Edito
© Bobby Allin
Tapis dans un coin tels des gaulois, nous sommes la résistance ! Nous continuons notre combat avec ardeur, ingurgitant toute forme d’art issue de la rue sans jamais en laisser une goutte. Notre potion a une odeur familière et un arrière goût de liberté, la serpe de notre druide a cueilli l’interdit à travers maintes contrées pour que notre breuvage respecte vos attentes et vos convictions. Et plus l’armée de César recule, plus on l’en...... Ce numéro est encore une fois un parfait mélange entre légendes vivantes et prodiges méconnus, car dans un monde où faire ses preuves n’est souvent pas suffisant et l’information souvent érronée, il est de notre devoir de savoir tourner les projecteurs dans la bonne direction. Donc si tu n’as point de peurs... Bois.
Jacker : .v.tr. Argot Américain Projeter avec force un liquide sécrété par l’organisme.
Hidden just like Gauls, we are the resistance! We continue our incessant battle with ardour, guzzling all forms of art straight from the street, without spilling a single drop. Our magic potion has a familiar smell and a back taste of freedom, our druid’s marmite has the best harvest of the forbidden crop across manifold counties so our brew meets your expectations and convictions. The more Caesar’s army folds back, the more he bends over and gets … This issue is once again a perfect mix between living legends and unknown prodigies, because in a world where demonstrating your talent isn’t enough and information is often biased, it is of our duty to turn the spots around towards the right direction. So if you are fearless... take a sip.
Sommaire
P8
Collin Provost
P36
Pez
P16
P22
The Four Owls
Robert Dietz
P42
P48
Shantibaba
Goddog
Founders Roman Soler Aurélien Courbon Global Manager Roman Soler Art Director and Design Aurélien Courbon Authentic Dope Daniel Boris Iglesia Distribution & Sourcing Matthieu Cozzolino
Print Editors Aurélien Courbon Roman Soler Dimitri Gilles Web Editors Maxime Siffer Lea De Cazo Hugo Justinesy Charly Ferrandes Translators Keryl E Allahdua Daniel Boris Iglesia Max Liron
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Jacker Parties Renaud Odde Dimitri Gilles Collaborators Alexander Stadil Geoffrey Courbon Jorlan Mariotat-Hocquet Marion Prévot Daphné Gilbert Print Imprimerie Gayet 131 Chemin des Ribes Quartier des Brayettes 13560 Sénas
P26
Aroe
P56
Authentic Dope
Advertising Inquiries jacker.mag@gmail.com Thanks to ... Olivier Pelazza, Christian Malatère, Gérard et Hugo Justinesy, Bruno Gayet, Yohann, Guillaume Chollet, Clara Allaf, Holy Dickson, Coralie Bonnat, Benoit Gaillet, Cedric Benoit, Peck, Max Lirron, Alex Stadil, Laurence Barjot, Loic Sanchez, Fred Oualid, Hilia Boris Iglesia, Cédric Crouzy, Rosalew, Sandro Leal, Julien Pirrello, Annette et Patrick, Akwaba, La FB, Moni et Léo, Vincent Bouquet, JB et Babette Le Texier, LB
WWW.JACKERMAG.COM
Playlist
Flava FLAVA in IN ya YA ear EAR HIP HOP
TECHNO/HOUSE
• Leaf Dog ft. Fliptrix - All Alone • Killer Mike - Reagan • Asap Nast ft Methodman - Trillmatic • Ugly Heroes - Desperate • Joey Bada$$ - «Unorthodox» • Aceyalone - Leanin’ On Slick • Boldy James - For The Birds • Loaded Lux Ft. Method Man & Redman - Rite • The Four Owls - Life In The Balance Ft. Jam Baxter • BVA - I Can’t Hear You • Earl Sweatshirt ft Tyler the creator- WHOA • Curren$y - Vintage Vineyard • Divine ScienZe ft. Blu, Sene, Britain Parker - Happiness Is • Oddisee - Yeezus Was A Mortal Man • Madzilla - Uanteik • Michael Christmas - Leonard Washington • Action Bronson - Amuse Bouche • Pro Era - School High • Ullnevano - Can’t Complain • Clear Soul Forces - Continue
• Ferro - Semmer (Infuse) • Cristi Cons - Recognize Me (Eklo) • Loquace & Stuart Hawkins - It Fell (Dan Farserelli remix) (Act Natural) • Leftover - Linear Aspect (Alexandar Kyosev edit) (Unrealesed) • U-More - Outrush (U-more) • Faster - Orchestra Modificata (Kurbits) • Archie Hamilton & Stathis Lazarides - Missionary Ep (Ruis) • Fumiya Tanaka - Dark Pad (Perlon) • Stolen Beats - Olympus (Moscow) • Kirik & Ivanov - Words Have Not Sense (Tzinah) • Franck Roger - Solo Man • Sound Stream - Makin’ Love • Shades of Gray - Slave to the Rhythm (juba sojka remix) • Proudly People - Behold The White Whore • Medeew & Chicks Luv Us - Working • Oliver Deutschmann - Cut # 1 Master (The cat crew cuts) (Slim Audio) • Tini - Notch • Melokolektiv - Higher • Chez Damier - Why (D’s Deep mix) • Kerri Chandler - Sunday Sunlight (original) (Apollonia)
Riders on the storm
COLLIN PROVOST
Photo : Atiba Jefferson
Texte > Aurélien Courbon - Photos > Atiba Jefferson & Kyle Camarillo
Equally at ease on the curves as on the streets, Collin Provost is one of those who can kill it in the bowl, and then clear big ass street gaps, all in the same video part. His latest featuring, in the «Emerica Made» video, is a perfect example of this. He begins getting us off with some high-ledge nose blunts and hot wallrides, then finishes off with a beautiful frontside flip over a huge fence. Born and raised in Huntington Beach Cali, Collin first layed foot on a board at a very young age, as skateboards there are as omnipresent as soccer balls here in our european cities (amen). In 2011 Collin entered pro skating circles, a much deserved spot for him. He decided to shave his head at that point, reliquishing his ability to bang it hard over Black Sabbat. He was picked up by big players; Emerica, Toy Machine, Volcome and Spitfire. These sponsorships allowed him to ride alongside cornerstone riders such as Ed Templeton or Andrew Reynolds. Collin is living the skater’s dream, and he deserves it.
Aussi à l’aise en courbes qu’en street, Collin Provost fait partie de ceux qui peuvent défoncer un bowl et claquer de gros gaps dans une même part’. Sa dernière apparition dans la vidéo «Emerica Made» en est le parfait exemple, où il nous offre quelques minutes de bonheur, entre noses blunts haut perchés et wallride improbables, pour finir sur un magnifique frontside flip au-dessus d’un énorme grillage. Originaire d’Huntington Beach en Californie, c’est naturellement qu’il a mis les pieds très tôt sur une planche. Car les skateboards y sont aussi répandus que ces saloperies de ballons ronds qui polluent la plupart de nos villes européennes (amen). Il y a quelques années, il rentre dans le cercle des riders pofessionnels, place qu’il mérite amplement même s’ il a dû y laisser sa tignasse, qu’il ne peut désormais plus secouer énergiquement sur un morceau de black sabbat. C’est des marques comme Emerica, Toy Machine, Volcom, ou encore Spitfire qui le sponsorisent, lui permettant d’évoluer aux côtés de grands noms du skate comme Ed Templeton ou encore Andrew Reynolds (the Boss...). Collin vit désormais le rêve de tout skateur qui se respecte, et il le mérite.
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Photo : Atiba Jefferson
Photo : Atiba Jefferson Jacker / Tu es originaire de Huntington Beach en Californie, donc tu es né dans un milieu de surf et de skate.
Jacker / You’re from Huntington Beach. So you were born in a skate and surf circle.
Collin / Ouais, mon père surfait, il y avait toujours des skates ou des planches de surf à la maison. Mais c’est ce que la plupart des gens font à Huntington Beach : tu surfes, tu skates, puis tu vas traîner avec tes potes. C’est une chose normale ici, comparé à d’autres endroits. Mais c’est probablement grâce à mon père que j’ai commencé le skate ; naturellement, je suis fier de lui : il surfe, skate, fait du snowboard, il fait de tout...
Collin / My dad was into surfing, so he always had surf boards and skateboards lying around the house so I kind of did that instead of playing video games and shit. That’s what you do in Huntington Beach. Surf, skate and hang out with your friends. It’s kind of the normal thing to be, more than it is in other places I guess. I’m specially proud of my dad, he skates, surf, does fucking snowboarding, everything…
J / Tu as commencé à skater en courbe, pas vrai ? Comment en es-tu arrivé à faire du street ?
J / You started with more vert and bowl skateboarding right ? Why did get into street skating ?
C / J’ai juste évolué : j’étais un skateur «vert», puis j’ai arrêté, c’était ennuyeux. Aller toujours en avant et en arrière et ne pas avoir de nouvelles choses à skater, ça devenait chiant. Et puis tous mes potes faisaient du street et ne s’intéressaient pas trop à la verte ; du coup, j’ai commencé à skater davantage en street.
C / Yeah I was kind of a vert skater, and then I got over it, it was boring just going back and forth all the time. There was never really different [other] things to skate or anything, it just got boring. All my friends were skating street nobody else was skating vert so, yeah just started skating more street I guess.
J / Ça fait maintenant deux ans que tu es passé pro , qu’est -ce qui a changé depuis ?
J / It’s been about 2 year now you are a pro, what has changed in your life since?
C / C’est surtout davantage de voyages, mais rien n’a vraiment changé. Je pense que tu veux toujours en faire plus quand tu es jeune, puis, lorsque tu deviens pro, tu travailles plus sur tes acquis. Tu skates plus efficacement, en faisant attention de pas te faire mal en tentant des trucs stupides.
C / Umh yeah there is more travelling I guess, going to different places, doesn’t change more, well not too much. I feel like you always wanted more when you are young and now when you are pro you work more on your out schedule. You skate more wisely, you don’t want to get hurt doing stupid shit.
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Photo : Atiba Jefferson
Photo : Kyle Camarillo
Photo : Atiba Jefferson
J / Quel a été ton meilleur skate trip ?
J / What is the best skate trip you ever done ?
C / Il y en a eu pas mal, et ça a toujours été beaucoup de fun. Le trip pour le titre de “Skater of the Year ” de Grant Taylor est probablement mon préféré. C’était juste un voyage entre potes, à faire la fête et à skater ce que tu veux, où tu veux, sans pression, juste skater et passer de bons moments. Et puis l’Australie est sûrement le meilleur endroit au monde, j’adore ce pays. Il n’y a personne sur la plage en plein milieu de la journée, puis tu vas taper quelques spots. Et tu n’as pas à faire de trucs touristiques. C’est le top.
C / There have been a lot, I had a lot of fun on all of them. The Grant Taylor Skater of the Year trip was probably my favourite. It was just a trip of partying with my friends and skating what you want to skate, no pressure, just skating around having a great time. Australia is the best place ever, I love that place. It was super fun when there is no one on the beach in the middle of the day and after hit skate spots and shit like that. Then you hadn’t done touristy type shit. It’s the best.
J / Quelle est la différence majeure entre la team Emerica et la team toy machine ?
J / What’s the major difference between the emerica and the toy machine pro team ?
C / La différence ? Je pense que la team Emerica est beaucoup plus sérieuse, Toy Machine c’est plus une bande de potes. Mais les deux sont une grande famille, c’est juste que chez Emerica c’est plus sérieux quand il faut filmer des trucs. Juste parce que tout le monde veut avoir la part qui déchire le plus. Donc tu veux toi aussi avoir la part qui déchire le plus.
C / The difference? I think emerica is a lot more serious, toy machine is more friend oriented. They are both super family orientated but emerica is a lot more serious when your trying to film shit. Just because everybody else is going to have gnarliest part fucking ever, so you want to have a gnarly part too. Get me almost flacking.
J / Tu avais les cheveux longs avant, pourquoi tu les as coupés ?
J / Why did you cut your hair ?
C / C’est lorque je suis devenu pro . J’étais complètement dingue et je me suis rasé la tête.
C / It’s when I turned pro! I was super hammered and I just shaved my hair.
J / Quel est le meilleur skateur de tous les temps à tes yeux ? Et pourquoi ?
J / Who’s the best skater ever for you? And why ? C / Andrew Reynolds. Why? Ow fuck, you see what his doing, his frontside flipsin fucking twenty stairs and shit… and his a cool-ass dude and his fucking being doing it for ever. It’s insane.
C / Andrew Reynolds. Pourquoi ? Tu vois ce qu’il fait... Des putains de frontside flips au- dessus de vingt marches. Et c’est un mec super cool qui fait du skate depuis toujours. C’est un truc de fou.
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Good Vibes
THE FOUR OWLS Texte > Aurélien Courbon - Photos > Courtesy of High Focus
De g. à d. : Rusty Take-off (BVA) / Deformed Wing (Leaf Dog) / Bird T (Verb T) / Big Owl (Fliptrix)
We know very little about the British Hip Hop Scene. Firstly, it’s because our musical education is based on US rap classics of the 80s and 90s. And mostly because the Media has been stuffing us full of American artists for so long that most people don’t even realise the extent and diversity of the movement. But if you scratch the surface you quickly come across some authentic British Labels, Independent groups like The Four Owls, and you begin to understand that UK rap right now is going through its most glorious years. These four owls haven’t come out of nowhere. Fliptrix and Verb-T have already had loads of solo albums out, Leaf Dog put out a remarkable one in 2011 and all have significant mic experience. They were brought together by the High Focus label, alongside its many other great artists. You’ll most definitely start following this label if you listen to any of their tracks. On the day of their concert, I had prepared myself for what I was going to see, it had been a while since the excellent track «Not like before» had been the top of my iTunes list, and «All alone», by Leaf Dog and Fliptrix, still haunts me every time I listen to it. Yet, the masked rappers surprised me, as much by their stage presence and razor-sharp flow as by the sheer humility and simplicity of these four rogues that I chatted to for a few minutes before their show.
Nous avons très peu de connaissances de la scène hip hop anglaise. Car, tout d’abord, notre éducation musicale est fondée sur des classiques de rap US des années 80 ou 90. Mais surtout parce que les médias nous bourrent le mou avec des artistes américains depuis des lustres et que la plupart des gens ne se rendent pas compte de l’étendue et de la diversité du mouvement. Puis lorsqu’ on gratte un peu, on tombe vite sur des labels anglais authentiques, des groupes indépendants comme The Four Owls, et on se rend vite compte que le rap UK est en ce moment même en train de vivre ses années les plus glorieuses. Ces quatre hiboux ne sortent pas de nulle part : Fliptrix et Verb-T ont déjà une flopée d’albums à leur actif, Leaf Dog a sorti un album remarquable en 2011 et BVA n’est pas en reste niveau expérience. C’est le label «high focus» qui réunit tout ce beau monde et beaucoup d’autres que vous suivrez à la trace une fois le bouton play enclenché sur n’importe quel track de ces volatiles. Ce jour-là, je m’étais donc préparé à ce que j’allais voir. Cela faisait maintenant longtemps que l’excellent morceau «Not like before» squattait la première place de mon classement iTunes, et «All alone» de Leaf Dog et Fliptrix me traumatise toujours à chaque fois que je l’écoute. Mais les rappeurs masqués m’ont quand même surpris, autant par leur présence scénique et leur flow aiguisé, que par l’humilité et la simplicité de ces quatre lascars que j’ai rencontrés quelques minutes avant leur show.
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Jacker / Pourquoi avoir choisi le « Hibou » (« Owl » en anglais) ?
Jacker / Why did you choose the Owl?
BVA / Il y a une chanson des Cypress Hill qui s’appelle « Spark another Owl » où ils parlent de spliffs en les appelant «owls». Nous étions bien évidemment en train de brûler des tonnes de joints, ou «owls», tout en faisant un projet qui était à l’origine un EP de 4 titres. À la base il n’y avait que moi, Leaf et Fliptrix, puis nous avons décidé d’en faire un album, nous avons embarqué VerB T en tant que quatrième homme, et à un moment....… après avoir fumé beaucoup de «Owls», le groupe fut appelé «The four Owls».
BVA / There is a cypress hill song called “spark another owl” where they’re talking about spliffs but they calling them «owls». Leaf, Fliptrix and I were obviously burning loads of joints or ‘owls’ whilst making a project that was originally a 4 track EP and then we decided to make it an album. Got verb T involved so it was a four man thing and at some point… at some point after smoking many ‘owls’ it was called the Four Owls. (laughs)
J / Comment vous êtes-vous rencontrés ? Et comment est né « The Four Owls » ?
J / How did you meet? And how did ‘The Four Owls’ come about ?
Leaf Dog / Nous nous sommes rencontrés à travers les festivals, la scène musicale en général, en fait. Verb rappe depuis des années, nous avons grandi en l’écoutant.
Leaf Dog / We met through the festival scene and the music scene. Verb-T is obviously been raping for years, we grew up listening to him.
Verb-T / Nous nous sommes rencontrés dans le sud-ouest du Kasmire en fait, c’est là où j’ai rencontré Leaf via BVA mais nous ne sommes jamais restés en contact , c’est pour ça que c’est bizarre que nous nous soyons réunis à la fin pour monter ce groupe.
Verb-T / We met at Kashmir’s in the south west and that’s when I first met Leaf and BVA, but we never kept in touch, that’s why it’s weird we came together in the end to make a group.
Leaf Dog / C’est arrivé tout naturellement, c’était juste une question de temps.
Leaf Dog / It happened naturally over a matter of time.
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J / Cela fait maintenant deux ans que « Nature’s Greatest Mystery» est sorti, chaque titre est comme un poing dans la gueule. C’est important pour vous de transmettre ce genre d’énergie ? Comment décririez-vous l’ambiance générale de cet album ?
J / It’s been two years since ‘Nature’s Greatest Mystery’ was released, every track is like a punch to the face, is it important for you to transcend that kind of energy? How would you describe the overall vibe of that album?
Leaf dog / C’est exactement comme tu viens de le dire, beaucoup d’énergie, je ne veux pas dire par là que nous débordions d’énergie ou quoi que ce soit d’autres, mais lorsque tout s’emboîte parfaitement, que le beat choisi correspond exactement... On était tous super contents, nous étions vraiment excités lorsque nous avons fait cet album, et je pense que cela se ressent, et que chaque chanson vous frappe comme un coup de poing dans la gueule. (rires)
Leaf Dog / It’s exactly like you said, a lot of energy, we weren’t setting out to be full of energy nor anything like that but when it all came together with the beats that we chose, you could tell that we were all hyped. When we made that album we were excited and I think that did transcend, making every track punch you in the face basically *laughs*
Fliptrix / Chaque morceau a sa propre signification, on aborde beaucoup de sujets différents, avec un son hip hop brut. C’est le son qu’on aime, des mesures de malade et de bons thèmes, c’est ce qui fait que notre concept marche.
Fliptrix / Every track has a meaning, there is a lot of vibes and we cover loads of different topics. It’s raw Hip-Hop. That’s the sound that we love, sick bars and meaningful lyrics.
J / Votre label « High Focus » rassemble de plus en plus d’artistes, rappeurs et beatmakers. Comment gérez-vous cette production indépendante ? Est-ce que l’ambiance familiale est importante pour vous ?
J / Your Label ‘High Focus’ is gathering more and more artists, rappers and Beatmakers. How do you handle that independent production? Is keeping a Family vibe important to you ?
Fliptirix / L’ambiance familiale est vraiment importante, c’est l’esprit du label ! On s’est mis à bosser ensemble naturellement vu qu’on se considérait déjà comme une grande famille. Rien n’était planifié, nous avons juste grandi et évolué naturellement. Nous l’avons pris comme c’est venu, l’idée d’ouvrir un label ne faisait pas partie de mes plans, j’ai juste fait un album que je voulais sortir professionnellement. À ce moment-là, il n’y avait aucun label donc je me suis dit « et merde, je vais essayer d’en faire un moi-même » et j’ai fini par le faire. Suite à ça, il y a eu l’album de Leaf Dog… Ça s’est agrandi comme ça. Nous mettons juste beaucoup d’efforts dans ce projet parce que nous y croyons et que nous aimons le Hip Hop, donc nous essayons juste de le faire connaître par de plus en plus de monde.
Fliptrix / Family vibes, definitively important, that’s what the label is about. Extended family and friends from the same scene. We all sort of came together, nothing was really planned, it just evolved and grew naturally. I didn’t plan to open a label either, I just made the album that I wanted to release professionally and at that time, there were no labels I wanted to take it on so I thought, fuck it, I’ll give it a go and I ended up doing it quite well. Then Backs had an album, then Leaf… It just grew from there, naturally. We are putting a lot of effort into it because we believe in it and love Hip-Hop so we are trying to get it out there and reach a bigger audience.
Leaf dog / Pour les gens en France qui essaient de faire leur propre Hip Hop, il s’agit de rouler en tant qu’unité, le tout est une force et tout le monde le sait. C’est très important de garder cet état d’esprit.
Leaf Dog / For people in France trying to do their own Hip Hop thing, it’s all about rolling as a unit, there is strength in unity, and everybody knows that.
Fliptirix / Et puis, si nous le faisions séparément, ce ne serait pas aussi marrant.
Fliptirix / And if we were doing it separately it wouldn’t be as fun.
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J / Comment le mouvement du Hip Hop évolue à Londres ? Quelles sont les différences majeures entre le Hip Hop anglais et le Hip Hop américain ?
J / How is the Hip-Hop Movement evolving in London? What are the Major differences between UK Hip-Hop and American Hip-Hop ?
Fliptrix / Je pense que le Hip Hop évolue très bien mais pas seulement à Londres. Sur l’ensemble du Royaume Uni, la scène est vraiment forte dans tout le pays, ce qui est une très bonne chose. Le mouvement est important et beaucoup de gens ressentent les vibes. C’est bon, c’est très positif en ce moment.
Fliptrix / I think Hip-Hop is evolving quite well, but not just in London, across the whole of the UK. The scene is getting stronger which is a great thing, there is a big movement and a lot of people are feeling the vibes. It’s good, it’s positive at the moment.
Verb-t / Je pense que nous sommes dans une sorte d’âge d’or du Hip Hop en Grande Bretagne, quelque chose de différent artistiquement et au niveau de la créativité et de la liberté d’expression. Il y a une plus grande audience, c’est bien pour les artistes, parce que tu peux continuer à dire ce que tu veux, et aussi gagner de l’argent en vendant des albums. Ça n’a pas toujours été comme ça, pendant longtemps, les artistes américains étaient toujours mis au-dessus de nous car ils faisaient partie de gros labels qui génèrent beaucoup d’argent, ils passaient donc à la radio tout le temps. Aujourd’hui les gens sont à la recherche de trucs alternatifs, et il y a beaucoup d’artistes talentueux au Royaume Uni. Il faut dire qu’en termes de production, la qualité a vraiment augmenté en terme de mixage, de mastering et les nouveaux beats sont bien plus qualitatifs qu’avant. Ça vaut le Hip Hop américain. De plus, notre Hip Hop est très spécifique et peut-être que peu d’étrangers l’apprécient. Mais nous racontons notre propre histoire, nous ne cherchons pas à copier quoi que ce soit d’autres.
Verb-T / I think the UK is in a golden era for Hip-Hop, artistically something different, creative and we have freedom of expression. It’s starting to attract a bigger audience, and for the artists this is a good thing because you can still say whatever you want while making a living from your releases. It’s not always been like that, over the years American artists were always put ahead of us as they came from big labels that made loads of money, that’s the people we always hear on the radio. Now people are looking for alternative things and there are a lot of talented UK artists. Also, in terms of production value, quality has increased a lot, mixing, mastering and the actual beats people make all have a much better sound quality than before. It stands up to American Hip-Hop . Also the UK has its own identity, it’s very specific to the UK and perhaps not as many people from other countries like it but we are telling our own story, we are not trying to copy anyone else.
J / Vos masques sont terribles, d’ou viennent-ils ? Qui les a fabriqués ?
J / Your masks are great, where do they come from and who made them ?
Leaf dog / C’est un secret (rire). Ils nous sont venus du ciel ! En fait un hibou est rentré chez moi et a balancé les quatre masques près de la fenêtre.
Leaf Dog / It’s a secret *laughs*… They came to us from the sky, an owl actually flew into my house and dropped four masks by the window.
Fliptrix / Et il a chié sur le pas de porte !
Fliptrix / And took a shit on the doorstep !
J / Un petit mot pour tous les autres artistes indépendants ?
J / Any uplifting words for any independent artists ?
BVA / Continuez d’avancer, ne vous arrêtez pas, «fuck money, money is for dickheads», la musique est bonne pour la raison, pour les personnes et tout ce qui en découle. Elle vous aidera.
BVA / Keep going, don’t fucking stop, fuck money, money is for dickheads, music is for sanity, the people and it helps you.
Verb t / Si vous y croyez, travaillez, passez- y des heures et des heures, même si vous n’avez pas de suite ou de retour. Si vous aimez vraiment ce que vous faîtes, vous devez continuer à vous battre. Restez positifs et croyez en ce que vous faites.
Verb-T / If you believe in it, just work hard. You need to put the hours and even if you are not getting there straight away and you really love it, you need to keep pushing and keep going. Stay positive, and if you believe in what you doing then don’t stop pushing.
Leaf dog / Si vous faites ça uniquement pour l’argent, alors ce n’est pas la peine de le faire. Si tu rentres dans le monde du rap car tu aimes la culture, donne-toi à fond. On n’a pas besoin de gagner plus que les autres. Peace to the underground.
Leaf Dog / If you’re doing it for the money, then don’t bother, it’s not worth it. We don’t need no more than what people earn. You are just fucking shit up for everybody else. Peace to the underground.
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Good Vibes
ROBERT DIETZ Texte > Dimitri Gilles - Photos > Julia Katharina Ziegler
Robert Dietz fait partie de ces artistes que l’on a toujours suivis chez Jacker, sûrement à cause de ses racines hip-hop que nous avons en commun. Natif de Francfort, c’est très jeune que Robert tombe dans le chaudron de la musique électronique grâce à un ami d’enfance qui lui fait don d’une cassette de Sven Väth qui restera des mois à tourner dans son Walkman. De l’eau coule sous les ponts et ses premières prods voient le jour sur Be Chosen et Cecille. La consécration arrive deux ans plus tard lorsqu’il intègre le crew Cadenza et se met à parcourir le monde lors des fameuses « Vagabundos ». Ces derniers temps, Robert semble se trouver à un tournant de sa carrière, ayant quitté Cadenza pour rejoindre Artist Alife et partager ainsi l’affiche avec des artistes comme Loco Dice ou encore TINI. Nous avons donc voulu en savoir un peu plus sur cet artiste majeur.
Robert Dietz is one of those artists whom we have always followed here at Jacker, most likely because of the roots that we share with him in Hip-Hop. A Frankfurt native, Robert’s crush for elecotronic music came at a very young age when a childhood friend of his gave him a Sven Väth tape and listenning to it for months on end on his Walkman. Fast forward and his first productions emerge under the Be Chosen and Celille labels. His devotion to music kicks in two years after that when he joins the Candenza crew and begins travelling the world during the famous « Vagabundos ». Lately it seems as though Robert’s career has taken a new turn. He quit Cadenza to join Artist Alife and now shares the stage with artists such as Loco Dice or tINI. We grew curious to know more about this major artist who has managed to keep a low profile in the current Techno scene.
Jacker / Peux- tu nous dire comment tu as découvert la musique électronique et qu’est -ce qui t’a fasciné là- dedans ?
Jacker / Can you tell us how you discovered electronic music and what has fascinated you at that moment ?
Robert/ La musique électronique a toujours été branchée à Francfort, donc pour moi, c’était une progression naturelle. Je pense que le premier contact que j’ai eu avec elle était quand j’avais à peu près 13 ans et que j’ai reçu une cassette de l’un de mes voisins. C’était un enregistrement de Sven Vath de son « clubnight » show radio hebdomadaire, et je suis tombé complètement amoureux de la musique électronique – j’ai d’ailleurs écouté cet enregistrement dans mon Walkman pendant des mois, et je l’écoutais chaque jou
Robert / Electronic music has always been rife in Frankfurt, so for me it was a natural progression. I think the first contact I had with electronic music was when I was about 13 years old and received a tape from one of my neighbours. It was a recording of Sven Vath at the weekly “clubnight” radio show, and I fell completely in love with electronic music - I had the tape in my Walkman for months and listened to it every day!
J / Quand et comment as- tu commencé à te produire et à mixer ?
J / When and how did you begin to mix and produce ?
R / Environ un an après avoir découvert la musique électronique, j’ai commencé à acheter des disques, à sortir avec des amis qui connaissaient déjà bien le matos de DJ, et ça a évolué à partir de là. J’ai acheté ma première paire de platines avec un ami quand j’avais 17 ans, et à peu près 10 ans plus tard, j’achetais mon premier équipement de studio
R / About 1 year after I discovered electronic music, I began to buy records and hung around with friends who were already experimenting with hardware and DJ set-ups and it evolved from there. I bought my first pairs of turntables with a friend together when I was about 17 years old and about another 10 years later my first studio equipment.
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J / Raconte -nous ton premier succès, ton son avec Cecille, comment s’est passée ta rencontre avec Nick Curly ? R / Nick et moi- même sommes de la même région donc nous nous sommes rencontrés grâce à des amis communs. J’ai donc sorti un premier EP sur son label en 2008. Je pense que mon tout premier EP avant ça était sur Be Chosen. J / Après tout ça, tu as intégré le Cadenza Crew. Etait-ce la clé de voûte de ta carrière de DJ ? R / Le temps que j’ai passé dans le Cadenza Crew était, bien sûr, très important pour ma carrière de DJ. J’ai joué dans beaucoup de soirées avec l’équipe et j’ai réalisé deux EP sur le label. Ils m’ont beaucoup supporté à mes débuts, ce qui vaut tout l’or du monde à ce stade d’une carrière. J / Il semble que tu aies établi un genre de distance entre toi et Cadenza, effectivement, on ne te voit plus partager de bookings avec Loco Dice ou Tini and the gang. Explique -nous ce changement. R / Je pense que pour moi, c’était davantage la façon dont mon son progressait à travers le temps et à quelle étape de ma carrière j’en étais. Je sentais que j’avais besoin de faire quelques changements et de me concentrer davantage sur mes propres productions et mes bookings plutôt que de faire partie de cette famille – ce qui est un grand pas pour n’importe quel artiste , mais un pas, je pense, qu’il est nécessaire de faire. Pour moi, Artist Alife était un choix naturel d’Agence, et je sentais que je correspondais aux artistes qu’ils cherchaient,et cela m’a permis d’être indépendant et de commencer à me focaliser sur mon propre parcours. J / Tell us about your first successes, as in your track with Cecille, how was your meeting with Nick Curly? R / Nick and I are from the same area in Germany so we met through mutual friends and I put my first EP out on his label in 2008. Before that, though was my very first EP, which was on Be Chosen. J / After that, you integrated the Cadenza crew, did it was a keystone of your dj career? R / My time at Cadenza was, of course, extremely important to my DJ career. I played a lot of parties with the crew and released 2 EP’s on the label. I had a lot of support from them in my early days, which is invaluable at that stage in your career. J / You seem to have established a kind of distance between you and Cadenza, as we see you more sharing bookings with Loco Dice or Tini and the gang, explain us this changement ? R / I think, for me, it was more how my sound progressed over time and the stage of my career I was in. I felt I needed to make a few changes in my career and focus more on my own productions and my own bookings rather than be part of the family - which is a big step for any artist in their career, but one I think you have to eventually do. Artist Alife, for me was a natural choice of agency as I felt I related to all of the artists they look after, and it allows me to be independent and begin to focus on my own way.
J / Après ces années sur la scène, comment ta musique a- t-elle évolué? Aussi bien en tant que DJ qu’en tant que producteur ?
J / After this years on the scene, how did your music evolve? As well as a DJ than producer ?
R / La musique évolue toujours et tu dois faire un effort important pour rester pertinent, que ce soit en tant que DJ ou en tant que producteur. J’ai trouvé que récemment, je me concentrais plus sur mes sets de DJ et je n’ai pas sorti beaucoup de tracks, ce que je prévois de changer en 2014.
R / Music is always evolving and you have to make an active effort to stay relevant, whether this is in your DJ’ing or your producing. I’ve found that recently I’ve focused a lot more on my DJ’ing and didn’t release too much music, which I’m planning on changing in 2014.
J / J’imagine que comme beaucoup d’artistes, tu vas passer de longues heures dans un studio : devons -nous nous attendre à des productions toutes fraîches ?
J / I imagine that as a lot of artists you’ll surely get through long studio hours, do we have to wait on fresh productions ? R / I’ve managed to set aside some time to be in the studio recently so, after some time out, you can expect a lot of fresh productions throughout this year, with the first couple dropping in March.
R / J’ai réussi à me mettre à l’écart un certain temps pour être plus présent dans le studio, vous pouvez donc vous attendre à pas mal de nouvelles productions tout au long de cette année, notamment quelques -unes qui devraient tomber en mars. J / Qu’est- ce que tu écoutes quand tu ne chasses pas les sons pour tes sets ?
J / What did you listen to when you are not hunting tracks for your sets ?
R / J’écoute tout type de musique. Je suis un grand fan de hip-hop, de jazz, de musiques alternatives et de tous les genres, même de la musique électronique. Pas de beats four-to-the-floor par contre. Je ne supporte pas ça à la maison. Mais l’inspiration vient de partout. La musique en général est trop versatile et surprenante pour se concentrer seulement sur un style.
R / I listen to all types of music - I’m a big fan of hip-hop, jazz, alternative and all sorts of genres, even electronic music. Just no four to the floor beat. I can’t stand this at home. But the inspiration comes from everywhere. Music in general is too versatile and surprising to just focus on one style.
J / Si ton studio brûlait, qu’est -ce que tu ferais ?
J / If your studio burned down, what would you do ?
R / Je me haïrais de ne pas avoir renvoyé le papier de l’assurance habitation qui a traîné sur mon bureau pendant des mois …
R / I’d be hating myself for not sending back this household insurance paper that I’ve had sitting on my desk for months…
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Graffiti
AROE Texte > Daniel Boris Iglesia - Artworks > Aroe
Depuis que j’habite Brighton, pas un jour ne se passe sans que je ne croise un MSK de 6m de long. Ils envahissent les bâtiments désaffectés ou non, et attire des foules entières. Paul, père d’une famille de 5 enfant la journée, graffeur de haut vol la nuit, a commencé à graffer Aroe après avoir vu la scène de « Style Wars» où ils parlent de l’utilisation des fléches (Arrows) dans le graffiti. Blaze qui sera inévitablement relayé et prononcé par les graffeurs du monde, chose qu’ils aiment tant comme nous le savons si bien. Je suis aller chez lui avec un brevet des collège en graffiti, et en suis ressorti avec un putain de doctorat. Une interview de deux heures qui ressemblait à une ébauche des «Aroe’s Chronicles». En voici une version condensée.
There isn’t a single day I don’t see a 20 foot long MSK since I moved to Brighton, they invaded the old ruined buildings and attracted masses of people, just like me. Paul, father of 5 during the day, graffiti “haute cuisine” during the night, started signing Aroe after the ‘Style Wars’ documentary where they comment about the different arrows. Why? Just like the graffiti cockroach that looks for the best ways to promote itself, every graffiti artist would have to say his name. I went to his place with a GCSE in graffiti and came out with a PhD, a 2hours long interview that looked like a foot thick encyclopaedia, and the first draft of Aroe’s chronicles, this is what I boiled it down to…
Jacker / Salut Aroe, présente-toi à nos lecteurs et dis- nous comment tu as commencé et comment ta carrière s’est développée ces dernières années ?
Jacker / Hi Aroe, present yourself to our readers and tell us how you started and how your career developed across the years.
Aroe / J’ai toujours fait de l’art ; depuis que je suis tout petit, j’adore dessiner. Le mouvement graffiti est arrivé, puis, quelques temps après, on commençait à bomber des trains régulièrement. Les contrôles ferroviaires étaient inexistants donc on pouvait aller à Londres quand on voulait, tout ce qu’on avait à faire était de monter dans le wagon. À cette époque, on volait des bombes et on utilisait les caps qui étaient vendus avec. C’était de l’art très basique, la scène du graffiti en était encore à ses débuts et vachement « faite-maison ». Quand j’ai bougé de Kent pour venir m’installer à Brighton, j’étais poursuivi de tous les côtés pour avoir vandalisé quelques trains. Après quelques temps, j’ai rassemblé pas mal de gens et on a commencé à être vu comme les premiers graffeurs anglais reconnus en dehors de nos frontières. À ce moment-là, la scène graffiti anglaise était vue comme un canular par les artistes du reste du monde, et la première fois que nous sommes allés en Espagne, les vandales locaux nous ont balancé « des graffeurs de trains anglais, c’est une blague ?» Ensuite on a entendu parler de la scène graff de Warsaw (Pologne), qui a changé pas mal de choses pour nous. >>>
Aroe / I always did art since I’m a little kid, I loved drawing. Then the graffiti movement came along and shortly after we started to bomb the train constantly, the ticketing situation was just a joke so we could go to London whenever we wanted to, all we had to do was sit on a train. We used to steal cans and use the tips that came on them, it was very basic art, the entire graffiti things was very homemade. When I moved from Kent to Brighton, I was being prosecuted really badly for bombing trains so after some time I put a small group together and we started getting recognised as the first English writers to venture out of the country. English graffiti was a laughing stock around the world and the first time we ever went to Spain, writers there would say “train writers from England, is that a joke?”. Then we found out about the scene in Warsaw (Poland), which changed a lot of things for us. Every train would have a date written on the window underneath the driver and every three years from that date, the train would go through a sort of MOT where the train would be repaired and repainted.>>>
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Chaque train avait une date écrite sur la fenêtre juste sous le chauffeur. Tous les trois ans à partir de cette date, le train était amené dans un atelier où il était réparé et repeint. On cherchait surtout les plus récents pour y faire des gros chromes qui pouvaient rester là des années jusqu’à ce que quelqu’un les repasse. Nous nous sommes donc associés avec ce crew appelé KFC et on est revenu tous les étés. On pouvait toujours voir les chromes peints l’année passée, c’était ouf. Au bout d’un moment, on devait avoir à peu près 100 peintures à l’étranger, les gens les voyaient mais pensaient qu’il s’agissait d’un autre crew local du même nom, mais non, c’était bien nous ! Bref, tout ça pour dire que c’est comme ça qu’on a fait la rencontre d’un des gars de MSK qui était là. Il pensait qu’on était polonais mais non : « On vient d’Angleterre, on voyage pour ça » et ça les a vraiment impressionnés. Des gens ont essayé de me foutre en prison pour 5 ans en 2007, on a dû faire quelques changements et former un nouveau crew en Angleterre quand on était au sommet, pour ensuite revenir. Tous les gamins en Angleterre voulaient faire partie du crew mais on a dû arrêter ça rapidement. Dans les six semaines, « Heavy Artillery » était encore plus célèbre que le crew précédent, donc c’était pas si grave.
We would look for the most recent ones and do massive burners that would stay for years unless someone painted over them. We hooked up with this crew called KFC and came back every summer, we could see burners from the year before, it was insane. There was a period when we must have had around 100 panels running from our crew in a foreign country, people would go there and assume it was another crew but it was us. Long story short, that’s how we connected with one of the guys from MSK who was there, he thought we were guys from Poland but “ - No we are from England, we travel to do this” and that blew them away. They tried to put me in prison for 5 years in 2007, few things had to change and we had to form a new crew that took the name of “Heavy Artillery”. We ended the most famous crew in England when it was at its peak, back then, every kid in England wanted to be in it but we had to close this whole thing down. Within 6 weeks, Heavy Artillery was more famous than the crew before so it wasn’t too bad.
J / C’est difficile de trouver des similitudes dans tes peintures à part les lunettes jaunes qui reviennent tout le temps. Pourquoi ?
J / It is really hard to find similitudes among your work except for the yellow glasses. What’s the story behind them?
A / Je sortais avec une nana qui était dans l’industrie de la mode et elle voulait trouver une icône, une caractéristique qui amènerait directement à la réflexion «Ok, ça c’est du Jean Paul Gauthier». Donc l’idée était que même si les gens ne se rappellent pas mon nom, ils se disent «Ah ouais, le b-boy avec les lunettes jaunes» ; c’est comme si un bouton était allumé et que tu savais que c’était moi. J’essaye de prendre tous les éléments du graffiti et d’en devenir propriétaire, comme les uzis, l’arme la plus peinte dans l’histoire du graffiti. À présent, la plupart des gens ne peindraient pas un uzi parce que je les peins. Ils ne peuvent pas peindre des enceintes parce que j’en peins. C’est un jeu qui consiste à mettre le plus de trucs en avant, donc si je les vole tous, c’est ma propre manière de faire graffer les gens sans que je le fasse.
A / I use to date a girl involved in the fashion industry and she wanted to find an iconic model, a characteristic that if you saw the drawing you would know “right this is a Jean Paul Gauthier”. So that was the idea, even If people don’t remember my name they would be like “yeah the b-boy with the yellow glasses” it’s like a button is on and you know it’s me. I try to take all elements from graffiti and I try to own them like the uzis, the most painted gun in the history of graffiti, now most people wouldn’t paint an uzi because I paint them. They can’t paint speakers because I paint them. It’s a game from who puts the most things up, so if I steal everything, it’s my own way of tagging other people shit without me doing it.
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J / Tu as dit que le graffiti était la meilleure et la pire chose qui te soit arrivée. Quelle est ton histoire la plus marrante en tant que vandale ?
J / You said that graffiti is the best and worst thing that has happened in your life. What is your funniest story as a vandal?
A / Il y a tellement de choses ridicules qui me sont arrivées. Il n’y a pas si longtemps que ça, on est allé à Milan où on allait peindre un wholetrain dans le métro. À l’époque, c’était très facile, mais c’est encore possible aujourd’hui. On y est allé avec les WCA, Viper, Roid et tous ces mecs qui étaient vraiment trop cools mais putain de hardcore. On attendait à la trappe du dépôt de trains où on allait frapper un wholetrain. Rude et les mecs de WCA étaient très en retard. Quand tu es prêt, tu es nerveux et excité, donc c’est cool parce que tu es prêt. Mais quand quelqu’un est en retard de 40 minutes, c’est vraiment horrible. Ils sont arrivés et ont dit: «Tout va bien se passer, on sait où sont les flics». Ils étaient allés à un autre dépôt où ils avaient bombardé un métro entier en six minutes en déclenchant l’alarme et ils avaient attendu dans des buissons que les flics arrivent pour être sûrs de leur localisation.. C’est putain de dingue, faire un wholetrain comme diversion pour peindre un autre whole train est juste énorme. On a eu quinze minutes pour faire six métros d’un coup, puis soudain j’ai vu quelqu’un dans le train. Je n’ai pas compris pourquoi un italien était encore dans le train jusqu’à ce que je réalise que c’était un employé ; tout à coup ils étaient trois. On a bloqué les portes jusqu’à ce que l’un deux sorte la tête du train et j’ai dû lui bomber la gueule et le pousser. Ils ont appelé la sécurité et on a finalement réussi à partir avec quelques photos. Le train est réapparu deux jours plus tard et a tourné pendant une semaine.
A / There are so many ridiculous things that happened in my life. Not so long ago we went to Milan and we were going to paint a whole train in the subway. Back in the day, this used to be very easy but it’s still possible. We went with the WCA, Viper, Roid and all of these guys, they were really the coolest guys but they were fucking hardcore. We were waiting by the hatch at the yard where we were going to paint the whole train, Rude and the WCA guys were fucking late. When you are ready you are nervous and excited, but when someone is 40 minutes late, that feeling is fucking horrible. They arrived and said “everything is going to be alright, we know where the cops are”. They went to another station on the same line further down, opened the door with the sensor, did a whole car in 6 minutes with the alarms going off and waited behind the bushes for the cops to come so we knew where the cops are. This is fucking crazy, painting a whole car as a diversion to paint another whole car is just fucked up. We had 15 minutes to do 6 whole cars in a row, I saw someone inside the train, I didn’t understand why one of the Italians would be inside the train until I realised it was a worker, after some time there were 3 of them, we kept blocking the doors until one came out from the head of the train and I had sprayed his face and push him back. They called security and we finally managed to get out on time with some pictures. The train reappeared 2 days later and then runs for a week.
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J / Et ton plus terrible cauchemar ?
J / And your worst nightmare ?
A / En Italie, on s’est fait chasser dans les bois. On courait et on pouvait entendre les balles siffler entre les arbres et les buissons, mais qu’est-ce que vous pouvez faire dans ce genre de situation? S’arrêter? Non, tu cours plus vite que ce que tu as pu courir de toute ta vie. L’Italie est l’un de ces pays dans lesquels, par moments, il est facile de peindre mais une seconde après, les balles fusent de tous les cotés, tu te fais coffrer, balancer en prison et relâcher avec 50€ d’amende. Si ce genre de situation se passait en Angleterre, il y aurait une pile de paperasse de 30cm d’épaisseur et les gens seraient suspendus jusqu’à ce qu’il y ait une enquête, ce serait totalement ridicule. En Italie, c’était tout simplement fou. A la fin, personne ne s’est fait attraper, personne ne s’est fait toucher par une balle, c’était juste marrant. Je dois faire très attention, je dois bien faire la distinction entre Aroe et moi : j’ai des enfants, une femme, des factures à payer tandis que Aroe est une histoire tout à fait différente.
A / In Italy we had a chase where we were running through the woods and we could hear the bullets ripping through the trees and bushes, but what can you do in that situation? Stop? You have to run faster than you’ve ever run in your entire life. Italy is one of those crazy countries where in one minute it would be the easiest place to paint and the minute after bullets would be flying everywhere or get caught put in jail and be released with a 50 euros fine. If you were in England and they fired bullets there would be a stack of paperwork about a foot thick and people would be suspended until they’ve been enquired, it would be ridiculous. In Italy it’s just insane. At the end, no one got caught, no one got shot, and it was just funny. I have to be very careful, I have to separate Aroe from who I am, I have kids, a wife, bills to pay whereas Aroe is a completely different story.
J / Comment est-ce que Gary, Roid, et toi-même avez rejoint le crew MSK? Et parle-nous de Heavy Artillery dont tu fais partie.
J / How did Gary, Roid and you join the MSK Crew and talk us about the Heavy Artillery that you three also form part of.
A / On a commencé à peindre avec Audicity, Jiroe, Wrend et on s’est bien branché avec Alert. On était dans le creux de la vague et on sentait ce qui arrivait, on savait qu’il y allait avoir une énorme vague d’enthousiasme pour les trains, après les avoir vus rouler à travers l’Europe. On a senti l’intérêt grimper avec l’arrivée du Wildstyle West Coast, et on avait déjà peint avec eux dans la mesure où ils étaient fascinés par le vandale sur train en Europe, donc ce fut une union très facile. On a su que les autorités allaient taper fort sur les vandales et que ça allait faire mal. Donc mon crew précédent et moi-même ont décidé d’arrêter lorsqu’ on était tout en haut et on a formé Heavy Artillery. On s’est bien fait potes avec Rime lorsqu’on peignait en Europe. En 2006, j’ai réalisé ce gros event à Brighton appelé «Sleeping Giants» où j’ai invité Revok1 et Sever, qui est venu en Angleterre et avec qui je suis encore bien en contact. C’est comme ça que je suis rentré dans ce monde.
A / We started painting with Audacity, Jiroe, Wrench and made a good connection with Alert. We were on the front of the curve and we could see what was coming, we knew there was going to be a huge wave of enthusiasm for train writing because we’ve seen it rumbling in Europe. We felt like the interest started to switch towards the west coast Wildstyle which was something we were already interested in, we already painted with the west coast guys before as they were fascinated by European train writing, it was a very easy union to make. We knew that the authorities were about to clamp the trains real bad and it was all about to go really wrong. So my previous crew and I decided to stop when we were at the top and formed Heavy Artillery. We formed a good friendship with Rime when we were painting around Europe, in 2006 I did this massive gig in Brighton called the “sleeping giants” and invited Revok1 and Sever who came along to the UK and we connected really well. That’s how I got in.
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J / Tu es désormais installé à Brighton et tu as cinq enfants. Qu’est-ce que tu vas dire au directeur de l’école quand tes enfants se seront fait attraper pour avoir graffé l’école? Que penses-tu de la nouvelle génération ?
J / You now have a settled life in Brighton and 5 kids. What will you tell the principal of the school when your kids will have bombed the school ? What do you think of the new generations ?
A / Un sacré bordel, n’est-ce pas ? Il n’y a rien de plus banal que de pousser ses enfants à faire quelque chose que tu aimes. Mes enfants m’ont toujours vu graffer donc ils ont toujours été fascinés. Ils ont rencontré les graffeurs les plus célèbres du monde entier, et si quelqu’un essayait de parler de graffiti à ma fille ainée, elle lui lancerait sûrement quelque chose du genre « Mec, tu sais pas de quoi tu parles ! ». C’est juste une fille qui n’a rien à voir avec le graffiti.
A / What a mess innit? There is nothing more corny than pushing your kids on doing something you like. My kids have always seen me doing graffiti so they’ve always been fascinated by it. They’ve met the most famous graffiti artists in the world, if some dude tries to talk to my eldest daughter about graffiti, she would pretty much send him on his way like “mate you don’t know what the fuck you are talking about”. She is just a woman that has nothing to do with graffiti.
Ma fille de 12 ans est à fond dedans, elle a plein de followers sur Instagram et se gave déjà pas mal. Elle aussi graffe à Brighton. Elle ne va pas aller peindre sur le mur ou sur la voiture de quelqu’un mais plutôt sur une boite électrique, une poubelle ou quelque chose dont personne n’a à foutre. Elle s’est faite inviter à Paris pour prendre part à un événement de graffiti organisé par Brus. Il voulait qu’elle vienne à cet événement pour peindre avec plein de graffeurs célèbres. Elle fait partie de ceux qui bombardent le plus Brighton. Récemment, elle a peint une fresque de 15m à la gare alors qu’elle a seulement 12ans. Vous devriez l’interviewer (rires)
The 12 year old is really into it, she’s got loads of followers on Instagram and does pretty fuck up graffiti. Again, she bombs and tags around Brighton. She is not going to do it on someone’s house or on someone’s car. She would do it on an electrical box or bins, something that no one cares about. She has been invited to Paris to take part in a graffiti event, she painted at Brus’s reunion day. He wanted her at his event, so she had to paint with all this crazy writers. She is one of the biggest painters in Brighton, she has done a new painting by the train station about 48 foot long and she is 12. You should do an interview to her (laughs).
J / Gary et toi avez fait de Brighton un endroit très particulier et c’est probablement la raison pour laquelle Brighton est le San Francisco britannique. Comment avez-vous monté ça ?
J / Gary and you made Brighton a really special place to be and probably the reason why they say that Brighton is the British San Francisco. How did you guys managed to make this happen?
A / Je pense que la meilleure chose qui ait aidé à la base a été que le graffiti est plus visble. Il n’y a pas de raison de peindre dans un entrepôt si personne ne peut le voir. Donc on a peint en plein milieu de la rue. En 2005, il y avait un mec d’une boîte de BTP qui savait que dès qu’il monterait des fondations sur un chantier, il devrait envoyer des peintres en bâtiment tous les jours. En même temps, je voulais organiser ce gros événement graffiti et le conseil nous a mis ensemble. On a fait un deal selon lequel les murs leur appartenaient mais pas la surface, donc on pouvait faire ce qu’on voulait, tant que ce n’était pas raciste, sexiste, relatif aux drogues, etc… Cette année-là, il y a eu un changement majeur dans le graffiti, passant d’un secret enfoui à quelque chose de plus mainstream qui deviendrait une célébration artistique majeure. Tout le monde à Brighton a compris que les graffeurs n’étaient pas des trous du cul. Les gens se sont baladés pendant tout le week-end. La semaine suivante, le conseil nous a rappelés à propos de Kesington Street parce qu’elle était pourrie.
A / I think the biggest thing that helped was initially, graffiti being better perceived. There is no point of painting in a warehouse if no one can see it. So we were painting in the middle of the street. In 2005, there was a guy from a building company that knew each time he would put these holdings up in a construction site, he would have to send workers every day to repaint them. At the same time I wanted to organise this massive graffiti event and the council put us together and we made a deal that they would own the boards but we would own the surface, so we could do anything on the boards as long as it’s not racist, sexist, drug related etc. That year there was a massive change for graffiti going from a dirty secret to something more mainstream in this massive art celebration. Everyone in Brighton understood that people doing graffiti weren’t scumbags. People would pass by during this long weekend talk to the artists. The week after that, the council called us back regarding Kesington street because it looked like shit, they had to send people repaint the walls every single week. The place was filled with junkie needles, people using it as a toilet or dumping shit, it was hideous. What happened was that the building opposite was converted into super luxurious flats and media offices. So we talked to them and ask them “why don’t you let us paint the building so instead of being a human toilet, it will be a tourist attraction?”. We agreed on one painting as a test and it was a great success, over the following 6 months, we painted the rest. A lot of graffiti in Brighton aren’t legal, we just go there during rush hour and paint a building that looks like shit and people just think it’s legal. 95% of the time we get away with it.
Il fallait qu’ils repeignent les rues toutes les putains de semaines. Elle était remplie de seringues de toxicos, les gens s’en servaient de chiottes ou de dépotoir, c’était dégueulasse. Ce qui s’est passé, c’est que le bâtiment en face de cette rue s’est transformé en appartements de luxe et en agences de pub. Donc on a parlé avec eux, et on leur a dit: “Pourquoi vous nous laissez pas peindre tout ça pour que ça ramène des touristes plutôt que d’être un chiotte publique?”. On s’est mis d’accord sur une peinture d’essai et ça a été un gros succès. Dans les six mois qu’il restait, on a peint le reste. Beaucoup de graffiti à Brighton ne sont pas légaux, on y va juste durant les heures de rush et on peint un bâtiment qui ne ressemble à rien et les gens pensent que c’est légal. 95% du temps, ça passe.
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J / Comment as-tu vécu ta période vandale? Tu passais par la fenêtre chez tes parents lorsqu’ils dormaient ? Tu étais en guerre avec d’autres writers ou crews ?
J / How did you live your vandal period, were you sneaking out through the window when your parents were asleep? Did you have a war with another writer or with other crews ?
A / Lorsque j’étais jeune, mon graffiti n’était pas organisé comme il l’est aujourd’hui. C’était une ère différente, le début des années 80. À cette époque, tu ne pouvais te permettre de le montrer à qui que ce soit parce qu’il n’aurait pas compris. À la fin des années 80, on a commencé à peindre des trains et des trucs comme ça. Je prenais le train pour aller au lycée, puis je me suis barré pour trouver du taff et j’avais une nana dans une autre ville où j’étais également beaucoup. Personne ne savait ce que je faisais. J’étais dans des tonnes de guerres, j’avais plein d’embrouilles avec d’autres graffeurs mais parler d’eux leur donnerait une légitimité qu’ils ne méritent pas.
A / When I was young, my graffiti wasn’t as organised as it is now. It was a different era, it was the early 80s. Back then, you couldn’t afford anybody see it because no one would understand it. By the late 80s we started paint trains and stuff like that. I use to take the train to go to college, then left college and got a job and I had a girlfriend staying in another town so I would stay at hers quite often. No one knew what I was doing. I had loads of wars, loads of beef with other people but talking about them would give them credit they don’t deserve.
J / Tu peux nous parler un peu des films Bomb the World et 10 Slums ?
J / Could you tell us more about the movies Bomb the world and the 10 slums?
A / La date n’est pas fixée pour le moment. C’est un peu frustrant parce qu’on a rempli la section colombienne, on a essayé d’enregistrer la section israëlienne mais j’ai cassé mon équipement le premier jour. Ça aurait été le truc le plus fou: il y avait une porte en métal avec un cadenas sur ce cube en béton et des gamins jouaient autour. Donc j’ai decidé de le peindre et en fait je me suis rendu compte que c’était un bunker à mitrailleuse en cas d’attaque syrienne, «de manière à ce que tout le monde puisse combattre pour sa liberté». Il y avait ce centre ville où tout était construit autour de ce cube plein de mitrailleuses, avec des gamins qui jouaient autour. Donc j’ai peint mon truc, froid comme le fer. On veut aller sur des scènes de catastrophes et de désastres, là où le tsunami a frappe, au Japon, à Haïti, peindre dans des endroits où on va pouvoir interagir avec les gens. Des personnes y habitent encore, c’est ça que les gens oublient.. La vie continue. C’est ça le truc, c’est qu’en Angleterre, les gens pensent que leurs vies restent en stand-by, mais non. Le graffiti est juste un moyen génial de communiquer avec eux. Je ne suis pas là pour mettre qui que ce soit sur un piedestal, je suis juste un connard d’Angleterre. Si tu filmais ça et que tu le montrais directement à la télé, je suis sûr que des gens à travers tout le pays ne seraient pas cons et seraient plus interéssés par la culture, pensant que c’est philosophique. Je suis aussi allé en Syrie et en Palestine en novembre, dans des zones démitlitarisées avec des gens qui pensaient “C’est putain de fou”. Je partageais un bungalow avec CES de New York: c’était irréel, à 5 heures du matin on entendait des tirs de mitrailleuses. On peignait et on entendait les bombes exploser, sentant l’onde de choc dans le sol. Il y a une peinture que j’ai faite, c’était un énorme MSK et il y avait une vache en morceaux qui avait essuyé une explosion de mine juste en face. Ça remet pas mal de trucs en question quand tu rentres en Angletere.
A / The date is not settle yet. It’s a bit frustrating because we have filled the Colombian section and I tried to record the Israel section but my equipment got fucked on the first day. It would have been the most insane thing ever, there was a metal door with a lock on this concrete box and kids playing around, so I decided to paint it and I found out it was a machine gun stash in case the Syrians attack, so everyone “could fight for their freedom”. That was the center point of that town everything else was built around that box, filled with machine guns, kids playing around. So I painted my thing like it was ice cold steel. We want to go to disaster places where the tsunami hit japan, Haiti, painting in places like that and interact with the people there. People still living in those places, this is what the people forget. Life keeps going on. That’s the thing, people in England think their lives stay on hold, and it’s not like that. So graffiti is great to just go to them places and do something to communicate with them and do something exciting I’m not here to patronise no body, I’m a scumbag from England (Laughs) If you film that and show that on television promoted correctly, you would have people across the whole country that are not stupid and a little bit interested in the culture thinking it’s mental. I also went to Syria and Palestine in November walking around demilitarised smashing whatever the fuck I want and people were thinking “that’s fucking insane”. I was sharing a bungalow with CES from new York, it was surreal at 5.30 we heard proper machine guns shooting. We would be painting and hearing bombs going off and feel the rumble on the ground. There was one painting that I did, it was a huge MSK and there was a dead cow shred into pieces from a land mine bomb just in front of it. Puts it a bit in perspective when you come back to England.
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Illustration
PEZ Texte > Aurélien Courbon - Artworks > Pez
Welcome to the kind of grimy, underground universe that we like, where the heroes of our adolescence are being re-served in the kind of sauce who’s true value can only be appreciated by a starving crack-head. Pez takes us into a world where graffiti and industrial wastelands redesign the familiar features of the mythic figures of the small screen against a spiral notebook background, as if their souls had been stripped bare to reveal their dark sides. Behind the Pez moniker is a 33 year Nantais who’s loved drawing since his childhood. After a brief stint in graffiti, it is in graphics and illustration that he finally finds his outlet, with an original style and perfectly sketched details in graphite pencil. A style which now allows him to exhibit in galleries all over the world.
Bienvenue dans un univers crade et underground comme on les aime, où les héros de notre adolescence sont recuisinés à une sauce que seul un crackhead affamé pourrait apprécier à sa juste valeur. Pez nous invite dans un monde où graffitis et friches industrielles redessinent les traits familiers de ces personnages mythiques du petit écran sur fond de cahier à spirales, comme si leur âme était mise à nue pour faire ressortir leur côté sombre. Derrière le pseudo de Pez se cache un nantais de 32 ans, passionné de dessin depuis sa plus tendre enfance. Après un bref passage par le graffiti, c’est dans l’illustration et le graphisme qu’il trouve finalement son exutoire, avec un style original et des détails parfaitement esquissés au crayon graphite. Style qui lui permet aujourd’hui d’exposer dans plusieurs galeries du monde.
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J / Salut, présente - toi.
J / Hey, first can you present yourself
P / J’oeuvre sous le pseudo «PEZ» , j’ai 32 ans et je suis né à Nantes où je travaille et vis toujours. J’aime beaucoup cette ville qui est fascinante par son histoire, son implantation géographique et son dynamisme culturel.
P / I paint under the name of PEZ, I’m 32 and I was born in Nantes (France) where I work and live. I really like this place. It has a fascinating history, a great geographic location and is very multi-cultural place.
J / Quand et comment as-tu tu découvert l’illustration ?
J / When and how did you discover illustration?
P / J’ai toujours dessiné : très jeune, à l’âge de 5,6 ans, je pouvais passer des heures à peaufiner mes créations. Ensuite à l’adolescence, j’ai dessiné avec plus ou moins d’intensité pour m’y replonger corps et biens après mon baccalauréat, en faisant l’école Pivaut. Ensuite, je me suis lancé en Freelance comme graphiste pour des sociétés locales tout en continuant à dessiner pendant mon temps libre.
P / I’ve always been drawing. When I was 5 or 6 I was already spending long hours detailing my creations. Then as a teenager, I was drawing on and off but I got properly back into it when I finished High School and went to Piveaut’s School. Then I started working as a freelance graphic designer for local companies but I kept drawing my own stuff during my free time.
J / Il y a beaucoup de graffitis dans tes illustrations : tu as un passé de graffeur ?
J / There is a lot of graffiti involved in your illustrations: do you have a history in Graffiti ?
P / Quand j’étais plus jeune, en 1997-2000, avec des potes, je faisais un peu de graff, sans grande prétention et le résultat n’était pas très «convainquant» mais on s’est bien marré. C’était les balbutiements d’internet et il était compliqué de se procurer le matériel. ..... Ensuite j’ai arrêté en me focalisant davantage sur le dessin mais j’ai continué à admirer et à m’intéresser au monde du graff et aux graffeurs qui possédaient davantage de technique que moi. Ceci dit, j’ai très envie de m’y remettre, d’ailleurs j’ai réinvesti dans du matos.
P / When I was younger, from 1997 to 2000 I was doing some graffiti with some friends but the results weren’t convincing enough, we had a good laugh though. It was the beginning of the internet and back then it was pretty hard to get hold of the things you can get hold of now… Then I focused a lot more on drawing but I kept admiring the graffiti world and graffiti artists that were way more talented than I am. This said I’m trying to get back into Graffiti again. I bought some stuff for it already.
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J / Quels sont les artistes qui ont inspiré ton travail ?
J / Which are the artists that inspired your work ?
C’est une question difficile tellement je suis inspiré et fasciné par de nombreux artistes comme Ron Mueck, Banksy, Aryz, Robert Proch, Etam Crew, Dran, etc... et ceux du passé : Magritte, Dali, Klimt.... C’est très varié en fait, je pourrais en citer des dizaines...
P / That’s a hard question, I’m so inspired and fascinated by numerous artists such as Ron Mueck, Banksy, Aryz, Robert Proch, Etam Crew, Dran, etc… and also those from the past: Magritte, Dali, Klimt… It’s a long and diverse list, I could mention many more of them.
J / Parle- nous de la série destroy .
J / Could you talk us through your destroy series ?
P / En fait c’est venu en deux temps : j’ai commencé par Mickey, Donald et un Rapetou, et finalement j’y suis revenu plus tard avec les six derniers : Homer, Kenny, Bart, Mario, Krusty et Buzz ... Je ne sais pas vraiment pourquoi j’y suis revenu, peut-être pour finaliser correctement une série que j’avais commencée. Et puis je suis un fan éternel d’Homer donc je ne pouvais pas ne pas le faire. Enfin, le succès qu’ont rencontré Homer et sa Duff y est pour quelque chose, il faut bien l’avouer. J’avais envie de leur donner une apparence étrange, urbaine et onirique qui change radicalement de l’univers des personnages. Les implanter dans d’autres mondes nous révèle d’autant plus ce qu’ils sont...Ces personnages sont tellement ancrés dans l’imaginaire collectif qu’on en oublie leurs traits et leur conception d’origine....Ça me rappelle une fin d’épisode des Simpsons où Homer se retrouve dans notre monde «réel». (cet épisode est très bon, je le conseille).
P / I made it in two sets, I started with Mickey, Donald and one of the Beagle Boys and then I came back to this series later on and did: Homer, Kenny, Bart, Mario, Krusty and Buzz… I don’t really know why I came back to it, maybe to finish what I once started. Also, I’m a die-hard fan of Homer, so I had to do it. Besides, we have to admit it, Homer and his Duff had a lot of success for a reason. I wanted to give these characters a weird street and dreamlike look that radically change the universe of these characters. Putting them in different worlds gives us a much deeper understanding of their personalities. These characters are so anchored in our imagination that we forget their real personalities and their origins… It reminds me of the ending of an episode where Homer finds himself in our “real” world. (Such a good episode, highly advised).
J / As-tu des expositions à venir ?
J / Do you have any upcoming expositions in the near future ?
P / Oui, cet été en juillet à Nyc (Brooklynn) et peut- être d’autres en Europe, mais rien de sûr encore.
P / Yeah, in July this year at NYC (Brooklyn) and maybe some other expositions in Europe, but nothing for sure yet.
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Street Art
GODDOG Texte > Roman Soler - Artworks > Goddog
Goddog est un mec que l’on croise régulièrement. Et c’est sûrement dans l’excellent shop avignonnais Keepfire, entre deux blagues à la con de Polo et quelques binouzes, que nous l’avons rencontré pour la première fois. Artiste actif et déterminé, Damien dormira sûrement quand il sera mort, et encore... Sans cesse à la recherche de nouveaux projets ou de nouvelles destinations, il nous offre régulièrement de nouvelles créations qui viennent alourdir son portfolio déjà bien fourni chaque semaine. Car après être passé par les pochoirs, quelques chromes et une paire de métros, il peint désormais dans un style plus conceptuel et graphique, embarquant le street-art dans un univers abstrait et irréel.
Goddog is a guy we regularly run into. I think the first time we met him was in the dope Keepfire shop in Avignon, while hanging out and drinking beers with Polo. A determined and busy artist, legend has it Damien will only ever sleep once he dies. He is constantly seeking new projects and destinations. He puts out new works all the time, adding to feedingeady vast portfolio of works. We have seen him move from stencils to chomes to subways; and more recently to a deeper conceptual and graphic style, taking street art on an journey through the surreal and abstract.
Jacker / Présente -toi et raconte- nous comment tu es arrivé au graffiti.
Jacker / Present yourself and tell us about how you started to graff.
G / Salut, je suis Damien alias Goddog, graffeur, illustrateur et street artiste pour ceux qui veulent m’appeler comme ça. Je suis avignonnais, j’ai trente ans. J’ai commencé le graffiti à l’âge de seize ans, dans ma ville, à Châlons. Je suis originaire du nord de la France à la base. C’était plus de la curiosité qu’autre chose. J’avais un super bon pote d’enfance qui taggait déjà et ça m’attirait vachement. Et un jour, il y avait des bombes de peinture qui traînaient dans mon garage, et j’ai commencé à faire des tags avant même de gratter du papier. Après quelques péripéties de graffitis vraiment vandales, j’ai tourné la page pour faire plus de l’illustration, du graphisme. Puis cette vague street art est arrivée il y a quelques années, elle m’a vachement intrigué. En général, ce qui se passe dans la rue m’a toujours intrigué.
G / Hi, my name is Damien, AKA Goddog, graffiti artist, illustrator and street artist for those who want to call me as such. I’m living in Avignon, France. I’m 30 years old. I started graffing at the age of 16, in my hometown of Châlons, a town in the north of France, where I’m from originally. At first it was all about curiousity. I had a really good buddy who was already graffing and I was really interested to try it out. One day, I noticed we had spray paint sitting in the garage. I picked them up and layed by first paint lines, before ever using a sketchbook. After a couple proper vandalous bombing runs, I turned to illustration and more conventional graphic arts. A couple years later, the new wave of street art emerged and had me intreaged. I’ve generally always been intreaged by what happens on the streets.
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J / Tu as fait partie de Crews ?
J / Have you been part of any crews ?
G / Ouais, mais ça a toujours été plus pour délirer, pour avoir une belle bande de potes qu’autre chose. On n’était pas du tout dans le délire street credibility et compagnie. Puis il faut dire qu’on était aussi à fond dans le skate. J’ai donc été pas mal solo, en crew ça avance trop lentement de toute manière, sauf si le crew est super actif.
G / Yes, but it was always more about hanging out with chill people than about art. We didn’t give a shit about street cred and all. Also, we were heavy into skateboarding. Generally I’ve always gone out solo. With a crew things move too slowly, unless the crew is highly active.
J / Comment as-tu pris ce tournant plus graphique, illustré ?
J / How did you end up moving to a graphical and illustration-rich style ?
G / Ça va faire 4-5 ans que je m’intéresse vraiment à ce côté plus graphique, plus illustratif. Trois ans après, il y a eu vraiment le côté street art qui est arrivé avec les collages. Je faisais beaucoup de pochoirs perso. Je dirais que toute la scène anglaise m’a permis de me rendre compte qu’on peut faire autre chose.
G / For the past four to five years I’ve gotten a lot more interested by illustration and more graphic art. Three years into this, a branch of street art took off under the form of collages. I was doing a lot of my own stensils. I’d say that the english scene really made me realise that something else could be done.
J / Tu t’inspires pas mal de tes rêves. Raconte- nous le plus fou.
J / You use your dreams for inspiration, tells us about one of the wilder ones.
G / Je me souviens pas tout le temps de mes rêves. Après je suis pas mal rêveur, en journée, et disons que tout ce qui touche à l’étrange et l’inexistant m’inspirent en général. En plus je suis somnambule, donc je fais vraiment des trucs chelous.
G / I never really remember of my dreams. But I’m quite a dreamer, even by day. Let’s say that in general, anything which roams around the strange and inexistant inspires me. Moreover, I’m a sleepwalker, so let’s just say that I do some really weird things.
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Photo : Jean Pierre Rieu J / Quels sont les autres trucs qui t’inspire ?
J / Any other sources of inspiration ?
G / Je dirais que ce sont mes voyages. J’essaie de voyager le plus possible. J’ai un emploi du temps un peu chargé. Mais j’essaye de partir deux fois dans l’année pendant trois semaines. J’ai beaucoup fait l’Asie, la Thaïlande, le Vietnam, l’Indonésie, la Malaisie. Ma prochaine destination est l’Amérique Latine. Tout ce qui est en lien avec le voyage m’a beaucoup inspiré. C’est des moments où tu as plus le temps de réfléchir, de penser… Une fois en Malaisie, je me suis mis en contact avec des mecs par les réseaux sociaux. C’était assez galère pour dialoguer, surtout en anglais. Donc on est rentré dans le métro en banlieue. C’était ambiance ghetto sous un rail de métro et c’était vraiment bien. Je me demandais un peu où j’étais mais les mecs m’ont bien accueilli et on a passé un pur moment. C’est ça que je kiffe avec les voyages et le graffiti, c’est un réseau et ça permet de super rencontres.
G / Yes, my travels. I travel as much as I can. My schedule is pretty loaded, but I try to take off twice a year for at least three weeks. I’ve been through Asia alot; Thailand, Vietnam, Indonesia, … My next focus will be Latin America. Everything related to my travels has been a great source of inspiration. It is during travels that I have the most time to think deep. In Malaysia, I once hooked up with a group of guys through social networks. The dialogue was difficult, because of the language barrier, but we got together in the subway, out in the suburbs. It was a ghetto atmosphere under the subway tracks, and it was awesome. I would wonder where the hell I am but the guys were very welcoming and we had a solid session together, a great moment for me. This is what I like about travelling and graffiti, the networks and exchanges between artists everywhere.
J / Des expos à venir ?
J / Any upcoming shows ?
G / Ouais je suis content, j’ai assez réussi à me bouger le cul. À Sète, je suis invité au K-Live. Et à Bagnoles sur Cèzes, j’exposerai avec Pablito Zago courant avril-mai. À la rentrée, je vais monter à L’international à Paris pour une autre expo, mais dans l’ensemble je suis dans l’attente.
G / Yes, I’m happy as I’ve gotten my shit together for some shows. At Sètes, I’m invited to the K-Live. At Bagnoles sur Cèzes, I’ll be presenting my stuff alongside Pablito Zago, sometime between April and May 2014 . In September, I’ll be heading up to the International in Paris for another show .
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Lifestyle
SHANTIBABA Texte > Roman Soler - Photos > All Rights Reserved
De g. à d. : Howard Marks & Shantibaba
Scott Blakey aka Shantibaba passe la majeure partie de son temps à faire le tour du monde dans le but de chasser des trésors enfouis sous terre. Mais nous sommes bien loin des diamants et autres lingots dénués d’âme, car les trésors que Scott récolte sont les graines d’une plante qui n’ a pas pour seule fonction de changer le CO2 en oxygène... Scott sélectionne et étudie ces semences depuis plus de 30 ans, il les conditionne et en assure la bonne santé dans ce qu’il appelle sa «marijuanna specialised nursery», que chacun de nous pourrait allègrement qualifier de paradis artificiel. Il monte sa première boîte «Greenhouse Seeds Co.» en 92 à Amsterdam, avant de rencontrer son futur associé, le légendaire dealer international Howard Marks, dont vous pourrez admirer les exploits dans «Mr Nice», film qui lui est consacré. lIs fonderont ensemble une des plus grandes banques de graines à ce jour, Mr Nice Seed Company, dont le principal secteur d’activité est de croiser et créer des variétés qu’ils distribuent ensuite aux amateurs de bonne weed du monde entier. Cultivons notre jardin, Shantibaba nous a apporté un peu de son précieux savoir.
Scott Blakey aka Shantibaba spends most of his time travelling the world searching for buried treasure. Far from diamonds and other soulless bullion, Scott’s treasures are the seeds of a plant who’s purpose is not just to transform CO2 into Oxygen... Scott has been selecting and studying these grains for more than 30 years, he conditions them and ensures their good health in what he calls his «Specialized Marijuana Nursery», what we can essentially qualify as an artificial paradise. He set up his first business «Greenhouse Seed Co» in 1992 in Amsterdam, before meeting his future associate, the legendary international dealer Howard Marks, whose exploits you can admire in «Mr. Nice», a film made about him. Together they would found the world’s largest seed bank, Mr. Nice Seed Company, whose principal sector of activity involves crossing and creating the varieties that they distribute to good weed lovers all across the world. Let us cultivate our garden, Shantibaba has accorded us some of his precious knowledge.
Jacker / Salut Scott, raconte- nous ta première fumette et ce que tu faisais avant de t’intéresser à la marijuana ?
J / Hey Scott, explain to us your first puff puff pass and what you initially did before interesting yourself into marijuana ?
S / Il est difficile de me rappeler ce à quoi ma vie ressemblait sans cannabis vu qu’ elle y est entièrement consacrée. Je me rappelle cependant très bien de ma première défonce, c’était à Melbourne avec un ami, on a tous les deux vu une ligne blanche dans une prairie, on s’est tous les deux mis sur les genoux et on a rampé le long de cette ligne imaginaire. On est revenu le lendemain et aucun de nous deux n’a réussi à la retrouver… A partir de là, j’ai compris que cette plante pouvait m’apporter quelque chose. Je suppose que c’est plutôt cette plante qui m’a choisi et m’a poussé à la cultiver et à prendre soin d’elle au quotidien !
S / Life before Cannabis is difficult to remember as most of my conscious life has been partnered with Cannabis. However the first time I recall getting stoned was with a friend in Melbourne and we both saw an imaginary white line painted on this grassy walking strip and both of us got on our knees and crawled along this imaginary line together! We went back the next day and both of us could not see any traces of a white painted line on the grass...from that moment on i was hooked on what this plant could do to me. I expect the plant chose me and taught me to become a grower so i could be around it !
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J / Quel est ton but premier en collectant les meilleures graines ?
J / What was your first goal collecting the best seeds ?
S / L’objectif principal de mes voyages est d’échantillonner ainsi que d’étudier des graines pour trouver les aspects intéressants de chaque variété, notamment sa saveur et ses effets. C’est par ces deux caractéristiques que commence la sélection, puis d’autres aspects importants entrent en jeu comme le rendement pour finir avec un tas d’autres attributs.
S / The main goal when I travel is to sample things and review seeds to find interesting aspects of a plant, mainly in flavour and effects. So selection begins with flavours and effect, then come yields and all the other traits follow.
J / Comment as- tu monté ta première pépinière de cannabis ? Et la banque de graines ?
J / How did your first marijuana nursery come together? And then the seedbank ?
S / Plus jeune, j’ai fait des études de paysagiste et de biologie… J’ai donc toujours été passionné par les plantes. Collectionner des plantes en les sélectionnant sur un grand nombre de graines, puis les partager avec ses amis était tout à fait normal en Australie. J’ai réalisé que ça me motivait pour me lever tous les matins. Quand j’ai commencé à en faire mon métier et que j’ai pu venir m’installer et vivre aux Pays-Bas, ce que j’aurais fait gratuitement, je me suis tout à coup senti comme à la maison. La première entreprise que j’ai créée a été Greenhouse Seed Co. Puis j’ai quitté les Pays-Bas pour monter quelque chose de plus orienté vers la partie médicinale en Suisse. J’ai donc créé Mr Nice puis aujourd’hui le CBD Crew ( avec Jaime de Resin Seeds) en Espagne.
S / My background is landscape gardening and I studied biology as a student...so for me I always thought of plants in my head. Collecting plants through selection of large numbers of seeds, cuttings and sharing with friends was normal in Australia. I saw this was something that made me motivated to get up in the morning. When I began to make it my work and earninng a living in Holland from what I would have done for free, it felt like I was home! The first commercial seed company I set up was Greenhouse Seed Co. and when I left Holland for something more medically orientated in Switzerland , I set up Mr Nice and now CBD –crew ( with Jaime from Resin Seeds) in Spain.
J / Qu’as- tu fait durant tes voyages en Inde ? Qu’est -ce que tu y as appris ?
J / What did you do during your time in India? And what have you learned there ?
S / Mes voyages dans le sous-continent indien ont été nombreux depuis 1982. Je m’y sens libre et vrai, avec beaucoup de choses qu’on ne peut expliquer… J’aime ma vie avec les plantes. Ma philosophie de base dans un voyage est qu’aucune route n’est la mauvaise route.” J’ai quelques motos dont une vieille 350 cc Royal Enfield que j’utilise pour faire mes voyages et je ne suis jamais dans le stress… J’ai travaillé et vécu à Jaipur où je séparais les pierres précieuses des pierres brutes et je faisais pas mal de petites aventures à travers le désert. Mais plus généralement, l’Inde m’a amené beaucoup de motivation personnelle et de compréhension des valeurs de la vie ainsi que l’un des meilleurs Charas ( le charas est un haschich préparé main et récolté sur des plants vivants que j’ai pu faire moi-même. Les gens, la nourriture, la manière de penser sont tellement différents de la pensée commerciale normale que tout ça a influencé tous les aspects de ma vie et ont fait de moi une personne meilleure.
S / My travels in the sub continent of India have been numerous since 1982. I feel free and real in this country with a lot of non verbal understanding...kind of like my work with plants. The basic philosophy of my journeys seems to be that « no road is the wrong road ». I have a few motorbikes and an old 350 cc Royal Enfield that I do my travelling on, and I am never in a hurry...I worked and lived in Jaipur cutting gemstones from rough stones, and doing a lot of small Desert adventures. But in general India has been a great teacher to me for inner motivation and understanding of life principles, as well as some of the best Charas (hand rubbed hash resin derived from living Cannabis plants) rubbing days of wild Cannabis plants of my life. The people, the food, the ways of thinking are different to normal commercial thinking and have influenced all aspects of my life and made me a better person.
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J / Comment en es- tu venu à t’investir dans la création de Greenhouse en 1992 à Amsterdam ?
J / What was the opportunity involving you in Amsterdam in 1992 into the Greenhouse foundation ?
S / Au début des années 90, ma copine et moi nous sommes investis pour monter le premier coffee dans la Tolstraat (Rue d’Amsterdam), puis au fur et à mesure, il s’est avéré que nous étions un bon groupe et on a installé des coffees en conséquence pour enfin monter Greenhouse Seeds Co en 1994. C’était la ruée vers l’or à Amsterdam qui était un leader du marché du cannabis mondial . Depuis lors, l’Espagne et les USA ont pris les renes et à mon avis, ils vont dépasser de loin ce que la Hollande a réalisé ces dernières 25 années.
S / In the early 90s my then girlfriend was involved in setting up the first GH coffee shop in the Tolstraat, slowly we got together as a good group and helped with setting up subsequent shops and leading to co founding the GH Seed co in 1994. These were the great times of Amsterdam as market leaders in the world of Cannabis, since then Spain and USA have taken the lead and in my opinion and will far surpass what Holland did in the last 25yrs within a few years.
J / Comment as -tu rencontré Howard Marks? Et comment vous êtes- vous associés ?
J / How did you met Howard Marks? And how did you get involved on the same business ?
S / Howard m’a approché lors d’un salon au HTCC (Hindu Temple & Cultural Center) en 1996 alors que nous étions leaders dans le contrôle des souches et des races grâce à GreenHouse Seeds Co, et on a accroché immédiatement. Il était évident pour moi que créer Mr Nice Seedbank accompagné d’Howard et Nevil, en migrant vers la Suisse, nous annonçait un futur prospère. Cela allait nous permettre d’intégrer le marché médicinal, ce qui a toujours été mon but dans le cannabis. Depuis, Howard est devenu un membre de ma famille et nous avons créé ensemble la CBD-crew seed company à l’échelle médicinale avec comme associé Resin Seeds… et notre futur est très vert. Howard est le meilleur ambassadeur du Cannabis que j’ai jamais rencontré… et la personne la plus populaire au monde à ce jour pour tout ce qui est information et activisme pro cannabis.
S / Howard approached me in a HTCC event in 1996 when we were dominating Cannabis strains and new breeds as the GHSco, and we hit it off immediately! It was obvious to me that with Howard and Nevil joining forces to set up the Mr Nice Seedbank and moving to Switzerland we would have a great future and the potential to go into the medical market which was always my goal in Cannabis. Since then Howard has become part of my family and we now have created the CBD-crew seed company for medical grade seed with Resin Seeds as our partner...and our future is very Green. Howard is the greatest ambassador for Cannabis that I have ever met...and is the most popular person to this day for information and activism in the pro Cannabis world.
J / Quelle est ta variété d’herbe préférée ?
J / What’s your favorite sort of marijuana and why ?
S / Je n’ai pas vraiment de préférence dans la mesure où cela dépend vraiment de mon humeur, de comment je me sens et de ce que je veux faire par la suite… donc c’est difficile de répondre. Si j’avais à choisir entre de la Mango Haze, Super Silver Haze, Nev Haze, Master Kush Skunk , Early Queen et d’autres variétés hybrides que j’appelle les séries rock’n roll, je dirais que ce serait la Mango Haze pour le goût, et la Nevada Haze / MKS Skunk pour les effets, et je mixerais ça en une variété. Après tant d’années à travailler la génétique du Cannabis, je le connais si bien que je sais quels dosages me conviennent… Et c’est très difficile de proposer les bonnes doses aux autres. Donc je dirais que pour moi les effets et le goût sont les deux choses les plus importantes dans les croisements à ce jour.
S / Having a favourite is not really true for me as it really varies according to how my mood is and how I feel physically and what I going to do after...so it is difficult to answer. I find that if I have say Mango Haze, Super Silver Haze, Nev Haze, Master Kush Skunk, Early Queen and several new haze hybrids I call the rock n roll series, I will tend to go for Mango Haze for flavour, and Nev Haze/ MKSkunk for effect and then mix and blend.I feel after so many years experience with strains of Cannabis that I know so well, I understand dosages specific for me...and this is the most difficult element in suggesting strains or medical cannabis for other users. So I would say flavour and effect play the most important roles in breeding for me nowadays…
J / Peux- tu expliquer le processus de création d’une nouvelle variété ?
J / Can you explain the process of creating a new variety?
S / En fait, vous commencez avec deux souches pures ou de races différentes qu’on nomme plantes mères. Pour arriver à une sélection pure, il faut ponctionner les souches dans une zone d’origine et fleurie sur des quantités relativement importantes afin de trouver quelque chose avec quoi vous pouvez être satisfait , et par la consanguinité, on peut réduire la génétique et les aspects de la plante dans une certaine gamme . Ensuite, lorsque vous avez atteint l’effet désiré d’une plante mère et qu’elle est pollénisée par une plante de la même génétique ayant 70 % des caractéristiques similaires dans la graine S1, vous pouvez envisager de travailler avec . Vous aurez besoin de le faire aussi avec un mâle de la plante sélectionnée. Considérant que beaucoup de gens n’arrivent pas à sélectionner un mâle ou ne savent tout simplement pas quoi choisir, ils ont tendance à utiliser des produits chimiques à vaporiser sur une plante femelle sélectionnée pour faire des graines féminisées ... et ne pas avoir à traiter ou garder en vie des plantes mâles. Bien sûr, les espèces peuvent se dégrader ou revenir à une forme d’hermaphrodisme et personne ne peut garantir que ce ne sera pas ainsi. Ainsi, la création d’une nouvelle souche prend au moins deux ans de travail, alors que faire des graines femelles d’un clone femelle sélectionné prend deux mois.
S / Basically you begin with two different pure strains or land races called parent plants. To have reached purity and trait selection you would have needed to collect these from an original area and flowered out quite large amounts to find something you were happy with, and by inbreeding a land race one can reduce down the genetics and traits to be within a certain range. Then when you have reached the desired effect of a mother plant and it breeds true with a selected male from the same genetics to have 70% similar traits in the S1 seed, you can consider this side ready to work with. You will need to do this also with a father side of the Cannabis plant. Considering many people do not find selecting a male easy or they simply do not know what to select, they tend to go for the use of chemicals to spray on a selected female to make feminized seeds...and not have to deal or keep alive male plants. Of course species can degrade or revert to intesexing (hermaphrodism) and no one can guarantee it will not. So creating a new strain is at least 2 years in work, while making female seed from a selected female clone takes 2 months!
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J / Peux- tu nous parler un peu plus du CBD?
J / Can you explain us more about CBD ?
S / Le CBD est l’un des cannabinoids présents dans les variétés cultivées, naturelles et industrielles. Le CBD n’est pas psycho actif mais présente plusieurs propriétés pharmaceutiques. C’est un anti inflammatoire puissant et un fort antioxidant. Le cannabis riche en CBD à psycho-activité réduite amène à des options de traitements pour des patients cherchant à se soigner d’inflammations, de douleurs, d’anxiété, ainsi que d’effets spasmodiques sans effet secondaire ou léthargique. Les quantités à utiliser et à prescrire arrivent tout juste sous les feux des projecteurs à présent, dans la mesure où les recherches et les études sur l’homme sont récentes. Mais pour moi les souches de cannabis enrichies en CB sont le futur des souches médicinales.
S / CBD is one of the main Cannabinoids present in naturally occurring populations and industrially cultivated varieties of Cannabis. CBD is non psychoactive but has several pharmacological properties. It is a powerful anti-inflammatory and a strong antioxidant. The reduced psychoactivity of CBD rich cannabis appeals as a treatment option for patients seeking relief from inflammation, pain, anxiety, and spasmodic effects without side effects or lethargy. The amount of uses are only coming to light at present since it is relatively new with research and human studies. But I see CBD enriched strains of Cannabis being the future for medical grade strains.
J / Quels sont tes projets à venir ?
J / Any big projects to come ?
S / Les projets à venir sont de voler vers plusieurs destinations à présent. L’état de Washington semble avoir un gros potentiel pour le futur, de même que l’Uruguay, l’Espagne et les USA (beaucoup d’autres états), compte tenu que nous sommes les premiers dans le business (Resin Seeds et Mr Nice Seedbank) à reproduire des graines enrichies en CBD dans le monde à travers le projet CBD-Crew Seed Bank. On a bossé dur afin de pouvoir dans un futur très proche proposer aux cultivateurs médicinaux des graines avec différents ratios de THC et CBD. Ce projet est la plus grosse entreprise de graines dans laquelle j’ai jamais été impliqué dans la mesure où on enrichit les souches de compagnies comme Dutch Passion, Barneys Farm, Roor Seeds, Dinafem, Medical Seeds, Eva Seeds, Paradise Seeds… et plus encore. Donc je sens que 2014 va être une année très positive pour nous ainsi que pour le futur des graines médicinales.
S / Big projects are flying at me from many countries at present. Washington State seems like very big potential for the close future as well as, Uruguay, Spain and USA (various other states). Considering we have been the first joint venture (Resin Seeds and Mr Nice Seedbank) to breed CBD enriched seeds in the world under the CBD-crew Seed Bank project, we have our work cut out for the near future bringing different ratio CBD to THC strains for medical growers. The CBD-crew project is shaping up to be the biggest seed venture I have been involved in since we are now enriching strains for most of the major Seed companies like Dutch Passion, Barneys Farm, Roor Seeds, Dinafem, Medical Seeds, Eva Seeds, Paradise Seeds...and more as our facilities can cope with the breeding work. So I feel very positive for 2014, and medical grade seed for the future.
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© Bobby Allin
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Forged with Blunts, Sweat and Beers
L’encre ne coulera désormais plus uniquement sur papier, mais également sur le tissage 100% cotton de nos tee-shirts sélectionnés et imprimés avec la plus grande tendresse. Notre Authentic Dope voyage, camouflée dans des planques sombres et poussiéreuses, pour finalement fleurir dans les shops du monde comme des boutons sur le visage innocent d’une jeune pucelle. Deux mois se sont écoulés depuis l’ouverture de notre marque, et nous débitons nos tees tel un dealer de crack dans un squat miteux de Beyrouth. Nous vous remercions de faire confiance à notre came dont vous êtes de plus en plus nombreux à en apprécier la valeur. Restez connectés, l’histoire ne fais que commencer.
From now on, our ink won’t just drip on paper but also on our 100% cotton T-shirts that we carefully select and tenderly print too. Just like the spots that grow over teenagers’ faces, our Authentic Dope travels hidden in a dark and dusty stash to then flourish on the shelters of your local shops all over the world. Two months have passed by since the opening of our clothing brand, we have been delivering our stock like crack dealers in a seedy obscure squat in Bayreuth. Once again, we thank all of you for trusting our brand that each day more of you are wearing. Stay tuned, the story has just begun.
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Š Bobby Allin
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