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Le Janettoscope

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Sexperte Sophie Pilcer, sexologue

DE L’IMPORTANCE DES CARESSES

«T’as de beaux yeux tu sais» ou bien «j’ai envie de toi» ou des mots, toujours des mots… «Paroles, paroles», comme Dalida l’a si bien chanté. Et les caresses alors?

Paroles d’amour, paroles câlines, paroles coquines, paroles tendres, paroles suaves, paroles surprenantes, paroles poétiques, paroles érotiques, paroles comme des arômes, comme des épices qui viennent ou non pimenter notre plat conjugal quotidien. Qui après des années de vie commune fait vraiment l’effort pour changer la banalité verbale? Qui s’interdit de pianoter sur son smartphone pendant qu’il partage un moment de couple? Qui prend le temps du silence, du regard, des mots comme une caresse verbale qui serait un préliminaire non centralisé sur les organes génitaux? Qui au bout de tant d’années dose ses caresses?

Qui? Plus grand monde me semblet-il? Et pourtant un geste tendre, une main posée, une main prise, une étreinte tout en douceur, un baiser, un mot d’amour, un compliment, une caresse dans le cou, sur le visage, tous ces rituels perdus qui font tant de bien, vont jusqu’à provoquer un orgasme affectif, une tension, une contraction mentale qui envoie des signaux de bonheur, de joie et de plénitude… Cette joie est pour chacun à portée de main… la caresse.

Caresser le visage, découvrir, déambuler du contour à la commissure des lèvres, dessiner le bombé d’une joue, alléger la vallée dite des larmes, consoler, réveiller une peau aussi endormie que celle de la belle au bois dormant? Cliché me direz-vous. Cliché du baiser du prince charmant qui de toute façon au bout de quelques temps ne se montrera plus si charmant…

Certes, vous n’avez pas tout-à-fait tort. Mais peut-être n’avez vous jamais imaginé que le prince pour rester prince a aussi besoin d’être caressé. La caresse n’est pas que l’apanage soi disant romantique de la gent féminine. La caresse active notre sens le plus archaïque, le plus essentiel: celui du toucher. Nous avons tous et toutes besoin d’être touchés mais touchés vraiment, en conscience, non pas balayés voire «scrollés» comme une tablette. Non, nous avons la capacité d’inventer et de modeler le corps de l’autre dans un tendre façonnement manuel. Nous pouvons dire l’amour par notre paume de mains. On ne caresse pas celui ou celle que l’on n’aime plus. On caresse avec son cœur, la caresse est le baiser du corps, celui qui ne trompe pas. Si la caresse est le langage de l’amour, elle est la clef de l’érotisme. Elle est celle qui donne envie d’aller plus loin, d’explorer des zones humides, mais - de grâce! - prenez le temps. Ne bâclez pas le dessin du corps de l’autre, soyez précise, douce, tendre et sachez titiller, donner envie avec l’envie au bout des doigts…

Comment? Pas de règle, pas de recette de la juste caresse. Si ce n’est d’être présente à sa peau et à la peau de l’autre. Mettez votre conscience à fleur de peau, n’anesthésiez pas vos sensations par du parasitage mental. Vous n’avez rien à faire, rien à penser, que vous toucher et ressentir la magie de la caresse!

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