Jacker : .v.tr. Argot Américain Projeter avec force un liquide sécrété par l’organisme.
Edito
Sommaire
Et voilà. Déjà trois mois se sont écoulés depuis la sortie de notre première création. Un trimestre de plus qu’on a passé à dévaliser les record stores qui croisaient notre chemin, à surfer sur le web, à chasser les infos les plus croustillantes, à analyser les dernières sorties et à vivre des soirées endiablées pour interviewer nos favoris... Il faut le dire, on a envie de vous proposer un contenu de plus en plus pointu. À l’heure où le mot “musique” a changé de définition, où elle est devenue en grande partie le refuge de constructions synthétiques et le symbole d’une génération victime d’un appauvrissement culturel général, nous tentons de vous apporter un renouveau. Heureusement pour nous, et ce depuis la nuit des temps, il y a toujours eu une poignée de résistants enclins à exprimer une différence, une contestation, nous permettant d’avoir des sujets plus que corrects. La locomotive Jacker continue d’avancer à plein régime, et vous découvrirez une partie de notre travail dans ce numéro, qu’on vous a élaboré une fois de plus avec amour. Un numéro à la fois underground et humain.
Le Frigo
In Street We Trust.
Bigga Ranx
That’s it. Already three months have passed since the release of our first creation. A quarter more that we spent to rifle record stores which crossed our path, to surf the web, to hunt the most crispy informations, analyzing the latest releases of live and pass evenings to interview our favorites ... We want to offer you a more and more heavy content. At a time when the word “music” has changed its definition, when it became largely the refuge of synthetic constructions and the symbol of a generation victim of a general cultural impoverishment, we try to bring you a renewal. Fortunately for us, and that since all time, there is always been a handful of resistance likely to express a difference, dispute, allowing us to have more than enough correct subjects. The Jacker locomotive continues to advance at full speed, and you will discover a part of our work in this issue, which were drawn once more with love. An underground and human issue.
P8
P20
P26
Shonky
P34
SF Skateboarding
P50
In Street We Trust.
P12
Chris Friend
BM Music Soho Jacker Magazine 64, allé Baldasseroni 84300 Cavaillon contact@jackermag.com www.jackermag.com
Fondateur - Graphiste
Collaborateurs
Aurélien Courbon
Geoffrey Courbon
Fondateur - Manager Roman Soler
Dimitri Gilles
Assistant rouleur
Tiffany Roubert
Sandro Leal
Charly Ferrandes Rédaction
Brice Rancou
Conrad Moriaty-Cole
28
P44
Doel
P56
The Wacky Barber
Un grand merci à : Stéphane Soler, Bruno Gayet, Cécile Ferrandes, Rob Carter, Idols, Keep Fire, la FB, le PDR Crew, Tata Coco, Alex et Karine, Annette et Patrick, Jean Courbon, Parralel, Max Liron, Fond d’initiative Jeune
Impression Imprimerie Gayet 131 Chemin des Ribes quartier des Brayettes 13560 Senas Tél. : 04 90 57 23 20 Fax : 04 90 59 01 07
Playlist
Flava FLAVA in IN ya YA ear EAR HIP HOP
TRIP HOP
1 / The Four owls - Not Like Before
1 / Greyboy (feat Karl Denson) - Unwind your mind
2 / Akua Naru - The Backflip
2 / C2C - The Beat
3 / Soklak (feat Rachel Claudio & Demolisha) - Cabron
3 / Gramatik - Cool Thieves
4 / Classified (feat Brother Ali) - Maybe Its Just Me
4 / Roger Molls - Smock’n Swing
5 / Disiz - Toussa Toussa
5 / Hugo Kant - Thou Shalt Not Kill
6 / Leaf Dog (feat Fliptrix) - All Alone
6 / DJ Shadow - Back to Front
7 / Vice V3rs4 - Déjà Vu
7 / Bonobo - D Song
8 / Milk coffee & Sugar (feat Tumi & The Volume) - Rise up
8 / Cookin Soul X Gill Scott Heron - We Almost Lost Detroit
9 / Doctor Flake feat Miscellaneous - Followers
9 / Mister Modo & Ugly Mac Beer (feat. Jessica Fitoussi - Let It Slide)
10 / The Illz - ILLYTAL (Portishead Remix)
10 / Pretty Lights - Pretty Lights vs Radiohead vs Nirvana vs NIN
REGGAE DUB
TECHNO/TECH HOUSE
1 / Roudoudou - Peace And Tranquility to Earth
1 / Delano Smith - An Odyssey LP - (Sushitech)
2 / Clinton Fearon - One love
2 / Oliver Deutschmann - Darkroom Tales - (Aim)
3 / Playing for change - Redemption Song
3 / VA - Camp Vidab 3 days 7 to 10 - (Vidab)
4 / Groundation - Who Is Gonna
4 / Andrade - Police (Molly remix) - (Street Knowledge)
5 / Sporto Kantes - Holiday
5 / Shonky - The Minneapolis Touch EP - (Apollonia)
6 / Stand High Patrol - The Big Tree
6 / Alex Arnout & Seb Zito - Moments Of You (Fuse)
7 / Hollie cook - Body Beat
7 / Franck Roger - Can We - (Circus Company)
8 / The Black seeds - The Bend
8 / Rednail Kidz +1 - I Think Of You (Classic Music Company)
9 / Mungo’s Hi Fi (feat Sugar Minott) - Scrub A Dub Style
9 / Conforce - 24 (Gesloten Cirkel remix) - (Clone Basement Series)
10 / Dubphonic - All You Need Is Love
10 / Francis Harris - Lelland Remixes Vol.1 - (Scissor & Thread)
City Zoom : Paname
LE FRIGO Texte > Roman Soler - Photos > Roman Soler Once in the 13th Parisian District, you won’t expect the mark of a can. But by hunting the right things on the web or simply by being lucky, you come across the spot of « Le Frigo »(the fridge)! Old refrigerated rail complex, this place was transformed into an expression scene, with walls painted to the bones. The building, huge, was built in 1920 and was declared as a formal industrial site at the beginning of the seventies. The width of the setting has attracted squatters, alternative artists, later graffiti artists. Grems, Big Nas and many more have painted this uncommon place with graffiti. Stencils, stickers and other forms of street-art have also integrated the walls in harmony. Enter the building, and you will discover a melting pot of artistic culture. Associations, a music studio, an ecological restaurant, walls painted to the roofs, and a staircase made of six floors which we could administratively qualify of «vandalised». You will be welcomed with a smile, and you will leave the place with the same expression.
Arrivé dans le 13ème arrondissement parisien, on ne s’attend pas du tout à voir le moindre coup de bombe. Mais il suffit d’avoir chassé l’info sur internet, ou tout simplement d’avoir le cul bordé de nouilles, et on tombe sur le spot parisien du frigo ! Ancien complexe frigorifique ferroviaire, cet endroit a été transformé en lieu d’expression, avec des murs graffés jusqu’à la moelle. Le bâtiment, immense, a été construit en 1920, et déclaré friche industrielle au début des années 70. L’ampleur du site a rapidement attiré squatteurs, artistes alternatifs puis graffeurs. Grems, Big Nas, et beaucoup d’autres ont bombardé il y a peu ce lieu hors du commun. Les pochoirs, collages et autres street-arts s’y sont également intégrés en toute harmonie. Entrez dans le bâtiment, et vous y découvrirez un melting pot de culture artistique. Des associations, un studio de musique, un restaurant écolo, des murs peints jusqu’aux plafonds, et une cage d’escalier de six étages que l’on pourrait qualifier administrativement de «vandalisée». Les habitués du lieu vous y accueilleront avec le sourire, et vous en repartirez avec la même expression de joie.
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Riders on the storm
CHRIS FRIEND Texte > Tiffany Roubert - Photos > Droits Réservés It’s in Australia, in a climate of endless holiday, where the conditions of surf (and life) are outstanding, that Chris Friend gives me this interview. Chris Friend is a pretty face with talent, but also strikes me as the epitome of the «Australian way of life». From his blond hair to his tanned skin, he is a pro, a real one. Australian, American and European waves don’t hold any secrets for him anymore. The 21-year-old prodigy has spent more time in the water than on the ground, which hasn’t prevented him from going to school. After having seen him surf, I realised (without Dalai Lama’s help) that happiness is as simple as that: watching this kind of show (and eating McDonalds at 5am after a big party; but because a bigmac gives me no great interest I’d much rather talk about the surf ). Feel free to put on your lycra and have a XXXX, I’ll take you to the fresh air of Australia with this meeting made in Oz.
C’est en Australie, dans un climat d’éternelles vacances, là où les conditions de surf (et de vie) sont exceptionnelles, que Chris Friend m’accorde cette interview. Chris Friend, c’est une belle gueule et un grand talent, mais c’est surtout l’Australian way of life à l’état pur. De ses cheveux blonds à son teint hâlé en passant par sa technique, c’est un pro, un vrai. Les vagues d’Australie, d’Amérique et d’Europe n’ont plus de secret pour lui. À 21 ans, le jeune prodige a passé plus de temps dans l’eau que sur terre, ce qui ne l’empêche pas pour autant d’être présent sur les bancs d’école. Propre. Après l’avoir vu surfer, j’ai réalisé (sans même l’aide du Dalai Lama) que le bonheur c’est aussi simple que ça: assister à un tel spectacle (et manger un mcdo à 5h du mat en rentrant de soirée ; mais comme le Bigmac ne présente qu’un intérêt fort limité, j’ai préféré m’attarder sur le surf). Enfilez votre lycra de compet et décapsulez vous une bière XXXX, je vous emmène prendre le grand air australien avec cette rencontre made in Oz.
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Jacker / Salut Chris, avant de nous dire quand et comment t’as perdu ta virginité (j’déconne) parle-nous de toi, qui est Chris Friend ?
Jacker / Hi Chris, before telling us when and how you lost your virginity (just kidding) tell us about your background; who is Chris Friend ?
Chris Friend / Ahaha, eh bien j’avais 14 ans et j’étais nerveux. Je suis né à Sydney, puis ma famille a déménagé sur la Sunshine Coast, Queensland avant que je n’entre en maternelle. Mon frère et moi adorions l’eau depuis tout petit parce-que mon père était sauveteur en mer. À partir de là, j’ai passé tous les moments de libre dans l’eau, surfant aux alentours de Mooloolaba, Maroochydoore, ect. J’ai eu ma première vraie planche de surf à huit ans et depuis le surf est toute ma vie!
Chris Friend / Haha, well I was 14 and nervous. I was born in Sydney, my family moved to Sunshine Coast, Queensland before I started pre-school. My brother and I loved the water from a very young age, because my dad was involved in surf life saving. From then on every spare moment I had I spent it in the water, surfing around Mooloolaba, alex heads, Maroochydore etc. Got my first real surfboard when I was 8 and since then surfing has been my life!
J / Te rappelles-tu de ta 1ère fois? (en surf bien sur!)
J / Do you remember your fist time ? (surfing of course!) When did you start and what spurred you to do it ?
C / Je me souviens de ma 1ère fois...où je me suis tenu debout sur un surf, c’était à Mooloolaba (Queensland) sur une planche en mousse que je venais d’avoir à Noël. J’avais à peu près 7 ans et j’apprenais les bases en me tenant debout sur la planche avec mon frère et ses potes.
C / I remember the first time...I stood up on a board that I had just got from Santa for Xmas, it was at Mooloolaba. I would have been about 7, and learnt the basics by standing up on my foam board with my brother and his mates.
J / Mis à part surfer et kiffer «l’Australian way of life», qu’est-ce que tu fais dans la vie ?
J / Except surfing and enjoying the famous «Australian way of life», what do you do in your life ?
C / Je vis à Sydney, donc ma vie ici est faite de surf/entraînements/études ou voyages/compétitions. Il y a toujours des trucs qui se passent ici et la vie la nuit est vraiment énorme, donc c’est vraiment cool d’en profiter de temps en temps.
C / I live in Sydney so my life down here is made up of surfing/ training/studying or travelling/competing. There’s always heaps happening down here and the nightlife is amazing so it’s good to get out and about on the town every now and again.
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J / You mentioned in an interview once that «there’s a stigma about studying and surfing because not many professional surfers go to Uni», how do you manage to do both ?
J / Tu as dit dans une interview qu’il y a une “stigmatisation sur le surf et les études car peu de surfeurs professionnels vont à l’université” comment gères-tu pour pouvoir faire les deux ? (Chris est actuellement en licence de business)
C / I decided to start studying because I had always had an itch to start studying at uni. I’ve been interested in business and finance for a few years recently and the opportunity popped up for me to study at the University of Sydney while I could still compete in surfing events so I jumped on it.
C / J’ai décidé de commencer les études car aller à l’uni était quelque chose qui m’avait toujours attiré. Depuis quelques années je suis intéressé par le business et les finances et récemment, j’ai eu l’opportunité de pouvoir étudier à l’univ de Sydney tout en pouvant continuer les compétitions, alors je l’ai saisie! Il n’y a pas beaucoup de surfeurs dans les compétitions qui font des études, j’aimerais changer ça, influencer les jeunes à choisir de surfer ET d’étudier.
There aren’t many surfers on tour who study at university, I’d like to change that- influence younger kids to choose to become educated as well as be serious about surfing.
J / L’an dernier tu avais la 3ème place au ASP 4-Star Protest Vendée Pro à La Sauzaie en France, que s’est-il passé depuis, et qu’est-ce qui est à venir ?
J / Last year you took the third place in the ASP 4-Star Protest Vendee Pro in La Sauzaie, France, what happened since this event/what is coming next ?
C / J’ai passé la plus grande partie de mon année à voyager. L’an dernier, j’ai fait des compétitions pour le ASP star series. J’ai aussi participé à des événements en Amérique centrale, Angleterre, France, Espagne, Portugal et Brésil, mais entre tout ça je suis revenu en Australie pour le nouvel an. Mes meilleurs résultats sur le Star series a été 3ème en Vendée, 3ème au Cabrieroa Pro à Pantin et plus récemment, 5ème au Burton Toyota Pro à Newcastle, j’étais l’Australien le plus haut placé dans la compet.
C / I spent the majority of the year travelling last year competing on the ASP star series. I had events in Central America, UK, France, Spain, Portugal and then Brazil before the events returned to Australia in the New Year. My best results on the Star series so far has been the 3rd in Vendee, a 3rd in the Cabrieroa Pro In Pantin, Spain, and more recently a 5th in the Burton Toyota Pro at Newcastle where I was the highest placed Australian in the event.
J’ai aussi passé quelque temps à la Maison Volcom à Hossegor en France avec l’équipe européenne de l’an dernier qui était super. Y’a de bonnes vagues en France et j’y adore le style de vie en été.
I also got to spend some time at the Volcom House in Hossegor France with the Europe team last year which was really fun. We got great waves in France and I love the lifestyle and culture during summer time up there.
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J / Dis-moi, qu’en est-il de ton préféré...
J / What about your favorite...
- Endroit où vivre : Biarritz en France si je pouvais! - Surf spot : Trestles, California - Planche de surf : Chilli surfboards (www.chillisurfboards.com) - Titre de chanson qui te met dans un bon mood pour aller surfer: Mon groupe favoris du moment c’est Bombay Bicycle club.
- place to live : Biaritz, France if I could! - Surf spot : Trestles, California - Board : Chilli surfboards (www.chillisurfboards.com) - Song which pump you up to surf : Favorite band at the moment is Bombay Bicyle club.
J / Quelles sont les meilleures destinations où tu as été? Quelles sont celles où tu voudrais aller ?
J / What are the best surf destinations you have been? How about the ones you want to visit in the future ?
C / Les meilleures vagues que j’ai connues c’était l’an dernier, à El Salvador en Amérique centrale. Il y a une infinité de spots et ça souffle au large des côtes tout au long de la saison. L’eau est chaude puis la culture et la bouffe sont extra!
C / The best waves I have had on a surf trip was last year in El Salvador in Central america. There are endless right hand pointbreaks and it blows offshore all season round. The water was warm and the food and culture is gréât over there !
J / Quelle est ta pire expérience dans une compétition ?
J / What is your worst experience in a contest ?
C / J’ai vu un requin récemment lors d’une compet à Newcastle (Australie), mais je ne me suis pas défilé, je voulais quand même gagner la compet!
C / I Saw a shark in a heat recently in Newcastle, but I didn’t go in because I still wanted to win the heat!
J / ...ta meilleure ?
J / ...your best ?
C / Gagner la médaille d’or du World Junior Surfing Championships au Brésil, Portugal et France en tant que membre de l’équipe junior australienne.
C / Winning the gold medal World Junior Surfing Championships in Brazil/Portugal and France as part of the Australian Junior Team.
J / Pour finir, quelques conseils à donner à ceux qui voudraient te botter le cul sur la vague ?
J / To end, some tips for those who want to kick your ass on the wave ?
C / Passez le plus de temps possible dans l’eau, et juste, éclatez-vous et le reste viendra naturellement.
C / Spend as much time in the water as you can and just try to have fun and the rest will come naturally.
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Good Vibes
BIGA RANX Texte > Roman Soler - Photos > Droits Réservés This young man, under his first impression of young frenchie, is transformed once on stage in public crowd with a voice of a rastafary lion. Beginning very young, he chained trips to Jamaica and the United States, giving it a range of styles now overflowing. He then made his name, sharing his posters alongside Afura or Gentleman. His presence, almost wonder, is one of the strengths that led him to the recognition. Today at X-Ray Production, he skims the concert halls alongside Noble Society and many others. It is at the Akwaba, a few miles from the office, that we went to interview him. And we must say that once in the backstage, we realized that it would go ahead in a pretty cool atmosphere. Besides that, our past experiences left me the memory of an english “Garden Party”.
Ce jeune homme, sous ses airs de blanc-bec français, se métamorphose une fois sur scène en chauffeur de foules à la voix digne d’un lion rastafary. Avec des débuts très jeune dans le milieu, il a enchaîné voyages en Jamaïque et au Royaume-Uni, lui conférant un panel de styles aujourd’hui débordant. Il s’est ensuite fait un nom, partageant ses affiches aux côtés de Afura ou encore Gentleman. Sa prestance, impressionante, est l’un des atouts l’ayant conduit à la reconnaissance. Aujourd’hui chez X-Ray Production, il écume les salles de concerts aux côtés de Noble Society et bien d’autres encore. C’est à l’Akwaba, à quelques kilomètres de la rédaction, que nous sommes allés l’interviewer. Et faut dire qu’une fois dans les backstages, on a compris que ça se passerait dans une ambiance plutôt cool. À côté de ça, nos expériences passées me laissaient un souvenir de “Garden Party” à l’anglaise.
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J / Tu te présentes à nos lecteurs Biga ?
J / Can you introduce yourself to our readers Biga ?
B / Ben alors salut, moi c’est Biga Ranx, Mc Ragga. Voilà, je suis français, né en 88. J’ai commencé ma carrière en 2004, avec mon premier album en 2011. Là je suis à l’avant-dernière de ma tournée. C’est cool, on est là ce soir, à l’Akwaba.
B / Okay then hello, my name is Biga Ranx, Mc Ragga. Well, I’m French, born in 88. I started my career in 2004 with my first album in 2011. Here I am on my ultimate date of my tour. That’s cool, we’re here tonight at the Akwaba.
J / Quel a été le déclic qui t’a lancé si jeune dans la musique ? J’ai quand même pu lire que c’était vers 12-13 ans que tu as commencé.
J / What was the trigger that made you start so young in music ? I still read that it was about 12-13 years you started.
B / C’est l’amour de la musique, j’ai eu pas mal d’influences de la part de mon frère, mon Dj aujourd’hui. Y me faisait écouter du son, ça m’a poussé à faire ça quoi. C’était vraiment ce que je kiffais, quand t’es petit, t’as vraiment la tête pleine de rêves. Lui mixait, moi j’étais donc plus Mc, c’était mon rôle d’animer la soirée. J’étais un peu l’attraction, tout petit derrière le micro, à balancer du roots, j’étais spécialisé là-dedans quoi.
B / It is the love of music man, I had a lot of influences from my brother, my DJ nowadays. He made me listen to the sound, he pushed me to do that. It was really what I loved, when you’re a little boy, you really have a head full of dreams. He was mixing, I was therefore more an Mc, it was my role to lead the party. I was a kind of attraction, small boy behind the microphone, to swing the roots of ragga, I was specialized in there.
J / Au fil du temps, tu as commencé à accumuler de plus en plus de styles musicaux. Est-ce que tu peux nous parler de ton passage à Londres, de tes expériences anglosaxonnes ?
J / With the time, you began to accumulate more and more music styles. What can you tell us about your visit in London, about your Anglo-Saxon experiences ?
B / Ça m’a carrément enrichi musicalement. Avant, j’étais dans un style plus traditionnel, malgré que j’ai écouté beaucoup de Hiphop, beaucoup de styles différents. Mais j’étais un peu fermé là-dedans. Au fil des années, j’ai commencé à écouter du ragga digital, du dancehall, des trucs qui au final m’ont ouvert sur énormément de styles musicaux. J’essaie de puiser mon inspiration de plein de styles différents.
B / It made me definitly enrich musically. Before, I was in a more traditional style, although I have listened to many Hiphop, many different styles. But I was a bit closed in there. Over the years, I started listening to digital ragga, dancehall, things that ultimately have opened me on lots of music styles. I try to draw my inspiration from many different styles, yeah.
J / Comment organises-tu tes collaborations ?
J / How do you organize your collaborations ?
B / Mes collaborations se passent moins comme avant. À l’époque je ne faisais que ça, squatter, dormir, dans les studios à Paris. J’étais avec des artistes que je rencontrais, c’était Dieu qui me les mettait sur ma route. Je choisissais pas, donc on partageait la même chose, l’amour de la musique. C’est venu comme ça.
B / My collaborations are happening less than before. At a time I did it, squatting, sleeping in the studios in Paris. I was with artists I met, it was God who put them on my path. I did not choose, so we shared the same thing, the love of music. It came like that.
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Villeur Kévin
Villeur Kévin
J / Plus que de la performance artistique, tu sembles assez engagé avec des titres comme “It’s Shame”. Est-ce pour toi une responsabilité pour les artistes, que de mettre leur petit grain de sel dans le monde actuel ?
J / More than artistic performances, you seem quite engaged with titles like «It’s Shame». Is it for you a responsibility for the artists to show their point of view of the world of today ?
B / Chacun le prend un peu comme il veut, certains sont là purement pour divertir les gens, d’autres pour véhiculer des messages conscients qui vont faire réfléchir. Perso, j’essaie de faire un peu des deux. Je me sens pas plus porté d’une vérité qu’un autre, faut pas tomber dans le truc moralisateur en fait. Apporter juste son petit grain de sel comme tu dis. Je fais des lyrics conscients, avec des sujets qui facilitent l’écriture des morceaux.
B / Everyone takes it a bit as he wants, some are there purely to entertain people, others to convey messages that will make conscious thoughts. Personally, I try to do a bit of both. I don’t feel more inclined to truth than another, I don’t wanna fall into the preachy stuff actually. Just bring my little point of view as you said. I make conscious lyrics, with subjects that facilitate the songwriting.
J / Amoureux de vinyls, j’ai remarqué que t’en pressais pas mal. Est-ce pour la qualité du son, ou par principe ? C’est quand même pas mal de boulot en plus, puis un risque aussi puisque un investissement.
J / As a vynil lover, I noticed that you pressed a lot. Is it for the sound quality, or by principle? It’s still a lot of work, in addition also as a risk investment.
B / Disons qu’il y a vraiment le côté objet, concrétisation. Sortir un vinyl pour un artiste, c’est le truc qu’on attend tous. Puis c’est le truc original, comme tu dis aussi pour le son, c’est vraiment ce qu’il y a de mieux. Et on continuera longtemps à presser, même si c’est pas des presses énormes.
B / Let’s say there is really the object side, realization. Bringing out a vinyl for an artist, it is the thing we all expected. Then there is the original stuff, as you say also for the sound, that’s really what’s best. And we’ll continue to press for a long time, even if it will not be huge presses.
J / La journée type de Biga ?
J / The typical day of Biga ?
B / T’as la journée en tournée et la journée à la maison. La journée en tournée, je me réveille à l’hôtel, je me dépêche parce que je suis à la bourre. Puis on monte dans le jumpy, Doudou s’allume une clope et fait “Allez les gars, on est parti”. On fait les balances quand on arrive là où on va jouer, puis je vais dormir. J’émerge une heure, et là je monte sur scène. J’en sors, puis je tape soirée, puis je me réveille dans un autre hôtel. Sinon à la maison, c’est tout de suite beaucoup plus décalé, beaucoup moins de matins où je suis en retard, je coupe mon phone, je fais du son toute la nuit avec mes potes... la vie d’artiste quoi !
B / You’ve got the on tour day and the day at home. The day on tour, I wake up at the hotel, I hurry because I’m stuffed. Then we go up in the jumpy, Doudou lights a cigarette and says»Ok guys, we’re left.» We check balance once there where we will play, then I sleeping. I emerge an hour before the show and then I go on stage. I come out, then I make party with the staff, then I wake up in another hotel. If I’m at home, it is immediately shifted much, much less mornings when I’m late, I turn off my phone, I listen and make music all night long with my friends ... Well, the artist’s life !
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Good Vibes
SHONKY Texte > Dimitri Gilles - Photos > Droits Réservés Oliver Ducreux aka Shonky belongs to this generation of young Parisian house artists, having been educated by the music coming out of Dan Ghenacias afters at the Batofar. In 1998, he bought his first pair of turntables, started producing in 2000 and released his first EP in 2006 on Freak’N Chic. A few years later, with a handful of EPs, remixes, and an album released in 2008 on Freak’N Chic, Shonky was able to impose his music paw,producing a deep and hypnotic house wreaking havoc in the early morning. Besides being an experienced producer, Shonky is also a seasoned DJ, finding himself regularly to push hard in clubs such as the Panorama Bar, Fabric, or the DC-10. As if that was not enough, he launched a new project: “Apollonia” side by side with his longtime friends, Dan Ghenacia and Dyed Soundorom, with the same will to continue to distill this sounding “after” and finally turned to San Francisco House music.
Olivier Ducreux aka Shonky, fait partie de cette génération de jeunes artistes house parisien, ayant fait leur éducation musicale en sortant dans les afters de Dan Ghenacia au Batofar. C’est en 1998 qu’ il se procure sa première paire de platines, il commence à produire en 2000 et sort son premier ep en 2006 sur Freak’N Chic. Quelques années plus tard, avec une bonne poignée de maxis, de remix, et un album paru sur Freak’N Chic en 2008, Shonky a su imposer sa patte musicale, produisant une house deep et hypnotique qui fait des ravages au petit matin. En plus d’être un producteur chevronné, Shonky devient également un DJ aguerri, se retrouvant régulièrement à pousser des disques dans des clubs tels que le Panorama Bar, Fabric, ou encore le DC-10. Comme si ça ne suffisait pas, il lance un nouveau projet : «Apollonia» aux côtés de ses amis de longue date, Dan Ghenacia et Dyed Soundorom, avec comme seul but de continuer à distiller cette house aux sonorités “after” et définitivement tournée vers San Francisco.
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Jacker / Salut Shonky, raconte-nous brièvement ton parcours afin de te présenter à nos lecteurs.
Jacker Mag / Hi Shonky, could you speak to us us briefly about your career so as to present yourself to our readers ?
Shonky / Je m’appelle Olivier AKA Shonky, je suis originaire de Paris. J’ai commencé à sortir en 1998 dans les soirées deep house parisiennes comme les afters de Dan Ghenacia au Batofar. C’est à partir de là que j’ai commencé à mixer. J’ai ensuite rencontré le crew Freak N’ Chic avec Dan, Dyed Soundorom et Terry. J’ai commencé à bosser la prod en 2000 car je savais que c’était la seule alternative pour pouvoir jouer. J’ai sorti mes premiers maxi en 2005 sur Freak N’ Chic, puis sur des labels allemands comme Substatic et Resopal. En même temps, j’ai fait des tracks en partenariat avec Jennifer Cardini qui sont sortis sur Mobilee et Crosstown Rebels.J’ai fait mon trou petit à petit, j’ai bougé à Berlin et je suis actuellement en train de monter un label avec Dan et Dyed.
Shonky / My name is Oliver AKA Shonky, I’m from Paris. I started out in 1998 in the parisian afters playing deep house like at Dan Ghenacia one’s at the Batofar. It’s from then that I started mixing. Then I met the crew Freak N ‘Chic with Dan, Terry and Dyed Soundorom. I started working in 2000 to produce because I knew it was the only alternative to play, I released my first maxi in 2005 on Freak N ‘Chic and on German labels such as Resopal and Substatic.At the same time, I did some tracks in collaboration with Jennifer Cardini who came out on Mobilee and Crosstown Rebels.I made my thing slowly, I moved to Berlin and I am currently creating together a label with Dan and Dyed.
J / “Cluborama” a été le maxi singularisant la fin de l’aventure Freak N ‘ Chic.Quelles ont été les raisons de l’arrêt de ce label qui semblait plutôt bien se porter à l’époque ?
J / “Cluborama” was the maxi singularising the end of the Freak N ‘ Chic adventure.What were the reasons of the end of this label which seemed to be going rather well at that time ?
S / A l’origine, c’était le label de Dan et sans rentrer dans les détails, il y a eu des petits problèmes avec les fournisseurs donc Dan a été obligé de mettre un terme à l’aventure. C’est pour ça qu’aujourd’hui nous sommes en train de lancer notre nouveau label.
S / Basically, it was Dan’s label. Without getting into details, there were some small problems with suppliers so Dan had to stop the adventure.That’s why today we are launching our new label.
J / L’été dernier tu as eu une résidence au DC-10 et le reste de l’année tu vis sur Berlin, c’est ça ?
J / Last summer you had a residence in DC-10 and the rest of the year you live in Berlin don’t you ?
S / Oui, je vais à Ibiza depuis 2000, j’y allais un mois ou un mois et demi. Mais je n’y suis pas resté les quatre mois de la saison cette année, car je n’ étais pas vraiment résident comme Dan et Dyed. Mais j’y serai toute la saison cette année et, oui, je suis toute l’année à Berlin.
S / Yes, I play in Ibiza since 2000, I went there for a month or a month and a half. But I didn’t stay there 4 months last season because I wasn’t really a resident like Dan or Dyed. But I’ll spend the whole of the season there this year and, yes , I live all year long in Berlin.
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J / À tes débuts en prod, tes sonorités étaient plutôt dark et hypnotiques. Aujourd’hui, ton son est plus deep, tout en gardant ce côté hypnotique. Explique-nous ce changement.
J / At your beginnings in production, your tones were rather dark and hypnotic (olympia). Today they are far deeper while keeping this hypnotic side. Explain us this change.
S / Quand j’ai commencé à mixer en 98, on était vraiment tous dans la deep house, après on est forcément influencé par ce qui se passe dans les clubs, ce que tu vas trouver dans les shops. Avec le temps, la musique a évolué vers la tech-house, la techno et la minimale. Au moment où j’ai commencé à sortir mes premières prods vers 20052006, nous étions en pleine période minimale. Mais aujourd’hui, le fait de revenir sur de la deep house, c’est simplement un retour à ce que je kiffais au début, c’est vraiment un retour à ce que je faisais à mes débuts, même si je ne me suis jamais vraiment focalisé sur un style précis. J’aime jouer club en fait… c’est vraiment mon maître mot.
S / When I started mixing in 98, we were all in really deep house, after we were inevitably influenced by what happens in the clubs and what you’ll find in the shops. By the time, the music evolved into tech-house, techno and minimal, and when I started dating my first prods in 2005-2006, we were surfing on the minimal wave. But today, returning to deep house is simply a return to what I loved at the beginning, it’s really a return to what I did when I started producing, even if I’ve never really focused on a specific style. I love playing club actually ... it’s really my key word.
J / Tu as lancé aux côtés de Dan et Dyed un nouveau label: Appollonia. Qui fait quoi dans le label ? Quelles sont les premières sorties prévues? Bref, peux-tu nous en dire plus ?
J / You launched alongside Dan and Dyed, a new label: Apolonia. Who does what on the label? What are the first previews? Can you tell us more ?
S / Le premier maxi est de moi, il s’appelle “The mineapollis touch”. Ensuite, ce sera un maxi de Dan et moi avec un remix de The mole, qui arrivera pour le WMC ( Winter Music Conference à Miami ). Puis un maxi de Dyed, de Dan. Pour le moment, c’est surtout nos propres sorties, mais nous restons ouverts à d’autres artistes. La seule règle d’or, c’est que aussi bien pour un maxi de nous ou d’ un artiste extérieur, il faut que ça nous plaise à tous les trois, juste kiffer la musique qu’on sort. Personne n’ imposera son maxi, par exemple pour mon maxi, j’ai proposé pas mal de tracks, puis nous avons décidé ensemble. C’est notre bébé, on a envie de faire les choses bien, pas forcément faire des sorties tous les mois, mais que ça soit vraiment qualitatif.
S / The first EP is mine, named «The mineapollis touch», then it will be a maxi by Dan and myself with a remix of The mole which will outcome for the WMC (Winter Music Conference in Miami). Then a maxi of Dyed,by Dan. For now it is mostly our own outlets, but we are still open to other artists. The only golden rule is that the maxi has to be liked by all of us. We just want to like our outcoming music. No one will impose his maxi. For my maxi for example, I suggested a lot of tracks, then we decided together. This is our baby, we try to do things well, not necessarily every month, but still really stay qualitative.
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J / Quelles sont tes influences majeures ?
J / What are your major influences ?
S / À la base, c’était vraiment la deep house avec des mecs comme Kerri Chandler. J’ai été également pas mal influencé par la scène deep house psychédélique de San Francisco. Dans les afters organisé par Dan, il y invitait souvent des mecs issus de cette scène-là. C’est vraiment ces mecs-là et le côté psyché qui m’ ont influencé, beaucoup plus que Detroit.
S / Basically, it was really deep house with guys like Kerri Chandler, I’ve also been really influenced by the psychedelic deep house scene of San Francisco, because in the afters organized by Dan he often invited the guys from those scenes. These guys and the psyche side have influenced me much more than Detroit.
J / Quels sont tes spots préférés pour jouer ?
J / What are your favorite spots to play ?
S / Panorama Bar, DC-10 et Fabrik. J’adore également jouer au Rex, j’ai toujours un bon feeling quand je joue là-bas, après je ne suis pas vraiment focalisé sur des lieux précis. J’ai récemment joué pour Louche à Leeds et la teuf était chanmée. Aujourd’hui, ce qui fait une bonne soirée, c’est un bon promoteur avec une bonne clientèle et un bon line-up . Dès qu’il y a une bonne alchimie, la soirée peut être cool. C’est vraiment ce que je recherche, j’ai joué au Kosovo en septembre, je pensais pas que ça aurait pu être bien, mais finalement c’était vraiment sympa.
S / Panorama Bar, DC-10 and Fabrik. I also love playing at the Rex, I always have a good feeling when I play there, then I’m not really focused on specific locations. I recently played for Louche at Leeds, it was awesome. Today what makes a good party, it’s a good promotor, with a good clientele and a good line-up, even if there’s a good chemistry, the party can be cool. This is really what I want, I played in Kosovo in September, I didn’t think it could be good, but finally it was really cool.
J / Que va-t-il se passer pour toi en ce début d’ année 2012 ?
J / What will happen to you at the beginning of 2012 ?
S / La priorité pour le moment, c’est le label. Bosser sur des remix Appollonia, préparer l’été vu que nous serons à Ibiza. C’est donc compliqué de bosser sur la musique, il faut faire un maximum de musique avant de partir à Ibiza, jouer un maximum là-bas et s’ imprégner de la musique des autres. Ensuite, on reprendra la rentrée en septembre avec déjà pas mal de matières. Je vais vraiment me concentrer là-dessus, choper un maximum de tracks, donner le meilleur de moi-même sur mes gigs. On joue pas mal, au moins tous les week-ends deux fois, on part le vendredi, on rentre le dimanche, ce qui nous laisse que quelques jours dans la semaine pour bosser en studio.
S / The priority for now is the label. We are working on Appollonia remixs, we also prepare the summer because we will be in Ibiza, so it’s complicated to work on music, so making music before going to Ibiza, play up there and listen up the music of others. Then we will restart with a lot of stuff already at work in September, I’m really going to concentrate on this, pick up a maximum of tracks, giving the best of myself on my gigs. We play a lot, at least every weekend twice, we leave on Friday, we come back on Sunday, leaving us with only a few days in the week to work in the studio.
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J / Une journée type de Shonky, ça ressemble à quoi ?
J / What does a typical Shonky day looks like ?
S / Généralement, je fais de la musique. Quand je vais avoir envie de faire un break, je vais aller acheter des disques, je mixe chez moi, je matte un DVD. J’ai l’avantage d’avoir mon studio à la maison, donc dès que j’ai un trou de créativité, je sors faire un tour, puis je m’y remets et ainsi de suite. Je m’organise pour trouver les moments où je peux être le plus créatif, avant j’avais un studio à l’extérieur de chez moi, et le problème c’est que pendant que tu y es, tu dois forcément être créatif au bon moment. Tu as donc plus de mal que quand tu es chez toi. Le lundi généralement, je me réveille, je suis pas forcément d’humeur à y aller, je suis un peu lazy, puis en fin de journée, j’ai envie de m’y mettre, je m’y mets. Si tu as un studio à 40 minutes de chez toi, tu n’y vas pas. La musique occupe tout de même le plus clair de mon temps.
S / I usually do music. When I have to take a break, I buy records, I mix at home, I watch a DVD. I have the advantage of having my home studio, so when I have a hole of creativity, I go for a walk, then I come back and work. I organize myself to find the moments where I can be as creative as possible. Before I had a studio outside my house. The problem is that while you are there, you must necessarily be creative at the right time. You will be less productive than by working at home. On Mondays, I’m not necessarily in the mood to go when I wake up, I’m a bit lazy, and then later on during the day, I want to play and produce music, and I do it. If you have a studio 40 minutes away from your house, you don’t go working. Music still occupies most of my time. J / The last word ?
J / Le mot de la fin ?
S / I have to tell my auditors, that comparing to everything that is happening right now, I hear everyone doing the same stuff. I’m not saying that I do something different from others- But I think that it’s important to believe in what you do. It’s a bit stupid what I’m going to say, but try to believe in yourself and try having a little individuality, originality, do not be afraid to put your balls on the table. When you believe in something, it should be expressed even if you’ll be the laughing stock of your buddies for a while, but there is no prophet in his own country. For my part, before it worked in France, it first worked abroad. With an opportunity, you can get good feedbacks from abroad or guys like Richie Hawtin and Villalobos playing your tracks, and it is from there that people look differently at your music... The most important is not to make copies of the current trend, because it will not work.
S / J’ai envie de dire à mes auditeurs, par rapport à tout ce qui se passe en ce moment, j’entends tout le monde faire les mêmes trucs je ne dis pas que je fais quelque chose de différent des autres, mais je trouve que c’est important de croire en ce que tu fais. C’est un peu bête ce que je vais dire, mais il faut essayer d’y croire et chercher à avoir une petite individualité, une originalité, ne pas avoir peur de mettre ses couilles sur la table. Quand tu crois en quelque chose, il faut l’exprimer, même si tu seras la risée de tes potes pendant un certain temps, on n’est jamais prophète dans son pays. Pour moi, avant que ça marche en France, ça a d’abord marché à l’étranger. D’un coup, d’un seul, tu peux avoir de bons feed-backs venant de l’étranger où des mecs comme Richie Hawtin et Villalobos jouent tes tracks, et c’est à partir de là qu’on regarde ta musique différemment… Pour moi, c’est le plus important, et surtout ne pas essayer de faire des copies sur la tendance du moment car ça ne marchera pas.
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Portfolio
SAN FRANCISCO SKATEBOARDING Texte > Aurélien Courbon - Photos > Rob Carter Il doit être cinq heures du matin, heure française, mais ça on s’en fout, je suis à FTC Skateshop, à Haight Ashbury, et je me monte un skateboard seulement quelques heures après mon arrivée dans ce que les locaux appellent “The City”. À SF, il y a le Golden Gate Bridge, vous savez, le pont rouge, mais il y a aussi des gamins de huit ans qui replaquent des tre flips sur six marches, et ça, ça reste plus impressionnant à mes yeux qu’une maison bleue ou une prison sur une île, bref. Il y a des skateurs partout ici, des jeunes, des vieux, des bons, des mauvais, les rues sont parfaitement inclinées, les trottoirs sont larges, il y a comme un petit air de paradis. On est en novembre 2011, et je m’apprète à passer six mois en immersion dans une des meilleures villes des USA, enfin, d’après 99% des personnes que j’y ai rencontré.
It must be five o’clock french time, but we don’t care, I’m at FTC Skateshop in Haight Ashbury, and I get on a skateboard just a few hours after arriving in what locals call «The City». In SF, there is the Golden Gate Bridge, you know, the red bridge, but there are also eight year old kids making tre flips on six steps, and that, that is most impressive than a blue house or a prison on an island in my sense. There are skaters everywhere here, young, old, good, bad, the streets are perfectly angled, the sidewalks are wide, there is an air of paradise. It is November 2011, and I am about to spend six months immersed in one of the best U.S. cities, after 99% of the people I’ve met.
Weed, Skateboard and graffiti. Ah, ils savent vivre les gens ici. Je me balade en ville, de spot en spot, de rencontre en rencontre, au bout de quelques mois, une bande de trente skateurs roulant à fond sur market street, ça surprend même plus. Il y a aussi Alberto, 35ans, chercheur en cancérologie à Stanford, qui envoie des nollies lipslides d’outre tombe ou encore Jack, un Iranien sorti de son addiction à l’opium, qui me bat au Game of Skate complètement bourré ... Merde.
Weed, Skateboard and graffiti. Oh man, the people here know how to live. I stroll into town, from spot to spot, from encounter to encounter, after a few months, a band of thirty skaters rolling to build on market street does not surprise any more. There is also Alberto, 35 years, cancer researcher at Stanford, who does nollies lipslides beyond the grave, or Jack, an Iranian who came out of his opium addiction, who beats me at Game of Skate totally drunk ... Shit.
Il est intéressant de voir comment le style évolue selon les quartiers, ainsi les mecs du Downtown, comprenez centre ville, vont pratiquer un skate plus street, plus technique. Alors que les mecs du Sunset District, bord de mer, plus californien, vont plutot pratiquer la courbe, ou bien descendre en downhill les trente blocs qui séparent la 16ème de la 46ème avenue. C’est dans ce dernier que j’ai élu domicile, apprenant ainsi à dompter les collines en powerslide, en regardant le soleil se coucher sur la mer.
It is interesting to see how the style changes depending on the neighborhood. The guys who skate downtown, as in the city center, will skate more street, more technical, while the guys in the Sunset District, seaside, more Californian, will rather practice curves, downhill or skate down the thirty blocks that separate the 16th of the 46th Avenue. It is in this last that I have chosen home, learning to master the powerslide hills, watching the sun set over the sea.
Voilà ce qui nous amène à Rob Carter, originaire de San Diego, ce pro du downhill dont vous pouvez aller checker l’interview sur notre site internet, qui habite à deux pas de chez moi et photographie la scène skate de San Francisco. Véritable exemple du lifestyle californien, je lui ai demandé de me faire une petite sélection de ses clichés entre deux sessions, des ollies monstrueux de Bernardo Bernard à Zach Stow, pour qui le skate reste un plaisir malgré un niveau de pro. Ces quelques photos vous donneront envie d’aller frotter du grip quelques jours ou quelques années, dans la magnifique ville de San Francisco.
That’s what brings us, Rob Carter, a native of San Diego, pro downhill skater (you can go check an interview on our website), who lives a stone’s throw away from my house and photographs the skate scene of San Francisco. Living example of Californian lifestyle, I asked him to give me a small selection of his photographs between sessions, ollies by Bernardo Bernard Zach Stow, for him the skate is a pleasure in spite of a pro level. These pictures will make you want to go out and scrub the grip a few days or years, in the beautiful city of San Francisco.
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Bernardo Bernard - Bump Ollie
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Zack Stow - Frontside Flip
Caesar Rosado - Crooked grind
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Zack Stow - Frontside Nosegrind
John Jackson - Blunt fakie
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“Tons” - Hellflip at the Library
John Jackson - Stalefish at 3rd and army
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Il y a des spots partout à SF, à chaque sortie une nouvelle découverte, mais les trois spots les plus légendaires sont sans aucun doute la Library, 3rd and Army et Flower shop.
There are spots everywhere in SF, with each release a new discovery, but the three most legendary spots are undoubtedly the Library, and 3rd Army and Flower shop.
C’est lorsque ses portes se ferment aux alentours de 18h que le silence habituel de la bibliothèque du centre ville est rompu par le claquement des boards. Des petit groupes de skateurs arrivent alors de nulle part et commencent à envahir le spot par vingtaines. Mike Carrol y a d’ailleurs claqué une ligne devenue mythique dans la vidéo transworld “Modus Operandi ”.
When it’s doors are closing around 6 pm, the usual silence of the central library is broken by the skateboards clatter. Small groups of skaters come from nowhere and then start to invade the spot by the score. Mike Carroll has also slammed a line which became legendary in the Transworld video «Modus Operandi».
3rd and Army se situe dans la zone industrielle de SF, à la limite des quartier “peu fréquentables” à l’angle de la 3ème rue et de Army, comme son nom l’indique. Ce spot est tout simplement parfait, on croirait presque qu’il à été fait pour le skate. Une dizaines de curbs surwaxés, des gaps, des marches, un revêtement parfaitement lisse, le tout en longueur ce qui permet de faire des lines monstrueuses. Ce spot légendaire, qui serait apparemment un lieu de promenade pour les travailleurs et dockers de la zone, est présent sur bon nombre de vidéos et est à mes yeux le meilleur spot de cette ville.
Third and army is in the industrial area of S F, no place to hang over for civilized people at the corner of Third Street and Army, as its name suggests. This spot is just perfect, you think it has almost been done to skate it. A dozen of over-waxed curbs, the gaps, steps, have perfectly smooth surface, all over the length thereby permitting to do awesome lines. This legendary spot, which is apparently a promenade for labors and dock workers in the area, is present on many videos and in my eyes, is the best spot of this city.
Mais le spot le plus underground reste et restera le Flower Shop. Ce spot “Do it yourself ” à été créé et façonné pendant plusieurs années, avant de devenir un bowl d’une qualité digne d’un skatepark. Caché derrière une fresque de graffiti vulgairement peinte sur des vieilles planches de bois, ce spot à été fabriqué pour les passionnés par des passionnées.
But the spot which remains the most underground and will remain, is the Flower Shop. This «Do it yourself» spot was created and shaped for several years before becoming a bowl of a quality comparable to a fucking skatepark. Hidden behind a vulgar painted graffiti fresco on an old planking, this spot was made by enthusiasts for enthusiasts.
Il n’est d’ailleurs pas rare de trouver en ville d’autres spots illégaux faits de béton, des quarterpipes improvisés en bord de route, un exemple de plus témoignant de la passion pour le skate.
It is not uncommon to find other illegal spots in town made of concrete, quarter pipes improvised on the roadside, another example demonstrating the passion for skateboarding.
Rob Carter - Front-rock at Flower Shop
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Bernardo Bernard - Ollie
Carlos Young - BacksideTailslide
Rob Carter - Downhill slide
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Caesar Rosado - Frontside Flip
Tyler Mumma - 50-50 yank-in
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Focus On
DOEL Texte > Roman Soler - Photos > Geoffrey Courbon Doel est un petit village situé au nord de la Belgique, à quelques kilomètres d’ Anvers. A une époque il comptait presque 1500 habitants. Mais depuis quelques décennies, le village est au centre de l’ actualité belge. En effet, en 1969 se met en place une centrale nucléaire, dotée de quatre réacteurs et de deux cheminées de refroidissement surplombant les quelques habitations. Si ce n’ était que ça. Depuis 1999, Doel fait également partie des villages qui vont être sacrifiés à l’expansion du port d’Anvers. En 2006, on ne comptait que 300 habitants. Aujourd’hui ils ne sont plus qu’une trentaine de résistants. La raison de notre intérêt pour cet hameau de maisons désertes n’ est autre que la conséquence de tout cela. Quoi de mieux pour un street-artiste qu’une ville abandonnée pour réaliser ses oeuvres les plus folles. Peintures disproportionnées se chevauchent sur les murs du petit village. Nos envoyés spéciaux y sont allés spécialement pour vous, et ne rentrent pas les mains vides.
Doel is a small village in the north of Belgium, a few miles from Antwerp. At a time there were almost 1500 inhabitants. But since recently, the village is the center of Belgian news. Indeed, 1969 was set up a nuclear power plant with four reactors and two cooling chimneys overlooking the few houses of the little town. If it was only that. Since 1999, Doel is also among the villages that will be sacrificed to the expansion of the harbour of Antwerp. In 2006, there were only 300 inhabitants. Today just a few persons reside in Doel. The reason for our interest in this desert hamlet of houses is other than the consequence of all this. What better way for a street-artist that an abandoned town to perform his most craziest ideas. There are disproportionate paintings all over the walls of the small village. Our reporters have been there for you, and do not come back home with empty hands.
C’ est à Anvers que le capot de notre voiture commence à fumer. On lalaisse à un garage, puis on décidé de continuer en transports en commun, quitte à faire du stop. Il n’ y a que deux bus qui passent par Doel dans la journée. Sur la route, en demandant notre chemin à des Belges en pleine routine, on nous répond d’ un air étonné : « Doel? Mais il n’ y a rien là- bas, c’ est désert ! » On arrive sur place sur le coup des 17h. Rien à manger, rien à boire, et le prochain bus passe le lendemain midi. Les murs, eux, ont bien l’ air d’ être les seuls encore en vie ici. Le ciel lui-même est apocalyptique, ce qui nous gêne d’ ailleurs sacrément pour les photos, la lumière étant trop faible pour avoir de bons clichés. Il commence à y avoir un orage digne de ce nom et on va vite s’abriter dans une maison abandonnée. On rassemble les meubles pour passer une soirée confortable.
It is in Antwerp that our car started to smoke. We left it in a garage and decided to move on by public transport, even if we had to hitchhike. There were only two busses passing through Doel per day. On the road, asking our way to a couple of Belgians answered astonished : «Doel? But there is nothing there, that is wilderness! « We arrived in the late afternoon. Nothing to eat, nothing to drink, and the next bus leaving next morning. The walls of the houses seemed to be the only ones still alive. The sky itself was apocalyptic, the light was too low to get good shots. Very quickly rain and wind made us hurry in an abandoned house. We brought together some furniture so as to spend a comfortable evening.
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Une heure ou deux plus tard, une voiture se gare devant la maison qu’on occupe pour la nuit. Un homme rentre dans la maison. Il tombe sur nous, très étonné et nous sort immédiatement:
An hour or two later, a car pulled up outside the house that we were squatting for the night. A man entered. He saw us and said immediatelly :
- Salut les gars, si vous habitez ici, il faudra que demain matin à neuf heures vous soyez sortis, on finit de barricader toutes les maisons pour s’assurer que personne ne sera ici lorsqu’ on submergera la ville.
- Hi guys, tomorrow morning at nine o’clock you’re out, we have to barricade all the houses so as to ensure that no one is here when the city w ill be over whelmed.
- Non non, on n’habite pas du tout ici, on s’ est juste abrités, on est ici pour prendre des photos. Vous sauriez pas où est-ce que l’ on pourrait acheter à manger ici?
-No no, we don’t live here, We just shelter in the house, we are here to take pictures. Do you know where it is possible to buy some food ?
- C’est pas un endroit pour manger ici. Et si vous voulez un conseil, fermez bien la porte cette nuit. Il y a des gens à qui ça ne plaît pas que vous soyez ici ( l’ orage gronde, on se croirait dans un film d’ horreur). »
-It’s not a place to eat here. And if you want an adv ice, close the door tonight. There are people who don’t like you to be here (the storm is raging, it’s like in a horror mov ie).
Et le mec part sur le champ. On pousse une armoire contre la porte. Aussitôt la nuit tombée, on se retrouve dans le noir total. Dormir reste la meilleure solution pour patienter jusqu’au lendemain.
And the guy was gone as fast as he came. We pushed a cupboard against the door. Soon we were left in complete darkness. Sleeping seemed the best way to wait until next day.
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1h30 au beau milieu de la nuit. BOUM BOUM BOUM BOUM. Quelqu’un tente de rentrer. BOUM BOUM BOUM BOUM. Plus rien. On regarde par la fenêtre et on voit trois mecs qui rôdent autour de la maison. Des mecs ? Des armoires à glaces oui. On finit quand même par se rendormir sur les vieux matelas qu’on a trouvés ici et là.... Le matin venu, le ciel s’ est éclairci, la lumière du matin est parfaite. C’est alors qu’on se rend compte que des feuilles écrites en allemand sont accrochées sur les murs du village. Il s’ agit de feuilles de recherche pour des meurtres commis à Doel. De quoi faire froid dans le dos. Mais nos estomacs grondent bien trop. On réussit à acheter quelques tranches de pain et un pot de confiture à une autochtone. Le pain est congelé, la confiture est moisie. Bien trop dark tout ça. On n’a pas traîné. Around 1:30 in the morning, BOOM BOOM BOOM BOOM, someone tried to come in. BOOM BOOM BOOM BOOM. Nothing more. We looked out of the window and saw three guys hanging around the house. But nothing happened and we finally went back to sleep quite «peacefully» on the old mattresses we had gathered together .... In the morning, the sky had cleared, the morning light was perfect. It is then that we realized that on the village walls there were reward sheets written in German. It was about murders committed in Doel. We started to feel really uneasy. But our stomachs were growling So we managed to buy a few slices of bread and a pot of jam from a native. The bread was frozen and the jam was musty. Time to move.
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Lifestyle
BM SOHO Texte > Conrad Moriarty-Cole - Photos > Conrad Moriarty-Cole
Niché dans une rue du centre de Londres, BM Soho, le plus vieux record store de dance music du Royaume-Uni fait de la résistance: inauguré en 1990, et plus de 20 ans plus tard, il tourne à plein régime, alors que les magasins de vinyls tombent comme des mouches. Luttant contre la vague de numérisation de l’industrie de la musique, il fait encore aujourd’hui poser des skeuds, fournissant des collectionneurs et des DJ d’une oasis de vinyls dans un désert de mp3. Avec un personnel activement impliqué dans l’industrie musicale au-delà de la boutique - DJs, propriétaires de maisons de disques, promoteurs - c’est une expérience intime et instructive montrant que tout n’est pas perdu, à une époque où tant de gens achètent en ligne.
Tucked away in a side street in central London hides BM Soho, the longest running dance music record store in the UK. First opened in 1990, more than 20 years on and it’s still going strong while record stores drop like flies around them. Fighting against the unrelenting tide of the digitalisation of the music industry, they’re still pushing the plastic, providing collectors and DJ’s from the bedrooms to the clubs with an oasis of vinyl in a desert of mp3s. With staff that are all actively involved in the music industry beyond the store - DJs, record label owners, promoters – it’s an intimate and informative experience that is all but lost in an age when so many people buy online.
Arrivé dans la boutique, je suis frappé de plein fouet par les dernières sorties, les murs pleins de vinyls, ainsi que la douzaine de MK2 qui se présentent devant moi. J’emprunte l’escalier qui mène au sous-sol, et je me retrouve dans une petite salle au plafond bas, métaphore parfaite de la scène underground que la boutique représente. Tout comme à l’étage, des vinyls pleins les murs, avec une rangée de tables tournantes attendant avec impatience que je mette l’aiguille à la gorge de quelques galettes. On dirait que je vais quitter cet endroit bien chargé. Mais avant de m’adonner à ce plaisir-là, je m’offre celui d’une conversation avec Snooks, expert chez BM-Soho.
As I enter the shop, I’m hit with the latest four to the floor beats and grooves, and wall to wall vinyl of pure house and techno with only a row 12:10s keeping them tantalisingly just out of reach. Venturing on down the tiny staircase to the basement, I find myself in a small, low ceilinged room, that serves as a perfect metaphor for the underground scene the shop represents. Just like upstairs, vinyl drips from the walls, with a row of turntables eagerly awaiting me to put needle to groove and play the latest cutting edge tracks in Drum and Bass and Dubstep. Looks like I’ll be leaving here with a few more inches of acetate than I came with... But before I tucked in to the delights on offer, I had a chat with BM-Soho’s very own Snooks.
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Jacker / Salut BM-Soho, comment ça marche ?
JackerMag – Hi BM-Soho, how’s it going ?
BM / Salut, ouais ça marche. On est toujours là. On achète toujours du vinyl.
BM-Soho – Hi. Yeah it’s going good. We’re still live, we’re still buying vinyl.
J / Ça fonctionne comment BM-Soho ?
J / In your own words, what is BM-Soho about ?
BM / Cela fait maintenant plus de deux décennies que nous remplissons les sacs des DJ même si maintenant il s’agit surtout de collectionneurs. On essaie de passioner les jeunes. Je ne vais pas donner mon avis sur le téléchargement pratiqué par tant de personnes, mais nous sommes un magasin de disques, nous vendons des disques. Il ne reste plus beaucoup de magasins de disques, ce qui est bien triste. Il y a une vraie différence entre acheter de la musique en ligne, l’écouter sur son laptop, ou bien se rendre dans un magasin, rencontrer des gens qui font partie de la scène, qui détiennent des labels, nous sommes au coeur de tout cela. Et de nous voir toujours ici me met du baume au coeur.
BM – We’ve been here about two decades now, filling up DJs’ bags, although now it’s more collectors. We do a night that’s vinyl only now too and it’s obvious, we’re all about the vinyl, trying to get the young people back involved. There’s a lot of digital stuff, a lot of people downloading music, - I’m not gonna go into my opinions on that - but we’re a record shop; we sell records. There aren’t many independent record shops left really, which is sad. There’s a real difference, if you buy music online, listening in your headphones, on your laptop speakers, to actually going into a shop, meeting people who are part the scene, that are running labels themselves, we’re at the core of it all. And the fact that we’re still going makes me feel good about humanity.
J / C’est vraiment dommage, tous ces magasins de disques qui disparaissent.
J / It’s shame record stores like this are a dying breed, Soho used to be the place for record stores but now there are only a few left.
BM / Ouais, à Soho, il y avait un magasin de disques après l’autre. Maintenant il reste BM Soho, Soul Jazz, Phonica, Sister Ray et quelques autres, c’est tout. Vous savez, de toute évidence c’est ainsi pour tout ce qui s’achète sur le net, des distributeurs qui font faillite, les gens qui achètent la musique autrement, etc., je pourrais en parler pendant des heures. Mais bon, nous sommes toujours là et nous sommes les plus anciens vous savez.
BM / Yeah, Soho was inundated with record shops, if you walked down Berwick street it was one record shop into another, into another. As you can see nowadays you’ve got BM Soho, Soul Jazz, Phonica, Sister Ray and a couple of second hand shops and that’s it. And, you know, obviously that’s down to all the web sales and things like that online, distributors going bust, people buying music in a different way, etc. I could go on all day. But yeah, we’re still here and we’re the oldest running, you know?
J / Vous maintenez la flamme. C’est à quel niveau que vous êtes différent ?
J / You’re still keeping the torch burning. What is it you do differently ? BM / Customer service man, customer service. Everyone in this shop is either a producer, or a DJ, or their running a label, or they’re a promoter, so everyone is integral to the scene. Everyone involved is putting something in, as opposed to, you know, HMV, where they’re just standing behind the counter. And I think that’s what you need in a record shop. In a true record shop you should be going in, not necessarily buying on site, but if you’ve got a relationship with certain people keeping your ears open to new things, recommendations and that. That’s what sets us apart from other shops, regardless of it being a record shop or any shop; customer service is what’s important.
BM / Le service clientèle mon gars, le service clientèle. Dans ce magasin vous n’avez affaire qu‘à des personnes intégralement liées à la scène, un producteur, un DJ, un directeur de label ou un promoteur.Tout le monde s’investit, contrairement à HMV par exemple où ils sont juste derrière le comptoir. Et je pense que c’est de cela dont on a besoin dans un magasin de disques. Dans un vrai magasin de disques, il faut entrer en relation avec les gens, être à l’écoute pour de nouvelles choses, des recommandations etc. C’est ce qui nous différencie des autres magasins, que ce soit un magasin de disques ou tout autre magasin, le service client, c’est ça qui compte. J / Avez-vous des gens qui entrent et vous parlent et qui rentrent ensuite chez eux pour acheter en ligne ?
J / Do you have people who come in and talk to you, then go home and buy online ?
BM / Oui... je dirais beaucoup de ces jeunes qui commencent tout juste à s’y intéresser utilisent le magasin comme une bibliothèque, ce qui ne me dérange pas trop, aussi longtemps qu’ils achètent quelques trucs - ouais, nous avons parfois des gens comme ça. Mais la plupart des personnes sont des clients réguliers qui viennent uniquement pour acheter. Pour ceux-là nous mettons de côté des choses qui devraient leur plaire et ils viennent et emportent ce que nous leur avons préparé. Ça veut dire faire faire confiance et respecter les goûts.
BM / We do...I’d say a lot of the younger sort of dubstep heads who are just getting into it will come in and use us as a library, which I don’t mind too much, as long as they buy a couple of things - but yeah, we do get people like that. Most people are regulars though, some who just come in to buy; we’ll put aside stuff that we know that they’ll like, and they’ll just come and grab the bag, you know. And that’s just trusting people and respecting our own tastes.
J / Tout le monde est très impliqué au niveau de la scène musicale. Qu’en est-il exactement ?
J / The staff are all involved in different parts of the music scene, tell us about that.
BM / Ouais, le label que je dirige est un label de vinyl, pas de numérisation - je n’ai rien contre cela, mais j’essaie simplement de le garder vrai. Après il y a DJ Flight, elle dirige un label et elle est impliquée avec Metalheadz. Il y Sigha de Hot Flush, George Fitzgerald travaille maintenant ici. Je pourrais en parler pendant des heures.
BM / Yeah, the label I run is a vinyl only label, no digital (not that I’ve got anything against that), but I’m just trying to keep it true, anything that’s bass heavy, the format of vinyl, it suits it down to a tee. Then you’ve got DJ Flight, she’s running a label, and obviously she’s involved with Metalheadz. There’s loads, you got Sigha from Hot Flush, George Fitzgerald works here now. I could go on all day.
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J / George Fitzgerald a joué récemment lors d’une de vos nuits ?
J / George Fitzgerald played recently at one of your nights ?
BM / Ouais, à la nuit du vinyl. C’était un succès fou. Il y avait également John Swing. C’était génial. Nous organisons ces événements assez régulièrement, si vous allez sur Twitter vous le verrez. Nous ne faisons pas nécessairement de la pub, on aime quand ça reste vrai. J’imagine comment était l’ambiance à l’époque de la house et garage. Des gens qui débarquent sans nécessairement savoir ce qui se passe et qui font : “Oh merde, c’est quoi ça, ça me plaît.” Ils prennent un petit drink et se régalent. On ne fait pas payer, c’est juste un truc pour attirer du monde.
BM / Yeah, the vinyl only night. It was a smash. We had John Swing there as well. Oh my gosh, that was amazing. We also do the instores quite regularly, if you have a little look on our twitter you’ll see. We don’t necessarily advertise, we like to keep it true. I wasn’t around back in the days of house, and proper Garage and things like that, but I can image that’s what the vibes were like. People just turning up, not necessarily knowing what’s going on and just going: “Oh shit, what’s going on here?! I’ll have a little bit of that.” Maybe have a little drink and just have fun really. We don’t charge or anything, it’s just an in-store thing to draw people in.
J / Ça se passe toujours la nuit ?
J / When do you run these? In the night time ?
BM / En général le jeudi et le vendredi, juste quelques heures avant de fermer, on reste des vendeurs de vinyls. Si quelqu’un fait le Dj et un autre dit: “C’est quoi ce truc?”, alors on le lui vend vous savez.
BM / Generally we do them on Thursdays and Fridays, just a couple of hours before closing, you know, we’re still selling records. If someone’s DJing and it’s a record off the wall and someone’s like: “What the fuck is that?” We can sell it to them, you know?
J / Pensez vous que ça fasse une grande différence ? BM / Ouais certainement. De beaucoup de points de vue. Je veux dire d’abord le fait de faire rentrer des gens qui ne font que passer, attirant des fans de l’artiste ou du Dj sur scène. Si nous réussissons à faire entrer des gens juste pour qu’ils réalisent à quoi ils ont affaire, vous savez, c’est déjà quelque chose, et c’est une expérience bien différente de celle que vous faites dans d’autres magasins de disques, même si ce sont de bons magasins de disques. Je ne vais pas citer de nom, mais il y a bien une raison pour laquelle nous avons résisté à l’épreuve du temps. C’est vraiment l’équipe qui travaille dans le magasin qui fait la différence.
J / Does it make a big difference do you think ? BM / Yeah, definitely. In so many aspects. I mean, first of all just drawing people in who are walking past, drawing fans of the actual artist or DJs that are performing. If we can get people into the shop just to realise what it is you know, it’s a special thing and you do get a different experience compared to other sorts of record shops, even if they are a good record shop. I won’t say any names, but there’s a reason why we’ve stood the test of time. It really is the staff that work in the shop that make a difference.
J / Les nuits “vinyl only” se passent au shop ? BM / Les “vinyl only”, ne se passent pas réellement en magasin, c’est une boîte de nuit que nous avons lancé. C’est plus bas, à Basing House à Shoreditch, car il est évident que vous ne pouvez pas ajuster du Funktion 1 dans cet endroit et nous avons vraiment besoin de cela. Cette “only vinyl night” est évidemment une soirée où les Djs ne joueront que sur vinyl. Vous savez, si vous venez et vous avez un stylo-lecteur, vous vous ferez expulser, tout simplement. Alors oui, John Swing, George Fitzgerald, quelques-uns des membres du personnel, des invités secrets. Démerdez-vous de garder vos oreilles grandes ouvertes pour le prochain, nous allons en faire une Drum&Bass et Dubstep. Nous ne pouvons pas parler de ce qui va se passer, mais ça va être putain de gros.
J / You put on vinyl only nights in-store... ? BM / The vinyl only nights aren’t actually in store, that’s a club night that we’ve started. Its down in Basing House in Shoreditch, because obviously you couldn’t fit a Function 1 into this place and we really needed that. On that vinyl only night, obviously it was vinyl only. You know, if you come in and you’ve got a pen-drive your gonna get kicked out, simple as. So yeah, John Swing, George Fitzgerald, some of the staff members, secret guests. Just sort of keep your ears open for the next one, we’re gonna do a drum and bass and dubstep one. We can’t mention what’s going on but it’s going to be fucking big.
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J / La House et la Techno semblent vraiment traverser une période faste.Ça a un effet positif sur les ventes ?
J / House and techno seem to be having a really healthy period, is it having a positive effect on your sales ?
BM / En fait, toute personne qui fait de la musique , en particulier de la dance, est géniale. Bon nombre de ces jeunes qui au départ étaient dans le dubstep, le grime ou autre, se tournent donc vers l’histoire de la dance et en veulent même un peu. Regarder en arrière et être comme, ouais, Detroit, Berlin, tout ça. C’est une sorte de résurrection de l’ambiance d’origine, peut être un peu plus heavy bass, mais, c’est un truc de british. C’est tout simplement l’effet du cercle, quand tu regardes des trucs d’art et de culture , tu es toujours inspiré par autre chose, je pense que c’est vraiment intéressant. Et quand tu arrives à un certain point en musique et tu ne sais pas vraiment ce que sont les genres et ce qui se passe, comme ce qui s’est passé avec le dubstep, ce sont les périodes les plus intéressantes. Je me souviens être allé en 2005-2006 au Plastic People, avoir entendu des trucs et avoir dit: “Putain, mais c’est quoi ça??” Ça n’as pas d’importance vous savez. Ça vous donne des émotions ou ça vous donne envie de faire quelque chose. Et en ce moment, il y a des gens comme Ben Ufo et d’autres sur Hessle Audio, des gens comme Joy Orbison, les choses qu’ils font sont vraiment - John Scoing aussi, il ne faut pas que j’oublie, il pourrait lire ceci - vraiment un mélange de House et de Techno, au point où tu ne sais pas lequel c’est, mais on s’en fout, la musique c’est la musique. En ce moment, il se passe des tonnes de choses intérêssantes, on ne peut pas les classer en catégories, mais on s’en tape, “music is music”. Il y a des choses extra.
BM / The thing is, anyone making music, especially dance music, is great. So a lot of these young people who were originally in the circles of dubstep or grime or whatever, it makes sense that they are gonna look back on the history of dance and maybe want a little bit of that. Look back and be like, oh yeah, Detroit, Berlin, whatever. It’s sort of a resurgence of the original vibe, maybe a bit bass heavier, coz that’s a UK thing. It just goes in circles man, when you look at art and culture things are always inspired by something else, I thinks it’s really interesting. And when you get to a point in music and you don’t really know what genres are and what’s happening, like what happened with dubstep, they’re the most interesting periods. I remember 2005/2006 going to plastic people, just hearing stuff and going “What the fuck is this?” It doesn’t matter, it’s good music, you know. It gives you emotions or it makes you want to do something. And at the moment, people are just doing really interesting stuff, I could say people like Ben UFO, and others on Hessle Audio, people like Joy Orbison and that, the things they are doing are really - John Swing as well, I won’t forget that in case he’s gonna read this - it really is a mish-mash of house and techno, to the extent that you don’t know which it is but it doesn’t fucking matter, music’s music, you know. Right now there’s loads of interesting things going on, you might not be able to put them into a pigeon hole, but fuck it, music is music man. There’s some great stuff out there.
J / Pensez vous qu’il y ait une influence sur la house de la part du dubstep et du garage ?
J / Do you thinks there’s an influence coming from the dubstep/future garage side of things on house ?
BM / Ouais, clairement, des gens comme George Fitzgerald, tous ceux du Hot Flush, ils ont de toute évidence grandi avec cela. Par exemple George Fitzgerald, il est de Watford, ok? C’est de là qu’est né le garage, Z-Bias et tout ça, donc ça coule dans leurs veines. Je veux dire moi, je fais du dubstep, sorte de dub et de reggae, c’est donc issu du même sang, alors qu’avec la house et ce qu’ils font maintenant, ça vient du garage. Comprenez-moi bien, j’ai grandi avec du 2-step et du garage,mais quand ça s’est transformé en quelque chose de plus rude, ça ne m’as plus branché, c’est pas ma tasse de thé. Pareil pour le Grime, j’ai seulement aimé le dubstep à partir du moment où c’était bien produit. Mais vraiment, ça n’a pas d’importance, il y a tout implement de la musique extra et tout ce qui compte pour moi, c’est qu’il y a des gens qui font de la musique vraiment intérêssante et c’est ce qui me plaît.
BM / Yeah definitely, people like George Fitzgerald, all the Hot Flush people, they’ve obviously grown up with that scene. Take George Fitzgerald, he’s from Watford right. That’s where garage came from, Z-Bias and all of them lot, so it’s in their blood. I mean, me, I do dubstep, so really sort of dub and reggae, is sort of the blood of that, whereas with house and all the stuff they’re doing now, Garage was theirs. Don’t get me wrong, I grew up with 2-Step and garage, but when it progressed into the more sort of rowdier stuff I wasn’t really on that you know, that’s not my cup of tea. Grime as well, I only liked dubstep when it became really well produced. But really it doesn’t matter, there’s just fucking great music out there and that’s all I care about, people are making really interesting music and that’s what I’m enjoying.
J / Et Maintenant, vous avez également commencé à vendre du reggae au sous-sol, n’est ce pas ?
J / And you’ve started selling reggae downstairs now too, right ?
BM / Oui, nous avons Dub Vendor ici actuellement, ce qui est mauvais pour mon compte en banque... Car comme je le dis, je joue du roots et du dub. Ça va de pair. Je pense que si ce n’était pas pour le dub, des gens comme King Tubby - et ça a été dit maintes fois - qui se servent d’une console de mixage comme d’un instrument, qui y aurait pensé? Ça c’est la base de tout, sans exception. Que ça soit de la techno, de la house, qu’importe la manière de produire, tout vient du reggae. Alors de les avoir maintenant dans le magasin, ça ferme en quelque sorte le cercle, vou comprenez? Au sous-sol nous avons donc: dub, reggae, ska, des vieux morceaux , tous les Pecking Records et au milieu de tout ça vous avez votre drum&bass, votre dubstep. Puis, en haut, house et techno, que voulez-vous de plus? A mon avis, nous n’avons vraiment pas besoin de présenter autre chose. Maintenant que nous avons de la dub, c’est bon. En tout cas, pour moi c’est clair.
BM - Yes we do. We have Dub Vendor in the house now, which is damaging for my bank account... because like I say, I play roots and dub. It goes hand in hand. I think if it wasn’t for dub, people like King Tubby - and people have said this a million times - using a mixing console like an instrument, who would have thought of it? That’s the foundations of everything, regardless. Whether it be techno, house, whatever, the way that people produce, it all comes from reggae. So having them in the shop now, it sort of closes the full circle, you know? So down in the basement we’ve got: Dub, Reggae, Ska, old bits, you know all the Peckings records stuff, and then going through you’ve got your drum and bass, you’ve got your dubstep, everything in between. Then upstairs, house, techno, what more could you want? There really isn’t anything else that I think we need to present now. Now that we’ve got dub, that’s it. For me anyway. Definitely.
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J / Le magasin est petit, les jours d’affluence, le magasin doit être plein à craquer.
J / The shop is small, it must get rammed in here on a busy day.
BM / Ah certainement. Ça n’apas changé depuis les débuts où Nicky Blackmarket et les autres étaient ici. C’est un petit espace réduit, mais il y a toujours plus de platines d’écoute que dans n’importe quel autre magasin de disques pour peu qu’ils en aient une seule. Voilà d’ailleurs un autre truc à propos du magasin, le fait de pouvoir écouter la musique. Il y a tellement de magasins où il y a du vinyl que vous pouvez prendre, mais pas écouter.
BM / It does for sure. It hasn’t changed since the early days when Nicky Blackmarket and that were here. It is a small little place but it’s still got more listening stations than any other record shop, if they’ve even got one. That’s another thing about the shop, the fact that you can listen to things. There’s so many shops you can go in and there’s vinyl, you can pick it up but you can’t listen to it.
J / Vous ne savez pas ce que vous achetez ...
J / You don’t know what you buying ...
BM / Exactement, à quoi bon? Je ne comprends pas, c’est omme d’aller sur un site web sur lequel on peut acheter de la musique, mais vous ne pouvez pas l’écouter. C’est un ruc tangible, c’est un produit physique qu’il faut pouvoir soupeser, pour sentir le poids du vinyl, le faire tourner et en fait l’écouter. Ouais, c’est un petit magasin, mais si c’était plus grand, ça perdrait son âme. Et quand il y a une fête ici, c’est plein à craquer.
BM / Exactly, why would you do that?! I don’t understand, it’s like going on the website and there’s stuff for sell but you can’t listen to it. It’s a tangible thing, its a physical product so you need to be able to pick it up, feel the weight of the vinyl, and play it and actually listen to it. Yeah it is a small little shop, but if it was any bigger it would lose that vibe that it has. And when there’s a party going on here it is rammed.
J / C’est cool, car on peut prendre son temps et écouter des morceaux avant d’acheter quelque chose, un peu comme une librairie quoi.
J / It’s cool because you can take you time here and listen to tracks before you rush in and buy something.
BM / Exactement, et c’est ce que nous voulons que vous fassiez. Et vous savez, beaucoup de clients réguliers entrent et on leur fait un petit mix parceque parfois, vous ne savez pas exactement ce que vous voulez ou ce que vous aimeriez mettre dans un mix. Et c’est ce qui fait le service clientèle.
BM / Exactly, and that’s what we want you to do. And you know, a lot of regulars will come in and they’ll have a little mix as well because sometimes you can’t tell exactly what you want or you’d like to put it in a mix, check the key and whatever. And that comes down to customer service.
J / Que faites vous d’autre pour lutter contre la numérisation de la dance music ?
J / What other things do you do to fight the digitisation of dance music ?
BM / Je ne pense pas vraiment que nous luttons contre, nous en sommes conscients...
BM / I don’t think we’re fighting it. We’re aware of it...
J / Mais au niveau du magasin, les ventes ont-elles baissé ? Que faitesvous pour maintenir le magasin à flot ?
J / But in terms of the shop, record sales have gone down ? What are you doing to keep the shop afloat ?
BM / Ouais aucun doute, mais c’est que ça a changé. À l’époque on remplissait les flycase des Djs. Les gens entraient parcequ’ils allaient jouer le week-end ou quelque chose comme ça, mais maintenant c’est plutôt un marché de collectionneurs. Vous voyeez ça avec les gens qui font des efforts au niveau du design des produits. Ça ne suffit pas de nos jours de juste sortir un bon morceau car vous pouvez le télécharger. Donc, d’une certaine façon, si vous voyez ça comme une lutte -même si ce n’est pas ma vision- j’ai moi-même un pur label de vynil et BM Soho va également en lancer un. On s’apprête à sortir quelques titres même si je ne peux rien dire. Restez à l’écoute. En fait , nous essayons simplement de le garder tel qu’il était: soutenir des petits labels et généralement de la bonne musique sans exception- si c’est de la bonne musique, c’est de la bonne musique et nous suggérons toutes ces choses aux clients qui entrent. Donc c’est juste un cas de …
BM / Yeah, no doubt, but the thing is it has changed. Back in the day we used to fill record bags of DJs. People would come in because they were gonna be playing at the weekend or whatever but now its more of a collectors market. You can see that with people making an effort with the design of products. It’s not good enough nowadays to just put out a good tune because you could just have it in digital download. So in a way, if you want to look at us fighting against it - although I wouldn’t say we are - myself, I’ve got a vinyl only label; in terms of BM-Soho, we’re gonna be starting a vinyl only label as well. We’ve got some forth coming releases although I can’t say anything. Just keep your ears peeled. When it comes down to it, we’re just trying to keep it like it used to be: supporting small labels, and generally good music, regardless – if it’s good music, it’s good music – and we’re suggesting all of these things to the customers who come in. So it’s just a case of...
Le téléphone sonne
Phone rings.
-Je vais le prendre...
- I’ll just get that...
-Allo, BM Soho... C’est Snooks, oui?... D’accord, vous voulez que je vous passe le sous-sol? … Ouais pas de problème... Cool,cool. À bientôt. Vous voyez. Ça, c’est du service client. C’est un client régulier, il va juste envoyer une liste par mail: “Je veux ceux-ci et tout ce que vous pouvez recommander et je vais entrer et les acheter.” Et c’est ça, c’est ce que nous faisons. Vous n’obtenez pas cela si vous appelez d’autres magasins de disques ou si vous allez sur le net.
-Hello, BM Soho. … It’s Snooks, what’s goin’ on? … Alright bruv, you want me to put you through to downstairs? … Yeah, no worries man. … Cool cool. See ya, bye! Right, you see? That’s customer service right. That’s a regular guy, he’s just gonna e-mail a list: “I want these and any recommendations and I’m just gonna come in and buy them.” And that’s it, that’s what we do. You don’t get that if you call up other record shops or online.
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Vous cliquez et ça dit “il y a un produit similaire” ou bien: “d’autre personnes ont également acheté ceci”. Ici ça ne marche pas comme ça, je ne suis pas un algorithme, je suis un être humain et c’est cela, le service client. Et nous sommes tous engagés dans des domaines différents -promotion, labels-, nous sommes au premier rang, donc si nous avons quelque chose de différent ou si quelqu’un a rentréquelque chose, nous le recommandons. J’adore faire cela, et même si j’adore faire fonctionner le site internet, j’adore travailler dans le magasin et pouvoir dire à quelqu’un: “Avez-vous entendu ceci?” et les entendre dire “Putain, c’est génial!” Ça me fait vraiment du bien. Autrefois, j’ai eu des jobs dans des services clients et je détestais la vente au détail. Je sais que ceci c’est toujours de la vente au détail, mais de parler de quelque chose que vous aimez et d’influencer les gens, c’est génial. Il n’y a qu’une seule chose qui soit meilleure et c’est probablement de faire le Dj et de faire de la musique, mais tout est lié. C’est génial.
You click online and it says “oh, there’s another record that’s in the same key as this” - na, fuck that, or “other people brought this” - fuck that, it doesn’t work like that here, I’m not an algorithm, I’m a human and that’s what customer service is about. And where we’re all involved in different things, like I say everyone is working in different areas – promoting, running labels – we are at the forefront, so if we’ve got something different or if someone has bought something in, we will recommend it. I love doing that, even though I love running the website I love working in the shop and being able to say to someone “Have you heard this?” and them saying “Fuck me that’s great!” That makes me feel really good, I’ve worked customer service jobs in the past and I hated retail. I know this is still retail but talking about something you actually love, and selling something you love, and influencing people, it’s great. There’s only one thing better than that and that’s probably DJing and making music but it all ties in. It’s great.
J / Quelques recommandations pour nos lecteurs, quelques morceaux, un mix de styles ?
J / Any recommendations for our readers, a few tracks, a mix of styles ?
BM / Spontanément, je recommanderais mes propres titres-Nightshade Inc.- le deuxième titre étant soutenu par Youngster, Pills and Potstir, c’est un grand morceau. Dans la house et la techno, il y a beaucoup de hype à ce sujet, mais je le sens vraiment, Forth de Joy Orbison and the Flip n’est pas mal non plus, le dernier titre de Hessle sur Object, je ne sais pas ce que c’st, mais c’est bon, ça part. De toute évidence E1-B de Back in the day, il sort toujours du vinyl, il l’apporte toujours au magasin, il a un autre titre qui est sorti. Au sous-sol, Dub et Reggae, les trucs de Popper Jim, vous êtres français vous connaissez [se met à chanter]: “There is a big treeeeeeeee in my garden.” Il faut que je l’obtienne. Sound Patrol, ce label l’a lancé. Si vous entrez dans le magasin, les gars pourront vous recommander des tonnes, mais pour moi spontanément, c’est tut. Nous mettons aussi des listes de recommandations sur le site.
BM / Off the top of my head... I’d recommend my own releases [smiling] - Nightshade Inc. - the second release being supported by Youngster, Pills and Potstir, that’s a big tune. In the house and techno, there’s a lot of hype about it, but I’m really feeling it, Froth by Joy Orbison, and the flip’s not bad either, the last Hessle release on Object, I don’t know what it is but it’s good, it goes off. Obviously El-B from back in the day, still putting vinyl out, still bringing it into the shop, he’s got another release that’s out. In the basement, Dub and reggae stuff, Popper Jim’s stuff, you lot are French, you know: [starts singing] “There is a big treeeee, in my garden” Gotta get that. Sound patrol, that label smashed it. If you come into the shop the guys will be able to recommend loads but off the top of my head that’s it. We also put charts on the website of what we recommend.
J / Génial! Merci beaucoup.
J / Great! Thank you very much.
BM / Merci, tout le plaisir est pour moi.
BM / Thank you, it’s all love.
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Lifestyle
THE WACKY BARBER Texte > Roman Soler - Photos > Conrad Moriarty-Cole
C’est pour voir Conrad, notre british connection, que l’on s’est retrouvé à errer dans les rues de Londres avec Brice et sa barbe de deux mois. Mais ce n’est pas à cause de cette dernière que nous sommes tombés sur “ The Wacky Barber ”, mais plutôt à cause du style du shop, où esprit trash et convivialité anglosaxonne vont de pair. Fixie devant la vitrine, sièges oldschool, déco à la sauce « Punks Not Dead », mais la partie humaine reste néanmoins la plus intéressante, composée de deux hommes et une femme. Kevin, Vietnamien tatoué et percé, DocMartin’s aux pieds, l’autre, Jay, est plus fin, en mode hipster, moustache taillée. Enfin... Une crinière de lion, tatouée jusqu’ au bout des doigts, des yeux d’ un bleu océan (dans lesquels je me suis d’ailleurs noyé) Kylie est la manageuse du shop. Un point en plus, elle a la meilleure qualité qu’une femme puisse avoir. Après nous avoir serré la pince, elle nous a immédiatement ouvert une bière. Damn.
We were just chilling in London with Brice, and he was wearing a beard of two months. But that’s not why we came across «The Wacky Barber.» Let’s say that is rather because of the style of the shop, where trash Anglo-Saxon style and friendliness were living hand in hand.
C’est alors qu’apparaît de nulle part Nelson, pur Anglais et proprio des lieux. C’est dans la rue, autour d’une bière(on n’a pas arrêté) et d’une cigarette, qu’il nous raconte ses débuts en 2000, les soirées endiablées qu’ils organisent depuis 12 ans maintenant, et les mutations de son petit shop. Allez, on vous laisse avec ces quelques clichés assez raffinés qu’on a réalisés avec le plus grand bonheur.
It is then that Nelson came out of nowhere, pure English and owner of the shop. It is in the street, a beer in one hand, (ok,we didn’t stop) and a cigarette, that he tells of his beginnings in 2000, the frenzied parties they organize since 12 years now, and the mutations of his little shop. Come on, we leave you with some refined pictures we realized with delight.
A fixie in front of the window, oldschool chairs, deco style»Punks Not Dead», but the human part remains being the most interesting, made of two men and a woman. Kevin, Vietnamese tattooed and pierced, DocMartin’son the feets, the other, Jay, is thinner, hipster mode, trimmed mustache. Finally ... A lion’s mane, tattooed up to the fingertips, eyes of a blue ocean (where I am also drowned) Kylie is the shop’s manager. Plus one for her, she had the best quality a woman could have. After we have tightened the clamp, she immediately opened a beer for us. Damn.
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SHOPPING
- Wesc -
- Obey -
- Sixpack x Dave Decat -
- The Hundred -
- Plan B x 123 Klan -
- Clothink -
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- Rook -
- Stussy x Parra -
- Huf -
- Nike SB -
- Reebok -
- Herschel -
- Obey -