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Psycho des petits
COMMENT EXPLIQUER LA MORT DE SON ANIMAL À UN ENFANT
La mort est omniprésente dans notre société, mais on n’en parle jamais. Cette condition du vivant condamné à mort n’est pas formulée alors qu’elle devrait l’être. Pour les êtres de parole que nous sommes, parler soulage. Dès l’âge de l’école maternelle, les enfants posent beaucoup de questions. Celles qui portent sur la mort peuvent parfois nous désarmer et nous gêner. Comment répondre à leur curiosité naturelle? Comment leur parler de quelque chose qui nous angoisse, peut-être, nous aussi? COMMENT PARLER DE LA MORT AVEC LES ENFANTS ? Ne pas reculer et répondre, le plus simplement possible. Cette obligation de parole vaut pour toutes les questions qui surgissent spontanément et – a fortiori – pour celles qui sont suscitées par cette expérience réelle de deuil. Éluder cette curiosité, la rabrouer parce qu’elle nous gêne, ou la minimiser parce que nous voulons “protéger” les enfants, “c’est toxique”, le silence est un traumatisme supplémentaire: la seule chose qui peut faire du mal à un enfant, c’est de ne pas lui parler ou de lui parler faux. L’enfant imaginera toujours pire que la réalité et pourra par ailleurs déduire du silence des adultes que c’est lui le responsable de ce qui se passe. « On va où, quand on est mort?» Voilà bien une question à laquelle personne ne peut répondre avec certitude. Autant le dire! Ce n’est pas parce qu’on ne sait pas qu’on ne doit pas parler. On peut donc avouer que sur ce qui se passe après la mort, personne ne sait exactement. On peut expliquer que les gens ont des croyances et des opinions différentes sur ce point, avant de donner notre propre point de vue: «Moi, je pense que… Toi, petit à petit, tu te feras ta propre idée.» Evitez le «on ne va nulle part». Dire qu’après la mort, il n’y a rien, est très angoissant. Parlez-lui du souvenir. Evitez aussi les explications religieuses comme «Dieu l'a emporté au ciel parce qu'il voulait un gentil toutou comme lui». Dieu kidnappeur? Ceci risque de déclencher des accès de rage et de révolte. De plus, l'enfant pourrait croire qu'en étant sage et gentil, il s'expose à être arraché à sa famille. ATTENDEZ-VOUS À DES RÉACTIONS DIFFÉRENTES SELON L’ÂGE… Avant 2 ans: Les enfants ressentent le manque. Il est important de les entourer, de les consoler et de leur parler pendant le deuil. Entre 2 et 5 ans: Les enfants ne comprennent pas que la mort est définitive. La mort pour eux est un exploit réversible qu'ils voient chaque jour dans les dessins animés. Le fait de leur avoir expliqué clairement le concept de la mort avec des mots justes les aidera à mieux comprendre plus tard ce qu'est la mort. Il ne faut donc pas hésiter à expliquer plusieurs fois le concept de la mort. Après 6-8 ans: Les enfants savent et comprennent que la mort est irréversible. Ils sont très curieux et s’intéressent aux raisons qui ont causé le décès. Ainsi, ils ont besoin de discuter ouvertement et d’être rassurés. Les parents doivent aussi dire à leurs enfants que le chagrin et un grand sentiment de tristesse sont naturels et nécessaires à l'apaisement. Il est également normal que les enfants en veuillent aux parents ou au vétérinaire qui n'ont pas pu sauver leur ami. Il faut être compréhensif et leur expliquer avec patience que, dans la vie, il y a des choses que les adultes ne peuvent pas changer.
QUELQUES SUGGESTIONS QUI POURRONT VOUS VENIR EN AIDE DANS LE MOMENT DIFFICILE DE LA MORT DE L’ANIMAL AIMÉ Ne cachez pas la mort de l’animal Ne dites pas à votre enfant que le chien ou le chat s’est enfui ou qu’il a changé de famille car il risque de penser que son animal adoré l’a abandonné. Il pourrait alors croire qu’il a mal fait les choses avec lui et que c’est de sa faute s’il est parti. De plus, votre enfant pourrait croire que l’animal va revenir et s’accrocher à cet espoir. Dire la vérité est donc la meilleure chose à faire. Surtout que les enfants sont bien plus forts que vous ne l’imaginez et sont capables de faire le deuil de leur animal. D’autant plus que, s’il vient à apprendre la vérité, l’enfant risque d’être encore plus malheureux et surtout de vous en vouloir de lui avoir menti, alors que vous condamnez le mensonge qui vient de lui! Quel paradoxe!
Utilisez les mots justes Dites clairement les choses, n’employez pas de métaphore. Le chien n’est pas “parti au ciel” ou “endormi” mais “mort” ou “décédé”. Choisissez des mots simples et précis, le message que vous devez faire passer doit être clair: «on ne pourra plus le voir l’entendre et le toucher, pourtant il continuera d’exister dans notre cœur et nos souvenirs.» Adaptez aussi votre ton, les mots justes peuvent parfois paraitre durs mais le ton sur lequel vous les prononcez doit être doux et affectueux.
Expliquez les vraies raisons de sa mort Lorsque vous savez que votre animal est malade, expliquez-le à votre enfant ainsi que les conséquences que la maladie pourrait avoir. Si vous savez que votre animal va décéder, faites-lui comprendre ce qui risque de se passer. Ne demandez pas au vétérinaire de minimiser la gravité de la situation devant votre enfant s’il est avec vous lors d’une consultation. Encouragez même votre enfant à poser des questions au vétérinaire pour qu’il comprenne bien. De même, n’ayez pas peur de lui expliquer ce qu’est l’euthanasie. Si votre animal a connu une mort plus brutale telle qu’un accident, dites-lui la vérité et comment cela est arrivé. Encore une fois, ne lui mentez pas.
Montrez l’animal décédé à votre enfant s’il le souhaite Cette question est toujours un peu délicate: doit-on montrer l’animal décédé à l’enfant (si le corps n’est pas en trop mauvais état)? Le mieux est tout simplement de poser la question à votre enfant pour voir s’il souhaite voir l’animal ou pas. Souvent, il accepte de voir l’animal mort, cela lui permet de vraiment réaliser son décès et de comprendre «c’est quoi être mort».
Montrez votre propre chagrin La perte de votre animal vous bouleverse et c’est bien normal. Avec les années, un animal de compagnie devient un véritable membre de la famille. N’essayez pas de paraitre forte; montrez à votre enfant que cette mort vous touche. Si vous ressentez le besoin de pleurer devant votre enfant, faites-le. Et ne lui dites pas “qu’il est trop grand pour pleurer” car ce n’est pas vrai. Si votre enfant voit que la mort de votre animal ne vous fait aucun effet, il pourrait penser que vous êtes insensible et que même sa propre mort ne vous ferait pas de la peine. Écoutez bien votre enfant Pour faire le deuil de son animal adoré, votre enfant aura très certainement besoin de se confier à vous. Vous devrez donc prendre le temps de l’écouter. Rassurez-le, expliquez-lui qu’il n’est pas coupable de ce qui est arrivé et répondez honnêtement à ses questions.
Donnez l’occasion à votre enfant de rendre hommage à son animal Parfois, pour faire son deuil, l’enfant a besoin de rendre hommage à son animal. Cela lui permet de mieux lui dire adieu. Par exemple, vous pouvez faire une petite cérémonie, écrire une lettre ou encore écrire son nom sur une pierre et la placer à l’endroit préféré de votre animal, dans le jardin ou la maison.
Ne remplacez pas l’animal trop vite Essayer de faire oublier l’animal défunt en prenant une nouvelle bête pour le remplacer est une solution assez tentante. Mais rien ni personne ne peut le remplacer. Et si vous repreniez un animal de suite, votre enfant serait forcément déçu. De plus, le décès d’un animal domestique est généralement la première confrontation qu’un enfant a avec la mort. C’est une étape nécessaire qui lui apprendra à gérer son deuil et affronter plus efficacement les prochaines épreuves de sa vie. Laissez-lui du temps.
En conclusion, il faut soutenir et encore soutenir son enfant! Le processus de deuil peut être long, mais il est nécessaire à l’acceptation de la mort.
«L’ours et le chat sauvage» de Komako Sakaïet Kazumi Yumoto aux éditions l’École des Loisirs Ce matin-là, l’ours pleurait. Son ami le petit oiseau était mort. Et l’ours s’enfonce dans son chagrin. Jusqu’à ce qu’il croise le chat sauvage, qui écoute sa douleur et lui permet de reprendre pied dans la vie. .