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LES 115 CARDINAUX PASSÉSAU
Scénarios d'une élection
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Amis lecteurs (même occasionnels), vous connaissez sans aucun doute "les puces de Golias", ces billets d'actualité que nous devons à la plume de notre collègue Jean Molard; Au fil des années et des événements, ces "puces" réjouissent l'esprit et le cœur. Nous vous en pré sentons un florilège, réuni en un petit volume, à l'occasion des vingt ans du magazine. Tout y est : l'humour, la poésie, l'indignation, le cou rage de la vérité. La lecture suivie de ces billets écrits à chaud donne à mieux connaître un chrétien créatif et engagé. Il sait tracer des chemins de clarté dans le maquis de nos tartufferies et de nos scandales. Quant à ses impertinences, elles se révèlent en général très pertinentes. Une lecture tonifiante pour les jours ternes !
À commander aux éditions Golias
MODE D'EMPLOI
Editorial
" Etait-ce la foule des rameaux, avide de voir le héros cathodique pour dire : « j'y étais », ou bien celle de la Pentecôte demandant à Pierre « que devons-nous faire ? » Qui donc s'est pressé à Rome ? Et pour quoi ou pour qui ?" 4
Un conclave sans les clés
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Ils vont faire le 23 prochain pape
Grand angle
Et si le pire était à venir Que conserver de l'héritage du pape défunt ? Les cardinaux Ratzinger et Ruini voulant imposer leur ligne et leur projet pour le prochain. C'est la bataille du conclave qui s'ouvre. 6
DOSSIER
U agenda du nouveau pape Les enjeux du conclave
Et si le pire était à venir Un conclave sans les clés
US 11 5 CARDINAUX PASSÉSAU CRIBLE
Scenarios en vue d'une élection
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SCÉNARIOS
L'agonie a ses ruades. En langue politique, cela s'appelle la réaction. Cette phrase s'applique peutêtre à un certain catholicisme intransigeant qui malgré l'érosion de l'Histoire se cabre et semble même se fortifier. Il a connu une nouvelle vitalité sous le pontificat désormais achevé.
avril 2005 hors série Golias
Scénarios en vue d'une élection Les défis du prochain pontificat
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EDITORIAL
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Etait-ce la foule des rameaux, avide de voir le héros cathodique pour dire : « j'y étais », ou bien celle de la Pentecôte demandant à Pierre « que devons-nous faire ? » Qui donc s'est pressé à Rome ? Et pour quoi ou pour qui ? Il faut avouer que le déferlement des images sur nos ondes comme celui des pèlerins à Rome m'a laissé songeur. Passée l'émotion de la perte d'une figure devenue familière, l'agacement commençait à nous submerger quand d'autres événements « people » ont chassé celui des funérailles de Jean Paul II...
l'ensemble de ses écrits et des ses actes qui révèlent une distance à l'idéologie d'une raison adulte telle que l'a pensé et annoncé l'Aukklârung... et une donc une opposition à la démocratie. Son dernier ouvrage, Mémoire et identité, même s'il n'est pas de sa main, révèle clairement cette ligne de pensée. Le cardinal Ratzinger dans une conférence donnée à Subiaco[l] le premier avril denier juste avant la mort du pape, affirme que les pensées modernes, opposées à la métaphysique, ne laisseraient aucune place à Dieu... à moins que ce ne soit le contraire... que Dieu ne trouve dans la postmodernité la place qu'il désire, non celle du bouche trou d'un monde en manque d'inquisiteur qui dirait le bien et le mal préétabli par avance, mais celle de la relation gratuite d'un Dieu amoureux qui nous accompagne dans la recherche du beau ! Dans cette perspective, ce n'est pas la place de Dieu qui est réduite, c'est celle du clergé ! Le cardinal a beau dire qu'il estime la raison, pourquoi donc refuser le dialogue avec Mais il est sans doute possible de relire ceux qui pensent autrement ? Pourquoi avoir cette semaine de funérailles pontificales clôt le débat sur la situation des femmes, des comme le résumé de vingt six ans d'un divorcés remariés, des homosexuels, sur la règne d'autant plus complexe que question des ministères... La raison d'Eglise beaucoup auront trouvé réconfort dans les serait-elle prise en défaut sans paroles de ce Pontife. Qui, autre argument que son plus à droite, se sera réjoui autorité déversant son fiel sur de sa lutte contre La raison d'Eglise la libre pensée ? l'avortement, le divorce, serait-elle prise en l'homosexualité ou toutes les Le vaticaniste Giancarlo défaut sans autre Zizola « compare l'Eglise de attaques contre la famille bourgeoise occidentale. Qui, Jean Paul II à une bulle argument que son plus à gauche, aura entendu autorité déversant spéculative, à l'image des avec plaisir ses critiques phénomènes vécus par les son fiel sur la libre contre le néo libéralisme ou marchés financiers avant un pensée ? la guerre en Irak... Le Pontife crak... Une Eglise dopée »[2]. est celui qui fait des ponts et Jean-Paul II aura été un pape sa messe de funérailles aura médiatique... jusqu'au bout, y certes rassemblé des hommes et des compris pour montrer sa résistance à la femmes, notamment des responsables maladie, il aura aimé être devant l'objectif mais que reste-t-il de cette « bulle politiques, que tout oppose. Mais pour un moment. Celui d'une illusion ? Car la médiatique ». Nous sourions - jaune - quand les journalistes parlaient d'un pape qui a plupart de ceux et celles qui étaient présents n'ont pas lu Jean Paul II et n'ont sans doute favorisé le dialogue interreligieux... alors qu'il n'a jamais cessé de clamer que l'Eglise pas pris le temps de discerner la philosophie, la théologie sous jacente à possède la vérité et que le dialogue ad extra (et avril 2005 hors série Golias
avant de demander avec la même force sa crucifixion... Cette semaine, elles criaient « santo subito » mais tous ceux et celles qui étaient rassemblés place St Pierre, notamment les jeunes, voulaient-ils vraiment abandonner l'exercice de leur libre pensée ? Il est curieux que les média, eux aussi, se soient laissés prendre au piège de l'émotion en négligeant l'analyse de ce que le pontificat de Jean Paul II a modifié dans l'Eglise... Et si après ce pape et avec ceux qu'il a mis en place, nous retournions à l'idéologie de la chrétienté du Moyen Âge... Il nous faudra comme toujours faire confiance à l'Esprit... On se consolera aussi face à cette déferlante en pensant que le Moyen-Âge est une période de profonde ebullition qui prépara la Renaissance... Pas si mal ! Et n'oublions pas que ce fut aussi l'époque de la naissance des Goliards ! A bon entendeurs, salut ! Messieurs les Cardinaux...
m encore plus ad intra) n'a jamais été autant en panne depuis Vatican II ! Clément d'Alexandrie avec son « troisième testament » pour les grecs était plus en avance que notre défunt pape... Quant aux successeurs... Les cardinaux Ruini et Ratzinger semblent mener une véritable OPA sur les courants les plus « progressistes » du conclave... Le cardinal Kasper lui-même, en charge du dialogue interreligieux fait marche arrière. Dans cette perspective, il ne s'agira plus de demander pardon au monde pour les fautes de l'Eglise mais de demander pardon à Dieu pour les « compromissions » des chrétiens qui auraient oublié la vérité du dogme et de la morale ! Depuis longtemps à Golias nous ne cessons d'alerter sur le possible retour désiré par Rome d'une chrétienté dans laquelle la foi révélée et dûment interprétée par les autorités compétentes aurait force de loi... Si Jean Paul II a raison de nous rappeler que la démocratie peut conduire à la dictature, c'est pour aiguiser notre attention et non pour nous jeter en pâture à la théocratie ! On sait bien ce que peuvent faire les foules. Un jour elles crient « hosanna au Fils de David » avril 2005 hors série Golias
Nous serons toujours là pour dire et vivre, akairos eukairos la liberté des enfants de Dieu ! Contre tous les gourous ! Contre tous ceux qui prétendent avoir, seuls, la vérité ! La marge ne nous fait pas peur, même si elle implique la dissidence ! Puisse le Nouvel Evêque de Rome avoir la trempe de Paul pour rappeler que la communion fraternelle ne se vit que dans la liberté de la foi, jamais dans la rigidité mortifère de la loi ! Golias
[1] Haut lieu de la tradition bénédictine où il recevait le « Prix Saint Benoît pour la Promotion de la vie et de la famille en Europe ». [2] Entretien avec jAna Fernandez, AFP 3 mars 2005.
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GRAND ANGLE
Et si le pire était à venir... Que conserver de l'héritage du pape défunt ? Les cardinaux Ratzinger et Ruini voulant imposer leur ligne et leur projet pour le prochain. C'est la bataille du conclave qui s'ouvre. Grâce à Jean-Paul II, l'Eglise catholique romaine a conquis le centre de la scène mondiale. Les responsables de l'Eglise de l'après Wojtyla voulant continuer son oeuvre, un trésor à faire fructifier pour les cardinaux Ruini et Ratzinger, ces derniers mois, ont "géré" la vacance du pouvoir au Vatican, au nom de la totale confiance que leur faisait Jean Paul IL Accompagnant l'agonie du pape, Joseph Ratzinger et Camillo Ruini se sont alors produits en analyse de géopolitique religieuse, s'essayant à tracer les scénarios présents et futurs pour l'Eglise et le monde. Joseph Ratzinger l'a fait en particulier le 1er avril, la veille de la mort de Jean Paul II, lors d'une conférence à Subiaco, le coeur du monachisme occidental et de Saint Benoît, père et patron de l'Europe chrétienne. Dans une organisation comme l'Eglise, la mémoire est un langage essentiel lorsque le pape Wojtyla s'est présenté au monde comme le guide appelé par Dieu pour faire entrer l'Eglise dans le Troisième millénaire, le parallèle obligé emprunté par certains observateurs fut ce qui se réalisera en Europe après l'an Mille. Le philosophe Philippe Nemo, notamment, dans son livre sur la naissance de l'occident moderne, le désigna même sous l'appelation de "Révolution papale". Grégoire VII, moine et pape, est le protagoniste le plus connu de cette révolution qui s'est produite au XI° siècle, mais en réalité, elle fut une entreprise collective qui dura plusieurs décennies et concerna tout à la fois et ensemble des dimensions religieuses, culturelles et politiques. Cette révolution commença avec un redressement et un "nettoyage" d'inspiration rigoriste, semblables à ceux invoqués par le cardinal Ratzinger lors de ses "méditations pour le Chemin de Croix du Vendredi Saint dernier. La révolution initiée par Grégoire VII continua avec un défi lancé
aux responsables du pouvoir temporel, au nom du principe de la liberté. Elle gagna son pari grâce à une récupération théologique géniale et l'inscription de la philosophie scientifique grecque et du droit romain dans le corps de la doctrine chrétienne. A partir de cette révolution, l'Europe moderne prit corps, dans le cadre d'une synthèse inédite entre les héritages d'Athènes, de Rome et de Jérusalem. Et c'est toujours grâce à cette Révolution que l'Europe a pu relever la confrontation avec les autres civilisations du monde : islamique, indienne, chinoise, même si elle provoqua le schisme avec les Eglises orthodoxes d'Orient qui ne supportaient pas la primauté renforcée du pape romain. Le pape Wojtyla avait lui-aussi cette intuition primordiale : c'est au début du Troisième millénaire que l'Eglise doit faire sa révolution. En effet pour la pape défunt, les temps étaient mûrs pour un nouveau passage de civilisation, avec à sa tête l'Eglise de Rome et comme théâtre, non seulement l'occident mais le monde. D'où une débauche de signes et de geste que Jean Paul II considérait à ses yeux comme prophétiques : ses voyages jusqu'aux confins du monde ; le défi lancé aux nouveaux empires du mal, politiques et culturels ; les rencontres interreligieuses d'Assise sans oublier ses "mea culpa" pour les fautes du passé. Or, si au prochain conclave triomphe la ligne défendue et théorisée par Ratzinger, Ruini et d'autres hauts dirigeants de l'Eglise solidaires avec eux de ce projet, deuxième volet de l'oeuvre commencée et initiée par Karol Wojtyla. Le successeur de Jean Paul II héritera de son intuition de fond et de son oeuvre encore en chantier, même s'il les fera fructifier avec des modalités forcément différentes. Ainsi, nombre des gestes de Wojtyla, les plus universellement appréciés et qui ont marqué son pontificat, ne seront pas repris. Et à ce titre, il convient de se référer à un discours tenu en octobre 2002 par le cardinal Ruini en Pologne, à Lublin précisément, au sein de l'université où Karol Wojtyla a enseigné. La conférence du vicaire de l'évêque de Rome est en réalité l'annonce de ce que le conclave fera de l'oeuvre de Jean Paul II : choisir entre les éléments avril 2005 hors série Golias
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CONCLAVE
à garder et ceux qu'il faut "laisser tomber". Le thème du discours du cardinal iatlien abordait le bilan des 24 années de pontificat de Karol Wojtyla. Dans sa réflexion, le président de la conférence des évêques italiens mettait très fortement en valeur quelques éléments centraux de l'action de Jean Paul II, alors qu'il en relativisait d'autres quand il ne les passait pas sous silence.
confusionisme où indistinctement se mélangent différentes religions et encore moins sur le relativisme dans lequel toutes les religions se valent". Quant aux "mea culpa", le pape Wojtyla s'est souvent trouvé en minorité avec les plus hauts sommets de la hiérarchie de l'Eglise. En 1994, par
En revanche, sur un autre plan, il formulait une
exemple, il consulta les cardinaux et leur soumis son projet de demander pardon publiquement
proposition inédite, parmi des gestes jugés caducs, le cardinal Ruini citait les rencontres
pour les fautes des "fils et filles de l'Eglise" au cours de certaines périodes de l'histoire.
interreligieuses d'Assise, les "mea culpa", les Il fut submergé d'objections. L'archevêuqe de nombreux et incessants voyages à travers le Bologne, par exemple, à l'époque le cardinal monde, les grands rassemblements de masse et le Giacomo Biffi, adressa publiquement ses critiques très important nombre de saints et béatifiés. En dans une lettre pastorale à ses fidèles. Là aussi, le effet, force est de constater que chacun de ces gestes pape eut recours à l'aide du cardinal Ratzinger qui pensés et voulus personnellement par Jean Paul II, publia en mars 2000 un document théologique qui faisaient déjà au départ l'objet de fortes rserves au répondait point par point à toutes les objections. plus haut niveau de la hiérarchie Or, le plus curieux dans ce texte, de l'Eglise et que les critiques sont est que les objections sont toutes allées en s'amplifiant les années Le successeur de Jean richement argumentées alors que suivantes. les réponses apparaissent d'une Sur les rencontres d'Assise, en
Paul II héritera de son intuition de fond et de son oeuvre encore en chantier, même s'il les fera fructifier avec des modalités forcément différentes.
particulier, les oppositions au sein de la curie et du Sacré Collège (les cardinaux) furent d'une telle intensité qu'elles conduisirent Wojtyla à opérer un réajustement sensible de la ligne de son pontificat. La crainte notamment que de ces rencontres entre responsables des religions du monde constituent une sorte d'ONU des croyants conduisant à la confusion et à une dérive de la mission de l'Eglise amena le cardinal Ratzinger, à émetter une sentence doctrinale comme antidote au risque de "relativisme" théologique et spirituel du message de l'Evangile transmis par l'Eglise catholique. Ainsi, le responsable allemand de la Congrégation pour la doctrine de la foi promulga-t-il l'encyclique "Dominus Jésus" (5 septembre 2000) en pleine Année Sainte, sur un mode qui ne doit plus offenser l'Eglise à savoir : la foi catholique en Jésus Christ est l'unique et seule voie de salut pour les hommes d'aujourd'hui. Plus récemment, toujours au sujet des risques du dialogue interreligieux , les chefs de file du courant progressiste dans ce domaine, le cardinal Kasper (responsable à la curie de l'oecuménisme) et le général des jésuites, Peter Hans Kolvenbach se sont re-positionnés sur une ligne complètement intransigeante "un vrai dialogue ne peut se réaliser sur la facilité du avril 2005 hors série Golias
grande faiblesse et peu convaincantes. Le cardinal Ratzinger écrit en particulier que Jésus (citation à l'appui de l'Evangile Matthieu 23,29) luimême ne tolérait pas qu'on juge les protagonistes du passé avec la conscience d'aujourd'hui : "gare à vous, scribes et pharisiens hypocrites qui dites : "Si nous avions vécu au temps de nos pères, nous ne nous serions pas associés à ceux qui ont fait verser le sang des prophètes"." Toutefois, cela n'empêcha pas le pape de donner libre cours à sa décision d'un "mea culpa" de l'Eglise catholique. Et, pour les tenants de la ligne dure, sans aucune réciprocité de la part des gouvernants et responsables d'autres religions impliquées dans le passé des persécutions anti chrétiennes... Ceci ne signifie pas pour autant que le successeur de Jean Paul II abolira les "mea culpa" de l'Eglise catholique. Il en prononcera sûrement d'autres, mais de manière complètement différente de ceux énoncés par le pape Wojtyla si l'on en juge par la lecture du discours du cardinal Ratzinger lors du Chemin de Croix, au Vatican, le Vendredi Saint dernier. Dans ses méditations sur la Passion du Christ, le cardinal allemand indique que c'est une Eglise qui demande pardon non pour les fautes du passé, mais pour celles d'aujourd'hui.
la foi (catholique) à l'âge des mutations". Quant au cardinal Ratzinger, dans sa conférence à l'abbaye de Subiaco, il était porteur d'un message encore plus radical. Il a en effet, soutenu que la culture développée aujourd'hui en Europe "constituait dans l'absolu la contradiction la plus radicale non L'opprobe pèse désormais sur ton Eglise. Nous seulement au niveau du christianisme, mais sur le sommes nous même salis par ces tâches qui plan des traditions religieuses et morales de s'étalent et imbibent le tissu de la ^^^^^^^^^ l'humanité entière".Un autre communauté ecclésiale. Nous changement prévisible suite à sommes en train de te trahir un peu l'héritage de Jean Paul II, De l'héritage du pape plus chaque jour, et ce, malgré la concerne celui du démonstration de nos paroles et de défunt, son gouvernement de l'Eglise. Selon nos actes. Seigneur, ai pitié de ton successeur continuera une opinion désormais Eglise !". A cet instant précis et à la bataille sur laquelle largement partagée au sein du d'autres étapes du Chemin de sacré Collège, le pape Wojtyla a il s'est le plus investi : Croix, le cardinal Ratzinger n'a eu poussé à l'extrême le principe contre le mal de de cesse de faire entendre sa de la primauté du Siège de demande de mettre l'Eglise en l'occident dont Pierre. situation ou de pénitence et de l'idéologie dominante Or, cette posture vient se purification, à commencer par ses sur sa conception de cadres, du clergé aux évêques ; bref, télescoper avec la requête et la l'homme, de la le message envoyé est clair : avec demande qui monte dans un nouveau pape élu pour naissance à la mort, l'Eglise de Rome, au sujet de l'extension d'un autre principe, reprendre vigoureusement en main n'était plus à même le gouvernement "ordinaire" de celui de la collégialité de distinguer le bien épiscopale. Sur cette question, le l'Eglise, quelque peu oublié par du mal. cardinal Carlo Maria Martini est Jean Paul IL le prélat qui a les vues les plus De l'héritage du pape défunt, son avancées du Sacré Collège. successeur continuera la bataille sur Qu'on se rappelle son discours mémorable lors du laquelle il s'est le plus investi : contre le mal de l'occident dont l'idéologie dominante sur sa synode des évêques en 1999. Or, la nouveauté de ces dernières années, est venu du côté de l'aile conception de l'homme, de la naissance à la mort, conservatrice du Sacré Collège. n'était plus à même de distinguer le bien du mal. Le cardinal Ruini s'est avancé dans cette Cette bataille ne fera l'objet d'aucune trêve lors du prochain pontificat. Pis, l'importance des direction lors de sa conférence à l'Université de interventions sur ces questions (dans les derniers Lublin en 2002. D'autant qu'il a relancé le débat mois qui ont précédé l'agonie de Karol Wojtyla) des dans son dernier livre en préconisant l'idée d'une cardinaux Ratzinger et Ruini s'est accompagnée réforme du gouvernement de l'Eglise qui fasse "la aux plus hauts sommets de la hiérarchie de l'Eglise synthèse entre la perspective centrée sur le collège de la montée en puissance d'un consensus sur leurs des évêques, telle qu'elle prévalait dans le premier millénaire et celle de la primauté pontificale qui a positions. Pour le cardinal Ruini, la "question sous tendue l'organisation et l'autorité de l'Eglise a n t h r o p o l o g i q u e " , l e n o u v e a u c o n fl i t contemporain concernant la vision de la vie et de catholique au cours du second millénaire. Nous l'homme "influera sur notre avenir, y compris celui sommes entrés dans le troisième millénaire. du christianisme en occident et dans le monde, de Et avec lui le projet sur lequel le conclave est manière encore plus profonde et plus durable" et appelé à se prononcer ; une nouvelle Révolution ce, à la hauteur du conflit mondial avec le papale, pour l'Eglise et pour le monde. terrorisme islamiste. Et ce parcours, elle ne le demande pas au monde, mais à Dieu : "Seigneur, je te confie ton Eglise qui ressemble à un navire qui coule... Et là où tu vas semé les germes de l'espérance, nous voyons davantage de zizanie et de confusion.
Le vicaire de l'évêque de Rome, l'a lui même écrit et développé dans son dernier livre, sorti le mardi de Pâques, quatre jours avant la mort de Jean Paul II : "Nouveaux signes des temps. Les défis de
Christian Terras
avril 2005 hors série Golias
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Uagenda du futur pape Les enjeux du Conclave
L'agonie a ses ruades. En langue politique, cela s'appelle la réaction. Cette phrase s'applique peut-être à un certain catholicisme intransigeant qui malgré l'érosion de l'Histoire se cabre et semble même se fortifier. Il a connu une nouvelle vitalité sous le pontificat désormais achevé. En réalité il dissimule une multitude d'enjeux et comme tous les effets de retour, il recouvre d'un vernis un peu artificiel les évolutions les plus profondes et les plus décisives de la société. Le monde crie et bouge et l'Eglise ne peut se contenter de replaquer de manière artificielle des solutions anciennes et rigides sur des problématiques inédites et complexes. On a souvent présenté Jean Paul II comme un pape aux deux visages. En réalité, plutôt que Janus ou Protéiforme, Karol Wojtyla incarnait une nouvelle variante de l'intransigeantisme. Sous la modernité de certaines attitudes se dissimulait une vision très hiérarchique et très figée du catholicisme et de ses implications morales. Dans la forme Jean Paul II aura été sans aucun doute un orateur affirmé et audacieux ; quant au fond même de sa vision théologique philosophique, il s'en est toujours tenu à des positions sévères, rigides et très classiques. Un exemple : l'initiative de réunir les religions à Assise en 1986, en soit inédite et audacieuse était complétée par une réaffirmation très forte de l'exclusive catholique de la vérité et du salut. En outre, il s'agissait aussi de faire front contre un ennemi commun : le monde sécularisé et permissif, ce qui légitimait des alliances de circonstance. avril 2005 hors série Golias
Il y a sans doute un élément très nouveau que l'on ne soulignera jamais assez et qui est lié au développement des moyens de communication. Avec Jean Paul II, ce n'était plus tant la papauté placée au premier plan, mais la singularité particulière de l'homme mis en scène et qui se mettait en scène. Sans doute, cette évolution remonte plus loin dans le temps. Elle s'est amorcée avec Pie XII et s'est accentuée avec Jean XXIII, elle s'est un peu ralentie sous le pontificat de Paul VI indéniablement humble et rétif à la médiatisation. Jean Paul II, ancien acteur de théâtre, a su utiliser le plus possible les moyens de communication. En même temps, la médiatisation a façonné un autre visage de l'Église favorisant l'apparence plutôt que le fond de la réflexion. Dans une société de
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spectacle, des positions affirmées peuvent passer plus facilement que des réflexions nuancées ou des débats subtils. C'est pourquoi, il y a eu comme une fusion entre cette société du spectacle et le néointransigeantisme du pape Wojtyla qui s'apparente parfois davantage à une sorte de « training » qu'à un enseignement circonstancié et nuancé. D'où le succès des rassemblements avec les jeunes. D'où également la sur-médiatisation de la maladie, de la mort et des funérailles du pape polonais.Thomas Pouzin du groupe catholique rock Glorius, n'hésite pas à dire « Franchement je n'arrive pas à imaginer la soutane blanche avec une autre tête dessus » (Le Monde du 8 avril 2005). Il ne semble pas se rendre
intransigeante du pontificat. Elle illustre plutôt une stratégie pour refonder et rejustifier autrement un tel intransigeantisme, la vieille apologétique auto justificatrice du chef de l'église romaine ayant trop de plomb dans l'aile. Un autre aspect du pontificat a été présenté comme nouveau et positif : l'insistance sur le dialogue. Là encore, à notre avis, les choses se présentent de manière plus complexe. Il y a une conception du dialogue comme stratégie, comme moyen pour lier contact et au bout du compte convaincre l'autre, et l'amener à sa vérité que l'on croit être La Vérité. Mais il y a une deuxième vision
compte, se croyant bon catholique, qu'il se place là en décalage par rapport au passé de la papauté où la personnalité du pape importait très peu et ou ce qui comptait était davantage la référence symbolique, culturelle et magistérielle qu'il représentait. Agostino Paravicini Bagliani dans son livre consacré au corps du pape montre bien que dans les siècles passés l'homme élu n'importait pas beaucoup. Ainsi une fois mort, son cadavre était presque laissé à l'abandon. C'est ce qui arriva à la pauvre dépouille du pape Innocent III (pourtant l'un des plus influents de l'histoire) laissée nue, à l'abandon, ses parures ayant été dérobées. La focalisation autour de Karol Wojtyla comme homme et de sa présence médiatique éclipse le sentiment d'une continuité de l'Église qu'elle que soit celui qui est à sa tête. Ainsi, paradoxalement, ce pape qui a prodigieusement consolidé, par rapport à Paul VI, une sorte de statut de monarque absolu en liant trop la fonction et la personne, aura aussi rendu mortelle et fragile l'autorité du Souverain Pontife. Outre, cette nouveauté, on doit relever cette initiative de Jean Paul II d'une repentance de l'Église qui la situait en porte à faux par rapport aux cardinaux les plus conservateurs comme Giacomo Biffi et même sans doute Josef Ratzinger. Le progressisme d'une telle initiative reste pourtant relatif. En effet, le repentir ne concerne pas l'Église comme telle, comme institution ou comme système, mais certains de ses membres passés ("Les fils et le filles de l'Eglise"). En outre, la même repentance qui s'applique à des faits anciens a été soigneusement évitée pour les conduites actuelles. Il y a comme une sorte de ré légitimation secrète des choix présents au travers de la coulpe battue sur la poitrine d'aïeux disparus. Autrement dit, la repentance ne contredit pas l'orientation
du dialogue qui consiste non seulement à écouter l'autre mais à se laisser instruire et changer par lui. Ce qui distingue une position intransigeante, intelligente et habile d'une position vraiment libérale, ce n'est pas aujourd'hui le refus ou la promotion du dialogue. C'est la conception que l'on se fait de ce dialogue. En l'occurrence, en bon intransigeant, Karol Wojtyla a certes beaucoup écouté les gens qu'il rencontrait, prenant même tout son temps, mais pour en définitive revenir toujours à la Vérité splendide et granitique qui l'habitait. En ce sens, « Dominus Jésus » sur le dialogue interreligieux, limitant ce dernier, n'est pas du tout en opposition avec l'attitude du pape Wojtyla. Il s'agit encore une fois de donner toute sa place au dialogue... mais selon la conception avril 2005 hors série Golias
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CONCLAVE
strictement limitée d'une vérité doctrinale morale et disciplinaire que l'on possède et que l'autre ne possède pas, ou qu'il possède en partie. Ce que nous avons essayé d'établir là, c'est que les traits nouveaux du pontificat par rapport au pape passé n'infirment pas l'orientation intransigeante et intégraliste globale. Nous sommes en présence d'un néo-conservatisme, c'està-dire d'un conservatisme assez astucieux pour se servir d'autres moyens mais aux mêmes fins. Comme le prince Salina du « Guépard » célèbre roman de l'écrivain sicilien Lampedusa, Jean Paul II pourrait dire : « Il faut bien que quelque chose
plus important, tous ceux qui tournent autour de la marche interne de l'Église. Il s'agit là de la répartition des pouvoirs, des charges confiées aux différentes personnes, du recrutement du personnel de l'Église, des activités internes au monde catholique. Le deuxième pôle est celui du dialogue avec les autres religions et les autres visions de l'existence, sagesse et philosophie, qui
n'acceptent pas le dieu transcendant des monothéismes. Le troisième pôle, le plus décisif sans doute, gravite autour de toutes les questions décisives pour l'humanité toute entière. Il s'agit en premier lieu des enjeux géopolitiques, de la paix et de la guerre. Il s'agit encore de la justice sociale, des change pour que tout demeure identique ». questions autour de la mondialisation, de la dette Il nous semble, ces des pays du Tiers-monde. Il s'agit prolégomènes posés, pouvoir à enfin de la vie affective des Le plus intéressant présent tourner la tête vers hommes et des femmes et des l'avenir. Le pape est mort ! pourtant ne sera pas questions afférentes. Laissons les morts enterrer les de quantifier la part Nous ne considérons pas ces morts. Selon une tradition
de rupture et celle de
question dans l'abstrait dans leurs ancienne de l'église romaine, les continuité. Ce qui tenants et aboutissements neuf jours qui suivent la mort du théoriques mais en rapport étroit compte, c'est qu'un pape, on doit faire mémoire de lui avec les chances réelles d'une et ne pas parler du successeur ni dynamique libératrice évolution du catholicisme en du futur. En revanche, après cette et créatrice viennent tenant compte des personnalités neuvaine de deuil, il ne faut plus réanimer le vrai corps engagées (surtout des prétendants se souvenir du pape précédent et de l'Église. à la papauté) et des luttes diverses tourner définitivement la page. et variées qui se mêlent C'est ce que nous voulons faire ici ouvertement ou en catimini à cet en évitant de ressasser un bilan certainement riche et complexe et en privilégiant égard. Les enjeux et les défis particuliers ne les vocations des grands défis. Sans doute, un peuvent pas simplement être traités isolément. Ils certain nombre d'entre eux se situeront dans le sont diversement abordés en fonction d'une double vision possible de la référence chrétienne. Il nous prolongement de ce qu'a fait Karol Wojtyla : la semble qu'il y a deux façons très différentes de présence aux médias, le dialogue interreligieux et concevoir l'attachement au christianisme et à interconfessionnel, les grandes questions l'Évangile qui traverse aujourd'hui le catholicisme. politiques, le combat pour la paix, etc. Le premier porte surtout sur l'affirmation d'une Sur d'autres questions, il semble que le transcendance extérieure, d'un vis-à-vis réel et successeur devra peut-être prendre le contre-pied contraignant qui tente à hypostasier comme un end'un certain nombre de choix, découlés de la vision soi, l'univers de la foi et de la pratique chrétiennes. intransigeantiste et intégraliste du pape défunt. Le La seconde vision est plus sensible à l'incarnation. plus intéressant pourtant ne sera pas de quantifier Autrement dit, Dieu s'est fait homme et c'est dans la part de rupture et celle de continuité. Ce qui l'humanité concrète, dans son épanouissement et compte, c'est qu'une dynamique libératrice et dans son dépassement créateur et libre que l'amour créatrice viennent réanimer le vrai corps de l'Église de Dieu se manifeste et se déploie. En gros, la qui n'est pas la dépouille d'un pontificat passé, première vision correspond assez bien à la mais l'assemblée vivante des chrétiens et aussi, en théologie conservatrice. La seconde supporte un certain sens, toute l'humanité qui cherche, qui davantage les revendications progressistes. On ne aime, qui espère et qui doit parfois combattre. peut oublier qu'un grand nombre de personnes et Nous avons classé les enjeux et les défis en fonction de courants sont en fait mixtes. Il n'en reste pas de trois pôles : en premier lieu, et ce n'est pas le moins que ce clivage n'a rien de byzantin et avril 2005 hors série Golias
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débouche forcément sur des affrontements, alors même que l'on tente de les dissimuler sous un manteau de Noé pudique. L'affrontement éventuel entre une tendance plus conservatrice et plus intransigeante et une tendance plus progressiste et plus libéral ne se limite donc pas à des contextes circonstanciés particuliers ; il illustre des visions de l'existence de l'homme, de Dieu, de la liberté, en fait assez antagonistes. C'est pourquoi, même si la culture romaine évite en général les affrontements, si elle vise plutôt à les dépasser en une sorte de consensus un peu flou (lo sfumanto), pour autant, une dynamique ne peut naître que dans un sens ou dans un autre. Trop d'équilibre entre les contraires conduirait à l'inertie et à l'insignifiance pour paraphraser Monsieur de Talleyrand : « Tout ce qui est exagéré est insignifiant, mais est également tout ce qui peut l'être ne l'est pas assez ». C'est pourquoi, même si c'est sous un mode feutré et sur le ton le plus badin, le prochain pape est condamné à choisir entre une logique de l'intransigeance dogmatique et doctrinale et une logique de l'existence humaine.
Défis internes à l'Église A l'évidence, l'hypertrophie du pouvoir romain ne permet pas de donner des solutions adaptées à des problèmes plus particuliers et à des situations locales. L'une des attentes à améliorer serait d'une part, de promouvoir la collégialité au niveau universel, c'est-à-dire que les évêques soient davantage associés aux décisions qui concernent toute Église. Une autre attente concerne la subsidiarité effective au niveau local, c'est-à-dire que les échelons sulbaternes puissent prendre des décisions sans forcement en référer à la Curie et au pape. Sur ce deuxième aspect, il faut toutefois admettre une nuance. Un contre poids est toujours
nécessaire, quelque soit le niveau du pouvoir exercé et il serait dangereux de renforcer le pouvoir d'un évêque local sans contre partie démocratique. Un passage pur et simple d'une monarchie absolue à une oligarchie autoritaire n'arrangerait rien à la situation actuelle. Une véritable décentralisation du pouvoir devra s'accompagner d'une promotion démocratique à tous les échelons. L'une des premières étapes pourrait être que les conseils consultatifs deviennent de véritables conseils législatifs et exécutifs. C'est en particulier la possibilité de faire du synode des évêques un organe permanent (avec un certain nombre de représentants nationaux) qui prendrait collégialement des décisions importantes sous la présidence du pape qui ne serait pas seul à trancher. Les cardinaux les plus libéraux comme Martini, Danneels et O'Connor se sont engagés fortement en ce sens. La Curie autour de Sodano y est absolument hostile. Mais d'autres prélats, comme le cardinal Pompedda pensent déjà à une solution en quelque sorte intermédiaire, c'est-àdire infuser un peu plus de collégialité qu'actuellement mais en maintenant un certain nombre de gardes fous. De toute manière, le rôle et l'importance de l'organe central (la curie) et des nonces dans les différents pays devront être revus d'une part, à la baisse et d'autre part dans le sens non pas de directives autoritaires à donner mais de médiations, de concertations à favoriser. La culture gouvernementale contemporaine de la gouvernance supporte mal les verticalités et privilégie au contraire les médiations horizontales et les décisions fondées sur les échanges égalitaires. Il y a donc une petite révolution à faire dans Église catholique. Elle passe également par d'autres moyens de désignation des responsables y compris peut-être un changement du mode d'élection du pape dans le futur. Actuellement, seuls des cardinaux élisent le pape : or les cardinaux sont avril 2005 hors série Golias
CONCLAVE tous nommés par ce dernier. Il faudrait au moins tempérer cette désignation verticale par la désignation comme membres du conclave, de présidents de conférence épiscopale et de supérieurs religieux, lesquels ont l'avantage d'être élus par leurs pairs. De même pour la désignation des évêques, indépendamment même des erreurs de casting qui ont trop souvent eu lieu, il serait bon que différentes instances soient associées non seulement à la consultation mais à la décision. L'idée d'un suffrage universel semble difficile à mettre en pratique. Mais il y a des formes intermédiaires de démocratisation qu'il serait urgent de mettre en œuvre. Par exemple, qu'un diocèse en attente d'évêque se réunisse en synode avec des délégués élus et que les candidats proposés, par exemple, à partir des listes concoctées par les évêques en place, négocient un vrai programme pastoral et qu'ils s'engageraient à respecter pour une durée déterminée, avec possibilité de révocation par un conseil pastoral diocésain au cas où l'évêque ferait cavalier seul et n'en tiendrait pas compte.
démocratique du peuple de Dieu dont il n'est pas propriétaire et dont il ne peut déterminer verticalement la forme et le contenu. A l'évidence, un telle mutation du ministère dans l'Église pourrait bien inclure les aspects suivants : son ouverture aux femmes, sa fragmentation en des formes plus nombreuses que celles actuellement connues : presbytérat, épiscopat, diaconat, sa limitation en durée dans un très grand nombre de cas, sa conciliabilité avec une profession dans la cité et divers engagements. C'est donc l'ensemble de la théologie de la pratique et du ministère qui devra se mettre en place autrement et non pas seulement un ravalement de façade qui change les choses. Hélas, Jean Paul II a tout verrouillé déclarant même que jamais une femme ne L'idée d'un suffrage pourrait être ordonnée universel semble prêtre. L'évolution sera donc plus difficile à mettre en difficile ; elle passera peut-être par pratique. Mais il y a des crises assez virulentes. Il n'est
des formes intermédiaires de démocratisation qu'il serait urgent de mettre en œuvre.
La question du ministère des prêtres est plus vaste et plus compliquée. Il n'y a pas que le recrutement, même si le problème est brûlant. Il y a l'exercice effectif du ministère qui devrait être considéré d'une part, davantage en fonction des attentes et des aspirations réelles du peuple de Dieu et d'autre part, en fonction des capacités effectives et des aspirations légitimes à l'épanouissement personnel du prêtre concerné. Cela suppose que les missions soient négociées et non imposées. Cela suppose aussi qu'un curé ne soit pas nommé, sans qu'il ait déterminé avec les représentants de l'assemblée chrétienne du lieu, un cahier des charges acceptable par tous. Cela suppose aussi que le prêtre garde une autonomie privée qui passerait par l'autonomie financière dans un certain nombre de cas, et par le droit respecté à avoir une vie affective de son choix, y compris aux yeux de tous. On le voit, ce serait une révolution énorme, au moins pour le deuxième aspect. La suppression de l'obligation du célibat clérical, l'ordination d'hommes mariés ne suffisent pas : c'est le statut même du clerc qui doit faire place à celui de l'homme-ministre, c'est-à-dire d'un avril 2005 hors série Golias
homme qui accomplit librement sa singularité légitime et qui en même temps considère ce qui est de l'ordre de la mission comme un service
pas certain qu'on trouverait parmi les papabile un cardinal vraiment décidé à lester le modèle clérical du ministre catholique. La vie religieuse sous ses
multiples formes devrait aussi connaître des réformes, sans doute. L'égalité d'exigence entre les branches masculines et féminines ou l'engagement en temps partiel. Les difficultés rencontrées par les personnes qui quittent la vie religieuse, contraintes et forcées ou par choix, demandent de toute façon qu'un tel engagement de l'ordre du charisme soit repensé pour plus de liberté et d'authenticité personnelle. Les différents problèmes posés par les nouveaux mouvements comme les Focolari, le Chemin néo-catéchuménal, mais aussi par des familles religieuses comme les Légionnaires ou par l'Opus Dei appelleront une vigilance critique de la part du futur élu. Il est assez probable qu'un candidat trop lié à l'une de ces familles spirituelles disputées aura plus de mal à se faire élire. Ainsi, sont exclus de la rose des papabiles les deux membres de l'Opus Dei, Herranz et Cipriani. Des cardinaux en vue par ailleurs, devront montrer qu'ils savent prendre leurs distances par rapport à la famille spirituelle dont ils sont proches : c'est le cas de Vlk et des
-MHïïiMB. d'ailleurs prudents et modérés, comme Kùng, Schillebeeckx, Gutierrez, Dupuis, Boff, Bulanyi, Légionnaires du Christ, pour ne parler que des Haering, Curran, Martiano Vidal, Fox, Balasuriya, ou Drewermann constitue de toute manière un principaux. scandale pour des esprits éclairés et libres. Le pape Le pape Wojtyla avait beaucoup misé sur ces devrait faire repentance pour cet obscurantisme troupes qui lui paraissaient plus fidèle que les déplacé et destructeur. Pour autant les débats paroissiens de base, l'Action catholique, le clergé restent ouverts, l'essentiel demeure dans diocésain dans son ensemble et les ordres plus l'ouverture. Personne ne prétend avoir le dernier anciens. De fait, le successeur devra d'une certaine mot et enfermer la Vérité dans sa propre manière faire avec. Ces nouveaux mouvements, compréhension. Même pas au nom de l'Église. La avec des sensibilités différentes ont souvent en rupture avec un esprit de dogmatisme et commun une vision intégraliste, moralisante, d'arrogance reste le préambule obligé à toute intransigeante et parfois culturellement simpliste réforme interne de l'Église. De toute manière, c'est du catholicisme. En outre, le fondamentalisme l ' e n s e m b l e d e s p r o p o s i t i o n s d o c t r i n a l e s moral que nombre d'entre eux défendent donne catholiques qui seront à revisiter de manière à ce une image de l'Église dont le qu'elles prennent un sens plus existentiel et beaucoup plus prochain Souverain Pontife devra L'autorité magistérielle actuel. Sans doute cette tâche se démarquer. Les groupes ne serait plus d'exercer n'est-elle pas d'abord celle du traditionalistes stricto sensu, sous le mode de la Souverain Pontife davantage moins nombreux, mais pour ce contrainte sur ce qui il gardien d'une tradition motif finalement moins difficiles à faut croire, mais sur qu'éclaireur de chemins inédits. gérer car très à part, posent des celui de la proposition, En même temps, il serait problèmes spécifiques que Jean Paul II a voulu résoudre par de de l'échange, et de la souhaitable que le Magistère larges reconnaissances recherche plutôt que de condamner et canoniques, parfois imprudentes, d'imposer ses vues stimule la et par la création de la Commission recherche et fasse circuler une "Ecclesiae Dei". Dans le cadre de l'élection d'un parole libre de discussions constructives. Les pape libéral, paradoxalement, la situation de tels questions concernant les sacrements et la liturgie groupes sera en partie facilitée car il est plus facile, devront être abordées sous un autre jour. Ainsi un dans une dynamique libérale de tolérer des vrai pluralisme dans les manières de prier et de exceptions contraires que dans le contexte d'une célébrer, loin d'être un facteur d'éclatement permet c r i s p a t i o n i d e n t i t a i r e g l o b a l e . U n p a p e à des hommes différents de se retrouver dans une progressiste, hélas improbable, devrait de toute même famille spirituelle. La focalisation façon s'appuyer sur des contre-pouvoirs comme les obsessionnelle et thèurgique sur les normes communautés de base d'Amérique Latine, des liturgiques trahit et traduit une attitude frileuse groupes de chrétiens engagés et aussi des face à la vie qui brise le sens de l'enthousiasme et personnes extérieures au monde catholique. de la créativité. En bonne théologie d'ailleurs, les L'autorité magistérielle ne consisterait plus à sacrements comme tels sont fait pour l'homme. exercer sous le mode de la contrainte sur ce qu'il Ainsi des modifications peuvent être envisagées faut croire, mais sur celui de la proposition, de pour qu'ils puisent être mieux accueillis et vécus. l'échange, et de la recherche. De toute manière, les Cela vaut tout spécialement du sacrement de la théologiens devraient se voir reconnu un droit réconciliation qui devrait être davantage conçu beaucoup plus large à formuler des hypothèses comme un moment de libération et de pardon que nouvelles même lorsque leur point de vue semble comme le ressassement angoissé des défaillances, rentrer en contradiction avec ce qui semble conçu l'examen sourcilleux et complet de faiblesses comme la foi. L'un des points très noirs du dernier réelles ou supposées ou encore l'enfermement dans pontificat demeure la pression odieuse exercée sur une fosse moral rigoriste (la moraline de les intelligences catholiques et la confusion Nietzsche). La pratique de l'absolution collective tragique entre la loyauté de l'intelligence et la sans doute discutable, en ce sens que la dimension servilité médiocre aux pouvoirs intellectuels en de réconciliation reste individuelle, permet au place. Le sort réservé à des théologiens souvent moins de sortir de l'univers morbide de la faute. Focolari, de Scola ou Bergoglio et de Communion et Libération, de Riveira Carerra et des
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CONCLAVE L'Eucharistie, signe d'unité, de réconciliation et d'amour est devenue une sorte de pierre d'achoppement et l'occasion d'exclure certains comme les divorcés remariés. Il y a là encore un scandale et de nombreuses blessures pour des consciences loyales. La théologie du mariage, loin de tenir compte de la réalité existentielle vécue par ceux qui s'aiment enferme souvent les destinées dans des notions juridiques abstraites et parfois inhumaines. Il faudrait que l'Église admette qu'en certains cas un amour peut cesser d'exister même s'il a été. Le bien des personnes consiste alors à partir autrement, notamment en fondant un nouveau foyer. Sans doute on comprend qu'il soit nécessaire d'éviter une instabilité affective trop grande et très peu féconde à tous les plans. Ce nonobstant, il faudrait davantage considérer chaque situation particulière, chaque vécu singulier, plutôt que de trancher à partir de normes abstraites, intemporelles et largement virtuelles. Sur toutes ces questions, il nous semble assez probable que dans le futur un certain nombre de réformes soit adoptées, en particulier pour faciliter les nullités des mariages. Il n'en reste pas moins qu'il serait souhaitable d'offrir une autre vision de l'édifice sacramentaire qui place la croissance de l'homme au centre plutôt qu'une sorte de tabous d'intégrité des sacrements.
peuvent former une église ou avoir part à une plénitude dans l'ordre de la Foi : autant d'aptitudes qui ont compromis le dialogue, surtout avec les églises séparées. Le comble est atteint lorsque, pour des raisons très secondaires, on se livre à une concurrence avec d'autre chrétiens : par exemple, les rivalités entre orthodoxes et orientaux catholiques. Quelques fois, il est vrai, les querelles religieuses ou confessionnelles sont davantage prétextes ou couvertures que causes réelles des conflits. Il n'en demeure pas moins qu'il serait sage que les différentes Eglises et confessions chrétiennes tentent surtout de voir le noyau vivant et humaniste de leurs messages plutôt que d'insister sur des désaccords secondaires. Le pape Jean Paul II sans aucun doute, a voulu promouvoir l'œcuménisme. Pourtant la base théologique de son approche relevait quelque fois davantage de l'unionisme : conception selon laquelle, en définitive, il faudrait que les autres Eglises finissent par retrouver la plénitude qui est celle de l'Église catholique. Il nous semble qu'un véritable progrès dans le rapprochement entre les Eglises, qui ne veut certainement pas dire que chacune d'elle perd sa couleur propre et sa spécificité, certes non, suppose un certain renoncement à l'idolâtrie de la vérité. Expliquons nous : chacun doit rester fidèle à sa fidélité, sans cela il cesse d'être lui-même. Mais l'arrogance du vrai commence lorsque je passe de l'attachement même passionné à ma vérité à la
Dialoguer plus largement avec tous les autres. Dans l'esprit de Vatican II, il ne s'agit non pas de se situer en contre position agressive vis-à-vis des autres manières de vivre, de penser et de croire mais de rencontrer les autres pour s'enrichir vraiment de leurs différences, sans cesser d'être soi et de tracer son chemin spécifique et légitime. Or le dernier pontificat a davantage misé sur l'identité propre à défendre et sur la conviction d'avoir la vérité que les autres n'ont pas ou du moins d'avoir toute la vérité alors que les autres n'en n'ont qu'une petite partie. D'une certaine manière, il est vrai que le dialogue n'est possible qu'entre des personnes adhérentes à un certain contenu de pensée et de vie. Dialoguer ne signifie pas se dire toujours totalement d'accord avec le partenaire du dialogue. Là encore, cependant, les exclusives, l'anathème, et les condamnations ne peuvent que nuire au dialogue. Réveiller des querelles doctrinales anciennes, souligner des points secondaires qui fâchent, prétendre que les autres ne avril 2005 hors série Golias
prétention objective d'affirmer qu'elle est la vérité et la vérité suffisante. Il n'y aura pas d'avancée réelle du dialogue œcuménique tant que les uns et les autres prétendront dans l'absolu avoir raison et que les autres ont tort. Le prochain pape sans cesser d'être fidèle à sa tradition intellectuelle et spirituelle devra reconnaître que la fidélité des autres est tout aussi légitime. En ce sens un grand défi s'ouvre. Certains candidats à la papauté sont connus pour leur sens œcuménique. L'italien Martini, les allemands Kasper et Lehmann, l'anglais O'Murphy, l'américain Mahony pou ne citer qu'eux. Les gestes audacieux et fraternels ne pourront plus être démentis et contredits par des textes restrictifs et cassants. Nous sommes en quelque sorte entre deux chaises : d'une part celle de l'intégrisme qui absoulitise la part de vérité et refuse tout dialogue œcuménique. Les Lefebvristes reprochent d'ailleurs justement à Jean Paul II et encore plus à ses prédécesseurs immédiats d'avoir rompu avec cette logique. Mais l'Église wojytylienne en a pas pour autant accepté de s'asseoir sur le siège d'une vraie reconnaissance du
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pluralisme doctrinal comme un bienfait, car toutes les vérités particulières, même difficile à accorder rendent peut être hommage une vérité qui nous dépasse toujours. Le dialogue avec les autres religions exige absolument au préalable que ces dernières soient comprises et respectées dans leurs intentions profondes. Ce que l'on peut dire parfois des catholiques, y compris le pape Jean Paul II dans son
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pape Paul VI en l'endroit des humanismes qui refusent la transcendance a fait place chez Jean Paul II à un esprit de croisade des religions contre la volonté de l'autonomie issue notamment des Lumières. Sur ce point là, le positionnement en France du cardmal Jean-Marie Lustiger se révèle tout à fait emblématique d'un néointransigeantisme qui, en définitive, n'accepte pas l'esprit des Lumières. Le nerf d'une pensée des Lumières réside dans l'affirmation de l'autonomie de l'homme ainsi définie par Kant « Saprere aude ». Une pensée chrétienne d'orientation progressiste tente à souligner que l'affirmation d'une plus grande autonomie de l'homme c o r r e s p o n d fi n a l e m e n t a u x desseins de Dieu. A l'inverse, le christianisme néo-conservateur
livre « Entrez dans l'espérance » à propos du bouddhisme, caricatural s'il en faut, est à déplorer. La rencontre des autres religions, ce qui n'exclue pas la critique, demande de chercher à comprendre la pensée de l'autre et son cheminement propre. Jean Paul II a certes fait beaucoup en particulier pour une reconnaissance entre le judaïsme et le christianisme. Ce point positif est un acquis à saluer. Mais aujourd'hui, c'est la rencontre de l'islam et des Sagesses orientales qui constitue une priorité. Vaste défi à relever qui pourrait inciter les électeurs du futur pape à choisir un connaisseur des autres religions ou un prélat venant d'un pays majoritairement non chrétien, par exemple l'indonésien Darmaatmadja ou les indiens Dias et Toppo. Privilégier le dialogue avec les autres religions au détriment de l'écoute des pensées non religieuses, athées ou sécularisées, serait non seulement une erreur mais irait à l'envers même du christianisme qui est selon Marcel Gauchet « la religion de la sortie de la religion ». Il y a en effet un lien très étroit entre une dynamique d'incarnation, cœur de l'expérience chrétienne, et une dynamique de sécularisation, qui d'une certaine façon, la prolonge. La bienveillance du
qui a le vent en poupe tendrait davantage à opposer l'affirmation de l'autonomie de l'homme avec celle de Dieu. Ce débat proprement métaphysique est sous-jacent à nombre d'options plus particulières. Jean Paul II dans son dernier livre « Mémoire et identité » développe non seulement, une vision apocalyptique du permissivisme moral mais une critique décidée de la volonté d'autonomie propre à l'humanisme des Lumières. En ce sens, il se situe résolument au cœur du catholicisme intransigeant. Récemment, le cardinal Josef Ratzinger lors d'une conférence à Subiaco n'a pas hésité à dénoncer l'évolution récente de la culture européenne comme constituant « la contradiction la plus radicale non seulement du christianisme mais aussi des traditions religieuse et morales de l'humanité ». L'enjeu premier peut-être du conclave sera là. Choisir entre une vision du christianisme qui exclut ou limite fortement la dynamique d'autonomie moderne et post-moderne, ou à l'inverse, opter pour une théologie de l'incarnation qui évalue positivement la dynamique d'autonomie, car « la gloire de Dieu c'est l'homme vivant ». L'influence sur Jean Paul II du théologien jésuite Henri de Lubac explique bien des choses. Ce dernier, dans une œuvre maîtresse « Le drame de l'humanisme athée » (Paris 1946) entend dénoncer l'athéisme sans jamais reconnaître les valeurs positives qui peuvent l'animer et le susciter. A la décharge de Karol Wojtyla, son expérience avril 2005 hors série Golias
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détriment des revendications concrètes des femmes. Sans doute l'encyclique Mulieris Dignatem contient-elle par rapport aux positions passées des ouvertures considérables. Mais, en même temps, les femmes se sont vues barrer l'accès au service ministériel de l'Église et brider dans leur aspiration à une culture du désir sans être assujetties à une maternité obligatoire. De plus, Jean Paul II insistant beaucoup sur la différence des sexes a aussi conforté l'idée d'invariant symbolique qui pourrait bien en réalité être culturel et enfermer les femmes dans un rôle subordonné. Le meilleur discours sur le mystère de la femme ne peut venir que d'elles mêmes et non d'en haut, au nom d'à prioris théologiques passés. Dans ce bilan qui est en même temps une prospective et un cahier de doléances, loin de nous l'idée de dicter à quiconque, même au futur pape ce qu'il devra faire, même si limite de la grammaire oblige, le verbe devoir revient sous notre plume davantage que nous ne l'aurions souhaité. En fait, ce que nous volons dire est qu'il est urgent que les vraies questions soient traitées au travers de discussions fraternelles et ouvertes et ne soient pas confisquées et abusivement tranchées par des prises de position autoritaires, en réalité auto justificatrices et autoréférentielles mais soient évoquées dans le respect d'avis différents et sans diaboliser l'incertitude. La figure du pape apparaîtra de moins en moins comme celle d'un maître qui fait marcher droit ses troupes et sous la férule duquel il faut accomplir ce qu'il ordonne mais davantage comme celle d'un père qui fait confiance, encourage, comprend aussi la vulnérabilité et les erreurs et laisse les hommes libres et responsables. Du moins nous l'espérons. En même temps, ce serait une illusion de croire que les grands choix à venir dépendent d'abord et seulement d'un homme fusse le pape ; très souvent les mutations décisives s'inaugurent dans les marges et finissent par capillarité par susciter une toute autre disposition des choses et des esprits. L'humanisation de la religion nous paraît un processus engagé de longue date qui, de toute façon, à plus ou moins long terme, s'imposera davantage. Les effets de retour auxquels on assiste confirment en fait comme autant de contrecourants le courant de fond opposé. C'est pourquoi, en définitive, la véritable question n'est pas de savoir si la restauration d'une transcendance abrupte et autoritaire l'emportera ou non, mais de voir si la hiérarchie de l'Eglise avril 2005 hors série Gol
catholique aura l'intelligence d'accompagner certaines évolutions de l'Histoire - sans pour autant se montrer servile - et ainsi peut-être, de parvenir à un christianisme autre, plus accompli,
Et si le conclave se tournait vers l'extérieur ? Rien n'interdit de penser que les cardinaux élisent une personnalité qui n'est pas revêtue de la pourpre ou qui a éventuellement dépassé l'âge limite. Cette dernière hypothèse est assez peu probable. Par contre trois évêques italiens peuvent faire figure de papabili de recours en cas de blocage. En premier lieu, l'archevêque Angelo Comastri, archiprêtre de Saint Pierce et longtemps prélat de Lorette, un spirituel de 62 ans, plutôt conservateur mais doté d'un beau charisme personnel. On dit parfois, qu'il était après le cardinal indien Toppo l'un des deux candidats in pectore du pape Wojtyla pour sa succession. Si Jean Paul II avait survécu, il l'aurait de toute façon créé cardinal au mois de juin. Mais on parle encore de Mgr Renato Corti (69 ans) évêque de Novaree qui a prêché cet hiver la retraite de Carême de la curie. Ascète, profond spirituel, centriste il est aussi lié au cardinal Martini. Enfin un troisième nom est parfois cité celui de l'évêque de Vérone, Mgr Flavio Roberto Canaro ancien maître général des capucins - qui a donc tissé un très vaste réseau de relation de par le monde - et qui, en outre, passe pour un candidat ouvert de compromis. Son élection honorerait également le désir exprimé d'ici ou là par les franges progressistes de l'Église de l'élection d'un Supérieur religieux. Ces hypothèses ne sont pas favorites, mais choisir un pape hors papabile serait pour les cardinaux un moyen de ne pas se laisser enfermer dans les pronostics et les offensives tous azimuts dans les coulisses des Sacrés Palais romains. que l'on appelle post-christianisme ou autrement encore. Dans le cas d'une confirmation du raidissement intransigeant, à moyen et à long terme, il nous semble que, non seulement l'institution catholique mais la référence chrétienne elle-même, ont beaucoup à perdre. En effet, l'enfermement conservateur pousserait jusqu'au bout un discrédit déjà bien entamé et que tant de catholiques déplorent sans jamais se demander qu'elle en est la raison. Dominique Vibrac
LA SÉLECTION DES ÉDITIONS GOLIAS
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détriment des revendications concrètes des femmes. Sans doute l'encyclique Mulieris Dignatem contient-elle par rapport aux positions passées des ouvertures considérables. Mais, en même temps, les femmes se sont vues barrer l'accès au service ministériel de l'Église et brider dans leur aspiration à une culture du désir sans être assujetties à une maternité obligatoire. De plus, Jean Paul II insistant
catholique aura l'intelligence d'accompagner certaines évolutions de l'Histoire - sans pour autant se montrer servile - et ainsi peut-être, de parvenir à un christianisme autre, plus accompli,
beaucoup sur la différence des sexes a aussi conforté l'idée d'invariant symbolique qui pourrait bien en réalité être culturel et enfermer les femmes dans un rôle subordonné.
Rien n'interdit de penser que les cardinaux élisent une personnalité qui n'est pas revêtue de la pourpre ou qui a éventuellement dépassé l'âge limite. Cette dernière hypothèse est assez peu probable. Par contre trois évêques italiens peuvent faire figure de papabili de recours en cas de blocage. En premier lieu, l'archevêque Angelo Comastri, archiprêtre de Saint Pierre et longtemps prélat de Lorette, un spirituel de 62 ans, plutôt conservateur mais doté d'un beau charisme personnel.
Le meilleur discours sur le mystère de la femme ne peut venir que d'elles mêmes et non d'en haut, au nom d'à prioris théologiques passés. Dans ce bilan qui est en même temps une prospective et un cahier de doléances, loin de nous l'idée de dicter à quiconque, même au futur pape ce qu'il devra faire, même si limite de la grammaire oblige, le verbe devoir revient sous notre plume davantage que nous ne l'aurions souhaité. En fait, ce que nous volons dire est qu'il est urgent que les vraies questions soient traitées au travers de discussions fraternelles et ouvertes et ne soient pas confisquées et abusivement tranchées par des prises de position autoritaires, en réalité auto justificatrices et autoréférentielles mais soient évoquées dans le respect d'avis différents et sans diaboliser l'incertitude. La figure du pape apparaîtra de moins en moins comme celle d'un maître qui fait marcher droit ses troupes et sous la férule duquel il faut accomplir ce qu'il ordonne mais davantage comme celle d'un père qui fait confiance, encourage, comprend aussi la vulnérabilité et les erreurs et laisse les hommes libres et responsables. Du moins nous l'espérons. En même temps, ce serait une illusion de croire que les grands choix à venir dépendent d'abord et seulement d'un homme fusse le pape ; très souvent les mutations décisives s'inaugurent dans les marges et finissent par capillarité par susciter une toute autre disposition des choses et des esprits. L'humanisation de la religion nous paraît un processus engagé de longue date qui, de toute façon, à plus ou moins long terme, s'imposera davantage. Les effets de retour auxquels on assiste confirment en fait comme autant de contrecourants le courant de fond opposé. C'est pourquoi, en définitive, la véritable question n'est pas de savoir si la restauration d'une transcendance abrupte et autoritaire l'emportera ou non, mais de voir si la hiérarchie de l'Eglise '05 hors série Golias
Et si le conclave se tournait vers l'extérieur ?
On dit parfois, qu'il était après le cardinal indien Toppo l'un des deux candidats in pectore du pape Wojtyla pour sa succession. Si Jean Paul II avait survécu, il l'aurait de toute façon créé cardinal au mois de juin. Mais on parle encore de Mgr Renato Corti (69 ans) évêque de Novane qui a prêché cet hiver la retraite de Carême de la curie. Ascète, profond spirituel, centriste il est aussi lié au cardinal Martini. Enfin un troisième nom est parfois cité celui de l'évêque de Vérone, Mgr Flavio Roberto Canaro ancien maître général des capucins - qui a donc tissé un très vaste réseau de relation de par le monde - et qui, en outre, passe pour un candidat ouvert de compromis. Son élection honorerait également le désir exprimé d'ici ou là par les franges progressistes de l'Église de l'élection d'un Supérieur religieux. Ces hypothèses ne sont pas favorites, mais choisir un pape hors papabile serait pour les cardinaux un moyen de ne pas se laisser enfermer dans les pronostics et les offensives tous azimuts dans les coulisses des Sacrés Palais romains. que l'on appelle post-christianisme ou autrement encore. Dans le cas d'une confirmation du raidissement intransigeant, à moyen et à long terme, il nous semble que, non seulement l'institution catholique mais la référence chrétienne elle-même, ont beaucoup à perdre. En effet, l'enfermement conservateur pousserait jusqu'au bout un discrédit déjà bien entamé et que tant de catholiques déplorent sans jamais se demander qu'elle en est la raison. Dominique Vibrac
LA SÉLECTION DES ÉDITIONS GOLIAS
avril 2005 hors série Golias
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CONCLAVE détriment des revendications concrètes des femmes. Sans doute l'encyclique Mulieris Dignatem contient-elle par rapport aux positions passées des ouvertures considérables. Mais, en même temps, les femmes se sont vues barrer l'accès au service ministériel de l'Église et brider dans leur aspiration à une culture du désir sans être assujetties à une maternité obligatoire. De plus, Jean Paul II insistant beaucoup sur la différence des sexes a aussi conforté l'idée d'invariant symbolique qui pourrait bien en réalité être culturel et enfermer les femmes dans un rôle subordonné. Le meilleur discours sur le mystère de la femme ne peut venir que d'elles mêmes et non d'en haut, au nom d'à prioris théologiques passés. Dans ce bilan qui est en même temps une prospective et un cahier de doléances, loin de nous l'idée de dicter à quiconque, même au futur pape ce qu'il devra faire, même si limite de la grammaire oblige, le verbe devoir revient sous notre plume davantage que nous ne l'aurions souhaité. En fait, ce que nous volons dire est qu'il est urgent que les vraies questions soient traitées au travers de discussions fraternelles et ouvertes et ne soient pas confisquées et abusivement tranchées par des prises de position autoritaires, en réalité auto justificatrices et autoréférentielles mais soient évoquées dans le respect d'avis différents et sans diaboliser l'incertitude. La figure du pape apparaîtra de moins en moins comme celle d'un maître qui fait marcher droit ses troupes et sous la férule duquel il faut accomplir ce qu'il ordonne mais davantage comme celle d'un père qui fait confiance, encourage, comprend aussi la vulnérabilité et les erreurs et laisse les hommes libres et responsables. Du moins nous l'espérons. En même temps, ce serait une illusion de croire que les grands choix à venir dépendent d'abord et seulement d'un homme fusse le pape ; très souvent les mutations décisives s'inaugurent dans les marges et finissent par capillarité par susciter une toute autre disposition des choses et des esprits. L'humanisation de la religion nous paraît un processus engagé de longue date qui, de toute façon, à plus ou moins long terme, s'imposera davantage. Les effets de retour auxquels on assiste confirment en fait comme autant de contrecourants le courant de fond opposé. C'est pourquoi, en définitive, la véritable question n'est pas de savoir si la restauration d'une transcendance abrupte et autoritaire l'emportera ou non, mais de voir si la hiérarchie de l'Eglise avril 2005 hors série Golias
catholique aura l'intelligence d'accompagner certaines évolutions de l'Histoire - sans pour autant se montrer servile - et ainsi peut-être, de parvenir à un christianisme autre, plus accompli,
Et si le conclave se tournait vers l'extérieur ? Rien n'interdit de penser que les cardinaux élisent une personnalité qui n'est pas revêtue de la pourpre ou qui a éventuellement dépassé l'âge limite. Cette dernière hypothèse est assez peu probable. Par contre trois évêques italiens peuvent faire figure de papabili de recours en cas de blocage. En premier lieu, l'archevêque Angelo Comastri, archiprêtre de Saint Pierce et longtemps prélat de Lorette, un spirituel de 62 ans, plutôt conservateur mais doté d'un beau charisme personnel. On dit parfois, qu'il était après le cardinal indien Toppo l'un des deux candidats in pectore du pape Wojtyla pour sa succession. Si Jean Paul II avait survécu, il l'aurait de toute façon créé cardinal au mois de juin. Mais on parle encore de Mgr Renato Corti (69 ans) évêque de Novarce qui a prêché cet hiver la retraite de Carême de la curie. Ascète, profond spirituel, centriste il est aussi lié au cardinal Martini. Enfin un troisième nom est parfois cité celui de l'évêque de Vérone, Mgr Flavio Roberto Carraro ancien maître général des capucins - qui a donc tissé un très vaste réseau de relation de par le monde - et qui, en outre, passe pour un candidat ouvert de compromis. Son élection honorerait également le désir exprimé d'ici ou là par les franges progressistes de l'Église de l'élection d'un Supérieur religieux. Ces hypothèses ne sont pas favorites, mais choisir un pape hors papabile serait pour les cardinaux un moyen de ne pas se laisser enfermer dans les pronostics et les offensives tous azimuts dans les coulisses des Sacrés Palais romains. que l'on appelle post-christianisme ou autrement encore. Dans le cas d'une confirmation du raidissement intransigeant, à moyen et à long terme, il nous semble que, non seulement l'institution catholique mais la référence chrétienne elle-même, ont beaucoup à perdre. En effet, l'enfermement conservateur pousserait jusqu'au bout un discrédit déjà bien entamé et que tant de catholiques déplorent sans jamais se demander qu'elle en est la raison. Dominique Vibrac
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Le conclave chargé d'élire le successeur de Jean Paul II se tient une quinzaine de jours après le décès du pontife, il suit les nouvelles dispositions choisies par Jean Paul II pour rendre la position des cardinaux moins inconfortable, pour leur permettre de délibérer plus facilement, pour éviter aussi un blocage et, en outre pour préserver aussi le secret menacé par les progrès techniques (portable, etc....). Selon le sens étymologique, le mot conclave signifie cum clavis (avec des clés) car depuis le XIII° siècle, les électeurs étaient enfermés à clés. En effet, le conclave qui se tenait alors à Viterbe au nord de Rome ne parvenait pas à élire le successeur de Clément IV. Pour contraindre les cardinaux à décider enfin du choix de l'élu, il a été décider de les enfermer à double tour et de les nourrir au pain et à l'eau. Très vite, l'Esprit Saint a rempli sa besogne et fut élu Grégoire X. Depuis lors, il est d'usage d'enfermer les cardinaux électeurs. Jean Paul II a décidé qu'il n'en serait plus ainsi, pour manifester aussi une confiance en la bonne volonté des cardinaux. Les membres du conclave, 117 en principe, sont tous des cardinaux qui n'ont pas encore 80 ans accomplis. Paul VI aurait voulu associer aux votes les représentants des épiscopats locaux élus, des patriarches qui ont rang et dignité de cardinaux sans l'être. Ainsi que des supérieurs religieux majeurs. Il en fut dissuader et actuellement seuls les cardinaux, le Sénat du pape, choisi par lui a droit de vote. Selon la tradition, les avril 2005 hors série Golias
ilililllWiliHil cardinaux sont titulaires d'une église de Rome et représentent ainsi le presbyterium romain.Une élection apparemment aussi peu démocratique rappelle donc l'usage antique du choix d'un évêque par son peuple. A peine entrés en conclave, les cardinaux vêtus de rouge célèbrent une messe dite pro-eligiendo papa en la Basilique Saint-Pierre. Ils se rendent ensuite en procession à la Chapelle Sixtine et procèdent aux votes. Le vote est désormais secret et écrit. Il n'y a pas de bulletin de vote avec le nom de cardinaux imprimé. En théorie, tout baptisé de sexe masculin peut être un candidat valable. Dans l'esprit Pour l'anecdote, un candidat quelque peu âgé a écrit sur son bulletin de vote le nom du cardinal Merrydelval mort en 1930. Plus tristement, on raconte qu'en 1978 deux cardinaux de tendance traditionaliste auraient écrit sur un bulletin le nom de Mgr Lefebvre. Il n'y a pas de limite
trois n'étaient assez large pour Jean XXIII. Pour annoncer l'élection, des scrutins et de la paille sont brûlés dans un petit poêle pour faire en sorte que de la fumée blanche sorte de la Chapelle Sixtine. Désormais, pour éviter toute équivoque, car parfois la fumée était grise, le maître de cérémonie Mgr Piero Marini a décidé qu'en outre une volée solennelle de cloches accompagnerait la fumée. Le pape se rend alors sur le balcon de la Basilique. Le doyen des cardinaux diacres en l'occurrence le cardinal chilien Jorge Arturo Medina Estevez annonce en latin le nom de baptême, le nom de famille, et le nom de pape du nouvel élu, c'est la fameuse de Vatican formule « Annuntio vobis gaudium
II, il ne s'agit non pas de se situer en contre position agressive vis- à-vis des autres manières de vivre, de penser et de croire mais de rencontrer les autres pour s'enrichir vraiment de leurs différences, sans cesser d'être soit...
d'âge pour être élu. Dans un premier temps, le candidat doit recevoir deux tiers des voix plus une si le nombre de cardinaux n'est pas divisible par trois. En principe, chaque journée de conclave comporte deux sessions de vote, l'une le matin, l'autre l'après-midi avec, à chaque fois, deux scrutins. Au bout de trois jours les cardinaux ont droit à une pause de réflexion et de discussion d'une journée au maximum. Si sept scrutins plus tard il en va toujours de même, ils ont droit à nouveau à une nouvelle pause de réflexion d'une
journée maximum, et ainsi de suite. Au bout de vingt-trois scrutins les cardinaux peuvent se contenter de la majorité absolue pour considérer que l'un de leur candidat est élu, ils peuvent aussi décider de limiter le choix du vote aux deux noms qui ont recueilli le plus de suffrages. Lorsque le nouveau pape est élu, on lui demande s'il accepte son élection car il peut refuser sans avoir à se justifier et quel nom il désire prendre. A l'évidence, le choix du nom est toujours plus ou moins significatif. Le pape élu endosse alors une des trois soutanes blanches de taille différente préparées à l'avance par le styliste romain Gamarelli. Pour l'anecdote, aucune des
magnum : habemus papam N. ... cardinalem N. ». Le lendemain ou parfois le jour même, selon l'heure de l'élection, est célébrée une messe de clôture du conclave dans la Chapelle Sixtine par le nouveau pape entouré des cardinaux. Le pape, désormais, avec une calotte blanche, « il est habillé en blanc depuis Pie V », dominicain, qui a gardé la couleur de son ordre, il donne sa calotte rouge de cardinal dont il n'a plus besoin à
l'archevêque qui est le secrétaire du conclave pour lui faire miroiter sa future promotion. Il s'agit actuellement de Mgr Francesco Monterisi. Le pape reçoit ensuite les cardinaux en audience, reçoit aussi le corps diplomatique et enfin les journalistes. Deux ou trois jours plus tard ou davantage, pour tomber un dimanche, le nouveau pape reçoit des mains du doyen des cardinaux diacres le pallium de l'aile blanche tissé avec la laine des agneaux tondus le jour de la Sainte Agnès. Il reçoit le même jour l'hommage de tous les cardinaux. On le voit, le déroulement du conclave est très codifié et se tient dans des lieux grandioses. Espérons que les ignudi (nus) peints par Michel Ange dans la Chapelle Sixtine ne divertiront pas trop les cardinaux sujets à des pensées coquines. Golias
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mm GUIDE
Ils vont faire
le prochain pape Les papabile de 1er plan Ennio Antonelli Née en 1936, originaire de L'Ombrie, évêque de Gubbio en 1982, archevêque de Pérouse (comme Léon XIII jadis) de 1988 à 1995, il devient alors secrétaire de la Conférence épiscopale italienne. Successeur du très évangélique Silvano Piovanelli en 2001 à Florence. Il a été crée cardinal en 2003. Il se présente de plus en plus comme un candidat très crédible, rassemblant en sa personne un ensemble harmonieux de vertus moyennes. Ce n'est certes pas un théologien de pointure, ni un homme de gouvernement d'exception. Pourtant, on le dit parfois habile et sincère, pastoral et politique, fondamentalement centriste, homme de culture, bon connaisseur en matière de peinture et de musique. Doté d'un caractère affable et souriant, il passe bien auprès du peuple. Son âge, 69 ans, constitue un atout considérable pour un pontificat ni trop court ni trop long. Moins en vue que Tettamanzi ou Scola, il pourrait apparaître comme un recours opportun en cas de blocage entre les deux candidatures des deux favoris. Francis Arinze Né en 1932, converti à l'âge de neuf ans, ordonné prêtre en 1958, sacré évêque en 1965, promu archevêque d'Onitsha en 1967, nommé à Rome Président du Secrétariat pour les NonChrétiens en 1984, cardinal dès 1985, Arinze a connu une carrière fulgurante de sorte que, dès le début de la dernière décennie, il a été très souvent cité en bonne place parmi les "papabili". Pourtant, cette carrière s'est comme terminée un peu tôt : depuis 1984, Arinze est à la tête du même Dicastère alors qu'il eût été plus probable qu'il fût promu à un poste curial plus décisif comme la Congrégation des Evêques ou, avril 2005 hors série Golias
récemment, celle pour l'Evangélisation des Peuples. Doté d'un tempérament réservé, très prudent, énigmatique disent certains, non dénué d'humour, Arinze se positionne globalement sur la ligne conservatrice en matière doctrinale et morale. Certaines voix romaines assurent qu'il partagerait en morale privée la ligne plus intransigeante de l'Opus Dei et lui prêtent une conception autoritaire du gouvernement ecclésial. D'autres, à l'inverse, soulignent son engagement résolu dans le sens d'un dialogue plus avancé entre les religions. En tout cas, sa remarquable compétence concernant ce dernier point semble difficilement contestable. En raison des enjeux croissants pour l'Eglise d'un investissement dans un tel domaine, la candidature éventuelle de Francis Arinze à la succession de Jean-Paul II ne peut être exclu. Néanmoins, l'hypothèse de l'élection d'un Pape "noir" paraît peu probable dans l'immédiat. Arinze lui-même a d'ailleurs fait une déclaration en ce sens comme pour dissuader ceux qui voteraient pour lui.
Jorge Bergoglio Il est né en 1936. chimiste de formation, Prêtre en 1969, évêque en 1992, archevêque coadjuteur de Buenos Aires en 1997, il succède à Quarracino en 1998 et reçoit trois ans plus tard la barrette de Cardinal. Son expérience humaine et spirituelle de professeur (de théologie et de philosophie) et de responsable religieux paraît fort vaste. Pourtant une piété assez traditionnelle et une vision rigoriste de la discipline ecclésiale l'ont isolé parmi les jésuites de sa génération. Franchement hostile à la ligne du Père Arrupe, il a été en marge de sa congrégation pendant plusieurs années. Doctrinalement, c'est donc un conservateur, mais en version plus subtile que l'Opus Dei. Sa carrière est tardive et inattendue. On lui reconnaît en positif une grande modestie de vie (il emprunte les transports en commun). On lui reconnaît un réel souci des questions sociales et des positions assez
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évangéliques au moment de la récente crise économique de l'Argentine. En même temps, il souhaite favoriser les courants néo-conservateurs et est proche de "Communio e Liberazione". Son origine italienne et le fait qu'il soit sud-américain pourrait convaincre à la fois ceux qui souhaitent un pape italien et ceux qui souhaitent un pape sudaméricain. On le présent volontiers comme le plus italien des latinos ! Son âge est idéal : 69 ans. Pourtant trois obstacles importants sont à souligner. En premier lieu, une santé fragile (il vit avec un seul poumon depuis l'âge de vingt ans). En deuxième lieu, c'est un jésuite et cela pourrait susciter des réticences. En troisième lieu surtout, pèse depuis quelques semaines, un soupçon d'avoir dénoncé un membre de sa congrégation au moment de la dictature. Or, le nouvel élu devra être moralement impeccable. Godfreed Danneels Né en 1933, professeur de liturgie sacramentaire à Louvain, évêque d'Anvers en 1977, successeur du cardinal Suenens en 1979 à Bruxelles, cardinal à moins de 50 ans en 1983 il démarre sur des chapeaux de roues. Homme de consensus, connu et estimé pour son parler simple, la profondeur de sa spiritualité, son souci d'une pastorale du dialogue, son insistance sur une plus grande collégialité, mais aussi pour son relatif classicisme de fond et son insistance sur le primat du spirituel qui le rendent proche de mouvements comme l'Emmanuel. Il fait figure de centriste libéral. Ses atouts sont nombreux. Son âge, la finesse et la puissance de son analyse de synthèse, son rayonnement spirituel. En même temps, le fait de venir d'un petit pays constitue toujours un atout non négligeable. En revanche, ses prises de position sur l'éventuelle démission du pape Karol Wojtyla, mais aussi sur une collégialité accrue (Consistoire 2001), le situe en rupture par rapport au pontificat précédent. Il ne devrait non donc pas être élu en raison de l'opposition que rencontre sa réputation de libéral auprès de trop de cardinaux.
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Ivan Dias Né en 1936, membre du Service diplomatique du Saint-Siège, archevêque et Nonce en 1982, nommé à Bombay en 1996, Ivan ■ Dias est créé cardinal en 2001. Sa 1 carrière a été fort brillante. A la Curie sa finesse et sa bonté pastorale sont relevées. On a apprécié sa gestion du dossier arménien où il était nonce. Plutôt évangélique sur les questions sociales, polyglotte et bon connaisseur des questions internationales, il se montre hélas très traditionnel et très conservateur en matière morale et doctrinale. En opposition avec l'immense majorité des évêques asiatiques, il entend durcir le ton pour éviter que les religions ne soient mises sur un même pied d'égalité. On lui attribue un rôle non négligeable dans la rédaction de Dominus Jésus. Ses chances sont réelles, son progressisme social et son conservatisme théologique pourrait le favoriser. En outre, son âge est idéal (69 ans) et il est bien vu des cardinaux de la Curie. Claudio Hummes Né en 1934, franciscain, bon connaisseur de l'oecuménisme, ancien étudiant en Suisse, philosophe autant que théologien, bon professeur, d ' u n e g r a n d e fi n e s s e intellectuelle et spirituelle, Dom Hummes devient dès 1975 évêque de Santo André. Un proche de Lorscheider et surtout du Cardinal Arns, on le considère comme un évêque progressiste, célébrant la messe pour les grévistes. Archevêque de Fortaleza en 1995, de Sao Paulo en 1998, cardinal en 2001, Dom Claudio semble avoir, en substance, viré de bord. Il serait assez favorable aux néo-catéchumènes et aux charismatiques. Il s'active beaucoup en faveur d'une nouvelle evangelisation très identitaire . Il pourrait donc séduire tous ceux qui se situent dans ce sens. En juillet 2000, la presse internationale rendait compte des propos jugés souvent choquants de Mgr Hummes dénonçant avec une sévérité étonnante « en union avec le Pape et toute l'Eglise » les « prêtres qui présentent l'usage du préservatif comme un solution positive » pour endiguer l'épidémie du sida. En 2002, le Pape lui a demandé de prêcher les exercices spirituels de Carême. Ses interventions assez plates ont déçu. Au plan social, il défend le mouvement des « sans terre » et avril 2005 hors série Golias
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CONCLAVE entretient de bons rapport avec le gouvernement de Lula. Son âge (71 ans) pourrait le favoriser. En outre, comme le cardinal Dias, le mixte de sens social et de conservatisme doctrinal et moral pourraient jouer en sa faveur. Wilfrid Fox Napier Né en 1941, ce franciscain, après de brillantes études à l'université de Louvain, est devenu évêque en 1981, puis archevêque de Durban en 1992. Il a succédé à ce siège à un très grand évêque, l'oblat Dennis Hurley, grand opposant à l'Apartheid et pasteur progressiste. Lui-même originaire d'une famille noire ayant souffert de l'Apartheid, Monseigneur Napier est une avocat estimé des plus pauvres et des exclus. Il a également, lors du Consistoire de mai 2001 souhaité plus de collégialité et critiqué l'interventionnisme de la Curie par-dessus la tête des évêques locaux. En même temps, en matière de morale, il s'est distingué d'autres évêques d'Afrique du Sud ouverts à l'emploi du préservatif, par son rigorisme et par sa condamnation des conduites déviantes. (Très violemment hostile à l'avortement et à l'homosexualité). Bien des aspects sympathiques chez ce pasteur malgré son ultra-conservatisme moral. Il a peu de chances d'être élu surtout dans la mesure où il semble relativement acquis qu'il est trop tôt pour un pape africain. Jaime Lucas Ortega y Alamino Né en 1936, philosophe de formation et de tempérament, cordial et communicatif, évêque en 1978, archevêque de La Havane en 1981, cardinal en 1994. Il se présente comme un authentique confesseur de la Foi, comme un diplomate habile qui a su mettre en place le voyage de Jean Paul II à Cuba et comme un pasteur entreprenant et ouvert. Ses atouts sont donc multiples et il pourrait devenir un candidat consensuel. Volontiers séducteur au plan des idées, il passe pour un conservateur modéré capable d'ouvrir des portes mais aussi de surfer sur la vague néo-conservatrice. Ortega a l'âge idéal (69 ans). On le dit aussi éloigné du conservatisme dur d'un Castrillon que de la théologie de la Libération, il vient d'un petit pays et avril 2005 hors série Golias
son élection aurait un relief tout particulier en raison de la situation politique de son pays. Anotre avis l'un des favoris à la course. Giovanni Battista Re Né en 1934, ordonné prêtre en 1957, Don Giovanni Battista entre très jeune à la Secrétairerie d'Etat. Dès 1964, ce jeune prêtre est Monsignore; il collabore d'assez près avec le Pape Paul VI et avec "Sua Efficienza", le futur Cardinal Giovanni Benelli, un homme énergique, autoritaire. Très vite, Mgr Re, dont l'extraordinaire puissance de travail étonne, gravit les échelons de la Secrétairerie d'Etat. Dès 1979, il devient accesseur de la Secrétairerie, poste qui vient juste après celui de Substitut (N°3). En 1987, le Pape le nomme archevêque et Secrétaire de la Congrégation des Evêques à la place de Mgr. Lucas Moreira Neves (Brésil). Le passage éphémère de l'australien Cassidy, qui n'est pas considéré comme une pleine réussite, ouvre à Re la voie au poste de Substitut. Les fonctionnaires de la Curie plaisantent volontiers sur le temps d'adaptation de Re à se nouvelle charge: une demi-journée ou... une demi-heure. Partout, on le considère comme le plus capable. Recevant courtoisement les évêques, les accueillant avec bienveillance fraternelle et compréhension, comme le faisaient naguère Montini, capable d'écouter, Re se fait apprécier. Modéré, il est considéré comme un possible successeur du Cardinal Ruini à Rome en 1993, après que l'une ou l'autre gaffe de ce Prélat en politique a menacé sa carrière, à un moment difficile il est vrai : l'éclatement de l'ancienne "Démocratie Chrétienne". Mais Ruini, plus habile en définitive qu'il ne paraissait, opérera un beau rétablissement et gardera son poste. En 1995, le Pape, qui veut diton, lui donner la chance d'un ministère pastoral direct, propose Gênes à Mgr. Re. Mais Re restera à Rome. Créé Cardinal en février 2001, Re se voit confier « in solidum » (avec Agré d'Abidjan et Dias de Bombay) la co-Présidence du Synode des Evêques d'octobre 2001. Sa modération et sa finesse psychologique auront été bénéfiques dans le règlement de l'affaire Milingo, archevêque zambien (guérisseur et exorciste) exilé à Rome et instrumentalisé par la secte Moon. En même temps, certains à Rome pointent les limites de Re sur certains sujets : « son opposition viscérale à la « world gay pride », son soutien aux évêques
latino-américains contre la contraception. » Dans le contexte curial actuel, par rapport à l'Opus Dei ou à Sodano, Re fait figure de centriste. C'est un grand travailleur qui sait écouter,une qualité rare au Vatican. On ne peut pas s'attendre avec lui à un vrai tournant évangélique. C'est un homme d'appareil qui n'a pas d'expérience pastorale, handicap majeur. Pourtant, c'est dans tout l'univers cardinalice probablement celui qui connaît le mieux les affaires internes de l'Eglise romaine. Sa candidature ne peut-être exclue. Si le prochain pape n'est pas italien, il a toutes les chances de devenir secrétaire d'Etat. Oscar Andrès Rodriguez Maradiaga Né en 1942, devenu évêque très jeune en 1979, successeur de son véritable père spirituel, Mgr Hector Santos Hernandez, comme archevêque de Tegucigalpa en 1993, salésien, docteur en théologie, en philosophie et en psychologie, pianiste exceptionnel, saxophoniste à ses heures, compositeur, homme de contact, ouvert socialement, sainement classique en théologie mais sans raideur, Oscar Andrès Rodriguez Maradiaga a connu ces dernières années un succès médiatique incontesté : cette candidature n'est-elle pas trop séduisante ? Qui entre Pape au Conclave, en sort Cardinal ! Pourtant, bien des atouts plaident en faveur de ce cardinal. En premier lieu, comment ne pas reconnaître les qualités exceptionnelles d'un pasteur aimé, courageux, éclairé, prudent, suprêmement intelligent. Son orientation à la fois classique et très ouverte plaide pour lui. Si le choix des cardinaux devait se décider surtout en fonction de l'envergure d'exception d'un candidat, Rodriguez serait avec un Martini en tête de liste. Simple et fraternel, moins autoritaire et plus collégial, ce candidat pourrait facilement rassembler des suffrages libéraux et modérés, voire certaines autres voix comme celle de Sodano qui estime Rodriguez à titre personnel. Qui plus est, Oscar vient d'un petit pays, ce qui favorise son élection (comme celle possible d'un Danneels de Belgique). Rodriguez a été Président du CELAM. Il sait composer avec les plus conservateurs, mais peut faire preuve d'audace prophétique dans l'évocation des questions économiques et sociales, notamment au sujet de la mondialisation. Il est unanimement estimé dans son pays par la société civile, au point de s'être vu proposer la charge de
chef de la police (!) qu'il déclina. Mais justement en raison de la stature du prélat en question, certains pourraient être tentés par l'élection d'un homme moins exceptionnel comme le brésilien Hummes ou le cubain Ortega. Enfin, comme Schônborn, Rodriguez est très jeune, "trop" (?). Il n'est pas exclu qu'il reste en réserve pour une prochaine élection. Par ailleurs, son soutien inconditionnel qu'il a toujours apporté dans les affaires de pédophilie à son confrère de Boston, le cardinal Law, dans les médias a déçu. De même sa dénonciation un peu « parano » d'un complot anti Eglise à cet égard. Angelo Scola Né en 1941, originaire du nord de l'Italie, brillant et protéiforme et influencé par Henri de Lubac et Hans Urs von Balthazar mais aussi par Joseph Ratzinger, il est proche de « Communio e liberazione ». Il a étudié à l'université de Fribourg. Evêque de Grossertto, recteur du Latran en 1995, patriarche de Venise en 2002, et cardinal en 2003. Il a beaucoup collaboré avec l'ultra conservateur Carlo Caffara à l'Institut Pontifical pour la mariage et la famille, mais semble moins fanatique que ce dernier. Très inspiré par Thomas d'Aquin, il se montre écclectique. Très cultivé, intérressé par les religions non chrétiennes, sensible à l'orthodoxie, c'est un homme d'une stature intellectuelle exceptionnelle. Sur le fond, il représente une ligne de continuité par rapport à Jean Paul IL Au conclave il pourrait rassembler à droite et au centre droit. En sa faveur le fait que Venise ait donné trois papes au siècle dernier : Pie X, Jean XXIII, et Jean Paul I. En sa défaveur, une ascension somme toute récente et un profil trop intellectuel. Son lien avec « Communio e liberazione » pourrait être un boulet. En tout cas, une candidature à suivre... Dionigi Tettamanzi Né en 1934, Lombard, professeur de théologie morale assez c l a s s i q u e , fi l s s p i r i t u e l d u cardinal Colombo, assez en froid avec le cardinal Martini, il fait carrière à Rome avant de devenir archevêque d'Ancône en 1989. Sa courtoisie fraternelle, son sens de la synthèse rapide, son aptitude magique à gommer les aspérités le désigne comme Secrétaire episcopal avril 2005 hors série Golias
CONCLAVE
entretient de bons rapport avec le gouvernement de Lula. Son âge (71 ans) pourrait le favoriser. En outre, comme le cardinal Dias, le mixte de sens social et de conservatisme doctrinal et moral pourraient jouer en sa faveur. Wilfrid Fox Napier Né en 1941, ce franciscain, après de brillantes études à l'université de Louvain, est devenu évêque en 1981, puis archevêque de Durban en 1992. Il a succédé à ce siège à un très grand évêque, l'oblat Dennis Hurley, grand opposant à l'Apartheid et pasteur progressiste. Lui-même originaire d'une famille noire ayant souffert de l'Apartheid, Monseigneur Napier est une avocat estimé des plus pauvres et des exclus. Il a également, lors du Consistoire de mai 2001 souhaité plus de collégialité et critiqué l'interventionnisme de la Curie par-dessus la tête des évêques locaux. En même temps, en matière de morale, il s'est distingué d'autres évêques d'Afrique du Sud ouverts à l'emploi du préservatif, par son rigorisme et par sa condamnation des conduites déviantes. (Très violemment hostile à l'avortement et à l'homosexualité). Bien des aspects sympathiques chez ce pasteur malgré son ultra-conservatisme moral. Il a peu de chances d'être élu surtout dans la mesure où il semble relativement acquis qu'il est trop tôt pour un pape africain. Jaime Lucas Ortega y Alamino Né en 1936, philosophe de formation et de tempérament, cordial et communicatif, évêque en 1978, archevêque de La Havane en 1981, cardinal en 1994. Il se présente comme un authentique confesseur de la Foi, comme un diplomate habile qui a su mettre en place le voyage de Jean Paul II à Cuba et comme un pasteur entreprenant et ouvert. Ses atouts sont donc multiples et il pourrait devenir un candidat consensuel. Volontiers séducteur au plan des idées, il passe pour un conservateur modéré capable d'ouvrir des portes mais aussi de surfer sur la vague néo-conservatrice. Ortega a l'âge idéal (69 ans). On le dit aussi éloigné du conservatisme dur d'un Castrillon que de la théologie de la Libération, il vient d'un petit pays et avril 2005 hors série Golias
son élection aurait un relief tout particulier en raison de la situation politique de son pays. Anotre avis l'un des favoris à la course. Giovanni Battista Re Né en 1934, ordonné prêtre en 1957, Don Giovanni Battista entre très jeune à la Secrétairerie d'Etat. Dès 1964, ce jeune prêtre est Monsignore; il collabore d'assez près avec le Pape Paul VI et avec "Sua Efficienza", le futur Cardinal Giovanni Benelli, un homme énergique, autoritaire. Très vite, Mgr Re, dont l'extraordinaire puissance de travail étonne, gravit les échelons de la Secrétairerie d'Etat. Dès 1979, il devient accesseur de la Secrétairerie, poste qui vient juste après celui de Substitut (N°3). En 1987, le Pape le nomme archevêque et Secrétaire de la Congrégation des Evêques à la place de Mgr. Lucas Moreira Neves (Brésil). Le passage éphémère de l'australien Cassidy, qui n'est pas considéré comme une pleine réussite, ouvre à Re la voie au poste de Substitut. Les fonctionnaires de la Curie plaisantent volontiers sur le temps d'adaptation de Re à se nouvelle charge: une demi-journée ou... une demi-heure. Partout, on le considère comme le plus capable. Recevant courtoisement les évêques, les accueillant avec bienveillance fraternelle et compréhension, comme le faisaient naguère Montini, capable d'écouter, Re se fait apprécier. Modéré, il est considéré comme un possible successeur du Cardinal Ruini à Rome en 1993, après que l'une ou l'autre gaffe de ce Prélat en politique a menacé sa carrière, à un moment difficile il est vrai : l'éclatement de l'ancienne "Démocratie Chrétienne". Mais Ruini, plus habile en définitive qu'il ne paraissait, opérera un beau rétablissement et gardera son poste. En 1995, le Pape, qui veut diton, lui donner la chance d'un ministère pastoral direct, propose Gênes à Mgr. Re. Mais Re restera à Rome. Créé Cardinal en février 2001, Re se voit confier « in solidum » (avec Agré d'Abidjan et Dias de Bombay) la co-Présidence du Synode des Evêques d'octobre 2001. Sa modération et sa finesse psychologique auront été bénéfiques dans le règlement de l'affaire Milingo, archevêque zambien (guérisseur et exorciste) exilé à Rome et instrumentalisé par la secte Moon. En même temps, certains à Rome pointent les limites de Re sur certains sujets : « son opposition viscérale à la « world gay pride », son soutien aux évêques
latino-américains contre la contraception. » Dans le contexte curial actuel, par rapport à l'Opus Dei ou à Sodano, Re fait figure de centriste. C'est un grand travailleur qui sait écouter,une qualité rare au Vatican. On ne peut pas s'attendre avec lui à un vrai tournant évangélique. C'est un homme d'appareil qui n'a pas d'expérience pastorale, handicap majeur. Pourtant, c'est dans tout l'univers cardinalice probablement celui qui connaît le mieux les affaires internes de l'Eglise romaine. Sa candidature ne peut-être exclue. Si le prochain pape n'est pas italien, il a toutes les chances de devenir secrétaire d'Etat. Oscar Andrès Rodriguez Maradiaga Né en 1942, devenu évêque très jeune en 1979, successeur de son véritable père spirituel, Mgr Hector Santos Hernandez, comme archevêque de Tegucigalpa en 1993, salésien, docteur en théologie, en philosophie et en psychologie, pianiste exceptionnel, saxophoniste à ses heures, compositeur, homme de contact, ouvert socialement, sainement classique en théologie mais sans raideur, Oscar Andrès Rodriguez Maradiaga a connu ces dernières années un succès médiatique incontesté : cette candidature n'est-elle pas trop séduisante ? Qui entre Pape au Conclave, en sort Cardinal ! Pourtant, bien des atouts plaident en faveur de ce cardinal. En premier lieu, comment ne pas reconnaître les qualités exceptionnelles d'un pasteur aimé, courageux, éclairé, prudent, suprêmement intelligent. Son orientation à la fois classique et très ouverte plaide pour lui. Si le choix des cardinaux devait se décider surtout en fonction de l'envergure d'exception d'un candidat, Rodriguez serait avec un Martini en tête de liste. Simple et fraternel, moins autoritaire et plus collégial, ce candidat pourrait facilement rassembler des suffrages libéraux et modérés, voire certaines autres voix comme celle de Sodano qui estime Rodriguez à titre personnel. Qui plus est, Oscar vient d'un petit pays, ce qui favorise son élection (comme celle possible d'un Danneels de Belgique). Rodriguez a été Président du CELAM. Il sait composer avec les plus conservateurs, mais peut faire preuve d'audace prophétique dans l'évocation des questions économiques et sociales, notamment au sujet de la mondialisation. Il est unanimement estimé dans son pays par la société civile, au point de s'être vu proposer la charge de
chef de la police (!) qu'il déclina. Mais justement en raison de la stature du prélat en question, certains pourraient être tentés par l'élection d'un homme moins exceptionnel comme le brésilien Hummes ou le cubain Ortega. Enfin, comme Schônborn, Rodriguez est très jeune, "trop" (?). Il n'est pas exclu qu'il reste en réserve pour une prochaine élection. Par ailleurs, son soutien inconditionnel qu'il a toujours apporté dans les affaires de pédophilie à son confrère de Boston, le cardinal Law, dans les médias a déçu. De même sa dénonciation un peu « parano » d'un complot anti Eglise à cet égard. Angelo Scola Né en 1941, originaire du nord de l'Italie, brillant et protéiforme et influencé par Henri de Lubac et Hans Urs von Balthazar mais aussi par Joseph Ratzinger, il est proche de « Communio e liberazione ». Il a étudié à l'université de Fribourg. Evêque de Grossertto, recteur du Latran en 1995, patriarche de Venise en 2002, et cardinal en 2003. Il a beaucoup collaboré avec l'ultra conservateur Carlo Caffara à l'Institut Pontifical pour la mariage et la famille, mais semble moins fanatique que ce dernier. Très inspiré par Thomas d'Aquin, il se montre écclectique. Très cultivé, intérressé par les religions non chrétiennes, sensible à l'orthodoxie, c'est un homme d'une stature intellectuelle exceptionnelle. Sur le fond, il représente une ligne de continuité par rapport à Jean Paul II. Au conclave il pourrait rassembler à droite et au centre droit. En sa faveur le fait que Venise ait donné trois papes au siècle dernier : Pie X, Jean XXIII, et Jean Paul I. En sa défaveur, une ascension somme toute récente et un profil trop intellectuel. Son lien avec « Communio e liberazione » pourrait être un boulet. En tout cas, une candidature à suivre... Dionigi Tettamanzi Né en 1934, Lombard, professeur de théologie morale assez c l a s s i q u e , fi l s s p i r i t u e l d u cardinal Colombo, assez en froid avec le cardinal Martini, il fait carrière à Rome avant de devenir archevêque d'Ancône en 1989. Sa courtoisie fraternelle, son sens de la synthèse rapide, son aptitude magique à gommer les aspérités le désigne comme Secrétaire episcopal avril 2005 hors série Golias
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dès 1991 aux côtés du cardinal Ruini. Réputé solide dans les questions doctrinales, connaisseur exceptionnel des questions bio-médicales, il sait aussi arrondir les angles dans les discussions. Globalement aligné sur l'orthodoxie wojtylienne, il collabore aux encycliques « Evangelium Vitae » et « Veritatis Splendor ». Pressenti un temps comme Secrétaire de l'ex Saint-Office, il devient en 1995 archevêque de Gênes, cardinal en 1998 puis archevêque de Milan en 2002. Personnalité attachante et ambivalente, chaleureux mais parfois proche de l'Opus Dei, populaire mais peut-être intriguant, il a cependant évolué de plus en plus vers une mission pastorale évangélique et prophétique en particulier depuis le sommet du G8 qui s'est tenu à Gênes en 2001. Son âge (70 ans) son affabilité, sa bienveillance qui font penser à Jean XXIII le place en première ligne à l'élection. En même temps, le cardinal Tettamanzi ne parle aucune langue étrangère et contrairement à Scola ses positions intellectuelles n'ont pas un énorme relief. Il demeure l'un des favoris surtout auprès de ceux qui souhaitent une évolution dans le sens réformiste. Classique sinon traditionnel sur le fond, Tettamanzi semble pourtant adopter une attitude plus ouverte, moins défensive, plus roncalienne que Jean Paul II. Beaucoup ont été frappés par cette phrase : « un malade du sida compte plus que tout l'univers ». Camillo Ruini Camillo Ruini est né à Sassuolo | en 1931, ordonné prêtre en 1956, il fait à la Grégorienne une thèse sur la transcendance de la grâce sous la direction du célèbre théologien espagnol Juan Alfaro. Professeur de Séminaire, esprit précis, Vicaire Episcopal pour l'Apostolat des laïcs dans le diocèse de Reggio Emilia en 1968, puis Président du Centre Culturel Diocésain Jean XXIII, Président du Conseil diocésain de Reggio pour la pastorale en milieu scolaire de 1975 à 1986, en même temps évêque auxiliaire de Reggio Emilia en 1983, Secrétaire de la Conférence Episcopale italienne, il succède en 1991 à Rome au Cardinal Poletti et devient Président de la Conférence (après le bref intérim du Cardinal Pappalardo). Cardinal la même année, il se présente vraiment en 1991 comme l'homme de l'année. Réputé modéré, habile, courtois, prudent, traçant une ligne du centre entre la gauche italienne et le courant identitaire de "Communione e Liberazione". Très avril 2005 hors série Golias
vite pourtant, les problèmes épineux posés par la crise de la Démocratie chrétienne, sa volonté de maintenir l'engagement des catholiques sous une seule bannière politique, alors même que la situation italienne évolue, se complexifient encore (si besoin était) vont faire pâlir son étoile. Fort habilement pourtant, Ruini redressera la situation et s'imposera comme la figure incontournable en Italie du Wojtylisme soft. Plus fin que Sodano, il n'en incarne pas moins une ligne plus froide que celle de son prédécesseur (Poletti) et n'est pas aussi aimé de son clergé. Pourtant, ce conservateur éclairé sachant naviguer à vue trace une sorte de voie médiane qui pourrait à l'occasion du conclave se présenta comme une issue de transition. Aussi éloigné d'une option de contre-position abrupte à la modernité (thèse de Ratzinger) que du ralliement progressiste, il pourrait rallier sur son nom des suffrages très divers. Sans doute son aspect physique fragile, des ennuis de santé passés, un certain manque de chaleur humaine ne serviront pas sa candidature. Mais l'habileté politique de cet homme, la puissance de ses réseaux et un réel pragmatisme nous permettent de l'inscrire parmi les papabiles. Severino Poletto Né en 1933 en Vénétie, Severino Poletto est ordonné prêtre poul ie compte du diocèse de Casale Monferrato (non loin deTurin) en 1957. Nommé curé d'une paroisse ouvrière en 1965, Don Severino Poletto demande à son évêque de pouvoir travailler aussi en usine, tout en continuant à garder la responsabilité de ses ouailles. Cette expérience humaine a marqué profondément Severino, dont les préoccupations sociales sont bien connues. L'importance des responsabilités pastorales qui lui seront confiées obligeront Poletto à renoncer, au bout de cinq ans, à cette expérience. Proche collaborateur des évêques du Piémont, Secrétaire Général de la Conférence Episcopale de cette région, Don Severino est particulièrement marqué par l'intensité spirituelle du Cardinal Anastasio Ballestrero, carme et archevêque de Turin de 1977 à 1989, papabile en 1978 sans être encore cardinal, grande figure de l'Eglise italienne, homme du Concile et de l'ouverture à une nouvelle société. Jusqu'au bout Severino demeurera un fils spirituel et un ami du Cardinal Ballestrero. En 1980, Poletto est nommé évêque coadjuteur
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(puis évêque résidentiel) de Fossano, un tout petit diocèse du Piémont, où il fait en quelque sorte ses classes. En 1989, il est transféré à Asti, diocèse dont est originaire Sodano. On murmure que le Secrétaire d'Etat se réjouit de trouver en Poletto une dimension pastorale qui lui fait défaut. L'un des rares reproches adressé à Poletto au cours de son épiscopat astin est d'avoir publiquement défendu, un peu rapidement et avec un enthousiasme quelque peu intempérant, un proche parent de Sodano impliqué dans des affaires financières. Pour le reste, Poletto demeure crédité auprès de ses prêtres d'une grande ouverture humaine et d'un bon jugement pastoral. C'est un homme d'une grande piété, d'une foi rayonnante. Certes, on ne lui reconnaît pas les audaces souriantes d'un Piovanelli, mais Poletto ne passe pas pour autant pour conservateur. En 1999, Poletto remplace à Turin la papabile Giovanni Saldarini. Réputé modéré, diversement classifié par les spécialistes, proche à titre personnel du cardinal Sodano, mais en même temps héritier des avancées progressistes du clergé piémontais, il pourrait rallier sur son nom un nombre suffisant de suffrages. Sans doute l'homme n'a pas un charisme d'exception et n'est pas un favori dans la course, au moins au départ. Mais à 72 ans, il pourrait rassurer et offre la perspective d'un pontificat où la tiare se reposerait et qui n'incommoderait ni sa gauche ni sa droite. A suivre donc avec attention. Telesphore Placidius Toppo Né en 1939, évêque depuis 1978, archevêque de Ranchi en Inde, créé cardinal en 2003 par Jean Paul II. C'est un fils spirituel de Mère Teresa. Selon certaines sources, il était considéré par Jean Paul II comme son successeur souhaitable. On le dit à la fois ouvert sur les questions sociales, soucieux du dialogue inter religieux et conservateur en matière de morale sexuelle. Son nom n'est pas très connu des médias, mais il faut savoir que Mère Teresa le considérait avec une affection égale qu'elle portait à Jean Paul II. D'une certaine manière, l'élection de Toppo serait en quelque sorte une deuxième canonisation de la Mère des pauvres. Cet argument pourrait toucher un grand nombre de cardinaux de tendances diverses. Le point faible de Toppo est son inexpérience totale du gouvernement de l'Eglise universelle. Il n'en demeure pas moins un papabile surprise à garder en mémoire !
Les Grands Electeurs Walter Kasper Né en 1933, docteur en théologie, prêtre du diocèse de Rottenbourg-Stuttgart en 1957, | professeur à l'Université de Tubingen, Kasper se présente avant tout comme une pointure exceptionnelle en théologie. Auteur d'un livre de christologie remarqué, "Jésus, der Christ" (1974) et de nombreuses autres publications, choisi comme expert spécial lors du Synode de 1985 commémorant les vingt ans de clôture de Vatican II, Kasper ne cache pas sa volonté de promouvoir une intelligence de la foi plus ouverte, engagée résolument dans le dialogue avec la culture contemporaine et les autres confessions chrétiennes. Pourtant, Kasper refusa toujours de souscrire aux revendications contestataires ne signant pas l'appel de Cologne lancé par un nombre non négligeable de ses congénères en 1988. On peut dire qu'il occupait alors un espace intermédiaire entre la ligne de Ratzinger et la ligne de Kùng, irréductible à l'une comme à l'autre. Kasper fait partie avec Lehmann et Ratzinger de la famille de théologiens "Communio". En même temps, il se montre toujours ouvert aux nouvelles recherches et à la culture du débat. Après la mort de Mgr Georg Moser, Kasper lui succède comme évêque de Rottenburg en 1989. Réformiste, respecté des théologiens les plus contestataires, Kasper incarne en l'Allemagne une autorité intellectuelle et pastorale indéniable. Il signe avec deux de ses frères dans l'ordre episcopal, Mgr. Karl Lehmann de Mayence et Mgr. Oskar Saier de Freiburg une lettre pastorale sur l'accès dans certains cas de divorcés remariés à la communion eucharistique qui fait des vagues. Pourtant autoritaire et dur, très imbu de sa charge, méprisant envers son clergé, Walter Kasper n'est pas apprécié dans son diocèse. Jean-Paul II, le nomme au printemps 1999 au poste de Secrétaire du Conseil Pontifical pour l'Unité des Chrétiens puis Cardinal Président du Conseil. Souvent présenté comme la version libérale et œcuménique de ce que Ratzinger incarne dans une ligne conservatrice, Kasper se fait respecter de tous par ses qualités intellectuelles. Pourtant, il semble avoir opéré depuis qu'il est à Rome et de manière accélérée ces dernières semaines un virage à droite assez inquiétant. A commencer par un texte de avril 2005 hors série Golias
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YOsservatore Romano du 24 janvier 2002 à l'occasion de la Journée d'Assise où il avait mis en garde contre le syncrétisme religieux. Ses propos récents sur la défense de l'intégrité des sacrements et de l'eucharistie, particulièrement abrupts ont surpris et choqué. Kasper semble se préparer à prendre la tête de l'ex-Saint-Office. Venant de la sphère germanophone, très cérébral, n'ayant pas de très bons contacts avec les italiens et les latinos en général, Monseigneur Kasper ne fait pas figure de papabile. Mais une surprise reste toujours possible. Josef Ratzinger Né en 1927 en Bavière dans le diocèse de Passau, ordonné prêtre en 1951, Josef Ratzinger accomplit une très brillante carrière universitaire. En 1976, après la mort brutale d'une crise cardiaque du Cardinal Julius Doepfner, une figure pastorale imposante du Concile et l'après Concile, le siège de Munich est vacant. Au bout d'un certain temps, Ratzinger, qui n'a pas 50 ans, y est nommé par Paul VI archevêque de la capitale bavaroise. On le considère alors non comme un conservateur, mais comme un modéré, un pionnier de jadis (très engagé au moment du concile contre le SaintOffice), désormais rétif à l'endroit d'emballements successifs mais néanmoins plus ancré dans l'esprit conciliaire que bien d'autres. Benelli, qui voit en lui un homme d'avenir, tient à ce que le jeune évêque figure bien sur la nouvelle liste des cardinaux de 1977, lors d'une fournée voulue par Paul VI spécialement pour honorer Benelli. Ratzinger sera donc au conclave avec le cardinal américain Baum l'un des deux seuls porporati crées par la pape Montini. Ratzinger s'inscrit dans le courant "Communio" de Hans-Urs Von Balthasar. Archevêque de Munich, Ratzinger bloque la nomination à la Faculté de théologie du théologien Jean-Baptiste Metz. Très vite, Ratzinger quitte Munich (où il fut un piètre pasteur) pour Rome. Il devient Préfet pour la doctrine de la Foi où il va employer une activité intense de répression en matière théologique très connue de tous. Au plan liturgique cet homme sensible, amateur de Mozart cultive volontiers la nostalgie de la sacralité pré-conciliaire. Son combat contre la théologie de la Libération fera date. Pourtant, ce conservateur avéré se montre en privé un homme nuancé. Nommé il y a quelques années avril 2005 hors série Golias
doyen du Sacré Collège, Josef Ratzinger a été présenté souvent ces derniers mois comme un possible pape de transition. Il est vrai que le cardinal allemand s'impose à tous par sa grande intelligence, son humanité délicate et courtoise, sa profondeur spirituelle. En même temps, il est évêque et cardinal depuis plus d'un quart de siècle. Néanmoins, âgé de 78 ans, devenu figure emblématique de bien des aspects ténébreux du pontificat désormais achevé, Ratzinger devrait rencontrer des résistances. Pour ne pas simplifier les choses il vient de prononcer à Subiaco une conférence sur le thème « L'Europe dans la crise des cultures » dans laquelle il esquisse une présentation apocalyptique de la situation contemporaine. Pour lui, « la culture européenne constitue la contradiction la plus radicale non seulement du christianisme mais des traditions (religieuses) morales et religieuses de l'humanité ». Cette orientation de fond, une contre-position abrupte et radicale par rapport à la modernité pourrait, on le comprend discréditer la candidature de Ratzinger, au moins auprès des cardinaux libéraux et modérés. Et pourtant Ratzinger est certainement un homme plus complexe et rien ne permet d'exclure le choix d'un cardinal âgé et expérimenté pour une transition de continuité. Angelo Sodano Né en 1927, prêtre du diocèse d'Asti en 1950, Docteur en théologie et en droit canonique, piémontais et, comme pour vérifier la réputation de cette région du Nord de l'Italie, grand travailleur, Don Angelo Sodano commence par enseigner la théologie dogmatique avant de se lancer dans la carrière diplomatique en 1959. Il travaille d'abord dans les Nonciatures Apostoliques en Equateur, en Uruguay et au Chili. Dès 1968 il est de retour à Rome, où il s'occupe de l'Amérique latine à la Secrétairerie d'Etat. Consciencieux et tenace, sans brio mais persévérant, Mgr. Sodano devient en 1977 archevêque et Nonce Apostolique au Chili, poste où pourtant d'ordinaire, on place un Nonce expérimenté. C'est dire qu'alors il jouit de l'estime de Mgr. Casaroli. Sodano oeuvre à l'apaisement des tensions entre le Chili et l'Argentine, au sujet du Canal de Beagle. Par ailleurs, à Santiago, il était notoire qu'il n'appréciait guère la ligne pastorale et l'engagement politique du Cardinal archevêque de Santiago d'alors, Mgr. Raul Silva Henriquez, un
mm salésien au caractère trempé, théologien d'une intelligence remarquable, une des plus grandes figures d'hommes d'Eglise du siècle écoulé. Sodano a multiplié les marques de sympathie, ou du moins de bienveillance et de compréhension, à l'égard du sinistre Augusto Pinochet. Secrétaire d'Etat très dévoué à la personne de Jean Paul II, très conservateur sinon traditionaliste avec pourtant une certaine dose de pragmatisme à l'italienne, Sodano a poursuivi une entreprise de reconquête et de lutte contre la sécularisation. Peu communicatif, réservé, bon connaisseur des dossiers, mais soucieux surtout du prestige de l'Eglise plus que des causes humanistes comme telles, il présente bien les choix du pontificat écoulé. Sa collusion avec Pinochet, ses limites par rapport à d'autres grands diplomates du Saint-Siège (Casaroli, Silvestrini), un interventionnisme critiqué dans la politique italienne, son âge également pourraient bien faire passer désormais Sodano hors course pour le conclave. Néanmoins, il sera un grand électeur d'influence faisant pencher de plus en plus la balance du côté de la continuité avec le wojtylisme et du conservatisme. Carlo Maria Martini Né à Turin en 1927, Carlo Maria Martini est ordonné prêtre en 1952, à 25 ans, ce qui est tout à fait exceptionnel dans la Compagnie de Jésus. Bibliste eminent, professeur de théologie biblique à Rome, héritier spirituel du Père Stanislas Lyonnet, Recteur de l'Institut Biblique (1970-1978) puis à partir de 1977 de la prestigieuse Université Grégorienne, Martini conseille également dans la discrétion nombre d'évêques italiens dont le défunt Cardinal Sebastiano Baggio, l'un des hommes importants de la Curie à la fin du règne de Paul VI et au début de celui du Pape Wojtyla. En 1980, Jean-Paul II le nomme à la tête du plus grand diocèse d'Europe, Milan, siège de Saint Ambroise et de J.B. Montini devenu Pape sous le nom de Paul VI. Dès 1983, il lui confère la dignité cardinalice. D'une très haute stature morale, Martini est considéré à Milan comme la véritable autorité en ce domaine, y compris par les incroyants. Son souci de la formation spirituelle des fidèles, de la prière, d'une intériorité retrouvée, du dialogue avec les autres religions et les sagesses de l'humanité, à l'origine de très nombreuses publications très lues en Italie et ailleurs, ont
longtemps placé Martini en tête du hit-parade catholique. Dès le milieu des années 1980, le Cardinal de Milan fait figure de possible successeur de Jean-Paul II, incarnant l'espoir de ceux qui souhaitent un tournant plus libéral. Martini s'interroge en effet sur l'opportunité d'établir le diaconat féminin, voire sur l'ordination sacerdotale des femmes; il laisse entendre qu'il ne serait pas hostile à un assouplissement de la discipline du célibat clérical. Selon lui, un certain nombre de points problématiques pourraient faire l'objet d'une réflexion collégiale de l'Eglise, comme certaines positions en matière d'éthique sexuelle. Théologien subtil, homme de Dieu, Martini s'est imposé de plus en plus comme celui qui pouvait offrir une alternative crédible à la ligne restauratrice Wojtyla /Ratzinger. Son élection aurait renforcé le prestige de la Papauté dans les milieux laïcs et aurait relancé la dynamique conciliaire. Aujourd'hui retiré à Jérusalem, très fatigué, atteint par la maladie de Parkinson, Carlo Maria Martini semble exclu de la course. Pour autant n'ayant pas atteint l'âge des 80 ans, il sera au conclave une autorité morale incontournable dont l'influence n'est en tout cas pas à négliger. Crescenzio Sepe Né en 1943, issu du corps diplomatique, très intriguant, a grimpé très vite les échelons de sa hiérarchie grâce à un tempérament de manager et à un réseau très puissant. Organisateur hors pair, on lui doit en partie la bonne marche du Jubilé. Sepe a su gagner la confiance du Pape, mais a su s'aliéner l'inimitié d'une bonne partie de la curie. Actuellement en charge de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, surnommé le pape rouge, il dispose de ressources considérables. Doctrinalement très conservateur, pragmatique en même temps, il aspirait à devenir le Secrétaire d'Etat des derniers jours de Karol Wojtyla. Il cultive volontiers l'image d'une Eglise puissante et triomphaliste. Son manque de substance intellectuelle et spirituelle semble l'écarter d'une élection. Mais il reste un homme de grande influence.
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Julian Herranz Casado Né en 1930, membre de l'Opus Dei, canoniste, il exerce depuis son élévation à la pourpre en 2003 un rôle de plus en plus important à al curie. Ultra conservateur, il a ainsi durci les règles de déclaration de nullité de mariage. Il est considéré comme la cheville ouvrière de l'aile intransigeante à la curie. Et s'il n'a aucune chance d'être élu pape, il sera un grand électeur très important.
Les papabili de 2nd plan Dario Castrillon Hoyos Né en 1929 à Medellin, ordonné prêtre en 1952, sacré évêque en 1971, à la tête du diocèse de Pereira en 1976, Président du CELAM, puis archevêque de Bucarramanga en 1992, bon organisateur, homme courtois et souriant, d'un caractère plus agréable que celui de Lopez Trujillo, mais de conviction personnelle très conservatrice, Dario Castrillon Hoyos s'impose de plus en plus comme l'un des espoirs de l'épiscopat sud-américain. Son intense souci de l'hyperdulie (dévotion à la Vierge), une piété sacerdotale très classique ont séduit le Pape qui confie en 1996 à Castrillon Hoyos, à la plus grande satisfaction de Sodano lié à ce qu'on appelle de plus en plus le parti "latino-américain" de la Curie, la Congrégation du Clergé. En 1998, avec un autre curialiste sud-américain ultra-conservateur, Mgr Medina Estevez, chilien (voir plus loin), Castrillon Hoyos est créé cardinal. Dès sa nomination à la Curie, Castrillon Hoyos déploie une intense activité. Il souhaite restaurer le modèle le plus tradionnaliste du prêtre et s'active intensément en vue d'un possible rabibochage avec le lefebvristes. Ses chances d'être élu sont minces en définitive : trop conservateur, trop lié à une restauration cléricale presque caricaturale, trop âgé sans doute aussi. Néanmoins, il compte certains appuis parmi les cardinaux les plus conservateurs et les plus traditionnalisants. Il devra donc recevoir quelques suffrages. Francis Eugen George Né en 1937, oblat de Marie Immaculée, ancien missionnaire chez les Esquimaux, docteur en philosophie, conservateur éclairé et auquel on reconnaît un vrai jugement personnel, ami à la fois avril 2005 hors série Golias
de Jean Paul II et du cardinal Martini il présente un profil intellectuel assez original. Cité parfois comme papabile, il est handicapé par ses deux pieds bots, mais surtout parce qu'il est citoyen américain, contexte géopolitique oblige. Julius Darmaatmadja Né en 1934, jésuite indonésien longtemps provincial de son ordre, il jouit d'une excellente réputation de religieux spirituel et de pasteur social. On le dit proche du cardinal Martini. Très soucieux du dialogue inter-religieux il est archevêque (de Semarang) dans un pays à très large domination musulmane. Assez peu connu du grand public, il pourrait créer la surprise et devenir le premier pape asiatique d'autant plus qu'il offrirait une alternative plus libérale que la candidature de l'Indien Dias. Lubomyr Husar Né en 1933, moine studite, passait plus ou moins pour intransigeant, renouant avec l'esprit du Cardinal Slipyj après l'intermède plus diplomate du Cardinal Lubachivisky. En réalité, Husar, homme assagi, spirituel reconnu, s'est fait apprécier par sa modération et son respect des autres. Consacré en 1977, coadjuteur de Lubachivisky en 1996, il lui succède juste quelques jours avant de recevoir la pourpre cardinalice. C'est en grande partie pour lui, mais également pour rattraper l'absence de Lehmann, qu'une deuxième annonce de cardinaux - chose inédite - fut faite à une semaine d'intervalle. C'est un théologien très avisé et un pasteur d'une grande sagacité. Aimable, bon connaisseur des question internationales (il a un passeport des Etats-Unis), il connaît bien l'Italie ayant vécu à Grottaferrata. Il pourrait être un papabile surprise. On le dit moins rigide que la plupart de ses confrères en matière de morale sexuelle. Il pourrait aussi être favorable à l'ordination d'hommes mariés. Il est totalement inclassable dans les catégories idéologiques occidentales. Comme handicap on doit signaler le fait qu'un ukrainien catholique pourrait indisposer les orthodoxes. En outre, sa vue serait très mauvaise. Nicolas de Jesus Lopez Rodriguez Né en 1936, évêque de San Francisco de Marcoris en 1978, archevêque de Saint-Domingue en 1981. Cardinal en 1991, il réalisa une carrière brillante imputable à un tempérament de bulldozer et de manager. Très conservateur sur le fond, doté par
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ailleurs d'un grand entregent, il a été l'organisateur très habile de la réunion des évêques latinoaméricains à Saint-Domingue en 1992. On le dit proche du cardinal Sodano. Quelquefois, il a su prendre des initiatives sociales appréciées de son peuple. En ce sens, il incarne lui aussi comme les cardinaux Dias ou Hummes une certaine mixité d'ouverture sociale et d'intransigeantisme doctrinal et moral. Très mariai, férocement opposé à l'avortement et à la contraception, il représente un certain wojtilisme sud-américain. Il ne compte pas parmi les favoris, mais ses chances sont réelles. Marc Ouellet Né en 1944, sulpicien, théologien d'une très vaste culture, bon connaisseur de Hans Hurs von Baltzar, foncièrement conservateur, aligné sur la morale de Jean Paul II, en même temps humain dans les relations personnelles, très affable. Il a accompli une carrière fulgurante ces dernières années : secrétaire du Conseil pour l'Unité en 2001, archevêque de Québec 2002 et cardinal en 2003. Ce n'est un secret pour personne qu'il a reçu mission de Jean Paul II de redresser une église québécoise trop libérale. Ce wojtylien souriant est bien vu à Rome, assez proche du cardinal Ratzinger et compte aussi des amitiés sur sa gauche, assez traditionaliste sur la liturgie, partisan de l'adoration liturgique et du chant grégorien, grand pourfendeur du mariage homosexuel, il est en même temps dans le privé un homme qui sait écouter et accueillir des idées différentes. Bon polyglotte, il a portant contre lui des handicaps qui rendent improbables son élection : il est trop jeune (60 ans), n'a pas beaucoup d'expérience épiscopale, il est évêque depuis 3 ans seulement et vient de l'Amérique du nord qui n'a pas le vent en poupe actuellement. Norberto Rivera Carrera Né en 1942, il est archevêque de Mexico depuis 1995. Comme le brésilien Hummes il allie un conservatisme doctrinal et moral très affirmé avec un sens réel de la justice sociale. Sa critique de la mondialisation et de la corruption politique de son pays a attiré sur lui l'attention. En même temps, un peu à l'instar du cardinal Lopez Trujillo, il entend mener une croisade pour la famille et pour la vie. Sensible à une piété très traditionnelle, il est très lié aux Légionnaires du Christ et représente donc une ligne ecclésiale ultra-wojtylienne. Il ne compte pas parmi les favoris - sauf au Mexique - mais son élection n'est pas impossible.
Christoph Schônborn Né en 1945, issu d'une noble famille de l'actuelle République Tchèque, le frère Christoph est ordonné prêtre en 1970. Docteur en théologie, il demeure très marqué par l'ancienne génération de pères dominicains de son ordre. Le Père Schônborn enseigne donc la théologie à l'Université de Fribourg en Suisse. Il se montre proche de la ligne "Communio" (conservatrice) et se lie d'amitié avec le Cardinal Joseph Ratzinger. Assez vite, il est donc nommé membre de la Commission Théologique Internationale. Rome lui confie la coordination de la rédaction du Catéchisme de l'Eglise catholique. En 1991, Schônborn est nommé évêque auxiliaire de Vienne, le Cardinal Hans Hermann Groer successeur discuté d'un Cardinal Franz Koenig très grande pointure. L'intellectuel brillant et un peu distant qu'est Mgr. Schônborn reste à l'écart de la vie pastorale et des tumultes qui agitent l'Eglise autrichienne. Le choix du successeur de Groer est donc particulièrement délicat. Finalement, le Pape nomme, en pleine Semaine Sainte 1995, Mgr. Schônborn coadjuteur de Vienne. Les mois que va vivre alors Mgr. Schônborn seront douloureux. Un observateur a dit avoir vu alors le jeune prélat vieillir d'un coup de dix ans. Mgr. Schônborn se trouve menacé, entre le marteau et l'enclume. Pourtant, malgré ses réticences, il ouvre le dialogue avec des familles d'esprits et des groupes de croyants dont le moins que l'on puisse dire est qu'il n'est pas proche, comme "Wir sind die Kirche", mouvement de catholiques contestataires. Cardinal depuis 1998, Schônborn est souvent cité comme un successeur probable du cardinal Ratzinger voire comme un papabile. En fait ses chances réelles seraient assez minces : son administration du diocèse de Vienne est timide voire maladroite ; l'homme, conservateur éclairé attaché au faste liturgique et à une piété traditionnelle, semble manquer d'entrain et d'élan pastoral. Relativement populaire, par rapport à certains de ses confrères catastrophiques (Krenn), il semble pourtant trop jeune (60 ans) pour être élu pape. Très bon connaisseur de l'Orient il dispose pourtant d'atouts non négligeables. José de Cruz Policarpo Né en 1936, universitaire brillant, ancien recteur de l'université catholique de Lisbonne, il a fait beaucoup avec le cardinale Ribeiro pour sortir le catholicisme portugais du salazarisme. Patriarche de Lisbonne, il insiste sur le dialogue oecuménique et inter-religieux et sur l'ouverture culturelle. On avril 2005 hors série Golias
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regrette parfois sa collusion avec certaines initiatives néo-conservatrices. Globalement, au sein du Sacré Collège il s'inscrit dans la ligne modérée sinon libérale. Son élection n'est pas improbable. Elle traduirait plutôt une volonté de privilégier l'esprit d'Assise aux velléités de Restauration. Christian Tumi Né en 1930, archevêque de Douala (Cameroun), on le dit à la fois grand seigneur et autoritaire et défenseur courageux de la justice sociale. Son nom circule parfois parmi les papabile, mais personne n'y croit vraiment. Miroslav Vlk Né en 1932, ancien Président des conférences épiscopales d'Europe, il a du travailler avant la chute du rideau de fer comme laveur de vitres. Intellectuel sensible et cultivé, homme de caractère, ami de Vaclav Havel, il est également lié au mouvement des Focolari de Chiara Lubich. En lui se mêlent un esprit incontesté de dialogue et d'ouverture et un penchant à l'affirmation néo conservatrice de la Foi. Il pourrait créer la surprise même si ses chances sont limitées. Tarciscio Bertone Né en 1934, salésien, longtemps secrétaire de l'ex Saint-Office, actuellement archevêque de Gênes, canoniste de formation, très conservateur au plan doctrinal, assez habile au plan pastoral (commente ainsi chaque semaine des matchs de football) il pourrait recueillir des suffrages des plus droitiers des cardinaux. Son élection n'est guère probable mais n'est pas impossible au cas ou le conclave s'orienterait dans le sens du renforcement de la contre-réforme wojtylienne. A fait un peu « bruta figura » par sa croisade exagérée contre le « Da Vinci Code ». Renato Raffaele Martino Né en 1932, longtemps nonce auprès de l'ONU, actuellement président de Justice et Paix, il a défendu des positions courageuses face à George Bush, notamment concernant l'Irak. Assez progressiste dans les questions sociales, mais très conservateur dans les questions de morale privée, il a été la cheville ouvrière de la délégation du saint-Siège au Caire et a défendu vigoureusement Rocco Buttiglione parlant même d'inquisition en son endroit. En fait, il est plus impulsif que lié au courant réellement intransigeant. L'un des favoris avril 2005 hors série Golias
pour le poste de Secrétaire d'Etat ; il pourrait aussi être élu pape en cas de situation bloquée. Francisco Javier Errazuriz Ossa Né en 1933, archevêque de Santigao du Chili, président du CELAM, il allie une indéniable loyauté par rapport à Rome à une réelle ouverture d'esprit personnel. Il a rompu délibérément avec l'ère Pinochet et s'est opposé aux tentatives théocratiques de l'Opus Dei et du cardinal Medina. Centriste au plan doctrinal, il n'est pas totalement fermé à la règle du célibat ecclésiastique. C'est un homme de consensus soucieux de rassembler les tenants de l'option préférentielle pour les pauvres et ceux d'une ligne plus spiritualisante. Il se présente comme un papabile crédible. Il pourrait rassembler de part et d'autre du Sacré Collège, néanmoins on le trouve parfois trop discret et manquant de charisme médiatique. Geraldo Majella Agnelo Né en 1933, archevêque de San Salvador de Bahia, primat du Brésil, fort à la fois d'une expérience romaine et d'une sensibilité pastorale très reconnue, il préside la conférence épiscopale la plus nombreuse du monde. Comme Errazuriz Ossa il tente de réconcilier les tenants d'un christianisme engagé et social et ceux d'une nouvelle evangelisation plus spiritualisante. Modéré, cet homme discret et courtois pourrait rassembler largement. Toutefois, comme son homologue chilien, il est réputé pour manquer de couverture médiatique et de présence personnelle. Antonio Maria Rouco Varela Né en 1936, longtemps archevêque de St Jacques de Compostelle, ce canoniste d'abord considéré comme un modéré a de plus en plus présenté un visage hiératique et centralisateur de l'Eglise espagnole. Archevêque de Madrid en 1974, cardinal en 1998, il a géré avec maladresse aussi bien le problème basque (et celui du régionalisme en général) que les relations avec le nouveau gouvernement Zapatero. Homme de centre droit, un peu froid et timide, il ne semble pas doté du charisme d'un pape. Par rapport au cardinal Vallejo de Seville, il incarne la restauration wojtylienne. Il sera tout de même un grand électeur, à suivre... Ricardo J. Vidal Né en 1931, archevêque philippin de Cebu, il se
présente à la fois comme un pasteur social, comme un défenseur très intransigeant de la morale familiale et comme un dévot fervent de la vierge Marie, il devrait rejoindre le camp des plus conservateurs. Il pourrait rassembler aussi leurs suffrages, se présentant comme un candidat surprise. Cormac Murphy O'Connor Né en 1932, actuel archevêque de Westminster, il est précédé par une réputation d'évêque attentif et bienveillant et très soucieux du dialogue oecuménique. On sait que lors du Consistoire de mai 2001, il a avancé l'idée de relancer un projet de sommet de toutes les confessions chrétiennes. Il est donc généralement classé parmi les libéraux. D'aucuns l'ont même vu comme un possible papabile dans la ligne du cardinal Martini mais en plus effacé. Le cardinal Murphy O'Connor s'est fait remarquer récemment en rapprochant l'avortement de l'euthanasie des nazis... Juan Luis Cipriani Thorne Né en 1943, premier cardinal de l'Opus Dei, archevêque de Lima, ce péruvien très discuté notamment pour ses collusions troubles avec le gouvernement de Fujimori est pourtant cité parmi les papabile. Son appartenance à l'œuvre et son intervention malheureuse lors d'une prise d'otages compromettent pourtant ses chances. Dynamique sans doute, mais ultra-conservateur et considéré comme prétentieux il aura du mal à réunir sur son nom un nombre suffisant de suffrages. Vinko Puljic Né en 1945, archevêque de Sarajevo, devenu en 1994 le plus jeune cardinal, il passe pour un modéré sur le plan doctrinal et pour un caractère affable et doux. Son nom est parfois cité en raison du caractère symbolique du choix (à cause de Sarajevo). Mais l'hypothèse n'est guère crédible car cet homme bon manque par ailleurs d'étoffe et semble en plus trop jeune pour faire un pape de transition. José Maria Saraiva Martins Né en 1932, claretin portugais, préfet pour la Congrégation pour la cause des saints, cet homme rondouillard et cordial ne s'impose pas par une personnalité forte ni par une vision très précise de l'avenir de l'Eglise. C'est un conservateur bon enfant qui aime parler de football plutôt que de
débats théologiques. Justement pour cela, comme il vient en outre d'un petit pays, il pourrait au cas où le conclave deviendrait trop difficile et trop tendu faire figure de pape gentil de transition. La tiare se reposerait... Julio Terrazas Sandoval Né en 1936, rédemptoriste, archevêque de Santa Cruz de la Ciera en Bolivie, il incarne parmi les porporati sud-américains l'aile la plus ouverte. Il pourrait constituer une alternative intéressante à la candidature de Rodriguez Mariadaga trop jeune et trop médiatisé. On sait que les conservateurs wojtyliens Sodano, Castrillon et Medina lui sont opposés. Ce serait un choix audacieux et une heureuse surprise. Ses chances restent limitées, car si d'aventure le balancier devait se diriger vers l'Amérique du Sud, le Sacré Collège préférait sans doute un homme plus centriste ou plus conservateur. Salvatore de Giorgi Né en 1930, archevêque de Palerme, modéré avec des ouvertures sur sa gauche, il pourrait rassembler sur son nom comme pape de transition des suffrages venant d'un peu partout. Il serait une sorte de curé de Rome peu marquant au plan intellectuel, mais c'est un pasteur qui sait négocier et qui pourrait laisser se mettre en place un fonctionnement plus collégial. Néanmoins, même parmi les italiens, il semble l'un des derniers sur la liste des papabile. Juan Sandoval Imignêz Né en 1933, ce mexicain très en vue dans son pays a succédé en 1994 au cardinal Posadas, assassiné comme archevêque de Guadalajara. Réputé social et en même temps conservateur au plan théologique, il pourrait offrir une alternative à la candidature Hummes si celle-ci n'était pas retenue. Donc un papabile surprise à suivre de près. Rodolfo Toruno Quezada Né en 1932, archevêque de Guatemala City sans envergure particulière, mais homme du centre et pasteur solide, généreux et fraternel, capable d'interventions audacieuses dans le domaine de la justice sociale, il pourrait demeurer un papabile en réserve. A suivre... Peter Kodwo Appiah Turkson Né en 1948, archevêque de Cape Coast (Afrique du vril 2005 hors série Golias
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Sud) depuis 1992, cardinal depuis 2003, il est à suivre avec attention, car il pourrait créer la surprise. Réputé progressiste, il est soutenu discrètement par des médias allemands et anglosaxons. Son élection constituerait un tournant radical mais pour cela même demeure improbable. Carlos Amigo Vallejo Ce franciscain espagnol né en 1934 a d'abord été très jeune archevêque de Tanger au Maroc. Il y a fait l'expérience d'une église minoritaire et évangélique. Nommé à Seville en 1982, longtemps bloqué et ne recevant une promotion cardinalice qu'en 2003, il incarne une fidélité intelligente et distinguée à la ligne libérale qui fut celle de nombre d'évêques espagnols sous Paul VI. Reconnu comme un spirituel, comme un pasteur, comme un homme qui écoute, il rejoindra au conclave ceux qui se retrouvent dans la ligne Martini. Ses charismes personnels pourraient faire de lui une papabile surprise.
Les secondes barettes Audrys Backys Né en 1937, fils spirituel des cardinaux Casaroli et Silvestrini. Homme de très grande culture, exerçant longtemps de hautes responsabilités diplomatiques, Mgr Backys devient archevêque de Vilnius en 1991. Cardinal en février 2001, il est depuis une certain temps sur liste d'attente pour se voir confier un dicastère romain de tout premier plan. Dans le cas de l'élection d'un pape italien il ferait un Secrétaire d'Etat fort crédible. D'orientation prudemment libérale, il devrait exercer un certain rôle au conclave même s'il n'est pas en première ligne. William Henry Keeler Né en 1931, archevêque de Baltimore, ancien président de la conférence des évêques des EtatsUnis, foncièrement classique, apaisant, consensuel, il tracera comme à son habitude un chemin de modération pas forcément enthousiasmant. Bernard Francis Law Né en 1931, ancien archevêque de Boston, son étoile d'abord scintillante a été éteinte par les nombreuses affaires de pédophiles qui ont ébranlé son diocèse. Actuellement archiprêtre de Ste Marie Majeure à Rome, cet ancien théologien d'avantavril 2005 hors série Golias
garde très engagé dans l'œcuménisme s'est de plus en plus lié à l'aile traditionnelle. Il devrait appuyer la ligne Ratzinger et Castrillon Hoyos. Adam Joseph Maida Né en 1930, archevêque de Détroit, très pieux et dévot à Jean Paul II, il est estimé du côté des plus wojtyliens mais semble destiné à rester toujours au second plan. Roger Francis Mahony Né en 1936, devenu évêque et cardinal très jeune, d'orientation libérale et sociale, parfois considéré comme un papabile, dans la même ligne que Carlo Maria Martini, il est aujourd'hui fatigué et affaibli à la fois par des problème cardiaques et par les scandales de pédophilie qui ont déferlé dans son diocèse. Pourtant avec Martini, Lehmann et Danneels il fera entendre une voix différente au conclave. Joachim Meisner Né en 1933, longtemps évêque de Berlin, cardinal en 1983, archevêque de Cologne en 1988, il se détache résolument du reste des évêques de son pays pour camper dans une position ultrawojtylienne. Même les personnes qui adhèrent à ses idées lui reprochent une envergure intellectuelle limitée alors que l'Eglise d'Allemagne doit relever de redoutable défis théologiques. Très obstiné, il sera avec le cardinal Rigali et quelques autres l'un des cardinaux les plus actifs pour faire élire un pape de contre-réforme. Aloysius Matthews Ambrozic Né en 1930, archevêque de Toronto d'origine Slovène, il s'est fait remarquer à la fois par sa proximité avec les couches les plus défavorisées et par son ultra-conservatisme doctrinal et moral. Très wojtylien, n'aura pourtant guère de chance d'être élu en raison d'attitude anti-oecumènique. Giacomo Biffi Né en 1928, ancien archevêque de Bologne, très conservateur, jadis au premier plan, il semble aujourd'hui avoir quitté la scène. Ce sera une voix de plus pour le candidat des intransigeants. Frédéric Etsou-Nzabi-Bamungwabi Né en 1930, archevêque de Kinshasa au Zaïre, il n'est pas crédité de l'envergure suffisante ni pour être élu ni pour avoir réellement de l'influence.
Considéré comme conservateur (très mariai) mais a aussi critiqué le centralisme romain lors d'un dernier synode. Michèle Giordano Né en 1930, archevêque de Naples, sans relief ni influence, hors de la Campanie, il ne jouera sans doute aucun rôle. Considéré comme modéré à l'italienne. Jorge Arturo Medina Estevez Né en 1926, chilien, ami de Pinochet, d'orientation ultra-conservatrice, redouté pour son caractère, il a été quelques années préfet de la Congrégation pour le culte divin où il a tenté un retour en arrière. Proche des milieux traditionalistes et intégristes, il est d'évidence trop grillé pour être élu et recevoir des suffrages. Néanmoins, il a été choisi comme doyen des cardinaux diacres. C'est donc lui qui annoncera au peuple le nom du nouveau pape. Peter Seiichi Shirayanagi Né en 1928, ancien archevêque de Tokyo, sans influence, il se classe comme libéral et soucieux du dialogue inter-religieux. Jean-Claude Turcotte Né en 1936, archevêque de Montréal, réputé centriste, on ne lui prête pas une très forte personnalité. Varkey Vithayathil Né en 1927, rédemptoriste, archevêque majeur d'Ernakulam (Inde), il est considéré comme libéral favorable à l'assouplissement en matière de discipline et de moral, et soucieux du dialogue inter-religieux. Bernard Agré Né en 1926, archevêque d'Abidjan, centriste, un temps en vue est aujourd'hui grillé à cause de déclarations imprudentes. Ne sera ni papabile ni grand électeur. Polycarp Pengo Né en 1944, jeune archevêque de Dar-ès-Salaam (Tanzanie), il est assez en vue, en Afrique anglophone, mais ne fait pas figure de candidat crédible à la papauté. Conservateur en matière doctrinale et morale.
Francisco Alvarez Martinez Né en 1925, ancien archevêque de Tolède, conservateur considéré comme sans relief il ne jouera aucun rôle mais pourrait appuyer le candidat de l'Opus Dei. William Wakefield Baum Né en 1926, américain de la curie, très effacé désormais, il aura pourtant un certain prestige moral car le deuxième seul porporato du conclave créé par Paul VI avec Ratzinger. Agostino Cacciavillan Né en 1926, ancien nonce aux Etats-Unis, ancien cardinal de Curie, centriste, connaît un certain nombre de cardinaux mais n'aura pas grande influence au conclave. José Rosalio Castillo Lara Né en 1926, ancien archevêque de Barcelone, conservateur il ne devrait guère jouer un grand rôle. Ignace Moussa I Daoud Né en 1930, patriarche d'Antioche et des Syriens, puis préfet de la Congrégation des Eglises orientales, il a un peu négligé les orientaux slaves et a laissé en sommeil sa congrégation. N'aura aucune chance d'être élu et ne jouera aucun rôle. Josef Glemp Né en 1929, archevêque de Varsovie et primat de Pologne, il devrait justement pour cette raison garder une certaine réserve au conclave. Zenon Grocholewski Né en 1939, Préfet de la Congrégation pour l'éducation, juriste de formation, conservateur, il n'est pas considéré comme eligible mais renforcera le camp des moins libéraux. Frantisek Macharsky Né en 1927, successeur de Karol Wojtyla à Cracovie, près de la retraite, il devrait garder une attitude réservée. Doctrinalement c'est un conservateur. Miguel Obando y Bravo Né en 1926, salésien, archevêque du Nicaragua, d'abord assez proche des question sociales, il a beaucoup vue à droite à la révolution sandiniste. Aujourd'hui proche de la retraite, il ne devrait plus avril 2005 hors série Golias
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jouer un grand rôle, mais votera probablement pour un conservateur. Mario Francesco Pompedda Né en 1929, sarde au caractère affirmé, réputé d'abord conservateur il a pris ses dernières amiées des positions et des dispositions libérales notamment pour favoriser les annulations de mariage. Mal lui en a pris, il a été rapidement écarté de sa fonction de Préfet de la Signature apostolique. Pourrait au conclave se prononcer en faveur d'un choix libéral. Laszlo Paskai Né en 1927, ancien primat de Hongrie, franciscain, modéré, ne devrait jouer aucun rôle mais votera peut-être pour un candidat libéral.
présence prolongée du pape défunt. Il pourrait avoir une certaine influence morale au conclave, mais limitée. Michael Mitchai Kitbunchu Né en 1929, ancien archevêque de Bangkok, héritier de l'époque montinienne, plus libéral, engagé dans le dialogue inter-religieux, il votera certainement pour un candidat ouvert. Thomas Stafford Williams Né en 1930, ancien archevêque Wellington (Nouvelle-Zélande) c'est un libéral qui ne devrait pourtant jouer aucun rôle sinon par son bulletin de vote. Georg Maximilian Sterzinsky Né en 1936, archevêque de Berlin, c'est un
Peter Erdô Né en 1952, il est le benjamin du Sacré Collège, mais aussi l'un des conservateurs les plus affirmés. Actuel Primat de Hongrie, il est trop jeune et
progressiste de cœur capable pourtant de se montrer conservateur et autoritaire. Sa gestion malheureuse de son diocèse l'a discrédité. Il ne devrait pas sortir de l'ombre lors du conclave.
dépourvu d'un charisme persormel pour être élu pape, même s'il est réputé intellectuellement brillant. Aura un bel avenir dans les vingt ans qui viennent.
Friedrich Wetter Né en 1928, archevêque de Munich qui attend la nomination de son successeur, modéré avec une
Paul Poupard Né en 1930, le Ministre de la Culture du Vatican a moins d'influence qu'il ne le laisse croire, somme toute modéré il pourrait aussi bien choisir un candidat conservateur que libéral. Janis Pujats Né en 1930, archevêque de Riga, il s'est fait remarqué par des propos assez traditionalistes. N'aura pas d'influence. Pedro Rubiano Saenz Né en 1932, cardinal archevêque de Bogota on le situe comme un modéré pouvant néanmoins se montrer autoritaire et cassant. N'a guère de relief, et n'aura pas d'influence au conclave. Henri Schwery Né en 1932, ancien évêque de Sion en Suisse, de santé délicate, il n'aura guère plus d'impact que son seul bulletin de vote. Marian Jaworski Né en 1926, très lié à Karol Wojtyla incarne un peu comme Stanislas ou comme le cardinal Lescure une avril 2005 hors série Golias
petit penchant libéral, il devrait au conclave faire valoir le souci de davantage de collégialité. Philippe Barbarin Né en 1950, il est le vice benjamin du Sacré Collège, et est considéré comme un jeune chien fou par nombre de ses pairs. Malgré une rumeur italienne d'il y a quelques mois, il ne semble pas figurer parmi les papabili crédibles. Néo-conservateur sous des aspects modernes et libérés, il devrait rallier plutôt une candidature wojtylien. Bernard Panafieu Né en 1931, archevêque de Marseille, un peu fatigué, devrait rejoindre les cardinaux soucieux de souligner davantage le dialogue plutôt que de poursuivre la restauration wojtylienne. Jean-Louis Tauran Né en 1943, jadis influent et promis à un bel avenir, il semble aujourd'hui vieilli, fatigué et malade. Son rôle devrait être modeste au conclave. Il votera cependant certainement pour un candidat conservateur ou au moins modéré. George Pell Né en 1941,
archevêque de Sydney, ultra-
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conservateur, très discuté dans son pays, il pourrait faire bloc avec le cardinal Rigali pour favoriser l'élection d'un intransigeant dur. Lui-même ne semble avoir aucune chance. Josip Bozanic Né en 1949, archevêque de Zagreb, conservateur, il est le troisième plus jeune cardinal après Erdo et Barbarin. Trop jeune, considéré comme trop nationaliste, il ne figure pas parmi les papabili, mais pourrait redorer son blason lors des années qui viennent. Eusebio Oscar Scheid Né en 1932, archevêque de Rio de Janeiro, conservateur mais moins intransigeant que son prédécesseur Sales, grand ami de Wojtyla, il est parfois cité comme papabile mais semble néanmoins manquer du relief personnel attendu.. N'aura pas une grande influence au conclave. Sauf surprise. Jean-Baptiste Pham Minh Man Né en 1934, vietnamien, peu connu, ne semble avoir aucune chance mais ralliera le camp libéral. Michael Patrick O'Brien Né en 1938, archevêque d'Edinburgh, Primat d'Ecosse, c'est une progressiste qui généralement ne mâche pas ses mots et qui semblait définitivement bloqué pour le cardinalat. Semble avoir du faire des concessions pour obtenir la barrette rouge. N'aura pas grande influence au conclave mais poussera dans le sens libéral. Gabriel Zubeir Wako Né en 1941, archevêque de Khartoum, homme simple, évangélique, et fraternel, confronté à une situation très difficile au Soudan. Au conclave devrait rester au second plan. Anthony Olubundi Okogie Né en 1936, archevêque depuis 1973, créé cardinal en 2003, conservateur, il n'est pas très connu, et reste en arrière plan par rapport à son compatriote Arinze.
juriste précis et rigoureux, mais administrateur autoritaire et distant. Conservateur sur le fond, par ailleurs fin lettré et homme de culture, il exercerait certainement une influence non négligeable sur le conclave. Pourtant, grillé dans sa gestion malheureuse d'affaires de pédophilie, il semble totalement écarté de la course à la tiare. Karl Lehmann Né en 1936, théologien reconnu, ancien assistant de Karl Rahner, évêque de Mayence, il préside la Conférence des évêques d'Allemagne. Homme d'une grande loyauté, souvent pris entre le marteau romain et l'enclume germanique, il défend courageusement la fidélité à l'esprit conciliaire. Sa situation n'est pas facile. Très mal vu à la Curie, il devrait défendre au conclave un programme d'ouverture. Ses chances d'être élu comme pape sont considérées comme nulles. Mais sa voix pourra se faire entendre au moins dans une certaine mesure. James Francis Stafford Né en 1932, théologien reconnu aux Etats-Unis, foncièrement conservateur en matière doctrinale, longtemps chef de file d'une aile plus libérale des évêques américains. Cet excellent organisateur semble avoir pris de plus en plus de distance avec le néo-conservatisme à l'américaine, ce qui est un point positif. Un peu écarté des sphères dites régentes de la curie, il n'y garde pas moins cependant un certain poids. On le dit ouvert à l'éventualité de l'ordination d'hommes mariés comme prêtres. Il pourrait donc être surprenant au conclave. Theodor Me Carrick Né en 1930, archevêque de Washington, très bon connaisseur des problèmes apostoliques internationaux, lié avec George Bush Junior mais capable de prendre ses distances, conservateur au plan doctrinal mais refusant la ligne la plus dure du cardinal Rigali et Chaput, il dispense volontiers des avis écoutés. Proche des mouvements néo conservateurs (les néo-catéchumènes), il appuiera au conclave une candidature dans ce sens. Trop peu charismatique pour être élu pape et surtout venant des Etats-Unis ce qui dans le contexte
Les électeurs
géopolitique actuel est un handicap majeur, il demeure un homme avec lequel il faut compter.
Edward Michael Egan Né en 1932, archevêque de New-York, très romain,
Justin Francis Rigali Né en 1935, originaire de Los Angeles, membre du avril 2005 hors série Golias
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corps diplomatique du Vatican, il est d'abord proche de Mgr. Benelli et s'occupe de la section anglaise de la Secrétairerie sous Paul VI. Avec l'élection de Jean Paul II, il prend bien le virage droitier et sera un temps un secrétaire très efficace de la Congrégation des évêques. Archevêque de Saint-Louis en 1994, puis de Philadelphie en 2003, il devient cardinal peu après. Ultra-conservateur, il est le leader des évêques américains les plus intransigeants surtout en matière de morale. Il devrait exercer une influence très active au conclave pour rassembler ce que le Sacré Collège compte de plus droitier.
Néanmoins, il n'est guère cité comme possible pape de transition en raison de son effacement croissant ces dernière années. Très proche de l'Opus Dei, lié au cardinal Julian Herranz, il devrait beaucoup agir en faveur de l'élection d'un pape proche de l'œuvre.
Javier Lozano Barragen Né en 1933, mexicain, ultra-conservateur, il est actuellement Ministre de la Santé au Vatican. Il devra exercer un rôle influent dans le tri des candidatures sud-américaine au conclave pour sélectionner le plus conforme à la stricte orthodoxie romaine.
Edmund Casimir Szoka Né en 1927, d'origine polonaise, liée aux milieux polonais de Stanislas, ancien archevêque de Détroit, il est actuellement président de la Commision pontificale pour l'Etat de la cité du Vatican. C'est un prélat très conservateur, très influent qui souhaite certainement prolonger le style wojtylien. Il devrait partir à la retraite très prochainement, mais pourrait donc jouer un rôle au conclave.
Francesco Marchisano Né en 1929, piémontais, d'orientation libérale, homme de culture et de cœur, il devrait favoriser l'élection d'un pape plus humaniste et plus sensible à un dialogue emphatique avec la culture contemporaine. Attilio Nicora Né en 1937, juriste spécialiste des questions économiques, très lié jadis aux cardinaux Casaroli et Silvestrini, au centre d'un vaste réseau d'influence italien, Nicora pourrait infléchir les choses dans le sens de plus de libéralisme et d'ouverture sur le monde moderne. Alfonso Lopez Trujillo Né en 1935, colombien proche de l'Opus Dei, président pontificale pour la Famille, très connu pour ses actions offensives et nuisibles contre la théologie de la Libération et l'aile conciliaire des épiscopats latino-américains, il est aujourd'hui fatigué et un peu discrédité. Personne n'envisage son élection, mais il est certain qu'il appuiera les plus conservateurs. Eduardo Martinez Somalo Né en 1927, après une belle carrière il semble aujourd'hui fatigué. Il retrouve une certaine notoriété en qualité de sa charge de camerlingue.
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Sergio Sebastiani Né en 1931, Préfet des Affaires économiques du Saint-Siège, pour cette raison il tisse de solides réseaux et peut exercer une certaine influence. Conservateur sur le fond, il semble surtout pragmatique dans les situations concrètes.
Stephen Hamao Né en 1930, japonais, Président du conseil pour l'immigration, il est l'un des rares progressistes de la Curie, il n'hésite pas à réclamer plus de collégialité et le respect des coutumes locales. Très engagé jadis en faveur d'un dialogue inter religieux audacieux, il soutiendra au conclave une candidature libérale. Jean-Marie Lustiger Né en 1926, malgré son récent départ à la retraite, il gardera une certaine influence sur ses pairs. Caractère très marqué, alliant le souci du dialogue inter-religieux à une affirmation très verticale de l'identité chrétienne, il devrait défendre certainement bec et ongles son choix. Difficile pourtant de savoir lequel. Mario Ce Né en 1925, ancien patriarche de Venise, désormais trop âgé pour être élu (encore que... ), jadis candidat conciliaire modéré très crédible, il pourrait faire pencher la balance vers la gauche et faire contre poids au choix d'un Scola ou d'un autre conservateur.
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ELECTION
Scénaro i senvuedu' neée l cto in « De la gloire de l'olive » selon Malachie qui a laissé un certain nombre de prophéties concernant les papes à venir. Le pape à élire actuellement serait l'avant-dernier, juste avant Petrus Romanus qui connaîtrait la fin de la papauté et la destruction de Rome. Avouons le, nous ne prêtons qu'un crédit limité aux vaticinations de cet archevêque d'Armagh du Moyen Age. Plus sérieusement, il nous semble intéressant de faire d'abord quelques remarques sur les raisons pour lesquels les cardinaux choisiront tel ou tel candidat avant de nous livrer à des hypothèses plus articulées.
Raisons cardinalices Les cardinaux, quel que soit leur sensibilité personnelle chercheront certainement un consensus. Plus le pape sera élu vite, davantage il aura recueilli de voix, plus grand sera encore son crédit et moins contestable sera son action. On le sait, les cardinaux en ont eu toujours conscience ces derniers temps car depuis l'élection de Grégoire XVI en 1831 aucun conclave n'a duré plus de quatre jours. Il est évident qu'aucun des candidats ne vérifie jamais tous les desideratas des uns et des autres. La perfection n'est pas de ce monde ! Il faut choisir et prendre son parti des limites humaines. Pour donner un exemple précis le fait que le cardinal Luigi Tettamanzi ne parle pas de langues étrangères (hormis quelques bribes d'anglais et un peu de français lu) constitue certes un handicap mais dont les cardinaux pourraient prendre leur parti en fonction d'autres critères positifs. L'âge également non idéal d'un Josef Ratzinger EWJ
(trop vieux) ou d'un Oscar Rodriguez Maradiaga (trop jeune) ne constitue pas des obstacles absolus dans la mesure ou l'envergure de ces candidats pèse plus lourd sur la balance que leur date de naissance.En fait, le choix ne portera pas tant sur la nationalité de l'élu ni sur les éléments particuliers d'une curriculum vitae mais sur une sorte de profil global qui se dégagera ; saisi peut-être de façon plus intuitive qu'à l'habitude. C'est pourquoi nos spéculations doivent être conscientes de leur caractère assez relatif. En même temps, il faut que le nouvel élu soit moralement impeccable. Des gestions imprudentes, une complaisance malheureuse dans une affaire de pédophilie, un profil trop marqué d'intrigant, une collusion choquante avec des régimes dictatoriaux ne manqueront pas de grever une candidature. La question de la santé physique du futur élu ne sera pas négligeable. Après le long calvaire du pape Wojtyla il serait inopportun d'élire un homme visiblement en très mauvaise état surtout atteint de la maladie de Parkinson, ce qui est le cas à notre connaissance de deux des cardinaux du conclave. Des fragilités de santé surmontées constitueront certainement un handicap mais peut-être pas décisif. C'est le cas des cardinaux Camillo Ruini et Godfried Danneels, jadis pontés. L'apparence physique peut avoir son importance. Pourtant, comme le disait le cardinal Roncalli en 1968 lors de son entrée au conclave qui allait l'élire sous le nom de Jean XXIII à des journalistes ralliant son embonpoint : « Le conclave n'est pas un concours de beauté ». L'opinion lue ici ou là selon laquelle la toute petite taille du cardinal Tettamanzi pourrait constituer un handicap, nous ne semble guère crédible. Récemment, dans la presse italienne, le cardinal Walter Kasper a confié que le futur pape devrait être « sympathique ». En effet en raison de la médiatisation accrue, une personnalité trop froide, trop cérébrale, manquant de charisme et d'impact ne ferait pas forcément très bon effet. Au plan avril 2005 hors série Golias
CONCLAVE
intellectuel, il n'est pas certain que le nouveau pape doive faire preuve d'une stature d'exception. A la limite, la puissance spéculative d'un Angelo Scola constituerait presque plus un handicap qu'une chance. C'est le profil pastoral qui devrait dominer, sauf au cas où les cardinaux devraient privilégier une transition courte dans la continuité ou un pontificat surtout de pure gestion centriste. Dans la première hypothèse, ce serait Josef Ratzinger qui serait élu, dans la seconde, Giovanni Battista Re.
Jadis l'aile conservatrice redoutait celle de Martini. Actuellement, on peut prévoir que le choix d'un conservateur trop marqué, Castrillon Hoyos ou d'un libéral trop marqué comme Lehmann suscitera des barrages.
Hypothèses et scénarios Le choix premier semble t-il devra porter sur la durée du futur pontificat, en gros trois hypothèses sont possibles. D'abord l'élection d'un pape assez
Parmi les critères envisageables, l'engagement social en sera un non négligeable. La connaissance âgé pour une transition brève. Dans ce cas, on parle des questions œcuméniques et l'aptitude au de Josef Ratzinger, une deuxième hypothèse serait dialogue interreligieux seront un point important celle d'un pape âgé, mais pas trop, soit d'un pour les cardinaux libéraux et modérés. La fidélité pontificat de transition à moyen terme. Dans ce cas, doctrinale et l'attachement à une morale rigoureuse le nom de Camillo Ruini semble favori. Dans une en matière familiale constitueront les critères troisième hypothèse, le collège cardinalice choisirait au contraire un pape privilégiés des plus conservateurs. relativement jeune pour ouvrir Si la volonté de rassembler le plus C'est le profil pastoral une nouvelle ère qui devrait possible de cardinaux devait vraiment dominer et l'emporter, s'étendre sur un certain nombre qui devrait dominer, d'années. Dans ce cas là, on peut on pourrait s'orienter vers un sauf au cas où les citer du côté conservateur prélat progressiste en matière cardinaux devraient sociale mais conservateur en Angelo Scola et Christophe privilégier une Schônborn et dans un sens plus doctrine et en morale comme transition courte dans la ouvert Rodriguez Maradiaga. Claudio Hummes, Ivan Dias, ou continuité ou un Les trois hommes en effet n'ont beaucoup d'autres héritiers du p o n t i fi c a t w o j t y l i e n . C e t t e que la petite soixantaine. De ces pontificat surtout de trois hypothèses, c'est la solution pourtant aurait le pure gestion centriste. deuxième qui semble la plus désavantage de vouloir trop probable, le nouvel élu pourrait reproduire un certain point d'équilibre souvent préconisé ces dernières années. être né entre 1931 et 1939. Des papabili comme Hummes, Dias, Policarpo, Danneels, Ortega, Il y aura également comme dans tout choix un Poletto, Antonelli entrent dans la bonne fourchette. aspect négatif, en l'occurrence la volonté d'écarter du trône certains candidats. On sait que la Étroitement lié au choix de l'âge, le choix d'une continuité privilégiée ou d'une rupture amorcée détermination négative a joué un très grand rôle en 1978 puisque ni Giuseppe Siri ni Giovanni Benelli sera décisif. En général les cardinaux aiment n'ont pu rassembler, le premier écarté pour son l'alternance. On disait jadis qu'un pape maigre ultra conservatisme, le second pour être trop lié au succède à un pape gros. En 1914, après la mort du pape Montini et pour son activisme autoritaire. très traditionaliste Pie X, les cardinaux ont élu le Ainsi, lors de ce conclave, devraient être éliminés libéral Delia Chiesa. Il semble donc exclu que l'on les cardinaux trop extrémistes, ou jugés tels, par souhaite un clone de Karol Wojtyla. C'est pourquoi exemple ayant pris sur des questions de morale des comme le disait un journaliste italien, le futur pape positions trop divergentes (par exemple l'écossais ne sera pas choisi à l'est de Frascati. De même, un O'Brien) ou ayant au contraire semblé trop engagement trop marqué dans le domaine de la réticents vis à vis du concile et des geste les plus morale sexuelle serait un handicap. De même ouverts de Jean Paul II comme l'assemblée d'Assise encore, un pape trop gyrovague pourrait être écarté ou la repentance. Provenir de Pologne ou des Etats- par la curie. Les accents très marqués de Jean Paul Unis (pour des raisons géopolitiques évidentes) II sur une spiritualité sacerdotale à l'ancienne et la devrait également constituer un handicap sérieux. dévotion mariale devraient être compensée par une Il ne fait pas de doute que les cardinaux cherchent plus grande insistance sur l'aspect apostolique et à éviter un certain nombre de candidatures. incarné du ministère, peut-être avec une réserve avril 2005 hors série Golias
EMM plus grande au sujet de la piété populaire. C'est l'inverse qui s'était passé en 1978, où la relative froideur de Paul VI envers des spiritualités trop sensibles avait aussi ouvert la voie à l'élection d'un pape plus dévot.
3) Un autre scénario n'est pas non plus totalement à exclure même s'il est rarement évoqué : l'élection d'un pape progressiste de transition brève qui aurait au fond pour mission d'ouvrir portes et fenêtres en laissant à un homme
1) Envisageons à présent l'hypothèse la moins heureuse celle du choix d'un conservateur relativement jeune, c'est-à-dire la volonté du collège cardinalice d'ouvrir après Jean Paul II une autre ère de restauration. Elle présenterait d'autres aspects soulignés, en particulier le dogme et la morale dans le cas de l'élection de Schônborn. Nous ne pensons pas que cette hypothèse soit la
plus institutionnel et plus modéré le soin de canaliser ensuite les ouvertures. On sait qu'il y a quelques années, l'aile libérale pensait dans ce sens, souhaitant en particulier l'élection des
plus probable mais elle ne peut être exclue. Il faut savoir qu'une trentaine de cardinaux semblent agir en ce sens autour de l'italien Bertone, de l'américain Rigali et de l'australien Pell. Ces hommes estiment que le verrouillage wojtylien n'est pas assez solide et qu'il faut le conforter encore. Cette entreprise devrait rencontrer bien sûr des résistances. Non pas seulement de la part des libéraux mais encore de la part des modérés et aussi d'un certain nombre de conservateurs qui redoutent malgré tout une perte de crédibilité et souhaitent à la fois que le fond soit préservé mais avec davantage de bienveillance positive dans la forme. Si jamais le scénario conservateur ou ultraconservateur l'emporterait, on assisterait sans doute à une explosion, notamment en Allemagne. Des décisions comme la dogmatisation d'Humanae Vitae à l'impact évidemment désastreux ou le dos tourné à tout dialogue œcuménique plomberait durablement l'Église romaine. 2) L'élection d'un conservateur pour une brève période de transition n'aurait à l'évidence pas le même impact. Paradoxalement même, elle pourrait réveiller un nouvel élan progressiste dans deux ou trois ans. Ce serait le cas en particulier de l'élection de Josef Ratzinger qui serait une sorte de prolongation du pontificat de Karol Wojtyla une attente d'une autre dynamique pour le futur. On peut tout de même se demander si l'Église ne ferait pas une erreur de différer encore un choix d'évolution qui n'a que trop tardé. Au plan de l'image médiatique, le choix d'un quasi octogénaire n'est pas non plus très bonne. Il semble que ce scénario ne puisse finalement se vérifier que dans le cas où les cardinaux ne voient pas très clair dans l'avenir et qu'ils privilégient au fond une sorte de conclave prolongé sur deux ou trois ans.
cardinaux Etchegaray ou Piovanelli déjà presque octogénaire (quelques années auparavant le même projet était caressé autour d'une candidature Pironio). Actuellement, on ne peut donc exclure l'élection même improbable d'un Carlo Maria Martini bien que fatigué et malade et qui, sans doute démissionnerait dans deux ou trois ans. Il ouvrirait une nouvelle ère pour l'Église.Cet hypothèse est hélas très peu probable surtout en raison de la raréfaction et de l'affaiblissement de l'aile libérale parmi le Sacré Collège. 4) L'un des scénarios les plus probables demeurent donc l'élection d'un pape pour une durée certainement moindre que le pontificat écoulé, mais que l'on pourrait dire néanmoins moyenne. Ce scénario connaît des variantes : la première, celle incarnée par la figure sympathique du cardinal Tettamanzi serait celle d'un assouplissement plus souriant de la ligne de gouvernement avec une certain ressemblance avec Jean XXIII, mais probablement dans un sens plus avril 2005 hors série Golias
Rares sont ceux qui ont tenu tête. On doit rendre hommage au cardinal Carlo Martini, figure intellectuelle et spirituelle d'exception. On doit rendre hommage également au cardinal Karl Lehmann pour sa résistance souvent douloureuse à l'autoritarisme romain. Mais ces voix ont été trop isolées. Désormais, le pontificat de Karol Wojtyla s'est achevé. Il suffira peut-être de peu de choses pour que des langues se délient. Quant à ceux plus légitimistes, qui hésiteront à évoquer Karol Wojtyla sinon sous le mode du panégyrique, il n'est pas certain que cela ne soit pas non plus un moyen contourné de tourner la page. Il s'agit d'écrire sur cette page blanche qui s'ouvre. On peut espérer, malgré le mode de nomination qui, hélas, limite les ouvertures, que les cardinaux vont reprendre à nouveau frais l'examen d'un certain nombre de défis pour donner éventuellement des solutions plus ouvertes ou du moins pour permettre à d'autres perspectives de se tracer. Tel est du moins notre souhait. Rien n'est acquis. Après trop d'années de passivité, il est difficile de saisir le taureau par les cornes ! Néanmoins, nous avons l'audace de l'espérance. D'ailleurs, à la limite qu'importe le nom ou le profil personnel du nouvel élu. Il se peut même que le conclave décide d'élire une personnalité peu connue et sans relief mais qui serait vraiment déterminée à jouer le jeu de la collégialité. Ces jours-ci, on entend ainsi le nom du cardinal de Palerme Salvatore de Giorgi ou celui de Seville Carlos Amigo Vallejo qui sont des hommes de collégialité. Néanmoins, même une très fort personnalité et même un prélat à l'origine conservateur pourraient par loyauté se faire le serviteur des serviteurs de Dieu selon le titre antique choisi par Grégoire le Grand, et refuser de monopoliser le devant de la scène pour laisser un point de vue plus modeste mais aussi plus collégial s'imposer. La balle est dans le camp des cardinaux. Les surprises sont possibles. Et si au fond, le véritable choix était comme au moment de la première session du Concile Vatican II, entre se contenter de programmes établis et de directions données ou au contraire risquer l'aventure d'un imprévu qui conduirait peut-être l'Église ailleurs. Christian Terras et Romano Libero
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Les défis du prochain pontificat Nous n'avons pas, et pour cause, les mêmes usages de transmission héréditaire du pouvoir dans l'Eglise, mais, après un petit délai de quelques jours qui n'a de démocratique que l'apparence, les monarques se succèdent dans la continuité autant que dans la différence. Si le Pape Jean-Paul II fut un grand maître dans l'art d'utiliser les media, il faut reconnaître qu'elles le lui ont bien rendu à l'occasion de sa maladie, de son agonie et de sa mort. La brosse à reluire a été rarement utilisée avec autant de frénésie. Et il faut bien reconnaître encore que l'impact humain actuel, le concours des foules et des grands de ce monde, doit beaucoup plus à la maîtrise et au rayonnement du Pape décédé qu'à l'impact du matraquage médiatique actuel : chaque antenne, chaque écran veut en être de son petit et de son grand couplet comme s'il n'y avait rien d'autre à dire, comme si la terre s'était arrêtée de tourner. La fidélité à l'esprit du pape défunt nous aurait sans doute valu quelques rappels touchant à la guerre, la violence, la misère, les divisions...sans parler du capitalisme, de la sécularisation de la sexualité et du reste, le tout à la sauce mariale, naturellement dans un contexte légitime de ferveur, de fierté et de patriotisme polonais. On s'est complu ainsi à exalter une œuvre reconnue et considérable : le
voyageur, le rassembleur, l'idole des jeunes, le pape de la repentance et de l'inter-religieux, en ce qui concerne les trois monothéismes...on a évoqué aussi, et peut-être surtout, le restaurateur de l'aura p o n t i fi c a l e e t , d i s o n s - l e , d ' u n c e r t a i n triomphalisme du catholicisme ; on a souligné ensuite son intensité spirituelle et tout particulièrement sa grande piété mariale ; on n'a pas oublié l'athlète qu'il était, sa sublime endurance dans l'épreuve physique, athlète de Dieu aussi dans ses multiples écrits et prises de parole, dans sa théologie.
il est question de collégialité : Jean-Paul II a hérité de Paul VI et poussé à l'extrême l'absolutisme pontifical, ce qui était une trahison patente de l'écclésiologie de Vatican II : le corps apostolique des Evêques n'entourait plus le Successeur de Pierre qu'à titre de valets, et était choisi dans ce sens. Dans cette affaire, il n'en va pas seulement de chaque Evêque pris individuellement, il en va aussi de l'avenir des Eglises locales et surtout continentales. La mondialisation, tout comme la régionalisation, ne permettent pas plus l'impérialisme romain et occidental que l'impérialisme américain actuel en d'autres domaines, de s'imposer souverainement. A défaut d'aura universelle, le nouveau Pontife aura le devoir de respecter l'Eglise et le monde dans sa diversité, en respectant l'autonomie du Corps apostolique.
Mais toute médaille a son revers, et certaines voix discordantes n'ont pas manqué de se faire entendre, qu'il s'agisse de mouvements comme « wir sind kirche » spécialement en Allemagne et en Autriche, ou qu'il s'agisse de condamnations touchant des mouvements, comme « la théologie Il s'agit donc d'une autre approche et de libération » ou des personnes de l'Eglise et des hommes, une comme Hans Kung ou Eugen Drewermann, qui sont loin acceptation des cultures, des d'être les seules. Sous son règne, traditions, des évolutions aussi. A défaut d'aura il ne faisait pas bon de s'opposer L'héritage actuel est celui d'un monolithisme institutionnel et à l'idéologie pontificale. universelle, le nouveau doctrinal qui ne respecte pas plus D'autres voix s'étaient élevées, Pontife aura le devoir de l'évolution de 1' Occident que la mais avaient été immédiatement respecter l'Eglise et le recouvertes sous une chape de situation et l'évolution du reste monde dans sa diversité, du monde. De théologique la plomb, la plus célèbre et la plus en respectant citée est celle du Cardinal doctrine romaine est devenue peu l'autonomie du Corps à peu idéologique en s'appuyant Martini, alors Archevêque de Milan. sur une systématique grecoapostolique. médiévale qui a fait son temps Toutefois, les critiques nous depuis belle lurette : Rome s'était arrivent souvent par une autre appuyée dessus au XIX° siècle voie très révélatrice : faute de pour contrer l'évolution de la pensée pouvoir supputer le nom du prochain élu du occidentale, cela n'a guère survécu sauf dans Conclave, on s'efforce de dresser son portrait robot certaines écoles, comme celle de Lublin en Pologne, et les grandes lignes inévitables du programme qui inspiratrice du Pape. Toutes les Encycliques du l'attend. Il est bien évident qu'à moins d'un clone, dernier Pape, de même que son Catéchisme, en nul ne peut chausser les bottes de Jean-Paul II ; or, sont marquées et cela n'a guère intéressé et fait il aurait fallu pour cela qu'il s'y prenne plus tôt et, évoluer la pensée, même s'il s'est toujours trouvé de toutes façons, sa morale refusait le clonage. Le quelques thuriféraires de service. A défaut de génie successeur, quel qu'il soit, aura d'autres charismes théologique et philosophique, le nouveau Pontife et un héritage fait d'ombres et de lumières à aura le devoir d'épouser l'évolution de la pensée assumer. A défaut d'être un nouveau Jean-Paul II, de son siècle, en Europe et ailleurs. Mais ce fixisme polyglotte et voyageur, idole des foules, le nouveau suranné ne s'en est pas tenu qu'à des conséquences Pontife aura le devoir de n'être que lui-même dans au niveau de la pensée, il a pesé beaucoup plus le service de l'Eglise et du monde. lourd encore au niveau de la théologie morale : il ne s'agissait pas de permettre tout et n'importe Les grands thèmes sont alors toujours les mêmes, dans un ordre ou dans un autres. Sans aller jusqu'à quoi, surtout devant des questions souvent radicalement nouvelles : bioéthique, génétique, la démocratie intégrale au sens moderne du terme, sexualité, etc. dont les répercussions socioavril 2005 hors série Golias
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CONCLAVE culturelles étaient patentes ; Il faut reconnaître que là, sans doute pour les mêmes raisons, JeanPaul II a achevé l'œuvre de ruine du concile Vatican II amorcée par Paul VI: en se réservant les questions du célibat sacerdotal et de la sexualité, en publiant ses deux encycliques sur le sujet, et tout particulièrement « Humanae vitae » en 1968. Le Pape d'alors avait sonné le glas de la parole pontificale. L'Eglise avait perdu tout crédit en ce qui concerne les femmes, la sexualité, et le sacerdoce.. .et cela n'a fait que croître et embellir. Le malheur est que cette ruine a rejailli sur le reste de la parole pontificale qui en d'autres domaines était loin d'être nulle et non avenue. A défaut de triomphalisme romain, le nouveau Pontife aura le devoir de restaurer le crédit de la parole pontificale en matière d'éthique et de morale, en redevenant crédible dans les autre domaines. Le jeu du pouvoir d'une personne exceptionnelle, charismatique en bien des domaines, s'est traduit aussi dans le fait que l'exercice de la parole mondiale s'est exprimé dans un certain désintéressement de tout le grenouillage de la curie vatricanesque. Au fond, Jean-Paul II a laissé faire une foule de choses et de gens, en s'appuyant sur quelques amis de la Curie, comme le Cardinal Ratzinger, et sur quelques groupes dits spirituels, comme les Focolarii, Communione et liberatione, St Egydio ; il a même laissé plus que du pouvoir à l'Opus Dei, qui était venu au secours des finances du Vatican et qui présentait une idéologie proche du rêve clérical de l'Eglise de Pologne. Le Pape a même concédé en sa faveur une entorse aux traditions de l'Eglise en canonisant avant l'heure le fondateur de cet Institut, et en donnant à ce dernier une situation d'exception dans le monde entier. Il est vrai qu'en la matière le pape a canonisé plus de Saints que tous ses prédécesseurs réunis. Peut-être se préparait-il une place à son tour ? Quel ~ qu'il soit, le nouveau Pontife aura le devoir de remettre de l'ordre dans le Vatican et dans la Curie romaine, et ce ne sera pas facile après les habitudes prises. Et l'on en vient ainsi aux échecs de ce pontificat qui n'a pourtant pas manqué de grandeur : on ne peut jamais gagner sur tous les tableaux à la fois. S'il y a eu un rôle très important au niveau de la libération de la Pologne et des Pays de l'Est, lui attribuer tout, comme on le fait ces jours-ci, en omettant de parler du rôle des USA et de Gorbatchev dans l'affaire, est un mensonge historique. Il en va de même à propos de la politique vaticane en Amérique-Latine : avril 2005 hors série Golias
l'anticommunisme viscéral compré-hensible du Pape, mais aussi du Président Reagan et de ses successeurs, a contribué à soutenir des dictateurs et à ouvrir le continent aux sectes, au détriment des Eglises locales, remises entre les mains d'Evêques conservateurs. Le nouveau Pontife aura pour devoir de choisir entre une politique libérale pro américaine et une ouverture aux recherches et aux combats du monde. On se goberge dans les émissions actuelles du nombre de catholiques en Amérique-Latine, sans évoquer les désaffections et les progrès des sectes venues des USA. C'est un aveuglement historique. Mais il faut parler d'un autre échec, occidental cette fois : la « Nouvelle Evangelisation ». Jean-Paul II, affolé par les dérives occidentales de la chrétienté, avait rêvé que les Eglises des Pays de l'Est, vivifiées par l'opposition aux régimes communistes, allaient donner un coup de fouet à nos vieilles Eglises de l'Ouest, installées et sécularisées ; et c'est plutôt l'inverse qui s'est produit, même si certaines Eglises restent plus vivantes là-bas qu'ici. Ce ne sont pas les prêtres importés par wagons en Alsace et ailleurs qui redonnent vie aux diocèses de France, ils n'encouragent jamais que la Tradition au pire sens du terme et la réaction. Le nouveau Pontife aura le devoir de ne pas rêver à partir de son histoire personnelle et nationale, et de se situer par rapport au monde et aux Eglises tels qu'ils sont.
Il faut sans doute évoquer un autre échec qui a du être très dur pour Jean-Paul II : ce qu'il a relativement réussi par rapport aux autres monothéismes, juifs et musulmans, s'est heurté à un mur un peu chez les Protestants et surtout chez les Orthodoxes. Les causes ne sont certainement pas les mêmes et les autres chrétiens sont loin d'être innocents dans ces échecs. Mais les faits sont là. On peut même penser que Paul VI était allé plus loin en la matière vis-à-vis des Orthodoxes. Le défunt Pape, au nom de son intégrisme catholique relativement aux prêtres mariés, aux femmes ordonnées, et à d'autres sujets, mais surtout au nom de sa succession de Pierre et de l'interprétation catholique de la Tradition, a rejeté nos frères protestants et orthodoxes. Cela a du lui être très dur, mais bâti comme il était il n'a du comprendre rien à rien. Le nouveau Pontife aura le devoir de rencontrer nos frères chrétiens avec un autre regard d'amour et un moindre souci de son
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propre pouvoir. Mais, si l'on a évoqué une relative s'acclimater. Jean-Paul II s'est acclimaté aux media, réussite vis à vis de nos frères monothéistes, et une à l'avion, aux grands « shows », comme on dit. Il moindre malheureusement vis à vis de nos frères a développé ainsi un besoin d'affirmation qui lui chrétiens, la question est posée aujourd'hui par venait de sa Pologne et de son oppression autant rapport à ce que l'on appelle 1' « inter-religieux ». que de sa culture classique et de ses traditions. IL Elle n'est pas nouvelle, puisque qu'elle s'est posée ne pouvait sans doute pas voir le monde déjà à propos de la Chine avec le P.Ricci et les autrement, et il faut le respecter. Mais il n'a cessé de Jésuites, il n'y a pas moins de 4 siècles ! Le grand transporter à travers les continents la même image visiteur triomphaliste des qui n'était que la sienne et celle d'une certain entourage. Le nouveau Pontife chrétientés du monde n'a aura le devoir de regarder le monde tel pas manqué de sanctionner L'héritage actuel est celui les catholiques immergés qu' il est et de l'écouter avant de d'un monolithisme dans d'autres contextes institutionnel et doctrinal présupposer qu'il connaît d'avance les réponses à tout. religieux et en particulier qui ne respecte pas les théologiens qui là-bas On pourrait ainsi multiplier les questions ou à Rome en tiraient des plus l'évolution et les perspectives, le champ et les de l'Occident que questions ou des questions sont immenses. Sans doute conséquences théologiques la situation et l'évolution peut-on espérer du prochain Pontife non conformes à la du reste du monde. qu'il ne soit pas trop prisonnier ni de tradition romaine. Le l'idéologie régnante, ni du Vatican, ni de nouveau Pontife, quel qu'il l'image de son prédécesseur.. Le moins soit, aura à cœur d'écouter qu'on puisse dire est que ce ne sera pas facile et ceux qui s'engagent et travaillent par respect et par amour, sur les marges. Il aura aussi à cœur qu'on lui souhaite à lui autant qu'à nous « bonne d'écouter les leçons et les grandeurs des autres chance ! » . Jean-Paul II aura été, nul ne le conteste, un très grand politique, aura-t-il été pour traditions spirituelles. autant un très grand Pape ? L'avenir le dira. Ce qui Le plus grave est sans doute dans sa formule choc, est certain dès aujourd'hui, c'est qu'il a fermé plus rappelée maintes fois : « N'ayez pas peur ! » de portes qu'il n'en a ouvertes, il a poussé le Certes, elle a eue une valeur par rapport au bloc bouchon trop loin et fait franchir à la papauté soviétique et à la Pologne. Certes, certains nombre de points de non-retour. catholiques ont pu s'en faire un blason par rapport aux interrogations et aux remises en cause actuelles Le dernier et non le moindre de ces points est de notre société, mais, tout bien regardé, elle sonne l'ambiguïté entre le chef religieux et le chef d'état : d'une manière étrange par rapport à un pontificat Jean-Paul II a su en user et en abuser à merveille tout au long de ses multiples voyages ; c'était peutqui semble précisément avoir été marqué par la être cohérent par rapport à la situation actuelle du peur devant les dérives du monde. Jean-Paul II Vatican comme par rapport à sa conception s'est ainsi employé à « resserrer les boulons », à fermer tout ce qui pouvait paraître interrogation ou ouverture. Nos contemporains ne savaient pas, mais, lui seul savait et il usait de son pouvoir de bloquer tout. Jean-Paul II a sans doute été ainsi le seul dernier monarque de la terre à cumuler tous les pouvoirs et à en user à la mesure de ses idées et de ses phantasmes. Le nouveau Pontife aura le devoir d'être plus humble et plus serein, sans avoir besoin de formules choc qui passent médiatiquement mais ne convainquent personne. Mais, s'il faut parler de la peur devant le monde, il faut parler de la modernité dans laquelle il nous est difficile de voir clair : tant de choses sont nouvelles, ou n'ont pas encore eu le temps de
polonaise de l'Eglise, ce n'était ni clair, ni très honnête, il faudra bien qu'un jour son successeur ou un autre aide le catholicisme à en sortir ; on ne peut pas sans cesse jouer sur les deux tableaux, surtout quand l'Etat qu'on représente n'a pas de siège dans les plus hautes instances internationales, car il n'est pas une démocratie. Notre fondateur, Jésus, s'y était refusé, c'est synthétisé dans l'Evangile des tentations au désert et ce n'est démenti par aucune page des Evangiles. Le successeur immédiat aura-t-il ce courage et cette lucidité ? Cela pourrait le préserver et nous préserver de la tentation politique. Serge Torrep avril 2005 hors série Golias
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ROME MOSCOU U guerre des popes
D82 s Dei : ainte-pieuvre
Réf. D83 Extrême droite la honte !
Réf. D84 - Jean Paul II : les scénarios et enjeux de sa succession
Réf. D85-86 Entre marketing et prosélytisme
Réf. D87 Rome-Moscou, la guerre des popes
D88 jeunes prêtres : lération Lustiger
Réf. D89 Mais où sont passés les intellectuels catholiques ?
Réf. D90 La revanche des nouveaux cathos
Réf. D91 Le livre noir des chrétiens persécutés dans le monde
Réf. D92-93 Les enjeux du prochain conclave
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LERAPPORTQUIACCUSE Le Vatican contre la laïcité en Europe
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D94 apport iccuse
Réf. D95 Femme de prêtres, les couples du silence
Directeur de la rédaction : Christian Terras Secrétariat de rédaction : Patrice Bouveret (maquette) Administration : Vincent Farnier Billettistes/éditorialistes : Jean Molard, Delphine Perret Rédaction : Paul Ariès, Adolphe Grégoire, Gaston Guilhaume, Pascal Janin, Georges Lethé, Colette SaintAntonin, Jean-François Soffray, Eugène Weber Illustratrice : Malagoli Correspondants : Sandro Magister (Italie) ; Peter Hertel (Allemagne) ;Romano Libèro ' (Vatican)
Réf. D98 Réf. D99 Réf. D96-97 La croisade de G. W. Bush » Laffaire Gaillot (1995-2005) Jean Paul II à Lourdes 10 ans, déjà ! Sous le voile de la Vierge Le préféré de Dieu
Traductions : Monique Dubois (anglais), Johannes Blum (allemand) Conseil graphique et illustration de la Une : Christine Cizeron Relations presse : JeanFrançois Vallette, Johannes Blum Informatisation : Alain Bourdeau Documentation : Colette Gauthier Édité par : Golias, SARL au capital de 50 155,73 F Gérant, directeur de la publication :Luc Terras Crédit photos : droits réservés
GOIIAS-France, BP 3045i 69605 Villeurbanne Cedex Tél. 04 78 03 87 47 Fax 04 78 84 42 03 wvnv.golias.fr e-mail : redaction@golias.fr administration@golias.fr GOLIAS-Belgique : Éditeur responsable : Luc Terras Tél. 02/734 34 71 Fax 02/762 28 44 iMPfllMÉ PAB :
Dumas-Titoulet Imprimeurs Saint-Étienne • n° imprimeur 42328 Commission paritaire : n° 1107 I ISSN 1247-3669 Dépôt légal à date de parution avril 2005
Golias est le nom d'un évêque légendaire du Moyen Âge << Notre route n'est pas celle des puissants, des rois et des évê ques ; aucun d'eux ne connaîtra la saveur partagée d'un oignon au bord du chemin » Belibaste NB. Les éditions Golias ne se tiennent pas pour responsables des livres, articles et manuscrits envoyés. Aucun document ne sera retourné.
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LA SÉLECTION DES ÉDITIONS GOLIAS
OPUS les chemins de la gloire...
400 pages-19 euros
L'ABBE PIEBRE
L'affaire Di Falco L'Église en question
LA CONSTRUCTION D'UNE LÉGENDE
En 1995, l'annonce de la déposition de Jacques Gaillot, évêque d'Evreux, avait fait l'effet d'une bombe, des foules allaient se déplacer pour participer à sa dernière messe dans sa cathédrale, quelques rares frères évêques allaient avoir le courage de venir concélébrer avec lui, tandis qu'une majorité d'autres allaient s'enfermer dans leurs résidences, pour ne pas rencontrer ni même voir les manifestations spontanées qui allaient secouer toute la France ; manifestations qui étaient loin de ne rassembler que les seuls catholiques. Dix ans déjà ! Que reste-t-il ? Un biU/lcS évêque in partibus, titulaire d'un diocèse oublié depuis longtemps en terre d'Algérie, diocèse sans frontières qui sera le premier à avoir les dimensions d'internet. L'évêque exclu a rejoint la foule de ses frères exclus qui peuplent de plus en plus nos villes et nos campagnes, de ceux que l'on préfère ne pas voir et ne pas entendre. Dix ans déjà ! Que reste-t-il ?
L'affaire Gaillot
Dix ans après
15 euros
À commander aux éditions Golias