4 minute read

Psycho au travail

Next Article
Discothèque

Discothèque

Céline Molitor, psychologue

QUE SIGNIFIE « DONNER LE MEILLEUR DE SOI-MÊME » AU TRAVAIL ?

Carl Heyerdahl | Unsplash

Que ce soit à l’occasion d’une évaluation de fin d’année ou lors d’une discussion entre deux portes, il arrive que l’on entende «je suis déçu, tu n’as pas donné le meilleur de toi-même pour sauver ce projet». Si pour certaines, ce genre de phrase regorge de sens, pour d’autres, en revanche, «donner le meilleur de soi» est un concept plutôt flou…

Voici donc un petit guide qui pourra vous aider à définir le concept «donner le meilleur de soi-même» et ainsi travailler à votre propre équilibre et épanouissement en toute sérénité… Et sans forcément en faire plus!

CONNAÎTRE SON POTENTIEL Ca semble évident et pourtant, ça ne l’est pas toujours. Car, en effet, pour donner le meilleur de soi-même, la toute première chose à faire est de parvenir à connaître, ou du moins reconnaître, son propre potentiel. Sans cela, c’est peine perdue. Comment voulez-vous donner le meilleur de vous-même si vous n’avez aucune conscience de ce qui vous constitue?

ALLUMER LES LUMIÈRES SUR SON BAGAGE INTÉRIEUR Allez donc à la recherche des pépites qui brillent par milliers

à l’intérieur de vous-même. Ce matériel, qui est là, à disposition, fait partie de votre bagage génétique et ne demande qu’à être exploré. Qu’il s’agisse de qualités humaines, talents créatifs, traditions familiales, expériences toutes simples qui ont forgé en vous des réflexes positifs, des aptitudes et des comportements que les autres peuvent apprécier en vous. Ou qu’il s’agisse encore de votre joie et votre bonne humeur "naturelles", capacité à aller vers les autres, douceur et intériorité, goût de la nature, amour de la famille, intérêt pour la science, curiosité pour les autres cultures, don pour les langues, plaisir de travailler de vos mains, passion pour la lecture, etc. Tous, nous avons ce «je ne sais quoi» qui nous rend si particulier.

FAIRE FONCTIONNER SA MÉMOIRE Si la médiation vous embête et que vous ne parvenez pas à vous écouter car vous êtes prise dans votre quotidien étourdissant, essayez au moins de faire fonctionner votre mémoire. Partez à la recherche de ces petites choses que vous vouliez faire lorsque vous étiez petite, souvenez vous des qualités, compliments que l’on vous a adressés et que l’on vous adresse d’ailleurs toujours et qui vous rendent fière et heureuse. Toutes ses «petites» choses font de vous ce que vous êtes. Vous aimez la nature, organiser des mariages, écouter les autres, etc. Demandez-vous quelles qualités, quels talents vous déployez alors… Sens de l'organisation, esprit pratique, goût pour l'endurance… Vous trouvez ainsi les jeunes pousses de vos qualités ; il n'y a plus qu'à les faire grandir.

LE MEILLEUR, CE N'EST PAS FORCÉMENT ÊTRE LA MEILLEURE Ne vous laissez pas décourager par vos échecs, vos mauvais résultats ou les jugements négatifs que l'on a pu porter sur vous. Ne vous enfermez pas non plus dans les comparaisons stériles (je suis moins belle que ma sœur, moins intelligente que mon père, moins sportive que mon voisin…) mais revenez à l'idée centrale que vous avez d'excellentes choses en vous et qu'il n'y a que vous qui pouvez les donner!

PETIT À PETIT, L’OISEAU FAIT SON NID Comme dit le proverbe, "Paris ne s'est pas fait en un jour". Quels que soient les talents et les qualités que vous possédez déjà, il vous reste à les cultiver et à les faire grandir pas à pas, à les déployer par le travail, l'entraînement ou l'apprentissage. Vous avez un goût prononcé pour la musique? C'est pourtant l'apprentissage du solfège et la pratique assidue de votre instrument qui vous permettront de le déployer et d'en faire un talent. Même les plus grands artistes ne cachent pas que leurs œuvres leur ont souvent demandé des mois de travail. Faire éclore "le meilleur" de nos vies est ainsi un travail patient et progressif. ATTENTION AUX ENNEMIS Evitez la paresse qui vous fait gâcher vos talents et vos chances, ou le zapping d'une activité à l'autre qui vous empêche de creuser le "meilleur" en vous. Enfin gare au tropplein d'activités: vous remplissez votre vie de fêtes, "d'amis" et d'heures passées sur les réseau sociaux, vous comblez des vides et des angoisses de solitude, vous oubliez tout simplement de vous demander «qu'est-ce qui va me rendre heureuse?», «qu'est-ce qui me motive dans la vie?». Autre écueil: s'enfermer dans la "plainte", le regret ou la récrimination négative contre les "malchances" de sa vie. Et si vous cherchiez là encore à tirer parti des circonstances particulières de votre vie? Prenons un exemple réel: à 7 ans, Tim s'est vu diagnostiquer une scoliose sévère qui l'a contraint à porter un corset 20 heures sur 24. «Le seul moment où je pouvais retirer le corset, c'était à la piscine.» Dix ans plus tard, à 17 ans, il est l'un des meilleurs éléments de son club de natation. "Je me suis donné à fond dans la natation et j'ai adoré, ça m'a permis de m'épanouir".

On peut toujours "naviguer dans les torrents", et rebondir après un échec ou un traumatisme, assure le célèbre Boris Cyrulnik, qui a lui-même perdu toute sa famille dans les persécutions nazies de la Seconde Guerre mondiale et échappé aux rafles d'enfants juifs. Devenu neurologue et psychiatre, il n'a cessé d'étudier la "résilience", cette formidable capacité à rebondir malgré la souffrance.

Retenez, "Ce qui n'est pas donné, est perdu", exprime un proverbe indien. Non seulement faire grandir ce qui est bon en vous va vous rendre plus heureuse, mais cela peut aussi servir le bonheur des autres. Alors, à ce moment précis, vous aurez vraiment donné le «meilleur de vous-même».

This article is from: