Réalités d'Israël

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RÉALITÉS D'ISRAEL


Israel Ministry of Foreign Affairs

Ministère Israélien des Affaires étrangères

Rédaction : Quality Translations (QT) Conception graphique : Tsofit Tsachi Documentation: Bureau central des Statistiques (sauf mention contraire) Imprimé en 2010 Jérusalem, Israël Pour obtenir des exemplaires de cette brochure, s’adresser aux missions diplomatiques d’Israël à l’étranger ou consulter le site www.mfa.gov.il


TABLE DES MATIÈRES

Histoire

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L'Etat

69

Le pays

95

La population

127

Santé

149

Education

167

Science et technologie

187

Economie

205

Culture

247

Israël parmi les nations

329



HISTOIRE L'époque biblique

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La période du Second Temple - le retour à Sion

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Sous domination étrangère

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L'Etat d'Israël

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Le processus de paix

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Chronologie

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6 | Histoire


HISTOIRE Le lieu de naissance du peuple juif est le Pays d'Israël (Erets Israël). C'est là que s'est déroulée une partie importante de sa longue histoire, dont le premier millénaire est relaté dans la Bible ; c'est là que s'est forgée son identité culturelle, religieuse et nationale ; là également qu'il a maintenu une présence physique ininterrompue au cours des siècles, même lorsque la majorité du peuple fut déportée en exil. Pendant les longues années de sa dispersion, le peuple juif n'a jamais oublié ses attaches avec sa terre. Avec la création de l'Etat d'Israël en 1948, l'indépendance juive, perdue il y a deux mille ans, est redevenue une réalité.

)'‫ ז‬:‫ (דברים ל"ב‬...‫זכר ימות עולם בינו שנות דור ודור‬ Souviens-toi des jours d'antan, méditez les années, d'âge en âge... (Deutéronome XXXII, 7)

Fragment d'une carte de la fin du Moyenâge indiquant l'emplacement des tribus d'Israël, avec l'autorisation de R. Ben Haïm


8 | Histoire

L'ÉPOQUE BIBLIQUE

Moïse par Michel-Ange, Saint-Pierre-auxLiens, Rome

Les patriarches L'histoire juive commence il y a environ 4 000 ans (vers le XVIIe siècle avant l'ère chrétienne) avec les patriarches : Abraham, son fils Isaac et son petit-fils Jacob. Des documents exhumés en Mésopotamie et datant d'environ 2000 à 1500 avant l'ère chrétienne, confirment la description de leur vie de nomades qu'en donne la Bible. Le Livre de la Genèse rapporte comment Abraham, se trouvant à Ur en Chaldée, reçut l'injonction divine de se rendre dans le pays de Canaan pour y fonder un peuple croyant en un Dieu Un. Lorsqu'une famine frappa le pays de Canaan, Jacob (Israël), ses douze fils et leurs familles s'établirent en Egypte où leurs descendants furent réduits en esclavage et soumis à des travaux forcés. Exode d'Egypte et peuplement de la Terre d'Israël Après 400 ans de servitude, les Enfants d'Israël furent libérés par Moïse qui, selon le récit biblique, avait été choisi par Dieu pour conduire son peuple hors d'Egypte et retourner vers la Terre promise (XIIIe-XIIe siècles avant l'ère chrétienne). C'est au cours des 40 années que dura l'errance dans le désert du Sinaï, que les Hébreux devinrent une nation. Ils y reçurent la Torah (Pentateuque) qui comprend les Dix


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Commandements, et donnèrent forme et contenu à leur foi monothéiste. L'exode d'Egypte (vers 1300 avant l'ère chrétienne) a marqué de façon indélébile la mémoire nationale du peuple juif, devenant un symbole universel de liberté. Chaque année, les juifs célèbrent Pessah (la Pâque), Shavouot (ou Pentecôte, fête du don de la Torah) et Souccot (fête des Tabernacles), commémorant les événements de cette époque.

Que l’Eternel te bénisse et te protège ! Que l’Eternel fasse rayonner sa face sur toi et te soit bienveillant ! Que l’Eternel dirige son regard vers toi et t’accorde la paix. Nombres VI, 24-26

Au cours des deux siècles suivants, les Enfants d'Israël conquirent la majeure partie du Pays d'Israël et devinrent des paysans et des artisans, ce qui leur permit de consolider leur économie et leur société. Des périodes de paix relative alternèrent avec des temps de guerres durant lesquels le peuple se ralliait à des chefs politiques, les Juges, élevés à ce rang en raison de leurs compétences politiques et militaires et de leurs qualités de dirigeants. La faiblesse inhérente à cette organisation tribale face aux menaces des Philistins (peuple de la mer originaires d'Asie Mineure installé sur la côte méditerranéenne) suscita

Minuscule rouleau en argent datant du VIIe siècle av.J.-C. et contenant la bénédiction sacerdotale, découvert à Jérusalem • Autorité des Antiquités d'Israël


10 | Histoire

Grenade en ivoire de la taille d'un pouce, portant une inscription paléohébraïque datant probablement de l'époque du Premier Temple de Jérusalem, VIIIe siècle av. • Musée d'Israël, Jérusalem

Les Prophètes Ces sages religieux et charismatiques considérés co m m e é t a nt d o té s d u don divin de la révélation, ont prêché à l'époque de la monarchie jusque environ un siècle après la destruction de Jérusalem (586 av.). Conseillers des rois en matière religieuse, morale et politique, ou critiques de leurs actions au nom des relations entre l'individu et Dieu, les prophètes étaient guidés par leur aspiration à la justice et répandaient de puissantes paroles sur la moralité de

le besoin de se doter d'un chef qui unirait toutes les tribus et serait investi d'une autorité permanente, transmissible par héritage. La monarchie Saül, le premier roi, (vers 1020 av.) assura la transition entre cette organisation tribale aux liens distendus et l'instauration d'une monarchie par son successeur, David. Le roi David (1004-965 av.) fit de son royaume une puissance importante dans la région en menant des expéditions militaires victorieuses et, en particulier, en provoquant la défaite définitive des Philistins, ainsi qu'en élaborant un réseau d'alliances avec les royaumes voisins. Son autorité fut alors reconnue des frontières de l'Egypte et de la mer Rouge aux rives de l'Euphrate. Sur le plan intérieur, il unifia les douze tribus d'Israël en un royaume dont la capitale fut Jérusalem et fit de la monarchie le centre de la vie nationale juive du pays. La tradition biblique lui attribue des dons de poète et de musicien révélés dans les versets du Livre des Psaumes. Son fils Salomon (965-930 av.) lui succéda


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et renforça le royaume. Des traités avec les rois voisins, consolidés par des mariages politiques, assurèrent la paix de son royaume et en firent l'égal des grandes puissances de l'époque. Il développa le commerce extérieur et assura la prospérité intérieure en créant de grandes entreprises comme l'exploitation des mines de cuivre et la fonte des métaux. Il fortifia des villes d'importance stratégique et économique, et en créa de nouvelles. Le couronnement de son œuvre fut la construction du Temple de Jérusalem qui devint le centre de la vie la vie nationale juive. Leurs nationale et religieuse du peuple juif. La révélations sont conservées Bible attribue au roi Salomon le Livre des dans des livres inspirés de Proverbes et le Cantique des Cantiques. prose et de poésie dont bon nombre ont été incorporés Le schisme au canon biblique. La fin du règne de Salomon fut envenimée par le mécontentement du peuple lourdement Le message éternel et universel imposé pour financer les ambitieux projets des Prophètes provient de du souverain. En outre, le traitement de leur exigence de respect des faveur accordé à sa propre tribu suscitait les valeurs humaines. Des propos rancœurs des autres tribus, et l'antagonisme comme ceux d'Isaïe (I, 17) entre la monarchie et le séparatisme tribal “Apprenez à faire le bien, s'exacerba. Après la mort du roi Salomon dévouez-vous à la justice, (930 av.), une insurrection provoqua la aidez les victimes, défendez scission des tribus du nord et le partage les droits de l'orphelin et la du pays en un royaume du nord, Israël, et cause de la veuve” inspirent un royaume du Sud, Juda, sur le territoire toujours l'humanité dans sa des tribus de Juda et de Benjamin. quête de justice sociale.


12 | Histoire

Le royaume d'Israël, avec Samarie pour capitale, dura plus de 200 ans et 19 rois y régnèrent, tandis que le royaume de Juda fut gouverné à partir de Jérusalem pendant 400 ans par des rois de la dynastie de David, également au nombre de 19. Sceau découvert à Megiddo inscrit du nom de Shema, serviteur de Jeroboam • Autorité des Antiquités d'Israël

L'expansion des empires assyrien et babylonien se solda par la soumission des royaumes d'Israël et de Juda à une domination étrangère. Le royaume d'Israël fut détruit par les Assyriens (en 722 av.) et ses habitants, déportés en exil, tombèrent dans l'oubli. Une centaine d'années plus tard, en 586, la Babylonie conquérait le royaume de Juda, condamnait à l'exil la majeure partie de ses habitants et détruisait Jérusalem et le Temple. Le premier exil (586-538 av.) La conquête babylonienne mit fin au premier Etat juif (période du Premier Temple) mais n'entama pas les liens entre le peuple juif et la Terre d'Israël. Sur les rives des fleuves de Babylone, les déportés firent le serment de ne jamais oublier leur patrie : Si je t'oublie Jérusalem, que ma droite me refuse son service ; que ma langue se colle à mon palais si je ne place Jérusalem au faîte de ma joie. (Psaume 137, 5-6) L'exil en Babylonie qui suivit la destruction du Premier Temple (586 av.) marqua le début de la diaspora juive. C'est alors que le judaïsme commence à élaborer un cadre


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religieux et un mode de vie hors du Pays d'Israël, assurant ainsi la survie nationale et l'identité spirituelle du peuple et lui insufflant la vitalité nécessaire pour préserver son avenir en tant que nation.

Sur les rives de Babylone, par M. Lilien


14 | Histoire

LA PÉRIODE DU SECOND TEMPLE LE RETOUR À SION

Assuérus-Xerxès, l'un des plus grands rois de Perse représenté en relief sur les murs d'un palais de Persépolis

Les périodes perse et hellénistique (538-142 av. l'ère chrétienne) Par suite d'un décret de Cyrus, roi de Perse et conquérant de l'empire de Babylonie (538 av.) près de 50 000 juifs, sous la direction de Zorobabel, descendant de la Maison de David, prirent le chemin du retour dans leur pays. Moins d'un siècle plus tard, le Second Retour fut conduit par Ezra le Scribe. Pendant les quatre siècles suivants, les juifs connurent divers degrés d'autonomie sous la domination perse (538-333 av.) puis hellénistique (sous les Ptolémées et les Séleucides) de 332 à 142 avant l'ère chrétienne. Le retour des juifs sous la direction inspirée d'Ezra, la construction du Second Temple sur les ruines du Premier Temple, la fortification des murailles de Jérusalem et la constitution de l'organisme juridique et religieux suprême, la Knesset Haguedola (Grande Assemblée) marquèrent les débuts de la période du Second Temple. Au sein de l'Empire perse, Juda était une nation dont la direction était confiée au grand-prêtre et au Conseil des anciens de Jérusalem.


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Faisant partie de l'ancien monde conquis par Alexandre le Grand de Macédoine (332 av.), le Pays demeurait une théocratie juive sous contrôle des gouvernants séleucides au pouvoir en Syrie. La tentative de ces derniers d'imposer la culture et les mœurs Massada: Près de 1000 grecques à l'ensemble de la population, hommes, femmes et enfants en interdisant aux juifs de pratiquer le juifs qui avaient survécu à la judaïsme et profanant le Temple, déclencha destruction de Jérusalem, une révolte en 166 av. occupèrent et fortifièrent le palais du roi Hérode situé au La dynastie asmonéenne (142-63 av.) sommet d'une montagne D'abord menés par Mattathias de la dynastie près de la mer Morte. Pendant sacerdotale des Asmonéens, puis par trois ans, ils résistèrent aux son fils Judah, dit le Maccabée, les juifs assauts répétés des Romains pénétrèrent dans Jérusalem et purifièrent pour les déloger. Lorsque les le Temple (164 av.). Ces événements sont Romains finirent par percer commémorés chaque année lors de la fête une brèche et pénétrer à de Hanouccah. l'intérieur, ils découvrirent que les défenseurs et leurs familles Par suite des victoires asmonéennes (147 avaient préféré se donner la av.), les Séleucides rétablirent l'autonomie mort plutôt que d'être réduits de la Judée, comme on appelait alors le en esclavage. Pays d'Israël, et lors de l'effondrement du royaume séleucide (129 av.), le pays retrouva son indépendance. Sous la dynastie asmonéenne qui dura environ 80 ans, le royaume récupéra des frontières assez semblables à celles du royaume de Salomon. Le pouvoir politique fut consolidé et la vie juive connut un nouvel essor.


16 | Histoire

La Menorah sur l’arc de triomphe de Titus, Rome


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La Menorah à travers les âges Le chandelier d’or à sept branches était un objet de culte essentiel du temple de Salomon. Il est resté, sous un nombre infini de formes, le symbole du patrimoine et des traditions du judaïsme dans tous les pays de la diaspora juive.

La Ménorah sur une monnaie asmonéenne du Ie siècle av. (Autorité des Antiquités d'Israël)

La Ménorah sur deux fragments en plâtre du Ie siècle, retrouvés dans le Quartier juif de Jérusalem (Société d'exploration d'Israël)

La Ménorah sur la mosaïque du sol d'une synagogue de Jéricho du Ve-VIe siècle (Autorité des Antiquités d'Israël)

La Ménorah près de la Knesset, par Benno Elkan (Office de presse du gouvernement (O.P.G) / F. Cohen


18 | Histoire

Le Temple hérodien d'après la maquette du Second Temple de Jérusalem • Musée d'Israël, Jérusalem

La Halakhah La Halakhah est l'ensemble des lois réglant la vie juive depuis les temps post-bibliques dans le monde entier. Elle détermine les obligations religieuses des juifs, aussi bien dans leurs relations personnelles que dans le domaine rituel et couvre pratiquement tous les aspects du comportement humain : naissance et mariage, joie et deuil, agriculture et commerce, morale et théologie. Enracinée dans la Bible, l'autorité de la Halakhah se fonde sur le Talmud, ensemble de lois et

Sous la domination romaine (63 av.-313 ap.) Lorsque les Romains, devenus la grande puissance de la région, succédèrent aux Séleucides, ils accordèrent au roi asmonéen régnant, Hyrcan II, une autorité limitée, sous le contrôle du gouverneur romain de Damas. Les juifs, hostiles au nouveau régime, multiplièrent les insurrections au cours des années suivantes. C'est Mattathias Antigone qui fit la dernière tentative de restaurer la gloire de la dynastie asmonéenne. Sa défaite et sa mort mirent fin au régime des Asmonéens (40 av.) et le pays devint une province de l'Empire romain. En 37 av., Hérode, gendre d'Hyrcan II, fut nommé roi de Judée par les Romains. Jouissant d'une autonomie quasi illimitée pour les affaires intérieures du pays, il devint l'un des monarques les plus puissants des provinces orientales de l'Empire romain. Grand admirateur de la culture grécoromaine, Hérode lança un vaste programme de construction comprenant les villes de Césarée et Sébastia et les forteresses d'Hérodion et de Massada. Il restaura également le Temple et en fit l'un des édifices les plus magnifiques de l'époque. Mais en


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dépit de toutes ses réalisations, Hérode ne parvint pas à gagner la confiance et le soutien de ses sujets juifs. Dix ans après sa mort (4 av.), la Judée passa sous administration romaine directe. La colère croissante contre la suppression systématique de la vie juive dégénéra en violences sporadiques qui culminèrent dans une révolte de grande envergure en l'an 66 de l'ère chrétienne. La supériorité des légions romaines menées par Titus finit par l'emporter, rasant Jérusalem (an 70) et réduisant le dernier bastion des rebelles juifs, Massada, en l'an 73. La destruction totale de Jérusalem et du second Temple fut une catastrophe pour le peuple juif. Selon l'historien de l'époque Flavius Josèphe, des centaines de milliers de juifs périrent durant le siège de Jérusalem et ailleurs dans le pays, et plusieurs milliers furent réduits en esclavage. Le chef d'une dernière révolte, Shimon Bar Kokhba (132) réussit à restaurer brièvement la souveraineté juive et à reconquérir Jérusalem et la Judée. Mais étant donné l'écrasante puissance des Romains, le résultat était inévitable. Trois ans plus tard, conformément à la coutume romaine, Jérusalem fut rasée et son sol labouré par une charrue tirée par un bœuf. La Judée est

de savoir juifs (achevé vers 400), comprenant la Mishna, première compilation écrite de la Loi orale (codifiée vers 210) et la Guemara, commentaire de la Mishna. Pour permettre aux juifs de se retrouver dans l'immensité de la Halakhah des résumés succincts et pratiques ont été composés par des sages dès les premiers siècles de l'ère chrétienne. Parmi les codes qui jouissent de la plus grande autorité, il faut citer le Choulkhan Aroukh, rédigé par Joseph Caro à Safed au XVIe siècle.


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désormais appelée Palaestina et Jérusalem Aelia Capitolina.

Monnaie émise par les Romains après la destruction de Jérusalem en l'an 70, portant l'inscription IVDAEA CAPTA Judée conquise • Autorité des Antiquités d'Israël

Tétradrachme datant de l'an 3 du IIe siècle comportant l'inscription “Simon/pour la liberté de Jérusalem • Autorité des Antiquités d'Israël

Le Temple détruit et Jérusalem réduite en cendres, les juifs survécurent à l'affrontement avec Rome. Le corps législatif et judiciaire suprême, le Sanhédrin (successeur de la Knesset HaGuedola) se réunit à Yavné (70) et plus tard à Tibériade. Privée du cadre unificateur de l'Etat et du Temple, la petite communauté juive demeurant dans le pays se rétablit progressivement, épisodiquement renforcée par le retour des exilés. Les institutions et la vie communautaire furent restaurées, les prêtres cédant la place aux rabbins et la synagogue devenant le foyer central des communautés juives, comme en témoignent les vestiges de synagogues retrouvés à Capharnaüm, Korazin, Bar'am, Gamla et ailleurs. La Halakhah (droit religieux) devint le lien unissant les juifs et se transmit de génération en génération.


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SOUS DOMINATION ÉTRANGÈRE Sous domination byzantine (313-636) Vers la fin du IVe siècle, après la conversion au christianisme de l'empereur Constantin (313) et la création de l'Empire byzantin, la Terre d'Israël devint un pays à prédominance chrétienne. Des églises furent construites sur les lieux saints chrétiens à Jérusalem, Bethléem et en Galilée, et des monastères érigés en divers endroits du pays.

Basilique du Saint-Sépulcre, Jérusalem • I. Sztulman

Les juifs étaient dépourvus de l'autonomie relative dont ils jouissaient auparavant, ainsi que du droit d'occuper des fonctions publiques ; l'entrée de Jérusalem leur fut interdite sauf un jour par an (à Tisha BeAv, le 9 du mois d'Av) pour se lamenter sur la destruction du Temple. L'invasion perse de 614 fut soutenue par les juifs inspirés par l'espérance messianique de délivrance. En reconnaissance pour leur aide, ils obtinrent l'administration de Jérusalem, intermède qui ne dura qu'environ trois ans. En effet, l'armée byzantine reprit la ville (en 629) et en expulsa à nouveau ses habitants juifs.

Pavement de mosaïque du Ve siècle à l'intérieur de l'église de la Multiplication des pains et des poissons de Tabgha • Autorité des Antiquités d'Israël


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Sous domination arabe (636-1099)

Le Dôme du Rocher construit au VIIe siècle par le calife ommeyade Abd-el-Malik sur le mont du Temple (Haram-eshSharif ), Jérusalem • I. Sztulman

La conquête arabe du pays eut lieu quatre ans après la mort de Mahomet (632) et dura près de quatre siècles, les califes de Damas régnant d'abord, puis ceux de Bagdad et d'Egypte. Au début, les juifs se réinstallèrent à Jérusalem et la communauté juive se vit octroyer le statut des nonmusulmans protégés, les dhimmis, qui leur garantissait la sauvegarde de leur vie et de leurs biens et leur accordait la liberté de culte contre le paiement d'une taxe spéciale et d'impôts fonciers. Mais dès 717, les restrictions imposées aux non-musulmans affectèrent les affaires publiques des juifs ainsi que leurs


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pratiques religieuses et leur statut juridique. La levée de lourds impôts sur les terres agricoles contraignit bon nombre d'entre eux à quitter les régions rurales pour les villes, où leurs conditions ne s'améliorèrent guère, tandis qu'une discrimination économique de plus en plus marquée obligeait les autres à quitter le pays. Vers la fin du XIe siècle, la communauté juive du pays avait considérablement diminué et perdu de sa cohésion, y compris en matière religieuse. Les croisés (1099-1291) Pendant les deux siècles qui suivirent, le pays fut dominé par les croisés qui, à l'appel du pape Urbain II, quittèrent l'Europe pour reprendre la Terre sainte aux mains des infidèles . En juillet 1099, après un siège de cinq semaines, les chevaliers de la première croisade et la populace qui constituait leur armée capturèrent Jérusalem, massacrant la plupart des habitants non-chrétiens. Barricadés dans leurs synagogues, les juifs qui défendaient leur quartier périrent dans des incendies ou furent vendus en esclavage. Au cours des décennies suivantes, les croisés étendirent leur hégémonie au reste du pays, en partie par des traités et des accords mais la plupart du temps par de sanglantes victoires militaires. Le Royaume latin de Jérusalem fut celui d'une minorité conquérante confinée principalement dans des châteaux forts et des villes fortifiées.

Sceau du roi franc de Jérusalem • Autorité des Antiquités d'Israël


24 | Histoire

Les croisés ayant inauguré les transports au départ des pays européens, les pèlerinages en Terre sainte devinrent populaires et, de ce fait, des juifs de plus en plus nombreux cherchèrent à retourner dans leur patrie. Des documents d'époque indiquent que 300 rabbins de France et d'Angleterre arrivèrent alors en groupe, certains s'installant à Acco (Acre) et d'autres à Jérusalem. Après la défaite infligée en 1187 aux croisés par l'armée musulmane sous la conduite de Saladin, les juifs retrouvèrent une certaine liberté, notamment le droit de revenir à Jérusalem. Si les croisés reprirent pied dans le pays après la mort de Saladin (1193), leur présence se limita à un réseau de châteaux forts. La domination des croisés dans le pays prit fin après la défaite définitive que leur infligèrent en 1291 les Mameluks, caste militaire musulmane arrivée au pouvoir en Egypte. Sous domination mameluke (1291-1516) Sous les Mamelukes, le pays devint une province arriérée, dirigée depuis Damas. Acre, Jaffa et d'autres ports furent détruits par crainte de nouvelles croisades et le commerce maritime aussi bien que le commerce par voie de terre furent interrompus. A la fin du Moyen-Age, les villes du pays étaient pratiquement en ruines, la majeure partie de Jérusalem abandonnée et la petite communauté juive fut plongée dans la misère. La période de déclin du régime mameluke fut marquée par des troubles économiques et politiques, des épidémies, des invasions de criquets et des tremblements de terre dévastateurs.


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Sous domination ottomane (1517-1917) Après la conquête ottomane en 1517, le pays fut divisé en quatre districts, administrativement rattachés à la province de Damas et gouvernés depuis Istanbul. Au début de la période ottomane, un millier de familles juives vivaient dans le pays, principalement à Jérusalem, Naplouse, Hébron, Gaza, Safed et dans des villages de Galilée. La communauté était constituée de descendants de juifs qui avaient toujours vécu dans le pays, ainsi que d'immigrants venus d'Afrique du Nord et d'Europe. Jusqu'à la mort du sultan Soliman le Magnifique en 1566, une bonne administration améliora la situation et stimula l'immigration juive. Quelques nouveaux venus s'installèrent à Jérusalem, mais la majorité se rendit à Safed où, vers le milieu du XVIe siècle, la population juive recensait 10 000 âmes ; la ville était devenue un centre textile florissant en même temps que le foyer d'une intense activité intellectuelle. Durant cette période, l'étude de la Kabbale (mystique juive) s'y développe et les commentaires de la Loi juive, codifiés dans le Choulhan Aroukh et enseignés dans les maisons d'études de Safed, se répandent dans toute la diaspora. Avec la détérioration de l'administration ottomane, le pays se retrouva dans un état d'abandon quasi-total. A la fin du XVIIIe siècle, la plupart des terres appartenaient à des propriétaires absents et étaient affermées à de pauvres


26 | Histoire

tenanciers. La fiscalité était aussi boiteuse qu'arbitraire. Les grandes forêts de Galilée et du mont Carmel furent déboisées ; les marécages et le désert gagnèrent les terres arables. Les temps modernes Au XIX e siècle, cette arriération médiévale céda progressivement la place aux premiers signes de progrès, diverses puissances occidentales intriguant pour y prendre pied, souvent par l'entremise d'activités missionnaires. Des savants britanniques, français et américains entreprirent des études d'archéologie Le sionisme, mouvement biblique ; la Grande-Bretagne, la France, la de libération nationale du Russie, l'Autriche et les Etats-Unis ouvrirent peuple juif, tire son nom de des consulats à Jérusalem. Des paquebots Sion, synonyme traditionnel commencèrent à assurer des liaisons de Jérusalem et de la Terre régulières avec l'Europe et des relations d'Israël. L'idéal sioniste de postales et télégraphiques furent établies ; ré d e m p t i o n d u p e u p l e la première route reliant Jérusalem à Jaffa juif sur sa terre ancestrale fut construite. Le pays redevint un carrefour s'enracine dans la nostalgie et commercial entre trois continents et sa le profond attachement à la renaissance fut accélérée par le percement Terre d'Israël qui s'exprimèrent du canal de Suez. sans discontinuer durant des siècles chez les juifs de Les conditions des juifs du pays se diaspora. trouvèrent améliorées et leur nombre s'accrut considérablement. Vers le milieu Le sionisme politique est né du siècle, le surpeuplement à l'intérieur en réponse à l'oppression et de l'enceinte de Jérusalem détermina


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les juifs à construire le premier quartier hors des murailles (1860) et, les deux décennies suivantes, à en ajouter sept autres qui allaient former le noyau de la ville nouvelle. En 1870, la population de Jérusalem était majoritairement juive. Des terres agricoles étaient acquises dans tout le pays et de nouveaux villages furent fondés. L'hébreu, longtemps réservé à la liturgie et à la littérature, redevint langue vivante. La scène était prête pour l'émergence du mouvement sioniste. Inspirés par l'idéologie sioniste, des juifs d'Europe orientale arrivèrent dans le pays à la fin du XIXe et au début du XXe siècle en deux vagues principales. Déterminés à restaurer leur patrie en labourant la terre, ces pionniers défrichèrent les terres abandonnées, construisirent de nouvelles localités et jetèrent les bases de ce qui allait devenir une économie agricole florissante. Les nouveaux venus vivaient dans des conditions extrêmement pénibles : l'administration ottomane leur était hostile et les opprimait ; les communications et les transports étaient rudimentaires et

Théodore Herzl, le fondateur du sionisme • Archives sionistes centrales

à la persécution récurrentes des juifs d'Europe orientale et aux désillusions croissantes suscitées par l'émancipation en Europe occidentale qui n'avait jamais mis fin à la discrimination, ni permis l'intégration réelle des juifs dans les sociétés au sein desquelles ils vivaient. Il trouva son expression officielle dans la création de l'Organisation sioniste (1897) lors du Premier Congrès sioniste convoqué par Théodore Herzl à Bâle. Le programme du mouvement


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sioniste contenait des éléments idéologiques et pratiques visant à promouvoir le retour des juifs dans leur patrie ancestrale ; à permettre la renaissance sociale, culturelle, économique et politique de la nation juive ; à obtenir un foyer internationalement reconnu et juridiquement garanti pour le peuple juif dans sa patrie, où les juifs échappant aux persécutions, pourraient épanouir leur identité propre.

Sir Herbert Samuel, premier HautCommissaire britannique en Palestine

dangereux ; les marécages provoquaient des épidémies mortelles de paludisme et la terre elle-même pâtissait de siècles d'abandon. Les achats de terres étaient limités et la construction soumise à l'obtention d'un permis délivré seulement à Istanbul. Toutes ces difficultés entravaient le développement du pays mais ne l'arrêtèrent pas. Lorsque la Première Guerre mondiale éclata (1914), le nombre de juifs dans le pays s'élevait à 85 000, alors qu'ils n'étaient que 5 000 au début du XVIe siècle. En décembre 1917, les forces britanniques sous le commandement du général Allenby pénétrèrent à Jérusalem, mettant ainsi fin à quatre siècles de domination ottomane. Parmi ces forces, les trois bataillons de la Légion juive qui recensaient des milliers de volontaires recrutés dans le pays. Le Mandat britannique (1918-1948) En juillet 1922, la Société des Nations confia à la Grande-Bretagne un Mandat sur la Palestine, (le nom qui désignait alors le pays). Reconnaissant les liens historiques du peuple juif avec la Palestine, la SDN demandait à la Grande-Bretagne de faciliter la création d'un Foyer national juif dans ce


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pays. Deux mois plus tard, en septembre 1922, le Conseil de la Société des Nations et la Grande-Bretagne décidèrent que les dispositions tendant à créer un Foyer national juif ne s'appliquaient pas à la région située à l'est du Jourdain, qui constituait les trois quarts du territoire du Mandat et qui devint par la suite le Royaume Hashémite de Jordanie. L'immigration Motivés par l'idélogie sioniste et encouragés par la sympathie britannique à l'égard des aspirations sionistes exprimées par la Déclaration du ministre des Affaires étrangères Lord Balfour (1917), des immigrants arrivent par vagues successives dans le pays entre 1919 et 1939, contribuant chacune à divers aspects de la communauté juive en plein essor. Quelque 35 000 juifs arrivés entre 1919 et 1923, principalement de Russie, exercèrent une forte influence sur le caractère et l'organisation de la société pour les années à venir. Ces pionniers posèrent les bases de l'infrastructure sociale et économique du pays, développant l'agriculture, créant des formes communautaires de peuplement rural uniques en leur genre - le kibbouts et le moshav - et fournissant la main d'œuvre indispensable à la construction de logements et de routes. La vague suivante, d'environ 60 000 personnes, arrivée principalement de Pologne entre 1924 et 1932, contribua particulièrement au développement de la vie urbaine.


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Ces immigrants s'installèrent surtout à Tel-Aviv, Haïfa et Jérusalem où ils créèrent de petites entreprises, des sociétés de construction et des industries légères. La dernière grande vague d'immigration qui précéda la Seconde Guerre mondiale, et comptait environ 165 000 personnes, eut lieu dans les années 1930 après la prise du pouvoir par Hitler en Allemagne. Les nouveaux immigrants, dont nombre d'universitaires et techniciens, constituèrent le premier apport important venant d'Europe centrale et occidentale. Leur éducation, leurs connaissances et leur expérience contribuèrent à élever le niveau des entreprises, à améliorer les conditions de vie rurale et urbaine, et à enrichir la vie culturelle de la communauté. L'administration mandataire L'autorité mandataire britannique accorda aux communautés juive et arabe le droit de gérer leurs affaires intérieures. Utilisant ce droit, la communauté juive, élut en 1920 une instance administrative autonome représentant les partis politiques existants, qui se réunissait chaque année pour faire le bilan de ses activités et élire le Conseil national (Vaad léoumi) chargé d'appliquer sa politique et de réaliser ses projets. Financés par des ressources locales et des fonds collectés dans le monde juif, ces organismes créèrent et administrèrent un réseau national d'institutions éducatives, religieuses, sanitaires et sociales. En 1922, conformément aux dispositions du Mandat, l'Agence Juive fut créée pour représenter le peuple juif auprès des autorités britanniques,


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des gouvernements étrangers et des organisations internationales. Développement économique Les trois décennies du Mandat britannique virent le développement de l'agriculture, la création de nouvelles usines, la construction de routes, l'exploitation des eaux du Jourdain pour la production d'électricité, l'extraction et l'exploitation des minéraux de la mer Morte. La Histadrout (Fédération générale des Travailleurs) fut fondée en 1920 pour promouvoir le bien-être des travailleurs et leur assurer des emplois en créant des entreprises coopératives dans le secteur industriel et dans le secteur du marketing de la production des localités agricoles. Activités culturelles La vie culturelle de la communauté juive du pays s'épanouit avec l'essor des arts, de la musique et de la danse qui se trouva stimulé par la création d'écoles et de studios professionnels. Des galeries et des salles organisèrent des expositions et des spectacles auxquels assistait un public cultivé. La production d'une nouvelle pièce de théâtre, l'édition d'un nouvel ouvrage, la rétrospective de l'œuvre d'un peintre local, faisaient automatiquement l'objet des commentaires de la presse et de débats enflammés dans les cafés et les soirées.

Bassins d’évaporation des usines de potasse de Sodome • Office de presse du gouvernement (OPG)


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L'hébreu, adopté comme langue officielle du pays auprès de l'anglais et de l'arabe, était utilisé sur des documents, des pièces de monnaie et des timbres, ainsi que dans les émissions de radio. Les publications Tr o i s o r g a n i s a t i o n s proliférèrent et le pays devint le centre des clandestines juives activités littéraires en langue hébraïque. agissaient sous le Mandat Des théâtres de tous genres ouvrirent britannique. La principale leurs portes à un public enthousiaste, était la Haganah établie en parallèlement à la publication des premières 1920 par la communauté pièces de théâtre en hébreu. juive et qui jouait le rôle de milice juive chargée de la La renaissance nationale juive et les efforts protection de la population investis par la communauté juive locale juive locale. A compter du pour reconstruire le pays soulevèrent milieu des années 30, cette l'opposition farouche des nationalistes organisation paramilitaire arabes. Leurs ressentiments se traduisirent engagea des représailles par des explosions de violences (en 1920, contre les agressions arabes 1921, 1929, 1936-1939) avec le lancement et réagit aux restrictions à d'agressions contre la population juive, l'immigration juive décrétées notamment le massacre de Hébron en 1929, par les autorités mandataires le harcèlement des moyens de transport par des opérations de juifs, les incendies de champs et de forêts. sabotage et des manifestations Les tentatives d'engager un dialogue avec massives. L'Etzel fut créé en les Arabes, initiées dès les débuts du projet 1931 en réaction à la politique sioniste, échouèrent systématiquement, trop modérée de son point et n'évitèrent pas la situation explosive générée par la polarisation du sionisme et du nationalisme arabe.


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Un membre Conscient des visées antagoniques des deux mouvements d'une organisation nationalistes, les Britanniques recommandèrent dès 1937 la clandestine de partition du pays en deux Etats, un juif et un arabe, dans le défense cachant des fusils, 1947 cadre d'une union économique commune. • O.P.G./H.Pinn Le leadership sioniste accepta le principe de la partition et chargea l'Agence juive de négocier avec le gouvernement britannique la reformulation des divers éléments de sa recommandation. Les Arabes opposèrent un refus implacable à tout plan de partition. La poursuite des émeutes antijuives poussa la Grande-Bretagne à émettre en mai 1939 un Livre blanc énonçant des restrictions de vue de la Haganah, et drastiques à l'immigration juive, en dépit prit indépendamment des conséquences de ces mesures pour l'initiative d'opérations les juifs d'Europe persécutés par les nazis dirigées contre des cibles et qui souhaitaient trouver refuge en terre arabes et britanniques. Le d'Israël. groupement le plus réduit mais le plus militant, le Lehi Peu après, le déclenchement de la Seconde fut fondé en 1940. Ces trois Guerre mondiale inspira à David Ben organisations clandestines Gourion, qui devint plus tard le premier chef f u re nt d é m a n te l é e s a u de gouvernement de l'Etat d'Israël, cette moment de l'établissement phrase restée célèbre : “Nous combattrons de l'Armée de défense d'Israël en Erets-Israël contre le Livre blanc comme en juin 1948. s'il n'y avait par de guerre mondiale, et nous combattrons Hitler comme s'il n'y avait pas de Livre blanc”.


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Les nazis contraignirent les juifs à porter une étoile jaune cousue sur leurs vêtement

Volontaires juifs pendant la Seconde Guerre mondiale : plus de 26 000 hommes et femmes de la communauté juive locale se portèrent volontaires dans les forces britanniques pour combattre l'Allemagne nazie et ses alliés de l'Axe. Ils servirent dans l'armée de terre, de mer et de l'air. En septembre 1944, suite à des efforts prolongés de l'Agence juive dans le pays et du mouvement sioniste à l'étranger pour convaincre les Britanniques de la participation des juifs de Palestine à l'effort de guerre, la Brigade juive fut constituée en unité militaire

La Shoah Pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-45), le régime nazi exécuta son plan d'extermination systématique de la communauté juive européenne. Six millions de juifs, dont un million et demi d'enfants furent massacrés ou périrent dans des camps de la mort. Avec l'avancée des armées nazies dans les pays européens, les juifs furent sauvagement persécutés, torturés et humiliés, entassés dans des ghettos. Leurs tentatives de résistance armée débouchèrent sur le durcissement des mesures antijuives. Des ghettos où ils étaient rassemblés de gré ou de force, les juifs furent transportés dans des camps où les plus chanceux étaient condamnés à des travaux forcés, mais l'immense majorité des détenus furent soit abattus lors d'exécutions massives, soit exterminés dans des chambres à gaz. Rares furent ceux qui parvinrent à s'échapper. Certains parvinrent à gagner d'autres pays, d'autres furent cachés par des non juifs au risque de leur vie. En conséquence, seul un tiers – y compris ceux qui avaient quitté l'Europe avant la guerre – survécurent, sur une population


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totale de quelque neuf millions de juifs européens, qui appartenaient à la communauté la plus grande et la plus dynamique au monde. Après la guerre, l'opposition des Arabes contraignit les Britanniques à redoubler de restrictions en matière d'immigration, autorisant un nombre réduit de juifs à immigrer et à s'intégrer dans le pays. La communauté juive locale réagit en instituant un vaste réseau d'immigration illégale au profit des rescapés de la Shoah. Entre 1945 et 1948, en effet, quelque 85 000 juifs furent clandestinement transportés par des chemins secrets et souvent dangereux, malgré le blocus naval et les patrouilles positionnées aux frontières et sur le littoral méditerranéen pour intercepter les réfugiés juifs avant qu'ils ne foulent le sol du pays. Ceux qui furent arrêtés furent emprisonnés dans des camps de détention à Chypre, ou forcés de retourner en Europe. L'indépendance L'incapacité de la Grande-Bretagne à concilier les exigences conflictuelles des parties juive et arabe amena le gouvernement britannique à exiger que le problème palestinien figure sur

Conscrits juifs dans un camp militaire britannique • O.P.G./Z. Kluger

indépendante de l'armée britannique, avec son drapeau et son emblème. Recensant quelque 5000 hommes, la Brigade juive fut impliquée dans des combats en Egypte, en Italie du nord et dans les pays du nord-ouest du continent européen. Après la victoire des forces alliées en Europe (1945), un grand nombre des membres de la Brigade juive s'engagèrent dans le réseau d'”immigration illégale” des rescapés de la Shoah en Terre d'Israël.


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Explosions de joie dans les rues de Tel-Aviv, 29 novembre 1947 • O.P.G./H. Pinn

l'agenda de l'Assemblée générale de l'Onu en avril 1947. Une commission spéciale fut chargée de rédiger des propositions portant sur l'avenir du pays. Le 29 novembre 1947, l'Assemblée vota l'adoption des recommandations de cette commission, en l'occurence le plan de partition du pays en deux Etats, un juif et un arabe. La communauté juive accepta ce plan, mais les Arabes le rejetèrent. Après le vote de l'Onu, les militants arabes, aidés par des volontaires intermittents, lancèrent de violentes attaques contre la communauté juive dans le dessein d'entraver le plan de partition et d'éviter l'établissement d'un Etat juif. Après de nombreux revers, les organisations de défense juives mirent en déroute les agresseurs et s'emparèrent de tout le territoire alloué à l'Etat juif. Le 14 mai 1948, date du terme officiel du Mandat britannique, la population juive du pays recensait environ 650 000 habitants formant une communauté organisée qui avait mis en place des institutions politiques, sociales et économiques – soit une nation dans tous les sens du terme et un Etat avec tous ses attributs, à l'exception du nom qui lui sera donné le jour de sa Déclaration d'indépendance : l'Etat d'Israël.


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L'ETAT D'ISRAËL Le 14 mai 1948, l'Etat d'Israël proclama son indépendance. Moins de 24 heures plus tard, les armées régulières d'Egypte, de Jordanie, de Syrie, du Liban et d'Irak envahissaient le pays, contraignant Israël à défendre la souveraineté qu'il venait de recouvrer dans sa patrie ancestrale. Pendant ce qu'on appela plus tard la guerre d'Indépendance, les Forces de défense d'Israël à peine formées, pauvrement équipées, repoussèrent les envahisseurs au cours de violents combats qui devaient durer quinze mois et coûtèrent la vie à plus de 6 000 Israéliens (près de un pour cent de la population juive du pays à l'époque). Durant les premiers mois de 1949, des négociations directes menées sous les auspices de l'Onu entre Israël et chacun des pays agresseurs (à l'exception de l'Irak qui refusa de négocier avec Israël) conduisirent à des accords d'armistice reflétant la situation qui prévalait à la fin des combats. De ce fait, la plaine côtière, la Galilée et tout le Néguev se trouvaient sous souveraineté

Le plan de partition de 1947 (conformément à la Résolution 181 de l'Onu) Liban Syrie Haïfa Mer Méditerranée

Tel Aviv Jaffa

Jérusalem

Beershéva

Transjordanie Egypte Etat juif Pays arabe Zone internationale

Tracé des lignes d'armistice 1949-1967 Liban

Syrie Haïfa Mer Méditerranée Samarie Tel Aviv-Jaffa Jérusalem Judée Gaza

Beershéva

Egypte

Israël

Eilat

Jordanie

Israël Sous administration jordanienne Sous administration égyptienne


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israélienne, tandis que la Judée et la Samarie passaient sous contrôle jordanien et la bande de Gaza sous administration égyptienne ; la ville de Jérusalem fut divisée, la Jordanie contrôlant la partie orientale, y compris la Vieille Ville, et Israël le secteur occidental. L'édification de l'Etat

La guerre terminée, Israël consacra tous ses efforts à l'édification de l'Etat pour lequel le peuple avait dû livrer un combat si long et si pénible. La première Knesset (Parlement) de 120 sièges entra en fonction après des élections nationales (25 janvier 1949) auxquelles participèrent près de 85 % des électeurs. Deux des hommes qui avaient mené Israël à l'indépendance accédèrent alors aux postes de direction du pays : David Ben Gourion, chef de l'Agence juive qui devint Premier ministre et Chaïm Weizmann, chef de l'Organisation sioniste mondiale, élu président de


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l'Etat par la Knesset. Le 11 mai 1949, Israël devint le 59ème membre de l'Organisation des Nations unies. En vertu du concept de rassemblement des exilés qui est la raison d'être fondamentale d'Israël, le pays ouvrit ses portes, confirmant le droit de chaque Juif de venir vivre dans le pays et d'en acquérir dès son arrivée la citoyenneté. Durant les quatre premiers mois de l'indépendance, environ 50 000 nouveaux arrivants, principalement des rescapés de la Shoah, affluèrent dans le pays. Fin 1951, on comptait 687 000 arrivants, hommes, femmes et enfants, dont plus de 300 000 réfugiés des pays arabes, ce qui doubla la population juive du pays. Les difficultés économiques provoquées par la guerre d'Indépendance et la nécessité de pourvoir aux besoins d'une population en croissance aussi rapide, imposèrent une politique d'austérité à l'intérieur et le recours à une assistance financière de l'étranger. L'aide du gouvernement des Etats-Unis, les prêts des banques américaines, les contributions des juifs de la diaspora et les réparations versées par l'Allemagne furent employés à la construction de logements, à la mécanisation de l'agriculture, à la création d'une flotte marchande et d'une compagnie aérienne nationale, à l'exploitation des minerais disponibles,

David Ben Gourion, homme d'Etat et visionnaire • O.P.G./K. Zoltan

Immigrante et ses enfants assis sur leurs bagages sur la place principale de Yehud • O.P.G./K. Zoltan


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au développement de l'industrie, du réseau routier, des télécommunications et des réseaux électriques. Vers la fin de la première décennie, la production industrielle avait doublé, ainsi que le nombre d'ouvriers, tandis que le volume des exportations industrielles quadruplait. L'extension des surfaces cultivées permit de parvenir à l'auto-suffisance pour tous les produits alimentaires de base, à l'exception de la viande et des céréales ; 20 000 hectares de terres en friche furent reboisés et des arbres plantés le long de 800 kilomètres de routes. Le réseau éducatif créé par la communauté juive durant la période pré-étatique et qui comprenait désormais le secteur arabe, fut largement développé. L'école devint gratuite et obligatoire pour tous les enfants de 5 à 14 ans (depuis 1978, elle est obligatoire jusqu'à 16 ans et gratuite jusqu'à 18). Les activités culturelles et artistiques se multiplièrent, combinant les traditions communautaires et culturelles orientales, nord-africaines et occidentales véhiculées par les immigrants. Au moment du dixième anniversaire de son indépendance, Israël recensait plus de deux millions d'habitants.


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La campagne du Sinaï, 1956 Liban

Israël Sous administration jordanienne Zone conquise Haïfa et restituée par Israël

Tel Aviv-Jaffa Mer Méditerranée

Avec la signature d'un traité tripartite par l'Egypte, la Syrie et la Jordanie en octobre 1956, l'étau arabe s'intensifia. En réaction, Tsahal s'empara en huit jours de la bande de Gaza et de la péninsule du Sinaï, jusqu'à une bande de terrain large de 16 kilomètres située à l'est du canal de Suez. La décision de l'Onu de positionner une force d'urgence (UNEF) le long de la frontière israélo-égyptienne, assortie des garanties fournies par l'Egypte d'assurer la liberté de navigation dans le golfe d'Eilat poussa Israël à un retrait

Samarie

Ga

za

Judée

Beershéva

Jordanie

Tiran

Eilat

Arabie Saoudite

its de

En dénégation de la Résolution du 1er septembre 1951, le trafic maritime israélien Sinaï via le canal de Suez fut suspendu par l'Egypte et le blocus des détroits de Tiran fut renforcé, tandis que les incursions en territoire israélien de terroristes en provenance Egypte des pays arabes voisins se multipliaient, provoquant assassinats et sabotages, et que la péninsule du Sinaï se trouvait progressivement transformée en une vaste base militaire égyptienne.

Syria

Jérusalem

Détro

La campagne du Sinaï - 1956 Les années d'édification de l'Etat d'Israël furent assombries par de graves problèmes sécuritaires. Les accords d'armistice signés en 1949 n'étaient pas parvenus à établir une paix permanente, et se trouvaient constamment violés.

Mer Rouge


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par étapes (de novembre 1956 à mars 1957) des territoires conquis quelques semaines auparavant. Il s'ensuivit l'ouverture des détroits de Tiran qui permit l'essor renouvelé du commerce avec les pays d'Asie et d'Afrique orientale, ainsi que les importations de pétrole en provenance du golfe Persique.

Canalisation de béton (106 cm de diamètre) de la Conduite nationale d'eau • Archives sionistes centrales

Les années de stabilisation Au cours de sa seconde décennie (19581968), le chiffre des exportations doubla, et le PIB augmenta de quelque 10 pour cent par an. Avec la fabrication locale de produits précédemment importés, tels que papier, pneus, radios et réfrigérateurs, la croissance devint manifeste dans de nouveaux secteurs industriels : métallurgie, machines, produits chimiques et électroniques. Le marché intérieur de produits agricoles frôlant la saturation, le secteur agricole se tourna vers le développement d'une grande variété de cultures destinées au secteur agro-alimentaire et à la production de produits frais pour l'exportation. Un deuxième port en eau profonde fut fondé à Ashdod sur le littoral méditerranéen qui, s'ajoutant à celui de Haïfa, apporta un appoint considérable aux échanges commerciaux en hausse constante. A Jérusalem fut érigée la nouvelle Knesset, et de nouveaux locaux vinrent remplacer les bâtiments originels du mont Scopus qui avaient été évacués après la guerre


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Les relations étrangères d'Israël ne cessèrent de se développer à mesure des liens noués avec les Etats-Unis, les pays du Commonweath, la plupart des pays européens, quasiment tous les pays d'Afrique et d'Amérique latine ainsi que certains pays d'Asie. De vastes projets de coopération internationale furent instaurés et des centaines de médecins, ingénieurs, enseignants, agronomes, spécialistes en irrigation et moniteurs de jeunes partagèrent leur savoir faire et leur expérience avec les habitants de pays en développement. L'année 1965 vit l'échange d'ambassadeurs avec la République Fédérale d'Allemagne, une évolution jusqu'alors retardée par le lourd contentieux accumulé par le peuple juif contre le régime nazi (1933-1945). Cette initiative n'alla pas sans de véhémentes expressions d'opposition et sans un débat public houleux qui précéda la normalisation des relations israélo-allemandes.

Le procès Eichmann : en mai 1960, Adolf Eichmann, qui avait dirigé la déportation et l'extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, fut transporté

en Israël pour y être jugé conformément à la Loi de 1950 relative aux peines à infliger aux nazis et à leurs collaborateurs. Le procès s'ouvrit en avril 1961. Eichmann, reconnu coupable de crimes contre l'humanité et contre le peuple juif, fut condamné à mort. L'appel de ses avocats à la Cour suprême fut rejeté et Eichmann fut pendu le 30 mai 1962. Pour la première et la seule fois, la peine de mort a été appliquée en Israël.

Procès à Jérusalem du criminel de guerre nazi Adolf Eichmann • O.P.G./J. Milli

d'Indépendance, afin d'abriter l'Université hébraïque et le Centre médical Hadassah. Parallèlement fut inauguré le Musée d'Israël dans le dessein de rassembler, assurer la préservation, l'étude et l'exposition au public du patrimoine culturel et artistique du peuple juif.


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Liban Syrie

Mer Méditerranée

Haïfa

Tel Aviv-Jaffa Jérusalem Beershéva

Jordanie Sinaï

Détro

Egypte

Arabie Saoudite

its de

Tiran

Eilat

Mer Rouge

Lignes de cessez-le-feu après la guerre de Six-Jours, 1967 Parachutistes de Tsahal au Mur occidental • O.P.G./D.Rubinger

La guerre de Six-Jours - 1967 L'espoir d'une nouvelle décennie de relative tranquillité en Israël fut déçu par la recrudescence d'attentats terroristes à partir des frontières égyptiennes et jordaniennes, la poursuite des tirs d'artillerie sur les localités agricoles de Galilée septentrionale et le réarmement massif des pays arabes voisins. Lorsqu'en mai 1967 l'Egypte effectua de grands mouvements de troupes dans le désert du Sinaï, et ordonna aux forces de l'Onu déployées depuis 1957 d'évacuer la péninsule du Sinaï, déclara une nouvelle fois le blocus des détroits de Tiran et s'engagea dans une alliance militaire avec la Jordanie, Israël se trouva menacé sur tous les fronts par des armées arabes hostiles. Placé face à ces menaces de destruction, Israël invoqua son droit inhérent à l'autodéfense et lança le 5 juin 1967 un raid aérien préventif contre l'Egypte au sud, suivi par une contre-attaque de la Jordanie à l'est et contre les forces syriennes retranchées sur le plateau du Golan au nord. Au terme de six journées de combats, de nouvelles lignes de cessez-le-feu remplacèrent les précédentes, plaçant sous


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contrôle israélien la Judée, la Samarie, la bande de Gaza, la péninsule du Sinaï et le plateau du Golan. Il s'ensuivit une période d'accalmie dans les localités septentrionales d'Israël sans cesse pilonnées par les obus syriens ; le libre passage des bateaux israéliens ou sous pavillon étranger en route pour Israël à travers les détroits de Tiran ; la réunification de Jérusalem divisée depuis 1949 entre Israël et la Jordanie. De guerre en guerre Une fois les combats achevés, il restait un grand défi diplomatique à relever : traduire les atouts militaires d'Israël en une paix permanente fondée sur la Résolution 242 du Conseil de sécurité de l'Onu qui préconisait la reconnnaissance de la souveraineté, des confins et de l'indépendance politique de tous les pays de la région, et leur droit de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, et préservés de menaces et d'actes de belligérance. Les positions arabes telles qu'elles furent formulées au Sommet de Khartoum (août 1967) s'opposèrent énergiquement à tout traité de paix avec Israël, et refusèrent d'entamer des pourparlers avec Israël. Dès septembre 1968, l'Egypte déclencha une guerre d'usure dont les hostilités sporadiques et statiques au départ, le long des berges du canal de Suez, dégénèrent rapidement en combats qui, pour être localisés, ne provoquèrent pas moins de lourdes pertes des deux côtés. Les hostilités prirent fin en 1970, avec le début de négociations israélo-égyptiennes qui


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débouchèrent sur un nouveau cessez-le-feu le long du canal de Suez. LE TERRORISME Le t e r ro r i s m e a r a b e e t palestinien sévissait depuis plusieurs décennies avant même l'établissement de l'Etat d'Israël. Depuis, des milliers d'attentats terroristes provoquèrent des morts et des blessés parmi la population civile israélienne, en particulier durant les deux décennies qui précédèrent la guerre de Six-Jours (qui se solda par la présence israélienne dans des territoires jusque là sous contrôle arabe). La création de l'OLP en 1964 transforma cette organisation en chef de file du terrorisme anti-israélien. Pendant les années 70 et 80, les diverses organisations sous la conduite de l'OLP perpétrèrent de nombreux attentats en territoire israélien et à l'étranger. L'un des plus

La guerre de Kippour - 1973 Les trois années de paix relative sur les frontières prirent fin le jour de Kippour de l'année 1973 (le jour le plus sacré du calendrier hébraïque), au moment où l'Egypte et la Syrie prirent d'assaut par surprise le territoire israélien ; l'armée égyptienne franchit le canal de Suez et les troupes syriennes pénétrèrent sur le plateau du Golan. Au cours des trois semaines qui suivirent, Tsahal parvint à renverser le cours des hostilités et repoussa les assaillants, traversa le canal de Suez et parcourut 32 kilomètres en direction de Damas. Deux années de pourparlers difficiles entre Israël, l'Egypte et la Syrie débouchèrent sur des accords de désengagement stipulant le retrait des forces israéliennes de certaines parties des territoires conquis pendant cette guerre. L'opération "Paix en Galilée" - 1982 Israël n'a jamais aspiré à un conflit avec son voisin du nord, le Liban. Mais lorsque l'Organisation de Libération de la Palestine


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(OLP) se déploya au Sud-Liban après avoir été expulsée de Jordanie en 1970, et multiplia des attentats terroristes contre les villes et les villages de Galilée qui causèrent de nombreuses victimes et de considérables dégâts matériels, le gouvernement israélien donna l'ordre à Tsahal de franchir la frontière libanaise et d'investir le Sud-Liban.

De la guerre à la paix Les élections législatives de 1977 furent remportées par la coalition du Likoud (formée par les partis de droite et du centre), après une trentaine d'années de prépondérance du Parti travailliste dans l'arène politique israélienne. Le nouveau premier ministre, Menachem Begin, réitéra les engagements de ses prédécesseurs à la paix dans la région et lança aux dirigeants arabes un appel à rejoindre leurs partenaires israéliens autour de la table de négociation.

Liban

Frontière internationale Ligne de cessez-le-feu

Syrie

L' Opération Paix en Galilée se solda par l'éradication de l'essentiel des structures organisationnelles et militaires de l'OLP dans cette zone. Pendant les 18 années suivantes, Israël entretint une zone de sécurité limitée au Sud-Liban le long de ses frontières septentrionales afin de protéger sa population de Galilée des attaques d'éléments hostiles.

Le président égyptien Anouar Sadate, le président américain Jimmy Carter et le Premier ministre israélien Menachem Begin • O.P.G./S. Sa'ar

Haïfa

Tel Aviv-Jaffa Mer Méditerranée

Jérusalem Beershéva

Jordanie Sinaï Eilat

Arabie Saoudite Egypte Mer Rouge

Paix avec l'Egypte et la Jordanie


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spectaculaires fut le meurtre de onze athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich en 1972. En dépit des engagements palestiniens de 1993 à renoncer au terrorisme et à fournir, ce faisant, les bases à des négociations de paix, les attentats terroristes se poursuivirent, et s'intensifièrent à compter de septembre 2000, avec pour conséquence la mort de plus d'un millier de civils israéliens et de plusieurs milliers de blessés.

Le roi Hussein de Jordanie et le Premier ministre Yitzhak Rabin • O.P.G./Y. Sa'ar

Le cycle du rejet systématique des pays arabes à la paix préconisée par Israël fut interrompu par la visite du président Anouar Sadate à Jérusalem (novembre 1977). Cette visite historique fut suivie par des pourparlers menés par l'Egypte et Israël sous l'égide des Etats-Unis. Il en émergea les Accords de Camp David signés par les parties en septembre 1978 qui préconisaient l'instauration d'une paix globale au Proche-Orient, notamment des propositions concrètes en matière d'autonomie palestinienne. Le 26 mars 1979, Israël et l'Egypte signèrent à Washington un traité de paix mettant fin à un état de belligérance qui s'était


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poursuivi pendant trois décennies. Aux termes de ce traité Israël s'engageait à se retirer de la péninsule du Sinaï, et les deux parties devaient abandonner les lignes antérieures de cessez-le-feu et d'armistice contre des frontières internationales mutuellement reconnues. Par ailleurs, les trois années de négociations israélojordaniennes qui suivirent la Conférence de paix de Madrid (1991) atteignirent leur apogée avec les déclarations de juillet 1994 du roi Hussein et du premier ministre Yitzhak Rabin mettant fin à 46 ans d'état de belligérance. Le traité de paix israélo-jordanien fut signé le 26 octobre 1994 à proximité du poste-frontière de la Arava (entre Eilat en Israël et Akaba en Jordanie) en présence du président Bill Clinton. Les grands défis intérieurs Au cours des années 80 et 90, Israël intégra plus d'un million d'immigrants, originaires pour la plupart de l'ex-Union soviétique, d'Europe de l'Est et d'Ethiopie. L'afflux d'un si grand nombre de nouveaux consommateurs, d'un si grand nombre de travailleurs qualifiés ou non, a considérablement stimulé l'économie et la croissance d'Israël. Le gouvernement entré en fonction après les élections législatives de 1984 et composé des deux principaux partis politiques du pays : les Travaillistes (gauche et centre-gauche) et le Likoud (droite/centre-droit), fut remplacé en 1988 par une coalition des partis de droite,


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Le m e u r t re d u p re m i e r ministre Yitzhak Rabin, grand soldat et homme de paix, assassiné le 4 novembre 1995 par un extrémiste juif, plongea le pays dans le deuil et la consternation. Tous les ans, une cérémonie commémore son souvenir.

puis, en 1992 par une coalition travailliste et centre gauche. Après l'assassinat du premier ministre Yitzhak Rabin en 1995, de nouvelles élections furent organisées. Benjamin Netanyahu prit alors la tête du gouvernement avec une coalition dirigée par le Likoud. Moins de trois ans plus tard, son gouvernement était renversé.

En 1999, Ehud Barak, chef du centre gauche, fut élu Premier ministre et constitua un gouvernement de coalition, avant de démissionner en décembre 2000. Ariel Sharon, chef du Likoud, lui succéda avant d'être victime d'une congestion cérébrale au début de l'année 2006. Ehud Olmert, chef du parti Kadima formé par Ariel Sharon en novembre 2005, lui succéda au poste de premier ministre. Les gouvernements israéliens ont tous œuvré pour parvenir à la paix, à la croissance économique et à l'intégration des immigrants, toutes convictions politiques confondues.


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LE PROCESSUS DE PAIX Depuis la signature du traité de paix israélo-égyptien en 1979, diverses initiatives ont été prises par Israël et d'autres pays pour promouvoir le processus de paix au Proche-Orient. Ces efforts ont débouché sur la Conférence internationale de Madrid d'octobre 1991 qui, sous les auspices des Américains et des Soviétiques, a réuni des délégués d'Israël, de la Syrie, du Liban, de la Jordanie et des Palestiniens. Les débats furent suivis de négociations bilatérales entre les parties et par des pourparlers multilatéraux portant sur les affaires régionales. Négociations bilatérales Israël et les Palestiniens : après des mois de rencontres en coulisse à Oslo entre des négociateurs israéliens et des représentants de l'OLP, fut formulée une Déclaration de principes prévoyant des aménagements autonomes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. La signature de cette déclaration, le 13 septembre 1993, fut précédée par un échange de lettres entre Yasser Arafat, président de l'OLP et le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin qui énonçaient le renoncement du terrorisme par l'OLP, l'invalidation des articles de la Charte de cette organisation déniant le droit à l'existence d'Israël, et son engagement à la résolution pacifique d'un conflit long de plusieurs décennies. De son côté Israël reconnaissait l'OLP en tant que représentant du peuple palestinien.


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La Déclaration de principe énonçait une série de postulats ralliant l'accord des parties et concernant une période intérimaire de cinq ans d'autonomie palestinienne, ainsi qu'un schéma prévisionnel des diverses étapes des négociations israélo-palestiniennes. Les dispositions concernant l'autonomie palestinienne dans la bande de Gaza et dans la zone de Jéricho entrèrent en vigueur en mai 1994 ; le transfert des pouvoirs et des responsabilités en Cisjordanie en matière d'éducation, de culture, de santé, d'assistance sociale, d'impôts directs et de tourisme fut instauré trois mois plus tard. La Déclaration de principes et les autres accords signés par Israël et les Palestiniens aboutirent à la signature d'un accord intérimaire israélopalestinien en septembre 1995. L'accord intérimaire prévoyait l'élargissement des prérogatives de l'administration palestinienne par une Autorité autonome démocratiquement élue, le Conseil palestinien (élu en janvier 1996), ainsi que la poursuite du redéploiement de Tsahal en Cisjordanie. Cet accord définissait également les mécanismes régulant les relations israélo-palestiniennes qui étaient censées aboutir à un Accord définitif. Aux termes de l'Accord intérimiare, la Cisjordanie se trouvait divisée en trois zones : La zone A - comprenant les principales villes de Cisjordanie et placées sous la responsabilité pleine et entière du Conseil palestinien pour tout ce qui a trait à l'ordre public, à la sécurité et aux affaires civiles. (Seule la ville d'Hébron,


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soumise à des dispositions spéciales mentionnées dans l'Accord intérimaire, fit l'objet d'un protocole spécial relatif au redéploiement à Hébron signé en janvier 1997). La zone B - incluant des localités et villages de Cisjordanie où le Conseil palestinien détenait la responsabilité des affaires civiles (comme en zone A) et du maintien de l'ordre public, tandis qu'Israël assumait l'ensemble des prérogatives en matière sécuritaire afin d'assurer la protection de ses citoyens habitants de ces territoires, et de lutter contre le terrorisme. La zone C - incluant toutes les localités juives, les zones d'importance stratégique pour Israël et les zones essentiellement désertes de Cisjordanie où Israël assumait le contrôle en matière de sécurité et d'ordre public, ainsi que les responsabilités civiles relatives à ces territoires (planification, découpage administratif, archéologie, etc.). Tous les autres domaines civils afférents aux populations palestiniennes relevaient de la juridiction du Conseil palestinien. Le calendrier des étapes futures du redéploiement, tel qu'il fut spéficié dans l'Accord intérimaire, fut révisé à plusieurs reprises par les deux parties, en particulier par le Memorandum de Wye River signé en octobre 1998. Conformément à ces révisions concertées, Israël paracheva en mars 2000 la première et la seconde phase du processus de redéploiement. Ces deux phases se soldèrent par


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la nouvelle désignation en zone A de plus de 18 % du territoire de la Cisjordanie et de plus de 21 % en zone B - soit le transfert à l'Autorité palestinienne des 98 % de la population palestinienne de Cisjordanie. Les pourparlers en vue du Statut final déterminant la nature d'un accord définitif entre Israël et l'Autorité palestinienne, furent initiés en mai 1996. Mais les attentats suicide meurtriers perpétrés à Jérusalem et Tel-Aviv par des terroristes du Hamas dissuadèrent Israël de relancer le processus de paix. Un hiatus de trois ans s'ensuivit et les pourparlers sur le Statut final ne furent renouvelés qu'en septembre 1999, après la signature du Memorandum de Sharm el-Sheikh. Parmi les registres évoqués dans ce document : les réfugiés, les localités juives, les problèmes sécuritaires, les frontières, Jérusalem, et d'autres. Sur l'invitation du président américain Bill Clinton, le Premier ministre israélien Ehud Barak et le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat prirent part en juillet 2000 sommet de Camp David destiné à relancer les pourparlers de paix, mais les propositions généreuses du gouvernement israélien furent repoussées par Yasser Arafat. Toutefois, une déclaration tripartite fut émise, définissant les principes convenus par les parties et susceptibles de servir de guide aux futures négociations. En septembre 2000, les Palestiniens initièrent leur intifada, campagne de terrorisme et de violences sans


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discrimination qui se solda, pour les deux parties au conflit, par d'innombrables victimes et de dures épreuves. Les nombreuses tentatives de mettre un terme aux affrontements violents et de renouveler le processus de paix firent long feu du fait des attentats terroristes palestiniens. Israël pour sa part cautionna la vision présentée lors du discours du président George W. Bush le 24 juin 2002 pour mettre fin au terrorisme palestinien, vision qui devait être suivie d'un accord définitif portant sur tous les registres contestés et aboutir à la paix. Ainsi, le 25 mai 2003, Israël approuva la Feuille de route qui fut assortie de dispositions considérées par Israël comme faisant partie intégrante de l'application de ce document, et d'un engagement américain à les respecter. Le tout étant conditionné par un engagement des Palestiniens à s'acquitter de leurs obligations dès la première étape de la Feuille de route - en l'occurrence la cessation inconditionnelle du terrorisme et des incitations à la violence. Parmi les mesures prises par Israël contre les attentats terroristes : la construction d'une clôture antiterroriste. En août 2005, soucieux de mettre fin à l'impasse du processus de paix qui suivit cinq années de terrorisme palestinien, le gouvernement israélien retira les populations juives et les effectifs de Tsahal de la bande de Gaza et de Samarie septentrionale.


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Pour autant, le terrorisme palestinien ne cessa guère, se traduisant par l'élection du gouvernement Hamas, le lancement de missiles Qassam sur le Negev septentrional et l'enlèvement d'un soldat israélien qui exigèrent une opération militaire israélienne. Israël et la Syrie : dans le sillage de la Conférence de Madrid, des pourparlers furent engagés à Washington entre des délégations israélienne et syrienne et tenus sporadiquement au niveau d'ambassadeurs, avec la collaboration active de hauts-fonctionnaires américains. Deux séries de pourparlers syro-israéliens (décembre 1995 et janvier 1996) furent focalisés sur les besoins de sécurité et d'autres registres essentiels. Très détaillés et exhaustifs, ces pourparlers identifiaient les principaux registres d'entente conceptuelle et de convergence censés présider à de futures négociations. Les pourparlers syro-israéliens furent renouvelés en janvier 2000 à Shepherdstown (Etats-Unis), après une interruption de plus de trois ans, sans toutefois aboutir à une percée réelle, pas plus que les entretiens conjoints des présidents Clinton et Hafez Assad à Genève en mars 2000 ne débouchèrent sur la reprise des négociations syro-israéliennes. La Syrie, à l'instar de l'Iran, soutient les organisations terroristes les plus violentes et dangereuses, notamment le Hezbollah et les groupements terroristes palestiniens.


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Israël et le Liban : le 23 mai 2000, Israël paracheva le retrait de tous ses effectifs de la zone de sécurité du SudLiban, conformément à la décision du gouvernement israélien d'appliquer la résolution 425 du Conseil de sécurité de l'Onu. Ce ne fut pas le cas du Liban qui, malheureusement, n'a toujours pas mis en œuvre cette résolution, pas davantage que la résolution 1559 du Conseil de sécurité (prévoyant le démantèlement du Hezbollah et le déploiement de l'armée libanaise au Sud-Liban. Les agressions en provenance du Liban atteignirent leur paroxysme le 12 juillet 2006 avec l'enlèvement de deux soldats israéliens et le bombardement de localités de Galilée par le Hezbollah. Israël fut contraint d'agir pour contrecarrer la présence terroriste du Hezbollah au SudLiban, forte de dizaines de milliers de roquettes d'artillerie lourde fournies par l'Iran et la Syrie, et ciblant des millions de civils israéliens. Au cours du conflit armé qui s'ensuivit ou Seconde Guerre du Liban, plus de 4000 roquettes furent lancées contre des cibles israéliennes, causant 44 morts et des dégâts considérables aux infrastructures et aux propriétés civiles israéliennes, outre les 119 soldats de Tsahal tués lors des combats. Les hostilités prirent fin avec l'adoption, le 11 août 2006, de la résolution 1701 du Conseil de sécurité

Le Premier ministre israélien Ariel Sharon annonçant le Plan de désengagement, décembre 2003 • O.P.G. /Moshé Milner


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de l'Onu prescrivant la libération inconditionnelle des soldats kidnappés, le déploiement de l'armée libanaise et de l'UNIFIL (dont la mission avait été redéfinie) au Sud-Liban et l'embargo total sur les livraisons d'armes à des milices libanaises indépendantes du gouvernement libanais. Les pourparlers multilatéraux Les pourparlers multilatéraux étaient censés constituer une partie intégrante du processus de paix, dans l'objectif de trouver des solutions aux problèmes clés de la région, tout en servant de mesure d'instauration d'un climat de confiance et de normalisation des relations entre les pays du Proche-Orient. Après la Conférence multilatérale de Moscou réunie dans ce but en janvier 1992, à laquelle participèrent des représentants de 36 pays et organisations internationales, les délégations se répartirent en cinq groupes de travail chargés de registres d'intérêt commun pour les pays du Proche-Orient (environnement, contrôle des armes et sécurité régionale, problèmes des réfugiés, ressources en eau et croissance économique). Ces groupes de travail se sont réunis à différentes occasions dans la région. Un Comité directeur composé de représentants des principales délégations et présidé par les Etats-Unis et la Russie, est chargé de la coordination de ces pourparlers multilatéraux. Depuis le déclenchement des violences palestiniennes en septembre 2000, les activités de cette filière multilatérale ont été pour la plupart suspendues.


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CHRONOLOGIE XVIIe-VIe siècle (Avant l'ère chrétienne) XVIIe-VIe av. EPOQUE BIBLIQUE C. XVIIe siècle av. Abraham, Isaac, Jacob - patriarches du peuple juif et porteurs de la croyance en un Dieu Un - s'installent sur la Terre d'Israël. La famine contraint les Enfants d'Israël à émigrer en Egypte. XIIIe siècle env. Exode d'Egypte des Enfants d'Israël sous la direction de Moïse. Errance de 40 ans dans le désert. D o n d e l a Torah ( y co m p r i s l e s D i x Commandements) sur le mont Sinaï. XIIIe-XIIe siècle Installation des Hébreux en Terre d'Israël. vers 1020 Etablissement de la monarchie ; Saül, premier roi. vers 1000 Jérusalem devient la capitale du royaume de David. vers 960 Le Premier Temple, centre national et spirituel du peuple juif, est construit à Jérusalem par le roi Salomon. vers 930 Schisme du royaume : Juda et Israël. 722-720 Israël conquis par l'Assyrie ; exil des 10 tribus (les Dix Tribus perdues ). 586 Conquête du royaume de Juda par les Babyloniens; destruction de Jérusalem et du Premier Temple; exil de la plupart des juifs.

Dessins de Noam Nadav


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Période du Second Temple 536-142 538-515

EPOQUES PERSE ET HELLENISTIQUE De nombreux juifs rentrent de Babylone ; Reconstruction du Temple. 332 Conquête du pays par Alexandre le Grand ; domination hellénistique. 166-160 Révolte des Maccabées (Asmonéens) contre les interdictions de pratiquer le judaïsme et profanation du Temple. 142-129 Autonomie juive sous les Asmonéens. 129-63 Indépendance juive sous la monarchie asmonéenne. 63 Pompée, à la tête d'une armée romaine, s'empare de Jérusalem. 63 av - 313 ap. DOMINATION ROMAINE 37 - 4 av. Le roi Hérode, vassal des Romains, règne sur le Pays d'Israël. Restauration du Temple de Jérusalem. L’ère chrétienne vers 20-33 Prêches de Jésus de Nazareth. 66 Révolte juive contre les Romains. 70 Destruction de Jérusalem et du Second Temple. 73 Dernier bastion juif à Massada. 132-135 Soulèvement de Bar Kochba contre Rome. c. 210 Achèvement de la codification de la Loi orale juive (Michna).


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313-636 vers 390 614 313-636 vers 390 614 636-1099 691

1099-1291 1291-1516 1517-1917 1564 1860 1882-1903 1897 1904-14 1909

DOMINATION BYZANTINE Achèvement du commentaire de la Michna (Talmud de Jérusalem). Invasion perse DOMINATION BYZANTINE Achèvement du commentaire de la Michna (Talmud de Jérusalem). Invasion perse DOMINATION ARABE Construction à Jérusalem du Dôme du Rocher par le calife Abd el-Malik sur le site du Premier et du Second Temple. LES CROISÉS (Royaume latin de Jérusalem) DOMINATION MAMELUKE DOMINATION OTTOMANE Publication du Choulkhan Aroukh (codification de la loi juive). Construction du premier quartier à l'extérieur des murailles de Jérusalem. Première Aliyah (vague d'immigration), principalement de Russie. Premier Congrès sioniste réuni à Bâle (Suisse) par Théodore Herzl. Création de l'Organisation sioniste. Deuxième Aliyah, principalement de Russie et de Pologne. Création de Degania, premier kibboutz, et de Tel-Aviv, la première ville juive moderne.


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1917

1918-48 1919-23 1920

1921 1922

1924 1924-32 1925

La conquête britannique met fin à 400 ans de domination ottomane; Lord Balfour, ministre des Affaires étrangères, s'engage à soutenir la création d'un foyer national juif en Palestine . ADMINISTRATION BRITANNIQUE Troisième Aliyah, principalement de Russie. Création de la Histadrout (Confédération générale du travail) et de la Haganah (organisation juive de défense). Mise en place du Vaad Leoumi (Conseil national) par la communauté juive (yishouv) pour diriger les affaires publiques Création du premier moshav (village coopératif), Nahalal. La Société des Nations confie à la GrandeBretagne un mandat sur la Palestine (Terre d'Israël) création de la Transjordanie sur les trois quarts du territoire, le foyer national juif n'en recevant qu'un quart. Création de l'Agence juive qui représente la communauté juive vis-à-vis des autorités mandataires. Ouverture à Haïfa du Technion, premier institut de technologie. Quatrième Aliyah, principalement de Pologne. Ouverture de l'Université hébraïque de Jérusalem sur le mont Scopus.


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1929 1931 1933-39 1936-39 1939 1939-45 1940-41

1944 1947 1948 1948 1949

Massacre des juifs de Hébron par des émeutiers arabes. Création de l'Etzel, organisation juive clandestine. Cinquième Aliyah, principalement d'Allemagne. Emeutes anti-juives fomentées par des militants arabes. Le Livre blanc britannique limite sévèrement l'immigration juive. Seconde Guerre mondiale ; Shoah en Europe. Constitution du Lehi, mouvement de résistance clandestin et du Palmakh, bataillons de choc de la Haganah. Intégration de la Brigade juive aux forces britanniques. L'ONU propose la création d'un Etat juif et d'un Etat arabe dans le pays. ETAT D'ISRAËL Fin du Mandat britannique (14 mai) Proclamation de l'Etat d'Israël (15 mai). Invasion d'Israël par cinq armées arabes (15 mai) Guerre d'Indépendance (mai 1948 - juillet 1949). Création de Tsahal (Forces de défense d'Israël). Accords d'armistice signés avec l'Egypte, la Jordanie, la Syrie et le Liban. Jérusalem divisé entre Israël et la Jordanie. Election de la première Knesset (parlement)


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1948-52 1956 1961-62 1964

1967 1968-70 1973 1975 1977

1978

1979

1981

Admission d'Israël aux Nations unies (59ème membre). Vague d'immigration en provenance d'Europe et des pays arabes. Campagne du Sinaï Procès et exécution d'Adolf Eichmann, pour son rôle dans la Shoah. Mise en service de la Conduite nationale d'eau, acheminant l'eau du lac de Tibériade (au nord) vers le sud semi-aride. Guerre des Six jours ; Réunification de Jérusalem. Guerre d'usure de l'Egypte contre Israël Guerre de Kippour Israël devient un membre associé de la CEE. Après les élections législatives, le Likoud forme le gouvernement ; fin de 30 années de pouvoir travailliste. Visite du président égyptien Anouar Sadate à Jérusalem. Accords de Camp David, proposant un cadre pour une paix globale au Moyen-Orient et l'autonomie palestinienne. Signature du traité de paix israélo-égyptien. Le prix Nobel de la paix est décerné au premier ministre Ménahem Begin et au président Anouar Sadate. L'aviation israélienne détruit le réacteur nucléaire d'Irak juste avant qu'il ne devienne opérationnel.


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1982

1984

1985 1987 1988 1989 1991 1992

Achèvement de l'évacuation en trois étapes de la péninsule du Sinaï par Israël. Opération Paix pour la Galilée : les terroristes de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) sont expulsés du Liban. Constitution après les élections d'un gouvernement d'unité nationale (Likoud et Travaillistes). Opération Moïse : immigration des juifs d'Ethiopie. Signature d'un accord de libre échange avec les Etats-Unis. Des violences généralisées (intifada) éclatent dans les territoires administrés par Israël. Après les élections, arrivée au pouvoir d'un gouvernement Likoud. Israël prend l'initiative d'un plan de paix en quatre points. Début de la vague d'aliyah des juifs de l'exUnion soviétique. Attaque d'Israël par des missiles Scud irakiens pendant la guerre du Golfe. Réunion à Madrid de la conférence de paix au Moyen-Orient. Opération Salomon : pont aérien acheminant les juifs d'Ethiopie. Etablissement de relations diplomatiques avec la Chine et l'Inde. Nouveau gouvernement dirigé par Yitzhak Rabin (travailliste).


66 | Histoire

1993

1994 1995

1996

Signature par Israël et l'OLP (représentant les Palestiniens) d'une Déclaration de principes sur l'accord intérimaire d'autonomie pour les Palestiniens. Mise en œuvre de l'autonomie palestinienne dans la bande de Gaza et la région de Jéricho Relations diplomatiques avec le SaintSiège. Ouverture au Maroc et en Tunisie de bureaux de liaison. Signature du traité de paix israélo jordanien. Prix Nobel de la paix décerné à Rabin, Pérès et Arafat. Extension de l'autonomie palestinienne dans la Rive occidentale et dans la bande de Gaza ; élection du Conseil palestinien. Assassinat du premier ministre Yitzhak Rabin lors d'un rassemblement pour la paix. Shimon Pérès devient premier ministre. Regain du terrorisme arabe fondamentaliste contre Israël. Opération "Raisins de la colère" en représailles contre les attaques terroristes du Hizbollah au nord d'Israël. Représentations commerciales ouvertes à Oman et au Qatar. Benjamin Netanyahu élu premier ministre ; constitution d'un gouvernement de coalition dirigé par le Likoud.


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1997 1998

1999

2000 2001

Ouverture à Tel-Aviv d'une représentation commerciale d'Oman. Signature du Protocole de Hébron par Israël et l'Autorité palestinienne. Israël célèbre son 50ème anniversaire. Israël et l'OLP signent le Mémorandum de Wye River relatif à la mise en œuvre de l'Accord intérimaire. Ehoud Barak (parti de gauche) élu premier ministre, constitue un gouvernement de coalition. Israël et l'OLP signent le Mémorandum de Sharm-el-Sheikh. Visite du pape Jean-Paul II. Israël retire ses forces de la zone de sécurité du Sud-Liban. Israël admis à l'ONU dans le groupe des pays d'Europe occidentale et assimilés. Regain de violence. Démission du premier ministre Barak. Ariel Sharon (Likoud), élu premier ministre, constitue un gouvernement d'union nationale à base très large. Publication du rapport de la commission d'enquête de Sharm-el-Sheikh (rapport Mitchell). Proposition d'un plan de sécurité israélopalestinien (plan Tenet sur le cessez-le-feu). Assassinat de Rechavam Ze'evy, ministre du


68 | Histoire

2002

2003 2005

2006

2007

tourisme, par des terroristes palestiniens. Israël lance l'opération "Rempart de protection" en riposte à la vague d'attentats terroristes palestiniens. Le premier ministre Sharon dissout la Knesset, appelant à de nouvelles élections qui ont lieu le 28 janvier 2003. Formation d'un gouvernement de centredroite par le premier ministre Ariel Sharon. Israël applique le plan de désengagement approuvé par le gouvernement et la Knesset. Après l’attaque cérébrale subie par le premier ministre Sharon, Ehoud Olmert devient premier ministre par intérim. Elections législatives tenues le 28 mars Le premier ministre Ehud Olmert constitue le nouveau gouvernement. Israël entreprend des campagnes militaires pour contrer le terrorisme palestinien émanant de la bande de Gaza et les attaques terroristes du Hezbollah à partir du sud-Liban. Shimon Pérès élu président de l’Etat par la Knesset. Israel déclare Gaza "territoire hostile" après la prise de contrôle de Gaza par le Hamas.


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L'ETAT L'Etat

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Structure politique

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La présidence

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La Knesset

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Le gouvernement

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Le judiciaire

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L'administration locale

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L'Armée de défense d'israël

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David BenGourion proclamant l'indépendance de l'Etat d'Israël • O.P.G. (Office de presse du gouvernement)


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L'ETAT La Proclamation établissant l'Etat d'Israël, signée le 14 mai 1948 par les membres du Conseil national, représentant la communauté juive du pays et le mouvement sioniste à l'étranger, constitue le credo politique de la nation : l'impératif historique de la renaissance d'Israël ; le cadre d'un Etat juif démocratique fondé sur la liberté, la justice et la paix conformément au message des prophètes d'Israël et l'appel à des relations de bon voisinage avec les Etats arabes voisins pour le plus grand profit de l'ensemble de la région.

)‫ (משלי י"א י"ד‬.‫ותשועה ברב יועץ‬... ...Et le salut est dans le grand nombre des conseillers. (Proverbes 11,14)


72 | L'Etat


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L'ETAT Erets Israël (le Pays d'Israël) est le lieu où naquit le peuple juif. C'est là que se forgea son identité spirituelle, religieuse et politique. C'est là qu'il acquit son indépendance et créa des valeurs culturelles d'une portée à la fois nationale et universelle. C'est là qu'il fit don au monde entier de l'éternel Livre des Livres. ... les juifs s'efforcèrent au long des siècles de revenir dans le pays de leurs ancêtres... ils ont défriché les déserts, ressuscité la langue hébraïque, construit des villes et des villages et créé une communauté en pleine expansion, contrôlant sa vie économique et culturelle, recherchant la paix mais sachant aussi se défendre... L'Etat d'Israël sera ouvert à l'immigration juive... stimulera le développement du pays pour le plus grand profit de tous ses habitants ; il sera fondé sur les principes de liberté, de justice et de paix prônés par les prophètes d'Israël ; il assurera à tous ses habitants une totale égalité des droits sociaux et politiques sans distinction de religion, de race ou de sexe ; il garantira la liberté de culte, de conscience, de langue, d'éducation et de culture ; il assurera la protection des Lieux saints de toutes les religions et sera fidèle aux principes de la Charte des Nations unies. Nous tendons la main à tous les pays voisins et à leurs peuples et nous leur offrons la paix et des relations de bon voisinage ;


74 | L'Etat

nous les invitons à coopérer avec le peuple juif rétabli dans sa souveraineté nationale.

I. Sztulman

(Extrait de la Proclamation d'indépendance de l'Etat d'Israël)

Le drapeau d'Israël Le drapeau d'Israël s'inspire du châle de prière juif (talith) orné d'un Bouclier de David (Maguen David) bleu.

L'emblème officiel de l'Etat d'Israël L'emblème officiel de l'Etat d'Israël est un chandelier (menorah) dont la forme aurait été inspirée par une plante à sept branches connue dans l'antiquité sous le nom de moriah. Les branches d'olivier entourant la menorah symbolisent l'aspiration du peuple juif à la paix.


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L'hymne national d'Israël - Hatikva

Aussi longtemps qu'en nos cœurs, Vibrera l'âme juive, Et tournée vers l'Orient Aspirera à Sion, Notre espoir n'est pas vain, Espérance bimillénaire, D'être un peuple libre sur notre terre, Le Pays de Sion et Jérusalem.


76 | L'Etat

STRUCTURE POLITIQUE Les présidents d'Israël Chaïm Weizmann (1949-52), dirigeant sioniste et éminent savant Yitzhak Ben Zvi (1952-63), chef de l'Agence juive et historien

Démocratie parlementaire Israël est une démocratie parlementaire constituée des trois pouvoirs : législatif, exécutif et judiciaire. Ses institutions sont : la présidence, la Knesset (le Parlement), le gouvernement (cabinet des ministres) et les tribunaux. Le système se fonde sur le principe de la séparation des pouvoirs, l'exécutif (le gouvernement) devant bénéficier de la confiance du législatif (la Knesset) et l'indépendance de la justice étant garantie par la loi.

Chef d'Etat President Législatif

Exécutif

Judiciaire

Président du parlement

Premier ministre

Tribunaux

Knesset

Gouvernement

Procureur général

Commissions parlementaires

Ministères

Maires et présidents de conseils locaux

Contröleur de I'Etat et médiateur

Conseils locaux Corps électoral


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LA PRÉSIDENCE Le président de l'Etat (nassi en hébreu) porte le titre du chef du Sanhédrin, organe législatif et judiciaire suprême du peuple juif en Terre d'Israël dans les temps anciens. Le président est le chef de l'Etat, la présidence symbolisant l'unité de la nation, au-dessus et au-delà des partis politiques. Le président est élu pour sept ans à la majorité simple de la Knesset parmi les candidats présentés pour leurs mérites personnels et leur contribution à la nation. Une législation révisée en 1998, prévoit l'élection du président pour un unique mandat de sept ans. Les fonctions présidentielles, définies par la loi, sont pour l'essentiel cérémoniales et officielles. Entre autres : l'ouverture de la séance inaugurale d'une nouvelle Knesset ; la désignation d'un député de la Knesset pour constituer un nouveau gouvernement ; l'acceptation des lettres de créance des ambassadeurs ; la signature des traités et des lois adoptées par la Knesset ; la nomination, sur recommandation des autorités compétentes, des chefs des

Zalman Shazar (1963-73), homme politique, savant, historien, écrivain et poète Ephraïm Katzir (1973-78), biochimiste de renom Yitzhak Navon (1978-83), homme politique, éducateur et écrivain Chaïm Herzog (1983-93), juriste, général, diplomate et écrivain Ezer Weizman (1993-2000), général d'aviation, homme politique et homme d'affaires Moshé Katsav (2000-2007), action sociale et homme politique Shimon Peres (2007- ), grand homme d’Etat, ancien Premier ministre, lauréat du Prix Nobel


78 | L'Etat

Shimon Pérès, président de l’Etat d’Israël • Office de presse du gouvernement/A. Ohayon

missions diplomatiques d'Israël à l'étranger, des juges et du gouverneur de la Banque d'Israël ; la grâce des prisonniers sur avis du ministre de la Justice. Le président est en outre chargé de fonctions publiques et de tâches informelles : il reçoit et traite les requêtes de citoyens, confère le prestige de sa charge aux organisations communautaires qu'il parraine et contribue à intensifier les campagnes destinées à améliorer la qualité de la vie.


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LA KNESSET La Knesset (parlement monocaméral d'Israël) est l'Assemblée législative du pays. Elle tire son nom et le nombre de ses membres (120) de la Knesset Haguedolah (la Grande Assemblée), conseil juif représentatif réuni à Jérusalem par Ezra et Néhémie au Ve siècle avant l'ère chrétienne. Une nouvelle Knesset entre en fonctions après des élections générales qui déterminent sa composition. Au cours de la séance inaugurale, les députés prêtent serment et procèdent à l'élection du président et des vice-présidents. La Knesset est élue pour quatre ans mais elle peut se dissoudre elle-même ou être dissoute à tout moment par le premier ministre. Jusqu'à l'élection d'une nouvelle Knesset, l'ancienne reste en fonctions. La Knesset siège en sessions plénières ou en commissions qui sont au nombre de quinze. En sessions plénières, les débats portent sur les projets de loi soumis par le gouvernement ou par des députés de la Knesset à titre individuel, ainsi que

La Knesset (parlement israélien), vue du sud • Ministère du Tourisme


80 | L'Etat

sur la politique et l'action du gouvernement. Les débats s'y déroulent en hébreu ou en arabe, langues officielles, avec un système de traduction simultanée. Pour être adopté, un projet de loi du gouvernement doit être soumis à trois lectures à la Knesset (et les projets individuels à quatre lectures). En première lecture, le projet est présenté en séance plénière et fait l'objet d'un bref débat sur son contenu. Il est ensuite soumis à la commission parlementaire compétente pour une discussion plus approfondie et, si nécessaire, pour être reformulé. Lorsque la commission a achevé son travail, le projet retourne en plénière pour une seconde lecture au cours de laquelle les membres de la commission peuvent éventuellement présenter leurs réserves. Au cours du débat général qui s'ensuit, chaque article est soumis au vote et, à moins qu'il ne s'avère nécessaire de renvoyer le projet en commission, le vote ayant lieu sur l'ensemble du texte immédiatement après la troisième lecture. Si le projet est adopté, il est signé par le président de la Knesset et ultérieurement publié au Bulletin officiel avec les signatures du président de l'Etat, du premier ministre, du président de la Knesset et du ministre responsable de l'application de la loi spécifique. Enfin, le sceau de l'Etat est apposé par le ministre de la justice et le projet devient loi.


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LE GOUVERNEMENT Le pouvoir exécutif de l'Etat est assuré par le gouvernement (cabinet des ministres), chargé d'administrer les affaires intérieures et extérieures, y compris les questions de sécurité. Ses pouvoirs politiques sont très étendus et il est autorisé à agir dans tout domaine non dévolu par la loi à une autre autorité. Le gouvernement détermine ses propres règles de fonctionnement et son propre processus de décision. Il se réunit ordinairement une fois par semaine, mais d'autres réunions peuvent être convoquées en cas de nécessité. Il peut aussi intervenir dans le cadre de commissions ministérielles. Les ministres doivent tous être des députés à la Knesset, de nationalité israélienne et résider en Israël.

Les premiers ministres d'Israël David Ben Gourion (1948-53) Moshé Sharett (1954-55) David Ben Gourion (1955-63) Lév i E s h ko l ( 1 9 6 3 - 6 9 ) Golda Méir (1969-74) Yitzhak Rabin (1974-77) Menahem Begin (1977-83) Yitzhak Shamir (1983-84) Shimon Pérès (1984-86) Yitzhak Shamir (1986-92) Yitzhak Rabin (1992-95) Shimon Pérès (1995-96) Benjamin Netanyahu (1996-99) Ehud Barak (1999-2001) Ariel Sharon (2001-2006) Ehud Olmert (2006-2009) Benjamin Netanyahu (2009- )

Une fois nommés, les ministres sont responsables devant le premier ministre de l'accomplissement de leur mission et redevables de leurs actes devant la Knesset. La plupart des ministres reçoivent un portefeuille et dirigent un ministère ; les ministres sans portefeuille peuvent être appelés à assumer la responsabilité de projets spéciaux. Le premier ministre


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peut également assumer la responsabilité de tel ou tel portefeuille.

Le ministère des Affaires étrangères • T. Griffith

Avec l'approbation du premier ministre et du gouvernement, les ministres sont habilités à nommer un vice-ministre dans leur ministère qui doit être député. Le gouvernement se réunit d'ordinaire une fois par semaine, plus souvent en cas de nécessité. Il peut également agir par le biais des commissions ministérielles. A l'instar de la Knesset, le gouvernement est généralement formé pour quatre ans, mais son mandat peut être abrégé par la démission ou le décès du premier ministre, ou par une motion de censure du parlement. Si le premier ministre est dans l'incapacité d'exercer ses fonctions pour cause de décès, de démission, de mise en accusation ou d'une motion de censure de la Knesset, le gouvernement désigne l'un de ses membres (qui doit obligatoirement être député) pour assurer l'intérim ; il dispose de tous les pouvoirs de la charge à l'exception du droit de dissoudre la Knesset. Les autres ministres restent en poste jusqu'à ce qu'un nouveau premier ministre élu entre en fonction. Jusqu'à présent, étant donné qu'aucun parti n'a jamais reçu suffisamment de sièges à la Knesset pour constituer


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un gouvernement à lui seul, tous les gouvernements ont été composés de coalitions de plusieurs partis. Après consultations, le président de l'Etat confie à un député de la Knesset la responsabilité Le procureur général de former le gouvernement. Ce député doit alors soumettre à l'approbation Le procureur général de la Knesset, dans les 28 jours, une dirige le service juridique liste de ministres ainsi que les grandes d u g o u ve r n e m e n t e t a lignes de la politique gouvernementale. autorité exclusive pour E n c a s d e m o t i o n d e ce n s u re, l e représenter l'Etat en matière gouvernement et le premier ministre pénale et administrative. sont maintenus dans leur poste jusqu'à la Le gouvernement ne peut formation d'un nouveau gouvernement. entreprendre aucune action jugée illégale par le Les élections procureur général tant que Les élections sont générales, nationales, les tribunaux n'en ont pas directes, à bulletin secret et au scrutin décidé autrement. proportionnel. Le pays tout entier constitue une circonscription électorale unique et Bien que désigné par le tout citoyen âgé de 18 ans est électeur. Le gouvernement, le procureur jour du scrutin, les électeurs mettent dans général agit en toute l'urne un bulletin pour le parti politique indépendance du système qui les représentera à la Knesset. politique. Le jour des élections est un jour chômé. Le transport gratuit est assuré aux électeurs se trouvant ce jour-là à distance de leur bureau de vote, et des urnes sont prévues pour les militaires, les malades des hôpitaux et les prisonniers ainsi que pour les marins


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et les Israéliens en mission officielle à l'étranger. Une commission électorale, présidée par un juge de la Cour suprême et comprenant des représentants des partis siégeant à la Knesset, est responsable du déroulement des élections. Des commissions électorales régionales supervisent le bon fonctionnement des commissions locales qui doivent comprendre des représentants d'au moins trois partis de la Knesset sortante. Jusqu'à présent, la participation électorale a varié entre 77 et 90 % des inscrits, chiffres qui témoignent de l'intérêt soutenu que portent la plupart des Israéliens à la politique locale et nationale. Les élections à la Knesset portent davantage sur le choix d'un parti que d'individus et les nombreux partis politiques qui se présentent aux élections législatives reflètent un large éventail de convictions et de programmes.


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LE JUDICIAIRE L'indépendance du pouvoir judiciaire est stipulée par la loi. Les juges sont nommés par le président de l'Etat sur recommandation d'une commission de nomination composée de juges à la Cour suprême, de membres du barreau et de personnalités publiques. Les juges sont nommés à vie et prennent leur retraite à 70 ans. Le droit israélien Dès la Proclamation de son indépendance (1948), l'Etat d'Israël promulgua l'Ordonnance sur le droit et l'administration stipulant que les lois en vigueur dans le pays demeuraient applicables pour autant qu'elles n'entraient pas en conflit avec les principes de la Déclaration d'Indépendance et avec les lois votées par la Knesset. Il s'ensuit que le système juridique du pays comporte des vestiges du droit ottoman (en vigueur jusqu'en 1917), du droit mandataire britannique qui reprend une importante partie de la common law anglaise, des éléments du droit religieux juif, enfin divers aspects empruntés à d'autres systèmes juridiques. La caractéristique principale du droit israélien réside dans l'important corpus de règlements et de jurisprudence adoptés depuis 1948. Après la création de l'Etat, la Knesset a été chargée de promulguer un certain nombre de Lois fondamentales,

Vue aérienne de la Cour suprême d’Israël • Office de presse du gouvernement /A. Ohayon


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Les tribunaux Première instance (1 juge)

Délits civils et criminels mineurs ; juridiction au civil et au pénal ; affaires municipales et cours militaires ; tribunaux administratifs ; infractions au code de la route.

Tribunal de district (1 ou 3 juges)

Instances d'appel des tribunaux de première instance; affaires civiles ou pénales plus importantes.

Tribunaux spéciaux (1 juge)

Infractions au code de la route ; travail ; délinquance juvénile ; affaires municipales et militaires, dotées d'une juridiction clairement définie ; tribunaux administratifs.

Tribunaux religieux (1 ou 3 juges)

Compétents pour les litiges relevant du statut personnel : (mariage, divorce, pensions alimentaires, garde des enfants, adoption), dans les institutions judiciaires des diverses communautés religieuses : tribunaux rabbiniques pour les juifs, tribunaux de charia pour les Musulmans et les Druses, ecclésiastiques pour les dix communautés chrétiennes reconnues en Israël.

Cour suprême (1, 3, 5 juges ou plus)

Instance d'appel supérieure ; aborde toute question où la justice est en cause ; compétente pour libérer des personnes illégalement détenues ou emprisonnées ; siège en tant que Haute cour de justice ; est une instance de recours contre le gouvernement ou l'un de ses agents; tribunal administratif en première et dernière instance.


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englobant divers aspects, qui seront ultérieurement regroupées en une constitution. Les Lois fondamentales qui ont été votées définissent les prérogatives du président de l'Etat, de la Knesset, du gouvernement, de la justice, de l'armée, du contrôleur de l'Etat, et portent sur la liberté d'activité professionnelle, la dignité et la liberté humaines (protections contre Le contrôleur de l'Etat l'atteinte à la vie ou à la dignité de la personne). La supériorité normative des Lois Le contrôleur de l'Etat, une fondamentales sur la législation ordinaire fonction prévue par une a été confirmée en 1995 lorsque la Cour loi de 1949 pour contrôler suprême s'est dotée du pouvoir d'examiner les fi nances p u b li qu es, la conformité de la législation de la Knesset procède à des audits et avec les Lois fondamentales. établit des rapports sur la légalité, la régularité, le bon Au fil du temps, les décisions de la Cour usage, l'efficacité, l'intégrité suprême ont fourni une vaste jurisprudence économique et morale de protectrice des libertés civiques, y compris la l'administration publique. liberté d'expression, la liberté de réunion, la liberté religieuse et l'égalité, et leur confère Depuis 1971, le contrôleur une valeur privilégiée dans le système de l'Etat occupe également juridique israélien. les fonctions de médiateur (ombudsman) : il reçoit les En tant que Haute cour de justice jugeant plaintes du public à l'encontre en première et dernière instance, la Cour de l'Etat ou d'organismes suprême reçoit également les pétitions publics soumis à son contrôle. adressées par des individus déposant en Le contrôleur de l'Etat est élu justice contre un organisme ou un agent par la Knesset au scrutin secret gouvernemental.


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pour une période de sept ans et n'est responsable que devant la Knesset. Son champ d’action s’étend aux activités de tous les ministères, les institutions nationales, certains secteurs militaires, les autorités locales, les entreprises publiques, etc. Le contrôleur de l’Etat est également habilité par la loi à vérifier le financement des partis politiques représentés à la Knesset, ainsi que les comptes de leur campagne électorale, imposant des sanctions financières en cas d’irrégularités.

La police israélienne Comme partout ailleurs dans le monde, le rôle de la police israélienne consiste à protéger la qualité de la vie en luttant contre la criminalité, en aidant les autorités à faire appliquer la loi, à veiller au respect du code de la route tout en fournissant conseil et mesures préventives pour la sécurité et la protection de la population. La principale force mobile, la Police des Frontières, s'occupe principalement des problèmes de sécurité intérieure. Elle comprend une unité spéciale anti-terroriste. La fréquence des incidents terroristes a amené les citoyens à proposer leur participation active dans la protection de leurs localités. Une unité de volontaires, la Défense civile, a donc été créée en 1974 afin d'assurer la surveillance et la protection des quartiers par des centres de contrôle, des patrouilles armées et des exercices d'entraînement.


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L'ADMINISTRATION LOCALE L'administration locale assure les services d'éducation, culture, santé, assistance sociale, entretien des routes, jardins publics, eau et égouts. Chaque autorité locale édicte des arrêtés complétant les lois nationales et soumis à l'approbation du ministère de l'Intérieur. Certaines autorités disposent de tribunaux spéciaux chargés de juger les contrevenants aux arrêtés locaux. Le financement des autorités locales provient des taxes municipales ainsi que d'allocations prélevées sur le budget de l'Etat. Dans chaque autorité, un contrôleur prépare un rapport annuel. La loi distingue trois types d'autorités locales : les municipalités pour les centres urbains de plus de 20 000 habitants ; les conseils locaux qui gèrent des villes de 2000 à 20 000 habitants ; et les conseils régionaux responsables de plusieurs villages dans un périmètre donné. Chaque autorité locale est administrée par un maire ou un président du conseil local. Le nombre de conseillers est fixé par le ministère de l'Intérieur en fonction de l'importance de la population. On compte actuellement 73 municipalités, 124 conseils locaux et 54 conseils régionaux. Municipalités et conseils locaux sont regroupés de leur propre gré dans un organisme central, l'Union des autorités locales, qui les représente devant le gouvernement, surveille la législation les concernant promulguée par la


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Knesset et fournit son assistance en matière de contrats de travail et de questions juridiques. Affiliée à l'Association internationale des municipalités, l'Union entretient des relations avec des organisations similaires dans le monde, planifie les jumelages de villes et les échanges de délégations internationales. Les élections locales Les autorités locales sont élues au scrutin secret tous les cinq ans. Tous les résidents permanents d'une autorité donnée, qu'ils soient ou non citoyens israéliens, peuvent participer aux élections locales à partir de 17 ans et sont éligibles à partir de 21 ans. Les conseils municipaux et locaux sont élus à la représentation proportionnelle sur des listes de partis, tandis que les maires et présidents des conseils locaux sont élus à titre individuel. Pour les élections du conseil régional, chaque village élit à la majorité un candidat qui devient membre du conseil. Les présidents des conseils régionaux sont choisis parmi les membres du conseil régional. Les élections locales sont financées par des fonds alloués par le gouvernement en fonction du nombre de mandats obtenus par chaque liste.


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L'ARMÉE DE DÉFENSE D'ISRAËL Etabli en 1948 et ayant dû défendre le pays en livrant six guerres importantes, l'Armée de défense d'Israël (acronyme hébraïque : Tsahal) compte parmi les forces les mieux entraînées au monde. Les objectifs de Tsahal sont la défense de l'Etat d'Israël, de sa souveraineté et de son territoire, la dissuasion et la lutte contre toutes les formes de terrorisme qui menacent la vie quotidienne de sa population. L'armée doit également assurer l'application des accords de paix ; garantir la sécurité en Judée-Samarie et dans la bande de Gaza en coordination avec l'Autorité palestinienne ; combattre le terrorisme tant en Israël qu'audelà des frontières ; et entretenir sa capacité de dissuasion afin d'empêcher le déclenchement d'hostilités. Pour assurer son succès, Tsahal a adopté une stratégie défensive alors que sa tactique est offensive. Le pays étant dépourvu de profondeur territoriale, l'armée doit prendre l'initiative lorsqu'elle l'estime nécessaire et, si elle est attaquée, déplacer rapidement le champ de bataille en territoire ennemi. Bien que se trouvant toujours en infériorité numérique par rapport à ses ennemis, Tsahal conserve un avantage qualitatif du fait de la modernité de ses systèmes d'armement dont plusieurs sont conçus et produits en Israël même pour ses besoins spécifiques. Le principal atout de Tsahal réside cependant dans la qualité de ses soldats.


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Conditions du service militaire Service obligatoire : tous les garçons et toutes les filles aptes au service sont appelés à l'âge de 18 ans. Le service dure trois ans pour les hommes, deux ans pour les femmes. Des reports d'incorporation peuvent être accordés aux étudiants des établissements d'enseignement supérieur. Les nouveaux immigrants peuvent bénéficier d'un report d'incorporation ou servir pour des périodes plus courtes, en fonction de leur âge et de leur statut personnel lors de leur arrivée dans le pays. Réserve : a la fin du service obligatoire, chaque soldat est affecté à une unité de réserve. Jusqu'à l'âge maximum de 51 ans, les hommes effectuent des périodes de réserve allant jusqu'à 39 jours par an, et davantage en cas de tensions.

Dans sa préparation pour la défense, Tsahal entretient une petite armée de métier (constituée des recrues et des militaires de carrière) et un système de surveillance avancée, ainsi qu'une armée de l'air et une marine. La majorité des troupes est constituée par les réservistes régulièrement convoqués pour des périodes d'entraînement et de service et qui, en temps de guerre ou de crise, sont rapidement mobilisés dans leurs unités dans tout le pays. Les trois corps de Tsahal (terre, air, mer) sont placés sous un commandement unifié dirigé par le chef d'état-major ayant grade de général en chef responsable devant le ministre de la Défense. Le chef d'étatmajor est nommé par le gouvernement sur recommandation du premier ministre et du ministre de la défense pour une période de trois ans habituellement prolongée d'un an. Sauf pour les opérations militaires, hommes et femmes servent côte à côte en tant que techniciens, spécialistes des communications et des renseignements, instructeurs, cartographes, personnel administratif, informaticiens, médecins,


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Elèves pilotes fêtant la remise de leurs grades • O.P.G. / A.Ben-Gershom

juristes etc. Le nombre de jeunes filles servant dans des unités combattantes est de plus en plus élevé. L'armée prend également en charge les besoins culturels et sociaux des soldats auxquels elle assure des activités récréatives et éducatives ainsi qu'un soutien personnel. Les recrues n'ayant pas achevé leur cursus secondaire peuvent suivre des cours de mise à niveau et les officiers sont encouragés à poursuivre leurs études aux frais de Tsahal. L'intégration des soldats nouveaux immigrants est facilitée par des cours d'hébreu et d'autres formations.


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Carrière : les soldats ayant terminé leur service militaire obligatoire et répondant aux critères requis par l'armée peuvent s'engager comme officiers ou sous-officiers de carrière. Les soldats de carrière constituent l'épine dorsale de Tsahal, occupant les postes administratifs et de commandement. Les élèves des écoles d'officiers ou de pilotes et ceux des écoles militaires techniques doivent s'engager à servir dans les rangs de Tsahal pendant une période donnée.

Ayant contribué dès ses débuts à l'édification de la nation, Tsahal fournit également une éducation complémentaire à la population civile et contribue à l'intégration des nouveaux arrivants dans la société. En temps de crise nationale ou en cas d'urgence, l'armée réagit immédiatement et nomme un personnel entraîné chargé d'accomplir des tâches précises.


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LE PAYS GĂŠographie et climat

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La nature

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La protection de l'environnement

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Les infrastructures

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La vie urbaine

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La vie rurale

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Le Moyen-Orient vu du vaisseau spatial Gemini 11 • NASA, photo S66 54893


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LE PAYS Israël est un petit pays, étroit et semi-aride, situé le long du littoral sud-est de la mer Méditerranée. Il est entré dans l'histoire il y a environ 35 siècles lorsque le peuple juif, abandonnant son mode de vie nomade, s' y installa et devint une nation. Au cours des âges, le Pays a connu diverses dénominations : Erets-Israël (la Terre d'Israël) ; Sion, l'une des collines de Jérusalem qui a fini par désigner à la fois la ville et le Pays d'Israël tout entier ; la Palestine, mot dérivé de la Philistie et usité à l'origine par les Romains ; la Terre promise ; la Terre sainte, etc... Pour la plupart des Israéliens cependant, c'est simplement Ha'aretz, le Pays. Israël recense à l'heure actuelle plus de 7 millions d'habitants, dont plus de cinq millions sont des juifs et les autres des Arabes pour la plupart. Le pays se caractérise par une extrême diversité des modes de vie : religieux ou laïque, moderne ou traditionnel, urbain ou rural, communautaire ou individuel.

)'‫ ח‬:'‫ (שמות ג‬...‫ארץ זבת חלב ודבש‬ ... une terre ruisselante de lait et de miel... (Exode III, 8)


98 | Le Pays

GÉOGRAPHIE ET CLIMAT Superficie réduite : courtes distances La superficie totale de l'Etat d'Israël est de 22 145 km2 dont 21 671 km2 de terres rurales. Israël mesure environ 470 km du nord au sud et environ 135 km à l'endroit le plus large. Le pays est bordé au nord par le Liban, au nord-est par la Syrie, à l'est par la Jordanie, au sud-ouest par l'Egypte et par la mer Méditerranée à l'ouest. Montagnes et plaines, terres fertiles et déserts sont souvent distants de quelques minutes les uns des autres. La largeur du pays, de la mer Méditerranée à l'ouest à la mer Morte à l'est peut être franchie en voiture en quelque 90 minutes ; et il faut environ neuf heures pour se rendre de Métoula, à l'extrême nord du pays, à Eilat, à l'extrême sud. Caractéristiques géographiques Israël peut être divisé en quatre régions : trois bandes parallèles du nord au sud et une quatrième région, en grande partie aride, dans la moitié sud. La plaine côtière longeant la mer Méditerranée comprend une côte sablonneuse, bordée de bandes de terres fertiles s'étendant jusqu'à 40 km à l'intérieur du pays. Dans le nord, le sable des plages est parfois coupé de rochers calcaires et de falaises de grès tombant à pic


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sur la mer. On y trouve plus de la moitié des 7 millions d'habitants d'Israël, les grands centres urbains, les ports en eau profonde, la majeure partie des industries du pays, de son agriculture et des services touristiques. Plusieurs chaînes de montagnes parcourent la longueur du pays. Au nord-est, les terrains basaltiques du plateau du Golan, formés jadis par des éruptions volcaniques, s'élèvent en une falaise abrupte dominant la vallée du Houleh. Les monts de Galilée, formés surtout de roches calcaires tendres et de dolomite atteignent des altitudes allant de 500 à 1200 mètres. De petits torrents et des chutes de pluie relativement abondantes y maintiennent de la verdure toute l'année. Les habitants de la Galilée et du Golan s'y livrent à l'agriculture à côté d'entreprises à caractère touristique et de petites industries. La vallée de Jézréel, séparant les monts de Galilée de ceux de la Samarie, est la zone agricole la plus riche d'Israël et l'on y trouve nombre de villages coopératifs (kibboutsim et mochavim). Les monts de Samarie et de Judée offrent une mosaïque de collines rocheuses et de vallées fertiles que marquent les taches argent et vert de vieilles oliveraies. Les terrasses, tracées dans les temps antiques, s'intègrent au paysage naturel. La population y est concentrée surtout dans de petites agglomérations urbaines et de grands villages.


100 | Le Pays

ALBATROSS

Le Neguev, qui couvre près de la moitié du pays, est très peu peuplé et ses habitants s'adonnent principalement à l'agriculture et à l'industrie. Vers le sud, le Neguev devient une zone aride marquée par des collines peu élevées et des plaines coupées par des canyons et des oueds que les pluies d'hiver transforment en torrents. Plus au sud encore, c'est une région de pics arides et escarpés, de cratères et de plateaux rocheux où le climat devient plus sec et les montagnes plus élevées. Trois cratères creusés par l'érosion, dont le plus grand mesure 8 kilomètres de large et 35 de long s'ouvrent sur la croûte terrestre et présentent une grande variété de roches aux couleurs diverses. A l'extrémité sud du Neguev, près d'Eilat, les sommets pointus de granit gris et rouge sont entrecoupés de crevasses arides et de falaises abruptes où les couches de grès coloré brillent au soleil.

Le lac de Tibériade et le plateau du Golan • Ministère de Tourisme

Le lac de Tibériade (Kinnereth), niché entre les monts de Galilée et le Golan, se trouve à 212 m au-dessous du niveau de la mer. Avec ses 8 km de large et 21 km de long, c'est le plus grand lac du pays et son réservoir d'eau douce le plus important. On


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trouve le long des rives du Kinnereth, des sites historiques et religieux ainsi que d'importantes communautés agricoles, des entreprises de pêche et des services touristiques. La vallée du Jourdain et l'Arava longeant tout l'est du pays, font partie de la grande faille syro-africaine qui a fendu la croûte terrestre il y a des millions d'années. Au nord, cette région est très fertile alors qu'elle est semi-aride au sud. L'agriculture, la pêche, l'industrie légère et le tourisme en sont les principales ressources. Le Jourdain coule du nord au sud dans cette faille et descend d'environ 700 mètres dans sa course de 300 kilomètres. Nourri par les torrents du mont Hermon, le fleuve traverse la fertile vallée du Houleh, le lac de Tibériade et la vallée du Jourdain avant de se jeter dans la mer Morte. Gonflé par les pluies d'hiver, il est la plupart du temps assez étroit et peu profond. L'Arava, la région de savane d'Israël, commence au sud de la mer Morte et s'étend jusqu'au golfe d'Eilat. L'adaptation de techniques très avancées de culture aux conditions climatiques - il tombe en moyenne moins de 25 mm de précipitations annuelles et les températures atteignent 40°C en été permet la production hors saison de primeurs, fruits et légumes destinés surtout à l'exportation. Les eaux d'un

Le Jourdain • ALBATROSS


102 | Le Pays

ALBATROSS

La mer Morte, le point le plus bas du globe terrestre, à environ 400 mètres au-dessous

bleu pur du golfe d'Eilat subtropical, sont réputées pour leurs coraux spectaculaires et leur flore et faune sous-marines.

Climat Le climat d'Israël, de tempéré à tropical, se caractérise par un fort ensoleillement. Deux saisons principales prédominent : une période d'hiver pluvieuse, de novembre à mai, et un été chaud durant les six mois suivants. Les précipitations sont relativement abondantes dans le nord et le centre du niveau de la mer, se trouve du pays, bien moindres dans le nord du à l’extrémité sud de la vallée Neguev et pratiquement insignifiantes dans du Jourdain. Ses eaux, dotées la région sud. Les conditions régionales des degrés de salinité et de varient considérablement avec des étés densité les plus élevés au humides et des hivers doux sur la côte ; monde, contiennent de la des étés secs et modérément froids dans potasse, du magnésium et du les régions montagneuses ; des étés secs brome, ainsi que divers sels et chauds et des hivers agréables dans la vallée du Jourdain ; et des conditions semidésertiques tout au long de l'année dans le Néguev. Les écarts de température peuvent être très marqués : chutes de neige occasionnelles dans les régions montagneuses et périodes de canicule avec des vents secs et chauds, surtout au printemps et à l'automne.


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L'eau Situé à l'orée d'une zone désertique, le pays a toujours pâti du manque d'eau. Les découvertes archéologiques dans le Neguev et dans d'autres régions confirment que les habitants du pays se préoccupaient il y a des milliers d'années déjà, de méthodes de conservation des eaux, comme en témoignent les nombreux systèmes de collecte, de stockage et de transfert des eaux de pluie mis à jour dans le Neguev et ailleurs. Le volume total des ressources en eau disponibles annuellement est d'environ 1,7 milliard de mètres cubes dont 65 % sont utilisés pour l'irrigation et le reste par le secteur industriel et la consommation domestique. Les sources principales sont constituées par le Jourdain, le lac de Tibériade et quelques petits cours d'eau.

de table et sels industriels. Le rythme annuel d’abaissement du niveau de la mer Morte s’est accéléré ces dernières années par suite d’un taux d’évaporation très élevé (1,6 mètre par an) et des vastes travaux de dérivation menés par Israël et la Jordanie qui ont réduit de 75 % environ le flot approvisionnant la mer Morte. Le niveau de la mer a diminué d’environ 10,6 mètres depuis 1960. Un projet de canal et de canalisations reliant la mer Morte à la Méditerranée, qui pourrait ramener la mer Morte à ses dimensions et à son niveau naturel, est à l’étude.

Les sources naturelles et les nappes souterraines d'eau douce sont puisées en quantités contrôlées, pour éviter leur épuisement et la hausse de leur taux de salinité. Les ressources naturelles étant exploitées au maximum, des méthodes sont mises au point pour utiliser les ressources marginales : recyclage des eaux usées, ensemencement de nuages et dessalement de l'eau de mer.


104 | Le Pays

Pour surmonter le déséquilibre régional en sources d'eau, la majeure partie des ressources du pays sont groupées en un réseau national. Son artère centrale, la Conduite nationale d'eau achevée en 1964, transporte par un ensemble de canalisations géantes, aqueducs, canaux à ciel ouvert, réservoirs, tunnels, barrages et stations de pompage, les eaux du nord et du centre du pays vers le sud semi-aride. Cascade, plateau du Golan • ALBATROSS


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LA NATURE La flore et la faune La flore et la faune d'Israël sont très riches et diversifiées, en partie en raison de la situation géographique du pays au carrefour de trois continents. On y a identifié plus de 2600 types de plantes, allant d'espèces alpines sur les versants des montagnes du nord aux espèces sahariennes de l'Arava au sud. Israël constitue la limite septentrionale extrême de plantes telles que le papyrus et méridionale extrême pour d'autres comme la pivoine rouge corail. D es forêts naturelles, composées principalement de chênes kermès, couvrent une partie de la Galilée, le mont Carmel et d'autres zones montagneuses. Au printemps, les cistes et genêts prédominent avec un éventail de tonalités roses, blanches et jaunes. Le chèvrefeuille recouvre les buissons et de grands platanes ombragent les cours d'eau de Galilée. Sur les plateaux du Neguev, d'énormes pistachiers atlantiques brisent de façon spectaculaire la monotonie des vallées arides et les palmiers poussent là où le sous-sol contient assez d'eau. De nombreuses fleurs cultivées telles l'iris, le lys, la tulipe et

Cyclamens • Office de presse du gouvernement /A.Ohayon

Pélicans • ALBATROSS


106 | Le Pays

la jacinthe ont des équivalents parmi les espèces sauvages d'Israël. Dès les premières pluies d'octobre-novembre, le pays est recouvert d'un tapis vert persistant jusqu'au retour de la saison sèche. Des cyclamens blancs et roses, des anémones rouges, blanches ou pourpres fleurissent de décembre à mars, tandis que le lupin bleu et le souci jaune apparaissent un peu plus tard. De nombreuses plantes locales, telles le crocus et la scille (jacinthe sauvage) accumulent des provisions dans leurs bulbes et tubercules et fleurissent à la fin de l'été. Quelque 135 variétés de papillons aux couleurs chatoyantes survolent les campagnes. Plus de 500 espèces d'oiseaux peuvent être observées en Israël. Certaines, comme le rossignol sont des résidents permanents ; d'autres, tels la foulque et l'étourneau y passent l'hiver en profitant de la nourriture qu'offrent les étangs de pisciculture et les champs. Des millions d'oiseaux migrateurs traversent deux fois par an le pays, pour le plus grand plaisir des ornithologues. Les buses, pélicans et autres migrateurs de toutes tailles sillonnent les cieux en mars et en octobre. Plusieurs espèces de rapaces, dont des aigles, des faucons et des éperviers, ainsi que de petits chanteurs comme les fauvettes et chardonnerets nidifient en Israël.

Réserve naturelle Gan Hashlosha • ALBATROSS

De délicates gazelles et des bouquetins bondissent dans les montagnes ; des renards, félins et autres mammifères vivent dans les zones boisées ; le bouquetin de Nubie, aux cornes majestueuses, franchit d'un bond les crevasses du


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désert ; les caméléons, serpents, iguanes et lézards figurent parmi la centaine de reptiles indigènes. La protection de la nature Afin de protéger l'environnement naturel, des lois très sévères assurant la sauvegarde de la flore Le Keren Kayemet - le Fonds et de la faune ont été votées, interdisant de national juif (KKL) a été fondé cueillir la plus humble des fleurs sauvages. en 1901 afin d'acheter des La Direction des parcs et de la nature d'Israël terres destinées aux localités œuvre à la préservation des paysages et agricoles juives, ainsi que pour de l'environnement naturel. Plus de 150 mettre en œuvre des projets réserves naturelles et 65 parcs nationaux d'amendement des sols et de placés sous le contrôle de cette instance reboisement en Terre d'Israël. ont été créés dans le pays et couvrent près Au moment où Israël a accédé de 1000 km2. Une vingtaine de réserves, à l'indépendance, le KKL, grâce aménagées pour le public, comportent des aux fonds collectés auprès des centres d'accueil, des routes et des pistes. juifs du monde entier, avait Elles reçoivent chaque année plus de deux fait l'acquisition de quelque millions de visiteurs. Le mont Carmel, l'une 96 000 hectares de terrains des régions d'Israël les plus importantes, dont la plupart durent être a été déclarée réserve de biosphère dans défrichés après des siècles le cadre du programme « L'homme et la d'abandon, et avait planté biosphère » de l'Unesco. environ 4,5 millions d'arbres sur les collines rocheuses du Plusieurs centaines d'arbres tels les chênes pays. Aujourd'hui, plus de 200 et les palmiers et d'animaux sauvages, millions d'arbres couvrant une notamment les gazelles, bouquetins, superficie d'environ 120 000 léopards et vautours, sont protégés et des hectares offrent aux Israéliens opérations de sauvetage ont été menées


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pour assurer la survie des espèces menacées. Des points de nourriture pour loups, hyènes et renards ont été créés et des sites de nidification sécurisés. Des œufs de tortues de mer sont régulièrement recueillis sur les plages de la Méditerranée, couvés dans des incubateurs avant l'éclosion Bouquetin • puis immergés en mer. Avec plus de 500 Min. des Affaires etrangères millions d'oiseaux migrateurs survolant le pays chaque année, Israël est devenu un site d'observation des oiseaux célèbre partout dans le monde, ainsi qu'un centre international de recherche et de coopération. Les routes des migrations font l'objet de contrôles rigoureux afin d'éviter les collisions avec les avions. Un site Internet (http://www. birds.org.il/) créé en Israël sous le slogan « Oiseaux sans frontières » regroupe des de multiples possibilités de enfants du monde entier dans un projet récréation. Tout en poursuivant de recherche et d'éducation. ses activités de reboisement et d'entretien des forêts, le Fonds Soucieux de préserver son patrimoine, crée également des parcs et Israël a investi de grands efforts pour des aires de détente et de sauvegarder et réintroduire la flore et la loisir, prépare l'infrastructure faune des temps bibliques, aujourd'hui des nouvelles localités, réalise disparus ou en voie de disparition. La réserve divers projets de collecte naturelle de Néot Kedoumim, au centre d'eau et participe activement du pays, qui se consacre à la recherche et aux efforts de protection de à la sauvegarde des plantes mentionnées l'environnement dans le dans la Bible, a créé des jardins agrémentés pays. de plantes indigènes caractéristiques des


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diverses régions géographiques d'Israël dans l'Antiquité. Les réserves animales de Haï Bar dans l'Arava et du Carmel ont été créées pour réintroduire dans leur habitat naturel des espèces animales qui peuplaient jadis les montagnes et les déserts du Pays d'Israël, entre autres, des autruches, des daims persans, des oryx, des onagres et des ânes sauvages de Somalie.

Réserve naturelle du mont Carmel • ALBATROSS

La Société pour la protection de la nature, principale instance chargée de la préservation de l'environnement en Israël, a lancé dans les écoles et dans l'ensemble de la population des dizaines de campagnes de lutte contre la détérioration des écosystèmes et des paysages due au développement incontrôlé. Ses programmes de vulgarisation sont menés par 10 écoles champêtres, 4 observatoires ornithologiques, 5 centres urbains de protection de la nature et 10 succursales locales. Dans les écoles et dans l'ensemble de la population, des excursions guidées, des publications et des campagnes d'information font prendre conscience aux habitants du caractère impératif de la sauvegarde de la nature.


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LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT La croissance rapide de la population et l'essor constant des secteurs industriel et agricole ont contribué à la dégradation écologique, notamment dans la région côtière qui abrite plus de la moitié de la population d'Israël et la majeure partie de son industrie. Pour lutter contre la pollution des rivages de la Méditerranée et de la mer Rouge, Israël a adopté un programme multiforme comportant : inspection, législation, contrôle de l'application de la législation, nettoyage du littoral et coopération internationale, principalement dans le cadre du Plan d'action méditerranéen. Dans des conditions de rareté de l'eau et de développement agricole et industriel intensif, la dégradation de la qualité de l'eau devient un problème critique. Les engrais chimiques, les pesticides, l'infiltration d'eau de mer, les effluents domestiques et industriels sont responsables de la pollution des nappes phréatiques. Le traitement des eaux usées destiné à neutraliser leur impact nuisible sur l'environnement et la santé publique et visant à fournir de l'eau d'irrigation est désormais hautement prioritaire. Le plan de gestion des eaux récemment adopté prévoit le dessalement de l'eau de mer et des eaux saumâtres, l'amélioration du traitement des eaux usées en vue de leur réutilisation, des systèmes efficaces de production, de conservation et d'alimentation en eau. Un programme d'assainissement des rivières polluées a été également


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lancé afin de les transformer en ressources d'eau douce pour mettre à profit leur valeur écologique et récréative. La qualité de l'eau potable fait l'objet de contrôles stricts. Parmi les facteurs affectant la qualité de l'air citons la production d'énergie, les transports et l'industrie qui ont tous trois connu un développement spectaculaire ces dernières années. Dans le processus de production de l'énergie, l'utilisation de combustible à faible taux de soufre a contribué à réduire considérablement les concentrations en dioxyde de soufre, mais les émissions polluantes liées à l'intensification de la circulation automobile ont sensiblement augmenté. L'essence sans plomb, les convertisseurs catalytiques et la diminution de la teneur en soufre du gasoil ont été introduits pour pallier ce problème. Un système de contrôle à l'échelle nationale fournit une information mise à jour quotidiennement sur la qualité de l'air dans l'ensemble du pays. Israël respecte également les résolutions internationales portant sur la diminution de l'ozone et les changements climatiques. La rapide croissance de la population, l'élévation du niveau de vie et de la consommation se soldent par une hausse considérable du volume des ordures – de l'ordre de 4 à 5 % par an. Ces dernières années, la plupart des décharges illégales du pays ont été fermées et les déchets ensevelis de façon à préserver l'écologie. Les efforts portent actuellement sur une gestion intégrée des ordures qui comprendra compression, recyclage, récupération et


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incinération. Les dispositions adoptées récemment sur le recyclage encouragent l'adoption de technologies peu ou non polluantes. La gestion des substances toxiques dite « du berceau au tombeau » est conditionnée par la délivrance d'autorisations, la réglementation et la supervision de toutes les étapes de la production, de l'utilisation, du traitement et de l'élimination des déchets. L'application de la législation en vigueur, la mise en œuvre d'un plan d'urgence en cas d'accident et la revalorisation du site national réservé aux déchets toxiques devraient réduire les dangers potentiels pour la santé et l'environnement. L'application de la législation écologique et la sensibilisation du public au respect de l'environnement occupent une place prioritaire dans les programmes éducatifs, du jardin d'enfants à l'université. Le public participe à l'application de la législation dans ce domaine, et des préposés à la propreté et au bien-être des animaux sont habilités à dresser un procès-verbal en cas de violation des lois en vigueur. De plus en plus, des mesures d'ordre économique sont mises en œuvre pour promouvoir l'amélioration de l'environnement, que ce soit sous la forme de subventions aux industries qui investissent dans la prévention de la pollution, ou sous la forme de taxes et d'amendes aux pollueurs. Conformément aux principes du développement durable, des efforts sont déployés dans tous les secteurs économiques pour la conservation des ressources et la prévention de la pollution.


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LES INFRASTRUCTURES

Station de relais par satellite, Emek Ha’ela • ALBATROSS

Communications : relié aux principaux réseaux d'informations commerciales, financières et universitaires du monde, l'Etat d'Israël est parfaitement intégré aux systèmes de communications internationales par des câbles sous-marins en fibres optiques et des liaisons par satellites. Par habitant, le pays figure dans les premiers rangs mondiaux pour les lignes de téléphone, les ordinateurs et le nombre d'internautes. Israël est l'un des rares pays au monde à avoir totalement achevé la numérisation de son réseau téléphonique, ce qui lui permet d'offrir à ses abonnés une gamme de services à la pointe du progrès. En outre, Israël possède l'un des taux de pénétration les plus élevés au monde dans le domaine des téléphones portables. Les services postaux fonctionnent dans tout le pays et le relient à la plupart des pays du monde. Le Service philatélique a émis plus de 1500 timbres qui ont été conçus par des artistes israéliens de renom et sont de véritables « cartes de visite » fort recherchés par les collectionneurs. Le réseau routier : dans ce pays où les distances sont courtes, ce sont les automobiles, autobus et camions qui assurent l'essentiel des transports. Ces dernières années, le réseau


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routier a été considérablement étendu et amélioré, ce qui a permis de répondre à l'augmentation rapide du nombre de véhicules et d'accéder aux localités les plus éloignées. L'autoroute 6, à plusieurs voies, premier axe routier à péage du pays, sillonne Israël sur 300 km et relie Beershéva au sud à Nahariya au nord en contournant les zones densément peuplées. Elle allège considérablement l'engorgement de la circulation et permet un accès rapide à la plupart des régions du pays. Chemins de fer : les chemins de fer d'Israël assurent le transport des passagers entre Tel-Aviv, Jérusalem, Haïfa, Nahariya et Dimona. Des trains de marchandises fonctionnent également plus au sud, desservant le port d'Ashdod, les villes d'Ashkelon et de Beershéva ainsi que les mines au sud de Dimona. Ces dernières années, l'utilisation des trains de marchandises comme le trafic de passagers n'a cessé d'augmenter. Afin de réduire les problèmes provoqués par la hausse de la circulation routière, des chemins de fer rapides utilisant les voies existantes améliorées sont actuellement en fonction dans les régions de Tel-Aviv et de Haïfa, et assortis de correspondances avec les lignes d'autobus. De nombreux wagons obsolètes actuellement en usage seront remplacés par des voitures climatisées modernes et des équipements mécaniques performants d'entretien des rails. A Jérusalem, un réseau de transport urbain sur rail est en cours de construction.

Ayalon Echangeur • ALBATROSS


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Les ports : les ports antiques de Jaffa (Yafo), Césarée et Acre (Acco) ont cédé la place à trois ports modernes en eau profonde : Haïfa, Ashdod et Eilat qui desservent le trafic maritime international. Haïfa est aujourd'hui l'un des ports de conteneurs les plus importants de la Méditerranée ainsi qu'un port très actif de trafic passagers. Le port d'Ashdod est principalement destiné aux marchandises et celui d'Eilat, sur la mer Rouge, assure la liaison avec l'hémisphère austral et l'Extrême-Orient. Un port pétrolier fonctionne également à Ashkelon et l'on trouve, près de la centrale électrique de Hadera des installations assurant l'approvisionnement en charbon. Conscient que, du fait de sa situation géographique, Israël est susceptible de devenir une plaque tournante pour les passagers et les marchandises traversant la région, la Direction des ports et des chemins de fer a conçu un plan cadre à long terme destiné à répondre aux besoins de l'avenir. Entre autres priorités, le plan vise à développer un réseau ferroviaire moderne, à doter le pays d'équipements de pointe à chacune des étapes des transports sur terre ou sur mer, et à établir un réseau informatisé de contrôle et de supervision de l'ensemble de ces services. Les aéroports : l'aéroport international Ben-Gurion (à 25 minutes de voiture de Tel-Aviv et 50 minutes de Jérusalem) est le principal aéroport du pays. Par suite de l'augmentation du nombre des arrivées et des départs de passagers, le terminal international a été reconstruit et considérablement


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agrandi. Les charters en provenance d'Europe et les lignes aériennes intérieures utilisent également l'aéroport d'Eilat, ainsi que de petits aéroports près de Tel-Aviv au centre et de Rosh-Pina en Galilée. L'architecture à travers les âges Les constructions urbaines d'Israël présentent une grande variété de styles : édifices des siècles passés, solides

Tel-Aviv : Centre Suzanne Dellal de danse et arts de la scène, quartier Neve Tsedek • Ministère du Tourisme

immeubles inspirés par les meilleurs architectes de l'Europe d'avant la Deuxième Guerre mondiale, logements bâtis à la hâte pour accueillir les nouveaux immigrants dans les premières années qui suivirent l'indépendance de l'Etat, et quartiers résidentiels soigneusement planifiés, grands immeubles en verre et béton abritant des bureaux et de luxueux hôtels modernes.


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LA VIE URBAINE Environ 92% des Israéliens sont des citadins. Plusieurs agglomérations modernes, combinant l'ancien et le moderne, sont construites sur des sites connus depuis l'Antiquité. C'est le cas de Jérusalem, Safed, Beershéva,

Haïfa 264 800 Hadera 78 200 Netanya 179 000 Herzliya 84 400 Ra'anana 73 200 Kfar Sava 82 900 Bnei Brak 153 300 Petah Tikva 193 900 Ramat Gan 134 300 Tel Aviv-Jaffa 392 500 Bat-Yam 128 900 Richon Letsion 226 100 Holon 170 600 Rehovot 108 300 Lod 67 500 Ashdod 209 200 Ashkelon 110 400

Metulla 1 500 iryat Shmona 22 200 K Safed 28 600 Tibériade 39 800 Carmiel 44 700 Nazareth 66 400 Jérusalem 763 600 Kiryat Gat 47 900 Beershéva 187 200 Eilat 46 600


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Tibériade et Acco. D'autres, comme Rehovot, Hadera, Petah Tikva et Rishon Letsion étaient des localités agricoles avant la création de l'Etat et sont progressivement devenues d'importants centres urbains. Durant les premières années qui ont suivi l'indépendance, des villes de développement comme Carmiel et Kiriat Gat ont été édifiées pour faire face à la croissance rapide de la population induite par une immigration massive, en assurer la répartition dans le pays et promouvoir des liens étroits entre l'économie urbaine et l'économie rurale en attirant des industries et des services dans des régions jusqu'alors peu peuplées. Jérusalem, dans les monts de Judée, est la capitale d'Israël, le siège du gouvernement et le centre historique, spirituel et national du peuple juif depuis que le roi David en fit la capitale de son royaume, il y a environ 3000 ans. Sanctifiée par la religion et la tradition, par ses lieux saints et ses lieux de culte, elle est vénérée par les juifs, les chrétiens et les musulmans du monde entier. Jusqu'en 1860, Jérusalem était une ville entourée de murailles composée de quatre quartiers : juif, musulman, arménien et chrétien. A l'époque, les juifs qui constituaient alors la majorité de la population de la ville, commencèrent à créer de nouveaux quartiers hors-les-murs qui allaient former le noyau de la Jérusalem moderne. Durant les trois

Le mont des Oliviers • I. Sztulman


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décennies de l'administration britannique (1918-1948), la cité qui était jusqu'alors une ville provinciale négligée de l'Empire ottoman (1517-1917), devint une métropole florissante, avec de nouveaux quartiers reflétant chacun le caractère spécifique de ses habitants. A la suite de l'attaque lancée par les Arabes contre le nouvel Etat d'Israël, la ville fut divisée (1949) et administrée par les Israéliens et les Jordaniens et, pendant les 19 années suivantes, des murs de béton et des fils barbelés en séparaient les deux parties. Après la guerre de Six-Jours (1967), la ville fut réunifiée. Jérusalem, première ville du pays à l'heure actuelle, recense plus de 730 000 habitants. A la fois antique et moderne, c'est une cité marquée par la diversité, et dont les habitants représentent un mélange de cultures et de nationalités, d'observances religieuses ou de modes de vie laïques. La ville protège son passé et bâtit son avenir : ses sites historiques soigneusement restaurés, ses jardins bien entretenus, ses zones commerciales, ses parcs industriels et ses faubourgs en pleine expansion témoignent de sa pérennité et de sa vitalité. Tel Aviv-Jaffa, ville moderne sur la côte méditerranéenne, est le centre commercial et financier du pays ainsi que le foyer de sa vie culturelle. On y trouve les sièges des plus importantes entreprises industrielles, de la bourse, des principaux quotidiens, des journaux et des maisons d'édition. Tel Aviv, première ville entièrement juive des


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temps modernes, a été fondée en 1909. Elle était alors un faubourg de Jaffa, l'un des plus anciens établissements humains au monde. En 1934, Tel-Aviv reçut son statut municipal et, en 1950, elle fut rebaptisée Tel Aviv-Jaffa, la nouvelle municipalité absorbant le Vieux Jaffa. La zone de l'ancien port de Yafo (Jaffa) est devenue une colonie d'artistes et un centre touristique avec ses galeries, restaurants et boîtes de nuit. Le quartier intitulé “la Ville blanche,” grand ensemble d'édifices datant des années 30 à 50 de style Bauhaus figure sur la liste du Patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco.

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Haïfa, sur la côte de la Méditerranée, s'étend jusqu'aux versants du mont Carmel. En raison de sa topographie, elle est construite sur trois niveaux : la ville basse, qui recouvre en partie des terres conquises sur la mer, où se trouvent le centre commercial et les installations portuaires et industrielles ; le niveau intermédiaire correspondant à l'ancienne zone résidentielle ; et le niveau supérieur constitué de quartiers résidentiels modernes en rapide expansion qui, avec leurs rues bordées d'arbres, surplombent les zones industrielles et les plages de sable de la vaste baie. Principal port en eau profonde, Haïfa est un centre de commerce international et le centre administratif de la région septentrionale d'Israël.


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Safed (Tsfat en hébreu), perchée sur les monts de Galilée, avec son quartier d'artistes et ses nombreuses synagogues vieilles de plusieurs siècles, est un site touristique fort apprécié en été. Au XVIe siècle, Safed fut le principal et le plus créatif foyer d'études juives de l'époque, le lieu de rassemblement de rabbins, érudits et mystiques qui établirent des lois et préceptes religieux dont bon nombre sont encore respectés de nos jours par les juifs observants. Tibériade, sur les rives du lac de Tibériade, est célèbre pour ses sources chaudes aux vertus thérapeutiques. La ville est aujourd'hui un centre touristique dynamique où les vestiges archéologiques côtoient les hôtels et les constructions modernes. Créée au Ier siècle de l'ère chrétienne en l'honneur de l'empereur romain Tibère, elle devint par la suite un foyer d'études juives et le siège d'une célèbre académie rabbinique. Beershéva, au nord du Néguev, est située au carrefour des routes menant vers la mer Morte et Eilat. C'est une ville nouvelle bâtie sur un site antique datant de l'époque des Patriarches, il y a 3 500 ans. Qualifiée de « capitale du Néguev », Beershéva est un centre administratif


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et économique qui abrite également le siège des bureaux régionaux du gouvernement et des institutions sanitaires, éducatives et culturelles desservant toute la région méridionale d'Israël.

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Eilat, la ville la plus méridionale d'Israël, est également son débouché sur la mer Rouge et l'océan Indien. Son port moderne, bâti sur le site présumé du port du roi Salomon, assure le trafic avec l'Afrique et l'Extrême-Orient. Des hivers doux, des fonds sous-marins d'une rare beauté, de belles plages, des hôtels luxueux et des vols charters arrivant directement d'Europe en font un centre touristique fort animé tout au long de l'année. Depuis la signature du traité de paix entre Israël et la Jordanie (1994), des projets commun de développement ont été initiés avec la ville voisine d'Akaba, destinés principalement à intensifier le tourisme dans la région.


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LA VIE RURALE

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Des villages de dimensions diverses sont habités principalement par des Arabes et des Druzes (ces derniers constituant 1,6 % de la population israélienne). Une minorité du secteur arabe, (estimée à 170 000 personnes), les Bédouins, traditionnellement nomades, est actuellement en cours d'urbanisation et passe à un mode de vie moderne et sédentaire.

ALBATROSS

Environ 8% de la population d'Israël vit en zones rurales, dans des villages et dans deux structures coopératives originales, le kibbouts et le moshav, dont la création remonte au début du XXe siècle.

Le kibboutz est une communauté sociale et économique autonome au sein de laquelle les décisions sont prises par l'assemblée de ses membres et où les biens et les moyens de production sont propriété collective. 1,7% de la population israélienne vit actuellement dans les 267 kibboutsim du pays. Leurs membres travaillent dans les diverses branches de l'économie du kibboutz. Traditionnels piliers de l'agriculture d'Israël, les kibboutsim s'adonnent aujourd'hui de plus en plus à l'industrie, au tourisme et aux services. De nombreux


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kibboutsim ont abandonné leur attitude collectiviste traditionnelle et se soumettent à l'heure actuelle à différentes étapes de privatisation. Le moshav est une collectivité rurale dans laquelle chaque famille gère sa propre exploitation agricole. Autrefois, le système coopératif du moshav s'étendait aux achats collectifs et au marketing de ses produits ; de nos jours, les habitants des moshavim ont opté pour plus d'indépendance économique. Quelque 3,4 % de la population israélienne vit dans les 441 moshavim et moshavim shitufi'im (collectifs) et fournit une grande partie de la production agricole d'Israël.

Le yishouv kehilati (une association communautaire) est une nouvelle forme de localité rurale. Il en existe 107 qui recensent chacun des centaines de familles. Bien que chaque famille mène une vie économique totalement indépendante et que la plupart des membres travaillent à l'extérieur de la communauté, la contribution volontaire des membres à la vie communautaire est essentielle. L'instance dirigeante est l'assemblée générale composée des chefs de foyer qui préparent et adoptent le budget de la communauté lors de sa réunion annuelle. Parallèlement aux comités de gestion et de contrôle, un certain nombre de groupes traitent de questions comme l'éducation, la culture, les activités des jeunes, les finances, etc. Un


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secrétariat appointé gère les affaires courantes de la communauté en fonction des décisions des organismes élus. Les nouveaux membres ne sont acceptés qu'avec l'approbation de toute la communauté.


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LA POPULATION La société juive

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Les minorités

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La liberté de culte

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Avec l’autorisation du Musée d’Israël, Jérusalem


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LA POPULATION Israël est la patrie d'une population extrêmement diversifiée du point de vue ethnique, religieux, culturel et social. Cette nouvelle société aux racines anciennes est encore aujourd'hui en cours d'unification et en pleine évolution. Sur plus de 7,1 millions d'habitants, 75,8 % sont juifs, 19,9 % sont Arabes (principalement musulmans) et le reste (4,3 %) comprend des Druzes, des Circassiens et d'autres communautés non classées par religion. La société est relativement jeune et se caractérise par ses engagements sociaux et religieux, son idéologie politique, ses ressources économiques et sa créativité culturelle, autant d'éléments qui contribuent à son dynamisme et à son essor.

)'‫ א‬:‫ (תהלים קל"ג‬.‫הנה מה טוב ומה נעים שבת אחים גם יחד‬ ...Qu'il est doux et agréable d'être ensemble en frères. (Psaumes 133,1)


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LA SOCIÉTÉ JUIVE Après leur expulsion de la Terre d’Israël il y a environ 2000 ans, les juifs se dispersèrent dans d’autres pays, principalement d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Au fil des siècles, ils créèrent d'importantes communautés juives dans des pays proches ou lointains où ils connurent de longues périodes de croissance et de prospérité, ponctuées par des périodes d'impitoyables discriminations, de pogroms et d'expulsions totales ou partielles. Chaque vague de persécutions et de violences renforçait leur foi dans le "Rassemblement des exilés" et incitait des individus ou des groupes à retourner dans leur patrie ancestrale. Fondé à la fin du XIX e siècle, le mouvement sioniste concrétisa en mode de vie l'idée du rassemblement des exilés. L'Etat d'Israël a incorporé ce rassemblement dans sa législation, accordant la citoyenneté israélienne à tout juif désireux de s'installer dans le pays.


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La formation d'une société nouvelle Les fondements politiques, économiques et culturels de la société juive contemporaine se sont en grande partie forgés durant la période du Mandat britannique (1917-1948). Idéologiquement motivée par le sionisme, la communauté juive du Pays d'Israël mit en place des institutions politiques et sociales qui exerçaient leur autorité sans jouir de la souveraineté, et dont tous les échelons étaient mobilisés en vue de la consolidation et de la croissance de leur entité. Le volontariat était leur moteur politique et l'égalitarisme assurait leur cohésion sociale. L'accession à l'indépendance politique et l'immigration de masse qui s'ensuivit, doublant la population juive d'Israël en quatre ans (de 1948 à 1952) qui passa de 650 000 à 1,3 million d'habitants, modifièrent la structure et la trame sociale d'Israël. Il en résulta une société constituée de deux éléments principaux : une majorité composée de membres de la communauté séfarade enracinée de longue date ; des pionniers ashkénazes et des rescapés de la Shoah ; ainsi qu' une importante minorité de juifs immigrés plus récemment des pays musulmans d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Si la majeure partie de la population d'avant l'établissement de l'Etat était animée par des convictions idéologiques bien ancrées, par un esprit pionnier et un mode de vie démocratique, bien des juifs qui avaient vécu pendant des siècles dans les pays

Sur la plage de Tel-Aviv • Ministère du Tourisme


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arabes adhéraient à une organisation sociale patriarcale, et éprouvèrent des difficultés à s'intégrer dans la société d'Israël et dans son économie en croissance rapide.

Opération Salomon : arrivée en Israël d'immigrants éthiopiens en provenance d'Addis Abeba • Service de presse du gouvernement /Ts. Israeli

A la fin des années 1950, les deux groupes coexistaient pratiquement sans aucune interaction sociale ou culturelle, les juifs d'Afrique du Nord ou du Moyen-Orient exprimant leur frustration et leur sentiment de discrimination lors de manifestations anti-gouvernementales. Dans les années 1960 et 1970, ils réclamèrent une participation accrue à la vie politique, l'allocation de ressources supérieures et des mesures énergiques afin de réduire les fractures sociales et économiques entre eux et les Israéliens d'origine ashkénaze. Outre les tensions induites ces années-là par la diversité de sa population, la société israélienne a également dû lutter pour son indépendance économique et pour se défendre contre les opérations belliqueuses des Arabes aux frontières. Mais les dénominateurs communs - religion et mémoire historique - et la cohésion nationale de la société juive se sont avérés suffisamment puissants pour relever ces défis. Un rassemblement en marche L'Etat d'Israël a accueilli et intégré des vagues continues d'immigration en provenance des pays occidentaux et des pays en détresse. La vague la plus récente d'immigration massive était composée de juifs de l'ex-Union soviétique qui luttaient depuis des années


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pour obtenir le droit d'immigrer en Israël. Dans les années 70, quelque 100 000 immigrants en provenance d'Union soviétique parvinrent à quitter leur pays d'origine. Depuis 1989, plus d'un million d'entre eux se sont installés dans le pays. Parmi eux, des professionnels qualifiés, des scientifiques de renom, des artistes et des musiciens chevronnés. Leurs talents et leurs compétences professionnelles ont contribué de façon remarquable à la vie économique, scientifique, universitaire et culturelle d'Israël. Au cours des années 80 et 90, Israël organisa l'arrivée par deux ponts aériens de l'ancienne communauté juive d'Ethiopie qui daterait, pour certains, de l'époque du roi Salomon. Pour ces 50 000 immigrants, le passage d'un environnement rural africain à une société occidentale industrialisée prendra nécessairement du temps, mais l'impatience que manifestent les jeunes à s'adapter ne manquera pas d'accélérer l'intégration de cette communauté juive longtemps isolée. La diversité d'observance religieuse Depuis l'époque biblique, les juifs ont toujours été fidèles au monothéisme, en tant que concept religieux et national. Au XVIIIe siècle, la plupart des juifs du monde vivaient en Europe orientale où ils étaient confinés dans des ghettos sans entretenir de relations avec la société environnante. Dans leurs communautés, ils géraient

Jérusalem : habitants d'un quartier ultraorthodoxe • Ministère du Tourisme


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leurs affaires intérieures en conformité avec la loi juive (la halakha) élaborée et codifiée par les rabbins au cours des siècles. L'esprit d'émancipation et de nationalisme qui souffla sur l'Europe au XIXe siècle suscita une approche plus libérale en matière d'éducation, de culture, de philosophie et de théologie. Il donna également naissance à plusieurs mouvements juifs dont certains prônaient une ligne religieuse libérale et d'autres adoptaient des idéologies politiques et nationales. Il en est résulté la rupture de nombreux juifs – la majorité d'entre eux – avec l'orthodoxie et son mode de vie, certains aspirant même à s'assimiler totalement à la société ambiante.

I. Sztulman, Musée U. Nahon d'art juif

A l'heure actuelle, la société juive d'Israël est composée de juifs pratiquants et non-pratiquants, avec toutes les nuances possibles, des ultra-orthodoxes à ceux qui défendent leur laïcité. Néanmoins, les différences entre eux ne sont pas nettement tranchées. Si l'orthodoxie se définit par le degré d'observance des lois et pratiques religieuses juives, 20 % des juifs d'Israël respectent toutes les prescriptions religieuses, 60 % en respectent certaines, en fonction de leur choix personnel et de leurs traditions communautaires, et 20 % sont entièrement détachés de toute pratique religieuse. Mais Israël étant un Etat juif, le Shabbat (du vendredi à la tombée de la nuit au samedi soir) et toutes les fêtes juives sont des jours chômés, célébrés à divers degrés par l'ensemble de la population juive.


136 | La Population

Autres indicateurs du degré d'observance religieuse : le pourcentage relativement élevé de parents choisissant de donner à leurs enfants une éducation religieuse, ou le pourcentage d'électeurs votant pour des partis religieux aux élections législatives. Mais ces statistiques ne peuvent faire l'objet d'une interprétation rigoureuse dans la mesure où des parents non-pratiquants peuvent inscrire leurs enfants dans des écoles religieuses, et où de nombreux citoyens orthodoxes votent pour des partis politiques non-religieux. Fondamentalement, la majorité se compose de juifs laïcs qui affichent un mode de vie moderne et respectent les préceptes religieux à divers degrés. Une grande partie de la population mène un mode de vie traditionnel, certains choisissant d'appartenir à l'un des courants religieux libéraux. Dans la minorité pratiquante, tant séfarade qu'ashkénaze, nombreux sont ceux qui mènent une vie dictée par l'observance des lois religieuses juives tout en participant activement à la vie nationale du pays. Ils considèrent l'Etat juif moderne comme un premier pas vers les temps messianiques et la délivrance du peuple juif en Terre d'Israël. Les juifs ultra-orthodoxes par contre, estiment que la souveraineté juive en Terre d'Israël ne pourra être établie qu'après l'arrivée du Messie. Ils respectent rigoureusement les lois religieuses juives, vivent dans des quartiers


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séparés, gèrent leurs propres écoles, s'habillent de façon traditionnelle, maintiennent des rôles distincts pour les hommes et pour les femmes et mènent une existence strictement réglementée. Dynamique entre les divers groupes juifs En l'absence d'une séparation tranchée entre la religion et l'Etat, une question centrale se pose concernant les relations intercommunautaires : celle du niveau d'identité religieuse juive que doit manifester Israël. Si les autorités orthodoxes cherchent à étendre la législation religieuse au-delà du statut de la personne, domaine dans lequel elles disposent d'une juridiction exclusive, les non-observants considèrent ce privilège comme relevant de la coercition religieuse et comme une atteinte au caractère démocratique de l'Etat. Une controverse continuelle porte sur la définition du juif. Les orthodoxes s'en tiennent au critère de la loi juive selon lequel est juif celui qui est né d'une mère juive, alors que les laïcs adoptent généralement une définition se fondant sur le critère de l'identification individuelle au judaïsme. Ces conflits d'intérêt ont suscité des recherches sur les moyens juridiques de définition des limites entre la religion et l'Etat. Tant qu'une solution globale n'aura pas été trouvée, il faudra s'en tenir à l'accord tacite conclu à la veille de l'Indépendance et désigné « statu quo », stipulant qu'aucun changement fondamental ne serait apporté en matière de religion.


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Le kibbouts Cadre social et économique unique issu de la société pionnière du début du XXe siècle, le kibbouts est un mode de vie rural permanent fondé sur des principes communautaires et égalitaires. Au cours des années, il a créé une économie prospère, au début essentiellement dans le secteur agricole et par la suite dans les secteurs industriel et des services. Il s'est distingué par les contributions notoires de ses membres à la création et à l'édification de l'Etat.

Le kibbouts : jeunes travailleurs dans une palmeraie • Au kibbouts : des jeunes chargés de la traite des vaches • Ministère du Tourisme

Durant la période pré-étatique et au cours des années qui suivirent l'indépendance, le kibbouts joua un rôle crucial en matière de peuplement, d'immigration et de défense, mais lorsque la responsabilité dans ces domaines a été transférée au gouvernement, l'impact du kibbouts sur la société environnante a diminué. Le kibbouts a perdu sa position d'avant-garde dans le développement social et institutionnel du pays et, depuis les années 1970, son rôle politique, traduit dans les premiers jours de l'Etat par une sur-représentation, a considérablement décliné. La part des kibboutsim dans la production nationale demeure cependant bien supérieure à leur importance numérique dans l'ensemble de la population du pays. Ces dernières décennies, le kibbouts s'est davantage tourné


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vers lui-même, mettant l'accent sur l'épanouissement personnel de ses membres et la prospérité économique de la collectivité. Dans de nombreux kibboutsim, l'éthique du travail et de la répartition égalitaire des tâches s'est considérablement assouplie ; le tabou qui pesait sur le travail salarié au kibbouts s'est atténué, et de plus en plus de travailleurs non-membres sont employés par le kibbouts. En même temps, des membres du kibbouts de plus en plus nombreux travaillent à l'extérieur, leurs salaires étant versés à la collectivité. Le kibbouts d'aujourd'hui est l'aboutissement de trois générations. Les fondateurs, fortement motivés et animés d'une forte idéologie créèrent une société communautaire unique au monde. Leurs enfants, nés dans cette structure sociale bien établie, ont travaillé dur pour consolider les bases économiques, sociales et administratives de leur communauté. La génération actuelle, enfin, élevée dans une société plus confortable et qui affronte les défis de la vie moderne. Aujourd'hui, l'essentiel des débats du mouvement kibboutsique porte sur l'avenir des relations et du partage des responsabilités entre l'individu et la communauté kibboutsique, ainsi que sur les conséquences des progrès de la technologie et des communications. D'aucuns craignent qu'en s'adaptant à l'évolution des conditions, le kibbouts ne s'écarte dangereusement de ses principes et de ses valeurs d'origine ; pour d'autres, la capacité d'adaptation et de compromis est la clé de la survie du kibbouts.


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Vieille Ville de Jérusalem : la Via Dolorosa (chemin de croix) et le souk du quartier musulman • Ministère du Tourisme

LES MINORITÉS Plus de 1,7 million d'habitants, soit 24% de la population israélienne, ne sont pas juifs. Bien que définis collectivement comme citoyens arabes d'Israël, ils se répartissent en divers groupes arabophones dotés de caractéristiques distinctes. Les Arabes musulmans (près d'un million de personnes) dont la plupart sont sunnites, vivent principalement dans des petites villes et dans des villages, dont plus de la moitié sont situés dans le nord du pays.

Bédouins dans le désert de la Arava • Ministère du Tourisme

Les Arabes bédouins, également musulmans (au nombre d'environ 170 000), appartiennent à une trentaine de tribus réparties pour la plupart dans le sud du pays. Originairement nomades, les Bédouins traversent actuellement une phase de transition et passent d'un cadre traditionnel et tribal à une forme de vie sédentaire. Ils s'intègrent progressivement à la main-d'œuvre israélienne. Les Arabes chrétiens (environ 117 000 personnes) vivent surtout dans des villes telles Nazareth, Shfar'am et Haïfa. Bien que plusieurs confessions chrétiennes soient représentées, la majorité d'entre eux sont membres de l'Eglise grecque


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catholique, de l'Eglise grecque orthodoxe et des Eglises catholiques romaines.

Anciens de la communauté druze du village de Beit Jann en Galilée • Ministère du Tourisme

Ministère du Tourisme

Les Druses, quelque 117 000 arabophones, vivent dans 22 villages du nord d'Israël et constituent une communauté à part sur le plan culturel, social et religieux. Si la religion druse n'est pas accessible aux étrangers, on sait que l'un des aspects de sa philosophie est le concept de taqiyya qui exige des Druses le loyalisme le plus total envers le gouvernement du pays dans lequel ils vivent. Les Circassiens, au nombre d'environ 3000, vivent dans deux villages du nord. Bien que n'ayant pas la même origine arabe et la même culture que la communauté musulmane du pays, ils sont des musulmans sunnites qui maintiennent une identité ethnique distincte : tout en participant à la vie nationale et économique d'Israël, ils ne s'assimilent ni à la société juive ni à la communauté musulmane. La vie communautaire arabe Les migrations arabes ont fluctué en fonction des conditions économiques prévalant dans le pays. Vers la fin du XIXe siècle lorsque

Centre communautaire arabe • Avec l'autorisation de la Fondation de Jérusalem / M. Lauber


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Pluralisme et discrimination : pluri-ethnique, pluriculturelle, plurireligieuse et plurilingue, la société israélienne n'est pas à l'abri de schémas informels de discrimination. O ffi c i e l l e m e n t , p o u r l'administration israélienne, l e s co m m u n a u té s s o n t toutes égales, mais certains secteurs de la population se sentent toutefois discriminés tout en tenant à maintenir leur identité culturelle, religieuse, idéologique et/ ou ethnique. Néanmoins, en dépit des nombreux clivages sociaux, des disparités économiques et de l'effervescence de la vie politique locale, la société israélienne reste relativement stable et pondérée. Malgré le potentiel inhérent à la composition de la population israélienne, les conflits entre différents groupes sont relativement rares,

l'immigration juive stimula la croissance économique, de nombreux Arabes furent attirés dans la région par les perspectives d'emploi, des salaires plus élevés et de meilleures conditions de vie. La majorité de la population arabe d'Israël vit dans des villes et des villages autonomes de Galilée, notamment à Nazareth, dans la région Centre d'Israël entre Hadera et Petah Tikva, dans le Néguev et dans des villes où la population est mélangée comme Jérusalem, Acco, Haïfa, Lod, Ramleh et Jaffa. La communauté arabe d'Israël représente principalement une main-d'œuvre ouvrière dans une société de classes moyennes. Au plan politique, dans un Etat fortement centralisé, elle constitue un groupe périphérique, une minorité arabophone au sein d'une majorité hébréophone. L'existence d'une communauté séparée, ne s'assimilant pas, est facilitée par l'usage de l'arabe, deuxième langue officielle en Israël, par un réseau scolaire séparé arabodruse, par des médias, une littérature et un théâtre arabes, ainsi que par l'existence de tribunaux islamiques, chrétiens et druses indépendants, compétents en matière de droit privé.


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Si les coutumes du passé subsistent encore dans la vie quotidienne, l'affaiblissement progressif de l'autorité tribale et patriarcale, l'influence de l'éducation obligatoire et la participation à la démocratie israélienne transforment rapidement les conceptions et modes de vie traditionnels. Dans le même temps, le statut des femmes arabes israéliennes a été considérablement libéralisé par une législation stipulant l'égalité des droits des femmes, l'interdiction de la polygamie et du mariage des mineurs. Le secteur arabe prend part régulièrement aux élections nationales et municipales. Des citoyens arabes gèrent les questions politiques et administratives de leurs municipalités et les intérêts arabes sont représentés par des députés élus à la Knesset (parlement) qui œuvrent sur la scène politique pour promouvoir le statut des groupes minoritaires.

essentiellement grâce au système judiciaire et politique qui préconise et applique une égalité rigoureuse en matière civique et juridique garantie par la législation israélienne. Israël n'est pas un meltingpot, mais plutôt une mosaïque composée d'ethnies différentes dont la coexistence est confortée par les rouages d'un Etat démocratique.

Depuis la création de l'Etat d'Israël (1948), les citoyens arabes sont exemptés du service militaire obligatoire en raison de leurs liens familiaux, religieux et culturels avec le monde arabe (avec lequel Israël est resté et reste en conflit), ainsi que par souci d'éviter des problèmes de double allégeance. En même

Jardin d'enfants judéo-arabe, YMCA, Jérusalem • Avec l'autorisation de la Fondation de Jérusalem / S. Sabella


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temps, le service volontaire est encouragé et bon nombre de jeunes choisissent chaque année cette option. Depuis 1957, à la demande de leurs dirigeants, le service militaire est obligatoire pour les Druses et les Circassiens, et le nombre de Bédouins s'engageant dans les rangs de Tsahal est en augmentation constante. Relations entre Juifs et Arabes israéliens Représentant plus d'un sixième de la population israélienne, les Arabes évoluent en marge du conflit israélo-palestinien. Toutefois, s'ils revendiquent leur appartenance à la nation arabe sur les plans culturel et identitaire et remettent en question l'identité juive de l'Etat d'Israël, ils envisagent leur avenir comme étant lié à celui d'Israël. Ainsi, ils ont adopté l'hébreu pour deuxième langue et fait leur dans une certaine mesure la culture israélienne. Parallèlement, ils s'efforcent d'accroître leur participation à la vie nationale, à mieux s'insérer dans le secteur économique du pays et à obtenir plus d'avantages au profit de leurs villes et villages. Si l'essor des relations mutuelles entre juifs et Arabes israéliens est entravé par des divergences profondément ancrées en matière de religion, de valeurs et de convictions politiques, une coexistence de longues années a contraint les deux communautés à s'accepter tout en revendiquant leurs spécificités et leurs aspirations respectives.


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LA LIBERTÉ DE CULTE La Déclaration d'Indépendance de l'Etat d'Israël (1948) garantit la liberté de culte à toute la population. Chaque communauté religieuse est libre, en droit et dans les faits, de pratiquer sa religion, de célébrer ses fêtes, d’observer son jour de repos hebdomadaire et d’administrer ses propres affaires. Chacune a son conseil et ses tribunaux religieux, reconnus par la loi et ayant compétence pour les affaires religieuses et les questions de statut personnel telles que mariages et divorces. Chacune a ses lieux de culte, sa liturgie et ses caractéristiques architecturales qui ont évolué au cours des siècles. Synagogue : un quorum (minyan) de dix hommes adultes est nécessaire pour les cérémonies religieuses traditionnelles. Les prières ont lieu trois fois par jour. Hommes et femmes sont séparés et se couvrent la tête. Les offices sont menés par un rabbin, un chantre ou un simple fidèle. Le rabbin n’est pas un prêtre ni l’intermédiaire auprès de Dieu mais simplement un maître. Le cœur de la synagogue est l’Arche sainte, orientée vers le mont du Temple à Jérusalem, qui contient les rouleaux de la Torah. Chaque semaine une section donnée (ou néoménie) est lue durant l’office de façon à achever la lecture de la Torah (Pentateuque) en une année hébraïque. Les offices revêtent un caractère plus

Pays de trois religions • Avec l'autorisation du Service philatélique d'Israël


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solennel le Shabbat (samedi, jour de repos hebdomadaire chez les juifs) et les jours de fêtes. Mosquée : les prières musulmanes ont lieu cinq fois par jour. Hommes et femmes prient séparément. Des ablutions rituelles précèdent les prières et les fidèles ôtent leurs chaussures à l’entrée de la mosquée. Les musulmans prient dans la direction de La Mecque (Arabie Saoudite) indiquée par un mihrab (niche) ménagée dans la paroi adéquate de la mosquée. Les offices sont conduits par un imam, chef religieux. Le vendredi, jour de repos traditionnel des musulmans, le service comprend un prêche public. Eglise : la forme et la fréquence des offices chrétiens dépendent de chaque congrégation, qui toutes respectent le dimanche, jour de repos hebdomadaire marqué par des offices spéciaux. Les messes sont dites par un prêtre ou un ministre du culte. Hommes et femmes prient ensemble. Les offices sont souvent accompagnés de musique et de chants. Les églises sont traditionnellement en forme de croix. Les lieux saints Chaque lieu saint est administré par l’autorité religieuse compétente et la liberté d’accès et de culte est assurée par la loi. Ci-dessous les principaux :


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Lieux saints du judaïsme : le Kotel ou Mur occidental, dernier vestige du mur de soutènement du Second Temple ; le mont du Temple à Jérusalem ; le Tombeau de Rachel, près de Bethléem, le Caveau des Patriarches dans la Grotte de Makhpéla à Hébron ; les tombes de Maïmonide (Rambam) à Tibériade et de Rabbi Shimon Bar Yohaï à Méron et bien d’autres. Lieux saints de l’islam : à Jérusalem, le Haram a-Sharif, ensemble d’édifices sur le mont du Temple comprenant le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa; le Caveau des Patriarches à Hébron ; la mosquée El-Jazzar à Acco.

Jérusalem : le Kotel - Mur occidental • I. Sztulman

Jérusalem : le Dôme du Rocher • Ministère du Tourisme

Lieux saints chrétiens : la Via Dolorosa ; le Cénacle, la basilique du Saint-Sépulcre et autres sites de la passion et de la crucifixion de Jésus, à Jérusalem ; la basilique de la Nativité à Bethléem ; la basilique de l’Annonciation à Nazareth ; le mont des Béatitudes à Tabgha ; Capharnaüm, sur les rives du lac de Tibériade. Lieux saints druzes : nebi Shueib (tombe de Jéthro, beau-père de Moïse), près des Cornes de Hittin, en Galilée.

Mont des Béatitudes, façade de l’église ; site traditionnel du Sermon sur la montagne • Ministère du Tourisme


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Lieux saints bahaï : (religion indépendante répandue dans le monde entier et fondée en Perse au milieu du XIXe siècle) : Centre mondial bahaï et sanctuaire du Bab à Haïfa ; sanctuaire de Baha’u’llah, prophète fondateur du mouvement, près d’Acco.

Haïfa : Sanctuaire du Bab et jardins bahaï • Ministère du Tourisme


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SANTÉ La santé publique

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La recherche médicale

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L’assistance au-delà des frontières

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Les services sociaux

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Les assurances sociales

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Le volontariat

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150 | Santé


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SANTÉ Le niveau élevé des services sanitaires israéliens, la qualité des ressources médicales et de la recherche, les établissements hospitaliers modernes et le pourcentage impressionnant de médecins et de spécialistes par habitant sont autant d’éléments qui se traduisent par un taux infime de mortalité infantile (4, 7 % pour 1000 naissances d’enfants vivants) et une espérance de vie de 82, 2 ans pour les femmes et 78, 5 ans pour les hommes. De l’enfance à la vieillesse, les soins pour tous sont garantis par la loi et les dépenses de santé sont comparables à celles des pays développés.

)'‫ א‬:‫כל ישראל ערבין זה בזה (שבועות ל"ט‬ Les juifs sont tous responsables les uns des autres. (Talmud de Babylone, traité Shavuot 39a)


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LA SANTÉ PUBLIQUE Les fondations du système de santé publique, comprenant un réseau de services de prévention, de diagnostic et de traitement, ont été posées durant la période Une tradition de longue pré-étatique par la communauté juive et les date: Au XIX e siècle, des autorités mandataires britanniques qui ont administré le pays de 1918 à 1948. maladies telles que la dysenterie, le paludisme, Au moment de l’établissement de l’Etat le typhus et le trachome d’Israël, une infrastructure médicale bien étaient endémiques en développée existait déjà, les vaccinations Terre d’Israël, alors province étaient courantes et les structures arriérée et négligée de d’aménagement de l’environnement étaient l’Empire ottoman. Pour fournir en place. Cependant, dans les premières des services sanitaires à la années, les services de santé ont eu à population juive de la Vieille reconsidérer certains des problèmes déjà Ville de Jérusalem, plusieurs résolus, compte tenu de l’afflux de centaines institutions mises en place de milliers de réfugiés en provenance de par des communautés juives l’Europe d’après-guerre et des pays arabes. européennes dispensaient Ce défi a pu être relevé grâce à un immense des soins aux nécessiteux effort national en matière de soins spécialisés e t s’ét a ie nt acquis une et à des plans élaborés d’éducation sanitaire réputation de dévouement et et de médecine préventive. d’efficacité dans des conditions particulièrement difficiles. La population israélienne bénéficie d’un vaste réseau de services médicaux comportant Ces dispensaires devinrent des hôpitaux, des dispensaires, des centres des hôpitaux : Bikour Holim de médecine préventive et des services de (1843), Misgav Ladach (1888)


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Avec l’autorisation de l’hôpital Shaare Zedek, Jérusalem


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et Shaare Zedek (1902), toujours en service à l’heure actuelle et dont les soins et traitements sont basés sur les technologies médicales les plus avancées. La création du Centre médical et Universitaire Hadassah de Jérusalem qui abrite des écoles de médecine, d’infirmerie et de pharmacie et deux hôpitaux modernes doit son édification à deux infirmières envoyées en 1913 à Jérusalem par l’Organisation des femmes sionistes d’Amérique, Hadassah.

rééducation. Les soins hospitaliers utilisent les procédures et les techniques les plus sophistiquées, allant de la fécondation in vitro, l’imagerie par résonance magnétique et la neuro-chirurgie, aux greffes d’organes et de moelle osseuse. Les centres de soins et de suivi pour femmes enceintes et enfants depuis leur naissance assurent les examens prénatals, la détection précoce des handicaps physiques et mentaux, les vaccinations, les bilans pédiatriques réguliers et l’éducation sanitaire.

Administration et structure Le ministère de la Santé, responsable de tous les services de santé, prépare la législation adéquate et veille à son application ; il contrôle le niveau des services médicaux dans tout le pays, établit les normes alimentaires et pharmaceutiques, décerne les permis d’exercer des professions médicales, encourage la recherche médicale, fixe les budgets et contrôle la planification et la construction des hôpitaux. Il agit également en tant qu’organisme public chargé de la médecine préventive et environnementale. Le personnel médical Israël recense quelque 32 000 médecins, 9000 dentistes et 6000 pharmaciens exerçant dans des hôpitaux, des


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dispensaires ou à titre privé. Environ 72 % des 54 000 infirmières du pays sont diplômées, les autres ont suivi une formation pratique d’auxiliaires. La formation médicale se fait dans quatre écoles de médecine, deux écoles de dentisterie, deux de pharmacie et une quinzaine d’écoles d’infirmerie dont sept délivrent des diplômes universitaires. Un certain nombre d’institutions spécialisées dispensent des cours de kinésithérapie, diététique, ergothérapie, de techniciens radiologistes et de laboratoire.

Le Maguen David Adom assure les services d’urgence avec ses postes de premiers secours, son réseau national de dons et de banques du sang, ses cours de secourisme et ses ambulances et unités mobiles de soins d’urgence. Il dispose également de 10 000 volontaires, dont nombre de lycéens, qui assurent des permanences dans ses 109 branches réparties dans tout le pays.

L’assurance-maladie La Loi sur l’assurance-maladie garantit à tous les résidents du pays un ensemble de soins médicaux, l’hospitalisation comprise. Les soins médicaux sont fournis par les quatre caisses d’assurance-maladie qui sont tenues d’accepter toutes les demandes d’adhésion sans restriction d’âge ou d’état de santé. Les principales sources de financement de ces caisses proviennent de taxes d’un montant de 4,8 % sur le revenu prélevées par l’Institut des assurances nationales et d’une participation patronale aux frais de santé du personnel. Les remboursements aux caisses d’assurance-maladie se font selon un barème établi en fonction du nombre d’assurés,


156 | Santé

ALBATROSS

LE TOURISME MÉDICAL : Israël est désormais une destination parmi les plus populaires des personnes s o u ff r a n t d e m a l a d i e s chroniques telles que les rhumatismes, le psoriasis et l’asthme. Nombreux sont

ceux qui retirent des bienfaits co n s i d é r a b l e s d e l e u r s traitements dans les sources chaudes de Tibériade, dans les eaux riches en minéraux de la mer Morte ou dans le climat sec d’Arad, ville moderne du Neguev.

compte tenu de leur âge, de l’éloignement du centre médical et d’autres facteurs déterminés par le ministère de la Santé. Les problèmes sanitaires Les problèmes sanitaires en Israël sont de même nature que ceux des pays occidentaux. Les maladies cardiaques et le cancer provoquant environ les deux tiers des décès, l’étude de ces maladies est une priorité nationale. Les autres domaines privilégiés sont la gériatrie, les problèmes résultant des changements environnementaux, les conditions créées par le mode de vie actuel, les accidents du travail et de la route. Des programmes d’éducation médicale largement diffusés sensibilisent le public aux conséquences du tabagisme, de l’obésité et de la sédentarité. De fréquentes campagnes de prévention des accidents du travail et de la route sont destinées aux ouvriers et aux conducteurs.


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LA RECHERCHE MÉDICALE Des infrastructures de recherche médicale et paramédicale développée et des services de bio-ingénierie permettent des travaux dans une grande variété de domaines.

Les technologies médicales Les technologies de pointe font partie intégrante des procédures modernes de diagnostic et de traitement. Une étroite coopération entre les institutions de recherche médicale et le secteur industriel a permis d’importants progrès en matière de développement d’équipements médicaux spécialisés. Les scanners CAT et les appareils à micro-ordinateurs développés en Israël, indispensables

Avec l’autorisation de l’hôpital Shaare Tzedek

La recherche est menée par les écoles de médecine et divers instituts et laboratoires publics, ainsi que par les départements de R&D d ’entrepr ises de produits pharmaceutiques, de bio-ingénierie, de produits alimentaires et d’équipements médicaux. Le niveau élevé de la recherche médicale en Israël est reconnu partout dans le monde et des contacts réguliers sont maintenus sur une base de réciprocité avec des centres de recherche médicale et scientifique de nombreux pays. Israël accueille de nombreux congrès internationaux dans une grande variété de domaines médicaux.


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pour les diagnostics et traitements de cas critiques, sont exportés dans le monde entier. Israël est à l’avant-garde de la mise au point et de l’utilisation des lasers chirurgicaux, ainsi que d’une grande variété d’équipements électroniques dont des systèmes de contrôle informatisés et autres appareils permettant de sauver des vies ou de soulager la douleur.


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L’ASSISTANCE AU-DELÀ DES FRONTIÈRES Considérant que les soins médicaux sont un droit universel transcendant les frontières politiques et les barrières idéologiques, les hôpitaux israéliens sont ouverts à tous ceux qui en ont besoin. Des patients y viennent du monde entier, et même de pays avec lesquels Israël n’entretient pas de relations diplomatiques, pour des traitements spécialisés. Dans bien des régions d’Afrique et d’Asie, des médecins et infirmières d’Israël apportent leur aide au traitement de maladies qui ont pratiquement disparu dans les pays développés, et transfèrent leurs connaissances au personnel médical local dans le cadre de programmes d’échanges dont certains sont placés sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé. Des équipes israéliennes participent aux opérations de sauvetage dans des régions dévastées par des catastrophes naturelles. Une équipe de recherche et de sauvetage de Tsahal à l’œuvre après un tremblement de terre en Turquie • O.P.G./ Y.Sa’ar


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SERVICES SOCIAUX L’ensemble du système d’assistance sociale est fondé sur une législation assurant un large éventail de services nationaux et communautaires. Ces services incluent les soins aux personnes âgées, le soutien aux familles monoparentales, aux enfants et aux jeunes, la prévention et le traitement de l’alcoolisme et de la drogue, l’assistance aux nouveaux immigrants. Les programmes de réinsertion sociale incluent des services de probation pour jeunes délinquants, des programmes de rattrapage scolaire, des centres de résidence et d’observation pour jeunes en détresse. Des ateliers protégés et des services d’orientation professionnelle sont à la disposition des aveugles et des handicapés physiques. Les handicapés mentaux sont pris en charge par divers foyers résidentiels et par des programmes communautaires. Administration Aux termes de la Loi sur le Bien-être social (1958) les municipalités et autorités locales sont tenues de disposer d’un département chargé des services sociaux, dont les 75 % du budget sont fournis par le ministère du Travail et des Affaires sociales. Les services nationaux, tels que ceux chargés des adoptions, des probations de délinquants et des institutions pour handicapés mentaux sont financés et gérés par le ministère et par des associations privées. C’est le ministère qui détermine la politique, prend l’initiative législative, promulgue les règlements des services sociaux


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et contrôle la qualité des prestations assurées par des organismes publics et privés. Personnel Des écoles d’assistance sociale, dans les principales universités, assurent trois cycles de formation universitaire combinant les études théoriques et les expériences pratiques. Des programmes gouvernementaux assurent la formation dans tout le pays du personnel qualifié pour les soins aux enfants et des auxiliaires ; des stages sont également organisés pour les travailleurs sociaux. Des assistants sociaux, dépendant des communautés ou des institutions, sont employés dans les bureaux d’assistance sociale, les centres communautaires, les services d’intégration des immigrants, les centres de protection maternelle et infantile, les écoles, les usines et les hôpitaux. Personnes âgées Les soins et services aux personnes âgées sont devenus une composante essentielle des services sociaux et de santé d’Israël. Tandis que la population totale a quintuplé depuis la proclamation de l’indépendance du pays, le nombre de citoyens âgés de plus de 65 ans a décuplé, représentant désormais plus de 12 % des 7 millions d’Israéliens. Cette hausse des chiffres de la population âgée est due en grande partie à l’immigration massive qui a atteint son paroxysme dans les années 1950 et 1990. Plus d’un million d’immigrants sont arrivés depuis 1989, en majorité originaires de l’exUnion soviétique, dont 12 % âgés de plus de 65 ans. Ces


162 | Santé

derniers n’ont eu ni la possibilité ni le temps d’apprendre l’hébreu, de s’insérer sur le marché du travail ou d’assurer des ressources suffisante pour leur vieillesse. La plupart des vieillards d’Israël, dont 13 % sont infirmes, sont ainsi à la charge de leurs familles ou de la communauté. Planifiés et supervisés par le ministère du Travail et des Affaires sociales, les services sociaux pour personnes âgées sont assurés par les départements d’assistance sociale des autorités locales. Ces services communautaires, qui visent à préserver l’indépendance des assistés dans leurs foyers, comportent l’évaluation des besoins, l’assistance aux familles ayant une personne à charge, des clubs pour retraités, des livraisons de repas à domicile, des foyers protégés, des prestations ambulatoires pour les malades, des équipements médicaux et des transports. L’accent est mis sur les groupes à haut risque, tels les personnes seules et indigentes.


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LES ASSURANCES SOCIALES

La politique gouvernementale de complément de revenu est appliquée par l’Institut qui verse des allocations aux familles ou aux particuliers dont les revenus sont inférieurs au minimum légal. Des allocations familiales complètent les revenus des familles, spécialement celles de quatre enfants et davantage. Un amendement à la Loi sur l’Assurance nationale assure des soins de longue durée aux personnes âgées nécessitant une assistance quotidienne, à leur domicile ou dans des maisons de retraite. L’Institut assure également la gestion des assurances-maladie d’Israël.

I. Shtulman

La Loi sur l’Assurance nationale (1954) assure à la population un certain nombre d’avantages par l’intermédiaire de l’Institut national des assurances sociales, organisme autonome placé sous les auspices du ministère du Travail et des Affaires sociales. Ses prestations sont financées par les cotisations obligatoires versées par les employeurs, les employés et les travailleurs indépendants, outre les allocations prélevées sur le budget de l’Etat.


164 | Santé

LE VOLONTARIAT Environ 20 % de la population adulte d’Israël se porte volontaire dans quelque 278 associations bénévoles d’utilité publique qui apportent un appoint considérable aux services de santé et d’assistance sociale. Il peut s’agir d’auxiliaires dans les hôpitaux et dans les services d’urgence, de volontaires de la Garde civile, d’unités de sauvetage ou de groupes qui s’occupent plus particulièrement de problèmes sociaux comme la drogue, les violences domestiques, les accidents de la route ou la protection de l’environnement ; d’autres se consacrent au statut de la femme, aux droits des immigrants et des consommateurs ou au bien-être des soldats. Divers projets offrent aux volontaires de l’étranger la possibilité de servir en Israël, en général pour une courte période. Bon nombre viennent chaque été prendre part à des fouilles archéologiques, travailler dans des kibboutsim, tandis que d’autres apportent leur aide dans des services sociaux. Quelques jeunes Allemands volontaires considèrent les soins qu’ils prodiguent à des personnes âgées et à des malades en Israël comme une réparation des crimes de guerres perpétrés par les nazis contre le peuple juif. Les bénévoles d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que ceux des générations précédentes. Etant donné que la majorité des femmes israéliennes travaillent, il ne leur reste plus beaucoup de temps libre à consacrer au bénévolat.


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Toutefois, du fait de la longévité croissante, de nombreux retraités et retraitées se portent volontaires. Environ un quart des bénévoles sont des jeunes qui interviennent dans des domaines tels que les urgences médicales (au Maguen David Adom), donnent des cours particuliers de rattrapage scolaire aux enfants et aux adolescents défavorisés et, dans le cas des étudiants, reçoivent une indemnité partielle, ou s’impliquent dans des organisations de défense de l’environnement. En Israël, les activités bénévoles sont coordonnées par le Conseil national du volontariat, une association publique à but non lucratif financée par les services du Premier ministre et affiliée aux organisations internationales correspondantes. Dans le cadre des campagnes lancées par des groupes de volontaires, les “téléthons” nationaux destinés à collecter des fonds pour une cause, font partie intégrante de la vie en Israël.



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EDUCATION Les défis

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L’éducation préscolaire

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Le système scolaire

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Administration et structure

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L’enseignement secondaire

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L’enseignement supérieur

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Les universités

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Les instituts d’études supérieures

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L’ enseignement aux adultes

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168 | Education Avec l’autorisation de la Fondation de JÊrusalem / S.Sabella


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EDUCATION L’éducation est, en Israël, un patrimoine précieux. Fidèle à une longue tradition, elle reste une valeur fondamentale et la clef de son avenir. Le système éducatif a pour objectif de préparer les jeunes à jouer leur rôle de membres responsables d’une société démocratique et pluraliste au sein de laquelle coexistent ethnies, religions, cultures et conceptions politiques diverses. Il est fondé sur les valeurs juives, le patriotisme et les principes de liberté et de tolérance. Il vise à assurer un haut niveau de connaissances et met l’accent sur la science et la technologie essentielles au développement du pays.

‫אין העולם מתקיים אלא בשל הבל פיהן של תינוקות של בית רבן‬ )'‫ ב‬:‫(שבת קי"ט‬

Le monde ne se maintient que grâce au souffle des enfants qui étudient la Tora. (Talmud de Babylone, traité Chabbath 119b)


170 | Education

LES DÉFIS Lors de la création de l’Etat d’Israël (1948) un réseau scolaire complet existait déjà, créé et maintenu par la communauté juive pendant la période pré-étatique et dans lequel l’hébreu, redevenu langue vivante à la fin du XIXe siècle, était la langue d’enseignement. Cependant, très tôt après la proclamation de l’indépendance, le système éducatif a dû faire face à l’énorme défi que représentait l’intégration d’un grand nombre de jeunes immigrants, arrivant de plus de 70 pays différents, les uns avec leurs parents, les autres seuls et confirmant ainsi la raison d’être d’Israël, la patrie historique du peuple juif. La vague d’immigration des années 1950, provenant surtout de l’Europe d’aprèsguerre et des pays arabes, a été suivie, dans les années 1960, par l’arrivée massive des juifs d’Afrique du Nord. Dans les années 1970, commence l’immigration des juifs d’Union soviétique, par petits groupes. Depuis le début des années 1990, plus d’un million de juifs de l’ex-Union soviétique ont choisi de vivre dans le pays et ils continuent à arriver au rythme de plusieurs dizaines de milliers par an. Au cours de deux « Opérations » aériennes, en 1984 et 1991, la presque totalité des juifs d’Ethiopie a été transportée en Israël. Au fil des ans, des dizaines de milliers de juifs des Amériques et d’autres pays occidentaux se sont également installés dans le pays. Tout en répondant au besoin urgent de classes supplémentaires et de nouveaux enseignants, il a fallu


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développer des instruments particuliers et des méthodes spéciales facilitant l’intégration dans la population scolaire de tous ces jeunes issus de cultures différentes. Les programmes destinés à répondre aux besoins des jeunes immigrants comprennent des cours de soutien aux nouveaux venus et des cours accélérés sur des matières que n’étaient pas enseignées dans leur pays d’origine telles l’hébreu et l’histoire juive. Des stages de formation ont été organisés pour permettre aux enseignants un meilleur contact avec les jeunes immigrants, et des enseignants immigrants ont suivi des cours de recyclage pour s’intégrer dans le réseau scolaire israélien. Parallèlement, le ministère de l’Education, de la Culture et des Sports s’efforce de maintenir des niveaux élevés d’éducation grâce à des pratiques pédagogiques modernes fondées sur l’égalité des sexes, l’amélioration du statut des enseignants, l’élargissement des programmes classiques et la promotion des études scientifiques et techniques. Sa politique éducative consiste à assurer l’égalité des chances à tous les enfants et à accroître le nombre de ceux qui se présentent à l’examen de fin d’études secondaires. 12% 10% 8% 6% 4% 2% 0%

1990 1992 1994 1996 1998 2003 Dépense nationale pour l'éducation en pourcentage du PNB

2004


Photo communiquée par le Musée des pays de la Bible, Jérusalem

Avec l’autorisation de la Fondation de Jérusalem / H. Mazor

172 | Education

L’ÉDUCATION PRÉSCOLAIRE L’éducation commence très tôt en Israël afin de donner aux enfants la possibilité d’affirmer leur personnalité et d’augmenter leurs capacités de socialisation et d’acquisition du langage. Beaucoup d’enfants de deux ans et la presque totalité de ceux de trois et quatre ans fréquentent un établissement préscolaire. Les programmes sont généralement financés par les autorités locales, soit dans le cadre de crèches gérées par des organisations féminines, soit dans des garderies privées. Le ministère de l’Education subventionne l’éducation préscolaire dans des zones économiquement défavorisées. Les jardins d’enfants sont obligatoires et gratuits à partir de 5 ans. Le programme scolaire vise à inculquer les bases fondamentales, langue et concepts numériques, à développer les aptitudes à la connaissance et à la création, et à promouvoir les relations sociales. Les programmes de tous les établissements préscolaires sont contrôlés par le ministère de l’Education, afin d’assurer des bases solides pour les études ultérieures.


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LE SYSTÈME SCOLAIRE La scolarité est obligatoire de 6 à 16 ans et gratuite jusqu’à 18 ans. Elle commence à l’école primaire (classe de 11e à la 6e), se poursuit dans les collèges (de la 5e à la 3e) et au lycée (classes de seconde, première et terminale). Environ 9% de la population scolaire après le primaire fréquente des internats. Le caractère multiculturel de la société israélienne se reflète dans le système éducatif. Les écoles sont divisées en quatre groupes : écoles d’Etat laïques fréquentées par la majorité des écoliers ; écoles d’Etat religieuses mettant l’accent sur les études juives, la tradition et les préceptes religieux ; écoles arabes et druzes avec enseignement en arabe et programme comprenant l’histoire, la religion et la culture arabe et druze ; écoles privées placées sous la direction de diverses entités religieuses et internationales. Au cours des dernières années, l’influence croissante des parents et leur souci d’orienter l’enseignement dispensé à leurs enfants ont entraîné l’ouverture de nouvelles écoles reflétant les philosophies et convictions de groupes spécifiques de parents et d’éducateurs.

Elèves d’une école privée ultra-orthodoxe • Office de presse du gouvernement / A. Ben Gershom

Elèves d’une école arabe • avec l’autorisation de la Fondation de Jérusalem / S. Sabella


174 | Education

L’éducation des enfants exceptionnels: les enfants surdoués, classés parmi les 3 % des meilleurs élèves de leurs classes et ayant été soumis à des tests d’aptitude, participent à des programmes particuliers dans des écoles spéciales à plein temps ou à des activités extra-scolaires spécialement conçues pour eux. Les classes pour surdoués sont caractérisées par le niveau des élèves et de leurs études ; l’accent y est mis non seulement sur l’acquisition d e co n n a i s s a n ce s e t l a compréhension, mais aussi sur l’application à d’autres disciplines des concepts acquis. Les élèves apprennent à faire de la recherche et à traiter la documentation de façon indépendante. Afin de leur assurer la meilleure intégration possible dans la vie sociale et professionnelle, les enfants handicapés physiquement, mentalement ou en difficulté scolaire sont placés dans les

Les programmes d’étude La majorité des heures de cours sont consacrées au programme obligatoire. Les matières sont les mêmes pour tout le système mais chaque école peut choisir parmi les sujets d’étude et le matériel éducatif fournis par le ministère de l’Education ce qui convient le mieux à son corps enseignant et à ses élèves. Afin d’améliorer la connaissance de la société environnante, un thème d’importance nationale fait l’objet, chaque année, d’une étude approfondie. Parmi les divers thèmes choisis jusqu’ici, citons : les valeurs démocratiques, la langue hébraïque, l’immigration, Jérusalem, la paix et l’industrie.


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ADMINISTRATION ET STRUCTURE Le ministère de l’Education est chargé des programmes, des normes éducationnelles, de la supervision du personnel enseignant et de la construction des établissements scolaires. Les autorités locales sont responsables de l’entretien des locaux et de l’acquisition des équipements et des fournitures. Les enseignants des jardins d’enfants et des écoles primaires sont des fonctionnaires du ministère, tandis que ceux des classes supérieures sont employés par les autorités locales qui reçoivent des allocations proportionnelles à l’importance de leur population scolaire. Le gouvernement et les autorités locales financent 80% du budget de l’éducation, le reste provenant d’autres sources.

cadres adéquats, en fonction de la nature de leur handicap. Tout est fait pour garantir leur insertion sociale et communautaire. Certains sont accueillis dans des établissements spéciaux tandis que d’autres suivent les cours des écoles régulières où ils bénéficient de cours d’appoint et de cours particuliers. La responsabilité des programmes est assumée par des spécialistes des problèmes de santé, des psychologues, des travailleurs sociaux et des éducateurs ayant reçu une formation particulière, avec la participation des parents et des services de soutien communautaires. Une commission établie par la loi et nommée par le ministère de l’Education décide de l’admission de jeunes handicapés de 3 à 21 ans dans les établissements d’éducation spéciale.


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L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE La Télévision scolaire, dépendant du ministère de l’Education, produit et diffuse des programmes éducatifs suivis dans les salles de classe, ainsi que des émissions destinées à toute la population du pays. Elle collabore en outre avec des spécialistes de pédagogie des universités et des écoles normales pour la conception de méthodes didactiques.

La majorité des écoles secondaires dispensent des programmes en sciences et humanités sanctionnés par un diplôme d’études secondaires (bagrout) permettant la poursuite d’études supérieures. Certaines d’entre elles proposent des programmes spécialisés s’achevant par un diplôme d’aptitude professionnelle. Les écoles technologiques forment des techniciens à trois niveaux d’orientation : les uns se préparent à des études supérieures, d’autres ont pour objectif un diplôme professionnel ou une formation technique. Les écoles agricoles, généralement en internat, ajoutent aux programmes de base des éléments d’agronomie. 80 70 60 50 40 30 20 10 0

1991

1995

2003

2006

Proportion des candidats au baccalauréat parmi les jeunes de 17 ans


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Les écoles de préparation militaire assurent la formation des personnels et des techniciens militaires dans les domaines spécifiques requis par les Forces de défense Destinée aux jeunes comme d’Israël. Les lycées-yeshiva, en internats aux adultes, la Télévision distincts pour garçons et filles, complètent scolaire assure leur formation les programmes d’études générales par des continue par le biais études religieuses intensives et accordent d’émissions d’enrichissement une place importante au respect de la culturel et d’informations tradition et du mode de vie juifs. Des pour enfants, adolescents établissements spécialisés dispensent et adultes. diverses formations professionnelles allant de la comptabilité à la mécanique, l’électronique, les métiers du tourisme, le graphisme et bien d’autres. Les jeunes ne fréquentant pas l’un de ces établissements sont soumis à la Loi sur l’apprentissage qui les contraint à poursuivre leur scolarité dans des écoles professionnelles. Les programmes d’apprentissage sont assurés par les ministères de l’Industrie et du Commerce et du Travail dans des établissements dépendant de réseaux d’écoles professionnelles ; ils comportent deux années d’études suivies d’une ou deux années pendant lesquelles les élèves étudient trois jours et travaillent dans leur spécialité les autres jours de la semaine. L’éventail des programmes va de la coiffure et la cuisine à la mécanique et au traitement de texte.

Cours de technologie dans un collège • Office de presse du gouvernement / A. Ohayon


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L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR L’enseignement supérieur joue un rôle primordial dans le développement économique et social du pays. Près d’un quart de siècle avant l’établissement de l’Etat d’Israël, le Technion, Institut supérieur de technologique, était fondé à Haïfa (1924) pour former les ingénieurs et architectes, tandis que l’Université hébraïque de Jérusalem, fondée en 1925, devenait un centre d’études supérieures destiné aux jeunes du pays et aux étudiants et savants juifs de l’étranger. Le nombre des étudiants dans ces deux universités s’élevait à 1 600 environ en 1948, lors de la proclamation d’indépendance d’Israël. En 2009-2010, Israël recensait quelque 280 000 étudiants fréquentant les institutions d’enseignement supérieur dont 38 % dans les universités, 41 % dans des instituts supérieurs et 21 % suivant les cours de l’Université ouverte. Disposant d’une indépendance académique et administrative totale, les établissements d’enseignement supérieur sont ouverts à tous les candidats répondant aux critères d’admission fixés par les autorités académiques. Les nouveaux immigrants et les étudiants manquant des qualifications nécessaires peuvent suivre des cours préparatoires leur ouvrant, après examen, l’accès aux facultés. Le Conseil de l’enseignement supérieur Les établissements d’enseignement supérieur sont placés sous l’autorité du Conseil de l’enseignement supérieur,


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présidé par le ministre de l’Education et comprenant des universitaires, des représentants communautaires et un étudiant. Il accorde les accréditations, autorise la délivrance des diplômes et conseille le gouvernement en matière de développement et de financement de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. La Commission de planification et des bourses, composée de quatre universitaires de disciplines différentes et deux personnalités du monde industriel et des affaires sert d’intermédiaire entre les institutions d’enseignement supérieur et le gouvernement pour tout ce qui concerne les questions financières, établit des propositions de budget et procède aux allocations des budgets approuvés. Les fonds publics représentent 70 % du budget de l’enseignement supérieur, 20 % viennent des droits d’inscription et le reste de diverses sources privées. Le Commission encourage la coopération entre les diverses institutions. Les étudiants Les étudiants israéliens sont pour la plupart âgés de 21 ans lorsqu’ils commencent leurs études, après trois années de service militaire obligatoire pour les garçons et deux ans pour les filles. Jusqu’au début des années 1960, l’objectif des étudiants était principalement l’acquisition de connaissances générales ; ils sont maintenant davantage orientés vers des études leur ouvrant une carrière

Etudiants de l’Institut supérieur Sapir de Sderot • Office de presse du gouvernement / M. Milner


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spécifique. Plus de la moitié des Israéliens âgés de 20 à 24 ans fréquentent un établissement d’enseignement post-secondaire ou supérieur.


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LES UNIVERSITÉS Le Technion, Institut supérieur de technologie d’Israël (fondé en 1924 à Haïfa) a formé la majeure partie des ingénieurs, architectes et urbanistes du pays. Des facultés de médecine et de biologie y ont été rajoutées ces dernières années. Il sert de centre de recherche fondamentale et appliquée en sciences et ingénierie contribuant au développement industriel du pays. L’Université hébraïque de Jérusalem (fondée en 1925) comprend des facultés dans presque tous les domaines d’études, de l’histoire de l’art à la zoologie ; elle abrite la Bibliothèque nationale d’Israël. Les chercheurs de l’Université ont participé, dès sa création, à toutes les phases du développement national et son département d’études juives est l’un des plus exhaustifs au monde. Avec l’autorisation de l’Institut Weizmann des Sciences

L’Institut scientifique Weizmann (fondé en 1934 à Rehovot) a débuté sous le nom d’Institut Sieff, puis a reçu en 1949 le nom du premier président de l’Etat d’Israël, Haïm Weizmann, chimiste de réputation mondiale. C’est actuellement un centre renommé de recherches en deuxième et troisième cycles en physique, chimie, mathématiques et biologie. Ses chercheurs sont engagés dans des projets visant à accélérer le développement de l’industrie et la création de nouvelles entreprises de


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pointe. L’Institut dispose d’un département d’enseignement des sciences qui prépare les programmes destinés aux établissements d’enseignement secondaire.

L’Université Bar-Ilan • Ministère du Tourisme

L’Université Bar Ilan (fondée en 1955 à Ramat Gan) s’efforce de combiner des études approfondies du patrimoine juif et une éducation libérale dans un certain nombre de domaines dont les sciences sociales. Alliant tradition et technologies modernes, elle dispose d’instituts de recherches en physique, chimie médicale, mathématiques, économie, études stratégiques, psychologie développementale, musicologie, Bible, Talmud, droit juif et bien d’autres disciplines. L’Université de Tel-Aviv (fondée en 1956) est née de la fusion de trois établissements dans le but d’établir une université desservant la région de Tel-Aviv, la plus peuplée du pays. C’est aujourd’hui la plus grande université du pays, offrant un vaste gamme de disciplines et mettant l’accent sur la recherche fondamentale et appliquée. Elle abrite des instituts spécialisés dans les études stratégiques, la gestion des services de santé, la prospective technologique et l’énergie. L’Université de Haïfa (fondée en 1963), l’établissement d’enseignement supérieur de la région septentrionale du pays,


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est particulièrement axée sur les études interdisciplinaires grâce à ses centres interdépartementaux, ses instituts et sa conception architecturale. Elle comprend un Institut d’études du kibbouts en tant qu’entité sociale et économique, ainsi qu’un centre pour la promotion de la compréhension et la coopération entre Juifs et Arabes en Israël. L’Université Ben-Gurion du Néguev (fondée in 1967 à Beershéva) a été créée pour servir la population du sud d’Israël et promouvoir le développement social et scientifique de la zone désertique du pays. On lui doit d’importantes contributions dans les recherches sur les zones arides et son école de médecine est à l’avant-garde de la médecine communautaire. La branche installée au kibbouts Sdé Boker de cette université abrite un centre de recherches spécialisé dans l’étude des aspects historiques et politiques de la vie et de l’époque de David Ben Gourion, premier chef de gouvernement d’Israël. L’Université ouverte, créée en 1974 sur le modèle britannique, offre la possibilité de suivre des études supérieures sanctionnées par une licence, par des méthodes fondées essentiellement sur le travail personnel de l’étudiant et l’utilisation de manuels et de polycopiés, avec les conseils d’instructeurs, des cours et travaux par correspondance et des examens en fin d’études.


184 | Education

LES INSTITUTS D’ÉTUDES SUPÉRIEURES Les Instituts supérieurs régionaux, dont certains sont placés sous la tutelle d’une université, proposent des formations universitaires, permettant ainsi à des étudiants de commencer leurs études de premier cycle à proximité de leur domicile, avant de les compléter sur le campus même de l’université. Certains se spécialisent dans l’art, la musique, la danse, la mode, les professions para-médicales, l’enseignement et le sport. D’autres délivrent des diplômes en gestion, droit, informatique, économie et disciplines connexes. Enfin, des certificats d’aptitude professionnelle dans une grande variété de domaines, de la technologie et l’agriculture au marketing et au tourisme peuvent être obtenus auprès de certains de ces instituts supérieurs.


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L’ ENSEIGNEMENT AUX ADULTES De nombreux cours, financés par le ministère de l’Education et des institutions publiques ou privées, répondent aux divers besoins, qu’il s’agisse d’étudier l’hébreu, de combler des lacunes de base, de promouvoir les relations familiales ou d’étendre les connaissances générales. Dans les grandes villes et dans de nombreuses localités, le ministère du Travail propose des cours de formation professionnelle et de recyclage dans divers domaines. L’enseignement de l’hébreu, à divers niveaux, par des méthodes mises au point dans des oulpanim (centres d’enseignement intensif de l’hébreu) facilite l’intégration sociale des nouveaux immigrants. Des cours d’appoint, destinés à réduire les disparités éducatives et culturelles chez les adultes, sont spécialement conçus pour un public d’adultes. Des cycles de formation professionnelle, dans la journée ou le soir, sont organisés dans des centres gérés conjointement par le ministère du Travail et des entreprises industrielles, ainsi que dans des institutions de formation technologique et professionnelle. Des « universités populaires » offrent dans tout le pays des centaines de cours et ateliers pour adultes dans des domaines académiques ou artistiques. Les émissions de radio destinées aux nouveaux immigrants comprennent une « université radiophonique ».



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SCIENCE ET TECHNOLOGIE Les débuts

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Du personnel qualifié

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Recherche et développement (R&D)

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188 | Science et Technologie

I. Sztulman


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SCIENCE ET TECHNOLOGIE A l’instar de bien d’autres petits pays, Israël a dû définir de façon précise sa politique en matière d’activités scientifiques et technologiques afin d’assurer sa compétitivité. En sciences, Israël encourage la création de centres d’excellence autour d’éminents savants dans un grand nombre de disciplines. En technologie, Israël atteint les plus hauts niveaux en concentrant ses efforts dans un nombre limité de domaines. Le pourcentage de la population engagée dans la recherchedéveloppement (R&D) par rapport au produit national brut (PNB) est l’un des plus élevés au monde.

‫המחקר המדעי והישגיו אינם עוד עניין אינטלקטואלי מופשט‬ )‫ תשכ"ב‬,‫ (דוד בן גוריון‬...‫ בחיי עם תרבותי‬...‫ אלא גורם מרכזי‬...‫בלבד‬ La recherche scientifique et ses résultats ne sont plus simplement un objectif intellectuel abstrait... mais un facteur central... dans la vie de tout peuple civilisé... (David Ben-Gourion, 1962)


190 | Science et Technologie

LES DÉBUTS L’histoire de la recherche scientifique en Israël se confond avec celle du retour du peuple juif dans sa patrie. Théodore Herzl (1860-1904), fondateur du sionisme politique qui favorisa activement l’idée d’un Etat juif moderne en Terre d’Israël, l’envisageait non seulement comme le foyer physique du peuple juif mais aussi comme un important centre spirituel, culturel et scientifique. Le désir de transformer le pays, alors région désertique infestée de maladies, en un Etat moderne a été l’un des facteurs essentiels du développement de la recherche scientifique et de la technologie.

Laboratoire de Frutarom, 1946 • O.P.G./ H.Pinn

Les débuts de la recherche scientifique remontent à la fin du XIX e siècle, avec la création de l’école Mikvé Israël (1870). La Station agricole fondée en 1921 à TelAviv est devenue l’Organisation de recherche agricole (ORA), aujourd’hui le principal organisme de recherche et développement agronomiques. La recherche médicale et en santé publique a commencé avant la Première Guerre mondiale avec la création de la Station hébraïque de Santé. Elle a connu un essor remarquable avec la fondation de l’Institut de microbiologie et des départements de biochimie, bactériologie et hygiène de l’Université hébraïque de Jérusalem, devenus la base du Centre médical Hadassah,


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aujourd’hui la plus importante institution de recherche médicale du pays. La recherche industrielle a fait ses débuts dans les Laboratoires de la mer Morte, dans les années 1930. La recherche fondamentale et la technologie ont commencé avec la création de l’Université hébraïque de Jérusalem (1925), de l’Institut de technologie Technion (1924 à Haïfa), du Centre de recherches Daniel Sieff (1934 à Rehovot) devenu l’Institut scientifique Weizmann (1949). Lorsque l’Etat d’Israël a été proclamé, en 1948, l’infrastructure scientifique et technologique du pays était déjà en place. Les projets portaient alors surtout sur des programmes d’importance nationale et cette base a facilité le développement d’industries à vocation commerciale.


192 | Science et Technologie

DU PERSONNEL QUALIFIÉ

I. Sztulman

Le grand réservoir de personnel qualifié que possède Israël est le principal responsable des percées scientifiques et technologiques du pays. A mesure que les scientifiques chevronnés, les ingénieurs et les techniciens parmi les centaines de milliers d’immigrants en provenance de l’exUnion soviétique s’inséraient sur le marché du travail, la proportion de personnel israélien qualifié dans le domaine de la recherche et du développement a augmenté de façon spectaculaire. Ces spécialistes exerceront une influence significative sur les réalisations scientifiques et technologies des prochaines décennies.


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RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT (R&D)

Plus de 80 % des travaux publiés par des chercheurs israéliens, et quasiment toutes les activités de recherche

I. Sztulman

La R&D est pour plus de la moitié financée par l’Etat et des organismes publics. Les fonds publics destinés à la recherche et au développement civils sont essentiellement consacrés au développement des secteurs industriel et agricole du pays ; plus de 40 % sont exploités pour promouvoir des travaux de recherche nationale et binationale. Ces fonds sont étayés par des allocations de recherche en provenance de fondations universitaires gérées par le Conseil de l’enseignement supérieur. Une partie des fonds est consacrée aux secteurs de la santé et des affaires sociales.

I. Sztulman

La R&D est principalement menée dans les sept universités, les dizaines d’institutions gouvernementales et publiques et les centaines d’entreprises civiles et militaires d’Israël. D’importants travaux sont également réalisés dans des centres médicaux et un certain nombre de sociétés publiques dans les domaines des télécommunications, de production d’énergie et de gestion des ressources en eau.


194 | Science et Technologie

fondamentale sont menés dans les universités du pays. La Fondation d’Israël pour la Science, un organisme indépendant, constitue la source principale du financement de la recherche fondamentale. Un millier de chercheurs environ reçoivent des subventions de cet organisme. Cette fondation finance également des projets spéciaux comme la participation d’Israël au grand détecteur ATLAS, au “Large Hadron Collider” (grand collisionneur de hadrons) du CERN, ainsi qu’à l’amélioration de la qualité de la recherche clinique par toute une gamme de subventions accordées à des chercheurs en médecine. TELEM, forum de bénévoles composé des directeurs scientifiques des ministères de l’Industrie et du Commerce, de la Science, du président de l’Académie israélienne des Sciences, et de représentants du Conseil de l’enseignement supérieur, du ministère des Finances et d’autres, est chargé de financer et coordonner des initiatives de recherches trop importantes pour être assumées par une seule institution. Ainsi, TELEM a conçu et partiellement financé l’entrée d’Israël au Programme-cadre de l’Union européenne pour la recherche et le développement, la participation d’Israël à l’European Synchroton Radiation Facility (ESRF-Installation européenne de rayonnement Synchroton) et l’initiative israélienne Internet II. Le grand nombre de brevets déposés par les universités israéliennes est l’un des indices de l’efficacité des relations entre les établissements d’enseignement supérieur et le secteur industriel.


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Par rapport à ses ressources humaines, Israël compte un nombre plus élevé d’auteurs d’études en sciences naturelles, ingénierie, agriculture et médecine que tout autre pays, ainsi qu’un nombre exceptionnellement élevé de publications menées par des chercheurs israéliens avec la collaboration d’homologues étrangers. Afin de permettre l’intégration de la science israélienne dans la communauté scientifique internationale, on encourage en Israël les séjours de post-doctorat et les années sabbatiques à l’étranger, ainsi que la participation

Avec l’autorisation de l’Institut Weizmann des sciences

R&D dans les universités Comme par tout dans le monde, le développement des connaissances scientifiques constitue en Israël l’objectif majeur des chercheurs des université. Les ouvrages et articles d’Israéliens couvrant tous les domaines scientifiques sont l’expression première des résultats obtenus par la recherche universitaire. Israël publie un pourcentage relativement très élevé (environ 1%) des publications scientifiques dans le monde et, dans de nombreux domaines, comme la chimie et l’informatique, leur impact revêt une importance considérable pour la communauté scientifique mondiale.


196 | Science et Technologie

des chercheurs à des congrès internationaux. Les instituts, universités et organismes gouvernementaux gèrent de nombreux programmes d’échanges et projets conjoints avec des institutions de même niveau à l’étranger. Israël est également un centre important de congrès scientifiques internationaux et en accueille un nombre significatif chaque année. Parallèlement à leurs activités de recherche, les universités jouent un rôle important et novateur dans le développement technologique d’Israël. L’Institut Weizmann a été, dès 1958, parmi les premiers au monde à créer un service d’exploitation commerciale de ses recherches ; des services similaires existent aujourd’hui dans toutes les universités israéliennes. La création de parcs industriels jouxtant les campus universitaires a débouché sur de grands succès commerciaux ; des universités ont également créé des sociétés commerciales pilotes pour la distribution de produits fondés sur leurs recherches, souvent en partenariat avec des entreprises locales ou étrangères. La recherche interdisciplinaire et les centres d’expérimentation couvrent, dans les universités, des disciplines scientifiques et technologiques d’une importance vitale pour le secteur industriel du pays, notamment pour le bâtiment, les transports et l’éducation. En outre, un grand nombre d’enseignants et chercheurs universitaires occupent des postes de conseils en matière technique, financière, administrative et gestionnaire.


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R&D en médecine Israël a appor té de considérables contributions théoriques et pratiques à la révolution biotechnologique et s’est dotée d’une infrastructure de recherche médicale et paramédicale très développée, ainsi que de remarquables compétences en bioingénierie. Les travaux en biotechnologie, médecine clinique et recherche biomédicale représentent plus de la moitié des publications scientifiques. Le secteur industriel du pays a multiplié ses activités dans le domaine médical afin d’exploiter au mieux les connaissances acquises. Des chercheurs israéliens ont mis au point des méthodes de production d’hormones humaines de croissance et d’interféron (groupe de protéines effectives contre les infections virales). Le copaxone, un médicament efficace dans le traitement de la sclérose en plaques, a été conçu en Israël – depuis l’étape de la recherche fondamentale jusqu’à sa production industrielle. Le génie génétique a permis la préparation de divers kits de diagnostic fondés sur des anticorps monocellulaires et autres produits microbiologiques. Des équipements médicaux perfectionnés de diagnostic et de traitement mis au point en Israël sont vendus dans le monde entier : tomodensitomètres, systèmes d’imagerie par résonance magnétique (IRM), scanners à ultra-sons, systèmes de caméras nucléaires et lasers chirurgicaux. Parmi les récentes percées médicales

Tomodensitomètre • avec l’autorisation de l’hôpital Shaare Tzedek


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israéliennes : un appareil à polymère liquide à débit contrôlé évitant l’accumulation de la plaque dentaire ; un dispositif de réduction des dilatations bénignes et malignes de la prostate ; l’utilisation de botuline pour la correction des strabismes et une caméra miniaturisée logée dans une capsule administrée par voie buccale, servant à diagnostiquer les pathologies gastro-intestinales. R&D dans l’industrie Dans le secteur industriel civil, les budgets alloués à la R&D et le nombre de chercheurs et ingénieurs s’y consacrant ont considérablement augmenté au cours des deux décennies écoulées. La R&D industrielle d’Israël, caractérisée par une grande concentration dans l’électronique, est réalisée principalement par un petit nombre de grandes entreprises. Ces sociétés à haut niveau de R&D ont constitué au cours des années une importante source d’emploi et d’exportation. L’objectif stratégique israélien demeure la croissance de ces entreprises, grandes et petites. Le gouvernement encourage la R&D dans l’industrie dans le cadre de la Loi sur l’encouragement de la R&D dont la mise en œuvre est assurée par la Direction scientifique du ministère de l’Industrie et du Commerce et qui, en 2000, a permis le financement de quelque 1200 projets. Les produits résultant de la R&D représentent plus de la moitié des exportations industrielles (diamants exclus).


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L’électronique, limitée jusqu’à la fin des années 1960 aux biens de consommation essentiellement, s’est tournée vers des développements technologiques plus sophistiqués aux applications civiles et militaires. Parmi les applications des résultats de la recherche et du développement dans les communications : la numérisation, le traitement, la transmission et le perfectionnement des données, des sons et des images. Les produits vont des standards téléphoniques perfectionnés à des systèmes de messagerie vocale et au doublage des lignes téléphoniques, ainsi que de nombreuses applications sur l’Internet. L’optique, l’électro-optique et les lasers se sont rapidement développés à l’échelle industrielle. Israël est un leader mondial en fibres optiques, en systèmes électro-optiques d’inspection des PCB (circuits imprimés), en dispositifs thermiques de vision nocturne de nuit et en systèmes électro-optiques de fabrication industrielle robotisée. Les équipements informatisés, surtout dans le logiciel et les domaines périphériques, ont été très largement développés. Les ordinateurs graphiques et les systèmes informatisés d’imagerie sont utilisés à grande échelle dans le pays et à l’étranger. Dans les écoles, les élèves bénéficient d’une variété de logiciels d’enseignement assisté par ordinateur, dont certains sont exportés à l’étranger. Certains logiciels israéliens sont conçus pour être exploités sur de gros ordinateurs mais la plupart sont destinés à des systèmes de taille réduite ou moyenne tels les postes de


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travail informatisés. Une souris d’ordinateur à trois touches tactiles, permettant aux mal-voyants de « lire » des textes et des graphiques à l’écran, a été conçue en Israël. En robotique, domaine où les recherches ont débuté vers la fin des années 1970, Israël produit maintenant des robots pouvant effectuer une grande variété d’opérations, entre autres le polissage de diamants, les soudures, l’emballage ou la construction. Les recherches en cours portent sur l’application de l’intelligence artificielle aux robots.

Le colonel Ilan Ramon, premier astronaute israélien, disparu avec ses six homologues américains à bord de la navette spatiale Columbia • NASA photo MSFC-0300309

L’aéronautique, liée aux besoins de la défense nationale, a suscité des développements technologiques aux applications civiles. L’Arava, le premier avion civil produit en Israël, a été suivi par le Westwind, avion à réaction pour PDG. Des satellites de conception et de fabrication locales ont été lancés par les Industries aéronautiques d’Israël en collaboration avec l’Agence spatiale d’Israël. Amos, un satellite de télécommunications fabriqué en Israël, a été mis en orbite par la fusée européenne Ariane. Israël développe, fabrique et exporte une grande variété de produits dans ce domaine dont des systèmes d’affichage, des ordinateurs aéronautiques, des systèmes d’instrumentalisation et des simulateurs de vol ; il est au premier rang dans le monde pour la technologie et la production de planeurs télécommandés.


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R&D en agriculture Le secteur agricole israélien repose presque entièrement sur la R&D dont les résultats sont mis en application grâce à une étroite coopération entre agriculteurs et chercheurs. Un système effectif de transmission permet de faire rapidement parvenir aux champs les résultats obtenus en laboratoire, et les problèmes de terrain sont directement soumis aux solutions des chercheurs. Dans ce domaine, la R&D est menée principalement par l’Organisation de recherche agricole du ministère de l’Agriculture. La plupart des instituts israéliens de recherche agricole entretiennent d’étroites relations avec la FAO, agence de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture, ce qui garantit un fructueux échange d’informations avec d’autres pays. Les vaches laitières d’Israël détiennent des records mondiaux de production avec une moyenne passée de 6300 litres en 1970 à plus de 10 000 litres à l’heure actuelle, grâce au système d’élevage scientifique et aux analyses génétiques effectuées par l’Institut Volcani. Des cultures de sperme et d’ovaires de bétail de haute qualité ont permis à Israël d’améliorer son cheptel et de partager son expérience avec d’autres pays. Les agronomes israéliens pratiquent des méthodes innovantes d’irrigation au goutte-à-goutte, sont à la pointe de la biotechnologie agricole, de la désinfection

Chercheur au centre Volcani de recherche agricole • O.P.G./ A. Ohayon


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des sols par solarisation et du traitement intensif des effluents industriels pour l’irrigation. Ces percées ont permis la commercialisation de produits allant de graines génétiquement sélectionnées à des biopesticides, des plastiques photo-dégradables et des systèmes informatisés d’irrigation/fertilisation. L’insuffisance des ressources en eau, l’aridité des terres arables et la main-d’œuvre limitée ont stimulé de véritables révolutions des méthodes agricoles pratiquées en Israël. La recherche de techniques d’économie de l’eau a suscité le développement de systèmes d’irrigation informatisés, dont le goutte-à-goutte, portant directement l’eau aux racines des plantes et qui est actuellement répandu dans les exploitations agricoles d’innombrables pays au monde. Les travaux relatifs au traitement électro-magnétique de l’eau pour améliorer la qualité des récoltes et la santé du bétail a également donné des résultats prometteurs. Des ordinateurs conçus et fabriqués en Israël sont d’un usage courant dans les activités agricoles quotidiennes, telles que le calcul des quantités d’engrais à répandre compte tenu des facteurs environnementaux ; la préparation de fourrage pour le bétail conformément aux formules de mélange les plus économiques ; le contrôle de l’humidité et de la température des poulaillers. Par ailleurs, des équipements très perfectionnés ont été mis au point pour le labourage, les semailles, la plantation, le fauchage, le moissonnage, le tri et l’emballage.


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L’agriculture bénéficie à la fois de la recherche scientifique générale et de la R&D, en particulier pour les cultures automatisées de tissus végétaux, les insecticides biologiques, la résistance des semences aux pathogènes et la fertilisation biologique. R&D dans l’énergie Le développement intensif de sources alternatives d’énergie solaire, thermale et éolienne est le résultat, positif en l’occurrence, du manque de sources conventionnelles d’énergie dans le pays. Il s’ensuit qu’Israël est à l’avant-garde de l’exploitation de l’énergie solaire à tous les niveaux, et compte le plus grand nombre d’appareils domestiques de captation de l’énergie solaire par habitant au monde. Un nouveau type de collecteur d’énergie solaire mis au point récemment va en permettre l’application industrielle. Dans le domaine de l’énergie éolienne des progrès substantiels ont été obtenus grâce à la mise au point d’une turbine à vent dotée d’un rotor flexible et gonflable. Une technologie utilisant l’eau de bassin présentant un certain degré de salinité et de composition minérale permet l’absorption et la conservation de l’énergie solaire. Des stations d’énergie géothermique capables d’extraire la chaleur du sol et de la convertir en vapeur alimentant des turbines sont actuellement à l’étude. Un nouveau projet,

Champ de capteurs solaires à l’Institut Weizmann des sciences • Avec l’autorisation de l’Institut


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développé par des chercheurs du Technion, utilise l’air chaud et l’eau (saumâtre et de mer) pour produire de l’énergie à travers des cheminées de mille mètres de hauteur.


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ECONOMIE Défis et réalisations

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Les principales réformes

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Un miracle économique

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L’économie nationale

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Un tableau de l’économie

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Secteurs économiques

233


I. Sztulman

206 | Economie


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ECONOMIE Ayant longtemps bénéficié de l’un des taux de croissance du PIB le plus rapide du monde, Israël poursuit le redressement économique entamé en 2003, après deux années marquées par un net ralentissement dans presque tous les secteurs. La tendance s’est poursuivie en 2007, comme le soulignent les indicateurs économiques. Les années 2006 et 2007 ont indiqué une tendance à la hausse du Produit national brut qui atteignait 5,1 % en 2006 malgré la Seconde Guerre du Liban qui provoqua une décrue temporaire de 0,7 % du PNB. La relance rapide et la poursuite de la croissance ont été une fois de plus catalysées par le secteur commercial qui a bénéficié d’une hausse de 6,4 % et d'un score impressionnant de 20 138 dollars US du PNB par habitant.

)‫ י"א‬:‫ (משלי י"ב‬...‫עובד אדמתו ישבע לחם‬

Celui qui cultive la terre a du pain à satiété... (Proverbes 12, 11)


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En 2006 et 2007, trois objectifs macro-économiques ont été atteints : un taux d’inflation quasiment nul, voire négatif, un déficit budgétaire très bas et une restriction contrôlée des dépenses publiques. Parallèlement, Israël a continué d’attirer des investissements étrangers, à bénéficier d’une croissance rapide de ses exportations et, pour la première fois dans son histoire, à équilibrer sa balance des paiements. Ces tendances se sont poursuivies au cours de la première moitié de l’année 2007, et les prévisions sont optimistes : pas d’inflation à l’horizon, un déficit budgétaire bas et la stabilité économique sur tous les fronts. Avec une population dépassant les 7 millions d’habitants, Israël suscite depuis des années les éloges du monde entier, notamment pour ses exceptionnelles réalisations en agriculture et en agro-technologie, en méthodes d’irrigation, énergie solaire, hautes technologies et start-ups. S’appuyant sur l’intensification de la recherche et du développement dans le secteur de pointe comme dans le secteur de l’industrie conventionnelle, Israël n’est plus seulement le “pays où coulent le lait et le miel” , mais aussi et surtout le pays du high-tech, des logiciels les plus sophistiqués, des communications, des percées en biotechnologie, en produits pharmaceutiques et en nano-technologies. Des accords de libre-échange conclus avec les EtatsUnis, l’Union européenne, et plusieurs pays d’Amérique latine ont facilité les exportations de biens et services d’Israël (qui ont dépassé les 60 milliards de dollars en 2006), ainsi que sa participation à des entreprises internationales qui ont contribué à la croissance accélérée du pays.


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DÉFIS ET RÉALISATIONS Réalisations récentes • En l’an 2000, pour la première fois dans l’histoire économique du pays, deux résultats ont été simultanément obtenus : un taux d’inflation nul et un déclin significatif du déficit de la balance des paiements, ce dernier diminuant encore pour atteindre 0,7 milliard de dollars en 2005 et un surplus de 0,9 milliard de dollars en 2006. • L’intégration de plus de 1,2 million d’immigrants en une seule décennie a renforcé la main-d’œuvre civile du pays qui est passée de 1,65 million en 1990 à 2,8 millions de travailleurs en l’an 2006. • L’inflation a été freinée, passant d’un taux annuel de 445 % en 1984 à 21 % en 1989, 0 % en l’an 2000, pour n’atteindre que 2,4 % en 2005 et moins de 0 % en 2006. • La dette extérieure qui, en 1985 équivalait à 1,6 fois le PIB, et 25 % du PIB en 1995, a été éliminée, passant de moins de 3 % du PIB en 2001 à 0 % en 2003 ; Israël est depuis lors devenu un pays créditeur (autrement dit, les économies mondiales lui doivent plus qu’Israël ne leur doit). • Le total des investissements étrangers n’a cessé d’augmenter passant de 175 millions de dollars en 1987 à 5,8 milliards de dollars en 1997, 10,7 milliards en 2005 et 25,2 milliards en 2006, encourageant la croissance du PIB et des exportations.


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• Les exportations industrielles ont quasiment sextuplé au cours des deux décennies écoulées, passant de 6 milliards de dollars en 1985 à 35,6 milliards en 2005 et 38, 1 milliards en 2006. Défis historiques Le succès économique le plus frappant d’Israël réside dans son rythme de développement, en dépit du fait que le pays est confronté à un certain nombre de défis extrêmement dispendieux : • Le maintien de la sécurité nationale : Israël consacre actuellement à la défense nationale environ 8 % de son PIB (contre plus de 25 % dans les années 1970 et 23 % en 1980). Même dans les périodes de paix, Israël est contraint de maintenir une forte capacité de dissuasion. • L’intégration d’un grand nombre d’immigrants : le « rassemblement des exilés » est la raison d’être de l’Etat juif. Depuis sa création, Israël a intégré près de 3 millions d’immigrants, soit près de cinq fois le nombre de juifs vivant dans le pays au moment de la proclamation de son indépendance en 1948. Au cours des quatre premières années, la population d’Israël a plus que doublé par suite de l’arrivée de 700 000 immigrants, pour la plupart réfugiés de l’Europe d’après-guerre ou des pays arabes. Depuis 1990, une autre vague de 1,2 million d’immigrants (dont 940 000 originaires de l’ex-Union soviétique) a


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nécessité d’énormes dépenses pour leur intégration matérielle et sociale. Cependant, et plus rapidement que lors des précédentes périodes d’immigration, ces nouveaux arrivés ont contribué à l’accélération de la croissance du PIB, mais également à une hausse temporaire du taux de chômage qui a atteint 11,2 % en 1992, pour revenir à 7, 6 % à la fin de l’année 2006. • La mise en place d’infrastructures modernes : il existait certes en 1948 des réseaux routiers, des moyens de transports, des installations portuaires, des réseaux d’alimentation en eau et électricité et des moyens de communication, mais ils ne répondaient plus aux besoins de l’heure et il fallut investir des sommes considérables pour leur modernisation et leur expansion. Sans cet investissement colossal dans les communications et les transports, la croissance économique d’Israël n’aurait jamais atteint son rythme. • La fourniture de services publics de haut niveau (santé, éducation, services sociaux, etc.) : Israël assume la responsabilité du bien-être de sa population, en s’occupant plus particulièrement des couches sociales défavorisées, et en y consacrant continuellement un pourcentage important de ses ressources. Bien que des mesures économiques d’urgence aient exigé une certaine réduction de ces dépenses, le budget des années 2006 et 2007 a garanti l’amorce d’une tendance correctrice dans ce domaine.


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LES PRINCIPALES RÉFORMES Libéralisation des devises Le nouveau shékel est aujourd’hui une monnaie « forte », s’échangeant librement sur tous les marchés monétaires internationaux. Il s’agit d’une évolution relativement récente après plusieurs décennies de contrôle des changes, mesure essentielle – comme dans la plupart des pays après la Seconde Guerre mondiale – pour la survie et la croissance de l’économie. La grave pénurie de devises dans les premières années de l’indépendance de l’Etat était due principalement à des importations dépassant très largement les exportations. Il fallut alors « rationner » les devises en ne les allouant qu’aux dépenses de toute première nécessité, tels les produits alimentaires, les combustibles et l’équipement militaire. Les biens d’équipement et les matières premières ne furent ajoutés à la liste que plus tard, suivis par une maigre allocation de 10 dollars par personne se rendant à l’étranger. Vers la fin des années 1950, commença l’importation de nombreux produits de « luxe » et les Israéliens furent autorisés à emporter 100 dollars par voyage à l’étranger. D’autres assouplissements intervinrent dans les années 1960 pour les importations et celles-ci furent totalement « libéralisées » dans les années 1970, en transférant la charge


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de restreindre les importations à des droits de douane exorbitants. Ces derniers furent considérablement réduits dans le cadre des accords de libre-échange avec l’Union européenne et les Etats-Unis ; dans les années 1980, ces mesures furent associées à l’augmentation progressive des allocations de devises autorisées pour les voyages à l’étranger (passées de 500 à 3000 dollars). Les premières autorisations de détenir des comptes bancaires à l’étranger et d’effectuer des investissements en devises suivirent et, dans la deuxième moitié des années 1990, les derniers bastions du contrôle des changes furent supprimés. Le taux de change Après la levée de toutes les restrictions sur les devises étrangères, le taux de change du shékel est aujourd’hui fixé par le marché monétaire international. Ce ne fut pas toujours le cas. Comme dans toutes les économies après la Seconde Guerre mondiale, le taux de change de la monnaie israélienne était fixe et modifié (dévalué) de temps à autre sur décision du gouvernement. En 1948, la livre israélienne était équivalente à une livre sterling (4 dollars US à l’époque) ; elle fut dévaluée à 2,80 dollars en 1949 à l’instar de la livre sterling. La monnaie israélienne fut ensuite dévaluée à plusieurs reprises (par exemple à 1,80 livre pour un dollar en 1954, 3 pour un dollar en 1962, 4,20 en 1971 et 6 en 1974), la politique économique visant à réduire le fossé entre les exportations


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et les importations et dédommageant en fait le commerce extérieur du taux d’inflation locale accumulée depuis la dévaluation précédente. En 1975, Israël suivit l’évolution des tendances de l’OCDE et entreprit une politique de « dévaluation rampante » (autorisant jusqu’à 2 % de dévaluation par mois). Ce système dura environ deux ans, jusqu’à la première étape de la libéralisation. Depuis lors, le taux de change est fixé quotidiennement par la Banque d’Israël, en fonction des fluctuations du marché. En 1980, 10 livres israéliennes devinrent 1 shékel et, en 1985, 1 000 shékels devinrent 1 nouveau shékel. En juillet 2007, le taux de change du nouveau shékel israélien oscillait autour de 0,24 dollar. Restrictions budgétaires La croissance économique d’Israël, due principalement à l’initiative du gouvernement durant les dix ou vingt premières années qui suivirent l’indépendance, s’est déroulée dans des circonstances inhabituelles qui expliquent la part importante du budget national par rapport au PIB. Il est même arrivé que le budget soit supérieur au PIB, mais il a été réduit à 95 % en 1980, 64 % en 1990, 49 % en 2005 et 40 % en 2006. En outre, alors que dans les premières années un déficit budgétaire (la part non financée par la fiscalité et les emprunts locaux) n’était autorisé qu’à des fins de « développement », par exemple l’investissement, ultérieurement, compte tenu de


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la charge croissante du budget de la défense, les déficits budgétaires « ordinaires » devinrent routiniers. Dans les années 1990, l’accent a été mis sur la réduction de ces déficits, l’objectif étant de ramener le rapport déficit/ PIB au taux prévalant dans les économies occidentales développées. Cette politique a effectivement réussi à réduire le déficit budgétaire au quart de ce qu’il était au début de la décennie. Après avoir considérablement augmenté en 2001, il a été ramené à 6% en 2003, 5% en 2004, 3,2% en 2005 et 1, 8 % en 2006. Le plan de réformes économiques voté par le gouvernement en 2003 prévoit la poursuite de la réduction du budget et des impôts et de la rationalisation de l’économie nationale. La privatisation Tout en encourageant les initiatives économiques, la politique gouvernementale parvient depuis les années 90 à minimiser autant que possible ses implications directes dans l’économie. Ainsi tout en supprimant dans une grande mesure les subsides couvrant le coût des produits de base, et les avantages fournis aux investisseurs étrangers et aux exportations, le gouvernement s’est lancé dans une campagne exhaustive de privatisation des grandes sociétés publiques.


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La privatisation s’est répandue au cours des dernières années, et les ventes de grandes sociétés – banques, El AL (transports aériens), Zim (navigation maritime) et Bezeq (communications) ont rapporté à l’Etat la somme de 3 milliards de dollars. Le secteur des carburants figure en bonne place sur la prochaine liste de privatisation. Le gouvernement entend également transférer certains services publics à des sociétés privées.


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Pendant ses 25 premières années, l’économie a enregistré un remarquable taux de croissance du PIB d’environ 10 % par an, tout en assurant l’intégration d’un nombre considérable d’immigrants, en construisant, pratiquement dans l’improvisation, une économie et une infrastructure modernes, en subissant quatre guerres et en veillant à la sécurité nationale. Ce « miracle économique » s’explique en fait essentiellement par l’utilisation judicieuse des capitaux importés au cours des années – en tout premier lieu un investissement massif dans le secteur des moyens de production. Il s’explique également par l’intégration rapide et réussie des immigrants et leur participation au cycle de production. Entre 1973 et 1979 cependant, le taux de croissance annuel a décliné (comme dans la plupart des pays industrialisés, en partie du fait des crises pétrolières de 1973/4 et 1979/80), pour se situer à 3,8 % en moyenne et, dans les années 1980, il est tombé à 3,1%. Les années 90 connurent une croissance annuelle moyenne du PIB de plus de 5 pour cent (atteignant même 7,7 pour cent en l’an 2000), pour revenir à un taux de 5,2 pour cent en 2005 et à un score semblable en 2006.

I. Sztulman

UN MIRACLE ÉCONOMIQUE


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Le PIB par habitant a augmenté de plus de 60 % au cours de la dernière décennie du XXe siècle atteignant le chiffre annuel de 18 700 dollars en 2005 et de 20 138 dollars en 2006. Le taux de croissance économique d’Israël en 2006 a été relativement élevé en 2006 au regard d’autres pays développés. Le taux moyen de croissance du PIB des 30 pays de l’OCDE était de 3,2 pour cent en 2006, soit de 1,9 % inférieur à celui d’Israël.


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L’ÉCONOMIE NATIONALE La balance des paiements Jusqu’à ces dernières années, le problème permanent du déficit de la balance commerciale constituait le prix à payer par Israël pour le « miracle » de sa croissance rapide, obtenue tout en relevant avec succès les quatre défis nationaux. L’écart annuel entre un niveau élevé d’importations et un volume nettement inférieur d’exportations souligne la dépendance économique visà-vis des ressources étrangères. Tous les gouvernements d’Israël ont donc toujours eu parmi leurs objectifs premiers - atteint récemment – l’accession à « l’indépendance économique », c’est-à-dire le financement des importations par les exportations et la disparition de ce déficit. Au cours des 48 premières années suivant l’indépendance d’Israël, ce déficit n’a cessé de se creuser, et a été multiplié par 45 (en prix courants), passant de 222 millions de dollars en 1949 à 10,1 milliards de dollars en 1996. En termes relatifs cependant, le déclin constant du déficit indiquait que le problème était en voie d’être résolu : alors qu’en 1950 les exportations ne couvraient que 14% des importations, en 1960, ce taux est passé à 51% pour parvenir en 1996 à 79%. Depuis lors, le déficit réel a commencé à décliner, passant de 4,7 milliards en 2001 à seulement 0,7 milliard en 2005, les exportations de biens et services finançant tous les importations.


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La balance commerciale :* 1949-2005 (en millions de dollars US courants) Année Importation Exportation Déficit 1949 263 41 220 1955 443 139 304 1960 694 352 342 1965 1269 749 520 1970 2657 1374 1283 1975 8038 4022 4016 1980 13 382 10 099 3733 1985 15 138 11 223 3915 1990 24 217 18 868 5349 1996 37 576 29 386 8190 2000 46 514 45 179 1335 2005 57 384 56 623 761 2006 61 600 62 600 1000 * Compte courant, marchandises et services inclus Au cours des 60 années écoulées, Israël a dû mobiliser 176 milliards de dollars (en chiffres courants) pour couvrir tous ses déficits commerciaux annuels. Près des deux-tiers de ce déficit cumulé ont été fournis par des transferts unilatéraux de capitaux, comme les fonds apportés par les immigrants, les pensions étrangères, les dons faits par les communautés juives de l’étranger à des institutions sociales, éducatives ou sanitaires, les allocations de gouvernements étrangers et plus particulièrement


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l’assistance du gouvernement américain. Le reste a été financé par des emprunts contractés auprès d’individus, de banques et de gouvernements étrangers, emprunts qu’Israël rembourse régulièrement depuis les débuts de son existence. Ainsi, la dette extérieure s’est accrue chaque année jusqu’en 1985 où, pour la première fois, Israël a emprunté moins qu’il n’a remboursé. Cette tendance s’est cependant renversée et, en 1995, la dette extérieure a atteint un nouveau sommet de 20,8 milliards de dollars. Durant les dix dernières années, elle a considérablement diminué, chutant à zéro pour devenir positive à partir de 2002. Autrement dit, nous sommes créditeurs - « le monde » nous devant davantage que nous ne lui devons, soit plus de 31 milliards de dollars en 2006. Commerce extérieur Avec une économie aux faibles dimensions et un marché intérieur limité, la croissance d’Israël repose principalement sur le développement des exportations. La majeure partie des ressources créatives du pays a été consacrée à l’expansion des exportations industrielles qui ont été multipliées par presque 3 000 (en prix courants) en 56 ans, passant de 13 millions de dollars en 1950 à 52 millions de dollars en 1955, 1,4 milliard en 1975, 5,6 milliards en 1985, 30,8 milliards en 2000 et 39,4 milliards en 2006 – une hausse de plus de 7,5 % par rapport à 2005.


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Montant net de la dette extérieure : 1954-2005 (en millions de dollars US courants) Année 1954 1960 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2002 2005 2006

Total de la dette extérieure nette 356 543 2223 6286 11 344 18 051 15 122 20 788 7353 0 -23 173 - 31 480

Ces dernières années, plus de 85 % de toutes les importations de biens – qui atteignaient en 2006 la somme de 47,2 milliards de dollars – concernait des produits manufacturés et du carburant provenant pour 54 % d’Europe, 17 % des Amériques, 16 % d’Asie, et les 13 % restants d’autres pays. La même année, 33 % des exportations israéliennes – atteignant la somme de 36,6 milliards de dollars – partait pour l’Europe, 40 % pour les Etats-Unis, 19 % pour l’Asie et les 8 % restants pour d’autres pays. Pendant les années 90, les exportations industrielles d’Israël aux Etats-Unis ont excédé les importations en provenance de ce pays. Depuis 2000, le phénomène se reproduit, exportations de diamands exclues.

Le fait qu’Israël s’est joint à l’Accord sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), doublé de la décision d’instituer une zone de libre échange de produits industriels avec la Communauté européenne (1975) et de l’ensemble des produits avec les Etats-Unis (1985) a accru la compétitivité des exportations israéliennes. De fait, les produits israéliens sont exemptés de taxes douanières à leur entrée dans l’Union européenne comme aux Etats-Unis. Ce qui


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permet aux producteurs israéliens de cibler un marché quelque 110 fois supérieur au marché local, et d’attirer des investisseurs désireux d’exporter leur production en Europe sans frais de douane. Des investisseurs israéliens ont également conclu des joint-ventures avec des entreprises jordaniennes et égyptiennes dans des zones industrielles spéciales, facilitant l’exportation de produits hors-taxes vers les Etats-Unis et l’Union européenne. Pour maximiser leurs chances de succès, les entreprises israéliennes localement implantées recherchent constamment des créneaux sur les marchés mondiaux. La création de joint-ventures avec des sociétés industrielles étrangères exploite à la fois les innovations locales et le

Exportation et Importation de biens (diamands non compris) 50,000 45,000 40,000 35,000 30,000 25,000 20,000 15,000 10,000 5,000 0

1960 Importation

1970

1980 Exportation

1990

2000

2006


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potentiel de production étrangère et de pénétration des marchés. Des projets conjoints ont été entrepris en électronique, logiciels, équipements médicaux, imprimerie et graphisme assistés par ordinateur. Nombre de ces projets conjoints sont financés par des fondations binationales de coopération en recherche et développement telles que la BIRD (Etats-Unis) ; le CIIRDF (Canada) ; le SIIRD (Singapour) ; la BRITECH ( Royaume Uni ); la KORIL-RDF (Corée du Sud) ; la VISTECH (Etat de Victoria en Australie).


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UN TABLEAU DE L’ÉCONOMIE Juguler l’inflation Jusqu’en l’an 2000, l’économie souffrait de la hausse des prix, mais un système d’indexation évitait aux particuliers d’en subir les conséquences. Tous les engagements financiers, les salaires, les loyers, les comptes d’épargne, les polices d’assurance, l’assiette des impôts, etc., étaient indexés sur une valeur plus stable (devise étrangère ou indice du coût de la vie), amortissant ainsi les effets inflationnistes. De cette façon, alors que le taux d’inflation est passé d’un seul chiffre (du milieu des années 1950 à la fin des années 60), à deux chiffres (années 70) puis à trois chiffres (début des années 80), les Israéliens réussissaient cependant à élever leur niveau de vie. De toute évidence, l’économie en général a souffert de l’inflation (baisse des investissements, entre autres), largement alimentée par l’indexation, jusqu’à ce que le système vole en éclats au milieu des années 80. Au cours de l’été 1985, après une envolée du taux d’inflation – passé de 191% en 1983 à 445% en 1984 et qui menaçait d’atteindre les quatre chiffres en 1985 – le gouvernement du travailliste Shimon Perès et le ministre des Finances (Likoud) Yitzhak Modaï lancèrent un plan de redressement économique d’urgence en coopération avec la Histadrout (la Fédération syndicale israélienne) et le Comité de coordination de l’Emploi. Le taux d’inflation


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Le shekel , “sicle” de la Bible, est l’unité monétaire d’Israël (d’une valeur de 0,24 dollar en juillet 2007) est connu depuis le deuxième millénaire a v a n t l ’è re c h ré t i e n n e comme unité de poids pour les paiements en or et en argent. La Bible rapporte qu’Abraham négocia l’achat d’un terrain et du caveau qui s’y trouvait à Makhpéla, près d’Hébron, dans ces termes : «Je te donnerai l’argent pour ce terrain; prends-le et j’y enterrerai mon mort. Ephron, le propriétaire, lui répondit: “Le terrain vaut quatre cents shekels d’argent... Et Abraham pesa pour Ephron... quatre cents shekels d’argent en monnaie courante. » (Genèse XXIII, 13, 15-16)

chuta de 185 % en 1985 à 21% en 1989, pour atteindre 7% en 1997 et, pour la première fois, 0% en l’an 2000. Autre première dans l’économie israélienne : une chute des prix en 2003, avec une inflation négative de -1,9 %. En 2005, l’inflation a atteint les 2,4% pour revenir à un taux négatif de 0,1 % en 2006.

Le secteur public Le niveau élevé de la consommation publique, principalement du fait de l’importance du déficit gouvernemental, a toujours constitué la raison majeure du taux d’inflation en Israël. Les ressources que le gouvernement parvenait à mobiliser pour financer le budget (sources intérieures et étrangères, emprunts et taxes, impôts directs et indirects) étant insuffisantes pour couvrir les dépenses, il se trouvait sans cesse contraint d’avoir recours à un financement inflationniste. Cette lourde charge du secteur public s’explique principalement par les dépenses colossales de la défense nationale et par l’impératif de rembourser les dettes intérieures et extérieures, deux postes qui, au cours de ces seules dernières années, sont passés des deux-tiers à la moitié du budget national.


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Le redressement économique opéré grâce à une politique de diminution du taux d’inflation, de réduction du déficit de la balance des paiements et de maintien d’un taux de croissance économique élevé a exigé la réduction de la consommation publique intervenue ces dernières années. En fait, le niveau élevé de consommation publique par rapport au PIB a chuté de moitié en 25 ans, passant de 95 à 49 % entre 1980 et 2006 (le budget national s’élevant alors à environ 60 milliards de dollars). L’année 2006 a indiqué un surplus de la balance des paiements et une réduction de 0,9 % du Produit national brut. Bien que le gouvernement encourage encore les initiatives économiques, la politique économique a réussi à réduire l’intervention publique dans les entreprises par la promotion de leur privatisation qui, en 2005, a généré près de 3 milliards de dollars de recettes. Le système fiscal Le financement de l’importante consommation publique d’Israël requérant une lourde imposition, pendant plusieurs années les citoyens israéliens ont été parmi les contribuables les plus imposés au monde. Durant la première décennie de l’Etat, les impôts équivalaient à un huitième du PNB ; dans les années 60, cette proportion atteignait le quart et oscillait entre 30 et 40 % dans les années 70 et 80 ; dans les années 1990, elle était en moyenne de 40 % et de 40,3% en l’an 2000. En 2003, la


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charge fiscale pesant sur les Israéliens a diminué pour atteindre 39,3% du PIB, puis 38% en 2006, pratiquement le niveau moyen des pays de l’OCDE en 2004 (37,4%). Les impôts indirects consistent principalement en une Tva de 15,5%. En outre, une taxe est prélevée sur les achats de véhicules, d’essence et de cigarettes. Les importations en provenance de l’Union européenne et des Etats-Unis sont exemptées de droits de douane, ce qui n’est pas le cas des importations en provenance des autres pays. Les contributions directes (sur le revenu et les biens) représentaient moins du quart de toutes les recettes fiscales jusqu’à la fin des années 1950, environ un tiers au début des années 1970, puis environ la moitié au début des années 1980 pour atteindre 45 % en 1986. Depuis lors, le poids de la fiscalité directe a diminué (39% en 1995) et oscille depuis lors entre ce montant et 42 % en 2006. Ces dernières années, le système fiscal a subi d’autres remaniements en vue d’assurer une meilleure intégration d’Israël dans l’économie mondiale. Dans le cadre de cette politique, les droits de douane sur les importations continuent à décroître et l’impôt sur les sociétés a progressivement diminué pour atteindre les 30% en 2007 et les 25% prévus en 2010. Les impôts sur le revenu sont progressivement réduits et ne dépasseront pas le plafond de 44 % en 2010.


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Consommation et épargne La consommation privée n’a quasiment pas cessé de croître depuis 1950, son taux de croissance annuelle atteint en moyenne 6 % depuis 1960 (bien qu’ayant accusé une baisse de 6,6 % en 2000 et de 4,9 % en 2006 par rapport aux 9,6 % par habitant en 1994).

L’investissement Le taux relativement élevé de l’épargne n’a jamais suffi à couvrir les immenses investissements indispensables à une économie nationale en croissance rapide (entre 20 à 30 % des ressources disponibles). En conséquence, une grande partie des investissements ont été directement financés par l’Etat et par le transfert de capitaux publics et privés en provenance de l’étranger. De 1995 à 2000, le total des investissements est passé de 17 à 22,8 milliards de dollars US, a décliné au cours des trois années suivantes et atteint 22,1 milliards en 2005 (les 49 % de cette somme – soit 10,8 milliards – provenant de résidents non israéliens à l’étranger).

I. Sztulman

Les chiffres de l’épargne sont toutefois restés stables : depuis la fin des années 50, le taux moyen d’épargne privée atteignait moins de 29 % des revenus privés disponibles, 38 % en 1972 et en 1981. Depuis, il a régulièrement chuté, ne dépassant pas 28,8 % en 2006.


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La Histadrout Fondée en 1920, la Histadrout Confédération générale des travailleurs réunit plusieurs syndicats afin de défendre les droits des travailleurs et de créer des industries assurant des emplois à la population. Au fil du temps, elle est devenue le principal employeur d’Israël et a joué un rôle essentiel dans le développement du pays. La Nouvelle Histadrout actuelle recense 700 000 m e m b r e s a ffi l i é s à 7 8 syndicats professionnels qui se chargent de l’organisation locale du travail, signent des conventions collectives et en supervisent l’application.

L’année 2006 a connu une augmentation notoire des investissements effectués par des sociétés étrangères qui ne s’étaient jamais auparavant implantées sur la scène israélienne, preuve tangible de leur intérêt et de leur confiance. Cette même année, les investissements effectués par des citoyens étrangers a dépassé les 24 386 milliards de dollars US et la même tendance s’est manifestée en 2007. De nombreux investissements privés, nationaux et étrangers, ont été stimulés par les initiatives et les encouragements de l’Etat, en particulier les diverses versions de la Loi d’encouragement aux investissements en capital adoptée par le gouvernement, en vertu de laquelle le gouvernement attire les investisseurs par des prêts à long terme et de faible intérêt, des donations directes représentant un pourcentage du total de la somme investie, ainsi que le financement de la R&D.

Dans le même objectif sont allouées des réductions et des exemptions d’impôts en fonction de la contribution de l’investissement à la réalisation de la politique nationale en matière de dispersion de la


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population, de promotion des exportations et autres. Ces aides de l’Etat expliquent l’accumulation dans les années 80 du capital social (capacité de production) à un taux dépassant le taux de croissance du PIB. Dans certains secteurs économiques, ce surplus de la capacité de production a facilité l’essor économique des années 90. Salaires et conditions de travail Le montant des salaires est essentiellement fixé lors de négociations tripartites entre le gouvernement (qui reste le principal employeur d’Israël), la Histadrout (Confédération générale des travailleurs) et l’Organisation des employeurs du secteur privé. Cette échelle exerce une grande influence sur tous les secteurs économiques du pays.

La majorité des secteurs de l’économie israélienne est représentée par ces syndicats : agro-alimentaire, textile, hôtellerie et tourisme, industries, fonctionnaires du secteur public, techniciens, infirmières, retraités, etc. Cer taines professions sont représentées par des syndicats indépendants : les médecins, les ingénieurs, les enseignants, les universitaires et les journalistes. La Histadrout a perdu de son influence et de sa puissance du fait qu’un nombre croissant de travailleurs sont employés sur la base de contrats personnels ou par des sociétés de travail intérimaire.

Les accords signés entre les parties constituent une référence pour le montant des salaires dans tous les secteurs (avec des ajustements occasionnels) et définissent également le montant des indexations au coût de la vie venant compenser l’inflation. C’est la raison pour laquelle l’échelle des salaires est relativement rigide, surtout pour les échelons les plus bas. Les vagues de chômage


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ne portent pas une atteinte sérieuse au montant des salaires ; en revanche, lorsque l’offre d’emplois dépasse la demande, les salaires augmentent avec plus d’élasticité. En juin 2006, le salaire mensuel moyen atteignait 7759 shekels (soit 1843 dollars US). Les conditions de travail des employés de tous les secteurs économiques du pays sont établies par des conventions collectives négociées entre patronat et employés. Les normes fondamentales sont fixées par la loi : un maximum de 47 heures de travail par semaine (une moyenne de 40 heures en 2006 dans le secteur commercial) ; salaire minimum de 3585 shekels, soit 780 dollars US en 2006, et 3785 shekels début 2008 ; heures supplémentaires, indemnités de licenciement, congé payé et congé maladie.


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SECTEURS ÉCONOMIQUES Industrie Israël est de nos jours un pays industrialisé dont la majorité des activités de production sont basées sur des technologies sophistiquées, sur des équipements et des outils de pointe, résultats d’un développement particulièrement rapide et intensif. Le secteur industriel, aujourd’hui dynamique et diversifié, a son origine dans de petits ateliers créés à la fin du XIXe siècle pour fabriquer des outils agricoles et traiter les produits fermiers. Deux facteurs ont stimulé la transformation de ces ateliers en usines modernes : d’une part l’immigration d’entrepreneurs et d’ingénieurs allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, d’autre part la demande des forces alliées stationnées dans la région, notamment en vêtements et conserves. Jusqu’aux années 70, les industries traditionnelles telles qu’agro-alimentaires, textiles et mode, mobilier, fertilisants, pesticides, produits pharmaceutiques et chimiques, caoutchouc, plastiques et métaux constituaient l’essentiel du secteur industriel. A cette époque, la plupart des ressources étaient orientées vers le développement de l’agriculture, la mise en place d’infrastructures et la garantie de l’emploi à de nombreux immigrants non qualifiés.


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L’étape suivante d’industrialisation a été focalisée sur le développement et la fabrication des armements indispensables à la défense du pays. Cette étape s’est trouvée accélérée par l’embargo sur les livraisons d’armes qui mettait en danger le jeune Etat. Les grands investissements dans l’aviation et les industries militaires ont permis la mise au point de nouvelles technologies appelées à devenir la base des industries de pointe d’Israël, entre autres les équipements médicaux, l’électronique, les logiciels et matériels et les télécommunications. Dans les années 80, des Israéliens de retour de la Silicon Valley ouvrirent des centres de développement de grandes multinationales, notamment Intel, Microsoft et IBM. Au cours des années 90, l’immigration massive en Israël de chercheurs, d’ingénieurs, de techniciens et de personnel médical en provenance de l’ex-Union soviétique apporta une contribution remarquable à la sophistication du secteur industriel local et boosta les exportations industrielles du pays. En raison du haut niveau de la main-d’œuvre locale et du manque de matières premières, le secteur industriel a dû se spécialiser dans des produits à haute valeur ajoutée, reposant sur la créativité scientifique et l’innovation technologique d’Israël.


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Principaux indicateurs économiques par branches (2006) (en pourcentage)

Industrie

MainExporta- InvestissePNB d'œuvre tions ments 21,6 18 74 35

Agriculture

2,5

1,7

3

3

Bâtiment

7,1

5

1

3

Transports & communications

10,2 6,8

8

32

24

13

-

14

Branche

31,1 35 Services commerciaux, financiers & privés Services publics

25

34

Source : Bureau central des Statistiques A la différence de la plupart des économies développées dans lesquelles le nombre de personnes employées dans l’industrie a stagné ou diminué au début des années 1990, leur nombre s’est accru en Israël pour atteindre les 26 % en 1996, soit davantage qu’au début de la décennie, mais n’a pas augmenté depuis. Le taux de croissance de la production industrielle d’Israël, 51,3 % de 1990 à 1996, était le deuxième des économies développées, après la Corée du Sud. A la différence de la plupart des économies de pays


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développés où le nombre de personnes employées dans le secteur industriel est resté stable ou a diminué au début des années 90, leur nombre a continué d’augmenter en Israël. En 2004, Israël recensait 13 000 usines. En 2005, les entreprises industrielles employaient 413 000 personnes (dont un pourcentage de diplômés de l’enseignement supérieur qui ne se retrouve qu’aux Etats-Unis et aux Pays-Bas) et ont réalisé une production de quelque 58 milliards de dollars dont plus de la moitié a été exportée. En 2006, le taux de croissance industriel d’Israël atteignait la deuxième place mondiale, après la Corée du Sud. Industries de pointe Les taux de croissance les plus élevés (en moyenne 8 % par an, ces dernières années) ont été enregistrés dans les secteurs des hautes technologies requérant d’importants investissements de capitaux et de R&D (recherchedéveloppement, secteur auquel Israël consacre 4,4 % de son PIB, soit, de loin, le taux le plus élevé du monde). La qualité de la R&D en Israël se classe parmi les premières du monde selon les experts de l’ONU. Les instituts universitaires de recherche fournissent une part importante des fonds de capital-risque et de la R&D fondamentale. L’essor des industries de technologie de pointe se traduit par les chiffres suivants : en 1965, elles ne représentaient que 37 % de la production industrielle ; ce taux est passé à 58 % en 1985 et environ 70 % en 2006.


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Environ 80 % des produits high-tech sont exportés, contre 40 % seulement des produits low-tech. Les exportations de produits high-tech ont quadruplé, passant de 3 milliards de dollars en 1991 à 12, 3 milliards en 2000 et 29 milliards en 2006 (outre 5,9 milliards de services high-tech exportés). La récession économique de 2001 et 2002 s’est fait sentir dans ce domaine, mais a connu une croissance positive dès 2003. En 2006, la production d’ICT (technologies de l’information et des communications) a atteint les 24 milliards de dollars, soit 17 % du PIB ; elle employait 185 000 personnes et ses exportations se montaient à 16 milliards de dollars. Plus de 90% des budgets publics de la R&D (7 milliards de dollars en 2006) sont alloués aux industries de pointe, dont une grande partie est acheminée par des fonds conjoints. Ces dernières années, le gouvernement recueille les dividendes substantiels de ses parts dans ces fonds, qui dépassent de loin les remboursements des prêts accordés aux entreprises débutantes prometteuses. Outre les six fondations binationales mentionnées plus haut, Israël a également conclu des accords pour le financement conjoint de projets de R&D avec l’Italie, la Belgique, l’Autriche, la France, la Suède, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne, l’Inde, la Turquie, Hong Kong, la Chine, le Canada et les Etats-Unis. L’ère de la technologie de l’information (l’internet, le


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commerce électronique, etc.) a placé l’économie d’Israël, et notamment ses industries de technologie de pointe, à l’avant-garde dans le monde. Un certain nombre de compagnies israéliennes connues dans le monde entier ont été achetées par des grands conglomérats dans le cadre de transactions portant sur plusieurs milliards de dollars. Le nombre de nouvelles entreprises est très élevé du fait des exceptionnels talents d’innovation du pays associés à la présence d’une main-d’œuvre hautement qualifiée. La présence de plus en plus soutenue d’entreprises israéliennes à Wall Street et dans les bourses européennes est une autre manifestation de l’intérêt suscité par l’industrie des technologies de pointe israélienne. L’industrie du diamant L‘industrie israélienne du diamant, leader mondial en matière de polissage et de commercialisation, s‘est acquis une réputation internationale de qualité et de fiabilité. Elle est également un leader mondial en matière de technologies de taille qui garantissent la meilleure exploitation des diamants bruts. Ses prix sont compétitifs sur les marchés internationaux. La Bourse israélienne du diamant est la plus grande au monde et fait un usage rationnel de ses équipements afin de satisfaire les besoins des acheteurs sous un même toit.


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En 2006, les exportations de diamants ont atteint 13 milliards de dollars, les Etats-Unis étant le principal acheteur (63 %) suivis par Hong Kong (14 %) et la Suisse (11 %). Israël produit la majeure partie des petites pierres polies, soit la plupart des pierres utilisées en joaillerie. Son industrie assure le polissage de 40 % des diamants de toutes tailles et formes, faisant ainsi d‘Israël le centre mondial du polissage de diamants, tant pour la production que pour la commercialisation. Agriculture Basé sur un système de production devant se mesurer à la rareté des ressources naturelles en terres arables et en eau, l’essor constant du secteur agricole israélien est le résultat de l’étroite collaboration entre les exploitants et les chercheurs financés par le gouvernement qui ont réussi à mettre au point et à appliquer des méthodes sophistiquées dans toutes les branches agricoles, ainsi que des technologies de pointe, de nouvelles techniques d’irrigation et un équipement agromécanique novateur. Autant de performances réalisées pour leur plus grande partie en zones désertiques et semi-désertiques qui sont mises à la disposition des pays en développement dans le monde. La coopération étroite nouée entre la recherche et le secteur agro-alimentaire se traduit par le développement d’un marché orienté vers l’exportation, partout dans le


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monde, de solutions agro-technologiques, en particulier de techniques d’irrigation. L’agriculture israélienne est l’histoire de la réussite d’un long et pénible combat contre des conditions défavorables. C’est aussi la réussite de l’utilisation maximale de faibles ressources en terres arables et en eau (notamment les usines modernes de dessalement, le savoir-faire exporté avec succès). Lorsque les juifs ont commencé à repeupler leur patrie historique à la fin du XIXe siècle, leurs premiers efforts portèrent - principalement pour des raisons idéologiques - sur la transformation de terres en friche en champs fertiles. Depuis l’accession d’Israël à l’indépendance en 1948, la superficie totale cultivée a augmenté environ 2,6 fois, atteignant 440 000 hectares et celle des terres irriguées de 8 fois pour atteindre 240 000 hectares, jusqu’au milieu des années 80. Cependant, par suite de la pénurie d’eau de plus en plus importante et du processus d’urbanisation, ce chiffre a été ramené à moins de 250 000 hectares. Au cours des cinquante dernières années, le nombre des localités agricoles est passé de 400 à 750 et la proportion de la population rurale a diminué de 12 % à moins de 5 %. Aujourd’hui, Israël est en mesure d’assurer la production de la plupart des aliments qu’il consomme et les importations ne portent que sur des céréales, oléagineux, viande,


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café, cacao et sucre dont l’achat est largement financé par les exportations agricoles. La production agricole israélienne consiste surtout en produits laitiers et en volailles, ainsi qu’en une grande variété de fleurs, fruits et légumes. Pendant les mois d’hiver, Israël est la serre de l’Europe, exportant des roses à longue tige, des œillets, des melons, des tomates, concombres, poivrons, fraises, kiwis, mangues, avocats et toutes sortes d’agrumes. Entre 1950 et 2006, la part de la production agricole dans le PNB est passée de 11 % à 1,5 %, tandis que les exportations agricoles passaient de 60 % à moins de 2 % du total des exportations, malgré leur accroissement en valeur absolue, de 20 millions de dollars en 1950 à 1 milliard de dollars en 2006, dû entre autres, à l’introduction de méthodes novatrices de culture, d’irrigation et de technologies de traitement des eaux, ainsi qu’à une politique agricole orientée vers l’exportation. Le bâtiment Dans les premières années de l’Etat, la construction de logements représentait 84 % de l’ensemble des chantiers. Par la suite, ce pourcentage a varié entre 70 et 75 %, jusqu’à 1991, date à laquelle il est remonté à 86 % afin de répondre à la demande suscitée par des vagues répétées d’immigration. Le secteur de la construction a ainsi connu un essor marqué en 1991, année où le nombre d’unités de logement construites a atteint un


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sommet de 83 500. Depuis lors, ce chiffre a constamment décliné pour atteindre 29 000 en 2004. Le nombre record d’appartements neufs s’élevait à 70 100 en 1992 avant de décliner à 31 700 en 2005. Considéré dans le passé comme un secteur économique dominant et comme un baromètre de l’économie, le bâtiment n’a contribué qu’à 5 % du PNB en 2006, contre 30 % en 1950. Alors qu’au départ, presque tous les chantiers résultaient d’une initiative gouvernementale et bénéficiaient d’investissements publics, entre 1958 et 1989, leur pourcentage a progressivement diminué, passant de 67 % à 16 %. Au début des années 1990, il a de nouveau augmenté temporairement, lorsque le secteur privé ne pouvait faire face à la demande induite par l’afflux soudain de centaines de milliers d’immigrants. Ces dernières années, l’élévation générale du niveau de vie en Israël, ainsi que la demande de logements émanant de résidents à l’étranger, se traduit par un phénomène local inédit : l’augmentation des prix des appartement les plus chers et, simultanément, le déclin du prix des logements les moins chers. Les sociétés israéliennes de construction comptent au nombre des leaders mondiaux en matière de design et de manufacture de structures métalliques, de préfabriqués et de composants – portes, fenêtres, équipements sanitaires et de plomberie, accessoires, etc. – qui sont abondamment commercialisés à l’étranger.


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Transports et communications En tant qu’industrie d’infrastructure au service de toutes les autres branches de l’économie et des ménages, le secteur des transports et des communications revêt une importance bien supérieure à la place qu’il occupe dans les statistiques. Il s’agit davantage d’un service que d’un secteur de production et sa croissance – comme dans toutes les économies modernes – est plus rapide que celle des industries proprement dites. Ces dernières années, la part de l’aviation a connu un essor remarquable (grâce au développement concomitant du tourisme), mais le développement du secteur des communications a été encore plus rapide. Contribuant à plus de 7 % du PNB en 2006, le secteur des transports et des communications constitue quelque 8 % des exportations de biens et services et emploie 5 % de la main-d’œuvre du pays. 36% de ses activités portent sur les transports routiers, 20 % sur les transports maritimes et aériens, 39 % sur les communications et le reste sur divers services. Depuis le début des années 1950, le tonnage brut total de la marine marchande a plus que décuplé, tandis que les compagnies aériennes transportent actuellement cent fois plus de passagers. Durant la même période, la longueur des routes a doublé, le nombre d’autobus a plus que triplé et celui des camions a décuplé.


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Venelles du vieux Jaffa • Ministère du Tourisme

Tourisme Les touristes sont attirés par la diversité géographique d’Israël, ses sites religieux et archéologiques, son ensoleillement quasi permanent et ses services touristiques modernes sur la Méditerranée, le lac de Tibériade (mer de Galilée), la mer Rouge et la mer Morte. En l’an 2000, Israël a enregistré un nombre record de touristes – 2, 41 millions (contre 33 000 en 1950, 118 000 en 1960, 441 000 en 1970, 1,18 million en 1980 et 1,34 million en 1990). Par suite des circonstances politiques, ce chiffre a chuté à 1,2 million en 2001 pour remonter depuis à 1,84 million en 2006 et quelque 2, 3 en 2007. Environ 57 % des touristes sont originaires d‘Europe, 32 % des Amériques et 8 % d‘Asie. Le tourisme est une source importante de devises étrangères : 2,8 milliards de dollars en 2006, soit 5% du revenu total des exportations et 16,8% des exportations de services.

Jérusalem : prestation d’un orchestre de jazz au quartier de Nahalat Shiv’a • Ministère du Tourisme

Bien que ce secteur ne contribue qu‘à 3 % du PNB, sa valeur ajoutée en devises est de 85 % (qui lui assure la première place à cet égard parmi les industries israéliennes d‘exportation) et il emploie environ 80 000 personnes. Avec


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un potentiel considérable encore loin d‘être entièrement exploité, le tourisme est un élément essentiel des plans de croissance économique d‘Israël.



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CULTURE Le théâtre

250

Les variétés

255

Le cinéma

257

La musique

262

La danse

271

La littérature

277

Les arts plastiques

291

Les musées

304

L'archéologie

310

Les médias

315

Les sports

317

Relations culturelles internationales

327


248 | Culture


249

CULTURE Israël est un pays ancien et nouveau, aux dimensions réduites mais doté d'une population hétérogène et culturellement très active. Quatre mille ans de patrimoine juif, plus d'un siècle de sionisme et six décennies d'Etat moderne ont contribué à l'élaboration d'une culture déjà dotée de son identité propre tout en préservant l'apport culturel de 70 communautés différentes. Dans cette société comptant une grande proportion d'immigrants, l'expression créatrice d'Israël a intégré diverses influences culturelles et sociales, mêlant tradition et innovation et aspirant à trouver sa voie entre le particularisme israélien et l'universalisme. La quête constante d'une identité culturelle s'exprime par une créativité dynamique prenant les formes d'art les plus diverses, appréciées par une grande partie de la population comme un élément indissociable de sa vie quotidienne. Dessin de Noam Nadav

)'‫ ג‬:'‫' (דברים ח‬...‫כי לא על הלחם לבדו יחיה האדם‬... ...L'homme ne vit pas seulement de pain... (Deutéronome VIII,3)


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LE THÉÂTRE

Avec l'autorisation du théâtre Khan de Jérusalem

Théâtre Contrairement à la littérature, le théâtre n'existait pas dans la culture hébraïque ancienne, pas plus qu'il n'est issu du théâtre yiddish, si populaire au sein des communautés juives d'Europe orientale avant la Deuxième Guerre mondiale. Il débuta avec la création, à Moscou en 1917, du théâtre Habimah (la scène) sous la direction du metteur en scène russe Constantin Stanislavsky et avec la participation de Hanna Rovina (1892-1980) qui deviendra la « Grande dame » du théâtre hébraïque. En 1931, la troupe s'installe définitivement à Tel-Aviv. Le théâtre israélien est multiforme : contemporain ou classique, autochtone ou importé, expérimental ou traditionnel avec un répertoire, des acteurs, des metteurs en scène et producteurs d'origines diverses mêlant le local à l'étranger et créant ainsi, graduellement, un art véritablement israélien. La scène dramatique israélienne est très active : de nombreuses compagnies à répertoire, d'autres théâtres, ainsi que des dizaines de troupes d'amateurs et régionales parcourent le pays et donnent des représentations devant un public fidèle et nombreux. Ces dernières années, des troupes israéliennes ont effectué


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des tournées en Europe orientale et occidentale et aux Etats-Unis, participé à des festivals internationaux dont celui d'Edimbourg et de Berlin, et se sont produites dans de grands théâtres d'Europe et des Etats-Unis. Quelques troupes semi-professionnelles et d'amateurs donnent des représentations en anglais et en russe. Les principaux auteurs dramatiques, dont certains jouissent d'une grande réputation à l'étranger, sont les regrettés Hanoch Levine et Ephraïm Kishon, ainsi que Yehoshoua Sobol et Hillel Mittelpunkt. Les troupes professionnelles se trouvent dans les quatre villes principales du pays. Habimah, théâtre national, dispose à Tel-Aviv d'un ensemble de trois salles (totalisant 1520 places) avec un taux de fréquentation de près de 90 %, notamment grâce à ses 30 000 abonnements annuels. Son répertoire comprend des pièces traditionnelles à sujets juifs, des œuvres d'auteurs israéliens contemporains et des traductions de classiques, drames et comédies, dont les mises en scène sont souvent signées par de célèbres metteurs en scène étrangers. Le Caméri, théâtre municipal de Tel-Aviv depuis 1970, a été le premier à présenter une image réaliste de la vie israélienne et a contribué au développement de la création dramatique hébraïque par un répertoire vivant comprenant des drames israéliens originaux et des adaptations de grands succès étrangers, classiques et modernes. Dans ses nouveaux locaux ultramodernes comprenant quatre


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salles, le Cameri est situé près du Centre des arts de la scène de Tel-Aviv. La production de Hamlet dont le rôle principal a été interprété par Itaï Tiran a été accueillie avec enthousiasme en Israël comme à l'étranger, notamment au Festival de Washington, et au Centre Kennedy des arts de la scène. Le Théâtre municipal de Haïfa est un théâtre de répertoire présentant des productions israéliennes et étrangères, classiques et modernes. Le Théâtre de Beershéva est un théâtre de répertoire présentant des œuvres originales contemporaines, ainsi que des pièces étrangères classiques et modernes en traduction. Le Théâtre Beit Leissin de Tel-Aviv a pour répertoire des pièces israéliennes ainsi que des œuvres étrangères contemporaines traduites. Le Théâtre arabe est un théâtre professionnel en arabe destiné aux adultes, présentant des pièces originales en provenance des pays arabes ainsi que des œuvres contemporaines traduites. Le Théâtre Beit Haguefen, destiné aux enfants et aux adolescents arabophones, présente des pièces contemporaines originales ainsi que des productions en provenance de l'étranger.


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Le Théâtre du Khan, seul théâtre de répertoire de Jérusalem, offre une combinaison d'œuvres classiques et modernes dans une salle unique en son genre installée dans un ancien caravansérail turc restauré. Le Théâtre Guesher, fondé en 1991 pour et par de nouveaux immigrants originaires de l'ex-Union soviétique, a commencé par donner des représentations en russe. Le succès qu'il a remporté et les éloges de la critique l'ont associé au courant central du théâtre israélien avec des pièces en hébreu. Il représente Israël dans de prestigieux festivals du monde entier. Le Théâtre Clipa, a été fondé en 1995 par la danseuse et metteur en scène Idit Herman et par l'acteur et musicien russe Dimitri Tyulpanov dont la troupe présente des spectacles où tous les arts de la scène sont représentés : théâtre, danse, design et musique. La troupe dont les prestations sont le plus souvent muettes, présente deux à quatre productions par an dont la plupart sont limitées dans le temps, voire présentées une seule fois dans un site exclusif. Le Théâtre pour enfants et adolescents présente des spectacles pour trois groupes d'âge différents dans les écoles et centres culturels du pays, organise des cours de théâtre et d'art dramatique et forme des instructeurs pour les studios et ateliers de théâtre du réseau scolaire. Le Festival d'Acco est un festival de théâtre alternatif où sont


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Représentation du théâtre du Train • E. Sklar

jouées en première des pièces israéliennes expérimentales. C'est un concours de spectacles présentés en intérieur ou en extérieur, ainsi que de théâtre de rue et de pièces internationales. Le Festival de théâtre pour enfants se déroule à Haïfa. Il propose aux enfants des pièces nouvelles, ainsi qu'un concours et des œuvres d'artistes internationaux invités.

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Le Théâtre du Train installé à Jérusalem en 1981, est un théâtre de marionnettes. Il propose une vaste gamme de productions pour enfants, des séances de conteurs pour les tout-petits ainsi que des festivals de rue pour les familles. Il accueille le Festival annuel de théâtre de marionnettes. La formation à toutes les professions liées au théâtre est assurée par les universités de Tel-Aviv et Jérusalem, par l'Ecole des arts du spectacle Beit Zvi (de Ramat Gan), au studio Nissan Nativ de Tel-Aviv et Jérusalem, et à l'Ecole d'art dramatique du Séminaire du kibbouts.

Affiche du Festival international de théâtre de marionnettes à Jérusalem • Avec l'autorisation de Navon Art

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VARIÉTÉS Les spectacles de variétés datent d'avant l'indépendance de l'Etat, avec l'apparition au début des années quarante de groupes tels que « Chizbatron », « Mataté » et « Batsal Yarok », mais c'est seulement dans les années 1960 que ce genre a pris son essor avec la formation de troupes dépendant des divers corps de l'armée israélienne. Parmi les vedettes ayant fait leurs débuts dans ces ensembles pendant leur service militaire : Haïm Topol, Si Hyman, Miri Aloni, Dorit Réuveni et Yardéna Arazi. Les sketches du trio comique “Hagashah hahiver” ont pendant des décennies remporté un succès mérité, et le groupe a été lauréat du Prix d'Israël pour ses prestations.

Rita • Office de presse du gouvernement / A.Ben-Gershom

La télévision et la radio sont les principaux débouchés pour ces talents ; des représentations à succès sont données dans tout le pays par des chanteurs, comédiens, musiciens, groupes musicaux et autres. Certains chanteurs sont depuis des années des vedettes, comme c'est le cas d'Arik Einstein, Shlomo Artzi, Matti Caspi, Rita, Dana International, Corinne Allal, Hava Alberstein, Shalom Hanokh et Yehoudit Ravitz ainsi

L'Ensemble boukharien • Y. Loeff


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que quelques groupes musicaux tels Teapacks, Mashina, Atrax, Etnix et Haverim shel Natasha. Parmi les artistes israéliens les plus connus à l'étranger, il faut citer Doudou Fisher, la regrettée Ofra Haza, Rami Kleinstein, Aviv Guéfen, David Broza, Noa (Ahinoam Nini). En 1998, Dana International a remporté le concours de l'Eurovision avec sa chanson “Diva” classée au 14ème rang des meilleures chansons de l'Eurovision ; elle a récemment publié son onzième album. Les grandes comédies musicales, comme Les Misérables ou The Sound of Music (“La mélodie du bonheur”) traduites en hébreu et très populaires dans les années 1970 ont été reprises dernièrement avec beaucoup de succès. Un nouveau genre musical méditerranéen qui a beaucoup gagné en popularité est marqué par les influences grecque et arabe. Il a pour vedettes Yehuda Poliker, Haïm Moshé, Elie Louzon, Shimi Tavori, Boaz Sharabi, Sarit Hadad, Avihou Médina, Margalit Tsa'anani, Zehava Ben, Ofer Lévy et, plus récemment, Eyal Golan, Amir Benayoun et Miri Messika. Une nouvelle génération de chansonniers satiriques, tels Eli Yatzpan et Adi Ashkenazi, attirent un public de plus en plus large.


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LE CINÉMA

Au cours des six dernières années, la production cinématographique israélienne a fait un bon en avant impressionnant avec des films au succès mérité, tels “Campfire” de Yossi Cedar traitant d’une famille religieuse aux convictions sionistes vivant à Jérusalem dans les

Avec l’autorisation de l’école Ma’aleh de télévision et d’art

L’industrie cinématographique d’Israël a subi bien des changements depuis ses débuts dans les années 50. Alors que les premiers films produits et mis en scène par des Israéliens tels : « La Colline 24 ne répond plus » et « Ils étaient dix » reflétaient, comme la littérature, l’esprit héroïque de l’époque, les films plus récents sont solidement ancrés dans le vécu israélien et ont pour sujets les survivants de la Shoah et leurs enfants (“L’été d’Aviya” de Guila Almagor et sa suite “Sous l’arbre Domim”), les affres de l’intégration des immigrants (“Sh’hour” de Hanna Azoulaï et Shmouel Hasfari, “Café-citron” de Léonid Gorivets). D’autres, reflétant un courant plus marqué par l’actualité israélienne, présentent les affrontements entre Israël et les Arabes (“Derrière les barreaux” d’Ouri Barabash) ou le contexte universaliste, quelque peu aliéné et hédoniste de la société israélienne (“Le chant de la sirène”, “La vie selon Agfa”, “Histoires de Tel-Aviv”).


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années 80 qui lutte pour retrouver sa dynamique après la mort du père ; “Broken Wings” de Nir Bergman qui traite également d’un deuil durement ressenti et a été lauréat d’un prix prestigieux ; “Turn left at the end of the World” sur des amitiés improbables dans une petite localité peuplée d’immigrants ; “Aviva mon amour” qui a été primé une dizaine de fois en Israël, à Shanghaï et à Tokyo. Parmi les réalisateurs israéliens les plus réputés : Eytan Fox dont “The Bubble” explore la vie actuelle à Tel-Aviv sur fond de conflit israélo-arabe ; “Yossi and Jagger” traite des relations homosexuelles au sein de Tsahal ; “Tu marcheras sur l’eau” qui lui a valu une notoriété internationale. Fox a également été le réalisateur de la série télévisée “Florentine” en 1997 traitant de jeunes israéliens désabusés après l’assassinat de Rabin. Les exportations dans ce domaine sont en expansion constante et de plus en plus de films israéliens remportent un succès notoire à l’étranger tandis que le nombre de coproductions tournées sur place ne cesse d’augmenter. Le Centre du Cinéma, dépendant du ministère de l’Industrie et du Commerce, encourage la production de films en Israël par des producteurs étrangers et locaux et assure une large gamme de services allant de l’organisation de contacts professionnels à l’octroi de subventions. En 2007 les films israéliens ont remporté plus de prix que jamais. Yossi Cedar a remporté celui de “meilleur réalisateur” ainsi que onze récompenses au Festival de Berlin pour “Beaufort” traitant de la Première Guerre du Liban. Ce film a compté au


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Affiche du film israélien "Beaufort", sélectionné pour les Oscars du meilleur film étranger • Communiquée par les producteurs du film


Avec l’autorisation de l’école Ma’aleh de télévision et d’art

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nombre des cinq premiers longs métrages nominés aux Oscars dans la catégorie des films étrangers par l’Académie des arts et des sciences cinématographiques de Los Angeles. Le réalisateur Dror Shaul a remporté le premier prix au festival du film de Sundance (Utah) des films étrangers. La production de David Volach “My Father, My Lord” sur les vacances d’une famille ultra-orthodoxe a obtenu le premier prix à Tribeca, et “Jellyfish” (“Méduses”) réalisé par le romancier Etgar Keret et Shira Geffen a reçu le Caméra d’Or du festival de Cannes. Autres succès : “La visite de la fanfare” d’Eran Kolirin sur les péripéties d’une fanfare de la police égyptienne en visite en Israël dont les membres vivent des expériences plutôt inattendues, film qui a remporté trois prix à Cannes : le prix de la critique internationale, le prix de la jeunesse et le prix Coup de cœur. Au 58ème Festival de Cannes (2005), l’actrice israélienne Hanna Laslo a été (2005) lauréate du prix de la meilleure actrice pour sa prestation dans le film “Free Zone” du réalisateur israélien Amos Gitaï. D’autres productions et réalisateurs israéliens ont également remporté de prestigieux prix internationaux au cours des dernières années. Récemment rénovée, la Cinémathèque de Jérusalem recense


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un fonds de plusieurs milliers de films, une bibliothèque, des salles de projection et un hall d’exposition. Elle donne des séances régulières, souvent sur des cycles thématiques en collaboration avec des ambassades, des institutions culturelles et les organisations civiques et, si possible, la participation de scénaristes, de réalisateurs et d’acteurs. Depuis 1984, elle organise un festival annuel du cinéma, sans compétition, présentant des films et vidéos de qualité du monde entier. Ses cours pour adultes sont très fréquentés et les programmes destinés aux écoliers de Jérusalem encouragent l’analyse critique de ce média si populaire. Des branches de la Cinémathèque fonctionnent à Tel-Aviv et dans la petite ville de Roch-Pina en Galilée. Les cinémas d’essai, également très populaires en Israël, fonctionnent sous l’égide de la chaîne Lev. Le Festival du film organisé tous les ans par les cinémathèques de Jérusalem, Haïfa, Sderot, ainsi que des festivals du film israélien à l’étranger apportent une contribution considérable à la promotion et à la diffusion de la production cinématographique israélienne. Les Archives cinématographiques Spielberg situées à l’Université hébraïque de Jérusalem, abritent la plus grande collection au monde de matériel cinématographique sur des thèmes juifs et israéliens. Gérées conjointement par l’Université et les Archives sionistes, elles recueillent, conservent et classent les films juifs qu’elles mettent à la disposition de chercheurs, auteurs de cinéma et télévision et producteurs du monde entier.


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LA MUSIQUE La musique a commencé à occuper une place importante dans la vie culturelle de la communauté juive de Palestine (Terre d'Israël) après la Première Guerre mondiale ; de nombreux amateurs et un petit groupe de musiciens tentent alors, à diverses reprises, de créer un orchestre symphonique, une chorale et même une troupe d'opéra. Mais c'est vers les années 30 seulement que la musique atteint un niveau professionnel avec l'arrivée dans le pays de centaines de musiciens, professeurs et étudiants, compositeurs et chanteurs ainsi que de milliers de mélomanes fuyant la menace nazie en Europe. L'Orchestre philharmonique de Palestine (aujourd'hui Orchestre philharmonique d'Israël), fondé sur l'initiative du célèbre violoniste d'origine polonaise Bronislaw Huberman, donne son premier concert à Tel-Aviv, en 1936, sous la conduite d'Arturo Toscanini. Il devient immédiatement l'un des pivots de la vie musicale du pays et atteint rapidement L'Orchestre philharmonique d'Israël • Avec l'autorisation de l'Orchestre philharmonique d'Israël


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une renommée internationale. Peu après, est créé l'orchestre de la radio (aujourd'hui Orchestre symphonique de Jérusalem) dont les concerts radiodiffusés attirent des dizaines de milliers d'auditeurs. D'autres ensembles musicaux voient ensuite le jour dont l'Orchestre de chambre d'Israël, le Sinfonietta de Beershéva, les orchestres de Haïfa, Netanya, Holon, Ramat Gan et Rishon Letsion, ainsi que l'Orchestre du kibboutz d'Israël, dont les membres proviennent de divers kibboutzim. Vers la fin des années 1980, le Nouvel Opéra d'Israël commence à monter des spectacles d'un niveau professionnel très élevé et renouvelle l'enthousiasme du public pour ce genre musical qui avait décliné quelques années auparavant, après la dissolution de la première troupe permanente. Dans les années 1990, la vie musicale d'Israël subit une véritable transformation avec l'arrivée massive de plus d'un million d'immigrants originaires de l'ex-Union soviétique. Cette vague d'immigration apporte au pays un nombre important de musiciens professionnels, chanteurs et professeurs de musique dont l'impact se fait immédiatement sentir par la création de nouveaux orchestres symphoniques, formations de musique de chambre et de petits ensembles musicaux, et d'une manière générale par l'injection dynamique de talents et de vitalité


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musicale dans les cadres éducatifs, écoles, conservatoires et centres communautaires de tout le pays. La musique de chambre, appréciée en Terre d'Israël dès les années 30, s'enrichit d'un nombre important d'ensembles de réputation internationale et de groupes choraux qui se multiplient avec l'immigration des années 90. Parmi les plus importants citons : le Camerata d'Israël, l'Orchestre de chambre des Forces de Défense d'Israël et le Camerata Kashtaniot de Ramat HaSharon. De nombreuses villes et localités possèdent leurs propres chorales et de nombreux festivals sont consacrés à la musique chorale : “Liturgica” à Jérusalem, les concerts de musique vocale dans les églises d'Abou Gosh et le festival Zimriya qui attire des chœurs du monde entier. Des manifestations musicales, récitals et concerts symphoniques proposant une grande variété d'œuvres classiques sont souvent organisés dans des sites historiques tels que les amphithéâtres romains restaurés de Césarée et Beit Shean et les deux grandes salles de concerts : l'Auditorium Mann à Tel Aviv et le Palais des congrès à Jérusalem. D'autres, de moindre importance, ont lieu au nouveau Théâtre de Jérusalem, au nouveau Centre des Arts de la scène de Tel-Aviv, dans les musées de Jérusalem et de Tel-Aviv ainsi que dans les centres communautaires de petites villes et les kibboutzim. Le public de ces concerts manifeste volontiers son


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enthousiasme, qualité très appréciée par les solistes israéliens de réputation mondiale tels que Pinhas Zuckerman, Shlomo Mintz, Daniel Barenboïm et Yitzhak Perlman, et les nombreux musiciens étrangers régulièrement invités en Israël. Parmi les événements musicaux d'importance mondiale qui se déroulent en Israël, citons le Concours international de harpe et le Concours international de piano au nom d'Arthur Rubinstein. Les festivals locaux les plus importants sont le Festival de musique du kibboutz Ein Guev, le Festival de musique de chambre du kibboutz Kfar Blum et le Festival de jazz de la mer Rouge à Eilat qui attirent un public fidèle. Le Festival d'Israël qui offre de la musique, du théâtre et de la danse par des compagnies célèbres venant de l'étranger, transforme chaque printemps Jérusalem en un centre d'attraction. La création d'une musique spécifiquement israélienne a évolué depuis le début de la composition professionnelle dans les années 40. Si l'influence des traditions musicales russes et françaises, des romantiques allemands et des post-romantiques ainsi que des compositeurs européens plus récents était alors notoire, on constate aujourd'hui en Israël de nouvelles expressions de style dit « méditerranéen » conjuguant des mélodies traditionnelles d'Europe orientale et des cantilations de prières juives traditionnelles. La première génération de compositeurs israéliens, tous natifs d'Europe, s'est efforcée d'inventer un nouveau


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langage musical après son immigration. C'est le cas de Paul Ben-Haïm qui se servit d'amples tonalités pour créer un style post-expressionniste combinant l'ancien et le moderne, l'Orient et l'Occident ; Oedon Partos voyait dans l'assimilation du folklore authentique sa méthode de composition ; Alexander Ouriah Boscovitch exploitait des formes populaires d'expression comme matériau de construction musicale ; Yossef Tal introduisit la composition électronique en Israël et Mordekhaï Seter se spécialisa dans l'intégration de rythmes et de mélodies yéménites dans ses œuvres. La seconde génération, formée surtout d'élèves directs ou indirects de la première, a tenté une expression musicale intégrant la langue hébraïque, avec ses consonances et ses intonations, ses liens avec la liturgie et la tradition juives et son insertion dans le monde oriental. Le troisième groupe, plus récent, manifeste le désir de participer à une composition internationale dénuée d'influences strictement nationales, de traduire par la musique le traumatisme de la Shoah et d'abattre les barrières (comme le fait Yehuda Poliker) afin de mêler les traditions orientales et occidentales en incorporant certaines innovations provenant de genres musicaux populaires. Les jeunes Israéliens de talent commencent leur carrière par la fréquentation de l'un des nombreux conservatoires


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du pays ou en suivant des cours de professeurs privés qui se comptent par centaines ; nombre d'entre eux acquièrent de l'expérience en se joignant à des orchestres de jeunes. Les études supérieures se déroulent dans les académies de musique et danse de Jérusalem et Tel-Aviv. Des “Master classes” destinés à des chanteurs, musiciens et ensembles de musique de chambre sont fréquemment dispensées par des virtuoses étrangers dans les académies ou au Centre de musique de Jérusalem. L'éducation et la recherche dans les institutions d'études supérieures ont débuté dans les années 60 avec la création de la chaire de musicologie Arthur Rubinstein à l'Université hébraïque de Jérusalem. Depuis, des départements de musicologie ont été ouverts dans les universités Bar Ilan et de Tel-Aviv. Ils proposent deux domaines principaux de spécialisation : la musique juive et celle des diverses communautés ethniques du pays, en particulier la musique des communautés séfarades et orientales. Les premiers pionniers avaient apporté leurs chansons avec eux et les ont traduites en hébreu ou y ont inséré de nouveaux mots hébraïques sur les mélodies qu'ils aimaient. Depuis, des milliers de chansons ont été écrites dont les mélodies incorporent des éléments musicaux introduits par les diverses vagues d'immigration et allant des mélopées arabes et yéménites au pop et au rock modernes, adaptés parfois à des textes bibliques et traditionnels ou à des textes de poètes et paroliers israéliens.


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Aux confins des chants Aux confins des chants les rires et les pleurs voix humaines, étoiles du temps. Le soleil et la mer le pain et la terre, amertume et douceur ce qui fut, nous le laisserons vivre à travers les chansons. Paroles : Natan Yonatan Traduction : Colette Salem - Quality Translations (QT)

S'il est difficile de définir la chanson hébraïque typique, les Israéliens savent faire la différence entre les chansons écrites en hébreu sur des thèmes et dans des styles divers et les « chansons hébraïques » dont les mots expriment les voix, les valeurs et l'esprit du pays et dont les mélodies sont surtout d'influence slave. Accompagnant les principaux événements de la vie nationale du peuple juif depuis près d'un siècle, ces chansons conservent le souvenir des rêves, drames et espérances de la nation. Exprimant, comme toutes les chansons populaires, des sentiments universels, elles y ajoutent un caractère très israélien comme l'amour du pays et de ses paysages. Ce sont des chansons que tout le monde connaît et qui sont devenues partie intégrante du patrimoine culturel national.

Chant de la paix Laissez le soleil se lever, la lumière rayonner : la plus pure des prières ne nous ramènera guère celui dont la flamme est morte et qu'en terre l'on porte, nul sanglot ne le réveillera ni ne le ramènera.

Les Israéliens aiment chanter leurs chansons, qu'elles datent de la période pré-étatique ou soient de composition récente. Des séances de chant en commun ont lieu dans des salles publiques ou des résidences privées, dans les réfectoires des kibboutsim et les centres communautaires, durant des excursions et autour de feux de camp, souvent sous la direction d'un professionnel s'accompagnant


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au piano, à l'accordéon ou la guitare. La participation à ces séances crée un sens profond de communauté auquel contribuent les sentiments patriotiques, la nostalgie de l'époque des pionniers et de la lutte pour l'indépendance, les guerres gagnées, le souvenir des camarades tombés et des vagues d'espoir et d'amour. Musique contemporaine La musique israélienne contemporaine est extrêmement variée et volontiers audacieuse. C'est, entre autres, le cas du groupe de hip-hop Hadag Nahash qui, par le biais de sa musique, critique avec cynisme la politique. L'un des succès de ce groupe s'intitule “Shirat hasticker” (ou chanson de l'autocollant) dont les paroles ont été écrites avec la collaboration du romancier israélien David Grossman. Les paroles de cette chanson sont un amalgame des slogans collés en Israël sur les pare-chocs des voitures, et juxtaposés pour créer un portrait virulent, ironique, voire absurde, de la vie israélienne. D'autres ensembles, tel celui du Projet Idan Raichel, conjuguent le patrimoine musical éthiopien et des influences du soul moyen-

Nul de nous ne reviendra du fonds des ténèbres. Rien n'y fera, ni l'ivresse des victoires, ni les hymnes de gloire. Aussi, chantez la paix, ne chuchotez pas de prières ! Chantez plutôt la paix en une clameur fière… Laissez le soleil pénétrer à travers les haies, ne regardez pas en arrière, laissez ceux d'hier. Visez l'espoir possible plutôt que la cible, chantez l'amour ici-bas plutôt que les combats. Ne dites pas un jour viendra Faites-le advenir, il le faudra, Et en tout lieu à jamais C'est la paix qu'il faut clamer. Musique : Yaïr Rosenblum Paroles : Yaacov Rotblit Traduction : Colette Salem - Quality Translations (QT)


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orientales et de la liturgie juive. Des orchestres comme Teapacks, Mashina ou Knesiat Hasekhel, ainsi que les chanteurs populaires Ehud Banaï, Slhomo Artzi ou Sarit Hadad constituent à l'heure actuelle le courant dominant de la scène musicale israélienne. De nombreux nouveaux venus sur la scène pop locale ont percé grâce à l'émission télévisée Kokhav nolad (Une étoile est née), version locale de l'audimat américain : citons notamment dans cette catégorie : Ninette Tayeb, Harel Moyal et Yehuda Saado. Les traditions yéménites sont manifestes dans les chansons de Boaz Mauda, lauréat de cette émission en 2007.


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LA DANSE Avec l'autorisation de la Compagnie de danse contemporaine du kibboutz

Dans la vie sociale et religieuse du peuple juif la danse est, depuis les temps bibliques, tenue pour une expression de joie ou de tristesse et fait aujourd'hui partie intégrante de bien des célébrations religieuses, nationales, communautaires et familiales. La danse contemporaine s'est orientée vers deux directions : la danse folklorique des premiers temps de la reconstruction de la patrie ancestrale et la création d'un art de la danse, avec des spectacles proposés par des chorégraphes et des danseurs professionnels. La danse artistique a été introduite dans les années 1920 par des professeurs immigrants et des amateurs originaires des centres culturels d'Europe. Après la création de l'Etat, elle a atteint un niveau professionnel élevé grâce à un certain nombre de compagnies d'orientation et de style différents. Il existe aujourd'hui, plus d'une dizaine de grandes compagnies de danse, dont la plupart sont à Tel-Aviv, proposant un répertoire varié en Israël et à l'étranger.


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Avec l'autorisation de la Compagnie de danse contemporaine du kibboutz

Le Ballet d'Israël s'est développé à partir du studio de danse classique créé par ses directeurs artistiques Berta Yampolsky et Hillel Markman. Seule compagnie de ballet classique professionnel du pays, elle présente des œuvres classiques, néo-classiques et modernes créées par Yampolsky, ainsi que des ballets de Balanchine et d'autres chorégraphes étrangers. La Compagnie de danse contemporaine du kibboutz a été fondée en 1970 par Yehudit Arnon, membre du kibboutz Gaaton situé près de la frontière libanaise. D'un groupe de jeunes danseurs amateurs, Y. Arnon a fait l'une des principales compagnies de danse contemporaine d'Israël régulièrement applaudie à l'étranger. Cette compagnie est aujourd'hui identifiée à son chorégraphe et directeur artistique, Rami Beer. Fondée en 1964 par Martha Graham et par la baronne Batsheva de Rothschild, la Compagnie Batsheva se conforma au début aux méthodes de Martha Graham tout en donnant une place privilégiée au ballet. Après plus de quatre décennies d'activités, cette compagnie est devenue l'une des plus éminentes vitrines de la culture israélienne. Elle recense 65 membres, danseurs et personnel technique. Son directeur artistique est à l'heure actuelle Ohad Neharin, et sa chorégraphe Sharon Eyal. A l'instar de nombreuses autres compagnies de danse israéliennes,


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Batsheva procède à la formation de jeunes danseurs et danseuses et propose ses prestations à tous les secteurs de la société israélienne. Cultivant l'innovation, l'expressivité, le dynamisme et l'émotion esthétique, la compagnie est un reflet fidèle de l'énergie du pays. Vertigo, est une troupe de danse moderne fort appréciée, fondée en 1992 par deux danseurs, Noa Wertheim et Adi Sha'al. En tournée dans le monde entier, elle a déjà obtenu plusieurs prix internationaux pour son œuvre. Son répertoire se compose en majeure partie de chorégraphies originales de Wertheim ainsi que de projets innovants menés conjointement avec d'autres artistes. L'école de danse Vertigo à Jérusalem, fondée en 1997, propose des cours de ballet, de danse moderne et d'improvisation tant pour les amateurs que pour les professionnels. La Compagnie de danse Inbal Pinto. La chorégraphe et décoratrice Inbal Pinto est l'une des étoiles montantes de la danse internationale. Nombre de prix ont été décernés à cette ancienne danseuse de la compagnie Batshéva depuis qu'elle a commencé sa carrière de chorégraphe en 1990. En collaboration avec le directeur artistique Avshalom Pollack, Inbal Pinto a créé d'innombrables spectacles de danse tels “Oyster” (huître), représenté avec succès des centaines de fois en Israël et à l'étranger. Le monde de la danse moderne s'est en outre enrichi d'un certain nombre de troupes plus restreintes et de


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chorégraphes indépendants, dont le travail est tenu en haute estime par les amateurs de danse du monde entier. Parmi ces jeunes vedettes, citons Yasmeen Goder, lauréate du Bessie Award en 2001 à New York et de nombreux prix en Israël dont l'expression artistique rehausse la plastique féminine, notamment dans “Two Playful Pink” représenté partout dans le monde. Autres stars de la danse moderne : Emanuel Gat et Renana Raz. Depuis son inauguration en 1989, le Centre de danse et théâtre Suzanne Dellal, dans le quartier rénové de Nevé Tzedek, à Tel Aviv, est devenu le foyer principal des activités de la danse dans le pays. A Tel-Aviv également, la Bibliothèque et les Archives de la danse servent de centre d'étude et de recherche, publient des livres, un Annuaire israélien de la danse “Israel Danse Annual”. La formation des danseurs est assurée par les Académies Rubin de musique et de danse de Jérusalem et Tel-Aviv, et par les studios Bat-Dor de Tel-Aviv et Beershéva, ainsi que par l'École Telma Yellin de Guivatayim et d'autres écoles et studios de danse répartis dans tout le pays. La contribution israélienne à l'éducation du mouvement inclue une méthode due à Moshé Feldenkrais qui est à l'heure actuelle adoptée dans le monde entier, ainsi que le système de notation mis au point par Eshkol-Wachman, l'un des trois systèmes les plus connus de notation de la danse et du mouvement.


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La danse folklorique La danse folklorique israélienne est un amalgame de danses juives et non-juives originaires de diverses parties du monde. Alors que dans d'autres pays, la danse folklorique a surtout pour mission de préserver d'anciennes traditions villageoises, en Israël elle est en plein développement depuis ses débuts dans les années 40. Elle puise son inspiration dans des sources anciennes et modernes, dans des évocations bibliques et des styles contemporains. Les premiers pionniers, passés de la vie urbaine en Europe orientale à une existence rurale dans des cadres collectivistes, ont véhiculé les danses de leurs pays natals qu'ils ont adaptées à leur nouveau milieu. Parmi elles, une danse simple d'origine roumaine dansée main dans la main, la hora, est devenue le symbole de la nouvelle idéologie. L'enthousiasme général a débouché sur la création d'un genre à multiples facettes, caractérisé par un mélange de styles et de sources d'inspiration, incorporant motifs de la diaspora juive et traditions locales, dont la debka arabe, danse d'hommes en rang frappant du pied, des éléments inspirés du jazz nord-américain et des rythmes sud-américains ainsi que des cadences méditerranéennes typiques. La danse folklorique s'exprime aussi bien par la participation individuelle que par les spectacles sur scène. L'enthousiasme du public a suscité l'apparition de moniteurs professionnels,


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et des milliers de personnes consacrent volontiers leurs loisirs à cette activité. Depuis 1988, un festival international de danse folklorique a lieu, pendant trois jours, tous les ans, à Karmiel en Galilée, avec la participation de troupes d'Israël et du monde entier. Accompagnant les danses folkloriques israéliennes et les influençant parfois, sont les danses traditionnelles des divers groupes ethniques qui reflètent à la fois le « Rassemblement des exilés » et la nature pluraliste de la société israélienne. Elles sont perpétuées par des troupes spécialisées dans les danses du Yémen, du Kurdistan, d'Afrique du Nord, d'Inde, de Géorgie, de Boukhara et d'Ethiopie et par des ensembles présentant des danses arabes, druzes et circassiennes.


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LA LITTÉRATURE Prose La prose hébraïque moderne en Terre d'Israël a d'abord été écrite par des auteurs immigrants. Quand bien même leurs racines étaient ancrées dans l'univers et les traditions du judaïsme d'Europe centrale, leurs œuvres traitaient surtout des réalisations dans cette Terre d'Israël où ils étaient venus pour “construire et se construire”. Yossef Haïm Brenner (1881-1921) et Shmouel Yossef Agnon (1888-1970) qui ont introduit la prose hébraïque dans le XXe siècle sont considérés par beaucoup comme les pères de la littérature hébraïque moderne.

‫ג‬ ‫ו‬ ‫ט‬ ‫ל‬ ‫ס‬ ‫צ‬ ‫ש‬

Dans ses efforts pour capter la réalité, Brenner favorisait les formes rabbiniques et médiévales de l'hébreu, créant des termes nouveaux et usant d'une syntaxe audacieuse pour obtenir un effet de discours vivant. Au centre de son œuvre, on trouve son identification avec la lutte physique des pionniers pour prendre pied sur cette terre aride, âpre et si différente des pays européens où ils étaient nés, et le combat, non moins pénible, pour forger l'identité juive en Terre d'Israël.

‫ ב‬ ‫ה‬ ‫ח‬ ‫כ‬ ‫נ‬ ‫פ‬ ‫ר‬

‫ א‬ ‫ ד‬ ‫ ז‬ ‫ י‬ ‫ מ‬ ‫ ע‬ ‫ ק‬ ‫ ת‬

L'alphabet hébreu


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La Semaine du livre hébraïque transforme places et parcs de tout le pays en foires du livre très fréquentées • ALBATROSS

Agnon privilégia dans son œuvre les formes plus modernes de la langue hébraïque. Sa familiarité avec la tradition juive et l'influence des littératures européennes des XIXe et XXe siècles ont contribué à la création d'un monde de fiction traitant des principales préoccupations spirituelles contemporaines, de la désintégration des modes de vie traditionnels, de la perte de la foi et par conséquent de l'identité. Juif orthodoxe, écrivain intuitif et doté d'une perception psychologique profonde, Agnon se complaît dans les aspects obscurs et irrationnels de l'âme humaine et les questionnements intimes des Juifs, croyants ou agnostiques. La réalité, telle qu'il la décrit, présente une atmosphère tragique, parfois grotesque ; la guerre et la


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Shoah influencent son œuvre, l'univers des Juifs pieux y est révélé avec toutes ses passions et tensions. En 1966, Agnon fut lauréat, avec Nelly Sachs, du prix Nobel de littérature. Les écrivains natifs d'Israël qui commencèrent à publier dans les années 40 et 50 - appelés souvent “la génération de la guerre d'Indépendance” - ont introduit dans leur œuvre une mentalité et un climat culturel différents de ceux de leurs prédécesseurs, surtout parce que l'hébreu était leur langue maternelle et que leur vécu était totalement enraciné dans leur pays. Des écrivains comme S. Yizhar, Moshé Shamir, Hanokh Bartov, Haïm Gouri et Binyamin Tammuz oscillaient entre l'individualisme et l'engagement envers l'Etat et la société, offrant un exemple de réalisme social, sur un mode souvent héroïque et marqué par des influences locales et internationales. Au début des années 1960, une nouvelle approche de la prose hébraïque fut le fait d'un groupe de jeunes écrivains dont l'influence sera grande. A.B. Yehoshoua, Amos Oz, Yoram Kaniouk et Yaakov Shabtaï rompent avec les thèmes idéologiques et se préoccupent davantage de l'individu. Dans les deux décennies suivantes, la littérature sera surtout caractérisée par l'expérimentation de nouvelles formes d'expression et de divers styles de prose - réalisme psychologique, allégorie et symbolisme - autant que de scepticisme à l'égard des conventions politiques et sociales du pays.


Avec l'autorisation du Studio Rami & Jacky

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Les années 1980 et 1990 virent une recrudescence d'activité littéraire et le nombre d'ouvrages publiés s'accrut considérablement. Plusieurs écrivains israéliens atteignent alors une notoriété internationale, plus particulièrement Amos Oz, A.B. Yehoshoua, Yoram Kaniouk, Aaron Appelfeld, David Shahar, David Grossman et Méïr Shalev. Cette littérature, ouvrage de trois générations contemporaines, est caractérisée par la conviction que l'œuvre littéraire permet aux lecteurs de mieux se comprendre en tant qu'individus indissociables de leur environnement, tout en évoquant les dilemmes politiques et éthiques du vécu israélien, comme c'est le cas d'Amos Oz, David Grossman et Méir Shalev. De nouveaux efforts de perception de la tragédie de la Shoah en Europe ont donné naissance à des modes originaux d'expression dans l'examen des grandes questions fondamentales qui ne peuvent être abordées que dans une perspective de temps et d'espace intégrant distanciation et engagement (Appelfeld, Grossman, Yehoshoua Kenaz, Alexander et Yonat Sened, Nava Semel et bien d'autres). L'ouvrage de Grossman “Voir ci-dessous amour” qui expose la perspective de Momik, un jeune garçon qui constate dans sa propre famille d'immigrants les séquelles de la Shoah, en est peut-être le meilleur exemple.


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Des thèmes, autrefois ignorés, tels le village arabe (Anton Shammas, écrivain arabe-chrétien et Sayed Kashua, journaliste et écrivain arabe israélien ), le monde juif ultraorthodoxe qui s'écarte délibérément de la société moderne (Yossel Birstein), la vie dans les « cours » hassidiques de Jérusalem (Haïm Béer) et les problèmes des incroyants face à l'écroulement des idéologies laïques et au renforcement du fondamentalisme religieux (Yitzhak Auerbach-Orpaz) sont abordés avec succès. Autre nouveau sujet important que certains auteurs, euxmêmes d'origine séfarade, traitent volontiers : celui de la place des nouveaux immigrants originaires des pays arabes dans la société israélienne où ils se sentent aliénés (Sami Michaël, Albert Suissa, Dan Benaya-Seri). D'autres préfèrent explorer les thèmes universels tels que la démocratie et la justice dans une société soumise à de constants défis dans la plupart des domaines de sa vie nationale (Yitzhak Ben Ner, Yoram Kaniouk, Grossman et Oz). Un nombre important d'écrivaines a émergé qui, outre les thèmes traditionnels, examinent l'univers féminin dans la tradition juive et leur rôle dans le projet sioniste (Amalia Kahana-Carmon, Hanah Bat Shakhar, Shoulamit Haréven, Shoulamit Lapid, Ruth Almog, Savion Leibrecht, Batya Gour). Shoulamit Lapid et Batya Gour se sont engagées dans le roman policier avec les

La foire du livre biennale de Jérusalem • Y. Loeff


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éloges de la critique en Israël et à l'étranger où leurs livres ont été traduits en plusieurs langues.

Bibliothèque municipale • J. Malcolm

Récemment, une génération plus jeune, rejetant la centralité de l'expérience israélienne et reflétant un courant plus universaliste, avec une certaine aliénation, un caractère surréaliste et un tempérament particulier a fait son apparition. Certains des écrivains de ce groupe font presque l'objet d'un culte et leurs ouvrages sont assurés d'une place de choix dans les listes de bestsellers (Yehoudit Katzir, Etgar Keret, Orly Castel-Blum, Gadi Taub, Irit Linor, Mira Maguen). Ces dernières années, les ouvrages de Keret ont rallié les éloges du lectorat européen, notamment avec ses recueils de nouvelles, dont “Missing Kissinger”, qui ont été récompensés par de prestigieux prix littéraires. Il reste à mentionner les nombreux livres, en prose et poésie, publiés en arabe, anglais et français. Depuis l'immigration récente de plus d'un million de juifs originaires de l'ex-Union soviétique, Israël est devenu le premier centre de création littéraire en russe, en dehors de la Russie même. Les éditeurs israéliens ont pénétré, ces dernières années, le secteur de l'édition électronique (multimédia, CDROM) de façon massive. Les logiciels israéliens couvrant une gamme très variée de domaines sont vendus dans le monde entier.


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La littérature enfantine La littérature pour enfants, textes originaux et traductions de classiques étrangers, couvre des domaines et des styles très divers reflétant une tendance mondiale vers une approche plus directe et plus sophistiquée de la langue et du contenu intellectuel des ouvrages pour enfants. L’usage expressif et pittoresque de la langue permet au jeune lecteur de s’identifier de façon dynamique avec le sujet du livre.

Avec l'autorisation du Studio Rami & Jacky

Eveiller la curiosité et encourager une pensée indépendante sont les bases de la littérature contemporaine pour enfants. Les thèmes à caractère social et national restent importants, mais ils sont traités avec plus de franchise et d'ouverture d'esprit. Certains livres récents visent à éliminer les stéréotypes négatifs de la société israélienne très diversifiée et traitent des problèmes liés à l'immigration de


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Juifs venus du monde entier, tandis que d'autres mettent l'accent sur l'histoire et les biographies de personnalités ayant contribué au développement du pays au cours du siècle dernier, depuis le renouveau de la vie juive en Terre d'Israël.

Avec l'autorisation de l'Association israélienne de volontariat

Depuis la fin des années 1960, la transmission des valeurs adultes a progressivement cédé la place au monde propre aux enfants et des sujets tels que la mort, le divorce, les familles monoparentales, les handicapés, l'adolescence et le combat pour une place au sein de la famille et de la société sont traités en abondance. En même temps, de nombreux livres pleins d'imagination et des contes fournissent aux jeunes lecteurs fantaisie, distraction et évasion. La production israélienne de littérature enfantine se distingue par le nombre d'écrivains à succès auteurs de livres pour enfants. C'est le cas de David Grossman ("L'Enfant Zigzag" et "Itamar Walks on Walls") et d'Etgar Keret, auteur de bandes dessinées pour jeunes, dont "Fou de cirque"). Ces ouvrages se caractérisent tant par la qualité du graphisme et la sensibilité psychologique que par leur langue expressive et imagée. Beaucoup de livres hébraïques pour enfants sont traduits en plusieurs langues.


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La poésie Ininterrompue depuis les temps bibliques jusqu'à nos jours, la poésie hébraïque reflète des influences étrangères et des traditions internes. La poésie du passé, avec des thèmes religieux et nationaux, exprime aussi des expériences personnelles courantes dans la poésie actuelle. Une rupture avec l'expression poétique traditionnelle a eu lieu durant la période juive des Lumières en Europe (1781-1881) avec l'accès des Juifs à la citoyenneté et la sécularisation, puis, vers la fin du XIXe siècle lorsque le sionisme, mouvement pour la restauration de la vie nationale juive en Terre d'Israël, prit pris de l'ampleur. Les principaux poètes de cette époque, immigrés en Palestine au début du XXe siècle, sont Haïm Nahman Bialik (1873-1934) et Saül Tchernikhovsky (1875-1943). L'œuvre de Bialik, exprimant son engagement dans le mouvement de renaissance nationale et son rejet de toute possibilité de survie de la vie juive en Europe orientale, comprend à la fois de longs poèmes épiques rappelant des chapitres de l'histoire juive et des poèmes purement lyriques inspirés par l'amour et la nature. Souvent appelé « le poète national » ou « le poète de la Renaissance hébraïque », Bialik a forgé un nouveau langage poétique libéré de l'influence biblique exagérée de ses prédécesseurs tout en maintenant une structure classique et une qualité d'expression dans ses formules, riches, érudites mais contemporaines. Ses poèmes sont appris par des générations d'écoliers israéliens.


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Tchernikhovsky, auteur de poèmes lyriques et dramatiques, de ballades et d'allégories, entendait transformer le monde du Juif en y introduisant un esprit de fierté personnelle et de dignité ainsi qu'une prise de conscience plus profonde de la nature et de la beauté. Son sens de la langue avec une affinité pour l'hébreu rabbinique diffère du vocabulaire de Bialik qui mêle influence biblique et langage de la conversation en formation. Bialik et Tchernikhovsky représentent tous deux la transition de la poésie hébraïque antique à un genre moderne. Abraham Shlonsky, Nathan Alterman, Léa Goldberg et Ouri Zvi Greenberg sont à la tête de la génération suivante, celles des années précédant la création de l'Etat et des premières années de l'indépendance. Shlonsky abonde en images et inventions linguistiques, dans ses poèmes comme dans ses traductions de poésie classique, surtout du russe. Les œuvres d'Alterman, dont certaines ont une claire connotation politique, accompagnent chaque étape du développement de la communauté juive et sont caractérisées par la richesse du vocabulaire et une grande variété de formes, tons, rythmes, images et métaphores. Léa Goldberg a étendu le spectre du lyrisme dans des poèmes traitant de la ville, de la nature et de l'être humain en quête d'amour, de contact et d'attention. Greenberg, avec sa poésie de désespoir et de colère, ses images violentes et son style puissant, exprime une inspiration essentiellement nationaliste et marquée par la Shoah. Ce


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Festival international de poésie, Jérusalem, Mishkenot Sha'ananim Affiche de Raphie Etgar • Avec l'autorisation de l'artiste

groupe de poètes a été le premier à introduire les rythmes du discours quotidien dans la poésie hébraïque. Ils ont ressuscité de vieux vocables et en ont créé de nouveaux donnant à la langue antique une souplesse et une richesse nouvelles.


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La poésie de cette période, très influencée par le futurisme et le symbolisme russe autant que par l'expressionnisme allemand, tend vers la structure et la mélodie classiques à la versification ordonnée. Elle reflète les images et paysages des lieux de naissance des poètes, et des visions récentes de leur nouveau pays sur le mode héroïque, en même temps que des souvenirs de leur pays d'origine et le désir de prendre racine dans leur nouveau pays, soit, comme l'écrit Léa Goldberg « la douleur de deux patries ». Nombre de ces poèmes ont été mis en musique et sont devenus partie intégrante du folklore national. La première grande poétesse hébraïque est Rachel Bluwstein (1890-1931) ou, tout simplement, « Rahel ». Son œuvre a jeté les bases de la poésie féminine hébraïque et des aspirations du public dans ce domaine. Son style lyrique, concis, émotif, sans prétentions intellectuelles et très personnel, s'est imposé sans contestation comme le confirme l'œuvre de ses contemporaines et de poétesses de la génération suivante telles Dalia Ravikovitch et Maya Bejerano. Vers le milieu des années 1950, un groupe de jeunes poètes fait son apparition. L'hébreu est leur langue maternelle. A leur tête, Yehouda Amihaï, Nathan Zach, Dan Pagis, T. Carmi et David Avidan. Ils manifestent une tendance à la litote, à la distanciation du collectivisme, à la libre observation de la réalité et au style familier ; ils remplacent l'influence poétique de Pouchkine et Schiller par celle de la poésie moderne anglaise et américaine. L'œuvre d'Amihaï, largement traduite, est marquée par l'usage de la langue


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quotidienne, l'ironie et les métaphores métaphysiques. Ce sont les traits caractéristiques de la majeure partie de la poésie écrite par ses jeunes contemporains proclamant la fin de la poésie idéologique et rompant avec la tradition des structures classiques Quand s’ouvrent les yeux et de la versification ordonnée d'Alterman et Schlonsky. L'œuvre de Zach tire de Neige sur les monts l'hébreu de tous les jours des qualités au-dessus des Hauts lieux quasi- liturgiques et musicales. au-dessus de Jérusalem. Descends Jérusalem La poésie hébraïque actuelle est une rends-moi mon enfant. polyphonie groupant plusieurs générations, Viens Bethléem poètes d'une vingtaine d'années et leurs rends-moi mon enfant. aînés. Parmi ces derniers, Méïr Wieseltier Venez, hauts monts dont l'expression prosaïque, argotique venez les vents et directe refuse tout romantisme et fait les hautes eaux dans les ports de l'image de Tel-Aviv un symbole de rendez-moi mon enfant. la réalité ; Yaïr Horowitz, dont les vers Et même vous, jonc courbé très retenus expriment la douce tristesse frêle tige dans le courant de l'homme conscient d'être mortel et buissons épineux du désert Yona Wallach qui se présente elle-même rendez-moi mon enfant en tons familiers, sarcastiques et avec comme l’âme retourne au corps des motifs archétypes, un symbolisme quand s’ouvrent les yeux. freudien, parfois une sensualité brutale, des répétitions rythmiques et de longs Paroles: Dalia Ravikovitch chapelets d'associations. Asher Reich, Arieh Traduction : Colette Salem Sivan, Ronny Someck et Moshé Dor sont - Quality Translations (QT) d'autres noms importants de la poésie contemporaine.


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La poésie de la génération la plus récente est dominée par l'individualisme et la perplexité et préfère les poèmes courts, écrits en un style familier, un rythme et une versification libres. C'est le cas d'Agi Mishol, native de Transylvanie. La poésie en Israël touche un public fidèle et nombreux ; les recueils de poèmes de toutes les périodes, sont édités en des tirages aussi importants que dans bien des pays occidentaux beaucoup plus peuplés.


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LES ARTS PLASTIQUES Depuis le début du XXe siècle, les beaux-arts, en Israël, témoignent d'une créativité influencée par la rencontre entre l'Orient et l'Occident autant qu'avec le pays luimême, son développement, le caractère de ses villes et, enfin, les courants émanant des centres artistiques de l'étranger. En peinture, sculpture, photographie et autres expressions artistiques, les paysages variés du pays sont la principale source d'inspiration. Les terrasses et les crêtes des collines offrent une dynamique particulière de lignes et de formes ; les vallons du Néguev, leur végétation gris-vert et leur luminosité éclatante créent des effets de couleurs très spéciaux ; la mer et le sable forment des surfaces nouvelles. Dans l'ensemble, le paysage local, les préoccupations immédiates et la politique, tout autant que la nature propre de l'existentialisme israélien, sont au cœur de l'art israélien et lui confèrent son caractère unique. Le point de départ d'activités artistiques organisées se situe en 1906, date d'arrivée dans le pays du professeur Boris Schatz (1867-1932) originaire de Bulgarie et fondateur à Jérusalem de l'Académie Bezalel d'art et d'artisanat, selon un projet approuvé par le Congrès sioniste de 1905 visant à encourager de jeunes artistes juifs à poursuivre leurs études en Terre d'Israël. En 1910, l'Académie recensait

Avec la permission de l'Académie Bezalel d'art et de design, Jérusalem


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déjà 32 départements et quelque 500 étudiants, et disposait d'un marché disposé à accueillir sa production dans le monde juif. Outre les peintres et sculpteurs, on trouve en Israël un grand nombre d'artisans talentueux (céramistes, joailliers, tisserands, calligraphes, verriers, etc.) dont certains se spécialisent dans l'interprétation moderne d'objets de culte juifs traditionnels. L'enthousiasme pour l'art est partagé par toutes les couches de la population et les Israéliens encouragent et soutiennent les manifestations artistiques par leur présence assidue dans les expositions individuelles ou collectives, les musées, les galeries, les quartiers d'artistes à Safed et Jaffa ou le village d'artistes de Ein Hod, et surtout par l'achat d'œuvres d'artistes locaux.

Avec la permission de l'Académie Bezalel d'art et de design, Jérusalem

La peinture Au départ, l'orientation artistique de Bezalel visant à créer un « art juif original » par la synthèse de techniques européennes et d'influences orientales, trouvait son expression dans des scènes bibliques combinées à de romantiques descriptions du passé et à d'utopiques visions de l'avenir avec des images inspirées tant des communautés d'Europe orientale que des Bédouins locaux. Parmi les artistes de cette époque citons : Shmuel


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Vers Jérusalem, tableau de Mordechai Ardon • Musée d'Israël, Jérusalem, avec l'autorisation de l'artiste

Hirszenberg (1865-1908), Ephraïm Lilien (1874-1925) et Abel Pann (1883-1963). La première grande exposition organisée en 1921 dans la Citadelle de David, en Vieille Ville de Jérusalem, est dominée par les peintres de Bezalel. Mais très rapidement le style narratif, national-oriental et anachronique de l'Académie est contesté par de jeunes rebelles en son sein et par de nouveaux venus en quête d'un langage approprié pour ce qu'ils appellent l'art « hébreu », par opposition à l'art « juif ». Dans cette tentative de définition de leur nouvelle identité culturelle et de l'expression de leur vision du pays en tant que source de renouveau national, ils peignent la réalité quotidienne de l'environnement moyen-oriental en mettant l'accent sur la luminosité et les couleurs chatoyantes des paysages, et en favorisant les thèmes exotiques, notamment


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la simplicité du mode de vie des Arabes. Pour ce faire, ils ont surtout recours à une technique primitive comme on le constate dans les toiles d'Israël Paldi, Tziona Tagger, Pinhas Litvinovsky, Nahum Gutman et Reuven Rubin. Au milieu des années 20, les artistes se sont pour la plupart installés dans la ville nouvelle et dynamique de Tel-Aviv fondée en 1909 et devenue, depuis, le centre de l'activité artistique du pays. L'art des années 30 est fortement influencé par les innovations occidentales du début du XXe siècle dont la plus importante est l'expressionnisme né dans les ateliers parisiens. Des artistes comme Moshé Castel, Menahem Shemi, Arieh Aroch tendent à présenter une réalité chargée d'émotion, voire mystique, par le recours à la distorsion et à des thèmes qui, tout en traitant encore d'images et de paysages locaux, contiennent de moins en moins les aspects narratifs des années précédentes et voient pratiquement la disparition du monde orientalo-musulman. L'expressionnisme allemand fait son apparition au milieu de la décennie avec l'arrivée d'artistes fuyant la montée du nazisme. Aux côtés d'artistes d'origine allemande, comme Anna Ticho et Léopold Krakauer, installés vingt ans plus tôt à Jérusalem, on trouve dans ce groupe les nouveaux venus allemands Hermann Struck, Mordekhaï Ardon et Jacob Steinhardt qui se consacrent à l'interprétation subjective du paysage de Jérusalem et des collines environnantes. Ils apportent une contribution importante au développement


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de l'art local, grâce surtout à la position de premier plan assurée à l'Académie Bezalel par ses directeurs Ardon et Steinhardt, sous la direction desquels une nouvelle génération d'artistes arrive à maturité. La rupture avec Paris durant la Deuxième Guerre mondiale et le traumatisme de la Shoah ont amené certains artistes, dont Moshé Castel, Yitzhak Danziger et Aharon Kahana, à adopter la nouvelle idéologie « cananéenne » par désir d'identification avec la population originelle du pays, et à créer un « nouveau peuple hébreu » par la résurrection d'antiques mythes et motifs païens. La guerre de 1948 va conduire d'autres artistes, dont Naftali Bezem et Avraham Ofek, à adopter un style militant au message social marqué. Mais le groupe le plus important de cette époque est celui des « Horizons nouveaux » qui veut libérer la peinture israélienne de son caractère local et de ses influences littéraires, et l'introduire dans le cercle de l'art contemporain européen. Deux courants majeurs s'y développent : Yossef Zaritzky, figure dominante du groupe, avec des tendances à une atmosphère lyrique caractérisée par la présence de fragments identifiables de paysages locaux et de couleurs froides. Ce style est adopté aussi par d'autres dont Avigdor Stematsky et Yehezkel Streichman. Le second courant, à l'abstraction stylisée allant du géométrisme à un formalisme souvent fondé sur des symboles, apparaît surtout dans les œuvres d'un artiste d'origine roumaine : Marcel Janco, qui a étudié à


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Grenades à Safed, Nahum Gutman • Avec l'autorisation du Musée Nahum Gutman et du Pr Menahem Gutman

Paris où il a été l'un des fondateurs du dadaïsme. Le groupe des « Horizons nouveaux » n'a pas seulement légitimé l'art abstrait en Israël ; il en a aussi constitué la force dominante jusqu'au début des années 1960. Les artistes des années 60 vont forger les liens entre les activités du groupe des « Horizons nouveaux » et la recherche d'individualité caractéristique de la décennie suivante. Streichman et Stematsky, qui enseignent tous deux à l'Institut Avni de Tel-Aviv, exercent une influence considérable sur une seconde génération d'artistes tels que Raffi Lavi, Aviva Uri, Uri Lifschitz et Léa Nikel qui, dans leur quête d'une imagerie personnelle, remettent en question l'usage raffiné de l'abstraction lyrique pour privilégier des œuvres pluralistes englobant diverses formes d'expressions et de styles, figuratifs et abstraits, inspirés de sources étrangères.


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Ces artistes faisaient partie du “Groupe des dix” établi vers la fin des années cinquante, qui s'opposait aux mouvements universalistes prévalents et entendait promouvoir une expression artistique centrée sur les paysages et les habitants d'Israël.A la différence de l'aura élitiste qui entourait le groupe européen des “Horizons nouveaux”, le Groupe des dix s'identifiait résolument aux sabras et à la génération du Palmach. Vers la fin des années soixante, les artistes “réalistes” Ori Reisman et Yitzhak Mambush se joignirent au Groupe des dix. A Bezalel, l'influence exercée par Ardon en matière de motifs et de techniques transparaît nettement dans l'œuvre d'Avigdor Arikha qui crée un monde de formes d'une intense spiritualité et fait retour à des thèmes figuratifs évocateurs de la Shoah et de motifs juifs traditionnels que l'on trouve, entre autres, chez des surréalistes tels Yossel Bergner et Samuel Bak. Jacob Agam, au style radicalement différent, est pour sa part un pionnier de l'art cinétique et optique dont les œuvres sont abondamment exposées en Israël et à l'étranger. Alors que le caractère minimaliste de l'art des années 1970 comporte presque toujours des formes amorphes et transparentes rappelant la peinture abstraite locale, c'est l'exposition des idées plus que l'esthétique qui domine les œuvres d'artistes tels que Larry Abramson et Moshé Guershuni. Les artistes des années 1980 et 1990, travaillant dans une atmosphère d'expérimentation individuelle,


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L'acteur Meskin Sculpture par Zeev ben Zvi • Avec l'autorisation du Mishkan LeOmanout Musée des beaux-arts Ein-Harod

semblent à la recherche d'un contenu et d'un sens de spiritualité israélienne par l'intégration d'une grande variété de matériaux et de techniques, ainsi que par des images fondées sur des éléments locaux et universels aussi divers que les lettres de l'alphabet hébraïque et les sentiments humains de peur et de tension. Les courants actuels, tels qu'ils apparaissent dans les œuvres de Pinhas Cohen-Gan, Deganit Beresht, Gabi Klasmer, Tsibi Gueva, Tzvi Goldstein, David Reeb et d'autres, continent à tendre vers l'élargissement de la définition de l'art israélien audelà de ses concepts et de ses matériaux traditionnels, à la fois comme expression d'une culture autochtone et comme une composante dynamique de l'art occidental contemporain. La sculpture L'essor de la sculpture en Israël est dû aux efforts de quelques sculpteurs. Si Abraham Melnikoff, connu surtout pour son lion massif de pierre à Tel Haï, et Zeev Ben Tzvi ont introduit le cubisme, c'est l'école plus académique, représentée par Moshé Ziffer, Aharon Priver et Batya Lishansky, qui prédomine avant la création de l'Etat. A la fin des années 40, l'idéologie « cananéenne » influence un certain nombre d'artistes dont Yitzhak Danziger qui, avec Nimrod, son héros-chasseur païen taillé


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dans la roche rouge nubienne, tente une synthèse entre la sculpture moyen-orientale et le concept moderne de corps humain, tandis que ses moutons sculptés rappellent les formes des rochers du désert, les canaux d'irrigation et les tentes des Bédouins. Dans les années 1950, les sculpteurs emploient de nouveaux matériaux et préfèrent les grandes dimensions, leur art de plus en plus abstrait étant stimulé par l'utilisation nouvelle du fer et de l'acier Corten. Le désir de perpétuer de façon tangible le souvenir des victimes des guerres d'Israël a donné un élan nouveau à la sculpture dans les années 60, et beaucoup de monuments, souvent non-figuratifs, ont trouvé leur place dans le paysage local. Le mémorial naval de Yehiel Shemi, sur la plage d'Akhziv, qui exprime à la fois la rudesse de la nature et le potentiel humain de violence, en est un exemple, tout comme le « Monument à la Brigade du Néguev », de Dani Karavan, près de Beesheva, qui évoque le caractère particulier des combats dans le désert. Sous l'influence de l'Ecole française en général et de l'expressionnisme en particulier, et par l'utilisation d'une grande variété de matériaux, les artistes du courant conceptuel contemporain créent des installations et des sculptures environnementales exprimant leurs réactions personnelles aux réalités politiques et sociales. Dans un jeu puissant de formes et de symboles, les œuvres de

La place Blanche Sculpture de Dani Karavan • ALBATROSS


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Yigal Tumarkin expriment sa protestation contre la guerre à l'aide de formes géométriques abstraites et figuratives, tandis que le courant prônant un minimalisme géométrique est particulièrement manifeste dans l'usage constant fait par Menashe Kadishman de ses représentations de moutons, à la fois images pastorales locales et mythes personnels symbolisant la victime impuissante. Plusieurs sculpteurs israéliens se sont fait une réputation internationale et l'on peut trouver des œuvres de Tumarkin, Karavan, Kosso Eloul et Israël Hadany dans de nombreux musées et collections privées à l'étranger. La photographie L'art photographique, aujourd'hui très personnel, aborde des questions telles que la vie et la mort, l'art et l'illusion, dans des styles allant du formalisme et du minimalisme à des conceptions pictoriales et intellectuelles. A l'heure actuelle la photographie d'art, caractérisée en Israël par l'intimisme, une certaine retenue et l'obsession du moi, est à la fois une réaction aux grandes questions existentielles et à la conjoncture nationale et politique. On peut y déceler à la fois une excroissance et une réaction contre le style romantique qui a dominé les premières époques de son développement. Au milieu du XIXe siècle, la photographie locale était essentiellement fondée sur la fourniture de services centrés sur des représentations des Lieux saints (essentiellement chrétiens) et qui étaient


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vendues comme souvenirs aux pèlerins et touristes. A compter des années 1880, des photographes commencent à documenter l'évolution de la communauté juive du pays, saisissant les pionniers qui travaillent la terre et bâtissent des villes, dans un style héroïque conforme à l'idéologie laïque moderne et aux désirs de leurs clients qui se servent de ces photos pour promouvoir des causes particulières, celles notamment du Fonds national juif.

Plusieurs manifestations importantes ont lieu en Israël au cours desquelles sont exposées l'œuvre de photographes locaux, notamment la Biennale de la photo au musée d'Art du kibboutz Ein Harod et au nouveau musée de la photographie de Tel Haï en Haute-Galilée.

Pesi Girsch

Le développement des premières années du pays est fidèlement rendu par de talentueux photographes de presse, dont certains sont encore actifs, tels que Tim Guidal, David Rubinger, Werner Braun, Boris Carmi, Zeev Radovan, David Harris et Micha Bar Am. Parmi ceux qui outrepassent l'invisible frontière entre « la photographie documentaire » et « la photographie d'art » citons : Aliza Auerbach spécialisée en portraits ; Neil Folberg, Doron Horwitz et Shaï Ginott qui privilégient la nature ; David Darom, spécialiste de photos sousmarines ; Dubi Tal et Mony Haramati pour la photographie aérienne. Avec la permission de l'Académie Bezalel d'art et de design, Jérusalem


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Ces dernières années, la photographie ayant trouvé sa légitimité en tant que medium artistique, plusieurs photographes créatifs sont promus par des galeries, des musées, des conservateurs et des collectionneurs israéliens et étrangers. Le plus remarquable de ces photographes est Adi Nes, né à Kiriat Gat en 1966 de parents immigrants originaires d'Iran et du Kurdistan. Adi Nes a commencé à se faire connaître dans les années 90 avec ses “Soldats”. Autant de séries explorant les registres de l'identité nationale, en particulier celle des hommes israéliens, dans un contexte homoérotique, ambivalent et hautement pénétrant. Le travail qu'il a consacré aux personnages bibliques en détournant les détails du narratif biblique au profit de préoccupations contemporaines (sans-logis, précarité) aborde la distanciation de la société israélienne par rapport aux valeurs socialistes et la prééminence du capitalisme moderne. La vente récente (pour 264 000 dollars) de sa “Cène” lors de la vente annuelle d'art juif et israélien par Sotheby est tenue pour un tournant essentiel en matière de reconnaissance de l'art israélien. Signalons également l'oeuvre de Barry Frydlender composé de dizaines, voire de centaines, de photos combinées pour créer une image d'une précision, d'une clarté et d'une perspective déroutantes. En 2007, son exposition “Lieu et temps” présentait des photos récentes explorant des occurrences israéliennes actuelles : réunion d'hommes dans un café de Jérusalem-Est, pèlerinage de juifs ultraorthodoxes, évacuation forcée d'habitants juifs de la bande


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de Gaza. Organisée au départ au Musée de Tel-Aviv, cette exposition a été présentée au MOMA (Museum of Modern Art) de New York, la première exposition individuelle d'un artiste israélien dans ce prestigieux musée.


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LES MUSÉES Les quelque 200 musées du pays accueillent annuellement plusieurs millions de visiteurs. Grands ou petits, en ville ou au kibboutz, ils présentent des expositions archéologiques, ethnologiques ou d'histoire locale, des collections d'art ancien et moderne, des créations artisanales simples ou sophistiquées. Le musée d'Israël à Jérusalem, fondé en 1965 comme musée national, comprend plusieurs sections principales : la collection du musée Bezalel des beaux-arts, un département d'art et d'ethnographie juifs présentant des objets typiques en provenance des diverses communautés juives de diaspora, des galeries d'art, des salles consacrées à diverses périodes et une importante sélection d'œuvres d'art d'Afrique, d'Amérique du Nord et du Sud, d'Océanie et d'Extrême-Orient ; une section archéologique abritant

Avec la permission du Musée d'Israël à Jérusalem


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des objets allant des ères préhistoriques au XVe siècle ; un jardin de sculptures avec plus de 60 oeuvres ; le Sanctuaire du livre où se trouvent de précieux manuscrits bibliques dont les célèbres Manuscrits de la mer Morte ; une aile pour la jeunesse comportant des galeries, des salles de cours et des ateliers offrant un vaste programme éducatif ; le musée Rockefeller, à Jérusalem-Est, avec sa collection d'archéologie régionale ; le centre artistique Paley, à Jérusalem-Est, avec un programme pour des enfants arabes et la Maison Ticho, galerie d'art et café situés dans une résidence centenaire de Jérusalem. Une grande variété d'expositions temporaires y sont régulièrement présentées et des activités incluant conférences, ateliers, films, concerts de musique de chambre et cours d'art. A l'heure actuelle et pendant les prochaines années, des travaux de rénovation atteignant la somme de 80 millions de dollars sont entrepris au Musée d'Israël. Ils prévoient un agrandissement de 80 000 mètres carrés de nouveaux espaces muséaux, ainsi que la réorganisation, la rénovation et l'expansion des 200 000 mètres carrés de galeries existantes. L'achèvement des travaux est prévu pour mai 2010, année du 45ème anniversaire de la création du musée. Le musée d'Art de Tel Aviv, créé en 1932 et installé dans ses nouveaux locaux en 1971, comprend quatre galeries principales abritant de vastes collections d'art classique et contemporain, notamment israélien ; un département pour les jeunes ; un auditorium où sont donnés des récitals,


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concerts de musique de chambre, des rétrospectives cinématographiques et de nombreuses salles d'expositions temporaires. Le pavillon Helena Rubinstein d'art moderne est placé sous l'égide de ce musée. Mishkan le-Omanout (Foyer de l'art), fondé en 1934 au kibboutz Ein Harod, a été le premier musée rural du pays et le premier musée du mouvement kibboutsique. Il abrite une importante collection de peintures, sculptures et objets folkloriques juifs du monde entier, présente des expositions temporaires et organise de nombreux programmes d'éducation et de recherche artistique. Le musée de Haïfa (créé en 1949), abrite le musée d'Art ancien spécialisé dans les découvertes archéologiques en Israël et dans le bassin méditerranéen et le musée d'Art moderne (créé en 1951) où sont exposées des œuvres d'art (du milieu du XVIIIe siècle à nos jours) provenant du monde entier. En dépendent également : le musée de la Préhistoire, le musée national de la Marine et le musée Tikotin d'art japonais. Le musée d'Eretz-Israël (créé en 1953) à Ramat-Aviv expose des objets de la région d'intérêt archéologique, anthropologique et historique, dans un ensemble de pavillons : verre, céramique, numismatique, folklore, cuivre, etc., ainsi qu'un planétarium. La section consacrée à « L'homme et son travail » présente d'anciennes méthodes de tissage, de joaillerie, de poterie, de broyage des graines


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et de fabrication du pain. Le chantier de fouilles de Tel Quasilé, dans lequel douze strates de civilisation ont été mises au jour, se trouve sur le site du musée. Le musée de l'histoire de Tel Aviv-Jaffa et la Salle de l'Indépendance où fut proclamé l'Etat d'Israël en 1948, en dépendent. Tous deux se trouvent au centre de Tel-Aviv. L'Institut d'art islamique L.A. Mayer créé en 1974 à Jérusalem, abrite des expositions permanentes de poteries, textiles, bijoux, objets de culte et autres couvrant un millénaire d'art islamique de l'Espagne à l'Inde et présente des expositions temporaires thématiques. Beit Ha'Tefoutsot (ou Musée de la Diaspora, créé en 1978) est situé sur le campus de l'Université de Tel Aviv. A l'aide de techniques audiovisuelles modernes, il retrace l'histoire des communautés juives de diaspora à travers les âges et les continents. Les expositions y sont organisées autour de thèmes spécifiques et chaque étage dispose d'un espace d'étude. Des expositions temporaires sur des sujets juifs, une chronosphère donnant une vue générale et audiovisuelle de l'histoire juive, des programmes pédagogiques et culturels ainsi que des expositions itinérantes complètent l'ensemble des activités régulières. Le site internet de ce musée fournit conseils et orientation en matière de patrimoine du judaïsme.


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Le musée de l'Histoire de Jérusalem à la Tour de David (créé en 1988) se trouve dans la Citadelle, sur l'un des sites historiques et archéologiques les plus importants de la Vieille Ville. On y trouve des vestiges de la période du Premier Temple (960-586 avant l'ère chrétienne), une partie de la tour et des murailles de la cité asmonéenne (Ie siècle av. l'ère chrétienne) et les fondations d'une énorme tour érigée par Hérode (37-4 av. l'ère chrétienne). Ce musée où ne sont exposés que des copies d'articles anciens, couvre quatre mille ans de l'histoire de Jérusalem des débuts de la cité cananéenne jusqu'à nos jours. Les expositions sont classées par périodes avec, dans chaque salle, une « chronologie » présentant les principaux événements, en plus de cartes, enregistrements vidéo, hologrammes, dessins et maquettes. Les expositions temporaires sur toute sorte de thèmes – sculpture, installations et autres - sont présentées dans les beaux espaces ouverts de ce musée.

Dessins de Noam Nadav

Yad Vashem, à Jérusalem, est consacré à la commémoration du souvenir des six millions de martyrs et de héros juifs qui ont péri pendant la Shoah. Récemment rénové et agrandi (en 2005), il inclue le musée d'histoire de la Shoah (dans lequel se trouve la Salle des noms des victimes), le musée d'art de la Shoah, le pavillon des expositions, l'allée des Justes des Nations, des archives, le Sanctuaire du souvenir où les noms des camps d'extermination sur le sol, le Pavillon des enfants et la Vallée des communautés décimées par les


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nazis. Œuvre du célèbre architecte Moshé Safdie, ce vaste et bouleversant mémorial a pour visée de transporter le visiteur dans l'univers concentrationnaire en faisant appel à sa sensibilité et à son discernement.


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L'ARCHÉOLOGIE En terre d'Israël, les fouilles archéologiques ont débuté vers le milieu du XIXe siècle, à une époque où des spécialistes de la Bible étudiaient la région en quête de vestiges des sites mentionnés dans l'Ancien et le Nouveau Testament. Vers la fin du XIXe siècle, et surtout depuis le début du XXe siècle, de nombreux tertres (tel, en arabe, est un monticule composé de vestiges d'antiques localités) firent l'objet de fouilles, ce qui posa les bases d'une recherche archéologique scientifique. Les activités archéologiques, développées sous le mandat britannique (1917-1948), se sont considérablement intensifiées depuis l'indépendance de l'Etat d'Israël. L'expérience acquise durant les fouilles a abouti à l'élaboration de méthodes de recherche stratigraphique et de l'étude méticuleuse de la typologie des formes des récipients en céramique et autres objets permettant de dater les strates et les vestiges archéologiques. Ces dernières années, la recherche archéologique a été étendue à des aspects moins connus des cultures matérielles antiques, notamment l'alimentation, les maladies, l'économie et le commerce. Ces acquis de la recherche archéologique moderne sont appliqués chaque année dans plusieurs dizaines de chantiers de fouilles. L'archéologie en Israël porte sur la recherche systématique de tous les vestiges du passé - depuis la préhistoire jusqu'à


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la fin de la domination ottomane. La profusion des vestiges est un témoignage des nombreuses cultures qui ont laissé leur empreinte dans le pays. Des caractéristiques géographiques uniques en leur genre ont exercé une influence sur les cultures les plus anciennes : il y a plusieurs milliers d'années, le pays servait de passage aux bandes de chasseurs se rendant d'Afrique en Europe. Leurs campements et leurs habitations ont été retrouvés le long de la vallée du Jourdain et dans les grottes du mont Carmel et de Galilée. A l'époque biblique, le pays constituait un carrefour entre les cultures prospères du Croissant fertile limité par la Mésopotamie (l'actuel Irak) et l'Egypte. Depuis son occupation par Alexandre le Grand, le pays d'Israël établit un lien géographique et culturel entre l'orient et l'occident. Vue aérienne de Beit Shéan • Direction des Antiquités d'Israël


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La recherche archéologique en Israël accorde une grande importance au fait que le pays abrite le patrimoine spirituel des trois grandes religions monothéistes. Ce pays dévoile le lien historique entre le peuple juif, la Bible et le Pays d'Israël en mettant à jour les vestiges du patrimoine culturel du peuple juif dans sa patrie. Ces vestiges exhumés constituent le lien matériel entre le passé, le présent et l'avenir du peuple juif dans son pays.

Les fouilles de Tel-Miqneh • I. Shtulman

Cette chaîne d'histoire ininterrompue peut être observée dans les sites de tout le pays : dans les cités bibliques de Hatzor, Megiddo, Guézer, Shomron, Beershéva et Dan ; dans les villes de l'époque du Second Temple Tibériade, Sepphoris (Tsippori), Gamla - et les forteresses de Massada et Hérodion où les Juifs luttèrent pour leur liberté ; et dans le désert de Judée, près de la mer Morte, où ont été découverts des vestiges du centre spirituel des Esséniens et les rouleaux de la mer Morte, notamment les exemplaires les plus anciens de l'Ancien Testament. Datant de la même époque, des sites liés à la vie de Jésus ont été exhumés - Capharnaüm, Tabgha - où se trouvent également des vestiges d'églises de l'époque byzantine. Les sites des grandes villes romaines et byzantines de Césarée, Beit Shéan et Banias ont été mis à jour, de même qu'Avdat, Haloutsa et Mamshit, des villes du Néguev autrefois prospères. Des vestiges de la ville


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de Ramleh et le palais de Khirbet al-Mafjar (ou palais de Hisham) à Jéricho, datant de la période musulmane, ont été retrouvés, ainsi que de nombreuses forteresses et villes de l'époque des croisés : Acre, Césarée, Belvoir et Qalaat Nimrod. Jérusalem, la capitale d'Israël, est un foyer d'intense activité archéologique où ont été mis au jour les vestiges de 5000 ans d'histoire : dans la Cité de David, les murailles de la ville cananéenne et des vestiges des édifices de la capitale du Royaume uni d'Israël, notamment des systèmes souterrains d'adduction d'eau sophistiqués ; de l'époque du Second Temple : les vestiges de bâtiments publics construits le long des murs de soutènement du mont du Temple qui subsistent à ce jour, les ruines des superbes résidences de la ville haute dans l'actuel quartier juif de la Vieille Ville demeurées en place après la destruction de Jérusalem par les Romains en l'an 70 ce, et plusieurs centaines de pierres tombales dont certaines somptueusement travaillées, témoignant de la richesse de la ville détruite par Rome ; de nombreuses églises et édifices religieux de la période byzantine dont le plus célèbre est la basilique du Saint-Sépulcre ; de la période musulmane : les mosquées du mont du Temple et un centre administratif dont les vestiges ont été exhumés au sud du mont du Temple ; de la période franque, des

Statue de Dionysos exhumée à Beit-Shean • Direction des Antiquités d'Israël


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remparts, des églises et des marchés couverts ; de l'époque mamelouke et ottomane, les minarets dont les silhouettes se découpent dans la Vieille Ville. Les remparts de la Vieille Ville et la citadelle qui se dresse près de la porte de Jaffa furent érigés sous le règne du sultan ottoman Soliman le Magnifique (1520-1566). Quelque 20 000 sites d'antiquités sont recensés en Israël et protégés par la loi. Chaque année, plusieurs dizaines de sites de chaque période de l'histoire et dans l'ensemble du pays font l'objet de fouilles. Les permis de procéder à des fouilles sont délivrés à des missions - locales ou étrangères - par la Direction des antiquités d'Israël, chargée de la préservation du patrimoine antique du pays. La loi sur les antiquités d'Israël stipule que tout terrain à bâtir doit être examiné avant le début de la construction et faire éventuellement l'objet de fouilles. L'Etat se réserve également le droit de préserver des découvertes d'intérêt public ; certaines, parmi les plus importantes sont présentées au Musée Israël à Jérusalem. Ce musée abrite également le Sanctuaire du Livre où sont conservés les rouleaux de la mer Morte, en partie exposés au public. De grands efforts et d'importantes ressources sont investis pour préserver et restaurer d'anciens sites ; plusieurs dizaines d'entre eux, datant de toutes les périodes de l'histoire, ont été ouverts au public.


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LES MEDIAS Les Israéliens se tiennent constamment informés des événements occurrant dans leur pays, au Moyen-Orient et dans le monde. L'écoute des bulletins d'information à la radio toutes les heures, des diverses émissions d'actualités de la télévision, ainsi que la lecture d'un quotidien au moins font partie de la routine de la majorité de la population. Le respect de la liberté de presse vaut pour tous les medias, la censure ne portant que sur les registres de sécurité nationale. Sept quotidiens en hébreu paraissent ainsi que plusieurs journaux en russe, en français et deux en anglais - le Jerusalem Post (anciennement Palestine Post) qui existe depuis longtemps et une édition anglaise de Haaretz, l'un des principaux journaux du pays, en coopération avec le Herald Tribune. On compte aussi plus d'un millier de périodiques dont des revues spécialisées. La plupart des publications régulières figurent sur l'Internet. Radio et télévision Kol Israël (La voix d'Israël) émet sur huit chaînes des programmes en 17 langues proposant, entre autres, des variétés, de la musique populaire, des conférences, des débats, de la musique classique ; ces émissions sont destinées à des audiences très variées, allant des enfants aux retraités, et des nouveaux immigrants aux Israéliens de longue date. Galei Tsahal et Galgalatz (stations des Forces de défense d'Israël) diffuse, 24 heures sur 24, nouvelles


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et musique ainsi que des programmes spéciaux destinés aux soldats. Des émissions sur ondes courtes, en plusieurs langues, sont destinées aux auditeurs de l'étranger et constituent une source régulière et fiable d'informations sur Israël, le Moyen-Orient et le monde juif. La télévision n'a fait ses débuts en Israël qu'en 1967; aujourd'hui, ses deux chaînes publiques diffusent des émissions éducatives, des informations et des variétés en hébreu, arabe et anglais. Une des deux chaînes, commerciale depuis 1994, est partagée entre trois sociétés privées de production, tandis que certaines heures sont réservées à la télévision éducative. Des réseaux câblés, à abonnement mensuel, desservent aujourd'hui tout le pays et permettent la réception de plusieurs dizaines de programmes américains, européens et asiatiques. Des chaînes israéliennes indépendantes se sont spécialisées dans des programmes sportifs, pour enfants, des films et documentaires sur des thèmes très variés. Kol Israël et la télévision sont gérées par l'Office israélien de la radio et télévision, soumis à la Loi de 1965 définissant le cahier des charges de ce service public indépendant, chargé de l'expression des diverses vues et opinions. L'Office est dirigé par un comité directeur nommé par le gouvernement pour une période de trois ans et un directeur-général nommé pour cinq ans. Ses activités sont financées par la publicité commerciale à la radio, la publicité pour des services publics et par une redevance annuelle payée par les détenteurs d'appareils de radio et télévision.


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LES SPORTS

Avec l'autorisation du Comité olympique d'Israël

En 60 ans d'existence de l'Etat d'Israël, les sports ont joué un rôle croissant sur la scène nationale et internationale. En dépit du chiffre réduit de la population israélienne, les athlètes israéliens sont parvenus à acquérir une renommée internationale, comme ce fut récemment le cas de la championne de tennis Shahar Peer ou du footballeur Yossi Benayoun. Les équipes nationales de basket ont obtenu de remarquables succès en Israël et à l'étranger, en particulier celle du Maccabi Tel-Aviv qui s'est avérée l'une des plus performantes d'Europe au cours de la dernière décennie. Au niveau amateur, le sport a toujours occupé une place de choix dans les loisirs de centaines de milliers d'Israéliens. Avec des kilomètres de littoral, il n'est pas étonnant que quasiment la moitié de la population israélienne s'adonne régulièrement à la natation. Les longs mois de saison chaude encouragent les Israéliens à pratiquer des sports de plein air, et l'esprit de compétition encouragé chez les jeunes les induisent à prendre part dès leur plus jeune âge à toute sorte d'activités sportives.


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Basket-ball et football La popularité du foot côtoie celle du basket en Israël. Les matchs disputés par des équipes professionnelles, et notamment ceux disputés par les 12 équipes de la ligue des champions sont diffusés par les médias et attirent jusqu'à 20 000 spectateurs par match. Après plusieurs années en tête de liste des compétitions au cours desquelles le Maccabi Haïfa a remporté des succès inégalés, c'est le Betar Jérusalem qui a remporté en mai 2007 et pour la première fois en neuf ans, la coupe de la ligue nationale de foot. Les clubs israéliens continuent de se surpasser lors des compétitions européennes, c'est en particulier le cas du Maccabi-Haïfa et du Hapoel-Tel-Aviv, ce dernier ayant atteint en 2002 les quarts de finale de la Coupe de l'UEFA, en l'emportant sur la prestigieuse équipe anglaise de Chelsea, tandis que le Maccabi battait en 2003 le Manchester United. L'équipe nationale de football s'est récemment surpassée en parvenant à un ex-aequo aux qualifications de mars 2007au championnat d'Europe de 2008, après avoir obtenu une qualification aux préliminaires de la Coupe du monde de 2006. Les footballeurs israéliens ont gagné en réputation dans le monde entier : trois d'entre eux ont été intégrés dans de prestigieux clubs anglais. En 2007, le capitaine Yossi Benayoun est ainsi passé au Liverpool Football Club, et le défenseur Tal Ben-Haïm à Chelsea.


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En basket, les joueurs du Maccabi-Tel-Aviv, véritables idoles en Israël, ont remporté les championnats de la Ligue nationale 36 fois en 37 ans. La principale rivale de cette équipe est le Hapoel-Jérusalem battu en prolongation en 2006 et 2007 par le Maccabi. Cette dernière équipe a joué de malchance en 2007 aux Final Four de l'Euroligue pour la première fois en quatre ans, après avoir atteint la finale en 2006 et remporté le championnat en 2004 et 2005. Le Hapoel-Jérusalem a également remporté des succès lors de compétitions européennes, notamment en 2005 à la coupe de l'ULEB. L'équipe nationale de basket s'est affirmée au niveau international et, en août 2007, s'est une fois de plus qualifiée au championnat bisannuel EuroBasket, compétition à laquelle il participe depuis 1993. Le basket féminin d'Israël recense deux équipes phares : Elitzur de Ramleh et Anda de Ramat-Hasharon qui se disputent régulièrement la première place en ligue nationale, ainsi que dans des matchs contre des équipes européennes. Shay Doron s'est tout particulièrement distinguée en devenant la première Israélienne à jouer dans une équipe professionnelle américaine en 2007, la New York Liberty, lors du championnat WNBA (Women National National Association).


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Le Premier ministre israélien Ehud Olmert recevant Shahar Peer à la présidence du Conseil de Jérusalem • Office de presse du gouvernement /A. Ohayon

Tennis Ces dernières années, les tennismen israéliens sont devenus incontournables lors des grands tournois internationaux. La jeune Shahar Peer a été promue en 2006 au rang des vingt meilleures joueuses mondiales et a fait la preuve de ses compétences lors des tournois internationaux du WTA (Women Tennis Association). Les doubles messieurs Andy Ram et Yoni Erlich se sont également imposés au cours des deux dernières années parmi les dix meilleures paires de joueurs au monde, et se sont qualifiés au cours du dernier tournoi de la Master's Cup. Andy Ram s'est surpassé au cours des tournois mixtes en remportant à deux reprises le Grand Chelem à Wimbledon en 2006 contre la Russe Vera Zvonerava et en 2007 à l'Open de France contre la française Nathalie Dechy. Si aucun joueur masculin de tennis n'entre dans la liste prestigieuse des 100 meilleurs tennismen mondiaux, l'équipe nationale de la Coupe Davis s'est toutefois distinguée en atteignant le World Group en septembre 2007 pour la première fois en 13 ans, et a remporté une victoire spectaculaire sur le Chili face à un public de 5000 fans au Centre de tennis de Ramat-Hasharon. L'Institut Wingate Situé dans un beau campus près de la ville côtière de Natanya, l'Institut Wingate d'éducation physique joue


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un rôle essentiel dans la promotion des sports en Israël. Il abrite une école pour jeunes élèves particulièrement doués en sports, une section de médecine appliquée aux sports - une première mondiale qui se spécialise, entre autres, dans les méthodes de traitement des blessures provoquées par des activités sportives - ainsi qu'un Conseil pour l'excellence dans les sports qui attribue des bourses d'études permettant à de jeunes sportifs particulièrement doués de s'entraîner à temps plein (ce fut le cas de Shahar Peer, Andy Ram et Yoni Erlich). La Direction des sports du ministère des Sciences, de la Culture et des Sports parraine les entraînements à l'Institut Wingate des instructeurs et des coaches, supervise toutes les activités sportives du pays, coordonne et encourage les activités des diverses fédérations et organisations sportives. La jeunesse et les sports Les sports ne sont évidemment pas réservés aux plus doués. L'éducation physique et sportive n'a cessé de se développer en Israël depuis les premières années de l'Indépendance, encourageant les jeunes dès leur plus jeune âge à des activités sportives de mise en forme et à l'esprit de compétition. Des centaines de milliers de jeunes prennent part régulièrement à des activités allant du foot et du basket au canoé, à la voile et à la varappe. Plusieurs organisations sportives gèrent un réseau de


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clubs répartis dans le pays et affiliés aux grandes équipes nationales. Le plus connu est le Maccabi (établi en 1912), suivi par Hapoel (1923), Betar (1924), Elitzur (1939) et par l' “Academic sports Association” (1953). Les écoles et les centres communautaires organisent également des matchs de basket et de foot dont les finales sont retransmises sur la chaîne nationale de télévision. Sports et loisirs Les Israéliens sont sportifs, ils consacrent leurs fins de semaine à jouer au basket sur des terrains aménagés en plein air dans des parcs, à courir dans les rues de leur ville ou à jouer au foot. Les plages sont très fréquentées. Israël détient le record mondial de plongeurs en scuba : quelque 50 000 personnes attirées par les fonds sous-marins du golfe d'Eilat. La planche à voile, le ski nautique, ainsi qu'un jeu local de raquettes pratiqué sur le sable sont très populaires. Des triathlons et marathons organisés chaque année, notamment autour du lac de Tibériade, attirent des milliers d'amateurs de course à pied. Le cyclisme est également fort populaire, comme l'est le golf à Césarée (en cours de réaménagement). En hiver, le mont Hermon enneigé attire de nombreux skieurs. Parmi les autres sports populaires en Israël citons le ping-pong, la boxe, la lutte, l'haltérophilie, le judo, le karaté, ainsi qu'un sport de combat, ou “Krav Maga” mis au point par l'armée. Parmi les équipes professionnelles les plus populaires, celles de volley et de handball.


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Tous les quatre ans, Israël accueille sa version locale des J.O., les Maccabiades qui, depuis 1932, attirent des athlètes juifs de tous les pays du monde. Les Maccabiades sont l'une des sept

Avec l'autorisation du Comité olympique d'Israël

Olympiades et Maccabiades Israël s'énorgueillit de ses succès aux Jeux Olympiques sans avoir remporté de médaille d'or jusqu'en 2004. C'est le véliplanchiste Gal Fridman qui a remporté la première médaille d'or aux Jeux d'Athènes de 2004. Le judoka Arik Zeevi a cette même année remporté une médaille de bronze. Aux J.O. de Barcelone (1992), Yaël Arad et Oren Smadja ont respectivement obtenu une médaille d'argent et de bronze ; le kayakiste Michaël Kalganov une médaille de bronze aux J.O. de Sydney (2000). Le perchiste Alex Averbuch, s'il n'est pas parvenu à remporter une médaille aux J.O., a toutefois mérité ses médailles d'argent et de bronze aux Championnats mondiaux d'athlétisme de 1999 et 2001, puis une médaille d'or aux Championnats européens d'athlétisme. A la voile, Udi Gal et Gidi Kliger ont disputé la course dans la catégorie des voiliers “470” aux J.O. de Pékin après avoir remporté une médaille de bronze au Championnat mondial de voile de 2007.


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compétitions internationales reconnues par le Comité olympique international. Les participants disputent des compétitions de football, basket-ball, tennis de table et netball, après avoir pris part à une émouvante cérémonie d'ouverture au Stade national de Ramat-Gan. De grands athlètes juifs ont participé aux Maccabiades avant de devenir des champions olympiques, c'est le cas de Mark Spitz qui remporta sept médailles d'or de natation aux Olympiades de 1972 ou de Lenny Krayzelburg, nageur aux J.O. d'Athènes en 2004. Derniers arrivés En premier lieu le baseball, tout nouveau sport professionnel en Israël. La ligue israélienne de baseball qui a débuté en juin 2007, dont les six équipes jouant sur trois terrains recensent quelque 120 équipiers en majorité d'origine étrangère outre quelques Israéliens, a participé à deux mois de compétitions qui ont attiré des foules au kibbouts Gezer, au parc Hayarkon de Petah-Tikva et au Sportek de Tel-Aviv. Le match inaugural entre l'équipe “Miracle” de Modi'in et les “Pionneers” de Petah-Tikva a été suivi par plus de 3000 spectateurs et retransmis à la télévision. Plus de 2000 spectateurs ont assisté au match de l'équipe “Blue Sox” de Beit Shemesh dirigée par Ron Blomberg, qui a battu Modi'in en prolongation de la finale et remporté la première coupe de la ligue israélienne de baseball. Les immigrants anglophones ont introduit plusieurs autres sports, dont le softball, le cricket et le football américain.


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Sur la pression d'immigrants originaires d'Inde, Israël est désormais membre de l'Association internationale de cricket. Les immigrants sud-africains ont pour leur part introduit le rugby et le hockey sur gazon, ce dernier représenté par une équipe considérée comme l'une des meilleures au monde. L'équipe de football américain recense des dizaines de joueurs qui disputent chaque saison le “Holy Land Bowl”.

L'Association sportive israélienne pour handicapés organise une vaste gamme d'activités sportives adaptées aux handicapés : basket, tennis, volley, badminton, pingpong, tir, équitation, tir à l'arc, natation et voile. Les clubs

M. Freidin

Les sports pour handicapés Les sportifs handicapés d'Israël ont remporté de nombreuses médailles aux Jeux Paralympiques, notamment en 2004 à Athènes où les 24 sportifs de la délégation israélienne ont pris part à des compétitions de cyclisme, équitation, natation, tir, voile, tir à l'arc, athlétisme, ping-pong et tennis en fauteuil roulant. En voile, la médaille d'or de la compétition “Sonar” est allée à trois co-équipiers ; les nageurs israéliens ont remporté une médaille d'or, quatre médailles d'argent et trois de bronze. La plus célèbre des nageuses israéliennes aux Jeux paralympiques est Keren Leibowitz qui a remporté trois médailles d'or à Sydney 2000, trois championnats du monde et cinq championnats d'Europe.


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sportifs des “Beit Halochem” (centres de rééducation des blessés de guerre) et l'association Ilan (pour handicapés physiques) proposent également de nombreuses activités sportives.


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RELATIONS CULTURELLES INTERNATIONALES Les relations culturelles internationales d'Israël sont centrées sur la coopération dans un vaste éventail de domaines comprenant la langue, la littérature, les arts, la science, les medias et les sports. Des accords culturels signés avec plus de 70 pays, sans compter les liens établis avec d'autres, couvrent des activités allant des programmes d'échanges d'étudiants et professeurs aux tournées de troupes de danse et de théâtre, de musiciens et d'orchestres, des expositions itinérantes, des participations à des foires du livre, festivals de cinéma et compétitions sportives ainsi que l'enseignement de la langue et des traditions culturelles des pays concernés.



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ISRAËL PARMI LES NATIONS L'Amérique du nord

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Amérique centrale, Amérique du sud et Caraïbes

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Europe occidentale

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Europe centrale et Eurasie

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Afrique

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Asie et Pacifique

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Le Moyen-Orient et l'Afrique du nord

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Le Saint-Siège

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Les Nations unies

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Le monde juif

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Le drapeau israélien devant le bâtiment de l’Onu à New York • S. Azran


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ISRAËL PARMI LES NATIONS L'Etat d'Israël, membre des Nations unies depuis 1949, entretient des relations avec la plupart des pays du monde. Gardant en mémoire le souvenir de siècles de persécutions, de l'expérience traumatisante de la Shoah et des décennies de conflit israélo-arabe, la politique étrangère d'Israël est orientée vers la recherche de la paix dans la région, tout en assurant la sécurité du pays et en développant la coopération avec tous les peuples.

,‫אדיר חפצה של ישראל לקיים יחסים תקינים עם כל המדינות‬... )‫ תשי"ג‬,‫ (דוד בן גוריון‬...‫עם ממשלותיהן ועם עמיהן‬ Israël aspire ardemment à entretenir de bonne relations avec tous les pays, leurs gouvernements et leurs peuples... (David Ben-Gurion, 1952)


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L'AMÉRIQUE DU NORD Les Etats-Unis Onze minutes à peine après la proclamation de l'indépendance d'Israël le 14 mai 1948, le Président américain Harry S Truman reconnaissait le nouvel Etat. Cet acte marquait le début d'une relation fondée sur des valeurs communes et caractérisée par une profonde amitié et un respect mutuel. Les deux pays sont d'authentiques démocraties dont les systèmes politique et juridique puisent leur inspiration dans les traditions libérales ; toutes deux sont des sociétés pionnières et continuent à accueillir et intégrer des nouveaux immigrants. Il arrive que les deux pays « s'accordent à ne pas être d'accord » mais règlent leurs différends en amis et en alliés. Lorsque des divergences surgissent, elles sont généralement dues au fait que les Etats-Unis sont une superpuissance ayant des intérêts globaux complexes tandis que le souci majeur d'Israël, petit pays situé dans une région troublée, reste la préservation de sa souveraineté et de sa sécurité. Tout en commençant à développer leurs relations diplomatiques et politiques avec Israël, les Etats-Unis se joignirent à d'autres Etats occidentaux pour imposer un embargo sur les armes au Proche-Orient, espérant ainsi parvenir à réduire considérablement les tensions dans la région. Après 1952, la volonté de l'administration Eisenhower d'obtenir le soutien arabe pour un pacte de sécurité au Moyen-Orient, a constitué un changement radical d'attitude par rapport à l'administration Truman


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résolument en faveur d'Israël. Les relations entre Washington et Jérusalem ne s'améliorèrent qu'à la fin des années 50 suite à la déception américaine face à la politique du président égyptien Gamal Abdel Nasser. Sous l'administration Kennedy, la levée de l'embargo a marqué un changement de la politique de livraison d'armes à Israël. Au terme de l'administration Johnson (fin des années 1960), la diplomatie américaine était fondée sur l'engagement américain d'assurer le droit d'Israël à l'existence dans des frontières sûres et reconnues, établies par des négociations directes avec ses voisins arabes. Considérant qu'un Israël fort est une condition sine qua non pour l'instauration de la paix dans la région, les EtatsUnis s'engagèrent à assurer la suprématie qualitative d'Israël sur les armées arabes. Sous les administrations Nixon et Carter, on assista à la conclusion des accords de désengagement entre Israël et l'Egypte et Israël et la Syrie (1973-74), aux accords de Camp David (1978) et au traité de paix israélo-égyptien (1979). Durant l'administration Reagan, les relations non seulement se sont intensifiées, mais elles ont également pris un contenu plus formel et plus concret. Outre les engagements précédents, des mémorandums d'accords ont été signés (1981 et 1988), constituant la base de plusieurs organismes communs de planification et de consultation qui, à leur


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tour, ont permis la mise au point d'accords spécifiques dans les domaines militaire et civil. Ces cadres de coopération mutuelle ont été par la suite intégrés dans un mémorandum plus important signé en 1988. La première administration Bush a soutenu l'initiative de paix d'Israël (1989) et co-parrainé la Conférence de paix de Madrid (1991) qui a conduit aux négociations de paix de Washington D.C. L'administration Clinton a joué un rôle clé dans le processus de paix au Proche-Orient en soutenant activement les accords conclus entre Israël et les Palestiniens, le traité de paix israélo-jordanien, les pourparlers avec la Syrie et les tentatives de promotion d'une coopération régionale y compris la levée du boycott arabe. S'engageant à maintenir la supériorité qualitative d'Israël, l'administration Clinton s'est également déclarée prête à minimiser les risques encourus par Israël dans sa poursuite de la paix. Le gouvernement de George W. Bush a plus récemment adopté d'importantes mesures pour soutenir Israël dans sa guerre contre le terrorisme et Israël a souscrit à la vision du Président Bush pour mettre fin au terrorisme et parvenir à la paix avec les Palestiniens. Le maintien et le renforcement de l'amitié entre Israël et les Etats-Unis ont été définis par les diverses administrations américaines en des termes faisant de la sauvegarde d'Israël un des « fondements » de la politique étrangère des Etats-Unis, soulignant « les relations particulières »


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entre les deux nations et allant jusqu'à une déclaration d'« engagement américain » envers Israël. Au début des années 1980, Israël était considéré par les Etats-Unis comme un « atout stratégique » et qualifié, conformément à la législation adoptée en 1987, d'« important allié ne faisant pas partie de l'OTAN ». Les amis d'Israël au Congrès se recrutent dans les deux partis. L'assistance militaire et économique annuelle, le processus de paix et la lutte d'Israël contre le terrorisme sont chaque année les signes de l'engagement du Congrès aux côtés d'Israël, comme l'est également l'adoption de la loi (1995) reconnaissant Jérusalem comme la capitale unifiée d'Israël et appelant à l'installation à Jérusalem de l'ambassade des Etats-Unis. Les « relations particulières » englobent des sujets économiques, politiques, stratégiques et diplomatiques d'intérêt commun. Israël reçoit actuellement chaque année quelque 2,6 milliards de dollars au titre de l'aide économique et de sécurité (l'aide économique est réduite chaque année de 120 millions de dollars et l'aide militaire de 60 millions de dollars, jusqu'à l'année 2008 ; Israël recevra ensuite une aide militaire totale de 2,4 milliards de dollars), et le commerce bilatéral a été intensifié par l'établissement d'une Zone de libre échange Israël-Etats-Unis (1985). Un nombre croissant de projets de partenariat financés par des entreprises industrielles israéliennes et américaines

La secrétaire d'Etat Condoleezza Rice et la ministre israélienne des Affaires étrangères Tsipi Livni • Ambassade des Etats-Unis en Israël / Matty Stern


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sont menés en commun et plusieurs Etats américains ont signé des accords « d'Etat à Etat » avec Israël, portant sur divers domaines, depuis les échanges culturels jusqu'à la coopération agricole. De façon générale, les Etats-Unis se tiennent aux côtés d'Israël dans les forums internationaux, l'aidant à repousser les résolutions anti-israéliennes aux Nations unies et dans les agences internationales spécialisées. Les deux pays procèdent à des échanges de renseignements et d'informations militaires et coopèrent dans la guerre menée contre le terrorisme international et dans la campagne contre le trafic de stupéfiants. L'amitié américano-israélienne est soutenue chaleureusement par la communauté juive et par un important secteur de la société aux Etats-Unis. Le Canada Le Canada, qui a reconnu formellement Israël en 1949, entretient depuis de longues années avec l'Etat d'Israël des relations diplomatiques à part entière, fondées sur des valeurs démocratiques communes. Les liens bilatéraux sont renforcés par des échanges culturels et scientifiques, et les relations économiques entre Israël et le Canada par l'entrée en vigueur de l'Accord de libre-échange IsraëlCanada (CIFTA). Sur la scène internationale, le soutien du Canada s'exprime par des positions généralement pro-israéliennes au sein des diverses instances de l'ONU.


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AMÉRIQUE CENTRALE, AMÉRIQUE DU SUD ET CARAÏBES Le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale des Nations unies vota l'établissement de deux Etats, un juif et un arabe, sur le territoire de la Palestine du Mandat britannique ; 13 des 20 pays d'Amérique latine membres de l'Onu se prononcèrent en faveur de ce partage. Au cours des années 50 et 60, les relations avec les pays de la région ont été renforcées grâce, en grande partie, à des programmes de coopération internationale prévoyant le partage de l'expérience israélienne dans divers domaines tels que l'agriculture, la médecine, la mise en place et la gestion de coopératives, le développement rural, régional et communautaire. En outre, des milliers de latino-américains ont participé à des programmes d'étude en Israël. Pendant les années 1960 et 1970, on a assisté à un déclin du soutien à Israël de la part de ces pays, perceptible notamment au sein des Nations unies et de ses agences spécialisées. A l'heure actuelle, Israël entretient des relations diplomatiques à part entière avec quasiment tous les pays d'Amérique centrale, d'Amérique du Sud et des Caraïbes (à l'exception de Cuba). Ces relations se traduisent par une coopération fructueuse dans les sphères politique, économique et culturelle ainsi que par un grand nombre d'accords bilatéraux dans de nombreux domaines.


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Les relations commerciales avec ces pays se développent constamment et ont été boostées par l'accord de libreéchange entre le Mexique et Israël, signé en l'an 2000. Les exportations, comprenant des produits chimiques, des logiciels de pointe, des produits agricoles, de l'équipement électronique et mécanique, et les importations consistant principalement en viande, céréales, sucre, cacao, café et métaux sont en plein essor ; les banques, entreprises de construction et sociétés de planification et développement agricole israéliennes sont actives en Amérique latine et dans les Caraïbes. En 2005, Israël a signé un accord-cadre avec l'organisation MERCOSUR. De nombreux Israéliens visitent les pays d'Amérique du sud et centrale, en particulier des jeunes après leur service militaire dans les rangs de Tsahal.


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EUROPE OCCIDENTALE L'Europe occidentale est le partenaire commercial le plus naturel d'Israël. L'instauration d'une zone de libre échange (1975) avec la Communauté européenne a suscité un essor considérable des exportations vers l'Europe et une croissance plus importante encore des exportations européennes vers Israël. Cet essor commercial a été accéléré par le développement d'étroites relations d'affaires entre entrepreneurs et investisseurs et par l'adoption de projets communs, ainsi que par des efforts entrepris pour consolider les relations avec les pays membres de l'AELE (Association européenne de libre échange). En 1995, Israël et l'Union européenne ont conclu un accord plus exhaustif, entré en vigueur en juin 2000 et qui a permis un dialogue politique plus intense, ainsi que le resserrement des liens économiques. Dans les années 90, Israël s'est joint au Plan-cadre de développement de la recherche et des technologies de l'Union européenne. En décembre 2004 a été conclu un Plan d'action entre Israël et l'Union européenne. En novembre 2007 a été établie une structure de dialogue commercial dans le but de promouvoir la compréhension et la coopération entre les secteurs privés des partenaires.

Le premier ministre Ehoud Olmert avec la chancelière allemande Angela Merkel • O.P.G. / Amos Ben Gershom


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Avec les Etats-Unis, la Russie et les Nations Unies, l'Union européenne est membre du « Quartet » dont les efforts sont orientés vers la résolution du conflit israélo-arabe dans le cadre du processus de paix.


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EUROPE CENTRALE ET EURASIE Les relations entre Israël et les pays d'Europe centrale et orientale, renouées depuis la restauration de la démocratie dans ces pays, n'ont cessé de s'intensifier en particulier dans les secteurs économique, culturel et touristique, ainsi qu'en matière de coopération internationale. Etant donné que plusieurs de ces pays ont posé leur candidature pour devenir membres de l'Union européenne, les accords économiques conclus avec eux revêtent une importance particulière. Ces pays ayant été des foyers du judaïsme mondial avant la Seconde Guerre mondiale, le souvenir de la Shoah constitue un facteur important des relations nouées avec eux. Les registres débattus incluent notamment la restitution à leurs propriétaires ou à leurs ayant-droit des biens juifs publics et privés nationalisés, la reconnaissance des « Justes des Nations » qui risquèrent leur vie pour sauver des juifs à l'époque nazie et la coopération avec les gouvernements de la région pour combattre les manifestations d'antisémitisme. Les relations d'Israël avec la Fédération russe ont une importance stratégique compte tenu des engagements de la Russie, membre du Quartet, dans le processus diplomatique moyen-oriental et dans les pourparlers relatifs au programme nucléaire iranien.


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Les liens entre Israël et la Russie, et d'autres pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI) ont connu ces dernières années un nouvel élan en matière économique, culturelle et politique. Les dirigeants de plusieurs de ces pays se sont rendus en Israël et ont signé des accords de coopération qui ont resserré les relations économiques. Le million d'ex-citoyens ayant immigré en Israël contribue à renforcer les liens culturels et économiques entre Israël et leurs pays d'origine. Israël multiplie ses relations avec les pays d'Asie centrale par le biais de MASHAV (Centre israélien de coopération internationale) qui assure la formation de stagiaires originaires de ces pays en santé publique, agriculture avancée, gestion des ressources en eau et lutte contre la désertification. Autre registre important de la coopération avec ces pays : la préservation du patrimoine juif, la mémoire de la Shoah et la lutte contre l'antisémitisme.


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AFRIQUE Les relations avec les pays d'Afrique sub-saharienne datent du milieu des années 1950 ; les premiers contacts furent établis avant même l'accession de certains d'entre eux à l'indépendance. En 1956, des relations diplomatiques furent instaurées avec le Ghana, puis avec la plupart des pays situés au sud du Sahara ; au début des années 1970, Israël entretenait des relations diplomatiques pleines et entières avec trente-trois Etats d'Afrique noire. Ces relations étaient l'expression d'une affinité avec l'Etat d'Israël, lui-même tout jeune, ayant conquis son indépendance en 1948 et impatient de partager son expérience et son savoir-faire avec les nouveaux Etats africains. Des relations économiques profitables aux deux parties ont également été établies, comprenant de nombreux projets communs. Dans le sillage de la Guerre de Kippour en 1973 et de la crise pétrolière mondiale qui s'ensuivit, la plupart des pays sub-sahariens décidèrent de rompre leurs relations diplomatiques avec Israël, pour deux raisons principales : les promesses de pétrole à bon marché et d'aide financière, ainsi que l'alignement sur une résolution de l'OUA (Organisation de l'unité africaine) adoptée sous l'égide de l'Egypte et appelant à la rupture des relations avec Israël. Seuls le Malawi, le Lesotho et le Swaziland maintinrent des relations diplomatiques à part entière avec Israël, tandis que quelques autres pays gardaient des contacts dans le cadre de bureaux d'intérêts auprès d'ambassades


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étrangères. La coopération, cependant, se poursuivit dans une certaine mesure ; des étudiants africains participaient à des stages de formation en Israël ; et des experts israéliens étaient actifs dans l'ensemble du continent.

La ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni et des ambassadeurs africains en Israël • Flash 90

Depuis les années 1980, les relations diplomatiques ont progressivement été renouées avec les pays sub-sahariens, mouvement qui s'est accéléré avec les négociations de paix engagées entre Israël et ses voisins arabes. A la fin des années 1990, des relations officielles étaient rétablies avec 39 pays sub-sahariens. Israël et les pays sub-sahariens sont actuellement engagés dans un dialogue politique se traduisant par des visites réciproques de chefs d'Etat et de ministres. Entres autres activités, citons les relations économiques et commerciales, les contacts culturels et universitaires, divers projets conjoints dans les domaines de l'agriculture et de l'assistance médicale, des programmes de formation professionnelle et, en cas de besoin, de l'aide humanitaire. Israël suit avec intérêt le processus d'intégration économique et politique en Afrique, et la création de l'Union africaine. En témoignage d'amitié et de solidarité, Israël a renouvelé son engagement à œuvrer de concert avec les nouvelles institutions et organisations africaines, ajoutant un autre chapitre aux relations uniques en leur genre entretenues avec ce continent.


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ASIE ET PACIFIQUE Israël entretient des relations diplomatiques avec la plupart des pays asiatiques. La puissance économique et l'influence politique croissante de ces pays ont contribué à l'intensification des relations en matière politique, culturelle et surtout économique. La coopération technique avec Israël dans les domaines de la R&D scientifique, du développement rural, de l'agriculture et de l'éducation, joue un rôle important dans le resserrement des relations avec les pays en développement de cette région du monde. Israël et la Chine ont instauré des relations diplomatiques en 1992. Depuis lors, ils ont constamment développé des liens qui ont abouti à la visite historique du président chinois en Israël en l'an 2000 et aux visites de trois présidents israéliens à Pékin au cours de la dernière décennie. L'établissement des relations diplomatiques entre Israël et la République de Corée date de 1962 et n'a cessé de s'amplifier dans tous les domaines. En 2007 les ministres des affaires étrangères des deux pays ont échangé des visites. Israël entretient également de bonnes relations avec nombre de pays asiatiques membres de l'ASEAN, certaines remontent même à une cinquantaine d'années, comme c'est le cas du Myanmar, de la Thaïlande et des Philippines. D'autres ont été nouées plus récemment, notamment avec le Cambodge et le Laos. Les liens avec le Vietnam se sont resserrés considérablement depuis 1993, dans les


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domaines économique, commercial et de la coopération agricole. Depuis 2005, un dialogue politique se tient une fois l'an entre les ministres israélien et vietnamien des affaires étrangères. Le Népal et Israël entretiennent depuis longtemps des relations étroites et amicales entamées au début des années 60. Le ministre népalais des affaires étrangères qui s'est rendu pour la première fois à Jérusalem en 2007 a annoncé l'ouverture d'une ambassade à Tel-Aviv. Israël entretient depuis plusieurs années des relations diplomatiques pleines et entières avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Ces dernières années, des relations ont été nouées avec dix pays insulaires du Pacifique, indépendants depuis peu. Israël partage avec ces pays son expérience dans plusieurs domaines. Depuis le milieu des années 1980, Israël et le Japon ont intensifié leurs relations bilatérales, comme en témoignent la signature de nombreux accords et les visites réciproques des premiers ministres. Le Japon joue également un rôle significatif dans le processus de paix multilatéral. Les relations avec l'Inde, qui datent de 1992, se sont elles aussi développées dans tous les domaines depuis la fin des années 1990. En 2003, le premier ministre d'Israël a effectué une toute première visite à New Delhi. En l'an 2000, Israël a renoué ses relations diplomatiques avec le Sri Lanka.


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LE MOYEN-ORIENT ET L'AFRIQUE DU NORD Egypte En 1979, Israël et l'Egypte ont signé un traité de paix mettant fin à 30 années d'hostilités implacables et à cinq guerres meurtrières. Le traité avait été précédé par la visite du président égyptien Anouar Sadate à Jérusalem (1977), en réponse à l'invitation du premier ministre israélien Begin, et par la signature des Accords de Camp David (1978) qui constituaient une base pour la paix entre l'Egypte et Israël et entre Israël et ses autres voisins. Ces accords traitaient en outre de la nécessité de résoudre la question palestinienne à l'expiration d'une phase intérimaire d'autonomie de cinq ans pour les habitants arabes de Judée-Samarie et de la bande de Gaza. Le président Sadate et le premier ministre Begin ont reçu conjointement le prix Nobel de la paix pour leurs réalisations. La mise en œuvre de la paix entre Israël et l'Egypte comprenait un certain nombre de clauses majeures, notamment la fin de l'état de guerre ainsi que de tous actes ou menaces de belligérance, d'hostilités ou de violences ; l'établissement de relations diplomatiques, économiques et culturelles ; l'élimination des entraves au commerce et à la liberté de mouvement ; le retrait de la péninsule du

Le Premier ministre Ehoud Olmert et le président égyptien Hosni Moubarak • O.P.G. /Moshe Milner


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Sinaï par Israël accompagné d'accords de sécurité, ainsi que de zones partiellement démilitarisées. Conformément aux clauses du traité, Israël a achevé le retrait du Sinaï en 1982, abandonnant des bases militaires stratégiques et autres atouts en échange de la paix. Bien que l'Egypte ait été mise au ban par les autres pays arabes après la signature du traité, tous ont, depuis lors, rétabli leurs relations avec l'Egypte et rouvert leurs ambassades au Caire. Le quartier général de la Ligue arabe qui avait été transféré à Tunis, a été réinstallé au Caire au début des années 1980. Après 30 ans de méfiance et d'hostilités, la normalisation des relations entre Israël et l'Egypte est un processus long et ardu. Pourtant, les deux pays ont établi des ambassades et des consulats, tandis que ministres et hauts fonctionnaires se rencontrent régulièrement. Après la recrudescence du terrorisme palestinien (septembre 2000), les relations se sont considérablement rafraîchies et l'Egypte rappela son ambassadeur, revenu au début de l'année 2005. Le commerce et la coopération n'en ont pas moins continué, et la commission militaire conjointe se réunit régulièrement. Après le désengagement d'Israël de la bande de Gaza auquel l'Egypte a contribué, les relations se sont améliorées.


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Jordanie Le traité de paix entre Israël et la Jordanie, signé à la frontière entre Akaba et Eilat en octobre 1994, a été précédé trois mois auparavant d'une rencontre à Washington entre le roi Hussein et le premier ministre Yitzhak Rabin qui avaient proclamé la fin de l'état de belligérance entre leurs pays. Bien que de facto en guerre depuis 46 ans, Israël et la Jordanie entretenaient des contacts secrets et avaient conclu des accords au bénéfice des deux pays durant ces années. En 1991, la conférence de Madrid déboucha sur des négociations bilatérales qui aboutirent en 1994 à la signature d'un traité en bonne et due forme en vertu duquel chacun des pays s'engageait à s'abstenir de tout acte de belligérance, à faire en sorte qu'aucune menace de violence vis-à-vis de l'autre partie n'émane de son territoire, à œuvrer à la prévention du terrorisme et à agir de concert pour assurer sécurité et coopération au Moyen-Orient, en remplaçant l'état d'alerte militaire par des mesures de mise en confiance. D'autres dispositions du traité concernent la répartition des ressources en eau, la liberté de passage pour les ressortissants des deux pays, des efforts pour alléger le problème des réfugiés et la coopération pour le développement de la vallée du Jourdain.

Le Premier ministre Ehoud Olmert et le roi Abdallah II de Jordanie • O.P.G. / Amos Ben Gershom


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La frontière internationale tracée dans le traité remplace les lignes de cessez-le-feu de 1949 et se réfère à la frontière du Mandat britannique (1922-1948). Avec la ratification du traité de paix, des relations diplomatiques à part entière ont été établies et, depuis lors, les rapports entre la Jordanie et Israël progressent constamment. Les bases de la mise en œuvre du traité de paix israélojordanien ont été posées lors de la signature et de la ratification de 12 accords bilatéraux dans les domaines économique, scientifique et culturel. Ces accords doivent constituer les fondements de relations pacifiques normales entre Israël et le Royaume hachémite de Jordanie, relations pacifiques illustrées de la façon la plus significative par les Z.I.H. (Zones industrielles habilitées) qui permettent à la Jordanie, dans le cadre de la coopération avec Israël, d'exporter vers les Etats-Unis des matières premières exemptées de droit de douane à hauteur de plus d'un milliard de dollars. Israël coopère également avec la Jordanie à deux programmes agricoles et dans le domaine de la santé publique. Succédant en mars 1999 à son père, le roi Hussein, le roi Abdallah II s'est rendu en Israël en avril 2000. Après le déclenchement des violences palestiniennes (septembre 2000) dans les territoires, les relations avec Israël s'altérèrent et la Jordanie rappela son ambassadeur. Depuis la fin de la deuxième guerre du Golfe toutefois, on assiste à une recrudescence progressive des relations, et la Jordanie a


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de nouveau envoyé son ambassadeur en Israël en 2005. En juin 2003, le roi Abdallah II a accueilli un sommet à Aqaba en présence du président Bush, du premier ministre Ariel Sharon et du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. En avril 2004, le roi Abdallah II a rendu visite à Ariel Sharon dans sa résidence du Neguev. Les Etats du Golfe Suite au processus de paix au Moyen-Orient, les Etats du Golfe, pour la première fois depuis 1948, ont manifesté leur intérêt pour l'établissement de relations avec Israël. Les premiers contacts ont été suivis de plusieurs visites de hauts fonctionnaires des deux parties. En mai 1996, Israël a ouvert des bureaux de représentation commerciale à Oman et au Qatar pour développer des relations économiques, scientifiques et commerciales mettant l'accent sur l'exploitation des ressources en eau, le tourisme, l'agriculture, les produits chimiques et les technologies de pointe. Avec l'intensification du terrorisme palestinien (septembre 2000), les relations avec les Etats du Golfe se sont distendues et le bureau de représentation commerciale d'Oman a été fermé. Pays du Maghreb Depuis 1994, trois pays arabes d'Afrique du nord – le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie – se sont joints à d'autres pays arabes qui ont choisi la voie de la paix et de la réconciliation


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et ont noué des relations diplomatiques avec Israël. Amorcées à divers niveaux, les relations entre le Maroc et Israël ont été officialisées avec l'ouverture par Israël, en novembre 1994, d' un bureau de liaison à Rabat. Quatre mois plus tard, le Maroc ouvrait son bureau en Israël, établissant ainsi formellement des relations diplomatiques bilatérales. La République islamique de Mauritanie et Israël ont conclu un accord lors de la Conférence de Barcelone (novembre 1995) en présence du ministre espagnol des Affaires étrangères, visant à l'établissemnt de bureaux d'intérêt dans les ambassades espagnoles de Tel-Aviv et Nouakchott. La Mauritanie a ouvert une mission diplomatique à Tel-Aviv en mai 1996 en indiquant qu'elle souhaitait normaliser totalement ses relations avec Israël. En octobre 1999, la Mauritanie devenait le troisième pays arabe (après l'Egypte et la Jordanie) à établir des relations diplomatiques complètes avec Israël. Selon un calendrier établi par Israël, la Tunisie et les EtatsUnis en janvier 1996, Israël a ouvert un bureau d'intérêt en Tunisie (en avril 1996) et la Tunisie a fait de même six semaines plus tard (mai 1996). Les relations diplomatiques avec les pays modérés du Maghreb revêtent une importance particulière, compte tenu du rôle joué par ces pays dans le monde arabe et de


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l'importante population d'originaires d'Afrique du Nord vivant en Israël, sentimentalement attachée au pays où leurs familles ont vécu pendant des siècles. Cette affinité constitue un atout susceptible d'approfondir les relations et de jouer un rôle concret dans le processus de paix. Après la recrudescence du terrorisme palestinien (septembre 2000), le Maroc et la Tunisie ont rompu leurs relations diplomatiques avec Israël. Certaines relations commerciales et le tourisme se poursuivent néanmoins, ainsi que des contacts dans d'autres domaines.


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LE SAINT-SIÈGE

Le pape JeanPaul II au Mur occidental de Jérusalem • Service de presse du gouvernement / Amos Ben Gershom

L'établissement de relations diplomatiques à part entière entre Israël et le Saint-Siège (aux termes de l'Accord fondamental signé à Jérusalem le 30 décembre 1993) peut être considéré comme une étape fort significative dans l'attitude de l'Eglise à l'endroit du judaïsme et du peuple juif, processus entamé publiquement par l'encyclique Nostra Aetate, adoptée par le Concile Vatican II en 1965. Dans l'accord fondamental signé entre l'Etat d'Israël et le Saint-Siège, les parties soulignent « la nature unique de la relation entre l'Eglise catholique et le peuple juif... » et s'engagent « à coopérer en vue de combattre toutes les formes de racisme et d'intolérance religieuse, et de promouvoir la compréhension entre les peuples, la tolérance entre les communautés et le respect de la vie et de la dignité humaine », ainsi qu'à œuvrer pour « la solution pacifique des conflits entre Etats et nations, excluant la violence et le terrorisme de la vie internationale ». Les autres obligations des parties concernent le respect du statu quo pour les lieux saints chrétiens, les questions liées à la liberté de religion, aux pèlerinages en Terre sainte et d'autres registres. En novembre 1997, un accord à Jérusalem définissant le statut de l'Eglise catholique en Israël et sa hiérarchie aux


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termes de la législation israélienne. C'est la première fois qu'un gouvernement israélien reconnaissait de jure la présence de l'Eglise catholique en Terre sainte. En mars 2000, le pape Jean-Paul II a effectué un pèlerinage aux Lieux saints d'Israël. En tant que chef d'Etat, il a rencontré le président Weizman et le premier ministre Ehud Barak. Au cours de sa visite, il s'est également entretenu avec les grands rabbins et s'est rendu à Yad Vashem et au Mur occidental. Cette visite souligne la poursuite du processus de réconciliation entre le judaïsme et l'Eglise catholique.


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LES NATIONS UNIES L'Etat d'Israël est devenu le 59ème membre de l'Organisation des Nations unies le 11 mai 1949. Il a depuis participé à nombre d'activités de cet organisme et s'efforce d'apporter une contribution utile L'Organisation sioniste aux travaux de ses agences spécialisées mondiale (OSM) a été fondée en matière de santé, travail, agriculture et lors du Premier Congrès sioniste alimentation, éducation et science. Israël (1897) afin de promouvoir le joue un rôle actif au sein des organisations retour du peuple juif dans non-gouvernementales placées sous les sa patrie ancestrale, la Terre auspices des Nations unies traitant d'aviation d'Israël, et d'y rétablir une civile, d'immigration, de communications, existence nationale juive. Son de météorologie, de commerce ou du statut objectif premier, la création de la femme. au Pays d'Israël d'un Etat juif juridiquement garanti et internationalement reconnu, Depuis cinq décennies, Israël était exclu de a été atteint en 1948. tout groupe régional aux Nations unies ; en avril 2000, il a été admis dans le groupe régional occidental à titre provisoire avant Depuis, l'OSM œuvre dans de pouvoir rejoindre le groupe asiatique. la diaspora essentiellement Depuis lors, Israël peut désormais voter à promouvoir des activités ou être élu dans les grandes instances des Nations unies. Israël a été élu (grâce au groupe régional occidental) à la vice-présidence de la 60ème Assemblée générale de l'ONU. Certaines résolutions de l'ONU ont revêtu une importance capitale pour Israël, entre autres les résolutions 242 (22


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novembre 1967) et 338 (22 octobre 1973) du Conseil de sécurité proposant des solutions de règlement du conflit israélo-arabe. Au fil des ans, les Nations unies ont contribué à la cessation des hostilités entre Israël et ses voisins arabes en nommant des médiateurs, en prenant sous leurs auspices les accords d'armistice et de cessez-le-feu et en déployant des forces de l'ONU entre les belligérants. L'ONU a servi durant des années d'arène où se déroulaient des joutes politiques contre Israël. Les 21 Etats arabes, soutenus par les pays musulmans et leur alliés du bloc des non-alignés constituaient une « majorité automatique » garantissant l'adoption de résolutions anti-israéliennes par l'Assemblée générale.

soulignant l'unité du peuple juif et la centralité d'Israël dans la vie juive, à encourager l'immigration, à développer l'éducation juive dans les communautés juives du monde entier et à défendre les droits des juifs où qu'ils se trouvent. Le Congrès sioniste, élu démocratiquement, est l'organe suprême de l'Organisation. Il se réunit tous les 4 à 5 ans à Jérusalem pour fixer la politique du mouvement, adopter son budget et élire ses divers comités exécutifs.

Soucieux de présenter l'histoire juive à l'Assemblée générale de l'ONU, Israël est parvenu en 2005 à réunir une séance spéciale de l'AG à l'occasion du 60ème anniversaire de la libération des camps de concentration nazis en Europe et à faire adopter une nouvelle résolution de cette assemblée portant sur la commémoration annuelle de la Shoah.


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LE MONDE JUIF Depuis le premier exil (586 av. l'ère chrétienne) et les dispersions du peuple juif dans le monde qui s'ensuivirent, des liens uniques et dynamiques se sont noués L' A g e n c e j u i v e p o u r entre les juifs vivant en Terre d'Israël et leurs Israël (AJI) est aujourd'hui coreligionnaires de la diaspora. Bien que la principale organisation séparés au cours des siècles par de longues chargée des relations entre distances, les juifs sont restés une nation, l'Etat d'Israël et le monde juif. liés les uns aux autres par une histoire, une Elle avait été créée en 1929 religion et une patrie communes, ainsi que par l'Organisation sioniste par la volonté d'assurer la survie physique mondiale pour représenter et spirituelle du peuple juif. La création de la communauté juive du l'Etat d'Israël (1948) est la réalisation du pays auprès des autorités rêve bimillénaire de retour du peuple juif mandataires britanniques, dans sa patrie ancestrale pour y rétablir sa des gouvernements étrangers vie nationale et sa souveraineté. et des organisations internationales. Selon de récentes estimations, la population juive du monde atteindrait environ 13 millions, dont 41 % vivent en Israël. Les juifs, conscients où qu'ils vivent de la centralité d'Israël dans la vie juive, participent à son édification par des contributions financières, un soutien social et politique et parfois en venant vivre dans le pays, apportant ainsi à la mosaïque israélienne leurs talents et leur bagage culturel propre. Une longue tradition d'entraide se manifeste aujourd'hui à travers le vaste réseau d'organisations se consacrant à des centaines d'aspects de la vie juive et


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israélienne. Pour sa part, Israël s'efforce de renforcer les communautés juives de la diaspora et les relations qu'il entretient avec elles, en organisant des activités centrées sur la connaissance du pays, l'étude de l'hébreu, les projets économiques communs, des visites de Après l'indépendance d'Israël, groupes ou individuelles en Israël. certaines responsabilités de portée nationale ont L'Etat d'Israël attache la plus grande été dévolues par la loi à importance à la sécurité des communautés l'Agence juive et à l'OSM, dont juives de par le monde. Après la récente l'immigration, l'intégration et le recrudescence de l'antisémitisme, Israël logement des immigrants, les avec la coopération des organisations localités rurales, l'organisation juives et des gouvernements des pays d'activités éducatives et européens, américains et autres - lutte contre d'activités pour les jeunes ainsi le racisme en général et l'antisémitisme que la rénovation de quartiers en particulier. urbains. Ces dernières années, plusieurs de ces fonctions sont assumées par l'Etat.



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