Sauge et Romarin Solstice d'Eté 2020

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SAUGE ET ROMARIN

SOLSTICE D’ETÉ 2020




LA FONTAINE DES ELFES GWLADYS ITHILINDIL SARIE



Une mésange voleta près de la brune tête bouclée de Sauge et se posa sur une branche du cerisier tout proche. La fillette jouait à la dînette avec ses deux chats, Alvin, le chat noir et blanc, et Moppet, la chatte calico, et ses poupées Nanon, la poupée de chiffon à la robe patchwork, et Alice, la poupée en porcelaine. Elle leva la tête et regarda le petit oiseau qui chanter en bougeant son corps comme un joujou mécanique avant de s’envoler vers la forêt. — On la suit ? proposa Romarin, son frère jumeau. Ce dernier était perché sur le mur au fond du jardin. Il sauta en bas du mur et se dirigea vers le portillon en bois. — D’accord. Je range mes jouets et j’arrive. La petite fille rangea vite-vite ses affaires et courut rejoindre son frère. Ils passèrent le portillon et, voilà, ils étaient partis dans la campagne ensoleillée. La mésange avait disparu depuis longtemps déjà mais Mère Nature réservait encore de belles surprises aux jumeaux. La première arriva sur le sentier qui descendait au creux du vallon boisé. Ce chemin étroit était une promesse, la promesse d’une évasion sûre et facile, la promesse de moments de joie et de bons souvenirs qui resteront la vie durant. Il descendait tout droit pendant quelques centaines de mètres avant de tourner vers la gauche, puis à droite et encore à gauche comme s’il se demandait dans quelle direction aller. Juste avant le premier virage, on trouvait un ancien lavoir rempli d’eau de pluie et de lentilles d’eau flottant à la surface. Quelques fois des bulles d’air s’accumulaient à la surface, signe que quelque chose vivait en dessous. Ce jour-là, les jumeaux virent une petite grenouille verte assise sur le rebord mousseux. Sauge regarda un peu plus attentivement… — Romarin, s’écria-t-elle, tout à coup. Regarde ! Le garçon regarda et devint aussi excité que sa jumelle car entre les lentilles d’eau était apparu un lutin-des-étangs. Cette petite créature pas plus haute ni grosse qu’un doigt vivait dans les eaux stagnantes comme les mares, les étangs ou les anciens lavoirs. On le reconnaissait facilement à ses vêtements verts humides et à ses cheveux mêlés de plantes aquatiques. Quand il sortit complètement de l’eau, les enfants purent voir ses pieds nus palmés. Le lutin-des-étangs les vit aussi ; d’abord parce qu’il n’était pas aveugle et que cela lui aurait été difficile de ne pas les voir, ensuite, parce qu’ils étaient très près. Il fut surpris, pas de les voir, il avait l’habitude de voir des enfants après tout, mais que des enfants puissent le voir à lui, ça le surprenait. Il ôta son chapeau et les salua. Les


jumeaux, qui n’avaient pas de chapeaux, le saluèrent en s’inclinant. Cela lui plut car, comme tous les peuples de Féerie, il était très pointilleux sur le registre de la courtoisie et du respect. Il ne se passa rien d’autre d’intéressant, du moins du point de vue des enfants. Le lutin replongea dans l’eau et la grenouille coassa puis le rejoignit. En entrant dans la forêt, qu’ils connaissaient par cœur, Sauge et Romarin sentirent immédiatement qu’elle était différente de d’habitude. Ils ne savaient dire en quoi, ils le sentaient, c’est tout. La deuxième surprise eut lieu par là, au détour d’un chemin, derrière les herbes et les fougères qui marquaient la frontière de Féerie. Romarin découvrit un collier caché sous les buissons, un joli collier en perles de rosée et larmes de fée avec un pendentif fleur. Il le prit délicatement et l’offrit à sa sœur. — Oh ! s’exclama la fillette, enchantée. Il est joli ! Merci, Romarin ! Le garçon hocha la tête, sans rien dire. Il savait qu’il avait autre chose à faire, très importante. À la maison, on lui avait appris qu’il fallait toujours remercier les fées et le peuple de Féerie pour leurs cadeaux. Il farfouilla dans ses poches et en sortit son plus précieux trésor : une carte pour son album des héros celtiques, carte qu’il avait durement gagnée à l’école et qu’il convoitait depuis longtemps. Avec un gros soupir, il la posa à la place du collier et remercia les esprits de la forêt. — Allons par ici, dit Sauge. La direction qu’elle montrait était un sous-bois envahi de ronces et de fougères. — Il n’y a aucun sentier et tu as vu comme l’herbe est haute ! — Mais si, il y en a un ! Fais-moi confiance, viens Les jumeaux se faisaient une confiance aveugle, aussi Romarin suivit sa sœur sans poser d’autre question. La petite fille devait voir des choses qui lui étaient invisibles et savoir où elle allait car elle slalomait entre les herbes et les épines comme si elles n’existaient pas. C’était sans doute son collier qui lui permettait de voir ce que le petit garçonne pouvait pas voir. De tels objets se trouvent rarement, certes, mais c’est le signe que la Féerie n’est pas très loin. Les jumeaux étaient entrés en Féerie depuis un bon moment, sans s’en apercevoir. Ils descendirent un petit sentier dissimulé par de grands arbres et un épais tapis de feuilles mortes, jusqu’à un petit vallon baigné de lumière argentée. Ils l’appelèrent le Vallon Vert et il était facile de deviner pourquoi. Ici, l’herbe tapissait les arbres jusqu’à mi-hauteur, les troncs de ces arbres étaient verts, les fleurs et les champignons étaient également de cette couleur. En traversant les feuillages, les rayons du soleil se teintaient de vert et l’impression d’être dans une émeraude n’en était que plus forte.


Mais la plus grosse surprise n’était pas ce vallon, ce fut de découvrir l’unique chose qui n’était pas verte dans ce coin, une fontaine dont la vasque était sculptée dans une pierre vert d’eau et dont la partie verticale, contre laquelle l’eau coulait, était une mosaïque bleue et turquoise. Des elfes sylvestres étaient sculptés tout autour. L’eau qui coulait se colorait de bleu, de turquoise et d’un peu de vert. Les jumeaux plongèrent leurs mains dans la fontaine et burent de longues gorgées d’eau fraîche et parfumée, un délice ! Ils ignoraient que cette eau était magique et ne tardèrent pas à s’en apercevoir quand la forêt, tout à coup, leur parut plus vivante que jamais, plus peuplée aussi. Leurs exclamations étonnées fusèrent. « Regarde, Sauge ! Il y a des fenêtres sur cet arbre ! » « Viens voir, Romarin. Tu as vu ? Des lutins ? » « Je les ai vus, oui. Bonjour ! » Les lutins sursautèrent. Normalement, les humains étaient incapables de les voir. Ils ne savaient donc pas quelle attitude prendre. Les uns étaient prêts à se cacher, les autres à lancer des projectiles et des sortilèges. Puis, ils remarquèrent le talisman autour du cou de Sauge et se calmèrent. Les plus courageux osèrent même répondre au salut des jumeaux avant d’aller se cacher, avec les autres, sous les buissons et les racines. Un peu plus loin, les deux enfants rencontrèrent des fées. Celles-ci n’eurent pas peur d’eux. Au contraire, elles furent plutôt amusées et leurs proposèrent de jouer ensemble. Sauge voulut accepter, les jeux semblaient si amusants ! Romarin la retint car il avait des doutes. Ne diton pas que passer une heure avec les fées équivaut à cent ans chez les humains ? Sauge le rassura, l’eau de la fontaine les protégeait de cela et son collier aussi. — Comment le sais-tu ? Le garçon la regardait avec des yeux ronds. Il était très surpris de voir sa sœur si affirmative. La fillette soutint son regard et haussa les épaules : — Je le sais, c’est tout, répondit-elle. — Cette petite fille a raison, dit une des fées. Grâce à ces protections, vous restez dans votre temps et quand vous retournerez chez vous, ce sera comme si une heure à peine était passée. Il n’en fallut pas plus pour convaincre Romarin. Le jeune garçon accepta de jouer avec les fées. Jouer avec les fées était indescriptible. Tout était plus amusant, plus exaltant, plus palpitant aussi. Les fées et les enfants rivalisaient d’imagination et tous riaient de bon cœur. Soudain, un cri glaça tout le monde. Instantanément, les fées devinrent sérieuses, les lutins sortirent de leurs cachettes et tous se mirent au garde-à-vous, de part et d’autre d’un sentier herbeux. — Faites comme nous, conseilla la fée aux jumeaux.


— Pourquoi ? — Ils arrivent. — Qui ça ? — Les elfes ! Les deux enfants se rangèrent donc, juste avant que le magnifique cortège entre dans le vallon. Dès son apparition, l’air se chargea de parfums inconnus et d’une musique enchanteresse. Les elfes étaient là et la forêt s’inclinait pour les saluer. Certains de ces elfes étaient grands, d’autres moyens et d’autres petits. Ils étaient tous aussi beaux qu’un rêve et vêtus de vêtements faits dans des tissus naturels et qui semblaient aussi confortables qu’élégants. Ils marchaient à leur rythme propre, ni rapide ni lent, et saluèrent chaque fée et chaque lutin, en disant : — La partie claire de l’année s’achève. Ce soir, un combat aura lieu entre le Roi Houx et le Roi Chêne. Un nouveau roi régnera alors sur le monde. Joyeux Solstice ! Lorsqu’ils furent devant les deux enfants, l’elfe qui ouvrait la marche et sa compagne se penchèrent vers eux et dirent : — Nous voilà bien surpris de voir des enfants ici. Cela faisait si longtemps ! Serait-ce là le signe d’une nouvelle amitié avec les humains ? Gardez ce collier, petite fille et revenez souvent boire à cette fontaine, tous les deux. Sur ces mots énigmatiques, les elfes disparurent dans un passage ouvert entre deux arbres. Quelques instants après, fées et lutins se volatilisèrent à leur tour et les enfants se retrouvèrent seuls au milieu des grands arbres, dans une forêt silencieuse. — Viens, Sauge. Il est temps de rentrer à la maison.


LA PIERRE SOLEIL SABRINA CERIDWEN



La pierre de soleil est une pierre rouge ou orange avec quelques paillettes scintillantes. Autrefois, cette pierre portait le nom de « pierre des étoiles ». Son nom a changé avec le temps et elle s'appelle de nos jours « pierre de soleil » car ses reflets dorés évoquent le soleil. Dans le paganisme, c'est une pierre qui symbolise la lumière. Elle est associée aux dieux bienveillants et aux divinités du soleil. Par exemple, en Grèce, cette pierre représente le dieu du soleil Hélios. C'est une pierre porte-bonheur. Elle est réputée pour porter chance à celui qui la détient. En effet, elle apporte la bonne fortune, la prospérité et la longévité. La pierre de soleil est également une pierre protectrice. Elle chasse la tristesse et les inquiétudes. Elle aide aussi à retrouver un sommeil paisible en éliminant les cauchemars.


L’ABEILLE SABRINA CERIDWEN


L'abeille est un insecte qui produit du miel et de la cire. Dans le paganisme elle a de nombreuses symboliques. Mais elle est avant tout un symbole solaire et un emblème d'immortalité et de sagesse. Chez les Celtes, l'abeille est considérée comme une manifestation de la déesse Mère Henwen car cette dernière est connue pour avoir enfanté un grain de blé et une abeille. Par ailleurs, l'abeille a un statut particulier de créature divine dans le paganisme celte, car le miel qu'elle produit est l'un des ingrédients de la boisson des dieux : l'hydromel. En Égypte, on dit que les abeilles seraient nées des larmes du dieu solaire Ré. En effet, en tombant au sol, les larmes se seraient transformées en abeilles, et ces dernières auraient ensuite commencé à fabriquer du miel. Dans le paganisme Grec, l'abeille est le symbole de l'obéissance et de l'ardeur au travail. Elle est associée aux déesses Artémis et Déméter. Les prêtresses de ces déesses portaient d'ailleurs le nom de « melissai » qui signifie « abeilles ». Au 19ème siècle, l'abeille était considérée comme le symbole du pouvoir en France. Vers la même époque en Espagne, il y avait une croyance qui affirmait que les abeilles étaient chargées de guider et d'accompagner les âmes des morts.


LE SOLSTICE D’ÉTÉ GWLADYS ITHILINDIL SARIE


Le village de Beltonnia où vivent Sauge et Romarin, les préparatifs pour la fête du Solstice d’été battent leur plein. Tout le monde s’affaire, même les plus jeunes, et les plus âgés ne sont pas en reste. Les décorations s’empilent sur les tables des maisons. On embellit les temples et les sanctuaires, on fabrique aussi des amulettes de protection et des offrandes. Le Solstice d’Eté est une fête joyeuse, une célébration du Soleil et de la Nature dans leur pleine gloire. L’un est arrivé au sommet de son ascension, l’autre est foisonnante, resplendissante de verdure, de fruits et de fleurs. C’est le moment de l’année rêvé pour quiconque souhaite rencontrer les fées et le peuple d’Elfirie car cette rencontre sera alors sans danger. Si, par facétie, les fées jouent des tours, ceux-ci sont inoffensifs. Le Solstice est aussi l’un des deux moments de l’année où le Roi Chêne et le Roi Houx combattent pour savoir qui va régner sur le monde. Sur la grande place, deux statues gigantesques se font face. Celle à l’effigie du Roi Chêne porte une superbe couronne car c’est lui qui règne sur le monde pour l’instant. Mais le Roi Houx ne l’entend pas de cette oreille. Sa puissance a grandi de jour en jour depuis le Solstice d’Hiver. Maintenant, il est prêt à rivaliser avec le Roi Chêne. Pendant qu’au village la fête bat son plein avec les jeux, les dévotions, la musique et les bals, dans la forêt, se déroule le Combat des deux Rois. D’un côté la musique et les rires fusent, de l’autre la bataille fait rage. Le Combat s’arrête au coucher du Soleil, quand celui-ci affaibli par son long voyage, se retire peu à peu. Le Solstice d’Eté est son moment de gloire mais aussi le début de son déclin. Les jours raccourcissent petit à petit, la nuit l’emporte sur le jour. Le Roi Chêne est vaincu. Le Roi Houx prend sa place sur le trône du monde. Les villageois déposent des offrandes aux pieds des deux statues et saluent le nouveau souverain. Un feu de joie est allumé sur une colline et le Solstice se termine en dansant autour.


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