7 minute read

MODE DURABLE : MYTHE OU RÉALITÉ FUTURE ?

INCARNÉE PAR DES MARQUES COMME ZARA OU H&M, LA FAST FASHION (OU MODE JETABLE) EST UNE MENACE POUR L’ENVIRONNEMENT ET UNE IMPASSE. HEUREUSEMENT, DE NOMBREUX INITIATIVES PLUS ÉTHIQUES COMMENCENT DOUCEMENT À VOIR LE JOUR. L’INDUSTRIE SERAIT EN TRAIN DE FAIRE SA MUE… REPORTAGE SUR LA RÉALITÉ D'UN MARCHÉ ENCORE EN PLEINE MUTATION ET QUI CHERCHE SON SECOND SOUFFLE.

La mode est un des secteurs ayant le plus fort impact sur l’environnement. Après le pétrole, l’industrie du textile et de l’habillement se situera au deuxième rang des activités économiques les plus polluantes. En 2018, elle émettait ainsi près 2,1 milliards de tonnes de gaz à effet de serre, soit la production annuelle de carbone de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni réunis et 4% des émissions mondiales.

Advertisement

Si la situation n’évolue pas d’ici 2030, à savoir si l’industrie ne réduit pas de moitié ses émissions, elle dépassera largement la trajectoire définie par l’accord de Paris signé en 2015. La situation est donc indéniablement préoccupante. Et les mentalités ne changent que doucement. Verdir l’industrie est certes un impératif pour les consommateurs et les investisseurs. La génération Z valorise de plus en plus une mode éthique. Sur Tik Tok, la durabilité s’est révélée être une tendance sur le long terme. De plus en plus de marques mettent par ailleurs en avant leur engagement éco-responsable. Et il en va de même des grands magasins comme Printemps, qui mettait cette année en avant sur son site de e-commerce des initiatives éco-responsables.

Hors, entre les apparences et la réalité, le gouffre est réel et le système d’approvisionnement et de diffusion actuel peine à changer à l’allure qu’il le devrait. Souvent, l’image verte véhiculée par les campagnes de pub n’est qu’une illusion destinée à se donner une bonne conscience. Qui plus est, la fast fashion – des vêtements bon marché produits, achetés puis mis de côté à la vitesse de l’éclair au fil des tendances – ne semble pas prêt de disparaitre, comme un témoigne le succès phénoménale et effrayant de la marque Shein. En s’appuyant sur les tendances mise en avant par les influences, cette marque chinoise « sortirait plus de 150.000 nouveaux produits par an –au moins 5 fois plus que Zara » et pourrait proposer chaque jour 500 nouveaux articles. L’industrie cherche à changer son image de pollueuse mais son impact sur l’environnement peine à changer. « La plupart des détaillants de mode font tout de même maintenant quelque chose pour la durabilité et mettent en place des initiatives axées sur la réduction de l’impact négatif de la mode sur l’environnement » , tempère Patsy Perry, maître de conférences en marketing de la mode à l’Université de Manchester.

« Cependant, il existe toujours un problème fondamental avec le modèle commercial de la fast fashion où les revenus sont basés sur la vente de toujours plus de produits, et où les détaillants doivent constamment proposer de nouvelles collections » poursuit-elle. « Il serait irréaliste de s’attendre à ce que les consommateurs cessent d’acheter à grande échelle, donc à l’avenir, je m’attendrais à voir plus de développement et une adoption plus large de méthodes de production plus durables telles que la teinture sans eau, l’utilisation de déchets comme matière première et le développement de produits innovants solutions au problème des déchets textiles »

VERS UNE INDUSTRIE DE LA MODE DURABLE ?

L’objectif de réduction des émissions de carbone fixé par l’accord de Paris est ainsi possible si chacun des maillons de la chaîne s’engage à repenser son modèle reproduction. Réduire les émissions implique une refonte de la chaîne de valeur, à savoir l’application d’une politique éco-responsable sur la fabrication des matières premières, leur transformation et leur destin après l’achat. Le sourçage en matières éco-responsable est en effet un enjeu majeur, bien que sa mise en place paraisse complexe. L’augmentation de l’utilisation du coton biologique pourrait diviser par deux l’émission de gaz à effet de serre mais au prix d’un rendement beaucoup plus faible.

L’économie circulaire, à travers la revente, location et le recyclage de vêtements, apparait ainsi et de plus en plus comme une des solutions les plus prometteuses. L’augmentation de l’efficacité énergétique des opérations de fabrication et de vente au détail, ainsi que la réduction de la masse de déchets issus de la production de vêtements, font également partie des actions permettant de réduire et les coûts en général et les émissions. Car rendre l’industrie plus durable est une opération allant bien souvent de pair avec une baisse des coûts en général. Et c’est en soulignant cet aspect que l’industrie pourra enfin – et réellement -faire sa mue.

POURQUOI LE RECYCLAGE N'EST-IL PAS (ENCORE)

LA SOLUTION POUR UNE MODE DURABLE ?

Qu'il s'agisse de marques qui utilisent les toutes dernières technologies ou qui lancent leurs propres programmes de récupération, on parle beaucoup de recyclage dans le secteur de la mode ces derniers temps. Mais quelle proportion de nos vêtements est actuellement recyclée ?

Selon la Fondation Ellen MacArthur, le chiffre est de moins de… 1 % ! En même temps, quelque 12 % supplémentaires sont "downcyclés" en articles de moindre valeur : matériaux d'isolation, rembourrage de matelas ou chiffons. Étant donné que 100 milliards de vêtements sont produits chaque année dans le monde, l'utilisation de vieux vêtements pour en fabriquer de nouveaux semble une évidence. C'est pourquoi le recyclage, qui consiste à ajouter de la valeur aux matériaux existants, est devenu si populaire ces dernières années. C'est aussi la raison pour laquelle l'upcycling, qui consiste à ajouter de la valeur aux matériaux existants, est devenu si prisé. Mais le recyclage, qui implique généralement la transformation des vêtements par des moyens mécaniques ou chimiques, pose toutes sortes de problèmes. "À l'heure actuelle, les vêtements n'ont tout simplement pas été fabriqués pour être recyclés" , explique Laura Balmond, responsable de l'initiative Make Fashion Circular à la Fondation Ellen MacArthur, "Les matériaux peuvent être constitués d'un nombre complexe de mélanges différents, et pour l'instant, il n'existe pas vraiment de technologies à l'échelle voulue qui permettent de les séparer et de les recycler en fibres de haute qualité. Les produits chimiques utilisés dans l'industrie de la mode posent aussi problème.”

Les marques qui veulent utiliser des matériaux recyclés pour produire des vêtements se trouvent alors confrontées à plusieurs obstacles : “Le coût de ces matériaux peut être plus élevé, ce qui représente un défi pour certaines entreprises” , explique Kate Riley, responsable en stratégie des fibres et des matériaux synthétiques chez l'entreprise Textile Exchange.

/ Recycler les tissus n'est qu'une étape. Il est également important de réduire la consommation de ressources et la pollution dans le processus de fabrication.

/ L'upcycling était à la mode avant la pandémie, mais le concept a pris un sens différent au début des confinements successifs. Avec des usines vides, des magasins fermés et des commandes annulées, les designers se sont retrouvés avec des montagnes de stocks et des ventes en baisse. Dans de nombreux cas, le seul moyen possible de créer une nouvelle collection était d'utiliser ce qu'ils avaient déjà, qu'il s'agisse de restes de tissus ou de stocks excédentaires.

Le polyester recyclé est de plus en plus utilisé par les marques qui cherchent à réduire leur impact sur l'environnement, mais 95 % de ce polyester provient en réalité de bouteilles en PET recyclées, plutôt que de vêtements. “Si vous utilisez des bouteilles PET, vous brisez le cercle de cette boucle fermée : il est plus facile de recycler les bouteilles en d'autres bouteilles” , explique Phillipa Grogan, consultante en durabilité chez Eco-Age. “Alors que le polyester recyclé est vraiment difficile à recycler [de nouveau]. ”

Cercle Vicieux

En ce qui concerne le coton recyclé, la qualité de la fibre reste un problème. “La méthode la plus courante de recyclage du coton à l'heure actuelle est mécanique et quand vous essayez de filer les fibres pour en faire des fils, elles sont plus courtes, vous dégradez donc la qualité au fur et à mesure” , explique Laura Balmond. "Ce que nous voyons alors comme résultat, c'est que des organisations mélangent d'autres matériaux pour le renforcer, comme par exemple le polyester. Vous vous retrouvez alors face au défi d'avoir mélangé différents matériaux ensemble.”

Ces dernières années, un certain nombre de nouvelles technologies prometteuses ont vu le jour pour résoudre certains de ces problèmes, notamment avec la société suédoise Renewcell, qui produit un matériau à partir de déchets textiles, et la Green Machine du Hong Kong Research Institute of Textiles and Apparel, soutenue par H&M, capable de recycler les textiles mixtes.

/ La mode circulaire définit l’opposé du modèle linéaire de la fast fashion. Nous parlons d’une consommation durable qui considère l’environnement, le cycle de vie du produit, le présent et le futur de la mode.

L'accent a également été mis sur la circularité, par exemple en utilisant des mono-matériaux et en veillant à ce que tous les habits utilisés soient recyclables. Certaines marques se sont mises à introduire des vêtements entièrement recyclables, comme Infinite Hoodie de Stella McCartney X Adidas, fabriqué à partir du matériau NuCycl d'Evrnu et de coton organique, bien que la plupart de ces innovations n'aient pas encore atteint une proportion suffisante pour avoir un impact significatif sur l'industrie, à une échelle plus importante. L'absence d'infrastructure reste un problème lorsqu'il s'agit de développer le recyclage dans le secteur de la mode : “Nous pouvons avoir le vêtement le plus recyclable du monde, mais si nous ne disposons pas de l'infrastructure nécessaire pour l'acheminer vers la bonne technologie de recyclage, nous avons échoué”, admet Kate Riley. Il ne fait aucun doute que l'intensification du recyclage dans le secteur de la mode nécessitera d'énormes investissements, et qu'une nouvelle législation est susceptible d'accélérer le processus. L'Union européenne étudie actuellement l'introduction de lois sur la responsabilité élargie des producteurs, qui rendrait les marques financièrement responsables de la collecte, du tri et du recyclage des textiles (c'est déjà le cas en France et en Suède). Compte tenu de tous les obstacles existants et du volume de vêtements produits, le recyclage ne peut être considéré comme une réponse immédiate aux problèmes de développement durable de la mode. Il est dès lors essentiel de maintenir les vêtements en circulation plus longtemps, ce qui implique la revente, la location et le raccommodage de pièces existantes, ainsi que la réduction de la quantité de vêtements que nous achetons. “Ce qu'il faut, c'est un véritable changement de modèle économique”, conclut Laura Balmond.

AIRFIELD - SPORTALM - INDIES - JOSEPH RIBKOFF - FUEGO - SPORTALM

BLEU BLANC ROUGE - LIU JO - CHAUSSURES AZUREE

Habille les femmes de la taille 36 au 50

113 RUE DES FUSILLÉS - 59650 VILLENEUVE-D’ASCQ

- 03 20 41 29 60

SPORTALM - INDIES - JOSEPH RIBKOFF - FUEGO - TUZZI - BLEU BLANC ROUGE LÉO ET UGO - LIU JO - EVA KAYAN - CAROLINE BISS - FRANK LYMAN - LESLIE MONTECARLO - HABILLE LES FEMMES DE LA TAILLE 36 AU 50113 RUE DES FUSILLÉS - 59650 VILLENEUVE D’ASCQ

This article is from: