Claudine Boulanger-Pic, psychologue
COMMENT EXPLIQUER LA MORT DE SON ANIMAL À UN ENFANT La mort est omniprésente dans notre société, mais on n’en parle jamais. Cette condition du vivant condamné à mort n’est pas formulée alors qu’elle devrait l’être. Pour les êtres de parole que nous sommes, parler soulage. Dès l’âge de l’école maternelle, les enfants posent beaucoup de questions. Celles qui portent sur la mort peuvent parfois nous désarmer et nous gêner. Comment répondre à leur curiosité naturelle ? Comment leur parler de quelque chose qui nous angoisse, peut-être, nous aussi ?
répondre avec certitude. Autant le dire ! Ce n’est pas parce qu’on ne sait pas qu’on ne doit pas parler. On peut donc avouer que sur ce qui se passe après la mort, personne ne sait exactement. On peut expliquer que les gens ont des croyances et des opinions différentes sur ce point, avant de donner notre propre point de vue : « Moi, je pense que… Toi, petit à petit, tu te feras ta propre idée. » Evitez le « on ne va nulle part ». Dire qu’après la COMMENT PARLER DE LA MORT mort, il n’y a rien, est très angoisAVEC LES ENFANTS ? sant. Parlez-lui du souvenir. Evitez Ne pas reculer et répondre, le plus simpleaussi les explications religieuses ment possible. Cette obligation de parole vaut pour toutes les questions qui surgissent comme « Dieu l'a emporté au ciel spontanément et – a fortiori – pour celles qui parce qu'il voulait un gentil toutou comme lui ». Dieu kidnappeur ? sont suscitées par cette expérience réelle de deuil. Éluder cette curiosité, la rabrouer parce Ceci risque de déclencher des accès de rage et de révolte. De plus, qu’elle nous gêne, ou la minimiser parce l'enfant pourrait croire qu'en étant que nous voulons “protéger” les enfants, sage et gentil, il s'expose à être “c’est toxique”, le silence est un traumatisme supplémentaire : la seule chose qui peut faire arraché à sa famille. du mal à un enfant, c’est de ne pas lui parler ou de lui parler faux. L’enfant imaginera tou- ATTENDEZ-VOUS À DES jours pire que la réalité et pourra par ailleurs RÉACTIONS DIFFÉRENTES déduire du silence des adultes que c’est lui le SELON L’ÂGE… responsable de ce qui se passe. Avant 2 ans : Les enfants ressentent le manque. Il est important de les « On va où, quand on est mort ? » Voilà bien entourer, de les consoler et de leur une question à laquelle personne ne peut parler pendant le deuil.
72 ::: Psycho des petits
Entre 2 et 5 ans : Les enfants ne comprennent pas que la mort est définitive. La mort pour eux est un exploit réversible qu'ils voient chaque jour dans les dessins animés. Le fait de leur avoir expliqué clairement le concept de la mort avec des mots justes les aidera à mieux comprendre plus tard ce qu'est la mort. Il ne faut donc pas hésiter à expliquer plusieurs fois le concept de la mort. Après 6-8 ans : Les enfants savent et comprennent que la mort est irréversible. Ils sont très curieux et s’intéressent aux raisons qui ont causé le décès. Ainsi, ils ont besoin de discuter ouvertement et d’être rassurés. Les parents doivent aussi dire à leurs enfants que le chagrin et un grand sentiment de tristesse sont naturels et nécessaires à l'apaisement. Il est également normal que les enfants en veuillent aux parents ou au vétérinaire qui n'ont pas pu sauver leur ami. Il faut être compréhensif et leur expliquer avec patience que, dans la vie, il y a des choses que les adultes ne peuvent pas changer.