, je n’aurais jamais eu la confiance de me rendre de l’autre côté du globe.» Et c’est ce qu’elle a fait. Après avoir travaillé pour la chaîne Eurosport, elle travaille maintenant pour la télévision en Australie.


Erasmus 1987−2012 Staff Opportunities

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Erasmus – enabling academic and administrative staff to teach or train in Europe

Un effet multiplicateur «Le nom d’Erasmus est de plus en plus connu au RoyaumeUni», indique David Hibler du Conseil britannique. «Peut-être pas autant que sur le continent mais nous y travaillons. Depuis 2007-2008, le nombre d’étudiants a presque doublé.» Au sein même du secteur de l’éducation, l’ambassadrice du personnel, Julia Kennedy, affirme: «les étudiants et le personnel ont une opinion très positive d’Erasmus» mais «nous devons mieux faire connaître les possibilités qu’offre le programme». Cependant, les attitudes commencent à changer. Depuis 1996, Julia Kennedy tient le stand Erasmus lors des journées portes ouvertes de l’université, qui s’adressent aux élèves qui finissent l’école secondaire. Or 2012 est «la première année où les gens faisaient la queue devant mon stand. Les futurs étudiants britanniques commencent à comprendre l’intérêt des séjours à l’étranger». Concernant encore l’avenir, elle espère que le programme Erasmus proposera aussi des périodes courtes de mobilité. «La durée minimale de trois mois peut s’avérer restrictive. Par exemple, les étudiants à temps partiel ou ceux qui ont des responsabilités familiales ne peuvent souvent pas s’absenter pendant trois mois alors qu’une expérience de mobilité leur serait utile. De plus, ceux qui ont déjà fait un séjour court seront à l’avenir plus enclins à partir à l’étranger pour une période plus longue.»

Une perspective stratégique Au Conseil britannique, David Hibler estime qu’Erasmus a un impact bénéfique sur la stratégie d’internationalisation des établissements d’enseignement supérieur britanniques. «Depuis quelques années, ils dépendent énormément des frais de scolarité versés par les étudiants étrangers. Ces cotisations resteront une source de revenus importante pour ces établissements, mais nous pensons que ces derniers sont de plus en plus conscients de la nécessité d’élaborer une stratégie recherchée et bien équilibrée qui prenne aussi en compte la mobilité sortante.»


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CROATIE UN BON CHEVAL QUI SOULÈVE DE LA POUSSIÈRE Bien que la Croatie ait adhéré à Erasmus il y a à peine quatre ans, le programme s’est propagé très rapidement dans le pays. Si en 2009, les étudiants croates n’étaient que 235 à bénéficier d’Erasmus, ils étaient 1 317 en 2012. Le début d’un mouvement «C’est le premier programme massif permettant à nos étudiants et à nos enseignants de bénéficier d’une période de mobilité», explique Ljubica Petrović Baronica de l’agence nationale AMPEU. «Le programme Erasmus a lancé un vrai mouvement en Croatie.» Ce nouvel intérêt était manifeste lors de la table ronde et de l’atelier Erasmus organisés pour célébrer l’anniversaire du programme. Une trentaine d’étudiants de Croatie et d’ailleurs ont discuté des meilleurs atouts de l’enseignement supérieur en Croatie et en Europe et de ce qui pourrait être amélioré.

Par exemple, ils ont souligné la nécessité de dispenser davantage de cours en anglais dans les établissements croates, de renforcer les liens entre le marché du travail et l’enseignement supérieur, d’encourager le travail d’équipe et de développer les possibilités d’acquérir une expérience pratique. Ils ont affirmé qu’Erasmus les dotaient de nouvelles compétences et leur ouvrait des perspectives de réseaux. Le programme les prépare également au marché du travail et leur permet de rapporter des exemples de bonnes pratiques pédagogiques. Mais ils souhaiteraient que les démarches administratives soient moins lourdes et que les bourses soient plus élevées. Encourager l’innovation «La bourse moyenne d’un étudiant Erasmus se situe aux alentours des 300 euros», indique Petrović Baronica. «Ce montant ne permet pas de garantir des perspectives de mobilité égales pour tous. Nous n’avons pas de cofinancement en Croatie. Si l’Europe veut être à la pointe de l’innovation, il serait bien qu’elle encourage davantage les étudiants en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques à opter pour la mobilité.» L’ambassadrice du personnel, Katica Šimunović, enseignante dans une faculté d’ingénierie mécanique, est tout à fait d’accord. «En général, c’est difficile d’inciter les étudiants en technologie à participer à un échange Erasmus, mais je fais quand même de mon mieux.»


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Turbulences médiatiques La Journée internationale Erasmus a réuni d’anciens étudiants de Croatie et d’ailleurs et des étudiants éventuellement intéressés par le programme, des coordinateurs et des ambassadeurs. Plusieurs stands ont été montés pour que les étudiants puissent parler de leurs pays respectifs et cet événement à suscité un vif intérêt dans la presse. Sur le plan médiatique, Jelena Simić pense que 2012 a été une année «turbulente mais aussi dynamique» pour Erasmus. «Elle a commencé avec le lancement du 25e anniversaire, qui a été un succès, mais je pense que c’est début octobre qu’Erasmus a le plus attiré l’attention des médias, lorsqu’on a raconté que le programme allait être supprimé.» Elle pense qu’en fin de compte, ces rumeurs n’étaient pas une mauvaise chose. La mobilisation des médias a démontré qu’Erasmus était apprécié et que les gens voulaient que ce programme continue. «D’après une expression croate, ‘un bon cheval soulève de la poussière’. Je pense qu’Erasmus continuera car c’est l’un des programmes de l’UE les plus rentables.» Elle a aussi vivement apprécié que le conseil des représentants nationaux du réseau des étudiants Erasmus choisisse de se réunir à Zagreb. «La Croatie vient à peine d’adhérer à Erasmus et je suis très fière que nous ayons été chargés d’organiser la réunion.»

Vers un monde virtuel? Par ailleurs, Katica Šimunović entrevoit des changements. «Avec le développement des technologies de l’information et de la communication, je pense, à l’instar de certains de mes collègues Erasmus qui ont assisté à la conférence de Bruxelles, qu’Erasmus, comme le reste de l’enseignement, deviendra virtuel. Les contacts personnels sont irremplaçables, mais je pense que nous allons vers un “Erasmus à domicile”. Je pourrai dispenser mes cours en Allemagne ou en Hongrie depuis mon propre bureau grâce aux systèmes de téléconférence.» Pour le personnel enseignant, le principal avantage du programme réside, selon elle, dans les contacts. «La mobilité du personnel peut avoir un impact sur la mobilité des étudiants et inversement. Mais Erasmus aboutit aussi à la coopération, sur des projets de recherche scientifique, par exemple.»


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TURQUIE UNE OUVERTURE Les chauffeurs de taxi sont des experts de la mobilité. Mais lorsqu’un article d’un journal italien encourage les étudiants en Turquie à leur expliquer en détail en quoi consiste Erasmus, c’est qu’il se trame quelque chose. «Nous avons essayé de faire naître un intérêt dans les médias en général et au sein des médias sociaux pour faire écho à l’interview d’Umberto Eco dans la Stampa», explique l’ambassadeur des étudiants turcs, Begüm Yurdakök. En janvier 2012, Umberto Eco a déclaré au quotidien italien que partir avec Erasmus devrait être obligatoire «non seulement pour les étudiants, mais aussi pour les chauffeurs de taxi, les plombiers et les autres professionnels». C’est ainsi que pour célébrer l’anniversaire du programme, Begüm Yurdakök et d’autres étudiants ont décidé de prendre l’écrivain au mot. «Nous sommes sortis dans la rue et nous avons expliqué aux chauffeurs de taxi, aux serveurs, aux vendeurs de billets de loterie et à toutes sortes de gens comment ils pouvaient bénéficier de la mobilité. Nous avions aussi avec nous des étudiants étrangers et nous les avons présentés à ces personnes, qui ont été vraiment intéressées. Aujourd’hui tout le monde parle d’éducation et de formation tout au long de la vie, alors pourquoi pas envoyer un chauffeur de taxi d’Istanbul à Berlin ou à Bruxelles dans le cadre d’un programme de mobilité pour comparer le fonctionnement des systèmes de taxi?»

Des vidéos sur la mobilité La Turquie a également célébré l’événement avec un concours de vidéos et de photos ouvert à tous les étudiants entrants et sortants. «Le sujet était leur expérience de la mobilité», indique İlyas Ülgür du centre chargé des programmes européens pour l’éducation et la jeunesse. «Les prix ont été décernés lors du principal événement de la célébration, auquel ont participé des étudiants, du personnel universitaire et des personnalités publiques. Figuraient ensuite au programme un spectacle et un concert pop que nous avons coorganisés avec le réseau local des étudiants Erasmus.» Parallèlement, l’ambassadeur du personnel, Mustafa Çoban, a tenu des réunions sur Erasmus qui ont aussi été commentées par les médias nationaux et locaux. Il voulait s’adresser en particulier aux personnes plus âgées, susceptibles d’encourager leurs enfants ou leurs petits enfants à participer au programme, ainsi qu’aux étudiants et membres du personnel qui n’avaient pas encore bénéficié d’un stage Erasmus. Comme il souhaiterait qu’Erasmus soit plus présent dans l’industrie, il a discuté avec des entreprises turques pour qu’elles participent au programme de stages professionnels. «Je veux aussi réunir du matériel d’information sur Erasmus en langue turque. Beaucoup de gens ici sont incapables de lire dans une autre langue.»


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Le premier séjour à l’étranger Par ailleurs, İlyas Ülgür considère le programme comme «le principal moteur de l’internationalisation de l’enseignement supérieur et de l’apprentissage des langues. Pour plus de 80 % des étudiants turcs qui partent avec Erasmus, c’est leur premier séjour à l’étranger». En dehors des grandes villes, les étrangers restent rares en Turquie. «Il serait ainsi très souhaitable que les habitants de ces régions voient des étudiants étrangers déambuler dans leurs rues. Cela les rendrait certainement plus réceptifs à l’agenda européen. En même temps, nos étudiants sortants peuvent contribuer à faire évoluer les attitudes des Européens vis-à-vis du peuple turc. Jusqu’ici, ils connaissent surtout nos travailleurs immigrés. Erasmus leur donnera la chance de connaître la facette intellectuelle de la Turquie.» Évolution professionnelle et personnelle La mobilité «vous fait évoluer différemment, tant sur le plan professionnel que personnel», déclare Begüm Yurdakök. «Chacun a sa propre expérience d’Erasmus.» Begüm Yurdakök est maintenant chargée de cours en pharmacologie et toxicologie, mais elle affirme: «sans mon stage Erasmus, je n’aurais pas pu finir ma thèse de doctorat car les techniques moléculaires étaient beaucoup plus avancées là où je suis allée, en Suède.»

Un pont entre l’Europe et l’Asie La Turquie est un pont entre l’Europe et l’Asie, souligne İlyas Ülgür. «Nous avons de grandes richesses culturelles à offrir aux étudiants qui viennent chez nous. Ces dix dernières années, le nombre d’universités a plus que doublé ici. Beaucoup d’entre elle dispensent l’intégralité de leurs cours en anglais. Erasmus, principal outil d’internationalisation de nos universités, a contribué à nous convaincre que les valeurs européennes sont celles que nous voulons pour la Turquie.»


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ISLANDE UN IMPACT MASSIF «Erasmus a eu un impact massif en Islande, comme dans la plupart des pays européens», confirme Óskar Eggert Óskarsson du LLP, l’agence nationale du pays. Cet impact s’est manifesté «directement et indirectement au travers du processus de Bologne. La législation islandaise sur l’enseignement supérieur a été adaptée au processus de Bologne.» Selon lui, Erasmus est «bien connu des étudiants et du personnel et il est considéré normal de passer un ou deux semestres à l’étranger dans le cadre d’un diplôme, chose pourtant très difficile avant Erasmus». Universalisation de l’université Le programme a aussi généré des changements au sein de l’université d’Islande, signale l’ambassadeur du personnel, Guðmundur Hálfdanarson. «Par nature, les universités sont des établissements internationaux, mais dans un lieu aussi isolé que l’Islande, les étudiants n’avaient pas vraiment cette impression. Maintenant, si. Même ceux qui ne vont pas à l’étranger, qui font toutes leurs études en Islande, sont aujourd’hui conscients d’une connexion avec l’Europe.» Lorsqu’il étudiait à l’université d’Islande dans les années 70 et au début des années 80, «c’était un établissement totalement islandais». Mais aujourd’hui, «entre 10 et 20 % des étudiants sont étrangers. Ils font maintenant partie intégrante de la vie universitaire».

Un article de presse bien accueilli L’Islande a célébré l’anniversaire d’Erasmus avec un concours de vidéos et une exposition de photos. Un événement a été organisé à l’université d’Islande, prévoyant des interventions d’anciens étudiants Erasmus ainsi que de la musique et une soirée dansante. En décembre, les ambassadeurs Erasmus d’Islande ont publié un article à propos de l’anniversaire dans l’un des journaux nationaux. «L’article a été bien accueilli», commente l’ambassadrice des étudiants, Ásgerður Kjartansdóttir. Elle travaille aujourd’hui à la mission islandaise auprès de l’UE en tant que conseillère en éducation, science et culture. Ásgerður Kjartansdóttir confirme l’influence d’Erasmus en Islande. «Chaque année, environ 200 étudiants islandais étudient dans des universités européennes et quelque 450 étudiants européens étudient en Islande», indique-t-elle. «Les professeurs islandais et les autres membres du personnel ont aussi bénéficié d’Erasmus. Le programme a donc eu un impact sur les individus et sur le système d’enseignement supérieur en général, qui s’est internationalisé par rapport à 1992.» Elle aimerait que le programme devienne «plus inclusif et plus international à l’avenir».


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Des couches identitaires Un professeur d’histoire, Guðmundur Hálfdanarson, a choisi d’étudier la relation entre les identités nationales et les identités européennes. «Nous ne devons pas remplacer les identités nationales par des identités européennes», affirme-t-il. «Ce n’est pas possible et ce n’est pas souhaitable. Ce dont nous avons besoin, c’est de différentes couches identitaires. Elles ne sont pas en conflit. Elles peuvent fonctionner ensemble. Je pense que le projet européen, c’est ça.» Et pour l’Islande, Erasmus suit ce modèle. «Bien que nous fassions partie d’Erasmus et de l’espace de Schengen, l’Islande n’appartient pas à l’UE. Néanmoins, je peux affirmer qu’Erasmus est considéré ici comme la plus grande réussite du projet européen. Je pense que c’est surtout parce que nos étudiants apprécient cette expérience. Ils peuvent s’immerger dans une autre culture de façon beaucoup plus dynamique qu’en tant que touristes.»

Un sentiment d’appartenance Par ailleurs, il soutient qu’Erasmus «peut générer un sentiment d’appartenance à l’Europe au sein d’une élite instruite. Il ne s’agit pas d’une élite au sens économique du terme, mais de personnes susceptibles d’occuper divers postes au sein du pouvoir. Par exemple, parmi les principaux candidats aux élections présidentielles de 2012 figurait une ancienne étudiante Erasmus. Prenant la parole lors de notre célébration, elle nous a confié qu’Erasmus avait influencé son regard sur le monde. Le succès d’Erasmus est donc à chercher dans les histoires individuelles».


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LIECHTENSTEIN LE PROCESSUS D’INTERNATIONALISATION La foire organisée chaque automne au Liechtenstein est toujours une occasion de rencontres. En 2012, les étudiants étrangers Erasmus s’y sont rendus pour parler aux gens du programme et de leurs pays et distribuer des souvenirs. «L’idée était de les mettre en contact avec la population locale», explique Trudi Ackermann, directrice du bureau international de l’université du Liechtenstein. L’agence Erasmus nationale, l’AIBA, tenait aussi un stand d’information à la foire. L’édition 2012 du bal universitaire a pris pour thème le 25e anniversaire d’Erasmus. «Les étudiants Erasmus ont ouvert le bal et chaque table portait le nom d’un pays», précise-t-elle. Au programme de la soirée figurait de la musique des différents pays européens. Lors de la Journée de l’Europe, l’ambassadeur de l’UE a rendu visite à l’université et les étudiants Erasmus ont organisé des activités pour l’occasion. Les deux journaux du Liechtenstein ont couvert l’anniversaire. Les chaînes de radio et de télévision ont interviewé les ambassadeurs Erasmus à propos du programme.

Une bonne combinaison Lors d’une journée d’information pour les étudiants sortants, Gerold Büchel a expliqué ce qu’Erasmus avait signifié pour lui et pour sa carrière. Il est l’ambassadeur des étudiants Erasmus et également député. «C’était une discussion intéressante», se souvient-il. «Le professeur voulait que l’expérience Erasmus de ses étudiants corresponde au plus près à leurs études actuelles, alors qu’à mon sens, l’intérêt du programme réside surtout dans l’expérience sociale que confère le fait de séjourner et de vivre à l’étranger.» L’expérience Erasmus de Gerold Büchel a consisté en six mois d’études à l’école de commerce de Lyon, en France, et en un stage de huit mois dans les environs de Grenoble. «C’était une bonne combinaison. Étudier dans un autre pays et travailler dans l’une de ses entreprises sont deux expériences très différentes. Je recommande aux étudiants de faire les deux, s’ils en ont la possibilité.» Et s’ils effectuent leur séjour Erasmus au Liechtenstein, ils pourront aussi escalader d’autres sommets. Élargissant le champ des festivités, l’ambassadeur du personnel, Hansjörg Hilti led, a emmené les étudiants en randonnée dans la montagne.


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D’UNE UNIVERSITÉ LOCALE Un pas de plus Trudi Ackermann espère que la proportion d’étudiants partant avec Erasmus continuera d’augmenter. «Je pense que le programme a un fort potentiel de transmission du projet européen dont nous n’avons pas encore atteint les limites. Nous devons faire un pas de plus. L’UE doit promouvoir les programmes de master européens. Il faudrait beaucoup mieux intégrer les programmes d’études et ne pas se limiter aux échanges.»

L’internationalisation grâce à Erasmus Toujours est-il que l’université s’est fortement internationalisée. «Erasmus a beaucoup contribué à ce phénomène», explique Hansjörg Hilti. «Lorsque nous avons rejoint le programme en 1995, nous n’étions qu’un établissement de sciences appliquées dont tous les étudiants provenaient de 50 km à la ronde au maximum. Aujourd’hui, sur un total de 1 000 étudiants, 40 nations sont représentées.»

Erasmus «constitue un bon atout politique qui contribue à la promotion d’une Europe unie», ajoute Gerold Büchel. «J’ai confiance dans le programme et je crois qu’il continuera de s’améliorer, d’évoluer et de se développer.» Le Liechtenstein n’appartient pas à l’UE et il ne pense pas que cela puisse changer. «Les gens ici ont le sentiment que nous sommes trop petits pour nous joindre à l’UE. C’est ce qui les inquièterait.» Mais «géographiquement, nous sommes en Europe et peut-être qu’Erasmus renforce notre sentiment d’appartenance à cet ensemble».

«Une grande partie de nos programmes d’études sont maintenant dispensés en anglais», signale-t-il. «C’est Erasmus qui a motivé cette décision. Les étudiants étrangers font désormais partie du paysage au Liechtenstein et ils sont les bienvenus. Pour nos étudiants locaux, un séjour d’études à l’étranger est devenu un droit. Dans certaines facultés, c’est obligatoire. La plupart des étudiants choisissent Erasmus.»


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NORVÈGE SI VOUS VOULEZ COMPRENDRE L’EUROPE… «Aujourd’hui, 130 participants se réuniront à l’école d’économie norvégienne pour célébrer le 25e anniversaire d’Erasmus, mais aussi pour parler de l’avenir. D’après les propositions de la Commission européenne relatives au nouveau plan d’éducation à partir de 2014, Erasmus devrait être étendu de façon à inclure la coopération avec les autres continents (…). Nul doute qu’à l’avenir, Erasmus va jouer un rôle de plus en plus important dans l’internationalisation de l’enseignement supérieur en Norvège.»

Un modèle fort Néanmoins, Vidar Pedersen est heureux que son pays ait adhéré à Erasmus. «Ces dix dernières années, la coopération internationale est devenue très importante dans l’enseignement supérieur en Norvège, y compris dans les projets politiques du gouvernement, et Erasmus a joué un rôle essentiel en la matière. Je ne pense pas que nos échanges avec les autres régions du monde auraient étaient si intenses sans le modèle fourni par Erasmus.»

Ceci est un extrait d’un article d’opinion assez détaillé publié en novembre 2012 par le plus grand journal norvégien, l’Aftenposten. Cela témoigne de l’impact des anniversaires. Comme le souligne l’ambassadeur du personnel, Wolfgang Laschet, Erasmus «n’est pas toujours facile à vendre aux médias en Norvège».

Ainsi ce modèle a-t-il eu un impact sur les sentiments plutôt frileux des Norvégiens vis-à-vis l’UE? «Je ne pense pas que les étudiants envisage cela dans l’optique des objectifs primordiaux de l’intégration européenne. Ils veulent aller à un endroit intéressant et acquérir une bonne éducation. Néanmoins, cette expérience peut les influencer indirectement. Le fait de vivre dans un autre pays européen leur permet de mieux cerner les choses. Mais a priori, ce n’est généralement pas une question qui préoccupe les étudiants. Et ce n’est pas non plus un point sur lequel nous insistons pour promouvoir le programme.»

Vidar Pedersen, l’auteur de l’article, en est parfaitement conscient. Responsable du département de l’enseignement supérieur au centre norvégien pour la coopération internationale, il sait que les étudiants du pays ont le choix entre toute une kyrielle de programmes d’échanges transfrontaliers. Certains de ces programmes sont très anciens et offrent de généreuses bourses d’État. De plus, la Norvège n’appartient pas à l’UE.


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Une solution intégrée Wolfgang Laschet adopte aussi un point de vue pragmatique. Erasmus est une «solution intégrée», précise-t-il. «Vous obtenez en quelque sorte un service porte-à-porte et vous devez faire votre choix dans une liste de partenaires vérifiés et approuvés par le personnel universitaire. La procédure entre les établissements est très bien rodée, ce qui doit permettre d’alléger autant que possible les démarches administratives. Et si le partenaire a bien appliqué les exigences du programme Erasmus et du processus de Bologne, la reconnaissance des résultats obtenus dans cet établissement ne devrait pas être un problème.» Pour les établissements d’enseignement supérieur de Norvège, Wolfgang Laschet pense que «le plus intéressant, ce sont les réseaux. Le fait d’adhérer à Erasmus suppose un grand bon en avant pour les établissements norvégiens, qui peuvent ainsi élargir la liste des établissements partenaires et même la liste des pays. Cela nous aide beaucoup à étendre nos réseaux géographiques». En 25 ans, «Bruxelles a beaucoup appris sur la façon de faire fonctionner ce programme», explique-t-il. «Aujourd’hui, ce sont souvent les établissements qui se compliquent mutuellement la vie en augmentant les démarches administratives ou en étant très stricts sur certaines choses. J’aimerais que le programme revienne davantage à l’idée de partenariat et de confiance.»

Ouvrir des portes L’ambassadeur des étudiants de Norvège, Frédérik Sardinoux, ne veut pas qu’Erasmus subisse trop de changements. «Ça marche plutôt bien maintenant», pense-t-il. «Ça ouvre tellement de portes aux participants, qu’ils soient étudiants ou membres du personnel. Bien sûr, c’est toujours possible d’améliorer les choses et un peu moins de bureaucratie, ce serait bien. Mais si vous voulez comprendre l’Europe, Erasmus est le moyen le plus rapide d’y arriver.»


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SUISSE RETOUR À ERASMUS La Suisse a célébré l’anniversaire par un grand événement à Bern. Karin Christen de la Fondation pour la collaboration confédérale, l’agence nationale suisse, décrit l’événement comme «un cocktail associant des discours prononcés par des personnalités politiques, une section culturelle à laquelle ont participé des étudiants Erasmus, de l’humour grâce à un groupe de comédiens et l’occasion de tisser des réseaux». L’événement lui-même a obtenu une bonne couverture médiatique incluant également quelques aperçus des caractéristiques de base d’Erasmus.

L’une des conséquences de ce retour sera l’accroissement des bourses Erasmus en Suisse, souligne l’ambassadeur des étudiants Marco Amherd. Il espère que cela réduira l’écart entre le nombre d’étudiants entrants et le nombre d’étudiants sortants. «De nombreux étudiants suisses doivent prendre un emploi à temps partiel. Cela les dissuade d’aller à l’étranger car ils ne savent pas quelles en seraient les conséquences financières.» Il aimerait que les réseaux entre les universités suisses et les établissements à l’étranger soient plus développés, que ce soit dans l’enseignement ou dans la recherche.

«De tous les programmes d’éducation de l’UE, Erasmus est probablement le plus connu en Suisse», assure Karin Christen. «C’est vraiment un programme réputé ici depuis un certain temps maintenant, bien au-delà du monde académique.»

Un remboursement au centuple Voici le conseil que donne Marco Amherd aux étudiants Erasmus potentiels: «Ça semble un peu ardu au début de rechercher une université et de gérer toute la paperasserie. Mais si vous partez, l’expérience vous remboursera au centuple. Outre de nouvelles capacités intellectuelles, vous acquerrez aussi des compétences sociales.»

À nouveau membre à part entière La relation de la Suisse avec Erasmus n’a pas toujours été facile. Lorsque les électeurs suisses ont dit «non» à l’espace économique européen en 1992, ils ont aussi renoncé à leur adhésion complète au programme Erasmus. La Suisse a poursuivi un programme à peu près similaire, mais ce n’est qu’en 2011 qu’elle est redevenue membre à part entière d’Erasmus.

L’apprentissage des langues est une forte incitation au voyage pour les étudiants suisses. De nombreux emplois exigent une bonne connaissance d’au moins deux des langues nationales. «Curieusement, les étudiants préfèrent souvent apprendre ces langues à l’étranger», fait remarquer Karin Christen. «Par exemple, les étudiants suisses germanophones iront en France et ce n’est que plus tard qu’ils découvriront vraiment la partie francophone de la Suisse.»


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Un réseau de musiciens La motivation de Marco Amherd était d’ordre musical. «En 2011, je suis parti avec Erasmus à Toulouse, l’un des meilleurs centres d’enseignement pour les organistes. De plus, je m’intéresse particulièrement au répertoire musical français. Il y avait de nombreux étudiants internationaux et j’ai donc pu bâtir un réseau d’organistes professionnels. Durant mon séjour, j’ai été interviewé par la télévision et les journaux sur mon expérience Erasmus.» «Le changement est impressionnant» lorsque les étudiants Erasmus reviennent en Suisse, indique l’ambassadrice du personnel, Antoinette Charon Wauters. «Ça leur donne confiance en eux. Les conditions et les méthodes d’enseignement sont très différentes dans les autres pays et ils doivent s’adapter. La capacité d’adaptation est l’une des principales compétences qu’ils acquièrent. Et ils apprécient aussi davantage leur propre pays. Ce sont ceux qui ne voyagent jamais qui se plaignent tout le temps.»

Un nouveau parfum Selon Antoinette Charon Wauters, le grand avantage du retour de la Suisse dans Erasmus est que le pays aura maintenant accès au volet «stages» du programme. «Nos étudiants vont trouver cela très utile.» Elle estime que la mobilité du personnel est également importante: «inviter des professeurs d’autres pays à enseigner chez nous, c’est bien pour les étudiants qui ne vont pas à l’étranger. Ils peuvent ainsi avoir un contact avec des modes de pensées d’universités étrangères, sentir un nouveau parfum.»


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Un moteur d’évolution dans l’enseignement supérieur Erasmus a permis aux étudiants et au personnel enseignant et administratif d’élaborer de nouveaux programmes et de tester des approches innovantes de l’apprentissage, de l’enseignement et de l’évaluation. Pour continuer sur cette lancée, les organismes nationaux, régionaux et européens doivent financer la coopération stratégique et encourager le personnel à collaborer avec des collègues issus de pays, disciplines et secteurs différents pour repousser les frontières du savoir, assurer un enseignement innovant et créatif et rapprocher l’enseignement supérieur des besoins de la société.

E T S E F I N MA SMUS ERA

e s en Europ les barrière r les e b tre m en o t es èr e rri Fair mber les ba to ire fa à ué mmun ntrib

Un Manifeste Erasmus a été élaboré par les 66 ambassadeurs des étudiants et du personnel enseignant à l’occasion du 25e anniversaire du programme Erasmus en 2012. Il répertorie 10 domaines cruciaux qui ont pu évoluer avec l’aide du programme et recommande aux institutions européennes, aux États membres et à d’autres parties prenantes des mesures pour renforcer l’impact d’Erasmus à l’avenir.

co Erasmus a co créer un espace n nationaux et à tio ca du d’é es e systèm Erasmus se mondialise pr og ra m m en Eu ro pe . Le tre en d’ap pr en tis sa ge ns Erasmus, plus grand programme d’échanges universitaires au lie s de us loin et créer s le pourrait aller pl is pr monde, est amené à dépasser les frontières de l’Europe. Il doit m co té s lo ca le s, y es un le s co m m un au je donner aux étudiants et aux enseignants l’occasion d’élargir leurs s le et , société civile ts en entreprises et la m horizons et d’acquérir de nouvelles connaissances, et offrir aux se lis ab pa ys . Le s ét s en ve na nt d’au tr es ci an établissements la possibilité de renforcer leurs capacités et de s le t su pé rie ur et un d’en se ig ne m en ui d’h consolider leurs partenariats avec les pays voisins et avec le ur jo au us qui occupent r. ue étudiants Erasm jo à monde entier. Pour ce faire, il convient de fournir le soutien financlé le bilité ont un rô poste à responsa cier nécessaire et de résoudre les problèmes de visa.

Améliorer les liens entre l’éducation et le travail Une expérience Erasmus permet d’offrir aux employeurs des compétences inestimables. Néanmoins, en tirer tous les bénéfices exige de renforcer la coopération entre les établissements d’enseignement supérieur, le marché du travail et les étudiants, mais aussi avec le reste de la population. Des mesures s’imposent pour mieux faire comprendre l’intérêt des stages Erasmus et développer cette pratique. Il faudrait notamment favoriser la mobilité du personnel entre le milieu académique et le monde du travail et créer une plateforme permettant aux employeurs, aux établissements d’enseignement et aux étudiants de former des partenariats.

pes s grou e l e r d ndre en Attein és se de pre t o p n p e u s s s é u anges epr ur to sous-r ans les éch hances po d c s s té e n d e s té l’égali s-repré t conce-

pes sou tammen Garantir rents grou eables, no fé g if a d is v s icipants, n le e t compte ns son il des part io ta ct n a e v rs l’é u ir Plusie pour attiur élarg Erasmus. les écoles ourses po s b n s a e d d n t o e rêts nicati ibilité des voir des p de commu ître la flex s ro é it cc iv a t ct e a des répondre variée organiser de façon à smus plus s ra n E e é n p o ti ro t eu pula ationaux e rer une po s vaste. gionaux, n ré s iantine plu e d m tu m s e n o ti progra la u p s d’une po aux besoin


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Accroître l’attrait grâce à d’excellents résultats Pour accroître son attrait et son intérêt, le programme doit être davantage axé sur sa capacité à améliorer la qualité de l’enseignement, au bénéfice des établissements d’enseignement supérieur, du personnel et des étudiants qui y participent. On pourra améliorer l’enseignement des lanForger de nouveaux processus gues, éliminer les obstacles administratifs d’apprentissage et offrir des options d’apprentissage plus et des échanges virtuels flexibles pour susciter l’intérêt des étudiants Il est souhaitable que les établissements offrent une expéet encourager la participation d’une popularience internationale à un maximum d’étudiants. Pour cela, ils tion plus diverse. peuvent tirer parti des technologies de l’information et de la communication, qui proposent de nouvelles méthodes d’apprentissage, et de la mobilité virtuelle, de façon isolée ou en es s étud Reconnaître le association avec la mobilité physique. Une action s’impose à l’étranger ine pour créer des processus d’apprentissage novateurs. Par rig d’o t et le travail en em liss ab n’est garanti que si l’ét à r exemple, les agences nationales, les coordinateurs Erasmus, jou sé Le succès d’Erasmus n so de s lor t réalisé par l’étudian dis le personnel et les étudiants pourraient participer à une comur rie reconnaît le travail pé su nt me ssements d’enseigne en munauté virtuelle pour construire des partenariats et partager ait urr l’étranger. Les établi po on is ma s outils nécessaires, roleur expérience et leurs meilleures pratiques en matière eu ion posent pour cela de iss mm Co œuvre, surtout si la ad’études et de stages. rel les r améliorer la mise en de oli ns co ssi soutien. Il faudrait au e un tir péenne renforce son ran ga ur po s ssements partenaire tions avec les établi et directe. Tirer parti de l’expérience Erasmus reconnaissance réelle Une expérience Erasmus profite à celui qui la vit et à ses réseaux sociaux, académiques et professionnels. Elle enrichit la commuLes échanges nauté locale, l’établissement d’origine et l’intéde personnel gration européenne. Il est nécessaire d’assurer et l’effet d e levier un meilleur suivi des étudiants Erasmus pour Les échanges de pe rsonnel Erasmus so nt souvent oubliés les encourager à commenter et à partager leur la mobilité du perso . Pourtant, nnel joue un rôle es sentiel car elle ap idées neuves pour expérience afin d’en exploiter les acquis cultuporte des les programmes et les méthodes d’ens favorise les parte rels, sociaux, linguistiques et professionnels. eig nement, nariats avec des établissements à incite les étudian l’é tra nger et ts à adopter une perspective plus eu plus globale. La m ropéenne et obilité du personn el doit être mieux les stratégies inter intégrée dans nationales des étab lissements, plus va l’équipe de directio lorisées par n, et le personnel doit y être encourag de mesures incita é au moyen tives.

té sur let peut être consul Le manifeste comp anifesto_en.pdf rasmus/doc/m

http://ec.europa.eu/education/e


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Manifeste Erasmus élaboré par les 66 ambassadeurs des étudiants et du personnel enseignant à l’occasion du 25e anniversaire du programme Erasmus en 2012 Hugo Marquant

Connie Væver

Marc Goffart

Boryana Klinkova

Nina Siig Simonsen

Belgique

Danemark

Jana Vitvarová

Bulgarie

Milada Hlaváčková

Jozef Ristvej

Maria Kaliambou

Tomas Vitvar République tchèque

Slovaquie Katerina GalanakiSpiliotopoulos

Rumyana Todorova

Jure Kumljanc

Antoinette Charon Wauters

Vesna Rijavec

Grèce

Marco Amherd Suisse

Slovénie Aleksejs Naumovs

Madara Apsalone

Tadas Zukas

Vilma Leonaviciene

Lettonie Lithuanie Jelena Simić

Ann Katherine Isaacs

Katica Šimunović

Maurizio Oliviero

Laura Popa

Croatie

Roumanie Helen Margus

Sirje Virkus

René Kremser Autriche

KarlFredrik Ahlmark

Hans Åhl

Estonie

Elena Luptak

Ion Visa

Italie

Fidel Corcuera Manso

Suède Tomás Sánchez López

Espagne


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Julien Pea France

Elina Ylipelkonen

Jessica Gough

Nathalie Brahimi David Friggieri

Irlande John Schranz

Malte Paula Pietilä

Piroska Bakos

Finlande

Miriam Broderick

Mária Dudás Filipe Araújo

Hongrie

José Marat-Mendes Portugal

Maria Hadjimatheou Chypre Bram Peper

Stavroulla Antoniou

Begüm Yurdakök

Mustafa Çoban Turquie

Désirée Majoor

Frederik Strand Sardinoux

Pays-Bas

Wolfgang Laschet Norvège

Lucien Kerger

Matthieu Cisowski Luxembourg

Diana Dmuchowska Pologne

Ryszard Zamorski

Ása Kjartansdóttir

Guðmundur Hálfdanarson Islande Gerold Büchel

Julia Kennedy Kate Samways Royaume-Uni

Christiane Biehl

Katja Krohn Allemagne

Hansjörg Hilti Liechtenstein


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Commission européenne 25 ans d’Erasmus Luxembourg: Office des publications de l’Union européenne 2013 — 76 p. — 21 x 21 cm Europe Direct est un service destiné à vous aider à trouver des réponses aux questions que vous vous posez sur l’Union européenne.

ISBN 978-92-79-29228-6 doi:10.2766/15092

Un numéro unique gratuit (*):

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COMMENT VOUS PROCURER LES PUBLICATIONS DE L’UNION EUROPÉENNE? Publications gratuites: • sur le site de l’EU Bookshop (http://bookshop.europa.eu); • auprès des représentations ou des délégations de l’Union européenne. Vous pouvez obtenir leurs coordonnées en consultant le site http://ec.europa.eu ou par télécopieur au numéro +352 2929-42758.

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De nombreuses autres informations sur l’Union européenne sont disponibles sur l’internet via le serveur Europa (http://europa.eu). Luxembourg: Office des publications de l’Union européenne, 2013 ISBN 978-92-79-29228-6 doi:10.2766/15092 © Union européenne, 2013 Reproduction autorisée, moyennant mention de la source Printed in Belgium Imprimé sur papier blanchi sans chlore élémentaire (ecf)

Droits d’auteur sur les images: toutes les photographies de cette brochure ont été gracieusement fournies par les agences nationales, les ambassadeurs Erasmus ou d’autres sources spécifiques. Page 2: © Erasmus Irlande | Pages 4-5: © Erasmus Belgique (Photos 1, 2 3, 5, 7: AEF Europe; Photos 4, 6: Université de Gand - Hilde Christiaens) | Pages 6-7: © Erasmus Bulgarie | Pages 8-9: © Erasmus République tchèque – ESN | Pages 10-11: © Erasmus Danemark | Pages 12-13: © Erasmus Allemagne (Photo 1: Karlsruher Institut für Technologie; Photo 2: DAAD/Jordanie) | Pages 14-15: © Erasmus Estonie | Pages 16-17: © Erasmus Irlande | Pages 18-19: © Erasmus, Agence nationale LLP hellénique | Pages 20-21: © Erasmus Espagne | Pages 22-23: © Erasmus France (Photos 1, 2 3, 5, 6: Sophie Pawlak; Photo 4: AEF/Xavier Curtat) | Pages 24-25: © Erasmus Italie - Claudia La Coppola - Emanuele Flangini |Pages 26-27: © Erasmus Chypre | Pages 28-29: © State Education Development Agency, Lettonie | Pages 30-31: © Erasmus Lituanie (Photos 1, 2, 3, 4: Education Exchanges Support Foundation pour Erasmus Lituanie) | Pages 32-33: © Erasmus ANEFORE - Agence nationale luxembourgeoise | Pages 34-35: © Erasmus Hongrie | Pages 36-37: © Elisa Von Brockdorff pour Erasmus Malte | Pages 38-39: © Erasmus Pays-Bas | Pages 40-41: © Ludwig Schedl - APA pour Erasmus Autriche | Pages 42-43: © Foundation for the Development of the Education System, Pologne | Pages 44-45: © Erasmus Portugal | Pages 46-47: © ANPCDEFP et ESN Roumanie | Pages 48-49: © Erasmus Slovénie | Pages 50-51: © Erasmus Slovaquie | Pages 52-53: © Erasmus Finlande (Photo 1: Pavel Matousek; Photos 2, 3, 4: Petra Helenius, CIMO; Photos 5, 6: Tiina Lehmusvaara, CIMO) | Pages 54-55: © Jari Rusanen pour Erasmus Suède | Pages 56-57: © Frank Noon pour Erasmus Royaume-Uni | Pages 58-59: © Erasmus Croatie | Pages 60-61: © Erasmus Turquie | Pages 62-63: © Agence nationale LLP islandaise | Pages 64-65: © Université du Liechtenstein | Pages 66-67: © Paul Sigve Amundsen pour Erasmus Norvège | Pages 68-69: © Fondation ch pour Erasmus Suisse Pages 74-76 (de haut en bas, de gauche à droite): Photos 1, 8: © Erasmus Belgique (AEF Europe) | Photo 2: © Erasmus République tchèque – ESN / Photo 3: © Erasmus Irlande | Photo 4: © Erasmus France | Photos 5, 12, 19, 20: © Erasmus Slovénie | Photo 6: © Ludwig Schedl - APA pour Erasmus Autriche | Photos 7, 10, 14: © Foundation for the Development of the Education System, Pologne | Photo 9: © Erasmus Belgique (Université de Gand) | Photos 11, 13, 16: © ANPCDEFP et ESN Roumanie | Photo 15: © Erasmus Hongrie | Photo 17: © Erasmus Slovaquie | Photo 18: © Frank Noon pour Erasmus Royaume-Uni | Photo 21: © Erasmus Turquie | Photo 22: © Erasmus Croatie


NC-31-13-823-FR-N

25 ans s u m s d’ Era http://ec.europa.eu/education/erasmus

doi:10.2766/15092

Education et formation


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